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3^
ENCYCLOPÉDIE
MÉTHODIQUE.
O u
PAR ORDRE DE MATIÉRES;
PAR UNE SOCÍÉTÉ DE G E N S - D E - L E T T RE5 ,
DE SAVANS ET D’ARTISTES;
Precédee á!im Vocabulaire mÚNtiíú ^ fervant de Talle pour tout
L’Oitvrage, ornee des Ponraits de MM. Diderot &
D* A LE M B E RT , premier s Éditeurs de /^Encyclopédie.
<9
•-i
ANTIQUITÉS, MYTHOLOGIE,
DIPLOMATIQUE DES CHARTRES
ET CHR ONOLOGIE.
TOME PREMIER.
i
A PARIS,
Chez PANCKOUCKE, Libraire, hotel de Thoa, me des Pokevins |
A L I É G E ,
Chez Plomteux , Imprimeur des États.
M. D C C. L X X X V I.
AvEC ApPROBATJON ET PRJFILÉGE DU Ro2.
AVERTISSEMENT
S UR le Diciionnaire d* Anúquités , de Mytkologie ^ de Di-plomatique
de Chronologie :
Par M. Mongex, l’ainé , Chañóme Régulier, Garde des' Antiques 6c
du Cabinet d’Hiíloire-Naturelle de Sainte-Géneviéve , de rAcadémie
Royale des Infcriptions 6c Selles - Lettres , 8cc,
^ .t.. ; ;■■■! »
M. CoURT DE GÉbelin s’étoit chargé de compofer le Dicl;ionna*re
d’Antiquités , qui devoit faire partie de TEncyclopédie Aíéthodique. Ses
nombreufes occupations ne luí avoient point encore permis de s’en occuper
a l’époque de fa mort , arrivée au mois de -Alai de Tan 1784. Choiíi
pour le remplacer dans ce.tr-avail, on a vu avec chagrín que trois années
avoient été perdues par cet Écrivain , 8c que les Soufcripteurs ne deman-
doient pas avec moins d’impatience le Dictionnaire d’Antiquicés. On s’eíl
efforcé , par un travail redoublé , de fatisfaire un empreílemenc íi legitime.
Mais l’étendue du plan que Ton s’eft formé, a retardé jufqu’a ce jcur ía
publication du premier volume de ce Dictionnaire , que les autres fuivront
de huit mois en huit mois.
L’Éditeur de TEncyclopédie Méthodique n’avoit promis dans fon Prof-
peétus qu’un Dictionnaire d’Antiquicés ; mais fur nos repréfenrations il a
confenti a y joindre trois autres parties, qui en fcnt le complément , 8c
fans lefquelles cet Ouvrage n’auroit pu contenter qu’imparfaitement Ies
Saváns 8c les Artiítes. Nous voulons parler de la Alythologie ayec fes
coítumes ; de la Chronologie ancienne 8c nioderne ; de la Diplomatique
des Grecs , des Romains , 8c des Peuples qui ont exiíté depuis eux jufqu’á
i’ímprimerie.
Le Difcours général fur Ies quatre parties de ce Dictionnaire , qui
fera imprimé á la fin de l’Cuvrage , de maniere cependanc á poiivoir etre
■ ^ E R T I S S E M E N T.
i 1.-1 the , fera connoítre en dítail Ies fondemens de notre travail,
ks fources dans lefquelles on a pnifé ; les vues nouvelles que Ion » expofées
comme des réfultats tres-probables ; la méthode d apres laquelk il faudra
lire ¡es différens arricies de ce Didlionnaire , pour en faire des traités com-
plers fur chaqué matkre ; les ccnnoiíTances ndceffaires pour étudier avec
fuccés les Antiquités, &c. On va ¡eter feulement dans cet AvertllTement
préliminaire quelques obfervations pour concilier a notre travail la con-
flanee des Savans,
Dans les árdeles de la Mytholdgie Grecque & Romaine , on a falt le
plus grandufage du Diaionnaire Mythologique, imprimé en 17^5 , ehez
BriaíTon, en z vol. in-%^ . Tout ee djue M. Dupjais , ProfeíTeur de Pehs-
torique au Coilége de Lizieux , a donné an Public de fon fyftéme Mytho-
Aftronom-ique , sV trouve fans aucun ehangement ; afn que ee Savant
éerivain ne piiiffe pas nous aecufer d’avoir détermiaé le jugementdes lee-
teurs. Le Pantképn Mgyptiorum de Jablonski a écé notre guide ordihairs
pour la Théologie des Égyptiens ; &: Ton y a joint fouveat les recherehes
de M. Pa^ fur le méme peuple,
Les Extraits longs fréquens de tous les Ouvrages du Comte de Cayíus-,
&: de rillufcre Winkelmann , éelarrciíTent pluíieurs detailsobfcurs de la Aíy-
thologie Grecque, íls font le fondement le plus folide de tout ce que nous
donnons fur les coftumes des peuples anciens , Sc fur rexpiieation de leurs
monumens , afin de procurer aux fculpteurs & aux peintres des connoif-
fances dont renfemble n avoit poinc encore été préfente. Les ecritsau Savant
Allemandj qui doivent étrelemanuel des Antiquaires Sedes AfLUes , nous
ferviront, en particulier, d’autorité, toutes les fots que nous parlerqns des
reftes précieux de fculprure Se de peinture antiques dont litalie , íaFrance ,
i’Ailemagne , Se quelques autres narties de l’Europe s’enorgueilliírent 4 etre
poíTeíTeurs. 11 en eft trés-peu d’importans qui ríe foierit décrits dans ce
Didtionnaire.
Nqus pourrons en dire autant des Auguíles , des Rois , des Yilles Se des
AFERTISSEME NT. vlj
Peitples anciens dónt on conferve des MédaÜles. L’Hiíloire des Empereurs
parBeauvais , au travail duquel on a eu trés-peu a ajouter ou á clianger ;
les recueils de Hunter , de Pellerin ; la colledtion du Cabinet de Sainte-
Géneviéve j celle^e Vienne , de Theupolo , &c. , ainíi que les écrits des
plus favans Auteurs de la fcience Numifmatique , ont fervi á rédiger la
partie de notre Diclionnaire , qui traite de cette fcience , & qui , pour la
premiere fois , paroit á peu-prés complette , quoiqu’aíTez abrégée.
Dire que notre Chronologie Grecque Se Rornaine n’eft fondée que fur
les marbres de Paros , les rabies des Archontes & des Olympiades , Ies mar-
bres da Capitole & les faftes Confulaires ; que notre Chronologie moderne
renferme uniquement les rabies fondamentales , les principes & Ies calcáis
développés dans la partie technique du favant & profond an de. vérifier les.
dates ; c’eíl aíTurer a notre travail la confiance du Public.
' Quant a la Diplomatique ancienne & moderne , nous efpérons qu’on la
verra ici avecplaifir fondée fur l’Ouvrageimmenfe que les favans Bénédictins
ont publié vers le milieu de ce íiécle , & qui étolt le réfukat des travaux
de toute leur Congrégation depuis cent-cinquante ans. Quoique le mot de
Diplomatique ait été dé]a employé dans TEncycIopédie Méthodique, pour
déíigner la connoiíTance des intéréts des Princes & des Républiques , nous
l’avons cependant confervé a cette fcience , que Ton appelle auíii Paleo-
graphie , parce que ce dernier nom eft d’un ufage moins général.
Les recueils de Gr^vius , de Gronovius , TArchéologie dePotter,Ies
Mémoires de l’Académle des Infcnptions & Belles-Lettres , ceux des
Académies de Cortone , de Berlin^ &c. , &c., &c. , nous ont fourni une
ampie moiííbn pour la connoiíTance des Antiquztés. La Metrologie de
AI. Paucton , ouvrage plein de recherches Se de critique, en a forme le
complément; en nous donnant avec préciíion , Se dans le rapport acluel
avec les monnoies les mefures Se poids de b ranee , les monnoies , les
mefures Se les poids des Anciens.
Ce volum,e fera le feul dans lequel on aura traite de TArchitecture
jj^ERTISSEMENT.
'"^Vnre parce que cette partía vient d-étre confiée i M. Quatremére
TquíIc; dont rAcadémie des Infcriptíorrs 6c Ballas-1 ettres a reconru.
Írnérire!» couronuant fon Mámoire furia paraUcla des Arcluteaure.
cerque gdndraleurenr Lbli au¡ourdhul.
en na falr précéder du mot Monficur que les noms des Autaurs vrvans.
Cette reftriaion eft peut-étra la feule maniere taifonnabla detabUr quel-
qu’umformité dans cet ufage. ^ i. ^
Comme nous n’avons eu pour but que de faire jomr le Publ.c du
colleaion abondante 8c judicieufa fur las quatre pa«res qm “
Diaionnaire , nous avons toujours cite, autatit quil a ate po i a,
choquafla langue,les teittes qui nous farvent d’appui , dans les proprea
termes 6c dans ridlbme das Écrivains. On na doit point cherchar dans uiy
ouvrage de cette natura Péléganca de la díalo» , mais feulemepi; la purete
j^ointe a une faine critique.
DISCOURS.
EXPLICATION
Des Ahréviaúons qui expriment
Le ZÉE.O , íígnifie que la tete , ou la
Médaille dont an parle , ne fe rrouve point
en tel mécal , ou en tel module.
G , que la Médaille eft commune , & n’a
de valeur ( furtout en bronze ) qu’á proporción
de fa confervation.
R , que la Médaille eft rare j Se qu’elle
eft d’.un plus grand prix qu’une Médaille
commune.
RR , que c’eft une Médaille précieufe ;
qu’eile vautle double , & fouvent davantage,
d’une Médaille déíignée par une feule R.
RRR 5 que cette Médaille eft d’une grande
la rareté des Médailles.
raretéj & qu’elle manque fouvenr dans des
collections nombreufes.
RRRR j que cette Médaille eft uiiiqiie ,
ou d’une rareté extréme.
GB , fignifie le grand bronze.
MBj le moyen bronze.
PB i le petit bronze.
On obfervera enfin que la colleétion enticre
des Médailles de M. Pellerin eft réunie au
cabinet du roi , & la fuite des imperiales
d’argent deM.i’abbé Rothelin, aux Médailles
du roi d’Efpagne.
A
A , Cette lettre étoit la preiniére des alphabets
Grec & Romain. Les Grecs en fupprimérent fou-
vent la traverfe 5 ce qui le fait confondre fur
Jeurs Médailles & leurs Infcriptions avec le A.
LM étoit une lettre numérale chez les Grecs , Se
valoit I. Les anciens Romains ne Temployérent
point á cet ufage 5 quoique Baronius rapportant
des vers techniques qui exprimoient la valeur de
chaqué lettre de ralphabet ^ ait cité celui-ci :
Pojjídet jí números quingentos ordine recto.
On apprend de ce vers que la lettre A fur-
montée d'une ligne de cette fa^on Aj íignifioit
cinq mille.
Les Romains des premiers fiécles ne firent point
ufage de ces lettres numérales. Ifidore de Séville ,
qui vivoit dans le feptiéme íiécle , aíTure expref-
fement le contraire : Latini autem números ad
litteras non computara. Cet ufage ne filt introduit
que dans les tems poftérieurs. M. Ducange , dans
fon Gloflaire , explique au commencement de
chaqué lettre fa valeur en nombre. La plupart des
Lexicographes l’ont copié fans Tentendre ; puif-
quhls s'accordent tous á dire que Texplication de
cct ufage fe trouve dans Valerius Probus. Ducange
Antiquhés j Tome I.
A
a dit limplement qu’ellc fe trouvoit dans un
Recueil de Grammairiens , du nombre defquels
eft Valerius Probus. Habetur vero illud cum V^a-
lerio Probo ^ .... & atizs qui de numeris ferip-
ferunt editum ínter Grammaücos antiquos.
L’A a pris des formes trés-différentes fous la
plume des copiftes Se fur Ies marbres , depuis Ies
Romains jufqu’á l’invention de Timprimerie ^ qui
paroit avoir fixé l’écriture. Nous allons donner la
plupart de ces formes ; & pour en facilitar la
recherche, nous les diviferons en fix grandes feries,
qui feront partagées elles - mémes en pluíieurs
fous-féries.
35 La premiére grande férie de l’A. , eft prefquc
toute compofée des caracteres de la plushaute anti-
quité 5 Ies plus récens de la premiére fous-férie
fonrau moinsdufixiéme Iiécle; toutes les traverfes
de fes A partent da coré droit , fans toucher le
gauche. La feconde fous-férie fe diftingue par
des traverfes contraires , & fur tout par celle da
milieu , naiíTant du jambage gauche , fans tou-
cher le droit. Ses A ont fouvent la forme de TF
ordinaire , mais prefque toujours plus ou moins
penchée vers la droité. Ses figures les plus récentes
ne defeendent pas au-delTous du neuviéme fiécle,
& prefque toutes font antérieures au quatriéme. 11
2, A
cñde l’eiTence de la troiSéir.e ^fous-férie que fa
traverfe , dérachée des deax cores , foit placee au
milieu des deux jambages del'A , foit qu elle_ ait
la forme di , de point carré , de Chevron brife ,
ou de virgule. Flus Ies caraíieres de la premiére
grande ferie de f A retiennenr de la ñgure de 1 F
inclinée & tournée vers la gauche j plus leur anti-
qiiité eil certaine.
53 La deuxiéme grande ferie de TA porte fa tra-
verfe inclinée de gauche á droite dans la pre-
miere fous-férie , ou de droite á gauche dans la
feconde. Certe traverfe touche prefque fans excep-
tion Ies deux cotes. Les plus anciennes lettres de
la premiére fous-férie font antérieures á Tere chré-
tienne , &: fes plus modernas appartiennenr aux
huitiéme & neiiviéme íiécles. La feconde remonte
bien au-delá de J. C. & ne defcend pas ordinaire-
mentplus de deux outrois íiécles au-deíTous. La troi-
£éme fe trouve bientot transformée en la lettre a
minufcuíe. Elle approche des preraiers íiécles da
chrillianifme, & defcend á celui de Charlemagne.55
5= La troiíiéme férie^ quitient deTonciale, donne
naiíTa.nce á la troiíiéme divifion des minufcules
appartenant au gothique moderne des derníers
tems. Sa premiére fous-férie approche de la figure
du B. ; la deuxiéme eíl á traits détachés ou bien
en pointes. =5
55 La quatriéme férie apourcaraólériftique gené-
rale la traverfe horifontale unilTant les deux cótés 5
fa premiere fous-ferie commence par des figures
antérieures á J. C. fuivies de calles de fon tems j
& rerminées par d’autres moins élégantes , mais
également anciennes : toutes ont les deux cótés
droits aboutiíTans en angle aigu ^ forme la plus
commune de nos A d’á-préfent ; la deuxiéme a au
moins Tan de fes cotes courbe ^ ou bien fangle
fupérieur eír formé par deux courbes ou lignes
mixtes : fes lettres ne peuvent étreregardées comme
recentes , que quand Tangle vertical eft aigu ^ &
les cótés concaves en dehors. Les caracíéres de
la troiíiéme fous-férie s’éiévent á peine au-deíTous
du onziéme íiécle ^ & touchent au pur gothique.
Leur patrie fupérieure eft toujours terminée en
voute plus ou moins réguliere. La quatriéme ^
dont on peut rappeler Forigine au fecond íiécje , eít
caraétérifée par des tetes applaties, foit horifonta-
les , foit un peu obliques. Les A de la cinquiéme ,
prefque également antiques & plats , portent une
tete á peu-prés triangulaire. La traverfe médiane de
ceuxdela íixiémelui fert de bafe, & fes caraétéres
prennent la forme de carrés , de reciangles , de
trapézeS:, Sr d'autres figures quadrilatéres ^ dont
méme quelques cótés fe courbent. Leur age n’eft
pas fort reculé. Ríen n’empéche d’abandonner au
gothique la plupart de ces lettres , ainíi que les
fous-féries qui fuivent immédiatement. La tete
des A de la feptiéme eft applatie ou terminée
par une barre ; mais leur traverfe íes coupe exacle-
ment par la moitié. Le haut des A de la huitiéme
si: ouvert i cnforte que fes figures ont plus la
A
forme d"H que d’A : Ies figures dont Ies cotes font
moins écartés en deíTas^ontlaprérogativede Fáge.
La neiiviéme fe termine par un angle vertical ,
furmonré d’une ligne horifontale. Ses premiéres
figures appartiennenr au troiíiéme íiécle , 8c fes
derniéres au bas gothique. La dixiéme j á cótés
rapprochés par le haut ^ porte ime efpéce d'ar-
chitrave débordant des deux cótés , 8c quelque-
fois incliné vers la gauche ou la droite : quelque-
fois auííi fe courbe-t-il en forme de croiíTant. La
onziéme préfente une traverfe fupérieure , pro-
longée vers la gauche j bien entendu que la tete
de FA demeure píate ou un peu courbée. La
douziémene dcit prefque étre différenciée que par
Fcppofition de la méme traverfe tournée vers la
droite. Si la treiziéme fous-férie relTemble á la
onziéme par la barre ou traverfe fupérieure menee
feulement vers la gauche , elle différe en ce que !a
voúte de FA eft píutót angulaire que píate ou ronde.
II ne laiíTe pourtant pas, dans quelques figures, de
fe courber feulement un peu du cote gauche :
certe fous-férie eft en patrie ancienne & enpartie
récente. La quatorziéme eft a traits excédens,
c'eft-a-dire , que le coré (& c’ eft prefque toujours
le droit ) eft prolongé au-deifus de Fangie fapé-
rietir, foit quhlfe courbe un peu, ou qu'il s'abaiíTe
en fe brifant. La plupart de fes figures paffent le
íixiéme íiécle.
=5 La traverfe horifontale brifée par le milieu
en forme d'V aigu , ou bien arrondie en Ü , pro-
duit la cinquiéme férie. De la traverfe & du haut
de FA , il remite pour Fordinaire une lofange.
La premiére fous-férie exilie depuis environ deux
milie ans chez Ies Grecs & chez les Latins. Elle a
fa tete en angle , ou peu s"en faut 5 la feconde
Fa píate , & convient fur tour au moyen age. La
durée de la troiíiéme, furmontée d'une barre,
s’étend environ depuis J. C. jufquAu dixiéme
íiécle; la quatriéme a fon angle fupérieur ou fa
téteproiongée parun oupluíieurs traits excédens ,
produirs par Fun ou Fautre cóté , 011 par les deux
á la fois. Elle eft prefque toute entiére antérieure
au feptiéme íiécle. La cinquiéme fe fait remarquer
á fa traverfe mitoyenne arrondie. Des traverfes
mitoyennes portees au - déla des deux cotes ,
annoncent au moins le troiíiéme íiécle. Celles qui
s’avancent plus d'un cóté que de Fautre , ou qui
déclinenr obliquement , appartiennenr au mo-
derne. 55
5» Les A de la íixiéme grande férie font dépour-*
vus de traverfes. Sa premíete fous-férie , á cótés
droits aboutiíTans en angle aigu , eft compofée
d’A trés-anciens. Ceux de la deuxiéme ne le font
pas moins. lis ne different de la précédente que
par les cótés, dont Fun au moins eñ courbe. C’eft
de cette fous-férie que font nés Ies A curíifs. La
tere des A de ¡a troiíiéme fe voit arrondie du cóté
droit ouducóté gauche,fouvent mémeils prennent
la forme d’R contournée en confervant leur pofi-
tion Baturelle. Ik peuvent également convenir
A
8-a qii3triéme & au quatorziéme áécle j felón
que leur figure eíi plus ou moins elegante. Les
A de I_a quatriéme fous- ferie font voútés enarcade,
ceux de ía cinquiéme applatis par le haut 5 ceux de
la fisáéme firmontés d'une traverfe.il s’enrencon-
tre beaiicoup au moyen áge, ainíi que desAaopar-
tenans auxfous-féries fuivantes. Lafeptiéme ala tete
triangulrdrej lahuitiéme ell: farmontee de plufieurs
boífes;, pointes ou comes. La neuviéme fe travef-
tit en X j & quoiqu'eiie s’éieve jufqu’á la plus
haute antiquité ^ elle peut néanmoins def-
cendre au fixiéme fiécle. La dixiéme donne á fes
A ia figuie el ^ renverfe , ou de lambda guí prend
toutes fortes de formes. La plúpart de ces A
remontent au tems de la républiqúe ou du moins
de i empire Romain ^ quoique d'aiüeurs cet A fans
tra'/erfe foit parvenú jufqu’au gothique. ( Nou-
•velle Divlomazique, »
A. Cette iectre eíi: une abréviation qui fe trouve
frequeiTiíTient dans 1 hiítoire Se Tur les monurnens
anaens^ foit feule avec un poinc ou fans pcint^ íbit
double ou triple , foit accompagnée de quelques
autres leteres. Nous allons en donner fexplication
pour tous ces cas j excepte le dernier qui fe trou-
vera dans les ahréviations. Onpratiquera la méme
chofe á chaqué lettre de Talphabet.
A^feul íignifie Aldus , Aula ^ noms propresj
eu Jiugiífialis imperial ; annus ^ année ; argentum,
argent ; aurmn j or ; ager , champj amicus , amica,
ami , amie ; anima , ame j alhum , reuiftre ; a,s
monnoie^ argent ; &rarium , tréfor pubíic ; s.des \
ixiaiiorij temple 5 ndilis , &dilita.s , édile , édüité.
■^líilcs A 0x1 Al , pour miles ais, , fcldat d’une
des anes ae I armée. Ifidore prétend que miles A
iigniiie un jeune foldat.
A, ou alpha , déíigne chez Ies écrivains de
Ro.me, un homme qui efl le premier de fa claffe,
de la tribu ^ de fon geare. Manial appelle le pre-
mier des mendianSj Alpha pemilatorum. Liv. 2. yy.
AiOíZ zpje CoaTiLs Alpha venulutorUTTt,
• aiiffi par oppoíition le dernier des
íiches : iib. 2. 2(5.
iprzo¿ Alp’na dixi, Codre , penulatorum.
Jde nuper aliqua cum jocarer in chana ;
forte bilem movit kic tibí verfus ,
Dicas licebit Beta me togatorum.
A,chez Ies Romaíns^étoit un íigne d’abfolurion.
pro-
¿iñ' , OU fur un crime ^ on
o, opinant trois tefséres ou
-...-ans , fur 1 une deiquellesétoit aravé un 4
jabfouss furfautre un Cl condemño
troifiéme étoient gravees
ft if o , t h "f ^ c eft-á-dire . le
fait ou le enme fur lequel je deis donnermon
ne me paroit pas clair & évideut. C’eíl á
di- i, _
A
le. ^
I que fait alluílon le prince des orateurs
Romains ^ mrfqu il appelle i’A ^ la lettre qui
fauve^ iittera falusaris.
-'^-3 fervoit encore chez le méme peupie á rejeter
une -01 propofée dans les comices. Ceux qui
s (yjpofoient á la nouveile loi ^ fe fervoient d’une
teLpe ou buUetin, marquée d’un -4, oui ligrdfioit
antiquo , je refufe 5 ou antiqua feauor , nova non
pLacent , je uens á l’ancienne loi ^ & je re-
jette la nouveile. Les__acceptans donnoient une
tedercj fur iaqiielle on liíToit UB. j utirogas , com-
me voris le demaodez.
Aj dans le calendrier Juüenj eft la premiére des
...pt lettres dominicales. Les Romains ' I’em-
p.oyoient au méme ufage j car ils en avoient fait
la premiére des lettres nundinales, á I imitation
defquelles on créa les lettres dominicales.
1 A Aléd.aiiles fignifie Augufii , ou
aeux A-Uguftes ; Auguftales , appartenant aux -4u-
guires 5 aurum & argentum.
A A. Trois monnoies de la feconde colonne de M.
ie Blanc^ planche ij , ont fort embarraífé cet
habile aechiiireur. Sur les cotes, oúparoít lenom
il y a des lettres tranfpofées Se: entre-
meiees, dont on a de la peine á former un fens
Sur ra neuviéme , outre I’X , qui eñ fans doute la
^rifius , nous lifons , Pkilippus
Kex Del grana. M. le Bianc na point lii Tonziéme.
Jzl.e porte Dei dextra fit benedicta. Sur latreiziéme
nous lifons PhiHppus Rex Dei gratia. Xotre fa-
vam antiquaire avoue qu’il n’a pu deviner la í¡-
gnification des deux A qui font dans les angles de
^ croix des revers. Ces deux caraéleres, joints aux
branches de la croix qui renferment le L & deux
Lj formentle mot GalLia.
AAA. Ces trois lettres , fur les Médailles de
íamilles délignent les monétaires dont le nom-
bre a varié. Ils étoient établis pour monnoyer de
1 or , de ¡ argent & du bronze. A^uro , argento „
aere^ Fiando j Sec,
-4AA. On deíignoit auífi parces trois lettres,
tTOlS JlLLguJieS»
Á &ABj fuivisd un nomfabñantifj exprímoient
fouvent Ies charges ^ dignités ou offices déla
^aí.on des Auguíles, ou des particuliers puiííans.
iNous en allons faire connoitre la plus’ grande
partie. On troiivera les autres placees fous leurs
lettres initiaies.
ABalneis, étoitl’intendant des bains. Onlitá
Florence fur un tombeau :
FLAVIO. XÍAP-CIAXO
ULPIO. IVLIANO
MAC. A. 3ALNEIS. AVG.
DECVRIONES. SCRIB-'E. VNCTORZS. ATe.
VLPIO. CRATERI. AVG. LIB. PROC. CASTR.
DECVPUONES. SCRIB^. ET. VKCTORES. D. ü.
— Sport.
A Bibllotheca & a hihliotkeczs , étoit meiae
Aij
chez Ies particuEers !e nom du biblíothécaíre. Les
empereurs en avoient plufieurs. On lit á Rome
fiir un tombeau :
DIS. MANIBVS
V. FLAVIVS A BIBLIOT.
GR^C. PAL.
& fur un autre. . ti. clavdivs. avg. l.
KYMEN.£VS. MEDICVS.
A. BIBLIOTHECIS.
A
D. M.
M VLPIO
ABASCANTO
eVSTOS. A. COMM
BENEFICIORVM
FLAVIA. PALLA
B. M. EX. C^CILIAN.
FILIVS. EIVS. SIBI
LIBERTABVSQUE
EORVM.
A. Calida ¡ étoit celui qui donnoit á boire á
fon maítre de Teau chaude. On lit á Rome fur
un monument :
© IVLivs. Astyo-
CHUS.
© ET. C. IVLIVS. AgA-
tyrsvs.
A vg. Minist. Apol-
LINIS.
ÍVLIA. AnDRO-
CLEA. T. F.
IVLIVS Cypsvs.
Avg. serv. a. gal.
Sport.
A Cap.cellis , étoit celui que nous appcions
Chancelier. Herric^ vie de S. Germain. vi.
A Commentariis equorum, étoit celui qui tenolt
le regiftre des cochers j ou des chevaux deñinés
á courir dans le cirque. Argoli a donné au public
répitaphe qui fuit :
FLAVIA. ELPIDI
conivgi. sanctissim^
MOSDRVS. AVG. L.
A. COMMENTARIIS. EQVORVM.
A Commentariis fifci AJiatici , étoit celui qui
avoit la garde des regiftres fur lefquels on écri-
voit Ies revenus de TAfie j & les fommes dúes
par les fermiers de cette partie de Tempire Ro-
maiii. Reinefius cite Tépitaphe fuivante :
Volufianus erat , pr&celfo nomine quídam.
TJrbis patricius , toti dileclus & urhi ,
Atque a cancellis prifco de more minifter.
A CodicUlis, étoit celui qui gardoit les tablettes
de fon maitre. On trouve á Florence Tinfcription
fuivante :
^GYPTO. SERVO
earbari. avg. lib.
A. CODICILLIS
EVTYCHUS. PECV
LIARIS. SYMMACHVS
FRATRES. PIENTISSIMi. Spon.
A Cognitionibus , étoit celui que l’on appeloit
encore recognitor. C’étoit chez les Crees lAvriy^a-
5 & de nos jours ii porte le nom de contróleur.
Spon a lu a Rome Tinfcription fuivante :
DIS. MANIBVS
T. FLAVI. AVG. LIB.
abascanti
A. GOGNITIONIB-DS
FLAVIA. HESPERIS
FECIT.
A Commentariis , étoit celui qui tenoit les regif-
tres cemmentaria ) de quelque détail. II s'appe-
^it cnez Ies Grecs 5 & il porte en
irpce le nop Aécrivain ou de greffieri Spon a
'-■uolié Tinfeription fuivante qu ií avoit copiée
aoixic i
J>. M.
FIERO
C.^SARIS. VERN
A. COMMENTARIIS
FISCI. ASIATICI
VIX. ANN. XXIV.
MES. II. DIEBUS. XVIII
PARENTES. FILIO
DESIDERATISSIMO.
A Comm.entariis XV virorum S. F. (c’eíi-á-dire)
Quindecim. virorum facris faciundis j étoit celui qui
tenoit les regiftres des quindécemvirs , commis aux
chofes facrees. On en fait mention dans cette
épitaphe j confervée par Panvinus :
DIS. MANIBVS
MYRRHINI. DOMITIANI
PVBLICI. A. COMMEN
TARIIS XVVFROR. S. F.
APvRVNTIA. DOLICHE
FECIT. CONIVGI. CARIS
SIMOj ET. LIBERIS. LIBER
TABVSQVE. SVIS. POSTERISQ.
EORVM.
A Commentariis vekiculorum , étoient ceux qui,
dans Ies proyinces de 1 empire , exigeoient des Iia-
bitans les cnarrois pour Pentretien des ciiemins.
11 en eft fait mention dans Fépitaphe que rapporte
Gmter, á la paga dxcii.
A Copiis ^ étoit un infpeéíeur des vivres ou des
conyois. ene ancienne itifcription parle de cet
ofíicier.
A
A Corinthiis ou Corinthiarius , étoit l’of-
ficierprépofé ala gardedes vafes de Corinthe , qui
faifoient une partie du luxe des Romains. Pigno-
rius a rapportc deux infcriptions qui font menrion
de ces oíEciers.
TI. TALVS. PAR.ATVS. A. CORINTHIIS.
Se — CALLITYCHAE. ZOILI. CORINTHIAR.
AGRIPP.
A Cubículo & prApofitus cubículo , étoit UIl
officier chargé de veiller á la garde de fon maítre
& á cede de fa chambre. Les infcriptions & les
récueils de loix parlent fouvent de cesofficiers de
la maifon des Auguftes.
A Cura amícorum 'Principie , étoient des aítran-
chis du palais imperial , qui prenoient foin des
amis du prince. Deux anciennes infcriptions de
Rome j confervées dans Pignorius ( de fervis ) en
font menrion:
J TI. CLAVDIVS. AVG.
TIB. FORTVNATVS. A
CVRA. AMICORVM.
& M. VLPIVS
Avg. L.
A CVRA. AMICORVM.
A Cuflodia armorum ^ étoit un ofScier du palais
qui gardoit les armes de Pempereur. Tel étoit
VIBIVS. HERMES. IMP. NERONI. A. CVSTODIA.
ARMORVMj dont parle un anden monumenteité
par Pignorius.
A Diplomaiibus , étoient ceux qui tenoient les
regiltres des chevaux j des voitures accordées par
le prince, & des voitures deñinées á fes voyages.
On voyoit á Rome dans la villa Csfarini Tépi-
taphe ñiivante :
T. ^LIVS. AVG. LIB.
SATVRNINVS
A. DIPLOMATIBVS
SARDONYCHI
ALVMNO. FIDELISSIMO.
A Frumento , exprimoit TofEce de celui des
aflfranchis ou des eíclaves qui diñribuoit le bled
a fes compagnons. Pignorius a rapporté deux
épitaphes de ces oíEciers :
VOLVSI^. ARBVSCVL^E
PALLANS. Q. N.
A. ERVM.
eONTVBERNALI. CARISSI
& — ■ DIS MANIBVS
ASCLEPIADI
ATHICTVS. L. N.
A. FRVMENTO
VICARIA. CARISSIMA. ...
^ 5
A Juno , étoit celui qui aidoit le portier, oa
le garde de la porte dans fes fonétions. Les Grecs
placoient , felón Macrobe {fat. i. 9. ) des ftatues
de Janus devant leurs foyers 5 mais les Latins
ne leuraflignérentpasun endroit particulier 5 ilsles
placérent auprés ou au-deíTus de toutes les portes,
qui en prirent le nom de Janua. De-Iá vient qu’on
trouveíurles anciens monumens : .4 iano primo
PALATINO. A lANO MEDIO. A lANO AB ATRIO.'
A Jumentis , étoit l’ofEcier prépofé á Tinfpec-
tton des écuries du prince :
D. M.
T. SALLVSTIO
EVTYCHO
A. IVME-NTIS. C^S. N.
FLAVIA. HORAEA
CONIVGI B. M. — Spon,
A Kalendario , étoit celui qui pla^oit a intérét
Fargent de fon maítre , & qui le retiroit des
mains des débiteurs , aux calendes de chaqué
mois , felón Tufage.
A Lagena , ou Laguna , étoit le nom de Techan-
fon. On lit á Rome cette infeription :
C. IVLIO. DARDANO. LIVI.<e
AVG. SER. A. LAGVNA
C. IVLIVS. CYDNVS
T. D. D. Q.
Cet ofEcier étoit quelquefois le méme que Tof
ficier a potione , comme il paroit par Tinferiptioa
fuivante :
M. VLPIO. AVG. LIB.
PHADIMO. DIVI. TRAIANI. AVG.
A. POTIONE. ITEM. A. LAGVNA.
A Libellis , étoit ToíEcier chargé de conferver
les requeres préfentées á fon maítre.
D. M.
M. AVRELIO. AVG. LIBERTO
A. LIBELLIS. ADIVTORI. FA.BIA
AEGENIA. CON. E. M. F.
A Libris pontificalibus , étoit Técrivain deftiné
álatranfeription des livrespontificaux. Gouttiere,
( de jure Pontif. ) en cite deux épitaphes :
TI. CLAVDIVS
NATALIS
A. LIBRIS
PONTIFICAL.
& — LIVIVS. THEONA. AB.
EPISTOLIS. GRjíCIS. SCRIBA
A. LIB. PONTIEICALIBVS.
A Manu & fervus a manu , étoit le fecrétaire qui
écrivoit les lettres ou les commandemens de fon
maítre. Suétone, dans la vie d'Auguíte, c. éy. n. 6.
TJuillo ct mana , quodpro epiftola prodita denanos ■,
cuinseraos acctpijfet , crura efregit.-.^ í. iic rom-
pre les cuiffes á fon fecrétaire Tnalius , parce
=> qu il avoií recu cinq cens deniers pour avoir
53 livré une lettre, » . , . ,
A Marmoribus , OU ¿ metallis , etolt le con-
crSleur des marbres ^ ou des métaux employes
á queique ouTrage.LigoriuS;, (a-zíjj. i. ) parlant du
máufolée d'Auguíle, rapporte répitaphe fuivante
prife d’un marbre antique : diis mardbus Augujli
libertas a marmorioiis .
A Memoria , étoit l’officier qui^ recevoit les
requeres & les mémoires préfentés á fon maítre :
car on fe fervoit de memoria dans ce fens. On
voyoit á Kaples rinfeription qui fule :
AURELIO. SYMPHORO.
AUG. LIB. OFFICIALI. VETERI.
A. MEIvIORIA. ET. DIPLOMATIBUS.
EXORNATO ORNAMENTIS. DECURIONALIBUS.
ORDO. SPLENDIDISSIMUS. CIVI.
OB. MEMORIAM. ET. INSTANTIAM. ERGA.
PATRIAM. CIVESQUE. _
Cet officier s’appeloit encore ad memoriam ; &
il orir enfuite le nom de Magifter ad memoriam.
*A Mando Muliebri , étoit la femme chargée du
foin de la parare des impératrices. On lifoir fur
un marbre dans le Mufeum du cardinal de
Carpí ;
JULIA. JUCUNDA.
AUG. L. SARCINATR.
A. MUNDO. MULIEB. BYRA.
CANACIANA.
A Tedihus , étoit celui que nous appelons
de pied. II fuivoit toujours fon maitre j qui fen-
voyoit par-tout ou il jugeoit á propos. Cicerón
á Atticus ( lih. 8- y ) Pollucem fervam a pedibus
mecam Romam mifi. Ce domeftique fe tenoit de-
bout derriere fo.n maitre pendant les repas. On
rappeloit ^xxSíadpedes, Sénéque fdc ¿e/zcjíc- 3- ^7-)
fervas , qui ccenanti ad pedes fieterat , narrat quA
Ínter ccenam ebrias dixijfet. II gardoit la chauílure
que fon maitre quittoit en montant fur les lits
de table. Martial , liv. I2. 89.
iBis cotta [oleas perdidijfe quefius ^
T)um negligenttm ducit adpedes vernam ,
A R endice cedri , étoit un officier de la maifon
db4.ugufte. Celui qui en étoit revétu , veilloit á la
garde des caíTettes & autres meubles faits de bois
de cédre. On lifoit autrefois fjir un monument
que polTédoir le cardinal de Carpi:
Sex. Pompeio. salvio. sex. Pomp. ser. a. pen
DICE. CEDR1 ; ITEM. AB. HORT. CULT. H. S. E.
A Rotione, étoit quelquefois le méme Officier
«ue celui dont nous avons parlé fous le mot
A
A lagcna,SooT.t trouyécet office expriraé feul fur
les deüx rnonumens tmyans :
DOMO. MORTUI.
C. 3ULIÜS. ARBUSCULUS.
A. POTIONE. AUG. N.
JULIA. CORINTHA.
CONjüGI. SANCTiSSIMO,
T. F.
& — TI. JULIUSr
TI. Aug. ser.
A.- POTIONE.
O. H. S. S.
ARugione Ondélígnoit par ce nom l’officier
Gommis ala gardedu poignard 5 ou Raraqoniumy
qui étoit un des fymboles de la puiiTance des
empereurs. Lampridius^ dans la vie de Commode ,
chap. 6 , dit : tune primiirn tres prsfeñi PrAtorio
fuere , Ínter quos libertinas j, qui a pugione appella-
tus eft-
A Rationibus OU Ratiocinator , étoit Tofficies
chargé des compres de la maifon des Auguíles.
Suétone ^ dans la vie de Claude ^ dit de l’affranchi
Pailas , Ante omnes Rallantem a rationibus, On
lifoit fur un marbre de Lanuvinum.
T. AURELIO
AUG. LIB.
APHPvODISIO.
PROC. AUG.
A. RATIONIBUS.
Zonare, dans fes Annales^ lib. IL i?. 184^ Pap-
ptlle prAfecius fifei.
A Sandalia , étoit la femme chargée du foin de s
chauííures de Pimpératrice , ou des princeífes.
Reinelius nous a confervé Tépitaphe d’une de ces
femmes :
C. VERANIO. C. L.
FAUSTO.
VERANIA
XIVI^. August.
SERV. A SANDALI
FECIT.
•
A Secretis, étoit le fecrétaircj qui eíl appelé paf
VopifeuSj N otarias fecretorum (Aurelian. c. 36.)
Á Studiis. On défignoit par la celui qui guidoit
dans fes études i’empereur , ou quelcu'autre per-
fonne á laquelle ii étoit attaché. Tel fur Polybius
á régard de Claude. Suétone dit dans la vie de
cetempereurfCAíi^. 28.) fuperkosRolybium afludiis
fufpexit. L'épitaphe fuivante^ recueilliepar Spon ,
donne le méme titre á un certain Lemnus 3 perfoa-
nage inconnu :
TI. Claudius.
LEMNUS.
DIVI. CLAUDII
AUGUSTI. LIB.
A. SXÜDIIS.
A B
A Supelhciíli j etoií rofficier prépofé au foin
¿es meublesj ou de la vailTelie de fon maitre.
Cn voyoit á R.ome Ies deiix infcriptions fai-
vaütes :
KESTOR.
C. C^SAPvIS. SER.
GERMANICIANUS.
A. SUPEL lECTILI. VIXIT. A. XL.
& — EUMOLPUS. C.ESARIS-
A SUPPELLECÍriLE.
A Vefle , exprimolt Tofiice de celui qui étoir
chsrgé du foin de la garderobe :
BYR^. CANACIANyE. LIVI^.
AUG, SER. A. VESTE. MAGN...'.
Se — ARION. CASARIS. N. A. VES
TE. MATUTINA.
A V oluptatiíus , étoit Tintendant des plaiíirs
du Prince. L’empereur luí donnoit des récom-
penfes lojfqu'ilinventoit queíquechofe d’agréable
ou de piquant ¡ foit pour la table, foit pour des
plaifirs d'une aucre nature. Tibére créa cet office
comme nous I’apprend Suétone- & le volup-
tueux Petrone en lut revétu fous le régne de
IS'éron.
A B
AB Añisfori, étoit le greffier chargé de rédiger
les adíes du barreau^ les fentences des juges & d’ap-
peler Ies caufes.
AB Añis fenatus , étoit le greffier de cette com-
pagnie. Onlifoit furua ancien monument : c. POR-
CIO. C. F. QUIR. X. VIRO. STLITISUS. JUDICAND.
ADJECTO. INTER. QU^STOR. AB. ACTIS. SEN.
AB AdmijfioTiibus. C'étoit un office du Palais.
On étoit introduit auprés du Prince par le minif-
tere des huiffiers y (idmzjjionales,
ABjEgrzb cubiciilariorum. On appeloit ainíl rof-
ficier chargé du foiii des valets-de-chambre malades.
II en eft fait mentioii dans une infcripcion rap-
porteepar Reinefius.
M. AREilO. AUG. 1.
STEPHANO
ab. ^gris
CUBICUEARIOR
VEPIA. ITALIA.
UXOR. B. AI. SEC.
^ AB Azrzo curando ou atriz curundi j étoir pe^it-
ctre Pofficier appelé Atrienfis. Feut-étr¿ auffi
in.crivoit-il cette foule de courtifans qui rempüf-
foient les antichambres , atrba ; & difoit-ii á fon
maitre les noms de ceux qui venoient le faluer.
Dans le dernier cas^, ii auroit eu auffi le nom de
omencLator.
AB y^phemeride. On trouve ce nom furunanciei
nrnnument : Proc. ab Ephemeride. C étoit ui
airranchidAuguñe appelé Théoprépony il avoi
probabkment foin des chofes quin étoiem propre;
A B ‘j
qua tel ou tel joiir, car les Ladns rendoient par
]£ mot diurfzzimV epkcmeris des Grecs.
aB Epzftolis. Cetok'lenom du fecrétaire pro-
prement ait ; il ecrivoit les lettres de fon maitre ,
en confervokdes copies avec les lettres qui luí
étoient adreiíees. On lit fur un marbre á Flo-
rence :
JULIyE. METH^
JANUARIÜS
AB. EPISTOLIS
CONTUBERNAL1
CARISSIAÍ.^.
NarciíTe avoit cet empíoi á la cour de Claude.
On le _ diviíoit quelquefois 5 car on trouve un
fecretaire pour ¡es lettres Latines ^ & un fecrétaite
pour les Grecques;
SEX. POMPEIUS. SEX. F. FELIX
SEX. POMPEI. AB. EPISTVLIS
LATINIS.
L. AÍUNATI. L. VALERIUS
L. L.STACTUS
NICOMEDI.AB. EPIST. GRACIS. — Spon,
AB Jlonulo. C étoit le jardinier. £pon nous a
confervé deux épiraphes de ces officiers :
POMPEIvE
PLAICIDI.^
SEX. POAíPEIUS
KARATUS
AB. HORTüL.
SEXTIAN.
&— C. OCTAVIUS. C.L. PACCIÜS
AUG. SER. AB. HORTÜL.
^ AB Jazzim, étoit le portier. Népos^ dans ¡a vk
aHannibal, (c. 23. ^.4,) fe fert de cette ex-
preffion.
AB Ornamentis. Cette chargé de la maifon d’Au-
gufej coníiñoit a conrrólerou inípeéter tontee qui
etoit fufceptible dkrrangementou dkmbeiliíTement.
On trouve dans Gruter Tépitaphe fuirante :
E. M.
T.FL. AUG. LIB.
PARTHENOPAEI
POPPEJANI. EÜNUCHI
AB. ORNAMENTIS.
AB. Cinquieme mois de Tannée. eccléfiafiiqiie
des KébrenXj & l'onziéme de leur annte civiie.
II répond á une patrie du mois de juillet , & au
commencement du mois d’acát.
^ AB. Le dernier mois de l’été chez Ies Syrfens.
Ckíl le mérae nom & le meme mois que eelui
dont il elt parlé dans Tarticle précédent. Ce
mois eft trés-différent du mois ALzb qui répond
au mois de mars. Abib étoir un mois des anciens
Kébreux y & il fe trouve dans récrituis. Ab
g A B B
contraire , n’eft connu que par le Tnaimud & Ies
Rabbins.
ABA, dansla Carie. ABEnisr. ^ ^
Cette ville a xkiü írapper des McGailies Grec-
ques en Thonneur de Ai. Auréle & de Sévcre-
Áiexandre.
ABAC-zENUM , en Sicile. Abak.
Les médailles autonoraes de cette vilIe font
R. enargent.
RRR. en bronze
O. en or.
Son fymbole ordínaire eíl un fanglier. —Hunter.
On croit cependant avec fondement que ces
Aíédailles appartiennent á ^Enus en Thrace , dont
ellesportent le nom fur le revers Aini, & qu Abak
eíl: un nomde magiítrat. Il ne reñeroit alors d Aba-
cxnum que des Aíédailles en cáradéres puníques.
ABADIR, OUA.BADDIR, ou ABDIR , eft le
nom d’une pierre «que Saturne avala. Ce dieu
faifoit périr ’tous fes enfans , foit quil n’eút
rccu de" Titanus lempira du monde que fous
la ' condition de ne point en élever , foit_ qu i!s
dúíTent le détróner fuivant Tarrét des deffins.
Lorfque Júpiter naquit, Cybéle ou Ops, fa mere,
trqmpa ce pére barbare ; elle cnreloppa de langes
la pierre appeiée depuis Abadir , & la lui préfenta
coínme fon fils. Saturne f avala fur le champ. 11
!a rendit fans doute á la lumiére ,• car on Thonora
en Syrie d’un cuite particulier. Les Grecs la nom-
mérent BíüWx/íí 5 & les Phénicicns Abadir ,
qui , felón Bochart , íígnifie pierre ronde.
Le cuite dont onhonorales pierres, eft de la plus
haute antiquité. Tantót elles étoient brutes & in-
formes, tantót elles étoient figurées en cóne. Les
Arabes firent de ce cuite une parde de leur reli-
gión. lis furent imités par les Séleuciens de Syrie,
qui adorDÍent une pierre conique , embléme du
Mont Cafius ou de Júpiter de méme nom. Leurs
Médailles atteftent cette fuperftition. La Venus
de Paphos étoit auíli adorée fous la figure d^une
pierre taillée en forme de cóne. Les premiers
Grecs & les Lacédémoniens, entf autres, rendirent
un cuite religieux á leurs divinités , qui n'étoient
repréfentées que par des coionnes , ou par des
írones bruts & informes. Onentrevoit ici Torigine
du dieu 1 erme &: de fon fimulacre j mais on ap-
per(joit plus diftinébement encore la marche de
!a fuperftition qui eft née dans POrient , & a pro-
pagé fon empire dans la Phénicie , dans la Gréce
& dans prefque tout TOccident.
~Les Mythologues - hiftoriens troiivent dans
V Ai adir , ouBa/rtiAíoj , la vifion de Jacob , la ville
^ laquelie ii donna le nom de Béthel, Scc. Mais Ies
ctymologiftes ne reconnoiífent dans cette fiélion
quune allufion á plufieurs racines Phénicien-
nes ou Chaldéennes relatives aux mots fils Se
■pierre.
ABADDIR , étoit auíli , felón S. Auguftin , le
nem que les Carthaginois donnoient á certains
üi£;aXí Ab ^ abdir ligniíient en langue Phénicienne
ABA
pert magmfique.Qcttt diviílondes divinités Carths-
ginoifes rappelle les dii minorum 8c majorum gen-
tium des Romains.
AByEÜS , furnom donné á ApoIIon,pris de
la ville d’Aba , ou Abée , dans la Phocide , oil
ce dieu avoit un riche temple Se un oracle célebre ,
un de ceux que Créfus envoya confulter.^ Cet
Oracle paíToit pour plus ancien que celui de
Delphes.
ABALLO dans Ies Gaules. ABALLO.
Les Médailles Autonoraes de cette ville font :
RRR. enbronze.
O. en ai’gent.
O. en or.
ABANO. II y avoit dans cet endroit, qui eft au-
jourd'hui un village de Tétat de Venife , des eaux
minerales célebres du temps des Romains : ils
Pappeioient Aqu<s Aponi , ou Aponus. Libére
allant en Illyrie , confulta Toracle de Gér^mn qui
étoit auprés de Padoue. II lui ordonna de jeter
des désd'or dans la fontaine ¿‘Abano, pour con-
noítre Favenir. Suétone dit que de fon temps
on voyoit encore ces des au fond de Teau.
ABANTES. Cétoit le nom général que Pon
donnoit aux habitans de PEuboée. Sortis de
Thrace, Ies Abantes s’établirent dans ¡a Gréce,
oú ils bátirent Abée. Xerxés ayant ruiné cette
ville , ils fe réfugiércnt dans Pille d’Euboée , Se
s’y fixérent. A Pexemple des Curétes qui avoient
habité la méme ifle, ils laiiToient croítre leurs che-
veux par derriére & les coupoient fur le front , de
peur que leurs ennemis ne puífent les faifir par la
chcvelure , & Ies terraífer.
ABAPTISTON. Les anciens appelcient ainfi
Pinftrument de chirurgie que nous, nommons
Trepan.
ABAQUE , abacus. Ce mot avoit plufieurs ac-
ceptions chez Ies Romains.
ABAQÜE étoit chez les géométres une tabis
couverte de pouffiére, fur laquelie ils tracoient des
figures : fouvent ils exprimoient leurs chiffres fur
Pabaque avec de la craíe. On iit fur le tombeau
d"une homme de lettres :
SIVE.quOD. EUCLIDES. ABACO PROSCRIPTA.
TüLISSET.
DELICIAS. HABUI. PARITER. LUSUSQUE.
PROCACES. FerrsU
LABAQUE qui fervoit ácompter, étoit com-
pofé, chez Ies Grecs, d’un carré-long, éYUÍdé,fur
lequel étoient tendus des fils auxquels on enfiloit
des boules. La maniére de s^en fervir étoit de faire
valoir chaqué boule une unité , ou une dixaine ,
& de les ajouter en les réuniíTant , ou de les
fouñrair'e en les féparant.
Fulvius-Ürlínus Se Ciaconius conjediurent, d’a-
prés d'anciens monumens, que cet Abaque fut connu
desRomainsj mais ils croyent que Pufage de comp'
ter avec des jetons , calculi , prévalut. Le cabinet
de Ste. Genevieve renferme cependant un Abaque
qui
ABA
quiparoÍ!:Romam.Cette antique. cuieílpeur étr;
unique en France ^ eír formée par une plaque de
bronze quarrée. On y apratiqué pluííeurs rangsde
iignes évidées, au travers defcuelles paíTent des
bouíons mobiles , rivés par-delTous. Des nombres
graves au bas de chaqué ligne évidée , expriment
Tes valeurs des dií?irens bourons. De forte qu'en
les avancant ouenles reculante onpeutfairetoutes
les opérations de Farithtnétique.
ABAQUE . ou table de Pythagere étoit une
table de nombres invenrée par ce phüofophe.
Comme elle fervoir á facilitar les opérations de
l’arithmétique , il paroít que c’étoit la table ordi-
naire de la multiplication.
ABAQUE. On donnoit ce nom á la table
ou échiquier fur laquelle on jouoit á différens
jeux foit avec des jetons , calcuU , foit avec des
eípéces de dames ou écheos ^ latruncuU.
ABAQUE étoit encore chez Ies Romains un
buffet ou armoire deíiiné á porter ou á ren-
férmer les vafes dont on fe fervoit dans les repas.
Ce ffétoit fouvent qffune table fans pied , attachée
au mur^ 8c fufceptible d’étre repíiéeapréslefervice.
Le mot abaque étoit uíité chez les Grecs dans
Facception de buffet. Ceft auffi chez les Grecs-
Aliatiques Se lespeuplesderAlie^que les Romains
prirsnt dugoút pourcemcuble^devenudepuis Tob-
jet des recherches les plus diípendieufes.
Les Abaques étoient de marbre dans Ies maifons
de ceux mémes qui vivoient avec modeííie &
limplicité. Tel étoit Horace qui dit de fon buffet:
Et lapzs albus
Vocula cum ciatho dúo fufiinet.
On en a trouvé pluíieurs de feir.blable matlére
dans Ies maifons d/Kerculanum Se de Pompeia. V.
Buffet. Tite-Live & Salluíte^ parlant du luxe oui
fe répandit dans Rome apréslacoiiquéte de T Alie ,
8c en particulierderefpéce de fureur quipoíTédoit
Ies Romains pourles Abaqiiesj leur reproehent ce
goút inconnu aux Cincinnatus 6c aux Camille. lis
nousapprennent encore que non-contens de Ies fa-
briquer du bois le plus précieux ^ les Romains les iñi-
foientrecouvrir de plaques d’ivoire Scdelamesd'or.
ABAQüE^ ahacus. Vitruve appelle de ce nom
des plaques de bronze quarrées que Ton arrangeoit
par compartimensj Se dont on incruítoit les toíts
des palais ou des maifons fomptueufes. On leur
avoirdonnéle nora.íí Abaques , á caufe de leur ref-
íémblance avec les tablettes de bois fur lefquel-
les on calculoit ou Fon jouoit. Lorfque ces pla-
ques de bronze étoient rondes , elles rappeioienr
1 idee des miroirs , qui avoient ordinairement cette
forme chez les anciens^ 8c elles portoient le nom
de /pecaZz. Vitruve ( -j. 5.) itaque veteribus parie-
tibus nonnulli crujios excidentes pro Abacís utuntur^
ipjdque tectoria abacorum , & Jpeculorum divijionibus
circo fe promirientes habent exprejjloues .
ABAQUEj Abocas dans Vitruve. On entend per
ce mot la partís fupérisure ou le couronnement du
ABA ^
chapiteau ds la colonne. II eíi: quarré dans FOrdre
tofean^ le doriquej Fionique antique ^ Se échancrc
fur Ies faces dans le corinthien & le compoíite.
II porte comm.unément le nom de tailloir,
parce qu étant quarré , il reffemble aux afliettes de
bois que Fon nomme ainíi.
ABAQLE j abacus , étoit enfin chez les Romains
un alphabet ou une table fur laquelle on tra^oit
les letrres pour apprendre á lire aux enfans. Les
Grecs lui donnérent le méme nom dans leur lan-
gue5 8c c’eíldeleurs deux premieres lettres alpho SiC
béta , que Ies modeiT.es ont fait le mot alphabet.
AB.4RBARÍ A ^ étoit, felón le Diétion. Mytho-
logique, la déeife du fleuve Xais.
ABARES. Oétoit un relie des Huns contre
lefquels Sigebert alia combatiré dans la Thuringe.
lis étoient pour la plupart d'une taille gigantefque
Se d^une laideur effroyable. Leur chevelure, tres-
longue , étoit rejetée fur Ies ¿paules , 8c féparée
en treíTes par des cordons , ce qui les rendoit
femblables aux furies dont la tete étoit hériffée de
ferpens.
ABARIS , Scythe de nation. On n’eft pas d*ac-
cordfur le tems oú il vivoit 5 mais Fopinion la plus
commune eíl quhl futeontemporain de Pythagere.
II étoit prétre d’ Apollen Fh’/perboréen. On dic
que ce dieu lui fit préfent d'une fleche d’or qui
avoit une verm merveilleufe. Abaris étoit poné
fur fa fleche au milieu de Fair , comme un autre
Pégafe : enforte que Ies mers 3 les riviéres 8c les
iieux inacceffibles aux hommes , ne lui caufoient
aucun retardement. II fe méloit de prédirc Favenir,
Se femoit fes prophéties par-tout oú fon humeur
vagabonde le conduifoit. Abaris prédifoit encoré,
felon-Fancienne croyance , les tremblemens de
terre , chaíToit la peñe 8c appaifoit les temperes ;
8c il fit des facrifices dans Lacédemone , qui eu-
rent tant d’efficace , que ce pays la , fort expofé á
lapeíle, ffen fut jamais aíHigé depuis. Enfin, on
difoit de luí quhl ne mangeoit jamais. Quelques-
uns ajoutent quhl fabriqua le palladium avec un
des os de Pélops. (Eoy. P olladium ^ Pelovsi) Cette
Opinión le rend bien antérieur a Pythagore.
ABAS, un des Centaures qui combaítirent
contre les Lapythes : Héliode le met á la tete
de ceux qffii nomme au nombre de quatre-
vingrs.
A B -4 S , fils de Lincee Se d’fíypermneílre ,
pére dU4criíius 8c de Frtetus , fut le douziéme roí
des Argiens.
On lui attribue Finvention du Boucíier.
ABAS eíl auíii le nom de celui qui fervoit de
devin á Lyfandre , quaad il défit les Atheniens
en la vingt-iixiéme année de la guerra du Péiopo-
néfe. Les Lacédémoniens ccnfacrérent á cette oc-
caíion pluíieurs ílatues a Delphes , Se joignirent
á celle de Lyfandre celles d'Abas Se d^Kermon ,
pilote de fon vaiffeau.
II y a eu pluíieurs autres Abas. Par exemple ,
Adas 3 fils de Meotune & d'Aréthufe. C'eít, fai-
B
io A B D
vant quelqües-uns , de fon nom que l'Eubéa avoit
d’abord été appelée Abantis. Abas ¡ fils^de ?ííéta-
nire ^ ou Méganire 5 c'eíl leméme que ci autres ap-
pellent Stdüs , que Cérés c-hangea en Lézard pM-
ce cuil s'étoic mocqué d’elle. Voyez Méganire
& Steliio.
ABASCANTIANUM balneum. Voir ce dernier
mor.
ABASSÜS , en Phrygie, abacchní2N.
On a des Médailles impériaies Grecques de cette
ville 3 frappées en Thonneur de Septime-Sévére.
ABASTERj eñ ^ felón Bocace^ le nom d’un des
trois chevaux qui tiroient le char de Pluton ; il íi- ,
gnifie?zozV.Ciaudien le nomme AlastoR. V .cemot.
ABATON. LesRhodiens appelérent de ce nom
r.nédifice conñruitpouróter la vue desdeuxftatues
élevéespar Arrémifej reine de Carie.Cette princeíTe
ayantprisRiicdeSjVoulut éternifer fa vidfcoire. ¿lie
fit éiever un rrophée avec deux ílatues de bronze ,
dont Pune repréfenroit la ville captive & Tautre
etoit fon portrait. Les Rhodiens , fecouérent le
joug de fa domination ^ & ils n oscrent renverfer
ce témoignage honteux de leur défaite , parce
que la faperftition défendoit de violer un monamenr
confacré á quelqiie divinité. Mais ils conítruí-
íirent á f entoor un éáiSce íi eleve , qubi déroboit
enriérement la vue du rrophée j & ils défendireni
dVerirrer : d"oa luivinc le nom grec «Sarííj oii
l’on neva -point.
ABATOS j ifie d’Egypte dans le Palas deMem-
phis , ou lac Moeris. Elle étoir renommée par
fon lin , fes feuiiles de Palmier ^ dont on fe fervoit
pourécrire j & principalement parletombeau du
roí Ofiris j qui dans, la fuite fut tranfporté á
Abyde ou Abydos d^Egypte. Lucain en fait men-
tion lib. X.
HincAbatcn , qiiam noftra vocat veneranda vetufias ,
Terra potens.
II ne faur pas la confondre avec le rocher Aba-
tos voiíin de Tifie de Philé ^ far Ies confins de
TÉgypre & de TErhiopiCj oú la crue du Kil
commencoit á fe faire fentir. Les pretres feuls
avoientdroit d’y entrer ; d’oü lui venoit fon nom ,
qu! , en Grec j figmfioit lien oh ron ne va point,
oii il nefi pas permis Taller: c’eft pourquoi on
donne quelquefois ce nom au fanéluaire des tem-
ples. Pluíieurs ont cru que 'S Abatas dont il s’agit,
étoir le tombeau d'Oliris. Séneque en parle dans
fes qu&a. PMtur. ¿4, c. 6,
ABÁZEA. roy. SABASIEN.
ABBCETUM, en Myíie. abbaití2n.
Les Médailles autooomes de cette ville fopt :
RRRR. en bronze.
O. en argent.
O. en or.
ABDERA j dans la Eoétique.
Cette v’lle a fait frapper des Médailles lati.nes
en íéionneur de Tibére.
ABDERE , jeune liomme ami d’HercuIe ^ &
ABE
fon compagnon d'armes. Le héros aprés avoir
enlevé les cávales de Dioméde , roi de^ Thrace,,
les conduifit far le bord de la mer ^ cu fa fiorte
Tattendoit. II en donna la garde a Abdére, tandis
qiTil étoir occupé lui-méme á fe débarraíTer des
Biílons j qui Tavoient pourfuivi pendant cette
expédition. Les cávales^ accoutumées a fe nourrir
de chair humaine , dévorérent le jeune homnae.
Hercule ^ pour fe confoler de la perte de fon fa-
vor! ^ batir la ville d’Abdere dans 1 endroit ou ü
fut enterré. II y a des Auteurs qui ont^ dit
qu Abdére étcitun ferviteur de Dioméde^ tue par
Hercule avec fon maítre. Voy. Diomcde.^
Ldnfortune du malheureux Abdere eft depeinte
fut une belie pierre gravee du barón de Stofch ,
que Vdnkelmann a publiée dans fes monumenti
inediti.
ABDERE jfceur de Dioméde , roi des Thraces-
Bifrons. Elle donna j fuivant quelques-uns , fon
nom á la ville qui le porte. Goltzius rapporte
une Médaille qui ,, li elle étoir authentique^
pourroir faire penfer ^ comme 1 abferve^ Lucas
Hcifterdus , que.c'étoit Topinion des Abdéritains
eux-mémes. Cette Médaille porte ia figure d’une
femme avec lalégende A.BAHPA2 ICOPASj Abden
Virgirds.
ABDEREj ville maritime de Thrace. Les habí-
tans de cette ville avoient la barbare coutume ae
dévouer á certains jours j pour le falut de tous
les citoyens , quelques malheureux Abdéritains ,
qif on aíibmmoit á coups de pierre. Cvide (y'?2
ibim ) parle de cette coutume dans les m.alédic-
tions qu'ii donne á fon ennemi. Mais ríen n’eft
plus étrange que la makdie qui régna , dit-on
pendant quelques mois dans Abdére. On y avoit
repréfenté TAndroméde d'Euripide, ce fpeéracle,
cüi fe donna dans Tétéj remua teiiement Tima-
ginarion des Abdérirains ^ qui , penda.nt toute la
piéce> furent expofés á un foíeil ardent, que la
plúpart fortirent da rhéátre faiíis d'une violente
fiévre. II/" pasrcoururent toutes Ies raes en décla-
mant de longues tirades dTuripide , & faifant
des exclamations tragiqties. Cela dura jufquk
Fhiver^ qui fat trés-froid ^ &c plus propre par-lá á
faire cefifer cette réverie. Lucien a décrit les
fymptomes de cette prétendue maladie. Sur Tori-
gine de cette ville qui a parta gé Ies écrivains ,
Foy. les deux arricies précédens. Cn -avoit _élevé
dans Abdére , un temple en Thor.neur de Jafon.
Parménipn le fit dttruire.
ABDÉRE j en Thrace. abahpiteíIN,
Le rype ordinaire de cette ville eft un grifíbn.
Ses Médailles autonomes font ;
O. en or.
C. en argent.
R. en bronze.
On a des Médailles imperiales Grecques de
cette ville, frappées enThonneurde Vefpafien, de
i Tite , d'Antoniii le Fienx & de M. Auréle.
1 ABEILLE. Les auciens ent debité beaucoup
ABE
de fables far cet utile infe¿le. On dok cepenáant
en erre moms etonné oiie de la connoilTance
déraülée qukis avoient acouiie de fes méramor-
phofes & de fon induíirie. Les écrivains qui
en onr parlé , raconrent des chofes incroyables
far farde ur & ia conftance avec lefqaeües on
avoit étudié les abeilles. Elles occupérent pen-
daat foixante ans Ariítomaque ; & Hillifciis fe
retira dans les forets pour les érudier dans fctat
de liberté. Les deux philofophes écrivirent j felón
Pline , fur ¿a nature des abeilles ; & fon croit
que les hommes apprirent d’eux á les raiTembler
& á profiter de leurs travaux.
Ariftote les obferva long-temps ; & fes obfer-
vations furent ornees par Virgile des charmes de la
poéfie. IVíais Plincj en les répétant & les inféranr
dans fon vafte recueil ^ leur imprima ce caraciére
de gravité & de vérité qui convient feul á f Hif-
toire naturelle. On celia de croire que les abeilles
eulfent contraint autrefois les habitans de Rochus
á abandonner leur patrie ^ & á s'établir dans un
autre climat. Celles de Créte furent difuenlees de
fe charger d'un petit caillou en guife de leil j lorf-
qu“e!les eurent á voler par-deíTus un terrein avancé
dans la mer^ ou á traverferdes contrées orageufes.
La doiiceur du miel , qui fervoitchez lesanciens
aux mémes ufages cue le fuere chez les moderneSj
fit prendre Ies abeilles pour le fymbole de f éio-
quence douce & iníinuante. On prédit que Piaron
feroit un jour célebre par la douceur de fon élo-
eution^ en voyant des abeilles fe repofer furfa
bouche pendant qu’il dormoit dans fon berceau. •
Les Grccs fe plaifoient á raconter cue Pindare
ayant eré expofé dans un bois , avoit été nourri
de miel par des abeilles fauvages. L'élégance &
la douceur du ílyle de Xénophon , le firent ap-
peler f abeille Athénienne. On donna le nom de
AíeliíTa, abeille en GreCj aux prétreílés de Cérés
& enfuirej par exteníion, á celles des autres divi-
nires , parce qufon exigeoit d’elles faélivité ia
purete & la vigilance des abeilles. Quelques écri--
vains donnent á cette dénomination une autre ori-
gine. Voy. Melissa.
Uneancienne peinture quirepréfentoit un nym-
^ antres confacrés aux mvf-
teres des nymphes ^ fait voir une abeille placee
á 1 entree de la cáveme. Le peintre fy avoit mife
fans doute pour exprimer le foin avec lequel on
devoit éloigner les profanes de ces lieux facrés,
comme la vigilante abeille chaííe loin de fes ru-
ches les infeéies deftruéíeurs.
Les abeilles n'étoient pas chez les Romains
, ^ augure , comme elles f avoient été dans
la Boetie & dans fAttique. Piutarque nous ap-
prend dans la vie de Bratus , que leur apparition
dans le commencement d'une entreprife , annon-
qoit quelque chofe de funeñe. Ceft pourquoi
Appien ( Lib. z. Bell. Civil. ) remarque foigneu-
lement qu’un eíTaim d’abeilles fe pofa fur les au-
te^ la veüle de la bataille oú les habitans de
A B I _ II
Pharfale \nrent Pompée défait & mis en fuite.
ABEILLES, nourrices de Júpiter. Des ruches
d’abeilles ayant eré trouvées dans f antre de Diélé,
I ou Júpiter avoit été nourri , auíílrót on compra
: Ies abeilles aii nombre des nourrices du dieu. On
raconroit meme que quatre hom.mes étaiit un
jour entrés dans cet antre, pour dérober les ru-
ches , Júpiter fit gronder fon tonnerre , & lan^a.
fes foudres conrre les facriléges.
ABEILLE , elle étoit le fymbole d’Ephéfe.
Onia voir ordinairem.ent fur fes Médailies auto-
nomes , Sf fur celles d’Elyrus, d^Iulis, de Prxfus.
ABELLA , dans la Sicüe.
Goltzius feul a publié des Médailles impériales
Grecques de cette ville.
ABELLIO. Dieu des Gaulois. On a trouvé prés
deComminges, dans f ancienne Novempopulanie,
trois infcríptiqns antiques, ou il eft fait mentioil
de cette divinité. En voici une que Gruter a rap-
j)ortée :
DEO
ABELLIO
NI
MINUCIA
JUSTA
V. S. L. M.
Les deux autres n’apprennent rien de plus fur
Abellio. Bouche croit ( Hifi. de Prvvence , t. i.
(Sí. ) que fon nom vient de quelque lieu appelé
Abellio, & célebre par ce cuite. Voífms (de IdoloL
L. II. C. 17. ) le reconnoit pour le foleil. II a ,
felón iui j pris le nom d’ Abellio de celui de
Betas , donné au foleil par les Pamphyliens &
les Crétois, comme on fapprend d'Hefychius.
Quoi qudl en foit de ces opinions , on ne fait
rien de cette divinité Gauloife que fon nom
Ahelliq.
ABÉONA &: ADÉONA , étoient, felón S.
Auguftin feul , des déelTes qufon invoquoit , Tune
pour aller , fautre pour revenir , felón la figni-
fication des mots Latins, adire & abirc, aller Sc
revenir.
ABGARE, roi d’Edeííé & d’Ofrhoene. EA-
SL-iETS ABFA.
Ses iiíédaiiles au revers de Commode, font :
RRR. en bronze.
— Au revers de Septime-Sévére , font :
C. en bronze.
— Au revers de Gordien, font:
C. en bronze.
— Avec Manniis , fon fils , elles font :
RRRR. en Bronze.
O. en or.
O. en argent.
II porte une thiare femblable á celles des roís
Parthes.
ABIA, foeur & nourrice d'Hillus , fils d’Her-
cule. Elle fe retira a Hiré , oú elle confacra un
temple a Hercule. Ceft pourquoi Crefphontc
Bij
¡2 A B 1-
lui fit rendre dans la fuite plufíeurs honneurs 5
entr’autres il donna fon nom a la ville.
ABIB. Nom que les Hébreux donnoient^ au
premier mois de Fannée facrée. II répond á la
fin du mois de mars, 8c au commencement d'ayril.
On donna dans la fuite á ce mois, le nom de Nifan.
ABIENS. C’étoienr entre les Scyttes,, d’autres
difent entre les Thraces. des peuples qui faifoient
profefíion d’un genre de vie auftére j dont Ter-
tíulien fait mention {lib. ie Prífcr. ca.p. xLii. ) j
que Strabon loue d’une pureté de mceurs extra-
ordinaire ^ Se qu’Alexandre ab Alexar,dro 8c Sca-
liger ont jugé á propos d’appeler du nom de
philofophes j enviantj pour ainíi dire, auxScy-
thes une didindaon qui leur fait plus d'honneur
qu’á la philofophie , d'étre les feuls peuples de
la terre qui aient á peine connu des poetes, des
pailofophes , das oírateurs, 8c qui nea ayent été
ni moins honores , ni moins courageux , ni moins
fages. Les Grecs avoient une hautc eftime pour
les Abiens , 8c ils la méritoient bien par je ne
fais quelle élévation de carañére , 8c je ne fais
quei degré de juílice 8c d’équité dont ils fe
piquoient,lingaiierement envers leurs compatrio-
tes , pour qui leur perfonne étoit facrée. Que ne
devoient point étre aux yeux des autres hom-
mes , ceux pour qui les fages 8c braves Scythes
avoient tant de vénération ! Ce font ces Abiens ,
je crois , qui fe confervérent libres fous Cyrus, 8r
qui fe foumirent á Alexandre. C’eíl un grand
honneur á Alexandre, ou peut-erre un reproche
á leur faire ( Dldzrot. )
ABILA , dans la Coeléfyrie.
On a des Médailles imperiales Grecques de cette
ville, frappées en Kionneur de L. Verus 8c de
Commode.
ABLEGMINA. & ALBEGMINA. On enten-
doit par ce mot les parties des victimes que Ton
réfenmit pour les áieux. Eiles éroient mifes í part,
ou féparées : ce qui s’exprimoit par le mot able-
gere chez les Latios , 8c a-xaPíyzt’i chez les
Grecs. Feftus dit: ablegmina , partes extorum, qiUL
¿lis immolabant. Tertullien (Apodog. c. 13.) raiile
les páyeos fur les vidtimes Se les ahlegmina : non
dico , quales Jítis zn facrificando , cum enecia & tábi-
do f a quaqac maBatis , ciim de epimis inte gris
fiLpervacua queque traclatis capitula Ungulas , que
¿omi quoque pueris , vel c-inihus deftinajfstis . Je
ne parle pas de vos facrifices, des anímaax ma-
lades ou bleíTés que vous oíirez pour viélimes,
8c des parties que vous réfervez pour les dieux,
quand les victimes fent graíTes Se faines. Ne font-
ce pas le cráne Se les pieds , que vous ne donne-
r-!ez á manger chez veus , qu“á vos domeíliques
OU aux chiens ?
ABLETIONS. Fc-v. Pux.ipicatiox.
ABOLLA- 3 en Sici'e. ASOA.,
Les Médailles autonomes ¿e cette '. ille,
C. en or.
ABO
Uníqiie en bronzé... Torremufa.
ABOLLA. Les avis font partagés fur cet habil-
lement des Romains. Papias Pa confondu mal-á-
propos avec la Toge; car Varron (apud Non.
xiv. 9.) le met enoppof.tion avec elle : Abolla,
veftis militaris. Varro cofmotoryne. Toga detracia
e/? , 6? abolla data efi ad turbam ( o t? tubam )
miki , [era militis, muñera belli ut prtfiarem. Mar-
tial a fait la méme chofe ( lib. 8. 49. o- )
Nefcit , cui dederit Tyriam , Crifpiaus , abollam ,
Dum mutat cultas , induilurque togam.
L'Abollanetoitpasun habiüement de fénateur,
comme plufieurs écrivains Pont prétendu , puiC-
que ía Toge qui vient d’étre mife en oppoíition
avec elle , formoit Phabit des Confulaires. C etoit
un furtout ( pallium ) long 8c ampie , qui fe
replioit en deux , comme s’il eát été double , 8c
dont les foldats 8c les philofophes fiifoient ufage
hors de Rome.
Saumaife {de Mod. ufar. c. 3.) dit que les gou-
verneurs de provinces Se méme les prefers de Rome,
portoiesit PÁbolIa quand ils fiégeoienr dans les
tribunaux. C'eft á cela que Juvénal fait alluííon ,
felón lui , icrfquhl appelle facinora majoris abolle,
les crimes extraordinaires qui éroient du reífort
des grands juges , ou des juges portant 1 Abolla.
Fitife^us combar avec raifon cette opinión de Sau-
maife. On fait en effer queles gouverneurs oortoient
la pretexte dans leurs provinces. Ils partoient á la
vérité de-Rome vetus dupaludament; maisils s^ac-
quittoient de leurs fonélions avec la prétexte dans
les viiles de leurs départemens. Qui peut croire
d’ailieurs , que le préfet de Rome rendít fes ju-
gemens avec un habülement de foidat ou de voya-
geur ? Juvénal parle aufli de lAbolla du préfet
Pegafiis. On .obfervera fur ce paiTage.quhl ne le
peint pas dans Pinfeant ou il montoit fur fon tri-
bunal , mais dans le moment ou il partoit pour
Albano , comme un íimple jurifconfulte , revétu
de Phabit des philofophes.
ABONDA-NCE , divinité allégorique quon
trouve perfonnifiée dans les anciens monumens ,
mais qui rPa jamais eu ni temple , ni autel. Cn
la repréfente fous la figure d'une belie femme ,
couronnée d°une guirlande de fieurs. Elle nent
de la main droite une come remplie de toutes
forres de fruits , penchée vers la terre j & de
Paatre main un faifeeau d^épis de píaíieurs fortes
de grains , dont la plupart tombent pele-méle.
Cette figure accompagne aíTez fouvent les images
des dieux 8c des héros , pour marquer Pabon-
dance procurée par la bonté des dieux 8c par
la valeur des héros 5 quelqaefois méme on en
voit deux pour marquer une abondance extraor-
dinaire. Voy. AcvíAlthée , -Achelous , corhe
D^AUONDA-NCB, EUTHÉNIE.
Cn place fur íes Médailles aux pieds de Pabon-
éance, un boiíTeau ePovi fortent des épis , 8c un
pavo: , fy.mhole áe la fecorAcité. Queíquetois on
font :
ABO
appctcoit prés d’elle un wiíTeau , pour déligner
le ble'd que le prince avoit fait venir des pays
éloignds.
ABONOTICHUSj dans ia Paphlagonie. abq-
NOTEIiEITCN.
On a des Médailles imperiales Grecques de
certe ville , frappées en l’honneur d'Antonin & de
]\í. Auréie.
ABORIGENES & ABORIGE'IES. Ce nom
exprime aujourd’hui tous Ies premiers peuples d°un
pays en général , par oppolition aux nouveaux
habitans j qui font venus s y étabiir a diíFérentes
époGues. II ne déíignoit comraunément j chez les
anciens , que deux peuples en particulier ^ les pre -
miers habitans de la Gréce , & ceux de Tícalie ,
cu Ies Pélafges & le peuple qui a precede les
Etrufques.
Nous commenqons par faire connoítre ces áer-
r.iers j parce que ks diíFérentes opinions fur Téty-
ir.ologie de leurs noms , ietteront du jour fur kur
origine prétendue. Aurelius Vicror les appeile
A-borigénes , comrae fí Ton difoit Ahcorigen.cs ,
vagabonds j de ab & rrroj jkrre qa & iá , il
croit que des Scythes venus dans cetre partie de
ritalie en ont été les premiers habitans. Feñus
eft du méme fentiment.
S. Jéróme dir qu'ils ont été appelés .Aborigénes^
parce qu’ils n’avoient point d'oriaine ^ de Va
privatif^ &■ Sorigo : ckñ-á-direj qu’ils étoient ori-
ginaires du pays^ dr ne defcendoient pas d'une co-
lonie arrivée poñérieurement 5 ou ^ comme dit
Denis d^HalicarnaíTe , qui rapporte ce fentiment
fans l'embralTer ^ parce qu’ils furent les chefs de
la poftérité des anciens habitans. Virgile femble
étre du méme fentimeiit ( JS.neid. lih. 8. 177.)
Saturnusque Jenex , janique bifrontis imago ,
Veflibulo adjiabant , aliique aboriginc Reges.
Servdus remarque fur ces vers , que aborigine
Reges j eft mis pour aboriginum Reges q & Pline
■F lib. IV. ) appeile Ies Tyriens, aborigines de Ca-
dix j parce qu’ils en étoient les fondateurs.
Denis d’HarlicarnaíTe croit qu’ils ont été appelés
A'tcpiyiif.s , parce qu’ils habitoient Ies montagnes j
Attii ofiTi , a mop-tibiis. Virgile fe rapproche auíli
de cetre opinión (yEdfíd. 8. 321.)
Is gePMS indocile ac difperfum , montibiis altis
Ccmpofuit , legefqiie dedit.
Danet a cherché une étymologie relative au?;
montagnes , dans la langue Hébraique.
C eft á I’exemple de ceux qui , reconnoiíTant
Chain pour le Saturne des Egyptiens, croyent que
ce fiis de ..Ñoé raíTembla divers peuples errans ,
& les conduiíit en Itaiie. Tite-Live & 'Denis d’Ka-
HcarnaíTe , aííurent avec plus de raifon & de
vraiiemDlance ^ que Jes Aborirénes de l’ítalie ^
étoient venus d’Arcadie fous la conduite á’dnotruS:,
fils de Lycaon ^ feize ages ou géneraticns aprés
la guerre de Trove. Quelques écrivains^ toujóurs
ABO ij
oceupés des HébreuXj aíTurent que ces Aborígenes
étoient des Phéniciens ou des Chananéens chaíTés
par Jofué. lean Picará les reconnoit avec plus de
fondement pour une colonie Gauloife ( Celto-
poedie v. ) II établit fon opinión fur diíFérens té-
moignages de Catón ^ de Solin , Se méme d’un
célebre hiftoTien Grec , Timogéne , dont Suidas
nous a confervé des fragmens.
Les Egyptiens Se les Scythes fe croyoient le
premier peuple du monde , & aíTuroient qu’ils
étoient 'Aborigenes , ou nés dans le pays qu’ils
habitoient. Les Pélafges , ou Grecs antérieurs á
la guerre de Troye , c’eft-á-dire , aux monu-
mens iittéraires connus avoient des prérentions
plus ridicuies encore. Les Arcadiens fe donnoient
1 le nom de k-sís-saAo; , nés avant la lune. Les
Athéniens aíTuroient hardiment qu’ils avoient été
formés avant le foleil j & ils fe nommoient
riiyeyéi; , eutans de la terre. Ces traditions raines
annoncent qu’il feroit impoflible de lever le voik
j dont font couverts Ies premiers tems de la Gréce
i & le berceau des Aborígenes Grecs.
i ABOPJGÉNES. Les plus anciens monnmens
de l’art ^ ceux que ron peut également donner
aux Aborígenes d’ Itaiie, avant les Etrufques , &
aux Pélafges , fe reíTentent toujours de la fource
Egyptienne. II eft á préfumer que la poíition des
premiers entre Ies deux mers de Tltalie , ieur
avoit rendula communicationfaciíe avec TEgypteí
m.ais il faut convenir que Ieur imitation n’a jamais
été fervile, & que les Etrufques, leurs fucceíTeurs,
ont toujours confervé Ieur propre maniere. En
effet , on remarque dans leurs monumens , i’im-
preíTion qu’ils ont reque de l’Egvpte Se de la
Gréce ; on entrevoit le. tems auqael cette narion
a été frappée des idées d’Komére ; on reconnoit
Tufage qu’elle en a fait j on peut méme comparer
les monumens de l’un Se de I’autre peuple , iorf-
qu'ils ont traite le méme fujet ; Ton eft par con-
féquent á méme de découvrir, d’une maniere un
peii vague , á la vérité , les idées qui Ieur étoient
propres, par des exemples répétés , c’eí l-a-dirs ,
par la comparaifon d’un trés-grand nombre de
monurñens. Ce fecours manque entiérem.ent a
l’égard des Aborígenes & des Pélafges ; on fait
qu'ils ont exilié : on trouve des ouvrages qu’ils
doiyent avoír fabriques ; mais comment diítin-
guer ieur dategénérale & particuliére ? Comment
ofer étendre & propofer des conjectare^ cuand
on ne peut s’appuyer fur aucune diíFc'rence Les
hifteriens fe font peu oceupés de ces peuples ,
qui á’ailieurs n’ont pas joué un grand role dans
le monde. II eft done naturel de donner indiíFé-
remment a la nation la plus éciairée , la plus
; connue , enfin , a celle qui a oceupé á fon toiir
■ Ies mémes provinces, toures les antíquirés trou-
ppyées dans ces cantons , d’autant méme qu’elles
préfentent une reííemblance aftez feniible avec Les
premieres & les plus ancienr.es des Etrufques,
; ( Ca-jliLs ir.p.yit.'^
A E R
ABRACADABRA , parole tnagique , qul étant
ré'^étée dans une certaine forme ^ & un certain
noAbre de fois;, éroit fupoofée avoir iavertu d’un
charme pour guérir les ñévres ^ & pour prevenir
dAutres maladies.
D’autres fuperftitieux écnvoient ce mot abaja-
dahra, parce qu on le trouve ainfi figuré dans les
anciensAílT. aepacaAABFa oú TS eft repréfentée
par fancien figma C. Voici la maniere dont il faut
écrire ce mot myílérieux pour qu il produife ces
merveilleux efiets ;
ABRACADABRA
ABRACADABR
ABRACADAS
abracada
ABRACAD
abraca
A B R A C
ABRA
A B R
' A B
A
Serenus - Sammonicus , anclen médecin 3 feda-
teur de Thérétique Bafilide 3 qui vivoit dans !e
deuxiéme íléele 3 a compofé un livre des pré-
ceptes de la raédecine en vers hexamétres 3 fous
íe titre de medicina parvo preño parabili , oú il
marque ainfi la difpofition Si Tufage de ces ca-
radéres,
Infcribes chartA quod dicitur Abracadabra ,
Sepias & fubter repetes fea detrake fummam ,
Et magis atque magls definí elementa figuris ¡
Singula que femper rapies & celera figes ,
Donecin anguftumredigatur Huera conam ;
His lino nexis collum redimiré memento ;
Talia languentis conducer.t vincula eolio ,
Eethalesque abigent ( miranda potentia ) morbos,
Wendelin , Scaliger 3 Saumaife Se le P. Kir-
clrer 3 fe font donné beaucoup de peine pour dé-
couvrir ie fens de ce mot. Deirio en parle 3 mais
.en paíTant , comme d’une formule connue en
iriagie3 & ouAu refte ii nentreprend point d’ex-
püquer. Ce que Pon peut dire de plus, vraifem-
blable 3 e^eft que Serenus forma le mot dlAbra^
cadabra 3 fur celui d’Abrafac óu Abrafax ou
Abraxas , 8c sEn fervit comme d’un préfer-
vatif OU d'un remede infaillible contre la fiévre.
Foy. Abraxas.
Quant aux vertus attribuées a cer. amulette 3 le
fiécle oú nous vivons eft trop éclairé pour qu il
foit néceíTaire d'avertir que tout cela eft une chi-
mére. f Mallet. )
ABRAHAM. (Ereft)
L'ére d'Abraham 3 qui commence a la vocation
de ce patriarche 3 precede Tincarnation de 201 5
ans 3 & commence au i odobre ; de mániére que
le I odobre qui devanee immédiatement notre
ere vulgairej eft le commencement de Tan 2016
A B R
d’Akaham. C’eñ Tere d'ou part Eufebe dans fa
chroníque3 Se que fuit loacius dans la íienne.
ABRAXAS & ABRASAX. Bafilide 3 beretique
qui vivoit fous Hadrien3 & fes fedateurs3 doniioient
ce nom au dieu tout-puiílant , duquel les autres
ftétoient que des émanations. II contenoit fepr
anges3 qui préfidosent au fept cieux3 avec leurs
36J vertus; ce qui étoit méme figuré par les va-
leurs numérales des fept iettres de fon nom
A'Sfeirai , qui étant additionnées 3 formoient le
nombre de 3Ój'. Saumaiíe pretend que ce nom
étoit purement Egyptien j & qu il faut le pronon-
Gcr ^Ábrujiix ^ Sc non j^J^raxcis. I- sjoute cus
ce prétendu dieu étoit communement reprefenté
íous la figure d^un homme arme u une cui-
ralTe , tenant un bouclier d'une mam be un
fouet de Pautre ; il avoit la tete d’un rci , &
pour pieds des ferpens. S. Jéróme 3 & aprés luí
píufieurs auteurs3 ont cru que ce dieu n étoit ^tre
chofe que Mithras3 cAft-a-direj le foleil. Fcy.
Ai íTj:ÍR.A.-S« ^
Le-s écrivains eccleíiañiques de tous Ies fieoes
ont écrit fort au long fur les erreurs des Balili-
diens & des Gnoftiques 3 Se fur ia nature de leur
Duiílance , ou divimté Abrafax. Ces diicuflions
ne font point de notre reíTort ; nous n’en exrrai-
rons que Ies notions relatives á ia mythologie 3
ou aux arts des anciens.
Bafijage dit dans rkiftoi~e des juifs ,t. ^. p. 2.
p. 7C0; =» Abraxas tire fon origine des Egyptiensj
» puifque Pon volt un grand nombre d amuletres
fur lefquels eft un harpocrate aílis fur fon
’> lotus&ie fonet á ia main. avec le mot &A-bra-
» fax. ». Cette conjeture de Bafnage eft évidem-
ment prou\'’ée par le mot Abracadabra ¡ forme fur
celui a Abrafax 3 & qui 3 répété píufieurs fois ^
écrit fur du parchemin en "forme de pyramide
renverfée , paíloit pour un remede contre la fievre.
La preuve que cette fiiperftition venoit des payens,
eft que ie Poete médecin Serenus- Sammonicus y
précepteur du jeune Gordien , le plus ancien
auteur qui ait parlé de ce prétendu remede 3 ne
peut avoit fait profeínon du ctniftianifrae. Mais ce
qui confirme plus folidement le fentimetit de
Bafnage, c’eít un Talifínan que Fon voyoit atitre-
fois dans le cabinet de-Ste. Genevieve. tn voici
Pinfeription : ABPAcah. aaqnai. , AAIMONQN.
AEEIAI. ATNAMEIS. <;:YAAEATE. OYABIAN. HAY-
AEINAN. Ano. HANTOC. KAKO'Í. AAIMONOC ,
c’eft-á-dire 3 Abraxas Adonai , ou fétgneur des-
démons , honnes puijfances , préferve:^ Vlpia P au-
lina de tout méchant démon : formuie qui reííenc
fort le paganifme.
» Je crois 3 dit de Beaufobre , dans Phiftoire dii
Manichéifme, ogi Abraxas , ou Abrafax eft com-
pofé de deux mots Grecs. Le premier eft aZpoe ,
qui a diverfes figniñeations , mais entPautres ,
celle de heau , de magnifique. C'eft une epithete
ou un attribut du dieu appelé Jao , comme on
le volt dans Poracle d’Apolloa de Ciaros , rap-
A B R
porté par Macrobe. . . . On j traduit ordinairement
¿Íssí i’a¿ par M-ollis Jao , ce qui ne veut pas
diré une divinité molle & foible , mais une divi-
nité qui fournit aux hommes toutes les déiices
de la vie , Se qui prélide á rautomne ^ faifon des
vins & des fruits. ... Xt'.c¡ , ligniue aaíli beau ,
Tnajefiueux , fiivsrbe\ de-la vient rKofaíaui;? d’Eu-
ripide , pour dire une demarche fuj:erbe y majef-
tueufe.. . Bans les vers de Foracle de Claros j Jao
eft Bacchus ; mais Bacchus eít le foleil comme
JSIacrobe Ta fait yoir. ... Quoi quil en foit j ¿Zíís
eít une épithéte du foleil. Le feeond mot Grec
dont Abrafax eft compofé , eft celui de Sao ,
2A£2 j qui eíl fouvent employé daos Homére ,
& qui veut dire faaver ou gaérir y ou celui de
Sa y 2A 5 qui lignifie falut , fanté. Amíí Abrafax
Youdroit dire á la lettre le beau y le magmf.que
fauveur , celui qui guérit les Tnaux & qui en
préferve. »
II détaille enfuiíe forr au long les preuves qui
établident Fidentite á‘ Abrafax ou du magnifique
fau'ceur y avec le foleil. Xous renvoyons nos lec-
teurs á fon ouvrage.
»= On comprend avec peine , dit le comte de
Caylus (R. (5. pl. 19.) comtnen: ChiíBetj Kircher^
Hardouin y Jablonslci méme , & tant d’aütres
favans ^ ont pá fe perfuader que des ehré-
ticns y Se des chrétiens des premiers fiéclesj
ayent jamais adopté des témoignages dddo-
latrie li conitans & íi pcíitifs ^ au point de les
porter fur leurs perfonpes. Cetre feuie réfiexion
de M. de Beaufobre a luíH pour me convaincre
& me ramener á fon fentiment ( Hiíl. du Ma-
nich. 2. p. JO. ) Je renvoie les plus opiniátres á
la leólure de cet auteur; pour moi je fuis per-
fuadé 3 d’aprés ce favant homme y que la fuperfri-
tion pour la fanté confervée par des paroles ,
Utiles pour préferver des malheurs y eníin pour
toares les autres foibieíles de l'efprit hamain , a
fait des progrés chez les Egypdens lorfqadls ont
commaniqué ^ dans les tetns poííérieurs á leur
égard ^ avec les nations étrangéres ^ ce qui doit
avoir précédé Fére chrétienne.
Les charlatán; & Ies enpyriques aurontprofitéj
fans doiite^ des notions mal entendues de la reli-
gión des iuiís j £c ces idiées leur étoient appa-
remment plus avantageufes 5 d^ailleurs^ les carac-
teres Grecs mélés daos ces objets de ñiperftition ^
prouvent que le cuite Egjmtien étoit fort alteré 5
nousvoyens vnérr.ey par le travail & le goút de ces
folies j quil ne iaut roint les cherclier dans Íes
tems anciens de Fjogypre 5 truis comme Fefprit
humain s eft toU;Ours cententé de chr.n-jer d’objet,
;e ne esois pas que les Egvntiens fiifiér.t déoour-
TCs deíuperdnion dans le c¿ms de lenr fdeddeur.
i'.oiis ne conr.oiiions cue tres - imDarrairement
cenes dont lis étoient Dt-venus, & ncus en i?no-
tous ¡es dytods : ks lignes & les caracteres
Í^Clzs j joinrs a leurs ar/;U.e:tes íormés en fcara-
bees y ou au.iremerit y pouvoíent entreteiiir leur
A B R jj
foiblefle a cet égard j mais en general tout eít con-
fondu aujourdd-iuidans le cuite parrapportánous.
Je finis cette digreííion ou plutot cet hom-
mage a la vénté ^ en difant qiie ces Abraxas font
coriítamment lies au cuite Éga-ptien y qu’iis en
dépendoient abfolument ; que' par conféquent
Bs étoient des monumens de Fidolárrie la' plus
puré , & que jamais aucime fecte de chrétiens
na. pu les admertre pour quelque motif que ce
puiile éíre. »
« Les Baiilidiens , ajoute le méme auteur ,
C R. i. p. 29. ) ou les Gnoftiques, chrétiens hé-
rctiques du premier íiécle qui vivoient en
Egj’pte y voulant avoir entr'eux des marques cer-
taines de reconnoiíTance ^ & des íignes qui leur
aiüiroient Fhofpitalité ^ íignes appelés Tefera
par les Romains ^ qui en portoient auíTi ^ ont
adopté la plus grande partie des pierres ancien-
nement travaillées par les Egypdens ^ & les rabies
des_ fcarabées. Quelqiies - unes de ces rabies
étoient núes & fans ornement j comme on en
trouve encore aujourd’hui. lis les ont remplíes
en tout fens de mots bifarres & de caradféres
Grecs j Cophtes & Hébreux ^ qui n'avoient de
íignification que pour eux;, & dans Icfqueis on
pouvoit reconnoítre la religión qu ils profeffoienr.
Souvent^ pour rendre encore ces caracteres plus
ininteiiigibies ^ ils Ies ont places aux cotes de difFe-
rentes figures , antiques 3 leur égard ^ que ces
tables portoient déjá. (Fby. fon Recueil fixiém'»
pl. 40. n^. 4- ) . ^
Ces pierres , qui forment un aiTemblage bifarre,
font répandues dans tous les cabinets de ITu-
rop£ j 3c connucs íous ic non JtoTaxas. Elics
ne ro£^t recorrirnandables ou^autant cue les def-
fins Egyptiens peuvenr encore s'y diftinauer.
ConíidcTtes ious ce point de vúe, eiles ont'une
forte d'utilrté^ & mériteroient plus d’attention
de la part des curieux ^ qui peut-étre les négiisent
un peu trop.
Ár;iiÉ'\ lAiíOIsS. Desíes premiers tems ^ ceux
qui ont exercé l’art d’écrire_, ont inventé divers
moyens , ioit pour diminuer la peine du travail ^
foit ppi r re.npre Fécrirure pius prompre & plus
expécitive, & ia renferrner dans un plus petit
eípace. Souver.t ils ont cherché á la rendre énigma-
ncue j añ'.i dkn dérober la connoiíiance aa val-
gaire. Ii_; ort parfaitement réuiTi en intreduifant -
1 i’iage des figles ^ des lertres monogrammatiqnes
& conjoinres , des chiítres . des notes appeíées
p/reniennes j & des abréviations variées á Vir.ñni.
Én générai ^ ijs ont peir.t les mets en abrégé ^ en
fupprimant pluíieurs iettres , r.uxquelles ils ont
fouvent fubititué divers íignes pour avertir de la
fuppreffion. Enfuiteils cr.t abrégéles Iettres memes
par des rerranchemens de jambages ^ &: des con-
jonctions perpériieiics. La premiere methode^ fort
étendue, eít 2; pelée par '¿s Cavans ^
Fart d’écrire par abréviations , Sr la feconde
ckit-a-dmcj Fart d’écrirspromptement.
1 6
A B B.
» La manlére la plus comm^e
cñ-u"'> les anciens j eu cene _o.i i on
r'"' A n^rti'- des lettres cui expriment les
""f'eB'méme -“tems ouon fubñime certains
ái-nes" á celies qu on fupprime. C« abreviations,
qui viennent des figles ^ flirerxt d aoord conCacrees
aux noms propres , á certains mots & a cer-
taines phrafes. Elles recurent diferentes formes,
&z fe multipliérent fartout dans les écritures da
moyen & du bas - age. Si Ion ne fe fait une
Babitude de les déchiffrer , il eft tres-difficile ce
les enrendre & de lire les míT. & les tíipiones.
En favear de ceux qui s’appliquent a i etuae ae
ces monumens , pluíieurs antiquaires ont forme
des recueüs d’abréviations_ latines , rangees par
ordre alphabétique , fuivies de ^ leur exp ica-
£Íon, Celies que Baringins puolia a Hanovre^ en
1737, dans fon livre intitulé : Clavis diplomática,
remoliíTent dix-huit pages in-4 . a trola cotonnes.
Les^caraCtéres en font gothiques , & ne remon-
tent pas plus haut que le treiziéme íiecie. E aobe
Godefroi de Beífel ( Chronic. Godwic. p.^ jO a
donné dans une demie page in-foiio , les aoreyia-
tionsles plus ordinaires des manufcrits duonzieme
fiécle. Celies deschartesd"Ecoíreoccupent40 pag.
in-íbiio dans le tréfor choifi des Diplomes (d des
Mcdailles, pubüé par M. Anderfon. Ce beau re-
cueil d’abrériations , repréfentées fuivant i ordre
alphabétique , ne commence qu’á la fin du onziéme
fiecie. Mais on na ríen de plus étendu ni de
' plus parfait en ce genre , que ie Lexicón diploma-
tique de M. Waiter, oú font renfermées 22 j
planches d'abréviations ex^liq-uées. Le fayant di-
plotiiatiíte a marque le íiccíe ou chacune d eiies
étoit en ufage , en commenpant au huitiéme , &
finiíTant au feiziéme. Notre littérature Fraiiqoife
manque encore aun pareil ouvrage , dont la né-
ceiTité fe fait fentir v'iyement á ceux qui veulpt
déchiffrer les anciennes écritures, & travailler
dans les archives. »
Au moyen d’un didtionnaire d’abréviations ,
fait fur les nilT. & les chartes de France , on fur-
monteroit fans peine bien des diffecultés , & Ton
éviteroit de prendre un mot pour un autre ,
inéprife qui change fouvent le fens d’une phrafe.
Combien d’erreurs n'a pas produites la témérité
des copiítes anciens & modernes , lorfqu^iis ont
voulu rendre des abréviations qufils n’entendoient
pas ? L'ancien Martyrologe de S. Jeróme en four-
nit un exemple frappant. Au 16 février , on y
marque onze marwrscompagnonsde S. Pamphile,
recommandable par fon amour pour l’écriture
fainte , dont il diftribuoit des copies á tous les
fidéles. A la fuíte de ces mots -• Juliani cum
JEgyptiis Y, il y a en abrégé mil , qui fignifie
militihus. Les copiftes, aprésle nxot Juliani, ont
mis tout au long currz aliis quinqué millibus. Ba-
ronius iui-méme , ne s’eft pas appenju de cette
bévue , qui de dnq martyrs en fait cinq mille.
K’eñ-il pas encore ’furprenaat qu un auíli habile
A B R
homme que M. I’abbé Fleuri, ak pris pour ks
feeaux de pluíieurs feigneurs, les íignatures de la
chatre de la fondation de Cluni, expnrnées.par
rabréviation fig ou j avec une barre , qui fignifie
¡ignum ?
Les bornes de nstre ouvrage ne nous per-
mettent pas de traiter avec étendue la matierc
des abréviations. Nous ferons feulement quelques
obfervations fur Tufage plus ou moms frequent
qu'on en a fait en chaqué fiécle. _ _
Les marques les plus générales d abréviations
chez les anciens , font ia petite ligne ^aroite
horifontale — & la íigns courbe traníyeiiaie cn
en forme d^S coucnee , ou u accent circoni.exe
Grec . Ces deux fignes placés fur la fin d un
mot au bout de la ligne, valent l‘m ou Vu^ dans
Ies pandeftes de Florence. Um y elt íigmfiee par
une ligue fous le milieu ae laquelie on met un
point. Ces lígnes, placees fur le milieu dun rnot,
fuppléent aux lettres qu on retranche pour abréger,
comme dans cet exemple : ÍHS XPS , Dfus-
Cknívus. Dans ces noms adorables j Ies Latins ont
anciennement retenu les lettres Grecques mais
les term'naifons font changees« feion le genie de
la langue Latine. Le D traverfé honfontalement
par ia"" ligne ároite , fignifie digefie ; le mot omma.
s'abrége nze-oma & non par ofa daos une cnarre
du roi Eudes , de Tan 888. Dans les anciens aaes
de P.avenne , pour exnrimer dixerunt , on fe fert
aun d curíif, formé ‘d^une queue tramante, fur
laquelie il y a autant dé barres que de perfonnes
qui parlent. »=
=FLa conjonélion efi s’aorege par une ligne
horifontale , ou par un S couchée entre ^ deux
points de cette maniere " 'b . LEne & 1 autre
ábréviation a efi fe rencontre dans Ies míT. Elles
paroifíent fréquemment dans ceux qui ont plus de
íix cens ans d' antiquité , & dans quelques inf-
criptions du onziéme fiécle. La ligne horifontale
entre deux points pour íignifier efi , eíl erapioyee
dans le trés-aiicien mfl', des épitres de S. Paul de
la cathédrale de Y'^insbourg & dans beaucoup
d’autres , cités par D. Martiauay. < Cette figure
ctant femblable á celie de TObele , qui eft ¿u
íigne des fautes á corriger , il faut prendre garde
de confondre Tune avec Tautre. La barre ou
ligne fans points rniie au bout des mots pout
fervir am, comme meoru—, annonce une haute
antiquité. Nous favons remarqué dans un frag-
m.ent des plus anciens Virgiles du V arican. On
s’en eft fervi dans la fuite pour %nifier d’autres-
lettres, comme val—, pour vale, U libn. , que ks
copiftes Se Ies imprimeurs ont rendii par une H. La
ligne droite pkcée fur p , fignifie pri , & la ligne
courbe veut dire pr& 8c per. On met la ligne
droite quelquefois fur des mots écrirs fans abre-
viations. C’eñ ainfi que dans le bea'u míL de S.
Paul de la bibliothéque du rol , on écrit quel-
quefois Dei. Souvent les fignes d’abrévustions lont
doubks
A B R
doubles dans un méme mot. Nous I’avons obferve
dans le manufcrit du roi 3838, & datis Ies eran-
giles en lettres d’argenr du chapitre de Vérone ,
dont le P. Bianchini a publié un beau modéle.
Ces mots interpretuione non indiget , Pont ainíl
abrégés intp. n ind , dans le míT. du Roi 4403. Aj
qui renferme le Code Théodofien. La ligne droire
& la courbe Pont aufli d’un grand uPage dans les
míT. Grecs pour marquer les abrévintions . «
“ Les points Pont des fignes S abréviatlon preP-
que auífi ordinaires que les lignes. Tantót ces
points Pont écrits Pur les lettres , comme dans
plurid pour piuribus. Nous avons trouvé cette
abréviation dans le Virgile d'APper. Tantót les
points Pont marqués devant & aprés , comme, .e.
qui lignifie efi dans la premiere Bible de Charles-
ie-Chauve, de la bibliothéque du roi. Se dans
les deux plus anciennes de S. Martin de Tours.
LuPage le plus ordinaire eft que les mots abrégés
foient Puivis d’un point. Ainli écrivoit-on XPI.
pour Ckrifti des les premiers tems. Le commen-
taire de S. Jetóme Pur les pPeaumes , renfermé
dans le miT. du roi 22.35’ j fournit beaucoup
d’exemples. Tous Ies mots abrégés y Pont régu-
liérement Puivis d'un point , & quand le Pens
en demande un , on en ajoute encore un autre ;
ils Pont poPés perpendiculairement ou diagonale-
ment , & plus Pouvenr horiPontalement. Le
firagment du Vatican déjá cité , Pe Pert du point
final pour abréger ces mots Laudib. q. laudibufeue.
Le relatif jaa eñ ainfi abrégé par deux points q : dans
un modele d'écriturc Paxonne , publié par Schan-
nat. Ces points ont Pouvent la figure de virgules
& de triangles trés-poinrus. Tels les voit-on dans
le célebre PPeautier de S. Germain-des- Prés ,
dans le míT. 2235, & dans plufieurs fort auciens.
Dans le S. Hilaire du roi, que eíl abrégé par q;
& dans le Code Théodofien de la méme biblio-
théque par 5'. Dans d’autres manuPerits du huitiéme
liécle, les abréviations finales Pont exprimées par
ces fignes 2^ ; 3. LorPque Ies anciens
copiftes avoient mis une lettre ou un mot de trop ,
ils marquoient un point au-deíTous au lieu de les
cffacer. lis Pe Pervoient encore de cette figure •• ,
avec une barre oblique au-deíTous , pour marquer
les tranPpofitions. II faut done bien prendre garde
de ne pas conPondre ces points des correóleurs
avec ceux des abreviutions .
Qmo eft Y abréviation de quomoio dans le míL
152. & y eft celle de la íyllabe bus dans le
mü. 1820 de la bibliothéque du roi. LorPque
les abréviations affeélent tout le mot, eUes Pont
Pouvent entre deux virgules , comme , e , eft.
Dans Ies mff. qui ont plus de fix cens ans , la
meme conjonciion eft , eft Pouvent marauée par
une ligne horiPontale entre deux points 4*5 dans
le nclT. royal 1S20, pour abréger qui , on Pupprime
l'a. Se Pon marque Y i ovlYu au-delTus Mais
de toutes les figures qui marquent les abréyia-
Aruiquités , Tome 1.
A B R x~i
. tíons , la plus íréquente eft le C curfif renverPé,
qui prend la forme du 9 : ce figne produic
différens Pons tout contraires 5 écrit á la fin ou
au milieu du mot, il marque as, comme D?,
maxim? , reb^ , pour Deus , maximus , rehus , Sc
Aug^fti pour Augufti. Au-defíus du p?, il fignifie
poft. Place au commeneement d"un mot, il fignifie
com ou con. Ainfi, dans un nombre prePquinfinr
de monumens , on éerit 9tra pour contra , H-erfus
pour conver fus y ^vfacones pour conv erf añones ,
pour communi 9 fia confeientia , ^memorao
pour commemoratio , &c. Le 7, pour fignifier & 3.
n'eft pas moins ordinaire dans Ies manuPerits & les
chartres. On retro uve ces marques SY abréviations ,
avec beaucoup d'autres , dans les notes Tiro niennes.
II y a des abréviations propres de certaines écri-
tures particuliéres. La Paxonne & la lombardique
expriment autem par ce figne hG On donne
huir á neuf cens ans aux manuPerits oü il Pe
trouve. »
>• Les abréviations devenant plus firéquentes,
marquent une moindre antiquité , á raiPon de
leur augmentation. On en trouve peu dans les
plus anciens manuPerits. Si Técriture caoitaíe
ou onciale en eft belle , s'il n'y a qu un trés-petic
nombre ¿Y abréviations , c’eft un figne de la plus
haute antiquité. La ligne droite ou courbe pour
teñir lieu d'une M ou d'une N, & le point marqué
aprés le Q , Pont preíque les Peules qu on rencontre
dans le fameux Virgile de Médicis. Liles ne Pont
guéres moins rares dans les Pandeóles Florentines.
M. Brencman , qutre la barre miPe au bout de la
ligne pour rempiacer TM & TN , n"y a remarqué
que id. pour idem , N. pour non , edm pour edicíum ,
& I. pour primum. Dms pour Dominas , eft la
marque d'une haute antiquité. En effet, cette
abréviation Pe trouve dans les évarigiles écrits de
la main de S. EuPebe de A'erceil, & dans le pPeau-
tier de S. Germain, évéque de París. D^s pour
Dominas, n’eft peut-étre pas moins anden. Dans
le meme pPeantier , & dans quelques autres ma-
nuPerits d’une égale antiquité, on iPabrége pas
Dominum par Dnum, ni méme par Dñm, mais par
Don, avec deux m.arques YY abréviations. Cellcs
que nous avons remarquées dans les építres de
S. Paul de la bibliothéque du roi. Pe réduiPent
prePqu á JHU. XPI. DÍAI. N. Jefa Chrifti Domini
noftri. Elles Pont rares dans le beau manuPerit de
S. ProPper de la mém.e bibliothéque, en écriture
onciale du fixiéme fié-ele. Elles Pe bornent prePqu'á
Ds , Dnus , xps , fps fus , bus & que exprimés
par une virgule Sc plus Pouvent par un triangle
firéquemment allongc haut & bas , en forme d'5.
Alais les abréviations Pont d'une extré.me raretédans
le manuPerit des évan giles en lettres capitales d^or,
í appartenantá l'abbat'e de S. Germain-des-Prés.«
33 Elles devinrent moins rares un peu aprés le
fixiéme fiécle. Les modéles du íeptiém.e , pu-
biiés par dom Jean Mabiilon, en olírent un boa
C
i8 A B R
fiombíe. On en peut juger par le S. Auguftin de
réglife de Beauvais , ou la date en. ainii exprinaee^
Explicimm o pus f avente Dno apui C cenubiu Lufoviu
atino duodécimo rxgis_ChIothacarii indiñiotie tercia
décima , ññ xífimo pis ni fel pació. On rencoptre
de pareilles abréviatlons prefqu a chaqué ligne
dans la plus ancienne écrirare du manufcrit du
roí j coré A. Leur nombre augmente corixp
dérablemcnt au haitiéme íiécle j, cotnme i on volt
dans le manufcrit de Wirtsboiirg, dont I aboe de
Godwic a donné un modéle j & dans le ealendner
de Corbiej dont nous avons deux ligues dans la
diplomatique de dom Mabillon. Elies^ fe multi-
pliérent encore bien davantage au neuvieme iiéde ;
BOUS en avons la preuve dans le Code Theodoíien
de la bibliothéque du roí, écrit par Ragenardj la
dix-neiiyiéme année de retnpire de jjOuis-le-De-
b-onnaire, & dans un fragment du dix-huitiéme
iivre de S. Jéróme íur ífaiej quon trouve dans le
manufcrit du roi^ n'’. ijz. Outre les anciennes
ahréviations ^ il y en a de nouvelles, comme amo,
dixer , pour auomodo dixerunt. Dans 1 ecrlture
capitale des Heures de Charles-le-Chauve , ^une
petite í fert de íigne ií ahréviation , & dans 1 on-
ciale , le 9. elt mis pour itr. Dans quelques manuf-
crits faxons á-peu-prés du méme tems, on ecrit
fecun lAath , pour fecundum Matkeum. Le dixieme
liécle enchérit fur les précédens pour les abré-
viations 3 á en juger parle S. Hilaire des PP.capu-
cins de Tours^ & pluíieurs autres manufcrits du
méme íiécle. Au fuivant , il n'y a point de ligne
dans les manufcrits & les chartreSj oú il n y en
ait pluíieurs. C’eíl: ce que nous avons obfervé
dans deux lettres db4bbon , tranfcrites dans le
manufcrit du roi 4568. On y voit fouvent deux
points á cóté des mots abrégésj & toujours lorf-
qudls ne font que d’une lettre. Les noms propres
jih’' font écrits que par leur initiale. Nous avons
compré íix & dix ahréviations par ligne dans
un manufcrit de S. Martin de Pontoifé , écrit au
doiiziéme liécle. Les adres origínaux du concile
de Latran, tena fous Alexandre III, Tan 1179,
étoient farcis d’un íi grand nombre éi ahréviations
infolites, que celui qui Ies a tranfcrits, declare
qu’il étoit plus facile d’en deviner la lignidcation
que de Ies lire. Nous avons vu des manufcrits
a-peu-prés du méme tems, oú les mots coupés
a la fin des lignes font abrégés par un trait oblique.
Au treiziéme liécle , & dans les deux fliivans ,
récritiire eít pleine d’abrégés ; Yn veiit dire enim ,
n. íignifie non ¡ rtZ\ eíl Pabrégé de rerum , celui
de fancTA eíl file. On écrit frm , oráis , hem , poris
pour fratrum , ordirds , heremitarum , prioris ;
Ludovlc^ pour Ludovicits , mía pour misericordia ,
glofA pour glorlofs , oim pour omnium , hois pour
hominis. Fenáant ces troi’s fiécles , \ts ahréviations
furent employees, méme dans Ies écrits en langue
vulgaiíe, On éciivqit en framjois vxite d‘ome pour
A B R
natíire d'hsmme, ef^ce de bns t’. ipóur efp ¿ranee
de hiens temporels , le ^jncemt de bn fe pour le
commencement de bien faire , U pftre pour le preflre,
v’tus pour venus , la teptacio pour la tentation. »
“ 'l'outes ces ahréviations des treize, quatorzc
& quinziéme fiécles, & une multitude f autres
introduires pendant la barbarie de ces tems fcho-
kíiiques, rendent la leóture des manufcrits trés-
diíHciie. Elles fe trouvent dans les ouvrages que
produifit rimprimerie encere dans fon enlance ;
la difficulté áe‘ les déchúfrer a fait _^érir un grand
nombre d anciennes editions : mais ii y en a encore
aliez dans les bibiiothéques , pour ceuxqui vou-
dront appreadre comment on abrégeoit les mots
dans les bas fiécles. II me íouvient particulie-
== rement, dit Chevillier, de la Logique d Okam,
” imprimée á París en 144S t ia-foi- au dos bru-
neau, d’une belle lettre , oú il n^ a prefque
=3 point de mor qui n ait quelquk¿rév/Arioy-_ V oici ,
» parcurioíité, deux lignes aufol.verfo,chifT. iii :
» Sic hic e fal. faz qdjimplr : a e pducibile a Deo :
g a e. Et fiir hic : a n e : g_an e pducibile a Do. ,
« qui íignifient : Sicut hic ejl fallada fecundum
^3 quid jimpliciter : .Á efi producibile a Deo. Ergo
33 A eft. Et fimiliter hic : A non eJl : ergo_ A non efi
33 vroductbiLe a Deo. 33 On peut fe fervir cíe fem-
blables imprimés , pleins de réveries fcholaíHques,
pour faire des fufees, lans que la répiiblique des
lettres en fouífre aucun dommage. L’hiftorien de
rimprimerie ajoute : ce On mit tant de ces ahre-
33 viations dans les volumes de droit , dans les
33 manufcrits & dans les imprimés , qdon^ fut
33 obligé de faire un Iivre pour enfeigner á les
33 lire , Iivre intitulé : Modus legendi abreviaturas
33 in atraque jure , qui eíl aans la bibliotheque de
33 Sorbonne, imprimé (¿,•2-8'^.) á París, par lean
33 Petit, l’année 1498. « Sans la connoiiTance de
ces ahréviations , il eft impoílible de dechiffrer
certains manufcrits importaos qui en font remplis ,
& qui font fans points ni virgules. Tel eít celui de
Cologne, dont M. Vondejrt-ílardt s’eft fervi pour
corriger rhiftoire du concile de Conftance, que
Théodoric Uric, de Pordre de S. Auguíbn, acheva
en 142;. II réfulte de toutes ces recherches , que
les manufcrits & Ies chartres de plus de^íix cens
cinquante ans , ont beaucoup monis S ahréviations
quedes m.anufcrits Sr les acles poñérieurs. 33
33 Sí dans les manufcrits, les plus anciennes
ahréviations font marquées par une ligne nori-
fontale fur le mot a’orégé , celles des diplomes font
indiqiiées par d’ autres figures. Sous la premiére
race de nos rois , elles avoient communemenc
la forme d'un accent circonfiexe ou d"un c de ces
rems-lá ; c’eñ-á-dire , de deux c l'un fur I autre ,
femblables á certains í de récriture couranre :
mais ces figures étoient tantot placées obhque-
ment, tantot perpendiculairement & tantot hon-
fontaleraent ; ce qui les fait paroitre plus diíferentes
entr’elles quAiles ne le font en etfet. 33
» Sous la feconde race , ces figures ns furene
A 3 R
pas totalement abolles j mais elles fe transtor-
incrent en d'autres approchant de nos & , ce nos
3 j de nos 8 & de nos /d’écrirare courante, mais
qui paroiffenr quelanefois Fort diftérentes d'elles-
mémes , par les diverfesíituations qu'on Icur áonne.
Uva bon nombre de femblables abréviation.s dans le
d:plóme de Char!es-Ie-Simple, donné en 908 , en
fas eur de Tabbaye de la GraíTe ^ & gardé á la
bibliochéque du roi. Nous en avons remarqué
Beuf ou dix par ligne dans une chartre origínale
accordée Tan 988 á Fabriave de Sainte-Coíombe
de Sens, par Hugues-Capet. Ces abréviations fe
foutinrent en Aliemagne a-peu-prés fur le méme
pied jufqu’au treiziéme íiécie ; mais en France ,
des la moitié du enziémCj elles commencerent
á erre íi chargées de traitSj qu^’on a quelquefois de
la peine á les reconnoítre. Les plus fimples prirent
la forme d’un 3 ou d'un | grec aíTez mal fait &
diverfement place. Cependant quelques-unes des
anciennes fe maintenoient encore. Au treiziéme
liécle j en Aliemagne ^ on leur fit prendre la figure
du X arabe. Elle ne prévalut pourcanr pas fur les
anciennes abriviations , qui fe fentirent fort de la
décade ice de Fécricure. En Frunce ^ on revint á
1 accent citconflexe , ou á un trait approchant duj.
C^étoit d’ailleurs une note de Tirón , qui s^eft
prefque confervée en tout líeu & en tout tems
dans les diplomes j pour lignifier &. «
» Les abriviations dont nous avons parlé juf-
qu ici 3 répondent á la ligne horifontale placee fur
les motSj pour annoncer quhl manque quelque
chofe au milieu ou ménig' a la fin. On fe fervoit
encore d’un 9 en chifFre ou d*une petite s ^ pour
marquer les abrégés des noms en ^ & de diffé-
rentes barres qui coupoient les lettreSj, &: fur-rout
pour figninef per , pro , prát,. Leur íignification
confondue , a introduit bien des erreurs dans les
livres & dans les copies des chartres. Per étoit
rnarque par une petite ligne ou toute autre figure
d abreviaúon coupaní la queue du p : pro par un p ,
de la tete duque! on faifoit partir un trait prefque
en forme de c ou dT, porté en devant ou de droite
a gaucíie : quelquefois ce trait étoit porté aii-
delíous de la tete du p & varioit beaucoup dans fa
figure 5 en forte quhl reííembloit beaucoup á un
ou á un 8 couche de travers. La méme chofe
arrivoit auíu , ^quoique ce trait fortít de la tete
du_p. Ce trait éC abréviation faifoit auffi quelquefois
une fuite avec la aueue du p. Quant á pra.,'Yabré-
•viation. fous diScreiites formes , étoit toujours
placée au-deíTus du p. »
» Des les pretniers tems ^ Fécrimre abré^ée
eut coiirs principalement au barreau. Les aóies
publics de Ravenne, des cinq & .fixiéme fiécles^
en fon^ foi. On y iit -.^dr. val. vi condiL
w ce Da. V mi. Mag. dd vpxj ufq in hd. Vv
Dzac. jehol y & col rev. Pccl. pnti. qd pe. fj'. pp.
ff- C'eft-á-dire : Speclallter valere, viri ínclyti,
condudores , viri clarijpmi, Dominus vir irdufier ,
A B R
Magijirarus dixenint , vir pcrfeciijimiis Dectmprl-
mu-s , uj.qae in kanc dícm, prídicía, vir vencrabilis
diaconus , jckolaris \i colleciarias rcvercnd&Pcclefia ,
prs.fenii , qaondam , poji conjhidtum fiípra ¡criptUTn,
pr¿.feruihtis qnihas juvra, be. On trouve une muí-
titude d’autres abréviations dans le recueil des
actes j en papier d'Egyptej publié par le Marquis
Maífei. Eües font beaucoup meins nombreufes
dans les diplomes de nes rois IMérovingiens &
Carlovmgiens 5 mais eües fe muitipliérent dans les
chartres de la troiíiéme race : tantót on y faic
Ies abriviations- des nems propres par Ies lettres
initialeSj comme Tho & Tki , pour Thomas &
Tkibaitld, &c. Les diírárens noms étant fouvent
abrégés de la méme maniere j caufent de Fem-
barras j mais pour le ver Féquivoque j on a recours
á Fhiftoire, á ¡a chrcnologie & aus anciens mo-
numens. Tantót pourabréger ^ on ¡oint Ies lettres
finales aux initiaies ^ comme Johs epus pour Joannes
epifeopus , abbem pour ahbatem í clicum pour clc-
ncum, ckmi pour ekarijjimi, mocho poUr monacko „
fris Tka. ponxfratris Thoms. , fei Bndti pour fanñi
Benedicii , Scc. On fit un aíTez grand ufage des
abriviations dans les inferiptions des bulles de
plomb & des feeaux de dsvers pays. Heineccius en.
a ramaffé un nombre d'exemples , auxqueis on
pourroit en ajouter beaucoup d'autres. »
» Pendant le treiziéme íiécie j le nombre des
abriviations étoit devenu lí exceffifj qu'au com-
mencement du quatorziéme , on en apperqut les
inconveniens. L^abus qu’on en pouvoit faire dans
les aéles publics , determina le roi Philippe-le-
Bel á les bannir des minutes des notaires , fur-tout
eelles qui expofoient Ies- acles á étre falíifiés oit
mal entendus. C’eíl: ce quül exécuta dans Farticlc 3
de fon ordonnance de Fan 1504, touchant les
tabellions & les notaires. II veut ( Ordonn. des
rois de la troifieme race , tom. 1, pag. 417) quüls
écrivent nettement Ies minutes fans abriviations ,
_& qu ils p’y mettent point de daufes obfeures &
imntelligibíes principalement fi ellas font écrites
en abrégé 5 parce qu’aiors on eft expofé au danger
de fe trompar : Máxime ubi eífet propter abrevia-
ñones de facili pericidum. Dans cette ordon-
nance j les minutes des tabellions » font nommées
» notes parce qo/elles contenoient comme en
» abrégé la fubírance des contrats ; en forte que
» ce qui n'étoit que de ílyle ^ & qui étoit omis ,
» étoit marqué par des g? costera. « Les notaires
des bas-íiécles metteient dans les groíTes ce qu’iis
avoient íous-entendu par ce figne d'omiílion. Aii
lieu que , felón le droit écrit pour éviter tout
foupfon de faux ^ on ne devoit rien mettre de
plus dans la groffe que dans la minute. Ces b cestera
des notaires ont été regardés comme forts dan-
gereux , fur-tout en Italie oú ils ont paíTé en
proverbe. x>
« Au feiziéme fiécle j on étoit fur fes gardes
centre Fabos des b costera. Charles V, en 136(5,
C ij
20 A B R
Svoit accordé des privileges á runiverlité de París ,
dans la copie des lettres-royaux , inferee dans les
regiñres da parlement:, le grefSer ou ecrivain ,
Bour avoir plus tót fait^ avoit paíTe pluíiprs mots
auxquels il avoit fubftitué un & coetera. L an j
le rédieur de runiverlité préfenta requete ou il
expofoit les conféquences de ces omiílionSj &
fupplioit qu’il plut á la Cour ordonner que ce
qui étoit ainíi imparfait audit regiftre par cefdits
mots & cestera , fut rempli par collation qui le
feroit du regiílre á roriginal ; fur quoi le par^e-
ment ordonna le i8 Aout de Pan ^ j
lettres-royaux feroient tranferites de nouveau dans
fes regiítres tout au long 8e fans ahréviation &’
costera.
» Le point á la fuite des abrévzatwns de mots
hébreuXj grecSj &c. annonce des ^íiecles ante-
rieurs au neuviéme ou huitiéme mémCj pouryu
qu’un premier point paroiffe avant le mot d ori-
gine hébraíque. Autre indice d'une antiquité tres-
reculée j c'eñ la marque ^ abreviation >— ou
feule ou accompagnée de deux points ^ 1 un fupé-
rieur & Tautre inférieur. Si elle n eft prefque
jamais placee quá la fin de la ligne pour repre-
fenter ía fuppreílion d’une M pu d une N ^ &
qu’au lieu d^étre élevée fur la derniere lettrCj elle
eft tout-á-fait y ou du moins en partie y portee
au-delá y ce caraftére défignera fans difficulté les
liécles antérieurs au lixiéme j & ne pourra qu a
peine étre abaiíTé jufqftau feptiéme. ■»
50 JJabréviadon Das pom Dominus , égalepcut-
étre en antiquité celle-ci Dpis , toujours confiante
dans un manuferit. La derniere s ajuftc aifément
avec les trois &c quatriéme liécles, 8c nepeut,
fans celTer d'étre invariable , quadrer avec le
ftxiéme. Encoré faudroit-il fappofer que Ies ma-
nuferits oü les abréviations Dmi 8c Dni feroient
employées tour-á-tour, étoient alors auífi rares
quils ont été inconnus aux liécles fuivans. Ln
manuferit rempli de figles , annonce un age qui
pourroit également convenir au haut comme au
moyen empire; par cette conformité avec les
inferiptions métalliques & lapidaires des anciens
Romains , il rappellera le tems oú cette maniere
d’écrire avoit cours. De quel prix ne fera done
point le Virgile d’ Afper de Tafibaye de S. Gcrmain-
des-Prés , dans lequel on voit concourir ce carac-
tére fingulier avec les autres fignes de Tantiquité
la plus reculée ? » ( Nouvelle di-plomatique').
Dans les manuferits grecs d'Herculanum, ainfi
que dans ceux dont les carafteres font de forme
majufcule, on ne trouve aucune abréyiation ; 8c
Jes plus anciens manuferits en lettres italiques fur
du parchemin , en ont peu , ou point du tout.
Les abréviations- fréqaentes font une marque de
tems poftérieurs, & elles ont, partieulíérement
dans quelques manuferits grecs, des traits fort
*embarrairés : il y a cependant quelques abrévia-
tiaas qui contribiient a la belle forme de Tecriture
A B R
grecque italique , 8c qui lui donnení beaucoup de
rondeur , de liberte 8c de liaifon.
Abréviations ¿es plus ufuées cke^ les Romains.
A
AB. Abdlcavlt. .
AB. AUG. M. P. XXXXI. Ah Augufia milita
palfuum quadraginta unum. a
AB. AÜGUSTOB. M. P. X. Ab Auguflobnga-
minia paJfiLum decem,
ABN. Abnepos.
AB. U. C. Ab urbe conditd.
A. CAMP. M. P. XI. A Camboduno milita pajjuam
undeclm. .
A. COMP. XIIII. ^ Compluto quatuor decim.
A. C. P. VI. A caplte y vel ad caput pedes fex.
A. D. Ante dlem.
ADJECT. H-S. IX 00. Adjecíls fefiertns novem
mllle.
ADN. Adnepos.
ADQ. Adqulefclt vel adquljita pro acquifita.
TT 1 T
zterum,
dED. II. VIR. QEINQ. jEdills duum-vir qum-
qucnnalls.
yED. Q. II. VIR. Mdilis qulnquennahs duum-vir,
ML. JElius , JElla.
yEM. re/'AIM. JEmllius y JEmllia.
A. K. Ante kalendas.
A. G. Animo grato : Aulas Gelllus.
AG. Ager y vel Agrlppa,
ALA. I. Ala prima.
A. MILL. XXXV. A mllliari triglnta quinqué,,
vel ad miniarla triglnta quinqué.
A. M. XX. Ad miniare vlgefimum.
AM. vel AMS. Arnicas.
AN. A. V. C. Armo ab urbe conditd.
AN. C. H. S. Anno centum hic fitas efi.
AN. DCLX. Anno fiexcentefiimo fiexagefimo.
AN. IL'S. Anuos dúos fiemis.
AN. IVL. Aralos quadraglnta Jex
AN. N. Anuos natas.
ANN. Annl y annls , Ott anuos.
■ANN. LUI. H. S. E. Annorum qiunquagefima tríunt
hic jitus efi.
ANN. NAT. LXVI. Jamos natas fiexaginta fiex.
ANN. PL. M. X. Aralos , vel annls plus minas
decem.
AN. ©. XVI. Anno defuncius décima fiexta.
AN. V. XX. Anuos víxit viginti.
AN. P. M. Annorum plus minas.
A. XII. Annls duodecim.
AN. P. M. L. Annorum plus minas qiunqUaginza.
A. XX. H.EST. Annorum viginti hic efi.
AN. P. R. C. Anno pofi Romam conditam.
AN. V. P. M. II. Annls vixit plus minas duobus.
AN. XXV'. STIP. VIII. Annorum viginti quinqué
fiipendii y vel fiipendiorum ado.
ANÑ. SEN. Anneus Seneca.
Á. P. M. Amico pofiuit monumentuast
rrar.ir
A B R
AP. Appia, Appius.
AP. Apud.
A. P. ^ . C. Annorwn pofi urbem conáltam.
APVD. L. Y. COrsV. Apud lapidem quinqué con-
■venerunt.
A. RET. P. líl. S. Ante retropedes tres femis.
AR. P. Aram pofidt.
ARG. P. X. Argenti pondo decem.
ARR. Arrius.
A. Y". E. A viro bono.
A. Y. C. Ah urbe conditá.
B
B. Balbus , Bulbius , Brutus , Beleños ^ Burros.
B. Beneficiario , beneficium , bonos , bona , bon& ,
bonum , bonorum , bene , bov.is , ííc.
B. Balnea , buflum , beatos.
B. pro Y, berna pro vema , bixit pro vixit , bibo
pro vivo bicior pro viciar , bedua pro vidoa.
B. A. Bixit annis , bona aciione, bonam añionem,
bonos uger , bonos amabilis , bona aurea , bonum
aureom , bonis aoguriis , bonis aufpiciis.
B. B. Bona bona, (de grands biens) bene bene ,
( tres-bien).
B. DD. Bonis deabus.
B. F. Bona fide , bona femina , bona fortuna , bene
i faclum.
B. F. renverfés en cette maniere g" ¿[‘ Bona femina ,
2 bona filia.
-i B. H. Bona hereditaria , bonorum h&reditas.
' C B. I. I. Boni judiéis judicium.
. - B. L. Bona lex.
~ ' B. M. P. Bene mérito pofuit.
.j) B. M. P. C. Bene mérito ponendum coravit.
B. M. S. C. Bene mérito fepolcrum condidit.
BN. EM. Bonorum emptores.
BN. H. I. Bona hzc invenios.
B. RP. N. Bono reipoblica natus.
B. A. Bixit , id efl vixit annis.
BIGKs'TI. Viginti.
BIXIT. BIXSIT. BISSIT. Vixit.
BIX. ANN. XXCI. M. lY. D. YII. Vixit annis
ocloginta unum , menfibus quatuor , diebus feptem.
BX. ANYS. YII. ME. YI. DI. XYII. Vixit annos
feptem , monjes fex , dies feptem decim,
c
C. Csfar , Cala, Caius , c-enfor , civis , centuria,
civitas , colonia , confuí , condemno , conjux ,
clarijpmus , coravit , &c.
C. C. Carifjims. conjugi , calumnie, caofa, confiliom
cepit.
C. C. F. Caius Caii filios.
C. B. Commune bonum.
C. D. Comitialibus diebus.
C. H. Cufias kortorum, vel heredum,
C. I. C. Caius Julius Cejar,
CC. YY. ClariJJimi viri.
CID. Mille.
CO. IDC. Mille fex centum»
A B R IX
I CID. CID. CID. CYI. Tria millia centum fox.
I CID. CID. CID. IDY. Tria millia quirgenti quinqué,
CID. CID. CID. DCCCLXXX. Tria millia ocJo-
centum ocloginta.
CCIDD. Decem millia.
CCIDD. oo Undecim millia.
CCIDD. oo IDC. Undecim millia fex centum.
CCIDD. oo oo oo CC. Tredecim millia ducentum.
CCIDD. oo oo oo CCXXIII. Tredecim millia du-
centum viginti tres.
CCIDD. IDD. IDD. Quindedm millia fex centum.
CCIDD. IDD. 60 DCCCLXYII. Sexdedm millia
ocio centum fexaginta feptem.
CCIDD. IDD. DCCCCL. Quindedm millia novem
centum quinquaginta.
CCIDD. IDD. oo CCC. Sexdedm millia tercentum.
CCIDD. CCIDD. Viginti millia.
CCIDD. CCIDD. oo oo oo DCC. Viginti trió, millia
feptem centum.
CCIDD. CCIDD. oo IDD. Viginti quatuor millia.
(Confultez ici Sertorius Uifatus , ie Natis Romanorum.')
CCIDD. CCIDD. oo oo oo oo CDXXCIX. Viginti
quatuor millia quatuor centum oBoginta novem.
CCIDD. CCIDD. CCIDD. Triginta millia.
CCIDD. CCIDD. CCIDD. IDLX. Tringinta millia
quingenti fexaginta.
CCIDD. IDDD. Quadraginta millia.
( Confultez , &c. )
CCIDD. CCIDD. CCIDD. CCIDD. Quadraginta
millia.
CCIDD. IDDD. oo C oo XII. Quadraginta unum
mille novem centum duodecim.
( Confultez , &c. )
CCIDD. CCCIDDD. Nonaginta millia.
CCCIDDD. Centum millia.
CCC. M. N. Tercentum millia nummúm.
CCCCIDDDD. Dedes centena millia.
CEN. Cenfor , centuria , centuria.
CERTA. QUINQ. ROM. CO. Certamen quinquen-
imle Roma conditum.
CE. Claudios.
CE. V. Clarifismus vir.
CH. COH. Cohors.
C. M. vel CA. M. Caufa mortis.
CN. Cneus.
C. O. Civitas omnis.
COH. I. vel II. Cohors prima vel fecunda i & ainfí
des autres.
COR. Coraelius , Cornelia.
eos. ITER. ET TERT. DESIG. Conful iterhm
& tertium defgnatus.
eos. TER. vel QE AR, Conful tertium , vel quar\
tum j & ainli des autres.
COSS. Confules.
COST. CUM. EOC. H-S. oo D. Cufiodiam cum
loco fefiertiis mille quingeatis.
C. R. Civis romanos.
es. IP. Cejar imperator.
C. Y- Centum viri.
C. 00 IX. Nongenti novem.
Í2
A B R
D
D. Quingtnti-.
D, Decius , decimus , decuria, decuria , dedicdvit ,
dedit , devotas , dies , divas , Deus , dii , Do-
minas , domas , donum , datum , dccretum , fyc.
D. A. Divas Aaguflus.
D. B. I- Diis bene javantibus.
D. B. S. De bonis Jais.
DCT. Detracium.
DDVIT. Dedicavit.
D. D. Donum dedit , datis datio , Deus dedit.
D. D. D. Dono dederunt , vel datum decreto decu-
rionem.
D. D. D. D. Dígnum Deo donum dedicavit.
DDPP. Depofiti.
D. N. Dominas nofier. D. D.N. N. Domini nofiri.
D. D. Q. o. H. L. S. E. V. Diis deabufqúe ómnibus
huno locum facrum ejfe voluit.
DIG. M. Dignus memoria.
D. M. S. Diis manibus facrum.
D. O. M. Deo Optimo máximo.
D. O. M.. Deo Optimo nterno,
D. PP. Deo perpetuo.
DR. Drufus.
DR. P. Daré promittit.
D. RM. De romanis.
D. RP. De república.
D. S. P. F. C. De fuá pecunia faciundum curavit.
DT. Duntaxat.
DVL. vel DOL. Dulciífimus.
DEC. * XIIÍ. AVG.XII. POP.:^. Decurionibus
denariis tredecim, augufialibus duodecim , populo
undecim.
D. lili. ID. Die quartá idus.
DMIDD3. Quingenta & quinquaginta millia.
D. VIIII. Diebus novem.
D. V. ID. Die quinta idus.
E
E. Ejus , ergo , effe , efl , erexit , exackum , &c.
E. C. F. Ejus caufa fecit.
E. D. Ejus domas,
ED. Edidium.
E. E. Ex edlBo.
EE. N. P. EJfe non poteft,
EG. Egit, egregias.
E. H. Ejus hsres.
EID. Idus.
EIM. Ejufmodi. ^ '
E. L. Ea lege. - \
E. M. Elexit vel erexit monumentum.
EQ. M. Equitum magifter.
EQ. O. Equefter ordo.
EX. A. D. K. Ex anú diem kalendas.
EX. A. D. V. K. DEC, AD. PRID. K. UN. Ex
ante diem quinto kalendas decembris ad pridic ,
kalendas jap-uarias.
EX. H-S. X. P. F. I. Ex fejiertiis decem paryis
feri jujjtt.
EX. H-S. CON. Ex fefiertiis mille nummúm.
H-S. 00 09 50 00 £x fefertiis quatuor millia.
A B R
EX. H-S, N. ce. L. 00 D. XL. Ex fefertiis nnm-
morum ducentis quinquagiP.ta millibus , quin-
gintis quadraginta.
EX. H-S. DC. oo D. XX. Ex fefiertiis fexcentis
millibus quingentis viginti.
EX. KAL. lAN. AD. KAL. lAN. Ex kalcndis
januarii ad kalendas januarii.
F
F. Fabius , fecit, faSum , facievAum , familia,
famula , fafius , februarius , feliciter , felix ,
fides , fieri , fit , femina , filia , filias , frater ,
finis , flamen, forum, fluvius , fauftum , fuit ,
figura , firons , &c.
F. A. Filio amantijfimo vel filis amantijjims.
F. AN. X. F. C. Filio vel filis annorum decem
faciundum curavit.
F. C. Fieri vel fiaciendum curavit , fidei com.mijfusn.
F. D. Flamen dialzs , filias dedit, facium dedicavit»
F D. Eide jujfior , fundum.
FEA. Femina.
FE. C. Ferme centum.
FF. Fabre facium , filias familias , fratris fidius.
F. F. F, Ferro , fiimma , fame j fortior , fortuna ,
fiato.
FI. Feccrunt.
FL. F. Elavii filias.
F. FQ. Filiis filiabufique.
FIX. ANN. XXXIX. M. I. D. VI. HOR. SCIT.
NEM. Vixit annos triginta novem , menfiem
unum , dies fiex , horas feit nema.
FO. FR. Forum.
F. R. Forum romanum.
G
G. Gellius , Gaius pro Cazas , genius , gens ,
gaudium , gefta , gratia , gratis , &c.
GAB. Gahinius.
GAL. Gallas, galerías.
G. C. Genio civitatis.
GEN. P. R. Genio populi romani.
GL. Gloria.
GL. S. Gallas fiemprov.ius.
GN. Gneus pro Cnezis , genius , gens.
GNT. Gentes.
GRA. Gracchus.
GRC. Gr&cizs.
H
H. Hzc , habet , hafiatxs , h&res , homo, hora,
hoftis , herus.
H. A. Jloc anno.
HA. Hadrzanus.
y HC. Hunc , hule , hic.
HER. Hzzres , hereditatis , Herennius.
HER. vel HERC. S. Uerculi facrum.
H. M. E. H-S. CCIDD. CCIDD. I3D. M. N. Hoc
monumentum erexit fefiertiis viginti quinqué mille
nummúm.
H. M. AD. H. N. T. Hoc mozmrttcntwn ad heredes
non tranfit.
H. O. Hojlis hocez/ks.
A B R
HOSS. Hojres.
H. S. H:c Jítíis vel fita , fepuhus vcl fepuíta.
H-S. N. lili. Sefierúis nummám qaatuor.
H-S. CCCC. Sefierúis quatuor centum.
H-S. oo . jX. Sefierúis mille nummúm.
H-S. oo CCIDD. N. Sefierúis novem mille num-
mím.
H-S. CC03. CCIDD. Sefierúis viginti mille. ^
H-S. XXM. N. Sefierúis viginti mille nummúm.
H. SS. Hic fiupra fcripús.
1
I. Junius , Julias , Júpiter , ibi , idefi , immortalis ,
im-perator , inferí , ínter , invenit, inviñus , ipfe ,
■ iterúm , judex , juffit , jus , &c.
lA. Intra.
I. ÁG. In agro.
I. AGL. In ángulo^
lAD. Jamdudum.
lAN. ■ Janus.
lA. RI. Jam refpondz.
I. C. Juris confultus , Julias Cs,far ^ judex cogni-
tionum.
ic. me.
I. D. Inferís diis , jovi dedicatum , ifidi des. ,
jujfu des.
ID. Idus.
I. D. M. Jovi T>eo magno.
I. F. vel I. FO. In foro.
IF. Interfuit. IFT. Interfuerunt,
I. FNT. In fronte,
IG. Igitur.
I. H. Jacet hzc.
I. I. In jure.
FVÍ. Imago , immortalis , imperator.
I. AI. CT. In medio civitaús.
lAí AI. Immolavit , immortalis , immunis.
lAl. S. Impeafis fais.
IN. Inimicus , infcripfit , interea.
IN. A. P. XX. In agro pedes viginti.
IN. vel INL. V. I. S. Inlufiris vir infrd feriptus.
1. R. Jovi regí , juno ni regins , jure rogavit.
I. S. vel I. SN. In fenatu,
I. V. Jufius vir.
IVD. Judicium.
IV V. Juventus , Juvenalis,
IDD. Quinqué millia.
IDD. co . Sex millia.
IDD. co oo . Septem millia.
IDDD. Quinquaginta millia.
IDDD. CCIDD. Sexaginta millia.
IDDD. CCIDD. CCIDD. oo. IDD. Septuaginta quatuor
millia.
IDDD. CCIDD. CCIDD. CCIDD. OHoginta millia.
IDDD. CCIDD. CCIDD. CCIDD. IDD. oo oo. Oñe-
ginta feptem millia.
II. V. T)uum.vrir , vel duum-viri.
III- V’’. vel III. VIR. Trium.vir ^ vel trium-viri.
lili. VIR. Quatuor - vir :í vel quatuor- viri ^ vel ^
quatuor-viratus. I
A B a 23
muí. V. Vi/ VIR. Sextum-vir. vel fe-vir, vel fex-vir,
IIX. Oño.
IIXX. Bao de viginti.
Ií-*NE. vel IND. aut INDICT. Indicíio j vel in~
diciione.
K
K. Csfo , Ca'ius j Cdio , Cslius , Carolas , calum-
nia , canditatus . capuz , carijfimus , clariífimus ^
cafira , cohors , Cartkago . lie.
K. KAL. KL. KLD. KLEÑD. Kalends , aut
kalendis y & fie de csteris ubi menfium apponuntur-
nomina.
KARC. Carcer.
KK. Carijfimi.
KAI. Carijfimus.
j K. S. Caras fuis.
j KR. Choras.
KR. AAI. N. Caras amicus nofier,
L
L. Lucias j Lucia , Lslius , Lollius , lares, latinas,
latum , legavit , lex , legio , libens vel lubens,
líber , libera , libertas , liberta , libra , locavit ,
locas , leBor , longum , ludas , lufirum , fefier-
tius , &c.
L. A. Lex alia.
LA. C. Latini coloni.
L. A. D. Lotus alteri datas.
L. AG. Lex agraria.
L. AN. Lucias annius , vel quinquaginta annis,
L. AP. Ludís Apollinares.
LAT. P. Víll. E. S. Latum pej.es ocío & femis.
LONG. P. V IL L. P. III. Longum pedes feptem,
latum pedes tres.
L. ADQ. Locas adquifitus.
LB. Libertas , liberi.
L. D. D. D. Locas datas decreto decurionum,
LECTIST. Leciifiernium.
LEG. I. Legio prima.
L, E. D. Lege ejus damnatus.
LEG. PROV. Legatus provincia.
Lie. Licinius.
LICT. Liñor.
LL. Libentijfime , liberi , libertas.
L. L. Sefiertius magnas.
LVD. SAEC. Ludí fículares,
LVPERC. Lupercalia.
LV. P. F. Lados públicos fecit,
AI
AI. Aíarcus , Marca , Martius , Mutius , maceria J
magifier , magzfiratus , magnas , manes , manci-
pium , marmóreas , marti , mater , maximus ,
memor , memoria , menfis , meas , miles , mili-
tavit , militiá , mille , mijfus , monumentum ,
mortuus , mulier , municipium , municeps , meí~
rens , merenti , méritos , merita , &c,
AIAG. EQ. M^tgificr equitum.
AIAR. VLT. Mars altor.
2.4
A B R
MAX, fot. Máximas pontifix.
MC. Mille centum.
MD. Mandatum.
MD. Mille quingenti.^ __ -
MED. Medicas, medias.
MER. Mercarías , mercator.
jVÍERK. Mercurialia , mercatus.
MES. VII. DIEB. XI. Menfíbus feptem , dichas
undecim.
M. I. Máximo jovi , matri idea vel ifidi , militis,
jas , monumentum jujjit.
MIL. COH. Miles cohortis.
MIN. vel MINER. Minerva.
M. MON. MNT. MONET. Maneta.
M. vel MS. Menjis vel menfes.
MM. Viginti miilia.
MNF. Manifefius.
MNM. Manumijfus.
M. P. II. Millía pajfaum dúo ¡ Sc ainfi des autres.
MV. MN. MVN. MVNIC. Manicipium, vel mu-
niceps.
N
lí. Neptunus , Namerias , Numeria, Nonius , Ñero ,
nam non , natas , nado , nefaftas , nepos ,
neptis , niger, nomen, non& , nofter , namerarius ,
numerator , numeras , nummas , vel numifma ,
numen.
KAV. Navis.
N. B. Nameravit hivus prO vivus.
NB. vel NBL. Nobilis.
N. C. Ñero C&far, vel Ñero Claudias.
FíEG. vel NEGOT. Negotiator.
NEP. S. Neptuno facrum.
N. F. N. Nobili familia natas.
K. L. Non liquet , non licet , non longe , nominis
latini.
N. M. Nonius Macrinus , non malum, non minas.
FíN. Noftri. NNR. vel NR. Nofirorum,
NO. Nobis.
NOBR. November.
NON. AP. Ñoñis aprilis.
N-Q. Namque , nafquam , nunquam.
N. V. N. D. N. P. O. Ñeque vendetur , ñeque dona-
bitur , ñeque pignori ohligabitur.
NVP. NuptU.
O
O. OJpcium, óptimas, olla, omnis , optio , ordo,
ojfa , oftendit, &c.
OB. Obiit.
OB. C. S. Oh ches fervatos.
OCT. Oclavianus , oñober.
O. E. B. Q. C. Offd ejus bene quiefcant condita.
O. H. F. Omnibus konoribus fundas.
ONA. Omnia.
OO. Omnes omnino. O. O. Optimas ordo.
OP. Oppidum , opiter , oportet , óptimas , opas.
OR. Omam.entum, ♦
OTIM. Optims.
A B R
p
P. Publius , pajfus, patria, pecunia, pedes , per»
petaos, pius , plebs , populas , pontifex , pofuit ,
poteflas , pr&fes , pr&tor , pridie , pro , poji , pro-
vincia , puer , publicas , publice , primas , &c.
PA. Pater , patricias. .
PAE. ET. ARR. COS. P&to & Arrio confulibus,
P. A. F. A. Pofiulo an fias auSor.
PAR. Parens , parida , parthicus.
PAT. PAT. Pater, patrie,.
PBLC. Publicas.
PC. P rocurator.
P. C. Pofi confulatum , patres confcripti, patronos
colonia , ponendum caravit , pr&fecíus corporis ,
pacium conventum.
PEO. CXVS. Pedes centum quindecim femis.
PEG. Peregrinas.
P. II. ífí. L. Pondo duarum femis lihrarum,
P. II. S. :: Pondo dúo femis & triente.
P. KAL. Pridie kalendas.
POM. Pompeius.
P. P. P. C. Propria pecunia ponendum caravit,
P. R. C. A. DCCCXLIIII. Pofi Romam conditam
annis oElogintis quadraginta quataor.
PRO. Proconful. P. PR. Pro-prstor. P. PRR. Pro-
pr&tores.
PR. N. Pro nepos.
P. R. V. X. Popad romani vota decennalia.
PS. Pajfus plebifcitum.
PUD. Púdicas , púdica , pudor.
PER. Purpureus.
Q
Q. Quinquennads , quartus , quintas , quando ,
quantum , qui , quA , quod , quintas , quintius ,
quinti lianas , quafior , quadratum , quafitus.
Q. B. AN. XXX. Qui bixit , id eft vixit annos
triginta.
QM. Quomodo , quem , quoniam.
QQ. Quinquennads. QQ. V. Quoquo verfum.
Q. R. Qusfior reipubdcA.
Q. V. A. IIL M. n. Q ui vel qai vixit annos tres .
menfes dúo.
R
R. Roma , Romanas , rex , reges. Regulas , ratio-
nalis , Ravenna, recia , relio , requietorium , retro,,
rofira , rudera, iic.
RC. Refcriptum.
R. C. Romana chitas.
REF. C. Reficiendum caravit.
REG. Regio.
R. P. RESP. Refpubdca.
RET. P. XX. Retro pedes viginti.
REC. Requiefcit.
RMS. Romanas.
ROB. Robigalia , robigo.
RS. Refponfum,
RYF. Rufas.
S
A B R
s
S. Sdcrian , facellum , fcrzptus , femis , fenams ,
fepalfds , fepidcriim , f andas , fervas , ferva ,
Servias ^ fequitar , fibi , fitas , fioLvit , fiab , fli-
pendiam , &c.
SAC. Sacerdos , fdcrzficium.
SiE. vel S,-EC. Saecalam, ficalares.
SAL. Salas.
S. C. ScTiatas-cenfiultam.
SCI. Scipio.
S. D. Sacram diis.
S. EQ. Q. O. ET. P. R. Senatus , equefierqiu ordo
Ci’ populas romanas.
SEAíP. Sempronias.
SL. SVL. SYL. Sylla.
S. L. Sacer lados , fine Izngaá.
S. M. Sacram M.anibas , fine manzhas , fine malo.
SN. Senatzzs , fententia , fine.
S. P. Sine pecunia.
S. P. Q. R. Señalas popalafiqae romanas.
S. P. D. Salatem plarzmam dzczt.
S. T. A. Sine vel fiab tatoris aañoriiate.
SLT. Scilicet.
S. E. T. L. Sit ei térra levis.
SIC. V. SIC. X. Sicat qainquennalia , fie decen-
nalia.
SSTVP. XVIIII. Stipendiis novem decim.
ST. XXXV. Stipendiis triginta qainque.
T
T. Titas , Tallias , tantam, térra, tibi , ter , tefta-
mentam , titulas , terminas , triarias , tribunas ,
turma, tutor, tutela, &<:.
TAB. Tabula. TABVL. Tabularlas.
TAR. Tarqainias.
TB. D. F. Tibi dalcijfiw.o filio.
TB. PE. Tribunas plebis.
TB. TI. TIB. Tiberios .
T. F. Titas Flavias , Titi filias.
THR. Tkrax.
T. L. Titas livias , Titi libertas.
TIT. Titulas.
T. M. Terminas , therms,.
TR. PO. Tribunitia potefias.
TRAJ. Trujanas.
TUL. Tallas vel Tallias.
TR. V. Triam-vir.
TT. QTS. Titas quiTLtUS.
©vel TH. AX. Mortaas anno.
Defianñas viginti tribus.
V
Q_aznque , quinto , qaintam.
V. Vztellius , Violera, Valero, Volufias , Vopificus ,
vale , valeo ; Vejla , vefialis , vefitis , vefier, vete-
ranas , vzr , vzrgo , vivas , vixit , votam, vovit ,
uris , afias, uxor , vicias , violar , ^c.
A*. A. Veterano affignatam.
V. A. I. D. XI. Vixit annam anam, dies andecim.
V. A. L. Vixit annos qainqaaginta , & sinfi dcS
autres.
Ántiqaités , Tom I.
A B R 2.5
V . B. A. Viri bonl arhitrata.
Y. C. Vale coTijízx , vivens caravzt, vír confiataris ,
vir clari fimos , oaip.ttuv. confial.
A^DL. VÚeiicet. "
A . E. Vir egregias , vifium efi: , verum etiam.
A ESP. Vefijzafianas.
AT. V. Sextam-vir. Vil. Y. Septem-vir. VIH. ATR.
octam-vir.
A’^IX. A. FF. C. Vixit annos fierme centum.
YIY. AN. • Vixit annos triginta.
ULPS. Ulpianas , Ulpias.
Y. AI. Vir magnificas , vivens znandavit , voleas
mérito.
V.N. Quinto nonas.
Y. AIUN. Vias munivit.
Y OL. V olcania , Voltinia , Volufias.
VONE. Bo nae.
VOT. A . Votis quinqaennalibas .
A OT. V . AIULT. X. Votis quinqaennalibas , mullís
decennalibas.
VOT. X. Vota decennalia.
VOT. XX. vel XXX. velXXXX. Vota vicenna-
lia, aut tricennalia , aut qaadragenalia.
Y. R. Urbs Roma, votam reddidit.
YY . CC. Viri clarijfimi.
UX. Uxor.
X
X . Mille.
X. AN. Annalihus decennalibas.
X. K. OCT. Décimo halen das oclobris.
X • I3C. Mille fiexcentum.
X. Al, Decem millia. X. P. Decem pondo.
X. AL Decem-vir. XV. ATR. Quindecim-vir.
X X. Dao millia, 8c ainli des autres.
XXIIX. Dúo de triginta.
Triginta quatuor millia.
X
AbrÉVIATIONS, ufiage dans les halles, &c.
En chancellerie romaine, les ahréviations font
d’un trés-grand ufage ; on fufpeñeroit iiiéme de
faux tout aéte ou les raots qui s’écrivent ordinai-
rement en abrégé , feroient écrits diSeremmenr.
Comme ces ahréviations rendent Ies bulles trés-
diíEciles á déchiffrer nolis en donnerons id
Texplicadon par ordre alphabétique ^ d’aprés le
Traite des UJages de la cour de Rom.e.
A
Anno.
Anima.
Aari de Camera.
Abbas.
Abfiolatio.
Abfioliitione.
Abfiens.
Abfiolventes.
Accufiatio.
Adkerentiam.
Admitientes.
D
AA.
Aa.
Au. de cá.
Ab.
Abf.
Abne.
Abas, abf.
Abfolvén.
Accu.
Adhéren.
ÁíWíkA adisitteS.
A B R
Ad no. prxf.
Adriór.
Adriós.
AfFecl.
AfEn.
Aiar.
Aiúm.
Al.
Alia.
Alienar”®.
Aliquod°.
Almus.
Air.
Ais. pns. grá.
Alter.
Altús.
Ann.
Ann.
Annex.
Appel. rem.
Ap. obíi. rem.
Aplicam j Apcam.
Apoftol.
Ap. Sed. Leg.^
Appatisj aptis.
Approbat.
Approb“”.
ApprobS.
Arbo.
Arch.
Ap. Aripo. Arcliopo.
Archiepus.
Arg.
Aíleq.
AlTequém.
Affequatió..
Atraía.
Attator.
Attent.
AttOj att.
Aú.
Aufté.
Audieñ^
Augen.,
Aug^n
Authen^
Aux.
Aux”.
BB.
BeatiíT.
Eeat^'=. Pr.
Bed"^. bene^“>
Bem
Benealibus.,
Benefim.
Benelos..
Ben^voJ;.
Ad noftram pr&fentiam.
Adver fariorum.
Adverfarios.
JEflimatio.
Affedus.
Affinitas.
Animarum,
Animarum.
Alias,
ALiam.
Alienatlone .
AliqiLomodo,
Altijjlmus.
Alter.
Alias prsífens grada,
Alterius.
Alterius.
Annuatim.
Anniim.
Annexorum.
Appellatione remota.
Appellationis obfiaculo
remoto.
Apofiolicam.
Apofiolicam.
Apoflolics, fedis legatos.
Approbatis.
Approbationem.
Approbationem.
Approbatio.
Arbitrio.
Arckidiaconus,
Archiepifcopo.
Arckiepifcopus.
Argumentum.
Ajfequata.
Ajfequatioñem,
Ajfequationem.
Attentata.
Attentatorum.
Attento-
Attento,
Auri.
AuBoritate.
Audientiurru
Augendam.
Auguflini.
Autkenüca.
Auxiliares,
Auxilio,
B
Benedictos.
Beatijflme.
BeatiJJlme pater,
Benedicd.
Benediñionem,
Beneficialibus,
Bsneficium,
Benévolos.
BeiLev-olentut,
A
Benig"*.
Bo. mem.
Cá. Cam.
Caá. Cá.
Caís. aíum.
Canice.
Canócar.
Canon.
Canon. Reg.
Canon. Sec.
Canoras.
Canria.'
Capel.
Capéis.
Cap”^.
Car.
Card.
Cardilis.
Caf.
Cauf. .
Cen. EccIsC
Cenf.
Cerdo.
Cef”.
Cb.
Ci.
CircumpeSni.
Cifter,
ClíE.
Cía.
Clico.
Clis.
Clunia. Clá,
Co. Com.
Cog. le.
Cog. fpir.
Cog"=. Cog. Cognoía.
Cogen.
Coháo.
Cog"^”^.
Coíg‘*. Cog'“. Coaf.
Coione.
Coittatur.
Collar.
Coüeata.
Colleg.
Coliitigan.
Collm.
Com.,
Cora^®'".
Comd™®.
Comm'. Epo.
Competem.
Con.
Conc.
Confeone.
Confeori.
Concone.
Coñlis.
B R
Benignltate.
Bonn memoria,
C
Camera.
Caufa.
Caujis animarum.
Canonicé.
Canonicorum.
Canonicatum.
Canónicas regularis.
Canónicas fecalaris.
Canonicatos.
Cancellaria,
Capella.
Capellanus.
Capellania.
Caufarum.
Cardinalis.
Cardinalis.
Caufas.
Caufa.
Cenfura ecclefafiica,
Cenfuris.
Certa moda,
Ceffio.
Chrifti,
Civis.
Circumfpeclioni,
Cifiercienfis.
Clar&.
Claufala,
Clerico.
Claufulis.
Cluniacenfis ,
Communem.
Cognado legalis^.
Cognado fpiritalis,
Cognomina.
Cognomen,
Cohabitado.
Cognominatus,
Confanguinitads,
Communione.
Committatur,
Collado.
Collegiata,
Collegiata,
Callitigandbus,
Collitigandum,
Communis.
Commendam,
Com.mendatus,
Committantur epifcopa,
Competentem,
Contra.
Concilium..
Confefione,
Confejfort.
Communicationc,
ConventualLí,
A B R
Coñriis.
Contrarils.
Conf.
Confecratio,
Conf. t. r.
Confuhiitioni taliter rej
pondera.
Coñfcíx.
Confcientia.
Confequén.
Confequendum. -
Confervan.
Confervando.
Confne.
Concejjione.
Coñfir.
Concejjit.
Coníi:!>“^
Conflitutionibus,
Conltitutíon.
Confiitutionum.
Coñfu.
Confénfu.
Cont.
Contra.
Coéndarent.
Commendarent.
Coeretur.
Commendaretur.
Cujufcumq.
Cujufcumque.
Cujuflt.
Cujuflibet.
Cur.
Curia.
D ^
D. N.
Domini noflri.
D. N. PP.
Dommi nofiri Papá,.
Dát.
Datum.
Deát.
Debeat.
Decró.
Decreto.
Decrúm.
Decretum.
Défcli.
Defuncli.
Defivó.
Definitivo.
Denomin.
Denominatio.
Denominát.
D enominationem.
Derogát.
Derogatione.
Defup.
Dufuper.
Devoldt. Devol.
Devolutum.
Dic.
Dioecefis.
Dic.
DiBam.
Digñi. Digo.
Dignemini,
Dil. fil.
DileBus filias.
Dip".
Dijpofitione.
Dif. vef.
Difcretioni veftrá.
Difcreóni.
Difcretioni.
Difpáo.
Dijfipatio.
Difpén.
Difpendium.
Difpenf.
Difpenfatio.
Difpenfaó.
Difpenfatio.
Difpoíít.
Difpofitive.
Diverfór.
Diverforum.
Divor.
Divorcium.
Dñi.
Domini.
DñictC.
Dominicá.
Dño.
Domino.
D. Dñs. Dó™^.
Dominas.
Dom.
Domini. - .
Dotar.
Dotatio.
Dotare. Dot.
Dotatione.
Dr.
Dicitur.
Dté.
DiBá.
Dti.
DiBi.
Duc. au. de ca.
Dacatorum auri de ca-
mera.
Ducat.
Ducatorum,
Ducén.
Ducentum,
A B Pv 17
Ddm. ret. Dúm.
viv. Ddm viveret.
E
Eá.
Eam.-
Eccl. Rom.
Ecclefia romana.
Ecclei'ám.
Ecclcfia'^um.
Ecdefiaíl.
Ecctefiafiicu
Ecclia. Eccl.
Ecclejia.
Ecclis. Ecclicis.
EccLefiafiicis.
Ee.
Efe.
EfFilm.
EffeBum.
Ejufd.
EJufdem.
Elec.
EleBio.
Em.
Enim.
Emoltum.
Emolumentum.
Eod.
Eodem.
Epó.
Epzfcopo.
Epús.
Epifcopus.
Et.
Etiam.
Ex.
Extra.
Ex. Rom. cur.
Extra romanam eccle-
fiam.
Ex. val.
Exiflimationem vvi-oris.
Exát. exiíl.
Exiflat.
Excóe.
Excommunicatione.
Excois.
Excommunicationis.
Excom.
Excommunicatio.
Excrab.
Execrabais.
Exens.
Exifiens.
Exift.
Exifienti.
Exít.
Exifiit.
Exp.
Exprimi.
Exped®.
Exprimenda,
Expis. Expreíl.
Exprefís.
Expmi.
Exprimi.
Exprimend.
Exprimenda.
Exped.
Expediri.
Exped®.
Expedienda.
Expedni.
Expeditioni.
Expref.
ExpreJJts.
Exp”. Expreíí.
ExpreJjlo.
Exten.
Extendendus.
Exténd.
Extendenda.
Extraordin.
Extraordinario^
F
Facieñ.
X
Pacientes.
Facin.
Pacientes.
Faa._^ .
PaBum.
Famári.
P amulari.
Fel.
Pelicis.
Fei. rec. pred. n.
Pelicis recordationls prst^
deceforis nofiri.
Feftidibus.
P efiivitatibus.
Fn. forf.
Porfan.
Fol.
Polio.
Fr. ^
Prater.
Fraém.
pratrem.
Franús.
Prancifcus.
Frat.
Praternitas.
Frucl.
PruBus.
Fructib. Frud.
PruBibus.
Dij
A B R
iS
Ttñm.
Frairum.
Funáat.
Fundatio. Fun-
Fundat.
Fund®. Fuad’-. Fun
- ^undatione.
' daóne.
G
Gener.
Generalis.
General.
Generalem.
Gnális.
Generalis.
Gnatio.
Generado.'
Gñli.
Generali.
Gna. Generali
Generaliter,
Gnrá.
Genera.
Gra.
Grada.
Grad. AíEis.
Gradas afinitads.
Grar.
Gradarum.
Grar.
Grada.
Grat.
Gradoft.
Gratific.
Gradficadone.
Graí'’%
Gradficadone,
Gré.
Grads.
Graf'. '
Gradóse.
H
Hab.
Habere , haberi.
Habeanr.
Habeantur.
Habeft.
Habenda.
Hachús.
Hacienus.
Héantur.
Habeantur, •
Hér.
Habet.
Here.
Habere.
Hita.
Habita.
Hoe.
Homine.
HomicL
Homicidium.
Hujufm.
Hajufmodi.
Humil. Humlr.
Humiliter.
Fluói. Humóí.
Hujufrnodi.
I
Infra.
!.
Januar.
Januarius,
Id.
Idus.
Igr-
Igitur.
Illor.
lllorum.
Immun.
Immunitas.
Impetran.
Jmpetrandum.
Imponen.
Imponendis.
Import.
Importante.
Incipi.
Incipiente.
Infrap''"™ .
Infra fcriptum.
Infrafcrip. Infrap®,
Infra fcripta.
Intropta.
Intro fcripta.
Invocaone.
Invocadone.
Invcoat. ínvocaónum.
Invocationum.
JOcS.
Joannes.
Irregulte.
Irregularitate.
is.
Idibus.
Jud. Jud™.
Jadicium.
Jur.
Jaravit.
Jurifpatr,
Jarifpátronatus.
Jurtó.
Juramento.
Jas.
Juxta.
A B R
K
Kal. la
Kalendas.
L
Laic.
La'icus.
Laicor.
ídicorum.
LatiíT. Latmé.
Latifime.
Legit.
Legitime. Legitimas,
Legma.
Legitima.
Liá.
Licentia.
Lib.
Liber vel libro.
Lít.
Litis.
Litig.
Litigio fus.
Litigic#
Litigiofa.
Lima.
Legitima.
Lití.
Littera.
Lris.
Litteris.
Lte.
Licite.
Ltimo.
Legitimo.
Lud^“.
Ludovicus,
c
M
M.
Monetae.
Máa.
Materia.
Magiíl.
Magifler,
Magro.
Magiftro.
Mand.
Mandamos. Mandatum,
Mand. q.
Mandamos fíatenos.
Manib.
Manibus.
Mediet.
Medietate. ~~
3ied \
Mediare.
Menf.
Menfis.
Mir. __
Mifericorditer.
Miraóne.
Miferatione.
Mniri.
Miniftrari.
M6.
Modo.
Mon. Can. przm.
Monidone canónica prae‘
mijfd.
Moñrium.
Monaflerium.
Movén.
Moventibus.
Mrimonium.
Matrimonium.
Mtmoh.
Matrimonium.
N
Nrí.
Noftri.
N.
Náa.
H atura.
Nativit™.
Nadvitatem.
NeceíT.
Necefariis.
Neceílar.
Hecejfariorum.
Neriá.
Necejfaria.
Nerior.
Necejfariorum,
No.
Non.
Nobii.
Nohiliam.
Noc-n.
H ornen.
Noiá. Noa. Nom,
Nomina.
Nonobft.
Nonobfantilus,
Noft.
Noftri.
Not.
Notandum.
Not. Nota.
Nótitia,
Notar.
Notario.
Notó púbcOí
Notario público.
NrS.
Noftra.
A B R
Kültíís.
Nullatenús.
Kuncúp.
Kuncnpat.
l^ancupatum.
a uncupationu nu
Kuncupc.
Nimcapati,.
Nüp.
Nuper.
Núp.
NuptU.
O
Obbat.
Ohlmebat.
Obbíc.
Obitum.
Obit.
Obitits.
Obnéri.
Obtineri.
Obnet.
Obtírtet.
Obft.
ObfiaculutTU
Obílant.
Obflantibus.
Obt.
Obtinet.
Obtint.
Obtinebat.
Occup.
Occupatam^
Odtobr.
OBobris,
Oes.
Omnes.
OfFáH.
Officiali.
Oífiíím. ”
Officium.
Oí.
Omni.
Oib.
Omnibus,
Oio. Oino.
Omninb.
Oiúm. Om.
Omnium.
Omn.
Omnibus. Omnino,
Oppis-
Oportunis.
Opp"*- Opport.
Opportuna.
Or. Orar.
Orator.
Orat.
Oratoria.
Orcé. Oracé.
Oratrice.
Ord^^.
Ordinationibus,
Ordiñ. Ordió.
Ordinario.
Ordis.
Ordinis.
Ordris.
Ordinariis.
Ori.
Oratori.
Oris.
Oratoris.
Orx.
Oratrix.
P
PP.
Pap£.
Pa.
Papa.
Paft.
PaBum.
Púdiis.
Pr&judiciali s.
Pam.
Primam.
Parrochial. Párolis.
Parockialis.
Pbr.
Prdsbyter.
Pbrécida.
Praesbytericida,
Pbri.
Prtsbyteri.
Pcépir.
Percepit.
Penía.
Pdnitentia.
Pasníaria.
P ¿mittntiaria.
Peniten.
P&nítentibus,
Penf.
Penjione.
Fenult.
Penultimus.
Perindé val.
Perinde valere.
Perpüam.
Perpetuam.
Perqo.
Perquifitio.
Períbiven.
P erfolvenda.
Per.
Petztur.
Pfeífus.
Profejfust
A B R a?
Pindé.
Perinde.
Pmilfór.
Prsmijforum,
Pñ. Pñs.
Pr&fens.
Pñdit.
Prstendit.
Pñt.
Pojfunt.
Paria.
Prdfentia.
Pátiiim.
Prefentium.
Pntódutti.
Pretendo fiandunu
P°. feu I*.
Primo.
Podtus.
Primo diBus.
Peen.
Pátiitentia.
Point.
PoJJint.
Poñtus.
Pontificatus.
PoíT.
Pojfit, poffeffionem, ¡
PoíTein
Tojfejjlone y poJfejjQr^
Poflbné.
P ojfejjionem^
Poflor.
Pojfejfor.
Poten.
Potentia.
Ppuúm.
Perpetuum.
Pr.
Pater.
Prseal.
Prnallegatus^
Prsed.
Prebenda.
Praefer.
Prdfertur.
Praem.
Premijfum.
Prsefen.
Prefentia.
PrsEt.
Pr^etendit,
Pr^d"^"
Prediñus,
Prxsbyt.
Presbyter,
Prim.
Primam.
Primod.
PrimodiBa.
Pnotús.
Prioratos,
Procurar.
Procurator,
Prori.
Procuratori,
Prór.
Procurator.
Prov.
Provifionis,
Provióne.
Provijione.
Proxós.
Próximos.
Pred'.
. Predicitur.
Pt.
Potefi. Prout,
Ptam.
PrídiBam.
Ptr. Ptür.
Prdfertur.
Pttúr.
Petitur.
Pub.
Publico.
Purg. Canon.
Purgatio CanonicA,
Púidere.
Providere,
Q
Q-
Que.
Qd.
Quod.
Qm. QSn.
Quondam.
Qmit. Quomoít.
Quomodolibet,
Qtnüs. Qntús.
Quatenus.
Qu.
Quod.
Qualit.
Qualitatem,
Quat. Quaten.
Quatenus.
Quoad vix.
Quoq°,
Quoad vixenu
Quovifmodo,
Quon.
Quorjiam,
Quor.
Quorum,
30
/
A B R
R
Frtá.
Rec.
Relione.
Refcrip'.
Refd
Refervat.
Reíig.
Reíignation.
Reíig’’^
Reílg°‘
Reíig-®.
Eep..
Reiréis.'
Retro fcripC.
Regñet.
Rláris.
Rlé.
Rlium.
Rñtus.
Robot.
Rom.
Roma.
Ruis.
Rúglari.
S.
S. P.
s.
S. R. E,
S. V.
S. V. Or.
Sa.
Sacr. Une.
Sacror.
Síecul.
Saluri. falri.
Sanóiit.
San(3:™®. Pr.
Sártum.
Se. co. ex. val. an.
Sec.
Sed. Ap.
Sen.
Sen. exea.
Sentent.
Separat.
Sigra.
Sirem.
Silibus.
Simpl.
Singul,
Sk.
Slaris.
Sisa.
Regifirata.
Recordutionis.
Regula.
RegaLarum.
Religione.
Referiptum.
Refidentiam.
Refervata, Refervatio,
Refignaúo.
Refignationum.
Refignatione.
Rejignatio.
Refignare.
Refervatio.
Reflitutionis. \
Retroferiptus,
Refígnet.
Regularis.
Regala,.
Regularum.
Renatas.
Roboratis.
Romanas.
Romana.
Retroferiptus.
Regalari.
S
Sánelos.
Sanctam Petram.
Sanclitas.
Sánela Romana Ecclefa.
SanElitatis vefira.
_ Seinñitatis vefira orator.
Sapra.
Sacra unclÍQ,
Sacrorum.
Sacularis,
Salatari.
SanSitatis.
Sanciijfime Pater.
Sacramentum.
Secandam communem
exifiimatíonem valo”
rem anjiaam.
Secandam.
Sedzs Apofiolíca.
Sententiis.
Sententia excommanica^
tionls.
Sententiis.
Separatim.
Signatura.
Similem.
Simiiibas.
Simplicis.
Singalorum,
Sitam.
Sacalaris.
Salutenit
i Sloruna.
' S. M. M. ■
Snía.
Sntá. Stá.
Sñti. Sati.
Soilie.
Solit.
Solut.
Solut'^ Solunéis
Sortile.
Spealém.
Spealér.
Spéali.
Spee.
Spo. Speeif.
Spuálibus.
Spú,
Spús.
Star.
Subftánlis.
Subvent.
Subv''-»®.
Suce.
Sueeores.
Sumpt.
Sup.
Supp*'.
Supp^nth
Supplie.
Supplieaonis.
Supp“®.
Supt“=”.
Surrog.
Surrogan.
Surrogaónis.
Surrogat.
Sufpén.
Tangen.
Tant.
Temp.
Ten.
Ténen.
Temo.
TeíL
Teftib.
Thiá. Theolia,
Tit.
Tli.
Tñ.
Tpóre.
Tpús.
Treeén.
V.
Vr.
V. Vré.
Vacan.
Vaeaónum,
A B R
Singalorum.
Sanñam M.ariam Majo
rcm.
Sententia.
Sanóla.
Sanóiitati.
Sollicitatorem.
Solitam.
Solutionis.
Solutionis.
Sortilegiam.
Specialem.
Specialiter.
Speciali.
Specialis.
Specificatio.
Spiritaalibus .
Spirita.
Spiritas.
Status.
Subfiantialis.
Sabventionis .
Subventionis.
Saccejfores.
Sucpejfores.
Sumptam.
Sapra.
Supplicat.
Sapplicantibas,
Supplicat.
Supplicationis.
Supplie añone.
Sapradiólam.
Surrogandus.
Sarrogandis.
Surragationis.
Surrogationis.
Sufpentionis.
T
Tangendum.
Tantum.
Tempas.
T enore.
Tenendum.
Termino.
Tefiimonium,
Tefiihus.
Tkeologia.
Tituli.
Tituli.
Tamen.
Tempore.
Tempas.
Trecentum.
V
Vefira.
Vefier.
Vefira.
Vacaatem. Vacantibust
Vacationuni.;
A B S
^'acat"-h Vacaónis.
Vacationis.
Val.
Valorem.
Vene'bli.
Venerabili.
Veriülé.
M erifmile.
'S'erufq.
Merufque.
^'eft.
Mefter.
\ ideb. Videbr.
Videbitur.
^'idel.
Videlicct.
Viginti. quat.
Viginti quatuor.
Ult.
Tj Itima.
Elt. pof.
TJltimus pojfeffbr.
Ulti.
JJitimi.
Lltñs.
Ultimus.
Uríis.
Univerfis.
Ufq.
Ufque.
X
XPti.
Chrijli.
Xptiánorum.
Ckrifiianorum.
Xptñi.
Ckriflani.
XX.
Viginti.
ABSOLUTION , eft un jugement par lequel
an accufé eft declaré innocent.
Chez les RomainSj Y abfolution étoit prononcée
de la maniere fuivante : Aprés que la caufe ayoit
été plaidée de part & d’autre ^ TliuiíCer difoit á
trés-haute voiXj dixerunt ¡ c’eñ-á-direj les parties
ont expliqué leur caufe. On donnoit alors á chacun
des juges trois teííeres ( boules ou jetons) , dont
Tune étoit marquée d'un A , abfolvo ^ j'abfous j
l’autre d’un C , condemno , je condamne 5 & la
troilléme portoit les deux caraétéres NL j non
liquet , la chofe n'eft pas claire. Si le plus grand
nombre des teíTéres étoient marquées de l’A , le
préteur renvoyoit l'accufé, en difant^ videtur non
fecijfe i il paroit innocent. II étoit également
abfoutj loríque les voix étoient partagées.
U abfolution fe pratiquoit á-peu-prés de méme á
Atliénes. Les caufes en matiére criminelle étoient
portees devant les héliiftes^ qui étoie.nt des juges
ainíi nommés , parce qudls tenoient leurs alTem-
blées dans un lien découvert & á la ■'me du foleil
h‘'aící. On leur donnoit á chacun deux pieces de
Guivre j dont Tune étoit pleine , pour fervir de
marque S abfolution. Celle qui fervoit á condamner
étoit percée , & on la jetoit dans un tronc de bois.
Les fuíFrages pour abfoudre fe placoient dans un.
vafe de cuivre.
Ln beau cam.ée publié par le comte de Caylus,
& un deíEn que \i’inkelmann a donné dans fes
Monumenti i.tediti , nous ont confervé la forme
fle 1 abfolution chez les Athéniens. Ces deux mo-
num.ens repréfentent le malheureux Orefte, dans
le moment oú Ies voix des Aréopagiftes, oui pro-
noncoient fur fon parricide , fe trouvérent par-
tagées. Pallas qui les préfidoit donne fonfuíFrage
St place dans 1 urne fatale la piece non percée. II
paxqít que ce ^beau fujet a b-eaucoup plii aux
a.nciens ^ car iis ront répété üit leurs mona-
mens-
A B S 3í
ABSY?\THE. Les Egyptiens avoient un grand
refpect pour Vabfy.ztke de Tapoíiris : on en ignore
la raifon ; á moins qu’on ne la cherche dans Tufage
que la Médecine fait de cette plante.
Oétoit a cette utiiité que Pline rapportoit Fhon-
neur accordé au vin aabfyntke dans les jeux capi-
tolins. La récompenfe du vainqueur n^’étoit autre
chofe qu^une potion de cette liqueur amére. Ce
célebre naturaíifte penfe que les RomainSj. en pro-
pofant ce prix au conduéteur du char viélorieux ,
ne crurent pas avoir á lui donner rien qui égalát la
fanté procurée par cette boiíTon ; credo , dit-il ^
fanitatem pr&mio dari honorifice arkitratis majo-
ribus. Pitifcus eft dhine opinión différente ; 8c il
dit, avec aíTez de vraifémblance ^ que Pon faifoit
boire du vin ¿labfynthe au vainqueur des jeux capi-
tolinsj pour prevenir les vertiges & les maux de
tete. Le pirque du capitole étoit en effetli petit,
les circuits quhl falloit faire pour remplir Pefpace
determiné étoient li répétéSj que la vue des con-
duéleurs des chars devoit étre ébloiiicj & leur tete
affeélée de vertiges. Strabon rapporte des vers qui
atteftent la vertu de Yabfyntke pour diiTiper ces
maux. ( C. 7. )
Si tibi pr&terea caput acri forte dolare
Pulfetur fubito , vel fi vértigo fatiget ;
Muyas opem rimare coquens frotidentis amaram
Abfynthi fylvam.
ABSTEME. On.entend aujourtfhui par ce mot
une perfonne qui ne boit point de vin. II paroit
que les Romains lui donnoient une acceptroa plus
étendue ; car Pline dit : Mini ahflcmius. On pour-
roit conchare de-lá , que le mor £abfiemíus expri-
moit celui qui s’abftenoit d"une boiíTon ou d’un
mets quelconque. Horace paroit Temployer dans
le méme fens. {Lib. i, pag. 12). Apulée a creé le
mot invinius , qui a une acception. plus déterminée
que~ce!ui ól abfiemzus..
ABSTEN'ErÑCE. Orphée > aprés avoir adouei
Ies moeurs des hommes^ établít une forte de viej,
qu’on nomma depuis orphique ; 8c une des pra-
tiques de ceux* qui embrafíbient cet état étoit
de ne point manger de la chair des animaux. On
peut croire q'TOrphée ayant rendu feníibles
aux loix de la fociété les premiers hommes qui
étoient antropophages :
Silveflres komines facer laterprefque deorum ^
Cádibus & foedo victu. deterruit Orpheus.
H O Tv A r,
il leur avoit impofé la Joi de' ne plus manger de
vi-ande du tout, & cela fans doute pour les éloi-
gner entierement de ieur premiére férocité que
cette prarique ayant enfuite été adoptes par des
pevfonnes qui vouloient embrafíer une vie plus
parfaite que les autres,. rl y eut pannr Ies Payen»
une forte de vie cus s'ar>pe!a pour lors. oykique ,
líPiA; , dont Piaron parle dans rEpíromis
éc au Exéme iivre de íes ioix. Les Fiiéakiéns &
A B S
les AlTyrienSj, voifins des _ Juifs > avoient leurs
jeúnes facrés. Les Eg}^ptiens 3 dit^ Heroaote^,
íacrident une vache á Ilis , apres s y etre prepares
par des jeúnes? & ailleurs, il atmbue ia meme
coutume aux femmes de Cyréne. Chez les Athe-
niens , les fétes dTleufine & des 1 efmophories
étoient accompagnées de jeúnes rigoureux , íur-
tout entre íes femmes ^ qui pafíbieni: un jour entier
aflífes á terre dans un habiliemcnt lúgubre j & fans
prendre aucune nourriture. )• .
Les Pythagoriciens ne mangeoient ni chair ni
poiflbn 5 du moins ceux d’entr’eax qui failoient
profeííion d'une grande perfedlion & qui fe
piquoient d'avoir atteint le dernier degre de la
rhéorie de leur maitre. Cetce abftinence de tout
ce qui avoit eu vie, étoitune fuite de lamecemp-
íycofe I mais d^oú venoit a Pytbagore i averiion
qu'il avoit pour un grand nombre d’autres alimens ,
pour les féves j pour ia mauve , pour le vin , &c. ?
On peut lui palíer X abfiinence des oeufs j il ep de-
voit un jour éciore des poulets. Oú avoit-il ima-
giné que la mauve étoit une herbe facréc , folium
fanciifimum ? Ceux á qui Phonneur de Pyrhagore
eft á cceur j expliquent toutes ces chofes 5 ils
démontrent que Pythagore avoit grande raifon
de manger des chouXj & de s’abñenir dp fevesj
tnais n'en dépkife á Lacree 3 á EullathCi a Aelien ,
á Jambüque', á Athénée, &q. On n apperqoit
dans cette partie de fa philofophie que ue la
'cicion ou de 1‘ignorance : de la fuperíHtion ^ sil
penfoit que la féve étoit protégée des dieux ; de
rignorancCj s’il croyoit que ia mauve avoit quei-
que quaiité contraire á ia íancé. 11 ne faut pas pour
cela en faite moins cas de Pythagore ; fon fyfterne
de la . métempfycofe ne peut étre meprifé qu á
tortj par ceux qui n’ont pas aíTez de philofophie
pour connoitre Ies raifons qui le lui avoient fug-
géré , ou qu'á jufte titre par les Chrétiens , a qui
Dieu a revelé Pimmortalité de Parné 8c notre
exiítence future daas une autre vie. (T>iderot'). ^
Les Romains pratiquérent auíli des jeúnes réglés
en Phonneur de Júpiter. Les hiñoriens font men-
tion de ceux de Jules-Céfar , d’Augufte , de V ef-
pafieu:, de Marc-Auréle^ &e. Les Athlétes en
pratiquoient d’étonnans. S. Jéróme dit que les
prétres de Cybéle s’abftenoient pendant quelques
jours de toute nourriture^ afin de manger enfuite
avec plus de plaiíir des faifans. Les décemvirs
deílrant appaifer la colére du Ciel , 8c detourner
les calamites aniioncées par des prodiges , ordon-
nérent , daprcs les iivres íibyllins , enj’honneur
de Cérés j un jeúne public 3 qui devoit étre renou-
velé tous les cinq ans. On croyoit repréfenter
le jeúne que pratiqua cette divinitéj pendant
qu’elle cherchoit Proferpine.
ÁBSYRTE , fiis d’Aéte 3 roi de Colchide &
frére de Médée. On raconte fon hiíloire de plu-
íieurs manieres. Quand cette magicienne eut pris
la réfolution de fuir avec la toifon d'or 3 elle étoit
fúre que la vieilieíre empécheroi: fon pete de la pour^
A B U
fuivre. Son frére étoit feul capable de courír aprés
elle 8c de Patteindre : elle le prévint 3 en le faifant
égorger dans le palais méme d''Aéte. Suivant d'au-
tresj il fiiivoit Médée dans fa fiiitCj ou méme elle
Pavoit enlevé avec ia toifon d or j ou enfin ii avoit
été pris dans une bataille que les Colches perdirenc
fur les bords du Phafe , contre les Argonautes.
Ceux-ci étant preíTts par Aete , Médee coupa
Abfyrthe par morceauXj qu*elíe fema fur la route
de fon pére3 afin de fufpeiidre fa marche par ua
fpeciacie auiTi douioureux.
Quelques autres enfin 3 difent que ce prince fut
chargé par fon pére de pourfuivre Médée : ceile-ci
ayant attiré Abfyrtke á un rendez-vouSj fous
prétexte de la tírer des mains des GrecSj qui 3
difoit-eIle3 Penlevoient contre fon gré, elle le
fie maíTacrer 3 8c répandit dans le chemm fes
membres déchirés 3 qui arrétérent quelque tems
Ies compagnoDS de ce malheureux frére 3 & don-
nérent á Médée le tems de fuir. Les uns placent
cette trille fcéne dans la Colchide ; les autres fur
Ies cotes de Plllyrie, dans le golfe Adriatique,
& prétendent qué les iíles Abfyrtides en ^renoient
leur nom ; les autres á Tom.es 3 ville íituée fur les
bords du Pont-Euxin 3 á la droite des embouchures
du Danube? elle a pris fon nouij difent-iis , de
cette aventure 3 Tífita , d’ou T¿f¡'s ou Tíkív eíl de-
rivé j fignifie couper. C^eíl dans cette v'iile qu Ovide
fut exilé 3 & finit fes jours.
Onomacrite rapporte dMne autre facón cette
hiñoire 3 á laquelie il ote tout ce qu’elle préfente
d’horrible. Selon lui, Aéte donna une flotte á fon
íils Abfyrtke , pour aller á la pourfuite des Argo-
nautes. Ceux-ci 3 aprés avoir erré long-tems fur
plufieurs mers , arrivérent au pays des Phéaciens ,
ou il rencontrérent la flotte óX Abfyrthe , qui y étoit
venue par un autre chemin , & les y attendoit.
Abfyrthe demanda que Médée luí fut rendue; &
Pon convint de part & d’autre que Jafon feroit
obligé de la laiíTer aller , íi véritablement il ne
Pavoit pas époufée. Mais la femme d’Alcinoüs ,
qui avoit été prife pour juge , fit célébrer la méme
nuit la cérémonie du mariage , & déclara enfuite
d. Abfyrthe qu’elle favoit, á n’en pouvoir douter,
que les deux amans étoient mariés des Pinílant de
Penlévement de Médée. Alors le prince de Col--
chide fut obligé de fe retirer , & de laiffer Médée
continuer fa route vers la Crece. Voyei¡_ Aete,
Médée, Jason.
ABUB. Ce mot chaldéen, qu’on trouve dans
le vieux Teílament, pour défigner un ioílrument,
de mufique, fignifie, felón quelques auteurs, la
méme chofe que hugab ou ugab. Foye^UcAE.
Kircher, dans fa Mufurgie , fait de Xabub un
inñrument á vent du genre des cornets , mais non
percé de trous pour preduire les difrerens tons ; il
ne cite aucune autorité, ainñ nous nen dirons
pas davantage.
Qu eiques - uns veulent que Xahuh ou abvha. ,
fignifie
A B Y
fianifie une fiúte ^ & la méme que les Latins appe-
loient amhuiaia. La grande reííemblance oes mots
rend tres-probable cette opinión j qui eft auíli cede
de dom Calmet.
Un paílage du Talmud tend encore a la con-
firmer." II j eíl dit que Yahub étoit un inftrument
qui fe trouvoit dans le fandtuaire du temple de
Salomón 5 & qui avoit exilié déja depuis iVIoife ;
il étoit minee , uni & de rofeau , qualites qui
conviennent toutes aux flútes. De plus , le roi
íe íit garnir d’or ^ & le fon fe perdit : on ^óta
Tor ^ & le fon redevint tel qu il étoit. La máme
chofe arriveroit á une flute minee ; Tor étant un
méta! trés-compaéle & peu élaílique , en ren-
droit le fon foard & trille.
D'autres veulent encore ' que Yahub fút la ba-
guette de rofeau dont on frappoit le tambour des
Hébreux j prétendant que cette baguette de rofeau
rendoit le fon du tambour plus doux. Mais je penfe
qu’il faut s’en teñir au fentiment de ceux qui font
d’íz¿b¿ une fiúte. {M.de Cafiillon fils).
ABUDOS , dans les Gaules. Abudos.
Les médailles autonomes de ce peuple font :
O. en or.
RRRR. en argent. (^Pellerin').
O. en bronze.
ABURIAj famille romaine ^ dont on a des
médailles ; elles font :
RR. en argent.
RRR. en bronze.
O. en or.
Le furnom de cette famille eft Geminus.
ABYDE^ ville TEgypte,_la plus grande apres
Thébes ; elle étoit á fept mille cinq cens pas du
Kilj vers Loccident^, & au-defious de Diofpolis^
de Tentv'ris & de Ptolémaíde. Le fameuxroi íríem-
non y demeura, & y fit batir un fuperbe palais. Le
temple & le fépulcre d’Oíiris , qui étoient dans
cette ville , la rendirent extremement recomman-
dable 5 mais elle devint principalement célebre
par l’oracle du dieu Béfa , qui répondoit par écrit ,
loríqu’on rfavoit pas la com.modité de le confulter
en perfonne. Strabon parle ^ Ahydz , comme d*une
viile fort délábrée de fon tems ; on croit qu'elle
s’appelle aujourd’hui Aboutige onAbutich. (C. Ad)
ABYDUS , en Troade. ABYAHN£2!sr.
L^ancre & un poiffon forment le fymbole ordi-
íiaire de cette ville. On voit auRl un mafque fur
fes médailles & un aigle pofé. Ses médailles auto-
nomes font :
RRRR. en or.
C. ea.-argent.
R. en bronze.
Cette ville a fait frapper des médailles impértales
grecques ^ en rhonneur db4uguñe , de M. Auréle j
de VeruS:, deCommodcj de Sévere j de Caracalla^
de Mamée.
Virgile parle dans fes Georgiqu.es (L. l ^ r. 2.07.)
des buitres que Pon péchoit á Abyde. Les amours
¿e Léandre , qui y avoit pris naiífance j Pont rendue
Antiquités i Tome L
ACA 53
tres-célebre ; mais la molleíTe des habitans d’Abyde
étoit plus fameufe encore : on difoit proverbia-
lement en Grece : N’aborde^ pas fans précaution a
Abyde , pour lignifier que Pon devoit éviter la
compagnie des gens débauchés.
Le climat de la Fhrygie 8c de ITonie , qui rend
li mols Se eíféminés les peuples de ces belles con-
trées auroit pu Ies faíre tous comprendre dans ce
proverbe , avec autant de raifon peut-etre que les
Abydéniens.
Ces derniers avoient encore fait nairre un fecond
proverbe. On appeloit bauquet d’Abyde , un repas
ennuyeux 8c fácheux ; parce que les Abydéniens
étoient dans Pufage de porter autour de la table
tous leurs enfans j afin que chacun des convives
Ies embraíTát Pun aprés Pautre. Leur laideur oa
leur malpropreté ne pouvoient difpenfer perfonne
de ces carefles fallidieufes 8c dégoútantes.
ABYLA. Toye^ CoLONNES d'Hercule.
ACACALLIS. Paufanias femble diñinguer deutt
Acacallis ¡ Pune filie de Minos j dont Mercare de-
vint amoureux , 8c eut un fiis nommé Cydon. II
qualifie íimplement nymphe Pautre Acacallis
dire de qui elle étoit filie. Apollon abufa de ceíie-ci
á Taraj ville de Crete , dans ¡a maifon de Carrna-
nor. Fl Carmakor. Ce dieu eut deux fiIs á‘Aca-
caLlis , Pbilacis 8c Philandre. D'autres rPont parlé
que d'une Acacallis , 8c ont dit qu’elle avoit eu
commerce avec Apollen 8c avec Mercure ; que
db4pollon elle avoit eu Naxus j 8c de Ptíercure
Cydon ^ qui donna fon nom á la ville de Cydonie.
II paroit que Pamour d’ Apollon pour elle fut de
longue durée , puifque quelques auteurs difenc
qu’il eut encore de cette princeíTe Milet , páre de
Byblis 8c de Caunus. V. Milet. On donne encore
á Acacallis un autre fiis, nommé Amphitémisj
8c fiirnommé Caramas. On ne fait íi c’eft luí qui
a donné fon nom aux Garamanthes db4frique j 'ou
li ce nom lui vint des Garam.anthes.
ACACIA. U acacia connu des anciens j eft celui
que Pon trouve encore en Egypte : on Pappelic
caffie ; felón d'Herbelot gagie , en latín fpiaa sgypr-
tia. C'eíl un arbriíTeau épineux, qui porte des
fleurs quelquefois jaunes 8c quelquefois blanches.
Le fruir qui eft renfermé dans une gouífe . ref-
femble beaucoup au lupin. Cet arbre fournit la
gomme arabique 8c un fue appelé le vrai acacia.
Les Arabes donnent a 'Cacada d'Egypte le nom
Cl om-gailan , la mere des fatvres ou des démons
quihabitent lesforéts. On fait qubl eíl tres-diffé-
rent des acacias du nouveaa monde.
Les Egyptiens regardoient leur acacia comme
un arbre facré, 8c avoient pour lui une grande
vénération. On doit Pattribuer peut-étre aux bons
eíFets que la Médecine re tiro it des-Iqrs du fue de
Cacada, employé encore aujourd'hui avec fuccés
contre Ies hémorragies 8c Ies crachemens de
fang.
Acacia. Les antiquaires donnent ce nom á un
petit fac ou rouleau long 8c étroit j cue Pos voit
É
34 ACA
fur Ies médaiíles da 3as-Empire , dans !a main des
emoereurs depuis Anaílaie. Les fa^'ans Tolíi. psi-
tasies far ia nature de cet atcrÍDUt ; les uns croient
V reconnokre le mouchoir oa nappe ^ mappa , que
jetoit de faloge, pour faire comtnsricer ks jeax,
celu! qiii y préíldoir. Ceft poue cela , felón eux ^
que Ies confuís portoient aiuTi le méme artribut.
D’autres écrivains penfent que c'eft le fachet qu on
offroit aux empereurs á ia cérémonie de leur facre.
J1 étoiz plein de cendre & de pouíTiére , & pcrtoit
le nom Sacada. , AKAKiA ^ íans mal, fans crime.
Car on croyoit que la vue de cette cendre deyoit
rappeler au prince le fouvenir de la mort, & Ten-
gager par -la á conferver fon innocence , á vivre
fans crime.
Ducange prend ce rouleau pour des papiers ou
mémoires que fon préfentoic aux princes , aux
confuís , & qudls tenoient á la main pour y re-
pondré. Cette opinión acquiert un degré de vrai-
femblance, á la vue des ftatues des Confulaires qui
font á Rome , & en France dans le pare de Ver-
faüles. lis ont á leurs piéis une petite caíTette,
deíHnée fans doute á renfermer ces papiers.
La premiére de ces trois opinions eft cependaíit
la plus fure , felón M. de la Baftie. Les diptyques
confulaires qui nous reftent, & fur lefquels^les
confuís font repréfentés veras á-peu-prés du meme
habit que portent les empereurs fur Ies médaiíles
du Bas-Empire, nous font reconnoítre Vacada
pour la nappe avec laquelie on donnoit le íígnal
des jeux du cirque. Si Fon examine en eífet le
diptyque de Baíile le jeime , publié par Bonarotti ,
■on verra clairement que le rouleau tenu par le
confuí ne fauroit étre un papier ou mémoire.
Lorfque les empereurs eurent rendu le confulat
perpétuel dans leurs perfonnes & celles de leurs
fucceíTeurs , ils prirent les attributs des confuís ,
leur habiilement , & Vacada qui carañérifoit ces
perfonnages illuftres. Le penchant invincible des
Grecs pour la fuperftition , fit bien-tdt fuccéder á
la nappe , le fachet rempli de cendre , tel qu il
paroít fur les médaiíles d’Anaftafe & des empereurs
qui Font fuivi. Cette explication a Favantage de
concilier Ies deux principales opinions fur la nature
de Vacada^, Sc elle paroít d’ailleurs trés-plauíiHIe.
ACADEMIE, AícsíhjKk, étoit une maifon avec
un jardín , íituée dans le Céramique , un des faux-
bourgs d’ Arhénes , éloignée de la ville de fix ftades
environ , prés de mille pas. Ce lieu eíl devenu cé-
lebre par Ies alTembíées que Platón & fes feélateurs
y tinrent pendant long-tems, pour converfer fur
des maíiéres philofophiques. On a donné diíFé-
rentes ér/mologies de fon nom.
Les uns le font venir d'Academus, qui vivoit
dans íes íiécles héroiqaes. Ce fu: lui qui découvrit
a Caftor & á Pollux I endroit oú fe cachoit Héléne
avec Théfée fon ravideur. Ces demi-dieax luí té-
moignereat en récompenfe une grande confidéra-
tion pendant fa vie ; & Ies Lacédémoniens qui
adoptérent le caite des deux gémeaux , confervéíent
ACA
le méme refpeci: pour la mémoire d’Academus. lis
épargnerent fa maifon, teutes les fois qu :!s rara-
g-eren: FA trique & Ies fauxbourgs d’Athénes kur
rivale. Dicéarque donne á Fancien maitre de la
maifon appelée depuis académie , le^ nom d’Eche-
demus , & dit que* c’ étoit un arcadien de Farmée
des Diofeures.
Les environs de cette maifon étoient déferts &
remplis dkaux ftagnantes , qui en rendoient k
féjour tres-mal fain. Cimon en delTecha une partie ,
y planta des allées d’arbres & des bofquets, qui
en íirent un endroit trés-agréabk. L académie de-
vint la promenade des Áthéniens les plus diftingués
par leur rang ou par leurs connouTances. Les phi-
lofophes , Piaron en particulier , s> rendoient
pour diíTerter fur leurs fyftémes, &ks enfeigner
aux jeiines afpirans. On enterra dans ces jardins
ceux qui avoient rendu á la patrie des fervices
íignalés.
Les magiftrats qui , aprés Cimon , furent chargés
des embell’íTemens & des réparations d’ Athénes ,
négligérent fans doute les environs de V acadérme ,
& laiíTérent les eaux ílagner alentour ; car les mé-
decins qui furent confultés fur une maladie de
Platón ,’ n héíitérent pas á en donner pour caufe
Finfalubrité de Fair qui! refpiroit , _en_fe promenant
tous les jours au milieu de fes difciples dans les
jardins d'Academus. Ils lui confeülérent de les
abandonner, & de teñir fes aíTemblées dans le
lycée ; mais le philofophe , bien loin de fuivre ce
confeii, leur répondit qu il avoit cho:íi V académie
á caufe de fon infalubritéméme.ll craignoit qu une
fanté trop robufte ne rendir fon co^s indociíe au
joug de la raifon ; pour éviter ce mal , il expofoit a
deíTein fa fanté dans Fair marécageux , & imitoit
en cela Ies vignerons, qui coupent les branches de
la vigne pour luí donner plus de féve & de forcé.
W académie avoit fait naítre un proverbe chez
Ies Athéniens. lis appeioient mur d‘ kipparque
Tt¡x,iov , une entreprife difpendieufe. Le
fiis de Piliñrate vouiut entourer dkn mur fortifié
la maifon d’Academus , & la reunir au Céramique ;
il établit á cet eífet un impot trés-onéreux fur le
peuple d'Athenes : ce qui fit paíTer en proverbe le
mur de V académie on le mur d’hipparque.
Nous avons négligé Fétymologie du nom de
cette maifon , qui le fait venir de Cadmus , parce
quihavoit fait connoítre les lettres aux Crees, &
celle de & í'ipui; y comme íi Ies académks
étoient Ies remé des des p envíes. II fuíHt de Ies rap-
porter pour en faire fentir la frivoiité. Le nom de
ce jardín vint de fon dernier maitre , Fathénien
Academus ou Ecademus , cui legua fa maifon au
pubh'c. Ckft de fes fabuleux ancétres que nous
avons parlé plus haut , felón les traditions ¿es
Orees , toujours ávides de gloire & de céle •
brité.
Le fort de la maifon d’Academus fut pareil a
celui de la Crece. Cet édifice fut détruit par les
RoruaiiiS. Le ferouche Sylla abatric fes bofquet»
ACA
áéikieux , & iir conilruire avec fes arbfes <3es
machines de guerre pour battre la vilie d'Athcnes,
qudi affiégeoit. Cicerón voulnt faire revn/re au
moins le nom de ce lieu celebre , & i! le dorraa á
fa maifoa de campagne^ lituáe prés de Pouzzol.
Ckñ-lá qudl fe plaifoic á ccnverier avec fes amis
fur divers liiiets de philofcphie ; Se ce fiit-la
qu’ü compofa íes Queínons académiqueSj 8c les
Livres fur la nature des dieux.
ACADIA'F, fontaine de Sicile , íituée aiipres
de deux lacs de foufre & de feu , appeles Dellcs.
Elle étoit confacrée j amíi que Ies lacs, aux Pa-
liques, deux nls de Júpiter & de la nymphe Thalie
ou Actúa. Les promeiTes Se les fermens dont on
y faiídit répreuve , Pavoient rendue fameufe. On
ne doutoit point de leur vérité, lorfque les ía-
blettes de bois fur lefquelles ils étoient graves ,
fe précipitoient dans le fond des eaux. Jílais 1 opi-
nión contraire s’établiífoit á la vue des tablettes
qui furnageoient 5 Se Pon aííuroit que le parjure
etoit aveugié fur-le-champ , ou méme confumé
par Ies flammes des lacs. On trouve ces fabks dans
Aríftote, dans Diodore de Sicile , & dans Ltienne
de Byzance.
ACALüS. Talus.
ACAMAXTIDE. C'étoit une des dix tribup
d’Athénes , ainfi notnméc d’ Acamas , fiis de
Théfée.
ACAMAR-CHIS , nymphe de la mer , filie de
rOcéan , dont parle Diodore de Sicile. (i. ó).
ACAM.4S , fils de Théfée. On ne fait point
avec certitude quelle fut fa mere ; les uns lui
donnent Ariadne , les autres Phedre , d’autres enfin
Antiope. Acamas marcha avec les pnnees Orees ,
contre Troye. II fur député avec Diomede, pour
redemander Hélénej Se il gagna dans cette am-
bafiade le cceur de Laodice , filie de Pnam. Cette
princeíTe concut, á la feule vue Ól Acamas , une
íi violente pafíion pour lui , cu aucune confidéra-
tion ne put Farréter : elle ouvrit fon ccEur a Phi-
lobie , femme de Perfée , gouverneur de la ville
de Dardanus. Philobie fut touchée de Férat de la
princeíTe, & engagea fon mari a fe préter á quel-
qkarrangement qui pát procurer á Laodice une
entrevue avec Fobjet de fon amour. Perfee fe lia
d’amitié ^vtc Acamas , Se en obtint une vifite dans
la vilie de Dardanus. Laodice en fut avertie ; elle ne
manqua pas de s'y rendre avec que'ques troyennes.
Aprss le feítin , on la placa dans le lit Acamas ,
á qui on la préfenta comme une des concubines
du roi. Cette nuit rendir Laodice mere d’un fils,
qui fut nommé Manitus , & élevé par Athra ,
mere de Théfée. Voye^ A x h R A. Quelques
aureurs onr er.core attribné z A camas une intrigue
amoureufe avec Phyllis, qui reíTemble beauconp á
celle de Laodice ; mais ils onr confondu Acamas
avec Démophoon, aucuel tous les aureurs origi-
naux atrribuent la caufe des malheurs de Phyllis.
JC Démophoon, Phyllis. Acamas fut un des
Crees qui sknfermcrent dans le cheval de bois.
ACA 35
Q'Jand il en foitit, Laodice eut foin de le fáire
fouvenir du gage qu’il lui avoit laiíTc ; & le ¡euns
Munitus fut tranfporté en Thrace. C. Munitus.
Aprés le retour Ól Acamas en Crece , Foracle or-
donna á une des tribus d’ Athénes ¿e fe faire appeler
Acamantide , du nom S Acamas. Ce héros fonaa
dans la grande Phrigie une ville qui fur nommée
Acamanízum.
Acamas , dont on vienr de parler , nkñ pas le
feul qui ait porté ce nom dans le méme tems ; il y
en avoit un qui étoit prince de Thrace. 11 alia au
fecoars de Priam, & fut rué par Ajax. Un antre
étoit fils d' Anrénor 8c frére dCLtchilcchus. Homére
dit de ces deux fréres, qu ils étoient trés-exercés
á toutes fortes de combats.
ACANAS & Amphitenus, étoient fils d’Alc-
méon & de Caiiirhoé ; leur pete ayant été tué
lorfqu’ils étoient encore dans la plus tendre jeu-
nefié , trouva néanmoins en eux des vengeurs : ce
qui fit dire aux poetes que la déeíTe Hébé avoit
augmenté le nombre de leurs années , pour les
mettre promptement en état d’exécuter cette ven-
geance. TCAlcmeon, Amphiaraus, Calli-
RHOÉ.
ACANTHABOLE , inñrament de chirurgie ,
fait en forme de pincettes, dont on trouve la def-
cription dans Paúl Eginéte. On s’én fert encorc
aujourd'hui pour eniever les efquilles d’os cariés ,
les épines , les rentes , & tout autre coros étranger
qui fe trouve dans une plaie ; ou pour arracher les
poüs des paupiéres qui incommodent & irritent
Forgane de la vue , ceux des narines , des four-
cils, &c. Son nom eíl formé dCA'xanía, épine, &
de jSáAA» , chaTer.
ACANTHE, jeune nymphe, qui, pour avoit
plu á Apollon , fut changée en la plante qui porte
fon nom.
Acanthe , plante de la diviíion des monopé-
tales perfonnées. II y en a deux efpéces ; Fuñe
appelee dugrec acanxha, épine, qui eft fauvage ;
Fautre eft cultivée , & porte le nom de brancke
oicrfine.
Ces deux plantes font devenues un ornement
trés-uíité dans Farchitedfure. Les fculpteurs go-
thiques ont mal adroitement copié Fefpéce fau-
vage , qui eft la moins belle. Mais Xacaitke cultivée ,
qui eft plus refendue, mieux découpée, & affez
femblahle au perfil, a fer-y-i de modéle aux Crees
& aux Romains. C'eft elle que Fon reconnoít dans
les chapiteaux compoíites des ares de Titus & de
Septime-Sévére á Rome.
Yitruve a parlé fort au long de cet ornement de
Fordre corinthien ; voici comment il en raconte
Forigine : «Une jeune filie étant morre chez fa
« nourrice , & certa femme voulant confacrer aux
« manes de cette ieane perfenne pluíieurs biioux
« cu elle avoit ainíés penáant favie, les por a fur
« fon tombeau. Afin 'qu ils fe confen’aíTent plus
« long-tems , elle couvrit d’une tuile^ la corbeille
I » qui Ies renfermoit , & qui étoit pofée par hafar»
Erj
^6 ACA
” fur une racine ^acanthe. Au printems fuivant,
53 la plante pouífa des branches ^ qui , fe rrouvant
=5 arrétées dans leur accroilTement ^ fe diviférent
53 en plulieurs rameaux 5 arrivés au haut de la cor-
33 beille ces rameaux trouvérent la tuile qui la
53 couvroit en la débordant ; ils furent contraints
33 de fe replier fur eux-mémes. Callimachus ayant
3» apperqu cet heureux effet du hafard , imagina
=3 fur fon modéle le chapiteau corinthlen, tel
33 qu’on le pratique encore auiourd'hui ; & la tuile
53 pofée fur la corbeille j lui donna Tidée du tail-
33 loir. 33
=3 Villalpandcj qui nous a donné la defcription
du temple de Salomen , traite de fable cette hif-
toire j & prétend que le chapiteau corinthien étoit
exécuté dans cet auguñe édifice. II eft vrai.qu’il
nous le peint formé par des feuilles de palmier ; ce
qui donna lieu 3 dit-il expreíTément ^ de compofer
par la fute les chapiteaux corinthiens de feuilles
d'olivier ^ píutót que de feuilles aacantke. 33
3» Sans entrer en difeuífion avec ces deuxauteurSj
je crois ce que Fun & Fautre en difentj c'eft-á-
dire 3 que les chapiteaux corinthiens peuvent avoir
été employés dans leur origine á la décoration du
temple de Jérufalem ; maisque Callimachus j fculp-
teurhabile , peut étre aufü celui qui a perfeíiionné
fa forme genérale ^ la diftribution de fes ornemens,
qui lui a donné fon élégance. Ce quhl y a de
certain ^ c’eft que depuis plufieurs íiécles j ce cha-
piteau a paíTé pour un chef-d'oeuvre dans fon
genre ; & quhl a prefqu’été impoíTible á tous nos
nrchitectes modernes qui ont voulu compofer des
chapiteaux d’une nouvelle invention , de Fégaier.
Blondeí'j.
Les enroulemens de Yacanthe íiii ont fait trouver
quelque reíTcmblance groííiére avec les nymphées,
ces plantes aquatiques répétées li fouvent fur les
Kionumens ég}'priens. Dans le trés-petit nombre
de colonnes que Norden &: Pocoke ont deffinées
en Eg}’'pte ^ plufieurs font rerminées par des efpéces
de chapiteaux ornes de feuilles des nvmphées ,
appelées perfea & coiocaíia. Ceux qui ont vu dans
Yacanthe du chapiteau corinthien une grande ref-
femblaince avec les nymphées des colonnes & des
frifes égyptiennes, ontalíliréqueles Grecs avoient
pris dans FEgypte le goút .de Farchitedture. Les
Communications fréqúentes des Grecs avec les
Egyptiensj ou avec leurs colonias ^ les Phéniciens;
les áogmes mythologiques anoortés en Gréce &
nés en EgyptCj tout annonce en effet les rapports
les plus Ixappans entre ces deux peuples. lí ne
íeroit done pas étonnant que Ies Grecs euíTent
adóptele genre a’architeCture quiavoit été inventé
par Ies Egyptiens.
Si le fentiment de Villalfande eft fondé fur des
faitSj on reconnoit encore mieux la marche de cet
art. On fait que Salomen fit venir des ouvriers de
Tyr & de Phénicie , pour batir le temple de Jéru-
fakm. Ces architeéres portérent en Judée les con-
noiffances quils avoient paifées chez les Egyp- |
ACA
tienSj dont ils étoientune colonie ; par ce moyenj
le goút pour les colonnes ornees á leur fommet
de feuilles de palmier ^ d'olivier , de nymphée ou
¿Yacanthe, fiit répandu dans FAfie 3 & dans Flonie
en particuiier. De-lá il paíTa en Gréce 3 oú il fut
foumis a des loix 3 ainli que tous les autres mem-
bres de FArchiteaure. Ces apperqus demandent
un développcment plus étendu3 qu'on trouvera a
Persepolis.
ACANTHUS eft le nom du Lacédémonien qui
parut le premier fans aucun vétement dans le ftade
olympique , pour y difputer le prix de la ccurfe.
A*caÑthus. Les Romains ornérent les bords
de leurs habits de-bandes de pourpre^3 découpées
en feuilles d’acanthe 3 & ils leur donnérent le nom
de la plante elle-méme. JEneid. r. 6y3 ).
Et circum textam croceo velamen acorcho.
Héfychius leur donne le méme ñom dans fon
Diaionnaire : Axayíoj «c-pÉrov.
On en peut prendre une idee en jetant un coup-
d'oeil fur les vafes étrufques ; car íes habillemens
des perfonnages qui y font reprefentés, offrent
fouvent ces feuillages & ces enroulemens.
Acanthus 3 en Macédoine. akang.
Les médailles autonomes de cette villé font :
O. en or.
R. en argent.
RRRR. en bronze. ( Hunter. )
Leur type ordinaire eft un lion déchirant un
boeuf.
ACANTIDE 3 furnom d’AiaX3 íils de Telamón.
V. Ajax. C'eft auíli le nom d°un des fiis de cet
Ajax & de Glauca.
ACARNA..NÍE. Les chevaux du peuple qui
habitoít cette patrie de FEpire > étoient írés-
eftimés chez les anciens.
Acarnanie. akapnaníín.
Les médailles autonomes de ce peuplc font;
RRRR. en or.
RRR. en argent.
O. en bronze.
Leurs types ordinaires font Apolíon aífts3 tcnant
un are 3 & la tete d’Achéloüs.
Acarnanie eft aufli le nom d'une ville ds
Sicile 3 célebre par un temple de Júpiter.
ACARON, r. Achor.'
ACASTE 3 une des nymphes Océanides 3 oíJ
filies de l’Océan & áe Thétys. V. Océanides.
ACASTE3 fils de Pélias3 &: parent de JafoHj
fut un des argonautas : il a paÜ'é pour un grand
chaffeur 3 habile fur-tout á tirer de Farc : Jaculo
infignis Acafius , dit Ovide. A fon retour de Fex-
pédition de la Colchide3 ayant trouvé fon pére
mort 3 il engagea Ies Argonautes á defeendre avec
lui en TheíTalie, pour y célébrer des jeux funébres
en l’honneur de Pélias. Pline {lib. j, ckap. ^6.)
veut qvYAcafie foit le premier qui ait fait célébrer
des ieux funébres. Ce prince voulut enfuite venger
la mort de fon pére fur fes fceursj qui FavolenC
A C C
égorsé 5 TTizis íísrculs s oppors ^ vcngcsncfi»
K. Pelias, Alceste.
ACATIL-M. Ce mot avoit chez les Romams
deux acceprions différentes , mais relath es a la
marine : c'étoit une chaloupe ou un canot^ fous
la premiére. Suétone , dans la vie de Jules-Cefar,
(cAap. 64, •’Z®. I.) dit : AiexandrU circa oppugna-
donem pontis eruptione kofiiam fabita compuljus
in fiaph^m defilih. Plutarque racontant_ le meme
événement;, fe fert du mot áy-ariof , acatium, poar
exprimer ce petit bátiment. ■ ^ 1
On appeloit auííi acíitium le grand mat ou le
mát du milieu. . , 1
ACC AL AUREA' TIA, nourrice de Romulus,
Rit mife au rang des divinités de Rome , felón
qiielques auteurs , & honoree a une fete qu on
celebro it au mois de décembre. D autres premndent
q'Telle n^a jamais ete regardee comme d^eíTe , par
la raifon qu’on célébroic tqus les ans fes fdne-
railles : ce qui ne s’obiervoit jamais a I egard de
ceux qui étoient reconnus pour dieux. Sa pre-
tendue féte nétoit que des jeux fúnebres, cele-
bres en fon bonneur dans le mois de decembre.
V. Artales.
Accalaurentia, célebre courtifane de
Rome , qui vécut fous le regne d Ancus Martius.
Cette femme , une des plus belles de fon terns ,
ayant paffé une nuit dans le temple d^Hercule ,
piut á ce dieu , qui lui promit que la premíete
perfonne par qui elle feroit rencontrée au fortir
du temple , la rendroit heureufe , & la conableroit
de biens. Tarudus, homme puiíTant & tiene, fut
le premier qui fe préíenta á elle , & qui, a la pre-
jxricre vue , en devint éperduement amoureux. 1.
Tépoufa aufli-tót; & erant m.ort quelque tems
aprés , il lui laiiTa toutes fes richeíles. Elle^ les
augmenta encore beaucoup par rintame méner
qu' elle continua d'exercer pendant pluíieurs années ;
Tnais á fa m.ort ayant nommé le peuple romam
héritier de tous fes grands biens , la reconnoiíTince
couvrit l'infamie de fa vie ; fon nom fut inferir
dans les fafies de l'état. On infiritua des retes en
fon honneur , fous le nom de la deeíTe Flore ; &
on les céiébroit dans le mois d avril. V . Flore
& Floraux.
ACCALL4. On donna ce nom aux jours con-
facrés á la' féte d'.Acca Laurentia. lis portoient
auíii le nom de laurentalia ou larentalla.
ACCARON. V. Achor.
ACCENDONES. On appeloit de ce nom ceux
qui excito ient les gladiateurs au combar. lis fe
tenoient prés d'eux , & leur répétoient Ies de-
mandes du peuple, que l'ardeur du combar les
empéchoit d'entendre. La toge faifoit une patrie
de leur habiiiement , Se ils ne la quittoient pas
comme les gladiateurs pendant les jeux.
ACCEInSE. Uacce.-ifus étoit un oíEcier fubal-
terne attaché -aux magiífrats romains , ainíi que
Ies liefeurs. II étoit chargé d’aíTembler le peuple ,
d'ou venoit fon nom, accenfus a de, -ido ¡ il intro- ¡
A C C 37
duifoit-auprés du préteur, & marchoit devant le
conful, lorfquil n avoit point de raifeeaux. Ces
ofEciers étoient des huifl'iers. Avant que les Ro-
mains euílent des horloges ou clepfydres ,1 accenfe
avertilToit le magiílrat loriqu'il etoit neuf heures,
midi. Se trois heures du foir.
Cet oíEcier lervoit quelquefois de greíEer ; car
Cicéron dit (ver. 3. 66) : Ao/i reprcitexao quod
fcripfit accer^fiLS. Cur enim Jioi koc JeribA foLi a.Jfu-
mant ? On iit fur une ancienne infeription, rap-
portée par JouLLengerus : SscuI'-ztatj cogzza-
TIOKIS FOR-TCTblATUS AuCUSTI ZZBERTWS
VZR2ZA PATR02ZI AB RPXSXOLIS AC.CBZXSUS. P A*
TR02Z0 DIVO Augusto T^espasia-vo lictor
cuRiATius 5 & fur une autre : T. Titienus
Félix Aucustalis scrzsa lisr. xdilis curul.
VIATOR JEDILIS PLEBIS ACCEITSUS. LcS COnfuls
& les préteurs ne furent pas les feuls qui euffent
des accenfes attachés á leurs perfonnes. Les cen-
turions & Ies décurions en avoient aufli á leurs
ordres , comme il paroit par ce paffage de Varron
{de vit. Popul.Roman. 111 , apud Non xii. 8.) : Cum
~érunt attrihuti decurlonibus 6 centurionibas ¡ qui
eorum hahent numerum , accer.fi vocantur .
ACCENSUS. Ce nom étoit d'ufage dans la
milice romaine , pour déíigner une efpéce de fol-
dat, armé á la légére. lis reflembloient en cela
aux rorarii; m.ais iis en différoient par beaucoup
de chofes. V'. Rorarii. Les accenfi combattoient
en dehors de la legión , avec des frondes & des
pierres. Feítus dit qu ils étoient deftinés á rem-
placer les foldats tués ou blelTés dans le combar.
Se il ne leur donne aucun rang dans la nailice. Mais
Afeonius Pedianus leur en affigne un , égal á celui
de nos caporaux 8c de nos trompettes. {In Cicer,
pag. 50). Accenfus efi nomen ordznis , & promo-
tionis in miLitiu , ut nunc dicitur princeps , víl
commentarienfis , aut corniculari'us.
Le leíleur qui voudra connoitre en détail ces
deux opinions, pourra confulter Saumaife, de re
miUtari romanorum 8c Polletus.
ACCENT. Cet anide a été traite avec foin
par les auteurs de la Grammaire renfermée dans
cette Encyclopédie méthodique ; nous y renvoyons
nos lefteurs. On ne parlera ici que de Tancienneté
des accens chez les Crees Se les Romains , parce
que les preuves en feront prifes dans les monu-
mens anticues, qui ont éte decouverts poílérieu-
rement aux recherches des \ oíiius , des Hennin ,
des Weífein , des Simón , 8cc. _ .
Dans un apperAix a fes epiftoU vinarienfes ,
M. de Villoifon traite principaleraent de Forigine
des accens , des efprits , des marques de diftinction
pour Ies memores de phrafes , & des Cgnes pciir
Ies fyllabes longues 8c breves, chez _es Grei_s. La
grand nombre de favans en attriouoit 1 lavention
á un grammairien de Byzance, Anñopnane, qui
vivoit dans la cent quarante-cmquieme oiympiaqe,
prés de deux cens ans avant J. C. , cílms a% o^t
méme ailégué en faveui de cette opinión, fautor ae
I
^8 A C C
de deuX auííes grammairiens , Apollonius _ & f
Arcadias. Cependant , quelques favans aroient ¡
encore des do ates fur ce pointj & 1 homasBurgefs, |
dans une noureüe édition des MifzdUma critica
deDav/es, Oxford 1781 avoit ayerti que Tou
vrage df-ircadiuSj qui exifte en manufcrit dans la
bibliothéque du roi^ pourroit tenniner la dlípute.
Ce grammairien atteíte, en effetj dans le rexte cité
par M. de Villoifon ^ qu Ariftophane de Byzance
inventa des lignes poiir les acccns , les tons^ Ies
efprits , la qaantité des fvllabes , &c. íl expofe
enfuite Ies principes qui ravoient dirige dans ce
travail. La maniere dont il s’exprime nous fait
conjeciurer qu’on avoit déjá des íignes pour ces
objets avant Ariftophane ; & que ce grammainen
imagina feulemént de nouvelies figures ^ d'aptes
une théorie plus fure & plus réguliére. Pour la
figure des efprits , Ariftophane ^ dit-il , imita le
procede des artiítes ^ qui , aprés avoir trouvé les
trous done il falloit percer Ies ñutes, imaginérent
de petites piéces mobiles en différens fens , qu'il
appelle 011 tant pour ouvrir que pour
fermer ces trous.
On apprend par le témoignage de S. Auguítin,
que des le quatriéme fiécle on voyoit des efpiits
dans les manuferits grecs de Fancien Teítament.
Le paíTage de ce doCleur qui avoit échappé aux
favans, leur a été indiqué par M. Knittel, dans fes
Commentaires fur laveríion gothique d’UIphilas,
que iui a fournie la bibliothéque de V/olfenbutel.
Dans le premier livre de fes Queftions fur YEpta-
teuqae, gusfl. 162, S. Auguílín obferve qu’au cha-
pitre 47 de la Genéfe, des manuferits latins portent
virgg, ejus , dAutres virgA fuA ¡ ce qui rient, dit-il,
de ce que les mots grecs qui répondent á ejus &
ÁfuA, s’écrivent avec les mémes caraétéres; mais
cependant avec cette différence , que les accens ne
font pas les mémes , le mot qui fignifie [ua ayant
un figne de plus , ou FH grecque , figure qu’on fait
avoir anciennement déíigné Fafpiratión forte.
Cct Arcadius étoit un grammairien d’Antioche ,
dont parle Suidas , & que Saumaife , ainíi que
d^aatres favans , avoient cité.
On a trouvé dans Ies manuferits d'HerGulanum,
ditWinkelsnan, fur quelques lettres, des points&
des virgules, que nous nommons des accens : on
voit pareillemenr dans le livre fecond de la Rhé-
torique de Philodémiis, trouvé au méme endroit,
quelques mots interlinéaires en plus petit caraclére.
Í5ans les deux lignes ñiivantes , copiées, d' aprés
ce manufcrit, á la page 10, on voit desexemples
de Fun & de Fautre.
’LiVtotctois
H6€íA.cnoXXHC OyKOyíí AHno^
^ -7 T ft » • •
« . . Te THTePTOPÍKHiKKl
^ A Fégard des trois points fur KAI , je n’y trouvé
ríen qui permette la plus foible conjeélure ; mais
©YXOYN a manifeitemíat fon accent. La plus
A C C
ancienne infcrlption grecque qui préfente des accens
(i) , eft peut-étre d'un tenas poftérieur. Nous favons
cependant que Ies accens ont été en ufage dans
les tems antérieurs á ces manuferits, puifeue les
Samnites (2) les employoient pour marquer 'cer-
taiaes fyliabes.
Voici un vers dTuripide (3), qui a été trouvé
á Hcrculanum:
Cís gy sc¡(^09 (¿a’jXvjítci. TGis tjoXXÍs
Ce vers étoit écrit fur le mur d"une maifon qui
faifeit le coin d’une rué d’Herculanum : cette rae
conduifoit au théátre. Les accens étoient marqués
comme on les voit id.
Dans les manuferits déla méme ville,les correc-
tions fe trouvent placees en petit cara&ére entre
les lignes. Le cerele ponélué au-deíFus de la qua-
triéme lettre de la feconde b’gne citée plus haut,
mérite quelqu'attention , ainfi que les points au-
deíTus de kai : ce qu il y a de plus lingiilier, c’eft
le tiret au-deífiis d'oyKOvK , qui paroit plutóc
étre le figne d’une modulation qu'un accent. On
trouvé un pareil tiret fur le piédeftal de Fobélifque
du foleil, élevé par Auguíte, & qui aujourd'hui
eíl couché par ierre dans le champ de Mars.
Bianchlni en parle dans fon ouyrage (4) 5 il auroit
néanmoins pu en dire davantage , sfil avoit lu Fou-
vrage intitulé ; EHa Putfckii g-rammatici veteres.
On ne trouvé plus de femblables marques ou
accens dans les inferiptions faites aprés le ficcie
d’Auguíle.’VVinkelman en avoit vu fur une ancienne
infeription, qu’il a publiée le premier : elle con-
tient le teílament d’une mere, 8c fe trouvé á
Rome, dans la cave du Marquis Rondini :
Mvrdiae l. f. matris sed propriis VI-
RIBUS ADEEVENT QUO FIPvMIORA PROEABI-
LIORAQVE SINT OMNES FILIOS .<EQVE FECIT
HEREDES PARTITIONE FILIAS DATA' AMOR
MATERNVS CARITATE LIBEPvVM AEQUALI-
TATE PARTIVM. CONSTAT VIRO CERTAM PE-
CVNIA^fe LEGANT , SCC.
Cette infcrlption eft d’urre orthographe fort an^
cienne , comme il eíl facile d’en jugar par plufieurs
mots; par exemple, ARdvo''m,qvom.
Le tiret ou 'i accent indique commanément Fabla-
tif ; on le voit néanmoins auíu fur des mots qui
font á d’autres cas ; Lavdare'ivr , fe 'mi-
na'rvm, fe'cisse, a'missum, mervi't, va-
RIETATS'S.
On ne fauroit trop répéter que Ies Romains,
dans leur meilleur tems , fe fervoient d’une efpéce
S accent ; &: c’eíl par-lá que fe difringuent les inf-
eriptions depuis Auguíle jufqii’á Nerón (y) ; c’eíl
fi) Fa.hr et. injeñp» pag* 288, n. 21^.
(2) Olivieri DijF fopra ele. MedagtU famniu 13^, riel
tomo 4 , delíe D'ifc. dúV Accad» di Con.
{l) Pin. ErcoL r. 2^^. 34.
(4) Del Pelay-igi dt Cefari, di Francefeo Sianciiai; ^
Verona. , 1758 , gr.fcL
(5) Fabret Infcríp.p. 168, 170, 2jf*
'39
A C C
auffl ce qui a fait regarder á Y, inkeíman linfcip-
tion fuivante j trouvce á Rome ians aacune aate^
comme ayant été faite dans le méme tems :
CELER. PRIMI. AVG. LIB. LIEERTVS.
EX. GEIIINAE. SYltXVCHE. CON
IVGI. EX. FLAVIO. CELERIONI. EX HE
LENE. CELERINAE. FILIIS. POSXERIS.
SVIS. FÉCIX.
Le favant f i ) qui foutient que les ancieunes
inícripíions font toutes fans accent ^ fi en avoit done
pas vu beaucoup. • j» -
Les mots interlinéaires des m.anufcnts d Her-
culanum , qui font écrits en caradére différent des
autres , ' paroiíTent trés-remarquables : _on voit
que c'eil un changement .ou une corredion faite
aprés coup. C’eft ainíi qu on a mis ci-devant Ii
letrre H au-delTus du mot pxopikhi, pour
réparer une omiíiion du fetibe. On peut conciure
de ces corredions , que ce fecond livre de la
Rhdorique;, eft un original de la propre main de
Philodémus.
On voit par-lá combien font incertaines les
regles que les critiques modernes ont donnéeSj
pour juger de Táge des manuferits par Tabfence
des accens. C'eft pourquoi nous nous abíb'endrons
d'en rapporter de pareiiles. Les accens étant connus
& mis en ufage prelque de toute antiquité, leur
fuppreflion a fans doute été Feffct de la pareíie des
copiítes ; & le caprice de Tun d’eax aura pu les lui
faire employer dans un liécle oú tous les autres
les négligeoient. Lf Poncxuaxion.
ACCERSITORES. Les Romains donnoient ce
nom á des domeftiques qudls faifoient aller devant
eux pour annoncer leur arrivée.
ACCINCTUS & ACCiNGERE, font des mots
relatifs á la maniere dont les Romains s'habilioient.
Les hommes adifs & laborieux relevoient leur
toge OU leur tunique , & Ies replioient autour de
leurs reins en forme de ceinture , pcscingehant ,
acci.igebant fe ; c’étoit le caradére des gens oceupés.
On reconnoiíToit les hommes mols & efféminés
en voyant ñotter leurs habits , dlfcincii erant. Pour
expri’.ner plus énergicuement Fadion des per-
fonnes oceupées, on difoit que leurs habits éroient
relevés tres-haut. Horace , ( Sat. lio. i. 8. ) :
Hzs ubi fublatls pueT alte cincius acemam
Gaiifape purpureo menfam deterjlt.
Pétrone , c. 19 : PracinSi cene altius eramus ,
c. 87 : Hifi viderint fiatores alúas cmños.
L’ufacs de replier fes habits -autour du corps ,
ct'iit ordinaire aux chirurgiens , aux foldats, aux
a:-ies des lacníicateurs, aux voyageurs, aux chaf-
feurs , &ÍC. Les Grecs fe fervoient du Tnot^ír-v^ríai ,
cingl, fe ceindre, pour exprimer la méme idee,
& pour s’armer, comme on le voit dans Tlliade,
(aÍ 15}.
(i) Bafnage, préf. de VHifoire des Jaifs, p. j?.
A C C
ACCIS, dans FEfpagne.
Col. GE:\í. ACC. Colonia gemclla accitam
Col. ACC. Colonia aceituna.
C. I. G. A. Colonia julia genella aceituna.
Cette cOiOnie rcmaine a fait ifapper des mé-
daiiles latines en Thonneur d'Augufte, de Libere
& de Caügula.
ACCIUá-hlAVIUS, augure, viveit du tems de
T arquin Tancien , roi des Romains. Accias s''oppofa
au deifein de Tarquin, qui vouloit augmenter le
nombre des tribus , & lui dit qu’il ne le pouvoit
faire fans y erre autorifé par les augures. Le roi
en fut oifenfé , & voulant le fuiprendre & le
rendre ridicule, lui dit : \ ous qui étes íi habile,
devinez li ce que je penfe á cette heure peut
s’exécater ? Cela eít poiTibie , dit Taugure. J’ai
penfé , repartir le roi , que vous poiirriez couper
ime pierre i aiguifer avec un rafoir : faites-le
done , puifque le vol des oifeaux vous aíTure
que la chofe rfeft pas impofílble. Accias prend
un rafoir & coupe la pierre. Toas ceus qui
étoient préfens fiirent faiíis d'admiration. On
¿rigea une ílatue á Accius-1\ avias fur les degrés
des comices j & Tart des augures acquit une grande
coniidération chez le peuple romain. i'ite-Live,
les autres hiíioriens de Rome & Cicerón, rap-
portent ce conte comme une ancienne tradition
de leur nays , qu’iis Aofent contredire , mais dont
ils ne cerdSent pas la réaüté. C. auíü IS avius.
ACCIüS , poete latin , célebre par les tragédies
qu’il compofa du tems de la république. Son ítyle
fe fentoit de la rudeffe de la langue des prerniers
Romains. Cicerón le caradtérife par répithéte de
duriafculus. Mais Brutus , raiTaiiln de Céfar, efti-
moit teüement les pocEes á’ Accias, quLl les fie
graver fur les miirs des temples , des édifices pu-
bües , Se qu'il lui élefa une liatue coloíTale dans
le temple des mufes.
ACCL aMA'ÍIONS ou appl audissemens , par
lefquels le public témoigne fon approbation. les
anciens écrivains reuniíTent ordinairement les accia-
mations avec les applaudiílemens , parce que le
peuple employoit dans ces occali-'-ns la x'oix Se le
geíle. Arifiénéte (.epifi. i. z6.) dit du Pantomime
Panaréte : Populas iaierea rectas , ac mirabundus
adPídt , veces alternas melodice refpondet , manufqae
rnovet ¡ & Dion, dans la vie d'Auguíle ; Populam
objurgavit , qaod plaafu (í laudlb as Cai"M profe-
cutas effet. I! y avoit cependant une diíférencc
fenfible entre les applaudiiremens & les acclama-
tions , en ce que les dernicres étoient exprimées
paria voix, & les prerniers par le gefte : d’aillcurs
on appiaudíííoicprr :cclaT7iatlo7is,{oiícue.\tso\>^tl^
j de ces Cenes d'approbation fuííént prefens ou
I abfens, & Ies applaudiíTemens de la main ne fe
I faifoient entend-je que dans le premier cas. On eft
certain d’ailleurs , que les femmes méloient leurs
voix a celles des hommes pour applaudirj & Ton
ignore encore íI elles prenoient part aux applau-
diCenisns donn.es avec la main.
I
4® A C C
Les acclamatíor.s fe faifoient: eiitendre dans Ies
mariages. C'étoit un heureiix prefage pour la de!--
tinée ¿es époux. Les Rornains fouhaitérent á Néron
& á fa nouvelle époufe Poppée, toute forte de
profpéritéj omnia. On confultoit les augures
pour accomplir les noces ^ & leur réponfe étoit
ordinairement j fe.liciter , les aufpices font favo-
raBleSj, oujm res reñe vertac , ou dii bene vertant,
que les dieux vous fcient propices. Ceíl; ainíí que
Plaute a dit dans ^ Aulularia , (iIjZj4i):
Qu&res recíe vertaty miki úhique , tuAque
I'iliam tiianz miki uxorempojco .-promitte kocfore.
Et plus bas ( 1 1 , 3 j 4) :
liliam defpondi hodie : ego nuptnm kuic M.egadoro
dubo.
St. Jya bene vertant !
Lorfque les empereurs diftri'ouoient un con-
giaire, le peuple faifoit retentir des acclamations^
§c lui fouhaitoit de longues annécs : ce qui a été
imité par Ovide (fijí. i, 613 ) :
A-ügeut imperinTTi nojírí ducis ¡ cngent anuos,
Parmi Ies foldats, les acclamations étoient fort
uíitées. Premiérement lorfqudls élifoientiin com-
mandantj ils crioient : Dii te fervent imperator.
Probus fut élu par le fuffrage univerfel des foldats ,
qui répétoienr á haute voix : Probe augafie dii te
fervent. Secondenient:, au moment ou les armées
s’ébranloient poür combattre , ils crioient : i^iclo-
ria. Csefar {de Bello gall. v. 36). Tum vero fio
more vicíoriam conclamant j atque uluLatum tollunt.
Troifiémement ^ apres la viftoire ils nommoient
leur chef imperator par acclamation. Quatriéme-
mént , lorfqudis accompagnqient un triomphateur
au capitole, ils cxioltnf.lo triumphe ^ io trmmphe ,
oUj felón Tertullien :
De noftris annis tibí Júpiter augeat annos.
Les acclamations redoubloient quand les princes
faifoient leur entrée dans Rome. Le Code Théo-
doíien, lib. -j , fait mention de celles qui avoient
été empioyées aux entrées des empereurs Aiiguñe
Se Conílandn. Les hiíloriens nous en ont confervé
quelques- unes. Que les dieux vous confervent
pour nous j votre falutj notre falut : Dii te nobis
fervent, veftra [alus, nafra falas. — En VOUS ^
ó Antonio , & par vous , nous avons tous les biens ;
In te omnia , per te omnia habentur , Ántonine,
— Lorfqu\4grippine entra dans Rome , le peuple
cricit qu^elle étoit Phonneur de la patrie , le feul
rejeton d’Augufte , le feul modéle de Pantiquité ;
& il faifoit des voeux pour fes enfans. — La fauíTe
nouvelle de la convalefcence de Ggrmanicus s’étant
repandue á Rome le peuple courut en foule au
capitole avec des flambeaux & des viétimes ^ en
chantant : Salva Roma , falva patria , falvus efi
Germánicas. Rome Sí la patrie font fauvées , Ger-
manicus eft rctabli. — Lampridius raconte qu'á
A C C
l’entrée d’AIexandre-Sévére , le peuple crioit ; Salva.
P.oma , quia falvus Álexander. Rome eft fauvée,
puifqu’Alexandre eft en bonne fapté.
On iouoit avec des acclamations répétées Ies
auteurs qui üfoient leurs ouvrages dans Ies écoles ,
dans des falles de iedure publiques_ ou particu-
liéres. Les écrivains avoient foin dbnviter des audb;
teurs & des acclamateurs pour les entendre lire
ou déclamer leurs compolitions. Largius-Licinius
fut le premier á Rome qui fe compofa par des
invirations un auditoire nombreux. (Vlm. epift. 1 1 ,
^ 9 }• Primas hunc audietidi tnorem induxit
Jargiiis-Jicinius , hacíenus tamen , at auditores cor*
To^ú.rctm íl y 3.voit des ü.ccIcl7tiüxio7is con’v cnu.es
pour applaudir les leéteurs. En voici quelques-
unes : Bene , & pr&clare ; helVe , & feftive ; non
potefi melius. C^eft bien , tres-bien 5 c eft agreable
& délicieux : on ne peut mieux faire. Cicerón
{de orat. 3, 26) nous apprend le cas particulier
qudi faifoit de chacune de ces acclamations. Bene ,
& pr&clare quamvis nobis f&pe dicatur , helle , &
fefive nimium f&pe nolo ; quamquam illa ipfa excla-
matio , non po tejí meltks , ft velim crebra. On les
trouve réunies dans ce vers de Martial {11 ¡xj ,
Efféñe , graviten , cito , nequiter , euge , beate.
Necr-uiter fe difoit par antiphrafe : c^’étoit une £at-
terie recherchíe.
Les Orees, que la fervitude rendir adulateurs &
rampans , compoférent des acclamations encore
plus exagérées 5 relies axí , on ne peut rien
dire qui foit au-deíTus de ce difcours ; & que «ipSí ,
ou fophos, ce que nous venons d’entendre , eft
trés-favant ou trés-fage.
Les acclamations du fénat étoient plus férieufes;
elles avoient pour but d^honorer l'empereur ou de
le flatter. Les fénateurs exprimoient leur confen-
tement á fes volomés par les formules fuivantes :
Omnes , omnes , &quum efl ¡jufium efi. INous fommes
tous de cet avis, du méme avis j ce qui vient d’étre
propofé eft juñe, frés-jufte. L^’ufage fréquent des
acclamations étoit pafle du théátre dans le fenat.
On n’en faifoit point mention dans les adíes pu-
blics avant le régne de Trajan : ce grand prince
fut le premier objet de cette nouvelle adulation.
II y eut des regles preferites pour les acclamations
des fénateurs , comme i! y en avoit pour les fpecla-
teurs des jeux. L’un d’eax pronomjoit une forrnule
^acclamations , & tous Ies fénateurs la repetoient
á Fenvi. Ces formules avoient meme une pronon-
ciation accentuée , qui approcholt du chant, &
eiles étoient renouvelées plufieurs fois cpmme
un refrein. BriíTon & Ferrari en ont recueilli un
grand nombre. Trebellius {in Claudio) nous afllire
que ces acclamations avoient été répétées jufqu s
foixante-dix & méme quatre-vingt fois.
L’amphithéátre retentit des premieres acclama-^
tlons. Ce ne furent d’abord que des cris & des
applandiíTemens confus, expreffion fimple & naíve
de Fadsniration publique xplaufas tune artecarebat.
A C C
áü Ovide. Jlais fous ¡es esnpereurs , & des le régne
d'Augufte , ce mouvement impétueux auquei le
peupie s'abandonnoit comme par enthouíiafjne j
devint un art^ un concert éciidié. Un muCcien
donnoit le ton ^ & le peupie faiíant deux chceurs ,
répétoit alternativement la formule ^ acclamation.
Le demier acieur qui oceupoit la feencj donnoit
le lignal des applaudiíTemens par fes derniéres pa-
roles j válete ¿ ^laudite : foyez heureux & appl'au-
diíTez.,
INéron étoit li paílionné pour la mulique , &
croyoit tellement exceller dans cet art j qu’il
jouoit de la lyre fur le théátre á la vue da tout
le peupie romain. Sénéque & Eurrhus étoient
alors les coryphées ou premiers acciamateurs j de
jeunes chevaliers fe plafoient dans ditíérens en-
droits de ramphithéátre pour répéter les acclama-
tions ; & des foldats gagés á cet effet fe méloient
parmi le peupie , afín que le prince entendít un
coiicert unánime d’appIaudilTemens. Ces aedama-
tioTLs chantées ou plutót accer-tuées , durérent juf-
qu'au régne de Théodoric. Les applaudiíTemens
qui les accompagnoient, avoient auífi leur rhithme
ou cadenee ; de maniere que toas Ies fpedlateurs
devenoient au meme inñant des pantomimes &
des chanteurs accordés tous á TuniíTon. C*eft ainli
que les peint Sénéque j {epiji- ^9) : Cíteram , fi te
videro celebrem fecundis vocibus vulgi , fi , intrante
te , clamor , plaufus & pantomímica ornamenta obf-
trepuerint y ji tota te civitate femin& pueríqite lau-
daverint
L’entrée des princes dans Tamphithéátre étoit
accompagnée de longues & nombreufes acclama-
tions. Des hommes recommandables par leurs fer-
vices ou leurs táleos ^ partagérent quelquefois avec
Ies empereurs cet hommage public. Plutarque ra-
coíite que le peupie romain voulant reconnoitre
les fervices de Sertoriusj le requt dans Tamphi-
théátre avec de nombreux applaudiíTemens & de
grandes acclamations ; honneur j ajoute-t-il ^ qui
a été rarement accordé , meme á des perfonnages
iíluílres ou remarquables par une vieilleíie hono-
rable : les poémes de Virgile firent rendre le meme
hommage á ce chantre immortel.Le peupie rom.ain
les entendant réciter fur la fcéne , fut li touché de
leur beautéj quhlfe leva^ d’un commun accord^
fe tourna du coté de Virgile & le falúa , comme
il faifoit á Tarrivée d’Augufte. ( Qnint. de orat.
On n^’empioya pas toujours les acclamations pour
exprimer la joie ou le refpeél. Elles farent encore
chez les fénateurs un témoignage public de la
haine ou du mépris. L'époque la plus ordinaire oú
on les emplos'a dans le deraier feos , fut Tinftant
oü Ton ordonnoit de brifer les ñames des mauvais
princes. Ceñ ainíi qu'aprés la mort de Domiden;,
le fénat entier fe répandit en inveñives contre ce
tryran , & répéta á Tensó les acclamations Ies plus
inj uneufes ; contumeliojijflmo , atque acerbijflmo accla-
madonum genere laceravit, dit Suétone. Lampride
Antiquités , Tome I,
*A C C 41
¡ en a coiuers'é des formules dans la vie de Cem-
inode, c. 18. Acclamationes poji mortem Commodi
graves faerunt. Ut aatem jeiretur, quod jacíezum
fenatús de Commodo fuerit ^ ipfas cccicniaiicr.es de
3Aano lAaximo zndidi y d* Jeittcnttam Jeiiatú.j'coTt-'
fulti : kojii patris. honores detrahatiíiir : perrteide
honsrres detrahantur : koftis flamas undique , varri-
cid& fiamas laidicaz , gladlatoris fiatuas undioue :
gladiatoris & parricida flatue detrahantur.
» Les acclamations des fénateurs , apres la mort
de Commodcj fiirent les plus fortes qu’on eut en-
tendues. Je les ai extraites de Marius-híaximns ^
as'ec le fenatus confuiré qui Ies fuivit^ afin de faite
connoífre la maniere dont le fénat étoit aífeéié
contre ce prince : cue Ton arrache les marques
d’honneur dont étoit decoré cet ennemi de la
patrie , ce parricide ; que Ton abarte toutes les
ftatues de cet ennemi ^ de ce parricide , de ce sül
gladiateur : que Ton brife les images du gladiateur ^
du parricide.
Les médailles nous ont confervé une partie des
acclamations ulitées pour les princes 8c Ies prin-
ceíTes. II paroitj d'aprés ces monumens, que le
peupie faifoit par acclamation des rcEux fclemneis
pour leur confers'ation ^ & les renouveicit tous
les cinq , les dix j les vingt ans , &c. V. Vota.
Ces formules font trés-fréquentes dans le Bas-
Empire ; mais on en connoit peu d'exemples fur
les médailles du Hauc-Empire. L^abbé de Rothelin
avoit une médaiile d’argent de Commode avec ce
revep : Voris xx. eos. vi.^ dans une couronne
de chéney une de Sévére-Alexandre , avec voris
VicENNALiBUs. Lrinfcríption voris decenna-
11BUS5 renfermee dans une couronne, fe trouve
fur les médailles de Maxirain , de Balbin, de
Püpien, de Trébonien Galle, d’^milien , de
Valérien & de Gallien.
acclamation ordinaire des Grecs étoit A’yíüái
-rl-joí , c^eft-á-dire , bonne fortune.
Les Chrétiens confervérent Tufage des acclama-
tions dans les églifes & dans les conciles. On en
volt des exemples dans les aíTemblées eccléfiaf-
riques , & meme dans le concile de Trente.
Quant aux premiéres , la vie & les ceuvres de
S. Auguñin nous en fourniíTent un grand nombre,
que Ton répétoit aprés Ies infiructions des évéques
ou au com.mencement de la liturgia. L’ufage des
liranies & des répétitions du Kyrie , eíi: un reíle
frappant de ce goút des anciens pour les acclama-
tions rcdoublées.
Acclam.ation. Cette maniere d’exprimer fon
confentement étoit en ufage á Athénes pour Télec-
tion de quelques magiftrats. On les nommoit par
acclamation y mais on ne manifeñoit fon choix
qu^en élevant les mains, fans proTérer de paroles.
Les fénateurs romains acceptoient une propo-
fition par acclamation , lorfqu^ils fe rangeoient roiis
du coré du propofanr.
U acclamation des nations barbares fe reíTentoit
de leur ruáeíTej lis Texprimoient par un bruit
41 A c e
confe it lenrs ornes, & en ftappJM ayec leDis
épées fur les boacIiers_. ir n
' ACCO , ero itune vieille femme, donr Loelms-
Rhodiginus ló, c. 2) a parlé ^ & quü dir
avoit eté célebre chez les Grccs , fans que nous
DuiíEons ríen découvrir fur fon pays , & fur sC
tems oú eüe vivoir. 11 raconte que certe
voyant dans le miroir laids & décrépite , deyint
JoÚe de douleur. Hn avoit fait á cette occafion e
mor accifare , devenir fou , infenfé. ^Lucien^ íi
OIv- mpiodore parlen: d’elle au fuiet de rexpreíiiop
^ je aiñlmuie : car cette femme ayoit
rhabitiide de refafer Ies chofes qu elle deíírost iC
plus ardemntent. Au rede, ces^tradirions font n
vvsueSj Qu’on se fauroit peut-etre y reconnoitic,
x-en d^ arreté ^ íinon un abiis de t ecymoiogie.
' A-CCOLEIA, fatnilie lomaine , dont on a des
médaiiíes.
P,RR. en argent.
O. en bronze.
O. en or.
Le furnom de cette famiile eft Lariscolus. ^
ACCORDS. Quoique Ton ait beaucoup écrit
fur la Maíique des ancienS;, on n’a^pojnt enccn-e
fircet art des notions claires & ptéciíes, & les
treviiix deMM. Burette & RoiuTier n ont pas levé
enriércment le voile qui obfcurcit cette queííton
épineufe : nous en parlerons avec detall a 1 arncle
Müsioüe, & nous dirons feuleaient ici^ que le
plus grand nombre des ecrivains modeines s ac-
• cordelit á refufer aux anciens la connoiííance deS
accords ou de rhartnorde. Nous voyons cependaní
cae cette. afíertion eft au moins trep^ génerale ,
fi eüe n’eft pas abfoiiiment contraire á la vérité.
Car j fans parler des reclierches de ní. Dutens íur
cet objet , que Fon trouve á la page 246 du fecona
tome de la nouvelle édition de Y Origine des décou-
vertes attribuées anx modernes ^ Paris 177^ ’
cedes que renferment des remarques fur Apiilée,
{ii la page 33O0 IJAJo 2. w/-o tradncl. franfo-^e) ^
nous nous contenterons de citer ici deux paiiages
de Piotin p qui nous ont é:é indiques par notre
favant confrére M. de A illoifon.
Ces deux paííages iF ont été employés par aucun
des auteurs qui ont écrit fur Tharmonie , quoiqu i!s
paroiiTent décilífs. Les voici traduits en latín par
Ficin ; (^Piotin, Pa(le, I\8o_j enneade uiy liv- 6^,
304). _ cr /•
=0 PJumquid igitiir p áicamus virw-tem ejje conjo-
nantiatu quamdam „ vitium vero diponantinm ¿ opi-
nionem antiquds confonam in médium adducemiis ?
Ac pr&terea. ad id gaod qusrrimus ad modum coniu-
cemus. Si eiúm virtus ep hoc ipjutn^ fcilicet partes
arLims, eife peunduTn naturam ínter Pe concordes ^
vitium vero ejfe difeordes : nihil utique adventiti'um „
nikil aiiitnde uohzs adveniet j qed pars qu&líoet qualis
in fe efi , concentam ingredietur : ñeque ingredietur
zti ciponantiam pe fe hahens y quemcidmccLUm tripu-
diatores paitantes , & invicem concinentts : & p non
ildem pnt , cr folus quis canens c&tens non oanen-
A C C
tibus , & quofibet fecundum fe cantante. Non enim
oportet concinere foliim , verum etiam qutmlibtt
quantum ad fe pertinet, mupea propria rite cantare y
adeo ut & illic in anima confonantia fit , quando pars
qudibet quodftbi ep confentaneum veragit. Oportet
fine ante confonanúam ippm aliam uraus cujufqüe
partís virtutem effe , vel aliam pravitatem ame mu-
tuum dijfonuntidTTi
(Piotin, enneade iv, IiV.4;. pag- 435;) :
K Sol autem vel alia quavis pella hoc ipjum ne-
quáquam ardmaávenit. Confpit vero voti potePas
in. confenpone quadam partís adpartem comp-atiendi:
quemadmodum in ñervo quodam tentó contingit:, ubi
ciim Ínfima pars movetur , mox movttur & fumma.
Supe etiam alio quodam ñervo pulfato tremit & alter ,
auap perfentiat ex concordia, laque poüípmum y
quonia.m eadem prorfus contemperad fimt confonan-
tia. Qubd p ah alia quoque lyra motus transferíur in
aliam, id etiam ex^compatiente quadam confenpone
propcifei putandum. Iptur Sí in univerfo una ep har-
monía, quamvls pt ex contrariis ; nam^ eji. etiam ex
(imilihus omnibufque cognatzs , etiam kis que. contra-
ria funt. »
=0 En difant que la vertu eft une ceftaine esnfe-
naHce, &: le vice une diífonance, foutenons-nous
une Opinión conforme a celles des anciens j avcin-
cons-nous dans la recherche des oD|ets qui nouS
ocrupent? Si en effet la vertu coníifte dans lAc-
cord des pames de notre amcj & k vice dans leur
di ico-dance , ces deux états diíférens de Fame ne
!ui ajouteront ríen d extrinfeque a fon effence.
Mais'chacr.ae de fes patries entrera en accord fans
former de ¿iíibnance- C’eft ainfi que nous voyens
des danfeurs fe mettre enfemble en mouvement ,
en chancant les uns avec Ies autres ; quoique ces
chants ne foient pas femblables , & que fouvent
un feul fe faCTe entendre , ou que pluiieurs chanten^
en meme-tems, chacun cependant n étant oceupe
que de fon chant particulier : car il ne fuffit pas
aux snuíiciens de chanter feuiement, mais il faut
encore quAls chantetit chacun felca la loi & le
rhithme de la partía qui luí eft aíTignée. De méme
Fame eft dans une confonance parfaite, lorfque
chacune de fes portions exécute les mouvemens
qui lili font propses , quoique differens Ies uns ats
autres. íl eft done évident que ces portions avoient
chacune, ou une aptitude reconnue -ayant qu elles
eiitraífent dans Yaccord , ou des defauts ante-
rieurs á ia diíícnance qu elles doivent occafion-
ner.
» íl n eft pas néceíTaire de fuppofer dans le fo-
leí! ou dans ‘les étoiles une intelligence qui puiííe
étre affectée par les antipathies ou les fympat.nies^
Ces derniéres ne coníiftent que dans Y accord d'nne
patrie avec une autre partie fiifceptíble de la mems
afection : c'eft ainli que dans une corde tendue y
lorfqu’on fait fonner la partie inférieure, on enreni
frémit la partie haute. Scuvent nveme une corda
tendue étant mife en vibration , onen voit une autra-
s’ébianler, comme elle étoit averue par laceara.
A C C
eni régne entr’eücs Jcüí. C;r cst eñec íurprenant
ei: produir princÍDale\ne::t loriqu sl'cs Com ians an
rapDort d= conibnaiice. Si ie mouvemsnr ¿onné
Euv cordes d'áne Ivre j le comrr.unique á une cutre
l)'re , on rden peut égjIeTiar.t attnbuer la caufe
cju’l la confonar.ce leuie. íl régne done dans 1 uni-
vers une véricab'e liarmoniej qui eft cómpoiee
méme des efrets contraires : car ceux-ci ont une
origine commune &c une reiiemblance palpable ^
malgré la diverfeé de ieurs naturas. »
Ces deux paíFages r¡“annoncent-iis pas dans
Pioíin 3 qui vivok au troifiéme fiécle, une con-
noiífance trés-didincte des accords , des dülonarxes
& du rapport des porrions de !a corde vibrante ?
On iaiíTe aux lecteurs ie plaiíir d"en tirer les con-
féqaences naturelies : eiles auqmenteront encore
ie refpect raifonné que doit aux anciens tout
homme inírruit & impartial.
AC COLCHEME NT. Les grecques & les
romaines ont íignalé á Tenvi !eur fuperítition dans
cet inñant ^ ou ellcs donnoient des citoyens á la
patrie.
Les Grecsappeloient eímiSush ou 'ElÁiíhiix , quel-
quefois méme Zaí-jü (antholo^. i.zi. c. 23 , ep. 9) ,
la divinité qui pteiidoit • aux accoachemens . C^eíl
la méme que les Latiiis invoquoient fous le nom
¿e Lucine. Fl cc mct.
Les grecques lui adreíToient Ieurs vceux, aSn
qu’elle adoucit Ieurs fourírances ; & eiles regar-
áoient comme une marque particuliére de !a bien-
veiilance des dieuXj un azcouckement qui n’étoit
accompagne d’aucune douleur. Théocrite ^ dans
ridylle 17=, qui contient Léloge de Ptolémée ^
dit que Bérérdcej, fa mere j étant fur le point de
metete au monde ce prince , invoqiia Ilithie , &
que cette divinité bienfaifante éloigna d'eile toutes
les douleurs.
Les anciens croyoient méme que cette faveur
n’étoit accordée qtfaux femmes dont la conduite
avoit toujoars été lans reproche. C’eft par ce morir
que dans rAmphitrj^on de Plaute ( acie 7 , [cene ij ^
on combar la jalouíie du mari d'Alcméne :
— Iníered uxorem mam
. ISi eque gememem, neqiiepíorantem nofirum quifquam
audivimus.
Ita prefecto fine dolare peperit.
Mettre au monde deux gémeaux, annon^oit encore
la bienveiílance des dieux : nous Papprenons de la
méme fcéne de Plaute , oú Fon empioie cette con-
ildération pour détruire les foupcoas qu'il a confus
fur Aicméne :
BR. At ego fíiciam. , tu. ídem ut aliter pr&dices ,
Amphitryo , pzam & pudicam eífe mam uxorem ut
fictas y
earefigna atqueargumentapaucisverhís eloquart
Omnium primum, Alcumerui geminas peperit [dios.
A M. Aiin tu gemiros ? Di me feryent BR . Sir¡.e me
di c ere ,
Ut fitas tibí tu/tque uxori icos ejfe omnes propitios.
A C
r-
Al
L invocatíon des d tux Aé:oit ;>as í unio -c f>ii-
lagement que Ies Crees croyoient appc , .er aux
iem¡ries en travail 3 ils nterroienr dans Ieurs mains,
pour atteindre le méme bur, des palmes , c^eft-á-
tiire , des branenes de palmier : ces rameaux annon-
edent orJinairement la ioie & la victoire , &
fuifoient connoítre que Fon éreit paíTé du fein de
la tníieíTe au comble du bonheur. 'On rroiivoit cer
embléme dans la narare du palmier , qui p-lie íans
le rompre^ 6c paroit fe relever arec d^aurant plus
de forcé q'Lil a été plus violeminent comptiiné.
Latone cranr fur le point d’accoucher d’Apollon,
prit des palmes dans fes deux mains , pour appaifer
íes douleurs violentes qu’elle teíTentoit. C’eíí pour*
quoi Théognis dit á ce dieu ( Gnam. verf. 3.) :
La déeíTs Latone étant pres de vous donner le
joutj fe faifit de branches de palmier. L’hyrane
á Apoüon , attribüé á Homére ^ dit que fa mere
ac concha dé ce dieu fur les bords ¿u fleave ínopus ^
auprés d’un palmier.
Les romaines qui étoient pres de donner ua
citoyen á la répiibiíqiie ^ ne fe contentoient pas
d'invoquer Junon fous ie nom de Luci.ne ou d’íli-
thye 5 elies appeloieat á letir aide d’autres divi-
nités , relies que Mena , Vertunda , Latone 3c
Egérie , qui préíiáoient aux accouckeniens , dit
nixii. Mais eiles aroient une conSance plus grande
encore dans les déeffes ¥rofia ou Prorfa & Peft-
verta , qui veilloient á la maniere dont Fenfant fe
préfentoit au fortir de Yuterus.
ACCOLCHEUSES. On croit que les Egyptiens
étudiérent les premiers Fart des accouchemens í
mais Fon ignore auque! des deux fexes la pradque
de cet art fut confiée chez eux.
Les anciens Crees n’employerent long-tems que
des accoucheurs ^ parce qu’il leur étoit défendn
par une loi de faite apprendre á des efclaveSj ou
á des femmes , la théorie & la pratique de la Mé-
' decine 5 car on fait que cette fcience comprenoit
alors avec la Médecinc la Chirurgie Se la Phar-
macia. De forte que plufieurs femmes périrent en
couches j la pudeur Ies ayant émpéchées d’em-
pioyer le miniílére d’un autre fexe.
Frappée de ce malheur j Agnodice fe déguifa
en homme j & étudia la Médecine fous le pro-
feíTeur Hérophile. A peine yeut-elle faitquelques
progrés , qu’elle découvrit fon fexe aux athé-
niennes fes compatriotes ^ qui íurérent unanime-
ment de ne point preadre d’autre accoucheur. Les
médecins j taches de refter dans Finaction ^ 8c de
voir Agnodice oceupée feule aux accouchemens ,
Faccuférent devantl’Aréopage d’abafer des íemmes
auprés defquelles ceprétendu médecin étoit appelé.
Agnodice reDouffa facilement cette accufationj en
apprenant aux juges au’elle étoit íemme. Mais les
médecins lui firent un crime d’avoir contrevenu á
la ioi qui défendoit á fon fexe d ctuater la Méds-
cine. Les aréopagiítes alloient la condamner fur
ce noüveau déíit^ loríque les femmes d’Athénes
les plus áiLinsuées accourarent pour défc.ndre
44 A C C
Agnodice^ Se reprochérent aux juges de voiiloir
condamner celle á qai plufieurs d’entr’cijx de-
voient ia vie. íls fe rendirent á leurs repréfenta-
tions i & portérent une loi qui permettoit d’étudier
]a Médecine aux femmes de conditioa libre.
Chez les Romains , les accoucheufes étoient
compíées au nombre des médecins 5 elles s’aflu-
roient d'abord de la groíTeíTe ^ & prenoient d'autres
fernmes avec elles pour en porter un jugement
certain : on les appeioit enfuite j des que les femmes
reílentoient les premieres douleurs ^ & elles fe
conduifoient aupres d’elles de la méme maniere
que nos fages-femmes. Des hommes s'acquitterent
quelquefois de leurs fonílionsj, & nous l’appre-
nons de la loi qui les condamnoit á des punitions
févéres ^ lorfqifils fuppofoient un enfant aux
femmes ftériles ou bleflées. Les accoucheufes pre-
noient foin de la mere & de Tenfant jufaa’au cin-
quitme jourj oú elles remettoient le dernier ala
nourrice j & recevoient leur falaire.
II Y eri avoit un grand nombre dans Rome , &
méme dans chaqué quartier ^ comme en le voit fur
Kn marbre que Reineíius {epifi. i ad Rupertum)
a fait connoírre : Bzrecuno^. Ja-
TROMjS.. ReGIONIS. SUJE. PEIaíJE. Q. V. ANN.
xxxiv. M. IX. D. xriii. Valeria y eft appelée
JatromAa , parce qu’elle exerqoit la Médecine chez
les femmes , 8c en particulier Tart des accouche-
mens. Teiles furent Agnodice chez Ies Athérdens;
& chez les Romains Viéloria Sabina, a qui Théo-
dore Prifcien dédia fon iivre des Gynécées. F'oye:^
JuNON, Lucine, Ilithye.
ACCUBÍTA. Les commentateurs fontpartagés
fur le meuble auquel les Romains dsnnoient ce
nom. Les uns veuíent que ce foit un oreilier , que
Ton plaqoit fous la tete ou fous le cou des anciens
lorfqu iis mangeoient fur deslits. D'autrespenfent,
avec plus de raifon , que les accubita étoient ces
lits eux-mémes & Tefocce de couíTin ou de matelat
Éxe qui recouvroit le bois ou f ivoire dont üs étoient
fabriques. Elagalfaie ne fe fervoit d’auc'jne autre
efpéce de lits de table, au rapport da Lampride,
de lits remboarrés avec du poii de liévre , ou
plumes de perdrix : Idee cubuit in accubitis fu-
cile , nifi izs , quA pilum leporinum haberent , aut
plumas perdición. — Jsumerus accubitorum crefcebat ,
dít le méme hiílorien dans la vie dLAlex.-Séyére.
Mais Spartien nous a confervé le foiivenir d’une
recherche plus exquife dans la vie d°7Elius-Verus.
Ce prince faifoit rempHr les lits de table de rofes
& de lys : Quod & accubitatlones de rofis , & HHis
fecerh. V. LlX DE TABLE.
ACCUBITALIA. Cétoit le nom des tapis qui
recouvroieat Ies accubita ou lits de table. Trebellius
Pqllion, dans la vie de Claade, parle de ces tapis
faits dans i'ifie de Chypre ; accubitorum Cypriorum
pariadu-o. Cafaabon íes a prls pour des nappesque
ron etendoft fur les rabies; parce oue Vopifeus,
en parlsnt d A.uréiien , fait auSi meníion de nappes
A C É
tiíTues dans la méme iíie , mantelia Cypria. Mais
cette preuve eíl trop foible; puifque les anciens
tiroient également de Chypre des tapis de pieás,
& des portieres brodées en plufieurs couleurs,
appelées par Ariíliophane , cortina Cypria varié-
gata. Ces tapis étoient de pourpre, & ornes de
plaques ou clous d'or. Ceux des Babyloniens
étoient plus en ufage pour couvrir Ies lits de table,
que Ies tapis faits par les Cvpriotes.
' ACCÜBÍTATIONES. V. Accubita.
áCCUBITOR , en grec Ua^ctiíaifeifeiscs , étoit
un oííicier dii palais des empereurs grecs. íl étoit
le chef des chambelians du prince , ou de ceux
qui couchoient aupres de iui pour la fúreté de fa
perfonne.
ACE , en Paleíline. Akh.
Les médailles autenomes de cette ville fonr :
O. en or.
RRRR. en bronze.
O. en argent.
ACENE , mefure linéaire & itinéraire de FAfie
& de FEgypte. V. Decapod-e.
Acene, mefure linéaire de la Sicile, de FAt-
tique, du Féloponéfe, & de la grande Crece.
y. Decapode.
Acene , mefure linéaire de la Phocide , de
Fllljuie, de la i heíTalie, de ¡a Macédoine, de la
Thrace, des Fhocéens en A.fie, &de Marfeille en
Gaule., /C Decapode.
ACEPHALES, ou hommes fans tete. La fable
dit qu il y aveit au nord du pays des H}.'perbo-
réens , (c’eic-á-dire , vers la Rudie & la grande
Tartaria d’aujourd'hui ) un peuple SAcéphales,
{a privatif, & y.apxxú , tete). Pline les appelle
BUmmyes ; les géographes qui parlérent de ce
peuple , prirer.t dans ie fens propre & matériél,
ce que Ies hilíoriens en avoient dit dans le fens
figuré : c^eft-a-dire , qiFil jF avoit point de rete ou
de chef ; mais qufil vivoit fans ioix 8c fans gou-
vernemeat.
ACERRA , en Itaüe. ácep.v.
Les médiiiles autonomes de cette ville fopt :
RRPiR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
A.GERRA. Les Romains donnoient ce nom á
une efpéce d'aute! portatif , que Fon plaqoit an-
ciennement aupres cíes lits des morts, pwur brúler
des parfums en leur honneur. Une loi des Doiize-,
Tablas enintérdit Fufage. Les interpretes de cette
loi penfent qu'elle regarde plus direclement encore
l'acerra^ OU petit autcl que Fon bádíToit a coré des
tombeaux , pour y brúler des parfums ou y offrir
des rofes 8c d’autres fieurs. Elle tomba en^défué-
tilde , ainfi qudl arrive á toutes Ies ioix fomp-
tuaires. Cat rien n^eíl auííl commun que de voir
fur Ies epitaphes des Romains, une priére adreíf.-e
aux^parens , pour Ies engager á revenir chsoiie
année au tomSeau, 8c y apporter des rofes 8c des
parfums.
ACE
Achura eíl le nom que les Romains donnoient
au cofiret dans leqaél on mettok Tencens deítiné
aux facriSces. Les prerr.iers Romains prenoient
avec deax doigts íes globales d'encens qadls
jetoient fur le fea. Cn en voit une multicude
d exemples lur les médaiiles , ¡es bas-reliefs & les
pierres gravees. Mais cet ufage parar trop fimple
aax ckoyens de Rome^ lorfqu'eile eut eré cor-
rompue par le luxe Se: la fuperítkion. On jecoir
alors des acerra pieines d’encens fur les autels.
Arnobe le reproche aux idolatres, {Lih. i) : Acerras
omnes tkuris picáis conjiciatzs altaribas. Ce ne tur
Í)oint encore aíTez; : les prodigues renverferent fur
e fea facré des baíTms remplisde parfums. Ovide,
( de Ponto , lió. 4 , eleg. 8 ) :
Mee qu-á, de parva panper dis libar acerra
Thiira, minas grandi qaam data lance valen.t,
Et eleg. 9 :
Tharaqiis mente magis plena, quam lance dedijfem ,
Ter quater imperii latas honore tai.
U acerra étoit ordinairemeiit carree , & c’efl
fous cette forme qu’elle paroít fur Ies monuntens.
Dans le cabinet de Sainte-Genevieve , un homme
confulaire , qui eíl dans rattitude d’offrir un facri-
nce aux dieux , tient une acerra de cette efpéce.
Le comte de Caylus en a piiblié une {Pee. i. 234.)
qui étoit triangulaire, & ornee de deíSns Se de
fculptures , ainíi que fon couvercle.
ACERSOCOMES, nom dCApolIon, qui veut
dire á longue chevelure , parce qkon le repré-
fente ordinairement avec la chevelure d'un jeune
homme.
ACESINE, riviére qui fe décharge dans le
fleuve Indus. Cn aiTare quhl y croiifoit des ro-
feaux d'une grofleur li extraordinaire , que leurs
entre- nceuds pouvoient fervir de canot á ceiix
qui la voaloient paíTer. Arrien parle fouvent de
cette riviére. ( C. A. ). Qaelque volume que les
naturaliRes donnent au bambou ou jone des ínáes ,
i! nkpproche pas de la groíTeur des jones de
YAcéfine. On peut reconnoítre ici la paííion que
les Crees avoient pour Thyperbole & pour le
merveilieux.
ACESIOS, furnora de Télefphore, dieu déla
iríédecine : ce mot íignifie qui rend la fanté , qui
la foutient , qui guérit les maladiss. C'eíc fous
ce nom que les Epidauriens honoroient ce dieu.
V. Télesphore.
ACE: O , filie cT Efculape , a qui la fable attribue
une profonde connoiíTance de la Médecine. Le
Cíete prétend que fous Tallegorie aAcefo , les
anciens ont voulu défigner un air épuré par les
rayons du foleil, St rendu,par fes heureufes in-
fiuer.ces , falubre & propre á'réparer les fcrces de
ceux qui le refpirent.
AGESTE , roi de Sicile , étoit fils du fieuve
Crinifus & d'Egefte, filie dE-íipootas. Acefie , qui
étoit originaire de Trcye par í¿ ntérej vola au
ACE
45
. fecours de cette ville, lorfqu’eile fut aíSégée par
Ies Crees; mais voyant le pays ruiné par la guerre,
il retourna en Siciie , 80 y bátit quelques villas ;
ü régnoit en Sicile lorfqu'Enée y paiTa. P'oyc^
¿.GESTE.
ACESTIDES. Les anciens donnoient ce nom
aux cheminées des fourneaux á fondre le cuivre.
Elies aüoier.t en fe rétrécLfant du has au fommet,
aiin que les vapeurs du metal en fiiíion s’y atta-
chalfent , 8c que la cadmie s’y formát en plus
grande qaantité. lis fe fervoient , pour faire du
laiton ou cuivre jaune, de cette cadmie & de
pierre calaminaire, ignorant l’cxiílence du zinc,
ce demi-métal dont elies ne font que des chaux.
{Diofeoride , liv. 3).
ACETABULARÍI. C’étoient des joueurs de
gobelets , que Ies Grecs appeioient
Leurs noms venoienrehez les Romains, des acetci-
bala , vafes ou cornets fous lefqaels ils cachoient
des jetons oa des petites pierres. Sextus Empíricas
en parle {adv. Iríatkemat. 11, pag. -jí.'y : Sicat
acetaoalarii jpeciantium oculos agilítate manuum
fufñrantar , ac illadunt.
ACETABULE, acetahulam , mefure des Ro-
mains, qui feryoit pour les liquides & pour les
foiides.
Acetabule , mefure de capacité pour Ies
liqueurs des anciens Romains , qui contenoit
de pinte de France.
Elle contenoit , en mefures du méme peuple ,
un cyathe & demi ou lix ligules.
Acetabule, mefure de capacité pour Ies
grains , &c. des anciens Romains , qui contenoit
I — ato- de pinte de France.
1 Elle contenoit, en mefures du méme peunle,
j un cyathe & demi ou íix ligules.
I AC ETABULUM , étoit un petit vafe dans lequel
l on metteit da vinaigre, üu fel cu du poivre. On
j donna fon nom á la mefure qui le rempIiíToit
I ordinairement.
I AcetabulüIvI , cornet ou vafe dont fe fer-
j voient les joueurs de gobelets. Sé.ucque en fair
I mention , ainíi que des jetons ou petites pierres
I qu’iis cachoient fous ces vafes. '^Epifl. 45-) -. "prajii-
j giatoram aceíahiHa , calcali , in qaibus faiiacia
ipfa ¿eleciat.
ACETARIA. Les anciens faifoient confite dans
le vinaigre des herbes , des fraits & des racines ,
qu'iis mangeoient pour exciter rappttit. II ies
appeioient acetaría , & Piine en parle , (/. iO, 2; :
Stomacharn in acetarils fíimpta corroborar.
' A.CETES étoit un des compagnons de Bacchus ,
I fils d’un péchear méonieii j il devint pilote. Etant
i un jour en mer, il fit relácher fon vaiReau á rifle
I de ÍMaxe. Etant prét de remettre á la voile , u.t de
.= fes matelots luí préíenra un enfant d'une beauté
I charmante, qu’ií avoit trouvé endormi dans un
I lien défeK. Acetes Tayant examine, dit á fes cama-
I radas cue c’érait certainement un dieu, & le pría
i de pardonner á cenií qui aveient cíe lui ó:cr la
46 A C H
liberté. Les matelots regard-ireiit Tidée de !eur
chef comme une réverie. Se comptant tirer une
rincón coníláérable . ds portérenr l'enfant prefque
e^’domii íur leur vaiílean* Le oruíL que canfii
réñílance d’Acéíh ie réveiíla , & furpris de fe voir
fur iin vailíeau j il demanda qu'on le ramenát á
Naxe. Les matelots , aprés le iui avoir promis
prirent, malgré Ackes 3 la route oppofée ; Fenfant
s’en apperctít, & fe plaignit inadiement de la per-
fidie de fes condudtears. Mais le vailíeau s'arréta
tout d'un coiip en pléine raer 3 comme s'il edt eté
fur la terre. Les matelots redoubicrent d'efforc
pour le faite avancer ; mais des feuilles de lierre
couvrirent á Finftantles rames3 Se s'ctendant auífi
furles voilesj les empéchérent de s’enfier. Bacchus 3
qui étoit caché fous la figure de cet erifant 3 fe
ét connoítre tout d'un coup ; il parut couronné
de raifinsj Se tenant fon tyríé ; ii étoit environné
de tigres 3 de lions & de panthéres. Tous Ies gens
de Féquipage furent changés en poiflons 3 á Fex-
ception k Acetes , qui mena le valleau á Naxe 3 ou
ilcélébra les mvíléres du dieu.
Telle eñ Fhiftoire qii Acetes raconta á Penthée3
lorfque ce prince fe préparoit á marchar contre
Bacchus 3 pour ie faite prifonnier. Penthée3 loin
d'étre ronché de ces merveilleSj ordonna qu'on
fit périr Acetes dans Ies tourmens. Tandis qu'on
préparoit Ies inítrumens du fupplicej les portes de
la prifon qui le renfermoit3 s'ouvrirent d'elies-
mémes , & les chames dont ii étoit chargé tom-
bérent , fans que perfonne les eút brifées. Ce
nouveau prodige ne fit qu'augmenter la fureur de
Penthée. ÍN Penthée.
ACHAICÜS3 furnom ce la famüle Mummia.
JIfut donné pour la premiére fois á L. Mummiiis ,
qui foumir FAchaie á la domination des Romains.
ACHAIE. Le fymbole qui fait reconnoitre
cette province fur les médaiíles 3 eft un vale de
fieurs.
ACH ANA 3 mefure de bled uíl'cée en Perfe 3
qui vaioit quarante-cinq médimnes attiques.
Ach ANA 3 mefure de capacité grecque. MÉ-
BIMNE.
ACHAT. Ce ne fut qu un limpie échange chez
les fauvages j & inéme chez Ies peuples qui com-
menqoient á fe civilifer. Les Grecs3 pendant la
guerre deTro7e3 faifoient encore des échanges
(Ilzüd. H. 472.); & pour avoir du vm3 ils don-
nérent Ies uns du cuivre 3 les autres du fer , quel-
ques-uns des cuirsj d'autres des vachesj ou des
efclaves.
La vente des terres fe faifoit a Rome chez Ies
changeurs , argentarii , qui en tenoient regiítre
pour fervir de titre aux acquéreurs.
ACHATE 3 troyen & conndent d'Enée.
ACHATES, riviére de Siciie, qui coule dans
la valiée de iNoto. Les anciens ont cru que cette
riviére produiíbit des pierres précieufes. Pline fait
mention de celle que Fon y írouva , & dont on íit
prcfent á Pyrrhus, roi des Epirotes. On y voyoit.
C 11
dir-ü, deílinées naturellenient Ies neuf mures arec
Apollan 3 tenant i?, lyre á la fnain- Les rrdnéralo-
giíías de notre liécle auroient une grande répu-
gnance a croire ce prodige éronnan: de la nature3
ou plütót de Fimaginaticn des^fpecíateu.s^
ACHE 3 apiícml Cette efpéce de perfil étoit
célebre chez’les Crees & chez les Romains. On
couronnoit AAcr.e y&rtt les vaincueurs des jeux
néméens : lionos ipfii. dit Pline 3 in acitua , coro-
nare viSores facri certamir.is nem/í&. Comme cette
plante étoit confacrée aux céreínonies des rune-
raiiles3 Sr que tout dans les jeux néméens étoit
relatif á la mort d'Archemoriis , il parut naturel
de couronner les vamqueurs avec \ache verte.
Cet ufage ne fut cependant pas faivi coiiílamraent ;
& Folivier y avoit fourni les premieres couronnes :
d'oü Fon peut conchare que la véritable caufe de
ce chdix eít encore inconnue. On ea trouve aeux
autres auífi vagues 3 dont il faut cependant faire
mentioii. L’une eft prife des Nérnées 3 juraens
confacrées á Junon , qui donaerent leur nom a
cette ferétj oú eiles fe nourrirent di ache, qui y
croiífoit en abondance. Selon d'autres , Danaüs ,
maitre de cette contrée , propofa des courfes aux
amans de fes filies 3 & les prornic aux vainqueurs.
Le terme de la courfe fut une borne recouvertc
Sache. Le vainqueur Fayant arteinre, fe couronna
Sache , comme d'une preuve evidente de fa vic-
toire. Déla vint Fufage de donner une femblabls
couronné aux vainqueurs des jeux néméens.
Ceux des jeux ilthíniques éto-ient auífi couronnes
avec de Yacks ; mais on la choiliiToit deíléchée ,
pour la diilinguer du prix des leux néméens. On
trouve fur les médaiíles de Néron cette couronné
Sache , qui renferme le mot Isthaíi A. Le pin
partagea quelquefois cet honneur avec Y acke ¡ il
paroit cependant que cette derniére en de.mesra
ie plus íong-tems en pofleílion : car c’eíl a Y ache
que Timoléon íit alluíion étant fur le .^point de
combatiré. Ayant rencontré des chevaáx chargés
Sache , que Fon emportoit pour le fourrage, il
fit remarquer á fes foidats le bon augure que luí
offroit la plante confacrée á ceindre le front des
vainqueurs.
Les foidats de Timoléon ne regardérent pas
toujours Y ache d' auífi bon ceil ; car, marchant au
combar corítre les Carthaginoisj ils trouvérent des
mulets qui portoient des charges óYacke, & pnrent
cette rencontre pour un mauvais augure ; parce
ue Fon metcoit fur les morts & fur les tombeaiíx
couronnes ce cette plante.
Suidas parle de ces couronnes fúnebres, 8c dit
que Y ache étoit deíiinée au üeuil & aux larm.es ;
d'QU venoít Fexpreífion populaire , ii n" a vías
befoin que a ache , en parlanc d’un malade défef-
péré. C'étoit la fcule plante que Fon admettoit
dans les repas des funéraüles ; parce que , felón
une vieil'e erreuteue Pline a rapportée (/- 10, c.i),
Y ache rendoít ítériies les perfonnes des deux iexes
qui en rnangsokr.t. Ariiobe (/. y , a. 169) , raconte
A C H
qü’un jevns hotnfne ayant été mañaeré par fes
íréreSj á la faveur du tumulte des Coirbantiques,
on vit naitre de racAe fur f esdroit: oui avoit été
teint de fon fangj ce qui lit exclure á jamais cette
plante ¿es repas^ de crainte qu’on ne contraílat
quelque fouiilure ea communiquarit avec Its
Bianes d'un inrcrtuné.
HoracCj cependant , a chanté l’acÁt comme
rornemer.t des rapas. ( 0¿. r , ^6.) :
í\eu dejint epulis roja,
Nea vivax apium.
Etailleurs: Qjiis udo
jDsproperare apio coronas
Curatve myrto ? ( Od. IT j 7. )
Ce poete n’a fúrement point ici peché cor^ire
le coílume ; car Anacréon , fon modéle , a parlé
des couronnes ¿i oche confacrées á la jcie & aux
feíiins. Peuc-étre íaur-ü diilinguer deux efpéces
a acné dont Pune , á fieurs blanches , convenort aux
feftins j & fe meloit agréablement avec Ies rofesj
& Qont i’aiitre infpiroic la triíleíTe & la mélan-
colie , par la couieur fombre de fes fieurs jau-
nátres.
ACHEEiSNEj furncm qifon donna á Cérés,
á caufe de la douleur qu’elle reíTentit de fenléve-
ment de Proferpine fa filie. Cér'cs Achéenne, c’eft-
á-dtrej Céres la jyéfoiéc, Síyps, douleur.
On coanoít deux temples confacrés á des déeiTes
fous cette dénomination. Plutarque (de Ifide &
Ojiride) dit que Ies Boéotiens en aVoient un dcdié
a Cerés ; & Ariítote ( lit:. de híirahil. ) parle d^un
aatre des Dauniens, anclen peuple dd talle ^ oú
1 on honoroit Pallas Achéemie. Cette demíére ¿Ivl-
nite n avoit pas recu le nona cl Achéenne par la
méme raifon qui Tavoit fait donner á Céres. Le
temple des Daunlens avclt fans doute été batí par
Dioméde Se les Achéens ; car Ariñote ajoute que
Ton y confervoit les armes de ce héros & de fes
compagnens. lis y apportérent auíii la ftatue de la
deefej qui recut le Achéenne , dupays dont
ils éteient origmaires.
ACHÉEA'S. Ax.
Les médaliies autonomes de ce peuple font ;
C. en argent.
O. en or,
R. en bronze.
Le type ordinaire deleurs médailíes autonomes
eít AX j en monogramme.
Ils ont fait frapper des médailíes imperiales ,
avec lesíégendes AXAioic, AZAinií^ enfhonneur
d’Annnous & de Veras.
ACHEaOE j c'eít le nom d’une des harpies, á
qui on donne pour foeurs Alope & Ocvpéte.
V. Hau^pies. ■ ' ^
ACHtLOLSj fils de TGcéan & de Thétis ,
étoit ie Gieu d un fieu>'e de ce nom , qui coaloir
entre 1 i_tcLie i --rcarname. J1 combattít contre
Hercule pour la poíTeíTion de Déjanire, qui ’ui
avoit été premife en ¡nariage j & voyant que fon
A C H
^7
rival étoit le plus fbrt ^ il eut recours a la rufe .
ii fe transforma en ferpent;, croyant épouvanter
ion ennemi par d’hofribles lifflemens 5 mais le
vainqueur de Fhyáre a cent teres ne fit qu’en rite ^
gotge avec rant de roideurj qu’ü
. adoit 1 etoaffer j loríqu Ackéloüs fe métatEorp-hofa
! Kercuie le pnt par les comes j ie ren-
i '■ eria & ne quitta prife qu apres en avoir arraché
une. Les náyades la rama.fierent; & quand elies
Teurent remplie de fieurs & de fruits^ elle devint
la come d’abondance.
D’autres difent que le fleuve , pour ravoir fa
corne^ donna á Hercule celle dLA.malthée. Voye'^
Abondance, Amalthee;, CoPv. d‘ás. L'. auin
tSCHILADES j PeRIMELEj DejANIRE.
Les mythologues-hiííoriens reconnoíífent dans
cette fkble un prince qui lefíerre le ñeave Ackéloüs
dans fon lit^ fuppriir.c un bras du fleuve, &
porte par cette operation 1 abondance dans les
campagnes.
Le bras du fleuve com&lé eft évidemment j
felón eux, la come arrachée & changée en come
d'abondance.
_ Achelous. La píupart des antiquaires, difent
íes auteurs des pierres gravees du palais royai ,
ont pris pour le ñeiivo. Ackéloüs le bcsufá face
numaine , qui eíi íi commun fur les médailíes.
Pour foutenir cette fauííe opinión, il n'y a ríen
que ne tente & que n'ofe le favant abbé Ignarra ;
Paldfi. Is eapolit, , p. '¡? feqq.') il change
un texto de la Tragédie des Trachiniennes ( in Tra-
ttb inztzo') , & prétend que le nom
d Ackéloüs ne cenvenoit pas feulemerit au fleuve
de iTrolie, mais q-ail étoit propre en general á
toures les eatix.
Ils lui rependront , i que la correélion da
texte de Sophocle n’eft nullement fondée ; que
celle qui en a_ été__faite par Cafaubon , & qu il'dit
n erre pas adrniílióle , eft moins une correélion
que la lecon des mpnufcnts que ce commentateur
avoit fous les yeax. . Qaoique Ies poetes ayent
donné le noin ól Ackéloüs á toute eau potable ,
P^rce qu un roí ainfi nommé paíToit pour avoir en-
fetgné le premier á méler de Per ú avec le viñ , ce
r. eft pas une raifon d’appeler de ce nom tous
les fieuves. 3*". La forme du fieuve J..chéloüs
une fots déterminée fur Jes monutnens, ne doic
plus varier ; mais elle doit , au contraire , erre
toujours la méme, particuliérement fur les mé-
caiíles de la contrée que ce fleuve arrofoit. Or ^
íes médaiUes des peuples nommés (Sniades , qui
habitoient le pays litué á Tembouchure du fl^euve
Ackéloüs , ont pour type une tete de vieiüard
barbue , attachée á un cou & non á un corps
entier de taureaa , & íes comes qui ptroiíTent á
la naiííánce tíu front, font prefq’Vhorifontales-.
Sur des médailíes d'Acarnanie , & üir celles de la
vii’e de Tkyrocum, dans cette prcvince, en yoit
une tete d'hornme, fans barbe, fur un con de taa-
reau j avec une feule cerne ( Golz^ Nua-.zpn. ur.iy^
Gnc., tak yi). De plus . les- bceufs a face hu- -
maine que nous voyons fur pluíieurs méáailies de
k grande Gréce & qi^on áit aiuTi fe rapporter
au fleuve Ackélo '-is , différent les uns des autres;
enfin ^ on en voit fur des médailles de Gélas en
Sicilcj &c. qui fonc repréfentés feulement a mi-
corps. Parmi tous ces types divers , s'il falloit en
cholfir un pour le fleuve Ackéloas , ce pourroit
étre ceiui de la médaille du peuple qui habitoir le
pays fitué á Pembouchure de ce fieuve; or j, il eft
coníianr oae ce type diiíére ae ceiui des medailles
de NapleS:, de ceÜes de Nole , & de quelques
autres villes de la grande Grcce. Enfin , le t}'pe
qui devoit étre regardé comme le plus propre a
déílyner le fieuve Achélotls , eík conrredit^
ceiui des médailles d'Acarnanie Se de la ville de
Tkynzitm, oii la figure eft repréfentée avec une
feule come. DkilIeurSj cemment conciiier la dé-
faite de ce fieuve avec Ies ir.onusnens fur lefqueis
le b(suf á face humaine eft repréfenté couronné
par laVicioire? >5 Conciuons avec les favans édi-
teurs:, que le fieuve Ackéloüs n eft point repréfenté
lous Tembleme de cebtsuf:, &que ce monftre eft
retnbléme de la fertilité de certains pays. V. Boeuf
a face húmame,
ACHÉMEMISj plante dont Pline fait mention ,
á laquelle la fable attribuoit la vertu de jeter la
terreur dans les armées.
ACHÉMON ou AeHMON. V. Mélampygus.
ACHÉRONj fils de Titán & de la Terré, eut
tant de peur des géans, qu il fe cacha fous terre ,
& defeendit méme jufqu’aux enferSj pour fe dé-
rober á leur fureur. Dkutres difent que Júpiter le
precipita dans Penferj parce que fon eau avoit
fervi á étancher la foif des titans. Selon Bocace ,
Achéron étoit un dieu qui naquit de Cérés dans
Tiñe de Crete, & qui, ne pouvant foutenir la
lumiére da jour, fe retira aux enfers , & y devint
un fieuve infernal. \!J,.chéron étoit un fieuve de
la Thefprotie , qui prenoit fa fource au marais
d’Achérufe , & fe déchargeoit prés d’Ambracie ,
dans le golfe Adriatique : fon eau étoit amére &
mal faine, premiére raifon pour en faire un fleuve
d’enfer. Ii coale long-tems fous terre; ce qui a fait
dire encore qu’il alloit fe cacher aux enfers. Le nom
^Achéron a auffi contribué á la fable i car ayj.'^c
ficí, veut dire fieuve de douleur. Rudbeck, qui ,
dans fes Átlantiques , attribue á la Suéde tout ce
que les anciens ont dit de quelque pays que ce
foit, prétend que TAcAéro.’í, Penfer , les champs-
éiyfées font la Suéde 5 il foutient que la maniere
dont on rendoit anciennement la juftice chez les
peupies du feptentrion, eft Poriginal dkprés lequel
les poetes ont compofé toutes les deferiptions
qiPils ont donaées de la juftice infernale , de Minos
& des autres juges.
Achéron, autre fieuve du pays des Bruttiens
ou de la Calabre. II donna lieu á une equivoque.
L'oracle de Dodone ayant averti Alexandre, roí
des MploíPes , d'éviter X Achéron, csprince croyant
A C H
qu’ií cíbít queftion de X Achéron de Thefprotie ;
ne fongea point á s’éloigner de ¡a viile <ie Pandofe ,
íltuée fur les bords de X Achéron , en Italie, & y
fut tué. ,
ACHERONTIQUE , qui appartient a X Achéron.
Lkrr de deviner avoit plufieurs branches , & les
Eírufques excelloient dans toutes. Tagés paflbit
pour Pinventeiir de cet art. II avoit compofé
quinze voluntes , que Pon nomina A,.ckéror,tiques ;
parce quils étoient, difoit-on, papables d’épou-
vanter les iedeurs, mais vraifemblabíernent parce
qu’on fuppofoit quils avoient été tires des enfers.
On gardoit chez les Etrufques ces volumes avec
autant de foin , que les Romains confervoient les
livres íibvllins.
..ACHÉRUSE étoit un lac d'Egypte, pres de
Memphis, environnéde bellas carxipagnes, ou les
anciens Egyptiens venoient dépofer leurs mqrts ,
dans des tombes creufées exprés 5 mais avant de
Ies ytranfpórter, onles expofoit furlerivage :lá,
des juges marqués examinoient la vie quTIs avoient
menée. On écoutoit les accufateurs ; & , felón les
bonnes ou les mauvaifes aéiions du défunt, qui
étoient aliéguées, on faifoit paffer fon corps dans
une barque, ou on le jetoit á la voirie, comme
indigne de la fépulture. Dans ces bailes campagnes,
il y avoit un temple confacré á Hécare-la-Téné-
breufe , & deux marais , appelés le Cocyte & le
Léthé. Voilá ce qui a donné aux poetes Pídée de
leur enfer & de leurs champs-élyfées. Il y avoit
auííi un lac á‘Ackérufe dans ia Thefprotie, d'oú
fortoit le fleuve Achéron.
La conformité de nom fit tranfporter á XAcké-
rufe desThefprotes, les fables que íes Grecs ima-
ginérent fur le pretenda jugement & fur le Carón
des Egyptiens.
ACHÉRüSIÁDE, péninfule prés d'Héraclée
du-Pont, par laquelle Hercule pafta pour defeendre
aux enfers. Xénophon dit qu on montroit encore
de fon tems des marques de cette defeente.
ACHILLE. Ce nom a été porté par plufieurs
perfonnes célebres dans la Mythoiogie.
Le premier n avoit point dkutre mere que la
Terre. il vivoit dans un antre ou Junon fe refu-
gia, lorfquTIle fiiyoit les pourfuites amoureufes
de Júpiter , fon rrére , qui devint fon époux.
A.chille , par fes difcours fédnifans, fiéchit les
rigueurs de cette déeíTe , & ce fut dans cet antre
que fe fit la confommation du mariage entre le
frére Se la fceur. Júpiter, en reconnoifíance de ce
fervice , promit á Achitte que tous ceux qui dans
la fuite porteroient fon nom, fe rendroient cé-
lébres.
Le fils de Thétis , dont on parlera bientót , a
vérifié cette promefíe.
Achille, fils de Júpiter & de Lamie, étoit fi
beau , quTl remporta le prix de la beauté fui
Venus , qui le lui difputa. C’eft en punition de ce
jugement, que Venus rendit Pan, qui Tavoit pro-
noncéj amoureux de la nyrophe Echo, & en
roéme^-
A C H
Kséme-tems 11 Uiij qu il fuffifoit de le roir pour
le hair.
AchillEj fiIsdeThétis Sede Pelée, s’appela
d’abord, fui vant Apollo dore Se quelques autres ,
Hígyron. II fut encore nommé Pyrijoiis. U naquit
á Phtia , ville de TheíTalie ; la déefle fa mere
voulut le rendre á la fois invulnerable & immortel.
Pour le rendre invulnerable, elle le plongea dans
Ies eaux du Styx 5 mais elle oublia d'y tremper le
tailon par oú elle Tavoit tenu pendant fon immer-
lion. Ce talón demeura fujet aax bleíTures ; & cé
fut-la qu'il requt celle qui lui donna la mort. Les
auteurs ne font cepenáant pas d'accord far ce
point ; car on en trouve p'ulieurs qui parlent de
bleíTures recues par AchilLe en différens endroits
du corps.
^'oulant confommer tout ce qu’il avoit de mor-
tel , Thétis le frottoit le jour d’ambroiííe, & le
mettoit la niiit fous la braife. Piulieurs auteurs
rapportent que cette déeíTe, parce moyen , avoit
fait périr íix de fes enfans ; & Achille , qui
ctoit le feptiéme, auroit eu le méme fort, fi fon
mari, qui la furprit, ne Teut empéché de réitérer
Topération.
Homére donne á ce héros Phénix , nls d'Amyn-
tor , roi des Dolopes en Epire , pour nourricier
& pour précepteur. » Vous ne vouiiez pas manger,
-55 lui dir Phénix (pillad, liv. 9, v. 482.), ni á la
»“ maifon , ni ailleurs , á moins que je ne vous
»5 milTe fur mes genoux , que je ne coupaíTe vos
” morceaux , & que je ne vous fiíTe boire moi-
5= méme. II vous eft fouvent arrivé , pendant votre
«’eafance, de gáter mes'habits avec le vin que
»5 vous rejetiez =5. V. Phénix.
Mais , fiiivant la tradition la plus commune , fon
éducation fut confiée au centaure Chiron. 11 ne
lui donna d'autre nourriture que de la moélle de
lion : ce qui lui infpira ce courage indomptable
& cette colére implacable dont les poetes ont
tant parlé. II lui endurcit le corps en Faccoutumant
aux exercices les plus pénibles; & lui apprit á fe
teñir á cheval , en le portant fur fa croupe. Chiron
lui enfeigna encore Fart Militaire, la Muíique, la
Morale, la Médecine, &c.
Lorfque les Grecs fe préparérent á marcher
contre Trove , Thétis, inquiéte fur le fort de fon
fils, apprit que, shl alloit á cette expédition , il y
périroit; Se cependant Calchas avoit prédit que
la vüle ne feroir jamais prife fans Achille. II étoiq
done queítion d’empécher q'Ton ne le forqát de
prendre part á ce íiége.
Pour le dérober aux inílances des Grecs , qui
deíiroient ardemment d’avoir avec eux un capi-
taine dont la préfence étoit néceíTaire pour le
fuccés de leur entrenrife, yV. FatalitÉs. ) la
déeíTe retira fon fih de Fantre de Chiron, & Fen-
voya á la cour de Lycomédes , roí de Fiíle de
Scyros. La, il fe déguifa en filie fous le no.m de
Pyrrha. Sa beauté favorifoit ce déguifement ; car
Áchille a pane pour Thomme le plus beau 8c le
Antiguités ^ Tome /.
A C H 4^
mieux fait de fon liécle. II fe fit aimer deDeidamie,
filie du roi , & en eut un fils nommé Fyrrhus.
(F”. ce mot).
Les Grecs Fayaht cherché pendant long-tems ,
apprirent enfin le lieu de fa retraite; 8c LlyíTe xut
député á Scyros pour Fengager á fe joindre a eux.
La difficulté étoit de le démeler au trayers de fon
déguifement , parmi toutes les fiOes de la cour.
UlylTe s’avifa de leur préfenter différens bijoux ,
parmi lefquels étoientdes armes. Toutes choiíircnt
des bijoux fuivant leur goút ; Ackille feul prit Ies
armes. Ce choix le trahit : LlyíTe le reconnut Se
Fcmmena.
Thétis , obligée de confentir au départ de fon
fils , voulut encore ajouter une nouvelle précau-
tion á celles qu'elle avoit prifes pour le garantir
de la mort ; eííe pria Vulcain de luí Taire des armes
á Fépreuve de toute atraque humaine. L'ouvrags^
étant fait, le dieu exigea, pour fon falaire, les
faveurs de la déeíTe. La néceífité lui fit prornettre
tout ce que Vulcain voulut ; mais á condition
d’eíTayer fi Ies armes étoient propres l Achí lie, qui
étoit de la méme taille que fa mere. Elle ne^ íes
eut pas pliitót endoíTées , qu’elle prit la fuite :
Vulcain , qui étoit boiteux , ne put»Fatteindre ; il
lui jeta fon marteau, & la bleíla au talón. Outre
ces armes, fa mere lui donna des chevaux immoí-
tels. V. Chevaux , Pelias.
Achille, avant de joindre Farmée des Grecs,
fit la conquere de Lesbos , oú il trouva une prin-
ceíTe qui devint amoureufe de luí. C'eíl de cette
particularité , rapportée par Euphorion , poete
trés-connu parmi les anciens , que le grand Racine
a pris le dénouement de fon Iphigénie. fC Iphi-
GENIE.
Arrivé devant Troye , il livra aux ennemis un grand
nombre de combats ; mais le cours de fes vic-
toires fut interrompu par la difpute quhl eut avec
Agamemnon. Celui-ci fut obligé de renvoyer Chry-
féis, fon efclave ( V. Chryseis) ; mais il voulut
auíTi Achille abandonnát la lienne. Achille fut
tellement irrité de cet affronr , qu il fe tint en-
fermé dans fa tente , fans prendre aucune part au
fiége. Cette circonftance de fa vie a fourni le
fujet de beaucoup de tableaux, connus fous le
nom de Colere ¿Achille. Geft aufli le fujet de
ITÍiade.
Rien ne fut capable de faite changer Achille de
réfolution , que la mort de fon ami Patrocle.
Pour le rendre redoutable auxTroyens ,ií lui pré-
toit fes armes, fous lefquelles on prenoit Patrocle
pour Ackille. Hedor, qui depuis long-tems cher-
choit Foccafion de fe battre contre Achille, crut
Faveir trouvée : il tua Patrocle Se enleva fes armes.
Vulcain , á la priére de Thétis , en fit de nouvelles
^oux Ackille, avec lefquelies il retourna au com-
bar, pour vencer la mort de Patrocle. 11 fe battií
en enet avec “Hedor , le tua , Fattacha á _foa
char, & le traína fept fois autour des murailles
de Trove. Priam vint en perfonne lui demande r 'a
5®
A C H
eorps de fon fiis ^ & ne l’obtint qu en payant une
ranzón coníiderable.
Les circcnñances de la mort Achílle font ra-
contées difréremnaent par Ies anciens auteurs. Selon
les uns j Achille ayant vu auprés de CaíTendre
polixene filie de Priam , offrant un facrifice á
Apollon 3 en éroit devenu amoureux , & Tavoit
demandée en mariage ; Hedtor navoityoulu la luí
accorder, qú'á condition qu’il prendrcit les armes
pour les TroyenSj centre les Grecs : ce fui pour
punir cetre propofition odieufe , qu il trama le
cadavre d'Heítor autour des murailles de la vílle.
Lorfque Priam alia redemander le eorps de fon
fils, il fe fit accompagner^ 'pom ñéc'alt Ackiile ,
de Polixene 3 dont il conclut le mariage avec le
héros grec. Le jour étant pris pour cette folem-
nité3 Qui devmit fe célébrer á Troye , dans le temple
d' Apollon 3 Páris fe cacha derriere l’autel, pour
venger la mort d^’Hector fon frére , & ¡y tira une
fleche 3 qui bleíTa Ackille au talón qui n’avoit
point été trempé dans les eaux du St)’X , dans Fen-
droit qui fut depuis nommé le Te;tdon dAckille ;
& le prince grec mourut de cette bleíiure.
D’autres oBt dit quFApolion lui-méme s’étoit
déguifé á la priére de ]Septune3 & avoit tiré la
fleche mortelle.
Selon d’autres enfin, & felón Ovide en parti-
culier 3 dans un combar qui fe donnoit devant
les miirs de Troye , Achille faifoit un horrible
carnage des Trovens ; tandis que París, qui com-
battoit de fon cote , ne dirigeoit fes coups que
fur des gens obfeurs & fans nom. Apollon dirigea
la fleche de París du cóté ii Achille , qui en fut
inortellement blefle.
Les Grecs avoient une fi grande eftime pour
Achule , qu'aprés fa mort, ii s^éleva une querelle
parmi eux, pour favoir qui feroit le fucceffeur de
fes armes ; & Fon fut prés de fe battre pour les avoií.
On decida quFAjax, fils de Telamón, (V. Ajax.)
& Ulyííepouvoient feuls les difputer. lis plaidérent
leur cauíe devant les Grecs affemblés , & Ies
armes fiirent adjogées á UlyíTe,
Les Grecs firent á Achille de magnifiques funé-
railles , fur le promont&ire de Sigée , o-u il fut
inhumé. Thétis,. accompagnée des déeífes de la
mer , vint rendre á fon fils les devoirs fúnebres :
íes mufes s^y trouvérent auífi , & célébrérent fa
.mémoire par des chants lúgubres.
Le nom de ce héros devint Fexpreífion de fa
bravoure & de la forcé, tant pour Ies expioits mili-
ta!.»'es 3 que pour les intrigues galantes. Quant aux
prem.iers , Romére & plufieurs autres poetes les
ont cbantés j & il feroit trop long d^en rapporter
Ies circonfrances : quant aux autres , il fut pére de
trés-bonne heure avec Deídam.ie. Peu de tetas
aprés, felón quelques auteurs, il mérita Ies bonnes
graces cFIphigénie , avant qu^’elle fut facrifiée ,
circonftance dorrt le grand Racinea fi bien profité,
en faifant, de Famour de ce héros pour la prin-
ccíl^ i le uoeuá de fon Iphígénit, Arrivé devant
A C H
Troye , ¡1 devint amoureux d’Héléne , qu’il vit
un jour fur les murs de la ville, & il eut recours
á fa mere , pour qu’elle trouvát un moyen de
fatisfaire fa paffion pour cette troyenne : Thétis
le fatisfit 3 en lui amenant un fantdme reífem-
blant á la beile Héléne. Briféis fut enfaite Fobjet
de fes amours , ainíi que PoUxcne , _ qu il avoit
voulu époufer. La mort n’éteigmt point i amour
qu il avoit con^u pour cette_ p-n.-iceíTe & sfil
demanda qu’on la lui facrifiat , deyo!-; pour*
fe reunir á elle dans les champs-élyíées._ Riea
n’arrétoit fes defirs impétüeux : apres avoir tué
Famazone Penthéfilée , il brála d’ amour pour
cette héroine j on a méme écrit que dans Ies
enfers il avoit époufé Médée & Héléne. A Fégard
de ce!le-ci , on dit que c^étoit dans Fifle Achillea ,
dont on parlera dans Farticle fuivant , qu il Fépoufa
aprés fa mort, & quil en eut un fils. Ce jeune
homme , appelé Euphorion , fut tué d’un coup
de foudre par Júpiter, pour qui il avoit manqué
de complaífance. D'autres donnent pour femme
á Achule 3 toujours apres fa mort, & dans la mérae
iíle, íphigénie, que Diane y avoit tranfportée,-
aprés lui avoir eomnaunjqué le don d’une jeuneíle
inimortelle, & la nature divine; mais Fopinion
la plus commune reconnoítt Héléne pour fon
époufe.
" Au teñe , la paffion DAckille pour Ies ferr.mes
ne fut pas exclufive; & la m.édifance a fait regar-
der comme trés-équivoque fon attachement fue* ■
ceffif pour Dioméde , A.ntilochus & Patrocle. On
a méme aíTuré que Troilus, fils de Priam, ayant
réfiñé á fes emportemens , fut étoufté dans fes
bras. ( V. Troile ).
On ne doit pas étre étonné d’entendre parlar
des mariages contraícés pzt Ackille aprés fa mortj
car il fut mis au nombre des dieux, & recut dans
Fifle Achiliée toiis Ies honneurs divins : un temple,
un aurel , des facrifices , des oracles. II y ooéra
aiiffi des prodiges. En voici deux des plus fur-
prenans.
On dit quFHomére, gardant Ies brebis auprés
du tombeau ^ Achille ¡ obtint par fes ofFrandes
que ce héros fe montreroit a luí ; mais il fe fit
voir avec une lamiere fi éclatatite , que le poete
en devint aveitgle.
Les Amazones abordérent un jour dans Fifle
Achiliée 3 & obligérent les habkans á couper les
arbres plantes autour du temple ^Achúle; mais,
des le premier coup. Ies coignées rebroufierenr
contre Ies travailieurs, & Ies tuérení aux pieds des
arbres mémes. Les Amazones vonliírent, nonobf-
tant ce prodiga , entrer a chevai dans le temple >
mais Ackille , dTin íéul regard , épouvanta telle-
ment Ies chevaux , qu ils reculérent , jetérent les
Amazones fur lepavé du temple, les dévorérent,
& fe précipitérent dans la mer. Les vaiífeaux qui
avoient amené Ies Amazones, furent fi violemment
agités par une tempéte fubire, quíls fe bnférent
les uns contte iss autres , & furent eaglcutis. Ls
A C H
temple ^ profané par le carnage que les chevalix
avoient fait , fut piiriíié par les eaux de la mer j
qaAchi/íe y fit monrer.
De méme cue le fils de Thétis a ere le
ñijet d’un grand nombre de poémes chez les
anciens; de méme auffi íes evenemens de fa vie
glorieule, ont fuuvent été reorífentés fur les bas-
reliefs & ¡es pierres gravees. inkelmann en a
piiblié un grand nombre dans les pierres de Stoscn
& dans fes dilonument: inedhi. Nous y renvoyons
les artifies ; & noas nous contentons de fiire
ici deux obfervations en leur faveur. La beaute
a Ackille , tant célébrée chez les Grecs , eft jointe
fur les marbres á cet air brufque & dédaigneux
qu’Homére a placé fur le vifage de ce beau jeune
homme.
Dans une peinture antique (Hifi. de V Art. /. 4 ^
z. f j E. ) , Achille éroit vétu d’une draperie vert-
céíadon , pour faire alluílon fans doute á Thétis ,
divinité de la mer, qui éroit fa mere. Balthafar
Peruzzi a fidellement obfervé ce cofiume dans la
figure di Achule^ quhl a peinte au plafond d'une
falle de la TrarneRna.
Achilxe. Le nom duvainqueur d’Hedlor devint
fynonvme avec celui de vaillant,, de brave, Sec.
Les Roraains le donnérent á L. Sicinius Dentarus ,
renommé par fon courage. L’empereur híaximin
fut appelé j felón Capirolin , un Hercule , un
Achille & un Ajax.
A CHILLE A, ifle du Pont-Euxin, que fon
nommoit auíTi Leuce , Tifie des Héros , Tifie Aía-
caron^ ou Tille des BienheureuXj 8¿c. éroit ^ felón
quelques-uns , vis-á-vis du Borilcéne ; & , felón
d'autres . vis-á-vis du Danubc. On Tappela ,
parce que Thétis ou Neptune Tavoit donnée á
Achille, & que le tombeau avec le temple de ce
héros y étoient places. Achille n' éroit pas le feul
qui Thabitát ; on y avoit vu auffi les deux Ajax ,
Patrocle , Antilochus , &c. Au refte , on trouve
dans Jes anciens beaucoup de particularirés fur
cette ifle , qu’il feroit rrop long de rapporter.
ACHILLÉE, tyran en Egypte, fous Dio-
clérien.
L. Efidius Achillfvs Aucustus,
Ses médailles font:
O. en or & en argent.
RRRR. en P. B. de la fabrique d’Egypte : Golt-
xius , Orco & Banduri , qui Ies rapporrent , les
décrivent avec la date de la lixicme année du régne
de ce tyran.
ACHÍLLÉES , fétes en Thonneut LAchille ,
qui fe célébroient á Brafies ou Praíies , dans un
temple de ce héros. Les Lacédémoniens célé-
broient les mémes fétes , au rapport de Pau-
fanias,
ACHLYS. Ouelques auteurs ont regardi ce
nom comme celui du premier étre qui -exilio ir
ai-'ant le monde , méme avant le chaos ; le feul
qui fiit éteraelj & duguel tous les autres diea.'c
A C H 5^
avoient été produits. Mais ce nom eft plus connu
pour étre celui dhin perfonnage^poeti.^ue , done
parle Héilode, dansle LoiicUer c.’ Jdercule , vers 264 ;
ic Longin, Emité du. Sublime, c. 7. ’= Je ne lais
« pourquoi 3 dit M. Dacier fur ce demier, les
55 interpretes d'Héfiode Sr de Longin ^ont '"omU
33 qu'A’;^a.-., foit iei la déeffe des ténébres. C eít
33 fans doute la TrifieíTe, comme M. le Févre la
33 remarqué. Voici le portrait qu Héíiode en fait •
33 Eu TrijísJfe fe tenoh pres de -la, toute haiguec
33 de pleurs ; pile , secke , defaite , les geuoux fort
33 gros & les ongles fort longs y fes nurmes etoicut
33 une fontaine d‘humeurs y le fuitg couloit de fes-
„ joues ; elle grinfoit les dents & couvroit fes epaules
33 de poujfiere. II feroit bien difficile^que cela put
33 convenir á la déelle des ténébres. i-orfqu
33 chius a marqué , iiafaita.iez
33_voir qu/K^At/s" peur fort bien erre prife pour
3, xv-nr, trifteíTe. Dans ce méme cha[3Ítre, Longm
33 s^eft íetvi di pour díte les tcnebres , une
33 épaiíTe obfeurité ; & c’eft peut-étre. ce qui a
33 trompé les interpréres. »
ACHíE-MENIDES , anclen roí des Perfes.
Ses. médailles fans légende font:
RRRR. en or.
RR. en argent.
RR. en bronze.
— Avec des lettres phéniciennes , elles font:
C. en argent.
R. en bronze.
O. en or.
ACHOR.. Les habirans de Cyréne, au rapport
de Pline , oft'roient des facriíiccs á ce dieu pour
erre délivrés des mouches, qui caufoient quel-
qiiefois dans leur pays des maladies contagieufes,
par leur nombre prodigieux. Cet auteur ajoute
qu’ elles mouroient aufu-tót qu on avoit factifie a
A-chor. V. Belzeeut, Myiagrüs.
ACHULLA, en Afrique. Achulla.
On a des médailies imperiales latines de cette
ville , frappées en Thonneur d Auguíte , avec fes
fils. ( Pelierin).
ACLA. Cétoit un inñrument ou un outü de#
brodeurs. Tirinnius dit :
Pkrygio fui primo , heneque id opus feivi :
Reliquiacus, aciafque kero , atique herA nefirs.
!
!
33 Je fus d'aboid brodeur, & méme favant dans
cet art; mais j’ai laiue- Ies aiguiües , les aráilions
á mon mairre & á ma raaitrelTe. Celfe (/. v. 2.6) :
V traque óptima ef ex acia molli ,_ non nimis^ torta.:,
quo mitius corpori infdeat. Celle parle ICl de la
reunión des bords d’une plaie ou de la peau ,
eperée p2.r une íuturs ou une igraffe* Ccrnrncni^
pourroi't-on entendre ici acia d’un fii de lin tsú de
■méta!, oui aíTaiétiroitlapeau avec l agraffe? Cetrs
perita machine n’admet cu’une aiguille oaaraillou.
CePe reeommande de choi.fir cet ard’hcn tres-
fouole trés-éhfticue , & non curci par ritcríion-y
de'^péV’- qu’ii ne blsfie ks chairs fur iefqueUes il
G ij
s’appuie. Les brodeurs ernployoient fans doute
auffi Ies ardillons {acia) avec leurs agrafres, pour
tendre la toile quiis brodoient. {Johan. Rkodiusj,
fap. 13 j 14 & I5-
ACÍDALIE ou Acidalienne , furnom que Ies
Grecs donnérent á Venus j parce qu’elle caufe
fouvent des inquietudes & des cbagrins (i). II 7
avoit auííi dans la ville d'Orchoméne ^ en Béope j
une fontaine appelée Acídale , ou Ies Graces alloient
fe baigner j elle peut bien avoir donné fon nona á
V énus.
ACIDINüS, furnom de la famIIIe MakliA.
ACIER. Les anciens ont connu des procedes
pour convertir le fer en acier , & iis étoient aufli
heureux dans cette opération que Ies modernes^
cuoiqudis ignoraffent Ies brillantes théones de
ces derniers. Les Latins Tappeloient ckalyhs ; parce
que le premier acier qui fut en réputation parmi
cux o venoit ^ dit-on ^ dTfpagne , ou il y avoit un
lleuve nommé Chalyhs , dont Teau étoit la meil-
leure que Ton connút pour la trempe de Y acier.
Pline, le nomme acias.
Ariftote ( Meteor. lib. iv , cap. 6. ) dit que
“ le fer forgé , travaillé méme , peut fe liqué-
M fi'er de nonveau. Se de nouveau fe durcirj &
M que'Veñ par la réitération de ce procede ^ qif on
M le conduit, á rétat ^acier. Les fcones du fer
fe précipitent ajoute-t-il, dans la fuíion; elies
» reííent au fond des fourneaux; & les fers qui
K en font débarrafíes de cette maniere prennent
» ie nomÁ‘ acier. II ne fauí pas pouííér trop loin
» cet aSinage , parce que la matiére qu on traite
» ainíi j fe détruit ^ & perd coníidérablement de
M fon poids. Mais di rf en eft pas rnoins vrai que
33 moins il reñe ddmpuretésj plus Y aciere&’p^tíút^^.
Pline parle á la fois de f aciérie & de la trempe.
F ornacum , dit-il ¡ maxima dijferentia efi ^ in iis
eqaidem nucleus ferri excoquitur ad indarandam
aciern , alioque modo ad dertfandas incudts malleo-
rumque rofira. II efb a préfumer que ce nucleus
ferri étoit une maíTe de fer aíEné ^ qu'ils traitoient
comme le pratiquoient les Grecs^ felón le paíTage
d’Ariftotej cité plus haut. Au relie ^ Pline ajoute
dans un autre chapitre : Ferrum accenfim igni, nifi
duretar riñibus , corrampitur ¡ & allleurs, aquarum
fumma diferencia efi quibus immergitur. LeS inílruc-
tions qu’il nous a laiíTées font trés-imparfaites,
& bien au-deíTous de ceUes que no-us devons au
Eaturalifte grec.
ACILIA , famille romaine dont on a des mé-
dailles :
O. en or.
RR. en argent.
6. en bronze.
Les fumoms da cette famille font Baletjs ,
Glabrio. '
Goltzius en a puolié quelques médailles , íncon-
Bues depuis iui, ' '
£2} Dii foín ^ thxTrt,
A C I
ACILÍUM, en Itaüe. aki & AicrAipN.
Les médailles autonomes de cette ville font i
O. en or.
RRRR. en bronze.
O. en argent.
Leur type ordinaire eft un vafe.
ACINÁCES , épée en ufage chez Ies Perfes &
chez les Farthes. On croit qu elle relfembloit a
nos fabres longs Se courbés.
ÁCÍNIPO , en Efpagne. Acinipo. _
Les médailles autonomes de cette ville font:
O. en or.
RRRR. en bronze.
O. en argent.
AGIS devoit le jour á Faune & a la nymphe
Svméthe. A Táge de feize ans ^ i! s attacha a la
belie GaiathéCj Se en fut aimé. Mats il eut pour
rival le terrible Poliphémej quij Fayant furpris
un jour avec fa nymphe déracina un rocher
enorme j Se le jeta fur cet amant infortune , qui
en ñu écraíe. Les dieux ^ á la priére de Galathée,
le changérent.en un fleuve qui fort du Mont-ttna,
en Sicile. La rapidité de fes eaux lui fit donner le
nom d‘Acisj qui íignifie la pointe d'une fiéche ;
parce qae , dit Hérodote j fon cours eíl aulTi droit
qu’une fleche. F. Galathée.
ACISCULUSj, fur.nom de la famille Valepaa.
ACLIDES. Les Romains donnoient ce nom á
une arme de jet j fur laquelle Ies commentateurs
font partagés. Servius dit {JEneid. vii. 730.):
Aclidcs fimt tela quídam aatiqua adeb , ut r.ec
ufquam comrnemorentur ia bello. 11 eft etonnant
que Servius en parle comme. d^’une arme hors
d’ufage j puifque Trebellius Pollio St Valerius
Flacciis en font mention. Le premier dit {Claud,
c. 14.) ; Huic dabis aclides duas. Et le fecond
(fi. 99.):
idee procul aH entes gemina fert áelide p armas..
Et Virgile j dans Fendroit ou Servius Fa com-
menré :
Teretes funt aclides Hits
Tela¡ fed ksLC lento mos efi optare flagello.
Nonius (18. 10.) les appelle jacula brevia, des
armes de jet courtes. II paroit que les aclides
étoient des javelots gros Se eourtS:, héníTés de
clous & d’afpérités j & líés á une forte courro’.e
de cuir. Cette courroie fervoit á les retirer ^ aprés
que Fon avoit chargé Fennemi , fur qui on les
jetoit avec forcé j fans abandonner la courroie.
Geñ-Iá fans doatece que Virgile appelle
lentum y parce que les fouets étorenr faits de
laniéres de cuir.
Servius , dans un autre endroit j. décrit de
petites maíFues qui reíTemblenr parfaitemeiu aux
aclides , íi elles ne font pas la méme chofe .• Sunt
clavíi cubito femis factíL y emínentibus hiñe li kir.c
acuminibus quibufdam : qiu. íta in hofiem jaciuntzcr
religati loro yVel lino y utperañis vulrtcribus vojfiatt
53
A C íM
redire. « II y a des tnaíuies longues d’une demi-
coudée , hériffées d’afpérkés ; on les lance üir
l'ennemi aprés les avoir attachées avec des cour-
roies ou des cordes , afin de pouvoir les recirer
aprés qu'elles ont fait d’énormes bleííures Les
aclides avoient beaucoup d’analogie avec Ies armes
¿e jet que Ies Grecs appeloient ; mps
eiles n’en avoient aucune avec le f¿.ayx.Á¿i.^¡o-¡ oes
bas-íiécles , efpéce de baton avec quoi i on pu-
riilToit les maífaiteurs.
ACAÍON étoit chefd’ane colonie de Scythes,
cai s'établit en Phénicie & en Syrie : on ignoroit,
íiiivant Phérécide , quel étoit fon pére. 11 mourut
pour s'étre trop échauffé á la chaiTe , & fut mis
au rang des dieuXj fous le nom deTrcs-Haut (i).
£es enfans furent Uranus & Titee , dont les noms
fignifient le ciel & la terre , & donnérent lieu á
la fable des Phéniciens, qiii font Acmon pére du
ciel & de la terre. V'. Hypsistos. ^ ^
Suivant une autre tradition ^ il étoit fiís de
Manés j qui fut le premier ou le plus puiíTant
roi de Phrygie. Acmon étoit frére de Doeas : 1 un
& Pautre furent célébres dans la Phrygie. Acmon
y donna fon nom á la ville d'Acrnonie , 8c Doeas
á une plaine voiíine de Thémifcire, & de quel-
ques autres villes habitées par les .4mazones.
Euñathe donne le nom á’ Acmon 8c au Ciel &
a rOcéan {Ir, IL x8. 410.) , en quoi il eft con-
treditj auffi-bien qu Hefychius par Simmias de
Rhodes^ qui 5 dans fon perit Poéme des AiieSj
donne le furnom d’Acmonide ou fiis ¿Acmon ,
á r Amour j qudl fappofe auíli ancien que le monde.
On voit par-lá que le nom ¿Acmon eft un de ceux
que les anciens ont interpreté de mille maniéres ^
& qui dés-lors n’eft fuíceptible d’aucune expli-
cation rigoureufe. II y avoit des Grecs j felón
Strabon (¿ié. 10), qui donnoient le méme nom
¿Acmon á un des Dadtyles du Mont-Ida ; & il en
témoigne fon mécontentement j parce qu ils ne
faifoiént qu ajouter des chofes incertaines á d"au-
tres qui Pétoicnt déjá trop. lignifie une
enclume ; mais quand on en a fait un nom propre j
on a voulu quftl lignifiát infatigable , de Va pri-
vatif 8c de xa-y-taj je fuis abattu. Ce nom con-
vient bien au ciel , á caufe de fon mouvement
que la fuite des liécles ne peut ralentir ni accélérer.
" ACMONIA en Phrygie. Akxvíoki.
Les médailles autonomes decette ville font:
O. en or.
RRR. en bronze.
O. en argent.
Cette vilie a fait frapper des médailles impe-
riales grecques fous fes Archontes^ en l'honneur
d’.Agrippine jeanej de Marc-Auréle, de Sept.-
Sévére ^ de Juiia-Domna , de Plautftle , d'Alex.-
Sévére ^ de Gordien-Pie , d’Otacille j de Treb.-
Gallus , deTrajan^ d’Hadrien;, d’Antonin , d-e
CaracaÚa j d’EIagabale j de íríaximiii.
Ee jrec T’yís^cí.
ACO
ACNYA. Voyei Acéne,
ACOLYTHL’ Les Crees donsoient ce nom a
ceux qui étoient inébranlables dans leurs réio-
lutions. C’eft pour cette raifon que Ies Itoiciens
furent appelés acolythi , parce quhis perhftoient
dans Topinion qifils avoient embraíféej fans que
rien put les en détacher.
íl y avoit á la cour des empereurs grecs, des
oíEciers appelés acolytkes ; & Curopalates dit
que le capitaine ou chef de la cohorte impériale,
étoit nommé Acolythe
ACOMCE Se Cydippe. Ovide décrit leurs
amours dans fes Héroides. Aconce étoit de Pifie
de Cée, Pune des cyclades, jeune homme d’une
beile phyíionoir.ie , 8c mal poiirvu des biens
de la fortune. Etar.t alié á Délos pour y aíSírer
á une féte de Biane , il vit par hafard dans le
temple de la déeífe , une jeune perfonne d'une
beauté raviíTante, nommée Cydippe; mais jugeant
á fon air qftel'e étoit d’une condition qui mettroit
obftacle á fon bonheur, il s’avifa de cet expédient.
11 grava ces mots fur une pomme : Je jare , -par
Diane , de nitre jamais qu' a Aconce. Enfuite
ayant fait rouler la pomme jufqu’aux pieds de
Cydippe , la curiofité la fit ramalTer á Cydippe :
elle lut , fans y penfer , le ferment qui y étoit
porté j 8c fe crut engagée á Aconce ; car il y avoit
á Délos une loi qui obiigeoit d’exécuter toiit ce
qu’on promettoit dans le temple de Diane. Cepen-
dant Cydippe étoit promife en mariage á un
autre ; mais toutes les fois qu’il étoit queñion
d’eff'ecluer cette promeíTe, elle étoit faifie d’une
violente fiévre ; en forte que les parens furent
obligés de lui faire époufer Aconce.
ACONIT. Les anciens botaniftes ont donné
ce nom á plufieurs plantes vénéneufes de différens
gentes.
On difoit que fon nom venoit ¿Acone , ville
de Bithynie , aux environs de laquelle Yaconit
croít en abondance , quoiqu’il vienne trés-bien
dans mille autres endroits. Les poetes feignenc
que cette herbe naquit de l’écume jetee par Cer-
bére , íorfque Hercule I’arracha des enfers. C’étoit
a caufe de cela .que Ton trouvoit une grande
quantité ¿acenh auprés d’Héraciée dans le Pont,
oú étoit la cáveme par laquelle le héros defeendie
au tartare.
ÁCOPI3, pierre précieufe, traníparente comme
le yerre, avec des taches de couleur d’or. Pline,
cui en donne une defeription au:® vague, ajotíte
que rhuile dans laquelle on la fait boailiir, eft un
reméde centre les laiTitudes, 8c que de-!á a été
formé le nom ¿ acojpis. Psous eprouverons íbuvenc
dans cet ommage de grandes difficultés , pour
appliquer les noms des m.inéraiogíftes modernes
aux pierres que Ies anciens ont décrites fi yague-
rnent. Kous'eíTayerons cependant de le faire, en
priant les le^eurs de ne pas donner trop d’exten-
fion á nos efíais en ce genre. \Jacopis n’eft peiit-
étre autre choíé que du criftai renfermant des
54
A C R
pyrites : car on fait que les anciens le pla^olent
au rang des pierres precieufes. Quant a la pro-
priété médicale qu’on lui artribue ici j nous n’avons
garde de nous en occaper. Les lamieres que Fon
a acquifes fur ces prérendues vertus des pierres prc-
cieufeSj nousendifpenfentformellementj & nous
xjlerons de cette difpenfe dans tous les autres
arricies relatifs á la Minéralogie.
ACQUA CHE Favella, Ctau qui farh. On
a donné ce nom á une fontaine de la Calabre-
Citérieure ^ íimée pres des ruines de Fancienne
Sybaris. On crut fans doure que Foracle par lequel
les Sybarites apprirent lear deñradlion prochaine ,
ctoit forti de cette fontaine 5 & cette opinión Fa
fait nommer Acqita che Favella. On a cru auíií
que ceux qui fe baignoient dans fes eauXj en
forroient plus fains & plus beaux.
ACRyE;, en Sicile. ÁKP/.ifiN.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
ACRiLA (i) 5 furnotr. de la Junon de Corinthe ^
qui avoit un temple dans la citadelle de cette
ville : on ne lui immoloit que des chevres. La
Fortune eut aufli le meme furnom ^ & pour la
méme raifon.
Acr^a ou Acrona, c’eíl encore le furnom
id’une nourrice de Junon , filie du fleuve Aftérion ,
au pays d'Argos. V. Astérion, Junon.
ACRyEPHIAj dans la Boeotie.
On ne trouve des médailles imperiales grecques
de cette ville j que dans Goltzius feul.
ACRiEUSj furnom de Júpiter, fous lequel Ies
habitans de Smyrne Fhonoroient dans un lieu
elevé proche de la mer , ou ils lui avoient báti
un temple.
ACRAGAS, en Sicile. ARPArANTiNnií.
Les médailles autonomes de cette ville font:
RRR. en or.
C. en argent.
C. en bronze.
Ses types ordinaires font un crábe , ou un aigle
dévorant un liévre.
ACRASUS, dans la Lydie. AKPAcmTaN.
On a des médailles impériales grecques de cette
ville, frappées fous fes préteurs, en Fhonneur de
Bévére, de Plautille, de Geta, de Julia Paula,
d’Aiex.-Sévére, de Caracalla.
ACRATISME, Les Grecs donnoient
ce nom á leur déjeúner , ce léger repas Iqudls
faifoient dans la matinée, en attendant le díner.
Si Fon aioute foi a Fétymologie qu'en a donnée
Schrevelius, on pourroit dire que Fufage général
des Grecs étoit de prendre pour déjeúner du pain
trempé dans du vin pur ; kx-faTÍ^ai ayant cette
Fgnification.
(i-5 A’xpsr, haut, éievé, parce que le temple étost daas un
iicu élívé.
A C R
ACRATOPHORE . furnom de Bacchus , foug
lequel ií étoir principalement honoré, ielon Var-
ron , á Ph) galle , ville de FArcadie ; il ligniiie
ceiui qui donae le vin pur (í).
ACRA; OPOTbS, c’eit le nom d’un héros de
la Crece, qui étoir honoré , felón Athénée , a
Munichia , un des bcurgs de l A.ttique : fa plus
baile qualité , fans coate , étoit de bien boire ;
car fon nom lignifie un grand buveur de vin
pur ... j , .
ACRATUS oaAiCP-ATES, c eít le nom du genie
de Bacchus. Le P. Fraelich n ayant pas fait atten-
tion aax alies quil porte fur une médaille, Fa
nommé Pan ,'ou mi des fatyres. Paufanias dit
que Fon voyoit encore á Athénes , dans une mu-
railíe , le vifa^e de ce génie.
ACRIDOPI-ÍAGES, peuple qui^ mangeoit des
fautereiles, ¿xp/y, faurerelle, & je mange.
Cette nailon habitoir FEthiopie, & étoit voifine
des déferts. Les Acridopkages faifoient aii printems
une grande provifion de fautereiles , qu ils faloient
pour s’en nourrir pendant le rene de 1 annee ; car
ce peuple étant éloigné de la mer , ne pouvoit
avoir des poiúons, & ii n’élevoit point de betai!.
Diodore de Sicile & Strabon en ont parlé ; mais
ils ajoutent á ce récir une fable ridicule. Ils difent
que les Acridopíiages ne vivoienr que jufqu a qua-
rante ans , & quhis mouroient confurnés par des
infectes ailés qui s’engendroient de Icur propre
fubííance.
Pline parle ii Ácridophages qui habitoient un
cantón du pays des Parthes, & S. Jéróme en place
dans la Lybie. Au refte , les voyageurs affurent
que Fon mange encore des fautereiles dans plufieurs
enároits de FCrient. Les poetes Nicophon &
Ariflophane parlent de ces animaux, comme de
la nourriture de la plus vile populace de la Grece.
Les payfans feuls en mangeoient, felón Théo-
philaéle. ^iien, dans fon Hiítoire des Animaux,
dit que Fon mangeoit de fon tems des cigalas,
infecle que Fon confondoit avec Ies fautereiles.
ACPi-ISÍüS, roi dCArgos, pére de Danaé, ayant
été déíróné par fon frére Proctus, fiit rétabii par
fon petit-fils Perfée , qui le tua enfaite par un
accident malheureux. Perfée voulant un -jour faire
preuve de fon adreífe au jea de palet, en préfence
de fon grand-pére, jeta le palet de toute fa forcé;
il atteignit Acdfe , 8c Féteadit morr fur la place-
Ainíi fe trouva accomplie la prédiélion qui Iin
avoit été faite , qu'un jour fon petit-fils lui ravi-
roit la couronne 8c la vie , fans que les rigueurs
qu il avoit exercées contre fa filie, Fen euíTent pu
garantir. F. Danaé, Persée, Proétus.
ACRO. Ce mot, qui vienrdu grec ¿íxe^í, élevé
au fommet d'une montagne , lignifie la citadelle
d'une ville , lorfquhl ell joint á fon nom. L’on
conílruic en effet les citadelles fur des lieux élevés,
(i) Du grec A’xpssTo», vin pur, fans mélange.
(z) Du ¡npt grec Tía par, üms aélangai
A C R
eu! commanaent les viües. V acrocorinthe étoit
la citadelle áeCorir.rhe . & on la volt fur plufiears
roédailles de Colonies frappées_ dans cette viile.
Les Athéniens appeloient iear vüie da nom abfolu
s-íA.'? , vilie par excellence , coname Ies Romains
appeloient Ronac iimpletr¡ent urbs , vil;e. ils don-
nérent á leur citadelle le nom d acropoje. Pellerin
a pablié une midaiíle unique d Atnenes , fur
laquelle on volt la coiiine & les batimens^ de
Vacropole. On reconnoit la meme racine dans
Vacradine , citadelle de Syracufe.
AGRO AMA. Les Romains adoptoieiit ce mot
greCj pour exprimer des contes amufans, que 1 on
récitoít aux convives pendant ies repas, 6c méme
ceux qui les faifoient. On introcuifoic dans Ies
feílins ces efpéces de mp Jodes ou de troubadours ¡
afin 3 dit Cornelius Nepos j que refprit des con-
vives fut auííi farisfai: que leur palais ut non
miniis animo, quarr, ver.tre convivs. del'Barentur.
Le meme écrivain ajoute que dans un repas 1 on
n'’admit d'autres rapfodeSj qu'’un efciave occupe
á faire des ledtures áiix convives : Nemo in con-
vivio ejus aliad acroama audivií Quam ancgaoflen.
Cet ufage fubíiíte encore caer les peuples qui
n ont pas des fpeóbables réguliers comme ceux
des Européens.
Ac!í.OArií,\, ncm que les Romains donnoient
aux tnuficiens qui jouoient d'un inítrumentj pour
les diítingaer de ceux qui chantoient. On prétend
auíii qudls appeloient acroama la mufique inílru-
mentale ^ & fur-toiit celle qui étoit gaie. ( M. de
Cajiillon Jils ).
ACROBATES. C’étoient des danfeurs de
corde 3 dont on connoiíToit quatre efpéces diíFe-
rentes. Les premiers voltigeoient aiitoiir d’une
corde 3 comme une roue tourne autour de fon
effieu 3 & ils fe fufpendoient par le cou 3 par le
pied3 &c. Les feconds voloient du haut en bas
fur une corde , appuyés fur f eftomach 3 ayant Ies
bras & les jambes étendus. D’autres couro^ent fur
une corde étendue obliquement de bas en haut.
Les derniers , enfin 3 daníbient , fautojent 3 & fai-
foient toutes fortes d^exerciccs fur une corde
tendue horifontalement á plufieurs pieds de terre.
Kicéphore-Grégoras 3 Manilius3 Nicétas3 Vop:f-
cus 3 &c. font mention de tous ces danfeurs de
corde.
ACROBATIQüE 3 premier genre de machine
dont Ies Grecs fe fervoient pour monter des far-
deaux. lis l’appeloient acrohaúcon.
Les Romains donnoient ce nom a une efpéce
de tour ou de guérite3 dans laquelle on fe pía
qoir pour voir de plus loin 3 & que Ton élevoit
á differentes hauteurs.
ACROCHIRISME3 eípéce de daníe joveuíé &
de lurte 3 dans laquelle on n’employoit que Ies
irsains : ceux qui s’exercoient ai.níl 3 s’appeloient
acrockirijles ^ 8c ne fe touchoient qu’avec les doigts
entrelaces.
ACROCOLLL. On donnoic ce nom aux mets
A C R 5 5
légers & pen fucculens par lefquels les Romains
commenqoient leurs repas 3 tels que Ies pieds 3 ies
oreilies 3 Ies cois 3 Ies &ecS3 Scc.
A CROC OMES 3 peuples de Thrace 3 ainfi
nommés parce qu ils avoient les cheveux longs
pardevant3 comme les femmes 3 au contraríe des
Abantes , qui ne les portoienr longs que par der-
riere. Ce nom vient dA*;!? 3 fommet j & zlca; ,
chevelure.
ACR(EUS. Voye^ Ack,€vs.
ACROLITHOS3 ftatue colofíale que Maufole
fír placer au haut du temple de Mars3 dans la vilie
d’Halicarnaíre.
ACROMALLOS3 eíl: une laine courte & dure3
par oppoíition aux laines fortes & longues. Geft
de Y acromallos que les Belges faifoient ces efpeces
de furtouts qu’iis appeloient faga, & qui portoient
chez Ies Romains le nom de Ana.
ACROMA. Voye-^ Acr^CA.
ACROSTíCíímS. Les Grecs ont connu cet abus
de refprit3 qui confiñe á compofer des poémes
dont toutes íes lettres initiales ■ de chaqué vers 3
ou initiales de chaqué mot des vers , fcrment un
ou pluíieurs mots : relies font deux épigrammes
du premier livre de FAnthologie3 cbap. aS 3 faites
Tiine- á Thonneur de Bacchus 3 & Fautte á celui
dh-^pollon. Toutes les deux if ont que vingt-cinq
vers 3 dont le premier renferme Fexpofition du
fujet de répigramme. Les vingt-quatre vers fui-*
vans font compofés chacun de quitre épithétes 3
commencant toutes quatre par la méme lettre 3 &
difpofées felón rordre alphabétique des vingt-
quatre lettres grecques. Les quatre épithétes qui
forment le fecond vers de chaqué épigramme ,
commencent toutes par un A 3 les quatre du troi-
fiéme vers par un B 3 les quatre du quatriéme par
un Ej &c. ; ce qui fait quatre-vingt-feize épi-
thétes pour chacun de ces dieux.
Les grammairiens modernes ont appelé ce genre
& acroficke vers lettrifés ou taatogrammes. Ce fónt
en général des chef-d'oeuvres de patience & de
mauvais goút.
ACROSTOLIL'M. U acrojlolíum. étoit la partie
la plus éievée de Fomement qui couronnoit la
proue des vaiíTeaux anciens3 appelée soxls. 11 étoit
place au-deíTus de Féperon , & étoit fait en croe.
Le comte de Caylus le compare aux fers polis &
tranchans faits en maniere de cou de canard 3
que les Yénitiens mettent á la proue de leurs
gondoles. On ne doit pas le confondre ayec le
ckenifeus qui fe mettoit a la poupe 3 ni avec
lApAaí-ajt des Grecs ou Yaplajire des Romains^
qui faifoit Fornement de la p>ouppe & foumiíToic
un pendant á Y acrojlolíum. Avouons cependant qi^
quelques écriyains 3 en petit nombre 3 ont prís
indifféremment ce demíer pour I aplajire, & récí-
proquement. Cette erreur eñ venue peut-étre de
ce o'u ils ont parlé en général des ornemens d«
vaiíTeaux 3 fañs vouíoir s’aííujétir á nne exaSi-
tuie rigoureufe.
¡6 A C T
Ces ornemens j aurelte^ n'étoient á aucun ufage
pour la coirimodité ou la fureté des navigateurs
8c des combattans. Les Grecs les appeloient
Oa pla^oit au-deíTus de IGcro/o/iara la
tabiette appeJée vrvx'if Se c<pTa>,/Mi , fur laquebe
étoit écrlt le nom du navire &c étoient peints
deux yeux.
Les médailles ofFrent fouvent des acrofiohum
cui expnraoient des viótoires navales ou des vaif-
feauxpris ou coulés á fondj car on arrachoit ordi-
nairement a ccux-ci leurs acroftolium , que Ion
portoir en tnomphe. Cet ornement deligne auííi
fur les médailles les villes maritimes ^ relies que
Sidon , Aradus , & quelques autres.
ACROTÉRE. Vitruve donne ce nom á de
petits piédeftaux fans bafe & fom^ent fans_ cor-
niche , que les anciens deftinoient á recevoir les
figures placees aux extrémités triangulaires des
frontons.
ACROTERIA ^ ce font ^ dans f art Numifma-
tique, les ornemens pris furlesvaiífeaux ennemis^
& dont on a parlé á Tarticle Acroflaliam.
ACSACj mefure de_ capacité en ufage dans
TAíie & dans i’Egvpte. V. Ixic.
A-CTA. Les Romains entendoient par ce mor
un jardín agréable , placé fur le rivage de la mer ,
dans leouei iis fe lívroient aux plaiíirs & fouvent
á la débauche. Cicerón dit de Yerres (y. aj):
• 'T'üwetji 171 acia cían mulierculis jacebdZ ehrius. Les
courtifannes fréquentoient ces voluptueufes re-
traites C Senec. cont. ii. I.) : Nuda in litt&re fietifti
(¡d fafiidium emptoris.
De ce mot acia. Ies anciens formérent ,
Gclari, fe livrer á tous les plaiíirs.
Acta eut quelquefois une fignification plus
générale , & on Femploya pour exprimer des
rivages folitaires j & couverts d’ornbrages. Yirgiie j
( JEneid. v. 613.):
At procul in fola fecret& Troades adía
Amiffam Anckifen fícbant.
Et PrudencCj (¿« Symmach. I, 135.):
Temulentus adulter
Invenit expojitam fecreti in littoris acia.
ACTE SIMPLE 5 parca , fillon ^ mefure gro-
inatique des anciens Romains : elle vaioit 1 2 toifes
quarrées & ^ de Trance.
Elle vaioit^ en mefüres du méme peuple^
I 4 fextule de terre.
Ou 4 I fcrupules de terre.
Ou 480 pieds romains , quarrés.
Uacle ftmpU étoit une planche qu fillon de
4 pieds romains de largeur fur 120 de lon-
gueur.
Acte qu artlé 5 mefure gromatique des anciens
Romains : elle renfermoit y|||- d'arpens de France.
Elle renfermoit:, en meíures du méme peuple ^
é onces de terre.
Ou 24 ficiliques- de terre.
1 C T
Ou 30 ades limpies.
Ou 36 fextules de terre.
Ou 144 fcrupules de terre.
Ou 14,400 pieds romains quarrés.
Acte quarre du Jugere, mefure groma-
tique des anciens Romains. N oye^ Sexunx du
JUGÉRE. _ ^
ACTÉAj une des cinquantc neréides.
Néreídes.
ACTÉE ou Acteivs, fun des llx génies
envieux Se malins, que les Grecs appeloient Te/.
chines. IIs enforceloient les hommes par leurs
regarás, & avoient coutume d’arrofer la terre
avec feau infernale du Styx : de-la naiíToient la
peñe , la famine, & les autres calamites publiques.
ACTÉONj fiis du célebre Ariftée & d'Autonoé,
■ filie de Cadmus, fut la malheureufe vidtirne de
la fureur que Junon avoit vouée á la familie de
Cadmus. Etant á la chaffe dans le teyitoire dé
Mégare, ii trouva Diane qui fe baignoit avec fes
nymphes , 8c s’en approcha , attiré par la nou-
veauté du fpedacie. La déeííé , pour le punir de
fa témériré , lui jeta de Teau, qui le métamor-
phofa fur-le-champ en cerf, & fes propres chiens
le dévorérent. Diodore dit quAciéon mt regardé
& traité comme un impie, parce qu’il avoit mar-
qué du mépris pour Diane & pour fon cuite , &
qu’il avoit voulu manger des viandes qu¡ lui avoient
été offertes en facri&e. Selon Euripide, Aciéon
fut devoré par les chiens de Diane , parce quhl
avoit eu la vanité de fe dire plus habile qü'elle
dans Tart de chaffer; & felón Hygin, parce quil
avoit voulu lui faire violence. Ce malheureux
prince fut pourtant reconnu aprés fa mort pour
un héros, par les Orchoméniens, qui lui élevérent
des monumens héroíques , & lui offrirent tous
les ans des facrifices par Tordue d'Apolion.
Cette aventure eíl repréfentée fur un beau
médaillon de bronze, qui fe trouve dans les mé-
langes de Pellerin.
Actéon. C’eft !e nom d’un des chevaux qui
conduifoient le char du foleil dans la chute de
Phaeton, felón Fulgence le mythologue. ABéon
fignifie le iumineux (i) , & prend fon nom de la
ciarte du foleil. V. Erythreus, Lampos &
Philogeus. Ovide donne des noms difrérens aux
chevaux du foleil. V. Aethon, Pyroeis, Eous
8c Fhlegor.
ACTES, aBa. Les Romains appeloient aBa
diurna , ou f.mplement diurna , les regiñres dans
lefquels on écrivoit chaqué jour Ies añes du
•peuple romain. Tache les diñingue foigneufement
des annales deítinées á conferver la mémoire des
faits dignes du pinceaude Phiftoire. {AnnaL xiii>
31.) : Cum ex digtiitate populi romani repertum fit ,
res illufires annalihus , talia diurnis añis mandare.
Le mot feul diurna les délignoit tres- bien, parce
qu’on les com.pofoit chaqué jour. Suétone (
(ij Du grec A’»TÍy, rayón du íbleiU
Clauit
A C T
Cláud. c. 41 j «. cjO : Exjiat tdis fcríptura in p!e-
rifque librís , ac diurnls. IIs porrcterii encore ie
nom de publica aña, á caufe des matisres dont ils
traitoient. Tacite (^Arenal, xii , zc, , a^.') : Et quos
tam Claudias términos pofaerit , fucile cognitu, &
publicis aciis pnferiptum^
On inferivoit áans les acíes du peuple tout ce
qui pouvoit rintéreirer^ les jugemens publicS;, les
exécutions ^ Ies comices , les conítruílions des
édifices publics les naiíTances , les morts des per-
íbnnes célebres , les mariages & les divorces.
Ammien Marcellin nous a confervé le ítyle du
commencement de ces uñes (xxii^ 5.) Et acia
fuper eo gefia non fine magno legebantur horrare ,
cum id voluminis publici contineret exordium : con-
falatu Tauri & Florentii , inducio fub príconibas
Tauro. Ce pafíage nous apprend que Ton inferivoit
les exécutions dans les añes du peuple ; le fuivant ,
de Tacite 3 prouvera la méme chofe pour les édi-
fices publics { Annal. xiii , 31, I- ) • Elerone
iteriim L. Pifone Confulibus pauca memoria digna
evenere : nifi cui libeat, laudandis fundamentis & tra-
bibus , quis molem ampkitkeatri apud campuw. Irlartis
Cafar adftruxerat , volumina implare : cum ex digni-
tate populi romani , &c.
Suétone extrait prefque toujours des añes pu-
blics Ies années qui ont vu naitre les princes
dont il écrit rhiftoire. L’ufage de les inferiré daos
les añes venoit de Servius Tullius. Ce roi voulant
connoitre avec exaélitude le nombre des naiíTances ,
des morts & celui des vivanSj ordonna qu'á la
naiíTance de chaqué individu^ fes parens porte-
roient au tréfor de Junon-Lueine une certaine
piéce de monnoie , qu’á fa mort on feroit la méme
ofFrande á Vénus-Libitine , & qu enfin on porte-
roit de méme au temple de la jeunelTe une picce
de monnoie . quand un jeune homme prendroit
la robe virile. Antonin ajouta á cet ancien ufage
une pratique trés-utile pour Téconomie politique.
II ordonna qu’á la naiíTance de chaqué enfant^ le
f>ére déclareroit i’année j le jour de la naiíTance ,
e nom propre & le furnom de l’enfant , fa légi-
timité ou íh bátardife ^ au préfet du tréfor de
Tétat j qui en feroit mention fur les regiñres pu-
blics. ( Capitolin , ckap. 9).
Les añes du fénat étoient auffi appelés commen-
tarii , Se en grec úíi-s£i>é««Tií. lis contenoient en
abrégé tout ce qui fe difoit ou fe faifoit dans les
aíTemblces. Jules-Céfarles fit commencer pendant
fon confulatj & ii ordonna qu’on les rendir pu-
blics , ainfi que les añes du peuple. ( Suétone ,
c. ^6 , n. I On les continua avec exaftitude j
mBis Augufte , fon fucceíTeur . en défendit la pu-
blication. Ibidem. C’étoit un féaateur qui les rédi-
geoit j de peur qu’un fecrétaire étranger au fénat
n’en disnilguát les réfolutions fecrétes. Kadrien
remplit cette fondtion aprés avoir exercé la quef-
ture. (^Spanian. c. 3.} : Pofl quífluram aña fenatus
curavit. On appeloit le fénateur corumis á cstte
fédaction , ab aciis fenatus^
Antiquités , Tome
A C T 57
ACTEUR. La tragédie , dans fon origine , r.e
conílíroit qu’en un íimple choeur , qui chantoit des
hymnes á Thonneur de Bacchus. Thefpis intro-
duiíit le premier un perfonnage qui j pour foulager
le chceur j récitoit les aventures de quelqu’homme
célebre. Efchyle trouva que le role d’un añeur
feul étoit trop froid , & il fentit que Tintroduélion,
d’un fecond perfonnage qui s'entretiendroit avec
le premier j oceuperoit plus agréablement Taudi-
teur par le moyen du dialogue. II habilla plus
honnérement Ies añeurs , qui avant lui étoient
barbouillés de lie , & leur donna pour chauíTure
le cothurne élevé.
Sophocle penfa que les deux añeurs d’Efchylc
ne fuíEfoient pas pour donner de la vivacité á
Taéiionj & de la variété dans les incidens. II
ajouta un troiíiéme interlocuteur. Se fon exemplc
fut fuivi conílamment dans les tragédies grecques,
ou Ton voit rarement parler dans la méme fcénc
plus de trois añeurs, Horace femble méme eu
avoir fait un prccepte fondamental t
Nec quarta loqui perfona labórete
il fut cependant mal obfervé dans Ies comedies ,
0U5 pour augmenten Tintérétj on introduiíit plus
de trois perfonnages.
Les añeurs étoient divifés en deux & méme
en trois claíTes. Les premiers jouoient les prin-
cipaux roles. Térence dit dans le prologue ds
Phormion :
Primas partes qui aget , is erit Pkormio-
Ceux qui jouoient les feconds roles , étoient
obligés de diminuer leurs voix,pour ne pas couvrir
celles des premiers añeurs. M. Mallet , qui a fait
Tarticle Acteur dans la premiére Encyclopédie,.
rend cette idée par Texpreílion trés-impropre de
contrefaire les nains , pour dop.ner aux premiers
aéleurs le plus de lufre quils pouvoient. Cicerón
parle de ces trois efpéces Sí añeurs ( de Divin.
c. ly.) : Ut in añoribus gracis fieri videmus : ftpe
illum , qui efl fecundarum , aut tertiarum partium ,
cum pojfit aliquanto clarius dicere , quam ipfe pri-
marum , multum fubmittere. Chez les GrecSj les
roles de tyrans étoient íi odieux ^ que les pre-
miers añeurs ne s’en chargeoient jamais, & qu’ils
étoient abandonnés aux añeurs fubalternes.
Quant á la maniere dont les anciens regardoient
Ies añeurs, & dont ceux-ci étoient habillésj voy££
CoiííÉDiEN , Actrices.
ACTEÜS , étoit roi du pays ou Cécrops bátít
Alheñes. II donna fa filie en mariage á ce fonda-
teur , qui n’en devint le roi qu’ aprés la rnort de
fon beau-pére. Añeus eíl done le premier roi
d’Athénes.
ACTL4QEE, furnom d’Apollon , ptremenc
appelé AñiusSeAJiaus. On le lui donna á caufe du
promontoire d’Actium , fur lequel on Thonoroit
d’un cuite particulier. Cette diiunité paroit fur
les médailics d’Augufic avec un habilleraeat de
H
j8 A C X
femme & une lyre dans la main. _ Auguíle lui bátit
un nouveau tereipíe ^ apres la viétoire qu il rem-
porta fur Marc-Antoine , a la hauteur d^Aftiam. _
Actiaque. ( Ere ) Úére aSiaque tire fon ori-
gine & fon nom de la bataille d'Aótiumj qui
rendir Augiifte maítre de FEgypte & de tout
TEmpire Romain. Cet événement eft du_z ou
plutót du 3 feptembre de Tan 15 de Tere julíenne j
723 de Rome. Uére aciiaque commenca chez les
Romains avec la 16® année de Tere juiienne ,
c’eñ-á-dire, ay i janvier de Tan 724 de Rome. En
Egypre , ou elle fut adoptée la mérne année ,
& fe maindnt jufqu au régne de Dioclétien^j elle
commenca avec le mois thoth ou le 29 aoutj &
deux jours aprés, ou le i feptembre , _chez les
Crees d'Antíoche. Ceux-ci la nommoient auíTi
Tere d'Antiochej & nous voj'ons qifelle étoit
encore en tifage chez eux au neuviéme íiécle.
C’eft ce QU atteñe le patriarche Nfcéphore dans
fa chronographie. Mira IsAícv ^ &c. i^oft Julium
roTTiunis imvsravit C^für o^^viníins jíugujius ^ anuís
j6 & menfihus fex. Hiñe Antiocheni anuos fuos
numerant. On voit par-iá que le cardinal Nonp
s"eñ méprisj lorfqiiil a prétendu qu’on a ceíTé
de compter par Tere d’Augurte , peu de tems apres
la mort de ce prince : < ependant , il eíl vrai de
dire qu elle n’éciipfa pas Tere céfarienne d’Au-
tioche.
Ce fut á répoque de la bataille d^Adtium , que
les Egyptiens travaillérent á la réformation de
leur calendrier, fur le modéle de la cerreétion
julienne , & non pas du tems de Céfar.
Actiaqües , fétes & jeuxqy/oncélébroit tousles
trois ans en Thonneur d'Apollon. lis avoient pris
leur nom du promotoire d^Actium, enEpire^ oú
ce dieu avoit un temple. Pendant la célébration
de cette fete, il y avoit des combats dathlétes,
des courfes de chevaux , des combats fur la mer ,
& des danfes. On y tuok un boeuf, qui étoit
enfaite abandonné aux mouchesj parce qu’aprés
s’étre raiTaliées de fon fang , elles s’envoloient 8c
ñe revenoient plus. Augufte ^ apres la viétoire
qu"il remporta fur Marc-Antoine , á la hauteur
d’Aélium , 8c dont il fe crut redevable á Apollen ^
renouvela les jeux aciiaq-j.es. On ne les célébra
d’abord qu’á Adtium^ & tous les trois ans; mais
Augufte en transféra la célébration á Rome &
en fixa la reprife de cinq ans en cinq ans.
Quelques auteurs ont cru , & Virgile femble
l'iníinuer , qu'Auguíte étoit le fondateur de ces
jeox ; mais il les rétablit ílmpleinent , ainíl que
Julien le fit encore dans la fuíte. Au teñe, c’eñ
par erreur que Ton attribue á Virgiie le deíTein de
faire regarder Enée comme le fondateur des ieux
añiaques , parce qu'il dit , ( JEaeid. iii , 180. ) :
Aciiaque iliacis celehramus littora ludís.
Le poéte fait , i! eft vrai;, allufion a ces jeux ;
mais il veat leulement flatter Aunuite , en attri-
btiant au demi-dieu dont R tiroit fon orsgiae j
A C T
une inñitutioii que cer empereur avoit rétablie.
Servias , dans fon Commeiitaire fur Virgile , fait
cette réftexion.
Dion nous apprend qu Augufte fit célébrer les
jeux añiaques avec Agrippa , & 1 on y donna ut
tournoi ou combar á cheval , executé par des
patriciens & par leurs enfans. On avoit conftruit
en bois au milieu du champ de Mars, un ñade,
dans iequel on donna au peuple romain le ipec-
tacíe des combats d'athlétes & de gladiateurs. Ce
dernier fut executé par des captifs. Qiiitre coli.
léges de prétres , les pontifes^ , les augures ¡ les
feptemvirs & les quindecemvirs , furent charges
de la célébration de ces jeux. Sur deux medaules
de Tyr , frappées en Thonneur de Marc-Auréle
& de Fhilippe-Pére^ on lit : Actia , jeux adiaques.
Vaiilant en a concha qu’onies avoit celebres a i yr.
D’autres ont penfé qn actia, dans cet endroit,
exprimoit des jeux celébrés fur le bord de la mer,
appelé en grec
ACTIUM , dans l’Acarnanie. Aktio.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRRR. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
Son type ordinaire eft Pégafe volant.
ACTIUS, fumom d’Apollon , pris du lieu
d’Aftium , ou il étoit honoré. H. Actiaque.
ACTOR. Ce nom a été celai de piufieurs
perfonnages de 1 hiñoire fabuleufe ; le plus connu
eft celui qui eiit pour nls Ménetius , pare de
Patr : ele. Quelques-uns ont dit qu’il étoit Locrien ,
& qu'il sTftabiit dans rifle d’iLnone, apres avoir
époufé Egine, filie du fleuve Afopus, dont ií
eut Ménétius. Selon d'autres, yáSor étoit theíía-
lien, fils de Mirmidón , á qui Júpiter avoit doiiné
le joiir. La nvmphe Egine ayant eu de Júpiter un
enfant nommé Eaque , paífa en Theffalie , ou
Ador répoufa. II en eut piufieurs enfans , qui
confpirérent contre lui. Ador indigné, les chaíía,
& donna fon royaume, avec fa filie Folyméie, á
Pélée. H. PÉtÉE.
Actor, fut un des compagnons d’HercuIe,
dans la guerre des Amazones : il y fut bleífé , &
voulant s en retourner chez luí , il mourut en
chemin. Un autre Ador, fils d’Hyppafiis , fit le
voyage des Argonautes.
Un troifiéir.e Ador étoit fils de Neptune &
dhAgaméde, filie d’Augeas.
Ce nom fut erxore porté par un fils cfAxeas
ou Azéus ;i fut pére d'Aítioché , dont le dieu
Mars eut deux fils , qui comrnandérent au fiége
de Trove les troupes d’AfpIédon & d'Orcho-
méne, viiles de Boétie. V. ÁSTiocriÉ_.
Un autre Ador, fils de Phorbas , bátit une vilie
dans FFlide, fon pays natal, á laquélle ii donna
le nom d'Hyrmiiie , qui étoit celui de fa mere.
Augias, rol d'Elide , que quelques-uns iui donnent
pour frére, 5c dont les étables neteyées par Her-
cule , ont été chantées íi fouvent , partagea ion
rovaume “."itre cttAclor, Eiirrtus Se Créatus^ fes
deux filsj qui tucrent Iphicus^ frére utérin d Her-
cale. Ces deux £Is fonr diíignés chez Ies poetes ^
fous le nom de lAolioniács , parce que leur mere
s^appeloit Molione. F'. Molionides.
Enfin , il y <1 eu parmi Ies Auronces un Acior ,
dont Virgile a chanté la bravoure dans la guerre
de Turnus.
Actor , étoit chez les Romains le nom qui
déíignoit ihntendant de toas les biens d'iin citoyen.
Ce domeítique étoit le plus honorc de tous, &
veiüoit aux biens de campagne , ainfi cu a ceux
de la ville. On f appeloit auíTi quelquefois atrae
boTiora.m S¡C achor ■prídiorJ-rnfundorumque.. Cet office
diftéroitde ceu/t du procurator & da difpenf-tor.
acior étoit celui que Ton appelle aujourd huí
niajordome. Le roi Théodoric fixa á cent fo'us
l'amende que payeroit raíTaffin d'un de fes oíH-
ciers.
Actor fummaram. Cet efclave avoit un office
différent de Vaciar rerum. II n^toit que le caiííier
de fon maítre ; Se Ton juge quhl étoit efclave r
par le fupplica de la croix que Dominen íit fouffñt
á un de ces aSors. SuétonCj (^in Domit. c. ii ,
n. 1 ).
ACTORÍDES. Deux fréres , ainfi appelés de
leur píre Aéior ^ étoient fort hábiles á conduire
les chars. L'un tenoit Ies renes, & l’autre le fouet.
Pindare & Phérécydes en ont parlé. C'étoient les
memes que les Molionides.
ACTRICES. Chez les Grecs, les femmes ne
paroiíEoientpasfurles théátres pourdéclamer 5 elles
y danfoient feulement. Aulu-Gelle nous apprend
cet ufage. Un afteur tragique , qui devoit repré-
fenter Eleétre, cherchant á fe pénétrer du role
de cette infortunée princeíTe, & á s’exciter á la
douleur, entra fur la fcéne en portant Turne qui
renfermoit les cendres de fon fiis, mort depuis
peu , au lieu des cendres d’Oreite , qu’il devoit
préfeiíter. La grandeur des théátres anciens ren-
doit Ies femmes peu propres á la déclamation ,
á ctufe de la foibleíTe de leur voix.
Les femmes étoient remplacées dans Ies tra-
gédies & les comedies par des eunuques, dont
la voix gréij^ a beaucoup de reifemblance avec la
leur. Vireliius ^ épris de la beauté de Sporus, cet
eunuque íi connu dans Thiftoire de Ñéron , le
contraignit á monter fur le théátre , & á jouer
le role d'une nymphe que Ton enlevoit. Sporus
fut íi touché de Tinfamie que cette complaifance
avoit fait rejaiilir fur fa perfonne, qu"il fe perqa
le fein avec une épée.
ACTUARIA naves. Les anciens donnoient ce
nom á des efpeces de navires longs & légers. On
peut les comparer á nos briganüns. ^onius dit
que leur nom venoit de leur légéreté, qui les
rendoit trés-propres pour Texpédition. Ces navires
alloient á voiles Se á rames , felón Ifidore. Cependant
Saviiie 5 dans fon Traite de la Milice Romaine ,
aíTure que les navires añuarit¡ n’ étoient que des
vailfeaux ¿e charge, trainés ou remorqaés párales
grands nivires.
Ces batimens étoient de diSerentes grandeurs ;
car Cicerón parle des plus petits connus fous le
nom i. aclniriols, ''adAttic. xvi , 6.J .' Cerbitane
Parras, an aanariolis ad Leacopétram Tarentino-
ritrn ? Le nombre des rangs de rameurs fervoit á,
établir cette différence. Cicerón {adAttic. xvi. 3.) :
Hsc ego , conjeendens a Pompejano tribus aUiia-
riolis dacem fcalmis. On réfervoit le nom iVadua-
rU pour ces bátimens, lorfqu’ils avoient viíigt,
trente , quarante rameurs.
ACTÜARIUS, étoit chez les Romains Le
greffier qui écrivoit les aíies en notes ou en
abrégé.
Actuarius, faifoit dans leS armées les mé.mes
fonótions que Ies intendans d'armées modernes.
II étoit chargé de la paie & de la nourriture des
foldats. On foarniíToit devant lui les rations, 6c
il' en donnoit des décharges aux entrepreneurs des
vivres. aciuarius avanqoit de fes fonds des rations
ou de Targent aux foldats ; mais il n'en pouvoit
exiger d'autre intérét que le tiers du total , queique
iongue que fut la durée du pret. On le confond
ordinairement avec Vañarias j 8c Ton attribue au
premier cette infeription, dans laqueile le fecond
, officier eft nommé :
IMP. C.^SARI
M. AUREL. ANTO
NINO. PIO. FELICI. AUG
PARTHIC. MAX. ERIT. MAX
GER.MAN. MAX. PONTIF. MAX
TRIE. POT. XVIIII. eos. lili. IMP. III
P. P. PROC
EQUIPES. IN. HIS. ACTARIUS
LEG. VII. GEM. ANT. P. FEL
DEVOTI. KUMINI. MAJESTA
Q. EJÜS. Sttcweck,
A.CTUS, mefure. V. Acte.
A. D. Ces deux caraéléres dans Ies lettres que
s’écrivoient les anciens , íignifioient ante diem.
Des copiftes ignorans en ont fait tout íimplement
la prépoíition AD, 8c ont écrit ad ir. kal. ad vi.
id. ad III. non, &c. au lieu á‘ante diem quartum
kalendarum , ante diem fextum idus , &c. Cette
remarque eíl de Paul Manuce. On trouve dans
Yalerius Probus A. D. P. ante diem pridie.
AD. La prépoíition ad jointe á un mot, exprime
ordinairement, dans les auteurs latins, unecharge
ou feníftion relative á ce mot. Ad baculum , eft
un berger qui porte ce báton : ad cyathos , eft
Téchanfon : ad lecíicam , eft un porreur de ciiaife
ou de lidere, 8cc. 8cc.
ADAD , roi de Syrie , fut honoré comme un
dieu aprés fa mort par les Syriens , lur-tout á
Damas, au rapport de Jofeph, dans fes Antiquites
Judaiques. Oh croit que c eft le Dagon des Phi-
liftins. Ce nom fut dans la faite commun aux rois
de Syrie : Ü figrine auíll foleil.
A D D
Macrobe:, qni parle, dans le dix-hultiéme cha-
pitre dii premier livre des Saturnales, de cciAdad
ou Adod , dit que ce nom íigrdfioit un. Quelques-
iins luí donnent pour femme Adagartis ou Atker-
¡utis- , .
ADAMAKTEE, fut la nourrice de Júpiter,
en Créte : on dit qu elle fufpendit le berceau de
i'enfant entre des branches d'arbres , afin de pou-
Yoir dire oue ce petit dieu n'étoit rd dans le ciel,
bí Tur la terre , ni dans la iner. Pour que fes cris
íie tuñ'ent point entendus, elle aíTembla les jeunes
enfans du lieu , á qui elle donna de petits boucliers
d'airain 8c des piques , pour les faire retentir autour
de Parbre. (Jíygin ). V^. Curetes , Amalthee,
Meliíses , Aex.
ADANA , en Cilicie. aaanf.íin.
^es médailles autonomes de cette viile font :
O. en or.
RRRR. en bronze. ( Hunter. Eckkel ).
O. en argent.
Cette viiie a fait frapper des médailles impé-
iriales grecques, en I honneur de Julia Domna, de
Caracalla, de Diaduménien, de Treb. Galle, de
Valérien, de Gallien, de Maximin, de Gordien-
Fie, de Plautiile.
ADAR , dernier mois ou derniere lunaifon de
Fannée juive. Les Hébreux pendant long-tems ne
¿onnérent point de nom oarticuiier á leurs mois ;
ils difoient le premier, le fecond, le troiíiéme
mois , &c. Mais pendant la captivité de Babylone ,
ils prirentdes Chaldéens Ies no.ms des mois; c eft
de-lá que vient celui cxadar. Les Juifs fe fervoient
du cycle de dix-neuf ans , & ils intercaloient de
eems en tems un treiziéme mois. 11 y avoit ces
années-iá deux mois adar : le premier adar étoit
de trente jours ; le fecond n’en avoit que vingt-
neuf. Les années da cycle de dix-neuf ans qui
avoient deux adars , étoient la troiíiéme , la íixiéme ,
la huitiéme , la onziéme , la dix- feptieme & la
dix-neuviéme.
ADARGATIS ou áthergatis. V. Atar-
GATIS.
ADD^-EA , dans la Méíbpotamie.
Oii a des médailles imperiales grecques de cette
viüe , felón le P. Hardouin.
áDDIX , mefure de capacité de PAÍIe & de
TEgypte. V. Piloc.
ADDIXIT oa Addixerukt, étoit le motqui
exprimoit un bcn augure des oifeaux facrés. En y
joignant la négation, on exprimoit un mauvais
augure.
AAEA®nií AHMGsí. Les peuples amis.
Les médailles autonomes de Laodicée , d^Apa-
mée , dh4ntioche & de Séieucie , quacre viiles
confédérées de Syrie , font ;
O. en or.
C. en bronze.
O. en argent.
Leurs typss ordinaires font un foadre aile, un
srépicd.
A D J
ADEONA. V. Abeona.
ADEPHAGIE, déeíTe de la gourmandife, i
laquelle les Siciliens rendoient un cuite religieux.
Ils’lui avoient élevé un temple, dans lequel fa
ftatue fe trouvoit auprés de celle de Cérés. Son
nom étoit formé d’A'JV, volupté , & de
manger.
ADEPHAGUS, furnom quon donne á Her-
cule , pour exprimer fon appérit vorace.
ADÉS. C'eíl un nom qu'on donnoit fouvent
á Pluton, comme au roi des Morts ; car Ades
íignifie mort, fépulcre, enfer, du grec a’íJs,? ou
aA^s-, obfcur, invifible, comppfé de Vi privatif,
& de tiS'a , je vois. On entendoit auffi par ce nom
le lieu fouterrein ou alloient & d'oú revenoicnc
les ames des morts. V. Amenthes.
ADÍABENÍCUS, furnom de Tempereur Sep-
time-Sévére , qui le mérita en réduifant FAdiabéne
(l'ancienne Aííyrie) fous le joug des Romains.
ADÍTUS in tkeatro. On appeloit ainfi les portes
ou les avenues par lefquelles on fe rendoit des
gradins de Famphidiéáíre , dans les portiques
extérieurs qui Fentouroient. Ces portes ou ave-
nues s'appeloient aufli vomitoria. \'itruve recom-
mande de les multiplier, de les dégager les unes
des autres , & enfin de les aligner pour faciliter
la fortie des fpeclateurs.
A DIT US, étoit fur les navires le milieu du
tillacj par lequel on entroit dans le bátiment. Cet
endroit portoit autrefois le nom dVagea.
ADJüTOR , exprimoit chez les Romains les
fonétions de celui que nous nommons adjoint.
Adjutor añoris , étoit Faide OU Fadjoint d'un
intendant de maifon.
Adjutor admijftonam , étoit le fous-introduéleur
des ambaíTadeurs oud'autres perfonnages notables.
Adjutor arufpicum. Dans la pompe des jeux du
cirque , cet aide des arufpices paroiífoit au neu-
vicme rang avec les autres aides des prétres.
Aajutor commentarlenjis. 11 fuppléoit le geolier
commentarienfis OU greffier des prifons, dans fes
fonélions ; il arrétoit les coupables , les renfer-
moit dans Ies prifons, leur donnoit la torture,
& quelquefois méme il fervoit de bourreau.
Adjutor magzfiri ojf.ciorum Cet oíficier renipla-
coit dans fon tribunal le maitre de la maifon du
pnnce, & il fuffifoit pour fon infiitution, d'étrc
préfenté par e maitre. 11 préfidoit en 1 abfence du
maitre au tribunal qui jugeoit les caufes des oíE-
' ciers du palais. On luí donne quelquefois lefurnora
honorable de [¡.eóíablLis , & queíouefois celui de
clurijjimus ^ qui étoit affecié aux fénateurs.
Adjutor 2:1 opcio rnagiñratuum , étoit celui qiU
aidoit quelcue mag’ítrat dans fes fonñions, S,
le remphqoit lorfqu’il étoit malade.
Adjutor pr&torzanx fedzs. Cet oíficier, qui por-
toit atvífi le nom de orim'cier, fuppléoit le préfet
du prétoire. II avoh le droit de faire arréter les
délinouans , & de les mettre en prifon. Mais fou
exerdce ne duroit que pendant deux années.
A D L
.Adjutor prlncipzs , étoit á Tarmée un aide-de-
cc.mp ou adjusiar.t.
Áájutor provincii. On trouve fu" Ies anciens
marbres des adjutores de la Lufitanie, de la \ et-
tonie, duPicenurrij deChrpre, envoyés de Rome
d.ans ces diíférentes provinces , comme nos con-
tróleurs. . ^
Adjiítór tahularii raúonum , adjoint: au contro-
leur des re'. enus du prince. On trouve fréquem-
ment les noms de ces officiers dans les infcnptions :
le détail en feroit trop long , & d’ailleurs kurs
fonftions font aiTez exprimées par le nom qa" ils
portent.
ADJLTRIXj Itglo prima. Cétoit le furnom
d’une legión , dont il eíl fouvent fait mention
dans les lois romaines.
ADLECTl. Ce mot , qui ílgnfiie ajfociés , &
propreirsent choifis , s'appüquoít á plufiears fortes
de perfonnes chez Ies Romains.
Adledi milites , étoieat des foldats incorpores
dans une autre legión ou cohorte.
AdicEli. On donna ce nom dans le Bas-Empire,
aux confeillers du prince & á ieurs grands offi-
ciers.
AdleBi feeniez , étoient des comédiens fubal-
ternes , affociés aux premiers. II en eft fait men-
tion dans ce fragment d'une infeription qui étoit
á Rome , au-delá du pont Milvius :
ZjAUDATITS» populo» SOLITUS. L^ANDATA.
REFERRE. ADLECTUS, PARASITUS. APOL^
ZIKIS.
II y avoit des fénateurs qui s'appeloient adlecii;
parce qudls avoient été tires de fordre des che-
valiers , pour compietter le nombre ordinaire des
fénateurs.
Des divinités portoient auffi le nom ¿ladleBi,
c'étoient les hommes déiíiés ^ appelés par les
Romains dii mhiorum gentium.
ADLENTARE barbam. On exprimoit par ces
mots le foin que Ton prenoit chaqué jour de pei-
gner la barbe , & de la rendre douce Se flexible.
Cétoit une dignité tres-recherchée á la cour des
err.pereurs grecs. Orderic Vital (liv. 7) dit que
la charge des íiL’es de Robert Guifeard j étoit d'at-
tendre le ré' eíl de Temperear Alexis Comnéne;
& lorfqu’il avoit lavé fes mains , d'apporter une
ferviette j avec un peigne dhvoirej pour peigner
fa barbe.
ADLOrUTIO. y. Allocütiok,
A D M E T E j une des nymphes océanides.
y. OCBANIDES.
Admete, roi de Fhéres, en TheíTalie, fiit un
des argonautes , un des chaíTeurs de Calvdon , &
il étoit couíin de Jafon. Apollen ayant été chaíTc
du ciel , fiit contraint de fe mettre au fervice de
ce prince, pour avoir foin de fes troupeaux. Le
bon acrueil que lui fit le roi, Fengagea dans la
fiiite á devenir le dieu titélaire de fa maifon.
Admetc étant raenacé de la uiort, ApoUon uompa
A D M 61
les Parques , Se le déroba á ieurs coups , ma's fous
la condition qu un autre mortei prendroit fa place
dans les enfers. Le roi preíTentit fur ce facrifice
volontaire fes amis , fes parens , méme fon pére
& fa mere, qui étoient tres-vieux', perfonne,
excepté fon époufe Alcefte , ne voulut perdre la
vie pour fauver celle de fon roi. y. Alceste.
Admete, filie d’Euryfthée, infpira a fon pére
Tordre qufll donna á Hercule , de lui apporier la
ceinture de la reine des Amazones, parce que
cette fameufe ceinture avoit ttnté Admete. Athénée
raconte de cette princeíTe une hiftoire extraordi-
naire. Ayant fui d’Argos, elle aborda á Samos j
& croyant devoir Fheureux fuccés de fon voyage
á Junon , elle fe confaera au fervice de fon temple.
Les Argiens, irrités de fa fuite, promirent á des
corfaires TjTtrhéniens une groffe fomme d’argcnt^
s ils pouvoient enlever du temple de Samos la
ftatue de_ Junon , efpérant de faire porter la peine
de ce vol á Admete, &c d'en tirer vengeance par
les mains des Samiens. Ces corfaires volérenr la
ftatue, Femportérent furleur vailTeau, & levérenr
Fancre pour fe retirer au plus vite, en ramant
avec forcé : mais quelques efforts qnhls puflént
faire, ils n'avancoient point, & demedroient tou-
jours immobiles. Perfuadés que c'étoit une pu.ni*
tion divine, ils mirent la ftatue á terre, en faifant
quelques cérémonies autour d'elle pour appaifer
la déeíTe. Admete appercut au point du jour que
la ftatue manquoit, en donna avis aux Samiens ^
qui Fallérent ciiercher de tous les cotés , & la
trouvérent enfin fur le Lord de la mer. Ils crurent
que Junon , de fon propre mouvement , av’oit
voulu s’enfuir au pays des Cariens ; 8c de peur
qu'elle ne prit u.ne feconde fois la fuite , ils la
¡iérent á des branches d'arbres. Admete vint en-
fuite, déiia la ftatue, expia le crime des Samiens ^
8c remit Junon á fa place ordinaire. Depuis ce
tems, les Samiens portoient tous les ans la ftatue
de Junon au bord de la mer, la lioient comme
la premiére fois , 8c célébroienr une féte qufils
appeloient Teriea , parce quflls avoient tendu des
branches d'arbres autour de la ñarue.
ADMíSSiONALES , étoient Ies introdufieurs
auprés des princes ou des citoyens opulens; Ieurs
fonétions étoient de lever le rideau ou la poniere
qui fermoit la porte de la chambre de Fempereur ^
& de faire entrer ‘ ou de reconduire ceux qui
étoient admis á fon audience. Ces ofíiciers étoient:
en trés-grand nombre ; on les divifoit en quarre
décuries , dor.t chaqué chef porroit le nom de
magifter : mais tous étoient fubordonnés aU maglfler
admijjlonum , premier introduéieur, dont la dignité
étcit tres-honorable.
Les admijjianales étoient des affranchis , 8c Ieurs
places étoient recherchées , a caufe du crédit
qu elíes donnoient. Les hiftonens remarquent avec
foin que Vefpafien, Antomn 8c Alexandre-Sév'ére
étoient d'u.n accés 11 facüe , qu'ils ne íe fervoicnt
point H adml^iGncles ,
6i A B O
.4D-rtííSSICXlS primí , jzcuitdí <¡ tertis.. Cxi
ciiíliiiguoit a la cour des empereurs , & mcme
chez des paiticuliers riches & puiíTans ^ les amis
qui avoient les premieres entrées, les fe'ondes^
les troiiiémes. Lampride dit qu Alexandre-Sévére
ne dédaigiioit pas de viíiter fes amis malad« ,
non-feulement ceux qui étoient admis Ies premiers
auprés de fa perfonne , mais ceux mémes qui
n’avoient que les fecondes entrées.
Cette coutume de partager fes amis en pluíieiirs
claífes, vint des confuís C. Gracchus S¿ Livius
Drufus j comme nous Fapprend Séneque ( de
Benefic. vi, c. 34. J .• Apud nos primi omnium
C. Gracchus mox Livius Drufus inf ituerunt
fegregare turbam fuam, & alias in fecretum recipere ,
alias cum pluribus , alios univerfos. Habuerurt
itaqhe ifti amicos primos , kabuerunt & fecundos ,
nunqziam veros. == lis eurent pluíieurs claíTes d’amís,
mais point d’ami véritable.
ADNA, roí inconnu.
Ses médailles fonr :
RRRR. en argent. (Fellerin).
O. en or.
O. en bronze.
ADNOTATIO. Cétoit un refcrit du prince j
íigné par lui. II contenoit ordinairement un pa^-
don ^ & reffembloit á nos lettres de grace ou de
rcrrdfion.
ADOD j nom que les Phéniciens donnoient au
roi des dieux.
ADOLERE. Arnobe (lib.y.) dit que les
prétres avoient coutume chez Ies Rotr.aiñsj de
n employer dans les facrifices que des mots d’ori-
gine grecque ou barbare^ aSn de nétre pas en-
rendus par la multitude. Le mot aiolere nous en
fournit un exeniple frappant. Au lieu de fe fervir
des yerbes urere , cremare , pour exprimer la com-
buftion des viétimes , Ies pontifes avoient adopté
le rnot adolere , dont Fctysnologie & le fens propre
étoient plus détournés. Le mot augeri en four-
nira un fecond exemple.
ADOLESCENCE. Les Romains appeloient
adolefcens les garpons depuis quatorze ans júfqa'á
vingt-cinq , & les filies depuis douze jufqVá
vingt-un. Ón ne ccmprenoit dans le cens que les
adolefcens ou ceux qui avoient atteint Táge de
puberté ^ & Ies hommes faits.
Les juges déclaroient adolefcens les jeunes gar-
4ons qui avoient quatorze ans. Ceux-ci faifoieat
alors couper leur cheveiure qu ils avoient laiiTé
croitre pendant Tenfance , & ils prenoicnt la robe
virile. Les jeunes patriciens quittoient á cette
époque la pretexte pour fe revétir de la toge^
qui annonqoit leur aptitude á poíluler les charges
de la république.
Les jurifconfultes font partagés fur la maniere
dont les juges s’aífuroient de la puberté ^ & fur
celle dont il faut rendre ex habita corporis , qui
éíoit un de ccs moyens : mais la décence reftreint
A D O
le fcns de ,ces mots a xz fimple inrpeílion des
forces corporeücs de rindiviau habillé.
ADOrsEA 5 nom d’une divinité qui préíidoit
aux voyages, comme .d/coree. _ ■
ADONÉE. Les Arabes appeloient ainíi le
foleil j & radoroient fous ce nom , en luí oftrant
chaqué jour de Tencens & des parfums. Ils don-
nérent le méme nom á Bacchus , dit Aufone.
A.DONIDÍE. VoíTms, liv. 3. ck. 13 dejes Infi.
poét. , parle d'une chanfon á Thonneur dL4doais ^
qifil aopelle adonidie.
ADÓNlEj air que Ies Lacédémoniens jouoient
fur les Ilutes appelées emhatériennes , lorfqa’iis
marchoient au combar.
ADONIESoaAsoKiENNES'j c’étoientdes fétes
de deuil dans la GrécCj en Fhonneur d' Adonis.
V. Adonis. Ce fut un mauvaispréfage pour Nicias ,
chef des Athéniens , d’étre parti pour la guerre de
Sicile, lorfqu on célébroit les adonies , parce que
c’ étoient des fétes de trifteíTe & de lamenta-
tions.
ADONIS étoit^ felón Meiirllus ^ une danfe des
anciens Grecs. C'étoit une efpéce de ballet dans
lequel un pantomime imitoit Adonis , & repré-
fenroit fon infortune- Arnobe, ¿iv. j,8c Prudence
(jrsff 5-s®), hymne 10, parlent de cette danfe,
fans lui donner cependant le nom d’ Adonis.
Adonis , fleuve pres de Byblos, en Phénicie,
dans lequel on lava la piale de Adonis. V. Tarticle
fuivant & Byelos.
Adonis , étoit le fruir de Fincefte commis par
Myrrha avec Cyniras fon pére. V. MyrrhA.
Lorfqufil naquit de fa mere , métamorphofée en
arbre, les náyades le recurent dans leurs bras, &
l'ayant couchg fur Fherbe , Poignirent avec les
larmes que Myrrha venoitde répandre. Cet enfant,
dit Ovide , étoit íi beau , que FEnvie elle-méme
auroit été forcée de Fadinirer. II reffembloit á
FAmour j & la reffemblance auroít été parfake,
íi on lui avoit donné un carquois & des fleches ,
ou íi Fon avoit ¿té á FAmour fes fleches & fon
carquois. Venus, charmée de la beauté de cet
enfant, le renferma dans un coffre , & ne le montra
qffa Proferpine. Celle-ci proteffa qu'elle vouloit
le garder. .Júpiter fut pris pour arbitre entre les
deux déeííes , & pronon^a ogi Adonis feroit libre
pendant les quatre premiers mois de Fannée , qu 11
donneroit les quatre fuivass á Proferpine , Se les
quatre derniers á Venus. Mais Adonis renor-ya
bientót aux quatre mois que Júpiter lui avoit
dcnnés, pour les facrifier á Vénus.
D’autres ont dit que Júpiter, dans Fappréhen-
íion de mécontenter les deux déeffes, remit la
déciSon á Calliope, qui ordonna qn’ Adonis feroit
íix mois á Venus & fix mois á Proferpine. Un an
fut empldyé á décider une querelle Je cette im-
portance. Pendant ce tems --la , Proferpine fut
maitreffe ál Adonis j & pour faire jouir Vénus des
Cx mois qui lui avoient été adjugés , il fallut dé-
puter vers Fluson les heures , qui ramenérení
A D o
'Adoras fur la terre. Ce fut pour fe venger de ce
retardj qui priyoit Venus de ia préfence de fon
amant pendant une année , que certa déefíé infpira
aax damas de Thrace un amour fi violent p'our
Crphée ^ fils de Calliope. Chacune d’eiles voulant
Tarracher aux autres , elles le mirent en piéces.
Dans les Dialogues de Lucien, Venus reproche
a Cupidon fon fils , de Favoir fait brúler tantót
fur le mont Ida pour Anchife ^ & tantót fur le
tnont Liban pour cet Adonis , dont il !ui avoit
enlevé la moitié ^ en infpirant de Famour pour luí
á Froferpine.
D'autres auteurs ont dit que Venus Fenleva ,
& s^attacha á lui íi fortement , que le ciel mén-e
lui parut un féjour peu agréable j en corr.paraifon
des boisj des montagnes & des rochers ou elle
fuivoit Adonis á la chaffe. Cet enlévement devint
pour les anciens peintres^ un fu;et auíli fréqaent
de leiirs tableaux ^ que ce'ui de Ganyméde : Plaute
BOUS Fapprend dans fes Ménechmes.
Les deux déelTes ne furent pas feules éprifes
des charmes á’ Adonis. Plufieurs ont pretenda que
ce chaíTeur ayant Ies deux fexes, faifoit comnte
hornme les délices de Venus j Se comme femme
celles d’Apollon. D’autres , fans lui donner les
deux fexes j ont dit qu’il étoit le favori de Venus
Se de Bacchus 5 ils ajoutent méme qu'il fut enlevé
par ce dernier. On a dit encore qu Adonis avoit
été Fobjet des complaifances de Júpiter. Quelques-
uns en ont meme fait un des favoris d’Hercide : &
felón eux, la jalouíie qu’en concut Venus , Fexcita
á indiquer au centaure Neffus comment il pourroit
drelTer des embuches á ce héros. Ontrouve aiileurs
une anecdote bien oppofée á celle-ci. HercuJe
voyant fortir d’un temple fitué dans une vüle de
Macédoine un peuple nombreux , y vouiut entrer
pour offrir fes voeux ; mais ayant appris q'Von y
adoroit Adonis^ ii fe moqua d'un cuite auííl ridi-
cule,
, Si les anciens ont varié fur les amours d’ Adonis ,
ils n'ont pas été plus d'accord fur fes oceupations
& fur famort.Virgilej, dans fes Egiogues^ nousle
peint comme berger ; mais prefque tous les autres
en ont fait un chaíTeur , & quelques-uns ont dit
méme que cette inclinaíion pour la chaiTe étoit
Fouvrage des mufes. Elles vouloient fe venger de
Venus j qui avoit infpiré á queiques unes d’entre
elles de Famour pour des mortels. Pour exécuter
ce projet de ve.ngeance , elles chanterent devant
Adonis queiques airs qui lui donnérent une paííion
violente pour !a chaíTe, dont Ies exercices pénib'es
le tenoient fouvent éloigné de la déeíTe. Tous les
auteurs s accordent á díte qiFil fut rué par un fan-
glrer ; mais plufieurs ent aíTiiré cuc ce fut un
d-eii cui prit la forme de cet animal. Les uns ont
p-érendu que ce fut Mars , ialoux & bríllant du
í de punir '.'énas qui lui préféroit ce rival;
¿ . L ont attribué cette mét xmorphofe a Apol-
le- . r .ú fe ;' ;rta á cet exces de violence , pour
yerg.íi' ; m :Ls i-tyaiaSthe j que la déeíle avoit
A D O
renau^aveug’e . parce qull Faveit vue -crcar.t des
bras á" Adonis , & entrent nue dans le bain. 11 rj-
fulte conílamment de ces différentes traditions ,
qu Adonis fut tué par un fanglier. On a cru cepen-
dant qu il n étoit pas mort de cette bleílure , Se
qu il avoit été guéri par un certain Coevre ^ difciple
cu centaure Chiron. F. Cocytüs.' Enfin , les
anciens ont feint que Venus cacha , ou méme
enterra le cerps d’ Adonis fous des laitnes.
Aprés ces différentes traditions fur Fhiñoire
á’A&onis, ii nous refte á denner un précis de ce
qu'en a dit Ovide : c’eíl la relation rk ce poete
qui eft la plus connue aujourd’hui , & á laquelle
les peintres fe font conformes. II le fait naitre da
crime de Myrrha avec fon pére ^ & dit que les
naiades le requrent quand il naqui: de fa’ mere
changée en arbre. En jourF Amour careiiant V énus ,
& badinant avec elle la bleíTa par hafard avec
une fleche qui tomba de fon caro’uois. La déeiTe
fe fentant piquee , repouffa fon fils d-e la main ;
mais h bleflfiire étoit plus profonde qu’elle ne
paroilioit Fétre & la aéeíTe y fut tro.mpée elle-
méme : elle devint fenfible aux charmes ¿‘Adonis ,
&^des-lors elle fiit pañis de la paíTion infenfée
quVIle avoit infpirée á Myrrha pour fon pére.
Urdquement oceupée de fon amant, Vénus ne
peut plus fupporter le féjour de Cythére, de
Paphos , de Gnide & d'Amathonte : celui de
FOlympe méme lui paroit trille & ennuyeux.
Cette déeíTe, qui jufqu'alors ne s'étoit oceupée
que de fa beauté , court fans reláche les pieds nuds
á travers Ies rochsrs pour fuivre fon amant; elle
anime^ les chitns , & pourfuit tous les animaux
que Fon peut chalfer fans danger, reís que Ies
-jevtes , Ies cerfs , &c. mais elle evite les" béres
faneuíes , & racha dhnfpirer la méme rerenue á
fon amant. Aprés Favoir un jour vivement exhorté
á fuivre ce confeil , eiie s^éioigna de lui pour aller
revoir Filie de Chypre. Adonis fut á peine feiil ,
qu il partir pour la chaíTe , & bleíTa un enorme
fanglier. Cet animal furieux pourfuivit^dOT/b, lui
enfonca fes défenfes dans le cóté , & le renverfa
mourant fur la pouíEére. Vénus , rappelée par fes
cris , _ le trouva baigné dans fon fáng , & prés
d’expirer. Elle le changea en anémone.
Aprés fa mert, Froferpine confentit á ne Favoir
que lix mois dans fes états , & á le lailTer pendant
les lix autres mois á Vénus. Cette réfurrection
fabuleufe le ñt metrre au rang des dieiix , & fon
cuite commen^a dans la Phénicie , oú ce prince
avoit régné. II fe répandi: dans les pays voiíins,
en Egypte , oú Fon áonnoit á Adonis le nom
d'Ofiris, Se quelquefois celui de Thammus , dans
ía Syrie, dans la Perfe, dans Filie de Chypre, Se
enfin dans la Gréce. Sa féte duroit huir jours, &
coráfeenqoit dans le tems oú les eaux du fieuve
Adonis qui tombe du Liban, font chargées d'ure
couleur roageátre, qu'elles confervent aíTez avart
dans la mer; c"eír ce qui arrive quand aprés avoir
été greífies par les pides, elles eiurainent une
64 A D O
argíls rougeátre. Mais Ies femmes de Syrle cjoyant
Qii Adonis avoit rscu ía bieílure fur is mont Lioan ^
s^imaginoient (^ue cette bleíTure fe renouve-toit
tous íes ans , & produifoit cette couleur fanguino-
lantCj qui étoit ie íignal pour la célébration des
ízdoráes. ÁloTS toutcla ville cotnmenijoitá prendie
le deuil , & á donner des marques {Jubliques
d'aífiidtion. On tfentendoit de tous cotes que
pleurs & gémifíemens : les femmes , qui eroient
les miniñres de ce cuite , couroient les rúes la tete
rafee j & en fe frappant la poitrme-
A Alexandriej la reine ou ii dame la plus quali-
fiée de la ville , portoit la ílatue S Adonis , accom-
pagnée des femmes les plus coníidérables , qui'
ten oient ala main des corbeilles pleines de gateaux ,
des boétes de parfums , des iieiirs j des branches
d’arbres & toutes fortes de fruits. La pompe étoit
fermée par d’autres dames qui portoient de riches
tapis j fur lefquels étoient placés deux lits ornes
de broderies d'or & d'argent; riin pour Venus
& Tautre pour Adonis. Oa vovoit fur ces lits la
Ilatue du jeune prince. La pá.Ieur de la mort re-
pandue fur fon v’ifage , n’effacoic pas les charmes
qui l’avoient rendu íi aimable. Cette proceífion
marchoit au bruit des tipmpettes & de toutes
fortes d'inílrumens , qui accompagnoieat Ies voix
des muíiciens.
A Athénes , qiiand le tems de la féte £ Adonis
étoit arrivé j on avoit foin de placer dans plu-
íieurs quartiers de la ville j des ílatues qui repré-
fentoient un jeune homme mort á la fieur de fon
age. Les femmes j vétues d^habits de deuil ^ ve-
noient bientót les enlever pour en célébrer les
funeraiiles , p'eurant & chantant des cantiques
qui exprimoient íqur aríliclion. Ces jours de deuil
étoient réputés malheureux ; on prit pour un pam
vais augure 8c le départ de la flotte des AthénienSj
qui mit á la voile a cette époque pour ailer en
Sicile 3 & Fentrée que fit Fempereur Julien dans
Antioche pendant les adornes. Au dernier joar de
la féte, le deuil fe changeoit en joie^ & chacun
fe réjouiíroit de la réfurredtion ¿Adonis ou de
fon apothéofe.
Entre les autres cerémonies proprqs á cette
féte, il faut remarquer la fuivante. On portoit
dans des vafes de terre du bled qu’on y avoit femé ,
des ñeurs , de Fherbe naiífante , des fruits, des
arbriñéaux 8c des laitues 5 8c á la fin des feces ,
en jetoit ces jardins portatifs dans la mer ou dans
quelques fonraines- C’étoit une efpéce de facrifice
qu on faifoit a. Adonis. Tous ces ufages avoknt un
rapport ríianifeíle aux prétendues circonílances de
fa vie 8c de fa mort. Les Babyloniens donnoient
á ces fétes le notn de falambon, 8c Lampride dit
qu’Elagabalc célébra falambon a la maniere des
Syriens , avec de grands cris 8c des lamentations.
La premiére Idylle de Bion paroít étre une de ces
lamentations que Fon chantoit 8c répétoit en
choEur pendant les fétes ¿Adonis.
Une allégorie afíronomique fait la bafe de toutes
A D O
ces fidlions. Ce prérendu Adonis eíl un embléme
du foleil , qui parcourt pendant íix mois la partie
fupérieure de la fphére, c'eíl-á-dire , en langage
mytho-aílronomique , le ciel, & pendant le reíle
de Fannée la partie inférieure , c’eft-á-dire , le
tartarc ou Ies enfers. Martianus Gapella dit á cet
aílre, pére de la nature, {Nupt. Phiíol. lib. 2.) ;
Te Serapim Nilus , Memphis veneratur Ofmm,
Dijfona [acra Mitram , Ditemque , ferum'pie
Typkonem.
Atys pulcker, item enrvi & puer almas aratri:
Ammon & areníis Lybies , ac Biblius Ados-.
Sic vario cúnelas te nomine convocat orbis.
Biblias Adon nous fait connoitre en méme-
tems F origine ¿Adonis. Les Phéniciens altérérent
les dogmes aílronomiques des premiers Egyptiens ;
8c cette nouvelle divinicé , inconnue aux habitans
de Memphis, fut imaginée par ceux de FAiTyrie
8c de Bfblos. L’hym.ne ¿Adonis , qui porte le
nom d’Orphée, lui donne des attributsqui appar-
tiennent évidemment au foleU. ” V ous fourniírez ,
=5 y eíl-il dit , la nourriture á toar ce qui refpire. . .
Vous vous éteignez 8c brillez enfuite de nou-
» veaux feux á des périodes réglées — V ous faites
» naitre la verdura Tantót vous habitez le tar-
» tare obfeur, tantotvous montez vers Folympe,
M & vous faites alors murir les fruits Cet hymne
appelle Adonis AhÍk-m , nom que le prétendu
Orphée donne feulement aux grands dieux, 8c
quhl avoit appris fans doute dans Ies myñéres
emanes de la dodtrine des génies.
Macrobe s’exprime d’une maniere beaucoup
plus claire dans le chapitre 21 du premier livre
des Saturnales. « On ne peut douter t\¿ Adonis ne
» foit la méme chofe que le foleil , íi Fon examine
» la mythologie des AíTyriens. lis ont eu autrefois
une profonde vénération pour Vénus-Architis
» 8c pour Adonis ; 8c c’eíl d’eux que les Phéni-
» ciehs ont recu ce cuite ; car les phyficiens donnent
» le nom de Vénus á Fhémifphére fupérieur du
" globe que nous habitons , 8c celui de Profer-
» pine á Fautre hémifphére. Les Affyriens 8c les
== Phéniciens repréfentent leur déeíTe dans le deuil
» 8c dan? Faffliclionj parce que le foleil, en par-
» courant la carriére annuelle du zodiaque, def-
« cend dans Fhémifphére inférieur, c'eíl-á-dire,
» dans les fix íignes inférieurs. Pendant cette faifon
=3 les jours font trés-courts 5 c’eíl pourquoi on dit
=3 que la déeíTe pleure la perte du foleil qui luí
3» eíl enlevé par Proferpine , c’eíl-á-dire , par les
>5 Antipodes. Ces peuples croyent encore qn Adonis
33 eíl rendu á Vénus, lorfque le foleil quittant les
33 íignes inférieurs , vient éclairer notre hémif-
3= phére, 8c faire eroitre la Inmiére 8c les jours.
>3 lis difent que la mort ¿Adonis eíl venue pat
>3 la morfure d’un fanglier, qui eíl Fembléme de
=3 Fhiver Cette faifon eíl envifagée comme
=3 une bleíTure du foleil 3 qui diminue fa lumiére
A D o
« Sr fa chaleur; eíFets qce la mort produic Tur Ies
» erres animés
ADOPTION. Les principes que les Grecs & les
Romains ont fuivis dans Vadoption, appartiennenr
á la Juriiprudencc-j & ne doivent pss trouver
place id. iS'ous parlerons leulement des cérémo-
nies qui raccompagnoientj parce qu’elles ont un
rapporr néceíláire aux courumes des nations , &
aux arts du deffin qui les font revivre.
Tous ceuxquij chez les Grecs, n'avoienr poi.nt
d’enfans legitimes, pouvoient adopter leurs íils
natureis ou des enfans étrangers , avec le con-
fentement de leurs peres & méres. On n’excliioit
de cette loi que les perfonnes qui n’étoient pas
maitreíTes d'elles-mémes , relies que Ies efclaves ,
Ies femmes, les infenfés & les jeunes gens au-
deílous de \'ingt-ans , qui ne pouvoient pas meme
faire de teítamenr.
Celui qui étoit adopté par un athénien , étoit
reverá da droit de bourgeoilie, qui donnoit feul
le droit d’hérirer. Son nom étoit enfuite inferir
dans -Ies regiñres de la tribu du pére qui Tavoit
adopté , comme ceux de tous les enfans des
citayens. II n’y avoit dans cette infeription d’autre
diíférence que pour le tems. Les enfans adpptifs
n’étoient enregillrés qu’aux fétes appelées thar-
gélies, dans le mois thargélion.
Les Lacédémoniens avoient maltiplié les diíH-
cultés dans Tade á’ adopción , afin d'éviter la pré-
cipitation dans une aft'aire auíTi importante, On
ne pouvoit á Sparte adopter quelqu'un qifen
prefence du roj. Les enfans adoptifs jouiíToient
de tous les droits , privüéges & immunités de
leiir nouveau pére; mais ils étoient en méme-
tems chargés de remplir toutes fes obiigations &
tous íes engagemess. Vouloient-iis rentrer dans
leur premiére familia , ils ne pouvoient le faire
á .Athénes'qu'apres avoir eu des enfans qui fiíTent
revivre le nom da pére par adapción; 8c fans cela,
ils perdoienctous leurs droits á l’héritage. Lorfqae
le pére par adapción avoit des enfans nés aprés
cet ade , fon héritage étoit partagé entre fes
enfans & fes füs adoptifs. Ces derniers ne pou- ,
voient auffi , de leur cote, récLmer ni partager
les biens de ieur pére natural.
On diílinguoit chez les Romains deux fortes
á'adopcians , qui fe faifoient Tune devant le pré-
teur feul , Tautre devant le peuple aíTemble du
'tems de la république, & depuis par un íimple
refcrit des erapereurs. La premiére forte £ adop-
ción. regardoit les fiis de famille , dont le pére
namrel déclaroit devant le préteur qudl renon-
coit a fes droits & les rranfmettoit au pére par
adopción. On appeloit adrogacion , adrogacio , la
feconde íorte & adopción qui fe pratiquoit envers
les perfonnes libres. Dans'ies deux cas, celui qui
étoit adopté qmttoit fes nomspropres, & prenoit
le^ prenom , le nom & le furnom de fon nouveau
pére , en y ajoutant quelquefois un des liens ,
quú allongeoit par une nDuveiie tcrininaifon ,
.Antcquicés ^ Tome I.
A D O ^5
en a.nas : par exemple , T. Pomponiiis Atticus ,
adopté par Q. Caiciiius , s'appela Q. Cscilius
Pomponianus Atticus.
Lss etnpereurs grecs pratiquérent Vadoptzoit
d une maniere bien différente. Conftantin Pogonat
envoya á Rome Ies cheveux de fes deux fiIs ,
Jiiftinien Se Heraclius, qui furent recus en grande
pompe par le pape Benoit II, le clergé & Parmée.
C^étoit une adopción iiíitée dans ce tems ; celui
qm recevoit les cheveux d’un jeune homme, étoit
regardé comme fon pére.
Les anciens Gaalois aveient une adapción mili-
taire , qu^’ils appeloient adapción par Ies armes.
Ei!e leur venoit des peuples du nord ou des Ger-
mains, & elle paíTa dans Pempire romain, comme
on le voit fréquemment dans Phiíloire des Goths
& des Lombards. C'étoit dans une aíTemblée pu-
blique que, chez Ies peuples áii nord, le pére, un
parent ou un des chefs armoit de pied en cap
Penfant parvenú á Páge de puberté. Cttt& adopción
étoit une permiffion de porter Ies armes ; mais
elle devint chez les Romains des derniers tems ,
la récompenfe de ceux qui Ies avoient portees
avec gloire.
_ Les adoptions militaifes fe faifoient par la tra-
dition des armes , en donnant ou envovant á celui
qu’on adoptoit , différentes fortes d" armes ou
d i-nñrumens de guerre, & quelquefois en le revé-
tant ou le faifant revétir par des ambaíTadeurs d’une
armure complette; car ces adoptions n^étoient en
ufage que chez les fouverains. Elles étoient ordi-
nairement accompagnées de préfens plus ou moins
coníidérables. Elles donnoieíit Ies nems de pére
& de fiis, comme Pancienne adopción romaine,
& Pon fe faifoit un honneur de prendre ces noms
dans les fuferiptions des lettres & dans Ies aéies
pubíics. Teile étoit Pidée qu’on avoit chez les
Goths Se chez Ies Lombards de cette adapción :
elle étoit regardée comme le premier degré d’hcn-
neur de la milice. Les rois de ces peuples n’admet-
toient point leurs fiis á leur rabie , qu ils n’euííént
été adoptes par quelque prince étranger ; Se ceux-
ci alioient chercher cet honneur jufques chez les
princes ennemis.
L’an 1090, Pempereur Alexis Comnéne vou-
lant attacher á fes intéréts Godefroi , duc de la
BaíTe-Lorraine , qui conduifoir á la Terre-Sainta
une armée de croiíes, Padopta pour fon fiis, en
le faifant revétír des habits impériaux avec tonta
la folemnité Se felón la coutume du pays. Le
prince d’EdeíTe, adoptant de cette maniere Bau-
douin, frére du meme Godefroi, le fit entrar nud
fous fa chemife , Se le Perra fortement entre fes
bras , pour fignifier qu’il le regarderoit deformáis
comme un füs forti de lui-raéme.
A Pégard des adoptions faites par Ies rois da
France, les hiíloriens en décrivent deux fortes;
Yadopcion par Ies cheveux dont nous avons
parlé plus haat. Se Pautre par la barbe. Dtns un
trairé de paix conclu entre Clovis Se .-Usrif ^ ü
é6 Á D O
fut résié qu’Álaric toiicheroir la ^rbe de Clovrs,
& d“viendroit par cette cérémonie fon parrein o_u
fon pére adoptií. D^autres fois_, on.pe fe conteatoir
pas de toucher la barbe ou les cheveuXj on en
foupoit une partie. . ^ .
Adoptio>ís. On trouve queiqnes adoptions
marquées fur les médailles. Far exemple^, cellc
¿e Trajan : Imf. C-Ss. Nsrva. Trajas. Aug.
Grrm. Au revers ; Adoptio ; une figure en nabít
tsiiitaire 5 tenant de fa-main gauche une ha.te j
tend la droite á une figure reverue de la rogé des
fénai-eurs. — Ceiie d’Hadrien, par Trajan :
Trajasus Hadrianus Aug. Au revers :^dop-
Tio Parth. divi Trajas. Aug. P- M. Tr.
P. Cos., iíc. Trajan, Hadríen Se^Antonin prirent
dans le eommencement de leur régne les noms ae
ceux qu! Ies avoient adoptés ; tnais i.s íes qiut-
térent bientót pour se porter lur leurs monnoies
que ieurs noms propres > Trajanus , Hadrianus ^
Antoninus. i- r
ADOR. ^oEdor, ador, adoreum , far , alicaj-
trum ou halicafrum , femen, \ea , olyra , ariraa,
fandalum, oryxa, tipht , bromos, tragos, fqnt^des
appellaílons polyglottes de la rneme lorte ue^iro-
ment , avec quelques iégéres diíferences. l ador
ou \t far eft de tous les fromens ie plus fermej'
ie plus vigoureíix ; c’eít celiii qui foutient it íuieux
les rigiieurs de Fhiver. II s^accommodej lans oeau-
conp de culture , des ierres chaudes comme des
ierres froidss. Ceft un bled d hiver que i on feme
vers le tems du coucher des pleiades^ j ^ fa rige ,
plus haute que celle de Torge , eft divifee par fix
noeuds ; fes feuiiles foni untes & doaces au tou-
cher , fon épi eft fans barbe j fon grain eft revétu
deolufieurs fortes enveloppes. Ce grain, de mejne
que le mület &le pañis, ne peut fe nétoyerni fe
débarrafler de fes écailles , fans avoir eré chaufFé
& deíTéché au four 5 c’eft par cette raifon qu on
eft obügé de garder dans fa baile ceiui que 1 on
ré-ferve pour la femence. II eft plus pefant que
f orge, mais moins que le triticam
11 réuífit parfaiterúent en Itaiie , & principale-
ment dans la Campanie, ou o-n Tap^-elle femen j
®n y en fait deux récoltes chaqué année 3^ & 01*
de plus une récolte de pañis dans la méme ierre.
Comme ce froment eft diíEciIe á batiré , & qu on
a de la peine á Farracher des capfules qui le con- :
tiennent, on ne le netoie point á Faite, ainfi que
le nitLum oc la fiügo ; on eft forcé de le ferrer
avec ía pailíe, dont enfuite on trouve moyen de i
ie débarraífer en le faifant deíFécher au four. ,
Vador ou le far fe plaít dans les ierres craieufes ,
dans les terrcs rouges , dans les ierres bañes & les
plus humides ; In cretofo & ruLricofo & aquofiore
agro adoreum... in creta & uligine & rubrica íf agro
qui aquofus erit femen adoreum potijjtmum ferito.. .
in creta é? rubrica 6? aquofio'e agro, adoreum... .
Feriti in toco kumidiore far adoreum potius ferunt
quarn triticam ; contra in aridiore hordeum potius
qpam far..,, ÍÁagis opte in agris imbribas obnoxiis
A D O
adoreum quam triticam feritur : quoniam folliculutn
quo continetur , firmum & ¿arabilem adversas Ion-
gioris temporis humorem habet.
33 Columellé dit qu on connoiñbit quatre fortes
de far ou ^ador : celui-de Cluíium ou de Chiufi,
dont le grain eft d une blancheur admirable j le
far, appelé vennucuLum rutilum , dont le grain avoit
Féclat de For, & un trojíiéme qiu_ étott blanc;
ces deux derniers furpafloient^ celui de Ciuftum
pour le poids : enfin, !e quatriéme , appelé /¿fTZfs
trimefire ou autrement halicaftrum , etoit plus pe-
fant que tous les autres & Ies furpaíToit en quahte.
Les anciens, par conféquent, avoient une lorte
de far on ¿ador, qui étoit un froment d’hiver,
8c un autre que nous appellerions /ur de mars ou
far trimeftre¡ lequel fe rr.ettoit en terre au prin-
tems. Airgile, dit CoIumelle , penie que Ion ne
doit femer Vador, auííi-bien que \t ^^trittcum ,
qftaprés le coucher des pléiades, ce qu ii exprime
ainíi dans ces vers : r
At fi triticeam irt m.ejfem robufiaque farra
Exercebis kumum , folifque infiabis arifiis ,
Ante tibí eos. atlantides ubfconaantur.
Or , apure CoIumelle , eües fe couchent le 3 1*
jour aprés Fequinoxe d’automne, ce qui arrive le.
9- des calendes d^octobre. Ce jour repondoit dans
Fancien calendrier romain , au 23 de fepteiTtbrej
mais dans notre calendrier aéluel , il doit réponáre
au 23 d'odobre , puifqu’il toraboit le 31^ jour
aprés Fequinoxe 3=’. Aíétrologie de Pauñon.
Ador , gáteau fait avec la farine de Vador &
du fel. V. Aborea.
ADOR ATI imhres. Sénéque donne ce noin
aux iargeñes que faifoient les empereiirs au peuple
aíTembié pour voir les jeux. On Ies jetoit a pleine
main fur Ies fpedateurs , qui les comparoient a la
pluie. Le furnom ¿adorad par leqael ils les défi-
gnoient , nous apprend qu'on les diftribuoit ae
cette maniere, au moment oü ils fe ¡evoient &
adoroient le prince en baifant ieurs mains. F. Far-
ticle fuivant.
ADORATION. Les anciens exprimoient par
ce mot le falut que Fon donnoit aux imagcs des
dieux , OH aux perfonnes conftituées en dignitc.
Ce falut confiñoit á porter la main droite a la
boliche, á fe couvrir la tete & á tourner use
fois fur fof-méme, en eomraen^ant par le cote
droit: V. Circumvertere.
Les anciens craignoient de fouiller les images
des dieux en les baifant ; c’eft pourquoi ils fe con-
tentoient de baifer Ieurs mains, & enfuite de le*
rendre aux divinités. PKne (xxviii. 2.) le dit
formellement : In adorando dextram ad ofculum
referimos. Apulée, dans fon Apologie : ue»
adkuc fupplicavit : nullfim templum frequentavd •’/*
■ fanum aliquod prstereat , nefas habet adorandi gratii
manum labris admovere. => II n’a príé aucun dieu 5
il na fréquenté aucun temple ; & lorfqu’il
devant une ílatue confacrée , il craindroit do
A D o
cotrimettre un crirue en portanr la main á fa bouche
pour faiaer la diviñité da liea. ”
Les Crees & Ies Romains ne manquoient pas
de porter la main á leur bouche , & de prier á
voix bailé Ies divinités dont les temples & les
ftatues de bois ou de pierre fe trouvoient fur leur
chemin. Ovide, dans le llxieme livre des ^léta-
morphofes :
Ipfe ducem dederat , cam quo dum pafcim lufiro ,
Ecce lacús medio facrarum nigra favilln
Ara vetas fiabat , tremulis circumdata cannis.
Refiitic ¡ & parido f aveas miki y marmare , dixit
Dax meas y & ¡imili ,f aveas , mihi murmure , dixi-
La formule ordinaire de ces prieres á voix baíTe
ctoit faveas y foyez-moi favorable, lis adoroient
de la méme maniere les images des dieux qui
étoient placees fur les portes des villes ^ pour y
recevoir Ies horamages de ceux qui entroienr ou
fortoient. Cette maniere i'adorer & de faluer en
baifant la main & la tendant vers ceux que Ton
vouloit flechir ou honorer, fit naitre ces expref-
fions fi fréquentes chez les anciens auteursj a
facie jactare manas , bufia , ofcula.
H adoration de la pourpre s'introdiiilir fous les
empereurs. Ceux qui étoient admis á les faluer^
touchoient leur manteau de pourpre , 8c baifoient
enfuite la main qui avoit touché le manteau impé-
rial. L'empereur ofFroit fa pourpre á baifer aiixper-
fonnes qu'il vouloit honorer ; cette adtion étoit
exprimée par une locution particuliére ^ majejlatis
irfigne porrigere. Le révclté Lucillicn , qui a\’X)it
été fait prifonnier, ayant paru devant Julien, fut
admis des fon arrivée á baifer la pourpre; ce qui
lui fit croire que ce prince lui pardonnoit & luí
rendoit fes bonnes graces. Celui-ci:, en lui préfen- .
tant fon manteau á baifer^ lui dit {Ammian. xxi.) :
M.ajefiatis infigne , non ut confiliario tibi y fed ut
defiráis pavere y porrexi. Je vous ai ofifert ma
pourpre á baifer non point comme une faveur_,
telle que je Taccorde á mes confeillers, mais pour
vous raíTurer entiérement. «
- Les favoris du prince étoient admis á cet hon-
neur les premiers oules derniers^ fuivant le degré
de faveur oü ils étoient auprés de lui^ & quelques
tribuns y étoient admis avec eux {Ibidem.j ; mais
on écarcoit avecr foin ceux qui avoient encouru
la difgrace du prince. Nous ápprenons du mém.e
Ammien Marcellin (xv. 5.) , que cet ufage étado-
rer la pourpre y inconnu aiix premiers empereurs ,
avoit été introduit par Conftance á la cour de
Cohílantinople. II Tavoit fait á l'exemple des rois
barbares.
Trebellius_ Pollion , parlant de Zénobic , dit
qu clie fe faiíbit adorer a la maniere des Feries ;
c"eiLa-dire, quon fe profrernoir devant elle, &
que 1 on baifoit la terre apres favoir frappée avec
le front. Elagabale voulut taire adorer*ce méme
les empereurs romains , mais le modefte Alexandre-
Sévére repouíTa bieatot aprés cette baffe flattene
ADR 6~t
des Aííatiques. Conon I’avoi; autrefois refafée á
Artaxerxés, 8-: Callifthéne á Aiexandre. Si Ton
croit Luden {de Navigioj, íes Peifes, en adorant
le grand roi , & fe profrernant devant lui , cacho ient
leurs mains derriere le dos. Ceft auíG de FOrienc
que Vitellius apporta Yadoration pratiquée envers
les dieux , mais qa’il employa par un raíEnement
d'adulation envers Augufte. II ne Faborda plus
depuis fon retour de Syrie , q'u en fe couvrant la
tete & en tournant fur lai-méme pour fe prof-
terner á fes pieds. Dioclétien offrit fes pieds á
baifer aux courtifans qui venoient le faluer, 8c il
fit attacher á cet effet des pierreries á fa chauíTure.
Sous Charlemagne & fon fils , les grands qui
s’adreíToient au roi lui baifoient de méme Ies pieds.
C'eíl peut-étre á Fexemple des empereurs &: des
autres princes temporeis , que les fouverains pon-
rifes offrirent leurs pieds á baifer aux fidéles.
ADOREA. On nommoit ador 8c adorea , Ies
gáteaux faits avec de la faríne de from.ent Se du
fel , qu’on offroit en facrifice , & les facrifices
eux-mémes s^’appeloienc adorea facrificia.
Les Romains , dans Ies commencemens de la
répiiblique , appeloient adorea toute efpéce de
récolte. Plaute {Ampk. /. i. 38.):
(¿ui preda , atque agro , atque adorea afiecit populares
Le mot adorea exprimoit dans Ies mémes tems
jufqu’á la gloire meme que Fon acquéroit par
les armes. Elle recut ce nom de la récompenfe
que Ies chefs accordoient aux foldats. Elle con-
fiñoit dans une hémJne ou un quartier de fiar,
efpéce de fromenr. Pline (xviii. 5.) : Gloriam
denique ipfam a furris konore adoream avpella-
hant.
ADPORINA, íurnoiif de Cybéle : elle le
recut d’un de fes temples , batí fur une mon-
tagne efearpée & de diíEciie accés , auprés de
Pergame.
ADRAMELECH & Anamelech , divinités
des habitans de Sépharvaím , qu’on repréfentoit
fous la figure d’un paon. Ces idolatres faifoienc
bniier des enfans en Fhonneur de ces dieux, ce
qui montre leur identité avec Moloch. Adramsleck
lignifie un roi puiíTant , Se Anamelech un roi
magnifique ; peut-étre étoit-ce le foleii & la lune
qu’iis adoroient fous ces noms , ou bien on peut
croire que c’étoient d’anciens rois du pays.
ADRAME. V. Adrakus.
ADR.AMNE, dans la Coeléfyrie. aapaaíKqx.
Cette ville a fait frapper des médailles imperiales
grecqueS', en Fhonneur de M.-Auréle & de Luciüe.
ADRAMYTIUM , en Myfie. aAfaaitthncs.
Les médailles autonomes de cette ville font;
RR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
Cette ville a fait frapper des médailles impe-
riales greco ues, en Fhonneur de Domkiea, de
I n
6S ADR
Trajan, de Marc-Aiirék,, de Conimede, de Julia-
Domnaj.de Caracalla , d’Elagabaie, dAlexanare-
Sévére^ de Gordien-Pie, de Gailien.
ADRAN ÜSj étoit un dieu particulier a la
Sicile. JI éroit íinguliérement honoré dans la viÜe
. d’Axdrane j qui j ayant eré bátie prés de fon temple ,
au pied du mont Etna , par Denys , en pnt le
nom j ainli que le fleuve fur les bords duquel elle
étoit íituée. Héfychius dit qnAdranus étoit pete
des dieux Palices. Plus de mille chiens confacrés
á ce dieu , faifoient pendant de jour un accueil
fiatteiir aux citoyens 8e aux étrangers qui venoient
a fon temple, & fervoient de guides pendant la
rmit á ceux qui s’étoient pris de vin. lis déchi-
roientj au contraire, impitoyableroent ceux que
leur impiété & leur infoienee rendoient coupables
envers la divinité.
Adranus, en Sicile. AapAXOT.
Les médailles autonomes de cette viiie font :
ERR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
ADRASTE, íils 4’HercuIe, fe jeta au feu
par ordre á'ApolIon. Flipponoiis , fon fiis ^ en fit
autant.
Adraste, íils de Mérops , batir dans laTroade
la ville d’Adraftée , & y eleva un temple á la
Eortune. Ce temple eut dans la fuite un cracle
célebre dfApollon.
Adraste étoit fils de Talaiis, rol d’Argos,
& de Lylianaííe, filie de Polybe, roi de Sycione.
Amphiaraiis , ce devin fi fameux , defcendoit de
Mélampus. Mélampus avoit guéri de la folie les
filies de Frjetus , Fun des ayeals á'Adrafte ; & pour
récompenfe, il avoit eu une patrie du royaume
d'Argos. V. Mélampus. Amphiaraiis, non con-
tent de la portion qui lui étoit échue, com.me
fucceíTeur de Mélampus , perfécuta fi cruellement
les defcendans de Pr*ms, qui formoient la famüle
¿eTaiaüs, á laquelle Tautre moitié du troné appar-
tenoit , qaAdrafte fut obligé de s’enñiir á Sycione ,
«hez Polybe, fon beau-pére. Pour terminer fes
diíférends avec Ampbiaraüs , Adrafie lui donna
Eriphile en mariage, 8c revínt á Argos.
Adrafie eutpluíieursenfans, deuxfils, ^gialeüs
Zc Cyanippus, 8c trois filies, Argie, Déiphile 8c
iEgialée. On ne fait fi c’eñ de cet Adrafie que
Hyppodamie , femme de Pirithoüs , étoit filie.
Quoi qufil en foit, Adrafie confultant Foracle fu-
le fortde fes deux premieres filies. Apollen répondit
quelles feroient mariées. Pune avec un fanglier,
Fautre avec un lion. Quelque tems aprés, Poly-
íúce , chaíTé de Thébes , fe retira á Argos , & y
arnva couvert d'une peau de lion,- fe faifant hon-
aeur, comme Thébain , de poner Fhabillement
d Hercule. A-peu-prés dans le írteme tems, Thydée
ftirvint revétu d'une peau de fanglier, en mémoire
du fanglier de Calidon, que Méléagre , fon frere,
avoit rué. Adrafie -ne doura point que ces deux
priflces ne fufiieat les maris que i'oraclc avoit
ADR
deñinés á fes filies ; en conféquence , Polynice
époufa Argie , & Thydée époufa Déiphile. De ce
dernier maiiage r.aquit Dioméde , qui devint
Fépoux de fa tante Agialée.
Polynice ayant été exclu de la coiironne de
Thébes, par Etéocle, fon frére, nonobílant les
conventions faites entf eux , Adrafie réfolut de
foutenir les droits de Polynice fon gendre. Amphia-
raüs , á qui fon efprit prophétique avoit appris
qu'il périroit dans cette guerre, refufoit d'y aller,
& en détournoit les autres, parce qu'il prévoyoit
que de tous les chefs, Adrafie feroit le feui qui
en reviendroit. A..mphiaraiis , pour éviter de mar-
cher á cette guerre , s'étoit caché j m.ais Polynice
gagna Ériphile par le moyen du fameux coliier.
V. Eriphile. Elle découvrit la retraite de fon mari,
qui fut obligé de rejoindre Farmée. Amphiaraiis
ne fe trompoit pas. Adrafie fut fuivi de fes deux
gendres , Polynice & Thydée , de Capanée &
d'Hippomédo’n , fils de fes fceurs , d’ Amphiaraiis ,
fon beau-frére, 8c de Parthénopée : tels étoient
les fept preux dont l'expédition a été tant célé-
brée par Ies poetes, lis y périrent tous , á la ré-
ferve ¿e Adrafie , qui fut fauvé par fon chevaí
Arion V. Arion. Quoique la mort de Polynice
eut aiuiré le troné de Thébes á Etéocle , la guerre
ne fut pas terminée pour cela. Adrafie n'ayanr
pu obtenir les corps des Argiens tués devant
Thébes, eut recours aux Athéniens, qui, fous
la conduite de Théfée, contraignirent le nout'eae
roi de Thébes á. faite ce ofii Adrafie demandoit.
Les fils de ceux qui avoient péri á la premiére
expédition , en fireiit une feconde , dix ans aprés ,
qui fut nommée la guerre des Epygones {V. Epy-
GONE. ) , & qui fe termina par le faccagement
de Thébes. Aucun des chefs n'y périr, excepté
TÍgialée, fils ó!Aidrafte. Le roi, d'aiileurs, a&bsblí
par la vieilleífe, fut fi fenfible -a la perte de fon
fils, qu'il en mourut á Mégare, comme ii rame-
noit Farmée vióterieufe.
II avoit été á la feis roi d'Argos & de Sycione.
Ses fujets de Sycione iui drefíerent un tombeau
au miiieu de leur grande place. Se infiituérent des
fétes Se des facrifices en fon honneur, qu'ils célé-
broient tous les ans avec beaucoup de pompe : ií
avoit rendu leur ville illuiite parles jeux pythiques
qu'il avoit établis. Sa mémoire fut aulTi honorée
par ceux de Mégare. V. Arion, Polynice,
.Tydee, Etéocle, Alcméon, Amphiaraus.
ADRASTÉE, une des mélifTes on nymphes
qui iiourrirent Júpiter dans Fautre de DíStée-»
D. Mélisse, Adamantee.
Adrastée ou Adrastie’, filie de Júpiter Se
de laNéceffité, étoit, felón Plutarque, la feule
furie miniílre de la vengeance des dieux. Son norn
eft tiré du ^ec ¿u JfS» , touiours agiífante , ou
de Va privatif, & de S'faa (m 'íihae^nt , je nús. H
défigne une divinité oui eíl toujours en adtron ,
que fien n' empeche d'agir Se de punir Ies coo-
pabiesj o-u bien ii peut íígnifieT une áivinké áoní
ADR
on ne faurcit éviter la vengeance Les prétres égyp-
riens pla^oieiit Adraílie áu-deífus de la lune ^ d'ou
elle examinoit tout le monde , fans qu^aucun cou-
pabie lili échappat. Adraílie n’ellj felón quelques-
iins j qa’un. furnom de Néméíis : un particulier
nommé Adr^ftce , avant elevé un temple á cette
déeíTej luí donna fonnom - comme s^’ü eút vouiu
dire qu'elle étoit filie á’ Adrajiée. V. NeívIESIs.
ADSíArsEES oii Adriakales. On devroit
écÚte lIadriíZTzées ou Hadrianales , comme on écrit
Hadrzen. Quoi qu'rl en foit , on appeloir de ce
nom des jeux iníHcués en Thonneur de Tempereur
Hadrien. II y en avoit de deux fortes j les uns qui
fe célébroient tous les ans ¡ & les aatres tous íes
cinq ans feulement.
ÁDRIAiSEUM 5 aujourd’hu! le chíteau Saint-
Ange d Home , moles Hadriani. Hadrien voyant
que le torqbeau d'Augulle (Dion. zxix , p. 75)7.)
étoit rcmpli , & que Ton ne pouvoit plus y enterrer
aucun empereur , fit batir le monument appeié
Adrianeum. Le maufolée d'Auguíte étoit place
auprés du grand champ de Mars ; de méme Hadrien
éleva le fien vis-á-vis du pedt champ de ]\íarSj
auquel ii le joignit par un pont. Ce monument
avoit auíT: , comme celui d’Augulle , la forme
d'un qmrré ^ au miiieu duquel s’élevoit une tour
ronde.
Ce qui en relie aujourd’hui, occupe un quart
de la tour par ie bas. Les murs font de psperino
noir & poreux : ils font doubles ^ & le maffif
de la tour ou l’entre-deux des murs eít rempíi
de morder & de briques jetees au hafard , fans
aucun arrangementj tnais li épais , qu’on y a rc-
fervé á peine la place d’un efcalier. La tour étoit
incruílée de marbre de ParoS;, Couronnée par des
ftatueSj des chars, des chevaux ^ & terminée par .
une pomme de pin en bronze doréj éto^inante
par fa grandeur. On voit encore au belvedere
cette pomme j avec deux des quatre paons dores ^
de méme metal, qui raccompagnoient- Elle fai-
foit allaíion á la douleur qu’éprouva Cybéie en
voyant mourir Ads, qui avoit été blefle fous un
pin. Les paons indiquoient la fépuiture des impé-
ratrices , comme on le voit fréquemment far les
médaiiles de leurs confécrations.
Le tombeau d’Hadrien étoit entonté de colon-
nades, & Ton croit que Ies plus bailes colonnes
de cet édifice furent tranfportées á Saint-Paul des
le temsde Conílandn. On montoitintérieurement
jufqu’au haut par une pente doiice tournée en
fpirale, oú ¡es voitures pouvcient alíér. Ce monu-
ntent ayant fervi de citadelle, & les Romains y
erant aífiégés par Vitigés, roi des Goths, ils s’y
derendirent avec les ftatues au’ils ietérent Rir leurs
ennemis. De ce nombre fiit le célebre Faune en-
dormi, plus grand que nature, qui ell confervé
dins le palais Barberini, & que Pon treuva fans
cuiíTe, fans jambe &: fans bras gauche, en creu- j
fant le foífé du cháteau Saint- Ange. Si Fon ajoure |
foi á un auteur gree^, Jean ¿’Aadoche, la ñauic [
ADS 6^
d’Hadrien, repréíéntée dans un cuadrige, méri-
to!t a jufte titre le nom de colcíTe.
Elle étoit íi grande , & fon char étoit fi volu-
rnineiix , qu’un homme de haute taille peuv^oit
s’ip.troduíre dans les creux des yeux des chevaux.
On a prétendu de plus que la ílatue , le char &
les chevaux , étoient faits d’un feul bloc de marbre.
Mais toute cette defeription , dit le judicieus
Winkelmann, paroít étre une fable grecque , Se
mérite d’étre mife fur la méme iigne que le récit
d’un autre écrivain grec du méme íiécle. Michel
Choniate, décrivant la tete d’une ílatue de Juno.n ,
tranfportée á Conílantinople , dit que quatre paires
de bceufs pouvoient á peine la traíner, tañt elle-
étoit pefante.
Hadrien fat enterré dans ce monument, ainfi
que tous les Antonins. Pertinax y fit porter le
corps de Commode, Se Ton- y dépofa auíE celui
de P’érus.
Lorfque I’empereur Aurélien eut renfermé le
champ de Mars dans l’enceinte des murs de Rome,
le maufolée d’Hadrien s’en trouva fi voííin , qu’il
devint une efpéce de citadelle vers le rems de
Tempereur Honorius, ou au moins fous Béiifaire.
Les Romains s’en fervirent depuis comme d’une
fortereííe ; les Goths prirent plufieurs fois ce chá-
teau j les Exocques de Ravenne & d’autres enfuite
l’occiipérent , & le dégraderent fucceííivemént.
ADRIAÑOPOLIS, Se femblables. r.HADRiA-
NOPOLIS.
ADRIEN. V. Hadrien.
ADROGATIOñ. C’étoit í’efpéce d’adoption
qui fe pratiquoit á l’égard d’un homme libre,
tile fe faifoit autrefois en préfence du peuple,
mais depuis en préfence du prince , ou du préreur
qui le repréfentoit. V. Adoption.
ADREMETE. V. Hadruiíetüm.
ADSCRIPTII glebe., étoient chez les Romains
des efclaves arrachés á la culture de certaines
terres , & qui ne pouvoient étre veadus qu’avec
ces terres.
ADSEDERE figninoit dans le fénat, étre ds
l’avis propofé ; parce que les fénateurs parloienc
debout j & que ceux qui ne fe levclent ñas , étoient
fenfés n’avoir aucune objeétion á taire centre
¡’avis de I’opinant.
A D SEN TIRE Lorfque Ies foldats romains
agréoíent Ies própofitions que leur faifoient les
commandans dans les allocutions , ils élevoient
les mains & la voix, & frappoient leurs boucliers
avec les genoux 5 ce qui étoit appeié edfentiri.
Lucain décrit cet ajfentzment dans les vers fuivans
(38<í, lib. I.) de la Pharfale:
Tíis cuneta Jimul adfenfere cohortes,
Elatafque alte , quacunque ad bella ■vocaret,
Erotnljere matuis : it tantas ad &tnera clamot',
ADSERERE, AdseRtio, Adsertor mana
in libertatem. Ces mots font relatifs á Tune des
maaiéres par kfqueiles on affrzncíiiírcir un efclave j
A D V
c eñ-á-dírej en ic prenant par la main en pro-
non^ant cette formule : Huac liberali caufa marM
adfero.
ADSESSORES. Les maglílrars qui tfavoient
pas le pouvoir de juger feuls ^ fe fiifoient aíLfter
clans ¡es j'ugemens par des jurifconmltes- On Ies
appeloir adfeffores (d’ou eíl venu le mor franpis
ajl'cjfeur) ^ parce qudls prenoient place aux cores
du juge qui les appeloir.
ADSIDELyE. On appeloir de ce nom, felón
FeítuSj des rabies auprés defquelles s'aífeyoient
les fiamines pendanr Ies facrifices, Quant á lenrs
formes particuliéres , on ne fait ríen de pofitif
fur cet objet.
ADSTETRIX. Cétoit le nom des femmes qui
aidoient Ies accoucheufes daos leurs fondiions y
fc que nous appelons gardes ou garde-ma!ades._
ADULTERE. Cet arricie appartient á la jurif-
prudence ; on Ty trouvera tres-bien détaiilé.^
ADVENTUS' Aag-a/i. Cette légendcj qui eil
fréquente fur les médailles , annonce le retour du
prince á Rome aprés quelqTexpédition contre les
ennemis de TEmpire. Le prince y eft ordinaire-
mertt repréfenté á cheval, & élevant une main. _
ADVERSARÍA. Le papier des anciens n étoit
crdinairement écrit que d^un feul cote. Lorfqu’il
étoit plus utüe 3 on fe fervoit du verfo ou du
dos qui étoit ^refté blanc 3 pour y efquiíTer le
canevas d'un nouvel ouvrage3 ou pour écrire des
remarques. Ces obfervations portoient ie nom
Á‘ ad-v.srfaria y parce q-aelles étoient écrkes in
Adverfa -parte y fur le verfo du papier.
0.n .donnoit ces papiers inútiles aux enfans 3
poor qudls s'exerqaílent á écrire fur le verfo reíté
blanc. ■( Horat. L 1 y ep. 20. ) ■ Les marchands s'en
ferYo'ient auíH pour écrire en notes leur journal
de vente.
■ADVERSITOR. Les Romains avoient des
domeñiques charges de les -venir cnercher chez
leurs amis lorfquiis foupoient hors de chez £0X3
de les reconduire3 &de ieur faire éviter les pierres
q-üi pouvoient fe treuver fur Ieur chemin. Plaute
en parle 3 ( Mojí. iv. i . 24. ) ■;
Solas eo nano adverfum hero ex pluñmis fervis.
ainf que Téience. {Adelpk. i. i 2. ) ;
JAcQuefervaloTum quifquam , qui adverfum ierant.
ADYTUM3 chez les Grecs a^MTíiy étoit un
endroit fecret & obfcur des temples 3 dans lequel
les prétres feuls pouvoient encrer. C^eíi de-!á qu'on
entendoit fortir Ies oracics. Sénéque 3 dans la tra-
gédie de Thyefte, (/r. i. Ó79.):
’H-ínc oraruibus.
Rejponfa dantur certa y cum ingenü fon»
Laxarztuf ad-jto fata.
ÁE, »Les conjonétions líy s,, qui expriment
ia díphthongue ae y font des premiers tems. La
písaaierfi figure paroit fur les ancieanes médailles
A E
confulaires $c fur ceües des empereurs. On U
voir dans les infcriptions fous Claude & fous le
quatrictne confuiat de Gratien : fa forme la plus
órdinaire eft cel!e-ci f. Dans récriture oncialc
du S. Hilaire S¿ du S. Prudence , écrits au quatre
ou cinquiéme fiéc!e3 deux des plus précieux de
ia bibÜothéque du roÍ3 Vae eít ainn conjoin.t3
^ 3 íe. Le célebre Pfeautier de S. Germain-des-
Prés 3 du fixiéme liécle 3 offre fréquemment
des M toujours fans cédüles á la fin des lignes.
II y a beaucoup áix dans la plus ancieime col-
leCtion des canoas de la méme abbaye > 8c dans
le manufcrit du roi ij'2 3 D. ívíabillon a remar-
que Pee dans le Pfeautier de Sainte-Saiaberge ,
écrit au feptiéme fiécie. Le douziéme verfet du
pfeaume 47 y commence ainfi : Lcetetur. Le ma-
nufcrit roya! 2206 3 du fept au huitiéme fiécie ,
exprime fouvent cette diphthongue par ae, &,
comme dans la plupart des plus anciens manuferits.
D. Mabillon a publié un modéle de huit lignesj
tirées d°un manufcrit du neuviéme fiécie 3 conte-
nant Pouvrage de Raban-Maur3 furia croix 3 ou
Ton renccntre jufqu'á fept fois la conjonclion je.
On la trouve exprimée par un f dans le S. Hilaire
des capucins de Toiirs3 & dans Ies autres manuf-
erits des dix & onziéme fiecles. »
« Nous ne fommes entres dans ce détail que
pour manifefter Ies faufíes regles de Saumaife &
de Conringius 3 fur I'ufage 8c Panticuité de IhE &
de 'íx. Le premier fuppofe clairement que FAE
ou Fae eft le caracrére diñinéiif des manuferits les
plus anciens 8c les plus fincéres. II relegue á des
tems bien poftérieurs 3 ceux oú Pon trouve IhE,
F-z y & Pf . Le fecond íbutient que la diphthongue
ae y n'a jamais été écrire ni dans Íes manuferits ni
dans les diplomes par ou z. Mais lorfcufil ajoute
qu orí a trés-fouvent employé Fe fimple au íieu de
ces conjonCtions 3 il avance une vérité dont les
infcriptions lapidaíres 8c métaliiqaes 3 Seles ma-
nuferits 3 fournilTent une mukítude de preuves,
méme pour les fiécles antérieurs au douzié.me.
Ceñ ce quont remarqué Strave3 Godefroi de
Beírel3 D. Mabillpn 8c plufieurs autres hábiles
antiquaires. Quant aux chatres 3 fi Pon n y voit
pas d'yE ni d’2e3 on y trouve la conjonétion equi-
valente f. D. Mabillon Pa remarquée dans un
diplome de Charles-le-SimpIe pour Pabbaye de
Compiegne ; elle eft fréquente dans celui que
Hugues-Capet accorda á Sainte-Colombe de SenS3
Pan 988. Nous la trouvons encore dans une bulle
origínale de Pafcal II3 de Pan 11043 en faveur de
Pabbaye de S. Pierre-!e-Víf.
» Mais depuis cette époque 3 la diphthongue
divifée ou conjointe a-r elle touiours été' remplacée
par Fe fimple iufqu au tems de Pímprímerie ?
Ceft ce que croyent la plupart des antiquaires.
>'• Les nianurcritS3 dit Caáey3 qui marquent cette
» diphthongue ainfi ae 8c jamafs 63 ont géncrale-
» ment paríant cinq á fept cens ans d^antiqu!té3
» §c ceux qui fout au-deíTous de cinq cens anSí
7^
A E
n^’ont point de dipathongue , mais un limpie e.
C’eíl-á-dire 5 que depuis le commeiicement du
éouziéme íiécle jufqu'au miiieii da quinzieme j
ellas ont été bannies des manufcrits. Les favans
d’Aliemagne fe contentent ¿e diré que pendant
les treize , quatorze & quinziéme íiccies , on n"a
fait aucun ufage des diphahongueS:, Se qu°on écri-
voir roiijours fa.-icie pour f:;zci£ , eccLeJie pour
ecelefii.. En general ^ cette régle rfeft ni fúre ni
exadte. En effet, ¡a diphthongue ae ainíi figuréej
dE j íE j a été employée depuis le onzieme iiécie
juidu'au renouveÜemenr des lettres , arrivé au
quinziéme. Nous en avons pciir garants pluíieurs
feeaux authentiques. Ceiui de Robert-Ie-Friíbn ^
comee de Flandre , de Fan 1072 ^ porte cette
inicription j oú '¿a^ eñ exprimé par ; ■¡' Sigil-
LUM iíoTSERTI J, COMITIS F I..ÍN D B.I JE. Ou Üt
fdr le feeau de Charles-le-Bon ^ aufil comte de
Flandre en ii22 : Cakol. comes. Feajídrie ,
ET Fizi^ REGIS BAci.E. Remarqucz dans cette
infeription le génitif FLandrie, terminé par un e
limpie j en méme-tems que Dacz& eíi écrit par
un .E 3 ce qui prouve que fon fe fervoit autrefois
indifréremment de ces deux caraótéres. Mais depuis
le commencement du douzieme íiécle j Ye prit
tellementle deíTus^ que f.s devint fort rare^ fans
néanmoins avoir été entierement abolij commel
le prétend Heineccius.
» Nous voyons ce caradtére monogramjmatique
eonfervé ñir le feeau de Marguerire , comteíTe ce
Luxembourg en 1225. Voici finfeription ; S.
MaRGARET.E , COMITISS.E Lu CE LBV RGEN S IS .
La méme conjondiion z fe montre deux fois far
le feeau & une fois fur !e contre-fccl de Jean^
roi de Bohéme & comte de Luxembourg en 1321
& 1328. fvous la retrouvons dans finfeription
du fcel fecret de Maximilien I, archiduc dL4u-
triche en 1480. La méme conjonétion prend cette
forme z fur le feeau de Charles lí , duc de Lor-
raine depuis fan £350 j'ufqu'en 143 & fur ceiui
de Leonardo évéque de PaíTau en 1438. Toutes
ces conjonótions de la diphthongue- ae setant
maintenues jufqu'á un certain point dans les inf-
criptions métalíiques depuis le déciin du onzieme
fiécle jufqu'á la fin du quinziéme ^ il n'eft guéres
vraifemblable que pendant toat ce tems on rfen
ait pas fait ufage, au moins quelquefois dans ¡es
manufcrits Se les ades. Ainíi , dire que durant les
douze , treize , quatorze & quinziéme liécles on
s'eft toujours fervú de Ye feal au lieu de ¡a diph-
thongue ae écrite féparément ou par conjendian,
c’eft pqfer une régle genérale qui peut fouffrir des
exceptions. Pour parler dans fexaCte vériíc, il
faut dire que f ufage de cette diphthongue ae , & .
a été extrémement rare dans les bas- liécles. »
^Noiivelle diplomatique').
zE. A. A. F. F. Ces figles places fur les aié-
daüles romaines, font relatifs aux triumvirs moné-
taires & a leurs fonctions. On les explique ainfi,
irs.3 argento > aiiro , fiando, feriando, .
JE D
yEACÉES. V. Eaches.
AsAQUE. V. Eaque.
BU TI A, famille ro.maine dont on a des
médaiiles :
C. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
^DEPOL , par la divinité de Pollux. Ce
jurement étoit employé par les hommes comme
par íes femmes. Ceiles-ci fempruntérent des mvf-
íéres d’Eleufis , Se s’en fervirent feules pendant
ieng-temsj mais par ia fuite il devint comniun
mérne parmi Ies hommes. Les grammairiens ne font
pas á'accord fur f étj-mologie da mot s-depcl. Les
uns veulent le dériver da temple de Pollux , par-
lequel on juroir, per &dem Po/Zacij., D'autres qui-
écrivent edepol, lui donnent trois racines, me. ou
e , deas & Pollux; c'eft-á-dire , fie me deas Pollux:
adjwvet , airifi Le azeu Pollux me foit en aide,.
Meuríius enfin , prétend qtforiginairement on:
difqit epol , Pollux aidez-moi , & que depuis fon-
écrivit edepol en ajoutant le pour exprimer’
la quaunté de la premiére fyllabe longue : comme
on éenvoit mzcam , ou medecum , ou meeeum,.
íEDES, pris pour Maison. Pi ce mot..
zEdes , pris pour íignifier un Teivíple. V, ce
mct.
.¿Edes. Les Romains diílinguoienr des' temples
proprement dits , Ies endroits confacrés aux dieux,
teis quedes , deluhra , fama , facella. Fanum étoif
un terrein confacré par les augures & sefriné á.
la confirudion dMn temple. Un limpie auteJ elevé'
fur un terrein ifolé, portoit le notn á.e facellum..
Par celui de delubrum , on entendoit & un efpacs.’
vuide de bátiment,. qui étoit réfervé devant-im;
temple, & ce temple iui-méme.
.Sldes différoit du temple-, felón Varron',- en;
ce que le fecond étoit inauguré aprés fa confé--
cration, & que 1?. premiére avoit été feuíement:
confacrée. Me trou'.-anr point de mot francois-;
qui rende avec précifion le mot z¿eó-,,nous le;
conferverons avec fon genre féminin. On comp--
toit un grand nombre d’edes répandues dans les-: ■
i différens qaartiers ou régions de. Rome. Uneinf—
cription placee á fentr-éc de ces bátimens facrés,,
apprenoit quhls n'avoient pas été fandifiés par-
les augures. Cette diíHndion entre £des , tem—
plum , iic. érablie par les prenaiers Romains, . fea
perdit dans ia faite, & en les confondit fouventt
enfembie. -
lEdes .Aii Locutii. Elle étoit placee* ati-déílus-
de celle áe Yefta, dans le bas d’une. ancienne.-
rae neuve , qui commencoit au Forum Romanum,.
FEdes ApoUinis. V. TEMPLE.-
JEdes Bellone. Elle étoit voifine dü cirque. dée
Fiaminius; II y avoit au-áevant une petite placee
avec ia colonne de la guerre. (Tétoir aupréss dez
■ cette. colonne que fe placoit le_- confuí L,iorfqiTüi
i iancoit-un jaYcIot.áú.cdté. du'pcuple-oaiduzroii
JE D
auqueí il déclaroit le guerre par cette cérémonis.
Ovide:, {Faftor. vi. 20).):
Pro>píCÍt a tergo fummum brevis crea circum ,
jElJb lihi Tioit parv^ parv^ coliíTUíta aots..
Hiñe folet kafta mana belli pr&nunúa mitti
Jn regem ^ & gentes, cum placel arma capí.
Appias raveugle fit voeu ti'¿4eyer un temple
á Belione : puiií'ante déeíTe , lui dit-il , fi vous
nolis accórdez aujourd’hui la vidloire centre Pyr-
rhus , je vous confacrerai un temple. Tite-Live ,
(x. 19.) : Áppiiis dicitur ha precatus ejfe : Beh
lona, fi nohis kodie vicloriam duis , afi ego tibi
templum voveo. On croit que V&des Bdlons. étoit
placee entre le palais Savelü & 1 églife^de Saint-
André, vers le marché aux poiíTons. Blle etoit
bátie hors de la ville , de crainte que Belione ne
femát la difeorde entre les citoyens. Le fénat s’y
aíTembloit pour donner audience aux ambaíTadeurs
qu'ii ne Youloitpas admettre dans Reme , & pour
juger shl devoit accorder les honneurs du tnomphe
á un général. On volt par-lá quelle méprife ont
faite ceux qui placent auprés du grand arque ^
c eft-á-dire/au "milieu de Rome, Y sdes Bellora.
JBdes Bous, des. Elle etoit placee fur le fnrn-
tnet du mont Aventin ^ dans Tendrok appelé
Remaría, á caufe des aufpices qu y avoit pris le
frt-re de Rornulus. On croit que Sainte-Marie du
mont Áventin eft bátie fur fon emplacement. li
y avoit un fecond édiíice eonfacré á la bonne
iéeíTe, fous le nona ¿"sdes hons des Subfaxans;
ce furnom étoit relatif á fa poíition dans la dou-
ziéme región au bas du m^nt Aventin , au-deiToiis
du rocher , faxum , qui en coaronnoit le fom-
metj & qui portoit la prenaiére sdes bons des.
JEdes honi Eventus. V oyei;^ Temple.
jEdes Camiznarum. Cec édi'fice facré avoit cté
báti par Fiiivius Nobilior, fur la voie Appienne ,
hors de la porte Capena , qui en prit le nona de
porte Camesna. 11 y joignit un boisj á Texemple
de Numa , qui avoit eonfacré aux naénaes déefles
an bois avec une fontaine célebre.
.Sdes Carments. Elle étoit placée prés du Tibre,
au bas du capitole j dans fendroit ou Ton croyoic
que Carmenta^, mere d’EvandrCj avoit fixé fon
féjour. Les dames ronaaines ayant été privées par
un fenatus - confulte du droit de fe faire trainer
dans des chars , confpirérent entr’elles. Se jurérent
de ne pías devenir méres que le fénat n'eut ré-
voqué fon arrét. Les citoyens fe lañerent bientót
d'étre époux fans étre peres , & le fénat fe laiíTa
fléchir. Pour recoanoitre cette condefcendance
des fénateurs , les dames qui devinrent mcres
íirent élever Y sdes Carments.
Sdes Carns. Brutus , le premier confuí , con-
facra cet édiSce fur le mont Coelius, en Phon-
neur de la déeíTe Cama , que Pon croyoit veiller
á ¡a confervation des entrailles & des patries nobles
da eorps humain. Souslenom de Carda, la méme
JE D
divinité veilloií á la fiireté des gonds qui retiennent
les portes.
JEdes Cafioris & Pollucis. \ jr
Sdes Cereris. 3
Sdes ConcordU ad capitolü adfccnfum. Le dic-
tateur Furius Camillas ayant appaifé la révolte
du peuple contre les patriciens, íit batir Pan 397,
auprés de la montee du capitole , cette sdes qudl
avoit vouée á la Concorde. Elle dominoit le forum
& les cornices. On négligea fans doute de la faire
inaugurar j car elle porta iong-tems le nom d síes ;
elle le conferva méme aprés que Livie, époufe
d'Auguíte , Peut rebátie & que Libére en eut
fait la dédicace. Cet erapereur y fit graver le nom
de fon frére avec le lien , pour éternifer_ la mé-
moire de la bonne intelligence qui régnoit entre
eux. On pur alors y convoquer le fénat ^ & elle
fut comptéeau nombre des'curies j ce qui nous
apprend qu elle avoit été inaugurée , cérémonie
nécelíaire pour rendre un édifice propre á fervir
aux aíTembiées du fénat. Les antiquaires croyent
en reconnoitre un débris dans un portique dont
le faite & les ornemens ont été arrachés ^ & fur
lequel on lit :
SsSATüS . POPULUSQ. ROMAHUS. INCENDIO,
CONSU2IPTAM. RESTITUIT. *
JEdes Concordis in arce Tarpeja. L.Manlius étant
préteur, fit élever dans le fortTarpéien un fecond
édifice , eonfacré á la Concorde ^ dont les .deus
Acilius firent la dédicace. On ignore Pendroitprécis
de la citadelle oú il étoit báti. II paroít cepen-
dant que c’étoit auprés des murs de ce Fort 5 car
Tite-Live (xxvj. 23.) raconte que laAictoire
qui étoit placée au haut de Y sdes de la Concorde,
fe détacha & s’accrochaen tombant, aux íbtiies
de la Viéloire qui fervoient de couronnement
aux muradles da fort Ibipéien.
JEdes Concordis in arca V ule ani. Cette sdes etoit
un véritable temple , comme on peut le conjeclurer
du témoignage de Tite-Live. ( rx. 46). Cet hillo-
rien raconte que C. Flavius, fds de Cneius, etant
grefíier, confacra á la Concorde un édi.Hce batí
furia place de Vulcain. Cornelius Earbatus,_qui
étoit pourlors fouverain ponrife, ayant été obügej
par Poidre du peuple, de prcnoncer les paroles de
la confécration , refufa de le faire ; parce que ,
felón Tufage anclen, il falloit étre confuí ouavoir
été proclamé imperator , pour dédier un temple
( templum ) avec le pontife. C. Flavius n étoit que
grefEer.
.Sdes Cybeles. P. Temple. ^
JEdes Ditls patris. Elle étoit placee dans *£
grand cirque, parce que les poetes ont touiq’urs
chanté Pluton traíné dans un char á qiiatre ciie^
vaux.
JEdes Fauni.
■ JEdes Fidii Divi.
JEdes Flors.
JEdes Fortuns.
^ V. Temple.
lEdci
JE D
F-^rznsrum. Cet cdifice , confacré aux
Funes j étoit íitué au-delá du Tibre ^ dans la
quarorziéme región. II en eft fait mention dans
une ancienne infcripüon :
J. o. M. N. AUG.
SACR.
Genio. Furinarum
ET. CULTORIBUS : KUJUS
Loci. Terentia. Nice
cuM. Terentio. Dama
RIONE. FILIO. SACERDOTE
SIGNUM. ET. BASIM
DE. SUO. POSUIT.
JE D
73
Koye^ Temple.
^dcs Herculis.
£dcs Honoris & Virtatis.
dEdes Jovis.
diaes Ifidzs. j
JEdes Ifidis Atkenodorzs,. V. Ifis Atherzodorza.
JEdes Ifidis & Serapidis. Elle étoit bátie dans
le capitole. Pifo.n &: tJabijniiis étant confuís, ren-
verférent Ies autels dTíis & de Sérapis , &c chaf-
férent du capitole ces divinités égvptiennes. Mais
elles y furent rétablies dans la fuite.
jSaes Junords. "J „ _
Mdes Juturnzz. f TeMPLE.
Mdes Jziventutzs. M. Livius étant confuí , íit
voeu, le jour qu il vainquit Hafdrubal, de batir
un temple a la déeílé de la Jeuneíle. II accomplit
fon vcEU fous le confuiat de M. Cornelius & de
Tib. Sempronius , pendant ía cenfure. Le duumvir
C. Licinius Lucullus fit la dédicace de cet édifice.
Le nom áydes lui fiit toujours confervé, malgré
fa célebrité. Tous les enfans qui prenoient la robe
virile j devoient porter une piéce de monnoie
^ns cette £des , qui étoit placée dans Tenceinte
du grand cirque.
JEdss Larium. Elle étoit placée au haut de la
vza Sacra , dans 1 endroit qu^avoit habité Ancus
Martius.
Les Lares etoient encore adorés dans une
feconde &des bátie dans le champ de Mars , &
doíit M. .íEmilius avoit fait la dédicace fous le
nom d íifcj Larium permarznúm. Ce nom rappe-
loit le combat naval que L. .^milius Regifius
^5°'^ íur le point de livret aux lieutenans d'An-
tíochus , lorfqu il fit voeu de batir cette itdw.
■£des Hhertatis.
Mdes Luiíát,. > V. Temple.
M íes Mariis. 3
-Mdes Matuti. Servius l^ullius bátit cette ézdes
dans le marché aux boeiifs. Le diclateur Camille
en fat la dédicace. Le feu Tayant détruite , elle
rut rebatie par des triumvirs créés á cet efiét.
JEdes Mentís. Le préteur Otacilius fit voeu,
pendant une guerre punique, de batir une ézdes
au ougement ou au bon Éfprit, menú. T. Otaci-
hus Cranus en fit la dédicace au mépie tems que
fon confrereJe duumvir, Q. Fabius Maximus, dé-
dioit 1 &des de Vénus Erv-cine. Ces deux ides
Antiqiuiés ^ Teme I.
étoient placees dans le capitole, & un paíTage
étroit les féparoit.
M. MarcelluSj qui prit Syracufe, fit voeu de
batir une feconde ¿des au Jiigement, & Marcus
^milius Scaurus en fit la dédicace. Nardini veuc
que Scaurus n"ait dédié que Vedes du capitole ,
& il n'en reconnoít qu’une feule.
JEdes Mepkztzs. Elle étoit bátie prés du vicus
Patricias , fur le bord des Efquilies , á peu de
diílance du palais de Servius Tuliius. Cet empla-
cemaat répond aujourd’hui aux environs de Saint-
Laurent , prés de la fontaine.
rEdes Mercurzi. Elle étoit placée dans la pre-
miére région , auprés de la porte Capena. Etoif-ce
auprés de la fontaine de Mercure ? C'eft ce que
fon ignore. II ne paroit pas que du tems ou Ovide
écrivoit , Vides fut auprés de la fontaine ; car
dans fendroit ou il parle fort au long de cette
derniére , il ne fait aucune mention de Vides.
Xdes Mirzervi. 'i rr 'r
JEdes Neptuzzi. ^ TEMPLE.
jEdes Nympkarum. Les cenfeurs dépofoient
dans cette &des les adíes publics de leur cenfure.
Quelle raifon avoit fait choilir pour renfermer
ce dépot , un édifice confacré aux Nymphes ?
C’étoit fans doute pour apprendre aux cenfeurs ,
dit Tomafi, (de Donar, c. 28.) avec quelle párete
ddntention , & avec quelle intégrité ils devoient
exercer leur redoutable miniílére.
Mdes Opis. Le roi Tatius bátit cette ides dans
Fenceinte du capitole. La foudre ayant frappé cet
édifice , on ordonna des priéres pour détourner
un auíTi funeíle préfage. Céfar y renferma {fepties
millies feftertium) 157,500,000 livres de notre
monnoie, qu'Antoine diíTipa en prodigalités. Les
Romains avoient coutume de confier la garde de
leurs richelfes aux divinités. Le tréfor public de
Rome étoit renfermé dans le temple de Saturne ,
& Céfar dépofa le fien dans celui d'Ops, déeííc
que Ton croyoit auííi ancienne que Saturne lui--
méme.
Mdes Orci. V. TEMPLE d‘ Elagahale.
Mdes Penaliza. I y
Mides Fietatis. y
Mdes Portumni. JJ ides de Portumnus étoit
placée auprés du pont Mmilius. On a cru la
reconnoitre dans Téglife ronde de Saint-Etienne ,
qui eft fur le bord du Tibre, auprés de Fouver-
ture de la grande cloaque 5 mais elle devoir étre
plus voifine de Fancien pont Mmili&s.
Mdes Rubiginis. V. BoiS.
Mdes Salutis. V. TEMPLE.
Mdes Sangi. Hercule avoit une ides qui Jui
étoit confacrée fous le nom de Sangos ou Sandzzs ,
fur le mont Quirinal , auprés du temple de Qui-
rinus. On y confervmit , felón \ arron , ( Plird.
VIII. 48.) le fufeau & la quenouille de Tana-
quille , avec la laine qui Fentouroit du vivant de la
fetame de Tarquín.
K
74
JE D
jEdes Sidarni. ")
JEdes Serapidis. V Voye:^ TemplE.
Jjúies So lis. 3
£des Spcz. Cette ¿des éíoir placee daos le
marché auxlégumes. Coilatinus Tavoit confacrée ,
& elle fut brálée par ia foudre pendant la guerre
contre Carthage. Les triumvirs la rétablirent ,
mais elle brula de nouveau avant la batailie á’Ac-
tiu'.n. Atilius fit vceu de la rétablir , & Germá-
nicas la confacra fous le régne de Tibére.
V. Temple.
JtLdes Telluris. \
JEdes Tempefiatis. j
Mdes Vejovis. Cet édifice , confacré á Jupiter-
Vengenr^ eroit batí auprés átYAfyle, entre les
deux fommets du capicole^ dans la huitiéme re-
gión j ou eñ aujourd'hui le paiais des fénateurs.
JEdes eneris.
JEdes Vertiímni.
^dis V efl&.
Mdes V^iciorÍA.
JEDICULA- Ce mot a eu chez les Romains
différentes acceptions. Tantót il exprimoit une
maifon baíTe & petire ^ Ades parva , tantót un
bátiment confacré á quelque divinité ; mais un
bátiment íi étroit^ quii ifétoit quun diminutif
de ledes. Souvent on entendoit par edicula une
niche ou armoire pratiquée dans le mur pour ren-
fermer quelque ftatue , & celles des dieux Lares
ou Penates en particulier. Quelquefois enfin ^ ce
mot exprimoit des repréfentations de temples que
1 on oftroit & fufpendoit comme des ex-voto ,
dans Ies temples des dieux^ Se fur-tour dans celui
de Diane d'Ephéfe.
C Temple.
Mdicala ^ Capraria. Elle étoit placée dans la
fixéme región j auprés de la via Lata. Quelque
tableau de la chevre Amalthée a pu lui faire
donner ce nom.
JEdicula Diana. ^
oEdicula Fidel. \ Temple.
JEdicula Ifidis & Serapidis. Cette petite edes
donna fon nom á la troiíiéme région, que Ton
appela líis & Sérapis ^ felón quelques auteurs ■,
mais j felón d’autres ^ cette región prit fon nom
d_un temple elevé par Augufte aux mém.es divi-
nites 3 dans Y emporium , grand marché.
JEdicula Mariis. Tatius fit voeu de confacrer
un petit temple á Mars^ fous le nom de Quirinus
ou Romulus , dont on confervoit le cafque dans
le fazrarium du capitole. S. A.uguíl: in feul dit que
cette ddicula étoit dans le grand temple du capi-
tole. ( de Civit. Dei iv. 2.^ )
JEdicula Mercurii. Elle étoit placée fut le mont
Aventin , fur les confins de la quatriéme & de
la cinquiéme région.
_ JEdicula Minervs. On a découvert dans le der-
nier liecle cette tdicula avec la ñame de MinervCj
dans I enccmte du collége Romain , aunrés' da
temple de Minerve.
Mdicula Mufarum, Elle ctoit placee dans la
JE D
quatriéme région j qui comprenoit le temple de
la iraix dans fon encejnte.
JEaicuta l'iympharum. (_es d’vinités avoient un
grand nombre ¿uticuLi , fur-tout dans les jardins
& ics maifons de campagne.
JEdicula Strenid ou Streiius. Cette sdicula étoit
placée dans la via Sacra , á Tendroit appelé Carine^
entre le mont Coelius Se le mont Efquilin.
JEaicula JA eneris piacide. Elle étoit placée dans
la région efquiiine , c^eft-a-dire , la cinquiéme.
JEdicuLa Vert-umni. V'. TEMPLE.
JEdicula FiBorid Firginis in. Palatino. M. Por-
cius Catón dédia cette edicuia deux ans aprés
quil eut faitj pendant k guerre d'Efpagne, le
voeu de la batir. Elle étoit placée auprés de ísdes
confacrée á la méme divinité.
¿Edículo Jovis , Junonis , Minervd in capi-
tolio. On ne doit pas entendre ici par &aicuU de
fimples niches deñinées á recevoir les ftatues de
Júpiter j .de Junon & de Minerve , mais trois
petits édifices ou trois petits temples , que Tar-
quín avoit fait voeu d’éiever fur le capitole , &
qui furent renfennés enfuiie dans Tenceinte du
grand temple, comme les bas-cótés des temples
gothiques. Ces trois édifices onc été fouvent
appeiés templa & delubra.
EIdicula Redkuli. F. Temple.
EIDICL'LUS. Ce dieu préiidoit á ia conftruction
& á la confervation des édifices.
El Di TI MUS. C’étoit le méme miniñre des
temples aue Y&iituus. F. ce mot.
^DITUARE 5 remplir Ies fonélions íYedituus.
Ducange , dans fon GloíTaire , ranporte une inferip-
tion dans laquelle on lit • Mdituavit akhis x.
ELDITüüS , étoit le prétre chargé du foin d un
édifice facré. Horace a employé ce mot au figuré,
en appelant les poetes les gardiens du temple de
la Vertu. {Epifl. ii. i. 229) :
Sed lamen, efi opere pretium cognofeere , quales
JEdituos haheat helli fpeQata , domique
Finas.
ElBO , filie de Pandare ou Pandarée , fut manee
á Zéthus , frére d" Amphyon , dont elle n’eut quMn
fils, nommé Ityie. Jaloufe de la nombreufe famille
de Niobé , fa beile-foeur , elle réfolut de ruer
Faíné de fes neveu.x. Celui -ci étoit elevé avec
ítyle, & couchoit dans le méme lit. Mdo avertit
fon fiis de changer de place la nuit fuivante j maís
Penfant, ayant oublié cet ordre, fut mis a mort
pour fon coufin: la méie ayant reconnu faméprife»
fe tua de défefpoir. Homére dit qu’eile fut enlevee
par les harpies & livrée aax furies. V. ItylE,
Edone, Pahdaree.
ElGEl, en Macédoine. aifaeííN.
Les médaiiíes autónomas de cette viile font :
RRR. en argent.
O. en or.
RR. en bronze.
Son type ordinairs eft une ehevre.
^ G
JEgje , en y5!oIie. AirAEfiM.
Les médaiües aatonomes de cette viüe font :
O. en or.
RRR. en bronze.
RRRR. en arsent. (^Xhell. ’Echhe.l.')
Cette ville , oui étoit gouvernée par des pré-
teurs j a íait fraoner des médailles impénaJes
grecqi’.es , en rhonneur de Tibcre , de C laude ,
d'Agrippine ieune, de ^elpafien, de Domitien
& de Trajan-Déce.
&.GJE , en f ibcie. ArrEAiQN.
Les médailles aatonomes de cette ville font :
O. en or.
RR. en bronze.
O. en argent.
Son fymbole eíl la moitié d’un cheval.
Cette villa a fait frapper des mtiaüles impe-
riales grecQues avec fon épooue , en f honneur
d'Hadrien , d' Antonio , de Marc-Auréle, de Com-
modcj de bévére, de Julia-Domna , de Caracalla,
de Geta , de Macrin, de Diadnménien, d’Fmi-
lien , de Valérien ^ de Salonine^ de Mísfa^ d'Alex.-
Sévere ,, de Pupien & de Galiien.
zhGEE. V. Egee.
zF. G E E j dans ICEtoIie ou dans FAchaie.
AIFEIEÍIN.
Cette ville a fait frapper unemédaille impériale
grecaue, en Fhonneur de Plautille. (Pellerin).
ALGEIS, une des tribus d’Athénes.
yEGFRIE. PC Egetcie.
^Cfl ACLb , furnom donné á Júpiter , a caufe
de la chévre Amalthce qiii Favoit nourri. C'eft le
méme au /Egiockus & JEgiuckus.
JEGIALE , une des trois Graces. PC Graces.
jEGÍALÉE. PC Egialée.
yEGIALUSj dans le Péloponéfe. EriAAEnN.
On a des médailles impériales grecques de cette
ville j frappées fous Fauíorité de fes archontes j
en Fhonneur de Caracalla & de Domna.
^.GIBOLIUM. K. Criobolium.
dCGIDE. PC Egide.
.EGINE. V. Egine.
¿EgINA , ble. AIPEINHTGN & AiriNH.
Les médailles autonomes de cette ville font:
RRRR. en argent.
O. en or.
RRRR. en bronze.
On a des médailles impériales grecques ffap-
pées dans cette iíle j en Fhonneur d'Elagabale &
de Plautille.
^.GTOCHUS. PC ^GiAcüs.
.¿E G I P A N S ^ furnom de ces divinités cham-
pétres que les anciens croyoient habitar dans les
foréts ou daiiS les montagnes , & qiFils repréfen-
toient ccmtne de petits hommes tréf-velusj avec
des comes á la tete, des pieds de chévre , & une
cueue. Ce ncm v!ent de Pan, & cu mot grec
¿tí, aiyi; , chsvre. Les poetes ont donné ce nom
au dieu Pan , parce quCls fr.ppofoient que ce dieu
étoit á moitié chévre, quil en avoit les comes.
^ L 75
la queue , les pieds , 8c m.éme tout Is bas du
corps, depuis la ceinture. Les anciens géograpfaes
parlent de certains monltres de Lt'bie , auxquels
on donnoit le nom ¿"s-gipcns ; ces animaux avoient ,
felón Pline, un mufeau de chévre, avec une queue
de poiíTon : c’eíl ainíi qa'on rcpréfente le capri-
come , un des fignes du zoáiaque.Théon fiir Aratus ,
dit que le capricorne eíl la hgure d'un ¿givan. On
trouve cette méme figure dans pluíieurs anciens
monumens des Egyptiens, 8c méme des romains :
les antiquaires lui donnent le nom ¿¿s.gipan. PC
Pan, Satyres.
yEGíSTHE. PC Egisthe.
yEGIUCHUS. V. .Egiacus.
^GIUM , en Achaíe. AiriEfiN.
Les médailles autonomes de cette ville font:
RR. en argent.
O. en or.
RRR. en bronze.
Son type ordinaire eíl une tortue ou ün daupLin.
Cette viile a fait frapper des médailles impériales
grecques , en Fhonneur de Plautille , de Commode
8c d'Elagabale.
JEGLÉ, mere des Graces. P^. Graces.
aÍGLÉ , Fuñe des Graces. P^. Graces.
rEcLEj la plus belle des ISaiades, dit Virgile.
PC Náyades,.
yEGOBOLE, furnom que Ies Potniens don-
noient á Eacchus , parce qu'au liea d'un jeune
homme bien fait qti'ils immoloient á ce dieu par
le confeil dCApolIon, il declara lui-méme qu'il
fuffifoit dans la faite de lui facriíier une chévre.
Du mot ¿Ííí , chévre. Se /¡'-Ac^at , je veux.
eEGO CEROS, nom donné á Pan, parce
qu'ayant été mis par les dieux au rang des afires^
il s'étoit lui-méme métamorphofé en chévre. Da
mot grec «¡I, chévre, 8c yJpxc , come.
aEGOPHAGE, furnom. de Junon, parce o'u’on
luifacriSoit des chévres. Dumotgrec¿';|, chévre,
8c de c¿ya, je mange.
eEGOS Potamos , en Thrace. Aireas no.
Les médailles autonomes de cette vilje font :
RRRR. en bronze.
O en argent.
O. en or.
.EGYPTE. F. Egypte.
aELA oa Lelana , en Palefdne. AEAANOí^
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRRR. en bronze. (^Pelle^rin).
O. en or.
O. en argent.
aELIA, famille romrj'ne dont on a des mé-
dailles :
C. en argent.
R. en bronze.
O. en or.
Les furnoms de cette famille font Baza, La-
mia , P MTUS , S SIAUIIS , Tubzf.o, Catus.
Goltzius en a publié quelques médailles incoa-
núes depuis lui..
K ij
^LiA Capitoiina, dans la Paleftine.
Col. Mí- Cap. Colonia JElia Cavitolina,
Col. jEl. Cap. Comm. Colonia Mlia Capi-
tolina CommodiapM.
Ail. ka. koa.
Cette coionie romaine a fait frapper des mé-
dailles latines , en Phonneur d'Hadrien , d'Anto-
nin j de M.-Auréle j de Vérus^ de Septime-Séverej
de Diaduménien, dTlagabale, de Trajan-DécCj
d'Herenniüs , d’Heílilienj deCommodej de Ca-
racalla.
dELIEN j tyran dans Ies Gaules fous Maximien-
Hercule.
A. Po3fposíius M zi A s V s Aug U STZrS.
Les médaiiles de ce tvran ne íont connues que
dans Ies catalogues de Goltzius & d/Occo j fi Pon
en trouve , elles doivent étre en petit bronze.
dELIUM Coillutahum Municipium.
y. CoELU.
./ELIUSj adopté par Hadrien.
Lucius Mlius Cmsar,
Ses médaiiles font :
RR. en or.
R. en argent.
RR. en médaiiles grecques d'argent.
RRR. en médaillons grecs d’argent.
C. en G. B. de coin roiiiain; ii 7 a queiques
revers R. Le G. B. óiJElius eíl R. en Italie.
C. en M. B.
RRRR. en P. B. de colonies.
RR. en G. B. grec.
R. en M. & P. B.
C. dans Ies médaiiles de bronze, fabriquées en
Egypte.
dPLLO, une des trois harptes, filie de Thau-
mas & d^Eleéira , felón Héfiode.
zELüRUS, c’eft le dieu Chat des Egyptiens ;
il eft repréfenté dans les antiques égpptiennes,
íantót fous la figure d'un chat, plus fouvent fous
la figure d"un homme avec la tete de cet animal.
Du mot «pAaupos-, un chat.
jLMILIA , fairdlle romaine dont on a des mé-
■áaiües r
C. en argent.
RR. en bronze.
. O. en or.
Les furnoms de' cette fámille font Ba-rsuía ,
Suca, Lrpjdus , Livia^us , Pappus , Paul-
ÍUS , RjEGIZLUS , ScAURUS.
Goltzius en a public queiques médaiiles incon-
nues depuis lui.
jLMILIANüS , furnoxn de la fámille Cor-
Rtrzia.
^NEATOR , un trompette. Suétone, {Jul.
c- 32 j I.) : Cam vlarimi etiam ex flationibus
milites conciírri'fferu , íiterqn-z eos &■ ¿meatores.
d^fie.-Lipre croitque Ies uneatorcs éwieat attachés
anx efcadrons, tarm?..
-^NEE, Sis aAncoiiC^
JE R
Ce nom eíl écrit aineas , fur une médaille
d’argent de M. Pellerin.
dENEIA. V. ^NIANES dans l’Acarnanie.
^NIANES, en Theilalie. ainiangn &
AINIAKIEGN.
Les médaiiles autonomes de ce peuple font:
RRRR. en argent.
RRRR. en bronze.
O. en or.
íEnianes oaJEniiA , eítAcarnanie. aimianqn.
Les médaiiles autonomes de cette ville font ;
RRRR. en argent.
RRRR, en bronze.
O. en or.
jEKÜS ou íEnos , en Thrace. AINION.
Les médaiiles autonomes de cette ville font;
RRR. en argent.
O. en or.
RRR. en bronze.
Son type ordinaire eft un bouc.
Cette ville a fait frapper une médaille impe-
riale grecque , en Pbonneur d’Hadnen.
On lui attribue aujourd’hui avec raifon Ies mé-
dátiles grecques autonomes que Pon donnoit jadis
á Abacíenum de Sicile.
dEOLE. V. Eole.
^ON. C'étoit la premiére femme du monde,
dans le íyíléme des Phéniciens- Elle apprit a^ ies
enfans á faire ufage du fruit des afores poi;r leur
nourriture , dit Sanchoniathon. Elle eut pour coai-
pagnon Grotogonos.
íEORA. V. Gestatign,
./EORES. V. Aletides-
.íEPEA, dans la MeíTenie. AíiieaIGN.
Les médaiiles autonomes de cette ville font;
RRRR.’ en bronze. (^Hun.ter').
O. en or.
O. en argent.
íEQUATOR monets, y celui que nous apprfons
ajujieur de la monnoie^
.íEQUIMELIUM. Sp. Melius , qui affeaoit la
royauré , ayant été rué , ía maifon tur rafee, &
Pemplacement relia vuide. Elle étoit bátie fur
le capitole, auprés de la porte carmentale. Les
cenfeurs T. Quinftius Flaminius & M. Cbudius
Marcellus firent conílmire , deux cens qitarante-
quatre ans aprés la deílruaion de la maifon de
Melius, des édifices fur le terrein qu'eile avoit
occupé.
.¿ERA militaría , étoient un hnpót delliné au£
frais de certaines guerres.
^RARÍUM. F. Trésor.
jERARIUS. V. Trésorier.
jErarius mijjlís. On donnoit ce nom dans
Ies jeux du cirque á la vingt-cinquiéme couíft
de chars. Chaqué courfe étoit compoféeáí: quatre
quadriges ; de forte que les vingt - qu-atre
miéres courfes faifoient paroítre quatre-tdngr-fcizc
quadriges. Dans le tetns one le peuple roms’.n
, faamifíbit Ies frais des jeux , ce peuple céfiro^
^ R
quelquefois de completter le nombre de cent
quadriges ^ & de voir une vingt-cinquiéme courle.
Les fpjediateurs donnoient la fomme néceííaire
poiir taire courir quatre quadriges j & cetce der-
niére courie étoit appelée &rarius mijfus, Lorlque
les empereurs ou Íes édiics firent les firais des
jeux , on conferva cet anclen nom á la derniére
courle j c'eft-á-dire ^ á la vingt-quatriéme.
íErarius. On appeloit de ce nom un plé-
béien que les cenfeurs rapoient du tablean de la
centuricj & qui j dépouiilé par-Iá des droitsdont
jouilToient les citoyens romainSj ne tenoit á la
république que par le tribut ou capitation qa’il
lui payoit.
Les ceníéurs purdííoient les fénateurs en les
dépouillant de leurs dignités, & les chevaliers en
les dégradant. Quant aux plébéiens qui n avoient
ni (ügnités ni charges á p>erdre , 8c á ceux que
des cenfures précédenres av'oient réduits á i’état des
plébéiens , les cenfeurs les puniíToient en les inf-
crivant fous ¡e nom ^Ararius. Notes par ce titre
fétri'Tant j üs ne pouvoient tefter j ni hériter, ni
faire aucune fonólion de citoyen. La liberté
étoit la feule chofe qui leur reftoit comme aux
autres citoyens j parce qu’on ne les réduifoit pas
en fervitude : mais ils étoient prives du droit
de faffrages dans les comiceSj & ils ne pouvoient
entrer dans la milice romaine : de forte que cette
punition étoit plus forte encore que celle par
laquelle on étoit rayé du tableau de fa tribu.
V. Tribu. j
dEREA , farnom de Diane . pris d’une mon- 1
tagne de TArgolide j ou elle étoit honorée d'un |
cuite particnlier.
iERE collato. Les Romains, dans leurs infcrip-
tionSj ont employé fouvent ces expteflions .sx-e
cosL^To , 8c EX MRE CONLATO. Eíles appre-
noient que Ies frais du monumenr ou du rom-
beau avoient été payés par Ies amis du mort ou
par le peuple. C^eft ainfi que les funérailles de
Mer.emus Agrippaj qui réconcilia Ies patriciens
& Ies plébéiens , furent faites aux dépens du
peuple, qui fe cotifa á ceteíFét. On lifoit a Napies
í infcription fuivante :
M. Vi NI CIO. P. F.
POST. MORTEM
MUNICIPES. SUI
^RE. COLLATO
PIETATIS. CAUSA
POSUERÜNT.
Le peuple romain fit élever á fes fraís une líame
au medecin Antonias Mufa. Pline dit (34. c. y.)
que Ton eleva hors la porte Trigémina, une líame
a _P- Minunus , préfet des vivres, & que chaqué
citoyen donna une once de cuivre, prés de deux
deniers de r: ranee , pour íes frais. C’étoir ce que
Fon appeloit z¿r.:ia-ia flipe collata. Les empereurs
aír.saíerrt á '- oír leurs amis ou ¿es villes ¿liiées ,
fccadíer pour ieur éiever ¿es iaiues, be ils folii-
JE S 77
citoient cette marque d’attachement ou de fervi-
tude.
íEre diriLti , étoient Ies foldats que l’on pu-
nifíbit en les privant de Ieur paie.
íERIENNE, nom qu'on donnoit á Junon^
parce qu’on la prenoit pour I’air.
AERES. V. .Esculanus.
AEROMANTIE 5 Tart de prédire Tavenir par
PinfpeCtion de I’air, «ip , air, feayTuix., divination.
Arütophane en parle dans la Comedie des Nuées.
Celui qui vouloit pratiquer cette divination fe
couvroit la tete , Se fe piacoit en plein air devant
un grand vafe rempli d^eau , fur lequel il propo-
foit á voix trés-baiTe fes demandes. Si l'eau fré-
milToit , il devoit bien aagurer du fuccés de fon
entreprife.
On voit que cette divination étoit bien difté-
rente de celle qui fe pratiquoic par rinfpeCtion
des météores , & qui apparrenoit a la fcience des
augures ; de celle qui , ayant pour objet les afpeéís
heureux cu malheureux des plañeres , formoic
faíírologiej & enfia de la Tératofeopie , qui étoit
fondée fur les prodiges que Fon croyoir voir dans
les nuées , & dont le rccit oceupe un íi grand
efpace dans les anciennes hiííoires.
1EROPE j femme d'Athée. F. Erope.
.FREGO. fC Patine.
.ERUSC ATORES. F1 Menbiant.
¿ES , monnoíe des Romains. V. .Assipondiují.
¿Es , divinité. Fl .Esculanüs.
¿ESAB-. Ce mor ílgnifioit dieu chez Ies Etruf-
cues. La foudre ayant frappé une llatue dfAugulle,
& emporté la premiére lettre du mot C.-ESAR,
íes augures trouvérent dans cet accident un fácheux
préfage. Le C, qui étoit une lettre numérale,
ayant été abatm , annon^oit que Tempereur n'avoit
plus que centjours ávivre, aprés lefquels ilferoíc
déiíié. Ils trouvérent cette feconde predittion dans
ie mot ¿ESAR, qui étoit relié intaéi.
¿ESCüLANüS , ¿Eres ou ¿Es , ce íbnt Ies
différens noms de ,1a divinicé quí préíidoir á la
fabrique de la monnoie de cuivre. On la repré-
fentoit fous la figure d’une femme debout, avec
nhabiliement ordinaire aux déelíés, appuyéc de
la maín gauche fur la halle puré , & tenant
de la droite une balance. Afculanus étoit ,
difoit-on, le pére du dieu Argentin, parce que
le cuivre a été employé avant Targent. C’éroÍE
une divinité de Rome. S. Augufíin s’étonnoít qu’oa
n’eüt pas faít auíS un dieu Aurin , fiis du diea
Argentin , puifque la monnoie d’or a fuivi celle
d^argent. II y a cependant eu une divinité pour
Por; car en fabriquant des efpéces des trois mé-
taux. Por, Pargent & ie cúivre , on donna. á
ehacun d’eux une divinité pour préfíder á íi
fabrique. Ainfi Pon trouve fur quelcues médaiííes
des etr^ereurs trois déeííes , repréfentees avec
des balances , ía cerne d’abondance , & anprés
á’eOes un monceau ce áiJférentes monnoies,
¿ESEENÍA , en ais3Rnjs,
■t
7? JET
Les méíb'IIes autonomes de cette villa font:
RR. en bronce.
O. en or.
O. en argent.
Son type ordinaire eft un bige.
yESON. V. Eson.
yESTÜARIA, tuyaux ae chaleur dans les étiives
& les maiions des anciens. On en a découvert
dans une maifoa de Pómpela j & Stace en parle,
r. 5. 58.) :
Ubi languídus ignis inerrat
JEdihus , & tenuem volvunt hypocaujia. vaporem.
yESYMNÉTE, farnomde Bacchus. V. Esym-
NSTE.
yEsYMNBTE , magiñrat. V. Esymnete.
yET ALIDÉS , étoit fiis de Mercure , & par fa
mere du fang desEolides. On dir qu il avoit obtenu
de fon pére deux graces; Tune que , vif ou mort,
il feroit toujours informé de ce qui fe faifoir dans
le monde ; Paurre , qu ii feroit la moitié da tems
parmi les vivaas , & Tautre moitié parmi Ies
morís. ,Cétoit ¡e héraut des argonautes.
yETES , roí de Colchide , maria fa filie Calciope
. á Phrix'JS. Aprés avoir vécu quelques années en
bonne intelligence avec fon gendre, Pavarice le
porta á le faire aiTaíüner pour s'emparer de la
toifon ü’or , que fon gendre avoit apporrée dans
fes états. Jafon, á látete des argonautes, vint
lui redeinaader cette toifon , & Penleva. On dit
qu yEíli ayant été averti par un oracle qu'un
étranger luí oteroit la couronne &la vie, établit
!a barbare coumme ddmmoler a fes dieux tous
ceux qui aborderoier.t dans fes états. On a -dit
la méme chofe de Thoas. V. Phe.ixus , Jason,
Médée.
yETHER. Les Grecs entendoienr par ce mot
les cieux- diñingués des corps iumineux. Au com-
mencement , dit Héfiode , Dieu forma Y&ther,
Sz de chaqué coré étoit le chaos & la nuit qui
couvroit tout ce qui étoit fous Yatker,- ce qui
íigniíie que la nuit étoit avant la création , que
la terre étoit inviíible á caufe de P obfcurité qui la
coim'oit, mais que la lumiére perqant á travers
YéLchcr, avoit éclairé Punivers. Héíiode dit ailieijrs
que Y&ther naquit avec Je jour du mélange de
rérébe & de la nuit , enfans du chaos ; cYíl-á-
dire , que la nuit & le chaos ont précédé la créa-
tion des cieux & de la lumiére.
yETHLIUS , fiIs d’Eole , mari de Cálice , &
pered'Endymion, futfurnommé Júpiter j la Grece
|ui eleva des monumens héroiques.
JiTHON, c’eft le nom d'un des quatre chevaux
du foleil, qui précipitérent Phaéton, felón Ovide.
Son nom .( du mot grec aitm , ardeo , je brule )
íignifie Pardent , pour exprimer le foleil en fon
midi. Ciaudien appelle du méme nom un des
chevaux du char de Platón ; fans doute qudl donne
á ce nom une autre origine, du mot «Písí, noir.
V, Alasxok.,
A F F
yETHRA , mere de Théfée. V. Ete-tra,
yETITE, yExiTES ou pierre d'aigle ,
áigie. Cette pierre jouiíToit chez ¡es anciens dAae
célébrité que ¡es obfervations des modernes ¡uj'
ont fait perdre. On crovoit qu elle favorifoit les
accouchemens , & qu’elle appaifoit ¡es douleers
des femmes en couches. Les aigies avoient appris
aux hommes, felón les anciennes traditions, cette
merveilleufe propriété, qiPüs'Aavoicnt mettre a
proíit eux-mémes en placanr des ¿íuus dans Icors
nids. Fline a parlé fort au long des dtitcs ¡ de
leurs propriétés & de leurs varietés. J-Iairles obfer-
vateurs fages & circonfpeéls ont détruit tout ce
merveilleux. On n’a jamais trouvé a&tites dans
les nids des aigies, & ces pierres íi vantées ne
font plus que des géodes ferrugineufes. Elles de-
vicnnent queiquefois fonores, par la liberté de fe
mouvoir que iaiiTent. au noyau le deffechemeiit
& la retraite des parties intérieures.
yETNA, en Sicile. aitnaiqn.
Les médailles autonomes de cette ville font:
RR. en bronze.
O. en or.
Unique en argent. (Torremufa').
Elle étoit íituée au pied du mont Etna,
yExNA , montagne de Sicile. V. yExKA.
yETOLIENS. AiTí2AaíT.
Leurs médailles autonomes font:
RRRR. en or. (^Eckkel).
RR. en argent.
R. en bronze.
Leurs types ordinaires font un fanglier cou-
rant , une máchoire de fanglier , & un fer de
lance.
yEX , c’eíl: le nom d’une des nourrices de Júpi-
ter, qui fut placee parmi Ies afires. V. AdAMAN-
thee, Amalthée, Curétes, Mélisses.
yEZANUS, en Phrygie. aízaneítí2N.
Les médailles autonomes de cette ville font:
O. en or.
R. en bronze.
O. en argent.
Cette ville a fait frapper des médailles impé-
riales grecques, en Thonneur dCAuguñe, de Ger-
manicus , de Caligula , de Claude , d'Hadrien ,
de Sabine j de Commode, de Caracalia, de Gor-
dien-Fie, de Dominen, d'Ántonin, de Marc-
Auréle , de Fauftine jeune.
AFFíCHES. V'oye-:^ pour ¡es Grecs AxoNES ,
Cyrees, & pour les Latins Album, Bronze.
AFFINAGE. Les anciens épiiroient fcrupu-
leufement Ies métaux deñinés á la coafeólion des
monnoies ; iis ne les jugeoient parfaitement affines
qu'aprés les avoir fait pafíér trois Se quatre foís
dans le fourneau , & ils ne ceñbient de les tra-
vaiüer qu aprés Ies avoir amenes au degré de
fineíTe Sr de pureté auquel Pinduítrie humaine eíl
«pable d'atteindre. LY-r, ou"on tro'avoit enmaffes
ifoiées, nYtoit point fottmis aux opérations de
l'aíSnage j ¡1 étoit cenfé avoir naturellement touts
A F F
A F F
fa pareté. On a fonvent trouvé de ces pépites d’or j
du polas de plus de dix ii- .-es roniAÍnes. L'or eue Ies
ancicns rariiaíioieat& qu on raraaíre encare en pail-
lectes ou en poudre dans le Tape , dans le Fó, dans
riieors deTnracC;, dans le Pactóle, dans ie Gange
& aiitres fleuves, eíl: limé & poli par !e frotte-
ment 5 il contient tres-peu de maticres héréro-
génes, & il fufflt prefquc de luí faire fubir qael-
ques iotions, pour le nétoyer parfaitemenr. Mais
Tor tiré des mines tier.t toujours une portion
d'argenc plus ou moins coníidérable , tantót un
dixiéme , tantót un neuviéme Se tantot un hui-
tiéme 5 ainfi , l'or fe trouve dans Ies mines au
titre , tantót de zi karats, tantót de zi karats fé,
tantót de zi karats r, & rarement de zz karats.
Cependant, Pline parle d'une mine dans ¡es Gaules,
íituée dans un lieu appelé AlbicrarerJ'e , ou Fon
trouvoit de Fot qui ne contenoit qu^une trente-
íixiéme patrie d’argent , & qui étoit par confé-
quent au titre de zj karats fr. Lorfque Forconte-
noít jufquá un cinquiéme d'argent, on Fappeloit
eltñrum; c’ étoit de For au dtre de ip karats jj,
un peu plus.
_ On employoit Falún noir & le mify (efpéce de
vitriol marcial) pour purifier For; mais il paroít
que la grande opération coníiftoit á bien frotter,
a battre For , á le laver pour enlever les ma-
tiéres impares les plus groífiéres. On le faifoir
fondre eníuite , puis on le réduifoit en poudre
tres-fine , que Fon verfoit dans un vafe de terre
cuite , rempli en partie de vif-argeac. Les parti-
cules d’or pur fe précipitoient au fond du vafe ,
& toutes les maticres étrangéres demeuroient fur
la fuperncie du mtreure, oú eües furnageoient
comme Fhuile que Fon met dans un vafe á moitié
plein d’eau. /.pres cela, on verfoit le vif-argent
fur des peaux préparées , & For pur demeuroit au
fond du vafe.
Pour affiuer Fargent deftiné aux monnoies , on
fuivoit un procéáé analogue ; on le faifoit fondre
avec du plomb ; de forte que pendant la fufion
toutes les maticres. étrangéres á Fargent s’en de-
tacho ent, & fe réuniíToient au plomb, pour fe
vitrifier & erre enlevées avec lui.
Les anciens, pour faire FeíTai ¿es métaux, con-
noilToient conime nous la pierre de touche , Qu’ils
appeloieiit ccticíila ^ heracLius la'pis Se lapis íydius y
a caiife que dans les commencemens on n’en tiroit
que du fleuve Tmolos, qui coule dans la Lydie,
pres de la montagne de ce nom ; mais on .trouva
en d autres endroits de ces pierres , qui apnar-
tiennent á la claíTe des pierres aigilleufes. Celles
qu on rencontre expofées au foleil fur la fuperficie
de la terre , ont plus de vertu , & font meilleures
que celles qu on tire des mines. Par le m.oyen d'*
ces pierres & dun peu d’habileté á s’en fervir,
les anCicns determinoient avec précifion le titre
d un lingot d’or ou d’argent.
-kprés tant de manipulatlons, peut-on douter
que For & Fargent déftiaés á écre nionnoyés ,
ne fuíTent enticrement rursés de tont alüase
On croit crpcnáant cifd impcii.bíe ¿’aífmer
les metaux au point de ne leur LrfiTer rigonreufe-
ment cue-leur matiére propre ; d’oú ii fuivroit que
jamais on ifauroit va d’or n: d’arsent parfaitement
purs. On obferye conftamrr.er.t‘'que plus For &
1 argent ont eté cuits & punfies par le feu, pías
ñls font eCiatans & mous : re feu, en épurant les
métaux , leur enléve done une matiére'qui conf-
ntuck leur dureté & leur folidré. ?ííais* ceci eíl
une véntable détériorarion , qui fait perdre au
métal une qualité qui lui étoit eííentielle : d’oü
Fon peiit conclure que Ies opérations que nous
venons d’expüquer étoient fufíifantes pour pro-
curer aux métaux deíHnés á erre monnoyés, toute
la pureté done ils font fufceptibles. Se qu’aprés
Ies leur ayoir fait fubir, on doit les regarder comme
parfaitement aíEnés aa titre de Z4 karats pour
For, & de iz deniers pour Fargent. {ídétrologie
de Pauclon').
AFFOIBLIR les monnoies , c’eft en diminaer
le poids ou le titre. Nous ne parlerons que du
fecond moyen d’atroibliíTement á Farticle Allí age.
V. ce mot.
AFFRANCHI, libertus. Les efe! aves romains
ayant été mis en liberté par FaífranchifTement ,
portorent le nom de Liberti , Se jouiíToient d’une
partie des droits qui conñiruoient Fétat de citoyen.
Quelques auteurs ont avancé qu’il ne leur étoit
pas permis de fe faire porter en ütiére dans Rome :
mais Suetone ( c. z8 , n. 3.) dit que Fempereur
Claude accorda á Ycjfranchi Harpocrate, le dreit
de fe fervir de litiére & de donner des jeux pu-
blics. .Tufqu’au régne de Dioclétien , Ies ajfran-
ckis ne purent entrer dans le fénat, ni parvenir
dans les armées á étre décurions. Mais ils ne pou-
voient plus étre appliqués á la queltion dans les
affaires ou leurs patrons fe trouvoient impliques.
Milon, accufé du meurtre de Clodius, donna la
liberté á fes efclaves , parce qu’il craignit leur
dépofition. Ils prenoient les noms , prénoms de
leurs patrons, & étoient compris dans leurs familles.
Nous trouvons dans les écrivains anciens un Pom-
pems Len*us affrancki de Pompée , un Laurea
Tullius cffrancki de Cicerón, Se un Cornelias
Alexander affrancki de Corneiius Lentulus. Ils ne
pouvoient cependant étre enterres dans Ies tom-
beaux de leurs patrons, s'ils n’en avoient été
déclarés héritiers ; lors méme que Finfeription
portoit monumentum Jibi , libertifq’J.e fuis fecit.
Les affr anchis des princes & des grands étoient
divifés en pluíieurs clalfes , relatives au degré de
faveur dont ils jouifldient auprés d’eux. Ainfi,
Marcial ( r. z. 7. ) dit :
Libertum doñi Lucenjis q-asre fecundum.
Et on lit dans une ancienne infeription ; Fecit.
S13I. ET. PeTI.S. COLLIBEE.TJE. ERIM X. UXOEI.
Les affranckis étoient admis á combatiré dans
Ies quatre grands jcux appelés hiéroniques > Se
go A F F
nolis apprenons d'une ancienne infcríptioa cju i!s
pouvoienr méme exercer le facerdoce , qui etoit
attaché au corps des athlétes xydiques.
L. Aurelio. Apolausto. Memphio. Augg.
LIB. HIERONIC^. CORONATO. EX. TON. DIA-
PANTON. ApOLLINIS. SACERDOTI. SOLI. VIT-
TATO. ARCHIEREI. SYNHODI. EX. AUGG. L.
Aurelios. Panículos, qui. ex. sabanas.
PATRONO. OPTIMO.
lis marchoient dans les funérailles avant le corps
de leur patrón , & ils portoient le bonnet des
hommes libres.
On pouvoit remettre fous !e joug de la fervitude
Ies affnmchis qui témoignoient de ringraritude
envers leurs anciens maítres. Cette légiflation ,
établie par les loix d’Athénes j fut adoptee par
les Romains ; & cette ingratitude confiftoit á^re-
fufer fes fervices ou fon afliñance a Tancien maitre
ou á fes liis. Les anuales de Rome nous ont con-
fervé Ies nonas de quelques affranckis , dont Ies
ridaeíies prodigieufes furpaííerent de beaucoup
celies de leurs p^rons. Tels furent Derr.etrius ,
Pallas j NarciíTe , Calliftus ^ Licinus & Crifpinus.
Leurs richeíTes devenoient la propriété du patrón ^
loríqif i!s mouroient fans enfans & ah intefiat.
Tel étoit á Rome Pétat des affranckis. II étoit
a-peu-prés le méme á Athénes , & relTembloit
beaucoup á celui des Métoétes. Ceux-ci étoient
tenus á beaucoup d’égards & de déférence envers
leurs proftates j ou patrons, & les affranckis envers
leurs anciens maítres ou celui qudls étoient obli-
gés de fe choiílr pour patrón. Mais ils parvenoient
rarem-ent á f état des cito yens libres , fur-tout s’iis
avoient recu la liberté dxin maitre plutót que de
la républi^ue j & en récompenfe de leurs fervices.
Ces derniers ont obtenu quelquefois tous les pri-
viléges des citoycns j malgré les réclamations du
peuple. Ariñophane s’en explique ouvertement par
la bouche d’un de fes interlocuteurs ^ dans la íixiém.e
fcéne du fecond adíe des grenouilles.
lücii yap sfi j rW frctcty y
Yicti IlhecTctiȒ y Kmri
=> II eít honre ux d^égaler aux héros de Platée ,
» & aux citoyens libres des efclaves , pour s’étre
» trouvés á un feul combar naval. « Le crieur
public les proclamoit libres dans les aíTemblées du
peuple, mais non dans les jeuxpublics. Cts affran-
ckis enfin portoient á Athénes le nom de bátards ,
Kí'S-ó; : comme s’ils tenoient, á Tégard des citoyens
libres , le méme rang que les enfans naturels á
l’égard des fils légitimes.
Affrancki ( Fils d' ) , Liberxinus. Voyez
ce mot.
AFFRANCHISSEMENT. Les Romains diftin-
gnoient rrois fortes ¿l affranckifffmens. Le premier
s appeloit manumiffio per vindiBam ; le fecond ma-
numijjio per epzfiolam (i Ínter atnicos J 8c le troi-
Ceme manumijjio per teftamentum.
A F R
U affranthijfement per vindiBam étoit le pluj
folemnel, & les Latins Texprimolent par une lo^cu-
tionparticuliére, libenatem. On adonné
deux étimologies différentesde ce mot vindicare. R
vient j felón les uns , de Tefclave Vindidus , quj
ayant découvert la confpiration des fils de Brutus
en faveur des Tarquins , fut affranchi pour
fa récompenfe. D’autres le dérivent de la ba-
guette vinaicha , avec laquelle le préteur frappcit
Fefclave que fon maitre vouloit mettre en liberté.
Cette premiere efpéce ¿i affranckiffement fe pra-
tiquoit ainfi : Le maitre tenoit fon efcíáve par la
main , enfuire il le laiíToit aller ; d’oú cñ venu le
mot manumijjio. II íui donnoit en méme-tems un
léger fouffiet , qui étoit le lignal de la liberté.
L'efclave étoit enfuite conduit par fon maitre au
confuí ou au préteur , qui le frappoit légérement
avec fa baguette , en pronon^ant la formule : do
te liberum effe more quiritum, Aprés cette formalité
on infcrivoit Fefclave fur le role des affranchis. II
fe faifoic rafer la tete , & la couvroit avec un
bonnet appelé pileus , qui n'étoit la coéffure que
des vieilíards ou des infirmes de condition libre.
De-la vint que le pileus fut pris poar-le íymbole
de la liberté. A la mort de Néron , le peupíe parut
dans la ville avec ce bonnet , comme s'il eút re-
couvré la liberté des beaux jours de la république.
Les efclaves terminoient la cérémonie de leur
affranchijfement , en allant au temple de Féronie ,
déeíFe des affranchis , pour y prendre le pileus Se
la toge aveeplus de folemnité. On confervoitdans
ce temple un fiége de pierre qui leur étoit deftiné ,
& fur lequel étoit gravee cette infeription : bene
MERIXI SERVI SEDEANT , SURGANT LIBERI.
Lorfqu un maitre , ayant invité fes amis á un
repas , admettoit fon efclave á fa table , & Fy
faifoit aíTeoir en fa préfence , il Faflfranchiflbit per
epiftolam & Ínter amic'os. Les Romains fe feroient
regardés comme déshonorés , sdls avoient mangé
avec un efclave 5 de forte que , pour le faire aíTeoir
á leur table , ils étoient obligés de Fafffanchir.
JuRinien exigea , pour la légitimité de cet aéle ,
la prefence de cinq témoins ou amis du maitre.
Quand un teftateur ordonnoit á fes héritiers de
donner la liberté á tel efclave qu’il délignoit par
ces mots : Davus ¡fervus meus , líber efto , il Faífnn*
chiíToit per tejiamentum ; & cet affranchi étoit
appelé Orcinus. K ce mot. Quelquefois le tefta-
teur prioit fimplement fon héritier d’afftanchir
1 efclave ; ro^o her&dem meum ut davum manu mittat¡
alors Fhéritier confervoit le droit de patronage*
On appeloit cet efclave Jiatu lorfque Fépoque
de fon affranchijfement étoit fixée par le teftateur; SC
il ue jouilToit de la liberté qu'á cette époque. Lr*
héritiers pouyoient_, jufqu á cet inftant , vendre
1 efclave , qui devoit rendre a fon nouveau maitre
le prix de fon acquilition , au moment oú fon
efclavage étoit fini.
^ Les deux derniéres efpéces S affranchijfetnens
furent toujours en ufage chez les Romains ; mais
A F R
Premiere , manumiso per vináiñatn , eproura
queques changemens fousles empereurs chrédens.
Uepujs que ceux-ci eurenr embralTé le chrirtia-
ni me 5 Ies affranchijfemens ne fe firent plusdansles
temples des faux dieux. On conduifcit Tefclave
daña une églife^ ou Ton oííroit furfautel j & on
inoit J acre par Jequel le maítre aíFranchilToir fon
diclave. L n ou pluíieuts ecciéfiaíciques íignoient
cet ¡arique les lignamres étoient en^ufage ^
^ Tefclave devenoit libre. Cetce maniere
d tittranchir , nommee manumijio in ftzcrofcictis
ecelefiis ,úewinr fort á la mode. Les affranchis furent
appeies ecciéíiaftiquqs & tabulaires , parce aif en
leur donnant la liberté dans les églifes , on en
ecnvoit I aéie fur des rabies. lis étoient eux &
leur poílénté , fous la proteéiion de l’églife qui
Qí^clqnefois au défaut d’enfans.
L egJife de Sainte-Croix d’Orléans conferv'e un
de ces aéles d affranchiíTemens , gravé fur un des
piUers de fa grande porte. II atteíte que Letbert
^ affranchi par .lean ^ evéque , & par Albert ,
vaflal cette églife ^ en préfence duquel Tañe a
cte palie. Ex beneficio sanct^ Crucis per
JOHANNEM , EPISCOPUM ^ EX PER AlBERTüM
sanctjE Crucis casatuMj factusest líber
Letsertüs teste _hac sancta ecclesia.
j famiile romaine dont on a des
medailles.
RR. en argent.
R. en bronze.
O. en or.
.AFRÍCANyE. V. Panthéres.
ArRÍCANUSj furnom déla famjlle Cornelia.
■Arricia , efpéce de gáteauTacré.
*»FííI^LAIN. V . SciPioN. Gordien prit ce
furnom á caufe de la famiile des Scipionsj dont il
defcendoit.
AFRIQUE. Ce que les anciens écrivains ra-
contení de fa rertilite j furpaíie toute croyance.
Je ne penfe pas^ dit Hérodote ^ oue, uour
ce qui concerne !a fertilité , on puiíle com-
parer 1 Afrique avec 1 Alie & FEurope, íi Ton en
excepte la Cynipe, qui porte le méme nom que fon
fleuve ; en effet ^ il n y a point de terre qui foit
plus favorable que cette derniére pour le bled, &
GUI en produife Javantage 5 auffi eíl-ce une terre
Eoire;, arroféc par des fources ahondantes. Elle
n eprouve m les grandes féchereíTes^ ni les giundes
pluies , quoiqu il pleuve dans cette oartie de
j terre ne rippporte pas moins que
la Babylonie. La contrée des'Evefpérides efi; aufli
fort bonne ^ & dans Jes meilleures añnées , elle
rc.nd le centuple 5 mais celle de Cynipe rapoorte
trois cents pour un.
j 'T ' ^Satd du pavs de Cyréne j qui eñ ¡e plus haut
de la Lybie ^ & ou habitent les Lvbiens bergers ,
il contient trois plages qui font dignes d admira-
tion. Quand Ies granos font múrs dans la premiere
QUI eít maritime , & que la moiffon y eft faite,
€^ux de Ja feconde , qu on appelle Ies vadees ¡
-Aüíiqiaees , T»me ¿
A F R Si
snúriílent ; Se , pendant le tems qu’on en fait la
recoite, ceux de la plus haute plage parviennenc
a ia mstunte; tandis qu’on confomme les premiers
rrUits , Ies derniers s'accroiílént de múriifent. C^eíl
fi ' le tems de ia moiíTon dure huir mois chez
Ces peuples étoient une colonie de
I i-íe de 1 beta , Tune des Cyclades: elleñit fondée
par Barras. Plufieurs autres'Grecs firent voiledans
la íuite vers la Lybie , & fe joignirentaux Cyré-
niens. Ce pays abondoit auíll en páturages ea
■ troupeaux & en laines.
Foíiidomus, au rapport de Strabon, (//i. xv/r,
P\57í- ) ^ dit quji y a des contrées en Afi-ique ,
ou Ja terre produit deux fois dans Fannée, & ou
j^on fait deux moiílons , l’une au printems, &
l^autre dans Teté. Le chaume y eñ de la longueur
ae cinq coudées, & de la groíieur du petit doigt ;
la femence rend cent quarante pour un. Les hal)i-
tan_s ne reoandent point de femence au printems >
j 3pr“s avoir arraché Ies mauvaifes herbes ,
lis laiíient la feconde récolte fereproduire desgrains
qui font tombés des épis en faifant la premiere.
_ V arron dit que dans les campagnes de la pro-
vince á‘ Afrique, ceft á-dire, dans le territoire de
Carthage , aujourd’hui le royaume de Tunis , les
terres rendoient cent pour uñ. Un arpent de terre,
a ce compre , auroit rendu un produit net d’en*
viron cinquante-deux fetiers de bled , & auroit fuffi
pour la fubfiítance de plus de vingt perfonnes. Oa
ne doit pas s'étonner aprés cela que , dans le tems
d^e la dermere guerre punique , la ville de
Carthage fut^peuplée de fept cents müle habitans,
comme on Tapprend de Strabon , (p. jy^.) , &
qu elle eut dans fa dépendance trois cents autres
vides dans V Afrique.
Piine , (^- xviii, c. 10.) j enchérit encore
íur cette admirable fertilité des terres de Y Afrique.
II n y a point , dit-il, de femence qui fe multiplie
comme le froment. La nature , qui Fa deftiné á
faite la principale nourriture de Fhomme , a pris
foin de le douer d"une merveilleufe fécondité 5 &
cette fécondité eft relie , que íi la femence en eft
confiée á un fol qui lui convienne parfaitemenr ,
comme celui des plaines de Byfacium en Afrique,
il rend jufqu'á cent cinquante modius pour un.
Le gouverneur qu Augufte avoit donné á cette
contrée, envoya a ce pnnee, comme une curioíité
& un prodige de la nature , le produit d’un feul
gtain de bled , dont étoient forties environ quatre
cents nges de chaume & autant d’épis. On envoya
auíii a iiéron un pied de bled de ce pays , dont
Ies rameaux s’étoient multipliés au nombre de trois
cents quarante. En ne fuppofant que trente grains
dans chaqué épi , il s’enfuivra qu^’un grain de bled
peut produire jufqu'a douze mille grains.
Piine dit encore des chofes plus étonnantes ,
mais moins croyables , du territoire de Tacapé ,
Tille du méme cantón. 11 y a , dit-il , une ville
á' Afrique , lituée fur la route de Leptis, au müiea
des fables de la petite Syrte, mais dans un terreia
L
St A G A
heureux , áont Fétendue eft d environ trois tnille
pas en tout fens. Les terres de cette vü^e 5
s'apoelie ia grande Tacapé ^ font arrofées par une
fource ahondante j donr les eaux font partagees
entre les habítans , qui en jouifíent chacun á leur
tour pendant un certain tems de la journée. On
plante d'abord de grands palmiers , eníliite fous les
palmiers des oüviers ^ puis des figuiers fous les
oliviers ^ fous les figuiers des grenadiers , des vignes
fous les grenadiers ^ & fous les vignes enfin on
féme du froment , enfuite des leguraes , puis des
herbes potagcres j le tout dans la méme ann£e;^&
tqutes ces chofes réuíTiíTent á Fombre les unes oes
autres. Quatre coudées en quarré de ce terrein fe
vendent quatre deniers ; & il faut obferver que
ces coudées ne font point de celles qui fe mefurent
jufqu^au bout des doigts , inais de celles qui fe
Hiefurent du conde au bout de la main fermée. II
faut encore remarquer que la vigne y proauit deux
fois j & que Fon fait les vendanges deux fois
Tannee ; de maniere que li j par cette multiplicité
de produétions, on tfépuifoit pas la troj) grapde
fécóndité de cette terre,tous les fruits y périroient
par Fexcés des fucs nourriciers. Ainfi , pendant
toute Fannée on cueille quelques fruits^ & la terre
ne fe trouve point fatiguée.
D^ou Fon peut conclure qu’un arpent de cette
terre j fi elle a jamais exiílé j fe vendoit 9289 de-
niers j ce qui j á raifon de i y. fous le denier ^ fait
<3967 livres. La coudécj dont il s’agit ici ^ eft le
pied phüétérien.
C^eíl la coutume en Afrique de renfermer le bled
dans des creux fous terre , foit aux champs ou
dans les maifons de canipagne ^ & principalement
en tems de guerrcj pour le foufiraire aux courfes
des ennemis. Céfar ayant découvert quelques-uns
de ces greniers fouterrains ^ á dix mille pas de fon
catnp, partir á minuit avec deux légions Se toute
fa cavalerie , & les alia enlever. Cafar, de Bello
Afric. Métrologie de PauSou.
JJA/rique eft repréfentée fur les médailles par
tiñe tete de femme , coéífée avec la dépouille d’un
éléphantjdont la trompe avance au-deffus du firont.
Cette coéfrure eft particuliére á quelques reines
á’Egypte. On voit ordinairementaupresde V Afrique
un feorpion, un ferpent ou un lion , animaux qui
■ naiíTent tous dans cette partie- du monde ^ ou eiifin
des montagnes qui font aüufion auxfept montagnes
de la Mauritanie Tingitane.
’ata' AMATA. On appeloit de ce nom ^ dans le
tems ou Homére écrivoit, tous les ornemens des
temples ; mais il fut aíreílé par la faite aux ñatues ^
qui devinrent le plus bel ornement des édifices
facrés.
ACAMÉ DE 5 fils d'Erginus j Se fréredu célebre
Throphonius , fut un célebre artchitecle : c’eíl lui
qui bátit avec fon frére le temple d" Apollen á
Delphes. C’eñ pour cela qu’on Fa regardé comme
un héros , & qu’on lui a elevé dans la Crece des
manumens héroiqaes. Plutarque dit aprés PindarCj
A G A
qu’ayant achevé le temple les deuxfréres deman-
dérent leur récompenfe au dieu. II leur_ ordonna
d’attendre huir jours ^ be cependant de faite bonne
chére 5 mais aprés ce tems écouié , ils farent
trouvés fans vie. Paufanias raconte autrertsent ia
mort d’Jgamede : la terre s'étant entr’ouverte fous
fes pieds , Fengloutit tout vivant dans uii fouterrain
que Fon nomma depuis la folie d Agam^ae , & qui
étoit dans le bois facré de Lébadée. On la voyok
encore du tems de Paufanias , atec une coíohíIc
que Fon avoit élevée au-deffus. í-aufanias raconte
une fourberie des deux fréreSj qui aaroit du les
rendre indignes du nom de heros. PE ríyRiEus ,
Throphonius.
A G A M É D E , filie d’Augeus , eut un fils da
Neptune j nommé Aítor , v
AG AMEMNON^roi d' Argos & de Micenes,eto!t
petit-filsdufameuxPélops, & frére de Ménéias. Ho-
mére nomme fouv enríes deux ítetesAtrides ,c eft-
á-dire , fils d’Atrée , quoiqu ils fuffent réellement
fils de Piiñéne ^ frére dEAtrée. Thyefte , fon onde ,
s^’étant emparé du troné d’ Argos ,, obligea Aj-íz-
memnon de fe retirer a Sparte , 011 régnoit 1 indare.
Le roi de Sparte , felón Euripide ( i ) , avoit raarié
fa filie Clitemneítre a Tantale , fils de Thyefte ;
mais étant mécontent de cette alliance , il oirrit
á Agamemnon de Faider a recouvrer fon royaume
fur Thyefte, & á enlever ía filie á Tantale , pour
Fépoufer lui-méme. Le prince Atride accepta la
condition , & , avec le fecours de Tyndare , il
chaffa Thyefte dEArgos, tua Tantale fon fils, 8c
époufa Clytemneftre , dont il eut , feio-n Sopho-
cle (2) , quatre filies , Iphigénie , Eleélre , Iphia-
naffe & Chryfotemis , avec un fils , le fameux
Oreñe. Euripide ne nomme que deux filies , les
deux premieres.
Agamemnon. étoit devenu le plus pu’ffant prince
de la Crece ; lorfque la guerre de Troje^ com-
menca, Faffemblée des états de la Crece le aec'ara
genéraliífime de Farmée. Déla vient que les poetes
le nomment fouvent le roi des rois ; fa qualité de
généraliífime lui donnant Fautonté fur Ies fouve-
rains qui marchérent á cette guerre. Lorfau on fut
prés de s^embarquer , Calchas annonqa que , pour
avoir une heureufe navigation , il falloit i\iinio->er
á Diane Iphigénie; fon. pére confentit , & envoya
■de lui-méme , & fans y erre forcé , un ordre précis
á la reine de faire partir fa filie , comme Menélas
le reproche á fon frére danslTphigénie d'furipide.
Ce fut le pretexte dont Clytemneftre couvrit
parrkide qu elle commit dix ans aprés , lorfqu eha
fit affaffiner fonmari au retour deTroye. L’amout
á’ Agamemnon pour Chrifeis fut fatal á Farmee
grecqueEpar ia pefte quclle v fit naítre. JE ChRI'
SEIS. Voulant arréter ce fiéau , ¡1 confentit a la
rendre á fon pére , mais a condition off Achu.e
Quitteroit auífi Briféís. II fit done enlever de la
tente de ce héros , & conduire dans la fiepns
( I ) Ipnijénie , zSte z,
di Eleárc . añe i.
A G A
Tefclave Brifíís. Achüle ceíTa dés-Iors de rom-
battre les Troyens, Sccaufa, par cetre inaction ,
la mortde pIulieursGrecs. ACKILI.E3BR.YSÉÍS3
Chrisbís , Chrisés.
Outre le pretexte de la mort d’Iphigénie , fa
femme pri’t encore, pour le faire mourir, celui
des infidélités qu"il luí avoit faites ; car , pendant
que la flotee grecque attenáoit en Aulide que les
vents ceflalTent d^etre contriires, il s’attacha á un
jeune homme, nommé Argynnus ; & apres la prife
de Troye , il devint éperduement amoureux de
CaíTandre , filie de Priam , que Ch'temneítre fit
aíTaíIiner. La mort a Agamemnon fait ¡e füjet d'une
tragédie d’Efchile & de Sénéque. V. C lyt e m-
NESTRE, EgISTE, O R E S T E , Iph I GÉ N I E ,
É L E C T P.. E.
AGANICE , filie d’Hégétor , TheíTalien, ayant
appris la caufe des éclipfes , & le tems ou elíes
aevoient arriver , publia enfuite qu’elle alloit, par
fes enchantemens, attirer la lime furia terre. Elle
exhorta en meme-tems les femmes theífa'iennes á
faire avec elle un grand bruit , pour la renvoyer á
fa place ; dans la fuite , lorfqu on voyoit le com-
mencement d’une éclipfe , on faiíbit , á fon
cxemple , un grand bruit ayec des chaudrons &
d’autres inftrumens , pour empécher, difoit-on ,
d’entendre les cris & les invocations des magi-
ciennes. Déla vint aufli Topinion qu^on av'oit des
forciéres de’ Theftalie , auxquelles on attribuoit le
pouvoir d’attirer , par leu’rs enchantemens, la lune
fur la terre.
AGANIPPE, fontaine de Béotie, que le cneval
Pégafe fit fortir de terre d’un coup de pied. Voye^
PÉGASE, líIPPOCRÉNE.
AGANIPPIDES , furnom des Mufes. II leur fut
donné, parce que la fontaine Aganippe leur étoit
confacréé.
AGAPENOR , fils d’Ancée , qui commandoit
les Arcadiens au liége de Troye.
AG.A.STHÉNES , fils d'Augias , V. AIoeio-
NIDÉS.
AGATE. Les anciens ont fait un fi grand ufage
de cette pierre pour grave r , que nous devons lui
confacrer un arricie de ce diófionnaire. Le nom
Á’Acatkes lili fut donné á caufe d’un fleuve de
Sicile du méme nom , aujourd’hui le Orillo , fur
Ies bords duquel on ramaíia les premieres agates.
Ces pierres font divifées d'abord en deux efpéces,
relatives aux pays d'oú on les tire , & á leurs pro-
priétés. _ Les agites orientales font fáciles á diftin-
guer par leur netteté , ' leur tran.fijarence , & la
beauté du poli dent elles font fufcepriblcs. - Les
agates occidentales au contraire font obfeures ,
leurtraniparence efi ofíiifnuée, & elles ne prennent
ordinairement cii'un poli gras. Toutes Íes agates
que 1 on trouve dansfOrient, n’ontpasles qualirés
qu on leur attrioue ordinaírementjSc on rencóntre
quelquefois en Occicentdes agates queronpourroit
eomparer aux orientales.
Les agates occidentales portent ordiaairement
A G A 83
le nom ¿tagstts d’Allemagne , parce qu'elles vien-
nent prefque toutes de certa conttée. Les anciens
artilles etrufques , gr-ecs Se romains Dttoilie.nt ne
les avoirpas connues; Se Ton ne trouve ¿.zs agates
occidentales , travaillées par les,Romains , que
dans les bas fiécles , ou les arts étoient fur leur
declin.
On diifingue en general les agates par leurs cou-
leurs. J-crfque celles-ci font foiblement prononcées
Se m.élées les unes avec Ies autres , elles dennenr
leurs noms aux : relies font les agates rougts ,
blanches , Scc. Mais fi íes couleiirs font vives Se
tranchées nettement , on appelle cornalines les
agates d'un rouge de fang , fardoines les agates
de couleur orangée, prafes les agates vertes. Se
calceaoinesles agates qui font d’un blanc bleuátre.
On en pariera á leurs arricies. •
Les agates ont des qualités qui peuvent fe trou-
ver dans toutes Ip pierres de ce nom. TeJes font les
agates herborifées , les agates onyees , les agates
bapées , Se les agates oeiilées. Les anciens n’ont
point fait ufage des premieres ni des derniéres ;
c’eft pourquoi nous n’en parlerons point. On
pourra conful ter , fur les fecondes , Tarticle Onyx.
Quand une raie blanche rraverfe untagate , elle
eft appelée barrée. Cet effet eíl produit par la coupe
de la pierre , qui étant oriyce , a été fciée vertica-
lem.ent par -rapport aux zónes de couleurs , au
lieu d’avoir été coupée parallé'ement á ces memas
zónes. On ne fait pas la raifon pour laquelle Ies
anciens ont gravé fouvent fur des agates barrees
mais elles ne plaifent point á Tcei!. D’ailleurs ,
on obferve un défaut plus défagréable encore
dans ces pierres ; c’eft que les figures gravees
font difficiles á difiinguer , Se paroiffent , en
quelque facón , rompues Se eílropiées. Mariette
a remarqué que les Etrufques , en particulier ,
avoient fait un ufage fréquent des agates barrees.
Ce goút bizarre étoit peut-étre né de quelque fu-
perñition.
On trouvera, a l’article des vafes Murrins ,
la deicriprion du célebre vafe ééagate qui eft
confervé á S. Denis e.n France , & de quelques
autres femblables. La belle agate de la Sainte-
Chapelle de Paris fera décrite á l’article Apo-
THÉOSE.
AGATHOCLE, roi de Sicile. ArA©OKAEOS.
Ses médailles font :
RR. en or.
RR. en argent.
R. en bronze.
AGATHODEMON. Ce nom eft grec, Se veúí
dire bon gente , íyaí'.s II paroit que ce nom
fut donné á la divirité que les Egj’ptiens appe-
loient Cneph , par les écrivains grecs qui yoya-
gebient en Eg’/pte 5 & l’on fait que \ ulcain fut
depuis Fembíérrie Tous lequel .les _ Grecs repré-
feñrérent dans leur temple la divinité Cxeph. V.
cet arricíe. . , ^ .
Les Egyptiens dorinérent auífi íe -tñéme Ksm
L ij
í?4 A A
Á’ jigatho-Démon au Nii ou á fes fymbokSj & en
particulier {Ptolom. Geogr. lih. ir , c. j.) au bras
¿e ce fleuve , qui j aprés avoir arrofé la partie
gauche da grand Delta ^ fe jetoit dans la mer par
Tembouchure d’Héracleum ou de Canope. Ce
peuple adorant la providence ou la bonté de Dieu
íbus Tembléme de Cneph ou ¿iAgatho-Démon ,
donna par analogie ce dernier-nom aa fleuve qui
étoit pour lui rinñrument de cette providence.
Ceíi lui qui étoit adoré á Canope, felón Jablonski,
qui a prouvé évidemment que ces limulacres ,
appelés autrefois baucalia &- aujourd'hui canopes ,
nktoient qu’un nouvel embléme de l’Agatko-
Démon-Fleiivs.
Les colledíions d’antiquités égpptiennes ren-
ferment quelques repréfentations du ferpent Aga-
tho-Démon , mais elles font en petit nombre.
Cette rareté paroítreit extraordinaire , li Ton fai-
foit attention au reípeéi que les Egyptiens avoient
pour ce reptüej mais on peut Fattribuer á fa
forme, qui^, paroiffantodieufe aux premiers Chré-
tiens , a du le faire détraire avec empreíTement.
Ckíl par le niéme principe qu ils ont détruit ou
mutilé Ies fíatues de marbre noir & de pierre de
la meme couleur qui paroilíbit affedlée au démon.
On yoit cependant encere quelques bronzes qui
repréfentent un ferpent dreíTe fur les derniéres
rertébres de fon corps & la tete élevée , avec des
comes: cellp-ci foutiennent fouvent un difque,
tel que celai dont líis eíl íi fouvent coéíFée j &
ckíl ainíi quil paroít quelquefois fur les mé-
dailles.
Sur les abraxas & fur quelques médailles d’Ha-
drien , ce ferpent porte la tete de Séfapis , qui
remplace la fienne : alluíion evidente au Sérapis
du Nil, divinité de Canope, & fecend embléme
de ce fleuve, qui avott été pren iérement repré-
femé par Agntho- 'Démon. La tete de é/'gatko-
Démon eft fouvent rayonnahte fur les mémes
abraxas. Le comte de Caylus {^Ric. 4, 17^
■ 2-3 Rec. 6, pl. 10, 72“. 1 , 2. ) a fait deíílner
deux figures de ce ferpent. La premitre eft de
ferpentine verte, tacherée de r.oir, qui reífemble
zja peau des ferpens, & oue les Egvpnens ont
d ailleurs fouvent employée. Cette nreraiére re-
préfentation _ portoit la tete de Séfapis, & la
íéconde , qui étcit de bronze , avoit fur la tete
un difque foutenu par deux comes. Le cabinet
de bamte-Geneviéve en renfenne deux. Fuñe de
bronze , & l’autre , qui confifte en une limpie tete
de dragón, eft de corail. .
Les appendices qui paroiíTent fur la tete des
Agaho-Démons , Ies foht reconnoítre pour Vanguis
cerafses de Linnée & d'HaíTelquift, Se en francois
cerañe ou couleuvre cornue. On fait que ces pré-
tendues comes ne Gut qu’un prolongement des
patmieres fiipédeiires / Se que cette couleuvre
a eft ppint ’í’cnimeúfe.
ÁGATHyRbíUS j Sis d’Eoíc , dieu des vents, I
A G D
sktablit fur Ies cétes de Sicile , oú il fonda ua»
vilie de fon nom.
AGATYRSEj fils d’HercuIe & d’Echidna,
V. Echidná.
AGATHYRSES , ancien peuple de la Sarmatie
d^Europe. Virgile les appelle Ricli-Agatkyrfi ^ ^
les com.mentateurs ont donné deux explications
difterentes de cette épithéte. Les uns Fentendent
des couleurs diverfes dont ils teignoient leurs
habits 5 d'autres penfent qu ils fe peignoient Ig
corps Se Ies cheveux , pratique tres - uíitée de nos
jours chez les peuples fauvages, & parmi cem
de la mer du Sud en particulier.
AGAVE, filie de Cadmus & d’Hermione
epoufa Echion , & fut mere du malheureux Pen-
thée , mais une mere barbare , que la fureur pour
le cuite de Bacchus , tranfporta jufquau point
d'animer les bacchantes á déchirer avec elle foa
propre fils. Cependant on rendir á cette mégere
les honneurs divins, foit parce qu elle avoit co.n-
tribué avec fes foeurs á Féducation de Bacchus ,
foit á caufe de fon prétendu zéle pour le cuite
de Bacchus. D’ailleurs , la fureur qui lui fit com-
mettre ce crimc , étoit une fuite de la colére de
•Tunon contra la maifon de Cadmus. F. Cadmus,
Semelé, Pentkée.
^AgA-VÉ, ckft auífi le nom d’une des cinquante
néréides.
AGDESTIS 8c Agdistis , génie d’une forme
humaine , mais de Fun & de Fautre fexe. On
raconte, ditPaufanias, {Ackaic. c.j.) queJupiter
en dormant eut un fonge dont les fuires produi-
íirent le génie á qui on donna le nom d’Agdifiis.
Les dieux craignaat ce monftre , le privérent des
Patries qui le faifoient homme, & de ces memores
decíiírcs naquít un amandier qui portoit un trés-
beau fruir. La filie du fleuve Sangar, connue fous
ie nom de Sangaride ,_cuei!iit ces belles am.andes,
8c íes mit dans fon fein ; mais Ies amandes difpa-
rurer.t d abord, 8c la nvmphe fe troava enceinte:
elle accoucha du bel Atys qu elle expofa , & qui
fut noarn par une chevre. II devint grand Se d’une
beauté fans égale , en forte q\xAgdifiis lui-méme
fe paífionna pour cec adolefeent. Quand Atys eut
atteiat 1 age viril , on Feavoya á la cour du rol
de PeíTinunte pour y époufer fa filie. On com-
m^enqoit déjá les cérémonies du mariage, & Ton
chantoit i hymenée , lot^oa Agaifiis arriva. Ce
mauváis gtnie .fit naitre fur-le-chatnp un mouve-
menr_ de fureur dans Fame d'Atys, qui fe mutila
de lui-méme. Le roi , tranfporté de rage , imita
Iw malneufeax Atys. Agdiftis fe repentít enfuite
de cette aíStion j & pour réphrer en Queloue
forte le mal quil avoit fait á Atys, ii obtint de
Júpiter qu aucun des membres de ce beau kune
homme ne poiirriroit & ne pourroit íe ííetrir»
PdU-anias raconte cette fible tidicule comrr.e nne
tradinon etablie chez Ies babitans áe PeiTuiunte.
F. Atys.
AGE
A GE. Fendant que les msgiítrsts romains pre-
RO’cnt Ies aufpices ou qu'ils facrinoient , un crteur
cu huiííier répéroit le mot age, pour engager les
fpettateurs á redoabler d attention.
Ce mot éroit encore employé dans les facrifices
par le prétre ou par celui qui offiroic le facriScej
mais dans un fens difrérent. Le victimaire étant
pres d'immcler la viótime , leur difoit agón pour
“gone , frapperai-je ? & ils luí répondoient age
eu koc age , frappez. ( Ovid. fafi. j. .321.) ;
Qui calido flriBos tinBurus fanguine culeros
Semper agone rogat , nec nifi jujfus agit.
AGE d’oRj aged’argent, age d’airaiN;,
Age de fer. Ce font Ies quatre dges da monde
qui fuivirent la formation de For , fuivant Ies
poetes. II ont place Váge d'or foas le regne de
Saturne pendant lequel on vit régner fur la terre
rinnocence & la julHce : alors , difent-üs^ la
terre j fans avoir beíbin d'étre cultivée, produi-
foit d'elle-méme tout ce qui eft néceíTaire & utiie
a la vie ; des íleuves de Jait & de miel couloient
de toutes parts. Dans le liécle d’argent , les
hommes commencérent á erre moins heureux &
moins jalíes. Dans r%e d^airain, iis devinrent
mechansj mais leur malice ne fe declara ouver-
tement que dans Váge de fer. Cecte allego ríe nous
apprend que les hommes degénérérent de leur
preraicre innacence ^ & fe pervenirent par degrés.
Mais elle fe foutient mal dans les idees poétiquesj
car des le liécle de Satume ^ qui eft Váge d’or , on
voit les guerres les plus fanglantes & les crimes
les plus affreux. Saturne détróne fon pére Uranusj
il eft lui-méme détróné par fon íils "Júpiter ^ &
celui-ci eft obligó de fe déféndre contre toute fa
famille.
On trouve ce fyftéme expofé plus au long dans
1 ouvrage d’Hcliode , intitulé : Opera & dies. Le
poete fait á fon frére rhiñoire des liécles écoulésj
& lui^ montre le malheur conftamment attaché á
1 injuííice , pour Ten detourner.
Age. Les Romains partageoient en trois ages
tout le tems qui les avoit precede. age obícur
ou incertain , qu ils etendoient jufqa’á Ogygés ,
rol de I Attique j fous lequel arriva le de'luge de la
Greca; Y áge des fables ou des héros, jufqua la
premiere olympíade , & Y ¿ge de Fhiftoire ^ qui
commence á la fondation de Reme.
Age du monde. Les chronologiftes divifent ordi-
nairement le tems^cai s'eft écoiilé ^ felón les écri-
depuis ia création du monde jufqu^au
Meíiie, en fept ágts. .vous donnons ici un détail
de ces ages fuivant le texte grec ^ qui les renferme
dans un eipace de óooo ans précis ^ avec les
preuyes abrégées ^ d'aprés le fyftéme de Boivin
1 ame. Ce lavant académicien a travaiilé nendant
plus ae cmquante ans, avec une applicatidn coaf-
taiKe a óciaircir Tancienne chroaológic.
I. Age. Depuis la création jufqu'au dé-
luge, a duré ^ .
IL Age. Depuis le déluge jufqu’aux lan-
a'-*.
22Ói
gues.
-^g-' Depuis Ies langues lufcu^’á la
vocation d’-Abraham ' , ,
CDe-lá, jufqu'a Fentree de
W. Age. ) ^ Egypte. . .
J De-la , juiqu a la lortie d’£-
C g,vp*^"
V- Age. De-lá jufqa'á Saül. . . .
\I. Age. Depuis Saül jufqu'á Cyrus. .
YII. Age. Depuis Cyrus jufqu'á Fére
vulgaure des Chrétíens
Total. . . ~
12.6 í ans.
73 S
430
5§3
Jñ
6c 00
Premier age
_ Depuis la création d'Adam jufqu á la miftánce
de Seth, {Bible grecque, Genefe , ckap. v , vcl z -
Cedrenus , pag. 6). . . . . . . .
De-lá á la naiíTance d'Enos , ( Gen. gr.
V. 6)
De-lá á la naiíTance de Caínan I, {Gen.
gr.v.c,}.^
De-lá á la naiíTance de Malaleel, ( Gen.
gr. V. 12).
De-lá á la naiíTance de Jared, {Gen. gr.
•
De-lá á la naiíTance d'Enoch , {Gen. gr.
V. 18) . . _
De-lá ala naiíTance de Mathufala, (Gen.
gr. V.
De-lá á la naiíTance de Lamech, ( Gen.
vulg. V. Zf). . . . •
De-lá á la naiíTance de Noé, (Gen. gr.
V. 28)
De-lá au deluge inclullvemenr , {Gen.
vil, 6. 11)
ToTALfuivant la benne leqon des Septante. 2262
■IOS
Icp
170
16 s
162
i6s
187
188
6c50
Ces 2262 ans font atteftés par JuJe Africain,
áznsSyncelle, pag. 20, 33 , 83 ; par S. Epiphane,
MX ríereaes , pag. j ; par S. Auguftin , Cité de
Dieu, liv. XV, ckap. 13 & 20, & fur la Genefe,
q. 2. Suivant cinq exemplaires; favoir, trois grecs,
un latin & ^un fyriaque ; par le Pafchalion 011
Chronique d’Alexandrie, par Gotfroi de Viterbe,
par Honoré d’Autun , par tous les Recueiis des
diverfes lecons fur les Septante.
Nota. Les 167 ans de Mathuíala , pour la naif-
fance de Lamech, au lien de 187, font une faute
ce copiííe dans les Bibies grccques ordinaires-
Cette faute ne íe trouve jxiint daas les édicions
grecques de Báie & de Strasbourg : d'ailleurs,
elle eft corrigée par FHébreu , par la Vulgate &
Dar Joíéph. Suivant cette mauvaife lecon ,^le dé-
luge feroit arrivé Fan du monde 2242. Ainíi ,
Mathufala, qui. a vécu , felón teutes'les Eibles
ci Jófephj ans, feroit .mort 14 ans aprés k
AGE
¿éluge; au lieu que, fuivant la bonne leijon , il
eft mort 6 ans avant le déluge. S. Auguftin, Cité
de Dieu, xr. 13. ¿ 1‘tfin-
Second ágc 3 738 ans,
Depuis le déluge excluíÍTement , jufqu'á ,ns.
la naiífance d’Aphraxad la
(^Jofe'ph. 3 I. 7*)-? uon a ans> Apnraxad
cíl le irpiiiéme fils de Sem.
De-Iá á la naiiTance de Caínan II , Genefe
grecque xi. la) , ’ ‘
De-lá a la naiíTance de -Salé, ( Gen.
gr. XI. 1^). . ■ ■ ■ • > • ■ ■ • 1 3°
De-lá á la naiíTance d’Heber, {Gen.
gr. XI. 14 ) ; ■ A ■
De-l-á á la naiíTance de Phaleg , Gen.
gr. XI. 16) ^34
De-lá á la naiíTance de Reü , ( Gen.
gr. XI. 18 ) ; ^3°
De-lá á la confuficn des langiies , qui
eft Tan dü monde 3000, felón tous les
anciens ^7
Total. . . 738
Troijieme age 3 460 ans.
De-lá á la naiíTance de Sarug, {Gen. gr. -xi. ao)
Tan 13a de Reü. ........ 65
De-lá á la naiíTance de Nachor , ( Gen.
gr. XI. aa ^ ' ; ' • • ^3®
De-lá á la naiíTance de Tharé , ( Jofepk
z. 7) lao
Les Bibles difent a8 , a9, 79, 179; mass ces
nombres ne font poinc caárer Abraham avcc
Amraphel, {Gen. xiv. i ).
De-lá á la naiíTance df4brahani, {Gen. xi.
l6. Jofepk I. 7). 70
De-lá á la vocation d’Abraham, {Gen.
XII. 4) 7f_
Total. . . 460
Nota. Abraham Tur appelé Tan de la mort de
Tharé. Tharé na done vécu que 143 ans, comme
le porte le Texte famaritain , qui eft Thébreu
mofaíque. Ainíi , les aoj ans des autres textes
font une faijte de copifte , qui met la Bible en
contradidlion. Car Abraham, né Tan 70 de Tharé ,
auroir eu 135 ans á la mort de fon pére , & non
pas 73 , comme le difent tous les textes.
Quatriéme ¿ge-, (>45 ans.
Depuis la vocation d' Abraham jufqu á la naif-
fancedTfaac, {Gen. xxi. 3,17). ... 23
De-lá á la naiíTance de Jacob , ( Gen.
xxr. 24. 26) 60
De-lá aii vovage de Jacob en Méfopo-
tamie, {Gen. xxxi. 38,41). .... 71
De-lá á fon retour en Cananée , ( Gen.
fxx. 23, & XXXI. 38. 41. ..... 29
AGE
De-lá á fon entrée en Eg}'pte, á l’áge de
130 ans, {Gen. xlv. 6. 11. écxzrii. 7. 9.
Total. . .' ¡Ty
Séjour en Egypte ,34o ans ; E.xod. xii. 40. '
Judíth , V. 9. Pajieiirs d Gejfen.
Jacob Ifrael á GeíTen en Egppte, {Gen.
XX7II. 28) ,’ ■ ■ ■ ^7
Jofeph Pfontomphanec , ágé de ^6 ans, régne
á GelTen 34
Total. . . 71
Les defeendans de Jofeph.
Hicfos ou rois pafteurs , felón Manethon dans
Jofeph, {Apologie I . 3 T HlCtí*
Ephaim ou Salacis. . . . 19
Eeria ou Béon 44
Rapha ou Apachnas. ... 36 .. 7
Refeph 011 Apophis. ... 61
Thalé ou Janias 30 . . i
Thaan ou Aífis 49 . . a
Total. . . 239 .
Hafeos ou. capúfs pafteurs.
10
Laadan
Amm.iud
Elifama iufqu á la 80® année
de Moyfe, qiiand il fortit d'E-
gypte.
40
40
Total 643 ans pour les qiiatre
patries du quatriéme age.
Cinquieme age , 774 ans.
Depuis Tan 80 de Moyfe jufqftá fa mort oU a
Jofué, . 4^
Jofué 47,
■ Ariftocratie des vieillards , puis anarchie
I. Idolátrie
I. Servitude , {Jug. iii. 8. 10). .
Othoniel, {Jag. iii. ii). . . .
II. idolátrie •& anarchie. . . .
II. Servitude, [Jng. m. 14.) fourSglon
Moabite
Aod , ( Jug. III. 30 )
lií. Servitude, {Jug. iv. 3. ) fous Jabín
Cananéen
Debora & Barac, {Jug. v. 32).
A. du M. av. N. S. í Ere antique par les
4418. lySa.^marbres de Paros.
iS
8
43
30
18
8n
20
40
AGE
, 5 ( Jug. -VI. I . ) fous les
IVÍadianites^ Amalécites, Ifmaéiites. . .
Gédéon Jérobaal:, Jug. n.S^ ii^ aij
32;, 82: TTiii. 28}.
Abimélech Tiran, (Jug- -rar. 22).
Thola , (.Jug. X. 2.). . . . .
Badan, (/. Rois xii. 2, & Clem. A
V- ^38.
Boleas, ( Cl. *4lex. 338). .
Jair j (Jug. X. 3 )
V. Ser\-itude , ( Jug. x. 8 ). fous
Ammonites
Jephthé, (Jug. XII. 7). . . .
Abefan , .. Jug. xii. c) ).
Ebrom, í Clem. Alex. p. 324 ).
Ahialon j Jug. xii. 11 ).
Abdon, (Jug. XII. 14).
ex
le
les
VI. Senitude {Jug. xm. i.) fous
PhiliíHns
Samfon, (Jug. xv. 20, & xi^r. 31). .
^ Anarchie fou^Iespontifes, (S.Théophile
dAntídche, IR. iii,p. 134. Jale FAfri-
caia, dans Sy nadie , p. 174 170,- tradi-
tion hebraique, dans Ledren, p. 6^ ou 84,
l an da monde , Van. avant N. S. 1 273'.
Les Argonautas
Samara , Semeí, Semegar, Simmichar,
Samané, 'S. Théoph. d'Ant. /. m. p.
Anarchie, fousJoíeph'pontifé, Eléaza-
ride, ( Joíeph vm. r. .Tule AíHcain, dans
Syncene,p.i-7a^.Ju\& Hdanon, Cedren').
Heli. I, fouverain poatife. Ithamaride
eít Juge, (i. Rois iv. iS. Cedr. p. 45)). .
L‘an du monde 479 1. Avant N. S. 12O9.
Sac de Trove*
VíT. Serritude fous les Philiftins, Achi-
tob étant fouverain pontife. . . . .
Samuel, juge & prophéte
Total. .
Sixicme ¿ge , fous les rois , 583 ans,
Sons Saiil , ( Ací. XIII, 21 ).
David, (ti Rots , III. 4).
Du -commencement du régne de Salo-
món, á la fondation du temple.
De-lá a la deílruclion du temple, fui-
vant le détail du régne de .Tuda. ...
Captivite enBabviOnie, Jéretn. xxv. 12,
& XXIX. 10, 8c Daniel, ix. 2).
sns.
7
40
5
^3
14
23
22
15
6
7
40
lo
8
40
20
40
I
30
40
21
40
774
40
40
3
o
70
Total. . 3S3
Septieme age , 538 ans , fiivant le Canon
Mathématique.
Depuis Gyriis a Babylone, ,jufqu'’á Alexandre-
le-Grand a Babylone. ... . . _ 206
De-la jufqu’á Ftolomée, fils de Lagus. ■>■7
Dc-la á Augufte f . 27J
AGE
De -la á notre ere vulgaire , Fan de
Rome 754.
27
a~s.
33
í33
Total.
{ Su PPL. CU Dict. Lxctc.J.
Les chronologiiles qu! placent la naiiTance de
*'■ S- mine ans aprcs la-création du monde,
ne aivifent ce: inrervalle qu en fix ages.
I. De la création au déluge. . . 16(6
II. Age. Du délage á la vocatíon d'A-
braham ^
III. Age. Depuis Abraham jiifc-aá la
fort-e d'Egypte
¡}: pepuis la forrie d’Egypte juf-
qu a la fondation du temple
V. ^e. Depuis la fondation du templé
jufqu a Cyrus r
VI. Age. Depuis Cyrus jufqu á J. c’. '. 432
Total.
4C00
D a/jtres hiiroriens comptent de la création a
la pnfe ac Troye, 2850 ans 5 & á la fondation
de Rome, 3250; de Carthage vaincue parScipion
E C. a Conílantin, 312; & au
rctS-biTiicnicnt gc 1 cmpirc <i^Occi<Í£Firj
Age. Celui qui adoptoit, devoit avéir á Rome
celui qui étoic adopté.-
^ge neceíTaire pour íemaríer^^itoic che2: íes
Romains de quatorze ans pour les garqons, & de
douze pour Ies filies. Ceiles-ci poSyoieat cepen-
dant erre epoufees & conduites dans la maifon
a un man avant cet %e, mais elles n’acquéroient
qu a douze ans les prmléges & les honneurs des
meres ae famille.
j vingt-fept ans pour poíTéder Ies
deux edilites._ Les favans ont beaucoup varié fur
cette date qu¡ le^partage, mais le fentiment que
nous emoralions paroít ie plus vraifemblable.
E confuiaire étoit de quarante-trois ans.
De granas fervices rendus á Fétat ont cependant
fait decerner le confulat á Corvinas, ágé de vinot-
trois ans;á Scipion Emi.ien, ágé de trente-íix.
Se au grand Pompée, ágé de trente-fix. On fait
encore que C. Marius le jéune, &Augufte, fe
ñrent decerner cet honneur par violence avant
i age de vmgr ans.
La loi fervzlia glaucU avoit fixé á trente ans
1 age auquel en pouvoit occtiper des charges de
judicature, & a foixante celiii au -deíTus duquel
on etoit declare incapable de les folliciter. .4ugiifte
rappela ce terme de trente ans , que d’autres loix
avoient reculé á trente-cinq.
L áge^ requis pour porter les armes hors de fo.n
jpays, étoit á .4thénes de vingt ans, &■ de trente
á Lacédémone. Quarante ans accomplis difpen-
foient un athénien de porter les armes , hors un
r —
quarante-cinq ils en etoient exempe.
S8 .AGE
La préíurs n’étcit accordée cu’a áás ciísycRS
ages de ouarante ans , feion ¡es fcrivains qiii ^
prennsnt pour bafe áe ce calculle confalat; car
c»cte dignité étok poffedee deux ans apres la pre-
ture. Mais on voit que M. Brutus étoit préteur
avec Caíiius deux ans avant fa mort, c'eíLá-dire,
á Y ¿ge de trente-cinq ans j & Dion {Lii.p. 477.)
fix£ cet s trente ans. li p3.roit done plus Ta-ge
de s"en rapporter au témoignage. precis de cet
hiftorien. . i -i r 11 •
Pour étre quefteur ou tnbun du peuple , 11 railoit
étre ágé de vingt-fept ans 5 car on ne pouvojt
exercer aucune charge dans Rome qu aprés avoir
fait dix catr.pagnes , & 1 on n etoit inferir fur 1 etat
militaire qu á dix-fept ans.
Quant á l‘¿ge requis pour étre sénateuR ou
VIGINTI-virI on le trourera á ces arricies.
AGÉLAROü. Sur la mofaíque du temple de la
Fortune á Paleílnne^jon voit un quadrupede avec
cetre infeription ^ jígcLurou, Des Ethiopiens vont
Lattaquer j íes -uns pottent des boucliers y les
autres des fleches. Ceft le feul endroit ou
on life ce nom. Ce quadrupede a beaucoup de
reííemblance avec le finge á'AngoIe.
AGÉLASTE pierre célebre dans l’Attique j
qui étoit placee auprés du -puits nommé Calíi-
ckore , & fur laquelle fe repofa Cérés ^ fatiguée
de chercher fa filie. Ceft la ^ felón Paufanias
ÍAu le. ) 5 ou ont commencé les fétes éleufines.
Agélafis veut dire trifte , ou pierre de trifieíTe.
AGÉLAüSj fils d'Hercule & d'Omphale. C’eft
de luí que Ton fait defeendre Créfus.
AGEMA. On appeloit de ce nom , chez les Ma-
cédoniens, une troupe d’élite ^ qu Arrian ( iii , v.
I yd. ) nomme la troupe royale , parce qu^’eile envi-
ronnoit ordinairement le roi dans les combats. Ce
furent fans doute les pretniers eíTais de la phalange
macédonienne , qui devint Pémule de la legión des
Romains. Tire - Live compare en eífet Y Agema á
cette méme légion ( xlii. 51. ) : Deleña deinde&
’virihus y & robore &tatis ex omni certatorum numero
dúo erant agemata ; harte ipfi legionem vocant.
U Agema étoit fouvent compofé de cavaliers ; il
étoit formé de miüe maitres dans Parmée d’An
tiechus {liv. 37, 40). Dans cellede Peucefte &
d' Antigéne , leur nombre n’ excedo it pas trois eens 5
& dans celle d^EuménCj il n’étoit que de cent-
einquante.
AGEN O R j pére de Cadmus , étoit fils de
Keptune & de Lybie. Le dieu eut de cette Lybie
deux fils j Bélus & Agénor. Agénor ^ qui régna
en Phénicie j époufa ThéiépaíTa , dont il eut trois
fils j Cadmus , Phesnix & Cilix , 8c une filie ,
Bommée Europe. Júpiter avant enlevé celle- ci
Agénor envoya fes trois fils la chercher, avec dé-
fenfe de reparoitre a fa cour fans y ramener jleur
íoeuri Aucun des trois ne rayant trouvée , ils s'exi-
íérent , & s^établirent en différens pays. Voye:^
Cadmus, Europe.
AGENOPiIA , déeífc que les Romains inva-
A G E
quoient pouf avetr du purage. C’étoit suífi k
deeíTe de Finduíltie , d’ou elle étoit appelée Stre~
nua. On luí oppofoit Vaeuna , ou la déeíTe de u
pareffe. F. Vacuna, Murcea. Son nom étoit
dérivé ¿Y Í'/íÍvsí^ y firenus.
AGENTES in rebus imperatorum. On donnoit
ce nom, fousTes empereurs romains , á des offi.
ciers dont Ies fonótions répondoient en panie a
celles des infpecieurs des poftes , & enpartie á celles
des eouriers de cabinet.
Ils portoient les lettres, & faifoientles mefíages
des empereurs. On voit dans le Code Théodofiea
( de eur fu publico') y que leS£!^eHtrí vei'loient furles
chemins de Tempire , á ce que tout fe paflát dans
le bon ordre. Ils examinoient les brevets que les
empereurs accordoient á diíFérentes perfonnes,
pour leur faire donner des voitures aux dépens díi
fife. Ils écoutoient les plaintes de ceux qui les por-
toient , 8c en faifoient exécuter le contenu par les
fermiers des revenus publics. Ee méme auíTi ils
lifoient ces brevets avec attention ; ils examinoient
s’ils kétoient pas contrefaits , fi Ton n exigeoitpas
au-delá de leur teneur.
Leur fonótion la plus agréable aux empereursi
oitt, d’examiner dans les provinces s’il fe formoit
quelque confpiration , sfil y avoitquelquefédition,
8c d’en avertir le prince. lis fuccéderent, dans cette
infpeétion , aux Frumentarii, que Dioclétiea
fupprima, á caufe descalomnies qu ils fabriquoient
contre les citoyens des provinces reculées. ( Aurel,
Viñ. de Csfar. c. 39. n. 44. )
Les empereurs les chargeoient quelquefois de
licentier des armées , ou de les faire changer de
pofition. Ces commiífions qxpofoient fouvent
leur vie , quand ils étoient envoyés á des foldats
révokés ; o’eft pourquoi on Ies récompenfoit par
les premieres charges di agentes , principes agentes
in rebus. Ces places étoient trés-confidérées^, &
elies conduifoient aux premieres dignités de Fem-
pire.
AGERONIA. V. Angérone.
AGESILAES, furnom dePluton,qui veut dire,
celui qui entraine tous les mortels dans fon empire :
rh uyíiv t^s
AGESSUS , djns la Thrace.
On a des médailles imperiales grecques d*
cette viile , felón le P. Hardouin.
AGETORIES , féte dont il eñ fait mentioa
dans Héfycbius , qni ne dit rien de la divinite íS
l’honneur de laquelle on Pavoit iníiituée. C eto^
vraifemblablement en l’honneur d’Apollon ,
peut-étre étoit-ce la méme féte que célébroientle*
Lacédémoniens , fous le nom de KufvíU j puifo'^
Kéfychius aíTure que cette derniére portoit aui»
le nom á‘ A’-/t¡Te¡¡)a Athénée ( Deinopfopkift- b- 4-/
8c Euítathe ( ad lliad. cr. ) nous apprennent
cette féte fut ainfi nommée , parce qu on imitd^
en ce jour la maniere de vivre des foldats ■
s-jiarfflT-íxijv On poutroit ctoire encote
Venus étoit honorée dans cette féte; car.i^*
grammairie^
A G G
grarnmairícns ¿iíent oue le pretre de cetíe divinité
portoit dans riñe de Chypre ie nom c-
A^rrEAOIj éroient ies melTagers , ou tous ceux
qm apporcoient quelques nouvelles. E'íáyyíAeí
étoient , dans Ies tragcdies ^ les acteurs chargés
des recitSj ou d'apprenJre aux autres perfonnages'
Jes faits qu! fe palFoient derrlcre la fcene. Efchj'Ie
fut le premier qui trouva cet ingénieux moyen
ddnítruire Ies fpedcateurs fans enfanglantcr la
fcene.
AGGERj x5zí«. Les Grecs & les Romains ont
donné ces noms á une eipéce de redoure ou para-
per , que les affiégeans conftruifoient ^ pour s’ap-
procher & pour bactre les murs de la ville aíiiégée.
Cetre redoure fervoir á proteger les fappeurs ,
á porrer Ies tours de bois que Fon roulorr vers la
ville.
Les affiégeans commencoient Vagger á une coarte
diítance de la ville , & "augmentant fucceffive-
menr , ils s’enapprochoient aupoint de combattre
pied-á-pied avec les affiégés qui dérendoient les
tnurailles. On conítruifoir V agger avec de la terre ^
des bois , des fafcines & des pierres. Les branches
des arbres fervoient á lier ces differens marériaux^
& Ies troncs aft'ermiíToient ies cótés. LucaiOj iiij
554 j décrit la cordlrudüon d'uii agger.
— Tune omnia lafe
Precumbunt nemora , íi fpoliantur robore (ilvs.
Ut , cum. térra levis mediam virgultaqUe molem
SufpendaTit j flruBa Laterum compage ligatam
Arciet kumum , prejfus ne cedat turribus agger.
Les troncs d’arbres qui formoient Ies cótés de
agger , étoient croifés Ies uns fur les autres ^ ce
qui les faifoit reffembler á des étciles rayon-
nantes. De-la vientque Lucain, ibid.^^y , & Silius
Italicus XIII. 109 j ies appellent fielíatos axes.
t— Stellaús axibus agger
Erigitur.
Hic latera intextus fleiiatzs axibus agger.
Le front de 1’ agger , que Fon pouíToit par les
travaux de chaqué jour jufqu’aux foíTes de la ville
affiégée , & que Fon élevoit á la hauteur de
fes murailles 5 afin de combattre pied-á-pied,
n'étoit point revem. II amortiíToit Ies coups oue
luí portoient les machines des ennemis. Le der- I
riere , ou la partie qui faifoit face aux affiégeans ,
eto’t formé en taíiis , pour faciliter la montee aux
foldats 8c aux tours , auxquelies il fervoit de bafe.
O.n donna , par la fuite , á Y agger le norn á’ag-
geflum , qui expnmoit tres- bien la maniere dont il
ctoit fabrioué.
Les affiégés avoient pluíieurs manieres de dé-
truire ce redoiitable parapet. Tantót iis creufoient
des mines au-deíTous, & le faifoient enfoncer dans
la terre ; tantót ils y mettoíent le feu avec des tor-
ches 6c des maticres comouitibles, qu^ils portoient
Aatiquitís i Tome I.
A G G Í9
dinslesforties, 011 avec des traits enfiammás, qu’ils
lanqoient de delLus les muraiiles. Lucain a fait une
beiie defeription des cavares de la fiamme & de
Fincenaie d’un agger ( m ,“501.)
Telum jlamma fuit , rapier.sque incendia ventits
Per romana ruzt celeri muniznina cuxjiu.
A ec , quamvis viridi luñefur robore , Lentas
Ignzs agit vires : tída fed raptas ah omni
Confequimr rdgri fpatiofa volumina fumi :
T¡ ec foliim fyivas , fea faxa ingentia folvit ,
Et cruds, putri fiuxerunt pulvere cauces ;
Prccubuit , jTzajorque jacens apparuit agger.
Quelquefois les affiégés oppofoient á Yagger
des affiégeans un femblable agger , qu'ils conílrui-
foient fur le haut de leurs remparts , avec des
fafcines & des facs , ou corbeilles remplies de
terre , que nous appelons gabions. Ceíl ainíi oue
les habitans de Gaza fe défendirent contre
Alexandre ( Curz. iv ,6, ZI.) A-lexander aggerera,
qiLo mcenium altitudinem aquaret, exjiruxic. Oppi-
dard , ad priftinum murorum fajligium novum
exfruxere munimentum.
Agger. Tarquirdi. On appeloit de ce nom un
rempart que Tarquín le Superbe avoit fait élever á
1 orient de Rome , pour la défendre des incurlions
des Latins & des autres peuples fes ennemis. Les
reftes de cetouvrage fe voient encore un peu au-
‘^sla «les Tbermes de Diocletien , jufqTá Farcde
Gallien. Plin. iti. p. Clauditur uros ab oriente ag~
gere Tarquirdi Superbi , Ínter prima opere mirabili :
namque cum muris ¿quavit , qua máxime patehat
aaitu piarte , cutera munita erara precelf.s ntiíris ,
a;it abruptis montibus. Tarquín voyant que Rome
etoit déíendue par fes montagnes Se fes mufs de
tous les cótés , excepté Forient , fit élever un
terrein au niveau des muraiiles voifines , & bátit
au-deíTus des murs 8c des tours trés-élevées. Ce
rempart étoit long de 874 pas , depuis la porte
Colhne jufqu’á celle des Efquilies 5 aujourd’hui ,
depuis la porte Pie jufqffiá celle de S. .Laurent.
Cet agger avoit été commencé par Tullius ; mais
Tarquín le Superbe le eonílruiíit de notiveau, &
lui donna cet air de grandeur qu’il imprima á tous
fes ouvrageSj 8c á la grande cioaque enparticulier:
Opere , dit Pline , Ínter prima mirabili. C’étoit du
haut de ce rempart que Fon précipitoit les crinii-
neJs. Juven fat. vi. 288. )
Pie heimn in circo poftum , 6? in aggere fatum.
Et Sllétone ( in cal. c. Zj , n. f): Alterum.pueris
tradidit verbenatum , infulatumque , qui votam. re-
pofeentes per vicos agerera, quoad precivitaretur ex
aggere.
AGGLESTOX , pierre facrée ou idole depierre ;
menurhent íingulier de la fuperftition des ancíens
Eretcns. Cene pierre enorme eft dans Fiñc, ouplutóc
dans la prefqu'iñe de Fiirbeck , en la province de
Dorceñeren Ang'ererre , 8c fur une élévation ou une
efpéce de dune d’ur. fable rouge. Sa fornse eít celle
5 o A & L
d^uncoherenreiTé; facirconférancesíl, oarlebas^
de foixame pieds^ de quatre-vingt ¿u raüieU;, & de .
q!iatre--vin-gt-dix 2 h plate-foraie fupérieure. La i
plus grande largeur de 'í cgglejlor. eíl en hiut de j
trente-íix pieds ñzr di:í-huit . 8z en bas de dix-huit
íur quatorze. li y a trois cavirés á ia furíáce fupé-
lieure.
AGíDIES. On donnoic ce nom aiix prétres de
Cybéle. II iignifioit des joireurs de gobelets , des
faifears de toars. Fl Galles & Ar,chigalles.
^ AiríTARE currus , condaire des cbars. De-la
vint le nom fiiivantarir^íor.
AGITATOR.^ V. COCHETL.
AGLAE j Aglaia cu Aglajs ^ nom de la plus
jeune des troís graces ^ Qui époufa V ulcain. fG
Graces. Gétoiraulfi le nom de ia mere de Mé-
lampiis. íL 'íIÉLAMPüs.
AGL AO'PHEMEj une des fyrenes. V. S yrénes.
_AGLATiAj liruit jncoimu, dont les Egyptiens
fáifoíent la recolte dans le tnois de févrieij & qui
fervoií 3, deligner ce mois dans récriture hiérogly-
phique.
AGLATONICE. V. Agavi-^.
AGLAURE ou Agraule ,.étoit hile deCécrops j
^2^ de tondateur d’Athénes. Elle avoit deirí fceurs ,
Herfe & Pandrofe. Minerve avoit caché Erich-
^bonius aprés fa naiíTance j dans une corbeille
qu^eile donna a garder á ces rrois- princefleSj avec
rieírenEe douv'rir la corbeñie,. & de cbereher á
connoitre ce qu elle renfermoit. Herfe & Pandrofe
fii-virent exaciement ¡es ordres de Minerva ; mais
Agiaure ne put cotirenir fa curiofité ^ elle fe moqua
du fcnipule de fes fceurs , ouvric la corbeiile ,
& troiiva ¡enfant qui avoit les pieds en forme
de lerpens.^Minerve , pour fe venger de fon indif-
cretion.j aiia trouver PEnvie, qui ttndiz Aglaure
laiouíe de Herfé;, fa foeur j dont Mercure étoit
amciireux.
ün jour quelle voalat emoecher ce dieu d’en-
írer chez fa maítreíTe , il la frappa de fon caducée
& lá. changea en rocher.
Aglaure fut cependant honorée aprés fa mort
dans un temple a Salamínej ou Fon Íacri-Soit tous
les ans une viétime humaine. On conduifoit cette
infortunée viclime dans le temple ^ & aprés lui
avoir fair faire trois fois le toar de laurel ^ le-
metre la perpoit avec une lance , Se la fiifoit porter
a rinítant far un bucher. Dephüus^ rci de Chypre,
abolir du tems de- Séleucus^ cet horrible facri-
áce^, Se le changea en celui d'un boeuf. F. Erich-
THONIUS, HeRSÉj PANDROSE.
áGL.AUS. GigéSj roi de Lydie^ 'ou-Créüis,
futvanr Paufaníasi fier de fes richeíTes & de fa
pu-ufance, ofa confuíter l oracle d“ApoIlon pour
apprendre shl / avoit un morral plus beureux que
lui.^ Le dieu répondir quil prefércir á ¡a féíí-
cire trorni^afe des rois , Fheureufe médiocrité
dont louiíToir Aglaüs fous un toit riiítiaue. Ce
fortune morts! érqit un bergerdMrcadie : conrenr
«a perit neritage q;ae fes peres lui avoient iamé ^
-A G N
reux.
Aí-'LIDOLUS, dieu des Palmvréniens j fous le
nom ducnel ils adorojenr ¡e íbieil. lis !e repréfen-
roienr fous la fijare d'un jeune hommeA veta
diins tunique rslevce par la ceinrure, en forte
quAile lie defcendoitquejuíquAu-deíIlisdu genou.
II portoit une efpéce demanteaUj & tenoit de" ¡a
mam ranche un petit báton fair en forme de rou-
leau. Hc-rodien dit que la figure de ce d'eu étoit
une groíTe pierre^ ronde par en bis^ & qui fe
terminoit en ^.cinte ; ce qui défignoit le foleil ,
parce quil eít rond , Sr que le íéa fe termine
toiijours en pointe. II sft encore repréfenré , felón
quelques-uns , fous la tbrme d'un homir.e, ayant
les cheveux frifés & un croiiTant fur l’épaule , des
cothurnes aux pieds & un javelot en main ; mais
on y reconnoit plutot malachbélus ou la lune. On-
dit que c'eft du nom de ce dieu, que Fempereur
Elagabale avoit pris le fien. V. Malachbélus.
Entre Ies monumens qu’Auréiien, aprés avoir
vaincu Zénobiej- fit traníporter de Palmyre á
Romej OH’ doit remarquer i’autel dédíé aux dieux
tutelaires du íieu, Aglibolus & Malachbélus , &
orné de deux infcriptions^ Fuñe en grec & Fautre
en palmyrenien. Le P. Auguítin Giorgi a dcnné
1782^ une lavante diíTertation fur ce fiijer5 il
interprete ainíi en latín la preaiiére inLi'iotionA
rapportée dans Grutetj pag. §i ; AgULolo , &
Malackbelo patriis diis etiam ( aoc ) Jlgnum con-
fcctum ex argento de reditibus- filis pofuit cum cmní
ornatu nobilis Palmyrenus filius Antiocki ad falu-
tem faam propriam (d? cokjvgisJ üna fecutnviven-
^ts y ^ filiorum Juorum in menjle fchevat atino
6’ Quant á la feconde infcription , rapportée
au rnéme endroit^ voici l’interprétation latine que
ieméme P. Gtorgi lui donne : Ara [acra Malach-
belo caujfa folvendi voti. Magi Andflites cokor-
tium Calbienjíum y & Palmyrenorum celehrarunt
lubentzjjíme jolemnia confecraíionis. Mllfée du capi-
toie^ tom. rv.
AGM.EN. V. Armée.
AGNOMEN. Les Romafns exprimoient par ce
mot un des noms quiis portoient; mais quel étoit
ce nom .A.. Les fayans fonr partagés á ce fujer.
Le plus grand nombre a fixé le quacriéme nom,,
fur-tout quand' il renfermoit un élcge. L. Come-
Ims S[pion rAfiatique.. Lucius eft le prénorn ,
Corneiius le nom ,, Scipion eíl le furñom , 8r
1 ^-Jlatique ^ eíl , felón eux , VAg.iomen.
Ce fyiteme eíl renverfé par une multi-tude de
pailages d’auteurs romains, qui appeüent le qua-
tneme _nom_ cognomen ou- furnora , & non aimo-
^¿re. Tite-Live (/. xxvn. jg.) dA q:jg L.Cornelius-
bcipmn qui combattft Anriochus, fut afllmilé á
's furnom (cognomíne) dAfiatique.
A iceron fe ferí auííi du mot cognomen pour exori-
mercememe furnom; {pro Mar. c. 14.) ifeft
de méme appelé-cco'.;zo^,-, daas-Valcre-Maxñne
(iii.y. I),
A G N
Non-feulement k quarriéme nom des Romains
eft appelc ¿ognomen, mais encore le cinouiéme,
& íe üxicme iui-méme. (Liv. epí!. tv.). >. €vr-
neiío ¡iCÍpion.e , cui cogaornen f-zrapio fuit ,
ai irridente Curiatío tribuno plebis impoJltUTn. . . .
Sextas Rufiis , pariant de remperear SeDtirr-e-
SevérCj renverfe cette explícation da mor ag,io~
meiz. Sevzrus tiatione Afer , acérrimas imperator ¡
Partkos firenuijíime vicit , A.diabenicos dele'jlt ^
Araoes obinvit, ¿iazc ccgnomina ex vioioriis atzz't-
buta fuerant : nam Adiábenicus , P arthicus & Ará-
bicas cognomznatus efi. I! ne faut done plus aíFeéter
au quatrieme nom le mot agnomen. ^ oa "on fercit
oblige de le confoiidre avec le mot cognomen.
Mais Cicerón {de Ip.vcnt. Rketor. ii. 9.) s'oppofe
iormedement a cette confuíion : Ñamen ciim dici-
mus , Cognomen quoque & agnomea inttUigatur
oportet.
Robortello a dst que V agnomen étoic abfolu-
ment la meme chofe que le nom de famille ( nomen
gentiiitium). Cette Opinión eít contraire á la vérité ,
puirqae V agnomen eíl reladf aux agnats , & qne
defeendans males du meme pére,
díiungucs par res furnoms ou agnomina.
On a propofé une troifieme explícation ^ qui
paroit la^feule veritable. agnomen étoir á-peii-
ffleme^nom que le furnom, cognomen. Mais
ce dernier n étoit appeíé agnomen, qukn pariant
de i adopción. Ckcoit le nom que retenoit celui
qu! ecoit adopté ; car on fait que ceiaí-ci quittoit
toas fes excepté un feuí , poiir preñare
ceax de fon pete par adoption. P. Cornelias Sci-
pion ayant été^ adopté par Q. CacUias MeteUus ,
quirta^ fon prénom PiibliuS;, fon nom de Cimille
Cornelias ; il np retine que le furnom Scipion ,
qaii mit á la faite des noms de fon oere adontif ,
& ú s appela Q. Cncilius Metellus' Scipio¿ Le
larnom Sapion tíi dans ce cas le véritable agno-
men, parce qa'ii eft queftion d'adoption. L. Cal-
purmusPifon, adopté par/ií. Paphis , iie retint de
meme que fon agnomen. Pifan, & skoselaiVI. Pa-
pias Pzfon.
Cela; qui etoit adopté devenoit frére , ou plus
exac.err.ent agr.at des enfans de fonpére par adop-
tion , c eít poarqcoi fon furnom devenoit par
an„.ogie Uii agnomen. Cet agnome.t fervoit par la
füite a diíLnguer leS differentes branches de cette
lamii.e ^ dont íes membres portoient toas le meme
nomen ou nom de famille qudis avoient recu du
pere commun. ^
j CASTTJS y vitex agn.us caflus. Les Grecs
i "brilTíau le no»
'p [es aihéniennes cou-
C¿í''FnL fterifices de
ou^es Ies parties de I agaus cafas exhalent une
A G O
odeur de camphre, qui a fans doute donné Tidée
de Ja propriété qukn Id attribuoit d'entretenir
la chañeré ; car les anciens regardoient le cam-
phre comme poflédant émiaemment cette pro-
priéíé.
ACOGE j une des fubdiviílons de Tancienne
rnelopee , qu! donne Ies regles de la marche du
cnant par dogreSj alternativemenr conjoints ou
dísjoints j foit en moDíant ^ foic en defeen-
dant.
_ Marrianus Capella donne ^ apres Ariílide Quin-
tiiien^ au mot agoge , un autre íens que j excoferai
au mot i íRAPE. fP J. Poujfcau J.
^AGON. LesRomains prirenr des Grecs le mee
A'-fv, comme iis prirenc de ce meme peuple le
goúr & la füreur peur les ieux & Ies combáis da
orquco exprimés par agón. Dioclecien vouíut meme
imiter les Grecs dans leur fupputation des années ^
qui fe faifok par les jeux olympiques. ii érabiit
Yagan capitolin , qui fe célébroít de meme toas
les quatre ans ^ & par leqiiei il crdonna de compter
Ies années , comme Ies Grecs comptoient par
olympiades; mais cela ne dura pas. C'eír d.ins’ce
dernier fens feulement qdon pourroit afer da
mor agón , íi fon vouloit écrire Fhift-oire de Dio-
clétien par agons , comme ceLle áe fes prédécef-
feurs eíi écríte par luílres.
Agón. On appeloit quelquefois de ce nom
i emplacement fur Ies bords du Tybre , qui
fut depuis le cirque da Flaminius ; & ce nom
lui venoit de ce qk’ií fervoit aux courfes de
chars.
agonales, retes inñituées par Mama en
1 honneur de James 5 elies fe célébroient trois fois
rannM ; le 9 janvi^, le 21 mai & le 1 1 décembre.
Ces iétes furenr ainíi nommées á caufe des com-
bats qui Ies accompagnoient. Agón en grec íig.nifie
combat. Ovide , dans Ies caites , y donne une autre
ongme : il dit que le mot agón eíl latín , pour
agon-ne ou agam-ne , ferai-je , parce que le facriS-
Cssteur , pret a frapper la viétime , qui étoit un
bener , crioit aux aíTiftans ^ agox. , comme pour
demander kur confentement. On appelle aulll ces
fétes agonies.
AGONAüX^ furnom des prétres faliens. II v
ayoit douze_ faliens agonaux ,' io^dés aufli ’paú-
tins ou qairinaux.
A._GONÍEjXS ^ cktoient Jes dieux qukn invo-
quoit lorfque Ton entreprenoic queíque choie
d'important : du yerbe ago.
AGONÍOSj nom donné á Merctire , parce
qudl prélidoit aux jeax agonaux , dont on. le
croyoit inventeur.
AGONÍSTARQUE. C’étoit un des oSciers
qu! préíidoienc aux exercices des gymnafes. TI
n infpedloit que les combats des athlétes. On le
diílinguoit du gymnaílarque & du xvílarque^ qui
oceupoient la premiere Se la feconde place dans
M i;
nous a été
5? 1 A G O
Ies g}TOn2Íes. Le nom de Y agonijíarque
confsrvé dans rinfcription fuivante ;
Apollini. invicto
S ACRüM
M. A U R E L 1 U S- M. A U G
Lie. Apollonius
Agonistarcha. com
M o D I A N U S. Mercurialis.
AGOIsISTIQüE. L^art athlétiqne ou des
athlétes ; la fcience des cambats auxqaeis s'exer-
coient les athlétes. On Tappaloit encore gymnaf-
tique.
í,‘agoniftique de Fierre Dufaar eft un fupplé-
menr de la g}Tnnaíl:ique de Jéróme Mercurfairs.
áGONIuS, furnom donné á Janus, dans les
fétes agonales que Fon céiébroit en fon honneur.
C'étoit auíii le nom d'un dieu particulier qtii
préíídoit aax añions en général."
AGONOTHETES, SA’y¿y , combat, 8c B-tTís,
qui ordonne. Ces magiftrats préíidoient aux jeux
pubiics chez ¡es Grecs ; ils veiíloient á Fobfer-
vation des réglemens, examínoient les athlétes
& Ies pseces de théátre qui concouroient pour
Ies prix. On rfen créa que deux dans Torigine ;
mais á la quatrienie olymgiade,, ieur nombre fut
porté á fept. Paufanias {Eliac. i.) dít que trois
d'entdetix préíidoient aux courfes de chevaux ,
trojs zii pentathle, & les autres aux divers exer-
cices^ diíférens de ces premiers. C'étoient eux qui
diíínbiíoient les prix aux vainqueurs ; de-la vint
quiis portérent auííi le nom' de brabeuzd.
Les agonothites étoient vétus de pouipre pen-
oant Ies Jeux j eomme nous Fapprend Lucien , dans
I Anachaijis. lis faifoient le tour du. cirque dans
un cnar ae triomphe , & tenant des fceptres ddvoire
íurrnonres d un aigle. (^Juvenal , xi. 1512.) ;
Simzlifque triumpho.
Prída caballorum pretor fedet. . . .
Lorfo-Ails paíToient deváneles cochers ou con-
duélears des chars , ceux-ci les faluoient en sh’n-
eiinant profondément & en abaiffant ¡eur fouetj
comme les foldats faluoient avec la pique. On
vitj felon^Dion, Fempereur Caracalla s fncliner
rrés-refpectueafement . comme les autres cochers
avec lefqueis il alloít courír , devant les ¿gano-
thh-es. Caries Roniains^ en adoptant les ;eux des
Grecs ^ adiTiirent auiii Ies agonotkhes , qu ils appe-
ioient defigiiatores , curatores muncris ^ Q'Zl nuine-
rarii.
Les devoirs de ces magiftrats étoient traces
avec autantde préciíion que ceux des aréopagfftes
e'dx-mémes. Ils écrivoient d’abord fur un reaiftre
le nom & le pays des athlétes qui fe oréfentoien-t
pour Ies ienx, & Fouvermre de ceux'-ci'fe faifoit
par Ja proclamation gu contenu de ce regiftre,
Cue .aifoir un héraut. Les agoriotk'etes exigeoienr
en.uice des^atrfiétes qu’üs s^engageafTent Dar fer- 1
snen: ^ obicrver arés-reiigieafsrrifo; |$s ioix pref- ]
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crites pour chaqué efpece de combat > & á na
ríen faire direétement ou indiredtement contre
Fordre & la pólice établís dans les Jeax. lis fai-
foient punir fur-Ie-chainp les cqntrevenans par des
huiíBers ou liéíeurs armes de verges , & nommés
maftigopkores. Enfin , pour régier les rangs de
ceux qui devoient difputer le prix dans chaqué
efpece de combata ils les faifoient tirer au fort,
& ils jageoient les conteñations qui pouvolerjjc
s’élever entfeux. Leur autorité rFétoit pas fubor-
donnée méme a celle des amphydlions. En effet ,
quoique ceux-ci fiíTent FoíEce de juges aux jeux
pythiens , on appeioit de Ieur déciiion á Vagono-
th'ete ou intendant des jeuXj & de ce¡ui-ci á Fem-
pereur.
Places au bout ou á Fun des cotes du ftadej Ies
agonotketes terminoient les jeux en diftribuant Ies
couronnes aux vainqueurs. Leurs places étoient
marquées par des javelots eleves devant eux^ pour
marquer ieur autorité.
AGOR.íEüS , furnom que les Lacédémonieas
donnoient á Mercure , comme pour dire Mercure
du marché y forenfis , parce quhl avoit une llatue
dans le marché ( A'yoía ) de Lacédémone. Cette
ftatue perroft entre fes brasEacchus enfant. íly en
avoit une autre, fous le méme nom;, á Fharés.
en Achaie. Paufanias dir qu’elle rendoit des
oracles;, qu'eile étoit de marbre ^ de médiocre
grandeur^ de figure quarrée , & debout, fans
piédeñal.
Agor^uSj c^éteit le nom d’un magrftrat fubal-
terne_dans les villes d’Aíie- Ces oíftciers étoient
chargés de rendre la juftfce aux artifans & aa
peuple. Les Romains Ies appeloient defenfores
ciKdtatis. F". ce mot.
AGORAH , monnote ancienne de FEsvDte &
de FAfie. V. Gerah. ^
AGORANOMES. C*étoient á Athénes des
magfflrats ou oSciers ^ établis pour maintenir le
bon ordre & la pólice dans les marches,
marché y & nuav y árfiribaer , pour mettre le
prix á toutes les denrées ^ excepte le bled^ pour
juger des conteítations qui s’ékvoient entre le
rendeur & I aeheteur ^ & enSn pour examiner les
poids & mefures.
II y avoit dix agoranom.es a Athénes , ernq dans
vflle & ernq pour le Pirée. Petit croit qiFil.y en '
avoit qmnze , dont cinq pour le pirée ^ qui étoit
le ners de la ville entíere dhAthenes & de fes
rauxbourgs. On Ies a qiielquefois appelé's Acytsdi.
Ceuxqi:i vencíent vendre des denréesau marché j
leitr payoient un droit qifiis percevoient en narure ,
comme il paroít par la quatriéme fcéne du premier
adíe des Acarniens dCAríftophanes, ou Diciopolis
demande á un béotíen l'anguille qufti porte y
com.me le tribut du tnarché Ay.oA
^ On reconnoít a ces fonélrons ceües qiFexer-
cerent depnis á Rome Ies ediles ; mais ceux-ci
zvoitnt de plus l’infpect'on des batimens oa
u voterie , qui étoit léísrvée á Atiiénes aus
A G R
efiyr^omes. Les Romains ont cependaíit connu les
agoran-omes Íz lears íoncdcns , comme ii paroit
par ces vers de Piaure áans les Cagtifs :
Elige pe ! ed.iciiop.es idilitias hic hahet quidem y
Itíiriimque adeo j ni hunc fecere phi JEtoli
jigoranomiim.
AGRAFE. V. Fibule.
AGRAÍ j nom d'un des titans ^ fuivant San-
choniaron. II íignifie champeare.
A GR Ai RE. Coufultez la Jarifprudcnce pour
co.anoitre les lois agraires des Romains.
AGRA'vlES j AGB.I.ÍNIES Olí Agrionies 3
fétes mñituées á .Argos en Thonneur d'ur.e filie
de Proetus. Piutarque décrit ai.níi cette féte : Ies
femmes v cherchent Bacchus (A’ysiassíeí^ feroce) ,
.& ne le trouvant point^ eíles ceíTenr leur pour-
fuite 3 -difant qu'il s'eft retiré aapres des mufes. Elles
foupent enlemble, & aprés le repas elles fe pro-
pofent des énigmes. Ces myííéres fignifioient que
i éruditio.n & les mufes doiyent accompagner la
bonne chere^ & que íi PivreiTe 7 prend place ^ fa
furear eft cachee par íes mufes cui la retie.nnent
chez elles ctñ-í-áke, cal en réprime.nt Fexcés.
Cetre féte fe célébroit la nuitj & on s'y coa-
ronnoit de lierre.
C’étoit probablenient la mé.me que fon célé-
broit á Thébes en Phonneur des morts j fous le
Xiotn a agrionies.
II Y avoic á Orchoméne ane particularité remar-
quabie dans la célébration^ des agrionies y c^eíi
que Íes fe.Ti.mes d^jne famiile devenue odieufe par
quclqu'adson barbare.^ étoient exclues de cette
féte j & devoient s’éloigner des lieux oú les aiitres
femtnes avoient réfolu d°aller. Ce!ies-ci mar-
choicnt:, a-yant á leur tete le prétre de Bacchus
qiii portoit une epée nue^ avcc iaquelle il pouvoit
tuer une de ces EtoléeSj .Ahi-.ie.! , (on leur donnoit
ce nom ) s'jI la rencontroit fur fon paíTage. Du
tems de Piutarque, il y en eiit une de tuée , de-
les Orchoméniens rs'y trouvtrent point á redire.
Mais les Romains, qui étoient nr.aítres de la Crece,
ne yoiilurent point foufrrir de fuperftinon bar-
bare , oc condamnérent la ville d Oychoniéne á
une forte amende.
i^es filies de Mynias , tranfportées de la fureur
des bacchantes , maíTacrerent Kippafus , íils de
Leucipp^e , & le fervirent fur leur rabie. Lear
familie fut excrae pour touiours des agrionies.
AGR.4RÍUM. ón donnoit' ce nom an navire
qui portoit Ies_ empereurs grecs , & fur lequei
les grands officiers cié rempire pouvoient monter
leuls avec eux.
AGR.AL'LE. Fl Agiaure.
AGR.4L.LIES , fétes ainfi noñimées , parce
qu enes devoient leur inftitutio.n aux Á-rauies .
pcupies de i Amque , de la tribu Eledheicíes , qui
avoient pns leur nom dhAgraule ou Aglaire. Cet're
tete fe celebroit en 1 honneur de .Minerve.
Les Cypriottes célébrokn: guíS cette férq dans
A G R
le ffiois aphrodiüus, en immolant des victimes
humaines.
AGRitLS , furnom d’Ariítée.
AGRlGLLTLRE. LesEgypriens faifoient hon-
neiir de fon invention á üliris, & le prétendu
fcuer qu iIs placent dans fa main , éroit une
c.harruejíimple. K. Fouet. Les Grées en re-
connolílbient pour Tinyenteur Cérés, ou plutót
Tnptoicme, ion fils. Les premiers habitaas de
ritaJie placérent au rang des dicux Saturne &
Janus, en reconnoiíTance de cette invention, dont
ils leur faifoient honneur.
agrkiíhurc 2 fait les déiices des plus grands
hommes chez Ies peupies anciens. Cyrus le ieune
avoit planté la plupart des arbres de fes lardins,
& ne dédaignoit pas de les cuitiver lui-meme.
-A. la Yue des jardins de ce jeune prince , -Lifanáre
de Lacédémone, un cíes chefs de la républiquc,
s'écrioit avec admiratlon : O prince , que tous les
hommes vous doivent eftimer heurtux , d’avoir fit
¡oindre ainfi la vería a tant de granaeur de digr.ité!
Lifandre dit la vena, córame li ion eút penfé
dans ces tems qa’un monarque agricuiteur ne pou-
voir ma.nquer d^étre un hornme vertueux ; & il eíl
fur au inoíns qifil doit avoir Ic goút des chofes
Utiles & des oceupations innccentes. Hiéron de
Syracüfe, .Artalus, fhilopator de Pergame, .Arché-
laüs de Macédoine , & un granel nombre d’autres
princes, font loués par Piiije & par Xénophon,
qui ne louoient pas fans co.nnoiifance , & qui
n'étoient pas leurs mjets, de Famour ou’ils ont
eu pour les champs & pour les travaux tíe la cam-
pagne.
^ La culture des champs fut le premier objet dii
légiflateur des RomaÍKs; & pour en donner a fes
fujtts la haute idee qufil en avoir lui-mé.me , la
fo.néíion des premiers prétres q-a'ii inflitua, fot
dfoffrir aux dieux Íes prémices de la terre, & de
leur demander des récoites abondantes. Ces nrétres
etoient au nomore de douze ; ils étoient añoelés
arvales , de arva , champs , terres labouíables.
Un d’entfeux étant mort , Romulus lui-méme
Pp- 5 ^ 3 O''* n'accorda cette
dig.nité qu á ceux qui pouvoient prouver une naif-
fance iiluílre.
Dans ces prenaiers tems, chacun faifoit valoir fon
héritage , & en tiroit fa fubfiítance ; car des le tems
de Romulus, Ies terres étoient divifées en pordons
égaies entre tous Ies citoyens fans diftinfrion. Ces
portions étoient exemptes áfimpót. L'état avoit de
grands domaines , appelés faltes , & de Fétendae.
de huir cens iugéres , oufií affermeít á des publi.
cams , lefqueís les fous-aíFerrnoient á d’autres par -
tiealiers , pour les faire valoir au profit de la ré-
publíque : Scripturarius ager publicas appeíiabatur,
ín quo ut pécora pafcantur , certum ss tribuitur ,
quia piihlicani'.s feribendo conficit rationem cum p a f-
tore ( Fomp. Fcílus. )
== Eziam nur.c in tabulis cenforiis pafcua dicup.tur
omrüa , ex quibus populas reditas haket , q-.úa dia
/
54 A G R
hoc folum. veciigal futrat. ( Fíin. !ib. IXTIII , cap^
III.) Quos agros non coleóar^t propter fylvas-i aut
id gsnus , ubi pecus poJP,t pafci , &' po fidsbant ; ab
ufu fuo jdhus p,ominárunt. ( V''arro , de Ling. Lat.
líb. IV. ) Les portions des citovens n ttoient point
fujettes ^des redevances pour des feigneurs parcí-
culiers 3 car on ncn coiinoilFoir posnt ; chacun
écGÍt feigneur far fon domaine. Les pontifes ne
recevoient point Ies dimes des récoltes. Le peuple
oírroic feulement aux dieux Ies prémices des fruits
de fon champ. ; mais cette rétribution étoit diclée
piar la religión & le zéie de chaqué parriculier. On
ne manquoit jamais a s^acquitrer de ce devoir dicté
par famour feui & libre de ia religión ite de.-
guftabant quidem n.ovas fruges , aut vina , antequam
Sacerdotes vrimhias libajfent. ( Plin. lib. XVÍII j
cap. II. ) " ^
=5 Roniulus ñxs. la pornon de chaqué citoyen á deux
jugares , c'eft-á-dire ^ i an peu plus d'im de nos
arpeos 5 & il ne fut permis á perfonne d'en poíTé-
der das’antage : Bina tune jugera populo romano fatis
erant , nuilique majorem modum attrihuit ( Romu-
lus) 3 ano fervos paulo ante principis Neronis esn-
tenipto , hujus fpatii -viridariis pifeinas juvat habere
majores „ gratumque fi ncn alicuem (i culinas
( ibid. )
’’ Cette pietite quantité de terrein , dont les
efclaves, pea de tems avant le régne de Nerón,
fe feroient á peine contentes pctir taire desviviers
,& des réfervoirs dans leurs vergers , fuíiifoit alors
pour un Romain ^ parce cue fon hérítage étoit
íranc &: exempt de toute impoíition de queique
nature queüe fút. De pius , i! faut obferver que
les deux jugeres étoient employés uniquenient á
la culture da bled & á la nourrimre de quelques
beíHaux. Si la terre rendoic huit pour un ^ il fuifi-
ícit d’en mettre feniement les deux cinquiemes
en bled , le reite denieuroit en parare ^ ou en
prodiiitíons potageres ; mais alors on ne caltivoit
point de vignes j ou on en cultivoic peu. Ce ne
fut que long-tems aprés qu’on commenca á piantef
la vigne en ítalie : Apud R.omanos multo feriar
vitium cuizura ejTs c&plt. ¡Flin. lib. xvill^ c. iv).
Cette rareté dii vin fut caufe que Romuius ordonna
ouon feroit aux dieux des libaríons de laitj &
non de vin 5 ce fut auffi pour cela que Numa
défendít de répandre du vin fur le búcher des
morís. Cette hqueur étoit interdke aux femmes.
Papyt'ius fur le point de livier un combar aux
SamniteSj fit voeu d'oftrij á Júpiter un peu de
via , s’il retnportoit la vidoirej ^ib- xii ^
cap. 12 Oí ij ).
== La centurie fut ainfi appelée , non de ce ou’elle
fut d'abard compofée de cent jugeres, cómme
l'enfeigne Varron ( de Ling. Lat. lib. iv. ) : Cen-
luria primo a cenvum jugeribus dicta. Pojl duvlicata
rerínuit nomen ; mais 'de ce quelle contenoit cent .
heredies ou hérédicés ; & elle étoit le partage de ^
.^ent citoyens , comme f explique Sextas Pompeius !
Centuriatus ager in CC. jugera deferiptus , ¡
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quia Romuius centenis civibus ducena jugera tri-
buit.
« L'’hérédie:, m-efure de terre un peu plus erande
que i'arpen: de France , étoit la pordon ativibuée
par tete á chaqué Romain ^ & on lui donna ce
norn , parce qa'elie paíFoit ^ á tirre ddiéritage ,
aux enrans ; c'eíl ce qu’on lit dans Varro.n ( de Re-
rufi. lió. I , cap. 4.) : Antiquus npfler ante bellam
piinicum peadebat bina jugera , quod a Romulo pri-
mum dfvija dlcebatur viritim : que qitod keredem
fequerentur keredium appellarunt. Puifque , felón
ces aureurSj ce fut Romuius, fondateur de Rome.
qui regla que la centurie de deux cens jugéres
feroit ie partage de cent citoyens , & que, felón
ces mémes écrivains , !a centurie fiit doublée , en
confci'vant toiqours le méme nom , il faut qkaíors
eliC ait vaiu quatre cens jugéres , environ deux
cens feize de nos arpens ; & par conféquent rhé-
rédie , ou partage de chaqué citoyen , dutétre de
quatre jugéres , valant deux arpens & ua fixiéme
environ.
_ ” Neft-cepas á caufede cette diviíion que (P/fa. .
Izb. xviTj, cap. 3. ) , vers Tan de Rome ic¡6, c’eíl-
a-dire , cinquante ans api'és Texpuliion des rois ,
Quintius Cmcinnarus avoit pour hérítage quatre
jugeres qu il étoit oceupé á iabourer , lorfqkun
député du fénat vinr lui déférer la dicratare :
Aranü quatuor fuá jugera in Vaticano , que. prata
l^uintia appellantíír 3 i. inc innato viazor aitulit dicta-
turam^ & quldem ( ut tradlt Norbanus ) nudo phno-
que pulveris etiamnum ore : cui viator , vela corpas
inquit ^ uz proferam fenatús populique romani man-
data.
« L'kérédité fut encore augmentée , Tan 3^2 de
Rome.Lefénataccorda, felón Tite-Live(/. v,n. 30)
fépt jugeres ae terre aux citoyens qui voudroient
aller setablir á Yeies , átrois iieues de Rome; &
ces iCpt jugeres jhrent attribaes non-feulement á
chaqué cnef de famiiie , mais encore á chaqué per-
fonne líbre qui fe trouveroitdans la méme maifon.
11 fut regle que chaqué pere éleveroit fes enfans
dans fefpérance d^étre parrases de méme; enforre
qu une famille compofée du mari, de la femme &
de deux enians devoit avoir vingr - huit jugéres
pour fon partage : Adeóque ea victoria Ista patribus
futt ^ ut pofiera dte^ referentibus confulibus fenatus-
confiltum üeret utagri V dentani feptena jugera divi-
derentur, Nec patribus famzlis, tantiim , fed ut om.~
niurti liberorum in domo capitum razio haberetur ,
vellentque in eam fpem. liberas tollere.
« ( P&2. lib. y.z-i!, , cap. 3. ) Marcus Curius ,
apres fes triomphes , & les nombreufes provinces
qu il avoic conquifes Se ajoutées a Tempiré romain,
difcit QU li regardoit comme dansereux pour la
repuDhcue , un citoyen qui Yétoit oas concent de
-e?i. lugeics de teñe. Cette quantité étoit, ajoute
rime, le partage aíiigneau peuple aprés Texpullion
des lois : Marci quiaem Curii , pofl triumpkos , im-
meiíjumque terrarum adjecium imperio nota concia
Cjt , pernicicfum intelligi civem , cui fepterñ jugera
A G R
nan ejfent fatis. Hic autem menfura ptebi pofi cac-
tos reges affigiiata efi. Curius fut conful Tan 40 a de
Some.
« On ne tinr pas ngoureufement ia main á Texé-
cution de ces régletr.ens^ & iis ne furent pas fcru-
puieufe;r.ent obíervés , p-uifque fous le regne de
Servius Tuliius , ii y avoit des particuiiers qui
poíleaoien: juíqu’á deux ou trois müle livres de
rente , ce qgi, en n'eitirnant ie revena annuei d'un
jugcrequba cinq iivres ^ fuppoferoittoujoursquaíre
ou lix cens iugéres de terre. La diiíiricrion des
tribus j faite par ce roi , duc porter un coup mor-
tei aux anciennes conítitutions : auíil voyons-nous
que Ies fortunes s'accrúrefit coníidérablemenc j
fur-tout dans la ciaiTe des patriciens ^ ce qui occa-
Ííonna dans la fuire des querelles & des fédi-
tions entre les deux corps de fétat. Licinus Stoíonj
tribim du peuple eífaya de mettre des bornes á
ravidité des patriciens ; il porta , Tan de Lome
379 , une loi par laquelle il étoit défendu de pof-
féder au-delá de cinq cents jugéres ( lyo arpens ) 5
maisil n'étoitpas lui-méme plus deíintéreíTécueles
autres ; car, á la poiirfuite de M. Fopiiius Lenas , il
lut condamné a une amende de dix miiieas ( 6oco
liv. ) , parce que, contre refprit de fa io!,il poíTé-
doit mille jugéres de terre dont il avoit mis la
moitié fous le nom de fon fiis , qudf avoit fait
émanciper pour frauder la loi : Quipve etiam lege
Stclonis Licinii inclufo modo D. jugerám, , & izfo
fuá lege damnato , cum fuhfiitutá filii perfoná , am-
f lilis pojjideret , luxiirianús jam reipublics. fuit ijia
menfura ( Plin. lib. xviii ^ c. 3 ).
_I1 paroít, par un endrokdeYarron, qu un autre
Licmius Stolon avoit fait portería premiére los qui
attribuoit fept jugéres par tete ; mais on a de la
peine á accorder les dates : Sed opinar , qui ksc
«ommodiics ofiendere pojf.-it ^ adfunt. Nam C. Lici-
Tiíum Solonem &■ Cn. Tremellium Scrofam , video
venire , unum cujas majares de modo agri legem
tuLerunt. Nam Stolonis illa lex aun vetat plus D.
jugera haber e civem romanum y qui propter dili-
gentiam cultura. Stolonum confirmavit cognomen ,
quod^ nullus in ejus fundo reperiri poterat Stolo ,
quod effodiebat circum arhores , e radícibus qua naf,.
cerentur e folo y quos Stolones appellabant. ÍLjufdem
gentis C. Licmius , tribunas plebis cum ejfet , poü
reges exaSos ( Tan de Rome éio), annis ccczxv..
primas populam ad leges accípiendas in feptem jugera
forenfia y e comido eduxit. (Farro, de lie ruSiNib
r y cap. 2 ). . ■
M Danstoutes ces diftributions , ceuxqiii furen»-
p.us^anciennement partagés , Je furent plus mal ;
ris navosent cue deux jugéres. Ceux qui furent
partages en.uite , le furent moins mal , ayant
auatp juseres; St ceux qui furent partayés Ies
d.rmers, !e furent beaucoup mieux que le^Sutrés,
ay-n lep. ;u?eres par tete. Si' tomes les terres
habitans,
SnmrnV'" sppirence, la population dut étre
D^en grande, quoque tes terres de la tépublicue
^ G-R
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fuiient de pen erendiie dans les comrr.ence-
qiens. f our en juger , prenons pour exemple la
i- ranee. Cn y compre préfentement vingtf deux
muiions d habitans , & ce royanme contient deux
cens ínüisons ce jugeres : £ done nous eoi’.cevon^
un partage de toute cette étendae , á raifon cí¡
deux jugéres par tete,, nous trouverons qaeiie
pourroÍL contenir cent nulucns d Uabstans , parra-
gés comme rétofent les Romains fous ilosimius.
Si nous donnons quatre jugeres par tete , elle ne*
connendra plus que cinquante millions de chefs
¿e famslle , Se autant d efeiaves oa fervireurí. Si
nous donnons fept jugéres paj tete , elle rf aura
plus que 28, yyi ,428 caefs de famille , Se 71 ,428,
572 feryiteurs._ Lnfin , £ le partage de "chaqué
pére de faniilie eft de cinq cens jugéres , ' le
royaume n en condenara, plus que quatre cents
rrnüe , & 99,óco,cco fervireurs. Cepe.ndant ces
chotes n auroient pas lieu , parce que ie nombre
des íerviteurs ¿écroitra dans une certaine propor-
tiofi avec ie décrolífement du nombre desproprié-
taires. D'óu Ton doít conclure que la population
dut croitre chsz íes Romsins , dans la raífon que
les terres de Fétat furent divifées entre un plus
grand nombre de familíes , & qu elle dut dé-
croitré au contraíre dains la proponion que re-
nombre de ces^familles libres fut üiminuépar les
trop vañes peiieífions de chacun.
”^TelIe tm ia répartitron des terres, preferiré
par les lotx entre íes citoyens romains- Les terres
ércient parragées en trés - perites portions toutes
egales 5 cnacim avort la fienne , & en tiroit, par
fon travaií, une nornére fubfítancej enforte que,
íans le fepurs des provinces étrangéres , Fita'ie
trouvoit dans fon fein toutes les cheles néeeíTaires
a lanournture de fes habitans. L-ss vivresy'étoient
a fi bas prix , que fous Feáiliré de Manius Mar-
tiiiS , le nroams de t?iec íe dennort pour un as
( pliv. é f. le fetierde París). Le tribún Minmius
Augurinus le fit vendre au méme prix, un as le
moQtus. Sous .í ediiite deXrebius, le bledne valoit
es^^ement qu-un as r Frgo zzs mcríhus non modo
fujjiciebant pruges ,, nullá provinciarum pafeente Ita-
liam y veriim etiam annona vilitas increaibilis erat^
Manius Martius , adilis plebis , primas frumentum
populo in medios ajubus danavií. Minutius Augu-
rznus qui Sp. Helium ccarguerat , furris pretium in
trinis nundinis aa ajTem redegit undécimas plebei
tribunas , qud. de caufa fatua ti extra vortam trige-'
mznam á populo ftive collata fatuta ef, Trebius in-
adilitate aflbus populo frumentum prsfiiit , quam‘
oh caufam ei fatua in capitolio palatio dicata
funt. Ipfe juprenio die populi hur.ieris pórtalas e!i
in rogum. Feriim quo anno- mater deúm adveaa-
Romam. efi , majorem eá sfiate faotam melfem efe
quam antecedentibus annis x , tradimt. (Plin. lib.-
xviTT y cap. 3).
» Quelle éroít done ¡a catife d’une £ gnr.áe
abondance ? C’eñ quYlors les champs étant cul-
tives par les níaios des généraux des arméis
A G R
i'oniaífiCSj Is tcrre prenoit plaiíir a {¿ vcír laboursr
par un foc couronnt d“ lauriers ^ & par un vain-
queurquiavoit etc decoré des honneurs du trio’x-
>^he. SÓit que ces granas hommes apportaíTent á
la culture des femences les ir.émes foins qu’ils
prenoient pour gagner des batsil’es ^ foit qu'iis
dirpofallenj: Ies terres avec autant de précaiuíon
cu ils fordiioient un camp ^ foit que les fenaences
Droñtent davanrage, lorfq'delies font fcignées par
des nsains libres , parce q’dalors elles font traitées
avec plus d^intérét^ d'apphcanon & d'exactirude ;
i^iL&izam crgo tantA ubertutzs canfa erat ? Ivjorum
tune manibus imp eratorum coleo antur agri (ut fas efi
Ctedere J gaudente ierra, vemere laureato da trium-
phaíi ar atore y /rvc illi cadem cura fetTiina tracla-
¿ant j qud bella , e&demqiie diligentiá arva difpone-
har.t qu&caflra , five honeftis mapúbus omnza IaÚiis
provenzuiit ^ zpu-omaTTZ d’ curio(ziis fiunt^ ( P ¿iñ. lib,
xviu , cap. 3 . Curius & Fabricius , dont Tun avoit
dompté les Sabins ^ & fautre avoit chaíTé Pirrhus
de ritalie ^ ayant recu chacun les fept jugeres qui
fe diíbribaoient par tete fur les terres conquifes ne
iTiontrérent pas moins d'habileté á les bien cultiver,
qudls avoient montré de courage á les acquérir
par les armes : Itemque C. Fabricius (í Curius
Dentatus , aiter Pirrho finibus ItalÍA pulfo , domitis
altcr Subirás , accepta quA viritim dividebantur
captivi agri , feptem jugtra , non miniis . indufirie
coluerit , auam fortiter armis quAflerat , ( Colurru
de Re rufi. lia. i , in. prefat.) Fabricius fut confuí
Tan de Rome 474.
« Maintenanr , dit Plins j ce font des mains
privées de leur liberté , des efclaves ayant des fers
aux pieds & des marques SétriíTantes fur le froat
qui exercent routes ces fonctions ; mais la terre ,
feniible aux honneui-s qu'on lui rend comme á la
mere nourrice de tout ce qui refpiie , ne produit
plus qdá regret & avec une forte d'indignation
& nous fommes tous étonnés de voir que Ies tra-
vaux des efeiaves ne font point fruíSlueux comme
ceux des généraux d'armées : At nunc eadem illa
vincii pedes , aamnatA map.us , inferiptique vultus
exercera j r¡x>n tamen. farda tellure , quA parens ap-
pellatur colique dicitur & ipfa , honore hiñe
ajTumpto , ut nunc ip.vitá eá , & indigne ferev.te cre-
datur id f.eri. Sed nos miramur ergaflulorum nov..
eadem emclumer.ta eífe quA fuerunt imperatorum
(JPiin. lee. cff.)La culture desterres par des efeiaves
eíl: trés-mauvaife ^ comme tout ce qui eft fait par
des gens ftns efpoir & fans intérét : Coli rura
ergafiuiis peíjlmam eft, ut quidquid agitur a defpe-
rantibus , (PUn. llb. xvni , cap. 6 ).
» Dans les premiers tems , les terres éteient cul-
tivées avec un foin extréme cnez les Romains. S'il
fe rencontroit quelque laboureur négügent , il
¿tcit noté & diffaraé par an jugementxles cenfeurs :
Agrum mate colere , cenforium probrum j iidicabatur,
( ihid. lib. xvtzT , cap. z).'
» C etort de leur application á Vagriculture , que
Ips citoyens romains tircieat leur glcire & kiir
A G R
llluftration. Les tribus de la campagne étorent en
grande conlidération 3 celles de la ville étorent mé»
prifées ; & il étoit honteux & déshonorant d'étre
relégué des tribus de la campagne dans celles de ia
VÜIe : Jam diftintiio konofque civitatis ipftus aliund'i
non. erat z rufticA tribus launatiijitriA eorum qui rurq.
haherent , urbanA vero , in qizas trausferri ignominia
ejfet , defidia probroque , (PUn. lib. xviir , cap. 2).
On rendoir la juítice aux iaboureurs ¿e Ies
croire vertueux & gens de bren ; 8c le plus grand
éloge qif on pút farre d'un citoyen , c étcit de dire
qu’il étoit un bon laboureur ; £t virum bonum chm.
laudabant , ita laudabant ; bonum agricolam ,
honumque colónum. A.mpliff.me laudari exiftzmabatur ^
qui ita laudabatur , ( Cato , de Re ruft. cap. I ) 53.
33 On regardoit. Íes iaboureurs cciTime le loutiea
de rétatj également propres áfaire fortirdes terres
qubls travaiüorent j la fubíiílance de ia patrie , 8c.
a. défendre ces mémes terres contre Ies ennemis
du dehors. Le profit qu ils faifoient á la fueur de
leur vifage - étoit regardé comme le feul honnéte,
le feul certain , & non précaire , le feul qui n’ex-
citát point Fenviej parce qu'il étoit juñe & méritéj
& Fon étoit perfuadé que ceux qui font appiiqués
a ce genre de trav&ii ^ font incapables de fe livrer
aux vices qu’engendre Foiliveté : At ex agricolis ,
& viri fortiffimi , & milites ftrenuiífimi gignuntur ,
maximeque pius quAfius ftabilijftmusque confequitur
minirneque invidiofus : m.inimeque mate cogitantes
funt , qui in eo iludió oceupati funt , ( ibid.') 33
33 Telle fut le principe de la grandeur romaíne ,
qui lui vaiiit Fempire du monde prefque entier.
ÍJ agriculture fut pour les Romaias une fource
inépuifable de richeíTes beaucoup plus folides , que
les métaux que Ies Carchaginoistiroient des mines
d'Efpagne & des produits de leur commerce.
Les terres affranchies de toute fervitude ^ & diítri-
buées également entre tous les habitanSj en fak
foient comme autant de petits fouverains ^ & dé-
la cet amour pour ia patrie , qui fe íignala en tant
d’occaíions ; de-lá cette noble íierté qui caracléri-
foit le peuple romain , cette élévaticn de fenri-
mens cette intrépidité dans les plus grands
dangers ^ cette i'er.fibihré li marquée peur ¡es in-
jures te cues de la part cFiin peuple étranger ^ &
cette généreufe reconnoiíTance pour des fervices
rendus. Tant que les Romains confervérení cet
amour du travail & de la médiocrite^ la répubiique
fut íloriíiante ; mais , des qu'elle commenca á fe
relácher fur Fobfervance rigoureufe de fes pre-
mieres inftitutions Fabftinence fit bientot place á
Favidité qui sfetxipara de tous les efprits ; Famour
de la patrie fut remplacé par Fégoitme : chacun ,
en particulier , ne penfa pius qu'á sfenrichir, 8c á
engloutir dans un feul domaine les terres cui
avoiem^fuffi pour proenrer tous les befoins á un
grand nombre ae citovens. Tiberius Gracchus avoit
fait uu réglement , -par lecuei il étoit défendu á
ceux á qu! on avoit diilribiié des terres , de íes
vendre. Les patticiens íireq: iever cette défenfs
pas
97
A GR
Sr un tribun ^ ce qui donna moven aux riches- de
> acheter des pauvreS;, & méme quelquefois de
s'en emparer par violence. Eníin les grandes pof-
feilions perdirent Fltalie Se Ies provinces : Kerum-
que confitentibas latifundia prodidere Italiam & pro-
v'mcins ; & leschofes furent portees au point ^ que
la moitié de rAfirique fe trouva entre les mains de
lix particuliersj quelNéron fit mourirj aprés avoir
confifqué leurs biens : Sex domini femiffem Africs,
pojpdeba.nt , cum interficit eos Ñero princeps , (Piin.')»
“ On eft étonné de la fortune enorme d^uri Mar-
cus Licinius Craíuis , qui , au rapport de Plutarque ^
Evoit pour plus de cinquante millions de bien en
fonds de terre 5 de celle d’un Sylla ^ plus riche encore
que CraíTus ; de celle d’un Narcifíe & d’un Pallas
tous deux aíFranchis de l’empereur Claude. Le
dernier ^ felón Tacite , jouiíToit de trois millions
de fes terreSj fomme qui revienr á
iivres , en fuppofant le "denier d’alors de quatre-
vingt- feize á la livre. Cette fomme , au denier
vingt, auroit produit 2,81 2, joo liv. ; & íí Ton fup-
pofe teutes les richeíTes de Pailas en fonds de
terre j á raifon de dix Iivres pour le revenu d’un
arpent j il poíTédoit arpens ; de forte
qu’y apnt en France cent millions d’arpens ^ trois
cens dnquante-cinq Pallas ou quatre cens CraíTus
auroient polTédé toutes les terres du royanme.
Selon le méme Plutarque, dans la vie de Pompée ,
un aífranchi de ce Romain , nommé Démétrius ,
jouiíToit d’un fonds de trois cens talens , qui re-
viennent á dix-huit millions en principal 5 il avoit
done neuf cens mille Iivres de revenu au denier
vingt , ce qui fáit le produit de quatre-vingt-dix
rnille arpens , á raifon de dix Iivres pour chacun 5
ainíi onze cens onza Démétrius auroient oceupé
toute la France. M. Catón, íi Pon en croitSéñéque,
jouiíToit de quatre millions de feílerces en prin-
cipal , qui lui étoient venus de différens héritages j
fi le denier romain étoit alors de foixante-douze
a la livre , Catón avoit pour un million de bien ,
ce qui fiit cinquante mille hvres de rente au denier
vingt 5 c eíl le revenu de cinq mille arpens , á
raifon de^ dix Iivres Parpent ; Se vingt mille Catón ,
fur ce piad , auroient poííedé toute la France.
Selon Sénéque encore , Lentulus PAugure avoit
quatre cens millions de feílerces de bien , qu’ii
tenoit des liberaíites d’Auguíle ; cette fomme
revient a 85,714,2815 Iivres, qui font 4,285,714
Iivres de revenu ». Kétrologle de Paucion.
” On ne peut douter que Y agriculture ne fut
en nonneiir chez ¡es Gaulois , long-tems avant
lariivee^des Romains. Les Phocéens qui vinrent
fonder Marfeille , apportérent avec eux des plants
de vignes & d oliviers , qu’ils multipliérent dans
le pap. Ls nrent connoítre, felón quelques-uns,
la^cülture dé la vigne aux C^aulois, dans un tems
ou n n y avoit encore que de la vigne fauvSge en
Italia Aleáis il eft certain que Part de faire le vin
avec le fruit de la vigne , étoit en ufage dans Ies
Oauies long-tems avant Parrivée des" Phocéens.
Ao-tiquités , Tome /.
A G R
Au mariage d’Euxenus , chef des Phocéens , avec
Petra, filie de Nannus, roi des Saüens, peuple
celta qui habitoit Ies cotes de Provence, cette
princelié préíenta , {Athen. Lib. xiii.') felón L’ ufage
du pays , une coupe ou il y avoit duvin & de Veau^
a celiii qu elle vouloit fe choiíir pour époux. » -
” On voit par-ia Perreur de ceux qui ne metrent
que fous 1 empereur Probus les commenceraens
áe la culture de la vigne dans les Gaules. Cicéron ,
dans Poraifon pour Fonteius , parle du grand
commerce de vin qui fe faifoit dans Pintérieur des
Gaules. Les Gaulois étoient méme plus inftruits-
dans cette. parné de Y agriculture que Ies autres
nations. On leur doit Pinvention des tonneaux.
lis mettoient fermentar dans Ies vins des bois de
fenteur, commePaloés, &c. pour les rendre plus
odoriférans , & en avoir un plus grand débit. Des
le tems de Catón Pancien , on tranfportoit dans
PItaiie des plans de vigne des Gaules. L’efpéce
appelée biturica , parce qu’elle avoit été portée
du Berri en Italie, eft fort louée par les auñores
rei raftics. , parce que ce plant étoit robufte &
multiplioit beaucoup. Dans Ies tombeaux des
anesens Gaulois trouvés en Bourgogne , on voit
qu’ils avoient á la main des vafes á boira. Le
P. Montfaucon croit qu’on a voulu nous apprendre
par ce fymbole que le pays étoit dés-Iors abon-
dant en bon vin. »
Si la culture de la vigne étoit en vigueur dans
les Gaules avant Parrivée des Romains , celle des
|rains ne devoit pas y erre négligée , puifque c’eft
á cette derniére que les Gaules devoient une
population incroyable. Les Gaulois étoient origi-
nairement fans bourgs & fans villes j leurs habi-
tations étoient éparfes dans la campagne, ftir le
fonds de terre qu’iis cultivoient. Ceuxd’une méme
famille demeuroient au voiíinage Ies uns des autres.
Se s’étendoient á mefure que les iignées deve-
noienr nombreufes ; ce qui forma par la ñiite trois
ou quatre cens peuples différens les uns des autres,.
quoique réunis par les mcEurs , les ufages , la
méme forme de gouvernement , &c. Les auteurs
font mention d’environ quatre cens peuples ref-
ferrés & comme entaíTés les uns fur les autres
dans les Gaules. »
” Une population auffi nombreufe ne peut étre
dúe qu’á Y agriculture , puifque Ies Gaulois n’avoienr
pas Ies reíToarces du commerce exterieur , ni les
manufaéiures. C’étoient principalement les terres
arrofées parda Saone qui étoient d’un plus grand
rapport. Ager feqiianicus totius Gallis, optim.us y
dit Céfar. AuíTi Ies Aidaens qui habitoient le bord
occidental de la Saone, Se les Séquanois qui oceu-
poient le bord oriental, étoient Ies peuples les
plus puifíáns des Gaulois , & fe difputoient la
fouveraineté des Giales, long-tems avant que les
Romains euiTent penfé a s’en rendre maítres. Ces
derniers venoient méme dans les Gaules oour T
faire le commerce de grains , Se ils avoient da*,
comptoirs á Chálons-ñir-Saoae. ^
«S A G R
Ce füt par i a g; ¡culture , unique m'obile de
í'a:Tance> dir un auteur modernCj que Céiar,
ce génie vaíte & profcnd ^ trouva le luoyen de
faire fubíilíer de nombreufes armées dans les
GauIeSj & qu'il vinr á bout de les foiimettre. Ses
fremiers fucceíTeurs fe piurent á embellir cette
précieufe conquéte par des travaus immenfcs ,
& elle devini: la plus fertile & la plus belie pro-
vince de rcrtipire. »
=> Les Romains' étoicnt particulierement inté-
refiés aux progrés de Y agriculture dans les Gaules.
L’Italie j couverte des valles Se fuperbes maifons
de plaifance des grands de Rorae , rempHe d"un
peuple immenfej ne jouiíToit caed' une fubfiñance
précaire ; elle fe vit forcee de tirer des provinces
íes denrées de premiére néceíEté, fes chanips ne
fuffifañt plus á nourrir fes habitans , amoilis par
le iiixe. il faliut recourir aux approviíionriemens
& á la relio urce des greniers publics^ que les ré-
coltes des Gaules fervoient á rernpiir. V. Gaules.
Touíes les provinces payoient íeurs coníributions
en grainsj Se Ü paroic conírant que cette impoíi-
tion en nature étoit la dixiérne partie des récoltes. ==
" Le gouvernement fe chargeoit feul du tranf-
port.de ces grains^, de leur verfemeñt dans les
líeax ou la diftribution en étoit néceífaire ^ & de
la vente du fuperSu au profit dii íifc , á qui ce
commerce excluíif étoit réfervéj & produifoit
un enorme revenu. Le fifc aveit dans toutes les
provinces des greniers publics pour la conferva-
tion des grains , & le préfet de Tannone avoit
Tceil fur tous les oíEciers chargés de la coileílc
des redevances en bled ; il veilloit á la conduite
de cette immenfe quantité de grains ^ tant par
terre_ que par eau ^ & á leur decharge dans les
greniers ^ dans les parts ou dans les vslles ■, il
avoit droit d’en reconnoítre la bonne ou la mau-
vaife qualité , de commettre des gardiens ftxrs &
fidéies á leur confervation 5 enfin., il prélidoit á la
diftribution.
» Larfque rempire devinr la proie des eíTaims
des Barbares fortis du nord , la dépopuktion des
provinces, caufée par ces invaíions deílruñiyes ,
fut auffi fatale i Y agriculture qukux autres arts &
aux fciences. » (Beguillet).
ÁGRIGENTE. V. Acragas.
AGRÍONIES. V. Agraxies.
AGRIOPHAGE, ayaiús , féroce , ^Lyis , je
manga ,) qui vit de bétes feroces ou fauvages. On
a donné ce nom á des peupies vrais ou fabuleux,
qui ne fe nourriiToient que 'de chair de lions &
de pantnéres. Solin, c. 3 , & Pline, liv. 5, c. 30,
mettent áesAgriophages dans rEthiopie, & Ptolc-
mée en place dans í’Inde , en-de^a du Gange. On
les appeíle aufíi lyíofcovhages .
AGRíPPA. Nom que fon donnoit á Rome aux
cnfans qui venotenr au monde dans une attitude
autre^qae k naturelle, S¿ particulierement a ceux
préfentés par les pieds. lis étoienr
atrnt nommés , dit Pline , parce qu ils étoíent
A G R
venus au monde avec peine , &gre partí. De favans
critiques rejetrent cette étymologie, ^arce quiis
rencontrent ce nom chez d^anciens auteurs grecs }
ils le dérivení d^áypETs', chajfer , & de intíos ^ cheval^
Agrippa, furnom des famiiles Luria, V ir-
SANIA.
AgrippaI, roideJudée. BA2IAEQS ArpiniiA,
Ses médailles font :
RRRR. en bronze.
O. ea or.
O. en argent.
Agrippa II , roí de Judée. BA. Arp.
Ses médaiües font :
C. en broHze.
O. en or.
G. en argent.
A.GRIPP A , {Marcas Vipfaráus') gencire d’ Augíifte.
MaKCUS jlcRIPPA Lircil rILIUS CONSUL III,
Ses médailles font :
RRRR. en or.
RRR. en argent.
RRRR. en argent, reftituées par Trajaa.
C. en M. B. de coin romain._
R. en M. B., reftituées par Tire & Domitien.
RR. en P. B.
RRR. en GB. de la colonie de Gades.
Elle a au revers pour légende, Munici.^ Gaí
Patrón. Municipii Gaditani PatrerMS. ]l y a
dkutres médailles d' Agrippa, toutes pareilles pour
la tete & pour Ies types des revers , qui n'ont
pour légende que Municip. parrns, fans le nona
de la viilé.
RR. en M. & P. B. de colonies.
RRR. en P. B. grec ; fa tete s’y voit en face
de celles de fes fiis Caius & Lucius, au revers des
tetes d'Augufte & de Livie.
On conferve au capitole une tete de Marcus
Agrippa : elle eñ beile Se digne du íiéc'e miéme
oú il vivoit. 'II n'eft pas fur qu une ftatac héroique
du palais Grimani á Venife repréfente cer homme
célebre, quoiqu'on raííiire communément.
Agrippa le jeune, fiis ¿Y Agrippa,
Agrippa C s. s a r.
Ses médailles font ;
O. en or & en argent.
RRRR. en P. B. de la colonie de Corintlie.
On n’en connok point d'autres.
AGRIPPÍAS, jacis Anthedon, dans la PaleC-
tiñe. ArvinnEfíN.
Les médailles autónomas de cette ville font :
RRRR. en bronze.
O. en or.
Oí en argent.
ÁGRIPPINA , dans la Germaníe.
Cette ville a fait frapper des mmdailles impe-
riales latines, felón le P. Hardouin.
ACÍRlPflNE la mere, femrae de Germánicas,
. Agrippín A M.A ser tilia,
Mater Cazi Cefaris Augujli,
Ses médailles font:
A G R
KTl. síi o?,
RR. en argent,
RRR. en médailíons grecs d’argentj au revers
de Caliguia.
R. pliicót que communes en G. B.
RRR. da méme module , reftituées par Titas.
O. en M. & P. B. de coin romain.
RRRR. en M. & P. B. de colonies.
RR. en M. B. grec.
RRR. en P. B. au revers de Caliguia.
RR. du méme module j frappées á Leptis en
Áfrique.
AGR.IPPINE la jeune, ferome de Claudc, Se
mere de Nerón.
Julia Agripfika Augusta;
Ses médailies font :
R. en cr.
RRRR. en or grec j au revers de Cotys , roí
da Bofphore.
R. en argent; quelques revers RR.
RRR. en médaillons latins d^argent;
On y voit fa tete au revers de Nerón.
RRR. en médaillons grecs d'argení.
RRRR. en G. B. latin.
O. en M. B.
RR. en P. B. de colonies.
RRR. en G. B. grec. On y voit d’un cote la
tete tourrelée ¿‘Agñppíne , & au revers le coloífe
du foleilj vis-á-vis un temple j Se pourlégendcj
AIAPAXMON.
RRR. en M. B.
RR. en P. B.
On voit á Rome trois ftatues qui portent le
nom A’ Agrippine ; la premiére & la plus belle eft
dans le paiais appelé la Farnefina ¡ la feconde eft
au Mufeum capitolin , & la troiíiémc á la Villa-
-Albani.
AGRIüS j un des géans qui attaquérent Júpi-
ter : les Parques lui ótérent la vie.
AGROSTIS, plante de la famille des gra-
tninées ; efpéce d’avoine. Les Egyptiens croyoient
qu'elle avoit fervi de nourriture aux premiers
hommes. Laftatue d’un égyptien, publiée parle
comte de Caylus {R.ec. m , pl. x, n. 4, y.) tient
daos chacunc de íes mains^ qui font ferméeSj des
corps peu faillans Se qui lui étoient inconnus,
fur-tout á les regarder de face. Mais en Ies coníi-
dérant d'un autre coré ^ comme on le peut voir
au numéro y , on diftingue un objet reffemblant á
des feuilles. Si on en étoit aíTaré, ce feroit la
plante agroftls que les Egyptiens portoient dans
ícurs maíns j en adorant les dieux^ pour témoi-
gner Icur reconnoiífance , Se pour conferver le
fouvenir de leur premiére nourriture. Alors cet
égyptien feroit repréfenté allant au temple , &
la figure auroit pour objet la repréfentation d’un
dev'oir religieux dont aucun égyptien ne pouvoít
fe difpenfer.^
AGRO TERE j furnom que Ton donna á Diane 3
parce qu elle vivei; toujoors da.qs les champs. Les
A G Y 55
Athénleiis offroient tous les ans á Diane Agroicri
un facrincej dans lequel on immoloit cinq cens
boucs. Xénophon rapporte rinftitution de ce'
facrifice au voeu que firent les Aíhéniens , d'im-
molerácette déeíié autantde boucs qu’ils auroient
tué de Perfes ; mais ils en firent un tel carnage ,
qu’il fut impoííible d’accompür le vceu á la letíre ;
ce qui les obligea de rendre un décret, par lequel
ils s’engageoient d’immoler tous Ies ans cinq cens
boucs en fon honneur.
AGROTES3 fameufe divinité des Phéniciens,
qu’on portoit en proceífion le jour de fa féte dans
une niche couvertCj fur un chariot trainé par
différens animaux.
Agrotés eft auíTi le nom que Sanchoniafort
donne au fecond des titans, car il n’en compte
que deux. A.grotes fignifie laboureur. F”. Agr ai.
. AGRUPNIS , féte no ¿turne que céíébroient
les haí^ans d’.Arbéle en Sicile, en I’honneur de
Bacchus. On l’appeioit ainíij parce que ceux qui
la céíébroient 3 , veilloient pendant touté
la nait.
A GUI l’an neuf. Ce mot vient d’une ancienné
fuperftition des druides ; les prétres alloient aii
mois de décembrcj qu’on appelok le mois facré,
cueillir le gui de chéne ; ce qui fe faifoit avec
beaucoup de folemnité : Ies devins marchoient les
premiers , entonnant des cantiques Se des hymnes
en rhonneur de leur divinité ; eflfuite vénoit uii
héraut , le caducée en main 3 fuivi de rtois druides
qui marchoient de front3 portantles chofes nécef-
faires pour le facrifice. Enfin paroiíToir le prince
des druides , accompagné de tout le peuplé ; il
montoit fur le chéne 3 & coupoit le gui avec Une
faucille d’or j les autres druides le receyoient avec
refpedl; Se au premier jour de Tan, on le diftri-
buoit au peuple comme une chofe fainte3 en
criant :AGui ranneuf, pour annóncérla nouveiie
année.
A,GYEI. On donnoit ce nom á des pierres
coniques3 confacrées áux dieux3 qué Fon. placoit
aux portes des maifons. Elles reíTembloient aU
íjmalacre du foleiL que íes Phéniciens appeloient
élagabale. Suidas dit que les ugyei étoient con-
facrées a Apollen ou á Bacchus3 & méme á tous
les deux enfemble. Ces deux divinités préfidoient
aux rúes 3 ¿.yjta, rué.
AGYRINA au AgyriuMj en Sicilé. Arrpi-
NAiatí.
Les médailies autonomes de cetts ville font ;
R. en bronze.
O. en or.
O. en areent.
AGYRTÉS 3 furnom des Galles 3 prétres de
Cybéíe ; il fignifie joueurs de gobelets 3 qui font
des tours de paiTe-paíTe pour attraper de l’argent.
Cétoic Iw pcrronns-gc joiioisiit ces mire-
rabíes.
On donna le méme nom agyrt& , d’.v’yéf ,
ramaJfiT i á certains athiétes, qui 3 peu fatisfahs
N ij
JO®
AJA
¿es bouquets s Se ds-s couronnes de fieiirs que leut
jetoienr les fpeíraceurs des jeux^ parcouroient Ies
rangs poiir follicirer quelques pieces d'argent.
’ArrPTIJCH' Se ¿yjfnx'.f nl-íaí , étoít le
coup de dés qui fervoit aux devins á déterminer
celui des vers prophétiques écrits fur des tabletees
(de cite j par le moyen duquel i!s devoieiit annon-
cer Tavenir.
AHALAj íurnom de la famille Sskvizta.
AHENOBARBüSj barbe rcuíTej furnom de
la famille Domitia. Pendant la guerre que les
Romains foutinrent contre les Tarquins, L. Do-
mitius revenant de la campagne á Rome (Suet.
ISfer. c. i". )■ rencontra deux jeunes gens qui lui
ordonnérerit d’aller apprendre au íenat & au peiiple
une vidioire fur laquelie on avoit des.doutes. Pour
lui fournir une preuve de la vérité de fon récic^
ils lili frottéfe¡nt Ies joues jufqu'á ce que fa barbe,
qui etoit noire, devint rouífe. Sa famille & fes
defeendans tinrent á grand hbnneur le furnom
qui exprimoit ce prétendu prodige..
AMORES. Lés ánciens donndieht ce nom aux
enfans qui étoient- morts , Se Aétoient pas recus
dails les enfers,. parce qu’ils n avoient pas rempli
le terme de leur vie. Ils croyoient que ces akores
éteient avec les biotkanates ( ceux qui avoient cejfé
de vivre par une more violente ) arrétés á la porte
des eñfers, jufqü’á ce que le tems qu’ils auroient
du vivre fut éntiérement écoulé. Les akores pre-
úoient ce r^pm des ténébres , dans lefquelles
ils reñoient plongés.
AJANJIES. V. Ajaxties.
^ AJAXj fiis d’Oilée, roi des Locriens, éroit
d’Opunte. II equipa quarante vaiífeaux pour le
Cége dé Troye : entre tous Ies Grecs, il n’y en
avoit'poínt, dit Homére, qui fe ferv'ít mieux de
la lance , jufques-lá qu^on luí dónnoit trois mains.
On vouloit expriíne’r par-la qu’i! étoít fí agüe, &
remüoit les maiñs ávec tánt de dextérrté , qu’il
paroiffost en avoir trois. C’étoit un prince brave
& intrépide, mais fier & brutal. La nuit de la
priie de Troye, ayant renco ntré Caffandre dans le
temple ae Minerve , oü elle avoit cru trouver
Un afyle, il lui fir vioIence5 iniure qui révolta
contre lui Ies bommes & les dieux. Ulyííe vouloit
^ on le lapidát , & véritablément on Pauroit fait ,
S il n ayóit offert de íe purger par ferntent.
Il difoit pour fa juftification , qu’il avoit á la
vérité arraché cette princeífe du iimulacre de la
depile, & i avoit enlevée du temple, mais ilfoute-
noítqu ilue 1 avoit poíntviolee, & cju’Agamemnon
avoit fait répandre ce mauvais bruit, afin de pou-
vojr garder Caffandre , dont il s’étoit faiíi , & que
^ réclamoit comme prémier oceupant.
Quoi qu il eñ foit, Minerve, pour venger la pro-
ranation de fon temple, obrint de Júpiter qu'il lui
toílat, pour quelque tems, la difpoíition de fes
foudres,^&: de Neptune qu’il lui prétát fes orages.
La eempéte fut horrible ; Mi.neive íancoit la foudre
s toas momens, ]g á'JJax en ¡
AJA
pieces : toute fa fíotte fur fubmergée : cet homme
intrépida ne laiffa pas de le fauver íur les rochers
Gyréens , & d’infulter les dieux , difant qu’il
s’étoit fauvé malgré eux , Se par fes propres
forces.
II failut, pour réduire cet impie, l’écrafer fous
un rocher. íSeptune, qui entendit fes blafphémes ,
prit fon redoutable trident, & en frappa la roche
fur laquelíe Ajax étoit affis. La moitié de la roche
demeura ferme fur fes fondemens ; I’autre moitié
fe détachant comme une montagne , tomba dans
la mer, & le precipita avec elle dans fes abymes.
Virgile donne cependant á Minerve toute la gioire
de cerre niort. Elle le perca , dit-il , d’un coup
de foudre 5 & lorfqu’il fut prés d’expiter , elle
l’enleva dans un tourbillon , & le fit tomber fur la
pointe d’un rocher, oú il relia attaché.
-On dit qu’il avoit tellement apprivoifé un fer-
pent íong de quinze pieds , qu’il le fuivoit comme
un chien : il íe faifoit manger á fa rabie.
Minerve ne fur pas co.ntente de la vengeance
qu’elíe_ avoit exercée Car Ajax ^ elle la continua
pendant pluíieurs íiécles. Pen de tems aprés la
morr de ce héros , la pefte ravagea fon royaume.
L’oracle confuiré répondit que , pour appaifer cev
fléau, iifaiioitj chaqué année, enveyer pendant
miiie ans , deux filies locriennes , tirées au fort ,
pour fendr la deeffe dans fon temple de Troye,
ce qui fut exécuté, Elles étoient obligées de fe
déguiier, & d’arriver au temple la nuit, & par
des chemins détournés , pour évirer d étre ren-
contré.es par les Troyens. Dés qu’iís favoient que
ces rnalheureufes victimes étoient en route , ils
chercaoient á les furprendre , Ies maíTacroient , &
aprés Ies avoit brúlées , en jetoient les cendres á
la mer : 8c il fallqit que les Locriens en rubílituaífenc
d autres a la place de celles qu’on avoit ainli fait
pénr. Celles qui échappoient , étoient oceupées
dans le temple aux miniiléres les plus viís Se les
plus pénibles : on leur rafoit la tete, on les habil-
loit d une rnechante robe, & elles avoient tou-
jours les pieds nuds. Aprés un grand nombre
d annees , les^ Locriens crurent que les tems fixés
par i Oracle étoient accomplis. Se ceíletent d’en-
yoyer des filies. La famine qui les défola, leur
fit reprendre^cette coutume qui , au rapport de
Plutarque, n avoit pas ceffé fort iong-tems avant
luí. y. Cassakdre.
Les Locriens avoient une íi haute opinión de la
valeur a Ajax , que, méme aprés fa mort, ils laif-
foient dans leur ordre de batail’ie une place vuide ,
comme íi ^ce prince devoit la remplir. Dans un
combat qu’ils livrérent aux Crotoniates, Autoléon ,
chef cié ceux-ci, voyant dans 1 armée ennemie un
endroir clegami, voulut l’attaquer par-la ; mais il
fpeétre , & comme la plaie ne gué-
nffoit point , 1 Oracle dit que le feul remede étoit
u^pipaifer Ies manes álAjax. Autoléon alia pour cet
eiicr dans i ríle de Leucc , oú il vit l’ombre de ce
neíoSj i appaifa & fut auíR-tot guéii.
AJA
Cet Ajax étoit repréfenré jeune 5 - on le voit
graviífant un rocher & bravant Minerve j fur une
pate aritique áu barón de Stofch. Winkelman
croit le reconnoitre fur les médailles de Locres ,
fa patrie j dans la perfonne d'un héros nUj caf-
qué j armé d"un bouclier & á'une épée , dans
Tattitude de combattre. Les monumens ou cet
Ajax eft repréfenré font infiniment rares , & les
artiíies i'ont auiíi négligé que les poetes anciens j
auxquels il n'a jamais fervi de fujet de tragédie.
Ajax, connu fous le nom d' A; íz:j: Télame nien,
avoit pour pére félatnon , íiis dL-Lacus & d' til-
déis , & pour mere Félibée , filie d’Alcathoiis ,
£ls de Pélops Se roí de Mégare. Un feul auteur ,
Darés le Fhrygien, a dit qif Hélione , filie de
laomédoR , étoit mere ^Ajax; mais tous les
autres auteurs lui donnent pour mere Péiibée, &
donnentá Héíione , Teucer pour fils. FL Pélieée,
Teeamon. Aprés Achille, Ajax fut un des plus
vaillans capiraines qui aíiérent aii liége de Trove;
il avoit dans le caraclére beaucoup de reíTemblancc
avec xAchille. 11 étoit comme lui colére, impa-
rient, invulnérable par-tout le corps, horsan en-
droit.
Hercule , ami de T éfamon , le voyant affiigé
de n’avoir point d'enfans , pria Júpiter de lui
donner un garqon, dont la peau füt aufíi dure
que celie duiion de IN'émée, & qui eút autant de
courage que ce .lion. Auffi-tbt un aigle pariit, &
.Hercule le prit pour un bon augure ; il promit á
Télamon un fils tel qu ü venoit de le demander,
& ordonna qu’il fát nommé Ajax , du miot grec
qui íigniíie aigle. Aprés la naiíTance de Tenfant,
il le prit tout nu & Fenveloppa de la peau du
lion de Némée, qui rendit Ajax invulnérable par-
tout, excepté í’endroit qui fe trouva foiis le trou
de cette peau, oú Hercule portoit fon carqaois;
-on n'eñ point d’accord fur le nom du membre
qui ne put étre rendu invulnerable.
Une patrie dominante de fon caraétére étoit
rimpiété. Quand il partit pourTroye, fon pére
lui recommanda de joindre toujours á la forcé
de fon courage raffiñance des dieux : Ajax ré-
pondit que les laches méme étoient fouvent viclo-
neux avec une relie alEñance ; mais que pour lui
il s'en palTeroit, & qu’il étoit aiTuré de vaincre
fans elle. Minerve voulut un jour lui donner des
avis ; il répondit fiérement qu’elle devoit les garder
pour les autres grecs , fans fe mettre en peine de
fon poíle , dont il rendroit bon compte ; une
autrefois cette déeíTe s'offrit á conduire le char
á’Ajax dans la mélée ; ii le refufa , & íit méme
eSácer de fon bouclier la chouette qu’on y avoit
peinte. Ii craignit que cette peinture ne fút prife
pour un adié de foumrffioa envers Minerve , &
pour une defiance de fes propres forces. Se pré-
parant á combattre contre Hedor , il exige que
Ies autres prient Júpiter, mais tout bas, de peur
que Ies Troyens ne Fentendent , ou méme tout
liauí j car , ajouta-t-il j je ne írains petíbnne.
AJA T©l
Arrivé devant Troye , ii oceupa long-tems la
renommée du bruit de fes expicits. II combattit
piuíieurs fois contre Hedor fans étre vaincu ; il
repouífa les Troyens, foutenus par Júpiter méme,
qui vouloient metrre le feu á la flotte des Grecs.
On raconte les caules & les circonfcances de la
mort de différentes maniéres. Seion les uns, il
précendit qu’on lui devoit adjuger le palladiutn
enievé de la citadelle de Troye, & que les chefs
de Farmée Fayant adjugé á Liyífe , fon concur-
rent, ij menaqa dans fa colére de tuer ceux qui
lui aveient fait cette injuñice ; mais que le lende-
main on le trouva dans fa tente mort Se percé de
coups d'épée. Ulyílé, foupconné de cet homicide,
prit la fuite promptement. D’autres difent que la
nuit ^lepara Ies juges , avant qifil y cut ríen de
decide, & que cette méme nmi Ajax fut trouvé'
mort.
Sdon quelques autres , dans fon combat avec
Páns, qii’il tua , il recut une bieífure dont il
mourut. Suivant une autre tradition , les Troyens,
avertis par un oracle que le fer ne pouvoít dé-
chirer fa peau , Se que li Fon vouloit le tuer ,
il tailoit Faccabier de rerre , le firent périr de cette
fafon. Mais Fopinion la plus commune eft qu’il
périt á Foccalion de fa querelle avec L'lyfté, pour
Ies ar.mes aA-ckílle, auxquelles ces deux héros
afpiroienr aprés fa mort. Chacun plaida fa eaufe
devant les chefs de Farmée, & Féloquence d’Llyífe
triompha. Ajax , furieux de cette préférence, fe
jeta iLr un troupeau qu’il maíTacra, s’imaginant
que^c’ étoient Agamemnon, Ménélas & les autres
chefs qui i’avoient condamné.
Revenu á lui , & confus , moins de fes excés
que de voir fa vengeance manquée & tournée
en ndicule , ii fe donna ia mort. C’eft le fujet de
la tragédie de Sophocle , qui a pour titre ; Ajax
porte-foiiet ,• parce que le poete reprtfente Ajax
un^ ícuet á la main, oceupé á frapper le bélier
qu’il avoit pris pour Ulyífe. Cvide ajoute, que
de fon fang naquit une fleur nommée hyacinthe ,
furlaqueile on croit voir les deux premieres lettres
de fon nom, AJ.
_ Si Fon en croit quelques auteurs, Ajax ne de-
vint furieux que par un excés d’amour-propre ;
car on avoit pris toiites les mefures poíftbles pour
adjuger les armes d’Achilie au mérire, qui, dans
certe conteftation , devoit étre préféré. Agamem-
non , embarraíTé d’un démele qui pouvoít avoir
des fuires fácheufes, avoit fait appeler au confeti
Ies prifonniers troyens, pour leur demander lequel
des deux , ¿'Ajax ou d’Llvíié, avoit íait le plus de
mal aux ennemis , & ils répondirent que e’étoit
le dernier. Ce general envoya aufíi des efpions,
pour apprendre ce cue les Troyens eux-mémes
penfoient de la valeur de ces deux capiraines , &
fur leur rauport, il adjugea les armes d’ /.chille á
Liyífe.
Ajax fut enterré , íes uns difent prés du pro-
Kionwire de Sigée, d’autres fur k ptomoJitoirs
icz AJA
■Rhéíce j ce fut un des tonnbeaux qu’AIexandre
vouiuc voir & honorer. Ainii, loríquHorace a
tlk ;_/ár. liv. ii - ) que ce héros fut privé des
honneurs fúnebres, il a fait fans doute alluíion á
ceí endroit de la tragédie de Sophocle , oú le
poete feint qu'Agamemnon ne vouloit point qu"on
enterrar le corps éí Ajax ; mais que cependant il
avoit céüé aux inílances de Teucer.
C'eít encore un probléme pour les mytholo-
gues i de iavoir íi le corps SAjax fut brulé ; ceux
qui fonn pour la négative, prérendent que Cal-
chas declara que la religión ne fouffroit pas que
Ton brálát ceux qui fe tuoient eux-mémes.
Toas les Grecs lui rendirent les honneurs divins
aprés fa more ; une des tribus dhAthenes prit fon
.nona , & les honneurs qu'ils décernérent , tant á
lui qu'á Euryfacés, fon fi!s, fubíiftoient encore du
tenis de Paufanias. On eleva á Ajax un temple á
Salamine , Sr toare la nation grecque l’invoqua
quelque tems avant la bataiile de Salamine, &
\Iui confacra , comme une partie des prémices
deftinées aux dieux , Pan des vaiíTeaux que Ton
prit fur les Feries dans cetre memorable journée.
On a raconré qiielques prodigas relatifs á fon
tombeaa : on a dit qu’ülyffe ayant fait naiifrage
fur les cotes de Siqile, perdit entf autres les armes
dhAchille ; & qu^ aprés le naufrage , la tempete
les porta fur le tombeau éí Ajax.
11 eut pour femme TeemeíTe, dont il eut pour
fiis Euryfaeés. On lui donne encore un autre fils
nommé Achantide , quil eut d'une concubine
nommée Glauca. V. Achantide, Eurysaces,
Glauca, Tecmesse.
Tous Ies auteurs qui ont parlé de cet Ajax, lui
donnent une tailie giganrefque. Paufanias dit
qu’un Myfien lui avoit raconré avoir vu prés de
la mer le tombeau SAjax ; 8c que, pour lui mar-
quer la grandeur de la tailie de ce héros, il Tavoit
aíTuré que la rotule de fes genoux étoir large
comrne les difques dont fe fervoient Ies athlétes
aux jeux olympiques ; or , on fait qu ils étoient
trés-grands. Philoílrate dit quAJax avoit onze
coudées , qui font dix-fept pieds de hauteur. Tout
ce^quonpeut conclure de ces exagérations, c'eíl
qii Ajax étoir d'une grande tailie.
Ajdx eft touiours repréfenté fur Ies monumens
avec de la barbe & dans un age múr. On rrouve ,
á la véritá,*dans Panrhologie une ftatue ^Ajax
jeune & fans barbe ; mais le poete nous apprend
aaíTi qu il étoir repréfenté avant fon départ pour
la guerre de Troye.
Le célebre peintre Timomachus voulant peindre
Ajax furieux , n'avoit pas choiii Pinftant ‘ou il
égorgeoit Ies béliers , qu il prenoit pour Ies chefs
des Grecs ; mais celui oil , revenu á lui-méme,
^yant ^ rafRiéiion dans le coeur & le défefpoir
Gans Paine, i{ réñéchiíToit fur fon erreur ridicula.
hv. a, c. 22). C’eft ainli quil eft re-
rabie Iliaque da capitole & fur
qiffersntes pierres gravees. (^Stefek, p. 3 84). On
A I G
trouve cependant une pite de verre anticue ^
moul-ée fur un camée, qui oírte le fujet de la
tragédie de Sophocle ; elle repréfente Ajax qui
rae un "gros béiier. On y voir auíii deux bergers
avec L'lyíTe, á qui Pallas fait obferver la furear
de fon ennemi.
Un beau fcarabée étrufque du palais royal , offre
A^jax enlevant du milieu des combattans le corps
dUAchiile.
Ajax. Nom d’une danfe furieufe che?, les
Grecs : elle éroitainfí no ramee, parce qu’on imi-
roit la furear ¿Ajax. Lucien en parle a la fin de
fon Traité de la danfe.
Ajax dz pailU ou Ajax-mannequm ; c’étoit le
titre d’une comédie de Varron. Ce nom lui venoit
d’un foliar ou ¿Ajax , qui paroiífoit couché fur
de la paiile & malade. Les Romains faifoient de
femblables mannecuins qu’ils expofoient aux tau-
reaux , afin de les irrirer.
AJAXTIES. fétes qu’on céiébroit a Salamine
en rhonneur d’Ajax, fils de Télamon, & dans
lefiquelles on portoit fur un cercueil un mannequin
armé de toures piéces. Héfychius parle de ces
féres fous le nom ¿aitita-tsa, ajan.tits , a cauíé
de la tribu d’Athénes appelée Ajantis , qui ayant
pris le nom d’Ajax, en céiébroit Ies fétes.
AICHEERA , un des fept dieux céleñes , que
les Arabes ^adoroient 3 felón M. d’Herbelot.
A.IDONEE 3 roí d’Epire, vivoit du rems de
Théfée 3 cinquanre ans enviren avant la guerre
de Troye. Comme il faifoit beaucoup travailler
aux mines de fon pays3 & que, pour aller, des
autres contrées de la Gréce en Epire , il falloit
paíTer un fieuve nommé l’Achéron, on a fouvent
confondu ce prince avec Pluron. L’Epire , qui
étoit un pays fórt bas , par rapport au refte de
la Greqe , a été prife pour l’enfer méme. C’eft
cet Aidonéz qui, felón queíques auteuis, enleva
Froferpine, parce qu’elle lui avoit été refufée
par fa mere 5 Se comme ce prince étoit fouvent
confondu avec'Pluton, les poetes ont mis l'enT
lévement de Proferpine fur le compre de ce dieu,
Cette explication eft donnée par les mythologues-
hiftoriensj mais qu’elle eftvaine & frivole, fi on
la compare aux explications de M. Dupuis ! V. Pro-
SERPINE.
AIGLE, cifeau confacré á Júpiter, depuis le
jour qu’ ayant confuiré les augures dans rifle de
Naxe 3 avant d’entreprendre la guerre contre les
Titans 3 il parut un aigU qui lui fut d’un heureiix
préfage. La fable a dit auffi qu’un aigU eut foin
de fournir á Júpiter du nedar pendant fon enfance j
& pour i’en récqmpenfer , le pere des dieux placa
cet oifeau parmi les aftres. Vaigle fe voit ordi-
nairement dans les images de Júpiter, tantót aux
pieds du dieu , tantot tenant la foudre entre fes
ferres. II y a bien de I’apparence que cette fable
eft fondee fur le vol de Vaigle , qui aime á s’élever
dans les nuages les plus hauts , Sí dar4 régicji
dii tonnerre.
A I G
Les Egyptiens qui habitoient laThebaíde^ avoient
une grande véíiération pour Xaigh. II entroit méme
daos récriture hiéroglyphique ; mais aiors il étoit
dépouillé de fes plumes. A iEIiopoüSj dans la
méme contrécj on prenoit pour fymboíe une tete
¿aiglt blanc , avec le poitrail dégarni de plumes
& í alies. On croit que c'étoit un embléme áu
Kil 3 que Ton appeloit qrelquefois du nom á’aigle.
Uaigie des Egyptiens fe diílinguoit toujours de
celui de TEmpire Romainj parce quii étoit dé-
garni de plumes & lavé a une couleur d’eau.
Les Grecs obfervoient attentivement le vol de
Yaigle, quand lis prenoient les aufpices. Lorfque
cet oifeau paroilfoit gal, quil battoit fréquem-
ment des alies , qu’ii jouoit dans les airs & qu'il
voloit de la droite á la gauche j c’étoic un bon
augure. Priam voulant alíer attaquer la fiotte des
Grecs pour ravoir fon fils Héctor , pria Júpiter de
lui annoncer fa proreéíion par rapparition d'un
i2Ígle volant á fa droite. Le aevin Ariílanáre a\unt
vu un azgle voler de fon camp vers celui des enne-
mis j prédit la victoire á Alexandre.
On tiroit auíE des préfages de la maniere dont
Xaigle. faiíiíToit fa prole. {Odyjf. v. i6o). Lélé-
maque cherchant fon pére & fe trouvant á Sparte ,
appercut un aigle qui voloit á fa droite, & qui
portoit avec fon bec & fes ferres une oie domef-
tique. Kéiéne conclut de cette apparition qu'ülyíTe
retourneroit dans fon paiais, & en chafferoit á
rimproviíle les amans de Pénélope. Pénélope , de
fon cóté, tírale méme préfage envoyant un aigle
déchirer vingtoies qu elle avoit engraiífées. La vue
d’un aigle enlevant un faon de biche , & també
fur Fautei de Jupirer Panomph^us, rendir le cou-
rage aux Grecs rebutes , & ieur fit remporter une
grande viéioire fur les Troyens.
Polydamas ayant apperqu un aigle volant á
gauche , & portant dans fon nid un ferpent qui
lui échappa,' prédit le mauvais fucces de Fen-
treprife qu’avoit formée Héctor contre les vaiíTeaux
grecs. Amphinomus augura auffi mal des embuches
que dreíToient á Télémacue Íes amans de Pcné-
lope , en voyant á fa gauche un aigle qui enlevoit
une colombe. Deux aigles fe déchirant avec leurs
bees & leurs ferres & volant au-deífus de ces
mémes amans de Pénélope, firent dire á Hali-
terfés, qu’ÜlyíTe les chaíTeroit bieatót. Un aigle
enSn ayant arraché la pique d'un foldat de Denis-
ie^Tyran , & Fayant précipicee dans la mer aprés
Favoir éíevée fort haut,_ préfagea, felón Plutarque
(in Dione) la ruine & le défaítre de ce prince.
Aigle. Les Romaias adoptérent pour enfeigne
des légions, une aigle d'or ou d'argent pofée fur
une pique , les arles épioyées , & renar.t un fouare
dans une de fes ferres. Cette aigle étoit petite ;
car FIorus__(iV.^T2. 3S.) pariant de . la défaite
de Varas, dit qu’un enfeigne de legión s'enfonca
dans un marais , tenant Yaigle cachée dans Ies
pl:s de fon ceinturon : Signifer aquilam intra bal-
(kei fui latebras gerens in alude eruerifa.detituit, 1
A I G
103
On vcit des aigles fur les médaiües , íes ares de
mompne Selles colonnes. La figure de Yaigle v
eiL quelquefois furmontée de la repréfentation
ü un petit temple.
Au-deiious de Yaigle on attachoit différens orne-
mens de metal, tels que les bulles des empe-
reurs ,_des dona militaría, Src. trés-Iourds. AuíS
tahoit-i¡ beaucoup de forcé pour étre porte-en-
Cigne. Saetone^( lo j tz. io)^ reínarque avec
enfeigne ayaiu eté grievement
bleüe, Gdtavien, qui fut depuis Augufte, fe faifit
^ ^ long-tems , quoi-
qu il füt trés-jeune. Caracalk affeñant de yivre
avec les foldats co.mme avec fes égaux, pouíToit
cette vaine imitation jufqu a fe charger de leurs
pefantes aigles : Aliquando eúam figna militarla ,
quí & pnlonga fura , & multis donariis ornata, ut
lUa vix validijfimi geftera milites j ipfe kumerís
impofita ferebat.
LesRomains rendoient un cuite aux aigles , aux
enfeignes militaires , & aux empereurs déifiés dont
eiles pormient les médaillons , clypei. lis faifoient
des libatíons en leur honneur , les frottoient avec
des parfuras, & les couronnoient de fleurs. Marius,
dans fon fccond confulat , repudia Ies différens
ammauxquifervoient d’enfeignes aux légions pour
les attacher aux cohortes feules , & affeéta YaiAe
aux premieres. C'étoit auprés ác cetts. aigle , que fe
pla^oit quelquefois le general. Catirlina^combattit
dans ceue place avec fes amis & fes cliens.
La ¡lique fur laquelle on portoit Yaigle , étoit
terminee parunfer aigu, qui entroit dans la terre,
3c la tenoic dCDout dans le camp. On regardoit
comme un mauvais préfage de ne pouvoir Ies arra-
cher de tepre lorfqu il falioit combattre , ou de Ies
voir enveloppées de nuages , lorfque ¡e refte du
camp jouiíToit d’un cid pur & ferei.m Pour mé-
nager Ies pointes des aigles. Jes porte-enfefgnes
avoient des efpéces de gaines de métal en forme
de coins , que Fon fixoit dans la terre , Se qui rece-
voient les pointes des aigles dans leurs cavités.
On en volt piufieuxs dans le cabinet de Sainte-
Géíievieve. Eíles fervoient peur-étre au méme
ufage pour les piquets des rentes.
Aigle, Cet oifeau étoit le fymboíe des Lagidesj
ils en mettoient deux fur leurs médaiües , lorfque
la fouveraineté de FEgypte étoit partagée. On la
voit pofée fur un_ foudre , fur les médaüles de
FEgypte, de'Ficpire , de Larinum, des Mamer-
tins , de Myndus , d'Orra , de Panormus , de Ca.-
ziura , de Gravifear & de TheíTalonique.
Uaigle volé fur les médaiües d’Apamée en
Fhrygie , de C3/donia en Crete , de Lyttus & des
liles Ciéides. Elle eít pofée fur celíes de Lacédé-
mone , des Locriens d'ítalie , de Lyttus, deMar-
feiile , de Fthoiémais , de Salapia , de Tvr ,
d’Abyde , áUAphytis , de CnoiTe & d’Eufebia. "
U aigle eíl pofée , Se retourne la tete fur les
médaiües des Bruttii & d'Itanus.
Elle par oír éployée & pofée fur celles de
A I G
104 A I G
Smirne , de Syracufe, de Thyatire ^ de Tuder , de
Veüa. Les mé.daiües d'iílriopoiís , de Sinope _&
d'OibiopoIiSj ofrrent Yaigle pofée íur un daupnin.
UaigU déchire un Jiévre fur les médailles d’ Acra-
gas , des Faüfques j & un animal inconnu fur
cedes de Chalcis & des Locriens d’Italie.
Une íiigle , avec le mot Consecratio, défigne
fur les médailles Taporheofe d’un empereur. La
principale figure de la beüe agache confervée á la
Sainte-Chapelle de Paris , eft portée fur un aigle ;
ce qui Tavoit fait prendre pour S. Jean , dans les
tems d’ignorance.
On rrouve quelquefois des aígles pour marquer
la confécration des princeíTes , relie que Marciana ;
mais cela eít trés-rare , & elle eíl ordinairement
annoncée par le fpmbole du paon.
Uaigie fervoit d’enfeigne dans Tarmée de Fré-
déric I j comme autrefois dans Ies légions ro-
maines. On la volt fur les monnoies de Henri VI
Se de Frédéric II. Romain Diogénes , empereur
des Crees, ayant été pris par les Tures en 107a. ^
fue reconnu á la figure de Yaigle qu'il portoit fur
ía poitrine. Adelbert , marquisSe duc de Lorraine
•depuis Tan 975) jufqu'en 1037, auroit pris ce fym-
bole long-tems avant les empereurs d'Alíemagne j
fi Ton s’en rapportoitá fon feeau^ publié par D. Cal-
mer., UaigU éployée paroít fur Fécu du orince j fur
la houíTe & fur le cou de fon chaval:, & fur le con-
tre-fcel. Mais le caparazón traínant dont le cheval
eíl couvertj & íes caraáéres de Finfeription ^ nfin-
diquent au plus que le treiziéme ííécle, & rendent
ce Tceau plus que fufpeñ.
Ferri I ^ Duc de Lorraine depuis 1205 jufqu’en
r 207, eíl monté fur un cheval fellé fort fimplement
& fans caparacon. Les alérions ou petites aigles ne
fe font voir que fur fon bouclier. Mais des Fan
II97j Yaigle éployée fe voit dans le feeau de Ma-
thieu de Lorraine depuis évéqae de Toul. Celui
de Fempereur Louis de Baviére montre cet oifeau
dans fa forme naturelle aux deux cotes du troné.
U aigle éployée , avec ces mots , figillum veritatis,
fervoit de contre-fcel á Etiefine , comte de Bour-
eogne^ des le commencement du treiziéme fiécle.
A quelle époque les empereurs d'Allemagne
ont-ils adopté Yaigle á deux tetes , que Lipfe a
obfervée fur la colonne Antonine 3 & qui 3 dit-on ,
avoit été adoptée par Conílantin , pour expricner
la reunión des deux empires en fa perfonne ?
Heineccius prétend j ainfique plufieurs autres écri-
vgins , que Sigifmond eft le premier dans le feeau
duquel on la trouve. Cependant Ludewig , con-
fedlerdu roí de PruíTe , a décrit le contre-fcel d'une
chatre de Fempereur Vinceflas , datée de Fan r 397^
ou Fon volt une aigle éployée á deux tetes. Le
meme auteur en trouve Forigine chez Ies anciens
rnarquis de Brandebourg. Gudenus a prouvé depuis
par un autre contre-fcel 3 que c'eil Charles IV oui
a uonne a f^s fucceíTeurs Fexernple de incttrc csttG
figure íur leurs feeaux 3 fans doute pour íignifier
1 yn & 1 autre empire. Les comtes de Sarwerden
aroient dans leur écu Yaigle á deux tetes des íe
treiziéme íiécFe. On en a fait les armes de Fem-
pire d'Ailemigne fous le régne de Sigifmond au
plus tard.
Aicle. (Fierre £ ). FItEtite.
AIGREfTE de cafque. V. Créte.
Aigrette. Les romaines portoient fur le front
une parure qui reífembloit beaucoup aux aigrettes
modernes 3 qui font formées par un aíTemblage de
pierres précieufes. On voit dans le jardin du palais
Farnéfe á Rome, une tete de Venus fous les traits
de Marciana 3 niéce de Trajan , qui porte une fein-
blable aigrette au haut du front. La Viila-Pamfili
renferme un bulle de la meme princeíTé 3 dont le
front eíl decoré dMn ornement en forme de croif-
fanr. Ce bufte éclaircit un paíTage du poete Stace ,
qui dit qu'Alcméne , mere d'HercuIe 3 avoit fes
cheveux ornés de trois lunes : ( Theb. l. 6. 288. )
— T ergemina crinem circumdata luna.
Ce vers fait fans doute alluíion aux trois nuits que
Júpiter paffa avec cette princeífe 3 & a Hercuie
dont il devint pete pendant cet efpace de tems.
Winkelman. Hist. d:e l'Art.
AIGÜE-MARINE. Fierre - gemme d’une me-
diocre dureté & d’un bleu léger j pareil á celui de
la mer , d’ou luí eft venu fon nom francois. On
préfume 3 d’aprés les deferiptions trés-défeélueufes
des anciens minéralogiíles 3 qu ils la comprenoient
fous la dénomination générale de Béril. Le dif-
cernement des anciens artilles brille fouvent dans
le choix des pierres qu ils ont gravees , mais fur-
tout dans le Neprune & le beau Léandre du palais
Pvoyai 3 qui font graves fur des aigues-marines.
AIGÜILLE a coudre. Aucun recueil d’antiquités
n’offre des ai guilles á coudre 'antiques 3 quoique
les auteurs grecs & romains faffent fouvent men-
tion d’ouvrages & de broderies faíts á Yaiguille.
L’Afí'yrie Se la Babylonie en particulier étoient
renommées pour ces broderies. (Plin. lib. jo) Co-
lores diverfos piclura intexere Babylon máxime
celebravit. Si ces aiguilles étoient d’acier comme
les nótres j la rouiile les aura toutes détruites.
Aiguille de cheveux ou de tete. Les Romaias
les appeloient acus crirtales Se acus difcriminales ,
ou indifféremment fpicula. On doit les diílinguer
foigneufement.
Acus difcrimlnales , étoient de grandes aiguilles
de métai ou d’ivoire 3 qui fervoient aux femmes a
féparer leurs cheveux en deux parties fur le devane
de la tete. Cette coéíFure Ies diílinguoit des filies,
■qui relevoient Se nouoient tous leurs cheveux fur
le fommet de la tete , ou Ies attachoient fur le
derriére avec une aiguille , fans en kiíTer flotter fur
les joues ni fur les oreilles.
Acus crínales , acus comatoris. , étoient propre-
m.ent les aiguilles de tete. Elles fervoient á reteñir
les cheveux qui étoient treíTés Se nattés. C’eít ainfi
que les treíTent encore les Alfaciennes 5 8c les fem-
mes des environs de Naples attachent encore lenrs
chevelures avec des- aiguilles d’argent de fept a
A I L
hiÚT pouces de longueur. On voit dans !a biblio-
théque de Sainre-Geneviéve de París , ua bufte de
femrEK antigüe , dans la chevekre de iaquelle on
diíiingue parfaitcment une iongue 8c grolíe aigaUle
qui 3^ une forte tete. Le pére de Montfaucon a
publié une tete coeífée de méme (fupp. m ,p- 4) 5
mais il appelle mal-á-propos cette aiguille acus dif-
criminalis, puifque cette derniére fervoit á féparer
& beucler les cheveux, & non á les attacher.
Les aiguilUs á nxer Ies cheveux étoient d ’or ,
d’argentj debronze^ d'ivoire & méme de rofeau.
On en a trouvé plus de cent d’ivoire j mais
íimples 8c fans aucun ornement , dans les fouilles
qu'a faites M. Grignon en Champagne j dans les
ruines d'une villc romaiiie. Le comte de Caylus
( Rec. p. 3 II.) en a publié deux de la méme
manére j qui avoient été trouvées dans une fouille
fur je mont Pincio á Rome. On fait que Tivoire
etoit bien plus rare chez les Romains qu’elle ne
Lell deveaue depuis Ies voyages d’Afrique. Cette
rareté qui en faifoit ¡e prix , eft annoncée par le
travail dkne de ces deux aiguilles 5 elle eft ornee
d’une tete de femme travaiilée de bon goüt ^ &
dont la coéíFure eft bien agencée.
Dans le grand nombre des aiguilles d’argent
qui fervoient á attacher Ies treífes des cheveux
fur le derriére de la tete , on en trouve á Portici
quatre íinguliérement grandes & bien travaiilées 5
car cette parare étoit une de celles qui fixoient
davantage Tattention des femmes. Les prétres
eunuques de Cybele attachoíent comme elles leurs
cheveux avec une aiguille de tete. La plus grande ,
dont la longueur eft de huitpoticeSj aulieu d’étre
terminée par u.n bouton ^ porte á fon extrémité
un chapiteau corinthien ^ fur lequel on voitVénus
tenant fes cheveux des deux mains ; auprés
d’eile eft TAmour qui lui préfente un miroir rond.
Les dames romaines avoient coutume de confa-
crer des míroirs aux ftatues des déeíTes le jour
de leurs fétes. Sur une autre de ces aiguilles ,
également terminée par un chapiteau corinthien^
on voit TAmour & Pfyché qui fe tiennent em-
braíTés. Une troiíiéme préfente á fon extrémité
deux buftes. Sur la plus petite des aiguilles qui
font dans le méme cabinet , V énus s’appuie fur
un cippe qui porte un priape ; la déeíTe eléve fa
jambe droite j & paroit vouloir prendre fon pied
de la main gauche.
Cn en trouve fouvent de bronze ^ & le comte
de Caylus en avoit raíTembl-é pluíieursj qui avoient
trois á quatre pouces de longueur. Ces aiguilles
de bronze ont été confondues quelquefois avec
des clous j par des antiquaires peu inñruits.
AíL. Cette plante a été plus qu'aucune autre
foumiie dans Ies diíFérentes contrées aux caprices
de la mo de & de l'opinion. Les Egt'ptiens luí
faifoient partager ie cuite -qu’iis ' renaoient aux
oignons. Pjine, (1. xix. 6. ) ■ Allium^ c^pafque
ínter ¿eos jure jurando habet JEgyptus. Chez Ies
Crees 3 au contrate j ii étoit défendii d’entrer i
¿^Mquités j 1 orne I,
AÍL 105
dans les temples de la mere des dieuXj lorfqu’o^
avoit mangé de ikíY. (Atken. x). L’k/ déplaifcit
á Rome aux gens délicats, á eaufe de fon odeuc
forte. Toat le monde connoit les vers d’Horace
fur cette plante :
Parentis olim Jl quis impía, matul
Senile guttwr fregerit :
Edat cicutis allium nocentius.
O dura mejforum ilia !
Cétoit peut-étre la raifon pour Iaquelle on ea
faifoit manger pendant pluficurs jours á ceux qui
vouloient fe purifier de quelque crime. Perfe fait
alluficm á cette pratique. ( Sat. v , 186. ) :
Hiñe grandes Galli, & cum fiflro lufea facerdos
ineujfere déos inflantes corpora, fi non
PridiBum ter mane caput guflavetís allí.
Les foIdatSj les matelotSj & les moiífonnears
grecs & romains faifoient un grand ufage de 'iail.
Les Grecs croyoient qu il allamoit le courage ¿es
guerriers. Ariftophane {Equit. i. 3. 25Ó.) :
T7t plenus alliis firenue magis pugnes.
lis en faifoient manger aux coqs mémes qu’iís
dreíToient pour Ies combats. TJail étoit une nour-
riture li ordinaire aux foldaís romains , qu il étoit
devenu un fymbole de la vie militaire. Allia ne
comedas , ne mangez pas de Yail. difoit-on\, á
ceux qui aimant beaucoap leurs aifes & la tran-
quillité j formoient le projet d’aller á l’armée.
Vefpaíien répondit á un courtifan efféminé qui
lui demandoit un gouvernement: J’aimerois raieux
que tu fentiffés Xail que les parfunss.
Les matelots des deux nations en faifoient ua
auíll grand ufage que Ies foldats. Piaute {Poen, r.
J-340-
Tum autem plenior
Alia , ulpicique 3 quam P.ontani remiges.
Ariftophane (^Arack. /. 4. 30. ) :
Ha miki pereo , qaem Odomantes fpoliant alliis.
Le feholiafte obferve fur ce vers d’ Ariftophane j
que les Thraces aimoient beaucoup Xail , parce
qif ils habitoient un pays froid. Lorfque Ies Athé-
niens partoient pour queiquexpédition maridme ,
ils faifoient j felón Suidas ^ une ampie proviíion
d’azY. On cro\:^it que Puf-ge de cette plante
chaude corrigeoit les effets du maiivais air.
C’étoit fans doute la méme opinión qui faifoit
prodiguer Yail aux moiffonneurs & aux payfans.
Virgile {Eclog. ii.q.)'.
Tkefiylis & rápido fejps. mejforibus ejiu
Allia , ferpyllumque kerhas conVundh olentes.
Gallen {Metk. med. XII. 18.) appelle Vail, la
thériaque des payfans- Püss ( xix. 6. .) dit que
jc6 A I L
Tcil íevt de rcíTicdc siix liaoitans de la catTipa^e*
-On a éíé jiifqua regarder Yail comme un puiííant
contre-poifon & á croire qu on n avoit ríen á
craindre des betes vénuneufes apres en avoir
mangó. vEmilius Macer le dit expreffément :
JÍ£C ideó rr.ifcere ciáis mejforibus efl mos ,
Ut Ji forte fopor fejfos deprejfent artas ,
A.iguibus a nocais tuti requiefeere pojjlnt.
AILES. Les divinités égv’ptiennes , ditot Ip
auteurs qni ©nt expliqué Ies pierres gravees du
palais royal j portent quelquefois des ailes reíTem-
blanres á celles des c'hérubins. Cette maniere de
les repréfenter étoit encore en ufage fous Ies
emperears romains ; car Fifis avec de femblables
ailes que Fon voyoit á Rotne daris le dernier
fiéclcj tfétoit pas d’un temsplus recule. On trouve
fur Ies médaiiles de Make , deux figures placees
Tune vis-á-vis de Fautre j avec des ailes fort
longues aux Lanches. Liles s'étendent en avante
eemme pour couvrir la partie inférieure du corps.
Le marquis Maífei ^ {Verán, illufir. P. 3 , p._ 2.59.)
cjui a rapporté une de ces médaiiles ^ nz ríen dit
de ces ailes fi remarquables. L^abbé "V énuti la
donne auífi parmi fes médaiiles de Malte , mais
fans ailes. Le tems les avoit fans doute détruites
fur la fienné ; car eiles font tres-évidentes fur des
médaiiles femblables du cabinet de Sainte-Gene-
viéve.
Spon {Reck. d‘Ant. dijf. 28, p. 45’9-)
ce quríl doit faire de ces ailes ^ & il les prend
pour des cuiíTes fans jambes , quoique les figures
ayent des jambes trés-prononcées. Gordon a
trouvé dans lespeintures d'une rnomie une figure
abfolumentpareille á celles des médaiiles de 5!alte :
elle a de méme deux ailes aux Lanches j dont
elle léve Fuñe pour mettre á Fombre une áivi-
nité aíTife. L^autre aiU qui eñ baiffée fe porte
en avant. Spon a cru voir auífi des pieds de bceuf
a la figure de fa médaiiie ; peut-étre parce que
Ies chérubins avoient des tetes de boetif. {Motraye
voyag. tom. l , pl. 145/2. 15. — Num. Pombrock,
P. 2j tab. c¡6 , n. I. — Gordons , EJfay touvards
explazn. the kierogl. tab. 1^, n. 7 ).
Ces -ailes annoncent les voyages des Phéni-
ciens qui fréquentérent de bonne heure íes files
& les cotes de la Mécliterranée. C’eñ d'eux auífi
que les Pélafges ou premiers Grecs regureat ia
mytbologie égyptienne. Si Paufanias eut réfléchi
fiir ces Communications anciennes 5 il k'auroit pas
été obligá d’avouer fon ignorance a la vue dbine
Diane aüée qu’il vit fur le fameux coftre de Cyp-
felus. On fait aue les Etrufques requrent Ies arts
& les connoifíances de ces anciens Grecs ; c“eft
pourquoi on anpliquera facilement á ces derniers
ce que nous allons dire des premiers fur Fautorité
de Winkelmann.
Les Etrufques ont repréfenté prefque toutes
kurs divinités avec des Ales. Júpiter en porte fur
A I L
une pierre étrafque du cabinet de Stofeb^ : on
voit ce dieu repréienté de méme fur une pare de
Yerre & fur une corr.aline^du méme cabinet 5 ou
ii fe préfente á Ssméie dans toute fa majeíte.
Comme les anciens_ Grecs 5 ks Etrnfcues ápn-
noient des ailes á ufane ; cebe d Ephefe eft ailee
fur une pierre sravée de Stofehj & fur une autre
du cabinet de Florence. Les nvmpbes aih'es qui
Faccompagnent fur une ürne fepnicrale au capi-
tcie & fur un bas-relief de la 'vilia Eorgriefe5
fonr vraifemblablement des f.gures emprantées de
cette ancienne mytnologie. La Minerve étnifone
porte non-feulement des ailes aux épauies , mais
éncore aux pieds. Horfley (^Brit. Róm. p. 3)3-)
s^eíi: bien trompé , en difant qu on ne trouvcit
point de Minerve ailée^ & que les auteurs n en
ont méme jamais parlé. On voit jufqu a \'tnus
peinte avec des ailes. _ x , a ,
Les Etrufques en mettoisnt enco-re a la tete de
plufieurs autres divinités, relies que lAmour,
Proferpine & Ies Furies j ckft dans ce méme fens
que leurs artiftes reprefentoient des chars avec
des ailes .• cet ufage ieur étoit commun avec les
Grecs. En effetj Luripide {Oreft. v. 1001.) aonne
au foleii un char aiié ; & fur les médaiiles d Eíeufis,
Cérés eib repréfentée afilie fur un femblable char,
tiré par deax ferpens. La fiable parle auífi d un
char aiié de Neptune , qa'ApolIon fit aonner a
idas pour eniever la nymphe Marpeffa. {Apollodor.
bibl. l. I 5 p. ifi).
Les divinités ailées ne font pas fi communes
fur les monumens grecs que fur ceux des Etruf-
ques. Les Grecs ne donnoient ordinairement de
grandes ailes qu"á ia -Victoire, Sr quelquefiois á
Diané. Les Etrufques en donnoient, comme nous
Favons dit , a Minert'e , á Diane , á Venus , á
Médufe & aux Furies.
Le comte de Cayliis {Rec. m, pl. 44, n. 3.) a
fait deífiper une ííatue qu il croit repréfenter la
déeíTe Salus ou de la fanté : elle porte deux ailes
fur le front. On ne peut expliquer cette fingulanté
que par le moyen de quelqu'allégorie inconnue
aujoiird'hui. Le méme favant a pubüé une feconde
figure ailée, dont les ailes lui ont fait écrire une
obfervation pleine de fagacité. {Ibid. p. 188).
Les piumes de fes ailes font placees á contre-
fens, c^eft-Ldire, que leurs extrémités s’élévent,
au lieu de faivre leur pente ordinaire vers ia terre.
Je ne puis, dit-il, attribucr cette licence á la bizar-
rerie de Fornement; car on voit plufieurs monu-
mens étruíques & romains , graves & féríeux, dóne-
les ailes 5 non-feulement font arrangées dans cet
ordre , mais dont les piumes , á Fextrémité , fe
terminent en volate; j'avoue que je ne puis con-
cevoir ni ia raifon, ni le motif d’un arrangement
qui s’oppofe a la nature. ( Caylus 3, p. 188).
Ailes. AU. Cet arríele eft bien traité dans-
l'Art Militaire de cette Éncyclopédie On y a
fait voir que les ailes des iégions étoient fortnóes
fouvent par des fantaflins; quoique les cavalifi»
fonnaiTerit ordinairetnent Ies aiUs. Pluíieurs ha-
meauXj qii! ladis éroient deftinés aux ílations des
roraaines, avoient retenu le furnom Ala avec le
Kom de la legión qui avoit des détachemens poílés
dans ces hameaux. C'eft aiiiíl qii’on lit dans Ylzi-
néraíre aAntonin:
IDurnomagiim , leg. F'II. Ala.
Biiruncum , leg. V. Ala.
Novejlam , leg. F”. Ala.
Gcldubam , leg. IX. Ala.
A I L E s milLiaires , étoient chez les Macédo-
niens la naéme chofe que FAgema ; elles furent
mires en ufage dans !a taftique romaine.
II faut placer au nombre des diviíions mili-
taires, Y ALA fingulariiim, dont parle Tacite {HiJ}.
70. 3.) ; AcceJJlt ala Jingularium , excita olim
a Vitellio , deinde ir. partes Xefpajiani tranfgreffd.
Cette troupe portoit !e nom ¿Y Ala Jingalarium
eqAtum , íbit parce qu’il rij avoit entre ces mairres
d'autre áiítin'élioa que celia des commandans^
foit^ parce que ces maitres étoient des cavaliers
d’ élite , fiagularcs .
AiMAKÓYPIA. Les Péloponnéíiens célébroient
ces fétes crueües fur le tombeau de Félops , en
foLiettant des énfans jufqiFá faite couler leur fang.
C’eíl de ce far.g des enfans qa’elles prireiit leur
Ai M A NT. Mine de fer, aílez femblable en
poids & en couleurs á Fefpéce de mine de fer
qu’on appelle mine en roche. Elle contienr du
fer en tres-petite qijantité. Cette pierre fameufe
a été connue des anciens ; car nous favons
par le rémoignage d'Ariíiote , que Thalés , le
plus anden philofophe de la Gréce , a parlé de
Yaimant ; mais il iFeñ pas certaín que le nom
employé par Ariñcte foit celui dont Thalés s’eft
fervi. Onomacrite , qui vivcit dans la 60" olym-
piade , & dont il nous reñe , á ce qu’on croir ,
qiielques poéíies fous le nom á’ Orphée , eíl celui
qui nous fournit le plus ancien nom de Yaimant q
il i appelle «ayjijVj;?. Hippocrate ( lih. de flerilib.
malier.) a déíigné Yaimant fous la péripbrafe de
la pierre qui attire le fer ^ a/S-íí ¿Itíí tov
Les Arabes , Ies Portugais fe fervant de la
meme pénphrafe que Sexms Empiricus a expri-
mee en un feul mor Sophccle, dans
une de fes piéces , qui rFeft pas venue jufqu'á
nous, avoit nommé Yaimant r.víla. AíS-s?, pierre
de^ Lydie. Héfychius nous aconfervé ce mot auñi-
bien que MbikI a¡.9-05-, qui en eíl une variation.
Fiaron , dans leTimée, appelle Yaimant K'¡imaé<«
Aífroí , pierre d‘ Kéraclte , nom qui eíl un des plus
tutes parmi les Grecs.
Añílete a íait plus d’honneur que perfonne á
\ aimant , en ne íui donnant point de nom ; il
l appele ^ >.id-<¡g , la pierre par excellence. Thémif-
tius s expdme de meme. Théophraíle , avec la
piupart des anciens , a fuiyi Fapplicatipn déjá
Ctaolie de H^paxÁuet.
Pline, fur !e paíTage mal entendu de ce phi-
lofophe, a cru que la pierre de touche, coticula,
qui, entre fes autresnoms, a celui de Aaítí aLS-ss-,
avoit de plus celui d"H'pay.?.íia , eommun avec
Yaimant : Ies Grecs & les Latihs fe font auííi
fervis du mot gi^'y^pÍTi; , tiré de aímog, fer, d’ou
ell venu le vieux nom ftan^ois , pierre ferriere.
Enfin , les Grecs ont diverliíié !e nom de ^rr/ñTry.s
en diverfes facons ; on trouve dans Tzetzés
[r.!iyiyTy¡í XíBa; , danS Achillss Tatius fiayAcria ,
dans la piupart des auteurs , ¡/.aydrí? dans
quelques-uns, auíTi-bien que í aíS-sí jK^y^'r::?, par
la permutation de ^ en í, familiére aux Grecs des
les premiers tems ; & yMyrU , qui n’eñ pas de
toas ces nonas le plus ulité parmi eux, eíl prefqus
le feuí qui foit paíTé aux Latins.
Pour ce qui eíl de Forigine de cette dénomi-
nation de Yaimant, elle vient manifeílement du
lieu ou Yaimant a d’abord été découvert. II j
avoit dans FAÍie-Mineure deux villes appelées
Magnéjie Fuñe auprés du Méandre , Fautre au
bas du mont Sypile. Cette derniére , qui appar-
tenoit particuliérement ala Lydie, & qu^’onappe-
loit aiilíi Héraclée, felón le ííémoignage d’jElius
Dionyíiiis dans Euílathe, étoit la vraie patrie de
Yaimant. Le mont Sypile étoit fans doute féconá
en métaiix, & en aimant par conféquent; ainli
Y aimant appelé lAagnes du premier lieu de fa dé-
couverre , a confervé fon ancien nom , comme
il eíl arrivé á Facier & au cuivre , qui portent
le nom des lieux ou ils ont été découverts; ce
qu'il y a de íinguüer , c^eíl que le plus mauvais
aimant des cinq efpéces rapportées par Püne ,
étoit celui de la Magnéíie á'Alie-Mineure , pre-
miére patrie de Yaimant , comme le meilleur de
tous étoit celui d’iEthiopie.
Marbodeus dit que Y aimant a été trouvé chez;
les Troglodites, & que cette pierre vient auíS,
des Indes. líidore de Séville dit que les Indiens
Font cennu les premiers ; & aprés Iui, la piupart
des auteurs du moyen & du bas-áge , appellent
Yaimant lapis indicas , donnant la patrie de Fel-
péce á tout le gente.
Les anciens n’ont guéres connu de Yaimant que
la propriété d’attirer le fer; c’ étoit le fuiet priii-
cipal de leur admiration ; comme on peut le voir
par ce beau paíTage de Pline : Quid lapidis rigore.
pigrius ? Ecce fenjus manufque tribuit illi natura.
Quid ferri duritie pugnatius ? Sed cedit & patitur
mores : trakitur namque a magnete lapide , domitrix-
que illa rerum omnium materia ad mane nefcio quid
currit , ataue ut propias venit , aJJtjfit teneturque ,
& complexu. ks¡ret. (Pün. liv. XXXVI, c. 16').
Cependant il paroit qu^ils ont connu quelquc
choíe de fa vertir commumeative. Platón en
donne un exemple dans ITon , ou il decrit cette
fameufe chaíne d’anr.eaux de fer furpendus les
uns aux autres, & dont Ie_ premier tient á Fííí-
m.ant. Lucréce, Philon, Pline, Gallien, Néme-
lius, rapportsnt le meme phénoméne ; & Lucrece
loS A I N
fait de p!us mention de la propagation de la vertu
Kiagnétique au travers des corps les p^us durs j
comme il paroit dans ces vers :
Exultare etiam Samothracia férrea •vidi ,
Et ramenta pmul ferri furere intus ahenls
In fcapkiis, lapis fue magnes curn. fubdiras ejfet.
Mais on ne volt par aucun paíTage de leurs écrits .
qu'iis ayent connu la vertu direótive de Vaimant ;
en ignore abfolument dans quel, tems oa a íait
cette découverte j & on ne fait paS mérae au
jiifte quand eft-ce qu’on l’a appitqué aux ufages
de la navigation. f&e Vandeneífe).
Pline dit cue Tarchiteéle Dinccrate d’Álexan-
drie 5 avoit commencé de batir avec des aimans
la yoúre d’ia; temple qtfun des Ptolérnées faifoit
élever á Arlinoé ^ fa feur & fa femme. L’archi-
tefte ei'péroit par cette eonñrudtion , terur fuf-
pendue en l'air la Ííatiie de cette princeíTe , qai
devoit erre de fer. Mais la mort retnpecha d'ache-
ver ce teme-ie; & elle enleva prefque en méme-
tetns le reí qui Tavoit commande. Cette fable a
été renouvelée fouvent depuis le récit de Pline ^
S: fa--touc á Toccaíion du tombeau de Ma-
homer.
AIMÉNÉ;, trovenne.j qui inérita les hon-
neurs héroiques dans la Gréce5 elle eut méme
un autel á Athéaes.
AINA!, ÁisNAY ou Ainay. Atkanacum on
Ainacum^ abbaye de la villc de Lycn, fécularifée
aujourd’hui. L'emplacement qifelle oceupe au
confiuent du Rhóne Se de la Saone^ étoit célebre
dans rantiquité. On prétend qué c^’étoit au méme
endroít que Ton célébroit ces ieux fameux établis
en rhonneur dCAugufte ^ & auxquels fe rendoient
tous les peuples des Gaules. II y avoit outre Ies
combats athlétiques , des combats littéraires. On
ignore quelle étoit la récomoenfe des vainqueurs ;
maís la tradition a confervé íe foavenir de la pimi-
ttón des vaincus. lis étoientj dit-ofij contraints
d’effarer leurs produdlions avec la langae j ou ils
«toient precipites dans le fleuve.
Ce qudi y a de certain c’eft que la punitio-n
«toit tres-grave cu írés-flétriíiante ; comme on en
peut juger par des vers de Juvénal, qui compare
la crainte d’un rhéteur deífiné á lire fes compoíi-
tions dans ces jeiix célebres, á ceile d'un voyageur
qui a marché fur un ferpent r
Talleat ut nuais preíft qui calcihus anguem ,
Jiut EugdunYitnfem rhetor diBurus a¿ aram.
Satir. 1.
A INES. Si Xaine droite treírailloit , o.n en
tiroit pour foi-meme un bon augure, & pom
les autres ce treliáillement annoncoit la vicíoíre
ennemis. Uaira gauche avoit-elle tref-
jugeoit par-la que fon, étoit foi-mérne
expofe a des embuches, &: que Ies autres feroient
sa aeureiix voyagee
AIS
AIR. Les Grecs adoroient Vair, quelquefoís
fous le nom de Júpiter, qu ils prenoient pour Vair
ie plus pur ou l’aether , quelqucfois fous le nont
de Junon, qu'iis prenoient pour Vair groffierquí
nous euvironne j & auffi fouvent ils en faifoient
une divirúté particuliére , á laquelle ils donnoient
la lune pour femme , & la rofée pour filie. Fable
rhyfique qui ifa pas befoin d^explication. II y
avoit des divinations par le moyen de lG/> , qui
fe faifoient en obfervant le vol des oifeaux &
les cris de quelques animaux , ou á Foccafion
des météores Se des cometes , ou fur rinfpeéliorr
des nuées ou en examinant de quel colé venoit
le tonnerre. Ménélas , dans riphigénie d’Euri-
pide, atteíle Vair témoin des paroles d'Agamem-
non i mais Ariílophane fait un crime á Euripide
de fes fermens par IGzV. V. Divination.
Les Romains confondírent Tair avec Mercare.
Celüi-ci étoit repréfenté , felón eux , avec des
alies, á caufe de cette identité, &c de fes voyages
fréquens du ciel aux enfers, a travers la región
éthérée. ils regardoient auíTi cet élément comme
le féjour des manes Se des dieux indigétes , oa
denai-díeux.
Les empereurs grecs n’eurent pas une auffi haute
opinión de Vair, Se ils ne craignirent pas de le
charger d°un impót particuiier connu fous la
dénomination odíeufe pro haufiu eris. Ils faifoient
payer á leurs fujets Vair qufils refpiroient. L"Hif-
toire des Finances du Bas-Empire,. dit M. PaWy
feroit un ouvrage intéreffanr, mais q’Fun hon-
néte homme ne pourroit lire fans verfer des
larmes.
AIRAIN. V. BU.ONZE.
AÍRES. (Fétes des) Onles célébroit á .AthéneS-
dans le mois pofidéon , en l’honneur de Cérés Se
de Bacchus, á qui fon offroit les prémrces de la
récolte du bled ¿c du vis. Elies fe nommoient auí£
Aloes.
AÍSERNINUS,. fúrnom de la famille Claudia,
AL ou El , eíl: Tarticle de la kngue arabe í
c eíl pourquoi ii entre fréquemment dans la com-
poíition des mots derives de cetre langue. C'eíl
par la méme raifon qu"on le retrouve dafts les-
noms propres ou de villes de la Syrre, de la Phé-
nicie Se dkutres lieux, o-ú. Ton parlok des langues
analogues á farabe.
Alus LOCüTIUS , c’eft le dieu de la parole ,
que les Romains honoroient fous ce nom , comme
iis avoient un dieu du filence; parce qu’il eft auíR
fage de parler á propos, que de íávoir fe taire.
Voici la maniere dont ce dieu fut connu á Rome r
pem de tems avant Tarrivée des Gaulois en Itaüe ,
on énrendit une voix fortir du bois de Veíla; elle
annoncoit que fi on ne rétabliíToit les murs de la
yiile, elle feroit prife par fennemi. Perfonne ny
fit attention j mais lorfque les Gaulois en fure.nt
maitres. Se aprés qa’iis eurent été chaíTés, orr
fe reíTouvint de cette voix. Se on eleva un autei
au dieu de la parole 5 on luí bátit méme uatsmpis'
ALA
íans la fuitre au ir.ilieu de Rome ^ dans la rué
rveuvcj au méme lien ou il s^éroit fait entendre.
Sur quoi Cicéron dit au dixiéme livre de la Divi-
naíion jCjUe ce dieu , lorícu il n'étoit connu de per-
fonne , parloit 8c fe faifoit entendre; mais que
depuis qu^il eñ devenu célebre, qifil a un temple
&des autels , il a pris le partí de fe taire , & le
dieu de la, parole ell devenu muet.
AJUSTEES. On trouve dans quelques auteurs
thracorde des ajufiées , au lieu de trétacorde fyn-
néménon. F”. ce mot.
ALA. V. Ailes.
ALABANDA, en Carie. AAABAMAEnN.
Les médailles autonomes de cette ville font :
O. en or.
RRR. en bronze.
ERR. en argent. Ce font des médaillons.
Cette ’/ille a fait frapper des médailles impe-
riales grecques en l'honneur d’Auguíle, de Livie,
de Britannicus, de Néron , de Julia Domna, de
Caracalla , de Fauftine jeune , de Sévére.
ALABáNDUS, fondateur d’une ville de Carie
nommée Alabanda , devint la premiére divinité de
fes citovens , & y fut honoré d^iin cuite particulier.
ALABARCHES ou Arabarches , magiltrat
des Juifs établis á Alexandrie en grand nombre ,
des le tems de fon fondateur le fils de Philippe.
{^Juvénal, fatyr. r, 129).
Inter quos aufus kabere
Hefcio quis títulos JEgyptius , atqv.e Álabarches .
ALABARCHÍ^ veíllgal. C'’étoit la gabelle cu
rimpót fur le fel. Celui qui étoit chargé de fa
perception, s’appeloít alabarches ¡ & étoit foumis
au comte des LargelTes.
^ ALABASTRITE. Efpéce d’aíbátre , cefl-
a-dire , de concrétion , de nature gypfcufe. LWi-
hafirite a une demi-tranfparence ; elle fe travaiiie
faciiement, & prend un poli aíTez beau, mais
moins vif que celui du marbre. Ce poli a toujours
un oeil graiíTeux. Ilidore , (Alabaflrites lapis can-
didas interflinciis varzis coloribus).
U alabaftrite fe diítingue facilement de Talbasre
calcaire , en ce qu^elle ne fait point effervefcence
avec les acides , & qu’elle eft plus tendre. Pour
Émplificr la nomenclature , on devroit referver
le nom d’albátre aux cóncrétions calcaires , &
celui ¿dlabaflrite aux concrétions gypfeufes. Les
anciens ont employé fouvent cette derniére fubf-
tance, & le cabinet de Sainte-Geneviéve renferme
des lacrymatoires , des urnes & d’autres vafes
faits avec cette pierre. Elle a quelquefois des cou-
leurs auííi vives & auíE tranchées que Falbátre-
calcaire.
_ Aucun antiquaire n^a diftingué dans fes defcrip-
tions I alabaflrite de 1 albátre-calcaire ; c'eñ pour- -
quoi il faut joindre á ía leñare de cet arricie
celle de 1 Albatre , pour connoítre Ies monii-
juens qui font de Tune 8c de Tautre matiére.
sncieus ont gmploye 1 alabafirite a garnij
ALA lof
Ies fenétres en guife de vitre. L’égüfe de Saint-
Minias á Florence , eñ encore éclairée de méme ;
& le lour y paíTe au travers des tables álala-
bafirite trés-minces. Néron fit batir un templa
de la Fortune avec cette pierre, & Ton n’y perca
aucune fenetre, parce que la lumiére paiToit au
travers ue 1 alabajirite cui en formoit la couverture
&c les murs.
AL^SA, en Sicüe. aaaisas.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRRR. en argent.
C. en bronze.
O. en or.
AAAAAFMOS. On donnoit ce nom au cri que
jetoient íes foldats en commenqant les combars.
^ALáLCOMÉNE , étoit une petite viile de
Béotie , qui tiroit fon nom ou ¿í Alakomene , nour ■:
ricier de Minerva, ou d’Alalcoinénie , Tune des
filies d'Ogygés, qui nourrit Minerve, ou de ce
que Minerve y avoit pris naiíTance. Cette dceiTe
y avoit un temple & une ftatue ddvoire , extré :
mement refpeclés des peuples ; & ce refceñ
empétha qu'elie ne fut jamais forcee nipiílée,
jufqu’aii farouche Sylía. Ulyííe étoit né dans cette
ville ; & pour conferver ia mémoire du lieu de
fa naiíTance , ii voulut qu'une ville d'ítaque portáe
le nom ¿‘Alalcqmene.
ALALCOMEJíE fut le nourricier de Minerve ,
& mérita par-lá_ les honneurs héroiques.
.4LALCOMENIE , Tune des filies d’Ogygés.
Quelques - uns ont dit qu’elle nourrit Minerve ;
& la qualité ac nourrice de cette déeíTe , la fit
honorer aprés fa mort, fous le titre de déefíe
j Prazzaicienne ; on la regardoit comme la déeíTe
■ qui conduit les delTeins á une bonne fin , ce quí
eft recifermé dans le mot Fraxidice. On lui immo-
loit la tete des animaux. Ménélas, de retourchez
luí aprés Texpédítion de Trove , lui érigea une
ftatue , comme ayant mis fin , par fon fecours ,
á une guerre quYi avoit entreprife par fon infpi-
ration. Elle avoft deux foeurs, Aulis &c Telfinie,
V- Praxidicienne.
Ala.lcoménis , furnom de Minerve. P. les
trois arríeles precédens.
ALAPISTj'E , étoieiit des bateleurs qui, pour
amufer la pep alace, fe difoient des injures & fe
donnoient des íbuffiets. {Arnobe , liv.j').
ALARÍI. Ce nom eft donné quelquefois aux
fantaffins dans Céfar , 8c prefque jamais aux cava-
iiers. Mais fous Ies premiers empereurs , ais. 8c
■ ¿quites alarii étoíent diftingués des prétoriens ,
appeiés pngulares , 8c des cohortes á cheval. C7n
parle quelquefois encore des fantaffins alaricrum ,
mais trés-rarement, & le nom de cohortes pré-
valüt. Celui ¿¿ala 8c Salarlas devint paria fuite
propre au cavaiier, non de la legión , mais á celui
que Ton tiroit des provinces pour étre incorporé
dans la legión.
ALASTOR , nom d’cn des quarre chevaux
qui ureisut h char de Plutoiip íorfquü gnkvs
1 lO
A L B
ProíerplnCj felón Clsudien^ QUi notnms Ies trols
autres Orphneus, ^Ethon & Dicteusj
marqueni tous quelque chofe de funeii.e & de
ténébreiix. On dónne auíTi le nom ¿íAlafior a cer-
tains efprits malins qui ne chercheat qu á nuire j
autrement appelés Telchines.
ALATJDA , alouttte. On donna ce nom a la
cinquiéme légion qui, ayant été levée dans les
Gaules Tranfa'pines, fot appelée Alauda par Jules-
CéCar. Ce nom lui fot donné parce que Ies fol-
dats qui la compofoient , portoient une aigrette
á leur cafque , comme f alouette hu^pée , ou
parce qfoils portoient l’alouetts eile-meme pour
cimier de leur cafqoe.
ALBA, en Itaiié. ÁtBA, en lettres étrufques.
Les médailles autonomes de cette ville font ;
RRRR. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
ALBAINS. Lorfque Tullus Hoftilius eiK dé-
truit Albe , il en tranfporta á Rome les habitans,
qai s’y établirent fur le mont Coéiius. Ce n’ell;
pas de cette coionie ¿"Albains qu il faut entendre
Ies paíTagcs fuivanss l’un d'Hérodien (vii. y. 21) :
Vifum eft militibus iis quorum ai urbemRomam
fab monte Alb ano cafira erant , atque in kis liberi
eorum , conjugefque relicts. neci dedere Maximi-
num ; l’antre de Capitolin {Maximin. cap. 23) :
Timentes milites , quorum ajfeclus in Albano monte
erant. Les empereurs romains avoient établi fur
les raines de Tancienne Albe un camp, dans lequel
ils renoient une diviíion de troupes en réferve,
S: qu ils faifoient venir á Rome pour Ies joindre
ou les cppofer aux prétoriens. C'eft de ces Albains
que parlent Hérodien & Capitolin.
ALBARIUM, efpéce de Sxuc. V. ce mot.
ALBARIÍ , ouvriers qui travail'oient ce ftuc.
ALBATRE. Fierre calcaire formée par con-
crétion, ce qui empéche d’en avoirde trés-grands
blocs. Elle eft plus tendre que le marbre 5 c'eft
pourquoi fon poli eft moins vif. LAAA/e, qu'il
faut bien diftinguer de Falabaftrite, offre prefque
toutes les couleurs j Se lorfqu'elles font formées
par des couches arrondies, on Tappelle albátrc-
onyx. II eft fuiet á étre percé dans quelques en-
droits , ce qui vient de !a maniere dont il eft
formé : c’eft le réfultat d’infiitrations & de ftalac-
tites. Le noyaudes ftaladlites eltvuide & reíTemble
á un myau. Lorfque Yalbátre eft coupé perpendi-
calairement á ce tuyau , il eft percé dans le milieu
d’un trou j quelquefois aíTez gros , que les ouvriers
bouchent avec de la fubñance du méme alhatre.
On tiroit d’aíTez grands blocs de cette pierre
des carriéres de Thébes. Le tems nous a enlevé
prefque tous les ouvrages Yalbátre. Entre les ftatues
égyptiennes Yalbátre , il ne s’eft confervé que
deiix liis ; elles font aíHfes & tiennent Horas fur
leurs genoux. L’une eft au collége Romain, haute
de feize pouces de Francej l’autre eft á la Villa-
Albaai. Ceils ci fot trouyée en creufant la terre
ALB
pour pofer Ies foníemens du féminaire Romain
des jéfuites, á rendroit oúAroit le temple d’Ilis
au champ de Mars. La partie fupérieure qui
manquoit a été reftaurée avec de Yalbátre dl-
talie.
Valbátre de cette ftatue eft pms clair & plus
blanc que ne Teft ordinairement Yalbátre oriental,
comme Pline le remarque de celui d Egypte. íl a
quelques veines ondoyantes plus bianches que le
fond. Jean de Saint-Laurent s eft done trompé
dans fa differtation fur Ies pierres précieufes , en
difant qu’il n’exiftoit point de ftatues égyptiennes
¿Yalbátre. Cette ftatue, dit Vvirikeimann,
de VArt. I.) détruit eacore une autre affertion du
méme auteur , qui afíure que íl les Egyptiens
euflént fait des ftatues Yalbátre , elles auroient
été trés-allongées & dans la forme des momies.
Le cabinet de Sainte-Geneviéve en renferme une
de cette forme. Mais la bafe de i’Iíis de la Villa-
Albani a trente-íix pouces framjois de longueur ,
& la hauteur du íiége fur lequel elle, eft aflife ,
jufqu’aux hanches de la figure, en a autant, y
compris la bafe.
Valbátre n’étant autre chofe qu’une concré-
tion calcaire, fe forme tous ¡es ¡ours fous nos
yeux. Comme on réparoit un de ces aquéducs
qu’un pape avoit fait conduire autrefois dans le
quartier de Saint-Pierre , on trouva une concré-
tion artachée á la ma^onnerie. C’étoit du véritable
albátre , & le cardinal Girolamo Colonna en fit
fcier des rabies. Cette formation de Yalbátre fe
fait remarquer journellement aux bains de Titus
á Rome , & dans les caves de l’cbfervatoire de
Paris.
11 ne faut pas le confondre avec une autre efpéce
Yalbátre qu’on tiroit également des carriéres de
Thébes en Egypte , & de celles de Damas en
Syrie. Cette efpéce eft appelée onyx par Pline ,
&: elle différe entiérement des agates de ce nom.
On la reconnoit aux nuances de fes couches , qni
la font reíTembler á l’agate-onyx. Les anciens en
firent des colonnes & des vafes d’ornement. La
VilIaAlbani renferme une colonne Yalbátre fleuri,
c’eft-á-dire , de couleurs diverfes , haute de feize
pieds de Franca : c’eft la plus grande & la plus
belie que I’on connoiife.
Le prince Altieri á Rome, poflede le plus grand
vafe ¿Yalbátre qui ait été confervé, & qui foit de
la forme des amphores. li l’a trouvé en fáifant
creufer la terre á fa Villa prés d’Albano. Le plus
grand vafe ¿Yalbátre qui ne foit pas taillé en
forme ¿Yampkore , mais qui reíTemble á une poire,
fe trouve dans la Villa-Borghéfe. C’eft une urne
blanche qtú renfermoit les cendres d’un mort,
comme i’indique I’infcription fuivante gravee fur
ce vafe :
P. CLAUDIUS P. F.
AP. N. AP. PICON.
PÜLCHER. Q. QU^sIXOR.
P K. A U G ü R.
A L B
Celui dont cette magniSque urne renfermoit Ies
cendres , ne peat erre que ie fils du fameux
P. Clodius ou Claudius.
La Villa-Aibani renferme deux grands vafes
¿’aliátre fleuri ^ de ííx pieds & huir pouces fran-
cois de diamétre , qui ont été trouvés rompus
avec les fragmens de plus de dix autres . á farscien
port du Tibre. au-deffous du mont Aventin. Ces
grands vafes ont toujours été deñinés á fervir
á ia décoration des édifices, puifqifüs n'ont point
d'ouverture. On voit fur l’un d'eux la tete de
Médufe^ & fur i’autre celle d’un tritón ou d'un
£euve.
Ualbátre étant formé par couches feuiüetées ,
& n'ayant pas comme ie marbre blanc une adhé-
rence foiide entre fes partieSj i! eñ beaucoup plus
diíScile á travaiüer. parce que les couches dont
il eñ compofé fe détachent facüement. Aufli ne
voit-on pas que les anciens ayent jamais exécuté
des figures endéres d'aucune efpéce ¿Ualbátre ,
comme nous pouvons le juger par Ies ouvrages
QUi fubíiñent de cette pierre. Les extrémités ,
la tete j les mains & les pieds étoient d'une
aiitre maiére, 8c vriifembiablement de bronze.
Les chairs font poiies , & Ies poils de la barbe
font re,’2aí bruts. A Rome j, i! ne" s'eñ confervé
qu'ane feule tete ¿í ab&trc , 8c encore n'eít- ce
que la partie de devant ou le vifage d’une tete
d'Adrien ^ qui fe trouve au mufeum du capi-
lole.
La méme ville renferme deux figures entiéres
de femme iíalbátre 5 ce font deux Diahes au-deíTous
de la taille naturelle. La plus grande eñ au palais
Lerofpij & la plus petite á la Villa -Borghcfe.
Ces deux figures n'ont d’antique & ¿Lalbátre que
la draperie ; la tete j Ies pieds & Ies maius mo-
dernes font de bronze. T outes deux font de Yalbátre
appelé agatino , á caufe de fa reíTemblance avec
fagathe, & toutes deux font drapées de la mema
maniere. On voit á la Villa- Albani ^ en albátre,
la partie fupérieure d'une figure^ qui eñ auíli une
Diane , & dont la partie inférieure eñ reñaurée.
Mais la plus grande ftatue Ualbátre antique
qui exifte^ eñ, aprés Tllis de la Villa- Albani ^
décrire plus haut^ un beau torfe dans fon armure.
11 a paííe avec la colledion d'Odefcalchi á Saint-
Edetonfe , en Efpagne. La tete , les bras & Ies
jarnbes font de bronze doré , 8c reftauré par un
maítre moderne qui_ en a fait un Jules-Céfar^,
comme on le lui avoit commandé.
A.UX figures óbalbdtre dont ie viens de faire
mention ( dit Winkelmann ^ qui nous a fourni
prefque tout cet arricie ) , j’ajouterai les buñes
& .es hermes^ Quatre des demiers de grandeur ordi-
naire 8c a aloátre fleurij décorent la VilIa-AIbani ;
a - exccption de ces quatre níorceaux^ on ne con-
noñ point d'hermés de cette efpéce. Quant aux
buñes^, ou pour parler plus exactement^ quant
aux tetes dont la poitrine eñ 8íalbátrt ^ on en
volt cinq au mufatum du capitois. Les Lañes
A L B III
1 ^^Hqátien j de SabinCj de Septime-Sevére j font
i á. alb(itre-agathino¡ ceux de Jules-Céfar^ de Fauf -
tme I ancienne , 8c celui qui eñ ñirmonté d’une
tete de Pefeennius Niger^ font Ualbátre fleuri.
La Villa-Albani repferme treize bañes de cette
nature ; ii y en a trois de grandeur naturelle , Se
deux entre ceux-la font d un albátre appelé coto-
gnino, parce que fa couieur reíTemble'á celle du
coing cuir. C’eft auífi de cette efpéce qu’eñ le
torfe de Samt-IIdefonfe. Le troiíiérre bulíe^ ainíi
que Ies dix autres qui font tous au-defldus du
natureij font ¿b albátre-agaikino. L’n autre buíte
femblable avec une tete de femme:, fe trouve 3
Rope^ dans Thotel du m.arquis Patrizi-Mon-
toria.
Albatre gypfeux. V. Alabastrite.
Albatre, mefure. Le P. Kircher, dans fon
(Edipus Jtgy. tom. 1, p. 288^ dit que 'í albátre^
alabafirum, étoit une mefure égyptienne qui con-
renoit 9 koft:, autre mefure, & 9 livres d’Égypte j
c’eft-a-dire , felón lui , 24 livres , ou 24 fetíers
romains.
^LBEGMINÁ. V- -Asl:egmina.
ALBESIA. On donnoit ce nom á de certains
boucliers dont fe fervoient les Albiens, peuple
de la nation des Marfes. On les appeloit auífi
decumana , á caufe de leur grandeur. Les Romains:
empioyoient quelquefois decumanus 8c deciniiLs
maximus , croyant que la progreílion d’un
jiifqu a dix exprimoit un excés de grandeur con-
liderable. C eñ ainíi qu iis difoient fiucliis decu—
manas oil décimas , pour fiucius máximos , &
qu’Ovide a dit :
Décima ruit Ímpetus undtt,
A L B I A , famille rornaine dont on n’a des
médailles que dans Goltzius.
A LBIN.
LieciMus Closius SseTiievs AzBjtaus Au-
GUSTirs.
Ses médailles font:
RllRR. en or.
B. en argent. RR. avec le titre d’empereur.
Une chez le roi d’Efpagne, au revers pax. aug.;
elle eft unique.
R. en G. B. de coin romainj quelques revers
font, RR.
R. en M. B.
O. dexcolonies.
RRR. en G. B. grec.
RRR. en M. B.
II y a des médaillons latios de ce prince : Vail-
lant en a rapporté trois avec un grec 5 ils font d’une
extréme rareté.-
ALBÍNUS j furnom des famílles Junja, Pos-
tumi a.
ALBION & Borgion , deux géans , fils de
Neptune, contre kfquels Hereule combartit, &
qu’i! eut beaucoup de peine á vaincre. II avoft
déji épiuTé teus fes traits , & fa vie étok en petil j
j 1 -A. Xj S
ouand Júpiter^ fon pére, envoya á fon fecours
une gréle de pierres^ dont Hercuie fe fervit pour
terraller ces géans. Le champ oú les pierres tom
bérentj fut depuis appeié ' le champ de pierre
campus lapideus ; c"efí aujourd'hui /a Craux,^tXXt
cantón de la Pro vence , á f embouchute du Rhone ,
qui a fept a hait lieues de circuito Se qui eíi tout
couvert de cailloux. . ,
ALBO CALER US , bonnet des Fkmines Diales
oa de Júpiter, lis le portoienttoujours au-dehors ,
& ils ne pouvoient le quitter que dans leurs mai-
fons. Ce bonnet ¡ dit Feílus , étoit feit (fe la peau
d'une vidHnae blanche : il étoit terminé par une
pointe de branche d'olivier. II étoit queiquefois
orné de la foudre de Júpiter j pour déíigner la
divinité dpnt étotent les miniílres ceux qui por-
toient Y albogalcrus. Le P. de Montfaucon en a
publié un dkprés les monumens antiques ; on en
voir pluiieurs lur les médailles de familles.
AL BU LA. C'étoit f anden nota du Tybre.
Virgiiej UEneid. 8. 33íO’
— Aquo hall fiuvium cognomine Tiirim
Diximus : amifit vemm vetus Albula nomen.
ALBUM. Le cote extérieur de la porte de la
vilie de Pompe'i étoit blanchi:, & Ton voit encore
íiir Penduit dont on avoit revétu Ies pierres des
inferiptions tracées des deux cotes avec une cou-
leur rouge, dont , aux ehiííres prés , il nfeft guéres
poiiible de ríen diftinguer. Comme le íluc ou
renduit eft tombé en pluiieurs endroits, on n’en
peut ríen conclure de raifonnable. J’ai remarqué
cependant, dit Winkelmann, que ces inferiptions
ont été tracées par-deífus d'autres qui s’y trou-
voient antérieurement , & fiir Isfquelles on nkvoit
fait que paíTer une légére conche dMn enduit
blanc. íl faut fe rappeier ici l'infcription que noas
rapportons a l'articíe Cabaret , & qui eft une
aíÉche de location de bains & de maifons ou Pon
donnoit á boire & á manger. Au-deíTous de celle-
!á , il y avoit eu précédem.rnent une autre inferip-
tion , qui y paroiiTok encore avec Penduit ; mais
elle étoit en couleur noire. Elle n' étoit pas écrite
entiérement en couleur rouge; les caraétéres des
premieres lignes étoient noirs ; la derniére ligne
feule étoit écrite en lettres rouges.
Cette infeription & ceíle de la porte, peuvent
fervir á éclaircir ce qu/on nkvoit pas entendu paf-
qa’á préfent ; favoir, Pufage des anciens Romains,
de publier in albo les ordonnances du préteur ,
avant qu'on prononcát un jugement légal. Aecurfe
avoit compris quil étoit queñion d’une muraille
blanche, fur laquelleon écrivoit;.on avoit cepen-
dant rejeté fon idee. D’autres avoient cru auffi
trouver cet ufage indiqué dans Plante , mais ils
avoient néanmoins dputé de Pexaftitude du texte ,
{ Rerf. ij. ti.):
zjiz faxim nufquam adpareant ,
Qui kic ALS.O ÍAS.ISZE aliena oppugnant baña.
L 5
dans lequel la plupart des comtnentateurs lifent
rete ¡ au lien de p ariete ; quoique Suidas difa
expreíTément (^verbo , AnKatue') qu une muraille
blanche fervoit á annoncer Ies affaires civiles.
Les inferiptions que nous venons de citer,
lévent entiérement le doute oú Pon étoit fur Pau-
.thenticité du paíTage de Plaute , & nous fent voit
clairement la maniere dont on aíEchoit Ies affaires
publiques en général, & en particulier les ordon^
nances du préteur. Cette muraille blanchie peut
done étre regardée com.me Pendroit ordinaire _&
fixé pour cette efpéce d’annonces ; car on crépif-
foit de nouveau ce mur chaqué fois qu on vouloit
faire une nouvelle publication.
Album decurionum. Les décurions imitoient
le fénat ; & á Pexempíe de cette compagnie , ils
faifoient écrire leurs noms fur une' muraille blan-
chie deftinée á cet eífet , appelée álbum decu-
rionum.
Album pntoris. Les ordonnances du préteur
étoient écrites fur un mur , qui en prenoit Pe nona
^ álbum pritoris.
Album judicum. C’étoit le tableau des juges
tirés des centuries , qui devoient liéger a certaines
époques.
Album fenatorum. Auguñe reforma le fénat
Pan 746, impofa des amendes aux fénateurs paref,
feux , fixa le nom.bre de fénateurs au-deiTous
duquel on ne pouvoit rendre de fénatus-confulte ,
Se établit Y álbum fenatorum , ou le tableau des
fénateurs, qui fe renoqveloit chaqué année , Se
qui étoit placé dans la curie.
ÁLBUNEE, étoit tout enfemble le nom d’un
bois j d’une fontaine & d’une divinité de la mon-
tagne de Tibur ; Hcrace n’en parle q'ue comme
d’une fontaine , & domas Albunea refonazitís. (Od.7,
¡ib. I ). Virgile, comme d’un bois & d’ure fon-
taine. {JEneid. lib. 7, v. 81). D’autres enfin, ont
dit qu Albunée étoit la dixiéme des fybiües , Se
q'u’on Phonoroit á Tibur, aujourd’hui Tivoli ,
comme une déeíTe. Son fimmlacre , difoit-on,
avoit été trouvé dans le fleuve Ardo , tenanr un
livre a la main d’autres aíTurent que c’étoit dans
la fource méme du fleuve, & que pour cette
raifon onfit de la fontaine une divinité , á laquelle
pn confacra un bois & un temple, oú elle rendir
des oracles. Le fénat de Rome lui iuftitua des
facrifices dans ie capirole.
ALBURNE. C’étoit le nom d’une montagnq
de Lucaiiie , dont on fit un dieu. On donna plus
vraifembiabiement le méme nom au dieu de cette
montagne ; & Tenuilien {Apolog. y, & adv.
Marcion. /, c. 18.) dit que M. iFmilius Metellus
introdiiifit ce nouveau dieu á Rome.
ALCAANA , arbriiTeau de la famiüe des Ciftes.
II n’eft pas douteux, dit M. Ad anson , par les
propriétés de Yalcanna , Sr par Pufage que Pon en
fait aujourd’hiii, qu’il ne foit le cyprus des anciens
& Xhacopker de i’Ecriture fainte. II eft dit (c. i
du Cantiúucdes C antiques , v. 14) que lamí de la
A L C
iTiar’ée reí^mWe a Yefckol acopker , c’ert-á-dir? ¡ a
la grappe de fleurs da cyprus , appelé encore
copker par ces Hébreux, parce qu’alors on répan-
doit_, ainíí q^’oti le pratique encore aujour-
d’hui j fes fleurs dans le lit naptial. I! eíl étonnant
GüCj rr.algré tant de notes caraálériftiques , la
plupart des botaniftes depuis MattkioU j fe foient
obítinés á attribuer le nona de cyprus á notre
troefnej Ugufirum , qui non-feu!ement ne croit
pas en Egypte comme Tancien cyprus ma'S qui
n'a aucune des propriétés afifeélées en apparence
au feui cyprus. C'eft á cette plante j connue fous
les deux nonas de cyprus & aalcanna , que Linnée
a encore donné celui de lawfonia.
Les feuilles du cyprus fervoient autrefois &
fervent encore á teindre les cheveux en couleur-
ftjive 3 & c'eft un grand objet de commerce pour
^,'Eg7pte ScFAfrique, ou cct arbriíTeau a toujours
été cultivé.
ALCATHÉES, fétes qu’on célébroic á My-
cénes en Thonneur d’Alcathoüs.
ALCATHOüS j fiis de Pélops ¡ fut pére de
Perpbée 5 femme de Téíanaon, de qui elle eut
Ajax. Alcathoüs ayant été foupgonné d'avoir fait
afíafliner fon frére Chryfippe, chercha un afyle
chea les Mégariens , & époufa la filie du rol de
Mégare j aprés avoir délivré le pays d'un lion
funeux qui y faifoit de grands ravages. I! régna
á Mégare avec fon beau-pére, 8c mérita d’y étre
honqré comme un héros. Outre Ies monumens
héroiques qu on lui éleva ^ il eut encore des fétes
annuelles. V. Chrysippe.
ALCE j quadrupéde qui porte un bois comme le
cerf j & qui lui relTemble beaucoup. Autravers des
defcnptions , en apparence contradiétoires , qu’en
ont faites Ies anciens, on a reconnu Télan. Capitolio
rapporte que Gordien, entre plufieurs autres bétes ,
avoit fait venir á Rome dix alces , 8c que Philippe
s en fervit dans les jeux féculaires qufil donna. On
trouve fur les médailles de Philippe , le fils , ces
mots , sxcuLARss AUGG. avec un animal extraor-
ojpsjue, que Spanheim croit étre un alcé. Réger
eft de fon avis.
ALCÉE^j fils de Ferfée, époux d^Hipponóme,
fut pere d Amphitrion , 8c ayeul d“Hercule , qui
en prit le nom d'Aicide. F". AlcmenÉj Amphi-
TRION.
Alcée , fils d’Hercule Se de Síalis ; c eft de
que aefcendoient Ies Héraclides. F". Hercule ,
Omphale.
ALCESTE^ filie de Pellas 8c d’Anaxabie ? étant
recnerci.ee en mariage par un grand sombre
d am.ans, fon pére jura^ pour fe défaire de leurs
pourfuiteSj quil la donneroit á celui-!á feul qui
pourroit atteier a^fon char deux bétes feroces
e duferentes ef^ces^ pour promener Alcefie.
Admete roí de ThelTalie, qui étoit fort am.ou-
reiix de la pnnceíTe, eut recours á ApoIIon; ce
ftieu avoit ete autrefois fon hóte-Sc en avoit été
bien re?u. Auffi fe montra-t-il reconnoiífant en
Antiquites ^ Tome I,
A L C í 13
cette occafíonj car il donna a Adméte un lioii
& un fanglier apprivoifés^ qui trainsrent le char
de la princeíTe.
Alcefie , accufée dAvoir eu part au meartre
de Pellas, fut pourfuiyie par Acafte, fon frére,
qui declara la guerre á .4dméte, le fit pdfonnier,
& alloit venger fur lui le crime des fiües' de Pellas
lorfque la généreufe Alcefie alía s’offrir vclontai-
rement au vainqueurpour fauver fon époux. .4cafte
emmenoit deja á Yolchos la reine de TheíTalie
dps le de/Tein de Pimmoler aux manes de fon
pere, lorfqu Hercule, á la priére d’ Adméte ayant
poiirfuivi Acafte, Patteignit au-delá du^ñeuve
.4cheron , le defit. Se lui enleva Alcefie oour la
rendre á fon inari.
La fable dit Alcefie mourut efFecftiveroent
pour fauver fon mari, 8c qu’HercuIe ayant ren-
contréla mort, combattit contr'elle, la vainquit,
8c k ha avec des chames de diamans, jufqu á ce
qu elle eut confenti á rendre Alcefive á la lumiére.
Ce qui aidoit enesre á la fable, c’eft qu.á/-
ce/t avoit déjá pafíe le fieuve Achéron' avec
Acafte, lorfqu'HercuIe la délivra. Dkutres ont
dit qu Hercule defeendit jufqukux enfers, 8c ea
arracha cette^princelfe pour la rendre á la vie.
Ce fut dans ce voyage quilenchaína Cerbére, 8c
I entrama fur la terre.
Homere furnomme A.lcefie la Divine ,* íans
doute , dit madame Dacier, parce qifelle ai.ma
fon mari jufqu a vouloir mourir pour lui fauver
la vie. Euripide, qui nous a donné une tragédie,
dont le fujet eft le déyouement ¿‘Alcefie á k
mort pour fon mari , traite autrement cette fable»
Admete , dit -il , íauve par Apollen qui avoit
trompé les Parques , en forte qufil ne lui étoit
plus libre de mourir, fut contraint de chercher
une autre viétime de k mort. Tous fes proches
refuferent de Tétre 5 il ne reftoit qn Alcefie : elle
fe dévoue , 8c les Parques Ikcceptent, fur quoi
Platón fait cette reñexion finguliete i Alcefie feulc
eut le courage de tnoutir pour fon mari, quoi-
qu Adméte eut fon pére 8c fa mere, dont l'amour
fut plus toible que celui d’une étrangére. Us mon-
trérent en cette occafion quiis n étoient lies a
leur fils que par le nom , 8c cu ils étoient vérita-
biemenr étrangers á fon égard. Alcefie eut d’Ad-
méte un fils nom.mé Eumélus.
La V ilk-Albani renférme un bas-relief antique,
fur leque! on volt Alcefte ramenée des enfers par
Hercule.
ALCHYMIE. Cette prétendue fcience , qui eft
tres-diñinguée de la Chimie , confiñe dans k re*
cherche de deux objets principaux, k tranfmu-
tation des métaux , ou k pierre philofophale, &
rimmortalité , ou plutót un rajeunilTement oui
puiíTe s'opérer á volonté.
Les Grecs 8c les anciens Romains paroifiént
avoir ignoré jufqukux noms de ces deux folies
á moins que Pon ne veuille prendre á k lettre
avec Ies auteurs hermétiques , le raieuniífcme^
P
1 14 A L C
fi’jCfon. K¡rker & quelques écriva’ns , áma-
teurs du merveiileux . ont avancé ridkuiementj
€ue la thécrie de !a picrre philofophale éroit
expliquée Fort aujongdans la tabled'HerméSj &
que les anciens Égyptiens en avoient le fecret.
Suidas , qui vivoit dans le neuvicme ou dans le
¿ixiéme liécle , a donné lieu á cetxe conjecture.
E dit en eíFet que Temperear Dioclétien fit bruler
toas les livres des anciens Égyptiens ^ & que ces
livres contenoient les mvftéres de VAlchymie.
On peut fixer au troifiéme cuau quatriéme fiécle
répoque de ces fabuleufes décoavertes ; car le
premier auteur qui parle de la traafmutation des
métsux & des moyens de faire de For, eii Zolime ,
qui vivoit dans le cinquiénne. íl a ecrit en grec ua
Traité fur l’Art divin de faire de l’or & de l’argent. -
Ce manufcrit eñ á la biolioíheque da Rci ; & ce
que Toa y peut voir de plus utile ^ eft que la
Chymie étoir cultivée depuis long-tems ^ & qu'elle
avoit déiá £iit quelques progrés. La fable rap-
portée par Suidas, paroit étre une émanatios de
cette croyance., qui s’établit facilemeat dans un
tems oú Idgnorance & la mifére faifoient embraíTer
avidement tous Ies moyens réels ou prétendus
de sknrichir protnptement. ^
Si lesRomains en avoient eu connoiíTance avant
Zofime , Pline rdauroit pas oublié d’en parler dans
fon Hiítoire naturelle 5 car il y raconte avec foin
que rempereur Caligula fit des eíTais pour tirer de
i’or de Forpiment. (Lik 23, c. f).
La recherche du remede univerfel ou du moyen
de raieunir, date de la méme époque : on n’en
trouve aucune trace avant Géber, auteur atabe,
qui vivoit dans le feptiéme fiécle.
ALCIDE 5 premier nom d’Hercule , qui veut
aíre fils ¿\Al:ée. Aprés quAlcide eut étouffé dans
le berceau deux ferpens que Junon avoit envoyes
pour le dévorer , il fut appelé Hercule , c’eñ-á-
dire, la gloire de Junon ; comme pour marquer
que les perfécutions de cette déeífe devoient ¡e
rendre recommandable á la poftérité. V. Her-
cule.
ÁLCIMEpE , mere de .Tafon.
ALCINOÉ , filie de Polibe le corinthien , &.
femme d’Amphüocus, avoit employé chez elle
une femme a certains ouvrages , moyennant un
pnx convenu. L’ciívrage ñni, Aicinoe refufa de
payer tout ce quklle avoit promis. La femme
pria Minerve de la venger;- fa priére fut exaucée.
Aicinoe , par les foins de la déeíTe , devint í¡ éper-
duement arr.oureufe d’un certain Xanrlius , qui
logeoit chez elle., quklle abandonna fa maifon ,
fes petits enfans & skmbarqua avec lái. Pendar.t
le voyage , elle vit toute la noirceur ge toute Fénor-
mité de fon crime , 8c fe precipita dans la mer.
ALCFMOUS, roi des Phéaciens, dans Filie de
Corcyre, auiourd'hui Corfou, étoit fiis de Nau-
íithoiis, & petit fiis de Neptune & de Péribée.
II épouía Arete , fa niéce , filie unique de Rhe-
feexor, fiis de Kaiiuthoüs, li en eut cinq fiis & une
A L C
filie nommée Xauíicaa. Homére fait de grsrds
éloges de la mere & de la filie. Le mé.me poete
fait une ampie defcription du palais &c des jardins
ái Alcinoüs ; jamais ¡es arbres nktoienc fansfriiits
8c les fruirs y étoient Ies plus fucculens de Funi-
vers : on ify connoiíToit d’autres faifons cue le
‘ printems. Tous Ies poetes en ont parlé á Fenvi.
lis nknt pas moir.s celebré ¡a vie voluptueufe des
fujers á’Alcinoüs. Enrichis par le commerce , on
ne voyoit chez eux que fétes , danfes 8c fefrins,
accompagnés de mufique. Mais tout cela nkm-
péchoit pas qiFils ne fuíTent agiles 8c bons marins,
& qaAJcinciis ne fut un bon prince. II requt avcc
beaucoup ddionnéteté ülyííe , que ¡a tempére
avoit jeté fur fes cotes , ( F, Naüsicaa ) &
ne lili cacha pcint que, dans fes états, on aimoit
les repas, la muíique, la danfe, le cfcangement
d’habics, les bains 8c le lit. F. Ulysse.
^ Alcinogs j (Quarré do tibie : prétendus jardins
d’ ) fur les médailks de Dyrracfiium , en lilyriej
d’ApoIio.nie , en Illyrie 5 de Corcyre j d'Abdére.j
d'Acanthus , en Macédoine.
Ces jardins étoient íitués dans ITltyrie, & Fon
trouve ce quarré double auque! on donne leur
nom, fur des médaiiies frappces hors de cette
contrée ; telles font les médaiiies dCAbdére en
Thrace; d'Acanthus, en Macédoine. Cn ne vcit
d adleurs ces prétendus jardins que fur les mé-
daiiles d^argent de ITiíyrie, 8c jamais fur ceiies de
Dronze.^ Quelie raifon empéchoit de placer fur
ce dernier metal , un type íi cher aüx lUyriens ?
ReconnoiiTons pkitót dans ce quarré double un
rehef que les premiers graveurs pratiquoient
dans^ les coms , pour reteñir les flaons entre les
catres, aü défaut de ía viróle oui les aflujétit
aujoiirdhui, & qui eít une invention mcderne.
-ALCiONJy-. F. Alcyone.
ALuIPPE, filie de Mars, étoit aimée dCAIly-
rothius, fiis de Neptune. Allyrothius ne pouvant
tenate fenílble fa maitreííe, lui fit violence. Mars,
irate coatre ce téméraire, lui ota la vie. Mais
Neptune , siéfefpéré de ía naort de fon fiis , appela
Jdars en jugemenr. Les plus graves athéniens s’érant
aílembles pour deíibérer fur une aííaire íi impor-
pnte, le declarerent innocent, & le purgérent á
ja maniere accoutaméé 5 ce qui fit dire que Mars
avoit ete abfDus par le lugement des douze grands
dieiix. F. Arsopac-É, Mars.
-^LC^S, eíl un des noms fous lefquels ¡as
Macedoniens $•. les Germains révéroient Minerve.
^^AF-CITHOE, femme de Thébes , filie de
mdnyas, qui aya;;' meprifé Jes oraies de Bacchus,
ñit^changée en chouette, {Ovide'Mét. liv. 4).
AaCME-Ní. , fem.ne d° imphitrion , 8c mere
Ehe etoit fijle a’Lilecbrion , roi de
-■Vjycenes.^ Se fiis de PerGe. I es auteurs varient
íar ;a mere « yns luí donnent Anaxe , tille
(X .-Jcce , fas de “erfée ; d'r.utres lui donnent Lvfi-
dicc, fiile ce i-'éjops Se d'Fippoáamie qdkutres
snttijh fene furui f Ampkiara'ús 8c d’Érypbiié»
A I C
j\reñor, fi!s de Perfée^ & par confecuent frére
d Electryon 8c onde a Aicm^ne , avoit époufs
Lydfi'.ce, Qui lui donna une filie nommte Hippo-
thos enievfe <iepi>;s par Iseptuae. 8c menée dans
jes íiiyS Ecíiidnaies. Elle en eut un fils nommé
Taphxus. Ce Taphius établit une colonie dans
• Taphe , proche de rAcarnanie , & en nomma
les_ habitans Téiéboés. II fut pére de Ptéréküs ^
qui donna le jour á fix gar^ons 8c á une filie.
Ces fix gar<;;ons aliérent á Mycénes redemander
á Eledrvon ie royaume de Meírorj fon frére j
^™iayeul. II eft aíTez étonnant qdElectryon
eut éts atraqué par les arrieras petits-íüs de la
filie de fon frére Meftor ; mais ríen n'arrétoit
1 imaginarion des poetes. II y en a cependanr qui
xetranchent ici une genération. lis difent que ie
fi-s de IN'eptune & d'Hippothoe fe nomma Pté-
reias ou Ptérélaüs 5 qu ib eut deüx fils ^ Téléboas
&Taphus__, qui aliérent demander á Eledryon les
biens d'riippothoé , leur ayeule.
Íbií 3 EieCtr.'on n’accorda ríen ;
les^ heritiers de Meíior piüérent fon pays 8c
merent tous les fils d'Eledryon. Celui-ci refolut
d aliar tirer vengeance de la mort de fes fils^, &'
remit le foin de fon royaume 8c ¿Alcmene, fa
nlíe entre les mains d'Amphytrion , fon neveu ,
avec ferment de la part de celui-ci , de refpeéler
la \erLU de la pcinceíTe , fa confine. Ceux qui
avoient accompagné les énfans de Ptérélaüs dans
leur expedition , avoient emtnené en Ely’de les
Woupeaux d Eleclryon. Amphytrion les racheta j
& dans le tems quhl les remettoit eatre les mains
de leur maitre , il eut le malheur d'étre la caufe
de fa mort. Une des vachas du troupeau voulant
prendre la fuite j Amphytrion lui jeta une maííl;e
qu i¡ tenoit a la main ; ranimal_, avec fes comes ,
renvoya cette maíTue á la tete áTleclryon , qui
mourut fur-Ie-champ. Sthénélus, fils de Perfée
oc írere Eledbryon, profita du troub'e oiie cette
niort cyufa a MvcéneS;, pour s'ernparer du troné
au Drejudice ¿Alcmene , fa niéce, & la forca ’
ainli qu A.mphytrion , de fortir de Mycénes. lis
iC renrerent a Thebes^, ou Créon^ oui étoit roi,
ftt a Amphvtrion Ies cérémonies de rexDiation.
^.cmene unjquement occupée de vengar ía mort
e les treres , jura de n'époufer que celui qui lui
onneroit cette fadsfaéiion. Amphytrion réfolut
en comequence dkller faire la guerra aux Téié-
¿rfon'^ fingulier quklle oublia la mort
fréres ' po=-ir ne fonger qua celle de fes
fut Je meurtrier du premier
ar'E íUan» ' punir le meurtre des feconds :
quTIearvon fut tué,
t>ére o'f ' ■'^sugeance de la mort de fon
Ptérrias dont4 '^^P^ri’trÍQn marcha contra
fes Ss’ r™: terres, & pris tous
^ d fon arricie. Cenen-
dan. res cnarmes á Aicmine avoient fait une Vio-
A L
1 1
lente impreflion fut le cceur de Júpiter : mais ce
djeu refpedant la vertu de la princefié^ craignant
d ailieurs que la perfuafion ne réufsit pas fur une
perfonne auíii fage , prit ie parri de fe déguífer. 11
fe revetit de la reífemblance d* Amphytrion , le
prefenta comme vainqueiir dePtérélas; Se pour
le prouver j ii fir prefent á Aiemím de la coupe de
, qu Amphytrion s etoit réfervée dans !s
butin lait fur ce prince , Se qifil avoit dellinée
a Alcmerze. La princeíTcj trompée par des appa-
rences qui reífembloient á la vérité, accorda au
faux Amphytrion ce qu^elle avoit pronais au ven-
geur de fon pére.
Júpiter^ qui avoit prévu le fuccés de fa tufe ,
avoit envoyé Mercare donner ordre au foleil de
fe repofer pendant un jour ^ afin de tripler la nuit
qui devoit erre employée a la formarion d'Herciile j
une nuit ordinaire n aui'oit pas fulH. Amphytrion
revint de fon expédition le jour ráeme cüi fuc-
céda a la longue nuit Alcmem avoit paíTée avec
Júpiter. A fon arrivée il ne fut pas recu comme
un amant viclorieux 8c attendu avec im'patience ;
Alcmem fut furprife des plaintes quil lüi en fit,
lui raconta ce qui s etoit pallé la nuit précédente,
& lui fit voir ía coupe de Ptérélas. Amphytrion
la reconnut ^ Se ne Fayant point trouvée dans fes
paquetSj il alia confulter le devin l iréíiaSj qui lui
expliqua ie nceud de Faítaire.
La dignité de fon rival le rendir moins déücat
fur le défagrément de cette aventure. Des le jour de
fon arrivée^ JI époufa ALcnüne , 8c la nuit fui-
vante j il devint pére dhm feco-nd íüs.
Junon , toujours attentive á perfécuter Ies con-
cubines de Júpiter 8c leurs enfa.nsj traverfa de
tout fon pouvoir les couches SíAhntene. Ovide
raconta que la déeíTe envoya Lucine pour empe-
cher iá délivrance. Celle-cí s’aila alTeoir préside
la porte du palais ^ 8c ayant croife íes jambes ^
elle pronqiKja , d une voix oaííe , quelques paroles
magiques. ll y avoit fept jours qu Álcmxne étoit
en travailj lorfque GalanthiS;, une des efclaves,
fe iiOuta _5 a la poílure de la yieiliej dont Lucine
avoit pris la forme j que c’étoit une magicienne
qui rourmentoit fa rnaitreíTe. Qui que vous foyez,
lui^dit Galanrhis, preñez part á notre joie^ raa
rnaitreíTe vient d'accoucher. A cette nouveile ,
Lucine fe leva , & Alcmene fiit délivrée fur-le-
champ. JE Galanthis.
On raconte différemment le motif qui porta
•Tunon á traverfer cet accouchement ; les’uns n’en
donnent jioint d’autre que fa jalouíie 5 dkutres
donnent á cette jalouííe des vues politiques.
Sthénélusj comme onTa VU;, s’étoit emparé cu
troné de fon frére ^ au préjudice á‘Alcm'?ne, fa
mece. II avoit époufé Micippe ^ filie de Pelopsj
qui fe trouva enceinteen meme-tems QuAlcmh;ze.
li étoit á craindre que le fils de ceJíe-ci ne vouiut
faire valoir fes droits fur le royaume de fon a^eul
matcrndj & ne fír ufage des forces dont Jumtec
P ij
i\6 A L C
A L C
avoit annoncé cu’il íéroit poiín^u. Junon j ponr
empécher que le fils de fa rivale ne futroij obtint
de Júpiter j á forcé d’imporrunités j la certitude
que celui du fils SAlcmene ou du fils de Micippe
qui naítroit le premier , auroit I’empire fur Tautre.
La déeíTe profita de cette promefíe pour avancer
les conches de Micippe ^ & retarder celles ¿‘Ale-
vine. Son ftratagéme ayant réuífi ^ Euryñée ^ fils
de Micippe , abufa du pouvoir que lui avoit donné
fa naiílancej pour perfécuter Hercule. K. Her-
CULE, EuRYSTÉE.
Quoi qu’ii en foit , la rufe de Galanthis délivra
Alcmene de deux garqons j Tun fils de Júpiter,
qui fut notnmé Hercule , & Tautre fils d'Am-
phytrion, qui fut appelé íphiclus. Iphicios.
On dit que ces deux enfaas n'avoient que dix
Eiois , lorfqu'Amphytrion voulant favoir iequel
des deux étoit fils de Júpiter, envoya deux fer-
pens dans le berceau oü ils étoient couchés ;
Iphiclus prit auífi-tót la fuite ; & par cette marque
de foibleíTe , fe montra fils d’un mortel. Pour
Hercule , il étrangla Ies ferpens entre fes mains :
In ennis jam jove dignus erat. D'autres ont dit que
ce fut Junon qui envoya ces deux bétes pour
faite périr Hercule j & que pour fauver Iphiclus ,
elle lui donna la forcé de s'enfuir. Alcmem étoit
£ fiattée de Tamour qu’elle avoit infpiré á Júpiter,
& d'étre mere d'Hercule , qu’elle porta ñir fa
ce dieu , lors de la conception de fon fils. Elle
furvécut á fon rnari j & Paufanias dit que de
fon tems on voyoit encore á Thébes les débris de
fa maifon._ Elle furvécut auífi á fon fils 5 Sí quel-
ques-uns ajoutent qu'aprés la mort de Tun & de
Taiitre , elle époufa Rhadamante.
Son tombeau fe voyoit á cote de celui de Rha-
damante, prés d’fí aliarte, dans la Béotie- D’autres
aíTurent qu'’allant d'Argos á Thébes, elle mourut
fur les frontiéres de Mégare : cue Toracle confuiré
par les enfans d'Hercule, dont les uns vouloient
qu on la portar á Argos , d'autres á Thébes ,
crdonna qu’elle fut enterrée^á Mégare. Tandis
que les enfans d'Hercule , connus fous le nom
d'Héraclides , travailloient aux funérailies i’Alc-
mene, Júpiter, felón quelques-uns, commanda á
Mercurede dérober fon corps, & de le tranfporter
^aux iíles des Bienheureux , afin de la marier avec
Rhadamante. Mercure exécuta Pordre , & mit une
pierre dans le cercueil. La pefanteur fit ouvrir le
cercueil 5 on en tira la pierre, que Fon dépofa
dans le bois facré , cu fut enfuite báti un petit
temple d'^^/cTTzé.-rí á Thébes 5 on lui eleva aufli un
sutel á A.thénes.
Agélilas , roí de Sparte , voulant faire tranf-
perter les relies SAlcment a Lacédémone , envoya
a Haliarte ouvrir fon tombeau. On y trouva deux
vafes ¿c terre , un braíTelet d'airain , & une tab 1 e
ee cuivre , fur laqueiíe étnient gravees des lettres
que psrfonne ne connoiíioit. ón en porta une
copie en Egy^pte pour les faite expliquer. Le pro.
phéte Chonuphis les déchiffra ; elles contenoienc
un ordre pour les Grecs de vivre en paix, d'ho-
norer les mufes , de terminer leur différends fui-
vant Ies regles de Féquité. Au relie , Ies habitans
¿'Hallarte furent punis pour avoir lailTé ouvrir le
tombeau ¿l Alcmene. Les inondations & la peíie
les tourmenterent dans la méme annee. Alcmem fot
la derniére mortelle avec laquelle Júpiter eut un
commerce amoureux j Nione avoit ete la premiére.
II y avoit feize générations entre ces deux mai-
treíTes.
Plaute , qui a été imité , deux mille ans aprés , par
Moliere, a fait une comédie des amours de Júpiter
& á’ Alcmem , quil a difpofés á fa guife. Cette
hardieíTe irréligieufe n’eíl pas la feule qu'ayent
occaiionnée ces amours du fouverain des dieux.
Les artiíies de FEtrurie les avoient parodies fur
un vafe de leur fabrique , qui a éte publié par
Winkelmann , dans fon Hlfioire ds V Art. La eom-
pofition du delfín de ce vafe eít une des plus fa-
vantes que Fon connoiíTe, en méme-tems qu'elle
eli une des plus comiques.
Alcmene regarde par une fenétre, comme fai-
foient les courtifannes qui mettoient leurs faveurs
á Fenchére , & comme font encore Ies courti-
fannes modernes. La fenétre eíi élevée ; c'eít ainíi
qu'on a trouvé placees dans la maifon de Pompeii,
celles qui donnoient fur les mes. D'aílleurs, la
fenétre á’ Alcmem eíi ceíie d'un premier étage.
Júpiter eíi traveíii , & porte un mafque blanc ,
duquel pend une longue barbe. II a pour coeífure
un boiííeau, modius , pareil á celui de Sérapis,
qui eíi d'une feiile piéce avec le mafque. I¡ tient
une écheiie pour entrer chez fa maitreíTe par la
fenétre. La tete du dieu qui paífe entre deux bar-
reaux de cette échelle, préfente une caricature
des plus fortes-
De Faiitre cóté eíi Mercure , avec un gros
ventre , aífez reflemblant au Sofie de Plaute. De
la main gauche il tient fon caducée, qu'il baiíTe
pour le cacher, afin de n'etre pas reconnu j &
de F autre main il porte une lampe, qu'il eléve
vers la fenétre pour éclairer Júpiter. Sa ceinture
eíi armée d'un grand phallus , dont la fignification
n'eít pas equivoque. N'ofant paroitre nuds fur
les théátres des Romains, les comédiens en por-
toient de couleur rouge. Auífi les deux figures
ont ici des culottes & des bas blanchátres ¿'une
méme piéce, qui defeendent ' iufou'aux che-
villes des pieds : comme le mime aíTis & mafqué
qui eíi dans la vigne Mattei : leurs draperies &
Fhabiilement cs Alcmem font parfemés d'étoües
blanches
ALCMÉON, fils d’Amphiaraüs & d'Eriphyle,
fcEur d'Adralie. II tua fa mere par ordre de fon
pére. V, Adk Aste , Eriph yle. Quelques auteurs
ont dit mal á propos qu'il fut aidé dans ce par-
ricida par Ámphilocus, fon frére. Alemeonj per-
fécuté par Ies for^s, vengereíTes des panicides ,
A I C
fs retira á Píbphis , dans TArcadie , od 2 fiit expié
par FhégéüSj & époufa Arfinoé ou Alphelibée,
filie de ce Fhégéüs , á laqueile il donna le col-
lier & la robe á'Eriphylej fa mere. II en eut un
Éls nommé Clyrius. Ki Texpiation á laqueile il
s^étoit fouinis , ni fon mariage ^ ne le guérirent
de fa fureur. II alia confulter Toraclej & apprit
que pour fe délivrer des fiirieSj il falloit qu"il fe
retirát fur une terre toute neuve j & formée depuis
le meurtre d^Eriphyle. Alcméon crut que les iíles
Echidnades étoient le lieu que lui indiquoit Fora-
cle. ^ . Echidnades. II s’y établit j & quoique
marié avec Alphéfibéej il ne lailTa pas d'époufer
Callyrhoé , filie du fleuve Achéloüs.
Celle-ci ayant entendu parier du collier dTri-
plijle j elle déclara á fon mari qu’elle ne le trai-
teroit plus en époux , s^il ne lui faifoit préfent
de ce bijou précieux. Pour le tirer des mains de fa
prerniére femme , Alcméon retourna chez Phégée ^
a qui il fit accroire que_, felón la réponfe de Po ráele ,
il ne feroit débarrafle des fiiries qu aprés avoiroífert
le collier á ApoUon. Ce menfonge lui réuffit 5 mais
Phégée ayant enfuite décoiivert la véritéj donna
ordre a íes deux fils de tuer Álcméon , ce qu'ils
exécutérentj Se comme leur fceiir s^en affligea ^ ils
la tranfportérent dans un coffre á Tégée , & lui
imputérent le meurtre de fon mari. Alcméon avoit
eu deux fils de Callyrhoé Arcanas & Ampkitere.
PC CALLIR.HOÉ.
Pendant qu il étoit perfécuté par les furies ,
Alcméon eut deux enfans de la prophéteíTe Manto ^
filie de Tiréfias, Amphilocus ScThifphone. Selon
quelques hiñorienSj Alcméon, aprés la feconae
guerre de^Thébes fut attiré en ítalie par Dio-
méde, qifil aida á conquerir ce pays & FAcar-
nank. Sommés tous les deux de fe trouyer á
I expedition deTrole, Dioméde s’y renditj mais
Alcméon s’arréta dans fAcarnanie; Se pour hono-
rer^fon frére, bátit une viUe qu il nomma Argos-
d Jimpkilocus. Alcméon y rendit des oracles j mais
fon parricide le fit exclure des honneurs divins
que les Oropiens rendoient á fon pére & á fon
^rere._ On lui^ eleva á Pfophisj un tombeau qui
n avoit ni éciat ni ornemens '5 & il étoit en-
toure de cypres íi hauts, qu’ils pouvoient couvrir
^ ^eur ombre le coteau qui dominoit fur la ville.
On ne les coupcit poiat , parce qu’ils étoient
conocres i Alcméon ^ on les appeloitles pucelles.
Aes ruñes Alcméon. ont fait retentir Ies théátres
^ mais il ne nous rede aucune de ces
tragemes. f . AmpMiarads^ Eriphyle^ Cal-
LYRHOE J EpigoNES , AmPHILOCUS.
ALCO.. j fJs d jiretlhée, roi d’Athénes, étoit
tres-acroiE a t-rer de Farc. 11 atteignit un dragqn
oui__avoit emevé un de fes fils le tua fans
blener^eníanc paíTa pour un des héros
1*^ cjr.ce j & li 7 eat piufieurs monumens
neroiaues eleves en fon honneur.
. ^ dí’v!nií.e c-.íi preíidoit aux voyaces .
ainn qu Cacona. Son nom peut venir d’¿?.A,,fon-es
A L D 1
parce qu’il faut du courage & de la forcé pour
foutenir la fatigue des voyages.
3 oifeau confacré a Thécisj parca
qu il rait fon nid fur les bords de la mer j & parmi
les rofeaux. F. Alcyone , filie d’Eo'e.
Les anciens n ont pas décrit cet oifeau avec
aíiez. dfi precilion j pour cjuc i^on ait pu le recon-
noítre : ainíí nous ignorons quel étoit lAlcyon des
anciens. Cependant les modernes ont fait I’appli-
cation de ce nom. Belon Fa donné á deux efpéces
d’oifeaiiXi que nous appelons manin-píchmr &
roujferolle.
ALCYONE, filie d’ Atlas, fut une des fept atlan-
tides qui formérent la confteliation des pléyades.
Elle eut de Neptune un fils nommé Ambas, qui
fut roi de Trézéne ; &, felón quelques - uns ,
Antédon la rendit mere de Glaucos. V. Atlan--
tides.
Aecyone, fiUe d’EoIe , de la race de Deuca-
lion , époufa Céix , roi de Trachine : fon amour
pour fon epoux fut fi grand, que Céix ayant fait
naufrage , Alcyone fe precipita dans la mer, ou
j elle fut changée en aleyon, ainíi que fon mari. II
n^y a pas dans Otude de fáble écrite avec plus
d’art , & qai foit plus touchante. V. Céix.
"^i-CTOJíE, furnom qui fui donné áCIéopátre,
filie d’Idas & deMarpéfe, & femme de Méléagre,
pour^ conferver dans leur fam.ille la mémoire de
l’enlevem.ent de fa mere par Apollen. II étoit
relatif aux regrets que cette trifte aventure avoit
caufés á fa mere, qui, comime une z.\iixt Alcyone ,
s’étoit vu cruellement féparée de fon mari.
ALCYONÉE , un des plus redoutables géans
qu! attaquérent Júpiter. lí devoit erre immortei
tant qu’il demeurerolt dans le lieu de fa naif-
fanp. Avant la guerre contre les dieux, il s’étoit
dtj'á diftingué par d’autres entreprifes ; c’eíi lui
qui avoit emmené d’Erithie , les bmufs du foleil.
Le pére des dieux ayant commandé á Hercaie cíe
cómbame ce redoutable géant, le héros tenaíía
piufieurs fois fon ennemi á coups de fleches j
mgis des cyyx AJeyonée touchoit la terre , qui étoit
fa mere, il prenoit de nouvelles forces. Se fe
relevoir plus terrible qu auparavant. Alors Pallas
'fe_ joigait á Kercule 5 elle faiCt le géant par le
m.iiieu du corps, & le porta au-deiTÚs da cercle
de la lune , oú il expira.
Alcyonee , iac íitué prés de Corinthe dans
FAchai'e , & trés-profond. L’empereur Néron eut
la curiofité de le faite fonder ; on aífure qu’il
n’en put rrouver le fond. Auprés Be ce lac étoit
un temple , que les Oropiens avoient confacré
á Amphiaraüs , Se une fontaine qui portoit le nom
de ce devin.
ALDINE ( lettre ). On donnoit autrefois ce
nom aux caraéléres que nous appelons italiques ;
Se il leur venoit d’AIde Aíanuce , qui les avoit
employés le premier. Cet imprimear célebre ne
fe fervoit prefque point d’autres caraCléres ; Se ii
le préféroit au romaln, parce qu’il imite mieus
1 1 8 ALE
récriture 8¿ qu’il eír plus prelTé. Mais on 5. éprouvé
conftamsnent que la iettre nldine fatiguoit la vue ,
Se ou Fa abandonnée pour !e corps des ouvrages ,
en i?, rérervant uníquetnent pour Ies mots & Ies
citations que Ton veat diídinguer. On eítime Fexac-
titude des éáitions qtfa données Sébaftien Griíí,
imprinieur de Lyon^ & qui font toutes en Iettre
ALDOBRANDINES. fLes noces) C’eft le nom
fous lequel on connoít depuis long-tems une fnfe
antlque , fur laquelle eft peinte une noce. Cette
frife fut trouvée pres de Sainte-Marie-Maieure ,
daqt remplacement ou étoient jadis les iardir.s de
ídécéne ; on la volt aujoiird'hui á la Vilia-Aldo-
brandine, oü elle eíl: confervée avec la partie du
mur fur i.aquelie elle étoit peinte. Ce tablean
aiitique eír compofé de plafíeurs figures hautes
d'envnron íei-e pouces de Franca ; il a été pubiié
par !e P. Monifaucon & pluíieurs autres fois
depuis. Winkelmann a prouvé dans fes M.onamenti
inediti y p. 6o , qufil repréfentoit les noces de
Thétis & de Pelée ; & que les figures qui accom-
pagnent Ies épouXj font trois déeíTes des faifons
OI! trois mufes j qui clvantent & qui exécutent
répithalame.
Nous ignorons , dit le chevaüer de Jaucourt,
íi cette noce eft d"un grand coloriíle ou d’un
ouvrier naédiocre de ces temslá; ce qu’on peut
dire de certain fur fon exécution , c’eft quelle
eft trés-hardie. Elle paroír étre Fouvrage d’un
artifte auíTi maitre de ion pinceau , que Rubens &
que Paul Féronéfe Féroient du leur : les touches ,
qai font tres-heurtées ^ & qui paroiSenr méme
groíiiéres quand elles font viies de prés ^ font
un effet merveilleux lorfqii’on confidére ce tab'eau
á la diftance de vingt pas ; & c’étoic apparem-
jpent de cette diñance qu’il étoit vu fur ie mur oñ
le peintre Favoit fait.
ALE , dans la Giiicie. '
On a des médailles imperiales grecques frappées
dans cette ville , felón le P. Hardouin.
ALEA y furnom de Minerve , qui luí fur donné
par Aleus , roí d’ Arcadia ^ aprés qu’il luí eut batí
un temple dans la ville de Tégée , fa capitale y
fous le nom de Minerve -Alea. Augufte ^ pour
punir les Arcadiens d’avoír fuivi le partí d’An-
toine, enleva de Tégée la Minerve- Alea. On con-
fervoir dans fon temple la peau & les défenfes du
fanglier calydon.
Alea 5 en Arcadie. AAEinisr. AXAiaN.
Les médailles autonomes de cette ville font:
RRRR. en bronze. (Éckhel , Pellerin ),
O. en or.
O. en argent.
ALEATORIUM. On donnoit ce nom á une
falle -dans laquelle on i’ouoit aux échecs ou aux
talcuh. Elle étoit placee auprés des jeux de paume ;
de maniere qu’on' s’y retiroit pour fe délafíer des
íangues de cet exercice violent. Sidoine .Apolft-
A L E
naire , (Epifi. n. l.) : Atque illic aleatorlum lajíls
con.pu.mpto fplzjirijierio faciat.
alecto 3 une des trois faries^ feur de
Tiíiphone & de Mégére filíe de FAchéron &: de
la nuit. Son nom íigrdSe Fenvie ou celié qui n’a
point de repos ^ de Fa privatir St de , quiefeo.
X’irgiie luí donne des aiies de dragón ^ & Aheius
¡tridentes anguibus al&. V. FuRIEÍ.
- ALECTRÍOMANTIE oa Alectoromantie^
divination par le moyen d’un coq y en uíage
chez les Crees. Voici comme elle fe pratiquoit :
on traqoit un cercle fur la terre , on le partageoit
enfuite en vingt-quatre petites cafes ou efpaces }
dans chaqué cafe on écrivoit une Iettre de Falpha-
bet, & fur chaqué Iettre on mettoit un grain de
'oled ; cela fait ^ on .plaqoit un coq aii milieu du
cercle ^ on remarquoit ¡es grains qu’il man-
geoir , & quelles étoient Ies lettres des cafes ou
les grains aveiant été places; on faifoit enfuite
un mot de ces lettres, & Fon croyoit que ce mot
apprenoit ce que Fon vouloit favoir. C’eft par cet
art que les fophiftes Libanius & Jamblique cher-
chérent & crurent avoir trouvé quel feroit le
fucceífeur de Fempereur A'alens; car le coq ayant
mangé íes grains qui étoient fur Ies lettres ©, E,
o , A , ils ne doutérent plus que le fucceífeur ne
fut Théodore ; mais ce fut Théodofe , qui échappa
feal aux recherches de Valens. Cet empereur,
informé de Faclion de ces devins , fit tuer tous
ceux dont les noms commencoient par ces quatre
premieres lettres, comme Théodore yThéodat y Src.
ainfi que les devins. Jarn'olique s^empoifonna lui-
méme.
Alecíriomantie eft un mot compofé d’A’Asxrfao'yj
un coq , & fixíTiia y divinacion.
ALECTRYON , jeune favori de Mars , & le
confident de fes amours, ayant été mis un jour
en fentinelle pendant que Ie*dieu étoit avec Venus,
il s’en dormir, & laiíTa furprendre Ies deux amans
par Vulcain. Mars, irrité de ¡a négügence SAlec-
tryon y le métamorphcfa , pour Fen punir, en un
oifeau de fon nona; c’eft-á-dir.e , en coq, qui
de encore la créte du cafque qu’i! avoir lorfqu’ii
tiietamorphofé. Se reíTouvenant de fa pareííe,
il n oublie ríen pour Feffacer par une vigilance
foutenue , en annoncant toutes les nuits , le pro-
chain retour du foleil , par le battement de fes
ailes & par fon chant.
Le nom grec du coq, «Aíxrfaav , a donné lieu
a cette fable,
ALEES, -fétes qu’on célébroit a Tégée, dan?
l’Arcadie, en l’honneitr de Minerve-Aléa.
ALEAIONA. Déeífe que la fuperftition romaine
avoit créée , & á aui elle attribuoit le foin de
nourrir les enfans dans le fein de leurs metes.
Son nom venoit du mot latin alercy nourrir. Ter-
tuilien^, de Anim. c. jy. :
ALEON, fi!s d’Atrée , a été appelé Diofeure^
amíi que Mélampus , & Eumolus , fop freí®»
F. Dioscures,
ALE
ALESIS j dans TEIids. A.'iHciimN’.
Cette villa a fait frapper des médaillss impé-
riales grecques „ en 1 hoñneur d'Hadrien & a An-
tonin j felón v aiilant. Mais Pelleriii croit qudl a
mal va Jeur légende j il la rétablit par amaceitqK
& reítitue ces médaiücs á Amafia du Pont.
. ALETIDESj facriíices folemnels que les Athé-
niens faifoienr aux manes á’Erigonej par ordre
de Toracie d’Apoiion.
Erigone pjartoit encore le nom ¿‘Alétis ; elle
concut une _íí vive dcaleur de la mort de fon pére
lea re j qu eiie fe pendít de céíefpoirj ce oui íit
donner aufli á cesfétes le nom ¿‘AiaFA, (eories) ,
fiifpenfion. On les célébroit par des chants, &
en fe balancanr avec des cordes attachées á des
arbres ou á des folives. Feíius parle de ces balan-
^oires Gue Ton appeloit ofciLla.
La filie d’icare en mourant , pria les dieux de
permettre que toutes Ies filies a Athénes périffent
d une maniere auíli iionteufe ^ fi íeurs parens ne
vengeoient la raort de fon cére. Les Athéniens
ayanc négligé cette vengeance , les veseux dTriaone
furent exauxés. Car Ies jeunes filies d’Athénes
etant faiíies d’un efprit devertige^ la piuDart fe
donnerent la mort. Leurs parens efifayés'de ces
fiiiciaes^ confultérent i’oracle d'AppIlon^ qui leur
ordonna d'appaifer Ip mines dícare^ en infti-
tiiant les aleudes j fetes ainíi nommées du grec
'ierre , parce qu Erigone erra Jong-tems
accompagnée de fa chienne^ avant de trouver le
corps de fon pére.
Quelques auteurs. Se Héfychius entr’autres
troyenr que cette rete avoit ¿té iníiituée en l’hmn-
neur du roí Témale ou dfílsifthe, & de ¿Ivtpm-
neñre. D’aiitres Pattribaent á une filie cíe ces
derniers , gui ^ fe joignanr á fon grand-pére Tvn-
dare^ alia a Athénes, pour accufer Orefte devant
1 areopage, mais ayant perdu fa caafe, & s'’¿’''nr
pendue de fijreur, les Athéniens, par ordre de
1 Oracle, etaburent cette fete á fa mémoire. <Eue-
moíog. Maga. ) '
ALEÜROMANTIE, / ñrine , & de
ficailua divination. Cette étymologie nous apprend
que Ja fanne^de froment fervoir ácette divination
tandis que c etoit par le moyen de la firine d’orae
que fe praHquoít ^a/J>A¿to;7^ara¿e. Apollen, qui
preiidoit a l a/earoma.^ue , en avoit pris le nom
NycTimus, roi dfircadie ; c’eíl
Aiir ^ Minerve-Aléa. Voyei
RRRR. en bronze.
O. en or.
O en argent.
AAr.YA:-,DR í , nom fous leq>'el ra<^'>nd>-e
futaderée. Cassakdre. '
<^ePriam. EIFarís.
1, rol Q? Aiaecdome. aae-aíí^pox.
A ^ V
“ J-( Í_I J
Aprés Ies médaiiles de Gélon , roi de Syracufe
on n en connoit point de plus anciennes que celles
ae ce roí. Leur íabrique annonce cette ancien-
nete , Se m quarré en creux du revers Fattefte for-
meiiemenr.
Ses médaiiles fent:
RRR. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
Alexaxdre-le-Grand, roí de Macédoine. Le
petA nomüre de monumens fur lefquels
eii. repreieate , & qui ont échappé aux rava<?és du
te.ms , ^meritent rattention oarticuliére des'^ama-
teurs ce rpriguité j car fon zéle pour Ies arts’ &
pour Ies letrres a contribué autant á lui fai-»
donner le fumem de Grand, que fon intrépidit-í
lon courage & fes expioits.
Les portrps_de ce roi qui nous refrent, n’an-
noncent pomt les maítres qui les ont produÁs ,
ni ie fíecie qui Ies a va fairc. On fait, á la veri--
qufApeile eut feul le droit de le peixudre ; Lvñ-v"
cerní de le _;eter en fonte , & Fyrgotéles 'de le
graver en pierres fines. Mais 1 Liítoire ne nous a
pas copfervé le nom du fcuipteur qui zvoit feal
ie droit de le faire reyivre en marbre ; on nen
connoit d aiüeurs aucun de ce tems oui ait ioai
u une reputation égale á celle de Lyfippe. '
Entre les tetes ¿l ALiexandre , dit Winkelmanp ,
qui nous fournit cet arricie , nous en citerons
trois _qui mericent une attention particuliére. La
premiere & la plus grande fe trouve au mu&um
I de Eiorence ; la feconde au espitóle, & la troA
I appartenoit á la reine Chriftine , eft
j au^urdnui á Saint-Udefbníb , en Eípagne. Les
hiiioriens nous difent g\i Alexandre penchoi- la
tete ílir une épaule : c eít ainfi qu il eíl recréíenté
dans tous fes portraits, 8c regardant en haut :
l^oíttion qui eít mdiquée dans une épipramim^ d--
l anthologie, (¿ik 4, p. 312) faite fur^ine ftatue
de ce conquerant , de la main de Lyiippe.
Le jet des cheteux j au-deíius du front, caraété-
rife feui les tetes á^Alexandre entre toutes celles ’
des neros.^ Ses chevsux font tou-jours relevés au-
ceuus du rront, avec une _négligence gui n'efr ñas
tíeponryue de nobleue 5 iís retombenr enfiíite'en
^orrr;ant un are erroit. Teis on voít ordinairement
les cheveux da front aux retes de Júpiter. Comme
Aiexandre voulok paíTer pour fils de ce diea ,
Lyjippe^ lui aura voulii donner quelcues traics de
re&mbiance avec Júpiter , ce gu'il aura pu faire en
rraitant les^cbeveuxj en quci il aura enfuite été
imité par d’aatres artilles.
Les ftatues ¿í Aiexandre font encore plus rares
que fes retes. II fe trouve á la v'ilia-Aibani une
ílatue héroique plus grande que le narurei, done
la tete cafquée nous oífre les rraits du conquéraat
de TAíIe ; mais la tete n'appartient pas á la’ftatue-
Cette obfení-ation s’applique également aux ílatues
qui font hors de Rome, & aiixquelles la tete a
faií douner le nom á’A/exandre. La feule vériuble
í *o ALE
fu-.tu£ de ce princc , efi probabiement ceíle que
poííede á Roíue !e n:arquis Roadinini; car ía
tete de cette ílatue qui eílfans cafque^ n'ajamais
écé dérachée da trorc. Sa confervation eft fi par-
faite, que non-feulernent le nez eít ender, chofe
extrémement tare, mais encore que Tépiderme
n'a éprouvé aucune akération, Aitxandrt eft re-
préfenté á rhéroícue, c"eíl-á-dire , entierement
nud , dans upe attitude penchée , & le coude
appuvc fur la cuifte droíte. La tete a les cheveux
liifpofés fur le frort dans le méme goút que les
bulles du capitole &: de Florence.
Quoique les beiies aíftions á‘ Alexandre ayent
offert des fujets tres-propres á étre traites par les
anciens artilles en bas-relief, c"eñ-á-dire, en ma-
Eiére de fymboles ou d’allégories deftinées á dé-
corer des édifices & des tombeaux, on n'en trouve
qu^une feule. C'eñ Tentrerien de ce prince avec
Diogéne. Le cynique, couché dans fon tonneau
de terre cuite ^ xecoit le héros de la Gréce fous
des murs de Corinthe. Ce bas-relief , qui eít con-
lervé á la Villa- Albani , a été publié par Win-
kelmann , dans fon Hiftoire de TArt & dans les
Irlonumenti inediti.
Quant aux gravures ¿‘Alexandre par Pyrgoteles,
on en connoít une qui porte le nom de cet habile
artiñe. La pierre offre un petit bulle d'agathe-
onyx , un peu plus grand que la moitié du méme
baile gravé en cuivre dans le Recueil du barón de
Stofch. Mais le nom de Pyrgotelés s'y trout'e
écrit au nominatif, contre fufage des gravears*
anciens. Ceux-ci mettoienc toujours fur leurs
oavrages leurs noms au génitif j de forte qu’au
lleude nyproTEAHS, il faudroit nYProTEAOYS.
C"eñ pourquoi ce nom paroít étre une additioñ
moderne. La téte elle-inéme offre une ampie ma-
tiére a la critique ; car elle reífemble á Hercule ,
& non pas á Auxandre. Ce qui eft prouvé non-
feulement par les cheveux qui defcendenr fur les
tem.pes & qui accompagnent une portion des
faces , carañére que ffoffre aucun portrait de
ce roi , mais auffi par Ies cheveux placés au-delTus
du front , qui foat courts & frifés comme ceux
d^Hercule.
On volt de plus cette téte couverte d’une 1
pean de llon ; ce que offrent jamais les tetes
& Alexandre. D'ailleurs, la figure eft plongée dans
une triñeíTe profonde 5 elle a la bouche ouverte
& gémiffante. Cette obfervation a été négligée
par ceux qui ont pretenda reconnoitre ici le roi
de Macédoipe j quoiqufils auroient pu y voir la
triílefíe ¿í Alexandre á la mort d’Epheílion. Mais
cette trifteíTe caradlérife encore mieux Hercule;
elle le faifit au moment qu ayant tué les enfans
quhl avoit eus de Mégare , il reprit l’ufage de fa
raifon , &• deplora fon malheur avec douleur &
repentir. Nicéarque , felón Pline, Tavoit repré-
fenté dans cet inftant d'accablement : Hercukm
trijtem infama pcenitentia.
Les médailles rom fouvent meoíion de ce coa-
A L E
quérafit, áuquel tant de villes atítlbuoient leur
fondation. C'eft á ce titre fans doute qu'ií eíl
placé fur les médailles de Berhée; d’Alexandrie,
en Troade } ¿e Colophon ; de Lampfaque j de
Magiiéíie , en lonie 5 de Priénej de Tarfe > de
Ténédos, & deTéos.
Ceiles de Macédoine, qui lui appartiennent en
propre, & qui ont pourlégende basiaecs aae-
SANAPOT, font communes en tous métaiix.
II s'eít élevé une grande queñion entre Ies
antiquaires, aufujet de la rete que Pon volt fur les
médailles de Macédoine , avec le nom éi Alexandre.
Les uns ont cru y trouver lestrairs di Ahxandre ,
& les autres ne veulent pas l'y reconnoitre. ¡1 eft
vrai que Pon voit en général fur fes médailles d^or
une téte cafquée , qu on ne peut méconnoitre
pour celle de Pallas ; & fur fes médailles d"ar-
gent de de bronze, il y a une téte couverte de la
dépouille d’un lion, qui reíTemble entierement á
Hercule ieune. Mais on croit avec alTez de vrai-
femblance trouver les traits du roi de Macé-
doine dans les tetes qui font gravees fur les
médailles communes á toute la Macédoine, &
frappées aprés Pextinólion de la monarchie, avec
la légende koinon aíakeaoncn.
Alexandre, filsde Néoptoléme, roid'Epire.
AAEH. TOY. NE.
Ses médailles font :
RR. en bronze.
RRRR. en or.
O. en argent.
Alexandre , fils de Pyrrhus, roi d'Epire.
Pellerin &c Eckel lui ont attribué un médaillon
d'argent.
Alexandre IjThéopator, Evergétes, Epi-
phane, Nicéphore, autrtmtnt dit Bala, roi de
Syrie.
Ses médailles avec les titres de Theopator 3
Evergetes 3 font :
C. en argent.
O. en or.
C. en bronze.
Ses médailles avec Ies titres díEpiphane 3 Nicé-
vkore 3 font RRRR. en bronze.
Alexandre ÍI, roi de Syrie.
Ses médailles font:
RR. en argent.
C. en bronze.
O. en or.
Alexandre, furnommé le Soleil, fils de
Cléopátre & d’Antoine.
Piufieurs auteurs ont fait graver une médaillc
grecque de moyen bronze , oú Pon voit dhm
coré ia téte radiée di Alexandre , & au revers deux
fceptres & deux comes d’abondance ; mais cetre
médaille eft fufpeéle aux antiquaires.
AlEX ANDRE-SÉ VERE. SÉVERE-
Alexandre.
Alexandre, tyran en Afrique , fous
Maxence.
AzSXAlTDSf-
ni
ALE
AzSXAS S ER AuG VSTUS,
Ses médailles font :
O. en cr; on nen a probablement point en
argenr.
RRRR. en M. B. ou uniqucj dans le cabinet
de M. Pellerin.
RR.R. en P. B. j on en trouve avec trois reyers
¿iíFérens.
Alexandre , fiis de BaíIIe le Macédoníen.
AleX.ÍETDER A UGUSTl/S,
Ses médailles font :
O. en or & en argent.
RR. en M. B. ^ oú il eíl avec Léon , fon frére.
ALEXANDRIEj en Troade. rafean.
Les médailles autonomes de cette ville font :
O. en or.
R. en bronze.
O. en argent.
Son type ordinaire eft un cheval paiíTant.
Devenue colonie romaine j elle a fait frapper
des rnédailles imperiales latines ^ que Ton trou-
vera á Tarticle Troas.
Alexandrie, prés de la vilIe dlíTus^ dans la
Cllicie. AAEHANAPEÍ2N KAT’ICCOÍÍ.
_ Cette vilIe a fait frapper des médailles impe-
riales grecques avec des époques^ en Thonneur
<Í£ Trajarij ae Caracalla^ d^Hadrien.
■ Ses médailles autonomes font :
RRRR. en bronze^
O. en or.
O. en argent.
Alexandrie, d’Egypte AAÉEANAfEiA.
Cette ville a fait frapper une multitude de
médailles impériales grecques j en Thonneur de
prefqtie tous les empereurs ^ depuis Auguíie jufqu'á
iViaximien.
Son ¡lom y eñ rarement place ; mais on-recon-
noit fes^ médailles á Taigle égyptienne , 8c mieux
encere a leur fabrique : elles font trés-épaiíles.
L Egypte étant devenue une province romaine ^
Alexandrze dut á fon ancienne fplendeur la ma-
niere patriculiére dont les empereurs ¡ui permirent
de fe gouverner. Au lieu des décurions, & des
Qecemvirs leurs fubdciéguésj qui commandoient
dans les autres provinces les Céfars nommoient
un gouverneur pour rendre la juftice á A.lexan-
dr^ j fous le nom de Juridicas AUxandris,. Cet
.oíEcier exer^oit un pouvoir plus étendu que celui
des _ decem.virs 5 car il jugeoit toutes les caufes
civiles , meme Ies plus importantes : ce qui excé-
doit les limites prefcrites aux décemvirs.
juridicus Alexandrisí veilloit foigneufement
au aepart des convois de bled que I’Egypte foiir-
niíioit a Home tous les ans^ & qui étoient voi-
ur..s ju.qu á Pouzzol fur de grands bátimens
appartenans aiix Alexandrins
Ceux_-ci avoient encore un obiet de commerce
qui etoit auíTi agreaeie aux grands & aux riches
les grains pouvoient fétre d la
wuiiu ude ; nous voulons parler des jeuaes efclaves
AtitiqRiUs , Tome 1,
ALE
qu’ils leur vendoient. lis étoient tres-á la modcj
& les anciens auteurs en font fouvent mention.
Martial en demande un qui foit né ñir les bords
du _Nil j c eft-a-dire ^ á Alexandrie ¡ parce que ,
dit-il ^ il ne venoit d"-aucun pays des efclaves auíS
bien eleves & auffi fpirituels. (ir. 42. i.) :
Si qiíis forte mihi pojfet pr&fiare roganti ,
Audi quern. piLerum, ¿ Flacce ¿ rogare veliRt,-
Niliacis primiím puer is nafcatur in oris ,
Fíequitias telLus fcit dure nulla mugís.
Stace {_Sylv. V. y. 66.') explique ces gentil-
leffes qui^ rendoient íi chers aux Romains les
efclaves ¿C Alexandrie : « Je n'ai point acheté un
de CCS enfans apportés fur les vaiíieaux égyptiens,
qui ont un babil íi aimable , qui ont appris á plai-
fanter fur les bords du Kil^ &: qui mettent tant
de fei 8c d^efprit dans leurs failíies & leurs ré-
parties.
Non. ego mercatus Phariá de puppe íoquaces
Delicias , dociumque fui convida Nili
Infantemy linguaque fimul, falihufque protervum,.
Comme Ies Alexandrins deftinoient ces enfans
a I efclavage j lis les accoutumoient des l’áge le
plus tendre^ á repondré avec finelfej m.alice &
promptitude. lis leur donnoient des maitres á cet
effet, comme nous Tapprend Sénéque {de Conftant.
e. II.) : Fueros quidem in hoc mercantur procaces y
6* eorum inzp udentiam acuunt y d? fuh magrfro ha-^
bent y qui probra med’Ltat'e e fundara : nec has con-
tumelias ^ vocamus , fed argutias. Les empereurs
ne dédaignoient pas leur babil , & samiifoient
á les agacer. Suétone le dit d’ Auguíie ; c. 85 , n. 2.) :
Ludebat cum pueris minutis , quos fúcie & garruli-
tate amabiles undique conquirebat ,prs,cipae Mauros
& Syros. C'étoit égalemeñt de TAfrique:, & de
l'Egyptexqn pardculierj que venoient ces panto-
mimes 8c ces hiftrions pour lefquels le peuplé
romain fe paflionnoit íi follement.
Les enfans ¿'Alexandrie n’étoient pas deftinés
uniquement á amufer leurs maitres , ils Ies fer-
voient encore á table ; & c’étoit un rafíinemenf
de luxe , á caufe des fommes coníidérables qu’ils
leur coútoient. Pétrone (Sai. c. 41.) ; Tándem
ergo difeubuimus -y pueris AJexandrinis aquam ia.
manas nivatam infundentibus.
Alexandrie. (Ere eedéfiaftique d‘ ) =3 Quoique
les premiers Chrétiens n’euíient pas d’autres ma-
nieres de dater que celles qui avoient cours chez
les Grecs & les Romains, cependant on vit d¡e
bonne heure Ies plus hábiles d’entr’eux s’appliquer
a régier la chronologie fur les années de la créa-
tion du monde. Les Juifs leur en avoient donné
l’exemple ; mais les fupputations des uns & des
autres, quoique toutes appuyées fur le texte des
Septante , n’étoient ríen moins qu’uniformes. Nous
ne rapporterons que celles qui eurent le plus de
cours, ou qui acquirent le plus de céiébrité pat:
ia réputation de kurs auteurs. »
Q
I 2.1
ALE
5= Pour con-mencer par r’niíloneti Joreplie j il
eoB'.pte depuis Adam jufqu á la ruine du fecond
teraple , c'eft-á-direj jufqu’á la 70= année de Tere
ciirétienne 4233 ans; d’oii il réfulte que dans
Ibti calcul ^ cette ere a pour épcque Tan du monde
4163. Ciément ^Ahxandrie attribue aux Juifs
¿ellénilíes de fon tems ^ une autre maniere de
fupputer j ñiivant laquelle il fait concourir la mort
de Tempereur Commode ^ avec Tan du monde
f8i8. Or^ il aífigne lui-méme cet événement á
i an de J- C. 194. C'eít done un efpace de 5614
ans , que ce calcul mer entre la création du monde
& rincarnation. Théophile d’Antioche donne un
peu raoins d^étendue á Tintervalie de ces deux
dpoqnesj car il rapporte ( /- i 5 ad Aatolyc’nri) la
morí de Tempereur Marc-Auréle á Tan du monde
fdpj : e'tenement que nous plaqons en l’an 180 de
Tere ehrerienne. Jules Africain ^ qui acheva fa
chronique , comme i! le dit lui-méme , fous le
eonfulat de Gratus & de Séleucus, c'eñ-á-dire
Tan de J. C. 221 ^ retranche encore 15 années
.du calcul précédent ; Se pour faire un compre
rond 5 il a&gne la naiíTance de J. C. á Tan du
monde j’499 ^ & fait concourir la premiere année
de rincarnation avec Tan 55CO. La fupputation
d'Eufébe de Céfarée varié dans Ies diíFérens exem-
plaires maniifcrits de fa chronique : mais la leqon
la plus autorifée place en Tan du monde 5199 la
naiíTance du Sauveur. C^eíl fépoque que plufieurs
écrivains du moyen age ont préférée, & qu’on a
3ugé á propos de fuivre jufqu á nos jours dans le
martt^rologe romain. »
Nul de ces calcuis ^ í¡ Ton excepte celui de
.Tules Africainj ne paroit avoir faitloi dans aucune
églife , ni dans aucun pays. Les Alexandrins adop-
térent ce dernier ^ & c'eft ce qu'on nomme I’ére
^ AUxandrie. Mais pour la bien entendre^ il eñ
important de faire quelques obfervations , qui ,
pour avoir échappé á d'habiles chronologiftes
modemes ont été caufe de bien des tortures
q’Tiis ont donaées en puré perte á leur efprit^
pour accorder ce calcul avec lui-méme. »
“ La premiere chofe á remarquer eíl: j que
Jules Africain avancoit Lépoque de fincarnation
de rrois années fur notre ere chrétienne vulgaire
car au lieu de ¡a faire concourir^ comme nous , avec
la premiere année de la 195= ol/mpiade, il la fai-
foit correfpondre á la feconde de Lolympiade 194 ;
en forre que dans fon calcul i’année 5503 du
monde quatriéme de J. C. , felón lui répond
a la premiere de notre ere vulgaire de rincarna-
tion. »
» Cette diíférence s’accrut encore (& c’eft notre
feconde obfervation ) par le retranchement que
fon fie de dix années au cdcul de Jules Africain j
ce^ qm arriva au commencement de l'empire de
Diocléden. Car au lieu de compter Tan du monde
5787 j á Tan de J. C. 287; felón eux ^ on ne
compra^ plus que 5777 pour la premiere de ces
deux periodes j 5c 2.77 pour la fecoade. Nous en j
ALE
avons la preuve dans Théophane j dont la ehrs-
nographie , appuyée fur l’ére S Alexandne ^ réunit
ces deux derniéres époques á ¡a tete de fempire
de Diocléden j par ou elle debute. Le P. Pagi
conjedure , avec beaucoup de vraifembknce ,
que cette réforme fe fit á i occaíion du cycle de
19 anSj inventé dans ce tems- la par Anatolius,
évéque d'HiérapIe. Les Alexandrins ¡ dit-i! , vou-
lant que ce cycle commenqat une nouvelle révo-
Iiidon avec í empire de Diociétien , prirent le
parti d^abréger de dix annees la duree du monde;
parce qu'en effet j la divilion de 577/
donne qu'une unité au-de!á du quodent. »
Voílá done une diíférence de fept ans entre
nous & les Alexandrins , pour la fupputation
des années de Lére chrétienne : car auppavant
'ils nous devancoient á cet égard de trois ans ;
& fans le retranchement dont on vient de
parletj la premiere année de Dioclecien, qui eft
pour nous la 284^ de f incarnation feroit pour
eux . ainfi qu°on Fa dit , la 287'. Mais au moyen
des dix années qu ils ont fupprimées , elle nkft
plus que la 277'. AinCi, au lieu dkndciper fur
nousj comme auparavantj de trois annéesl’époque
de rincarnation , ils la reculent maintenant de
fept années aprés nous. Tel eft le vrai dénoue-
ment de 'ces difiicultés ^ qui ont embarraíTé tant
de chronologiftes dans la leifture des anc;ens ecri-
vainsj teisque S. Máxime & Théophane ^ lefquels
font prefeífion de fuivre Tere S Alexandne. »
« Quand le premier j par exemple^ dans fon
Traité du Computa chap. 32, fait correfpondre
la 31- année de Fempire d’Héraclius á la 633^ de
J. C. ; au lieu de le taxer d'erreur , il ne faut que
fuppléer la diíférence du calcul quhl fuit d’avec
le notre & nous ferons dkccord avec lui. Sept
ajouté á trente-trois donne quarante; & ce fut
efteélivement vers la fin de 640, felón notre ma-
niere de compter j que commen^a la 31^ annee
d’HéracIius. De ménrie , lorfque Théophane rap-
porte á Fan de J. C. 35Ó, Favénement de Joyien
au troné de Fempire , Faddition de fept années j
dont il retarde Fincamatien, le ramenera au meme
point que nous^ ckft-á-dire , á Fan 363 ; époque,
fuivant notre calcul , de Finauguration de ce prince.
li faut néanmoins convenir que ce chronographe
n"eft pas toujours conftant dans la différence qu'jl
met entre fa fupputation & la notre ; car il s'éloi-
gne de nous quelquefois de huir ans , & quel-
cuefois méme de neuf. CFeft. ainfi qu il fixe a 1 an
de J. C. 3 lój, le concile de Nicée , que nous pla-
5ons en 32y ; quhl range fous Fan 48 3 le com-
mencement de Fempire de Zénon, que nous rap-
portons á Fan 491. Mais Findidtion quii a foin
de m.arquer;, fert á reélifier fon calcul.
» On trouve encore moins de régularité dans
Georges Syncelíe , dont Théophafne eft le conti-
nuateur. Chez lui ¡ Diociétien monta fur le troné
en Fan de J. C. 279, & les dates des régnes pré-
cédens fon; tellement embrouiilées 3 qu il roéis
ALE
fouvcní cíe'i avsc !a tme, fuívant I’sspreSíon
du P- Fétau- Suidas, qui paroít auíTj avoir adopté
ia fupputation de Jules Africain , feroit encore
pJus confus j fi Fon pouvoit s'en rapporter au
texte de fon Lexique, tel qa^on le xoit dans les
meilleures éditions. Mais ce texte eít viíiblement
alteré á Fárdele d'Adam, oú il marque les plus
célebres époques depuis la création du monde
jufqu’á la mort de Fempereur Jean Zimifeés. »
» Elmacin , auteur atabe de FHiftoire des Sar-
razins , eft celui qui fuit Fére mondaine ¿lAlexan-
drie avec le plus d’exaédtude. On prétend qu^elle
eft encore en ufage de nos jours parmi les Cophtes
OU Chrétiens d'Egypte. Ce qui eft certain , c'eft
qu'elle continuoit d’avoir cours parmi eux au
quinziéme ñecle. Nous en avons la preuve dans
la lettre de leur patriarche Jean XI, écrite au pape
Eugéne IV, vers la fin du concile de Florence ,
laquclle fe trouve aprés Ies aéles de ce concile.
Elle eft ainfi darée : Cahirs, Xll'^ feptembris ^ fexto
millenario nongentefimo q^uadragtfimo fecundam.
Grecos ; fecundkm Jacobitas millefimo centejlmo
quinquagefimo feptimo d tempore Martyrum , ¿ com-
putadone incarnadonis Domini MCDXL. On volt
icique Fére mondaine, qu^on appelle des Grecs,
n’eft pas celle de C. P. , mais celle á’Alexandde,
proprement dite , fans la reforme qu'on y fit Fan
de J. C. Z84; &c de plus, que les Cophtes s'ac-
cordoient alors avec nous pour Fére de J. C. «
I/Art de vérzfier les dates.
ALEXIARE, filie á'HercuIe Se d’Hébé, déeíTe
de la jeunelle.
a’AEsi'kakos, qui repouíTc le mal, Vavemmcus
des Latins. Hercule partageoit cette glorieufe
épithéte avec ApoUon, & au méme titre. Car on
a quelquefois regardé Hercule comme une divi-
nité qui préfide á ia Médecine ; parce que ce
héros vainquit la mort en ramenant Alcefte fur la
terre.
ALEXIRHOE , étoit filie du fleuve Cédréne ,
& Fuñe des nymphes du monr Ida. Le roi Priam
la rendit mére d’Efaque. El Esaque.
ALEXIS I. Comnéne.
Ale xius CoMSEítus Áucusrus, i
Ses médailles font :
RR. en or.
0. en argent.
RR. en M. B.
Alexis II. Comnéne.
Ale XIUS CojSfNENUS AvGUSTJÍS, j
Ses médailles font :
O. en or & en argent.
RRRR. en P. B.
Alexis III. Lange.
Alexíus Augustus,
Ses médailles font:
O. en or & en argent.
RR. en P. B.
Alexis IV. Lange.
Aíbkius AaavsTVí^
A L I ii3
Ses médailles manquent.
Alexis V. Ducas,
Alexíus Augustus.
Les médailles de ce prince manquent.
ALFIXIA, famille romaiae don: on na des
médailles que dans Goltzius.
ALIA & Alieni , en Phrygie. aAIHNTíjn.
Les médailles autonomes de cette ville font:
RRRR. en bronze. (Pellerin).
O. en or.
O. en argent.
Cette ville a fait frapper une médaille impé-
ríale grecque, en Fhonneur de Gordien-Pie.
AAIA. On donnoit ce nom á des jeux que Fon
célébroic a Rhodes le 24 du mois gorpisus , qui
répondoit au mois boédromion des Athéniens , ea
Fhonneur du foleil, appelé en grec ou «aiW.
On croyoit qu'il étoit né dans Fifle de Rhodes ,
& Ies Infulaires fe regardoient comme les defeen-
dans de cette divinité. lis en prenoient méme le
nom H e Hades , felón Strabou , 1. xiv. Les enfans
étoient admis á combattre dans íes jeux «a/k, 8c
les vainqueurs y étoient couronnés de peupiier.
Alia omnia. C'étoit Fexpreftion dont fe fervoit
le confu! quand il propofoit quelqu’affaire au fénat ,
Se qu’il y avoit matiére á délibérer. Aprés avoir
expofé le fujet de la délibération , il difoit fon
avis , Se engageoit les fénateurs qui penfoient
de méme, á fe ranger auprés de lui , Se aux autres
á paíTer d'un autre cote. Car c'étoit ainfi que Ies
fénateurs avoient coutume de marquer leur aflén-
timent ou leur oppoíition : Qui hoc fendds , ilhic
tranfíte , qui alia omnia , in ‘hanc partem. Le
conful n’ofant fé fervir de Fexpreftion qui contra-
rium fendds , á caufe du mauvais augure attaché
au mor contrarium , difoit qui alia omnia. De-lá
vint FexpreíTion habituelle in alia omnia iré ^
tranfire r difeedere , pour exprimer la différcnce
des avis.
Cette maniére d'exprimer fon voeu en fe ran-
geant du cote du préopinant , étoit auíli en ufage
chez les Grecs. L'Ephore Sténélaidas ayant exhorté
les Lacédémoniens a déclarerla guerra aux .4thé-
niens, comme aux infraéleurs des traités, ajouta,
que ceux qui penfent comme moi , fe lévent Se
paíTent de ce cóté ; quant á ceux dont Favis eft
contraire , qu’iís Ib rangent de Fautrs. Tkucy-
dide I.
ALICA , boiíTon des Romains, compofée de
grains fermentes , que les pauvres méloient avec
du cidre ou du poiré.
» Pline nous apprend que c’eft avec le
appelé femen trimeflre Se [ea , qu on fkifoit 1 <z-
lica. On contrefaifoit encore Yalka ayee une
[ea bátarde qui venoit d'-^frique. C eft de ce
mpt alica que vient celui d halicujirum : ce^ mot
alica exprime la [ea lorfqu elle eft mondée &
dépouillée de fes enveloppes; c'eft le noyau^ou
Famende du grain. Mais \‘ halicaftrum , fans erre
mondé, s'appeioic aufli quelquefois alica. Le grua^
124 ALT
R’crgC;, ou Forge mondé j s''di auífi nommé alka,
comme on le yoit dans Piine.
» Ce que cec auteur appelle far & femen ,
Strabon fiié. r , p. 167J le nomme jea. Farlant
de la ferdlité de la Campanie j il dit qu il y
vient une efpéce de froment done o« fait un
gruau qiii furpaíie celui de quelqu'autre oryi^a
que ce foit. La terre ne produit nuíle part un
aliment plus nourrifíanr^ ni plus délicieux. Ce
froment 5 quil appelle la ^ea , sy récolte deux
fois f année j on fait encore dans le méme champ
une troiíiéme récolte de pañis ^ & quelquefois
méme une quatriéme d'herbes potagéres. D'un
autre cote , Denis d’ Halicarnajfe ( Ant. £L. lib. iv ,
p. écrit que le fur des Romains eft la jea
des Grecs. La y_ea eft Yolyra, felón Heredóte,
(lib. II, n^. 37}, & felón Galien. ( tom. zr ,
Explic. V oc. ílippoc. p. qi y. Piine, en pluíieurs
endroits, dit que le far eft auíu Yolyra. U arinca
eft égalenr^nt Yolyra dans Piine. (lib. xvni ,
eap. X , & lib. xxii , cap, xxv). La -^ta eft
femblable á Yory:^a dans Théophrafte , (Hift.
Tlant. lib. IV , cap. , qui dit que les Indiens
cultiyen: priticipalement Yory:^a , qui eft femblable
á la lea, & qu'ils la préparent comme Yalica,
ou qu ils la mondent comme Yalica.
. ÍYolyra eft également Yory:¡-a , fuivant Turan-
nius^, e.xpliquant Piine , qui dit que les peuples
de PItalie faifoient un grand ufage de Yory:¡-a ,
dont ils tiroient un gruau , ptifana ) , que
les autres peuples faifoient avec Porge. Suivant
ce naturalifte, les feuilles de Yory^a font char-
nues , femblable's á celles du poireau , mais plus
larges : la hauteur de fa tige eft d'une coudéej
fa fieur purpurine , & fa racine a la rondeur
d"une perle : de plus encore , le fandalum cu
1 arinca , & non la hrance , comme Pont écrit
les copiftes en corrompant le texte de Piine ,
(lib. XVIII ^ cap. vil), eft un trés-beau far ,
que cultivoient les Gaalois, qui habitoienr fur
les^bords du P6. Suivant le méme auteur, la
tipke , mot qui- figniíie plante marécageufe , ou
qui fe pláít dans les lieux aquatiques , ‘eft la
dont on fait Yoryya. Le bromos Se le tragos
(lib. XVIII , cap. x.J font encore des efpéces
¿"ory^^a.
_ Faifons parler Piine , en raflemblant ce qu'il
dit en plaíieurs endroirs. Les fromens , dit-il ,
ue font ’pas par-tout Ies mém'es , & ou ils font
les mémes ,■ fts ne portent pas. les mémes noms.
Les plus ordinaires font le far , que lespremiers
Romains appeloient adoreum , enfuite la filigo
8c le triticiim. Ces grains fónt communs prefqu'á
tous Ies pays. TJ arinca eft propre á la Gaule,
(Togate) j 8c á PItalie Tranfpadane , ou an la
cultive beaucoup. Nous sppelons fandalum cetre
eípece : c’eft un bled dont Pépi eft plus grand 8c
fe grain plus compaS: que dans Ies autres efpéces
de far d pefe ¿avantage. Un modius de ce
gram, qui eft trés-pur Se trés-bsau j balance au
A L I
moins vingt-cinq , 8c le plus fouvent vinst-ñx
livre^s , ( 2z ou 23 liv. le boilfeau ) , comme á
Cluísum dans PEtrurie.
il produit á la boulangerie quatre livres de pain
de plus que les autres bleds de méme naturc
8c le pain ou la pátiíferie qu’on en fait eft d^une
faveur 8c d'un goút délicieux. II n eft point
contenu dans des tuniques , mais il eft nud 8c
fans éeaiiles , comme Porge 8c Pavoine. Dans
la Gréce , on ne peut le séparer de la paille
ni le monder qu -avec beaucoup de peine j c’eñ
pourquoi Homére dit qu on le donnoit á manger
aux chevaux y (V oyey_ Vlliade , Liv. v , p. i q j J
(i liv. XVI 11 , a La fin) ; c’eft celui q’uon
appelle olyra : il vient en Egypte fans beaucoup
de culture , Se y eft d'un grand produit. Les
efpéces de grains particuliéres á PEgt'-pte , la
Syrie , la Cilicie , PAlie-Mineure , 8c une partie
de la Gréce , font la lea , Y olyra , Se la 'tipke.
Les Ecrivains anciens aífurenr qu il ipy avoit
point de nourriture plus faine , ni en meme-
temps plus agréable que celle de Yalica. La plus
parfaite. e faifoit en Italie , dans le Veronéfe 8c
le terntoire de Pife,, mais principalement dans
la Campante. Celle d'Égypte n’avoit pas la méme
quakté. Pour faire cette alica , qu on tiroit de
la i^ea ou du femen , on évitoit de fe fer.vir de
mortiers de pierre , de peur de brifer le grain j
on employoit pour cela des mortiers de bois.
Lorfque le grain^ étoit dégagé de fa tünique ,
on la concaífoit á nud dans le méme mortier,
& ayec le méme pilón. De cette maniére , on
laifoit de Yalica de trois qualités ; la fine , la
moyenne 8c la grolfe, qufen nommoit apks.-
rema. Cette operation ne ¡ui procuroit pas encore
fa^ grande blancheur ; cependaiit on la préféroit
des-Iors^a celle^ dAlexandrie. Quand on vouioit
-a rendre parfaitement bianche , on y méloit de
ja craye , qui , s incorporant avec le grai.n con-
caíTe , fei donnoit cette extréme blanciiear
qui ^ la íaifoit rechercher Se la rendoit plus
tendre.
C eft dans le Picenum ou’on avoit trouvé
1^1 gáteaux ou tartes C alica, 8c
les habttans ae ce cantón confervoient encore,
au temps de Piine , la réputation de faire la
meiileure patiíTerie en ce genre. Voici leur pro-
cede ; ils .mettoient iremper dans Pean Yalica ,
& I y ^laiíToient pendant neuf jours ; le dixíéme
ils la petrifíbient , 8c donnant á la páte ¡a forme
d'un railin fec 8c preífé , ils en faifoient des
gáte^aux ronds 8c applads ; enfuite on les mettoit
au four dans des touméres de terre cuite, fá-
ciles a rompre. Cette efpéce de bifcuit A fe
mangeoit point qa on ne Peút fait amóllir aupa-
ravant dans du lait preparé avec du miel.
Mettons en piaraíléle la deícríptiem du grain
precedent, 8c .celle du rir , tel eft coniiu
en Lurope , principalement en Italie & en Ef-
pagne, doa nous vient prefque toat celui que
A L I
ious confommons en France. La fíeur du riz
tfa point de pétales. Les femences font un peu
épailfes & ovoides : elies naiíTent en épi &
eíles font renfermées dans une capfiile qui eít ter-
minée par un fiiet. (Toumefort ¡ iñji. Reí. Herb.).
Cette plante poulfe des riges ou tuyaux de
trois á quatre pieds de hauteur ^ plus gros &
plus fermes que ceux du bled^ noués d'efpace
en efpace : fes feuiiles font longues , charnues,
alTez femblables á celles de la canne ou du poi-
reau 5 les fleurs naiiTent á fes fommités , &
reífemblent á celles de Forge ; mais les graines
qui les fuivent au-lieu de former un épi ordi-
naire , font difpofées en pannicules ou bouquets ^
enfermées dans une capfule jaunátrej ou autre-
ment dans des coques formées de deux bailes
xudes au toucher , & dont Tune fe termine en
un iong fiiet. On fait que fes graines font blan-
ches & oblqngues. On le cultive dans tout le
Levant , en Égypte, dans Knde & á la Chine.
II y a quantité de rizieres en Itaüej lelongduPó.
Pour elever avantageufement le riz , & en
multipiier le produit , on choiíít un terrein bas
humide rcarécageux un peu fablonneux ^ fa-
cjle a deíTécher j & eú Fon puifíe faire couier
aiiement de Feau. C’eft que les riziéres , pen-
aant la croiiFance de la plante , doivent erre alter-
^^tivement arrofées& deíTéchées. Virgile ( Georg.
lio. /y décrit cet arrofement :
»= Quid dicam , jadío qui femine cominus arva
w Infequitur ^ cumulofque ruit male pznguis arenzi ^
“ Dejnde fatis fluvium inducit,rivofque fequentes,
*> Et cum exuftus ager morientibus ¿fluat kerbis ,
» Ecce fupercilio clivoji tramitis undam
“ Elicit : illa cade-as raucum perUvia murmur
^ Saxa cietj fcatebrifque arentia temverat arva.
Mais 1 art du laboureurpeut tout j aprés les dieux,
Dans fes champs la femence eft-elie dépofée':
11 la couvre a Finftant fous la glebe écrafécj
Puis d un áeiive coupé par de nombreux canaux,
Court dans chaqué fillon díñribuer les eaux.
^ brülant fletnt Fherbe mourant’e ^
Auíii-tot je le vois par une douce pente
Amener du fomraet'd’un rocher fourdlleux,
Ln aocile ruiíTeai'j ^ qui fur un Ik pierreux
Fombe , ecume , & roular.t avec un doux mur-
mure j
Des champs défaltérés ranime la verdure.
M. 1 abbe Delille , de qui font ces bea
erSj op.erve dans fes notes que ceci ne fe p
Hque point en France , & Aeft plus guéres
ufage en Ita.ie que pour ¡es iardins. Cela ne
pratiQue pas en Fpnce^ fans doute, parce qu'
By cultive pas de riz 3 cela ne fe oratiqua r
Eon plus en Italie pour Ies bleds de' Fefp'éce c
ee cas, Mais aujourdhui;, comme aurrefcis
A L I
25
Laüe & en Eípagne,^ en fiit - cculer des eaux
dans les nzieres , & á difrerentes reprifes.
La t«re ou 1 on ferr.e le riz doit étre labourée
une iois feuiement dans le mois de Mars. On le
feme en Ayril. II faut que Ies griins en ayeíit
ete conferves dans leur baile ou enveloppe , &
qu ns ayent trempe auparavant trois ou quatre
jours^ dans leau, oi\ on les tient dans un fac
lufqua cequils foient gonflés , & cifils com-
mencent a germer. On le coupe vers'la mi-Oc-
tobre. En Catalogne on met le riz en gerbes ,
on le fait fecher, & quand i! eft fec^ on le
porte a_u moulin pour le dépouiller de fa baile.
Les Chmois , aprés avoir cue'illi leur riz , le font
cmre légérement dans Feau avec fa peau 3 enfuñe
ns le féciient au foleiI_, & le pilent á plufieurs
reprifes. Quand en a pilé le riz pour la premiére
iois^ il fe degage de fa groffe peau , & U fe-
j pellicule rouge qui eíl
au-deílous , & le riz fort plus ou moins blanc,
felón 1 efpece. C eíl dans cet état qu ils Fappré-
tent de diíFerentes manieres pour aliment Le
nz feme dans une terre falée , rend iiuW-á :5o
ou -po pour un. (Dia. EncycL au mot rizy'. «
_Si la defeription ancienne du far ^ & la def-
cnption rnoderne du riz, diítérent par oueLques
nuances legeres , leur enfemble fuffit pour nous
y faire reconnoítre la méme plante, & il ne.
peut refrer de doute fur leur identité. Moins de
rei^emblance dans ces deux peintufes fuíEroic
pour en _convajncre 5 car on 'ne peut pas dire
que le nz «oit ineonnu aux anciensi Nous
avons YU qu ns le connoiiFoient : or , sdis i’o”r
connu , ce grain étoit trop utiie pour qudis n en
m.ent ^pas quelque mention dans leurs écrits.
Cepenaant , íi Fon excepte la courte defeription
qu en ont faite Pline&quelques autres naturaliftes
lous le nom d oryza , il n 'en eñ jamais ou nref-
que jamais parlé fous cette dénomination dans
iCs é.nvains , fiir-tout parmi Rcmains. II me
femble que les hiñonens & les poetes n’en di-
lent mot. Le riz auroit cependant mérité de
rrouyer quelque^pkce dans Ies Traites db4gricnl-
tüte de Catón , cte V arron , de Columeiie 3 ils nka
■ parient point fous le nom Oryza.
Le riz a-t-il done ete creé depuis ? IVon;
Rom,e etoit _aa berceau , & h bouülie de ríz
lut k premier méme Fuñique aiiment des
Romains dans I enfance de leur Monarchie. Fer-
nas Fíaceus , trés-aacien grammairien , avo-it
ecrit qu iiS s en nourrirent 1 eíbace de trois cens
ans : peadant ce temps ils nhiférent point de
pam , & tant qu'il 7 eut des Romains , ils con-
feryerent le monument mémorable de cette édu-
cation primitive de leurs peres. Num.a Pompi-
lius avoit ordonné qu'on honorát les dieux en
leur oiFrant da riz , ou de la bouülie de riz :
il voulut méme, au rapport d'Hémina , qu^á
Fégard da nk , on n en fi't des offrandes qu aprés
Favoir mo.ndé , parce que n’étant propre pour
A L I
ii6 A L I
!a nourritare de rhomme que dans cet ctat j ü
étoit indigne de la majeíté des dieux de le leur
prélenter moins pur. . . ■ r
Dans cat efprit de legiflation rituelle^, u ml-
titua des fétes, ou il n’étoit permis de s'occuper
que du travail de monder le riz. Ces feces^ &
ces cérémonies furent foigneufement obfervees :
car dans ce tetnps-lá , les Rotnains , comme Pline
le remarque , connoiíToient les dieux , & jamais
ils ne goutérent aux fruits nouveaux fans leur en
préfenter les prémices. Les generations fuivanteSj
quoique moins zélées pour le cuite des dieux ,
ne perdirent pas néanmoins de vue cecte antique
iníHtution. Les libations & Ies offrandes prei-
crites par Numa, ainíi que celles du jour natal
des parciculiers j furent faites folemneüement
fuivant fancien rit. On offroit de la bouillie ou
des tartes de riz , adorea dona ^ adorea liba. Si ,
ayant Ies mains purés ^ vous vous approchez d^
autcls, dit Horace, (lib. nr , Od. xkiii), il neft
point de vidime plus efficace pour fiéchir íes
dieux irrités , qu une oíFrande religieufe de riz
affaifonné d^un peu de fel. M^étrol. de PaaSon.
ALICARIA. On donnoit ce nom á des femmes
publiques , qui fe tenoient auprés des moulins
pour faire páyer en grains leurs faveurs par les
efclaves qui venoient y moudre. Plaute les appelle
auífi piftorum amicas , parce qu'elles employoient
les memes moyens pour obtenir du bled des bou-
langers. ( P«n. i. 2. ) :
Profedas , piftoram amicas, reliqaas alicarias,
ALICÜLAj tunique courte, avec des manches.
Si alica & alicula exprimoient la méme chofcj
on croiroit alicula , felón le génie de la langue
latine , feroit un diminutif él alica. Martial a fait
fur cette analogie apparente , un jeu de mots
qui a été mal entendu par quelques commenta-
teurs. Ce poete dit, {Epigr. xii. 83. i.):
Bruma dichas , feriifque Saturni
Mittebat Umber aliculam mihi pauper ,
Nunc mittit alicam : facías eft cnim dives.
» Lorfqu’Umber étoit pauvre , il me faifoit pré-
fent d’un habit pendant les faturnaleSj & au,tems
de la rigoureufe faifoit ; aduellement il ne m^en-
voie plus qu'une boiíTon commune : Umber me
prouve bien qu il eft devenu riche. » Le jeu de
mots ne peut paíTer dans notre langue.
U alicula n étoit pas une boiífon, mais une
efpéce de tunique trés-courte , telle qu’en por-
toient les petits enfans ^ lorfque la rigueur de la
faifon ne permettoit pas de les lailTer tout nuds ,
felón l’ufage des Roraains. Le fens H alica pour
exprimer une boiflbn cornmune & peu chére , eft
determiné expreftement par ces autres vers de
Martial. i^xm. :
lAos alicam , mulfum poterit tibí mittere dives ;
Si tibí noluerit mittere dives ¡ eme.
alies. V. AMA. , , * , J
ALILAT, nom fous lequel les Arabes ado-
roient la lune ou la plañere que nous nommoaj
rétoile du foir, le vefoer, la beile étoile.
AL I ME NT. Les anciens_ ufoipt pour leur
nourriture ordinaire des merries alimens que las
moderneSj excepté quelques inets recherches Se
inventes par les riches gourmands. Nous ne par-
lerons que de ceux-lá , parce que n etant plus en
ufage aujourd'huij les auteurs qui en font men-
tion deviennent trés-diíEciles a entendre. Suetone
dit que Vitellius fe faifoit fervir des foies du
poiílbn appelé fiaras , des cervelles de faifans 8c
de paons, des langues de l’oifeau fiambant,
& des laites de kmproie. Cet empereur entre-
tenoit des gaiéres á trois rangs dans la Mediter-
ranée , pour pécher des lamproies aupres de 1 ifle
de Rhodes, & fur les cotes d’Efpagne. L’univers,
dit Pacate , dans le panegyrique de Theodofe ,
étoit trop reííerré pour fuíEre a leur infatiable
gourmandife > car ils ne prifoient les mets que
par les fommes exorbitantes qu ils leur cou-
toient , & non par leur goút ou leur faveur. Ils
ne recherchoient que les alimens abortes des
extrémités de Porient j ou des regions íituees hors
des limites de Pempire romain ^ relies que la Col-
chide , ou enfin des parages célebres par les écueiís
& les naufrages. _ .
Les alimens des foldats étoient bien differens
de ceux que nous avons décrits : ils conliftqient
en lard , en fromage ; & leur boiflbn étoit de
Peau mélée avec un peu de vin aigre , pofia. Leur
pain étoit fait comme notre bifcuit de mer , afin
qu’il fut plus léger á porter & moins fujet á fe
corrompre. lis le faifoient curre eux-memes ; _8c
les généraux , curieux de maintenir la difcipline
militairej fte fouffroient point dans les camps de
boulangers ni de bouchers. On permettoit quel-
quefois aux foldats de joindre á leur nourriture
ordinaire des léguraeSj 8c fur-tout des pois; rnais
queis que fuífent leurs alimens , ils ne pouvoient
les manger qu á desheures réglées, marquees par
des lignaux militaires.
Les alimens que Pon mangeoit au repas qui
fuivoit Ies funérailles ^ étoient défignés par les
loix fomptuaires 8c par les préceptes de la reli-
gión. Ceux áont il eft fait mention dans Ies auteurs,
font des féves , des feuilles d'ache , des laitues ,
du pain, des ceufs , des lentüles, du fel, des
gáteaux de froment Se de miel , 8c certaiues
viandes.
Le bled cuit ou crud , ou réduit en farine ,
fervoit d'aliment ordinaire aux matelots. Par bled
cuit , les anciens écrivains entendoient fans doute
du pain , ou ce que nous appeíons encore du bif-
cuit de mer. Lkil 8c le fromage accompagnoient
le pain des maríns. Leur mets le plus recherche
étoit une efpéce de pite fermentée , compofee
d'oeufs, dkil 8c de fromage, appelée fatr%TsSi
myttoíus 8c moretum, oU mofietum.
ALT
'ALIMENTARII.... RIM. Les Romains don-
íioieat ce nom á de jeunes enfans des deux fexes_,
Gue la Iibéralité de quelques empereurs faifoit
elever dans des lieux pubíics j femblables á nos
hópicaax. Trajan iníiitua le premier de ces hof-
pices ; Hadrien Fimita.
No US avons une médaille de Fauñine , Tancienne
femme d’ Antonia , avec cette infcription ; F uelím
Faustisiasm. On y voit cette impératrice qui
fáit des largeíTes á de jeunes filies, á Tentretien
defquelles cette princelTe avoit pourru. ün b^s-
relief de la Villa- Albani offre le méme fujet, felón
“^■dnkelmann. On y remarque fur une eñrade élevée
une femme qu^une autre accompagne , diftribuant
quelque chofe á de jeunes filies qui font placées
au-deíTous & á la fuite Tune de Fautre.
Marc-Auréle établit auíTi des revenas deñinés
á Féducation des enfans. On i’apprend d’une inf-
cription qui eíl á la méme Villa-Albani, Les habi-
tans de Ficulneum , bourg fítué jadis prés de
Rome , y témoignent leur reconnoiiTance á cet
empereúr , de Fétablilfement qu il avoit fait pour
entretenir les jeunes garqons & filies pauvres de
kur cantón :
IMF. CiESARI
DIVI. ANTONINI. PII
FILIO. DIVI. HADRIANI
NEPOTI. DIVI. TRAJANI
PARTHICI. PRONEPOTI
DIVI. NERV^. ABNEPOTI
Jí. AURELIO. AUGUSTO. P. M.
TR. POT. XVI. eos. III. OPTIMO. ET
INDULGENTISSIMO. PRINCIPI
FUERI. ET. PUELL^. ALIMENTARI.
FICOLNENSIUM.
Lucius Vérus fuivit Fexemple de Marc-Auréle ;
& Alexandre-Sévére les imita Fan & Fautre. On
appela Mamméens & Mammiennes , du nom de
Mammée, mere dL4iexandre-Sévére , les garfons
' Se les filies pour lefquels cet empereúr fonda des
revenus j comme on avoit appelé F auflirúennes Ies
filies á Fentretien defquelles Fépoufe d’Antonin
avoit peurvu.
ALINA, ■)
ALINDA, > en Carie. aainAeqn & AAi-
ALINDUS , 3 >iEí2N.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
Cette ville a fait frapper des médailles impé-
jiales grecques en Fhonneur d'Auguñe , d’Annia
Fauftina.
ALINEA. Les alinea indiques par un vuide
dans le corps du texte, annoncent au moins ¡e
feptiéme fiécle, fur-tout s’üs ne commencent
point par une initiale plus grande que les autres
Icnres. U ne s'enfuit pas cependant que d’auties
A L L T17
anciens alinéa ne foient pas auelquefois faillans,
ou n'avancent pas au-delá des bornes de la colonne
ou de la page des manuferits. V. Ponctuation.
ALIO die. C'ctoit Fexpreííion dont fe fervoient
les augures , lorfqubls ne trouvoient pas les auf-
pices heureux , & qufils vouloient remettre une
entreprife á un autre jour, alio die. Ces deux mots
alio d/g , prononcés par un des augures, fuíEfoienc
pour faire rompre les aífemblées les plus impor-
tantes.
ALIPILARIUS. r. Depiler.
ALIFTA , du grec ¿xdqia , je frotte. On don-
noit ce nom á des ofEciers des Gyinnafes , qui
étoient chargés du foin de frotter d’huiie íes
athlétes préts á combatiré , & en particulier les
lutteurs & Ies pancratiaítes.
11 y avoit dans les thermes nneNfalle appelée
alipteriiím , dans laquelle on fe faifoit frotter par
des alipts. , aprés avoir pris le bain.
ALIPTERIULÍ j 3 Rome unHuariam. Voyez
Alifta.
' ALIPT ES , étoit le méme homme que
Y Alifta. V. ce mot.
ALÍPTIQUE. Cétoit une partie de la méde-
cine des anciens. Elle enfeignoit la maniere de
frotter & d°oindre les corps, pour conferver la
fanté, procurer de nouvelles forces , & entretenir
la fraicheur du teint. A ce dernier titre, elle
faifoit auffi une partie eíTentielle de la toilette
des dames romaines j & Fon comptoit parmi leurs
efclaves des femmes chargées de cet emploi.
ALITEUS , furnom donné par les Romains a
Júpiter, parce que dans une famine , iLavoit,
diíoit-on , pris foin que le bled ne manquát pas j
du mot aleve , noürrir.
ALITJA, famiiie romaine dont on a des mé-
dailles :
RRRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
ALEARIA, en Créte. aaaapií2tan.
Les médailles autonomes de cette ville font i
RRRR. en bronze.
O. en argent.
O. en or.
ALLECTI. r. Adlecti.
ALLECTüS, tyran en Angleterre aprés Ca~
raufius.
Azlectus Augustos.
Ses médailles font :
RRRR. en or.
RRR. en argent.
R. en P. B.
ALLÉGORIE. Tous les nTvtbologues con-
viennent que les anciennes fables font de purés
allégories, c"efi-á-dire , quelles cachent des faits
ou des vérités fous des enveloppes poétiques.
Mais de quel ordre font ces vérités r Ceíl la quef-
tion fur laquelle ils font partagés. On peut les
reunir fous trois clalTes ¿iflinétes.Les uns, tels que
1 1 8 Á L L
Taboé Banier, crorenc que la Mythologie cache
Íes faits ou l’hiftoire des premiers tems 5 & _ on
peu£ les ao’oeler mythologues-hiftoriens. Les vérités
phyíiques toutes Ies propriétés de la nature ,
•foñt ia bafe des fables , felón les mvthologues-
phyliciens , qui veulent trouver dans Hercule
doínptant les monñres & arrachant une come
au fieuve Achéloüs , un rol qui deiTéciie des étangs
& reíTerre le iit des fleuves.
Plus ingénieux & mieax inftruits du gout des
orieíKaux pour les allégories aílronomiques , Mar-
t-ianus Capellaj, Platón en quelques endroits, Por-
phyre, &c. & de nos jours M. Dupuis , profeiTeur
au collége de Liííeux ^ ont retrouvé dans le zo-
diaqite & dans les autres conílellations ^ la véri-
table fource des fables anciennes. Heureux ce
dernier écfivain , li content d'avoir expliqué avec
une fagacité inñnie la plupart des myftéres de la
Mythologie , il ne s’opiniátre pas á vouloir en
éciaircir de cette feule maniere les plus petits dé-
taüs. Cette théologie fabuieufe n^a été l'ouvrage
ni d’un feul homme ni d’un feul peiiple. Tout
au contraire ¡ chaqué nation , en admettant une
partie de ces dogmes anciens j y a ajouté des tra-
ditions nationales ¡ des fables locales 5 de forte
que cette religión s'eíl: accrúe de prefque toutes
les fuperítit'ons du monde connu. Ce feroit done
une folie de vouloir ouvrir tant de routes diffe-
rentes avec un feul & méme inftrument. V. My-
THOLOGIE.
ALLELENGYON , du grec j Tun
pour Tautre on donna ce nom á un impdt que
l'empereur Nicéphore impofa fur les riches , pour
en décharger les pauvres qui portoienc Ies armes.
ALLIA, famille romaine dont on n’a des mé-
dailles que dans Goitzius.
ALLIAGE. Les Romains ¡ dit M. Pauífon ,
{Métrol. 32.9) furent ceuxqui apprírent au monde
Tart criminel de dépraver la pureté des métaux
deftinés á la fabrication des monnoies. Liviiis
Drufus, tribun du peuple^ méla^ au rapporr de
Pline 3 3 j c- 3) une huitiéme partie de cuivre
avec fept huitiémes d'argent ^ pour la fabrication
de la monnoie : Livias Drufus in trihunatu plebis
oclavam. partem ¿¡.ris argento mifcuit. Le triumvir
Áhtoine altéra auííi la pureté de l’argent du de-
tiier j en. y faifant entrer du fer : Mifeuit denario
triumvir Antonias ferram. Mifcuit sri falfí, monets,.
(Plin. lib. 33, c. 9). Le méme peuple enfeigna
auffi Tart frauduleux d'altérer le poids du de-
nier ; AUi e pondere fubtrahunt. Sur quoi Pline
s’écrie ; Mirumque in kac artium fola vitia difeun-
tar, & falfum denarii fpeciant exemplar^ plaribufque
•veris denariis adulterinas emitur.
Malgré f eilime & la confiance dont nous fommes
pénétrés pour M. Pauéton & pour fa métrologie ,
qui nous a été íí utile, il nous permettra de n étre
pas ici de fon avis. II eft certain que YaLliage des
■monnoies a été pratiqué avant la défaite de Pyr-
rus , épeque á laquglie les Romains ont commencé
A L L
á frapper de la monnoie d’argent , cedt ans enviroa-
avant d’en fabriquer en or. On a pluíieurs mé-
dailles des rois du Bofphore , qui ne -font que
d'un or fort bas. Parmi celles de Philippe, pére
d'Alexandre-le-Grand j Por eft quelquefois melé
aalliage. On en trouve d’argent _ parmi celles
de la grande Crece & de la Sicile j qui font
alliées.
M. Tabbé le Blond en poíTédoit une ^ entre
autres j fabriquée á Tárente 5 elle tomba de quatre
pieds de hauteur environ , & elle fe brifa en plu-
íieurs morceaux. Peut-on nier que Pargent de
cette médaille ne fut allié avec un metal ou un
demi-métal capable de Paigrir ? On fait que le fer
durcit Ies métaux auxquels il eft allié j & nous
avons vu plus haut que le triumvir Antoine allia
du fer aux deniers d'argent. II eft done tiés-vrai-
femblable que ce triumvir employa une pratiqué
deja connue dans ITraliej & que Yalliage de la
médaille de Tárente étoit compofé d’argent &
d^une aífez forte quantité de fer. L'analyfe chy-
mique des morceaux de cette médailie no^ auroit
mieux inftruit; & un chymifte connu devoit s'en
oceuperj lorfque ces ffagmens s’égarérentj oij
furent jetes comme des débris inútiles.
ALLIANCE. V. Traite d‘alliance.
ALLÍBANON. en Sicile. AAAIBaníin.
On attribue á cette ville quelques médaille*
autónomas ^ qu'on donnoit autrefois á Alsfa.
ALLIENA j famille romaine dont on a des
médailles :
RRRR. ea argent.
O. en bronze.
O. en,or.
ALLIÉS du peaple romain , focii & amiei. Ce
titre fut trés-utile aux defeendans de Rorñulus,
pour faire réuffir leur projet ambitieux de s’aífer-
vir toute la terre. II mettoit le prince ou le peuple
qui le portoit , á Pabri des atraques de fes voiíinS}
parce qu’en faifant la guerre á un allié de Rome ,
on attaquoit les Romains eux-mémes. Telle étoit
Popinion qu iis avoienr accréditée , & qui leur
fournit fouvent des prétextes fpácieux pour com-
batiré & conquerir des nations j avec lefquelles
ils rfavoient jam.ais eu de relations direóles , o_u
que leurs poíitions empéchoient méme d’en avoir
jamais aucunes.
On n'eft plus étonné^ en voyant cette confide-
ration que procuroit le nom &allié & d’ami du
fénat j d'apprendre que des rois auíTi puiíTans que
ceux d’Egypte Se de Cappadoce j ayent montré
autant d'empreíTement pour recevoir ce titre. L’un
des Ariarathes ^ roi de Cappadoce ^ offrit un facri-
fice en aétion de grace aux dieux pour Pavoif
obtenu. Céfar ( de bello Galli. v. 43 . 4. ) DOUS
apprend qu’uij trés-petit nombre de rois eurent
cet honneur. Les Romains ne Paccordoíentqu'svec
un grand appareil. Us envoyoient pluíieurs féna-
teurs pour donner au fouverain quhls vouloient
en décorer j un feeptre dhvoire y uae toge de
pourpre
A L L
pourpre broáée en or f toga pida ) , avec íes titres
de roi , Sallié & d’ami du peuple romain.
Les alliés dltalie , focH Italici , étoient difiin-
gués de tous Ies autres alliés érrangers á cette
conrrée. II y en avoit de deux eípéces : les unsj
qui étoient déíignés fous le nom de Préfeélures ,
prcfeBurií, étoient gouvernés par des magiftrats
romains & felón les loix de Rome } les autres
avoient confervé le privilége de fe gouverner par
leurs anciennes loixj & i's étoient déíignés par
le furnom á’autonomes.
Les alliés latinSj focii éatini , étoient ceux qui
JouiíToient du droit \tiún,jare Latii, & qui tenoient
e premier rang dans Fordre des alliés , méme
avant ceux d'Italie. Dans le tems de la république,
Is-Latium, proprement dit, ne s'étendit pas au deiá
du promontoire de Circe 5 & Ies empereurs en
recuiérent Ies limites jufqu^au fleuve Litis : mais
le droit latín s^étendit beaucoup au-delá. Trois
fortes de peuples en jouilloienr j i''. ceux qui
habitoient le Latium^ & que Ton nommoit focii
íatiai , focii ac Latini , focii Latini nomiriis , focii
ac Latini nominis ; 2°. plulieurs colonies appelées
Latines , á caufe qu’eües jouiíToient du droit latín j
3®. eníin 5 des peuples qui, fans étre Latins d’ori-
gine , ni colonies Latines , avoient été récom-
penfés de quelque fervice, par la couceíSon des
mémes priviléges que Ies colonies Latines , ou les
avoient obtenus de la bienveillance du peuple
romain & des empereurs.
II y avoit une grande diffiérence entre Ies alliés
& les auxiliaires , que Fon admettoit dans les
arniécs de Fempire romain. Les troupes alliées
étoient toujours prifes chez les alliés d'Italie,
qui ne furent jamais réduits en provinces romaines j
les auxiliaires étoient fournis par Ies alliés étran-
gers. Les troupes des alliés s'entretenoient á leurs
frais, & ne recevoient que le bled des Romains;
ceux-ci foudoyoient les troupes auxiliaires. Ces
deirniéres ne prétoient point ferment entre les
matns du général romain , ce que faifoient les
troupes alliées. On. connoiíToit á Rome Ies forces
de chaqué allié , & on ne lui demandoit des
troupes que fur Finfpeétíon du cens ou dénom-
brement , dont on avoit probablement des copies
a Rome. Quelquefois méme , afin d'étre mieux
inñruit de leurs forces , on y envoyoit des romains
pour íaire Ies fonétions de cenfeurs. On leur or-
donnoit (imperabant) át fournir tel ou tel nombre
d'hommes j tandis que Fon enroloit (ferihebant )
tous les citoyens romains.
Lorfque les alliés avoient joínt Farmée ro-
maine . Ies confuís choifiííbient douze d'entr'eux
pour Ies commander , connus fous le nom de
Frefets.^ jls étoient égatix & en puiíTance fur
leurs citoyens & en nombre, aux tribnns des
legions. Les alliés étoient commandés d'aiüeurs
par un chef & un quefteur, qu'ils choifiíToient ,
eux-memes avant de partir pour Farmée, comme
ío.ybe nous Fapprend. On ignore le nom qu'ils
■aiitiquités j Tome L
A L L
donnoient á ce chef ou commándant; Tite-Lív*
ilib. IX. 16) appelle Préteur celui des troupes
de Prénefte.
La place que devoientoccuperles troupes alliées
dans Ies armées & dans les camps des Romains,
étoit fixée de la maniere qui fuit : Lorfqu'on avoit
placeles triaires aprés la cavalerie romaine, les
haílaires aprés les princes , la cavalerie des alliés
á la tete des uns & des autres ; lorfqu'on avoit
formé cinq intervalles, dont Fun au milieu des
cavaliers légionnaires , deux entre les triaires 8e
les princes , & deux autres entre les haftaires &
la cavalerie des alliés ; lorfqu'enfin on avoit díR
pofé ces intervalles en forme de hameau , on
plaqoit Finfanterie des alliés aprés leur cavalerie ,
dans un efpace qui n'étoit déxerminé que par Ic
nombre de l’une & de Fautre.
Les alliés des provinces , focii provinciales ,
tenoient le premier rang entre les alliés étrangers
á I'ltalie. On donnoit par honneur ce nom aux
provinces foumifesá la dominatíon des Romains,
gouvemées par leurs magiíirats, felón le droit &
Ies loix de Rome , & qui payoient au fénat ua
tribut annuel.
Outre les alliés de Fltaüe & ceux des pro-
vinces, on appeloit encore de ce nom plufieurs
peuples étrangers. Les uns n’ avoient jamais été
ennemis des Romains , & ils étoient exempts de
toute impolition. On leur donnoit le nom de focii
immunes : tc\s étoient Ftoléméc, roi d’Egypte,
& Ies .Tuifs , qui , les premiers de tout FOrient ,
recherchérent l’amitié de Rome. Les autres, aprés
avoir été ennemis des Romains , avoient mis has
les armes & cóntraélé des alliances avec eux.
La derniére clafle & alliés comprenoit ceux qui,
ayant été vaincus par le peupie-roi , auroient pu ,
felón le droit ancien de la guerre , étre difperfés
& réduits' en captivicé ; mais que la clémence. du
vainqueur avoit confervés & mis au rang de fes
alliés.
Tous ces alliés étoient appelés indifféremment
Socii & Fcederati.
ALLIGATL. C'étoient les plus vils Se les plus
mauvais des efclaves. Leur nom venoit de ce qu'ils
étoient fouvent punís & mis aux fers. On les char-
geoit des travaux les plus durs & les plus pénibles,
de ceux des vignes en particulier : Viñeta pluri-
mum per alligatos excoluntur. (^Colum. i. 9). Les
efclaves étoient divifés ordinairemeht en trois
claílés ; les premiers ( primi añús ) étoient les
régiíTeurs, les intendans des biens du maítre ; Ies
feconds ( mediaftini) n'exercoient pas des emplois
auífi importans , & les troiliémes étoient les alU-
gati.
ALLIPHANI cálices. B-Otace i_Sat. ti. 8. 39%-
Invertunt alliphanis vinaria tota.
Vibidius , Balatroque.
Le poete parle ici de grands vafes á mettre le
vin , tels que les amphores. Allifs. , ville du
R
130 Á L L
Samnium _,peu éloignéc de Benevent, etoit ceLbre
par une fabrique ' de ces enormes vafes de terre
^"*ALLOBROGIQUE, furnom qui fut donné á
Q. Fabius MaximuSj pour avoir vaincu & ré^iut
fous la dominatión des Romains les Allobroges ,
c’eít-á-dire j les Savopards & les Dauphinois. _
ALLOCüTlON , nom donné par les Roraams
aux harangues que faifoient aux foldats les gene-
raux & les empereurs. Ceux-ci vouloient en con-
ferver ia méiTioire á iapoílérke par des naedai^ies j
¿ont un grand nombre font venaes jufqu a nous.
L'empereur qui harangue , paroit ordinairement
debout fur une eftrade , fuggeftiírn, ayant dernere
ou á cote de lui ¡e préfet da prétoire^ & plus bas
des foldats armes qui Técoutent. _
La premiére allocution eft de Cahguia. Ce
prince y eft reptéfenté debout , en tiabit long ,
haranguant Tarmée dont on na repréfenté que
quatre- foldats ayant le caique^ en tete & leurs
boucliers en main , préts a partir pour quelqu ex-
pédition. Dans fexergue^ on lit : ^díoc. coh.
adlociLtio cohortium. La feconde eft de Nerón j
avec les mémes type & légende que la premiere.
La rroiíiéme eft de Galba , reprefenté en habit de
guerre 5 avec le mot feul adlocvtjo. La qua-
triéme eft de Nerva qui paroit vétu d’habits longs
fur une eftrade auprés d^un temple. On voit der-
riére lui deux autres figures en habit long , & a
Texergue adlocvtio. auc.
Trajan & Hadrien nous fourniffent plufieurs
t).llocutions. En voici deux du derniet:, qui font
remarquables. On voit derriére lui le préfet du
prétoirCj & dans Texergue abiocvtio. coh.
j?R.«Tos. fur rime ; & furfautrej eos. prxtor.
Dix autres médailles d’Hadrien le repréfentent
haranguant en habit de guerre , & plus ordinai-
rement á cheval , avec les légendes jexrrcitus
■X-RITANHICUS , CAFPADOCJCUS., DACICUS , CRR-
MaJÍUCUS , UISFAÍIICUS , JÍAURETAITICUS , MS-
SIACUS , NORICUS , RH MTJCUS , SXRJACUS.
On trouve enfuite des allocations de Marc-
jAuréle 3 de Lucias Vérus & de Commode. Mais
la légende du dernier eft : Fiurs. rxrrcitvs.
J>. JM. TR. P. XI. IMF. Vil. eos. X. F. F. SeptlmC-
Sévére, Caracallaj Géia^ ont le méme type & de
femblables légendes. Macria n pour légende de
fon allocution p. jn. tr. f., & Scvere-Alexandre,
.ADxocuTjo. AOG. cos. F. p. On confc-rvc des
allocations de Gordien le péré & des deux Fhi-
lipneSj qui 3 tóus les deux, pére & fils, haran-
guent enfemble leurs troupes.
Une médaille de moyen bronze , tres - rare ,
Tepréfente Valérien & Galüen en regard avec la
légende coptcoRniA. atjcüstorum. On voit au
jevers ces deux princes debout fur une eftrade,
ayant derriére eux le préfet du prétoire , & á
fexergue adiocutió. augustor. Pofihume a
irois types différeñs fur fes allocutions^ avec' les
IBOtS xXE&CITVS. AVG.j IZí&CIIÍtS. ííC.,
A L M
ciTvs. vAc.Vallotution deTacitc oíre ces mots;
adlocutio. aug. : celle de Probus, adlocutio.
MiLiTUM. : celies de Numérien & de Carin, fon
^pyx.ocu'Tio. .4 uG. Le dernier Augufte dont
^ons ayons une allocution 3 eíb IVÍaxence, avec la
légende adlocutio. ^ug.^ & a lexergue,
Ges allocutions prouvent évidemment que les
harangues militaires des anciens ne font pas fi
füfpeóles que les ont voulu lendre cettains cri-
tiques i puifque les empereurs ont confacré par
des monumens pablics cellcs qu iis faifoient a
leurs armées.
Les allocutions préfentent une difbculte parti-
culiére : on lit le mot ¿i adlocutio fur toutes les
médailles qui ofirent ce méme fujet. Ce terrnc ^
eft done celui qtf on employoit pour exprimer cette
aftion : cependanr , les hiftorkns n en font aucun
ufa<ye., & fe fervent touiours de coree/o, lorfquüs
rapportent le méme fait j 8c nous traduifons ce
mot par celui de harangue.
ALLOPROSALLOS, nom quHomerc donne
á- Mars , & qui fienifie inconftant ou querelleur. ,
ALLYROTHlüS. Ce fils de^Neptune, réfolut
de venger la défaite de fon pere, que Aiinervc
avoit vaincu , en coupant tous les oliviers des
environs dfAthénes, parce qu'ils étoient confacrés
á cette déeffe ; mais la coignee lui etant tombee
des mains , le bleffa li fort quil en mourut. Sa
mort cñ différemment racontée. F . Alcippe.
ALMANDINE par corruption. Le vrai rnot eft
ALBANDiNR 3 efpécc dc rubis fpinel, qui venoií
d’Alabanda, en Carie. Eft-il un moyen plus cer-
tain d’embrouiller toutes les nomenclatura , que
de donner aux productions de chaqué regne un
nom particulier 8c relarif á chaqué pays d oú on
les tire ? Heureufement que les naturaliftes mo-
dernes élaguent abondamment ces fuperfiuites
nuifibles.
ALMON, ancien nom d’une petite riviére qui
coule dans la vallée Egerie , prés du cirque de
Caracalla, horsde la porte Capéne, Se qui fe jette
dans le Tibre á un milk au-deílous de Rome. On
Pappelle aujourd'hui Aquataccio , ouAqua d’Acio,
OU Rio d’Appio. Les premiers noms paroiífent etre
une corruption du dernier 5 8c celui-ci na etc
donné á X Almon3 que parce qu’elle traverfela voie
Appienne en arrivant prés de Rome.
Sa fource étoit en grande vénération , parce
quklle guériíToit la gale des beftiaux. Elle a cer-
tainement encore la méme propnété j car elle eft
trés-fulfureufe , & Pon voit le foie-de-foufre
furnager en abondance fur fes eaux. C^tñ peutr
erre une des caufes qui rendent fi nuiíible le féjour
de Rome pendant ie.s chaleurs 5 parce que le Rio
d'Aippio coule au midi de cette vilie ,.8c que le yent
qui fouifie de cette partie de riiorifon, voitare
les exhalaifons fulfureufes 8c alkalines qui eu
i fortent. , .
1 L'sasúcit m'iÁlmon líftYeífohk Ycie
ALO
éroit célebre psr la cérémonle qu’y pratiquoient
Ies prlcres de Cybéle tous les ans , le 6 des calendes
d'avtil. lis avoíent coutume d 7 laver en grande
pompe la ñatue de ia déelTe , fon charj les lions
qui y ctoient arteles , & les couteaux facrés de
Phrygiej qui fervoient aux facriSces. Ovide décric
cette cérémonie. (FíZj?. /r. 337.} :
£fi locus , in Tiberin quo luhrlcus Almon,
Et TLomen magno perdít in. am.ne minar.
lllic purpurea canus cum vefie face'dcs
Almonis dominam , facraaue lavit equis. -
ALML’M , en Moéfíe. aamosix2n.
Les médaiiles autonomes de cette ville font:
RRRR. en bronze. ( Hunter).
O. en or.
O. en argent.
ALNUS. On donnoit ce nom á un endroit des
théátres anciens, qui étoit le plus éloigné de la
fcéncj & le plus elevé de touc rédifice. Ceux
qui n'avqient pu trouver de place dans les rangs^
étoient íbrcés de s'y placer.
ALOES j feces en Thonneur de Cérés. J^oyez
Aires.
ALOÉUS. V. Atous.
ALOÍDES, deux géans redoutables qu’Komére
Bomme divins. Othus, & le célebre Ephialte ,
étoient nls de Neptune 8c d Iphiniédie ^ femme
d’AIoüs. On les nomma Aleides , du nom du mari
de leur mere. C'étoit les deux plus grands & les
deux plus beaux hommes que la terre eut jamais
Fprté. lis étoient d'une taille li prodigieufe ^ qu’á
age de neuf ans ils avoient neuf coudéés" de
grqíTeur ^ & trente-íix de hauteur , & ils croif-
foient chaqué année d’une coudée en groffeur^
& d'une autre de haur.
Fiers de cette énorme grandeur , ils crurent
qu’il if y avoit ríen au-deíTus ce leiirs forces ; ils
entreprirent done de détróner Júpiter 5 & pour
lui livrer un aíTaut dont il ne pút íé défendre ,
ils mirent le mont OlTa ■& le mont Péiion fiir
lolympe; de-la menaqantle fouverain des dieux^
ils earent l'infolence de demandar Jnnon Se Diane.
Mars ayant voulu s’oppofer á leiir entreprife , ils
le firent prifonnier ^ & Tayant lié avec áe groíTes
j ils le rinrent treize mois dans une prifon
d airain d'ou il ne fercir jamais forti ^ íí Mercure
ne fiit vena f en dénvrer. V. Eribée , Mars.
_ La puiíTance des dieux fe rrouvant iniicüe contre
^ u terribles ennemis , on eut receurs á lartifice.
u * a^yant^apperqus fur un char , fe changea
en biche, & s élanqa au milieu d’eux. Voulant
tirer leurs fleches, ils fe bleíierent Tun Fautre,
& en moururent , délivrant pour jamais les dieux
de la crainte qu’iis leur avoient infpiréej Júpiter
ics prccipíts. a.ii lond íiu turtarc.
Homére dir qu Apollen les précipita dans les
en.ers, avant que le poil follet eut ombragé leurs
joues. Sí que leur mentón eút fleuri.
ALO 1 3 r
On ctoít que Ies Aloides furent ¡es premiers qui
facrifiérent aux mufes fur le rooiít Héiicon , & qui
leur confacrérent cette montagne. FHphimedih,
Mu,ses.
A'AOKE'S:. Les lignes qu'on tracoit pour écrire
droit , s’appeloient «asxss-, ainíi qu Héfychiiis nous
Fapprend. Dans les remarques fur cet écrivain,
ce mot eíl: interpreté par lacum. inter feribendurtz
in cera fe il cortice'.czirrente ftylo exarata. Mais ce
ne peut pas étre la véritable figniíication du mot
^ÁOX-íC dans Fart dMcrire; & cette explication con-
tredit d'ailleurs le fens original du paíTage dans
lequel il veur diré raies , fillons.
ALOMANCIE, ¿a?, fel, & fcaizúa , divina-
tion. Elle fe pratiquoit par le moyen du fe!. Si
Fon oublioit d'en .mettre fur la table, ou íi Fon
reriverfoir une faliére , c'étoit le ligne infaiiiiblc
d’un malheur prochain.
ALONTINUM ou Aluntium, en Sicile.
AAONTIN'ON.
Les médaiiles autonomes de cette ville font :
R. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
Leur type ordinaire cft un taureau frappant
de la come;
ALO PE, filie de Cereyon, & cui recon-"
noifíbit Vulcain pour pete , étoit íi belle qu'elle
inlpira de Famour au dieu de la mer. Sí en eut
un fiis qu’elle íit expofer fecrétement, pour dé-:
rober á fon pete la connoiíTance de ía foibleíle-
En l’expofant, elle le couvrit d’une patrie de fa
robe qu’elle avoit déchirée a ce defíein. Une jument
égarée lui donnoit á téter, lorfqu’un payfan qui
cherchpit cette béte-, ayant vu cette efpéce da
prodige, prit Fenfant & le porta dans fa cabane.
Cereyon, á qui on le préfenta quelque tems
aprés, reconnut Fhabit de fa filie, fit óter la vie
á la mere , & expofer de nouveau Fenfant. Mais
une autre jument prit encore fein de ie nourrir,
& les bergers qui le rencontrérent jugeant que Ies
dieux le protégeoient, Félevérent ¡ & lui donnérent
le nom d’Hinpothoüs. C. Hyppoteious.
Un bas-relief antiqúe de la tille Pamfili , repré-
fenre Alopé naife á mort par les gardes de fon pera
Cereyon.
A LOPE eft le nom d’nne des harpies , a qui
Fon donne pour foeurs . Archelcé & Ocypéte.
K. Harpies.
ALOPECONNESUS , dans la Cherfonéfe áe
Thrace. AAíinERON.
Goltziiis feul a rapporté des medaüles impé-
riales grecques de cette ville.
M. Pellerin en a publié une médaille autonome
de bronze , fur laquelie on voit un vafe 8: un renard.
ALORES, -c’eíl le nom aue les Chaldéens don-
nbienrA leur premier roí ; il étoit de Bábylone,
&.pubiioit, a ce que dit Eerofe dans fon fecond.
livre, que dieu lui-méme Favoit faitpafteur dq
fon peupíe.
íjí A i- P
ÁLOTIES i fétes céiébrées par les Arcadiens^,
en rhonneur de Minerve. lis les inftiraérent aprés
une bataille qi’/ils livrérent aux Lacédémoniens j
& dans laquelle ils firent un grand nombre de pn-
fonniers. Ceux-ci étoient appeiés ¿Aístsí : de-lá vint
ie nom de ces fétes.
ALOÜETTE. Scylla^ filie de Nifiis, fut
changée en alouette. V. Scylla.
Les chofes bizarres qu^on Ik dans la comedie
des Oifeaux d'Ariftophane fur V alouette , & vrai-
femblablement fur celie qui eít hupée , fe re-
trouvent trair pour trait dans les contes qu’on
écrit fur la hupe les anciens Indiens , & Mahomet
dans rAlcoran ; c'ell-á-direj que cet oifeau dé-
coiivre les íburces 8e les veines d’eau au travers
de la terre qui Ies cache. V. Alauda.
A'Á OYPn'AES ^ habits teints en pourpre , fans
anean mélange d'autre couieur : ce furent ces
habits dont. Céfar & Augufte défendirent Tufage
á toas lears iujets , excepté les fénateurs dans
Texercice des magiftratures. Mais il fut toujours
permis de porter des habits teints avec le fang
de la coquille appelée pour vu qu'on y eút
melé quelqu^autre couieur. Ce mélange les ren-
doit vidlets , ou bleu foncés comme Ies flocs de
la mer. La défenfe de Céfar &c d' Augufte ^menou-
velée depuis fous peine de mort , par Ies fuc-
ceffeurs de Conftantin ^ ne regardoit que les habits
d’homme & de femme teints en entier d’une
fcule couieur. Mais cette belle couieur de fang^
cetce fameufe pourpre , étoit permife peur faire
des bordares ^ des bandelettes , les clous des
laticlaves j & les ornemens des habits de Tun
& de l’autre fexe.
ALOüS j fameux géant ^ fils de Titán & de
la Terre. Iphimcdie , fa femme , devint amou-
leufe de Neptune , dont elle eut les deux Aloides.
Voye^ Aloides , Iphimédie.
ALPHEE j fleuve d'Elide dans le Pélopvonnéíe,
aujourd’hui Orféa j di arrofe FArcadie & FAchaie,
& íedécharge dans la mer loniennCj au-deffous de
Pife. Les Italiens l'appellent Carbón. On croyoit
que ce fleuve traverfoit la mer j 8e: fe rendoit en-
fuite en Sicile auprés de la fontaine Aréthufe.
Cette Opinión étoit fondée fur ce que Fon retrou-
voit 5 difoit-on dans la fontaine de Sicile , Ies
chofes que Fon avoit jetees dans le fleuve.
• Mais ce phénoméne ^ dit M. Diderot , n’eft
fendé que fur une reffemblance de mots , & fur
une ignorance de langne. L'Aréthufe étant envi-
ronnée de faales , fut appelée Alpkaga par les
Sicitiens j & les Grecs qui vinrent par la fuste en
Sicile, crurent y letrouver YAlpkée de FElide.
C“eft fans doute fur ce léger fondement que fut
conñruite la fable des amours du fleuve & de la
íbntatne. Fbye^ Aréthuse.
ALPHESIBÉE , filie de Phégéc, ayant époufé
AJemeon , en recut pour préfent de noces le fa-
meax colher d'Eríphile. Phégée, fon pére , ayant
ai^usquíAIanéoii, aprés Favoir rép.uáiée, avoit
A L R
époufé Callyrohé , le fit aíTaíEner par fes fils,
Voye^l Alcméon , Ériphile , Callyp.ohé.
ALPHIASSA ou álphionia, fiirnom de
Diane , qui lui venoit d"un bois qu on lui avoit
confacré dans le Péloponnéfe, á Fembouchure de
FAlphée.
ALPHITA , préparation alimentaire faite avec
de la farine d'orge pelé & grillé ^ ou plus généra-
lement avec la farine de toute forte de grains. On
conjedturc que Ies anciens étendoient fur le plan-
cher , de diftance en diftance , leur orge en petits
tas pour le faire mieux fécher quand il étoit hu-
midej & que Xalphha étoit ia farine méme de
Forge qui avoit point été féché de cette maniere.
Valphita des Grecs étoit auffi la polenta^ des Latins.
La farine de Forge détrempée & cuite avec de
Feau j ou quelqu’autre liqueur , comme le vin ,
le mouc , Fhydromel ^ &c. , étoit la nourriture
du peuple & du foldat. Hippocrate ordonnoit
fouvent á fes malades Y alpkita faiís fel.
ALPHITOMANCIE , axiptriéy , farine d’orge,
divination. Elle fepratiquoiten faifant
m.anger á celui que Fon foup^onnoit de qüelque
crime , un morceau de gáteau d"orge._ II Fayaloit
fans peine shl étoit innocent; lexontraire arrivoir,
difoit-on , quand il étoit coupable. Horace y fait
allufion dans ce vers de fon épitre á Fnfeus j feloa
M. Mallet :
JJtque facerdotis fugitlvus liba recufo.
Cependant tous les comméntateurs s’accordent á
Fexpliquer autrement ; tel que V efelave fugitif des
Pontifes , je refufe méme les gateaux. Car les pre-
tres Se leurs- fervireurs vivant des oífrandes du
peuple , devoier.t mangef a tous leurs repas des
gateaux , qui eri faifoient la majeure partie j & en
étoient raífafiés.
ALRUNES, nom que les anciens Germains
donnoient a de certaines petites figures de bois ,
quhls regardoient comme leurs dieux penates , on
lares, qui prenoient foin des maifons & des per-
fonnes qui y habitoient ; e'étoit une des plus aiP
ciennes & des plus générales fuperítitions des Ger-
mains. Elle confíñoit á avoir chez eux de petites
figures d'un demi-piedou d'nn pied de hauteur,
repréfentant quelques femmes tnagiciennes, rare-
ment deshommes, & ils croyoient que ces figures
avoient de fi grandes vertus ^ qu’elles tenoient en
leur pouvoir ie deflin & la fortune des humaines.
On faifoit ces ftatues avec les racines des plan-
tes les plus dures , fur-tout de la mandragora j on
les habilloit proprement , on ¡es couchoit molle-
ment dans de petits coffrets ; toutes les femaines
on les lavoit avec du vin & de Feau, & á chaqué
repas on leur fervoit á boire & a manger^ fans
quoi elles auroienyeté descris , difoft-on , comme
des enfans qui fouffriroient lafaim & la foif; enfin
on les tenoir renfermées avec foin dans un lien
fecret, á’oü on ne les tiroit que pour les confulter.
Des qtfoa avoit ie borfieur d'avoir chez foi ou fui
A L V
foi áepareiües figures on le croyoit heureoX;; ob
Ije craigDoit plus aucun danger ^ & on en atrendoií
toares forres de biens, fur-touc la fante ^ Se -la
gucrifoii des maladies les plus rebelies aux re-
medes.
Mais ce qui étoit encore plus admirable , c’eft
qu’elles faifoientj difoit-oBj connokre Favenir^
feulemeiit á leurs heureux pofíeííeurs , ou par un
mouvement de tete , ou quelquefois méme en
s’exprimanr td'une maniere intelHgible. On aíTure
que cette fuperíHtion des anciens Germains fubíiíle
encore aujourd'hui parmi le peuple de la BaíTe-
Allemagne ^ chez Ies Danois & íes Suédois.
ALTA f emita , c'étoit la fixiéme región de
Rome : elle s'étendoit depuis lesThermes de Confi-
tan tin jufqu’au Mont-Quirinal ^ &: renfermoit les
temples de de Flore ^ de QuirinuSj le vieux
Capitole^ la ftatue de MamuriuSj les thermes de
Dioclétien Se de Confiantinj les dix boutiques,
les poules blanches , Fantel de Callidus , trois co-
hortes de guet j Ies jardins de Saliufte j & la njai-
fon de la familíe Flavia.
ALTARE étoit diftingué chez les Latios á'Ara,
ífelon Servias. íln Ecl. v. 6^). Ara étoit un autel
confacré également aux dieux fupérieurSj & á
ceux des enfers; mais on ne donnoit le aom dial-
tare qkaux autels des dieux fupérieurs.
Prudence fait connoítre une autre maniere de
les diftinguerj lorfquildit : altaris aram funditus
pejfamdare , & altaris aram quod facit placebilem.
On voit ici qvi ara étoit la tabíe méme ^ ou la
patrie fupérieure de Valtare : celui-ci en formoit
le fiupport ou le fondement.
Nous voyons cependant que Tacite j Pline , &
les auteurs de la meilleure latinité , fe font fervis
indifféremment de ces deux mots pour exprimer
des autels. Nous Ies imiterons á Farticle Autei..
ALTERES j ancien mot franqois hors d^ufage.
II exprimoit autrefois Ies angoilTeSj les inquietu-
des & autres peines de Fefiprit. Les étymologiñes
le faifoient venir á’ artires ; parce que la grande
émotion caufe un violent battement d’arréres.
N'eut-il pas été plus naturel de le dériver dumct
grec ¿AtSísií ? Ce mot exprimoit des poids de diffé-
rentesgroíIéurS:, mais quij felón Paufianias^ avoient
ordinaireraent la forme d’un ceuf ^ & qui étoient
percés de quelques trouSj ou attachés á delongues
courroies. Les athlétes qui fe deftinoient á lancer
le difque ou le javelot ^ s’exerqoient en tenant ces
alteres par Ies trous qui y étoient pratiqués , ou
par les courroies. lis les agitoient autour de leurs
tetes & Ies lanqoient avec forcé, pour aflbuplir
leurs bras, & s’accoutumer á ces rudes exercices.
Nous croyons qu^on peut faire revivre le vieux
mot d alteres ^ & i appliquer á ces poids.
ALTHEE , filie d Agénor , de la race de Deu-
Ctnion , epoufa Oenée , Roi des Etoliens , &
lut mere de Méléagre. Voyer Meléaore.
ALTHEMENE, fils de Cratée. CratÉE.
ALTHENL'S, frcre de Dioméde,
A L U 133
ALTISPEX , éroit le méme que Valltifpex, o«
Faugare qui obfitrvoit les oifieaux.
ALVEOLi ¡ Ies Romains donnoiení ce nom
aux tuyaux de chaleur qui étoient répandas dans
l'épaiíTeur des muradles , pour échauffer les ap-
partemens dgs Thermes.
Alvsoi-i , etoient aufli des efpéces d'auges,
dans lefquelles on lavoit les viandes avant de Ies
appréter.
ALVEUS. V. Echíquier Sc Petteia.
Alveus ; on donnoit ce nom aux gradins qui
fervoient á defcendre dans les bains, & áVy alleoir.
Alveus , étoit un canot ou bateau groffier
fait avec un tronc d'arbre creufé, tel que font
encore ceux des peuples fauvages. Romulus &
Reiims fíirent expofés dans un alveus , feion Ovide,
( Faft. ii. 407 ) :
Sujiinet impojitos fumma cavas alveus unda :
Heu quantum fati parva tabella tulit 1
Alveus in limo fylvis appulfus opacis ,
P aullatim fiuvio deficiente fedet.
^ ALüN. Les anciens paroiíTent avoir connu
d'autre alan que le naturel, quüs diíHnguoienc
en alun liquide & en alúa fec. Les modernes
aucontraire, connoiíTent á peine Fa/a.vnaturei, &
kemployent que Xalun retiré des fubílances qui le
contiennent, par des procédés trés-ingénieux.
Halan naturel liquide n'étoit pas abíolument en
liqueur. II paroit _, par les defcriptions des anciens,
que cet alun étoit feulement humide & mouillé,
& quhl_ attiroit Fhumidité de Fair; ainll on ne
1 appeloit liquide , que pour le diíHnguer de Xalun
fec. Halan liquide étoit plus ou moins pur. Le
plus pur étoit lilTe & uni, quelquefois tranfparent,
mais ordinairement nuageux. Au contraire, ia
furface de Fautre alan liquide étoit inégale , & il
fe trouvoit melé avec des maticres étrangéres ,
fuivant les defcriptions des mémes auteurs.
Les anciens diiiinguoient auííi deux forres Adlun.
naturel fec. lis les reconnoiífoient aux diíFérencés
de la texture & de la figure : ou il étoit fendu
& comme la fieur de celui qui eíl en maíTe, car il
étoit formé en mottes ou en lames ; ou il fe fen-
doit & fe , partageoit en cheveux blancs 5 ou il
étoit rond & fe diílribuoit encere en trois efpéces,
en alnn moins ferré & comme formé de bulles ,
en alan percé de trous fiííuleux Se fembiable á
Féponge, en alan prefque rond comme Faftragale ;
ou il reíTembloit á de la brique ; ou enfin ií étoit
compofé de croútes. Tous ces ¡üuns avoient des
noms particuliers , qui ne fervoient qu'á furchar-
ger Ies nomenclatures.
Tournefort voyageant dans le Levant, aborda
á Fiíie de Milo , Fancienne Mélos , d’oü les anciens
tiroient beaucoup A’ alan , Se entf’ autres , felón
Pline, Fíz/an liquide. II y vit des grottes, furles
parois defquelies Y alan s’étoit formé fous toutes
fortes de figures. li trouva entCautres de Y alan
de plume, auquel étoient aiéiésdesíiletspíerfeBXj
134 - AMA
longs , flexibles comme ceux de Vslatt , mais
dépoiirvus defaveiir^ Se trés-diflerensderamiante.
Diofeoride a parlé de cetre fiibílance pierreufe ,
qu“ii a trés-bier» díitinguée de ramiantCj 8c quii
dit n’avoir aucun goút ni aftiiétion.
Le favant vovageur apperijut auííi dans Ies
grottes une di fíbíu tion d’íz/a;z qui diíHlIoir goutte á
goutte , & que Ton croiroit erre Ta/an liquíde j
criginaire de Mélos , felón Piine. Mais on peut
voir dans Diofeoride que cette efpéce Saluit n'é-
toit pas vraiment liquide j & comme noas Tavons
déja dit j les deferí ptions faites par Ies anciens,
piouvenr évidemment qu’il n’étoit pas en iiqueur.
ALUNTlüM. Voye^ Alontinum.
ALMONA j en illyrie. aaton.
Les rnédailles autonomes de cette villcj font :
RRRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
ALYTA, étoit chez Ies Eléens un oíEcier
dont i’emploi répondoit á celui des maitres de
cérémonze modernes.
ALYTARCHIE ^ charge , dlgnité de I’AIytar-
QUe ou magiftrat d'Antioche. !í y avoit dans
cette ville des jeux appelés jeux de Yalytarckie :
€ étoient des jeux olympiques inftitués par Afra-
nius , premier alytarqae, Pan 260 de Pére d’An-
tioche , & abolis par Tempereur Juílin , Pan )68
de la méme ere , comme nous Papprend Jean Ma-
iéla dans une chronique inanufcrite. Ce* auteur
compte jufqu alors 77 aiytarques ; ce qui montre
que Y alytarckie duroit quatre ans comme Polym-
piade. Noris , Epoc. Syr. p. zzo,
ALYTARQÜE ; c’étoic felón Noris ^ le nom
du pontife de la ville d'Antioche. Une loi da code
Théodofien ordonne qiPil foit permis á Yalytaraue
de planter plufieurs cyprés , & d'en couper un.
lY alytarque n'étoit pontife que de la vilie d'An-
tiochc ; celui de toiite ia province s'appeíoit Sy^
riaque. NoRIS Epoc. Syr. p. izo.
Tout ce que di* á ce fujet Noris ^ ne prouve
cependant pas que Yalytarque fút un pontife ^ mais
un magiilrat ou officier de !a ville d'Antioche. En
effetj alytarque cYi uu nom grec compofé desmots
'axitrí & áfííL Le premier íignifiej felón Pétymo-
logie , la méme chofe que px^¿'¿pop<ií-, ,
porte-verge j ou huiíTier , bedaut. On íait que
dans les jeux des anciens il y avoit de ces porte-
verges qui veilloient au bon ordre &' á la trañ-
quillité des fpeftateurs iz des athléres; de forteque
y alytarque n'étoit que leur chef : en quoi nous
íbmmes d'accord avec le grand étymologifle.
AiLYZIA , dans PAcarnanie , aat.
Les ttiédailks autonomes de cette viUe font :
RRRR. en argent. Eckel.
O. en or.
O. en bronze.
Leur type eñ pegafe volant.
AMALTHJEA ou Am ALT H XU M. Pom-
pordus Átticus avoit donné ce nom á un réduit
AMA
agréable de fa maifon de campagne j en I’hon-
neur de la chévre Amaithée. Cicéron en parle
dans plufieurs, de’ fes íettres.
AMaLTHÉE ; c'eft le nom de_ la chétTe qui
aíaita.Tupiter : le dieu, par reconnoiíTance, lapla^a
parnii íes aílres , ou elle forme le flgne qui porte
fon nom. C'eft d'une des comes de cette pré-
tendue chévre que les Grecs ont.fait leur come
d'abondance. Laéiance dit que la nourrice da
Júpiter fut Amaithée , filie de Meliffus , roí d'une
contrée de la Gréce. Bochara fait venir ce mot da
Phénicien Amantka , qui fignifie nourrice; 8c
Hygin donne á la nourrice de Júpiter le nom d'A-
damanthée. Voye^ AdamanthéEj Coretes,
Meeisse.
AMAND j ty^ran fous Dioclétien.
CnEUS S.4LT1US AmASDUS AuGUSTUS.
Ses rnédailles font :
O. en or & en argent.
RRRR. en P, B.
O. en G. & M. bronze.
AMANDE (Coulear d' ) , color amygdallnus.
Le nom francois de cette couleur eft chátain.
Ovide, (Art. in. •.
Nec glandes Amarylli tu&,nec amygdala defunu
AíííANS. Les amans ajoutoient foi á toutes
fortes de prodigesj & employoient toutes fortes
de moyens pour s’aíTurer de la réuífite de leurs
amours. En Sicile ils ti.oient un bon augure du
bruit que faifoit une feuille qu'ils écrafoient entre
leurs doigts : Théocrite , (Idylle m. z<)). Le
pétillenaent du laurierembrafé formoit auífiun bon
préfage. Ils en tiroie.nt un également avantageux,
quand ils touchoient au plafond avec des pépins
de pommes ¡anees avec deux doigts ; comme Ies
enfans jettent encore aujourd'hui les noyaux de
cerifes. Horace en fait mention, (Sat. ii. j. zjzjt
QAd cum Picenis excerpens femir, a pomis ¡
Gandes , fi cameram perenfti forte.
Les amans fe rendoient aprés le repas du foir
fous Ies fenétres de leurs maitreíTes. Si elles ne
les attendoient pas fous le veftibule de leurs mai-
fons j ou á leurs fenétres ils fe promenoiení
lentem.ent en lifflant , ou en affeéfant de touffer,
pour fe faire entendre. Tibuile i. 7. 35 :
Et fmiilat tranfre domum , mox deinde reenrrit.
Solas & ante ipfas excreat ufque fares.
Les ir.aris eux-mémes rentrans dans leurs mai-
fons , íiftloient pour fe faire ouvrir. Apulée ,
( Idet. tx. p. 271 J :
Quand ce bruit léger nc fufflfoit pas pour rér
veilier ou appeler leurs maitreíTes , les amans
fredonnoient des chanfons amoureufes. Ovidej
(Fafl. ir. •,
Primas amans carmen vigilatum noUe negaiA
IUleisiir ad elaufas concitiuijfe fores.
AMA
Plaute nous en a confervé une dans k Curculion
(i. 2. 5'7)5 & Ikn doit mettre au nombre de
ces chanfons , Tode dixiéme du troiíiéme livre
d'Horace. Les Grecslesappeloient s-5í6ííkA«u«9ü5<jj ,
romance de la porte. Les amans les gravoient quel-
quefois fur ia porte elle-mémcj ou ils Ies écrivoient
fur des tablettes qu'iis attachoient aux portes de
Icurs maítreíTes. Ovide , (Amor. 3. i.J :
Ah quotzes foribus duris incifa pependi ,
Non verzta a populo pniereunte legi.
Si leurs chanfons ne fiéchilToient point le coeur
des filies qu’ils aimoient, ils adreíToient leurs voeux
a la porte elle-méme , & imploroientfon affiftance ,
comme ils Fauroient demandée á une divinité.
Ovide, (Art. am. ii. 327.):
Pojtiius & dura precihus blandiré puella.
La porte elle-méme s’en plaint dans Properce,
(r. lé. ij.):
Ule meos numquam patitur requiefcere poftes ,
Arguta referens carmina blandida.
Les amans ne fe contentoient pas de la fupplier;
lis Parrofoient de vin, áinfi qu'on le pratiquoit
íiir les autels des dieux. Piaute, \ Curcu. 1. 1. §0.) :
Eaqne extemplo ubi vino has confperji fores ,
De odore adeffe me fcit , aperit illico.
Et 188:
Agite , bibite feftivi fores ,
Pótate , fite miki valentes ^propitie.
■ Une courtifanne dit dans la méme comedie ,
(r. 2. I.):
Píos veteris vini meis naribus objeñus eji :
Ejus amore cupidam me hiñe prolicit per terebras .
Ces portes étoient aufii arrofées de parñims
liquides. 'Lucréce, {iv. 117c.):
At lacrymans exclufus amatar limina fepe
Floribus , & fertis operit , pojiefque fuperbos
TJngit amaricino.
Les amafs les baifoient amoureufement. Lucréce
ilbid.)\
Et fpribus mifer ofcula figit.
Properce, ( r. id. 43. ) ;
Ante_ tuas quoties verti me pérfida pofies ,
Ofculaque imprejfis nixa dedi gradibus.
lis chantoient íeur trííie deííinée en s’accompa-
gnant avec des ñutes. Properce, (//. d. ii. ) :
tales caneret tibi Cynthia fomnos
Tibia , funefla triflior illa tuba.
Horace , ( Od. m. 7. 29. ) ;
Prima noñe domum claude i ñeque in vias
S¿¿h cdintum querula, defpice tibisL,
Pour leurs íiituíreíles j üs demeuroient
AMA 13^
á leurs portes en verfant des larmes; Martial,
C-. I3-7-):
Ad noBuma jaces faflofe limina mache ,
Ei madet heu lacrymis j anua furda tais.
Ceux qui avoient encore plus de natience, fe cou-
choient fur le feuil de la porte , Se y paíroient la
nuit. Ovide, (^Amor. ir. 19. 21.):
Et fine me ante tuos projecium in limine pofies
Longa pruinofa frigora noBt pati.
Horace , ( Od. m. 10. 19-) :
Non hoc femper erit liminis , aut aque
C&lefiis patiens latas.
Ils attachoient des couronnes aux portes de
■ leurs maírrefies. TibuUe, (r. 2. 13.):
'Te mcmintjje decét , que plurima voce peregz
Supplice y cuni pofii fiorida ferta darem.
Ovide 3 {de Rem. Amor. n. 3 I . ) :
Et tegat ornaras multa corona fores.
Les amans détachoient de leurs tetes ces cou-
ronnes qu ils avoient portees dans les fellias. .
Ovide , ( Amor. I. d. d7. ) :
At tu non l&tis detraBa corona capillis
Dura fuper tota limina noBe jaces.
{ De Art. am. 11. ¡ij. ) ;
Pojabas & dure precibus blandiré puellcy
Et capizi demptas limine pone rojas.
^ lis jetoient fur le feuil Ies torches qui Ies avoient
éclaires au retour du fouper. Properce, (/. id. 7.) :
Et mzki non defunt turpes pendere corolle
Semper , 6" exclufi figna jacere faces.
Ces amans infenfés menacoient méme de s’en
fervir pour brúler les maifons de leurs maítreíTes.- '
Ovide, (^Am. I. 6. jd. ) :
Excute pofie. feram ,
Aut ego jam ferroque ignique parador ipfe ,
(¿uam face fuftineo teña fuperla petam.
Ils prenoientles charbons qui fe formoient a leurs
tarches , & écrivoient fur ia porte des'vers licen-
tieiix & injurieux á leurs maítreíTes capricieufes.
Une porte s’en plaint elle-méme dans Properce ,
(r. id.-9.);
Nec pojfum infamds Domine defenderé noBes y
Nobilis obfeenis tradita carminibus.
Ce n’étoit pas aíTez de couvrir les portes de
vers obfeénes , ils les chargeoient d’opprobies
& d’injures. Tiballe , ( i. 2. 7.) :
Janua. dijficilis Domina , te. verberet imber.
Te jovis imperio fulmina mifia petant.
Janua jam pateas uni mihi viBa querelis ,
Nec fardm verfo cardiné apena fones. •
Et mala fi qua tibi dixit dementia nófira ,
jgnofeas y capiti fint prscor 3 illa mxo.
í 3 ^ Á. iVi A.
Properce, (r. 57.):
Te non ulla mes. Isfit petulantia Itngut,
Qus folet trato dicere verba loco.
L’aótíon de dire des injures á une porte , étoit
exprirriée par ces mots, occentare ofiium.
D’autres fois ces amans tenoient aux portes
de leurs maitreíTes des diicours paílionnés , poar
fe les rendre favorables. Ovide {Remed. Amor,
n. ) r
Et modo blandidas , rígido modo jurgia pofti
Dicat , & excliifus fiebile cantee amans.
Las enfin de ne ríen obtenir par menaces ,
ni par priéreSj ils frappnient aux portes & aux
fenétres á coups redoubiés , les brifoient &• les
for^oient avec fracas. Horace 3 {Ode. 1. xg. i.) :
Parcius junSas quadunt fenefiras
IBibus crebris juvenes protervi ,
Nec tibí Jomaos adimunt : amatque
Janua limen.
Telles étoicnt Ies folies qu’infpiroient á ces
jeunes amans une paflioa infenfécj & les fumées
du vin.
AMANTÍAj en Illyrie. amanton.
Les médailles autonomes de cette viUe font :
RRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent. _
Leur type ordinaire eft un foudre dans une
couronne de laurier;
AMANVENSIS. On appeloit de ce nom des
efclaves qui faifoient Ies fonñions du fecrétaire
dans fon abfence. Leur main ñylée á écrire avec
proinptitude j leur avoit fait donner ce nom.
AMANüS Olí OmanuSj dieu des anciens
Perfes que Ton croit étre le foleil , ou le feu
perpétuel que les Perfes adoroient comme une
image du foleil. Strabon Lappeile Dsm.on Perfa-
rum , le génie des Perfes. Tous les jours les mages
alloient dans fon temple, chanter leurs hymnes
devant le feu facré, tenant de la verveine en main,
& ayant ñjr la tete des thiares , dont les bandelettes
leur pendoient des deux cotes le long des joues.
_ AMARYNTHIA , furnom de Diane , pris d’un
vMage de ITubée , oú elle étoit adorée par des
fétes & des jeux.
AMASIA , dans le Pont-Galatique. amasseias
& AMACIA.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
Cette vilic a fait frapper des médailles impé-
nales ^ecques avec fon époque , en rinormeur
de Plotine, de Fauftine jeune, de Commode, de
Sent.-Séyére , de Julia-Domna, de Caracalla^ de
Ceta, d A'ex.-Sévére, de Mamée , 8e peut-étre
afíadriea Se d'Antonin. {Pellerin, P. ni. zcj). I
A M A'
AMASTEIS, en Paphlagonie. A^A2T?rAííí2ií,
AMA2TPEQ 8e AAIAETPIS.
Les médailles autonomes de cette ville font :
R. en bronze.
O. en argent.
O. en or.
Liles ont quelquefois pour type TÉgide.
Cette ville a fait frapper des médailles impérialej-
grecques, enThonneur de Domitia, de Nerva, de
Plotine, d’Hadrien,d’Antonin, deFauñine mere,
de M.-.4urele, de Faulline ieune, deVérus, de
Criípine, de Caracalla, de Moéfa, de Gordien-
Pie, de Sept.-Sévére.
AMATA. Lorfque le fouverain pontife avoit
élu une veftale par le fort, & qu'il Tótoit á íes
parens, il l'appeloit ,• parce que, dit Gel-
íius I. 11. ^ cétok le nom de la premiére filie qu¡
íut choifie pour veftale.
AMATHIE, une des cinquante néreides, felón
Homére.
AMATHONTE, ville de Tifie de Chypre, cu
Vénus étoit adorée d^’un cuite particulier. Cette
déelfe y avoit un fuperbe temple , dans lequel on
immoloit autrefois les étrangers. Vénus, irritée
de cette cruauté, changea tous les habitans en
taureaux , afin quiTs ferviííént eux-mémes de
viéiimes aux facrifices. Pour punir leurs femmes
du mépris qu’elles avoient témoigné pour fes
myftéres , elle leur ota toute pudeur 5 de forte
qu’elle fe proltituoient á tous les hommes indif-
féremment.
_ AMATHUSIA, furnom de Vénus , pris de la
ville d'Amathontc, oü elle étoit paniculiére-
ment honorée.
AMAZONES ; c’étoient des femmes qui for-
moient une république , dans laquellc elles ne
fouffroient point d’hommes ; pour perpétuer leur
race , elles envoyoient de tems en tems quelques-
unes de leurs compagnes dans Ies états voifinf j
quand celles-ci fe croyoient sures d'étre méres ,
elles revenoient auprés de leurs foeurs. Tous les
enfans males qui Hailfoientéteient immolés, mais
on élevoit les filies avec grand foin j on kur
coupoit , difoit-on , la mamelle droite , afin
qu elles fuífent plus en état de tirer de Tare ;
on les formoit aux exercices militaires ; & ThiíC
toire eft remplie des exploits de ces héroines.
On a dit que le pays qiTelles habitoient étoit
dans la Cappadoce , fur les bords du fieuve Ther-
modoon. Pour connoítre leur hiftoire , voye:¡'
Antiope , Hyppolite.
Nous laiíTons aux hiftoriens la difeuflion du
probléraequ offreTexiftencedes ama^ones nous
n examinerons ces héroines célebres que par rap-
port aux arts & aux monumens antiques.
On a répeté mille íois , & nous Tavons dit auífi
plus haut, que les amargones fe brúloient une ma-
mel'e , afin de t’rer de Tare avec plus de facilité;
que^ leur nom venoit de cette cruelle opération ,
de 1 « privetif & de/íéijor, mamelle. On a méme
cité
AMA
Cite Híppocrate a ce fujet. Mais ce tnédecin cé-
lebre n a parlé dans Tendroit cité que des jeunes
farmateSj & non des ama:¡^ones. Aucun écrivain
anden ne íáit menrion de cette coiitume fangui-
ñaire j ce font les modernes qui ont appliqué
aux ama^ones ce qu'Hippcrcrate avoit dit des
barmates.
•rkl* ínonamens antiques détruifent encore pías
vmblement cette ridicule opinión 5 car aucan
d eiix ne repréfente ces héroines privées d^une
^amelle. II y a dans Borne feule fept ftatues
d amarones , qni ont toares Ies deux feins. On
. /Y' \ 1 _ « _
A M B
I í ■
d une medailie de Gallien ^ fur laquelleil croit voir
une amaione privée d une mamelle. Mais la pe-
titeile de ce monument, & peut-étre fa vétufté,
ont trompe cet illañre antiquaire. MaíFei n'a pas
ete p.us heureux lorfqu^Ü a apporté en preuve la
nyi^he endormie de la Villa-Mattei\, appelée
rauílemeat Cléopátre.
La beauté des ama:!¡ones étoit une beauté de
convenuon exécutée par tous Ies artiñes de la
mame maniere. Les airs de tete de toares ces
fteroines paroiíTent avoir été pris fur le méme
“m une phyfionomie grave ,
raelee daffliétion 8c de douleur. Toutes leurs
Itatues ont une^ bleffure au fein ; & celles dont
ia tete íeule a eie confervée^ étoient fans doute
hgurees^ de meme. Les fourcils font indiques par
une arrete vive. Comme cette pratique étoit prin-
cipalement en ufage dans Tancien ñyle de la
coniedurer que Vamaroae
d Eteli,as ñatue qui_, préférablem.ent á celles de
Polyclcte & de PhidiaSj mérita le prix^ a fervi
de modele aux arnñes qui Pont fuivi.
Ceux j dit Winkelmann ^ qui ont fait reñaurer
deux amarones de grandeur naturelle au mufeum
du «pitóle , n ont fait aucune attention á ces
cataderes diñindifs : aucune des tetes , ni Pan-
tique ni la moderne, n’eft tfaccord avec la ftatue.
aL bafe d'une de ces
cinquante, nous apprend
5 e^^t la cinquantiém.e de Pen-
cíens. a"-
^oujodrs de groffes mamelles,
ont le manaeion cft prononcé , parce que ces
heroines étoient des fímmes. ^ ^
une feule inture^'^fui ^
les guerripr« ^ commune avec
n’eft pas nlacée heroiques. Cette ceinture
ponen, comme fe ti" í "r”’ “ ““1“" >»
une ceinture attachée au-deñbus du fein. Elle eft
Díeíiée 8c tombe de cEeval,
On en voit une morte au palais de Rome anpelé
ia tarnefina; cette ñame eñ de marbre de Paros.
Entre les bas-reliefs de la Vilia-Albani, il y en a
un qui reprefente un combar des amarones; &
Winkelmann en a publié un autre dans fes Mona-
mentí inedztz fnt lequel ces héroínes arrivent au
fecours des xroyens, fous la conduite de ieuc
reme Penthéfilée.
Virgile parle de cette reine dans P Jtnéide ;
Ducu ama^onidum lunatis agmina peltis.
Cette pelte dont il Parme , étoit un bouclier
contourne en forme de croiñant. íl caraétérifoit
es ama^ones , ainfi que la bipenne , ou hache á
deux tranchans, femblable á celle que íes artiftes
modernes placent dans le miíieu des faifceaux,
contre I ufage anrique & Pautorité des monu-
mens.
Amazone^ On en voit une á cheval fur les
medailles de Trajanopolis , en Phrygie. D'autres
province, de la Lydie, d’Ionie
8c d Aohe, metroient fouvent fur leurs médailles
3 OU feulement leurs armes.
.lirr par-lá Porigine dont
elles fe gíorifioientj car, felón Diodore deSicile
Mynne , reme des amargones d’Afirique , aprés le
combar qu elle livra aux Gorgones, traverfa ces
concrees, oá elle batit plufieurs villes. Elle donna
fon nom a celle de Myrina , 8c aux autres ceux
des neroines qui 1 avoient accompa^née.
AMAZOmuS. ApoIIon fiit ainfi nommé, á
caule du fecours qu’il avoit donné aux Grecs
contre les Amazones.
Am^zo:sius. Les flatteurs de Pempereur Com-
luode donnerent ce nom au mois de décembre,
en I honneur d une cqurtifanne qufil aimoit éper-
duement, & qu fi avoit fait peindre en amazona.
Ce prince, par la meme raifon, prit auffi le fur-
notn d Ama:^onius»
AMBA , en Efpagne.
Les medaiíles autonomes de ce lieu font •
RRRR. en bronzc. (Hunur).
O. en or.
O. en argent.
AMBACTUS, dans Ies Gaules.
portent cette legenda font ;
KRRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
^ Amsactus. Les Romains donnoient ce nom
a un domeñique, que nous ap^elons commijfwn-
naire. Son nom venoit 8l ambagere , ancien mot
latín , qui étoit fynonyme avec ambire , circum
agere^, &c. faire plufieurs tours & retours.
Céfar nomme ambañi une efpéce de clients
qui , fans étre efclaves , étoient attachés á quel-
que feigneur ou chef. En parlant des cavaliers
gauloisj il dit que chacón d'eux , á proponioa
S
138 A M B
«e fa naiíFance & de fon bicHi naenoit a fa fuite
un graná nombre de cüents & iícnzbacUs. Eoram ,
ut quifqzie efi genere , copzi/que ampUífimus _J ha
plurimos czrcum feambaños , ciientefque kahet. (De
Dei!. Gal!, vi- 14).
AMBAR\ ALES j féte Se cérémonie des Ro-
mains. lis Ies célébroient pour obtenir des dieux
une récoite avantageufe. On imrnoloit une géniíTe ,
une truie pieine , Se une brebis 5 ce qui fit
appeler ce facrifice fuovetaurilia. La vittime étoit
promenée autour des champs j de-lá vint le nom
a arnbarvaies q ambire arva.
Catón (ie re rufticá, c. 142) nous a confervé la
priére qui accompagnoit le facrifice : Mars pater
te precor quefoque y uti fies voleas propitius mzni ,
dozno , familisque nofirs. ^ quojus reí ergo agrum ,
zerram. , f’j.nd.’J,m.que mev.m. fiolitaurilia circumagi
jiifil : lit tu morbos vifios , iavzfiofique j vzduertatem j
•vafiimdintmque , calamitates , intemperarUzafique
proJizbeJfis , defiendas averruncefique , utiquetufm-
ges , fruznenta viñeta, virgiUtaque grandire ,, bo-
naqiie evenire linas : pafiores , pecuaque fialva fier-
vajfis , dziifique bonam fiaiutem valetudinemque mzki ,
domo , f ami liaque noflr&. Karumee rerum ergo fiundi ,
ierre, agrique mei lufirandi , lufirique faciendi ergo,
ficiit , dixi, macie hijee fiolitaurilibus lacientzbus
imznolandis eflo.
” Mars puiíTant,. je te prie Se fupplie ¿"étre
favorable á moi , á ma maifon Se á ma famille ;
G’eíl á ce deiTein que fai fair promener autour
de mes champs & de mon habirarion Ies victimes
facrées. Je te prle encore d^éloigner Ies maux
viubles ou invifibles, la viduitéj le fer ennemi(,
Íes calamites Se les temperes 5 de laiíTer croítre
6e múrir Ies fruits. Ies grains, les vignes Se les
bo!s. Confen/e fains faufs Se les paíleurs Se- le bé-
tad ; Se donne-moi la fanté Se le bonneur , ainfi
quá mes gens Se a ma faraille. Daas cette vucj,
que Ton immole les vréiimes pleines ^ afin que
mes terres Se mes champs foiem purfñés Se
fanCcifiés. ”
Tiballe fair une priére difrérente de celle de
Catón, (ti. I. ij ;
Quifiquis adeji , faveat tfiruges tujiramzis & agros y
Rifas ut a prifieo traditus extat avo.
Et n. 17 t
Dii patrii , pzJTgatnus agros , purgamics agrejres ,
V'os mala de nofirzs psUzte Umitibus.
On en tronve encore une troifiéme dans Feñusj
2U mat p efiejlas : avenas morbum , mortem , labetn,
nebulam , imp etlginem , pefiefiatem. » Ecarte la ma^
ladioj ia mort . les caiamitésj, Ies orages j Ies
irreendies , Se la neííe. ”
La céré.monie des Ambarvales étoit célébrée
par chaqué pere de famille. Se parle peu-p'e Ro-
jnain lui-méme , qui purifioit par ce facrifice toiites
Ies limites Je fon territoire , dans -le tems oil elles
a etQient pas éioignées de Reme de plus de
v_
A M B
cinq a fx müies. Les Freres Arvales marchoíefit
aiors á la tete da peuple , couronnés de chéne. Se
conduifant trois lois les viítimes autour du do-
maine de la république. Virgiie a décrit les Am-
barvaies dans le premier livre des Géorgiques «
vrs 343 :
Cuneta tibi cererem pubes agrefiis adoret :
Cui tu lañe favos , & tniti dilue Baccko ,
T erque novas circum fielix eat koftia frugts ,
Omnis quem choras & fecii comiteraur ovantes ,
Et Cererem clamor e vocent te. teña , nec ante
Falcem maturis quifiquam fiupponat arijizs ,
Quam Cereri, tortaque redimitus témpora quercu ,
Det motas incompofitos , 6’ carmina dicat.
Le jour oii Fon célébroit le.s Ambarvales étoit
un jour de pirdíir. On honoroit Cérés Se Bacchus,
en danfant Se en chantant des Hymnes en leur
lionneur. Que! étoit ce jour ? Rofinus croit qu'ii
nV en avoit aucun déíigné á cet eífet; rr.ais qu’on
ne manquoít jamais de les célébrer dans Fannée.
Catón femble iníinuer que la céiébration en étoit
abfolument volontaire.
Queiques écrivains difent que les Ambarvales-
fe célébroient deux fois Fannée, á la finde janvier
ou au tr.ois d’avri!. Se au mois de juillet. Cette
dernicre époque s’accorde avec ie. rems de la
marunté des moiflbns , maturis arijlis , dit \ irgile
dans Fendroit des Géorgiques cité plus haut»
D’ailleuts , Ovide quí a décrit les fétes des üs
premiers meis de Fannée , n’a point parlé des
Amban^ales. Elles nefe célébroieiitdonG pas avans
le mois de juillet.
AMBASSADEUR. Avant d'extraire les ufages
des Grecs Se des Romains relativement ?.ux Am-
bafíadeurs , nous ferons deux obfervations qui
jetteront un grand jour fiir cet anide, Les
Anciens r/ont connu que les ambajfadeurs extraor-
dmaires 5 Se Fon ne trouve ebez eux aueun vefrige
de ces ambajfadeurs ordinaires , que la poiitique
moderne á créés depuis trois fiécles , Se eui réíi-
dent fans ceíTe á la cour da prince auquel ils font
envoyés.
2°. Dans le premier age de chaqué république
Se monarchie , Ies héraults ont fait loñg-tems les
fondtions ál ambajjadeurs : Se méme ces derniers
ne ñirent refpeftés depuis, que p3,r égard pour
le herault'y^cré qui Ies accompagnoit toujours.
Ceíl: pourquoi Jes plus anciens écrivains ont ra-
remenc diftingué dans leurs récits les héraults des
ambajfadeurs.
Ces derniers étoient connus diez Ies Grecs fous
le nom de Se étoient choifis á Athene?
par les fnífrages du peuple. lis étoient reverás
^uelquefois de^pleins pouvoirs , Se ne rendoient
point cotnpte á leur rerour de leur geíHon. : od
xSS appCiOlt Avror-íárop-s. Mais pour For—
dinaíre on^examinoit rigoureufement leur con-
j duite j Se Fétendue qufils avoient donnée á leurs
1 poavcurs. Le tréfor pubUc Ies défrayoit pendaí*
A M B
íe rems de V ambaífnde. On leur donnoit par jour
csux ciragines , deux ¡ivres , da tems d’Ariílo-
pliane. f Acarn. aci, l. Se. ij.
Lonqii un amóajfadeur des Athé-niens avok me-
nte par íes lervices rípprobation du peuple , le
fénat lui doniioir un repas pubiic daos le Pry-
^ DrmojJhencs ó' Ulp-LcUy Oreit. defals. Icg).
On fmpoíbit au contraire une forte amende á
ceiui dont la conduite avoit mecontenté le peuple.
X-S mort étoit la punirlon du citoven affrt: té-
rr^raire pour avoirfok les fonccions ^ amhajfadeur
fans l'aveu du peuple ou da Sénat. (Démoji. ibid ).
Les ambajfadeurs des Grecs étoient touiours
accompagnés d’un hérault . x.y,(v% , pour i'endre
leurs perfonnes facrées. Auíli Homére, felón la
remarque d iiudathe , fl/i lUad.j fak-il toujours
preceder par cát officier les ambaífadeurs qu'UlyíFe
envoíe dans fes diíFérens vpyages, pour connoitre
les pays & les nations aapres defquels les vents
iontconduic t toas les peuples les refpediérent^
excepté les léítrygops, les cyclopes , & les autres
iiordes fauvages qui n'avoient aucune civilifation.
Le rnéme roí d’Ithaque futenvoyé avec Méné-
las a Troye, pour redemander Hclene, & pour
eviter ce liége non-moins célebre par fa durée,
que par fes_ fatales fiiites. On volt par ce choix
de deux pnnees illuílres , que Fon cherchoit á
concilier aux amhajfadeurs le refpeél & la con-
fiance^ en les prenant dans la claífe des hommes
diílingues par le merite ou par la naiíTance.
Quoiqu on fe permit quelquefois de Ies moleíler
par des reproches trop vifs^ ou par des railleries
infultantes , leur perfonne fut toujours facrée j
& _fur ce po!nt les loix divines & humaines
etoient parfaitemenr d'accord dans Fantiquité.
Hérodore ne raconre qu'avec horreur le crime des
Lacedem^oniens j qui maíTacrérent \t% amhajfadeurs
de Xerxés , & fes faites terribles. Depiiis cet
Ette.nm contra le droit des gens , les dieux irrites
n agrécrent plus aucun facrificej aucune priére de
ce peuple inhumain.
^ Tcuchés de repentir j Ies Spartiates envoyérent
a Xerxe^ deux de leurs citoyens les plus diítin-
gues , ann qu i! lavat dans leur fang Finjure qu°il
avoji. reque. Ma:s ce loi, que les Grecs vains Se
dedaigneux appeloient un barbare , ne leur fit
aucun mal. A uieu ne piaife , leur dst-il entf au-
tres reproches , que je parrage la honte dont fe
lont souverts vos concitoyens 3 en imitant leur
erraute ! aprés quoi il les laiíTa partir fains &
aa s. Le ciel , felón Hérodote , fut moins in-
il envoya á Lacédémone une rnqr-
■ ^ *1“^ enleVa ¡es enfans des meurtners.
tiTVn- caraótére des Lacédémo-
o'" ^ fot- tiís autres Grecs,
rhr^^ “ijou.cr 1 attennon qu’üs anportoient a
choiSr pour ambajjddeurs des citoyeks divifés par
efpéroient que de tels
A M B
159
P^ps le tems de leur fplendeiir & de leur r>
vante , Sparte & Amenes fe fiifoient uce gloire
voir un grana nombre & amhajfadeúrs venir de'
manuer leur ahi.uice 8¿r leur proteélion, C étoft
a J^ur gre le plus cei nommaqe cu’on pouvoit
leur renare ; & celle des deux vüies qui reeevoic
ie p.iis edes , croyoit t; lompher de fa rivale.
^es i.omains adopterent leo principes des Grecs
lur les ambaJTades & for les citoyens qui en étoient
Ci.arges. Ls leur accordejent le droit honorab'e
de porter un anneau d or j & ils lear élevoient
une ,.atiie Xorfou ils avoient été tués dans Fex^^r-
cice de icurs foníiions. Les ambajfaaeurs des Ro-
mains fe couro.nnoient ordinairement de vervenne
ou de branc.hes dfolivier.
^ En arr’vanr auprés de Roriie , les amhajfadeurs
etrpgers donnoierst avis au !enat de leur venue.
CciUi-ci leur envoyoit des députés pour en ap-
prendre la caufe ; sdis étoient amhajfadeurs des
peupies en.nemis , on ne leur permettoit pas d’e.n-
dans Reme, de crainte qadis ne’Fexamí-
naífont en efpions. Mais aprés les avoir tenus
reníermés drns une maifon hors de li viile, on
-eur renaoit la réponfe du fénat , & ils étoient
contraints de fortir fous trés-peu de tems de
1 itaae entiere. Si au contraire ils étoient envoyés
par des allies , ou ¿es peuples amis , des queíleurs
venoient les recevoir hors ce Rome , & Ies con-
duifoient d aoord au temple de Saturne, pour
jcs y faire inferiré & reconnoitre oar les sardes
da^tréfor pubiic. ' ^
l'luLarque {Qusfi. Rom. 41') demande pourquoi
lis commencoient par viíiter ce temple.' Les uns
croyoient que c'étoit á caufe de leur qualité '
va répubiique , Saturna Dréíidant á
1 hofpitalite. Mais 1 hiítoire lui offre une raiíbn
p.us vraifemolable. ii etoit d'ufage dans íes pre-
miers íiécles. de Rome , que les gardes du tréfor
pubiic detrayaíTent Ies amhajfadeurs , DriiEent foin
ae leur fanté & de leurs funérailles sd¡s mou-
roient pendant leur féjour. II etoit done nécef-
faire cu'ils commencaíTent par fe faire inferiré
íur les regíftres des gardes du tréfor pabiie an
temple de Saturne. Le graad nombre' des am-
baj^deurs étrangers qui arrivoient iour.nellement
a Rome , fit retrancher depuis les íbmraes qu’on
foMniffoit pour leur entrenen, fans que' Fon
ceífár cependant de les mener au temple de Sa-
rurne , Se de Ies préfenter aux gardes du tréfor
pubiic.
De ce temple , on les condaifoit á Faudience
du Senat , Se ils en attendoient le moment dans
une falle bátie á ce deífein auprés de ia curie
d Hoñilius , Se appelée Gr&ccjiaps. Le fénar leur
donnoit audience mema dans le mois de fcvrier,
lorfqu'i! . en étoit requis par ie premier magiílrat
de la ville , aunuel les. ambafadeurs en formoie.nt
la demande. Étant introduits , ils parlofent par
interpretes , mema ceux qui étant Grecs anroient
pu _s'expliquer daos leur langue natureiie , que
S ij
T40 A M B
tous Íes Sénateurs & tous Ies gens bien nés
enfendoient. Cer nfage bizarre ne fut aboli qu’en
faveur dn rhétear Molon , ce maítre célebre de
Cicerón. Vaiere-Maxime j ( ii. x. 3 ).
Les fénateurs Ies ir.terrogeoient enfuite avec
ragrément du chef du fénat. Tite-Livej (30. xx).
Ciim .more tradito a patribus j potefiatem inttrro-
gandí, fi quis quidvellet , legatos préLtor fecijfet , 8cc.
Chacun d’eux s^eíForcoit de les embarraffer par fes
queftions j Se de leur arracher des aveux útiles
aux Romains. Aprés ces interrogations , Ies Am-
baííadeurs fortoient du Sénat ^ & n’y rentroient
que pour apprendre de la bouche du préfident
la réponfe que Fon avoit difcutée & préparée
avec grand loin.
AMBEGNES oa ambiegnes- Fbyq; Hosties.
AMBIRE. Voyez Casdivat.
AMBITION ; Ies Romains avoient elevé un
temple á Yambídon; cétoit en eíFet la divinité
á laqueile ils ont le plus facrifié : on la repré-
fentoit avec des aíles au dos , & íes pieds nuds ,
pour exprimer Fétendue de fes deíTeinSj & la
promptitude avec laqueile elle veut Ies exécuter.
AMBITUS. Loríque ce mot eíl relatif - aux
Canoidats. V^oyeq^ cet article.
AMBITUS íignifioit auífi circuit , pourtour,
C’efl dans ce fens qu’il étoit employé par les
architeéles , pour exprimer Fefpace de terrein qui
étoit refpeclé fcrupuleufement devant & derriére
les monumens funéraires. Tout le champ dans
lequel on élevoit un tombeaUj ne devenoit pas
un endroit facré & inviolable ; mais cet honneur
étoit réfervé au pourtour du monument , & Fon
fixoit ordinairementfon étendue dans Finfcription ¡
par des expreílions analogues á celle-ci : Iv.
Erokte, Pedbs. tot. Ik. Agro. Peües. tot.
AMBITU S eñ encore employé par Tertullien ,
( de P aillo , c. y ) , pour exprimer Fampleur de la
j. parce^ qu^’elle entouroit le corps de ceiui
qui la portoit. ,
AMBO j déeííe. Tithrambo.
AMBRACIA j dans FÉpire. Ambp.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRR. en argent.
R-R. en bronze.
O. en or.
Leur type ordinaire eíl Pégafe.
AMBRE i'aune 5 faccínum. La fable dit qu’il
fut formé des larmes que répandirent Ies fceurs de
-Phaéton. Les recherches & Ies analvfes des chy-
miíles modernes , nous ont appris que cette fubf-
tance étoit un bitume formé par LépaiiCírement
d'une réfine inconnue, que la mer détache des
terres inondées , & rejette enfuite íur fes horas.
Pline étoit auífi inílruit que nous fur fa nature ;
8e: nous partageons encore Fiacertitude ou i! étoit
fur Fefpéce de Farbre qui produit tambre.
Cette fubftance étant rare & apportée des con-
trees feptentrionales de FEurope , fut achetée á
grands frais par les Grecs 6c k% Romains. Us la
A xM B
frene entrer dans leur parure^ 8c tambre jaune
fervit á faire des bijoux de toutes fortes. Pline fe
recríe contre ce luxe frivole avec Fénergie qui le
caraétérife. (izó. 30^ c. z & 3) :
“ Le rivage de la Germanie^ d'oú on nous
apporte tarnbre , eíl éloigné d'environ íix cens
mille pas de Carnuntum, ville de Pannonie...,
Parmi les objets d° agrément , tambre tient fa
place d’abord aprés le cryílal : réfervé cependant
jufquici á la parure des fenimes^ on eíl encore a
deviner ce qufil peut avoir de flatteur par lui-
méme ; c’eíl la frivolité des Grecs j 8c leur raífi-
nement qui Font mis á la mode.... Le plus pré-
cieux eíl le falerne^ ainli nommé á caufe de la
couleur du vin de méiiie nom^ dont il imite la
tranfpareflce & le brillant.... Enfin on met des
plaifirs de puré fantaifie á un fi haut prix , qtfune
petite figure é’ambre travaiilé , s' acháte plus clKr
que des hommes pleins de vie 8c de torce. »
DC. Fere M. pajfuum a Carnimto Parmon.it
abejl littiLs id Germarún , ex qao itivehitur, per-
cognitum niíper ( faccínum ). Proximam locam in
deliciis fsiminarum temen adhuc tantíim , fucciní.
obtinent , eamdemque om.nia k&c , qaam gemms. ^
autoritatem , fane majorem aliquihas de caufis
cryjiallina -& marrhina , Jrigídí potas atraque. In
fuccínis caujfam ne delicia quidem adkuc excogittr-
verant , occajio eji vanitas Grecorum diligentisi.
(Cap. 3) : Taxatio in deliciis tanta , ut hombiis
qaamvis parva efigies , vivorum kominum vigen-
tiumque preda fuperet.
Le détail fuivant donne la plus forte idee de
Fexcés auquel cette efpece de luxe étoit porté
chez les P^omains.
” Julien^ qui préparoit un combar de gladia-
teurspour Femperéur Nerón envoya un chevalier
romain , yifiter les endroits oü fe fait le com-
merce de tambre .■ il parcourut les cotes, & rap-
porta de tambre en fi grande quantité , qu’on en
garnit les maiiles des filets qui mettent le podium
a couvert des béres , 8c que les armes des giadia-
teurs , leur attirail fúnebre, enfin , tout Fapparei!
cFun^des iours de fpeclacle , fut fait hambre tra-
vaiiie : le plus gros morceau qu il apporta pefoit
treize livres. ==
(íbid.) : Vidit enim eques Romanas mijfus ad
id comparandam a Juliano curante gladiaíoriuin
rtiarULs Neronis principis , qui híc commercia &
iittora peragravit , tanta copia Invecia , ut retía
arcendis feris podium protegenda fuccínis notarentur
(veljiodarentur) , arma vero & Ubidna , totufqut
undís diei apparatus efet e fuccino. Máximum pon-
das is gleb& attulit xiii librarum.
Pline nnit par cette énumération :
jsXes pieces de metal de Corinthe, plaifent par
le melange du^ bronze av'ec For & Fargent 5 les
ouvra^es de cizelure, par Fart & le géniej les
murrhina 8c les cryílaux fervent du moins á bo-ire
rrais 5 les perles , parce qu’elles font Fornement
el une tete j les gierrerks , parce qu’elles font ceJal
A M B
áes doigts ; en un mot_, dans toas les excés videux,
on cherche a reprérenter ou a joair : dans la paf-
£on pt)ur Yambre , il nV a qae íe plailir fecret &
borne de fe fátisfaire. In fuccinis deliciarum tan-
tum confcientia. II fe moque auffi de ces hommes
déücats & voluptueiiXj qai préparoient eux-mémes
des champiguons avec des couteaux á’ambre &
des uñeníiles d’argent. ”
Le comte de Caylus a fait deífiner {Rec. m ,
/>. I p I .) un peut buííe hambre. II feroit diíEcile d’en
tireraucun avanrage pourlesarts. Cene tétejcou-
ronnée de laurier ^ ne reíTembk , dit-il ^ á aucun em-
pereur 5 & li elle eíl andque-j car le travail fur cette
matiére eñ toujours lache, & roriginaüté s’y fait
fentír avec peíne , on ne pourroit attribuer cé
monument quku Bas-Empire, fur-tout á caufe
da goút de rornement fur lequel ce bulle eíl
étabü. Au relie ,3 ce morceau, dont la coaleur efi
foncée , ó" qui , par cette raifon , pourroit
mériter le nom de Falerne , efi travaUlé de toas les
cotes , & percé de has en haut : ainfi , il peut avoir
fervi d üTTiulette , ou. plutot d une forte de parure*
Nous avoBS vu qukn morceau hambre étoit
paye a Rome plus cher qu’un efclave Fort & ro-
buíle. Mais quand Plme nkuroit ríen dit da prix
exceíiif que 1 on y mettoit , nous Faurions ima-
gmé aifément, en voyant Ies moyens dont on
s eíl fervi pour le contrefaire. L'art ne cherche a
imiter -que les fubílances précieufes.
Le meme favant antiquaire pofledoit un amú-
lete perce dans fon ornement pour étre porté
au col : ii étoit d’un verre qui imitoit Yambre.
La iornie de ce petit monument, & le fujet mouié
& traité en relief, nktoient point ordinaires; la
compolitipn repréfentoit un Amour á cheval fur
étendoit les bras vers le ciel , comme
sil eut demandé du fecours.
On voyoit auíli dans fa colleélion un fragment
de vafe imitant parfaitement Yambre. Examiné par
ces naturaliíles , il fut reconnu pour de la réíine
cópale , improprement nommée gomme. On fait
que les brocanteurs ufent encore aujourd'hui de
cette fupercherie pour tromper les amateurs , &
que Ja cópale eíl la réíine dans laquelle ils intro-
duifent mutes fortes d mfedes & de corps étran-
gers , ann de^ mieux imiter Yambre jaune.
II ne paroit pas que Ies -anciens ai'ent connu
am^re-^gns peut-étre Femployoient-iis dans la
c ^mpoiition Ges parxums 5 mais ils n ont ríen écrit
bírm- nature , qui eíl encore aujourd'hui un pro-
Am'eROISIE. C’étoit un aliment á Fufase des
A M B
141
dieux , ainíi que I
F
neétar. Amhroifie , íuivant
etymoiogie greccue , fignifie immortel , foit parce
qa. c etoit Ja nournture des immortels, foit parce
quelle commumquoit Fimmortalité á ceux^ Tul
en prenoient. Ckíl un des points de la MvrT
I"?». lei diffidles i =?la¡r3-r7±"¿ r°:
k“ dlir"™ & I! í-on buvoi,
eét-r, ou fi, au contraire, le neétar étoit
unaiiment fclide, & Ycmbroif.e une üqueurj mais
lí importe peu de conci.ier lá-deííus les fentimens
ccatraires j 1 opinión la plus commune, & oui a
ete adoptee par Homére , eíl que Fon mangeoit
, ambroifie & que Fon buvoit le nedar. II n'efl pas
moms chfficile de déterminer la nature de Yam-
broijie Ibiciis a crii en donner une haute idee,
en difant qu elle eíl neuf fois plus douce que le
miel, & qaen mangeant celui-ci, on éprouve
la neuvieme parné du plaifir que Fon goúteroit
en íe nournílanc ¿Y ambroifie. Quand les Grecs
vouloient célébrer la féte de la ílatue de Júpiter
Cteiicnj lis fairoieñt des libations d^’une liqueur
qu ils appeloient amhroifie ,• c'étoit une compofi-
tion de miel , d eau , de fucs de fruits' de toute
e^ece. Quant au neélar , les habitans du mont
Olympe s'imaginoient en faite en mélant enfemble
du vin , du miel & des íleurs odoriférantes.
Tout ce que Fon trouve furForigine du nedar
& de \ amhroifie , c eíl que Y ambroifie coula pour
la premíete fois d’une des comes de la ch^vre»
Amialthée, & que le néctar fortit de Fautre. Les
dieux, avant cette époque , vivoient uniquement
^ia^fumée de Fencens, & des exhalaifons des
íacriílces. Le ne6tar^ ruivant Homére^ étoit rouge
Perfonne na parlé de la couleur de Yambroit'z
mais Homére a dit qu'elle fervoit á faite du beume,
de 1 huiie & de la pommade. Quand Junon s arma
de tous fes traits pour féduire Júpiter, elle pric
un hz\n A ^hroifie j elle parfuma fes cheveux
avec de i eílence d amhroifie répandoit autour
d eLe une odeur divine, & renouveloit Ies cendres
deiirs de ceux qui la refpiroient. ■
Lorfque Vénus marchoir, dit Virgile, fes che-
yqux mouillés ¿Yambroilie exhaloient une odeur
divine 5 la jeune Hébé ne reíjiiroit dans tout fon
corps qnambroijie & nedar. .Ainíi , outre Yam-
broifie , il^y avoit de Feau ^amhroifie.:, de la
quintenence á amhroifie , de la pommade & de
la pare Sam.broifiei en un mot, on voit par-
tout que Fon reconnoiífoit les dieux & les déeiTes
a Foáeur qui les accompagnoit & qu ils laiffoient
apres eux, & que cette odeur étoit celle de Yam-
broifie. Mais ríen ne prouve mieux Jes eíFets de
Y amhroifie , confidérée comme matiére odorifé-
rante, que Faventure de Ménélas. V. Eidotée.
Le neéla, n eíl pas moms celebre pour fon odeur
que Yambroifie,
Vambroifie avoit encore une autre propríété;
eJe confervoit Ies morts ; elle faifoit plus , elle
commumquoit aux hommes Fimmortalité 5 elle
retablilFoit les forces, rendoit la fanté , guérijfibit
les bleíTufes. U amhroifie & le neélar étoient nécef-
faires aux dieux mémes ; ils n en pouvoient fup-
porter la privaticn , fans dépérir viliblement :
la^défaillaíice de Mars , quand il fiit enfermé par les
Aloídes , en eíl la preuve. ils le tinrent treize
mois en prifon, & le nourrirent forr mal. Quand
Mercure vint le délivrer , il le trouva defféché ,
fans voix & fans forcé j le nedar le rétabiit
142. A Al B
fur-le-champ. La méme chofe arrivoit á tous les
" dieux que Júpiter privoit du neólar & de
/ pour avoir juré lual-á-propos par le ítyx.
V. Styx. Les dieux ne prenoiént pas íéulement
du neétar par néceffitéj ils en prenoient encore
par habitude , par goúr ^ par défouvrement ; il ue fe
tenoit aucun confeil dans rOiympej qu’on ify
fervít du néctar.
Au refte il y avok de Xamhtsífie de diíférens
degrésj celle done les divinités fub'unaires &
psrincipaleiuentles nymphes faifoient ufage j n'étoit
pas á beaucoup prés:, d’une auíii bonne, quaüté
que celle dont ufoient Ies dieux céleftes. íl paroit
aufli que les, dieux ne faifoient pas de Yambrolfie
Jeur unique nourriture ^ 8c qu ils mangeoienc auííi
du pain.’ Erese.
Ambroisie j filie d’AtlaSj fut une des hyades.
K. Kyades.
AMBROSIES , fétes célébrées dans Tíonie &
dans 'prefque tomes les conrrtes de la Grece ,
en Fhonneur de Bacchus , au tems de ¡a ven-
dange.
Gn les sppeloit 'aaíTi Choa ou Len¿ía , parce
qu'on les célébroit dans le mois lendon, confacré
á Bacchus.
AMbUBAIJE. Horace {Sat. i. 1. 3.) dit:
Amhíibaiarum colhgia. ¡ ■pharmacovold.
Ses interpretes orí donné pluíieurs íignifica-
íions diítérentes au mot ambiibaia. ¡ maís il n’y a
oue la fuivante de raifonnable. Horace parle de
ferrsrr.es venues de Syrie ^ qui fe tenoient ordinai-
rement dartó le grand cirque & dans les lieux
pubücs, oá eües amufoient par des chanfons, &
par le fon des inílruir.ens qkelles avoient apportés
de FAfie. A ces taLns agréabies^ elles joignoient
un überdiiage honteuXj qui les couvroit d'op^
probre.
On fait que !a Syrie étoit en -réputarion de
fournir les meillerrrs hisdrions , baladins j chan-
teurs & joueurs d'íníírutnens. Ceíl á cela que fait
ailuíion JuvenaL C S^at. iii, 61. ) :
Jam pridem Syrzis in Tiberim defluxlt Orantes
Et linguam, & mores , & cum tibicine ckordas
Obliquas , nec non''genÚlia^í.ympana fecum
Vexit , ií ad circum jujjds profiare paellas.
Suétone peint Fempereur Néron fe faifant fervir
3 rabie par ces fenrmes fyriennes, & par Ies autres
courtifannes de Rome : Coenitahat nun numquam....
Ínter feortoram totius urbis , ambabajarumque mi-r
nifieria.
AMBULATIO. V. Portique.
AMBULII. Júpiter^ Minerve ^ Caftor &
Pollux portoient ce nom á Lacédétnone ^ oú ils
ayoient des autels places auprés d’un vafte por-
tiQue , dans lequel les habitans alloient fe pro-
mener. On fait venir le furnom ««csAíW du mot
3 retard ; parce qu’on croyoit que ces divi-
iutes retardoient Finílanr de la mort.
AME
AMEURBALES, Ambureiales ou Ambur.
BTUM , fétes qu’on célébroit á Rome en faifant
des proceffions autour de ■ la ville. Elles répon-
doient aux ambarvaies & on y pratiquoir "les
mémes céréir.ordes. Lucain fi't la defeription
d’une ambarbale dans fa Pharfale. (Liv. i , v. JjJij
&Juív.) Les vidtirnes que Fon conduifoir autour
des murs de la ville ,, s’appeioient auííi amkur-
bales.
On célébroit ces fétes lorfque des prcáiges
avoient alarmé les citoyens; & Fon y puriSoit
la ville menacée de malheurs ^ en brulant des
torches, du foufre, & en répandant de Feau.
AMBVSTUS , furnom de ia familie Fasta.
I! luí venoit de ce qu’un des Fabius avoit été
frappé da ton.nerre.
AME. Les opinions des anciens fur la natura
de Yame, appartiennent á la Fkilofophie ancienne;
c’eíí pourquoi elles ne doivent pas trouver place
dans cet árdele. Nous ifen parlerons que relative-
ment á la Mythologie , aux ufages que ces
opirdons ont fait naítre.
Les anciens croyoient que les ames ne mou-
roient pas avec les corps ; mais qu’elles étoient
douées aprés le- trepas d’une s'ertu céleíie qui
les confervoit atrentives aux événemens fubiu-
naires. C’eíl pourquoi ils Ies prenoient a témoinj
comme íi elles euíTent été placees fous leurs yeux.
Germanicus {T-aclt. Anual. /. 43- 3.) adreíTe la
parole aux ames d’A.uguííe & de fon pére Drafus:
Tua dive Augufie cáelo recepta mqns ^ tua, pattr
Drafe , imago.
Les phiiofophes difoienr que les ames des morts
étoient purifiées de leurs fouülures par le moyen
da trois élémens , de la terre ou du feii qu’Üs
croyoient homogénes^ pour Ies plus criminellesj
de Feau^ qui recevoit fous !a forme de poiíTons
les ames moins coupables ; & de Fait enfin , cui
retenoit fufpendues 8c errantes dans fon fein les
ames légérement entachées. Virgile expefe cene
doclrine dans le lixieme livre de F-^néide ,
vers 739 :
Ergo exercentur poenis , veterumque malorum
Supplicia expendant, Aiis, paniuntur inanes
Sufpenfd ad ventos : aliis fah gurgite vafto
InfeSum eluitur feelus , aut exaritur igni.
De-Iá vinrent les trois efpéces d’expiation ou de
purgation uíitées dans les facrifices ^ par le moyen
des torches ^ de Feau & de Fair. Un beau vafe
étrufqae da comte Hamilton, nous offre le mal-
heureux Oreíle accroupi fur un autel , ¡es mains
liées derriére le dos, qui eft purifié de fon parri-
cide par les torches desjprétreífes. La purincation
de Feau fe pratiquoit par Fafperíion de Feau luf-
trak , ou par les bains pris dans Ies fontasnes
facrees. Quant á celle de Fair, elle fiit pratiquée
par les Athéniens , qui , pour expier le íuicide
d’Engone , cccaíionné par leur négügence , Ys
balanjoient avec des cordes pendant les fétes
A M E
appelées aleudes ou éorics. Ayant été ainfi puri-
íiées par les éiémens ^ les ames étoieni; re^ues dans
les champs-élyíees,
On croyoit que ^amt fcrtoit du corps par la
laouche j de-la vinr 1 expreíiiou latine , animaTn in
primo ore , vel Labris ¡enere , que rend fi bien la
pnrafe, avoir 1 ame Tur les lévres. De-Iá vint qu’áu
moment ou un malade étoit prés d’expirerj fes
pareos ou fes amis approchcient leurs vifages du
íien, pour recevoir fon ame. Hs recueilloienr avec
aiitant de foin fes derniéres paroles. lis croyoient,
en eíFet, que Y ame fe dégageant des liens ter-
refíreSj puiífoit déjá des perxeCtions pr^pres aux
inteiligences céieftes^ & en particulier de Fefprit
prophétique._ C’eít pourquoi on trouve íi fouvent
dans les anciens écriv^ains^ les derniéres paroles
¿e ceux dont ils tracent la \ñe ou les exploits.
Apres la fépulture > on penfoit que les ames
• des méchans feuls reñoient furia terre, & erroient
autour des tombeaux pour expier leurs crimes.
Elies conferyoient une partie de leur caradtére
Vicieux, & aimoient le fang. Pour les fátisfairCj
on leur immoloit des captifs ou des efclaves
adietes a ce deííein. Les giadiateurs furent fubf-
tirues par la faite a ces victunes tnalheureufes ,
& i on ñt un jeu j un exercice public de ces
meurtres odieux.
Quelques-uns croyoient avec les mérempfyco-
Éñes , que les ames palToient dans les corps de
diíFcrens animaux pour expier leurs crimes ^ ou
dans ¡a fubftance des féves. Mais on étoit per-
fuadé que celles des empereurs s'e.nvoloient au
ciel, portees par des aigles^, que Ton faifoit voler
du haut de leur búcher, Quant aux ames des fui-
cides , elles cxpioient leurs attentats ev errant
pendanr autant_ d’années qu elles en auroient du
Vivre. De-lá vint Fufage des Romains , de oro-
clamer que le niort aux funérailles dnquel on
pvitoit fes amis , n’avoit point été privé de la
iurniere par la violencej le meurtre ou le poifon.
Ame., Le papiiion étoit le fymbole de IW^
que .es Crees appellent Pfyeké. On trouve auel-
quetois Cupidon tenant un papiiion par les ailes^
pour expnmer Fefclavage ou eíl réduite Y ame qui
le laiJe maitrifer parFamour. fC Psyché.
y/inkelmann a'publié dans fes Monumenti ine-
n° 170 une allégorie plus facile á cntendre,
& dans laqueiie 1 ame eft repréfentée par un pa-
Fdipn , fon fymbole ordinaire. C eft une pare
snnque du barón de Stofeh. On v voit Piaron
I L & méáitant profondément
u- el une tete ,ae mort. íiir laaueile eñ pofé
AMELIU M. Voyer M^LTa
un I^u fouterrain ou dans le ceníre de wf ^
qui recoL fofo A celui
qü- re^oiv & qm dorme 3 parce qufon fuppofoií mor.
AME
M5
pue ce goiiíFre qui recevoit Ies ames ¡ les rendóte
de^ meme ^ & qu'au forrir de-lá . elles aiioient
haoiter d autres corps. V. Ades.
■AMílIsT u^M. C'étoit le nom de la courroie
qui fervoit a reteñir les lances j lorfqufoh en
portoit un coup á Fennemi. La longueur & la
pefanteur de cette arme rendoient cette précau-
non néceíTaire. Le foidat paffoir un doigt dans
la courroie., pour iancer fa pique avec plus de
forcé.
On íe fervoit aufli de Yamentum pour lancen
certains javelots forts & pefans. Avant de les
jetar , on les balanqoit par le moyen de cette.
courroie , comm.e une pierre dans une fronde.
Quelques guerriers dédaienoient cette. reffource
néceíTaire aux hommes foibles, qui fuppléoient
a la forcé par í adreííé. íls n’employoieRt que
leurs bras pour iancer le javeior., fans fe fervir de
Yamentum. ( Sil. Ital. ,ix. J20. ) :
Indlgaatus opem amentí y focioque juvare
Expulfum nodo jaculam.
üM y étoit encore la courroie avec
laque'Ie on lioit furle pied la fandale ou chauíTure
appelée falta.
AMES , gateau dont les Grecs faifoient un
grand ufage. La farine & le lait en étoient la
AMESTPvIS femme de Xerxés roí de Perfe ,
yant réuíTi á alTaffiner fa rivale ^ oífrit en aéfiori
de grace aux dieux infernaux quatorze enfans
des premieres /amiiles de la Perfe , qu elle fit
cnterrer tous vivans.
AMitTHYSl E, cryftal de roche teinr en vioiet.
Quoique cette pierre ne foit pas plus dure que
le cryí-ral do.nt elle fait parrie les anciens Fonr
cependañt choifie trés-fouvent pour la gravure, &
én particuiier pour graver Bacchus., i caufe de fa
couieur vineufe. II eft rare d en rrouver d une
certaine étendue parce que la teinte de vioiet
n eñ pas égale 5 elle s'adoucit & fe détruit par
nuances.
Les anciens la recherchoie.nt á caufe de la mer-
veilleufe propriété qu'ils iui prétoient. dempé-
cher l'ivreíTe. Sa coulear vineufe lui avoit fait
donner fon nom j de pñv^úfy Sr de ,
je mfonn'ivre. Peut-étre auífi le nom avoit-il fait
imaginer cette ridicule propriété.
AM jí,T HY'S'T iN A vefiimentaj étoient des
íeints en peurpre méiée. La pourpre , fans
melange d^aucune autre couieur., étoit d'un rouge
de fang : on la refervoit pour Fhabülemenr des
empereurs. Etoit-elle méiée d’une petite quantité
de vioiet; elle devenoit améthyfle. Si le vioiet
dominoit; on avoit Yaméth'^/fe-vourprée , telle que
nous Fofrrent ¡es belles améthyfies de Ale ^ en
Catalogne, Les anciens donnoient encore impro-
prem.ent le nom de couieur ¿Y amétkyfle y á une
teinte ferablable s ceile de FHyacintke, V. ce
144. Á M I
AMI. Ce noffi, que des hommcs lírrés au?
débauches les plus infames ont profané chez
toutes Ies nations, ne déíígnoit chez Ies Grecs
fages & verrueuxj qu’une liaifon honnéte & un
attachement trés-louable. On les a fi fouvent
calomniés á ce fujet j que leur apologie doit trou-
ver place dans le Diéiáonnaire d'Antiquités. Elle
ne s'étendra pas á ceux qui fe font déshonorés
par des liaifons honteufeSj & qui, raalheureufe-
ment, ont trouvé des imitateurs chez tous les
peuples pólices.
On a écrit que des républiques entiéres ont donné
la fanction des loix á ces attachemens infames ;
inais on n'a pas obfervé avec aflez d’attention ,
que la plupart des individus que Ton . a ofé en
foupconner, teis que Socrate & plufieurs autres,
étoient mariés légiumement5 & que d’ailleurs ,
jamais les hommes reunís pour creer ou reeevoir
des loix,n’en ont acceptécs qui tendiífent directe-
ment á empécher la population. Cesconfidérations
doivent éclaircir les loix & les faits hiftoriques,
qui concernent Tamitié entre les jeunes Grecs.
Leurs premiers légiflateurs crurent ne pouvoir
oppofer de meilleure réíiftance aux ennemis de
leurs républiques, que les confcdérations ou liai-
fons particuliéres de la jeuneíTe. AuíG vit-on ces
jeunes antis enflammés du méme zéle, faire fentir
auxtvrans &aux ufurpateurs, combien étoitutile
au bien public Tamitié qui lioit les Ariílogiton &
les Harmodius.
Le nombre des trois cens íbidats d’élite qui
formoient á Thébes la pkalange facrée , doit faire
exclure feul toute idee déshonnéte qui pourroit
fomller la pureté de leur liaifon. Les Spartiates ,
invincibles jufqu’alors, cédérent á la valeur des
trois cens amis , qui ne furent vaincus que dans
Ies plaines de Chéronée. Ce fut-lá que leur ennemi
& leur vainqueur, Philippe, pére d'Alexandre,
rendir un témoignage authentique á la pureté de
leur attachement. S’étant tranfporté fur le champ
de bataille , il vit cette phalange facrée , dont
aucup foldat n'avoit furvécu áfa défaite. PériíTent,
s’écria t-il , pénétré d'attendriíTement & d'admi-
ration ! périíTent ceux qui ofent foupqonner ces
braves guerriers d’avoir pu commettre des crimes
qui outragent la nature !
Ami de Tempereur.
C. SENTIO
SEVERO
QU ADRATO
c. V. eos.
AMIGO. E T
COM. AUG. N.
Cette infeription , que Ton voyoit jadis a Milán,
nous apprend que les empereurs donnoient le nom
¿éami á quelques courtifans diílingués , admis dans
leur familiarité la plus intime , & méme dans les
cor.feils; comme on en peut juger par ce paflage
de Spartien, ¿ans la vis d’Hadrien, c. i8 : (¿uum.
AMI
judicanc , in confiHo habuit non amicos fuos¡ aut
comités folkntjfed iéios pr&cipué Julium Celfum,
Salvium Julianum, Neratium P rifeum , aliofquc.
Ami du peuple romain. Le fénat donnoit ce
nom aux rois qu il vouloit favorifer, ou avec qui
il contraéioit aliiance. V. Allié.
Ami. Ce mot avoit chez les Romains une figni-
fication beaucoun plus étendue qu'il ne fa aujour-
d'hui. Les candidats le prodiguoient á tous ceux
qui devoient leur donner leurs fuffrages, quoi-
qub'ls ne Ies connulTent que de nom. Ce fut fans
doute cette multitude £ antis qui leur fit imaginer
des livrets , appeles kalendaria amicorum , fur
lefqueis ils les inferivoient , fuivant Ies époques
oú ils auroient befoin de leurs fuffrages.
Les empereurs & les grands divifoient cette
foule ¿’amis en plufieurs ciaffes , felón le rant^
qffils qccupoient dans leur amitié. Ils avoient des
heiires marquées pour les reeevoir, d’ou vint ,
Texpreñion admiífionis prima , fecunda , tenia.
V. ce mot.
Dans Ies repas , Ies Romains fe reffouveno.fent
de leurs amis abfens , & en faifoient mention
pour s4xciter á boire. Ils buvoient un coup toutes
les fois quils Ies nommoient, qu ils parloient des
dieux, ou qffils rappeloient d'autres objets auífi
étrangers au repas. Horace nous en fournit un
exemple dans Tode 19^ du 13= livre, oú il boit a
la nouvelle lune, á Theure de minuit, & á f augure
Murena :
Da luna propere nova.
Da ñoñis media, da puer auguris
éM.urena : tribus aut novem
M-ifeentur cyatkis pocula commodis.
Lorfque les amis partoient pour un voyage,
ceux qui reftoient leur donnoient des marques
d’amitié plus delatantes. Nous devons au voyage que
fit Virgile á ,4.thénes, la belle ode 3® du premier
livre d'Horace, ou il invoque en fa faveur tous les
dieux tutélaires des marins. On a trouvé a Come
un monument de ce genre; 4eft une infeription:
NEPTUNO. ET
BIS. AQ0ATILIB
PRO. SALUT. ET
INCOLUMIT. SIM
QUART. SECUNDIN.
AMIANTE , pierre argilleufe , qui fe divife
fouvent en fikts longs , foyeux , & de diverfes
couleurs , mais plus ordinairement blancs. Ces
filets réfiñent au feu ordiuaire des foyers domef-
tiqup; c’eft pourquoi on les a employés pour
fervir de meches incombuftibles aux latiipes. CeuX
qui ont cru la fable des lampes inextinguibles,
n ont pas manqué de leur préter de femblables
meches.^ Aldrovande a renchéri fur eux; car ils
ecrit qu on pourroit réduire Yamiante en huile,
& que cette huile brúleroit toujours fans fe con-
fumer. Coaament a-t-on pu penfer un feul inílanr,
qu une
A M I
íqu’nne matierc pút jeter de la flamme fans perdre
áe fa Tubílance i
PHne dit que Yamiante étoít un vegetal qui
venon de dlndcj & il l’appelie Un. zncombufiible.
II av'oit eré induit en erreur par Tufase que Ton
fáifoit alors des filecs de Yamiante. On Ies fiioit
avec de la laine ou du lin ^ & on -ouruIiToit une
toíle coTT.pofée de ces deux fubftances. l oríqu^elie
étoit Snie , on la jetoit dans le feu , qui confumoit
la laine ou le lin , Se iailfoit Yamiante intaCt.
Fline parle de nappes & de ferrúettes faites avec
cette toiíe , que Ton jetoit dans un braíier pour
Ies nétoyer, parce que le feu ne confumoit que
les particules hétérogénes. Mais ces raretés ne fe
voyoient que chez des fouverains 5 car Yamiante
fe vendoit auffi cher que les perles.
On faifoitj felón le méme auteur , un ufage
plus remarquable des toiles ¿Yamiante : on s’en
fervoit pour envelopper Ies corps des roisj afin
que leurs cendres ne fe mélaíTent pas avec celles
du búcher. Cette précaution a pu étre employce
quelquefois ; mais plulieurs antiquaires en ont
fait mal-á-propos une pratique habituelle dans les
funérailles des empereurs. Cependantj leurs hif-
toriens n^ont jamais parle de ces tóüeSj quoiqu’ils
ayent décrit fortau long & les cérémonies que Ton
pratiquoit en brdíant ces corps auguííes , Se les
íiioyens employés pour ramaííér les cendres qui
rendoient inútiles fes toiles d’amiante. On trouve
d'aüieurs dans plulieurs urnes fépulcrales , des
charbons méiés avec Ies cendres : ce qui montre
que Ies ancicns n’étoient pas tres - foigneux de
recueiiiir uniquement les relies des morts.
Quoique Tufage des toiles á’amiante ne fút pas
general & conftant , le témoignage de Pline mérite
notre confiance 3 pourvu qu'il foit reílreint á des
cas particuliers. On trouvá , en eíFetj un monu-
tnent anrique en lyoz , auprés de la porte de
Rome , appelée autrefois porta Nevia , qui ne
íaiíTe aucun doute fur la réalité de cet, ufage. Cétoit
une urne funéraire omée de bas-reliefs élégans,
dans laquelle il y avoit un crine , des os brúlés ,
& des cendres renfermées dans une toile ¿Yamiante
d’une longueur furprenante. Elle avoit neuf palmes
romains de longueur^ furfept'Se large, c'eíl-a-
dire 3 cirq pieds fept pouces dix lignes & demie
de longueur , & de largeur quatre pieds onze
pouces neuf lignes & demie. Clément XI fit
oépofer ce monument précieux & unique dans la
bibliothéque du Vatican. On le voit encore dans
pe palais.
La plupart des écrivains , Ies naturalilles
exceptes, donnent indift'éremment les noms d'a-
miante & d asbefie á la méme pierre & a fes
plets.
AMI CAB I LIA fcamna. Sídoine Apollinaire
(epifi. _i_- 3.) fe fert de cette expre&on , fiamnis
amrcabilibus deputantur . Les commentateurs font
partages fur le fens de cette phrafe. Les uns
«ulent y r.econnoitre les banes des avocats, &
Antigahés ¡ Tome L
A M I 145
les suíres ceux des confeillers ou alFeíTeurs, appelés
pour aider les juges dans leurs fonclions. Ceux-ci
ont été nommés quelquefois amíci par les empe-
reurs.
ATiICIRE & induere. Le premier de ces mots
s empl^oyoit^oiijours pour le truinteau ou furtout,
& le fecond pour la tunique intérieure.
AMICTÜS. On donnoit ce nom á toute efpéce
d’habillement qui fe mettoit fur la tunique , & qui
pouvoit envelopper le corps. Tels étoient le man-
tean & la toge.
Amictiis dúplex, fe difoit d’un mantean doublé,
ou fait d"un drap trés-épais, qui tenoit auffi chaud
que deux manteaux ordinaires. On s'eíl fervi quel-
quefois de cette expreffion pour déíigner un man-
tean plié en deuxj afin de n envelopper quune
partie du corps.
AMICTJLUM, étoit un manteau court, efpéce
de mantelet , que les grecques & les romaines
mettoient par-delTus la robe. Les grecques Tappe-
loient X.VK>.US, ataSnXÍS'iaj , ¿¡iiríx.o'nay OU í’yx.uxXioi ^
& les ro-mainés ricinium.
11 étoit fait de deux morceaux, coufus par le
bas & attachés fur Tépaule avec un bouton 5 de
forte qu’il y avoit deux ouvertures ménagées pour
paíTer les oras. Quelquefois il defeendoit a peine
jufquaux manches, & fouvent il n'étoit guéres
plus long que les mantelets de nos jours. Nous
voyons, en effet, fur quelques peintures d'Her-
cuíanum 3 que ce vétement eíl fait á-peu-prés
comme celui des franqoifes modernes : c'eíl un
mantelet léger, qui couvre Ies bras, qui paroít
coupé en rond , & qtf il falloit paíler par-deflus
la tete. De - lá lui vint fans doute le nom de
x.’jx.>Yaí, cyclas , cyclade 3 c’cft-á-direj habüle-
ment rond.
La Flore du capitole oífre un amiculum un peu
différent. C'ell un manteau plus long, compofé
de mé.me de deux piéces , Tune devant & Tautre
derriére. II eíl coufu des deux cótés de bas en
haut , & boutonné fur Tépaule , avec des ouver-
tures pour les bras : le gauche eíl paífé au travers
d’une de ces ouvertures, tañáis que le droit eíi
couvert de Y amiculum ; mais on y apper^oic
trés-diíliiiélement . Touverture deílinée au bras
droit.
Ce vétement des femmes faifoit le méme effet
que le manteau court des hommes, appelé chla~
myde ou paludament. Ceíl pourquoi Quinte-Curce
fe fert toujours du mot amiculum , lorfqu’il parle
des petits manteaux que portoient les guerriers
par-defliis leurs cuirafles.
AMÍDON. Les anciens connbiffoient la ma-
niere d'extraire la partie arhylacée du bled. Pline
fait honneur de cette invention aux habitans de
Tifie de Chio , & dit qu'ils fourniíToient encore le
meüleur arnidon du commerce. Diofeoride derive
fon nom latin amylam, du grec ay.vXi¡t , qui veut
dire, farine faite fans meule.
AJíííLCAR, fut un des généraux carthaginok
14^ A M I
que fes cofflpatriotes mirent au rang des dieux.
Heredóte ( lih. 7. ) raconte c^aAmilcar ayant
été vaincu par Gélon , difparutj & ce piit étre
trouvé ni vif ni mort^ quelque foin que pnt fon
rainqueur de le faire cherchen Les Carthaginois;,
qui o'nt une grande vénération poar Jui, continue-
t-il , difent que j durant le coir/bat des Barbares
de des Grecs^Siciliens j Amilcar étant demeuré
dans le camp ^ y faifoit oífrir des facrifices de toutes
fortes d’animaux, & qüe voyant la déroute de
fon armée, il fe jeta dans le feu : mais foit qiLil
Mt mort de cette maniere , comme le difent les
PhénicienSj ou de Tautre, comme raíTurent les
Carthaginois 2c les Syracufains , les premiers lui
ófírent des íácriñees, & ont elevé des monu-
mens en fon honneur par-rout oú il y a quel-
ou'une de ¡eur colonie , & principalement á
Carthage. ,
AMIMETOBÍE. Marc-Antoine & Cléopátre
áonnérent ce nom á la fociété de plaifir quhls
Kérent enfemble a Alexandrie. II eíl compofé
^ , inimitable, & de lá/os-, vie. Ce que
Plutarque raconte des dépenfes eíFroyables qu’üs
faifoient , juftiíie bien la dénomination de vie
inimitable. Que Ton imagine Taílemblage du luxe
ie plus eítréné, & une fuíte continuelle de jeux,
de féíes & de délices, on aura encore une foible
idee de la vie que menoient ces deux célebres
débauchés.
AMINÉE. Le vin SAmmée étoit le produit
d^’une efpécc parriculiére de raiíln qui avoit été
tranfpladtée en ítalie. CoIun:e!íe dit qa’elle avoit
été appottée du páys des Aminéens, dans la Thef-
falie ; & que le vin fait avec ce raifin , étoit ie
premier & le plus atícien qu euffent connu les
Romains. - .
Súivant Macróbe , le vin de Falerne étoit appelé
autrefois vin Aminéen. D’un autre cote, Galien
parle du vin Aminéen qui fe faifoit dans la Cam-
panie, dans la Sicile & dans la Tofeane. Ce qui
prouve que le vin de Falerne étoit fait avec le
raifin Aminéen, & que fon furnom n'avoit pas
d’autre origine.
Ce vin étoit auñere, rude 8c acide dans fa nou-
veauté , mais ii s’adouciíToit *en vieiililfant , &
acquéroit une forcé 8c une vigueurqui le rendoient
propre á fortifier reílomach , par la quantité d’ef-
prits qufil renfermoit.
A’Aíinnoi. Yoyez Par-eí equi.
AMISTRA, en Sicile. a.mhstpATInqíí.
les médailies autonomes de cette ville font :
RP„ en bronze.
O. en argent.
O. en or.
, AMíSUS j dans le Pont-Galatique. ajíisot 8c i
AMICHNaN.
Les médailies autonomes ás cette ville font :
C. en bronze,
O. en or.
O. ea argent.
A M M
' Cette viile a fait frapper des médailies impé-
fíales grecques, avec des époques, en l’honneur
dCEIius, d’Antonin, de Caracalla de Diadu-
ménien, de Maximin, de Tranquiliine , de Sa-
lonin.
AMITIE ( L’ ) a été divinifée com.me plufieurs
autres vertus , mais les anciens en parlent peu ;
on ne fait méme II elle avoit des temples 8c des
autelsj le rems ne nous en a confervé aucune
repréfentarion. Lilio Giraldi , dans fon ouvrage
des dieux du Pagaaifme , aíTure que Ies Romains
repréfentoient 'íAmitié comme une jeune femme,
ayant la tete découverte, vétue dhm habit groíSer,
au bas duquel étoient écrits ces mots : mort
& la vie , pendant qu'on lifoit fur fon front
ces autres mots : JJ été & 1‘hiver. Elle avoit la
poitrine découverte jufqu’á Tendroit du coeur ,
oú elle partoit la main, 8c on y voyoit ces paroles,
de loin & de pres. On vouloit apprendre par ces
fymboles , que YAmltié ne vieillir point ; qu elle
eñ égale dans toutes les faifons, dans TaSfence
comme á la vue de Tami ; á la vie 8c á la mort;
qu’eüe s'expofe á tout pour fervir celiii que fon
aim.e, 8c que fon n^a rien de caché pour fon ami.
On lui fait embraffer un ormeau fec , qui eíl
entouré d"un fep de vigne , pour marquér que
YAmitié ne paroit pas moins dans les difgraces
que dans les fuccés.
AMMAAQ. Héfychius, qui parle de ces feteSj
dit fimplement qu'on les célébroit en fhonneur
de Júpiter.
AM.MEDERA , dans la Numidie.
Goltzius feul a publié des médailies imperiales
grecques de cette ville.
AMMON, chez Ies Egyptiens Amüm Se
Amun.
Les habitans de l'Egt'pte adoroient le foieií
comme la diviniré unique 8c Tame de l’univ^ers.
(Macroi. Satur. /, c. 18). lis le repréíentoient
fous difrérentes formes , afin de peindre Ies di-
verfes phafes de cet aftre 5 fon eníance au folílice
d'hiver, fon adokfcence au printems, fa virilité
au folftice d’été, 8c fa vieilieflé á réquinoxe d’au-
tomne.
Martianus Capella nous dit poíitivem.ent que
le foIeil étoit la divinité adorée fous les dififérens
noms de Sérapis, d^Ofiris, de Mitra, de Fluton,
de Typhon, df4tys, du jeune homme qui inventa
la charrue, d’Adonis, de Eiblos & ¿'Amííos^
( Nupt. Philol. lib. 2.. ) :
Te Serapzm Nilus , Memphis veneratur OJirim ,
Dijfona facra Mitram , Ditemqae ^ ferumque Typho-
nem.
Atys pulcker , ítem curvi & puer almus aratri
Ammoit et arentis Ltbirs , ac Biblius Adon-
Szc vario cunélus te nomine convocat orbis.
Dans Ies pferres gravees du barón de Stofeh ,
on volt un Japiter-Ammon avec un croiflant, ce
A M M
^HÍ fortifis encore Tidée du foleii, qne !’on fait
Itre identique avec cette divinité.
A quelle ph.afe du foieil répondoic VAmmon
de la brillante Lybie ? Apprenons-le de Foracle
de Claros :
<l>pá^ii Toy •yykyrm ¡í^any (shy Íi/.uíy Ika ,
Atv A Uio'y^y ^ AU ¿ ¿¡/üjScr c!fXopí.hs!i
HíAio» ¡Jl B-ipi'j; , ftirnTíxps k''¿Sp¿y ¡áa.
Dic deorum omnium fupremum ejfe Jao ,
Quem kyeme orcurr. diciint , ineuMt autem vere
Jovem
Aflate porro folem, ac tándem ay.tu.mno inclinato
tenerum Jao.
Ammon , appelé Júpiter par les GrecSj étoit
le foIeil dans fon adolefcence á Féquinoxe du
prinreiTíS , au ligne du bélier. lis le nommerent
par corruption Júpiter- Ammon ¡ tandis qudis au-
roienr du cendre le mot á’Amun, par celui de
Júpiter. Car Hérodote ^qui avoit voyagé en Egypte
pour sdoílcuire j ¿it précifément (¿ii, 2, c. qz)
que les Egyptiens appeioient Atnmun le Júpiter
des Grecs. Nous fuivrons cependant Fufage ordi-
naire d'appeler cette divinicé J upiter - Ammon ,
parce qu aprés cet ayertiíTement , la fauíTe déno-
mination ne fauroit induire en erreur.
- Jupíter-Ammon étoit adoré dans touce FEgypte 5
mais il étoit honoré d’un cuite particuiier dans
FEgt'pte fupérieurej á Tñébes, qui lui étoit con-
facrée. Les Grecs lui en donnéreiit le nom, en
Fappelant ville de Júpiter ^ AiL-toAíí ^ & en nom-
Eiant Júpiter le dieu des Thébains. Ammon avoit
á Thébes un temple magnifique, dont Hérodote,
Diodore de Sicile & Pline ont fait des defcrip-
tions étonnantes. Quoique -Ie farouche Cambife
Feút dépouillé & ravagé , on en voit encore
-aujourd'hui des veftiges au milieu des ruines de
Thébes.
11 y avoit dans ce temple une ñatue de Jupíter-
Ammon. On la montroit tous Ies ans un certain
jour, aprés Favoir couverte de la peau d’un bélier ,
que Fon immoioit fur-le-champ. Aprés cela, on
approchoit de cette ftatue celle d'Hercule , pour
rappeler une ancienne rabie. Kercuie ayant voulu
voir Jupiter-Aimmon, ce dieu tua un bélier, & ne
fe montra á lui qu’aprés s’étre couvert de la peau
de cet animal. Telie étoit la fable allégoriqne fous
laquelle les prétres egyptiens cachoient la liaifon
aftronomique ét Ammon & du bélier.
On confervoit dans le méme temple un bélier
ou mouton , que Fon élevoit avec grand foin ,
& que^i on honoroit d’un cuite religieux, comme
I embleme de^ !a divinité. Par refpedt pour cet
animal , les habitans du Nóme Thébain ne tuoient
point de brebis ni de moutons.
Les Ethiopiens defcendoient une fois chaqué
année le Nil jafqu a Thébes, pour y adorer/ap/-
ta-y Ammon. lis avoieat un petit temple portatif
A I A’J
(ou niche) de cette divinité , le prómeaoient au-
tour áe leurs habitations & de celles des Lybiens ,
en célébrant ces heureux jours par des fefíins 8c
, des danfes continuelles. Cet ufage religieux ed
expliqué par une ftatue de femme égyptienne ,
qui eft confervée au paiais Barberini á Rome. Elle
porte devant elle une caííette ou niche , dans
laquelle eft un petit Anubis. Kircher a fait graver
un égyptien avec une femblable niche. Cette aiTo-
ciation reügieufe des Egyptíens , des Ethiopiens
& des Lybiens , duroit encore fous le régne de
Théodofe le jeune , comme nous Fapprend Is
rheteiir Prifcus , ( ¿n eclo.gis Legationum ).
Les Grecs, de qui nous tenons toutes nos Con-
noiffances & nos traditions fur les Egyptiens ,
n’ont parlé du Jupíter-Ammon de Thébes, que
d’une maniére détournée j mais ils fe font fort
étendu fur celui de la Lybie. Les Romains, á
leur exemple , ne s’occuppient que du Jupíter-
Ammon lybien, & Quinte -Curce a fait dans la
vie d'AIexandre , une belle defeription de foa
temple. Le plus refpecbé de tous Ies oracles fut
le fien. Son antiquité feule fuffifoit pour lui mé-
riter la véncration de la múltitude. II ceílá cepen-
dant long-tems avanr ceux de Delphes & de Claros.
Quoiqn'il falltit traverfer les fables brúians de la
Lybie pour y arriver , les peuples Ies plus éloígnés
fe foumettoient avec ;oie aux incommodités de
ce voyage. Se revenoient fatisfaits en rapportanc
un Oracle.
La ftatue de Jupíter-Ammon Lybien étoit cou-*
verte de pierres précieufes. Quatre-vingt prétreS'
la promenoient dans Ies viikges voifins , fans teñir
de route certaine. Ils ne skrrétoient qu’aprés avoir
appns de la ftatue elle-méme , par de certains
mouvemens de tete, qufiis ne devoient pas aller
plus loin. C’étóit par des fignes, & non par des
paroles, que Ies prétres connoiíToient Ies decifiorts
du dieu que Fon confultoic. L ’empreílément des
nations avoit fait du lieu le plus ande , le centre
de Fopulence. Les habitans de la ville qui entou-
roit le temple , prefque tous confacrés au mi-
niftére de Fautel, étaioient la magnificence des
rois.
Ce n^étoit pas le peuple feu! qui enrichilToit le
temple Se fes miniítres, les monarques les plus
puiííans y envoyoient leurs qffrandes , pour ea
obtenir des réponfes favorables á leur politiqiie.
Les prétres favoient égalemenr proíiter de la cré-
dulité du vulgaire 8c de Fambition des princes j
mais ils n'étoient pas toujours acceííibles á la
corruption. Lorfque Lyfandre de Lacédémone
voulut devenir le tyran de fa patrie , il crut pou-
voír les féduire par Féciat de For, pour en obtenir
une réponfe qui fervit fon ambition. Ses dons.
farent rejetés avec mépris, & les prétres indignés
fe rendireñt a Sparte, oü ils formérent une accu-
fation contre le téméraire qui avoit voulu les
fubomer. Alexandre réuíCt mieux que le fpartiate.
A peine fe préfena-t-il dans le temple , qu*ü fa.:
jaS a m m
I
falué par le premier pontife , comme Sis de Ju-
plter.
Les ég}'ptiens regardoient Ammon comme l’au-
teur de ía fécondité & de la génération ; ils pré-
tendoient que ce dieu donnoit la vie a toutes
chofes, 8c qu’ildifpofoit en maitre des influences
de Tair. Ils portoient , en conféquence , fon nom
gravé fur une lame de metal qu iís attachoient fur
le cceur j comme un puiíTint préfervatif. T!s avoient
tant de confiance au pouvoir de ce dieu , ou’ds
croyoient obtenir Tabondance de rous les biens
parfon invocation. Cetre fuperítítion s'introduifit
aiuTi chez les Romains ^ qui regardoient Jupiter-
Ammon comme le coiífervateur de !a namre-
On le repréfentoit ordinairemeíit fous la figure
d’un belier ; c'eft ainíi que le peint Lucain Pharf.
J.Y. pía). Sur Ies pierres gravees & far les mé-
¿aiües de la Lprcnaíque en paríiculier ^ il paroit
loas la forme humaine, ayant des comes de bélier
qui naiíiént au-deíTus des oreilles & qui fe re-
courbent tout autour.
Ammon ^ fiis de Cvniras ou Cynir^ époufa
Mor oa Mirrha, & eut pour íiis Adonis.
Adonis^ Cynikas, Miicrha.
AMMOMÉENNES. (Lettres j Philon de Biblos
350US dit dans fon Fragment confervé par Eufébe ,
que Fauteur de rHiííoire du prétendu Sancho-
rdaton Favoit cempofée á Faide de certains m.é-
moires qu iitrouva dans les temples, & qui étoient
ccrits en lettres ammorLétanes. Ces lettres étoient,
fuivant Fexplication de Bochart , celies dont les
prétres égt'ptiens fe fervoient pour les chofes
íacrées.
AMMONIA , furnom de Junon , á laquelle Ies
Eléens facrifioient, peut-étre par alluíion á jupiter-
Ammon. Elle avoit un autei fous ce nom aupres
du temple de Júpiter.
Ammonia, dans la Marmarique. ammcn.
Cette ville a fait frapper une médailíe impériale
grecque, en Fhonneur de Fauiline, mere.
AMMONIA. Héfychius dit que c’étoient des
fétes céiébrées a Athénes; m.ais il ne nous appread
pas en Fhonneur de quelle divinité.
AMMOMIaC. Le fe! ammo’iiac des anciens
venoit de FEgypte , oa on le fabriquoit, fans
douts , comme on Fy fabrique encore ; car on
fait combien les Orientaux Se les Egoptiens font
áttachés á leurs arts & conílans á les pratiquer.
Es avoient aufíi du fel ammoniac naturel , cui étoit
apporté des environs da temple de Júpiter- Ammon ,
en Lybie , & qui donna fon nom partictil-er á
toutes Ies efpéces de ce fel. On croyoic alors , &
méme encore dans le íiécle dernier , qu'il étoit
formé de Furine des chameaux qui traverfóient
les déferts de la Lybie, & qui! fe fublimoic par
la -ehaleur des fabíes brúlans de ces conttées.
_ D'autres afíuToienr que pour faire le fel ammo-
tüac , on ramaííbit Furine des chameaux ou des I
béíes de chasge ; qu^on la faifoit évaporer , &
quaprés pluíieurs íotions, on r^ouloit en palas *
AMO
í le réfidu , qui étoit le fel lui-méme. Nous favons
aujourd'hui que les Egyptiens moaernes l’extrayent
de la fuie au moyen du feu , dans pluíieurs en-
droits du Delta. La difeíte de combuilÍDles les
oblige d’employer pour cette opération la ñente
féchée des chameaux & des boeufs. C’eít-lá , fans
doute, ce qui a fait imaginer la fable de Furine
des chameaux, que le goút des Egt'ptiens pour
; le fecret a répandue, afin de tromper les voya-
I geurs & les chymiftes anciens.
AMMONIAQL'E. ( Gomme ) C’eñ un fue con
cree, qui eft gommo-réfineux. Biofeoride dit oudl
découloit d^’un arbriíTeau du gente de la férule,
nature! á la Lybie & aur déferts voiíins du temple
de Júpiter- A mmion. On a reconnu par les graines
méiées á cette gomme-réíine , qu'elle vient d'une
plante ombellifére j mais on en ignore le nom &
les caraéléres.
AMNIOMANTIE, de ftaiTiU, divination, &
de afíildí j coéífe ou membrane. On donne ce der-
nier nom á la troiíiéme & la plus minee des trois
membranes qui enveioppent le feetus dans le fein
de la mere. Elle fort quelquefois avec lui , Se
enveloppe fa tete. On croyoit que c'étoit un
figne de bonheur; & cette opinión fubfifte en-
core parmi le peuple, qui appelle coéfíés les en-
fans fortis du ventre de la mére avec cette mem-
brane.
Le fils de Macrin eut en nailTant la tete en-
tourée de Famnios, en guife de diadéme ; ce qui
lui fit donner le furnom de Diadumenianus. A
Rome, les avocats achetoient fort cher ces mem-
branes , qudls portoient fur eux pour leur pro-
curer toutes fortes de bonheur , & en paríiculier
le gain des preces de leurs cliens.
_ AMNISIADES ou Amnisides , nymphe de la
ville d*Amnyfus, dans Fiíle de Créte.
AMNISTÍE. Aprés que les trente tyrans eurent
été chaíTés d’Athénes , on publia une loi qui
ordonnoit d’oublier tout ce qui s’étoit paíTé de
part & d'aurre. Cette loi, dont Thrafybnle fut
Fauteur, fe nomma «^vidsia, de Fa privatif & de
, mémoire. Le mot francois amniftie , en
ell la tradu^ion exade. Vorateur Andocide nous
a confen'é dans fa Harangiu fur les Myflere's , la
formule de Vamrdfile S¿ des fermens par lefquels
elle étoit cimentée.
AMO MU M. Les botaniíles ont beaucoup varié
fur Fefpéce de plante que les anciens appeloient
de ce nom. II paroí't cepenJant que c'étoit le
Tugus. Fbycj ce mot. Les Grecs-& les Romains
faifoient un grand ufage de Vamomum 8c de fos
eíTence pour les parfums. Tanrot ils en frortoient
Ies cadavres 8c s en fervoient pour les embaume-
mens ; d^’oú Scaliger a tiré Fétymologie du muí
mumle. Stace, (^Sylv. iz. 4. 33. ) ;
At non inglorius umbris
ídittítur : Ajfyrio ciñeres adolentur amomo^
A U O
C’eñ á cet ufage que fait allufion Juvénal ^
(jr. lo80 :
Et matutino fudans Crifpinus amotno ,
(¿uantum vix redolent dúo fuñera.
Car les Romafns s’en frottoient Ies chevcux.
Martiai j ( 8. 77. ) : .
Si fapis , Ajjyrio femper tibí crinis amoma .
Splendeat.
Ovidej {Ileroid. xxi. 166.') :
Spijfaque de nitidis tergit amoma comis.
Stace j ( Sylv. i. 2.. ) :
Eiec pitigui crinem deducere .amomo
Cejfavit mea , jiate , manus.
L’épithétc aAjfyrium qüi accompagne ordinai-
rement Xamomum aans ¡es écrits des anciens , áe-
íigne le pays qiii en fourniíToit á toutrOcddent.
AMORGINA vejiimente. Les commentateurs
font partagés fur le fens du mot amorginum ; les
uns croyent qu il déíigne un habillement extré-
mement léger^ comme ceux qui étoient faits de
iijfus ; d'autres enrendent par cette épithéte ^ des
hables de pourpre. Peut-étre ne défigne-t-elle que
rendroit ou on les fabriquoit.
AMORGüSj lile. am.
Les médaiiles autonomes de cette lile font:
RRRR. en bronze.
O. en argent.
O. en or.
AMORIUM en Fhrt^gle. akopianí2íí.
Les médaiiles autonomes de cette ville font :
RRRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
_ Cette ville a fait frapper des médaiiles impe-
riales grecques , en Thonneur de Trajan j de Cara-
calla ^ de Géta, de Vefpaíien.
AMOüR ou CüPiDON. II eft difSciie de dé-
méler la véritable origine de Y Amour ^ dans la
multitude d’opirdons diífé rentes que Ton trouve
fur ce fujet dans les anciens. Aríítophane, dans
fa Comedie des oifeaux, dit que la Terre pondit
un oeuf qu’elle avoit con^u de Zéphire , &: que
VAmour naquit de cet ceaf. 11 fe méla dans le
chaos , & donna naiíTance aux cieux , á la terre
& aux dieux iminorrels. Orphée le fait naitre
ayant toutes les créatures ; Sappbo le dit fils du
Ciel & de la Terre ; Cicerón , de Venus & de
Mercare ; mmonides le donne comme le fruir de
1 adultere de Venus avec Mars : cette derniére
epinjon a eté la plus généralement recue.
Platón a cependant voulu imaginer encore une
origine de ce dieu. lia dit cue le jour ou les dieux
céléb-oient la naiíTance de Vénu-s , Porus , dieu
de PAbondance, rendir Pénie^ déeíTe de la Pau-
vreté, mere de YA.mour. Éoye^ Pekie , Pouns.
Ceux qui le croyent Sis de ÍJars & de V énus j difent
amo 149
quá I rnftant de fa naiíTance;, Júpiter^ connoiSanc
a fa^phyíionomie tons les rroubles qii'il cauferoir,
vouiut obliger fa mere de s’en défaire. Pour le
derober a la prévoyance de Júpiter, elle le cacha
dans les bois, ou ü fufa le lait des bétes feroces,
& contraéla cette cruauté que les amáus malheu-
reux luí ont ta.nt de fois reprocliée.
AuíTi-tot qu'i! put manier farc, il s’en St un de
bo!s de frene , aveedes fleches de cvprcs , & apnrir,
aux depens des bétes , á tirer fur les hommes : ii
changea depuis fon carquois & fes fleches en
d autres , qui étotent d"or. C'eft toujours au coeur
que portent fes coupsj fes bleíTures font naitre,
íans qifon puiífe s'en défendre , la paffion de
I amour , & il rend celui qu’il juge á propos , le
fujet Pobjet de cette frénéSe. Ovide dit que
fes fléc.ys font de deux fortes j les unes dorées,
fort^ pointues , allument \’amo\ir¡ Ies autres, qui
le chaíTent , font émouffées , & ne font armées
que de plomb. Sil veut tourrnenter quelqu’un,
il luí enñamme le cceur , avec la fleche dorée ,
pour une perfonne qudl frappe de la fleche de
plomb. Les dieux font. fujets á fes coups, ainS
que Ies mortels : de-lá vient que Pon régarde fa
puiíTance comme fupérieure á celle de toutes Ies
autres divinités.
II efl le plus beau des immortels, & eñ tcuj'ours
demeuré enfant. On le peint avec des ailes de cou-
•íeur d’azur , d’or & de pourpre ; mais ordinaire-
ment aveugle , ou ayant un bandeau fur les yeux.
II ne quitte prefque jamais fon are , fes fleches
& fon carquois. II y a eu des remóles des
autels qui étoient communs á Venus & á YAm.our;
mais celui-ci ei^a eu qui étoient confacrés á lui
fcul , comme á i hefpis.
Cupidon eut un frére appelé Anteros. Voye?
ce mot. ^
On ne fait pourquoi la plupart des peintres &:
des fculpteurs repréfentérent Y Amour comme un
enfant. Ce n en étoit pas un que Pamanr de Pfvché.
Sur les pierres gravees Ies plus anciennes,i! paroit
comme un jeune garcon ou un adolefcent. C efl ainfi
q^onle voit fur une beüe cornaline du commandeur
Vettori á Rome, qui porte le nom du graveur
Ekrygilh.s. La forme des lettres annonce que c’eft
peut-étre la plus ancienne des pierres fur lefQueües
on voie le nom de Partifle. Winkelmann Pa eflée
dans rHiííoire de PArt , & dans les pierres de
Stofeh. U Amour y eft repréfenté. dans Padolef-
cence, avec -de grandes aües d'aig’e, tefles qu'en
donnoit á prefque tous les dieux la plus haute
antiquiré.
Bouchardon a quitté la voie battue , & a fait
un adolefcent de fon bei amour.
Les artilles qui fuivirent Phrygülus, So'on &
Trvphon, donnerent a Y Amour une forme plus
enfantine & des aües plus courtes : c'eft dans
certe forme & dans la maniere des enfans de
Franqois Flamant, oue Pon voit ce dieu repréfenté
fur une infinijé de pierres gravees. Le Cupidon
A M O
endormi de la Villa-Aíbani j & celai qui eñ ayx:
pieds du Mars afiis de la \ ilIa-Ludoviíi, détruifent
entiérement le vieux préiugé de nos ardiles j que
Íes anciens font inférieurs aux modernes dans la
maniere de traiter les enfans.
Les pierres gravees , les bas-reliefs & les pein-
tines antiques nous offrent un nombre infini de
compoíitions dans lefquelles entrent des amours
ou des enfans ailés. On ne peut affez en recoin-
mander l'étude aux artilles modernes 5 mais oñ
doit obferver á leur fujet , que les anciens nous
ont appris á repréfenter les travaux des arts & des
fdences exécutés par des enfans. Herculanum oífre
dans ce genre les modeles les plus bsaux &c les
plus nombreux.
La íeule colledlion du barón de Stofch^. ren-
ferme environ trois cens gravares ^Amours dans
différens grouppes & diferentes altitudes. Gn j
volt un Cupidon buveur ^ qui porte un thyrfe ¡ 8c
tient une corne-á-boire qu il eíl prés de vuider.
Tantót VAmour renverfe un flambeau alluméj 8c
devient le fymbole de la mort 5 tantot il accorde
une lyre, comme fur les médaiiles d'Orra. Le
célebre Paufias peignit Cupidon jetant fon are
& prenant une iyre. On pourroitTappeler VAmour
céle fie, pour le diílínguerdesautres j car on trouve
dans Patín (^Comment. in Mon.um. M.arc£.llin6L) un
amour jouant de la fiúte ñir un bas-relief antique;,
avecrinfcriptionrEFQTi oypaNj áF.í4/72í)arcéléfíe.
L'artiñe , en luí donnant un inílriiment de muíi-
que , faifoit peut-étre allufion á rharmonie des
aílres , tant célebrée par Pythagore.
On trouve encore dans la méme coJleñion ^
VAmour vamqueurd’Herculej portant la maffue,
la peau de lion , & tenant de la main gauche des
ciefs attachées avec un clávier ^ comme les porre
une figure des lampes anticues de Bartoli, qui eíl
auífi chargée d’un outre. 11 fait ici les fonélions
áz , ppne-clefj dignité particuliére des
prétreíTes de Céres Eleafine. L^auteur des poemes
d^Orphée (kymn. in. Amor.) donne á VAmour les
elefs de l'air ^ du ciel ^ de la mer & de la terre. Certe
e^reffion ayoit été entendue dans le fens méta-
piiorique 5 mais la fardoine de Stofeh nous apprend
qu elle étoit prife anciennement dans le fens na-
ture!.
Cupidon paroít auífi fur un onyx de Stofeh ,
porté par une amphore ou vafe pointu, & á deux
anfes. Une voilcj qu’i! guide avec des cordes le
fsit^ avancer. Gori a pris ce vafe pour une urne
Ginéraire j & a expliqué ingénieufement cette
allegoricj en y reconnoiíTant le paíTage des ames
aux champs-élyfées. Mais Ies arnés cinéraires
B étoient pas ordinairement pointues par le bas.
Les vafes de cette forme, & qui reflembloient
aux amphores, étoient deílinés aux libations.
li faut done chercher avec Winkelmann une
autre ^ explication de cette allégorie , qui cíl
repetee fréquemmenr fur les pierres gravees.
L expremou grecque tíeiTíTiMui , naviguer fur la
A M P
mer de VAmour y peut en donner la clef. Ovíde
vient á Tappui :
Si quis amat, quod amare juvat., feliciter ardens
Gaudeat, & vento naviget Ule fuo.
La fable rapporte d’ailleurs qu un jeune lybien
fe jetant dans la mer pour ramener fon amantá
XI u périr avec elle , trouva un vafe portant Tinf-
cription : A102 2í2THPOSj á Faide duquel il fg
fauva. Peut-étre que VAmour voguant fur un vafe,
eíl une allégorie refative á cette fable. On racon-
toit aufii'qu'Hercuie avoit paíTé la mer de la méme
maniere ; fiction née fans doute de ces bateaux ég.
terre cuite dont fe fervoienr les Eg}'ptiens.
II faut de méme regarder comme une aílégoríe ,
la figure de VAmour armé de la foudre> que por-
toit -Alcibiade fur fon bouclier.
AMiiEiPA j eflai ou prélude. On donnoit ce
nom aux combats des enfans & des adplefcens ,
qui étoient Ies préludes des jeux du clrque á
Rome.
AMPELOS, rnefure linéaire & itínéraire de
PAfie & de FEgypté. V. B-eme diploun.
A’MnEXo'MAi & a’mitexo'nioíí , étoient les
nomsdu pedt manteau pu manteletqueles femmes
mettoient fur leur robe ou ílole. Í1 coavroit les
épaules & entouroit le bulle : de-la vinrent ces
deux noms, á caufe de lá prépoíldon «tio'iy autour.
Yóyez-en la defeription au mot Amiculum.
^ AMPELITE. Cette terre , qui eíl le detritus
d’un fchiíle noir trés-argilleux & légérement bitu-
mineux , a^ été prife par Pline & les anckns pour
un véritable birume. Ilss’en fervoienr pour teindre
en noir les cheveux & les foureils. Perfuadés auífi
Qut y ampélite faifoit mourir Ies vers ennemis de
la vigne. Ies anciens enfrottoient Ies fepsj &par
une conféquence de cette vertu fuppofés , ils en
appliquoient fur le ventre des enfans que íes vers
tourmentoient.
AMPHAXIS, en Macédoine. AMOAEmíí.
Les médaiiles autbnomes de ce peuple font :
RRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
A MOH PKs. Les Grecs appeloient de ce nom
des efpéces de canots longs & étroits , dont les
rameiirs faifoient agir deux rames á la fois, comías
aux batelets de París.
AMPHÍA, dans la Meflinie. amí>ITGYN.
M. Pellerin a publié une médaille autonome de
bronze de cette ville.
^ AMPHÍARAUS, fut un des plus grands pro-
phetes d_u paganiime. Quelques traits de fon hif-
toire exigent que. Fon remonte jufqu’á la foures
de fa généalogie.
Deiicalion etoit bifayeul paternel de Salmonée;
Salmonee etoit pére de Tyro , qui avoit époufs
Cretheüs. De ce mariage étoit né Amythaon,
de qui defeenáoit .Mélamnus ; celui-ci donna le jour
a Antiphates , qui fut pete d’Oicles, Amphiaraiis
A M ?
■j?acui‘ (íerEier. Quelqaes écrivains ¡ai donnqnt
une sutre genéalogie ^ & rangent ainfi les filia-
tions : Arrtj; k: araüs , nls d'Oiciés^ fils de Méiam-
fi^sdeCréthéiis, filsd'EoIe^
fils tí Héien,^ fi;s ae Júpiter : íi Créthéüs étoit fils
^ ^toít oonc írére de Salmcnee 3c de
Silypije. Avanr^ que Créthéiis eút époufé Tyro j
filie ae Salmonee ^ & fa niéce , elle avoit eu, de
Keptune^ deuxjumeaux, Pélias&Kélee. Créthéiis
la rendir mere de trois enfans^ Efon^ Amythaon
& Phérés. L’ainéfat pere de Jafon.
^ S^uivant cetce derniere genéalogie j Afnpkiaraüs
éroit parent de touc ce qudl y avoit de plus illuíke
dans la Grece. II avoit pour mere Hypermneítre ,
une des filies de Theítias j & il y a des auteurs qui
donne Apollen pou-r pére : c’eft de-lá ,
¿iirat-ilsj que lui eít venu refprit prophétique 5
niais le plus grand nombre lui ‘donne la généa-
l°on a écrite plus haut.
< Aieiampus, ayeiii á‘ Amphiara'ús , avoit recu en
don une partie du royanme d^Argos, pour avoir
fendu un fervice important aux femmes de ce
I^ÍÉI-AMPUS, Arxphiaraüs , qui avoít
heritécie cetteportion du royaume^ voulutravoir
tour entier ; i! fit mourirTalaüs ^ pére d'Adrañe^
GUI énpoíTédoit le relie, & forca Adraíle á quitrer
Argos. Cette guerre ceíTa au manaée á" Amvhia-
rails avec Eriphyle, foeur d'Adrañe7& ce dernier
lat rétábli.
Quand il fallut accompagner Adraíle á ¡a guerre
ae "Ihéhts ,^Ampkiaraüs , qui, par fon efprit pro-
pnetique, étoit affuré d'y périr comme les autres
chers , fe cacha. Oh-corroHipk Eriphyle , faEemme,
en luí donnant le fameux colüer d’otj connu fous
fon nom, & elle découvrit la retraite de fon mari.
II jat c^traint alors d'’accompagner Ies autres
princes a I expedirion de Thebes ; mais avant de
partir, il chargea fes enfans, & entr autres a!c-
meon, fon fils, de venger fa mórt, en faifan-t
ffiounr Enphyle^ qui 1 av£>it occafionnée.
^ Ampklcrails péritdune maniere trés-étoimante;
ctant pourfuivi par Pérklyméne, qui étoit prés
^ Júpiter vouiant prevenir la honre de
catre uíiaite q ouvrit !a terr-e íun coup de foiidre.
^ Amp^ jzíiraüs fut englouti avec fon charríot. 11
ílí .ce.pdit Tout vivant aux enfers, fans fortir de ce
Cparnot , & fans quitter les renes de fes chevaux.
li remonta epfune aux régions fupérieures, & v
«rnya non lom dune fontaines auprés de laquelíe
«n mi Datit un temple.
On rendir auífi á cette fontaine un cuite par-
íicuhep : on ne luí ofFroit point ie facrifices fon
■ea.! n etoK employée m aux purincations, ni au
kvement des mams; mais ceux qui étoient guérk
> pour s’étre conformes aux
avis de 1 oracie voifin, jetoient euiement dans k
rontaine une piece d or ou dbrs-ent.
^ Ampkia,yüs fut mis au nomine des ^ieux; &
X ...d^oit ou h teire 1 avoit engíouti. lí «ole .!
A M P 1 j f
entoure de colonnes, fur iefquelles aiicim oifeau
ne fe repoioit jamais , de méme que les bétes ne
touchoient point a Therbe qui croiíToit auprés.
L Oracle de ce temple étoit auíTi reveré que ceux
de Eelphes , de Dodoiie Se de Júpiter- Ammon.
Ceux quí ai.oient le confulter, áprés avoir immolé
un moutrn , en étendoient la peau á terre , &
sfenaormpient defüis , en atte.ndant aiie le diea
lespnírrmsit en fonge de ce quhís vóuioient fa-
voir.
Ce devin laiíTa , entr'autres enfans , Alcméoa
Sr Amphiiociis. V. Adraste, Alcmeon, Aíí-
PHILOCUS, Eriphyle, Mélampus.
Seúl des fept chefs de la guerre de Thebes,
AmphJaraüs portoit un boucHer fans fvmbole.
tfehyle Se Euripide nous donnent a enrendre
d accord , que le devin célebre , contení d'avoir
du courage & de la tuavoure, n en faiíbit point
parade par dep’ains ornemens.
^ AMPH JAREES, fétes en Phonneur du de’v’m
Amphiaraüs , que Fon célébroit chez les Oro-
piens. V. Amphiaraüs.
AMPHICLEE , ville de k Phocide , célebre
par un temple Se un oracle'de Bacchus. Ge temple
n GÍftojt ni ílatue , ni peinture , Se Foracle ne
rendoit point fes réponfes coróme cenx dFApoílon
& de.Tupiteu Bacchus y faifok FoíSce de mc'de-
cm , Se guériíroit en fonge ou par le miniilére
de fes prétres, les maladies fur Iefquelles on con-
fuitoit fon Oracle. Les Amphicléefts aífaroient
que iC dieu y faifoit auííi predire Favenir par fes
miniílres.
AiVÍdHICTYO]\. Les ampMchyons étoíent Ies
députés des villes & des peuples de la Grece , qui
feprefentoient la natión , avec un plein pouvoir
de concertey, de refoadre Se d’ordonner ce qui
ieur paroiffoit concourir aux avantaaes de la caufe
commune. Leur confeil étoit á-peu-prés k méme
Cíiye que ía diéte de Fempire en Allemagne.
- _íl y. eut pIufTcurs fortes ^ aTnpkiciyons\í% pre-
miers furent inílkués par Ampkictyon , fils de
peucalion, troiíiéme roí db4thénes, a-deíTein de
iicr plus étroicemen: Ies Grecs , & den former
un corps, dont Funion infpirát du refpecl Se de
k terreur aux barbares. lis s’affembloient au prin-
tems Se á Fautomne de chaqué année auxThermo-
pyles , prés dkn temple de Cérés, dans une grande
plaine arrofée par le fleave Afopus. Le' nom
á^ampkiayon leur vint du roi d'Athénes, qui les
avoit infiitués.
Strabon aíTure quf4criÍ!-as , roi d’Argos, créa
les ampkiByons. Mais il ne fít fans doute que les
petablir aprés quelqu'interruption ; Se depais luí
ils skflembloient á Delphes, dont ils avoientFin-
tendance, ainfi oue des jeux pythiques, célébrés
dans Is méme viüe , ou ils faifoient Ies fonélions
d’agonothétes. Cette ville de Béotie étoit la plus
commode de ioute k Grece pour aífembler les
nmphiciyons , parce cufelíe étok fituée au mihea
de tous les peuples qai l'fcabitoient.
151 A M P
Ces députés s’aííembloient quelquefois estraor-
áinaireíncnc j iorlquc la íicccílitc lexigso-t. ais
COíRmsocoient toutes leurs aíTembices par le facri-
fice á'añ boeaf qae Ton immoloir á Apoiioa-
Deioliienj & que l’on coiipoir enpetics morceaux^
pour reprérenter i' unión des áiírérens états^e la
Gréce.' Les ampkiáiyoiis prenoieot connoiiiance
de toutes les aéiires qiii poavoieat intéreíTer les
Grecs & en particulier des différends qui s’élé-
\'oienr entre les peupies ou les viiles. On avoit la
plus grande défetence pour leurs iugenaens ; & Ies
yilles qui refufo ienc dV accéder , étoieat regardees
comme eiinemies par tous les Grecs.
Paufanias , Harpocration & Suidas ne font pas
d’accord fur les norris des peupies qui avoiear
droit de no'.ntner des amphiciyo-is pour les repre-
íenter. Le premier en nomrne dix; les j^theniens,
les L'olopesj les fheííabens , les Enianes^ les
Magnéíie.ñs , les Méliens , les Fhthiotes , les Do-
riens , les Phocéens & les Locriens-Epicnsmidiens,
?iníi appelés du mont Cnémis, auprés duquel ils
habiroienr. Suidas &' Harpocration en comptent
¿oaze ; les loniens , Ies Doriens , Ies Perrhébes ,
les Beotiens , les Magqéfiens j Ies Achéens les
Phthiotes, Ies Méliens, les Doiopes , Ies Enianes,
les Delphiens & Ies Phocéens.. L'orateur Efchine
^ Qmt. TTspí ') Ies reduít a onze , & ne
merque les TheíTaíiens , les Locriens & les habi-
taos du mont Oéta , á la place des Achéens , des
Enianes , des Delphiens & des Doiopes.
Sous le régne de Phiiippe, roi de Macédoine,
pére d'Alexandre , les Phocéens ayant pillé ie
temple de Delphes, furent déciarés par Ies ampklc-
tyons ennemis des díeux & des hommes. Les Grecs
leur firent la guerre pendant dix ans , & leur
ótérent enfaite le droit de nommer des amphic-
tyon.s , ainíi qAá leurs alliés, les Lacédetnoniens ,
qui avoient piaqe dans ce confeil entre les Do-
riens., dont ils faifoient partie. On fubftitua aux
Phocéens les habitans de la Macédoine quis'étoient
joints aux Grecs pour combattre les facriléges.
Soixante-huit ans aprés cette expulíion ignorai-
nieufe. Ies Gaulois, conduits par Brennus, rava-^
gérent la Gréce, & piliérent le temple deThébes.
Les Phocéens combattirent avec tant de valeur Se
de courage contra ces brigands, qu’on leur par-
donna le crime dont ils s'étoient rendus coupa-
bleS;, & qu’on leur rendir le droit de nomtner des
MiP-pkicíyons .
Augufte augmenta le nombre de ces députés
célebres. Ayanc báti NicopoUs, prés d’Aét’ium,
en l'honneiir de ía viéioire fur Antoine, il iui
donna le aroir de nommer des ampkiByons co.n-
jointement avec les TheíTaíiens.
Les Ro.mains étant devenus Ies maítres de la
Gréce , laiílerenr fubíiñer le tribunal des amphic-
tions ; mais ce ne fut plus quMn vain tirre & une
autorité illufoire. De forte que Strabon écrivoit
fous Tibére que ce tribunal étoit détruit , ainlí
CUS celui des Achéens. II reprk fans douts une
A M P
cfpéce de vigueur quelques années aprés j car
Paufanias, qui vivoit fous Antonin-le-Pieux ,
aííure qu ü exíiloit e.nccre. II dit qu il éroit com-
pofé de trente iimpkiñyons choiíis par les ISicopo-
iitains , les Macédoniens , les iheíTaliens , les
Béoriens, ene Ion appcloir autrefois ^oliens,
les Phocéens, les Delphiens, íes Locriens-Ozoles,
Ies Doriens , les Athéniens les habitans de
PEubée j & ceux des cotes voifines de cette
iíle.
On áppeloit ce tribunal AmphictyonU , & les
vilies qui avoient droit d’y íléger Ampkicíy anides.
Le premier nom fut dqnné auíTi, felón Strabon,
á une aíTemblée pareille queformoiént á Trézenes,
dans le temple de Neptune , fept républiques ;
c^eft-á-dire , celles d'Hermione, d'Epidaure, d'E-
gi-ne^ dfi.thénes, des Prahens, des Naupliens Sc
d'Orchoméne, en Béotie.
AMPHICUPELLUM , vafe a deux fonds. Les
anciens parlent fouvent. de vafes a deux fonds ,
tels qu étoient Ies feeaux corinthiens , Jituli corin-
thiaci. On fe tromperoit fort , íl Pon croyoit que
ces vafes avoient un double fond place au-deíTus
du premier» & dans le meme fens, comme deux
calottes mifes Pune dans Pautre.
II faut entendre par les deux fonds ,^ & cette
portion du vafe qui partant du pied, s’éléve en
rondeur jufqu'á-peu-prés le tnilieu de la piece.,
oú elle reqoit le fond fupérieur ; & ce forrd fupcT
rieur, qui, formant le refte du vafe, étoit ordi-
naircment une piéce foudée á part. Un coupd'oeil
donné fur les travaux des orfévres ou des potiers-
d’étain, fera entenáre ñir-Ie-champ cette expli^
catión. ;■
AMPHIDAMÁS, fiis du cruel Buílris, roí
d’Egvpte, fut itnmolé par Hercule, fur Pautel ou
fon pére facrifíoit les étrangers qui! pouvok faifir»
II y eut un autre Ampkidamas ^ fils d'Aleüs, qui
fut un des argonautes. ,
AMPHIDROxMÍES , fétes que I o.n célébroit
á Atlqénes le cinquiéme jour aprés la naiífance des
enfans. Les fages-femmes fe lavoient les mains ,
& prenoient dans leurs bras le nou veau né , qu’elles
promenoient autour du foyer ; elles le mettoient ,
par cette cérémonie , fous la proteclion des dieux
Penates, aquí le foyer fervoit d'autel domeftique.
Ces fétes prenoient leur nom de ce tranfpqrt de
lenfant, ts , de coutít alcntonv.
Ce jour étoit employé en réjouiífances. Les
parens s'envoyoient réciproquement des préfens.
On mettoit fur la porte de la rnaifon une couronne
d’oüvier, fi Penfant étoit mále , & un pelotón de
laine, íi c’‘étoit une filie. La féte étoit termines
par un repas , compofé de plufieurs fortes de
mets, & fur-tout de choux, que les fages-femmes
croyoient propres á augmenter le lait dé faccou-
chée. Athénée {Deipn. ix, c. ii.) cite des vers
d’Ephippus , dans lefquels on trouve la defenp-
tion du feftin des ampkidromies.
AMFHILOCmi, dans r AcOT^anig. Ahm,
A M P
Les médailles autoHomes de ce peuple font ••
RRR. en argent.
O. en of.
O. en bronze.
Son type ordinaire eft Pégafe.
AMPHILOCUS, fiis d'Alcm éon & de la pro-
pnetefie Manto, II fut elevé ^ ainíi que fa fcEur
Thiíphone, par Créon, roí de Corinthci Voysr
AlcmeoNj Thisphone.
Amphilocüs étoit fiIs d’Amphiaraüs & d’Eri-
phylej & fut un devin auffi célebre que fon pere.
II accompagna Alcméon^ fon ífére á la feconde
guerre de Thebes ; & Ton difoit qu’il lui avok
aidé á faire mourir Eriphylej leur mere. Aprés
la guerre de 1 bebes ^ Amphilocüs fe joignit á
Mopfus pour batir la ville de MalIuSj en Cilicie.
II en fortir enfuite pour aller á Argos ; mais étant
revenir íoindre Mopfus ^ celui-ci ne voulut plus
de compagnon.
deux héros fe battirent Tun contre Fautrcj
& s en.tretuérent. Leurs tombeaux , que Fon mon-
troit a Margafa j prés de la riyiére de P'vrame ,
etoient íitues de facón que de Fun on ne pouvoit pas
avoir la vue de i autre. Mais quelques-uns aílurérent
qn Am.pkilocus étoit mort de la main d’Apollon.
JJ devint célebre par fon oracle de Mallus.
On ne doit pas confondre ce devin avec Amphí-
iocus d Argos , dont une pie devint amoureufe.
AMPHIMACüSj fiis de Ctéatus. V. Molio-
NIDES.
AMPHIMALLUM , manteau velu des deux
eotés pour garantir qu froid. II étoit de laine^
comme l apprend fon nom , laine. On Fa
confondu rnal-á-propos avec le manteau appelé
Gaiífape. Celui-ci étoit fait quelquefois de fin j
mais toujours velu dMn feuFcóte. Pline aíTure
d aiileurs j que le gaufape étoit en ufage long-tems
avant lui , du vivant de fon pére j & qu’il avoit
vu commencer la mode de l’ ampkimallum. Siléne
£ít fouvent enveloppé du manteau velu des deux
cotes.
AMPHIMARUSj fiis de Neotune, & nére de
J-inus. ..
aíMPHIMAS CHALOS , tunique des GrecSj
ayant des efpéces de manches j c’eft-á-dire ayant
les cotes aflez allongés pour eouvrir une partie
du bras 3 prefque jufqu au coude. -íl faut obferver
íoigneufement que les tuniques des hommes &
des ferrimes en general ^ n’avoient pcint de man-
tóes córame nos habits modernes. Les Barbares .
les figures de théátre & Ies Phrygiens , en porrent
feuls. Anñophane dit {Equit. ji. 4. 4-.) que Yam-
I'habillement des géns libres.
- MPHIlSOMEj une des cinquante iÑéreides^
íelon Homere.
AMPHIO^ , fiis de Júpiter & d’Antiope , reine
tila Lycus, fon onde maternel, roi
üe 1 heoes, & s empata de fon royaume. 11 ferma
U vrlle de Thebes, en Béotk/ par de fortes
■¿uitiqunes, Trnue I.
A M P 153
muratUeS, des tours d’efpace en efpace, & par
fept botines portes 5 c°eíl tout ce qu’ífomére nous
, apprend dAmpkion. Mais la fable a ajouté que
depuis il avoit li bien appris de Mercure á jouer de
*1.^^ P^’- douceur de íes accords , il fe
raifoit fuivre des^bétes fauvages, & des pierres
memes; de maniere que pour batir les murs de
1 bebes , les pierres vinrent eiles-mémes fe placer
au fon de fa lyre. II époiifa enfuite Niobé, &-fe
tua de défefpoir du défaílre de fa famille. Hoycr
rsioBE, Thébes.
^ _ On volt ce prince grec occupé á lier au taureau
indompte la maiheureufe Dircé, qui avoit per-
fecuté Antiope, fa mere. F. Taureau Farnefe.
paroit encore fur deux bas-reliefs des "Villas
Albani & Borghéfe, dont le deffin eft fembiable.
Antiope y eíl repréfentée implorant Faífiílance
de fes fiis & excitant leur vengeance. Winkelmana
a publie celui de la "V illa-Borghéfe dans fes Mona-
mentí znedíü, & il en donne dans FHiñoire de
' C 5 ^ I ) uue expiication particuliére
relative á Amphion , dont le nom eil gravé ea
caraéteres ro-mains , ainíi que ceux de fon frére Se
de fa mére.
Zéthus porte fur ce bas-relief de la "Villa-
Borghefe , un chapeau pendant derriére la tete &
attache fur les épaules, qui défigne fa vie cham-
Amphion eft cafqué, & rient une lyre á
moitie cachee fous fa chlamyde. Ce cafque, donné
a Amphion , avoit embarraffé long-tems le favant
antiquaire 5 mais il trouva enfin I’explication de
fingulier : la voici. Le fujet de ce bas-
reiier eft une fcéne de FAntiope d'Euripide , ou
Zéthus, reprochant á fon frére ce goút excluíif
pour la muíique Se la poéíie, lui dit ; Jette ta lyre
& prends les armes :
Fi-'pcp rijy Áofat x,ix.íla-a Je túis oítXíis-
Le fchoiiafte de Platón le cite en explicatioa
du Gorgias. Calliclés voulant perfuader á Socrate
d'abandonner les fpéculations philofophiques , &
de prendre part aux affaires publiques, lui re-
proche fon goút pour les méditations 5 comme
Zéthijs reproche á Amphion fa paíllon pour la
muíique 3 & fon éloignement pour toute autre’
oceupation. >=11 paroit, lui dit-i¡, que je me-
=-’ trouve á ton égard dans le méme cas cu Zérhus
» fe trouve á Fégard £ Amphion dans Euripide 5
” car je peux te dire ce que le premier dit á foa
== frére : que Ies oceupations frivoles te font né-
== glíger les chofes les plus importantes. » Horace
a fait auíS alFufion á cette méme fcéne. {Epifi.
iib. I. 18.) :
Nec , cum venari volet Ule , poemata panges.
Gratia fie fratrum geminoram Ampkionis atqiie
Zethi dijfiluit : doñee fufpecia fevero
Conticait lyra , fraternis cejfijfe putatur
Moribus Amphion.
V
154
A M P
Le fcu!pteur a voulu rendre iddée' d’Earipide j
€11 donnant a A.'m'phioit un cargue 3c une . lyre a
moitié cachee , comme s’il edr été prét a fuivre
Íes confeiis de fon frére. ^
AmpkioNj íils d’HypéraliüS:, roí de Follene,
en Arcadiej fut un des argonautes.
AMPHIPHON, efpéce de gáteau que Ton
oflhoit á Diane , aprés l'avoir entouré de petits
fiambeaux.
AMPHIPOLES , archontcs ou rnagiílrats de
Syracufe. lis furent étabiis par Timoléon , la 109=
oiympiade, aprés qudl eut chaffé Denys-le-Tyran.
Les amphipoles ont gouverné Syracufe pendant
plus de trois cens ans. Dioáore de Sicile aíTurc
qu iis fubfiíloient encore de fon tenas.
AMPHIPOLIS:, en Macédoine. AMí)ino-
AITON
Les médailles autonomes de cette vilie font :
RRRR. en argent.
C. en bronze.
O. en or.
Son fymbole ordinaire eft une torche allunaée.
M. Pellerin croit avec raifon qudl faut luí attri-
buer auíTi les médailles grecques , données ordi-
íiairement á Amphipolis de Syrie.
Amphipolis de Syrie. AM^inoAEiTaN. ■
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRR. en bronze.
O. en argent.
O. en or.
Cette ville a fait frapper des médailles impériales
grecques , en Phonnear dbAugufte , de Tíbére ,
de Caligula , de Claude , de Domitien , de Do-
mina de Marc-Auréle.j de Fauftine jeune,_de
SévérCi de Caracalla , de Géta j de Macrin^
d^Alex.-Sévére j de ValéricU:, de Salonine, de
Gallien , d'Hadrien , de Sabine , d’ Antonia , de
Commodej d’Elagabale.
Les médailles de cette ville conviennent beau-
coup mieux a Amphipolis de. Macédoine j felón
Tobfen'^ation de M. Pellerin.
AMPHIPPII , , cavaliers qui cou-
roient avec deux chevaux, fur lefquels ils mon-
toient alternativement. On les appeloit encore
Defultores. Homére en parle dalis Tlliadej (0¿,
683 ).
AMPHÍPRORjEí navires á deux proues. On
Ies conílruifoit de cette maniere j afín d’aborder
Ear tous les cotes fans perdre du tems á virer de
ordj & afín de réíiírer mieux á reífort du fluide
dans un canal trés-étroit
AMPHIPROSTYLE, temple des anciens, qui
avoit quatre colonnes á la face de devant ^ &
quatre á celle de derriére. Ce mot vient du grec
Kftipl , de coré & d’autre, •apa , devant, &
colonne. II figniíie un double Prostvie. Voye^
ce mor.
Cette eípéce de temple, qui avoir deux faces
f)areilles, c’eft-á-dire, un portad derriére, abfo-
ument pareil á celoi de Tentrée , éto jt ea ufage
A M P
chez les anciens; parce que la multitude n’entroit
pas dans les temples. Se nadoroit les divinités
quautour & a la vue de leurs demeures. Les
Chrétiens , qui admettent tout le peuple fans dif-
tindtion dans les endroits facres , n ont jamais fait
un portail au chevet de leurs temples.
AMPHIPTÉRE, ferpent ou dragón á deux
ailes. Depuis que PHifroire naturelle a fait de
grands progres , on ne connoit plus de ferpent
ailé; i*ais on trouve le _iézard appelé dragoa-
volcint , qui a des appendices en 10.11*.. d ailes ,
avec lefquélles il s’élance d’un arbre á Pautre.
C’eft lui fans doute qui a donné lieu á tant de
relations fabuleufes fur i.es dragons & les pre-
tendus feroens ailes.
A.MPHÍRO, une des ISymphes océanides.
AMPHISBENE , ferpent á deux tetes. Quelque
repugnante que Pon ait á croire fon exillence ,
Pautorité de Redi, favant naturaliíte de Florence,
doit faire fufpendre fon jugement. II avoit trouvé
un ferpent á deux tetes bien diíHníles , píen pro—
noncées, & il le garda plulieurs jours vivant. Sa
morfure ne produifoit aucun effet dangereux.
Ceux qui révoquent en doute un fait atteñe
par un témoin d’auffi grand poids, difent que cer-
taines efpéces de ferpent marchent en ayant 8c
en arriére, que deAá vient le mot amphisb'en.e , de
Qaíiu, je marche, & de cote & dautre.
Ils ajoutent que cette double allure a trompé des
obfervateurs ignorans , & a fait naitrc la fable des
ferpens á plulieurs tetes.
Lorfqu'on ouvrit le tombeau de Chilperic , a
Tournay, on y trouva des abeilles Se des lerpens
amphishems d*or.
ÁMPHITAPiE. C’étoient des couvertures
velues des deux cotes , que Pon éteadoit fur
Ies lits pour repofer plus moilement , & poar
fe défendre du froid en les relevant fur fon
corps.
AMPHITEMIS. Voyez^ Acacallis.
AMPHÍTHÉATRE. Ce mot eft compofé de
¿fiífí 8c de Ííarpí) , théátre de cbté 8c d'autre.
U amphithédtre étoit formé de deux theátres.
ou demi-cercies réunisj 8c il íignifie proprement
un lieu d'oú les fpeéfateurs, rangés circulairement,
voyent égaíement bien. Aiiíu les Latins le nom-
moient-ils viforium. II étoit deñiné aiix combats
des gladiateurs & des bétes.
C'étoit un bátiment fpacieux, rond, plus ordi-
nairement ovale , dont Pefpace du milieu etoJt
environné de íiéges eleves Ies uns au-deífus des
autres , avec des portiques en dedans & en dehors.
Caffiodore dit que c^ bátiment étoit forme de
deux théátres conjoints. Le nom de cavea , qu on
lui donnoit autrefois, & qui fut le premier nom
des théátres, n'exprimoit que le dedans ou ce
creux formé par les gradins , en cóne tronque ,
donr la furface la plus petite , celle qui étoit au-
defíqws da premier rang de gradias & du podim *
A M P
s’appeloit Var-fne , parce qu’avant que de com-
mencer Ies ;eux de V ampkhhéát'e /¡on y répandoit
da iSous difons encore aujourd'hui l’arene
de hzmcs , les arenes de Tintiniac. Le fond OU Ten-
ceinte la plus baile étoit ovale. Autour de cette
enceinte , etoient des ioges ou voútes , qui ren-
fermoient les bétes deftinées á combatiré j ces
logas s'appeloient caves..
Au-deííus des loges appelées caves , dont Ies
portes etoient prifes dans un mur qui entouroit
1 arene j Ser fur ce mur^ étoit pratiquée une avance
en forme de quai^ appeiée podzum. Rien ne ref-
lerribie tant au podium qu^une longue tribune ,
ou qu un grand périllile circulaire. Ce. podium étoit
orne de colonnes & de baluftrades : c’ étoit la
place des fénateurs j des magiftrats , des empeteurs ,
^ desveílalesj quiavoient
auíG le privilége du podium. Quoiqfoií fut élevé
de douze á quinze piedsj cette hauteur n’auroit
pas fuíE pour garantir de la fureur des élé-
pnans ^ des lions , des léopards ^ des panthéres ^
& des autres bétes féroces 5 c’eñ poiirquoi le
devant en étoit garni de rets , de treillis , de gros
troncs de bois ronds & mobiles. Ces bois tour-
noient verticalement fous reffort des bétes qui
vouloient y monter. Quelqucs - unes cependant
iranchirent ces obílacles , & ce fut pour prévenir
Cec accident , qu'on pratiqua des foííés pleins dfoau
ou euripes tout autour de f arene ¡ afin d’écarter
íes bétes du podium.
Les gradins etoient au-deíTus du podium ; il y
avoit deux fortes de gradins ou de fiéges : Ies uns
deñines pour s'alleoir; les autres^ plusbas & plus
etroitSj pour fíciliter Tentrée & la fortie des pre-
iniers. Les gradins fur lefquels on s’aííeyoit j etoient
circulaires ; ceux qui fervoient d’efcalier , cou-
pqient les autres de haut en bas. Les gradins de
lamphithédtre de Vefpafien ont un pied deux pouces
-de hauteur , & deux pieds & demi de largeur : ces
grains formoient les précinciions ; & Vamphi-
^eátre de \ efpafien avoit quatre précinciions ou
baudrierSj baltei. Les avenues que Macrobe appe-
!oit vomitoria , font des portes percées au haut de
chaqué efcalier , auxquels on arrivoic du dehors
par des voutes couvertes. Les efpaces contenus
entre les precinBions & les efealiers, s^appeloient
cunei , des coins. Nous avons dit que les fénateurs
oceupoient le podium , les chevaliers oceupoient
les fieges qui etoient immédiatement au-deíTus
a.\í podium^ jufqu'á la premiére précinMion ; ce
qui formoit environ quatorze gradins. On avoit
pratique deux fortes de canaux; les uns pour dé-
charger les epx de pluie; d’autreSj pour tranf-
bqueurs odoriférantes ^ comme une
infMon fie vm & de fafran. Pour garantir les
foeótateurs du foleil^ on tendoit des voiles fimples
dans les commencemens , mais qui, dans la
june furent tres-nches. Le grand' diamétre de
^^mpdnAeatre etoit, au pluspetit, comme i i
A M P j 5 5
f ^ 2Voit un á Albe, dont'i! refie,
a ce qu on dit , quelques veftiges ; un á Véronne ,
dont Ies habirans ont reparé les ruines > un á
CapouCj batí avec des pierres d^’une grandeur
enorrnej un a Pouzzol, dont les ornemens font
detruits au point qu’on n'y peut rien connoitrej
un au pied du mont Caffin , dans le v-oifinage de
.a rnaifon de Varron , qui n’a rien de remarquable ;
un a Orticoli, dont on voit encore des reftes; un
á Hifpella, qui paroít avoir été Fort grand, &rc’eíl
tout ce qu’on en peut conjeéiurer ; un á Pola ,
dont la premiére enceinte efi entiére. Chaqué ville
avoit le fien, mais tout efi détruit. Les matériaux
ont été employés á d’autres bátimens 5 & ces édi-
fices étoient fi méprifés dans les fiécles barbares,
que la difficulté de la démolition a pu feule en
garantir quelques-uns.
Mais 1 ufage des ampkithéátres n’étoit pas borne
a 1 Italie ; il y en avoit dans les Gaules : on en
voit des reftes á Fréjus & á Arles. II en fubfifte
un prefqu’entier á Nimes, &.qui eít d’ordre do-
rique á deux rangs de colonnes, fans comptec-
un autre ordre plus petit qui le termine par le
haut. On voit des reftes á.' ampkitkéátre á Saintes.
: Les debris de celui d’ Autun donnentunehaureidée
fie eet édifice; la face extérieure étoit á quatre
etages , comme celia du coiifée ou de Y ampkithédtre
de Vefpafien.
Pline parle d un ampkitkéátre brifé, dreíTé par
Curion , qui tournoit fur de gros pivors de fer ;
en forte que du meme ampkitkéátre j, on pouvoit,
quand on vouloit , faite deux théátres différens ,
fur lefquels on repréfentoit des piéces toutes' diíFé-
rentes.
C’eft fur r arene des ampkithéátres que combat-
toient Ies gladiateurs, (Voyej^ Gladiateurs)
& les bétes j elles combattoient ou contre des
bétes de méme efpéce, ou contre d'autresde diffé-
rente efpéce , ou enfin contre des hommes. Les
hommes expofés aux bétes, étoient des criminéis
condamnés au fupplice , ou des gens qui fe louoient
pour de l’argent, ou d’autres qui s’y oftfoient par
oftentation d’adreíTe ou de forcé. Si le crimine!
vainquoit la béte, il étoit renvoyé abfous. C’étoit
encore dans les ampkithéátres que fe íaiíbient
quelquefois les naumachies & autres jeux qu'oa
trouvera décrits á leurs arricies.
Nous avons dit que Ton fabloit l’aréne , afia
que le fang des bétes ou des gladiateurs s’im-
bibát Se difparút promptement. On faiíiíToit l'in-
tervalle des différens jeux peur remuer ce fable.
Martial a fait une épigramme fur un lion qui
s’échappa , & tua deux de ceux qui labouroient
l’aréne, (//. yj. y.) :
lélam dúo de tenerá juvenilía corpora turba ^
Sanguineam rafiris qus renovabat humum ,
S&vus & infelix furiali dente peremit.
Marth non vidit ma^us arenxt nefas;^
Yij
15^ AMP
Tantót ó" ccuvi'oit i'ai-ne avec du íabíe com-
mun , tantót avec de la pondré de marbre bropc ,
aíin de lui donner un coup-d'ceil agréable par la
blar.cheur. Quelquefois les empereurs qui pre-
Boient partí dans les fañions da cirque ^ fa'.foient
fabler l’aréne avec des matiéres de la couleur
aíFeclée a leur faólion. C’eít pour cela que J^éron
la couvrit de couperofe verte. Se que Cahgula
méla du cinabre á la couperofe pour rendre le
vert plus foncé.
II y avoit autour & au-deíTous de Tarene des
efpaces voútés, deílinés á renfermer les bétes &
ieau qui fervoit aux naumachies. Par le moyen de
ces réíervoirs , on remplilToit en un clin-d’oeii
Taréne , de maniere que des vaiííeaux pouvoient
y naviguer, & on la vuidoit avec autant de prómp-
titude.
■ Quelquefois- on plantoit une forét dans le fable
de Taréne, pour donner le fpeólacle d’une chafle ,
OUe Fon appeloit venado ampkitkeatralis & fylva.
Gordien amufa le premier les fpeciateurs par ce
genre de fpeciacle. On y ajoutoit des cavernes
& des arbres faétices , qui íbrtoient du fein de
la térra á volonté , Se y reatroient de méme avec
les bétes qui devoient combattre. Caiparnius a
décrit ces merveilles , ( Edog. vii. 9Ó. ) :
Ak trepidi , quoúes nos defeendends arens,
Vidimus in partes , rapt&que vorágine terrA
Emerfíjfe feras j & elfdem fApe latebris
Aurea cum troceo creverunt arbuta libro.
Les Romains virent paroitre quelquefois fur
l’aréne un grand navire , qui s’entr’ouvroit au
mílieu de Y amphitkéátre & vonsifloit plus de quatre
cens bétes feroces , telles que des ours , des lionnes ,
des panrhéres , des lions, des autruches, des anes
fauvages Se des bifons. Lorfque Fon inondoit
Faréne pour donner le rpeétaclé des naumachies,
des monílres marins , tels que des phoaues , des
veaux marins fortoient du fein des flots , Se
combattoient contra des ours. Calpurnius en a
confervé la mémoire:
Nec folum nohis fylvefiria cernere monfira
Contigit , Aqaoreos ego cum certantibus urjis
Speciavi vítulos , & eqaorum nomine dignrnn
Sed deforme pecus.
11 eñ difEcile dé ñxsr Fépoque ou Fon bátit im
amphithédtre pour la premiére fois. Les Grecs ne
connurent point ces amufemens cruels & fangui-
naires j les Romains créérent cet affreux genre
de fpeciacle , & Fon croit que ce fut veis la dé-
cadence de la republique. Les premiers dmphi-
théatres tfétoient bátis que pour Finíiant des jeux,
& on Ies conftrüifoit d’abord en bois, hers de la
ville, dans le champ de Mars. Sratiüus Taurus en
bátit un de pierre dans Rome , Fan 72 f de fa fon-
dation : celui-lá , dont on ignore Femplacement ,
& i ampkithéáire de Vefpafien , aujourd’hui k
AMP
Colyfée , furent les feuls renfermés dans la ville.
Les amphitkéátres étoient confacrés áDiane,
á Mars á Saturne. Le cuite dont Diane fut
honorée dans la Tauride, femble avoir influé fur
eelui dont les Romains Fhonoroient au milieu des
combats de gladiateurs & de bétes feroces. Maptiaí
emploie le nom de cette déeíTe, pour exprimer
une chaíTe donnée dans Y am.phitkéátre par Domi-
tien, (xrr. i. ) :
Inter CAfareA dijerimina fiva DlanA.
Saturne étoit le dieu tutélaire des gladiateurs,. a
caufe de fon naturel fanguinaire. La meme raifon
leur fit fans doute rendre un cuite particulier au
dieu de la guerre.
On voyoit auíli dans les ampkitkéátres , un autel
confacré au Júpiter infernal , á Pintón. Le fang
des gladiateurs" & des bétes maíTacrées y tenoit
lieu de iibation. Prudence reproche aux Romains-
ce cuite fanguinaire, ( Cont. fymm. i. 384.):
Funditus humanas Laliari in muñere fanguis ;
Concejfufque lile fpeñantum folvii ad aram.
Plutonis fera vota fui : quid fatiSlus aray
Qua bibit egefium per myfiica tela cruorcm.
Lorfque les jeux étoient célébrés en Fhonneur
de puelqu’autre divinité, on pla^oit fon autel au
milieu de Faréne. Ainii, lorfque Caligiila donna
des combats de gladiateurs en Fhonneur d’Au-
gufte, on avoit élevé un autel á cet empereur
'délfié, {Jofepk. Ant. Jud. xix. l).
Les ampkitkéatres de Rotne , dont le fouvenif
s’eíi confervé, ou dont Ies ruines fe voyent en-
core, font, 1°. Y amphhhiátre Cafirenfe , bátl peut-
étre par Tibére, fur la coiline des Efquilies, dans'
la cinquiéme región. On en voit les débris á gauche
de Sainte-Crcix de Jérufalem : il étoit de brique,
& Fon y avoit fuivi Fordre corinthien. 2°. Vam-
phithédtre de Vefpafien, aujourd’hui le Colysée.-
Voyey^ ce mot. 3°. ampkithé&tre de Sratilius
Taurus. On en ignore la place : peut-étre étoit-il
dans le petit champ de Mars. 4°. U amphithédtre
batí par Trajan dans le champ de Mars , & détriiit
par Hadrien.
On trouve dans l’Italie, dans les Gaules, &
dans plufíeurs autres contrées occidentales de
I’Europe , des relies ¿YAmphithédtres. Mais les
villes grecques n’en bátirent jamais. Maffei l’a
demontre dans fon traité degü Ampkitkeatrl.
Une belle cornaline de la colleéiion de Stofeh,
nous oírte le dellein bien confervé d’un amphi-
thédtre avec des fpeélateurs. On voit fur Faréne
deux hommes armés qui combattent enfemble.
lis font animes par le fon de deux trompettes &
d’un cor ou lituus. Celui qui tient ie lituus avec
lequel on donn'oit le fignal des combats , eíi
debout á Fextrémité de Faréne, auprés d’un terme.
A Fautre extrémité & auprés d’un fecond terme,
font aífis les deux trompettes. Au mílieu de Yam-
pkithédtre & fur Faréne auprés Jes gradins, cft ■
A M P
sfíi/e une figure ^ qiii paroí: erre le Lanifia, &
CU! porte la baguette appelée ruáis , deítinée aux
gladiateurs vaincueurs. Enfin j au hautde 'iamphi-
théatre eft placé le íiége ou fuggeftum du préildent.
Ce'n’eft pas celui d’un préteurj mais d'un empe-
rear 5 car il a la forme du tricLinium aacien , &
Jales-Céfar fe fervit le premier dans Jes jeux du
JiLggefiiim fait cotnme un lir , appelé par certe
raí fon pulvinar. Ses fucceíTeurs rimitérent conf-
tamment.
AMPHITHERE', fiis d'AIcméon & de Calli-
rlioé. V. Acak-NAnaSj Alcméon.
AMPHITHÉTÉ^j vafe á boire, remarquable
par fa grande capacité. Les anciens s’en fervoient
dans les parties de débauche ; d'oü vinr Je pro-
verbe, ex ampkitheto bibifti ; vous avez bu plus
que de raifon. ^
AMPHITHOE , une des cinquante néréídes.
AMPHITRÍTE, ñlle de POcéan Sr de Thétis,
confentit á devenir femme de Neptune^ á la per-
fuaíson d’un daüphin ^ qui ^ pour fa récompenfe ,
fut placé parmi les afires. Ampkitrite vient du grec
, j' envirorme. On !a donne pour fémme
á Neptune ^ c’eft-á-dire , á ia mer, parce qu'elle
e.nvironne la terre. Ampkitrite avoit une ílatue
dans le temple de Neptune á Corinthej elle avoit
auíli dans Tifie de Teños ^ une llame coIoJTale,
balite de neuf cóudées , ainfi que Neptune. Span-
heim dit qu'elle eíl fouvent repréfentée comme
une fvréncj avant le haut du corps d'une femme
jufqiTá la ceinture 5 & pour le bas j au lieu de
jambes j une queue de poilTon.
Deux moniimens ^ publiés par Winkelmann ^
( Monum. inediti ) nous repréfentent Ampkitrite
d’une maniere plus agréable & parfaite.ment con-
forme aux types des médailles des Bruttiens. L’un
de ces marbres eíl un tombeau de la ville Bor-
ghéfe , qui repréfente la chute de Phaéton : on
voit ce téméraire fils dü foleil qui tombe dans la
mer, ñgurée par TOcéan fz Ámphitrite. Celle-ci
oSre les traits d’une jeune femme tenant une
rame, & ayant pour attribut principal deux ferres
d'écreviíTe placees dans fa chevelure ^ en guife de
comes j au-deíTus du front. Elle eíl coéfFée de
méme fiir le fecond marbre antique j mais elle
porte au lieu de rame , une palme ou un acrof-
tole , ornement de la proue des vailíeatix.
O.n luidonnoit cet attribut íingulier, ainíi qu’á
TOcéan , ann de montrer que Tun & Tautre éten-
doient leur empire fur la mer & far les ports. Les
deux nicles qui forment les ports ^ & les ferres
íT fcrevilTe , s’expriment par le méme mot grec
ce qui a ñsíHt pour faire donner á Amphi-
riite & á 1 Océan cette étrange marque de leur
puííiance.
Ampkitrite fut raére de Tritoru
Deux néréídes portoient auíTi le nom a Ampki-
trite.
.jjV'^TnlTRYON 5 mari d’AIcmenCj beau-pére
e liereule ^ étoit fils d’Alcée.. fils de Perfée ^ coufin-
A M P 1 57
germamj par conféquent, d’Alcmene fa femme-.
Les uns lui ont donné pour mere Jíipponome „
filie de'AIénécée ; d’autres Lyfidice , filie de Pé-
lopsj d’autres enfin j Laonomej filie de Gunéus.
On a rapporté á Tarticle Alcméne ^ tout ce qui
a trait á fon mariage & á fes fuites. On ajoutera
feulement ici qucj, pour engagerCréon á i’accom-
pagner dans fon expédition contre les Téléboés ,
il fallut qu’il le délivrát d’un renard qui faifoit
de^ grands ravages ; il y réuíEt par le fecours de
Céphale. Voyei^ Lélape.
Ampkitryon, accompagné des troupes de divers
peiiples , entra fur les rerres de Ptérélas , roi des
T éiéboés ¿ & les ravagea ; mais le fort de la villa
de Taphe, capitale de ce royaumcj &: la propre
vie du roi, dépendoient d’un cheveu d’or qui
étoit melé dans fa chevelure. Comérhej filie da'
Ptérélas , devint amoureufe á' Ampkitryon &
pour engager ce prince á répondre a fa paflios,
elle arracha le cheveu fatal de fon pére , quf
moumt far-le-champ. Ampkitryorz s’empara de
tous fes états ^ fit mourir Coméíhe , cette filie
dénaturée. Se s’en retourna chargé de dépouilles.
AMPHORA. ( V'afe ) C’cíl le nom que les
anciens donnoient á ces grands vafes de terre
cuite , pointus par le bas, & ordinairement accom-
pagnés de deux anfes, qu’ils appeloient aufli diot&^
tefis.. On en voit beaiicoup fur les médailles de la
Crece , dans toutes les coliediions d’antiques , &
dans le cabinet de Sainte-Geneviéve de París en
particuüer. Les vafes que Ton a trouvé á fíercu-
lanum dans une cave, au fond de laqueMe ils
étoient mures , & dont la boliche étoit fixée dans
une efpéce de gradin de marbre , pour y recevoir
des couvercies de la méme pierre, étoient de cette
efpéce, & nous ont appris comment les anciens
les fixoie.nt de bout,,ma!gré la pointe qui les ter-
minoit. On voyoit á la ville Albani une ampkore Ji
grande, qu’elle contenoir xviii amphores , on
prés de cinq cens cinqaante-huit pintes de París ;
8c une feconde avec Tinfeription fuivante :
VII (
LVI I
On a trouvé á Hercuianutn & á Pompeii, plu-
lieurs amvkores chargées d’infcriptions écrites
avec de la couleur, relies que celles-ci :
HERCULANENSES
NONIO
Les habitans d’HercuIanum mettoient , comme
on voit, le nom de Nonius , leur préteur, fur leurs
vafes , de méme que Ies Romains y écnvoient
celui de leurs confuís. Horace, ( Ód. lu. 8.}:
Kic dies atino redeunte fefius
Corticem adftriñum pice dimovebit
Ámpkorsí fumum bibere inftituts.
Con fule Tullo.
15S A M P
II n’y a pas long-tems que c'étoit encore Tufase
á Naples.j d'enterrer des vafes de rerre remplis de
vin, toutes Ies fois qu il naiiToit un enfant, & on
ne les déterrokque quandfenfant fe marioit. Ces
vailTeaux font pointus par le baSj pour les fixer
plus surement en terre : on en a trouvé quelques-
uns á Pompeii , qui étoient engagés dans les rrous
d’une voúte píate faifant partie d’une cave.
A quelque peuple , foit grec , foit étrufque ,
fok campanien , que Ton attribue cette monf-
trueufe amphore qu'a publíée le comte de Caylus ^
(^Rec. iv^ pl. y8) fon induftrie nous étonne ; car
c’eft une opération de Tart des plus compliquées
par fon volume , & que les modernes , par cette
laifon , ne pourroient peut-étre pas imiter ou
lépéter. En effet , on s"en rapporte á tous ceux
qui ont vu travaiüer les potiers de terre ^ pour
juger des nioyens d'exécuter & de tourner avec
une forte d'exadkude, á Tintérieur commeáTex-
térieur j un vafe de terre donr Tépaifleur de quatre
pouces eíl égale , la hauteur de cinq pieds fix
pouces , le diametre de cinq pieds, & par confé-
quent la circonférence de quinqe pitas ; ce qui
contient environ lix muids de liqueur. Cette urne
de terre , quoique d’une forme ronde , peut erre
mife au rang des amphores j il eíl certain du moins
qa’on ne peut la croire deílinée á aucun autre
ufage , qu'á celui de renfermer le yin. Elle a été
trouvée á PouzzoleSj & elle étoit encore entiére
en 1750, lorfquelle fut mefurée Se deílinée par
M. SoufHot.
' Les Romains employoient Ies amphores á diíFé-
rens ufages ; ils s’en fervoient pour y renfermer
des olives j des raifins fecs j de Tíiuilcj & fur-tout
du vin.
A la vérité , ces vafes n’étoient guéres com-
modes pour le fervice. I! failok néceífairementj
pour leur donner une aff.ette ferme & folidcj
faire un trou dans la terre, dans les lieux pavés
& dans Ies greniers, oú les Romains avoient cou-
tumede conferver leur vin. Horace, {Od. xxnu,
lib. i.y.
Rarcis deripere harreo
Cejfantem Bibuli qonfidis amphoram.
On étoit obligéde conftruire deseorpsde tab'ettes
á jour le long des murailles , ou portes fur trois
ou quatre pieds , pour les pofer & les établir en
fútete ; mais cette précaution ne remédioít point
á la diíKcuIté du tranfport & de Tufage ; car il
devoit toujours étre embarraíTant de tranfvafer ou
vuider la liqueur dans toutes les occafions qui fe
préfentoient fréquemment. Cependant, un ufage
aulK peu raifonnable a régné pendant plulieurs
Léeles j par la raifon que Thabitude rend tout
facile & ne permet pas de réfléchir.
Au refte, on ne peut douter que ces vafes ne
fufíent deñinés á conferver le vin. Ficoroni a cer-
tifié au comte de Caylus , oue Ton en avoit trouvé
pluíieurs á Rome ¡ fur lefquels on lifoit encore
A M P
! Tannée du conñiht ^ pour marquer Táge du vsn/
I confor.mément aux vers d’Hqrace cites plus haut,
(X/á. III , od. VIH.) :
llic dies , anno redeunte , Fejlus, &c. &c,
On découvrit a R.ome , il y a environ quarante
aiis, dans une fouille, des vafes de terre de cette
forme, dans lefquels il étoit reñé une efpéce de
liqueur , au milieu df un tartre fort épais. On en
gouta & Ton n'y trouva aucune faveur. Un íi
grand nombre de fiécles a du faire perdre á ce
vin fa forcé & fon goiit. Cependant une femblable
découverte auroit pu occaíionner des analyfes,
fouvent Utiles á la fociété.
Quelqkincommode que paroiíTe Tufage des
vafes de terre cuite pour mettre le vin, il eíl encore
en vigueur chez Ies Tartares , cotnme nous Tap-
prenons du paíTage fuivant , que nous avons cm
devoit tranferire , afin d'expliquer cette pratique
des anciens. II eíl extrait de XHifioire des décou-
_ venes faites par divers favans voyageurs dans
pLafeurs contrées de la Rii0e <&’ de la Perfé, &c.
tom. 2. Berne , 1781, in'4°. Voy age en Perfe,
P‘^g- 22. _
" Ceux (dit M. Gmelin) qui s’occupent de la
fabrication des vins dans ces contrées, les mettent
en auromne , au fortir du preíToir , dans de grands
vafes de terre fort ventrus (on les nomms. jarres
en Provence). Au lieu de caves, ils creufent de
grandes foífes dans iefqueiles ils placent ces jarres,
dont ils bouchent Touverture avec des pierres
piares ; les foífes font enfuite recomblées avec II
méme terre qui en avoit été titee. Le vin demeure
ainíi dans la terre pendant un ou deux ans , quel-
quefois feulement fix mois. Ces foífes ne font
connues que de ceux qui les ont creufées ; ils ont
de fi juíles raifons de craindre la perte de tout le
fruir de leurs peines & de leurs dépenfes , qu’iis
ont grand foin de choilir pour Templacemeat de
ces caves fouterraines, des endroits ou perfonne
ne puifTe feulement foupqonner qu’on y ait caché
du vin. Lorfqufils veulent faire ufage de leur pro-
vifion j ils déterrent les jarres , & ne manquent
pas pour Tordinaire de les vuider tout-á-fak , Tex-
périence leur ayant appris que lorfqkon y laiffoit
par hafard quelques reíles, il manque rarement da
tourner & de s'aigrir. «
_ Les ifles de la Crece, Samos Se Chio en par-
ticulier, étoient célebres par leurs manufaflures
¿L amphores & de toutes fortes de vafes de terre
cuite. On les réfervoit pour les vins précieux.
Horace , ( Od. i. 20. ) :
Grs,ca quod ipfe tefia.
Conditum levi.
Cellesde la Campanie 8e du pays des Sabins, étoient
d’une fabrique plus commune.
Afin que le vin ne s’évaporát pas au travers des
pores du vafe , on Tenduiíbk de poix , & en Is'
A M P
bouchoit avec du liége recouvert d'un mafdc fak
avec de la poix , de la craie & de rhuile ou d'autres
rnatiéres gralTes. Ces précautions coníérvoient ie
vin pendanc des fiécles entiers. Pérrone en cite
qai avoit cent ans {cap. 34) ^ & qni avoit vieilli
dans des ampkores de verre endaites de craie oa
de plátre : Statím allats, junt amphorii vitrea dili~
genter gypfata , quarum in cervicibus pittacia erant
affixa , cum koc titulo : Falsmum Opimianum an.no-
rum cenfam.
On connoiííbit Táge du vin par les infcriptions
que 1 on .mettoit fur les ampkores. Kous avons va
plus haut qu’elles annonqoient le nom du confu!
fous leque! elles avoient été rempües , la capacité
<ies^ ampkores & refpéce de vin qu'elies renfer-
moientj ce qui fit naitre TexpreíHon de meliore
notá^ pour déíigner un \ún plus Sn ^ plus rare ; &
elle devint^ d un ufage général , méme au fens
moral. Canon dit dans Cicerón j {Fam. vii. 2^.) :
Sulpicii fziccejfori nos de meliore nota commenda.
Les ampkores ne fervirent pas toujours á un
ufage li ^relevé. On en placa dans les culs-de-fac
& dans íes mes detournées de Rome, afin que les
citoyens puiTent fatisfaire aux befoins prefl'ans de
la nature. \ efpaíien établit un impot fur ceux qui
en faifoient ufage 5 & il trouva des hommes aílez
vils pour fe teñir aupres de ces ampkores , afin
d’exiger cette nouvelie efpéce de tribut.
Aat FH ORA capitolina , étalon de Vamphora
{mefure) confervé au capitole.
Ajsphora najitema. Foye:^ ce mot.
AMP HORALE , vafe de cryñal ayant la forme
tz peut-etre la capacite de certaines amphores.
Pune 3 (37- • Idem Xenocrates auSor éji , vas
amphorale vifum.
AMPHORARIÜM vinum , vin renfermé dans
Íes amphores.
AMPHORE afiatique & grecque. V. Ampho-
REUS.
Amphore 3 mefure des liquides. II faut obfer-
ver que fouvent Ies anciens ont appelé générale-
ment ampkora & diota , c'eft-á-dire , vafe á deux
anfes^ ou á deux oreilles 3 ie bath afiatique 3 le
ínetretes attique , \ amphore romaine 3 8cc.
AMPHORE3 diota 3 quadraiital y métrétes ^ mefure
de capacité pour les iiqueurs des anciens Romains ;
elle valoit 30 pintes & j|| de Francc; elle valoit3
en mefures du meme pays3 2 urnes3 ou 8 conges3
ou 48 fextarius3 ou 56 héraineS3 ou 152 quarta-
rius 3 ou 3 84 acétaDuIes 3 ou 376 cvathes 3 ou
2304 legules.
A1V1PHOREUS3 mefure de capacité de TAfic
oc de í ü-gypte. Sephel.
. Itota , mefure grecque de capa-
mefure deFrance3 17 pintes
& 3 ; ede vaIoit3 en mefures grecQues3 ó chous,
combar poétique
ou de luttc entre Ies poetes 3 qui fe fkifoit dans
A M P 35^
liíle d /Égine. On y donnoit un boeaf pour ré-
cqmpenfe a celui qui avoit fait les meüleurs vers
ditnyramoiques en l’honneur de Bacchus.
AMPHOTIDES3 áu(p¿Tiait. On appeloir de ce
nom de ^arges calottes dont on fe fervoit dans
le Pugilat. Elles étoient d'airain , doublées de
drap 3 Se ceuvroient les oreilles ; kur nona viene
d ¿^uiparepsy 3 d’un cóté & de l'autre.
AMPHRYSUSj dans la Phocide.
Goltzius íeu! a publie des médailles ímpériales
grecques de cette ville.
AMPLIUS. Les juges á Rome fe fervoient de
ce mot pour^ renvoyer le jugement d'une caufe
a 1 époque oú elle feroit mieux éclaircie : Criton
remploie dans ce fens. Térenccj (Pkormio. n. 4 ) ;
Fgo amplias deliberandum cenfeo : '
Res magna efi.
^^^^fifuateurs & tous ceux qui opinoient dans
une aíFaire , fe fervoient auíH du mot amplias ,
pour annoncer qufils avoient quelque chofe á
ajouter a 1 avis auquel ils fe rangeoient. Sénéque
{de rita beata, cap. 3.) : Fortafe & pcft omnes
citaLUs , nihil improoabo ex his qas priores decre-
verint , & dicam , hoc amplias cer.feo.
AMPLUSXRE. royei^ Aplustre.
, j ampulla. C’étoit une efpéce de
bocai a cou long & étroit. II y en avoit de verre
& de terre cuite. Les ampoules de Samos & de la
Campanie etoient célebres. Le cabinet de Sainte-
Geneviéve de París en oírre plufieurs dans la col-
iecíion des vafes étrnfques.
Elles ont la meme forme que Pline donne aux
ampoules. La bouche eíl: relevée & reífemble í
un couvercie. On n’y volt qu^un petit trou par
lequel on faifok diíHüer la Iiqueur3 en fecouant
le vafe. Ces vafes 3 qui lurent appelés á caufe de
cela guitas , gutturnium vas Se coturnium vas ,
fervoient a mettre l'huüe 3 le vinaigre & des par-
fiims^ liquides. On les employoit auíE dans les
facrífices3 pour faire des libations de vin 3 &
pour laver Ies mains de ceux qui vouloient fe pu-
rífier.
Les ampoules firent auíE l’ornement des buffets
& des rabies. Suétone3 {Domit. 21. i.) ; Ut non
temere fuper coenam modicam in ampulla potiuncu-
lam fumeret.
Les philofophes cyniques & les mendians por-
toient en voyage des ampoules attachées á ieur
ceinture. Plaute3 {Perf. r. 3. 43.) :
Cynica ejfe e gente oportet parajltum probe,
Ampullam habeat.
Ces vafes des voyageurs étoient faits de cukj
comme nous l’apprenons du méme poete {fiad, m,
4.310:
Niji eril tam Jincerum , ut quivis dicat ampullarius ,
Optimum ej^e opere f adundo corium, & jincerijftmum.
/
i6o
A M U
AMPTRUARE ou Amsurvarie. On ne fe
fetvoit de ce niot barbare, que pour exprimer
la danfe ou les contorllóns du chef des Saliens ;
conroríions que ces prétres devoient répéter avec
exaáitude & précifion.
AMPYCUS , pére de l’un des deux Mopfus,
que Fon défigne quelquefois par le nom patro-
líomique Atnpycides.
AJAPYXl chaine d’or qui fervoit^ á lier les i
crins des chevaux fur leur front. Homére défigne |
par cet ornenient les couríiers du dieu de la
guerre , x(VTXft.r.'jx.í?. ^ ^
L’on donna par extenfion le métne nom a une
efpéce de' réfeau ou fílet dqnt fe feryoient Ies
romaines pour couvrir & aííujétir leur chevelure.
Eíles Fenrichiíroienr d’or & de pierres précieufes.
V. Fix-et. .
AMULA-, vafe dans lequel on portoit leau
lufirale. C’e'toit le méme que V aquiminarium,
AMüLETTE, remede, figure_ ou caradére
auquel la crédulité & la fuperftition attribuent
des propriécés merveilleufes. Les hommes de tous
Ies ages & de tous Ies pays ont ajouté foi a ces
talifmans. Les Egyptiens nous en ont laifle un
grand nombre , entre lefquels les A.braxas tiennent
un rang diftingué. On conferve des amulettes fa-
briqués par les anciens Perfes. Le comte de Caylus
en a publié quelques-uns , & les a accompagnés
des réfiexions fuivántes , qui jettent un graadjour
fur les monumens perfans , íi rares 8c li difficiíes á
expliquer.
Je penfe que les Perfes ayant trouvé en
Egypte Fufage de porter au cou de petxts cjdindres
ornes de figures & dEiéroglyphes , en firent fa-
briquen, ou, au lieu de divinités égyptiennes,
on repréfentoit des fujets tires de leur hiñoire
ou de leur théologie, & Fon eut fcin d’y joindre
des caradéres hiéroglyphiques , qui , étant dif-
pofés en forme de priére, ajoutoient, felón I’opi-
nion commune , une yertu fecréte a ces amulettes.
Je préte cetre idee aux ouvriers egyptiens , parce
que les caradéres graves fur les deux pierres que .
i’explique, font dans un fens contraire.á celui des
figures , 8c ne fe trouvent dans un ordre natural
que relativement á une perfonne qui fufpendoit
ces figures á fon cou. »
» Comme la fuperftition n^a point de regle fixe ,
il arrivoit quelquefois qu’on négligeoit de tracer
ces hiéroglyphes fur Fefpéce ^amulette dont je
parle. On en conferve un dans le cabinet tíe Fab-
baye de Saint- Germain- des -Prés , endérement
femblable pour la forme á ceiix que je rapporte.
Les figures qiFon y a gravees font perfannes,
& ne font áccompagnées d’aucun caradére. Le
P. de Montfaucon s'eñ coatenté de le faite graver
parmi plufieurs morceaux égyptiens , & nYn a
point donné Fexplication. ”
== J"ai fuppofé que Ies Egyptiens faifoient de
.pareils amulettes pour leur ufage particulier, &
je vaxs en donner une preuve fans replique- Depuis
A M Y
quecéUX-ci ontété graves, fen ai acquis un dqnt
lé travaii eft d’un gout égyptien, 8c qui de plus
repréfente des figures conftamment égyptiennes ,
des liis , des Scarabées , 8cc. J'obferverai que le
méme uíáge s’étoit établi chez les Etrufques.
M. Gori a fait graver dans un de^fes quvrages ,
un morceau de fardoine qui doit étre á-peu-prés
de méme hauteur , 8c percé dans le-méme fens
que Ies deux cylindres qui font Fobjet de cet
arricie. II eft odogone , 8c Fon voit alternative-
ment des figures Se des fymboles fur chacun de
fes pans. M. Gori croit qu ií étoit deftiné á étre
fufpendu au cou j 8c je ufen rapporte d’autant
plus a fon fentiment , que les morceaux étrnfques
8c Ies morceaux egyptiens comparés entfeux ,
font fouvent mention á'ufages communs aux deux
nations. == ( Caylus , R. i. ^6).
Les Crees firent un grand ufage des amulettes ,
8c leur donnérent plufieurs noms. lis les appe-
loient (pí)?íXieT¡í^sa. 3 ■srefíaAlx 3 a%o\ZAi(¡-;xxra, 3 sín^r,-
fecélx, TTiiiáfefixrx 3 íls.atribuoient des vertus
ftirnaturelles au laurier , au faule , aux arbriffeaux
épineux , á la palicaire, au jafpe _ 8c á prefque
routes les pierres précieufes. Les TheíTaliens, les
Illyriens & les Triballes étoient célebres par la
forcé de leurs enchantem.ens. Les dernsers poa-
voient , felón Pline , faite périr des animaux_ 8c
des enfans paí leurs feuls regards. Cetre opinión
devint générale , 8c les poetes latins parlent fans
ceíTe des regards brúlans des envieux. Pour ea
détruire Ies pernicieux eftets, on fufpendoit au cou
des enfans, des amulettes fabriques córame des
membres virils. La crédulité 8c la fuperftition les
ont li fort multipliés, que toutes les colleétions
d'antiques en pofíedent un grand nombre. Voye'¡i
Fascinum.
Dans le méme deíTein , on portoit des couroiines
deperles. Virgile,, ^7-)-
Aut fi ultra ■placitum laudarit, baccare frontent
Cingue, ne vati noceat mala lingua futuro.
On faifoit aufii pour le méme objet, des colliers
avec des coquillages , des pierres précieufes 8c du
corail.
Les anciens craignoient les regards des envieux
autant pour eux-mémes que pour leurs enfans:
c’eñ pourquoi ils employoient pour s'en préferver
les mémes amulettes , qu ils attachoient au cou de
leurs fils. Ils les fufpendoient aux jambages des
portes , de maniere qu’en les ouvrant, en faifoit
remuer cts ph.allus , 8c ón ébranloit Ies clochettes
qui y étoient attachées. Herculanum a fourni une
grande quantité de ces phallus remarquables par
leurs formes bizarras, leurs enlacemens ridicules
Se leurs accouglemens fantaftiques.
C'eft eux fans doute que les Grecs appeloient
gusieavíoí- 3 TTpecr^xsTicxv íx , Sc que Ics attifans atta-
choient a Fentrée de leurs boutiques ou aupres
de leurs forges. Pollux dit aue c’étoient des figures
ridicui«s
A M Y
fiJjful?* $S ebíeenes ¡ auxquelles oij artribiioit
ia vertu de détousner Ies ef&ts dangereux de
í'envie.
AMüN. V Ammon,
filíe de Niobé , que Diane &
Apoilon epargnéreiitj ainlí que fa fceur Méiibée.
F. Niobe^,Mélibee.
AMí CLEEP'v j nom d^ApoUon, pris de la ville
d Amycleej voifine de Lacédémonej oú ce dieu
avoit le plus fameux de tous les temples dii Pélo-
ponelCj felón Polybe.
_ On a faic de cette épithéte d'ApoIlon^ une divi-
nite particuliére dans l’ancienne Eacyclopédie j
c eít une erreur groífiére.
AMYCUS, fiis de Neptune , étok roí des
Eepryces;^ ce barbare obligeoít tous les étrangers
qui arnvoient dans fon pays, á fe battre contre
luí a wups de poings_, ou , feion d'autres , á coups
de «fte. Comme ii étoit fort adroit á cet exerdce,
& de plus tres-vigoureux, il les vainquoit tous
& Ies mettoit a mort. Pollux fe préfenta á luí au
nom de tous les Grecs pour le combatiré au cefte ^
& le tua. Le jour de fes funérailles^ on planta
fur ion tombeau un laurier qui le couvrit , &
que 1 on appela le laurier furieux ; parce qu’au
rapportde PiinCj fi on endétachoit une branchcj
^ portar dans des vaifleauxj on ne
celioit de fe quereller jurq-Yá ce qu'on Ten eút
otee.
^ Ce combar célebre dans rantiquité^ qui avoit
ete propofé par Amycus á tous Ies argonauteSj
& accepté par P ollux , eft repréfenté fur un vafe
de bronze , confervé i la galerie de Saint-Ignace
a Kome. Winkeímann, qui Ta reconnu pour un
ouvrage des^artííles romains j Ta expliqué & fait
grayer a ia tete du csnquiéme livre de fon Hiñoire
de 1 Art. Pollux j paroít occupé á lier Amycus á
un arbre j & Minerve préfide á cette juñe puni-
tJon. Laítor , reconnoiffable á un bracelet qu’il
porte au bras gauche ^ eft affis ; & prés de luí eft
debout un des argonautas. Une aurre figure cou-
chee au pied de Farbre ^ femble garder les habits
des combattans._ Le vainqueur eft couronné par
un-genie alié qui plañe dans les airs^ á la maniere
des Etrufques.
Amycus, frére d'Hippolyte, reine des Ama-
zones, ayant voulu s’oppofer au paffage d'Her-
cule, qui yenoit faite la guerre á fa fceur, fut
tue par ce heros ; il étoit roi de Bébtycie , comme
le preceaent. Herede donna fa ville á Lveus
Amycus , un des convives des noces de Piri-
^ f Hyppodamie. II prit
fes querelle qm furvint á ces noces entre
av“c un raod* n Lapithes , & creva un ceil
Céladon. Une belle
iMet elegamment par Ovide ,
■^tiqidtés j Tome /.
A N A
Trimus OpHop.id£s Amycus penetraíla donis
Haud tirnuic Jf aliare Jlus , ó' primus ah sdc
Lampaaibus deufum rapuit fúñale corufeis ,
Elatumque alte , veluti qui candida tauri
iiumpere f aerifica molitur colla fecuri ;
lllifit frqnti lapithí. Celadontis , Sf offd
Non agnofeendo confufa reliquit. in ore.
Exfiluere oculi ^ disjeciifque ojjlbus oris
Acia retro naris medioque infixa palato efi.
Le lapithe eft renverfé fur une grande taíTe,
de I efpece appelée cráter , & Amycus en a une
párenle á cote de lui. Ce dernier porte en reüef
fur fon boucüer une écrevifle , qui délignoit la pru-
dence chezles Grecs, oü plufieurs villes ravoient
adoptée pour leur fymbole.
AMYGDaLES. L’extirpation des amygdales
ou de Yuvula da pas été inventée par les mo-
dernes : il faut avouer feulement que Ies canteres
efficaces dont on le fert pour les extirper, doiit
point été employés á cet ufage par anciens,"
qui Jes amputoienr.
^ AM_Li',:OM£, filie de Panaüs , eut de Neptune
ISauplius , pére de Palameae. Danaüs ayant eñvové
fa fide puifer de I’eau pour oífrir un facrince ,
un fa..yre vouiut luí faite violence j la princefle,
e.irayee , appela Neptune á ion fecours. Ce dieu
la delivra en eifet du fatyre , mais il Ini fit la méme
mfuire qu elle craignoit de la part de Thabitant des
forets.
AMYNTAS III, roi de Macédoáne. A.MTNTas,
Ses médailles font ;
RRR. en argent.
O. en or.
RR. en bronze.
Amyntas, roi de Cybire. AMYWTas.
Ses médailles, avec la tete de Diane, fonr-
RRRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
Amyntas-, roi de Galatie. amyntaSí
Ses médailles font :
RRRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
AMYSTIS, maniere de boire que nous appe-
lomfabler. Les Thraces y excello ieñt , & Horáce a
exprimé la vióloire que devoit remporter le meii-
leur buveur, par ces mots ; Threiciá vincere am'/C-
. tide.
AMYTHAONj frére d'Efon, & fils de Cré-
theus & de Tyro. Eby'e^AMPHiARAUS, PéliAS.
AN. N. Année.
a’naba'aaes0AI , jeter fon manteau d’une
maniere agréable. On regarátit á Rome comme
agréable Se decente la maniere de s'envelopn^r
avec le manteau ou la toges lorfqu’on rele^Qt
fous le bras droit la portion de ce vétement qui
tomboit á droite, & quon la jetoit fur Péoaule
gauche, apics sm paíTeí íhr ia ceiats¿e &
X
ANA
fur la poirfine. Ce jet da manteau laifíbit libre &
ádccouvert !e brasdrcit, & couvrok le gauche
juíqu au poigrer Le plus grand nombre des ñatues
drapées nous fontvóir diftinftement cette maniere
de porter le manteau cu la toge. ^ .
ÁNABASIEN ¡ atiahafius. Les anabafiens etoient
des cóurriers chargés de meíTages importans, &
qui voyageoiersí á chevai ou en charriot. S. Jerome
en parle dans fon troiíicme iivre centre RufHn ,
chap. I. ■ . ,
Leur nom venoit , je rnonte ; íes
faifoit diftinguer des cóurriers de moindre impor-
tance.
ANABATHRA ^ degrés qui fen-oient
á monter fur Favant-fcéne (-pul-pltum) des théatres
j'omains. lis étoient de bois, foutenus paredes
madriers debout , & attachés au mur du theatre.
Juvénai ( Sat. vm. 46. ) :
£r qiLSí condutío pendent anahathra tlgiUo.
Anííbathra. On donnoit auffi ce nom a des
pierres taillées en forme de gradins , que 1 on
plaíoit fur les grands chemins j pour monter a
chevai & en defeendre facilement „ avant linven-
tion des étriers. C- Gracchus j irere de TíberiuSj
en fit placer le premier.
a'naboa A AioN vétement que Ies Grecs met-
A’NABOÁAION j iroient fur la tuníque , efpéce
a’naboah j 3 de manteau. V. Amiculum.
a’iíaboaeiS. Les Grecs & les Romains ne fe
fervoient point d'étriers. lis ne furent mis en
iifage que fous le régne de Theodofe. Les gens
ariches ou puiffans avoient des ecuyers qui les
ibuíevoient & Ies aidoient á monter á chevai. On
appeloit ¿víio3>.e~í ces ecuyers.
Ceux á qui la médiocrité de leiir fortune ne
f>ermettoit pas d'avoir des aides^ s'éianpoient fur
e chevai , ou montoient fur des pierres pour
prendre de Favantage. Une pierre gravee du barón
¿e Stofeh , nous montre une autre maniere de s'ai-
der pour monter á chevai ; on y voit un cavalier
cui met le pied droit fur un crampón attaché á fa
lance á une certaine diítance de la terre. On expri-
moit cette maniere par la phrafe ¿Ao ¿fatTo;-
¿ícy , monter á chevai avec la lance.
ANACALYPTERIE , ¿yax.aXaymípia. Ce mor
vlent ^ découvrir. On donnoit ce
nom au troifiéme jour des noces , auquel il étoir
permis á la mariée d’óter fon voile & de fe laiíTer
voir á tout le monde. Les préfens qiFon lui fai-
foit á cette époque . portoient le méme nom.
Les filies grecques itoient févérement renfer-
mées dans leurs maifons 5 elles ne fortoient point
& ne parloient jam.ais a deshommes.^ Lorfqu'elles
ét oient forcees de parler á leur mari flitur ^ elles
fe couvroient d-un voile appelé , qu’elles
ne quittoient que le troifiéme jour des noces.
L empereur Sévére ayant contraint le fophiñe
Hetmocrate d'époufer une femme trés-Iaide^»
eslui-ci repondie sus gens qui lui demandoient
ANA
pour elle les préfens anacalypteries ; On devreit
Wen plutót lui en donner pour acheter un autre
voile j que pour óter celui qu elie a;
uiy ¿s raí et-'Wíjt >.¿íj¡4^éíva'v. il íaifoit un jcil ÜC tnoCS
que la lan^ue francoiíe ne fauroit rendre.
ANACAMPTOS;, terme de lamufique grecque.
II lianifie une fuite de notes retrogrades , ou pro-
cédant de Faigu au grave : c eñ le contraje da
Veuthia. Une des parties de Fancienne mdopee
portoit auffi le nom é^anacamvtofa.
AN ACARA, efpéce de tambour en forme de
tvmbale, dont on fe fervoit dans le Bas-Empire.
ANACE , dans FAchaie.
On a quelques miédailles imperiales grecques de
cette ville, felón le P. Hardouin.
ANACÉES ou Anactées , fétes en Fhonneur
de Caílor & de Pollux , nommées Aaaces ou
Anañes. Anaces vient du mot grec ¿«I,
roi , protecleur. Les Atheniens,, Plutarque,
dans la vie deThéfée, charmés de la modera-
tion de ces deux princes, qui , apres avoir pris ía
ville á'Aphidnés, pour venger Finjure taita a leur
foeur, avoient puní ceux-!á feulement qui avoient
eu parí á Fenlévement ; les Atheniens , dis-je ,
leur donneretit le nom d Anadies , iníHtuerent une
rete & des jeux en leur honneur. Piutarque dft
ailleurs qu on les appela Aguaces , foit parce qu ils
avoient fait ceíTer la guerre , ou parce qu iis avoient
eu íi grand foin des Atheniens , que , quoique
leur ville fut pleine de troupes, perfonne n^y avoit
recu le moindre déplailir. Ce nom n a pas eté par-
ticulier á Caiior & á Polluxs il avoit ete donne
avant eux á tous ceux d'entre les defeendans d Ina-
chus , qui s’ étoient rendus celebres par leurs behes
aéiibns.
ANACHIS. Nom d’un des dieux lares ou dieux
domeftiques des Egyptiens; ils en avoient quatre,
Dymon,.Tychis, Héros & Anachis. On croyoit
qú’auífi-tot qu un homme étoit né, ces divinit^
en prenoient foÍn. Liiio Gyraldi penfe, av^ec tai-
fon, que ces noms font grecs; Dynamis , Tyckc,
Eros Anaké , c eít-z-édre. , forcé afortune , amour >
nécejfité , & que íes Egyptiens Ies ont corrompus
en les adoptant dans leur idióme.
ANACHRONISME , terme de Chronologte. U
exprime une erreur dans la fupputation des rems,
& particuliérement celle qui antidate un événe-
ment. On appelle parachronifme Terreur qui place
un fait beaucoup oius tard qkii n’eft aAÍve. ^
ANACLÉTÉRÍES, fétes folemnelles que ce-
lébroient les anciens lorfque leurs rois o_u leurs
princes étoient de'cenus majeurs , prenoient en
main les renes du gouvernement , & en faifoient
la déclaration folemnelle á leurs peuples. Le ñora
de la féte venoit de cette déclaration ou procla-
tnation^ MetKXviG-lg,
ANACLÉTIQUE. Le mode ou plutot le nome
anacléúque étoit propre á ceux qui fuy oient devanE
Fcnnemi, fuivant Máxime de Tyr.
ANACLINOPALE, efpéce de lutte. Les
ANA
athletes combattoient couchés Tur le fable. Cétte
latrs s’appeloit eacore volutatoria lucia & voíu-
(atioaes, par oppoíítion á la latee ordinairCj qui
porroit le nom de Lutta erecta.
a’nakainth'pia , doffiers des lits de table.
Spartien rácente que Veras avoit fait conftraire
un íit á quatre doíEers , anaclinteriis quatuor ,
qu’on le jonchoit de feuilles de rofes^ & qu’en-
fuite ce prince voluptueux fe couchoit dans ce
Iit avec des courtifannes , .& fe faifoit couvrir
avec des lys-
ANACROUSIS. Cétoit le nom du prélude ou
de la premicre partie da nome pythienj fuivant
Strabon.
ANACTE. On donnoit ce nom á Athénes aux
Diolcures ; mais il étoit pardculiérement aífeclé
á trois anciens dieax , que Fon difoit nés á
Athénes de Júpiter , Tan des premiers rois de
TAttique , & de Proferpine. Cicerón les nomme
■ Tritopatreus ^ Euhuleus , Dionyjius , & dit quhls
furent auííi connus foas le nom de Diofeures^ qai
leur fut commun avec d’autres dieax.
Quelques écrivains les confondent avec les
Garetes d’autres avec les Cabires. C’efl: a eux qu’ils
attribuent le temple d’Athénes appelé Anacée ,
que nous avons donné plus haut aux Diofeures.
Anacées.
ANACTÉÉS. F. Anacées.
ANACTESj étoit un nom donné par honneur
aux ñís & aux freres des rois de Chypre. Ces rois
n’étoient oceupés que de leurs plaiíirs^ & les
anacles gouvernoient en leur nom. C’étoit á eux
que les Gergines rendoient compte toas les jours
de ce qui arrivoit dans Tétat 5 les auacies faifoient
examiner la vérité de leur rapport par les proma-
langes , & portoient enfuite leurs jugemens.
Leurs femmes étoient appelées Anajfe, & fe
faifoient fervir par des femmes nommées Cola-
cydes , qui mettoient tous leurs foins á leur epar-
gner la moindre fatigue & le plus petit mouve-
ment.
ANACTORIUM3 dans rAcarnanie. anakto-
PIÍ2N.
Les médailles autonomes de cette vilie font :
RRR. en argent.
O. en or.
O. en argent.
Son type ordinaire eft Pégafe.
ANADE MAj étoit le iadéme des rois de
Perfe. Cet ornement royal étoit une bandelette de
poprpre , felón Quinte -Caree. .Alexandre ayant
vaincu Darius , ajouta le diadéme pourpre des
rois de Perfe j auxqueis ii fuceédoit , á la bande-
lette blanche qui avoit été jufques-lá le diadéme
des rois de Macédoine.
ANADIP.n A. On donnoit ce nom a des mets
Iea;ers que i on mangeoit aprés la viande & les
poiíTons. C’étoitje deíTert des anciens.
ANADYOMENE. ( Venus ;
enfe levant. hzYénwsAnadyomeneélo'ittÚs-Q
<i:z fort
clébie 1
ANA i(?3
dans I antiquite. Auguñe, dit Fline, confacra dans
le temple de Céfar , un tableau d'Apeiíes , repré-
fentant \ émis fortant de la mer , á laqiielle on
donna le nom A Anadyomem. Venerem exeuntem
e mari divus Auguftus dicavit in delubro patris
Cefaris , quA Anadyomene vocatur. PlinCj lib. jJj
cap. 10.
L attitude fous laquelle ce grand ardite offris
cette déeíTe aux yeux des Crees , étoit fi conve-
nable & fi frappante , quoique .de la plus grande
íimplicité , que teute la Crece s’accorda á iui
donner le nom á‘ Anady :imene , c’eíf-á-dire , cjfuyant
fes ckeveux en fortant de 1‘écume de la mer quí
r avoit formée. Apelles voulant peináre la naiffance
de Venus., faifit rinítant ou, fortant de l’écume
entr’ouverte, la déeSe s’éiéve far la furface des
eaux. Les vers grecs que Fon a faits á la louange
de ce tableau, ne Font pas furpaíTé, dit Fline,
(Ibid.)^ mais ils Font rendu célebre. L’Antliologic
offre cinq épigrammes dont il eft le fujet.
On ne peut douter que ¡a y énns Anadyomene ,
devenue íi célebre , n’ait été traitée par des fcuip-
,teurs grecs, qui 1 auront coplee ou plutót arrangée
& difpofée pour leur art, c’eft-á-dire , qui auront
néceíTairement ajputé les parties de la ronde-boíTe^
pour faire une ftatue d’une .figure peinte. Le comte
de Cavlus aequit en 17^9 un bronze antique ,
qufil jugea erre une imitadon du tableau d’Apelles.
Sa conjeélure étoit d’autant plus juñe, qu’il avoit
vu plulieurs pierres gravees , repréfentant la méme
figure.
Le fculpteur habile , frappé de la beauté de
fon modéle , touché de la íimplicité de fon
aédon j ne s eft permis que les additions aux-
queües la fcnlpture Faftreignoit. Üne imitadon
exaCte nauroit produit qu’un bas- relie f, done
Feffet eút été médiocre. Le comte de Caylus a
fait deíEner ce bronze précieux dans fon vafte
Recueil d’antiquités.
ANAETÍS, Anaitis ou Anetis, furnam fous
lequel les Cappadociens 8c les Perfes adoroient
Díane ou la Lune. Les Perfes lui avoient batí
plulieurs temples, dit Strabon 5 ils lui confacroier.t
leurs efeiaves, tant hommes que femmes. Mais
un ufage bien furprenant, c’eít que les gens Ies
plus diilingués de la nation confacroient leurs
filies á fon fervice , & les proñituoient publicue-
ment en fon honneur j aprés quoi ils Ies marioienr,
& perfonne ne faifoit áifficulté de les époufer.
Cet ufage rappor'té par Strabon, ne s’accorde
pas avec le caraciére de Diane, qui faifoit pro-
feílion d’une exacie cháñete, ni avec le paífaga
oú Plutarque rapporre qu’.Artaxercés Mnémon
établit Afpaíie, fa concubine , prétreíTe d’Anaitis,
afin qu’eile paíTat, dit ce roí , le refte de fes jours
dans la condnence & dans la retraite. Queiques-
uns ont cru qn Anetis ou Anaitis étoit Vénus , &
non pas Diane.
Mine - hv. 32, chap. 23 , rapporte un traít
d híííoijt€ qui ia deeíle, Anaitis. Dans une
Xij
1^4 ANA
expédition qua fit Antoine contra l'Árménie ^ le
temple d'AnVitis fut íaccagé , & fa fíame , qui
ctcic d'or, mife en piéces par Íes foldats; ce qiú
en enrichit plufieurs. Un d'eiix , qui s'étoit éta’pli
á Boulogne, en Iralie, eut le bonhcur de recevoir
un ’our Augulíe daos fa maiionj Se de iui donner
á foaper. Eíl-il vrai , lui dit ce prince pendant Te
, repas ^ que ce’ui qui porta les premiers coups á la
-déeliej perdit auífi-tót la vue , fut perclus de tous
-fes membres , & expira fur fheuré ? Si cela étoit ,
répondit le Ibldat, je n'aurois pás le bonheur
:de voir aujourd'hui Augufte chez moi ^ étant moi-
-méme celui qui lai donna le premier coup , dont
bien m^en a pris ; car íi ;e poííede queique chofe ,
f en ai toare robligation á la bonne déeffe 5 &
c'eíf ü’une de fes jambes , Seigneur , que vous
-foupez aujourd’hui.
ÁN.4GLYPHES. Les aaciens appeloienr de .ee
;nom les ouvrages cifelés , taillés ou releves en
bolfe. Quand il eft queíiion de pierres gravées,
nous nommons aajourd'hui carnees ceües que les
anciens appeloienr anaglyphes , parce qu’elles
étoient travaillées en relief. Celles qui fonr tra-
vailiées en creiix , por.tent le ncm génerique de
pierres gravees. rSioz anagl-jpke vient d ' ,
je grave alenrour.
ANAGjNOSTE, leát'eur. C'eíl le nom que les
Romains donnoient á celui de leáirs efclaves qui
faifoit la lecture pendant leurs repas. L’empereur ‘
Claude mit les anagnofics fort en crédit. 11 en
avoir toujours qui lifoient des ouvrages férieux.
Xes citoyens opulens imitérent fon exemple , 8c
iis eiirent des anag/iafies.
ANAGOGIES, fétes qui étoient célébrées par
les habitans dTrix , aujourd'hoi Trapano , en
•. Sicile, en Thonneur de Venus , que Ton croyoit
. étre partie pour aller en Lybie; on la prioit alors
de vouloir bien revenir promptement.
ligniíie retour.
ANAGRAMME. Ce jeu d^’efprit étoit connu
des anciens. Lycophron , qui écrivoit fous Pto-
lomée Philadelphe ^ roí d’Egvpte ^ environ iSe ans
avant J. C. , excelloit dans Tart frivola de faire
des aaagrammes. Oü en a confervé les deux qu’il
fit fur les noms de Ftolom áe fe d'Aríinoé fes
fouverains. 11 trouva dans n-roAs UCttGÍ y k’no y
de miel : pour exprimer la douceur & la bonté du
prince. A!f^ííci¡í Iui fournic ÍG tí'pa; , violette de
Junon.
ANAGYRUS, bourg de FAttiquey dans la
tribu Erechride. On derive fon nom’ou de Vana-
gyris j plante , bois puant y on d°un Anagyrus ^
demi-dieii , qui avoit un temple dans cé bourg. Se
quEi étoit dangereux d'offenfer. Suidas raconte
qu’un vieiilard ayant coupé !e bois facré qui envi-
ronnoit fon temple , Anagyrus s’en vengea en
infpirant- á la concubine du vieil'ard un amoor
Yiolenc pour fon fils ; que le jeuñe hpmme at^ant
rejeté les follicitations de la concubine , elle ! ac-
cuíá aupres de fotr pére d’avoir vaula lui faire
ANA
violence. Le víciilard crédula y fit ptecípíter fon
fils du haut d'un rocher, & fe Rendir bienio»
aprés avec le chagrín 4'avoir mis á mart ce fils
uniquCy dont il avoit reconnu rinnscence.
ÁNAl DIA y tííAiíYía y c'eñ - á - dire , Flmpu,
dence y fut honorée chez les Athéniens y qui Iifi
ériarérent un autel ; on la déíignoit par une per-
drix, qui paíToit aiorSy d" aprés queique préiugé
d’hiíloire naturelle , pour un oifeau fort impu-
dent.
ANAITIS. Foyrr An.^itis.
ANALECTA, reftes á'an repas.
ANALECTES y efclaves qui ramaffoient les
relies des repas. _ _ , , x
Analectes. ( Grammairiens J Seneque s’efi
fervi de cette expreflion dans fa 2.7' lettre : Simpa
un Satellius Quadratus^ flultorum diyitam arrojar,
& quod fequitur, arrifor , & quod duobus kis adjunc-
tum eft , derifor, ut grammaücos haber et analectas.
Satellius Quadratus , paralite y bouffon & mo-
queur des riches imbécilles y confeilla a Sabinus
d’avoir des grammairiens analeñes.
Ce Sabinus n'avoit ni mémoire ni éruditicn;
il affedoit cependant Fuñe & Fautre. íl gagepit des
- efclaves qui favoient par coeur Homerej Héliodcy
les Lyriques GrecSy & qui fuppléoient au défaat
de fa mémoire , en lui fouíflant les '‘/ers qu il
vouloit citery fe-'dont il pouvoit á peine_ répéter
le premier hémilliche. Satellius lui confeilla me-
chamment d' avoir des grammairiens analeñes ,
chargés de relever fes demi-vers & les conferver
précieufement y aínli que les efclaves analeñes le
pratiquoient pour les relies des fellins.
AÑALEMMEy eíl un planifphére ou une pro*
-jeá:ion orthographique de la fphére fur le plan
du méridien , Fceii étant fuppofé á une difiance
infinie & dans le point oriental ou occidental de
Fhorifon. yitruve diílingue tres - exadlement les
analemmes des cadrans folaires. On ne cherchoitj
par le moyen des premiers , qu á connoitre la ¡on-
gueur des ombres 5 ce qui étoit d"un grand uíagc
pour la Géographie. Mais avec les cadrans folaires,
on déterminoit Fheure par la íitiiation des ombres.
Les cadrans folaires- -modernes , & fur-tout les
méridiens , réaniíient fouvent ces deux pro-
priétés.
ANAMELECH. r. Adramelech.
ANAÍNCÉ. K. Anachis , qui eft la roéme
chofe.
ANAPAVOMÉNÉ. Nom dune fontaine de
Dodone , dans la Moloffie , province d’Epire.
Pline en a décrit les propriétés. 11 y a, dit-il _. au
temple de Júpiter á Dodone, une fontaine dont
Feau eíl íi froide , qu’elle éteint d’abord les uam-
beaux allumés : elle Ies rallume néanmoins, ü np
Ies en aporoche lorfqufils font éteints. On foit
cette fontaine tarir á Fheure de midi, & c’eíl pour
cela qu’on lui a donné le nom ¡Hjlnapavomene ,
du grec íiavotoíníPii , qui ceíTe. Elle croít enfcite
peu-á-peu jufqu’á mipuit , aprés quoi elle recoi»'
ANA
■ Riereis 3 áiroinuer fans quon puiíTe favoir ^
sioüte Pline j la caiiís de ces variations régu-
; Jiéres.
La Phyfique moderne en rendroit aifémsnt
raifon 5 car c'eñ ici la méme caufe que pour les
. autres fontaines intermínentes. De méme rextinc-
tíon fubíte des flambeaux, étoit produite par les
f fiüides aériens qui fe dégagent des eaux gazeufes.
Quant á la faculté de les raliumer , Ies loix de la
,nature n’en feurniíTent aucune expíicationj peut-
; erre étoit-ce une fourberie des prétres , ou une
. rnerveille créée par des imaginations fuperftid
tieufes.
AiíAPEj aujourd’hui PÁlfeo , fleuve de Sicilej
qui coule prés de Syraciife. Les poetes ont feint
. qu'il étoit amoureux de Cyané & qu'il avoit
voulu défendre Proferpine de la violence de Flu-
, ton. Cyané fut changée en foataine; fes eaux fe
, melérent a celles de \‘ Anape , & elles coulerent
. cnfemble dans la mer de Siciíe. Cvide a chanté
cette rnerveille dans fes métamorphofes; il en a
fcit auífi mention dans fes Lañes á propos des
jeuxqueroncélébroitá Romedansle moisd'avrüj
en rhonneur de Cérés.
ANAPERAj forte de rhythine pour lesfíúteSj
qui no US eít inconnu.
AN Ai'ESMAT A , cordages qui fervoient dans
Ies théatres anciens á favorifer Tapparition fubite
des FurieSj ^rfqu'ils étoient attachés aux gradins
Ies plus bas ; & Yafeenfion des fieuves , quand ils
étoient attachés á la fcéne.
ANAPHÉEN, furnom d’ Apollen pris dCAna-
phe 3 iíle de la mer £gée , ou il étoit honoré d’un
cuite particuiier.
AMAPíIOMESE. Ce mot exprime une maniere
aíTez extra o rd i n aire de faite de l'exercice ^ en chan-
tant. Ies anciens médecins Pont beaucoup vantée.
Hippocrate confeilie auíTi de chanter aprés le
repas; cependant Arétée eñ d'un avis contraire.
ANAPLISTE oíí Anaphluste , ancienne ville
de PAttique , prés d'Athéncs ^ vers le cap Colias.
Elle étoit célebre á caufe des temples de Pan, de
Cérés, de Vénus-Coliade Sz des déefíes Géné-
tiiyllides qu’elle renfermoit.
AN.4SClS„fils_ de Caftor & de Phsbé, avoit
une ftatue á Corinthe , dans le temple báti en
1 honneur de fon pete. V. Hilaire.
ANASTASE i ou Dicore.
Ana STASTUS AuCUSTUS.
Ses médailíes font:
C. en or.
R. en argent.
RR. avec le nom du roi Baduela ou Baduila ,
au revers.
RRR. avec le nom du roi Théla, également
fur Je revers.
C. dans tous les modules de B, méme en mé-
daiilons.
Anastase il
AxzXJÍJUS AnASTASIVÍ AuGUSTUSt
A N A , 16^
Ses médailíes font:
RR. en or.
O. en argent & en B.
ÁPiAlHEME. Ce mot, dans fa premiére accep-
tion , exprimoit chez Ies Grecs les préferis que
l^on oífroir aux dieux , &” que Pon fufpendoit
aans leurs temples j tels que des couronEes, des
coupes d’or & d'argent , des caiTolertes de par-
foms, des vafes de route grar.deur, destrépieds,
des boucliers, des lances, &c. Ayuíüíui, attacher
en haut.
ÁPs A i OCISÍríE , artatoczfmus , converíion des
intéréts en principal. C’eñ Pufure la plus criante,
puifque Pon prend Pintérét des intéréts mémes.
Elle fut févérement condamnée par les loix ro-
maines. Voye:^ Usure.
Ce mot eft grec , & Cicerón s’en eñ fervi en
latin. II vient , prépoíition qui lignifie dupli-
cation , & de Tcxag , ufure.
ANATOMIE. QuoiqudI nensus reñe aucun mo-
nument précis du premier age ce cette fcience, on
peut cependant le faire remonter jufqu’a la guerre
de Troye, époque de prefque toutes les connoif-
fances humaines. Car Homére , parlant de la
bleíTure qu’Enée requt de Dioméde , dit que les
deux nerfsqui retiennent le fémur s'étant rompas.
Pos fe brifa au-dedans de la cavité oú eít requ le
condyle fupérieur. Cent endroits pareils de ce
poete font 5 exaéts & li bien circonñanciés , que
quelques auteurs ont aífuré que Pon tireroit'de
les ouvrages un cqrps Anatornie añez étendu.
Manéthon difoit, au rapport d'Eufébe, qu’A-
thotis , dont la chronologie égyptienne fixoit le
régne long-tems avart notre ere, avoit écrit des
Traités ^Anatomie. Ce qu^il y a de certafn, eíl
que YAnatomie paroSt étre née fur les bords du
Ñil , _ ces rives heureufes qui virent croirre les
prem.iers germes des arts. L'‘amour des Egyptiens
pour les morts, introduiíit de bonne heure chez
eux Pufage des embaumemens. Quelque groffiere
qu on fiippofe cette opération , elle accoutuma
Ies hommes á toucher les cadavres, & á en tirer
les entraüles.
Le fquélette paroit avoir été fait en Egypte
pour la premiére fois : on y a fculpté dans la plus
haute antiquité des fquélettes de diíFérens métaux.
On en a trouvé avec les momies , & Pon avoit
communément dans les familles ces fquélettes,
dont Ies articulations mobiles fervoient de jouet
aux riches voluptueux. On Ies montroit dans les
repas, comme chez Trimalcion, pour s’exciter.a
la débauchej & cette coutume fubíiftoit encere
en Egypte au commencement du íiécJe paíTé.
Gétoient de véritables fquélettes, non pas des
repréfentations d’un homme extenué par la ma-
ladie , & Pon avoir en Egypte les originaux de ces
fquélettes artificiéis.
Galien fit le voyage d’Alexandríe pour étudier
les fquélettes qu’on y démontroit ; c’étoient les
, feuls "au moads qui ísiYÍlTuit ft ¡“íoíiiHéUofl de
■> ANA
la jeaneíTe. On y connoiíToit auííi l’Anatcmie
ftKOTti/Vzf oroprement dite , ou Ies diffeólions, dont
on peni hardiment fixer Tépoque á Tannée 3_co«
avant Tere vulgairej année qui tombe précifé-
ment vers le milieu du iong régne de Ptolémée.
Ce grand prince permit íe premier j malgré la
fuperñition de fon tems, qu on ouvrit publique-
ment Ies cadavrés humains. Perfonne n'avoit^en-
core ofé le faire avant Hérophile, médecin célebre
qui vivoit á Alexandrie^ honoré de la protectionj
de Peñime & des récomperifes de Pimmortel fon-
dateur de la monarchie égyptienne. Erafiftrate
parcagea avec le carthaglnois Hérophile la faveur
de Polémée Soter ^ & les travaux anatomiques.
Si Hérophile fit Ies premieres découvertes dans
la fcience des ncrfs j Erafíñrate reconnut qu'ils
partent tous du cerveau , & découvrit Ies vaif-
feaux laélés- L’un & Pautre rendirent immortelle
récole d'Alexandrie.
La Gréce re^ut tous les arts de PEgypte. UAna-
tomie n'y étoit cependant pas abfolument étran-
gére pluíieurs íiécies avant Hippocrate. L’infpec-
tion des entrailies des victimes , les traitemens des
plaies & les boucheries mémes ^ aidérent á con-
noítre la fabrique du corps animal. Nous avons
rendu juítice plus haut aux connoiíTances de VAna-
tomze qui font éparfes dans Tlliade & dans FOdyíTée.
On trouve dans Paufanias la premiére diíTection
légale. Ariftodéme voiilut immoler fa filíe pour
fatisfaire á un oracle j mais fon amant, défefpéré,
chercha á la fauver ; il publia que .'cette viétime
ne pouvoit étre agréable aux dieux , puifuu^elle
étoit enceinte. Le pére , animé par un patriotifme
farouche;, ouvrit Ies flanes de fa filie, édemontra
fon innocence par rinfpeétion de fes vifeéres.
Parthéniiis rapporte un fait á- peu-prés femblable
dans fes Erotiqaes.
Les defeendans d’Efculape, médecins & pré-
tres de ce dieu, exercoient chez eux Y Anatomie.
Ule s’y confervoit auíTi par tradition , felón le
témoignage de Galien. Dans les ouvrages d'Hip-
pocrate les plus authentiques , on voit que cette
fcience étoit tres- familiére aux Afclépiades’, &
qu ils poíTédoient dans leur famille rOíléologie
SclaMyoIogiedansun degré trés-élevé. Ontrouve ,
en effet , dans Hippocrate, une expérience chi-
rurgioue fur le deltoide d’un homme. Or, une
expérience anatomiqne fi^pofe des vues, des re-
cherches & des connoiflances ; on ne parvient
guéres á connoitre une vérité détaillée , íans con-
noítre en méme-tems Ies vérités du méme rang
qui Favoifinent, & qui font un tout avec elle.
Hippocrate lui-méme, que nous venons de
nommer, cet homme divin, connoiíToit parfaite-
ment l’Oítéologie; & Paufanias dit qu il fit fondre
un fquélette ds bronze, quil confacra á Apolion
dans fon temple de Delphes. Diogéne d'ApoI-
Jonie & Syennefis de Chypre ont donné la plus
^ncienne angiologie que nous ayons.
Fy thagore fgifoit coíuiQitrQ a la méme époque.
ANA
dans la grande Gréce, Y Anatomie ¡oyí'Yí avoít
étudiée en Egypte avec les autres fciences rele-
vées. L'écoíe dé ce célebre philofophe découvrit
le tympan & méme le lim.acon de Toreille in-
terne. ,
Ariílote perfecHonna dans la Macedoine les dé-
couvertes d’Hippocrate , & ü en fit beaucoup lui.
méme ; mais nous en parlerons plus au long dans
Tarticle de TAnatomie comparée.
Dioclés de Carifte , qui vécut peu aprés lui ,
fous le régne d' Antigone , paíTe pour avoir écrit
le premier de Tart de diíTéquer : c'eft une erreur.
On avoit long-tems auparavant des planches ou
repréfentations anatomiques. Ariftote renvoie á
ces planches ou repréfentations, dans toutes les
occaTions oú il devroit expliquer les deferiptions
anatomiques.
Les larueíTesSc la protection de Ptolémée Soter,
élevérentTécole d'Alexandrie au-deíTus de toutes
ceiles de Tune & de Fautre Gréce 5 & FEgypte
dút aux découvertes d'Hérophile & d'Erafiftráte ,
une fupériorité que les armes des Romains ne lui
ravirent que pluíieurs fiécles aprés fa rédudion
en province romaine.
Aprés ces deux fondateurs de Fart Anatomique,
parurent Lycus , Qumtus , Marinus , dont il ne
nous eft parvenú que la réputation d hábiles
anatomiftes dont ils ont joui. On vost á pluíieurs
traits épars dans les écrits de CelíF-, qufil s’étoit
oceupé de Y Anatomie , & Fon peut en dire autant
de Pline le naturalifte , ainfi que de fon neveu.
Arétée fit trop de cas de cet art pour Favoir
ignoré. Rufus Féphéíien , qui vécut fous les
empereurs Nerva & Traían, eíl le premier anato-
mifte célebre qui fe préfente aprés Arétée : on
infere de quelques endroits de fes ouvrages , qu il
avoit apperqu dans la matrice des vaiíTeaux ,
dont fes prédéceíTeurs n'avoient pas fait men-
tion.
Galien fuccéda á Rufus. On ne voit pas que
Y Anatomie ait fait de grands,progrés depuis Hip-
pocrate jufqu’á Hérophile & Erafiftrate , ni depuis
ces deux derniers jufqu'á Galien. Dans tous les
tems qui précédérent ces deux anatomiftes depuis
Hippocrate , & dans ceux qui les fuivirent jufqu a
Galien , au défaut de cadavrés qu’on pút diíTéquer,
pour augmenter le fonds des connoiíTances anato-
miques, on s’occupa á combinar ces connoiíTances,
& á former des conjednres phyfiologiques- Pms
on fuit atteutivement Fhiftoire des fciences Se des
arts , plus on eft difpofé á croire que les homme*
font trés-raremenr des expériences & des fyitemes
en méme-tems. Lorfque les efprits font tournes
vers les expériences, on ceñe de raifonner; &
alternativement, quand oncommence áraifonner.
Ies expériences reftent fufpendues.
Mais on apperqoit ici évidemment Fobftacle qu*
arréta les ii&t£úons^anatomiques . Dans les tem*
qui fuivirent ceux d'Érophile 8c d’Erafiftrate , on
brúloit plus attentivement que jamais les cadavrés
chez Ies Romains. La religión Se les loix civiles
fáiroient refpecter Ies corps morts fous les peines
Ies plus féveres > de forte que les anatomiítes
furent rédiiits, poar pouvoir s^inflruire j á des
h^fards ir^fpérés : ii leur fallut trcuverj ou des
tombeaux ouverts, ou Ses malfaiteurs expofésj
& Ies enfans abandonnés en nailfant furent leur
plus grande reíTource.
Ce fut aufli dans les ouvrages des anciens
anatomiíles , fur íes grands chemins j, far Ies
enfans expe fes j fur les animaux, & principalemenr
fur les finges que- Galien sfinítruifit en Anatomie.
II nous a laiífé deux ouvrages fur cette fcience qui
Tont irmriGrtalifé , Quoiqu’ii ait nové fes décou-
vertes dans la diffufion du ftjde Afiatique.
L’un de ces écrits célebres de Galien eñ
intitulé 3 Admirdfirations Anatomiques , & fautre,
de l’ 17 faga des parties du corps kumain. II dit
qu^’en les écrivant il compofe un hymne á fhon-
neur de TEtre qui nous a créés 5 & je crois^
ajoute-t-il 3 que la folide piété ne confifie pas tant
á lui facrifier une hécatombe 3 qu^á annoncer aux
hommes fa fageíTe & fa puiffance. On voit 3 en
Ijfant ces ouvrages 3 que Galien connoiíToit par-
faitement toutes les decouvertes anatomiques des
íiécles qui favoicnt précédé ; Se que sfil n^ en
ajouta pas un grand nombre d’autres fur l‘Aua~
tomie du corps humain 3 ce fut manque d^'occafions
& non d'aélivité. Trompé par la reíferablance
extérieure de Thomme avec le finge 3 il a fouvent
attribué á ITm ce qui convenoit feuTement á Tautre.
C'eft3 au reílej le feul reproche qu'on lui faífe.
SoranuSj contemporain de Galien 3 anatomifa
la matrice. Théophile protofpathaire 3 écrivit fous
l’empereur Héraclius3 fur la ííructure du corps
humain 3 8c fit une analyfe des traites anatomiques
de Galien 3 dans laquelle il fait voir qufil avoit
ajopté aux découvertes de ce favant homme.
Oribafe , finge de Galien , ne nous a rien laiífé
qu’on ne trouve dans Ies ouvrages de fon modéle,
fi op en excepte la defeription des glandes
falivaires.
Némefiusj évéque d’Emiífa en Phénicie , fut le
dernier qui s’occupa de Y Anatomie ; & il a écrit
fur Tufage de la bíle , des vérités que Sylvius de le
Eoé fe yanta long-tems aprés d^’avoir découvertes.
\'inrent aprés lui Ies tems d’ignorance & de
barbarie , pendant lefquels V Anatomie éprouva le
fort funefte des autres fciences Se des autres arts.
( Cet article efi extrait des anieles AnATOMIE de
1 Encyclopédie ándeme, & de fon fiupplément.)
Anatomie COMPARÉE. \7 Anatomie com-
paree, eft cette partie de Y Anatomie , qui s’occupe
de la recherche 8c de Texamen des diíférentes
parties des animaux , confidérées relativement á
leur ñructure particuliére 3 & á la forme qui
convient le mieux avec leur maniere de vivre
Gu de fatisfaire á leurs befoins. Par exemple,
úansY Anatomie comparéeáese&ovazchs, onobferve
que les animaux qui ont de fréquentes occafions
de fe nourrir , ont f eílomach tres -petit en compa-
railon de ceux qui 3 étant évités par les autres
animaux dont i!s font leur nourriturCj fe rrcuvenc
fouvent dans ia néceílité de jeúner ; il femble
que la nature ait donné par cette raifon á ceux.ci
un eíiomach capable de contenir de ia nourritiirc
pour long-tems.
Dans Y Anatomie comparée , on examine 8c les
brutes & méme Ies végétaux 3 afín d'acquérir ,
par la comparaifon de ce qui s'y paíTe avec ce qui
s^opére en nous 3 une connouTance plus parfaite
du corps humain.
Le premier des anciens qui fe préfente dans
cette carriére 3 qui! ont ouverte Se exploitée avec
fuccés 3 eñ le philofophe Démocrite. Lorfque
Hippocrate fut appelé par les Abdéritains 3 poce
le guérir de fa folie prétendue 3 il le trouva oceupé
dans fes jardins á diíféquer des animaux. On
dit auffi qufil avoit diiTéqué foigneufement le
caméléon 5 mais nous n'avons aucun de fes
ouvrages.
Aleméon 3 difciple de Fythagore 3 paífe pour
avoit anatom.ifé le prem.ier des animaux 3 parce
que fes écrits ont eu un fort plus heureux que
ceux de Démocrite. Mais ce qui nous en reítCj
ne valoit guéres la peine d’étre confervé j car il
prétendoit que les chévres refpirent par foreille.
Tous ces eífais furent -éclipfés par les décou-
vertes de celui qa’on peut á bon droit nommer
le createur de Y Anatomie comparée. C’eíf d’Ariftote
que nous voulons par'er 5 Se nous ne pouvons
le faite dignement 3 fans payer á Alexandfe un
jufte tribut de louanges. Un fait qui fhonore
autant que toutes fes victoires 3 c’eíl: d’avoir donné
á Ariítote huir cents taiens, prés de cinq miilfoas
^ de notre monnoie 3 & d’avoif confié a fes ordres
piufieurs miUiers d’hommeSj pour perfectionner
la fcience de la nature Se des propriétes des
animaux. Ces puiífans fecours n^étoient pas reñés
inútiles entre les mains du p'hilofophe , sfii eft
vrai 3 comme le difoit un habile anatomifte , que
celui-lá auroit bien empíoyé fon tems 3 qui 3 en dix
ans de travail3 parviendroit á favoir ce qu'Ariftote
a renfermé dans fes deux petits yolumes des
animaux.
Ariftote diíféqua des quadrupédes3 des poiífons,
des oifeaux & des infeéles. Sa fagacité lui • a fait
remarquer avec précifion , ce qu'ii y avoit de
commun dans leurs ftruélures ; & une induction
lumineufe3 luí a fourni des régleSj qui font
fondees fur un grand nombre de faits. Telle eft
celle-ci ; tous les animaux qui n'onf que des dents
incifives, ont quatre eftomachs. Mais c'ert vers
Thomme qufil a dirige conftamment fes travaux.
On diroit quftl n’a ímmolé tant d'animaux que
pour en rapporter la ftrudiure á ceOe de rhomme.
Auffi tout ce qu'il a écrit fur ’es animaux mérite
d'étre lu avec attention 3 & le: erreurs répandues
dans fes écr?ts ne deivent pas diminuer notrs
eftime & notre reconnoiíTance.
i6g A N Á
L‘An<itomze comparée íembla fixée , %C se ft
aucun prorrés depuis Ariñote jufqu'a Galien, Ce
Médeci:i dííTéqua beaucoup d'animaux & de finges
en ’^articulier. Mais fes travaúx furent perdus pour
VAn.atomie comparée , parce qu'il admettoit une
reíTemblance parfake entre la ftrudture de l’homme
qu'il avoit eu rarement l'occafion d'étudier j &
celie du finge ^ qu'il croyoit fuppléer á ce défaut.
Ce fut encore pss depuis Galien , '¿c l Anatomie
comparée reíla enfevelie pendant plus de douze
cents an. ' us les ténébres épaiiTes de ifignorance.
Apxés ce long oubli, des anatomifies modernes
commencérent á l'étudier dans Ariíiote ,
M. d'Áubenton Ta portée á un point trés-
voifin de la perfe&oní par fes diíTeíSions nom-
breufes & fes defcriptions exaéres. (Cet article eft
£xtrait des anieles An ATO MIE de l’ancienne
Encyclopédie & de fon fupplement.)
ANAXABIE 3 femme de Pélias.
AnaxaeiEj filie de PélopSj foeur de^Me-
oéias i femme de Strophius j & mere de Pyiade.
ANAXANDRA, femme iiluftre^ mife au nom-
bre des héroines de la Gréce j elle avoit un autel .
dans FAttique.
ANAXARETE . filie iííue du fang de Teiicer,
devint Fobjet de ía paífion d'un jeune homme de
baile conditioP-j nommélphis, íequei ayant fait
connoitre fon amour á la princeffe j & ayant
tenté inmilement toutes fortes de voies pour la
fiéchir, fe pendit de défefppir^á fa porte^méme.
Quand Anax arete eut appiis la mort d Iphis ,
elle eut la curiofité de voir pafler fa pompe
fúnebre ; mais á peine eut-elle jeté les yeux fur
le corps du raalheureux Iphis , que fon fang fe
gíaija Se une paleur mortelle fe répandit fur fop
vifage. La dureté du cceur K Anaxaréte dit
Ovide j fe cornmuniqua á toutes les parties de
fon corps j qui fut changé en rocher. La fiaíue
que prodiiifit cette métamorphofe , fe confervoit ,
difoit-onj á Salamincj oü Fon bátit un temple en
rhonneur de Vénus Profpiciens , qui regarde.
AiS'AXIS fut un des héros de la Gréce j auxqueis
on confacra desmonumens héroíquesj mais on ne
fait ríen de fes aclions.
Anaxis ou Anaxiüs ^ 8c Mnafinus , enfans
¿es Diofeures ; on les repréfentoit á cheva!.
ANAXITHÉE, Fuñe des Danaides, fut aimée
de Júpiter j qui la rendir mere d'Oléne.
ÁXÁXO filie d’ Alcée , 8c petite-fille de Ferfée ^
époufa Éleétrion , frére de fa mere j qu elle rendir
pére dCAlcméne.
a’NASYPiaex, dans Suidas 8r dans Héfychius ^
font Ies grandes culotes des Perfes & des Gaulois ,
ou des chauíTes defeendant jufqu'a la cheviile du
pied. Les artiñes grecs n en ont donné qu'aux
barbares , 8c en particuiier aux Troyens & aux
perfonnages comiques. Les chaufíes paroiíTent
avoir été introduites fur le théátse pour la bien-
'féancé. Oh voit á deux petites flatues comiques
de ia Viila-Matteí , & á une figure femblat-ie de
A N C
ía Vüía’Albani, les chauíTes 8c lei faits d’uqf"
’feule piéce , ainfi qfeon les donnoit aux nafions
barbares. Üne partie des Gaules en pric le furnom
de Braccata.
ANAZARBUS , en Cilicie. Anazvbeqn.*
Les médailles autonofnes de cette ville font !
RRRR. en bronze. ( Hanter. )
O. en or.
O. en argent.
Cette viiíe a fait frapper des médailles Imperiales
grecques, fur lefqueiles elle a placé fon^époque,
en Fhonneur de Vérus, de CommoCe ^ d'Elagabalcj
de Paula, d'Alex.-Sévére, de Maximin, de Máxime,
d'Herennius , de Valérien , de Déce , de Plautille,
de Mamée, de Tranquilline , de Voiufien.
ANCARÍE. V. Ancharía.
ANCÉE, fiis de Neptune 8c íAñipalée, filié
de Phoenix, fur un des argonautes. A fon retour
de la Colchide , il s'appliqua á faite fleurir l'agri-
culture , 8c prit un foin particuiier des vignobles ;
comme il preíToit trop fes vignerons , & qui! les
maltraitoit, un d'eux lui dit un jour^ ouil ne
boiroir jamais du vin de la vigne á laquelle
il faifoit travailler. Le i.ems de ia vendange arrivé,
il fit promptement remplir une_ coupe du premier
jus qu'on put exprimer du raifin , & regardant
celui qui lui avoit fait ia prédiétion , i! luí
reprocha fon peu d'habileté, mais le vigneron lui
lépondit qu il y avoit encore une grande diñance
entre la coupe 8c fes lévres. En effet , dans i inftarit
qu'il la portoit á !a bouche , on vint 1 avertir
qu'un fangüer monftiueux ravageoit fa vigne; il
quitte la coupe , prend fes armes , & en pour-
ñaivant le fanglier , il eñ bleíTé á mort. Cet acci-
dent donna lieu au proverbe que Carón a exprime
en latín par ces mots : Maltum intereft ínter os &
ofam. A.ncée fut pére d’Agapenor , qui comman-
doit les Arcadiens á la guerre de Troye.^
Ancée, fils de Licurgue, roi des Tégéates en
Arcadle , fut auífi un des argonautes.
ANCHARIA , déefí’e aáor¿e dans la Pouille,
felón Tertullien. (A-pol. lyj. AfeuLanorum Anca-
riam. On ne connoít aucun détaii fut cette divi-
'nitéj q'ui eft peut-étre la méme que ía fuivani*. -
Ancharia , étoit une divinité des EtrufqueS.
Goriena beaucoup parlé dans le Muf&um Etrufeam.
li croit qu'elle étoit la méme que la déeíTe Fariña^,
8c que Fuñe 8c Fautre reprefentoient les Eume-
nides réunies fous un feul embléme. On trouve dans
Fouvrage cité plus haut, un grand nombre dinf*
cripfíons latines 8c plufieurs autels , qui foBt
mention des déeíTes Fariña 8c Ancharía. La divini^
adorée fous ces deux noms , 8c fans doute au™
fous celui de Belione , voyoit cpuler le fang
humain fur fes autels chez les Étrufques. ^Les
marbres de cette nation offirent fouvent des pretres
furieux , qui fe battent , fe bleflent 8c s'égorgent
au pied des autels 8c des ftatues ¿é Ancharía.
ANCHIALE. Martial (lib. xi. épig.
un juif avec lequel ü difpute : ^
A N C
Ecct negat , jurafqae miki per templa tonantis.
Non credo ¡ jura , verpe , per Akcmiazítm.
C'eft !e feüi endroit oti il foit fa.’t mention
á’Anckiale, Les commentareurs oni étalé avec
proriifion réruditicn hébraíque pour prouver qtie
c'étoit un objet Lacré reveré par les Juits Se
attefté dansJeurs fermens. Mais cela fuppoLeroir
dans Marna! & dans les RomainsuneconnoiíTance
des coütumes jadaíques qudls n'avoient pas Se
que iear méDris pour les Juifs les empéchoit
d'avoir.
Morin a donné dans le 2= volume des Mémoires
de l'Académie des belles-iettres Se inferiptions ,
une explication plus vraifemblable de ce mot.
I! croít que cet Anchialas eñ le ieune homme au
fujet duquel Martíal & le juif étoient en diSferend ;
& que le poete fachant que fon adverfaire mé-
prifoit les dieux de Rome , Toblige á jurer par
ce jeune homme luí-méme.
Au refee un anclen exemplaire manuferit de
Martíal ^ qui apparrenoít á M. de Thou , porte :
Jura, verpe, per Akcharíum : jure, jaif , par
Tañe. Les Paiens Se fur-tout Ies p- étres, feplai-
foient á repiocher aux Juifs qudis adoroient cet
animal, ou La tete ; témoin Pétrone :
Judeus licet & poreznum numen adoret ,
Et ciLli fummas adoret aurículas.
On peut voir ce qu en dit Tacite (Nlfl. llh. v ) ,
6c les raifons ou le fondement de cette faiiíTe
imputation á Lárdele Ononyctites. Ce dernier
fens eíl beaucoup plus ímple , & eft trés-relatíf
aux idees que les Faiens s'étoient formées de la
religión des Juifs.
ANCHíALUS , dans la Thrace. ArxiAAEQK.
Cette ville a fait frapper , fous Lautorité de fes
gouverneurs ( ) , des médailles impériales
grecques , en Lhonneur de Domitien, d’Antonin,
de M.-Auré!e, de Fauftine jeune, de Commode,
de Sept.-Sévére , de Caracalla , dePlaurille, de
Géti , de Maximin , de Gordien-Pie , de Tran^
quiüine.
ANCHi_ALUS,_dans la Cilicie. ArxiAAEQX.
Cette ville a fait frapper des médailles impériales
grecques , en 1 honneur de Septime-Sévíre , de
Tranquiiline , d'Antonin.
ANCHISE, prince troven, defeendoit de
Tros, fondateur de Troye, par Ajlarneus, filsJe
Tros, & pére de Capys, pére álAnckife. II plut á,^
V énus. Un jour qu'il gardoic les troupeaux de
fon pere^r Iq mont Ida , cette déefle lui apparut,
fous la forme d une belle nymphe ; lui dit que ,
vaincue par fon amour , elle venoit lui oftrir fa
main ; & elle le pria de la préfenter á fa farrulle ,
afin que le mariase fe fit prómptement. Anchi fe
repondit que puifcu^eíle n étoit pojnt déeffe ,
ríen n'empéchoit cif ils ne vécuffent fur le champ
potnme d^es époux, & ils pallerent lanuit enfemble.
Anc^je s apper^'ut \ fon réveii qail avoíc cena
Anti^iutés 3 ígme
A N C 1(39
dans fes bras une déeíTe. Cette aétion étoit un
enme que les dieux pardonnoient rirementj ils
étoient jaioüx de ieur fuoériorité, & ne yoaloiersc
pp qu un mortel jcuttd'un bonheur qui Ieur étoit
referve. II étoit défendu r¡on-feu!ement d’afpirer
aux deeíTes , & ce Ieur révéler fa paííion , mais auíli
de fuccomber aux déclarations d’amoar qu’elies
faifoient , quand méme on Ies auroit prifes pour
des rr.ortelJes. Anchife craignit done de mouritj
rñais V mus le raíTura , 8c lui dit quTlIe auroit de
lu! un fiis qu! fe nommeroit Énéej q'deile fe'roic
nourrir cet enfantpar les Dryades jufqu'á Láge de
cinq ans , aprés quoi elle le lui remettroit entre les
mains. Elle Lavertit fur-tout de ne jamais fe vanter
de fon bonheur, fous peine d'étre foudroyé par
Júpiter.
La vanité ¿l Anckífe ne put fe contraindre , &
fon íecret lui échappa un jour qudl étoit á tabl^
avec fes amis Vénus s"en plaignit á Júpiter , &
obrint qu'il feroit foudroyé ; mais ne voulant
pas le perdre , elle eut foin de détoarner le coup,
de maniere que la foudre Leífieura feuiement & luí
fit perdre la vue. Selon quélcues auteurs , il fue
réeilement blefTé, 8c la plaie ne fereferma jamais.
Au relie , Pamour de Venus pour Anchife ne fut
point un amour paíTager ; elle lui donna un fecond
Aprés la prife de Troye, Énée porta fon pére
fur fes épaules , 8c ie mit en lieu de súreté. Les
poetes ont loué á l'envie cette aélion. Ilsont ajouté
au récit de V irgile , que |es flammes le refpeélérent,
& que craignant de nuire á un fi!s qui avoit autant
de tendreíTe pour fon pére , eiles fe fendirenc
pour lailfer un paíTage libre á Énée. Virgile fait
mourir Anchife en Sicile ; d’autres fur le mont
Ida, oú fon tombeau fut honoré par íes bergers
phrygiens. II y en a qui placent le lleude fa mort ea
Laconie, au piedd'une montagne, nommée depuis
Anckifia j oú il y avoit un temple de Vénus |
d'autres enfin le font parvenir jufqifen Itaiie }
mais tous s'accordent á dire qu’il vécut jufqu’á
quatre-vingt ans.
On le voit endormi auprés de Vér=us fur une
cornaline de Stofeh. 11 eíl trésrreconnoiíTable á
la mitre phrygienne , ainfi qu’aux longues chauffes
que Ies artilles grecs donnoient aux Phrygiens
8c aux autres peupies barbares.
-ANCIENS. Quelle que foit norte admiratioa
pour Ies anciens , & quelque legitimes qu’en
íbient les motifs, nous laiíTons au Diclionnaire de
Littérature de cette nouveÜe F ncyelopédie , Sc
au Diétionnaire des Arts , deilmé á la m.éme
collection , á faite connoitre aux leéteurs !e
deyré de fupériorité - des anciens fur les mo-
dernes dans les arts. On ne pourra cependant pas
nous reprocher ce renvoi comme un reñís de
travail ; car chaqué arricie du Dictionnaire d'An-
tiouités nous montre ce que les anciens ont fa
ou fait dans une partie des fciences ; 8c la reunión
de tous ces anieles , que nous indiquerons a la fin
J70
A N C
du deniier volun'.e, formera un tableau briüant
de leurs connoiíTances dans les fciences_. & de ieur
fupériorité dans toas les arts qai appartiennent au
deííin.
ANCíI, furnomqueportoientpluíieursSpar/uí,
& qu'sls tiroient du roi Ancus.
ANCíLESj boucliers facrésj que l'on gardoit
dans le temple du dieu de la guerre. Tous les.ans,
au mois de Mars^ on les portoit en proceffion
autour de Rorae ; & Je dernier jour cu moss, on
Ies renfermoit foigneufement. Denys db'ialicar-
naííe rapporte ainfi rorigine de ces bcucbers fa-
crés ; L n boiicüer étant tombé du de! on
confulta Ies Arufpices fur ce prodigC:, & iis ré-
pondirent que Fempire du monde étoJt deftiné
á la ville ou ce boaclier fero¡t confervé. Numa
Pomnilius craignant qu’il ne fíit volé j en fit faite
pluíieurs entiérement femblables, afín qu''on ne
put reconnoítre le véritable. Sí Ies dépofa dans
le temple de Mars. II établit les Saliens pour
veiller á Ieur fureté.
Plutarque ajoute que Nuina prédit des chofes
iRerveilIeufes fur ce bouciier , qudi difott avoir
apprifes d’Egérie & des Mufes. C et ancile , difoit-il ^
étoit envoyé pour le falut de la ville , & il falloit
le garder avec onze autres de méme figure & de
méme grandeutj afin que la difSciiIté de le re-
eonnoitre empéchát les voleurs de le dérober.
Les écrivains romains qui avoient ces boucliers
fous les yeuxj ont cependant varié fur Ieur forme.
Les uns difent qufiis i'eíTembloient aux peltes , &
qiFiIs étoient échancrés des deux cótés. C’eíi le
fentiment de Denys d’Halicarnaífe Se de Plutarque.
Mais Ovide aíTure que les anciles étoient ronds.
( Fafi^ 111. 377. ) :
laque ancile vocal ¡ quod ah omnz parte recifum efi ,
Quaque notes oculis angulas omnis abefl.
Les monumens font d’accord avec lui ; car on Ies
voit de forme circulaire fur des médailles de Do-
mitienj & fur une médaille du triumvir moaétaire
Licinius.
Lorfque Numa voulut faire fabriquer onze
anciles femblables au premier, il chargea de ce
■foin M.amurius , qui travailloit en vafes & en
armures d’airain. Cethabüe ouvrier exigea aucun
payement : c’eñ pourquoi Ies Saliens confervérent
fon nom á la poílérité la plus reculée , en Finfé-
rant dans leurs hymnes. Óvide, {ibidem.') :
Tum fie Mamurius mere es mihi gloria detur ,
Nominaúue extremo carmine nofira fionent.
Inde fiacerdotes opsri promifia vetufio
Prsmia perfiolvunt ^ llamuriianque eanunt.
Ce ne fut point aíTez , on luí éleva une ílatue de
plomb dans le quartier c^ui prit fon nom , oú eft
aujourd'hui Féglife de Sainte-Sufanne. On croit
qu'’Hofi:i!ius dépofa dans fon voifinage les douze
®Gtu.veaux andUs qíLÜ ajouta aux premiers , &
A N C
qu’il y établit les douze faliens qu’il aggrégea á
Fancien collége.
Oa a beaucoup varié fur Forigine du notn
ancile, que Numa donna á ces bcu.c'iers facrés.
Les uns le dérivent du grec & les autres du iaiin ;
mais la plupart de ces étymologies font tellement
forcées, qu^on doit Ies laifler dans Foubii.
Les jours oa ¡es Saliens portoient Ies anciles
en proceflion dans les rúes de Rome , étoient
coníacrés par une inafrion totale. On auroir crii
commettre un grand enme fi Fon avou pns íes
armes , donné une batailie ou établi un cimp
dans ces jours facrés ; & Fon regardoit comme
trés-malheureufes Ies entreprifes commencees á
cette redoutable époque. Tacite & Suetone font
ob.íerver avec attenrion que le dépait d'Othon fut
regardé de mauvais ceil, parce quril fe faifoit
gndant ¡es preceífions des anciles , & avant qiFils
íTent renfermés dans le temple de Mars.
Le général qui vouloit obtenir de glorieux fuc-
cés , alloit , avant fon départ , dans ce temple ,
& agitoit d^une main timide les redoutables bou-
cliers. Lorfqu'ils fe remuoient d"eux- mémes ,
c'étoit un préfage fácheux pour Rome , & il
annoncoit une guerre prochaine. Au refte , tout
étok facré daos les anciles yúíq'a-íiix termes moveri
& conai , qui exprimoient Faíiion de ¡es fortir du
temple de Mars, & celle de les y repórter.
ANCLAERIA, vafes d'airain qui fervoient aux
facrifices.
ANiCLABRIS , rabie fur laquelle on pofoit Ies
vafes réfervés pour Ies facrifices.
ANCON , vafe á boire courbé. On donnoit
ce nom aux comes á boire , qui étoient natu-
rellement recourbées.
Ancón exprimoit aufli un bras de fauteuil ou
un accoudoir.
ANCONE, ville cFItalie, dans Fancien Pice-
num, fur la cote de la mer Adriatique. Trajan
V fit coníliuire un port & un are de tnornphe.
C'efr á cette époque que Fon rapporte une mé-
daille de cet empereur , au revers de laquelle
paroít un port avec la légende : por. AUG.
Akcone, en Italie. ArKí2N.
Les médailles autonomes de cette ville font r
RRRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
Son fymbole eft un bras replié , quí eft exprime
par fon nom dans la íangue grecque.
ANCRE de vaijfeau. Fline fait honneur de fon
invention aux Tyrrhéniens ; mais Paufanias_ dií
en termes exprés, que Midas, fils de Gordius,
inventa Yancre, Se qu'on voyoit encore ¡a iien’ne
dans im tenvple de .Tupiter. Ces differentes om-
nions peuvent fe conciíier , en difant que I un
a inventé Yancre , Sí que Fautre Fa perfec-
tionnée.
Les premieres añores étoient de piarte ; &
Áriiea '{FeripL Pont, Euxin , pag. 5.) aíTure
A N C
i'on eonfervoit encore de fer du navire
des argonautes , avec des fragmens d'une plus an-
cízmiz ancre qui étoit de pierre. Athénée {.v.p. 2C4)
parJe aancres de bois . relies que les Japonois s^en
íervent encore. II ne paroít pas qu'elles fuíTent
aigues daos les commencemens; mais elles agif-
foient uniquement parleur poids. Pour Taugmen-
ter , on les. creufoir 5 & le vuide étoit rempli avec
du plomb fondii. ÍS'sus Fapprenons d'un paflage
de Diodore de Sicile {lib. r). Les Phéniciens
érant venus en Sicile pour y acheter de Fargent ^
en chargérent leurs vailFeaux: autant que leur capa-
cité pouvoir en conrenir. Voyant qu'il en leftoit
encore a acheter., les Phéniciens órérent le plomb
de leurs ancres , & mirent de Fargent á fa place.
Les auteurs anciens, teis que León dans fa
Tadlique , HéfychiuS;, Suidas j Src. nous onc con-
fervé la mémoire de facs remplis de fable^, dont
on fe fert'oit fur Ies fonds fableux ou vafeux qui
ri’auroient pii reteñir les añores ordinaires. On
ajouta aux añores de fer des pointes que Ies
poetes grecs appellent des dentSj d'abord une
feule ^ & enfuite deux. Pline dit que la feconde
fut invenrée par Eupalamus; mais Strabon lui
fubftitue le célebre philofophe Anacharíis.
Les añores á une pointe s’appeioient
& celíes qui en avoient deux étoient connues íbus
les noms & á^¿fíptí-t>Kí¡. Ces derniéres_,
que Fon voit fur Ies monimaens antiques, reífem-
blent parfaitemenr aux añores modernes , íi Fon
excepte le jas , que Fon n appercoit á aucune. La
plus groílé de toutes les eneres d’un vaiíTeau
ceUe dont on ne fe fervoit qu’aprés avoir perdu
toutes Ies autres ,, ou que dans la derniére ¿xtré-
miitéj s^’appeloit Fíz/it/-^ fácrée, Ufa.
An’CRe de navire. On en voit une fur ¡es mé-
daüles d'Ancyre^ de Paeílumj de Tuce r Se des
rois de Syrie.
^Eüe devint le fymbole de la Syrie fous Ies
Séleucides & leurs fucceíTeurs. L'origi.ne de cet
attribut fut une fable racontée par Juftin & par
Appien. lis difent que Laodicej mere de Séleu-
í .> _téva_ qu Apollen Favoit rendue mérej &
qu'iI lui aveit donné un anneau^, ou paroiffoit une
mere gravee avec beaucoup d'art. Elle le donna
a Seleucus , qui en fit le fymbole de fon royaume.
Tous les Séleucides j difoit-on , naiíToient avec
1 empreinte de cette añore fur la cuiíTe.
Au refle j F 'añore marquoit fur les médaüles 1
les viéloires narvales j lorfqa'elle étoit prife dans
fon íens naturel.
^ ^ A Ncui A étoient , fuivant Feñus ,
Ies divinités tutelaires des efclaves de Fun & de
1 autiC fexe j d 011 eñ venu le nom ií Áncilla , que
cel!es-ci portoient.
ANCYRE , en Phrygie. ANKYPAííaN.
Les mcdailles autonomes de cette ville font :
RRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
AND 171
Son íj’mbole ordinaire eíl une dncre de navire.
Cette ville a fait frapper fous fes archontes des
medailles imperiales grecqiies > ©ci. Fhonreur de
Poppéej de Nerva^ de PJotiae, d’Hadrienj de
Saoinej q Antinousj de M.-Auréle, deSé.vére, de
Caracalla 5 de Maxim.e , d*Otacilej de Fauíline
jeune , de Yérus ^ de Domna.
AncyitEj dans la Galatiej ?£ ¿.ííxíÍs Sébafie ,
ANKYPAÍÍÍ2M MHT ge ANKYFAC.
Cette villa a fait frapper des medailles imperiales
grecques, en Fhonneur de Néron, de Vériis, de
Commodcj de Sept.-Sévére , de Caracalla^ de
Géta , de Déce , de Valérien de Gallien , de
Salonine, df4r, tonina de M.-Auréle^ de Dcmna.
ANDABATE^ du grec aiaStkry.s , Cclui qili
rrionte. On donnoit ce nona á une efpéce de g!a-
diateurs qui combattoient montes fur un char Se
les yeux fermés, foit qiFiis les euíTent couverts
d un bandeau ^ foit qu^ils portaííent une armure
de tete rabattue fur le vifage. Leurs combats ter-
mino'.ent Ies jeux du cirque. lis étoient montes
fur des chevaux ou fur des chars conduits par des
cochers que Fon ne privoit pas de la vue.
ANDÁRTA. Gruterj pag. 88 j rapporte Ies
deux infcriptions fuivantes publiées par Scaliger^
& dans lefquelles feules il eíl fait mention de cette
divinité.
DE. AUG.
andart.,®
M. JUL. ANTO
MINUS
& DE. AÜG.
A N D A. R T ^
M. J U L I U S
THE O D O RUS
ANDATE 5 déeíTe de ia Vicloire., honorée d'ua
cuite particulier chez Ies anciens peuples de ia
Grande-Bretagne.
ANDEGAVÍ;, dans Ies Gaiiles. andec.
Les médaüles autonomes de ce peuple font :
RRR. en argent.
RRR. en bronze. (^Pellerin').
O. en or.
ANDIRINE , furnom de Cybéle , qui avoit
un temple prés de la ville d’Andéle.
ANDOB3 dans les Gaules. Andob.
Les médailies qui portent cette légende font :
RRRR. en bronze.
O. en or. (_ PeUerin).
C. en arsent.
ANDRAPHONOS , furnom de Venus, qui
fignifie homicide. Voye^ Homicide.
ANDRAPODOC.4PELE , nom d’une profef-
fion particuliére dont Galien fait mention en plu-
fieurs endroits. On appeloit de ce nom des gens
qui logeoient de jeunes garqons, des fiUes, des
euniiques & d'autres perfonnes. lis fe chargeoient
de foigner &: d’embellir le corps de ceux qu'oa
mettoit entre leurs mains. Cette profeífion n'avoit
ríen de commun avec celle des marckands d‘ep.
claves^ lenones ; quoique ce fut la véritable figniS-
cation du mor AndrapodocapUe , , efcl ave ,
& xéimÁtSi marchand. On doit exclure toute idee
y ij
lyi AND
áe débauche , en parlant des Andrapodoeapeles ,
8c I on ne peut mieux les comparer qu á nos Bai-
GKEURS- ce mot.
Ar<DREMOISj gendre d^Oenée, roí de Calf-
don, fuccéda á fon beau-pére. y. Oenée.
ANDREUSj fils du fleuve Penée^ s^étab’it le
premier dans un cantón de la Béotie , qu’il nomina
Ar^dreide. II époufa une filie de Leucon, fils
"'d'AthamaSj & en eut un enfanrnommé Eteoclcj
qui régna aprés lui ^ & qui accorda une portion
du pays á Halmiis , fils de Sifyphe. Cet Etéocle
n ayant point laiffé d’enfans Phlégias , fils du
dieu Mars 8c de Chryfe , filie d'Almus , lui fuc-
céda. V. Eteocle.
ANDROCLES, fils d'Eole , _ dieu des vents ,
roana dans cette partie de la Sicile qui eft entre
le détroit de ideifine & le cap Lilybee. ^
AIS'DROGÉEj fils de Minos, roi de Crcte,
étant alié á Athénes pour aflifter aux panathénées,
combattit dans ces jeux avec tant d'adreíTe & de
bonheur, qu il y remporta toiis les prix; ce qui
lui attira reí'time genérale Se l’amitié des fik de
Pallas j frére du roi Egée. Le commerce de ce
jeune prince avec les Pallantides devint fufpeét au
roi d’ Athénes j qui, violant tous les droits^ de
rhofpitalité , fit aífaSiner A/idrogée. Minos n’eut
pas plutot appris cette trille nouvelle , qufil íe mit
en devoir de venger la mort de fon fils : il declara
ia guerre aux Athéniens , & les contraignit de lui
Paire fatisfaétion. On verra les conditioñs du traite
dans PHiftoire du Miniutore;
Quelques auteurs voulant rétablir la réputa-
tion d’Egée, difent mA-rArogée fut tué par le
raiireau de Marathón , envoyé par iS'eptune dans
rifle de Créte pour punir Minos de ce qu’étant
maitre de la mer, il ne reconnoiiToit pas fa divinité.
Ce taureau ayant ravagé Tifie de Créte, traverfa la
mer, alia en Créce; & ayant rencontré Androgée
en fon chemin, il lui ota la vie. V .Egee, Mi-
NOTAURE. ,
ANDROGEO'síES, Petes que les A.théniens
étabiirent en Thonnear d’Androgée, pour fatis-
Paire Minos, lis mirent Androgée au nombre des
héros.de la Gréce; on lui éleva un autel, & Ton
célébroit tous les ans des jeux en fon honneur
dans le céramique, appelés Aycvsí íi; 'Eopy’ji¡.
ANDROGYÑES. C'étoient des h-ommes qui
avoient les deux fexes, deux teres, quatre bras
& quatre pieds. Les dieux, dit Platón, dans fon
Dialogue du Banquet , avoient dkbord formé
Thomme d'une figure ronde, avec deux corps &
les deux fexes. Ces hommes étoient d"une forcé fi
extraordinaire, quiis réfolnrent de Paire ia guerre
aux dieux. Júpiter, que cette entreprife irrita,
alloit Ies Paire périr ; mais ne voulant pas détruire
le genre humain, il fe contenta de les partager en
deux , pour les afroiblir , afin qu’ils nkuíTent
plus déformais ni tant de forcé , ni tant d’au-
dace.
Júpiter doBna erdre en métne-tems á Apoibn
AND
de perfedirionner ces deux demi-corps. Se d’étendre
íur h poitrine & fur les reins cette peau qui les
couvre, & qai porte dans le nombril la marque
du noeud qu’y fit Apollen.
Pline, I. 7, c. I , dit qu un certain Calliphanes
avoit écrit qudí y avoir un peuple A’ Androgynes en
Afrique. AnTtote ajoute qu ils avoient la mamelle
droite córame un homme , & la gauche comme
une femme : c’eíl une Pable trés-abfurde*
Le mot Androgyne , qui eft fynonyme d her-
maphrodite, vient des deux mots grecs, ¿A fe; y
de Thomme, 8c y¡jir, , femme.
ANDROLEPSIE , mot formé d’áíip , homme
& de Xag-Akia , je prends. Lorfqu’un athénieti
avoit été tué par le citoyen d'une autre ville , ft
cette viüe refufoit de livrer le coupable , il étoit
permis de faifir trois de fescitoyens, & de punir
en eux le meurtre commis. Cetre coutume étoit
appelée parles Grccs Androlepfie , & C larigatio
les Romains. Notre mot repréfaílle ften exprime
qu'une partie.
ANDROMAQUE étoit filie d'yEtion , .roi de
Thébes , dans la Cilicie. Les poetes en ont fait
un portrait fort avantageux 5 elle étoit belle, &
dMne taille fort grande , modefte, fage , vertueufe,
& dMn caraétére trés-doux.
Andromaque époufa le vaillant Héctor , fils de
Priam, pour lequel elle eut tant d’attschement,
que, fuivant Homére, c’éroit elle qui avoit foin
de íes chevaux. II y a des auteurs qui lui foat
poiifTer la complaifance jufqu’á aimer les maí-
treífes de fon inari , & aliaiter les enfans qu elles
luí donnoient ; felón d’autres, Heítor lui étoit íi
atraché , qiTií luí garda fcrupuleufement ¡a foi
conjúgale. Les adieux de ces deux époux au mo-
iTient ou Keétor partir pour aíler au combar oii n
périt, font un des plus beaux morceaux de Tlliade
& des plus touchans. Andromaque eut la douleur
de perdre un mari íi cher •, elle vit auífi , aprés la
prife de Trove , précipiter fon fils Aítvanax du haut
d'une tour. C’eft done par une licence poétique
que Racine , dans fon Andromaque , fait vivre
Añyanax ¡ong-tems aprés la prife de Troye.
(V. Asttanax). Elle avoit encors eu d'Hetior
un autre fils , nommé Laodamante.
La veuve d'Heclor devint captive de Pyrrhus ,
fils d’Achille , dont elle eut trois enfans , felón
quelques auteurs, Moloífus, Pielus & Pergamus-;
& Pielus fuccéda á fon páre au troné d’Epire. C eft
de lui que defeendoit Pyrrhus, célebre par fes
guerres contre les Romains. D'autres nomment
ces trois enfans Pyrrhus , Moloífus & Eacíde
quelques-uns enfin , ne parlent que de Moloffus^
Hermione , femme de Pyrrhus , conqut une fi
grande jaloufie des coraplaifances de fon mar!
pour Andromaque y qftelle le fit mourir. V. PyB.-
RHUS, MeíJÉLAS.
Aprés la morr, ou méme du vivant de ce prince,
Andromaque époufa Hélénus, fils de Pnam, fon
compagnon de captivité j & régna avec iui fux
AND
pjrtiede ’i’Epire.Tirai'ie Scquelques autres donnent
Hélénus pour mari á A^drorraque avant la mort
de Pyrrhus ; d’autres dilent que le mariage le fit
feiilement en conféquence des ordres qu il avoic
¿onnés. Elle eut encore des enfans d'Hélénus,
entr'autres Ceürinas. Fl Cestrinus.
Les auteurs anciens fe font accordes a louer la
haute taille á‘Andror?zaque. Ovide l’appelle longif-
fima , trés-longue 5 &: il en parle dans un autre
vers. Javénal cite Andromaque , pour défigner une
feir.me d'une taille diílinguée :
Aniromacken d fronte videbis ;
Pofi tergo minor eft.
Les peintres & fculpteurs modernes ne lui ont
pas ailez fidciemenc coníervé ce caradtere dií-
tinctif.
On voit la malheureufe Andromaque fur un
grand nombre de pierres gravees; tantot elle fait
á íleótor ces adieux ii mémorables , tantot elle
lui oífre Afíyanax* pour qi'/il reir.braffe encore
une fois ; & fouvent on la voit auprés de Priam ^
fur ie haut des murs de Troye , invoquer les dieux
en favear de fon mari. La colledtion de Florence
& celle du barón de Stofch oíFrent ces difícrens
fujets 3 & méme répétés pluiieurs fois.
Un bas-relief de la Villa-Borghéfe nous montre
Andromaque accompagnée de femmes troyennes ^
reeevant le corps de fon époux aux portes de
Troye. Elle eñ vétue d’une robe trainante, fans
ceiature. Cétoit , chez les anciens , la marque
cf une profonde douleur.
AÑOROME DE étoit filie de Céphée, roi
d'Ethiopie & de Cafliopée j qui avoit eu la témé-
rité de fe croire plus bella que les Ntréides.
Neptune ^ pour les vengar ^ fufcira un monftre
mann qui défoloit le pays : Foracle d’Ammon
ayant été confuiré fur les inoyenj- d’appaifer Ies
dieux , répondit qu’il lalloit expofer Andromede
aux fureurs du monftre. La jeune princeííe ñit
done expofée fur un rocher ^ & le monftre fortant
de la rner , étoit pret á la dévorer , lorfque Perfée ^
monté fur Pégafe, vint á 'fon fecoars , tua ie
monítre orifa les chaínes i Andronúde ¡ & Tépoilfa
pour fa récompeníé.
_ Paufanias ajoute une autre fable á cel!e-ci : il
dit que pres de Joppé j, il y avoit une fontaine
dont l’eau étoit rouge comme du fang, & que
les^ gens du lieu afíuroient que Perfée s’étant
enlanglanté en tuant le monftre,, fe lava dans cette
fontaine , & en rougir f eau. Andromede fut placée
dans le ciel , 011 elle forme une conñellation.
V. Peb.sée.
On a troavé á Pondera , dans un petit temple
qui eñ dans le par vis du grand temple d’ííis, entre
autres bas-reliefs en plátre , k fable de Perfée &
^Andromede. Ce que ce morceau offre de plus
fingulier , eft la main du héros qui tient la tete
de Médufe; elle eít entiéremen: de relief. Le
A N E 173
fculpteur 3 pour lui donrer tant ee failiie , I’avoit
aíTüjctie avec une t!ge de fer, que fon voit aiijour-
d hui depms la cliúte de la main.
ANDRO.MíXON , gendre d’Oénée , roi de
Calydon. V. Oen’Ée.
A D P- O N 3 étoit la partie des maifons que
les Crees hacitoient. Elle étou féparée du syné-
cée 3 appartement de leurs femmes & deleurs
filies.
ANDRONÍC 1. Comnéne.
Akdroxicus Augu stus.
Ses médailles font :
RR. en or.
O. en argent.
R. en AL B.
Andronique II. Paléologue.
AiSOROS ICV S pALJEOI-OCns Augustus.
Les médailles de ce régne ne font pas citéés
dans les catalogues. .
Andronic III. Paléologue.
AnVRON ÍCUS P AL.^OLQGU S AuGUSTlTS,
On ne connort point de médailles de ce prince.
Andronique IV. Paléologue.
ANDRotricus Palmologus Augustus.
Ses médailles manquent.
ÁNDROS, ifle. ANAPi 8c anapí2n.
Les médailles autonomes de cette ifle font :
RRRR. en argent.
RRR. en bronze.
O. en or.
On a frappé .dans cette ifle quelques m.édailles
imperiales grecques , felón le pére Jobert.
Andros, fils d’Anius. Lbycy 'Anius.
A ÑAPO S^INTES. Lorfqu’Hérodote a donné ce
nom aux iphinx , il a voulu défigner par cette
exprefllon leur double fexe. Ceüx des Egyptiens
porcent en eíFet ce double caractére; ils ont la
tete de femme, & les organes de la génération dti
niále. _ On n’avoit point fait cette remarque avanc
le judicieux Winkelmann , qui a expliqué , par le
moven de cette obfervation , un paffage du poete
Philémon, ou il eft parlé de íphinx males, &
qui n’avoit jamais pa étre entendu,
ANE. Les Egyptiens* avoienr pour Ydne une
haine extraordinaire. il eft roux dans l’Afrique &:
dans i’Afie ; & cette couleur étoit odieufe aux
Egyptiens 3 parce qu'ils la croyoient afíeétée á
Typhon , le mauvais principe. M. Patv, qui re-
garde la religión des Egyptiens comme une per-
feélion de leur régime diététique , aíLure que la
couleur rouíTe annonce’ ie germe d'une maladie
dans les animaux , & en particulier dans les boeufs
8: les vaches. *
Le préfideat de Montefquiea s'eft moqué de'
cette Opinión , qui fupt>ofe une analogie entre la
fanté des animaux & la couleur de leurs poils j
peut-étre que la maniere dont Váne fe nourrit a
pu faire naitre cette répugnance chez un peuple
ftiili de h proprsté i caí Váne ¡nange prefque teut
1 -jx A N E
ce qu il rencontre fans aucun choix , & il fe
roule fur la terre ¡a plus infeélíe avec une cbmplai-
fance aS'eciée.
Quoi qu'il en fo!t ^ Váne étoit dans TEgypte un
des lyffiboles de Typhon ^ & fon trasoír fon
image fur les gáteaux que Ton offroit á ce dieu
da mal. Les habítans de Coptos , de Buílris ,
dbAbydos & de LycopoÜs , pouíibient encore
plus loin cette antipathie; car ils haifíbient le
fon de la croiT.pette , parce qu’ils luí írouvoient
de la reíTemblance avec le cri de Váne.
Les ñomains conferv^crenr une partie de certe
haine pour ri'2e : ils regardoient fa rencontre
comme un mauvais préfage. Cependant Marius &
Auguífe rinterprécérent favorabiement. Quand il
étoit jeune j les payfans en mangeoient la chair ,
& la trouvoient Fort agréable , au rapport de
Galien. Mécént reunir niéme á la faire fervir fur
la rabie des granas & des riches, qui ceííerentj
pour complaire á cet üluítre favori, de lui pré-
férer la chair de fonagre ou de Váne fauvage.
Mais ce goút ou cette mode fut de peu de durée ,
& elle pana av-ec !é régne de Mécéne.
Uáne étoit admis dans les myftéres de Veíla^
foií parce qu"on s'en fervoit dans les facrifices
de Cybélcj divinité identique avec elle ^ foit parce
que les cris de cet animal réveiilérent Veda, á qui
Priape vouloit faire violence pendant fon fdmmei!.
De-lá vint que les boulangers chargeoient un áne
des pains qu’ils ofFroient á Veda le íixiéme jour
des ides de juin. Ovide j {Faft. ti. 311.);
Ecce coronatis vanis dependet afellis.
Cet animal portoit ordinairement les llatues &
les uíleníües des facrifices de cette déeíTe^ comme
nous le voyons dans Apulée. A la naiííance de
Bacchas i! porta ce dieu nouveau né 5 les bac-
chantes Penveloppérent dans une corbeiile cou-
verte , & le chargérent fur un áne.
On lui aííbcioit un cheval dans les fétes de
Confus ; peut-etre parce que Fun ScFautre avoient
fervi de monture aux fabines , que ces fétes virent
enlever. Mais c'étoit Váne feul que Fon immoloit
á Mars & á Priape. Le dieu de la guerre aime le
íilencej pour taire réuíCr les embufcades & les
atraques de niiit 5 c'eft pourquoi on lui facrifioit
Fanimal dont le cri eñ fi percanr.
Priape voyoit avec plailir le fang de Váne couler
fur fon autel; parce que le cri de celni que mon-
tpit Siléne Favoit empéché de fatisfaire fa paffion
avec la nymphe Lotis , qudl avoit troiivée endor-
míe. Uáne porta far-le-champ la peine de fa
faute :
ddorte dedh pcenas auBor clamoris ; & kac efi
Mellefpontiaco -vicíima grata deo.
On voyoit le fiécle dernier á Rome , auprés de
la porte Flaminia , le dieu des jardins , ayant á fa
droite une tete dVáne avec la hache des facrifi-
eareurs & ane pareüle á fa gauche avec un long
ANE
couteau. Ce fymbole étoit telatif á une pratique
fupenb'tieafe des Etrufques.
, La tete d'un á..e , déponillée de la peau, faf-
pendue fur une terre labourée Se enfemencée_,
' avoit 3 felón eux^ la vertu de préferver Ies femences
! de tout accident. Hygin dit que Ies anciens atta-
í choiei.t auíli des tetes dVáne avec un fep de vigne
; aux colonnes dn >it ^ pour exprimer le plaifir quhls
y avoient gotité.
On ajoutoit a la tete óVane une fonnette pour
eíFrayer Ies oífeaux , & pour lui donner plus de
reíTemblance avec Váne de Siiéne , qui en porte
toujours une í’ur Ies monusaens. Ceíf ainíi qu'il
eft repréfenté fur une urne de la Villa-.-ilbani,
avec i'infcription : zííkc anamnhcic , le fou-
venir de la vie.
AnEj coiip de dé. V. Asinus.
Ane ( oreilles d' '). Les anciens voulant fe
moquer dequelcifun^ approchoientleursmainsdes
tempes & allongeoient les doigrs en les remuant,
pour imirer les oreilles de Váne. Ilsiuireprochoient
par ce geíle fa ftupidité j en le comparant á
Fanimal que toares Ies nations fembienc s'étre
accordées á en faire le fymbole. Perfe> O- 59)-
FVec manas aurículas imitata eli mobllis albas.
.4NEMOBAT,'E , báteleurs qui voltigeoient
en Fair avec des cordes ou avec d'autres machines.
Ce mot vient de dvífíns vcT.t, & de ^¡íínte ¡ je
marche.
ANÉMONE. Cette belle fleur doit fa couleur
rouge au fang dCAdonis. Elle étoit blanche avant
d'avoir eré arrofée de ce fang íi cher á Venus.
Ovide a chanté cette métamorphofe d’aprés le
fchcliafie de Théocrire & d’aprés Nicander^ cité
par cet écrivain.
ANEAíOSCOPE:, d’«3s^!js-;, vent, & de
je considere. II paroit, par la defeription qiiefait
Vitruve de cet inílniment, que les anciens s’en
fervoient plutot pour connoirre de quel coré
venoit le venr ^ qué pour annoncer le coré d’oü il
devoit fouíP.er.
ANEMURíUMj en Cilicie. Anemotpiehn.
Les médailles autonomes de cette vüle font :
RRRR. en bronze. (Pellerin).
O. en or.
O. en argent.
Cette vüle a fait frapper fous fes préteurs des
médailles imperiales grecques en Fhonneur de
Domitia, de Caracalla^ d’Alex.-Sévére ^ de Va-
lérien.
AKESSE. Les gens voluptueux de Rome fe
frottoienr le vifage & la peau avec du pain trempé
dans du lait óVáncJfe, pour rendre ce!!e-ci plus
blar.che, & pour empécherque la barbe ne vint
fitót. Suétone y dans Óthon, ck. iz, Martial,
liv. 10 y épig. 68 , parlent de ce rafíinement.
Juvénal, Sat. vi y ajoute que Fon faifoit un
mafque avec ce pain. Poppée , fenuiie de Néron ,
fut la premiére ou une des premieres, qui ufa de
^ "S! fZ
cctte recetta . perfuadíe que la Init entrete-
hoit la blancheur Se óeoit ies ridas ce ia peau. Ceft
poar cela qa’elle avoit tou;onrs á la fui:e trois
cents ¿.-¡cjfes ^ &: que Juvénal appelie ces mafques
¿e pain trempe darrs ce lait pinguia pop&ana.
A>' la T. I.es anciens fe couronnoient aanet dans
les feílins. Les gladiareurs en méloient á tous
leurs alimens, parce qu^on lui artribuoit la pro-
priété d’écre ícrt nourriffant. De-Iá vint que Fon
dlfo!" . dematider de Yánet, anethiim requiri ,
poxir exprimer des remedes propres á guérir ies
fciis.
ANETIS. V. ÁNAETis.
ANGARI, nom que les Perfes donrroient á des
courriers , qui j fixés á différentes ftations , fe
remettoient les paquets les uns aiix autres, & les
faifoienr parvenlr aux extrémités de rEmpire avec
une grande célérité. Les Grecs 8c les Romains
iiTiitérent cer établiiTement ^ Se acoptérent dans
leurs langues le nom Perfan des courriers.
AMGARÍA. On appeloit de ce nom le droit
dont ufoient les empereurs grecs Se leurs repre-
fentans , de prendre des voitures , des bétes de
, fomme & des chevaux de íélle dans toutes les
provinces, qu/iis avoient á parcourir. Perfonne
n'c'toit exempt de cette charge publique , pas
méme les fo4dats vétérans. Lorfque les empereurs
avoient quelque fardeauá faire tranfporterj tels
que les armes , les habits des foldats ^ 8c autres
chofes pareilles , le maítre des oíEces en donnoic
avis aii préfet dti prétoirCj qui avertiíToit chaqué
viile de fournir des vaiíTeaux , des chevaux , oti
des charriotSj fuivant la grandeur 8c le nombre
qui éroient néceíTaires.
ANGE^( cháteau Saint-) V. Adrianeum.
ANGÉLIQUEj danfe, des anciens Grecs,
uíitée dans les feftins. Elle étoit ainfi nommée dii
mot «yyfAsf, meiTagerj parce que , felón Pollux,
ceux qui la danfoient étoient habillés en meffagers.
AIñGELO, filie de Júpiter 8c de Junon. On
d't qu’elle déroba le fard de fa mérepour en faire
f préfent á Eurepe , qu’elle aimoit. Cel!e-ci s'en
fervit íi heureufenient , qa'eliedevint d’une extréme
blancheur.
^ ANGERONA,LES , fétes d’Angérone. On Ies
célébroit á Rome le 2i décembre. Varron 8c
Feftus noas ont appris le nom de ces fétes j 8c
Plíne, Solin Se Macrobe, lepoque a laquelle on
Ies célébroit.
AbiGERONE, Angerona, Sc Agerona. C’étoit
une divinité des Romains ^ fur iaquelie ¡es écri-
vams ne nous ont laiíTé que des notions confufes.
Feftus Sc Julius Modefrus , cites par Macrobe^
(Saturn. ¿ib. i , c. lOy dérivent fon nom Si An-
gina, efquinancie, 8c difen taufil lui fut donné,
parce qu’elle guériffoit ce mal.’ D'autres Pont fait
venir SCangor^ doulear, peinej ou ánYerhc angor ,
’ f óu chagrín , parce QTiYAngérons
déiivro:t da chagrín 8: des pxiines. Ceft ainíJ,
¿ifent-iis , que de pello on a fait pellcnia , Sc de
A N G .17-5
* popular popúlenla , qui^ fe troiivent le premier
dans Árnobe, liv. iv , Sc le fecond dans la Cité
; de D’ea, liv. VI, c. lo.
i ^ Ene troiíiéme opinión donne pour racine á
I Angérone, le mqt angeo , je ferre , je preíTe , parce
que cette déeíl'e étoit la divinité du íilence, Sc
qu’elle fermoit la bouche. Quelqiies aüteurs enfin ^
doutent sfil ne faut point ¡iré Agérone aii-üeu
á‘ Ar.gérone , Sc fi ce nom ne vient point ¿Agerey
» i’agis ; parce qu elle excitoit a agir forte-
ment , comme dit Saint-AuguíHn , Uvre ''ri de la
Cité de Dieu.
Ango eft Fétymologie de ce nom !a plus vraie
& la mieux fondée ; car Angérone étoit effedtive-
menr 8c ¡a déeíTe de la patience dans les maux,
8c la déeíTe du íilence, qui préfidoit aux confeils.
D'auleurSj l’ufage de lire Angeronia eft ancien Sc
conftant : on n"a aucune raifon de douter de cette
leqon.
Cette divinité, que Ies Romains avoient créée a
rimiration de l’Harpocrate des Égyptíens 8c du
Sigalion des Grecs, n' avoit point de temple pani-
ciiiier. Sa ftatue étoit placee dans celui de la déeíTe
J^o lupia, Volupté, fur fon auteí ; 8c elle four-
nifldit matiére á une allégorie morale. La patience
8c le filence dans les douleurs , préparent un plaiíir
aíTuré qui leur fuccédera.
Les Romains avoient autant de vénération pour
Angérone que les Egyptiens pour Harpocrate.
On trouve en effet un trés-grand nombre de
monumens qui repréfentent Tun 8c Fautre. Le
caraélére difiinélif él Angérone eft de 'enir un doigt
appu) é fur fa bouche fermée; tel Harpocrate étoit
fculpté fur les bords du Nil. Cette premiere idee
fut trouvée trop limpie par les artilles au bout de
quelques fiécles. lis ch’argérent de fymboles Ies
ftatues S Angérone. Tantót elle a fur la tete le
rr.odius ou boiíTeau de Sérapis , & tient la maíTue
d’Hercule. Tantót elle porte á fa bouche aulieu
du doigt Índex , une baguette. On s"eíí permis des
variations méme fur fon age 8c fon fexe.
II y a cependant une attitude fort extraordinaíre,
fur laqut lie s’accordent un grand nombre de ñames
^Angérone. C^eñ la poíition des deux mains :
l’une eft toujours placee vers la bouche zvecY índex
étendu fur les lévres ; 8c Fautre eft pofée derriére
8c au bas du dos , avec Yindex étendu vers les
parties que cette maín avoiline. Trois Angérones
p’u-bliées par le comte de Caylus , offrent conf-
tamment cette attitude finguliére dont nous
Eofons rechercher le motif.
L^’une des figures de cet amateur éclairé des
arts, eft d;or, & repréfente unenfant; une autre
repréfente une jeune filie. La troiüéme, fculptée
en reüef fur une maíTe d'argenr , deftinée á erre
portée au col , comme un amulette contre les
chagrins, ad angores pellendos , a été trouvée á
Ripa-Tranfone , & eft drappée á la romaine.
La net're ñame á' Angérone , que Fon voít dans
le cabinet de Sainte-C-erieYÍéve eíí nue , paroit étre
A N G
»ne femme , 8c poíé Tune de fes mains á ¡a bouche j
& Taucrs derriére fon dos. Une béiiére eft placee
entre fes deux épaules ^ ce qui prouve qu elle a eré
portée au col en guife d’amulette.
Le comte de Caylus a fait au fujet des íratues
á’Angérorie ^ qu il a publiées , un rapprocherr.ent
'heureux fur la nature de certe divintté. II a
rappelé un endroitde Macrobe , (Sciturn. Lio. j . c- 9y
oü cet écrivain parle du lllence rigoureux que la
fuperlHcion faifoit obferver aux Romains,_ íur le
nom de la déeíTe tutélaire de Rome ; 8c il croit
reconnoítre dans Angérone rembléme de ce fecrer
politique Se religieux.
ANGISTÍS, ArricTic, furnom de Cybéle pu
de la mere des dieux. Strabon , liv. x , dit que les
Phrygiens appeloient Rhéa mere des dieux & aksii.
Cafaiibon croit qu^’i! faut lite A yíbVt» , Xylander
A’yÉrí». Maratori juge que Strabon a dit ,
d’aprés une infcriptio.á grecque qu’il rapporte
page 51 de foñ Thef. ii^cr., fur iaquelle on lit:
WHTPi ©Enx ArricTEi, 8cc.
Dans le meme ouvragé , pag. 1 1 3 j il a rap-
porté rinfcriptioa latine fuivante , oú ce nom eft
au pluriei:
EU FI CI A
C. F ü F I C I
AMANDI
E. JUSTA
M A J
ANGITIIS
D. E»
ANGITIA 3 filie d’dEéte , fceur de Médée &
de Circe , felón Ccelius , ( Solin. c. 2.). Elle
habitoit auprés du lac Fucin , un bois qui portoit
fon nom 3 & y employoit fa fcience á guérirjes
nialades. Anghia, "bien éloignée de faite un auíli
mauvais ufage de fa puiñance , que les deux
magiciennes fes fceurs, rendir la vie á un morts
prodige qui la íit placer au rang des immortels.
Virgile , {JEneid. 8- ójp) s
Te nemus Angitis. ^ vitrea te.Fuiinus unda.
Te liquidi fiev^re Lacas.
Sil. Ital. &. 498 :
JEetA prolem. Anghiam mala graminxi prlmam
lAonjiraviJfe ferunt.
ANGITIIS. Voyei Angistis.
AN GUILLE. Les Égyptiens ne mangeoient
point ce ppiffon , parce qu il eft indigefte , felón
Mr. Paw^ qui reconno'it chez ce peupleuq régime
diététique légaL tres - diftinól du régime diété-
tique facré. AuíIl accufe-il d'erreur les Grees qui
ont attribué a ce dernier régime j le refus que
faifoient les Égyptiens de manger des anguilles.
Les Grecs & les Romains en furent au contraire
tres - friands 3 & ils les enveloppoient dans les
feuilles de bette pour les fervír dans les repas.
ANGÜINUM. (Eue de ferpenu
A N I
ANGUSTICLAVE 5 patrie de rb.abillcment
des chevaliers 3 qui les diftingüoit des plébéiens ,
comme le laticlave diftingüoit les fénateurs de
¡’ordre équeftre. Elle éroic attachée á la tunieue,
& ne difíéroit du laticlave que par fa petitcíTe
relative.
U angufiiclave déíignoit i’ordre équeftre , dont
les membres portoient le nom Á‘ angufiiclavii,
Paterculus'dic de Mécéne, que malgré la faveur
d'Augufte 3 il fe contenta toujours du rang de
chevaliet 3 & de . V angufiiclave , vixit angufio
clavo contentas pcene. Stace empl oye dans le iTiéme
cas la méme expreíEon:
Contentas arcío lamine purpura.
Ovide étoit né dans i'ordre équeftre , & il
pouvoit prétendre á devenir fénateur; mais il nous
aíTure quil fe 6x33 en prenant la robe viriíe j á ia
dignité de chevalier :
Caria refiahat , clavl menfura coaña efi.
Le pete de Suétone n’étoit que chevalier , car
fon fiis l'appelie angufilclavius , á la fin de la vis
d'Othon,
, ANÍCETUSj fiIs ftHercule & d'Hébé.
AN I C I A ^ famille romaine donr on n^’a des
médaiiles que dans Goltzius.
ANÍENSIS ( F'. Tribus.
ANíGRíDES 3 nvmphes qui habitoient prés
du fleuve .Unigrus 3 dans ITHde. Elles avoient un
antre 3 oú ceux qui y entroient tourmentés par
des dartres , ou d’autres maladies curantes ,
invoquoient les nvmphes 3 & leur faifoient
quelques facri.fices. Ils frottoient enfuire la partie
malade , & paíTbient la rivicre á la nage. Aprés
cela 3 ils laifibient dans Feau toute Fimpureté >
8c fortoieht entiérement nets 8c purifiés. Les
eaux du fleuve .Unigrus étoient fans doure ful-
phureufes 3 & par cela feul propres á guérir les
maladies ctitanées.
ANÍGRLS3 fieuve d'ÉIide dans le Pélopon-
néfe 3 dont Ies eaux étoient ameres 8c infectes.
Paufanias attnbue la caufe de certa infeétion au
fang des Cenraures 3 qui ayant eré blefles par
Hercule 3 y laverent leurs píaies. Ovide Aa pas
oublié de chanrer certe merveille de Fancienne
Mythologiej iMétam. liv. 15) :
Ante hib chantar ^ nano qiias contingere nolis
Fundir Anigros aguas ; pofiqudm lavare birnttnbres
Vulnera ¡ clavigeri que fecerat Herculis arcas.
Certe amertume & cette infeftion Aétqieqt
dúes qu’au foufre dont les eaux de VAnigrus
étoient imprégnées , puifqifelles guériftbient Ies
maladies de la peau. Voye:^ Anigrides.
ANIM.AüX. II n'y a ríen d'aufli célebre dans
Fantiquité 3 que le refpeift des Égvptiens ppur
certains animaux ¡ rien n’eft auífi plus incertai.u
qU5
A N I
répoque ou il a commencc , 8c la caufc
qui Ta fait naitre.
Le favant Jablonski fait remonter ce cuite aux
tems qui précédérent i’arrivée des Hébreux en
Égypte. lí croit que les Égyptiens rendirent
primitivement un cuite aux pierres facrées ^ aux
obéiifques mémes & aux pyramides , deftiaées
á fervir de touibeaux á leurs rois. Aux pierres
facréeSj fuccédérent les arámaaxvvfSíV.s , & méme
les cadavres de ces animaux. lis rendirent auffi des
hommages á leurs repréfentations , & les temples
Égyptiens fe peuplérent de divmités choifies parnii
Ies quadrupédesj les oifeauXj les poiífons 8c les
ferpens.
M. Paw place Tépoque de rapothéofe des
animaux en Égypte , au moment oü une colonie
d'Éthiopiens vint s'établir dans la vallée du bas-
Nil. Les fervices útiles qu’elle tira des animaux,
dont les vers , les fouris les crapauds , 8c autres
étres crus venimeux , font la nourrimre , excitérent
fa reconnoiíTance , & Fengagerent á les déifier.
II eñ fácile de concilier les opinions de ces deux
fava'ns , en faifant remonter cette époque aux
premiers inftans de la population des bords du
Kil.
En quoi confiftoit le cuite rendu par les Égyp-
tiens aux animaux ? 11 feroit trop long de rapporter
celui qui étoit rendu á chacun des animaux facrés,
dont voici les noms : tous les oifeaux de proie
de jour 8c de nuit, depuis Faigle de laThébaíde,
jufqu’á la chouette de Sais , depuis levaiitour ou
le coq de Pharaon, jufqu'au petit faucon du Delta,
Ies ibis , les Grués , les courlis , les corbeaux , Ies
cicognes, les hiippes, que Fon appelle gc-néra-
lement les purificateurs de ü Égypte ; les belettes.
Ies chats , les ichneumons , les bceufs , & dans
certains canrons les béliers; quelques efpéces de
poiffons , relies que Fanguille , le brochet , la
carpe ; les fcarabées , certains ferpens.
Les temples étoient remplis des images de ces
animaux révérés ; eux- mémes y étoient logés ,
nqurris avec foin , 8c honores par des ofrrandes
8c un cuite religieux. On les embaumoit apres
leiir mort , 8c on plaqoit refpeélueiifemeut leurs '
momies dans les catacombes qui leur étoient
deüinées. lis y étoient apportés méme des pays
étrangers , poiir leur procurer une fépulture
honorable. On impofoit enfin des amendes con-
fidérables á celui qui tuoit par mégarde un
animal facré mais la mort feule pouvoit expier
le crime de celui qui l'auroit tué á deiiein.
L^aveugiement des Egyptiens étoit tel , quhls
conlultoie.nt fur Favenir , non pas tous les
animaux facrés , comme Fa cru Yan-Dale , mais
queiques-uns 5 tels que le bqeuf apis 8c Ies fca-
rabees. U.n paíTasre obfcur d'Élien y a fait joindre
mal -á- propos les crocodües ; 8c un préjugé
populaire faifolt croire que ces animaux dépo-
loient conñamment leurs ceufs dans des endróits
®u linondation du Mil ne pouvoit atteindrs. Ce
Ar.üquités , Teme 1.
A N I 177
pronoftic tenoit liea de prédiction phyíiQue,ainfi‘
que les fréquentes apparkions de Fhippopotame
hors du fleuve.
On fait que les Egyptiens ont touiours été
curieux de prévoir la hauteur oú le Mii devoit
parvenir dans Fannée. Cette inquiétude leur a
fait ernoloyer iesmoyens les plus ridicules pour
parvenir á cette vaine connoiñance. Ce fut auífi
fur cet obiet que le bceuf apis fut interrogé pour
la premiére fois; Se de-iá vint la célébriré de fes
oracles. On lui offroit á manger ; 8c Favidité ou
la nonchalance avec iaquelle il goátoit ce qui lui
étoit préfenté, dictoirles réponfes aux confultans.
Les lÉar.ibées fervirent amfi que le boeuf apis á
rendre Ies augures. Ce font-iá Ies feuls o’ácles
rendus en Égypte par des animaux facrés , dont
nous ayoRs connoiíTance.
Ce cuite étoit-il un aéle de religión , un hon-
neur adreíTé aux animaux eux -mémes? Pour
réfouáre cette queftion, il faut diftinguer deux
claiTes d’hommes dans chaqué peuple. La premiére,
qui eíl la moins notnbreufe , a des lumiéres ,
8c peut connoítre á fond la religión de fon pays.
Quant á la multitude, qui fórmela feconde patrie,
elle n^a que des fe.ns 8c prend fouvent les fymboles
oules repréfentations pour des réalités. Oeílpour-
quoi nous ne chercherons á déméler Ies fenti-
mens que des Égyptiens de la premiére claíTe,
c’eít-á "dire , des prétres 8c des fages de la na-
tion.
Les animaux facrés n’étoient que les fymbcles
des conñe'IatioRS fous lefaaelles arnvoieot certains
phénoménes, terqaeiedébordement duKil exprime
par le fphinx, qui étoit la réunion du lion 8c deja
vierge; deux íignes qui Dtéíidoient a cet accroilíé-
ment prodigieux du fleuve. Cétoient auíTi Ies
fymboles des attriburs de la divinité ; Féperviet
expnmoit la providence , dont fon ceü pereant
étoit Fimage. Les Egyptiens trouvoient encore
dans ctvtúvLS ■ animaux une reífemblance phyííaue
avec les aftres quils adoroient, comme les génies,
miniílres fubalter.nes de 1?. divirdté. LYfpéce ae
boeuf naia qui eft le huaalos des naturaintes
modernes, porte des coriies qui iirdtent par leur
courbure celies du croiííant. Cette reílembiance
fit honorer le bceuf nain fur les bords du Nil.
Üne tradition mythologiqtie, dont on confervoit
la mémoire dans la Gréce elle-méme, apprenoit
que les dieux pourfuivis par Typhon, 8c ^ ícion
les Grecs , par les 1 itans , s'étoient cachas fous
Ies figures de différens animaux. On re-^it^ a
ceux-ci un cuite , comme aux tabernacl^^ des
divinités.
La caufe la plus vraifemblable du cuite qu^
Ies Égyptiens rendoient aux animaux X\iú''Xx.^
quils en tiroient. Ilsobfervérent que les chats, le*
belettes , les ichneumons , Ies éperviers , les vau'
tours. Ies chouettes , les cicognes 8c les ibis,
détruifoient les ferpens Se les infectes qui foiir-
i íiiilloient daas le limoa dépofé par la retraits
17? A N I
du Nil. Dés-Iers une prévoyance politiqtie fit
reipeCter Íes efpsces á'animd-ux que Ton appela
depuis les purificateurs de i’Egypte y & pour les
rendre plus précieux au pubiic ignorant ^ on
placa leurs images dans les temples. Ceiui-ci
paffa biencát du refpeíl au cuite ^ parce qu’il eíl
toujours extréme & cutre.
Áu refte , ce refpeéi: pour Ies dnimaux útiles
s’eíl reprodint chez les Thraces & chez les
premkrs Grecs Les uns & les autres décernérent
des peines contre ceux qiii tueroient des boeufs
Olí des cicognes. Les Indiens ont encore le méme
refp^edí: pour les boeufs ; & Ton fait qu"én Flandre
& á Londres , les cicognes kont ríen á redouter
de la part des chaíTeurs^ qui regardent comme un
fouverain bonheur d’en avoir des nids fur leurs
cheminées ou dans les toits de leur maifon.
Animaux chez les Grecs. Ce peupíe ayant
requ des phe'niciens Fécriture , & fans doute la
Hiythologie , adopta les opinions religieuTes des
Egypnens , dont les Phéniciens étoient une
colonie. Les Crees rendirent done une efpcce de
cuite á pluíieurs animaux , 8c ils en affeélérenc
un grand nombre a des divinités particuliéres.
Ainíi „ le lion étoit confacré á Vulcain ; le loup
Se Fépervier á Apoilon, parce qkiis ont la vue
fine & perqante 5 le corbeau , la corneille & le
cigne au méme dieu ^ parce quils ont^ dit-on,
un infti:-;^ naturel pour prédire Faverur ; le
coq au méme dieu , parce qudl annonce par fon
chant le lever du foleil ; & á MercurCj comme
le f-mbole de. la vigiiance que requéroit la
multitude de fes emplois ; le chien aux dieux
Lares 5 le taureau a INeptune á caufe du mu-
giffement des ficK ; k dragón á Bacchus & á
JMinerve; les grifibns á 4pollon; les ferpens á
Efculape ; le cerf á Hercule ; Fagneau á .Tanon ;
le cheval a Mars ; la géniiTe á líis ; Faiale á
Júpiter; le paon á Junon; la chouetteá Minerve;
le vautour a ?4.irs ; la colombe & le moineau á
"V enus ; les alcionet á i hétis ; le phénix au Soleil ;
le bouc á Bacchus j 8cc.
Loriarle les Grecs facriuerent des animaux á
leurs divicacés , oa qu ils les leur confacrérent ^
divers n-.onfs diclérent ce choix. Tantót il dépendit
de la profeíiipn de ceux qui Ies offroient; les
bergers offfoient des brebis , les bouviers des
taureiax, les chevners des boucs, & lespécheurs
un thon. La diftinclion des d.eux fupérieurs & des
infernaux ^ cbligeoit á varier les offrandes. Les
dernters n’aimoknt que des brebis ncires &
fiénles; lespremiers, au contraire^ fe plaifojent
voir fur leurs autels des victimes blanches 8c
fécondes. On avoit encore égard au fexe des
divmites , pour lear oíFrir des animaux males ou
femelles. Le caraílére des dieux que Fon invoquoit ,
determinoit le choix des animaux ; on immoloit
au beluoueux Mars des taureaux indomptés; á
Bacchus le bouc , qui rouge fa vigne chérie j á
v-eres le coehon j ennemi des moi¡rons.
A N I
^ Ce n’étoit pas affez d’avoir choifi des animaux
d"une efpéce agréable aux divinités que Fon
invoquoit ; il falloit encore que les génifíes fuffer't
de Fannée , que les anguilles ofrertes par les
Béotiens euíTent été péchéesdanslelacCopais^ &c
Mais dans tous les cas ^ le boeuf qui avoit ét^
lié á la charrue , ne pouvoit étre immelé. Les
Romains confervérenr religieuferaem ce do?me
dans les premiers tems de la répablique; & píine
rácente qu'un Romain fut exilé pour avoir
un bceuf.
Le refpeét que les Grecs confervérenr pour les
animaux, paroiíToit dans la multitude de, leurs
repréfentations qui ornoient Ies témpleseles places
& Ies édifices publics.
La colleclion feule du barón de Stofeh ofFre
deux ce.ns fix pierres gravées ^ repréfentant des
animaux.
Paufanias cite plus de quarante animaux de
bronze d'une grandeur confidérable j & de routes
Ies efpéces ; tigres , lionSe chevaux, boeufsj ché-
vreSe &c. parmi lefquels il eft fait mention d"un
paon d’ore enrichi de pierres précieufeSj &donné
par Fempereur Hadrien. II eft aifé de reconnoítrc
dans ie détaii de cette derniére figure , un goát
étrangerá la Gréce. Cette nation favante préféra
toujours les beautés réeíles de Fart^ ckll-a-diréj
le deíEn précis & Fexécution large ^ a la richeíTe
de la matiére & des orisemens. Le luxe dans les
arrsj pretque toujours ennemi du goútj éblouit,
d t ie comte de Caylus, Ies ames vulgaires; il ne
fait ou’une médiocre impreíEon fur les véritables
connoiíTeurs , a qui touces les matiéres font indií-
férentes , & qui ne recherchent dans un ouvrage
que Fouvrage méme.
Animaux chez les Romains. Les vainquems
de i urivers embraflérent la redgion des Pélafgesj
que ceux c-, venant fonderdes colonies en Italie,
avo'ent apportée aux Errufques. De forte qukn
peur leur appüouer tout ce que nous avons dit des
Crees, relativ'ement aux animaux confacrés aux
dieux ou deftinés aux facrifices.
Jls leur offrirent méme les animaux extraordi-
naires , & nés dans les pays éloignés. Ainíí ,
Hadrien ayant batí á Athénes un fuperbe temple
a .Júpiter - Olympien , y fit placer un prétemfa
j 3vo¡t eré apporté des ludes. Lorfqufils
laiíToient vivre ces animaux confacrés, tels que
iCs biches abandonnées dans Ies bois , on leur
attachoit des boucles aux oreilles ou des coi-
herS j^afin dempécher qu’une main irmocemment
facrilége , ne répandít le fang dkn animal
¡aeré.
Les Romains n’eurent de gout partirulier oude
coutume propre á leur nation, oue dkimer á re-
paitre leurs yeux du fang des a-iimaux combattans
dans les amphitháátres. Pour compíaire á ce peuple
fan^uinaire , les ediles & íes empereurs taifoient
venir des contrees Ies plus éloignées , les animaux
j iéroces & carnaciers. La Calédoiiie & la PauBonie
A N I
faurniS'oíeqf áes ours ; les üons les tigres ve-
noient des déierts de TAfrique ; les rhinoceros &
les hyénes étoient amenes de l’Inde^ & le^ cro-
codi'es de TAfrique. Les empereurs avoient feuls
le droit de faire venir dans la capitale les bétes
feroces ; mais ils les donnoient quelquetois en
préfent á leurs favoris ^ ce qui étoit une marque
de la plus grande confidération.
On renfermoit ces animaax dans des caves pla-
cees au-deíTous & autour de Taréne. Lorfque le
moment de les faire combattre étoit arrivé , les
portes de ces caves s’ouvroient , & ils s'élanfoient
avec fureur dans l’arénej ou les gladiateurs & les
criminéis condamnés aux bétes , les attendoient
pour les combattre. D'autres foisj on les renfer-
moit dans des vaiíTeaux ou d'autres machines ,
qui j s’ouvrant dans le milieu de Taréne , les laif-
foient échapper de leur fein. Les Romains eurent
une paíllon íi forte pour les combats á’animaux ,
que Phiüppe voulant regagner la taveur du peuple
irrité par la mort de Gordien , n’employa d’autre
tnoyen que de multiplier le nombre des anÍTuanx
expofés dans les jeux féculaires. Jamais aulE Ton
c'en vit de tarit de fortes ; un rhinocéroSj trente-
deux éléphans , dix tigres , dix alces , foixante
iions apprivoifés , trente léopards ^ vingt hyénes ,
un hippopotame , quarante chevaux fauvages ^
vingt archoléons & dix camélopardes,
Cette cruauté ne s’étendoit pas cependant juf-
qu’aux animaux domeñiques. Les anciens fem-
bloient avoir réfervé pour eux feuls toute la
feníibilité dont ils ne faifoient point ufage dans
les temples á la viie des müliers de viólimes que
Ton yégorgeoit. Lorfque ¿íts animaux leur avoient
rendu de longs fervices ou des fervices íignalés ^
ils leur donnoient la liberté, ou ils laiíToient par
leur teftament des fommes pour les nourrir. On
entrenoit des oies dans le capitole , en mémeíre
du bruir qu'elles avoient fait á la venue des Gau-
«lois. Lorfque Céfar traverfa le Rubicon pour fe
rendre miítre de Rome , ¡1 abandonna dans les
forets les chevaux qui lui avoient fervi á con-
querir les Gaules. Stace n°a pas oublié de fuivre
ces exemples dans fa Thébaide. On y voit Bac-,
chus revenu des Indes, donner dans la campagne
de^Thébes la liberté aux deux tigres apprivoifés
qui avoient trainé fon char pendant fa glorieufe
expédition.
Anii.íaux. Art. Une opinión erronée s'’eíl:
étabhe parmi les artilles á la renaiífance des lettres
& des arts , relativetnei'.t aux animaux fabriques
par les anciens. Ils aiTuroient que rexécution en
étoit médiocre , bien inférieure a celle des
modernes. Un fculpteur eílimable (M. Falconnet)
a reveille ce préiugé , & l’a appuyé fur les defauts
du.cheval de Marc-Auréle. II l’a trouvé trop inal
fait ; ainli que les amateurs de rantiquité ont pour
lui peut-ésre trop d’admiranon. On verra a l’ar-
ticle Ckeval, ce quil faut penfer de ce monu-
ment.
A N I 7?
La queftion que nous traitons ici ell
rale , elle regarde tous les arJmaax cu!_
des atteliers grecs & romains; &
favant ’VidnkeLmann que ncus allons L
en-faveur des artilles anciens. Nousiavons d^oor
que plulieurs Itatuaires acquirent une grande k-
putation , par la maniere fupérieure avec laque e
ils rendoient les animaux. Calamis fculpta avec
la plus grande vérité les chevaux, & -Mcias es
chiens. La vache de Myron a été chancee es
plus célebres poetes done les vers nous íoient
parv'enus. On vantoic encore un chien ae cet
artille , & un veau de Ménechmus. Phne nous
aíTure que les anciens artilles íailoient >.s ete
féroces d’aprés le naturel , Se que Praxite e
devane lui un lion vivant, lorfquil fempta e ro
des animaux. •
On n’a confervé des Iions 8e des chevaux a .
ques d’une grande beauté , tant de ron
Se de demi-boffe , que fur les medaiues
pierres gravees. Les arricies Lion Se Cheva appren
dront combien étoit admirable le ciieau qui e
a produits. Rome feule poííede encore p u e r
animaux de fabrique erecque, executes en pierr
dures Se en marbre.'^La Vüla-Negrpni renferme
un trés-beau tigre de bafalte, monte nn
enfant de marbíre. Le bouc du pal^^**
eíl d’un rare rravail ; mais il f^dt obfetver que a
tete n’eíl pas antique. ,
Aa reñe , il feroit étonnaat que le ^
n’euíTent pas réufli á repréfenter des anima ¿
puifque Fon attachoit un grand prix a ees repr^
fentations, qui étoient ordinairenient .es ym. o. ^
ou les monumens de quelqu’événement mem
rabie. Telle étoit la lo uve , du ílyle ct.u.que,
allaitant Rémus Se Romulus , p® ,
aujourd’hui au capitole ; tei étoit le grou^pe -
u • combatrant
bronze, qai reprefentoit aiiexindi*^^' ^
un lion, que Craterus confacra a ^
le boeuf doré que le peuple romain tit ^ e\ e. pa.
reconnoiífance á L. Minucius ; tel ^ -vii ^
marbre du tombeau de Diogéne ; ^ \
gravee fur le fépulcre de ’ ^ _
enfin ces Iions que les Egyptiens
fouvent comme ua des emblemes des ' *
mens du Nil, & oue les Grecs & les us
employerent par imitation , Ltns --íü-* j
i’eau des" fontaines Se des aquéducs-
Av.c ,ue!Iep,oM«=
maux fur les vafes; Sans p<^t:cr a- Ao-nVs
étoit ordinairement couvert , toutes j-__’
faillantes, les pieds. Ies f nfes , les
inftrumens, étoient formées par d _ - .
ou, des grouppes ¿‘animaux. 1?
comte de CaVlus s’eíl-il récrié fur 1^ vane.e la
richaire & k t?n,soúíae ces
jetteuncoup-doeil, meme rapide, lur ■»
fur ceux d’fíerculanum , ou des vafes s. ^
fur Ies médaiUes grecQues , & ®
gravees en particulier; c’eft alors qu on lera eu
Z 13
i8o A. N I
é:at de rendre juílice aux anciens Tur Texcellpce
de leur fca!ptüre pour ¡es repréfentations ¿’ani-
TTIUUX,
A NI M AUX fur les médailles. Les animaux
graves fur Ies médailles des viiles grecques^ en
exprimoient ordinairement Ies fymboles , ou ceux
de ’-feurs divinirés tutélaires. Quelquefois üs expri-
ment leurs noms , comme les armes parlantes :
te¡ efl le renard des médaiües df4lopéconnefus ,
done le nom exprime en grec celui de Y animal.
Sur les médailles romaines ^ on voit fouvent
les repréfentations des animaux extraordinaires i
qai avoient été expofés dans les jeux pubíicSj
Se-particuliérement dans Ies ieiix féculaires. Dans
les médailles de Philippe ^ d'Otacüle , de leurs
íüsj les revers portent la figure des animaux qui
furent expofés dans les -jeux féculaires de Tan icoo
de Rome , avec les mots fícalares Augg. Quand
Íes' fpeéíicles devoient durer pluíieurs jours j on
n’expofoit á chaqué journée qu’un certain nombre
^anámaux , pour procurar au peuple un plaiíir
íoujours nouveau. On avoit foin de marquer fur
Ies médailles la date du jour ou ces animaux pa-
loiíToient ; ce qui fert á expliquer les chiffres i ^
II j iii, iVj 'V'j VI j qui fe trouvent fur les mé-
daille des princes nommés plus haut. lis nous
apprennent que teis animaux iüx.zm. donnés en
fpedacle le premier ^ le fecond^ le troiíiéme ou
le quatriéme jour.
Les animaux fur Ies médailles expriment quel-
quefois les légions qui les portoient dans leurs
enfeignes. Ainíí voyons-nous calles de Gallien ,
avec un porc-épic, ou un Ibis ou Pégafe , &c.
líous renvoyons á Particle de chaqué animal pour
apprendre de quel objet ou de quel peuple il
étoit le fymboíe . & réciproquement á rarticie
de chaqué peuple ou ville qui l’a placé fur fes
médailles.
Animaux fantaftiques. Grotesques.
ANÍO, riviére, appelée auiourd'hui Teverone,
qui paffe á Tivoü , & fe jetre dans le Tibre au-
deíTus de Rome. On en avoit conduit deux bras á
Rome pour en former deux aquéducs appelés
Anio veras 8c Anio novas. Le premier avoit fa
prife d’eau á vingt milles de Rome , au deíTus de
Tibur. L'eaa y couloit fous terre la longueur de
43.297 pas 5 Sí au jour dans le canal de mapon-
nene Pefpace de yyi pas. Cet aquéduc avoit fa
diftribution d'eau dans le quartier de Publicius ,
vers la perte Trigémina , á Pendroit aj^elé Ies
Salines. Manius Curius Dentaras étant cenfeur
Pan de Rome 481 , confacra Ies dépouilies du rol
Pyrrhus á le conftraire 5 Sí neuf ans aprés , il
fat creé duumvir pour achever cette entreprife
avec Fulvius Flaccus. U Anio vetus ne donnoit
qu’une eau trouble Sí peu faiutaire ; c’eíl pour-
quoi on ne Pemployoit que pour arrofer les jar-
dmsj & pour emporter Ies immondices de la
ville.
L aquéduc appelé Anio novas ^ avoit auífifa prife-
A N N
d’eau dans Y Anio , á quarante-deux milles de
Rome- Son eau entroit dans- la ville par le meme
aquéduc que Peati appelée Claudia , rnais dans
un canal plus élevé. Son cháteau d’eau étoit placé
á la porte MajearCj d’oú elle fe diíiribuoit dans
Rome 3 & envoyoit une divifion confidérable au
pied du mont Aventin. Comnae Y Anio couloit
dans un terrein gras & argilleax , fon eau étoit
rarement limpide. Pour la dépurer , on avoit ora-
tiqué á la prife d’eau un grand réfervoir, ou elle
dépofoit fon limón avanr d’entrcr dans raquéduc.
Malgré ces précautions 3 Feau de Y Anio atrivoit
trouble lorfqu’il avoit plu.
ANUIS j nom fouslequel Biane étoit honoréc
á Ecbatane , dit Plurarque.
ANIÜS;, tiroit fon origine de CadmüSj par
fa mere Rheo^ filie de Stéphilas. Rhéo ayant
manqué á Fhonneur , fon pete Fexpofa fur la mer
dans une barque qui aborda á Délos. La , elle
accoucha á’Anius , qui devint roí du pays. Délos
étoit une ifle fameufe par la nailTance de Diane &
d’ Apollen. Le dieu y avoit un temple célebre,
oú il rendoit des oracles , & dont Ardas étok
pretre. Rex Anius , rex ídem hominam , Thahique
factrdos , dit Virgile. Ce prince eut, de fa femme
Dorique, quatre enfans., un fiis & trois filies. Le
fiis, á qui Apollen avoit accordél’art de prévoir
Favenir , fe nommoit Andros. II quitta fon pete
pour s’aller établir dans Fifle á laquelle il donna
fon nom, & oú ii régna.
Les trois filies fe nommoient Deno , Sperneo
& Eiais : Bacchus leur avoit accordé le pouvoir
de changer tout ce qu’elles toucheroient en bled,
en vin ou en huile ; ainfi elles étoient devenues
des fources fécondes de tout ce qui efl: néceííaire
á Fu 'age de la vie. Les Grecs voulurentles avoit
dans leur camp devant T roye , pour nourrir Far-
mée á peu de frais & fans travail. Agamemnon
les enieva d’entre les bras de leur pére ; mais elles
trouvérent le m.oyen de s’échapper, & s’enfuirent
cíiez Andros, leur frére. Une troupe d’hommes
armés entra auíli-tfit dans fes états , & le for^a de
livrer fes fceurs. Dans le tems qu’on fe préparoit
a les enchainer pour les emmener devant Troye,
Bacchus Ies changea en colombes.
ANNA, étoit le nom de la fosur de Didon,
qui , aprés la mort de cette princeíTe , ceda Car-
thage á larbas , roí des Gérules , & fe retira en
Italie , oú Enée la reijut tres-bien. Mais la jaloufie
de Lavinia I ’obligea de fuir encore 5 défefpérée ,
elle fe jeta dans le fleuve Numicus, dont elle
devint une nymphe.
Anna Perenna , étoit une femme de la cam-
pagne , qui avoit apporté quelques gáteaux au
peuple r_pmain , dans le tem"s qú’il s’ étoit retiré
fur le mont Aventin. Ce!ui-ci , en reconnoifíance,
vor.Iut que fon nom fut honoré á perpétuité : Sí
c’eft á Ferenrdtaee cultas qu'elie prit le furnom de
Perenna. Varón la compre au nombre des dívi-
nités de 1;| campagne dans le ¡neme rang que
A N N
Palés, Cérésj &c. Sa féte étoit célébréc aux ides i
de M^rs, fur le bord du Tibre , pendant kfquelles |
le peu^le fe iivroit á la joie la plus vive. Cn y |
buvoit íargement, on y danfoit , 8c les jeunes filies
chantoient des vers , dans lefquels la pudeur
n'étoit pas ménagée.
On faifoit alluiion á une aventure galante qu’O-
vide raconte aa troifiéme livre des b aíles. Atina,
dit-d , ayant été recae dans le ciel, Mars, qui j
étoir amoureux de Minerv’e , pria la nouyeile i
déeíle de le fervdr dans fes amours. Ceiie-ci, a j
qui le dieu de la guerra n étoit. pas indifferent ,
lui ayant promis ce qu’il fouhaitoit , vint lui dire
un j’our que Minerve confentoit á répoufer , &
ayant pris un habit femblable á celu! de la deeíTe,
elle fe trouva.au rendez-vous } mais elle ne re-
cuei’ilit aucun fruit de fon déguifement, qui fut
découvert. _ , a . ,
D’autres écrivains veulent c^Anna fut !a lune ,
parce que fes revolutions forment YanrJe. Quei-
ques-uns la reconnoiflént pour une des Atlantides
qui allaita Júpiter. lo , felón les uns , étoit ré-
vérée fous le nom diAnna , & Thémis felón l.es
sutrcs* *
ANNALES. La différence qui fe trouve entre
\t%'annales & Vhiftuire , eft un point differemment
miré par divefs auteurs. Quelques-uns difent que
rhiícoire eít proprement un.récit des chofes que
Tauteur a vues , ou du nsQÍns auxcuelies il^ a
lui-métne aífifté. lis fe fondent pour cela fur
rétymologie du mor kifioire , qui lignifie en grec ,
la. connoijfance des chofes préfentes , bspe/?, voir.
Les annales, au contraire, rapportent ce oue les
autres ont fait, & ce que récrivain ne vit jamais.
Tacite !ui-méme paroit avoir-éré de ce fepti-
ment , puifqu il appelle annales. toute la premiere
partie de fon Hiííoire des fiécles paíTespau lien
que, defcendant au tenas méme ou ’l vivoit, il
charige ce titre , & donne á fon livre le nom
a Hifioire.
Aulugelle ( i. i.) eíl d'un autrejivis : il fou-
tient que Y hifioire' Ies annales &ifísctnt comme
le genre 8c refpéce; que riaiftoire eft le genre ,
& fuppofe uñe narration ou récit des chofes
paíTées ; que \ts annales font refpéce 8c font auíE
le récit des chofe's pafíees , mais avec cette diÉfé-
rence qu’on Ies réduit á certaines périodes ou
années.
Le méme écrivain rapporte une autre opinión ,
qudi dit erre de Semprohius Afelio : fuivant cet
écrivain , les annales font une relation nue 8c feche
de ce qui árrive chaqué année ; au lieu que Yhif-
toire nous apprend non-feulement ¡es faits, mais
encore leurs caufes, leurs motifs 8c leurs fources.
L’annalifte n°a pás autre chofe á faire que fexpo-
firion des événemens tels qu ils font en eux-mémes :
rhiftorien a de plus á raifonner fur ces événemens
8c leurs circonft-ances , á nous en développer les
principes. Se á réfiéchír avec une certaine étendue
ftir les conféquences. Cicerón paroít^iYoir été de ce
A N N
I S I
dernier fentiment , lorfqu il dit des annaUfies : Ur.anz
dicendi laiidem pntant efe brevitatern. , non e:cor-
natores nerum , fed tanmin narratores . ii ajolite
qu’originairement rhiñoire n^écoit qu’une coilec-
tion di annales.
L^objet en fut, dit-il, {de Orat. z. 12) de con-
ferver la mémeire des événemens : Res omnes
fir.gulorum annorum litteris manaare , efferre in
álbum , t¿ -pToponere tahulam áomi , potefias ut ejfct
populo cognofeendi. Le fouverain pontífe écrivoit
chaqué année ce qui s'étoit paffé l'année précé-
dente, 8c Texpofoit en un tabíeaii dans fa rnaifon ,
oú chacun pouvoit lire á fon gré. Cet ufage dura
jufqu au pontífe P. Mucius Servóla , qui fut rué
dans Ies troubles de Marius , vers Tan 620 de
Rome. On appeloit ces annales du ^onúít , annales
maximi, á caufe de la digniré de Fannalifte, Se
commentarii pontificum.
On croit qa^aprés la mort de Mucius Scxvola ,
la fuite des annales de la république ayant été
interrompue , pn la fit graver fur des tables.de
marbre, expofées aux yeux du public dans It forum,
vers les qomices. Cet endroit étoit défigné natu-
rellement pour cette expofition ; car c étoit -lá
que les fufifrages du peuple créoient Ies magiftrats
8c décernoient les honnears du triomphe. Ce fut
auiTi dans ce lieu qu’en rannée on dérerra
Ies Faites capitolins qui font éciits íur les rabies de
marbre, par lefqaelles furent remplacées annales
des pentires.
AiNlsEAU. Ce mot ayant ceux fignificatíons
trés-diftincies , nous en ferons cleux ameles; i'un
pour le mot áAnneau pris dans fon fens le plus
étendu , & Tautre pour ce méme terme , reftreint
aux bagues Se aux cachets. . .
.AnneÁU. Piine, parlant ( 13. 9.) des anneaux
qui fervoient á fufpendre des rideaux ou des por-
tieres , dit qu'on les faifoir d’un bois trés-dur.
Anneaux des efclaves. Les efclaves portoieat
des anneaux de fer aux jambes ou aux cunTes ,
pour attacher les chaines. C'étoit une marque
diñinéíiye de leur état malheureux, & i's ne
manquoient pas de les oífiir a quelque^divinité
avec leurs chames lorfqu ils étoient .affranchis.
Martial fait alluiion á cet ufage, lorfqu il -fe moque
d’un efeiave nommé Zoile , qui, ayant été ^ fait
chevalier. 8c portant en conféquence Yanneau d’qr ,'
avoir offert á Saturne Ies anneaux de fer , témoins
de fon efclavage j (3. 29. ) :
HaC Ciun ^CtyilTLü. COtTí^CdZ CLC¿LlC¿Zt CUtSHUS ^
Saturne , tibí Zoilas annulos priores.
On volt á Rome un anneau autour de la jambe
• de la fiatue d’un homme nud , dont le reítaura-
! teur a fait un gladiateur. Si la poíitioii de cette
ftatue, qui eft droite & tranquiLe , pouvoit le
permettre , on auroit pu y reconnoítre Promé-
thée ' Qu’on répréfentoit portant á une jambe
. Y'anneau avec lequel il avoh été attaehé fur le
iSi . A N N
caucafe. On fatr, á la vérité^ que Ies fsmsnes por-
toien: des braíTelets ( perífceiides) aux ja'.r.bes
comme aux bras 5 mais on na point q exemple
de ce luxe pour les hommes : car on iie peur
fiMapofer que ce foit ici la repréfentation d’un
efclave , qui pcrtoit á la jambe un an-ncan pour
attacher fa chains. Ceft peut-étre la ftatue d^un
guerrier bleífé ^ qui porte un bandage comme le
grand Pompée en avoit un lorfque Favorin le
íloicien luí dit : Le diadéme eH toujours le méme ,
dans queíqu endroit qudl foit porté.
En lyjij on trouva^ en faifant un grand che-
min de Nangis á Brai-fur-Seine , un cimetiére
d*une niédiocre étendiie. II étoit environné d’une
muraille,, contre laquelle il y ayoit plufieurs fqué-
Ierres adoíTés ; mais la plupart étoient placés fans
ordre, dans le milieu d’une grande foíTe. La lin-
gularité de cette découverte , dit le comte de
Caylus, {Kec. i. vjS. ) cortCiñoit ázvisXts anneaux
de bronze , que plufieurs de ces fquélettes avoient
aurour du cou ^ des cuifles & des bras. Ces
anneaux ^toient tres - légers ^ pleins & tres - peu
larges ; quelques-uns étoient ornes d’un gaudron
incliné , 8c d’un aiTez bon goúc ; mais en généralj
iis étoient unis , 8c les cercles étoient continus.
Celui qu il a pubíiéj a fervi de collier á un jeiine
homme ou á une femme ágée ; car il n’a que
quatre pouces trois ou quatre lignes de diatnétre.
íl a feu! une féparation &c une moulure , qui dif-
tinguent fes extrémités , ainíi que le deífm le fait
voír. Cette ouverture le rendoit plus commode
dans les endures du coUj ou lorfqubl faifoit quei-
quefíbrt. Tous les autres étoient abfolument
rondsj 8c égaux dans leiir contour. lis ne peus^ent
avoir fen'i fans avoir cté foudés en place.
■On trouva auífi dans ce méme endroit , un pot
rempli de médaiiles que les payfans diíiipérentj
fans qu’il ait été poífible d"en retrouver une feule.
li efl: done aiTez diíEcile de décider íi ce cimetiére
a été fait pour des gaulois ou pour des romains.
Ceux qui voudroient i’attribuer aux premiers ,
pourroient citer un paíTage de Strabon^ {üv. iv ¡
jag. 197) ou il eft dííj qu^outre lescolíiers, les ^
Gaulois portoient des anneaux aurour des bras.
On a méme trouvé plus d’une fois en France
(Relig. ¿es' Gaulois . tom. 1 , pag. 343.) des fqué-
ietres qui avoient de pareils ovnemens ; mais il
faut obferver que Strabon, Se plufieurs aurres
auteiirs difent^ en termes forméis j que les col-
Fers Se les braffelets des Gaulois étoient d^or,
tandis que ceux des fquélettes trouvés en France,
n’ctoient que de bronze. 11 faut obferver de plus ,
qu il n'eft pas oit que ces fquélettes euíTent des
av.neaux autour des cuüies , comme on en a vu
quelques-uns á ceux de Brai-fur-Seine.
Cette circonftance femble défigner plus parti-
culierement des efclaves romains. II eñ conftant
qif ils portoient des anneaux aux cuiííes ; Ovide &
Martial en font mention ; mais comme il n'eñ pas
dit qu^’f s euífent des eolíiers 8c des braíTelets , le
A N N
comte de Caylus croit qu il faut fuppofsr ici uq
mélange d’ufages entre ces deux nations. 11 djt
que le cimeti-ére nouvellement découvert, renfet
moit Ies corps de quelques gaulois, efclaves des
Romains, qui, fuivant le goút de leur nation,
portoient des colliers Se des bralíelets , & qui ^
pour marque de leur fervirude , avoient des anneam
autour des cuiffes.
Anneau des Ofiris & des prétres égyptiens.
On obferve que la plus grande partie des prétres
ou des ofiris, comme on Ies appelle communé-
ment j préfente un armeau rond & faillant a hau-
teur des pieds , & place toujours a la droite. La
figure du n°. ó, pl. 8 du Recueil du comte de
Caylus , & plufieurs du cabinet de Sainre-Gene-
viéve, en ofifent des exemples. Ce favant n’a pu
dire Ies raifons de cette particularité. Ii remarque
fealement que cet ornement fondu dans la piéce,
fe trouve dans les figures de cette efpéce de toutes
proportions , Sc méme dans celles qui fervoieijt
d’amulettes.
Les Egyptiens environnoient le pied de leurs
momies, de plufieurs petites divinitésproteéirices,
ou de prétres qui prioient autour de leurs corps.
On pourroit done croire que ces anneaux fer-
voient á les attacher pour les fixer auprés de la
figure. Cet ufage étoit établi chez Ies Etrufques ,
qui pergoient Ies pieds de leurs dieux j'‘pour les
contraindre á demeurer dans Tendroit oii ils les
pla^oient.
Mais on feroit d’abord embarraffé a expliquer
pourquoi cet anneau fe trouve préférablement
du cote droit ; fecondement, les amulettes de-
truifent cette fuppoíition , á moins qu’on ne
voulút dire que íes Egyptiens portoient ces
divinités ou ces interceíTeurs á leur col pendant
leur ¥Íe, pour éclairer toutes leurs aólions, 8c
pour Ies fixer apres leur mort dans le tombeau,
comme des témoins capables de dépofer en leur
faveur.
Anneau, bague- Les Poetes ont feint que
Prométhée ayant dérobé le feu du cielpour animer
fon automate , fut attaché , par ordre de Júpiter ,
furje caucafe, & condamné á étre rongé vivant
par un vautour. Cet infortuné étoit doué de l’ef-
prit prophétique , & il s’en fervit pour avertír
Júpiter de ne point entretenir de comrñerce avec
Thétis , parce que le fiis qui en devoit naítre le
chaíTeroit de fon royanme. Le fouverain des dieux
vouíant récompenfer Prométhée du bon avis qu’il
luí avoit áonné , permit á Hercule de lui rendre la
liberté , á condition feulement qu’il porterdit au
doigt pendant toute fa vie un anneau de fer , dans
iequel feroit renfermé un morceau du rocher te-
moin de fon fupplice- On a cru que la mode ae
porter des anneaux avoit pris de-Iá fon origine.
Mais Püne ( lih. 23. i. ) dit expreíTément qa’on
ignore le nom de celui qui a porté le premier an-
neau , 8c que l’hiñoire de Prométhée eft auíTs ra-
buleufe que ceiie de Midas. II parok que íes Perfes
A N N
s’en font fervi ce rcure antiquité ; & Alexandre í
cachetok , felón Quinte-Curce , a?ec fon ann-eau !
Ies lettres qu ii écrivoi: en Lurop-e ^ & avec celui
de Darlas les lettres qu il adreíToit aux Ferfes. _ Ce
peuple aíTuroit que Guiamíchid ^ quatriéme roi de
la premiére racCj introduiiit Tulage de porter des
anneaux aux doigts , pour cacheter les lettres & les
autres actes néceíTaires dans le commerce de la
vie. Les Brachmannes fe parent ^anneaux dans
Philoñrate^ {liv. m. c. 4.) Pour Jes Grecs ,
pline croit , {liv. 3 3 . c. i . ) qu au tems de la guerre
de Troje , ils n'avoient point encore Fufage' de
Yanneaii : la raiíbn ell qkHomcre n'en parle point ;
& que quand il s'agit dans fes poémes d'enyoyer
les lettres , ou de renfermer des habits précieux j
& des vafes d ’or & d'argcnt dans des caíTertes
on Ies lie, on noue les liens; mais jamais on
n'imprime la marque de Y anneau. V oyez le ó- kvre
de 1 liiade , & le 8' de rOdyíTée
Les Sabins avoient des a/uzeaiix des le tems de
RomuluSj au rapport de Denys d'Haiicarnafle ,
liv II. Les Étruriens en avoient auífi du tems fles
Rois de Borne, témoins les anneaux queievieux
Tarquin prit aux magiftrats d'Étrurie aprés les
avoir vaincus. Ibid. liv. i. c. y. Pline croit que cet
ufage avoit paíTé de la Gréce á ces habitans dltalie ;
& que c’eñ par Fun ou Fautre de ces peup'es qu il
fut tranfmis aux Romains. 11 ne s'introduiíit pas
cependantd'abordá Borne; Pline ne faitlequel des
Romains a commencé d’en porter; il aíTure que la
ilatue de Romulus , qui étoit dans le capitole , n’en
avoit point, ni méme aucune autre , excepte ceiles
de Numa & de Servias Tullus. Celle de Brutus
méme n'en portoit pas, ni les Tarquins, quoi-
qu’originaires de Gréce , d’oú Pline croit que cet
ufage avoit paíTé en Italie.
Les anciens Gaulois & Ies Bretons , peuples
originaires des Gaules , portoient des amieau^ ;
mais les paroles de Pline qui FaíTurent au meme
chapitre , ne nous donnent point á entendre íi
Vanmau avoit chez ces peuples d'autres ufages que
Fornement. Les Franqois en portoient auiíl , &
Fon a trouvé dins le tombeau de Childéric fon
anneau d’or , que Fon conferve á la Bibliotheque
du Roi , & fur lequel font graves ces mots :
CirizDTRrcT Reg ts. CcIuÍ dc Loiüs ie Débonnaire ,
rapporté par ChifSet , avoit pour infcription :
XP-E PROTEGE HeLDOVICUM IMPERAT03.EJIÍ.
Quant á la matiére des anneaux , il y en avoit
d’un metal fimple , <k d’autres d'uti mécal mixte ,
ou d’un métal double ; car quelque fois on doroit
le fer & Fargent, ou bien on eníermcit For dans
lefer, comme il paroít par Artémidore , liv. ii.
c. y. Les Romains fe fervirent tres - long - tems
S anneaux de fér ; & Pline aStire a Fendroit que
i’ai cité, que Idarius n’en porta un d’or qu’á fon
troiüéme confulat , Fan de Rome óyo. il en elt
cependant parlé dans Tire-Live, á Fannée 432 de
Rome , i Foccafion du deuii que caufa á Rome le
traite honceux de Caudium. Ceíl la premíete fois
A N N 185
qu’on Fa trouvé dans FKiilcire Rcmaice , Tke-
Live , liv. IX. ch. 7. II y en avoit dont le ;onc
étoit de fer ou de bronze , le chatón d‘cr ;
d’autres étoient ouverts, mais élaítiques. Quelques-
uns étoient folides , & d’autres étoient creux ,
comme témoignent Artémidore , liv. 11. ch. 2,
l'eitus , au mor Edera , 8c Aulugelle , liv. x,
cA. ly.
.Quelques - uns avoient une pierra précieufe
pour cachet , 8c d’autres n’en avoient point.
Ariílot. Phiiic. liv. IIP. ch. 5. JuL Poiiux, í.iv. vi.
ch. 33. V. 7. Artémid. /iv. n. ch. y. La pierre de
quelques - uns étoit gravée, a d’ autres elle ne
Fétoit point, Pline , liv. ch. i, II y a des ;-c-
ruaux ciú portoient deuxpierres, 8c méme davan-
tage : une lettre de i’empereur F’alérien en fait
foi , aaffi-bien que Trebellius FoHien, dans la vie
de Claude-!e-Gothicue , cL 14. Au lieu de pierre
précieufe le pecp'e mettoit du verre , 8c c’étoit
Fufage de ces pares íi communes dans les collec-
tioiis de pierres gravees. Pline , liv. 5 y ck. 6. C eiies
qui étoient gravees en creux s’appeloient Gewi.Tiá
eotip&; 8c en reiief, GemniA fculpturd prominente.
On voyoit des anneaux faits toat entiers d’une
feule pierre précieufe , ainíi que d’ambre , comme
on peut le voir dans Artémidore , liv. ii. ck. y.
.dans Pline , liv. 37. & dans le Daciytiliotkeca de
Coristas , n. loi.
Ii y a eu piuiieurs manieres différentes de porter
les anneaux. Chez les Romains , avant qu’on les
ornar de pferres précieufes , lorfque la figure fe
gravoir encore fur la matiére méme de V anneau ,
chacun Ies portoit á fa fantaílie , á quelle main &
á que! doigr il lui plaifoit. Macrobe, iiv. vn,
ck. 13.
Quand on y eut ajouté les pierres , on les porta
de préference á la main gauche , & ce fut une dé-
licateíTe exceffive de les porter á la droite. Lucien
Navig. l’ertul. de 1‘habit des femmts , ch. dern.
Pline, liv. 35.1. Silius Ital.liv. xi. Hor-at. liv.
II. Stat. Vil. V. 8. Jul. Capital, in Maxim, c. 6.
II femble,par les derniers mots dui. Iiv. de Tertiii.
de Culta fem. cue du tems de ce Pete on n’en por-
toit encore qu’á la main gauche. Sinifira per jingu-
los dígitos de Jaccis Jingulis /ithfr.lln eut pas ouoiie
la main droite dans un endroit ou il ne cherche
qu’á exagérer ces fuperfluités, íi ony avoit porte
des anneaux. Pline dit qu’on les porta d’abord au
quatriéme doigt ; que les ílatues de Numa & de
Servias Tuiiius en étoient des preuves; qu enfuite
on en mit au fecond , c’eft-á-dire , a i índex ; en-
fuite au petit doigt, & ením á tous Ies autres,
excepté celui du milieu. Les Crees re portoient
auRi au quatriéme doigt de la main gauche , Aulu-
gelle, liv. 10. ck. ic. La raifon qu’il en apporte
eíl qu’ayant trouvé par 1 anatornie , que ce doigt
avoit un petir nerf qui aiíoic uroit au coeur , liS
crarent au á caufe de la commurkition qu'il avoit
feul avec la plus noble partie de Fhomme, il étoit
pkis honorable. Les Gaulois & les anciens Bretons ,
184 A N N
le portoient au doigt du milieu , comme PIi:ie
le rapparce á Fendroit que j'ai cité.
D'abord oK ne porta qu'un feul ctmíiu, enfuite
en en porta á toiis Ies doigts. Man. liv- r. Epig. 6 3 .
Terttii. ae CuLtu fcm. liv. 1. & pluiíeurs méme á
chaqué doigt. Mart. liv. xi. Ep. 60. Enfin, on
en porta un & méme pluiíeurs á chaqué jointure
de do-gt , Anítoph. ia nubib. Martial, liv. vr.
Ep. II. Senec. nat. qu&ft. liv. vn. -c. 31. Quintil.
infiit. liv. XI. Ciement. Alex. Psdag. íiv. m.
ríine dit que les sTin-caux deviiirent íi corainuns
á Rome, qu'on ea donnoit á toares Ies divinités^
méttie á ceiles des peuples qui iden avoient ja-
máis porté eux-mémes. Ce paffage nous indique
Tufase auquel pouvoit étre deitiné cet anneaa de
fer, de quatre Tignes de diamétre intérieurj pubiié
{Kec. II , vi. 88-) par le comte de Caylus, Se qui
paroit lidicuíe par fa petitelTe. II eft travailié avec
foin , Se Ton a ferti une petite émeraude dans ¡e
chatón , réfervé dans ia plus grande épaifleur. lí
ne peut avoir fervi á aucun enfant , & fans doute
il ornoit les doigts de quelque divinité dotneftique
ou dieu iare. Les anneaux de fer ont été en grande
coníidération á Rome pendant long-tems , á caufe
apparemment de la rareté de ce metal , & méme
quand tous les métaux furent devenus plus com-
muns j dans le tems ou le luxe étoit pouíTé au
plus grand excés.
Quoi quhl en foit , on ne peut douter que les
Romains n’en ayent orné leurs ílatues. Pline dit
encore a ue ces anneaux étoient mobiles ^ c"eíl-á-dire ,
quon pouyoit les óter Se: les remettre felón les
fétes & les circonílances.
lis en donnérent au/E aux repréfe.ntations des
Tiéros. Les plus grandes ílatues en bronze de
Portici 3 repréfentent des empereiirs 8c des impé-
ratriceSj Se il n'en efe auctine qui ne foit au-deíTus
de la grandeur naturelle ; mais eiles font j dit
Winkelmann , d'un travail mediocre. Elles ne
préfentent de remarquabie que Yanneau. placé
au doigt annu'aire de la main droite de quel-
cues-ur.s des empereursj Se fur lequel eft gravé
un baton augura! ( lituus ) 3 pour déíigner qulls
étoient fouverains pontifes.
La délicateíTe & le luxe allérent íi loin en ce
gente 3 qu on eut des anneaux qui fervoient par fe-
meftre 3 pour me fervir du terme de Juvéna! 3 Sat.
VIí. V. 8g. Aurum femeftre , femefires annuli , les
uns pour Teté 3 les autres pour Fhiver, Ventilat
sJlivum digitis fudamibus aururn.
Cette mode nous apprend Tufage des anneaux
épais & foiides de fardeinCi de cornaiine, '&c. de
verre méme, que nous tro uvons dans Ies colleéiions
d’antiques. Le jone & le chatón font d’une feiile
piéce. Le comte de Caylus en a pubiié , entre
autres, un de ces derniers {^Rec. 11 , pl. 88). Cet
mneau eft plus minee d"un coré que de Tautre ,
á deíTem de le rendre plus facüe á porter, foit
au petic doigt, foit á Tindex, en tournant le petit
cóté en dedans la main. Sa gtoíTeur eft une pifeave
A N N
de fa mode bizarre qui a regué pendant' que’que
tems á Rome. Juvénai , dans le vers cité plus liaut
a exprimé deux ridicules á ia fois; ceiui des bagues
épaiíTes , &celui de ces hommes eíFéminés, quj
ne vouloienr pas les porter dans les grandes cHa-
leurs, de peiir de s'échaufter j & pour nous con-
vaincre que ia grofteur énornie des anneaux étoit
efreétivement paiiée en ufage , il ajoute dans un
autre endroit ( Sit. vii , v. 139.), en fe moquaht
des avocats de fon tems :
Ciceroni nemo ducentos
Nuac deierit nummos , niji fulferit annulus ingens.
II paroit 3 par les derniers mots du premier livre
de Tertulien, de Eornement des femmes , quon
faifoit des dépenfes exceífives en ce genre ; mais
íi Ten en croit Lampridius , ck. 3 i. perfón:;* ne
pouíía Ies chofes á un íi grand excés qu Éíagabale ,
qui ne porta jamais deux fois, ni le méme anneau^
ni la méme chauíTure. Aujourd'hui on ften porte
qu au quatriéme & au cinquieme doigt, maispius
ordinairement au quatriéme , qui fe nomme le
áoigt porte-anneau , Síenlatin, annularis. Quel-
ques tableaux de 100 & de ico ans en oíFrent á
Y Índex , c'eft-á-dire , au fecond doigt.
On a auíll porté des arMcaux aux narines , de ia
méme maniere que des boucles aux oreilies. S. Au-
guftin TaíTure des Maures , &c Bartolin a fait un
livre de Annulis narium , des anneaux des narines.
Pietro de Valle & Licet en parlent auíTi ; & le pre-
mier aíTure que Ies orientaux ont cette mode.
Enfin 3 il n'y a guére de patries du corps humain
ou la galanterie n’en ait fait mettre , á Tenvi des
doigts de Tune ou de Tautre main. Les Relations
de Tlnde Oriéntale aíTurent que les habitans les
portoient ordinairement au nei, aux lévres, aux
joues, au mentón. André Corfal, en dit autant des
FeiTunes Arabes du port de Calayates. iSous iifons
á peu - prés la méme chofe dans Ramuíio , des
femmes de Naríingue dans le Levant 5 & Diodore
rémoigne au ^troiíiéme livre de fa Bibliothéque ,
que celies d’Erhiopie avoient coutume de fe per-
cer les lévres avec un annsau d'airain. Pour ies-
oreilies , par tout ie m.onde on s’eft plil , hommes
Se femmes , á y fufpendre des bagues de prix.
Les índiens 8c Ies Indiennes , & entr’au’tres les
Guzzerates , ont oorré des -anneaux ■ aux doigts
des pieds. Quancí Pierre Alvares requt fa pre-
miére audience du roi de Caücut , il le vitj toUt
couvert de pierreries encháíTées dans des pen-
dans d’oreiiles , des braíTelets & des anneaux ,
tant au:< doigts des mains que des pieds , fáifant
voir fur Tun de fes orteüs , un rubis & un efear-
boucle d'un trés-grand prix. Louis Barróme repte-
fente un Rot de Pégu qui étoit encore plus ex-
ceíTif en cela 3 n’ayant aucun doigt de fes
qui ne fút chargé d'anneaux garnis de pierreries.
idzm.
Par rapport á Tufage , il y avoit trois fortes
différentes cY anneaux chez les Anciens. Il Y avoit
- des
A N N
(íes mneaux cid fcn'oient á diftinguer les condi-
tions. Fíine añare á Tendroit que j’ai deja cité fou-
vent , que áans Ies commencemens Ies Sénateurs
mérne n'avoient pas permifiicn de portcr Han^eaux
á’or , á iTioins qu’íis n’euíTent été Ambafíadears
chez queíques peuples étrangers , encore ne leur
é:o:t-!l permis alors de porrer Varineaa d’or qu'on
leur donnoít , que dans Íes aótions publiques ;
dans leur particulier ils en portoient an de fer. Ceux
qui avoient mérité le triomphe obfervoient la
méme chofe. íl fut enfuite permis aux Sénateurs
& aux Chex'aliers de porter Yannea-u d'or ; mais ,
íi J’on en croit Acron far Horace ^ l. ii- Sat. vii.
V. i!s ne le po avoient faire que le Préteur ne
Je leur eut donne. Aprés cela ce fut la diítinélion
des ChevaüersRomains.Píine jc. 8. Diodore, /.48.
Xe peaple porto it Yanneau d’argentou de bronze j
les efclaves le portoient de fer.
On accordoit cependant Yanneav. d’or á des gens
da peaple. y oyez Cicéron, dans fon troiíiéme dif-
cours furyerres, & I. x. ép. 31. Macrobe j Saturn.
liv. II. ck. I©, & l’infcription fuivante :
D. M. s.
C. ANTONIO. C. F. FLA
VINO. VI. VIRO. JUN.
HAST. LEG. II. AUG. TORQ.
AÜR. ET. AN. DUPL. OB. VIRT.
DONATO. JUN. VERECUN
DA. FLAM. PERP. MUN. EBOR.
MATER. V. C.
Sylla accorda le méme honneur au Comedien
Bofcius ; Céfar á Laberius j & Balbas á Heren-
nius Gallus. Sévére le permit méme á toas les lim-
pies foldats. Avant Auguíle on ne I’accorda Jamais
qu’á des gens libres. Ce Prince fut ¡e premier qui
donna Ya?ineau d’or aux añf anchis. Dion , /. 48 & 5-3 .
Cet abus alia fi loin , que Tibére fat obligé ^ an ,
rapport de Pline , 1. 5 3 . c. 2. de !e corriger par une
loi qu’il fit l’an de Rome 763 ^ la neuviéme añnée
de fon gouvernement.
On paíTa bientót aprés par-deíliis ce réglement ^
& le Sénat accorda l’ufage de Vanneaii d'or á des
affranchis de Claude , de Galba ^ de Viteüias , de
Dcniitienj & méme de particuliers ; Pline, 1. vm.
Ep. 6. Tacite, h;ji. ¿. i.c 13. Siiét. dans Galba,
c. 14. Enfin la Novelle 68. de Juñinien, le permet
á tous les affranchis.
Vers Pan 1763 , des pavfans trauverent , en
fouillant un tombeau dans le territoire ' de Cor-
tone , un anneau d’or , fans puerre , S-r da poiJs
de plus d une demi-once.rom.iine. íls en trou-
vérent pea d’années apres un tout parei! j Sz enfin
un troiiiéine , travaiilé au burin , fans aucun
alüage. -II repréfente , en bas-relief. Leda avec
le cigne, qui pofe fes pieds fur fa cuide, & appro-
cbe fon bec de la bouc'he de Leda. Elle étend
le bras droit pour carelfer le col da cigne. Cet
ouvrage étrufque n’eft pas bien fird, mais il eíl
Anti quites , Tome I.
A N' N
trés-exprelTif. On en a trouvé enfin un quatriéme,
beaucoup plus épais que Ies trois premiers.
On quittoit Yatzneau d’or dins le deuil & l’af-
fiiciion. Les patriciens de Reme le quittérenc i
! la nouvelie de la capitulation de Caudium. Aprés-
! la mort d’Auguñe & pendant le tenas de fon dea;! ,
I les fénateurs mirent des anneiux de fer á la place
j de leurs anneaux d’or. Les accufés & les fuppiians
¡ dépofoient auiTi cette parure.
IUne»autre forme anneaux font 'es anneaux
des époufaüles , annuli fponfalitii , ou les anneaux
des noces, des mariages, annuli geniales , annuli
pronubi , annuli nuptiales. L’époux, chez Ies Ro-
mains , en donnoit un á fa fiancée. Juvénai ,
( Sat.- VI. zy. ):
Convenmm tamen , Sípacíum , & fponfalia , nojirá
Tempejiate paras , jaraque a tonfore magifiro
Eeñeris , & dígito pignus fortajfe dedifti.
Pline (33. I,) affure qu’il étoit toujours de fer
& fans pierre. Mais 'Tertullien , écrivain trés-
inílíuit des antiquités romaines, difoit cent ans
environ aprés Pline, que X anneau de mariage étoit
d’or. Ifidore ( 19. 32.) écrit que les femmes ne
portoient d’autre anneau que celui du mariage,
qui étoit d’or , & qu’elles n’en portoient jamais
plus de deux. On peut juger par ces deux paíTages
que la matiére des anneaux de mariage avoit changé
dans í’efpace d’un liécle , 8c étoit reftée depuís
invariablement ia méme iufqu’á ííidore. Kotoman
a penfé que Y anneau envoyé en céréraonie par le
mari étoit de fér , 8c qu’on le porteit chez foi ;
mais qu’il en donnoit un fecond d’or, deftiné á
parer la mariée dans les cérémenies piibüque's.
Au refte , les amans do.nnoient de femblabies
anneaux á leurs maitreíTes , qui fervoient fouve.nt
chez les comiques grecs & latins á opérer des
reconnoiíTances.
La troiíiéme forre ^anneaux , font ceux qui
fervoient á cacheter, annuli fignatorii , annuli^
fignaricii , cirographi , OVL cerograpki q earc’eíf z'mñ
qa’il faut lite dans Catulle , épigr- zj , 8c non
pas chirograpkofque tkynos ; c’eír á Saumaife qu’on
doit cette correction. Catulle donne á ces anneaux
l’épithéte thyni; 8c des vers rapportéspar Iíidore,
difent que la lune thynienne Íes poliíToit, parce
que c’étoit en Bythinie qu’on les faifoit , ou
qii’on les travaiübit le mieux. On prétend que ces
anneaux^ l’ufage de cacheter, font une invention
des Lacédémoniens , qui, non contens de fermer
leurs armoires 8c leurs coífres avec des clefs , y
ajoutérent encore un cachet } á cet effet , ils íe
fervirent d’abord de bois rongé parles vers, dont
ils imprimoient Ies marques fur la cire ou la terre
moüej aprés cela, ils trouvérent Fart: de graver
fur les anneaux, des figures qui s’imprimoient de
méms.
Dans la faite, Y anneau fervit á cacheter ou á
ceder tous Ies acles, les contrats, les dlplóraes,
A "dk
1^6 A N N
. les lettres. On en voit des exemples dans Xéno-
■phon. Hellen , liv. i dans Quinte-Curce, //r. ri,
C.6-, dans Jufcin^ ¡iv. xzm , c. 3 , oúrcn apprend
er;Core que ce fut une charge auprés de Tempe-
reucj que d’avoir la garde de Yanneau. Le réfé-
rendaire faifoit aiitrefois la mérme fonélicn auprés
de nos rois , de méme qu'auiourd’hui Ies fceaux
font entre les mains du chancelier ou du garde
des fceaiix. Aiexandre donna fon anneau en mou-
rant á Perdiccas , pour le défigner fon fucceíTeur j
ii nous en croyons Luden, dans fes Dialogues.
On s’en fervoit encore pour fceüer Tentrée de
tout ce qu’on vouloir teñir exadement fermé. On
fcei loit de méme Fentrée des maifons, Ariílote,
( de Mirabili. aud.) ,• Fappartemenr des femmes ,
Ariílophane , dans la féte de Cérés 5 tous les
meubles , les cofFres”, les caíTettes , Ies bouteilles
de vfn , Ies bourfes , córame on le voit dans Piine ,
liv. XXXIII, c. I- Plaute, Cafin , acl. ii , fe. z;
Martial, liv ii, épig. 85; Tacite, Annal. liv. ii,
c. 2 j &.c. Voyei^^ Janus rutg:ersius , Var. LeS.
l. V, c. y. C’eñ pour cela, fans doute, que cer
anneaiL fe troiivoit le plus foiivent entre les mains
des méres de fámille. Solon fit une loi, par laquelle
ildéfendit, pour la fureté publique, á tous fai-
feiirs ou marchands aanmaux , de garder un mo-
déle d’un an.neau qudis auroient vendu.
Chez les anciens , les figures gravees fur Ies
anneaux n’étoient point héréditaires , & chacun
prenoit celies qu il lui plaifoit; Numa avoit dé-
fendu par une loi , que Fon y gravat les figures
des dieux. Fythagore défendoit la méme chofe á
fes difciples , Chm. AUx. Strom. l. v. L’ufage
abrogea la loi de Numa , & Ies R’omains gravérent
fur leurs anneaux , non-feulement leurs dieux ,
iTiais^ncore les dieux étrangers , & fur-tout ceux
des tgypuens, ainíi que Piine le rapporte, /. ii ,
c- 7; l. ij, 3- lis y gravérent des hommes, des
animaux , des chofes inanimées, leurs ayeux, leurs
fondareurs, leurs capitaines , leurs princes & leurs
favoris, &c. Les antiquaires trouveront ici réu-
nies les figures des anneaux , dont FhiíFoire nous
a confervé la mémoire.
Jules-Cefar avoit une Yémis fur fon cachet,
Dion, /. 4^. Le philofopbje AfcicpLde, Uranies
la famille des Mucriens, Aiexandre. Les anciens
gravorent auíii leurs ancétres ou leurs ami's.
Pv Lentulus Sura portoit fur le fien fon ayeul.
Cicerón, catíLin. 5; Gvide . Trifi. liv. i, éleg. 6.
Scipion le jeune , Scipion FÁfricaín Scipion
Rd.fricain , Siphax ; Sylla , .Tugurtha ; les amis
d’Epicure , la tere de ce philofcphe. Cic. de Fin.
hv. V. IFempereur C ommode , une amazone ,
repreleiitant Jal. Capit. dins lavied' Al'oin,
c. 2. Anírorr.éne , Agathocle , roi de Sicüe, Polyi.
liv. -xr'.^Caiiicrares, Llvffe, Aihen. l. i^/. Aiiguíie,
Aiexandre; plufieurs fticceOeiirs de cet empereur,
Suéton. dans Augufie , c. yo; Dion. l. zi.
jNaralle, Pallas; p’ufieurs Romains , Séjan ;
,i£s Orees, Hellen; les Troyens, Pergamus; les
A N N
habitans d’Héraclée , Hercule; ceux d’Atbér.es ,
Solon ; ceux d'Alexandrie , Aiexandre ; ceux de
Séleucie , Séleucus; ceux de Lacédémone , Lyeur-
gue ; les Cherfonites, Conftantin.
Que!ques-uns fe faifoient graver eux-m.émes fiir
leurs anneaux, Flaut. pfeudol. , act. i, fecn. I.
Vanneau d'or de Childéric, trouvé dans fon totn-
beau, & qui fe voit á la bibliothéque du Roi,
porte le portrait & le nom de ce pnnee.
Augulie avoit un Sphinx fur [on a7zneau , Plin.
l. XXXIII ,c. I. Mécéne, une grenouille. Ib. Pom-
pe'e , un chien fur la proue d"un navire ; les foldats
en Egypte , un efearbot , Pintare, de Ifide. Aréus ,
roi de Sparte , un aigle , tenant un ferpent dans
fes ferres , Joftphe , liv. xii , c- y. Darins , roi de
Perfe, un cheval ; Sporus, Feniévement de Fro-
ferpine, ' in ISerone , c. 46. Les Loenens
occidentaux , Féroile du foir, appelée hefpenis',
Strabon, liv. Tv. piine le jeune, un char tiré par
quatre chevaux; Folyerate, une lyre; Séleucus,
une ancre , CUm. Alex. Psdag. lib. iii. Fluíieurs
ehrétiens des premiers ñecles portoient fur leurs
anneaux le monograme de J. C., que Fon trouve
aiiífi fur plufieurs médailles des empereurs ehré-
tíens.
Anneau dujour de la nal Jf anee , annulus nata-
litius. On Fappeloit ainíi , parce qu’on ne le por-
toit que ce jour-Iá feu!err:ent. La plupart des
commentateurs croyent le reconnoitre dans ce
vers de' Perfe, ( i. 16.) :
Et natalitia tándem cum Sardonycke alba.
Quelcues-uns appellent annulus natalitius , un
anneaii que les amis ou les cliens envoyoient a
leur parrón ou á leur ami , pour le féliciter ait
jour anniverfaire de fa naiííance. Plaute , {Cure.
y. 2. 26.) :
Hic efi ANXULUS , quem ego tibi mifi natali die.
AnneAU des arrhes , annulus fponfionis. Lorfque
Fon concluoit un marché , on donnoit fon ar.neau
en gage de fa promeíTe , & pour fervir d’arrbes.
Cet ufige eíl prouvé par un grani nombre de
paffages du droit romain Le moine Flanude, qui
a écrit une vie fahuleufe d’Ef pe , fuppofe^que
Xanthus ayant parlé qu’il boiroit la mer entiere ,
donna fon anneau pour arrhes de cette gageiire ; ce
qui prouve que cet ufage duroit encore fous íes
empereurs grecs , tems oíi vivoit Flanude- On
donnoit également fon anneau á celui que 1 on
chargeoit d’ordonner un repas , dont chacun des
convives devoit payer' fa part. Térence , dans
FEunuque, (3. 4. i.) ;
Herí aliquot adolefeentuli cdinzus i^ [Pyr&eo _
Inhunc diem utde fytnbolis ejfemus : Chareameirei
Príferimus : dati annuli.
Cet anneau fervoit encore á faire reconnoiíts
A N N
su ciépcíitasre ce'ui qui }ui svoit remis le dépót.
Plante 3 (^Bacchi. 2.
• Cii, annuLum gnati tai
Fa cito ut memitieris ferre. Ni. Quid opus efi
unr.ulo ?
Ch. Quia idjignum efi cum. Theotimo , qui eum
iíli affcret ,
El aurum ut reddatur.,
Anneau des joueurs de fiilte. Ces muficiens fe
diítinguoient ordinairement par un brillant un-
neau, orné d’une pierre prédeufe. Suétone ^ dans
la vie de Néron ^ décrivant le coñume des fym-
phorañesj n'oubliepas Yanneauis. lamain gauche,
nec fine annulo l&vis. Une rufe du joueur de fiiite
grec Ifménias, attefte !a généralité de cet ufage
chez les anciens. Etanr envové en ambaíTade au
roí Artaxerxés , il fut obiigé de T.ieWr, felón la
coutume des Perfes. On ne pouvoit luí parler fans
cette falutation préalable, que les Grecs libres
abhorroient , comme profanant un aéle de refpeél
dú a la divinité feule. Ifménias arrivé au pied
du troné d'Artaxerxés , laiíTa romber fon anneau
comme par mégarde, & fe courba pour le ra-
mafíer. Les Perfes crurent qu’il adoroit le grand
roí , & les Grecs imaginerent fimplement que
rambaffsdeur avoit ramalTé fon anneau. dülien ,
{Hifi. I. 11 y.
Anneau de Samothrace , anmilus Samothracius
ferreus. C'étoient des efpéces de talifmans 'que
la fuperñition avoit inventes^ & que l'im.pcñure
accréditoic. On gravoit fur ces anneaux des carac-
teres magiqaes, & fon y renfermoit de fherbe
coupée en de certains tems, ou de petites pierres
trouvées fous de certaines conñellations. Ceux
qui portoient ces anneaux , fe crovoient á Fabri
de toutes fortes de revers, & aíl'urés du fiiccés
dg tout ce qu’üs entrepcenoient. On les appeloit
Samothraci&íis , parce que les peuples de cette iíie
s’appüquoient partí culiérement a étudier les fecrets
de la nature. (L ).
Anneau du pécheur. Les brefs apoftoüques
font fceüés de Y anneau du pécheur. Ce fceau eft
Biníí appelé , parce qu'on fuppofe que S. Pierre,
qui étoit pécheur, en a ufé le premier, que les
papes s’en fervent d'aprés !ui. 11 vYj a cependant
cu'environ quatre cens ans que ce terme eíl: en
ufage. Ce fceau s’appeüe ainíi, parce qu'il porte
l'image de S. Pierre.
AiN'NEDOTS, éroient trois animaux célebres
daos la mythologie chaldéennej ils fortirent l'un
apres Fautre de la mer Erichrée, fur les cotes de
la Babylon’e. Le premier forma les hommes de
ces contrées dans les fciences & les arts , Ies raf-
femWa , leur apprit á batir des villes , á confacrer
des temples aux dieux, a fe didter des loix; en
leur donjia des inítruciions fur tout ce
cui peut établir les mc£urs & les formsr. II parut
la premicre an.née d' Aloras.
A N N 1S7
Les deux autres parurent depuis fucceííivement ;
ils n'inventérent rie.n de nouveau, & montrérent
feulement plus en décail ce que le premier n'avoit
enfeigné qu'en gros. Abydéne les appellp demi-
dieux. Bérofe difoit que Fon confervoit de fon
tems dans un temple de Babylone, une repréfen-
tation du premier, qu'il appellc Oannes. Voyer^
ce mot.
A N N E E. Les anciens avoient fait de cette
péiiode de tems , une divinité , á laquellc ils
avoient elevé des autels. 11 y en avoit entr autres
á Cadix.
Ils avoient choiíi le palmier pour le fymbole de
Yannée ; parce qu'iis croyoient fauffement que cet
arbre poiiiTe une nouvelle branche á chaqué lunai-
fon,
AnnÉE (foukaiter la bonne année.y On croit
que cet ufage vicnt des Romains. Ils fe rendoient
des vifites & fe faifoient réciproquement des com-
plimens avant la fin du premier jour. Ils fe préfen-
toient des étrennes , firens. , & oífroient aux dieux
des voeux pour la confervation Ies uns des autres.
Luden parle de cet ufage , comme d'une chofe
trés-ancienne , & il en rapporte Forigine á Numa.
Ovide y fait aliufion au commencement de fes
Fañes.
P ofiera lux oritur , lingui fique animifique fiavete ;■
Nunc dicenda bono fiunt bona verba die.
Pline eñ un témoin encore plus fur j il dit
( /i¿. 28. c. I. ) Primum anni incipientis diem Isitls
precatiombus invicem fiaufium ominamur.
Le Comte de Caylus nous a confervé deux petits
monumens ( voye:^ Étrennes ) qui font trés-
précieux, á caufe des fouhaits qu'on y voit expri-
mes. Sur Fun on lit ; .tsnuM kovum ^austum
rEiicEM TIBI ¡ Se fut Fauti'e t .■iiriscuM novoyit
EAusTUM FELicBM MiHi. Ce demicr monumeiit
nous apprend que chez les Romains Fon fe fou-
haitoitá foi-méme la bonne année.
On trout^e dans la coíleétion du Barón de Stofek
un crifta! de roche fur lequel font graves trois pe-
tits médailloas, avec une feuiile de laurier , une
figue & une datte , préfens que fe faifoient les
Anciens au premier jour de Fan. Un de ces mé-
daillons repréfente Commode ; le fecond une Vic-
toire avec Finferíption V jc. Aug. & le troiíiéme
Janus debour dans un temple. On lit tout autour
Finfeription fuivante , qui eft effacée en quelques
endroirs ; feli . . . era . . . annum n . . .
EAus . . . EM. Elle fe rétablit ainfi : eeeici .
JMFBFLA.TORI , AFfiNUM . NOYUM • FAUSTU2i-í *
FELZCEM» ^ r
Année des É^yptlens, Ce Tcnt Ies Eg}’'ptíenS5 íí
on en croir Hérodote ^ qui ont les premrers £xe
Yannée, & cuiFonrétrddiede^jéciours, pamgés en
douze mqis. i*íercure Trirmegifteajoutacinq jcurs
á Yannée Égyptienne, Se la fit de 3éf. Nous lifons
dans Diodore de Sicüe , liv.-e 1. dans la vie de
Numa par Plutarque, Se dans Fiine, livre Vil.
i88 A N N
cha-p, 48. que ramee Égyptienne étoit dans Ies
prsmiers tems fon difícreate de celie que nous
venons de décnre.
Var.née ÍLgypúenne , appelée aufl'i Tannée de
Isaboaajfdr ^ ¿toit ^ coaime nous Tavons vu j, fo-
laire , compoíee de 36cjourSj & divifée en douze
mois de trente jours^ auxqueis font ajoutés cinq
jours intercalaires a la fin. Les nonas de ces mois
fcnt Tkot , Paophi ^ Áthyr , Chojac , Tybi , íde-
ckeir , Phatmenoth,Pharmuthi, Pachón, Paunl,
Epipki ,M.efori ¡ Se de plus yjUífm í^ctyo^.aaí,0\l les
cinq jours intercalaires. La connoilfance de Yannée
Égypdenne , dont nous venons de-parler > eít né-
ceífaire á caufe des obfervations de Ftólomée dans
fon Almageíle ^ qui font dreíTées fuivant cette
année.
Les anciens Égyptiens j fuivant Diodore de
Sicile j liv. I. Flutarqucj dans la vie de Numa j &
Piine , liv. 7. c. 48. mefuroient les années par le
cours de la lune. Dans le commencement une lu-
naifen , c^eft-á-dire , un mois lunaire faifoit F an-
née 5 enfuite trois , puis quatre ^ á la maniere des
Arcadiens. Déla les Éj,yptiens allérent á lix ^ ainli
que les peuples de FAcarnanie. lis vir.rent enfin á
compofer Yannée de 360 jours & de douze mois j
& Afeih, 32e roi des ÉgyptienSj ajouta á la fin de
Yannée les cinq jours intercalaires.
Cette briéveté des premieres années Egyptiennes
explique , fuivant les mémes Auteurs la raifon
pour laquelle les Egyptiens faifoient le monde fi
anclen ^ & pour laquelle on trouve dans leur
fciítoirc 5 des rois qui ont vécu jufqu’á rrdlle &
douze cens ans. Hérodote garde un profond fílence
fur ce point ; il dit feulement que les années Egyp-
tiennes étoient de douze mois. Plutarque ne parle
fur cette matiére qu’avec une forte dfincertitude ,
te il tf avance le fait dont ii s'agit que fur le rap-
port d^’autrui. Diodore de Sicile le rapporte com-
me une conjedture de quelques auteurs, dont Une
dit pas le nom , & qui probablement avoient cru
par-la concilier la chronologie Egyptienne avec
ceile des autres nations.
Qaoiqu il en foit, le P. Kircher prctend qu^outre
■ Yannée folaire , quelques provinces d’Égypte
avoient des années lunaires , & que dans les tems
les plus recules , queiques-uns des peuples de ces
provinces prenoient une feule révolurion de la
lune pour une année que d'autres trouvant cet
intervalle trop court, faifoient Yannée de deux
mois, d^autres de trois , &c. (B.dip. Egypt.tom.il.
T- iíi-
L’ année Egyptienne de 365 jours étoit une année
vague ; comme elle différoit d’environ fix heures
de Yannée tropique , il arrivoit, en négíigeant cet
intervalle de 6 heures , que de 4 en 4 ans , cette
année vague anticipoit d'an jour fur la période fo-
lasre 5 & que par conféqaent en quatre fois
jours, c eít-á-dire , en 14Í0 ans , fon cornmence-
snent devoit repondrá lucceíEvemem aux diffé-
xentes íaifons ce Yunnée»
A N N
Lcrfqus Ies Égyptiens furent Tubjagués p-.r les
Rcmains , iis redaren: Ydunés JuUer.ne , m.'tis avec
quelque altération ; car iis retinrent kurs anciens
noms de mois avec les cinq jours épagoniénts , 8c
ils placérent le jour intercalé tous les quatre ans ,
entre le iS & le 29 d'Aoút. Le commencement de
leur année répondit au 2q Aoút de Yannée Julicnm.
Ainfi réformée, Fízn.víí Egypnenne s’appela annus
ASiacus , á caufe quklle avost été inífituée aprés
la bataiile db^éjium , qui rendit Auguíte maítre de
FEgypte.
Annee des Grecs. Jufqu a Fépoque ou les
Grecs requrent des Afiatiques Faílronomie & le
calcul des années , ils mefurérent le tems par les
faifons des femences & des récoltes. Des le tems-
d’Homére iis avoient abandonné cette maniere
vague de compter les années , pour en adopterune
fixe & précife. On voit par FOdyíTée ( H 161 )
que Yannée des Grecs étoit alors lunaire. Thalés
de iMüet inventa depuis un eyeie pour finre accor-
der les mouvemens du foleil avec ceux de la lune.
Ce cycle fo'rmoit Yannée de douze raois compofés
de 30 jours ; mais á la fin de chaqué feconde année'
il ajoutoit un treiziéme mois de 30 jours. Cette
fauíTe maniere de fuppurer faifoit exceder de 20
jours les deux années lunaires fur les deux années
folaires. Scaiiger a cru en confcqiience que le cycle
de Th.!!és nbvoit fervi qu’aux Añronomes , &
qu'aucun peuple ne Favoit adopte.
Solon fit un changement plus heureux : il com-
pofa les mois de 50 jours & de 28 aiternativement.
Tous les deux ans- i! ajoutoit un treiziéme mois
. embolifmiquequi étoit de 22 & de 23 jours aiter-
nativement. Ce fut le cycle de quatre ans. On le
porta depuis á hait ans pour le rendre plus exaét)
& ce fut le dernier changement que les Grecs firent
á leur calendrier, jufqu á Méton.
Voyant qu'aprés les huir ans révolus il reíroit
encore quelques heures pour égaler les r-évoladons
du foleil & de la lune, dont on Aavoit pas tena
compre, Méton inventa le cycle de 19 ans, qin
ramenoit ces deuxpl-inétes au méme point du ciel.
Ce rappel Aétoit pas encore précis , il s'en man-
quoic de fept heures On voulut racheter cette ié-
gére erreur , Se pour cela C alippus compofa un
nouveau cycle de qmtre périodes Métormiennes.
Mais Hipparque renchéritYur lui , 8r prir égak-
ment quatre cycles de Calippus pour former le
lien.
Y! année des Grecs refta dans Fétat ou Favoit fixee
Méton , & les cycles de Calippus & d'Kipparque
ne furent adoptes que par les Añronomes. Cette
année commencoit a la premi-sre pleine lune qnj ■
fuivoit le folftice d'été , comme nous Fapprená
Fejiíis Avienus .*
Sed primeva Jsletoyi exordia fumjlt ah atino ,
Torreret rutilo Phoehus cum Jtdere Cancrum,
Ce commencement d'année a caufe de grandes
erreurs de la part des Hiíloiiens anciens j parce
A N N
eu'il dm'irc de celai desEgypdens Se de ce'ui des
Eoir.ains. Flu:arque dit roéme , dans la vie d^4rif-
tidcj que maigré la connoiííaíice des mouvemens
ccleiresj fi perfeclionnée de fon rems^onignoroit
le vérirable jour ou ]es Perfes avoient ¿té vaincus
á Platée , á caufe des différeris commencemens de
niois & á’a.-inée qui étoicnten ufage chez piuíieurs
peapies de !a Gréce.
Les mois á Athenes , Se dans une grande patrie
de la Gréce propremenr dite j comi'neníjoienr avec
la premiére ^parence de la nouvelie lune. A cha-
qué 5-% S , líS Í4G i6-'& I7‘a«s£e’ducyc¡e
de 19 ans ^ on ajoutoit un mois embpüfmique de
30 ioarsj afin que les Eouveiles & les pleines lunes
revinirent au méme terme ou faifon de la-viee.
Voye:^^ MOIS.
" AnnÉE Macédonienne ancienne, (P) étoitlunaire,
& ne difFcroir de la Grecque que par le nom &
I'ordre des mois. Le premier mois Macédonien
répondoit au mois Msemadtérion , ou quatriéme
mois Attique. Voici i'ordre , la durée & les noms
de ces mois : A/s?, 30 jours 5 A.’-snhÁa.!i,; , 295
A’oev^v.'.o; y 30 ; Ut?s-z''hr , 29; A’'arfííj 3®’ Záv9-ix.aí ,
305 A e-£«íV¡af j 30; A«!cr¡i¡g , 29 5 Ilúvu:iií ^ lO ¡
A¿i¡ , 29; V M-zs'a’og , 30; TTrepZipeTtdsg , 29.
Annee M.acédonien.ne nouvelU (P) elt folaire. Le
commencement en eíl fixé au premier Janvier de
Can-née Julitnne , avec laquelle elle s’aecorde par-
faitement. Lile étoit particuüerement nommée
l'année Attique ; & ie mois intermédiaire d’aprés
Pofideon. , ou le íixiéme mois ^ étoit appeié
■asTiteimv , OU dernier Pofi¿€on.
Les Syro-Macédoniens , á Pexemple des Macé-
donienSj avoient donná aux mois d'autres noms
que les Grecs ; ainíi le praciquoient les SmyrnienSj
Ies TyrienSj Ies peuples de Chyprcj de Paphos ,
les Bithyniens , &c.
Annee Syrienne (P) e!t folaire. Lile commence
avec le mois d'odlobre de Yanuée Julicnne , dont
elle ne différe que p.ir le nom des mois 5 la durée
ctant la méme. Les noms de ces mois font :
Tishrin , répóndant aa mois d'ocpobre, & conte-
Bant 31 jours 5 le fecond Tishíin^ conrenant ,
ainfi que no vembre , 30 jours ; Canun 31*; le fe-
cond Canun 31; Tkabar 28 ; Adar 3 I ; Nzfan 30 ;
Acyar 3 1 -^Mariram 30 ; Tamuz 3 1 5 Ab 3 i ; Zlul 3 O.
AnnÉE Ja/w ancieane (P) étoit ¡unaire ^ corn-
poi'teordinairementde 12 mois, alternarivementde
30 & de 29 jours. On ia faifoir repondré á Xminée
folaire , en ajoutant á la fin 1 1 & quelquefcis 12
jours , ou en fhférant un mois embolifmique.
Voici ¡es noms & la durée de ces mois: 'isifin ou
Abib 30 jours? liar ou Zius 29; Sihan OU Siivan
30,- Ihanu-^ ou Tamu-r 29; AP 30; ELul 29?
Tifri OU Ethanirr. 30 y hía. ■chtfvc.m ou Sal 29 y
Cijiezi 30 y TFiekcthe 29 y S-.b-it' cu Schebctk 30 y
Adar ^ dans les années embolifmioues , z^o-. A-dar ^
dans les anríées commanes, étoit de 20.
Année Juive {P) eft pareillement une
eanéi lunaixe de 12 mois daas les avmies communes j
A N ^
& de 1 5 dans les arméis err¡bclifn'¡icües leñíuelles
font la 3=, la é', 8-, ii*, 14A 17' & 19- du cycle
de 19 a.ns. Le co;nmencement de cette annéi eil
fixé á la nouvelie isne d'aprés Péquinoxe d'au-
tomne. Les noms des mois & leur durée font:
Tijri de 30 jours; Marckefvar^ IC) r, Cijleuz^O',
Tebetk 29 ; Sckeheth 3 C ; Adar 29 ; IZ zadar , danS
les arméis embolifmiques , 30 ; Nifan 30,- Acyar
31 y Hariram 30; Tamu-^ 31,- v4¿ 31 y Elul 30.
Annee Ferjienne (P) eít folaire. Elle eft com-
pofée de 365 jours, divifés en i2mois de 30 jours
chacun , avec 5 jours intercaiaires ajoutés á la fin.
V oici Ies noms des mois de cette année : Atrudia-
meck, Ardihafchlmek , Cardimek , Tkirmek , Mer-
dedmed , Sckabarirmeh , Aíekarmeh , Abenmih ,
Adarmeh , Dimek , Behenmek , Afjirerniek. Cette
année eft appelce année Je:^degerdic¡ue , pour la dif-
tinguer de i année folaire fixe , ¿Année Gé~
laléenne , OU Mialaléenne , que les Perfans fuivenc
depuis 1‘ année 1089. Golius, dans fes notes fur
Alfergan, eft entré dans un grand détaii furia
forme ancienne & nouvelie de X année Períienne ,
Laquelle a été fuivie de la píupart des aureurs
Orientaux. II nous apprend particuliéremeiit que
fous le Sultán Gelaluddaiilé Melicxa, vers le miliea
du onziéme íiécle , on entreprit de corriger ia lon-
gueur de X année, & d'étabür une nouvelie époque.
II fut done régle que de quatre en quatre ans on.
ajouteroit un jour á X année commune , laquelle
feroit par conféquent de 366 jours. Mais parce
qu'on avoit reconnu que V année folaire n’étoit pas
exactement de 363 jours 6 heures , il fut
ordonné qu alternatirement ( aprés 7 ou 8 in-
tercaiations ) , on intercaleroit la cinquiéme ,■&
non pas la quatriéme année. II paroít que Ies
Perfes connoiífoient déjá fort exadtemenr la gran-
deur de X année , puifque , felón cette forme ,
X année perfienr.e feroit de 363 jours 3 heures
49 minutes 3 1 fecondes , ce qui différe á peine
de X année Grégorienne , que les f.uropéens ou
Occidentaux n'ont rédigée que plus de 300 ans
aprés les Afiatiques ou Orientaux.
Depuis le régne de Jezdergide , le dernier
des rois de Perfe , lequel fut tué par Ies Sar-
rafins , X année -perfienne étoit de 363 jours, fans
qu'on s'cc^upát d'y admettre aucune inrercala-
tion. Ces années datent de fon avér.ement au
troné de Perfe le 26 Juin Ó32 de J. C. 11 pa-
roít que plus anciennement , aprés 120 années
écoulées , le premier jour de Tan , cui avoit
retrogradé trés-fenfiblemenr, étoit remis au méme
Ireu qif auparavant, en ajoutant un mois de plus
á Pannée , qui devenoit pour lors de 13 mois.
Alais X année dont tous les auteurs qui ont écrit
en arabe ou en perfan , ont fsir uftfe dans ieurs
rabies aftronomiques , eft íemblable^ aux années
égypti'ennes , lefouelles font toares égales, étant
de 363 jours fans interca’ation. Cette année ceífa
d'étre empioyée en J089 , iors de la réforir.e de
XuiViée Gelaleene,
1^0 A N N
Au reíle , Yannée jeidergiqne eñ: la méme chofe
que Yantiée de N^bonajfar. Quant á YannJe Gé-
LjJsnne ^ c'eñ peut-étre la plus parfai e & la
plus comiTíode gc toutes les ativiecs civiles > car
on y trouve par le calcul oue les folílices & les
écuinoxes réponáent conilamment aux niemes
jours de cette dxiée-, qiii s’cccorde en tout point
avee les mouvemeiis folaires. C'eft un avantage
Qu^elle a méme ^ felón piuiieurs chronologiíles ^
fur Vannée Grégorienne ; parce que ce!le-ci n’a
pas j felón eux j une intercaiation auífi coramode.
Annee Arabe ou Turque (!’) eft lanaire. Certe
alinée eft compofée de 12 mois , qui font al-
ternativement de |o & de 29 jours; quelquefois
auüi elle contient 1 3 mois. Voici les noms & la
darée de ces mois : Maharram de 50 jours; 5a-
^kar 29 ; Habla 30 ; fecond Rabia 29 ; Jornada
3c; /econd Jomada 29; Rajab 30 ; Shaaban 29;
Samadan 30 yShavaal 29 ; Dalkaadah 30 ; Dulkeg-
gia 29 , & de 30 dans lesannées embolifi-niques.
On ajoute un jourintercalaire a chaqué i",
T l8'*j 2I^j 2p— ^ 25 j 29 y ajtitce
d'uii cycle de 29 ans-
.4í^nee éíhiopique (F) eíí: folaire. Elle s’accorde
parfaitement avec VaBiaque , excepté dans les
noms des mois. Voye^ AKnÉe des Egypdens.
Son commencement repond. á celui de Yannée
égyptienne y c'eíl-a-dire j au 295. d’Avril Yannée
julienne. Les mois de cette annee font Mafcaramy
Tykymply Hydar , Tyskas , Tyr , Jacatil , Maga-
bit y i Jijar la y Girzbal , Syne , Kamle , Uakafe y
& il y a de plus cinq jours intercalaires.
Annee (F) des Albains étoit lunaire. Les habi-
bitáns d’Albe ayoient reglé les m.ois de leur
année fur le cours de la lune ; & ils confer-
vérent encore long-tems ^ aprés avoir admis une
année fixe , ! 'influence de la lune fur leur cal -
cul ; car ils réglérent les nones fur les phafes
de cette plañere. De cette maniere ^ Finégalité
de leurs mois étoit prodigieufe ; Mars avoit 5Ó
jours, Mai 22, Aoát 18, Septembre 16. Scalig.
de Emend. íernp. I. p. 10.
Année romaine de Romzilus. Le fondateur
de Rome compofa d'abord Yannée qui étoit lu-
naire, de díx mois feulement. Ovide nous Fap-
prend dans fes Fañes , i-. 27: •
Témpora dirigeret ciim coiiditor urbis , in armo
Conftitait menfes quinqué bis ejfe fuo.
Et 3. 21.
Armus erat decimum ciim luna repleverat orhem.
Hic noftris magno tune in konore fuit.
Sea quia tot digiti , per quos numerare folemus :
Seu auia bis guiño femhia inenfe parit.
Voici les noms & ladurée de ces mois. Mars,
le premier de tous , conterioit3i jours; Avril 30;
Mai 51 ; Juin 30 ; Quintilis ou Jufüet 31 ; Sextilis
ou .Aoát 30; Septembre 30; Oéiobre ;i ; No-
vembre 30; Décembre 30 : le tout faifant 504
A N N
jours; ainfi cette année fe trouvoit moindre de
50 jours que Yannée lunaire réelle , & de 61 que
Yannée folaire.
De-íá il réfultoit que le commencement de-
Yannée de Romulus étoit vague , & ne répon-
doit á aucune faifon fixe. Ce prfnce fentant
Finconvénient d'une pareille variation , voulut
qu'on ajoutát á chaqué année le nombre de jours
néceíTaires pour que le premier mois répondit
toujours au méme état du ciel ;_mais ces jours
ne furent point parrases en mois.
Année romaine de Numa Pompilius. Mama
corrigea la forme irréguliére de 1 année de Ro-
muíus , & fit deux nouveaux mois des jours fur-
numéraires ajoutés par le légifiateuti Le premier
fut le mois de Janvier, le fecond celui de Fé-
vrier. Voici les noms Se la durée des douze mois*
dont fut compofée Yannée de Numa : Janvier 29
jours Février 28 ; Mars 31 ; Avnl 29 ; Mai 31;
Juin 29 ; Juillet 3 1 ; Aoút 29 ; Septembre 29 ,
Odobre 3 1 ; Novembre 29 ; Décembre 29. Le
tout faifant 335' jours. Ainfi cette année furpaf-
foit Y année civile lunaire d'un jour , & V année
afironomique lunaire de 1 5 heures 1 1 minutes
24 fecondes ; mais elle étoit plus courte que
Yannée folaire de II jouts ; enforte que fon
commencement étoit encare vague par rapport
á la fituation du foleil.
Numa voulant que le folíb'ce d’hiver répondit
au méme jour , fit intercaler 22 jours au mois
de Février de chaqué feconde année y 23 á chaqué
quatriéme, 22 a chaqué fixiéme. Se 23 achaque
huitiéme. Mais cette régle n'‘opéroit point en-
core la compenfation néceíTaire; car Yannée de
Numa furpaífant . d'un jour Yannée des Grecs de
3 34 jours , Ferreur devint fenfibie au bout d’un
cercain tems ; ce qui obligea d’ayoir recours a
une nouvelie maniere d’inrercaler. Au lien d'a-
jouter 23 jours a chaqué huitiéme année , on
n'en ajouta que 13 , on chargea les granas
pontifes de veiller au foin du calendrier. Mais
les grands pontifes s’acquitrerent fi mal de ce
devoir , qiFiIs laifsérent tout retomber dans la
plus grande confufion.
Année Julienne. La négligence des pontifes
ayant réduic Yannée de Numa á n’^voir plus
aucun de fes anciens rapporrs avec les faifons ,
Jules-Céfar entreprit de réformer le calendnet'.'
Ce grand homme fit venir d'Egypte Soíigenes,
fameux mathémaricien, tant pour fixer la lon-
gueur de Fannée, que pour en Vétabíir le com-
mencement , qui avoit été derangé de 67 jours.
Afin de le remettre au folítice d’hiver , S0JJ7
genes fut obligó de prolonger la premiére annee
de trois mois , c’eft-a-dire , jufqrFá i 3 u’ois ou
44f jours. Cette année fut a.ppel¡és en coniéquence
FAa^.víz oí con'fví : o-V , a.nius confufionis-^
L'année Julienne eít folaire. Elle contiene
orciínairLment 363 jours, aiixquels on en aioute
un toas Jes quatre ans, c’eft - á - dire , dans les
A N N
artnhs biíiexnles au tnois de fcvríer ^ en nc-n’mar’t
le jenviemain du jour appelé Sexto calendas
ma'Cias , oijfexto calendas martias. Les mois de
Xuiinte Jalzenne étoient difpofcs ainli : Janvier
51 joursí Février 28 5 Ivlars 31; Avril 30; Mai
3: 5 Juin 30 ; Jnilier 31; Aoat 31 ; Septembre
30 j Oótobre 315 Novembre 3-0 j Décembre 31 ;
mais dans les aanées híífextiics le mois de íé-
vner avoit , comme á préfentj 29 joiirs. Sui-
vant cet établiíleraent , ía grandeur allronomique
de Yannée julienne étoit de 363 jours 8 heures ;
& elle furpaíTok par conféquent la vrrde année
folaire d'environ ii minutes ^ ce qui en 131 ans
{jroduifoit un jour d’erreur. Malgré cela,
établie- par Jules- Celar a eré fuivie par toiircs
les nations chrétiennes , jufqidau miiieu du fei-
ziéme liécle , & plus long-tems encore par íes
états protellans.
Annee Grégorienne. Le pape Grégoire XIII
TÍt que Terreur de 11 minutes qui fe trouvoit
dans V année julienne , ayant été répétée juf qu’en
lySa , avoit déplacé , réquinoxe du printems fixé
par le Concüe de Nicée au 21 de Mars , Se faifoit
entrer le foleil dans l’équateur des le 1 1 de Mars.
Pour remédier á cetinconvénientjqai pouvoit aller
encoré plus loin , il appela á Rome les plus
hábiles aftronomes de fon tems. Se concerta
avec eux la correction qu'il falloit faire , añn
que réquinoxe tombát au méme jour que dans
le tems du concile de ísicée. Pour y réuPfir, on
retrancha les dix jours d’erreur de X année 1382 ;
Se aulieu du 3 Oáobre de cette année , on com-
pra tout de fuite le 13. On regla enfuite que
Ies derniéres années de trois ñecles confécutifs
íer •ient communes , Se la derniére du qua-
trieme ñecle Teulement feroit bilíexdle , Se cela
alternativement á perpétuité.
Quelque approchée de i’exadtituae que paroiiTe
X année Grégorienne , elle rfeít pas encore parfaite;
car dans quatre fíceles XanrJe julienne avance
de trois jours , une heure Se 22 minutes. Comme
dans le calendríer grégorien on ne tient compre
que des trois jours , Se qkcn négiige la fraííiion
d’une heure Se 22 minutes , cette e-rreur au boiit
de 7200 ans , produira un jour de mécompte.
Année DE Contusión. V. Annee Julienne.
Annee de la fondation- de Rome. Quoi-
que les Romains comptaíTent les années de ¡eur
répubüque par les confaiats , Se ceiles des em-
pereurs par Ies dates de leur puiiCance tribu-
nicienne, on trouve cependant des exemples de
fuppuration par les années de la fondation de
Rome. GnliCoit (Boxhorn. Quxft. Rom. iS.jd'infí
iTiption antique fuivante:
Frasenti.^
MATRIS. DeuM
P. SePTIMIUS. FELIX
OB CORONAM
MILXESxMI
VRBIS ANNI.
A N N 19’
Par corona rr.iíicjlmi whis anni , en entendoií
fans doute une ptrioce de mille ans révolus de-
puis la fondation de Rome.
On lit fur une médaiiie d’or d’FIadrien, Ann,
DCCC LXXIIII NAT. URB. Anno S74 nata urhis.
Mais á cuelle année avant J. C. répond Xan-
née de la fondation de Rome ? C^eñ un point
de Chronologie fur lequel les hiíloriens latins
eux-mémes ont beaiicoup v'arié. Ennius la met-
toit 879 ans avant norte ere vulgaire , 8e
Timée de Sicile a 1 an 814. Yarron , dont le
fentiment a été adopté des meilleurs ehrono-
logiíles, la place Tan 734 ; & fa fuppuration ne
recule que de deux ans celle de- Lenys d'Ha-
licarnaflé. Se d'un an celle des marbres du CA-
PITOIE. Foyej ce mot. Poh'be croyoit avoir des
raifons pour rapprocher cette époque á Pan 731 5
le poete Aufone á Pan 7365 & Pancien hilfo-
rien Cincius jufq-Yá Pan 729. Le calcu! de Yarron>
que toute la répubüque des lettres fembie aveir
adopté, ne porte q-ae fur un horofeope de Ro-
m.ulus ; c’eft pourq^uoi nous croyons qu'il eíi
plus fage de fuivre Tere des Fafies da capitole ,
monument national Se invariable.
AxNNEE SACRÉE. V. SACRÉE.
Année seculaire. V. seculaires {jeax).
Annees de JÉSüS-Ciirist. (Art de vérifer
les dates ).
Quand on. a comsncncé d s’en fervir en Occidente
& combien cet ufage a varié.
L'ére de .Térus-Chriíl ou de Pincarnatior; , eíl
proprement Fe re des Latins. Les Giecs Se les
Orientaux rPen ont prefque point fait ufave dans
leurs aéfes'publics (i). lís avoicnt, fir ont tr.core
aujourd’hui pour leurs dates authentiques , d'autres
épocues dont nous donnerons ci-apres le detaíL
C'eit done par rapport á POccident, Se fpéciale-
ment par rapport á la France , que nous alions
traiter des années de .Téfus-Ghrift.
iSous n'examinei;ons point ici quelle efr !a véri-
table année de la naiiTance du Sauveur. Les plus
hábiles chronologiífes prétendent que nous la
plaqons quatre ans plus tard qu’elle n’eft arrivée;
un d’entr'eux foutient méme , avec alTez de vrai-
femblance, qu’on doit Pavancer de cinq ans; Se
d'ailleurs , no-us ne donnons point une table ebro-
nologique pour reótíñer les idees des auteurs ,
mais pour apprendre á compter comme eux, afín
de les enrendre , lorfque nous lifons le-ars écri:s.
Or , les anciens, du moins po’ur la pliipart , comp-
toient les années de Jefus-Cbriíí de méme que
(i) Nous difons dans leurs acias yubücs ; dans !ears
actas prives ils ont fouven: ernpicyé l'ére de rinaainarion ,
en iajoignant teurefois, pour l’ordi-uaire, d d’aur-cs épocues
qui leur éioient particuli-res. Les Orees l’or.r peir-écre cenn ¡e
avant Ies Latins, mais Ies autres pcuplcs d’Orient en ont fair
ufage baaucoup plus tara que ces derniers. M. AiDmarii pré-
ten3 í Búl. Orie'u. t t j P- aSj ; que les Syricns n’ont coza-
mcncé d s’es iervir cu’aprés le ¿ixiensc ñecle.
ííjt A N N
íious Ies comptons , felón notre ere yulgaíre >
qui nolis faií compter cetre année Jy86 , au heu
que nous derrions comprer 1790 . íl nous fui-
vions le fentiment des chronologiíles done nous
avons parlé.
L^uíage de compter les annéts par celles de
Jéfus - Chriíí j n’a été introduit en Italie qu°au
lixiéme íiécle j par Denis-le-Petit j & qu'r.d íeptiéme
en France (i}j oú il ne s'ell meme bien établi
que vers le huitiéme , fous íes rois Fepin & Char-
lemagne. Kous avons trois conciks , celui de
Germanie , aíTemble Tan 741 ; celui de Liptines
cu i eftines, tenu en 743 j & celui de Soiffons,
celebré Tan 744 , qui font dates des annéts de
Fincarnation. Depuis ce teiTiS-laj, & fur-tout
tiepiiis Cbarlemagne, nos hiftoriens ont coHtume
de dater les faits qu’üs rapportent j par les annéts
de Jéíus-Chrift j mais ils ne s'accordent pas tous
dans le commencement de Yannée.
JDívers commencemtns de V annte che:^ les íatins.
Nous trouvons huir manieres diflférentes de
commencer Yannée phez les Latins. Les uns la
commenfoient avec le mois de Mars^ comme les
premiers Romains ^ fous Romulusj les autres avec
le mois de janvier, comme nous la commenpons
aujourd'hui;, & comme les Romains Font com-
. irtencée depuis Numa. Plufieurs la commen^oient
fept iours plus tót que nous ¡ 8c donnoient pour le
premier de Yannée le 25 décetnbre, qui eft celui
de la naiffarce du Sauveur. D'autres remontoient
jufqu ’au Zf mars^ jour de fa conception ou de fon
incarnation dans le fein de la Vierge , communé-
ment apode le jour de Fanncnciation. En remon-
tant ainn j ils commencoient Yannée neuf mois &
fept jours avant nous.
íl y en avoit dkutres qui , prenant aulíl le
25 m.ars pour le premier de Yannée , diííéroient
dans leur maniere de compter, d’un an plein, de
ceux dont nous venons de parler- Ceux-lá devan-
joient le commencement de Yannée de neuf mois
&fept]ourSj &comptoient, pairexemple, Fan icoo
des le 2j mars de notre année 999 ceux-ci, au
contraire, la retardoient de trois mois moins fept
iours , 8c comptoient encore jufqdau 24 mars
íncluílvement Fan 999, lorfque nous comptons
Fan 1000, felón notre maniere de commencer
Yannée avec le mois de janvier ; parce qudls ne
la commencoient qu’au ap mars íuivant. D’autres
commencoient Yannée á Paques, & en avanqoient
ou reculoient le premier jour, felón que celui de
(í) Cette maniere de dacer Te renconrre dans Grégoire de
Tours, qui confond, á la véritc , Tere de rincarnacion avec
ceíle de la paiTioiii on la voic auííi nianifc.ílement expriinée '
dans quelqnes charcas privees du fepcieme íiecle , & ríen n’em-
péche de croire elle s’incroduiíic parmi nous prefqu’en |
ciéme- tenis qu’en Angleterre , oii elle fur apporcée par
S. Augufun, apótre de cecee iíle. Cependant il faiit convenir
que l’ufage de dacer par les années de Pincarnation , ne devine
ordinaire dans Ies diplomes royaux que depuis le regne de
Kugues-Capec.
A'N N
Paques tomboit : ceux-cí, comme Ies précéd«ns
commenqoisnt aiiíTi Yannée environ trois mc-is
aprés nous, tantót un peu plus, tantót urfúeu
mojns, felón que fiques arrivoit en mars oP en
avril. 11 y en a enfin , mais en petit nombre, qui pa.
roiíTent avoircommencé Yannée un an entier avant
nouSj^en datant, par exemple, des le mois de jan.
vier, Yan onie cent trois , lorfque nous ne comptons
que Fan onze cent deux. Vojlá les diíFérens com-
mencemens de Yannée de Fincarnation que nous
avons remarques dans les anciens : il Vaut e^n
rapporter les preuves, au moins en abrégé.
Ñous ne nous étendrons point pour prouver
que Grégoire de Tours & d'autres écrivains des
lixiéme^Sc feptiéme fiécles, ont quelquefois com.
meneé Yannée avec le mois de mars. Le P. Mabilloa
Fa démontré dans fa Díplomatlque , l. 11, c. 23,
n. 4. Nous trouvons encore le mém.e ufage au
huitiéme fiécle , daas un ftatut du conciie de
Vern , tenu en France Fan 75 y , par lequel il eft
ordonné, utbis in anuo fynodusfiat : prima fynodus
menfe primo , quod eft kalendis martiis. Voilá le
mc>is de mars, 8c méme les calendes ou le premier
jour de ce mois, bien clairement marqués pour le
premier de Yannée (i). 11 eít aíTez indiírérent á
notre fujet, d'examiner de queile forte Yannée
parle ce conciie , lí c“eft de Yannée folaire ou de
Yannée lunaire. Nous favons qukn a fouvent dif.
tingué ces deux fortes ¿Yannées , & cukn leur a
auffi fouvent donné différens commencemens.
Cette diíHnCtion , tres-bien fondée , peut fervir a
lever plufieurs diílicultés; mais pour le préfent,
elle nous importe peu. Nous ne cherchons qu’a
prouver un commencement de Y année avec le mois
de mars, qui puiíTe fervir a vérifier certaines dates.
Pour faire cette vérification , i! r/efl: pas néceffaire
de favoir que la date qui fait la difliculté foit la
date á\me- année , fuivant le cours du íc-Ieil, ou
la date 'd'une année , fuivant la date de ’a lune :
il fuffit que ce foit une date qui a pu erre em-
ployée , & qui fe trouve vraie , felón í'un ou
Fautre cours , que les anciens fuivoient , peut-étre
aflez indifféremment, comme on le voit par Gre-
goire^ de Tours , qui , quelquefois , commence
1 année avec le mois de mars , & quelquefois avec
le mois de janvier. En commencant Yannée avec
le mois de mars,. il appelle le rñois de juillet je
cinquieme mois, menCem qáintum , au üvre IV
miracles de S. Martin , c. 4. En la commenyant
íl ') Cet ufage des Frsn^ois de commencer Vanriée au premier
mars, ciroír fon origine d'Ailemae.nc. On voic en cíFec dans
les loix allcmandes,‘'que rr.-í kaUÜda: martix font emf'ojyeS
pour marquen trois annies Ne in mallo pahl-.co , eil-'s vit,
rir, 17 , feiS:. ^ de ces loix, xranfaciis tribus kaienéís rrúyais
P'fi kac analla mareas in perpetuum. Le décrec de 'Iha'n.nn,
duede Eavierc, .'.ii huitieme fieclc, dic !a méme chofe, cL. n,
fe£t. ji. Cependanc on voic, par une leerre du pape Zacharie
a S. Bcniface , archeveque cic M.avence , que cians ce meme
íiecle & di! vivaiir de ce mtme Lhaffillon, V année coniir.en-
Soit au premier janvier en Aliemagne : Vbi, dic-il, gernera
kalcrdas januar' as ée h' umam ritii pagancTLLTn coltre^bs
novi jacere propter novitm annum prokihentur. ' .
avfec
A N N
*vec Is mois de janvier, ii danne le notn de
cinGuiéme mois au mois de maij dans le chap.
du méme iivre.
Nous ne trouvons qu’un feul exemple d’un
commencament aannét íixé au iS mars. . Ceít
dans la lettre du ciargé de Liége au clergé de
Tréves , fur la difrérerxe des quatre-tems , de
differentid quatuor-temporum , publiée par dom
Martenne , pag. 29 j du premier tome de fes Anee-
dotes. Elle fut écrite au commencement du dou-
ziéme íiécíe ; & Sigebert de Gemblours, qui en
eíl auteur.j y attefte que ce fiécle avoit commencé
au 18 mars ; Menfe martio , dit-iL fecundiim pofi-
tionem genúLium mediato primus dies fsculi pref,-
gitur in xriii ejufdem menjis , qui efi xv kal. aptrilis.
Sigebert parle fans doute ici du commencement
de Yannée aílronomique , qui s'ouvre avec le prin-
tems , & non de Yannée civile des pays de Liege
& de Tréves; car on ne voit point d’aéie de ces
contréeSj qui fuppoíe Yannée commencée au 18
mars.
A régard du commencement de Yannée , fixé
au z p décembre ou au 25 mars ^ ríen n’eft plus
ciair que ce que nous lifons dans les fiatuts des
églifes de CahorSj de Rodez & de Tulle, drefles
en 1289 , & imprimés au quatriéme tome des
Anecdotes de dom Martenne & de D. Durand.
On y voit cette remarque, n. 29, col. 764 : Nota
quod numeras lunaris ( c^eft le nombre d^’or) &
Huera dominicalis mutantur ann.uatim in fejio Cir-
cumeijionis , anm vero inearnationis Domini mu-
tantur in térra ifia in fefio Annuntiationis beats,
NLarit , & in quibufdam regionibus in fefio nativi-
tatis Domini. V oilá deux com.meneemens de Yannée
de rincarnation bien marqués, le jour de Noel,
ou le 2y décembre dans cerraines provinces de
France , & le jour de TAnnonciation ou le 25
mars en d'autres. Mais ce jour de rAnnonciation
précéde-t-il de neuf mois & fept jours , ou fuit-il
de trois mois moins fept jours notre commence-
ment de Yannée avec le mois de janvier? C'eíl; ce
cjui eft encore decide au méme nombre , par les
paroles fuivantes : Ita quod in fefio circumeifionis
Domini , ubi mutatur numeras lunaris , incipias
qaoad hóc computare numeram annorum Domini ,
qui eritin fefio Annuntiationis proxirne tune fequenti,
Ces paroles ne font point equivoques ; elles dé-
montrent clairemeut que le jour de TAnnoncia-
tion , regardé comme le prenaier de Yannée de
N. S. J. C. dans les provinces de Querci , de
Rouergue & du Bas-Limoulin en 1289 , étoit le
25 de mars , qui fuit le mois de janvier, avec
lequel nous commencons Yannée aujourd’hui , &
qu’ainfi dans ces provinces , on la commen^oit
trois mois moins fept jours aprés nous.
Il faut maintenant prouver que le jour de RAn-
nonciation , qui precede de neuf mois celui de la
naiíTance du Sauveur, & de neuf mois fept jours
le commencement de notre année julienne avec le
mois de janvier,^ été aufS regardé comme le
Ántiquités , Tome 1%
A N N 153
premier de Yannée de Rincarnation. La chofe efi:
certaine , par rapport á Rltalie. Toiis ¡es favans
conviennent que Denis-le-Petit y avoit établi cet
ufage, en introduifant la maniere de compter par
Ies années de Notre Seigneur. On fait que les
Pifans ont fuivi jufqu’en 1745-, le méme ufage
dans leurs dates , fondés originairement fur ce
motif, qu'il efi plus naturel de mettre le jour de
la conception du Sauveur avant celui de fa naif-
fance , que de placer celui de fa naiíTance avant
celui de fa conception, comme faifoient ceuxqui
commen^oient Yannée au jour de Noel. Dans la
chronologie des papes , on doit obferver foigneu-
fement ceux d'entre ces pontifes qui ont employé
dans leurs bulles cette maniere de dater, nommée
aujourd'hui le calcul Pifan. 11 ne s’agit done plus
que de montrer cet ufage établi en France; car
pour REfpagne, R.lngleterre & RAllemagne, il
efi conftant qu’eíles ne Pont jamais connu. Quelque
probable au refie quil foit, que dTtalie il ait paíTé;
chez nous , comme tant d’autres femblables qui
nous font venus de Rome, nous necroyons point
ici pouvoir nous contenter de probabilités ; nous
demandons des preuves qui foient propres á la
France , & tirées de nos anciens monumens. En
voici pluíieurs que nos rois mémes nous four-
niíí'ent.
Dans le Cartulaire de S. Maur-des-FoíTés, il j
a une charte du roi Robert qui eft ainíi datée :
Data Y 11 kalend. novemhris , indicl. xii , anno xii ,
regnante Roberto rege anno incarnati V^erbi mil-
lefimo. La premiére année du regne du roi Robert
avec Hugues-Capet, fon pére , eft Ran 988 ; ainíi,
la douziéme 'année de ce roi répond á la 999 de
Rincarnation , felón notre maniere préfente de
compter. L'indiélion xii marque auífi Yannée 999.
Pourquoi done le notaire qui a écrit cette charte ,
lie-t-ii la douziéme année du roi Robert, & Rin-
diélion XII avec Ran loco de Rincarnation , fi ce
n'eft parce qu’il commence celle-ci le zj mars,
neuf mois & fept jours avant nous ? C’eft pour
la méme raifon qu’une charte origínale du mém.e
roi, pour Rabbaye de S. Fierre de Chálons-fur-
Marne , eft ainfi datée ; Aaum Parifius anno Do-
minies, inearnationis jhxxyiii , regnante Roberto
rege xL. Et une autre encore pour Rabbaye de
Coulombs, rapportée par Duchefne, parmi les
preuves de RHiltoire de la m.aifon de Montmo-
reney, pag. 14, dont voici la date ; ABum publice
Parifius anno incarnati verhi mxxviji , regnante
Roberto rege xt. Si le chancelier ou le notaire
qui a écrit ces deux chartes, n’avoit point com-
mencé Y annéevítxíi mois & fept jours avant nous,
il auroit mis Ran xLi du roi Robert, puifque
Ran XL ne répond qu’a Yannée mxxvii , íelon
notre maniére de commencer Yannée aujourd’hui
avec le mois de janvier, neuf mois & íept jours
aprés RAnnonciation. Le calcul d’Helgaud, dans
la vie du roi Robert , eft conforme á celui des
aétes que nous venons de citer. Cet hiitoriea
A N N
A N N
Alt expreileinsnt
^ Roberc eít mort, ax~o gui
eft incarnaüonis miilepTnus trlcefimiis fecundus^ II
auroit dir tricefimus primas , s'il n’avoit point
comraencé Vannée ntní mois & fept jours avant
nousj pulique le roi Robert eft en eíFet mort
Je 20 jijillet de Tan IS31 , comme Helgaud le
pro-ave Im-saémej par ces paroles: Obdormhit
^UtCTTL ITl dOTTllTlO X£2I kdl, ¿ZUgufií , luCcfceTltC CLILTÜTÜ.
diei tertis, fahbaü ¡ c’eft-a-direj ie mardi qui con-
coiiroit avec le 13 -des calendes du mois d'Aoút,
ou le 20 juiller en 1031 : concours qui ne fe ren-
contrcit pomt en 1032. Voilá le vrai moren d'ac-
corderjlelgiud avec lui-mémej & avec la vérité
de fhiftoire. Ce meme moyen peut fervir á con-
ciíjer puiüturs autres contradictions apparentes ,
qui ne víennent que de notre ignorance, ou de
notre peu d’arteation á la maniere de compter
des anciens.
^ Ces ^reiivp ne lasíTent ríen a deíirer pour !e
regne au roi Robert. Ajoutons-en une pour ie
régne^ fuivant , q-ai peut étre portée jufqu’á la
denriére évidence. Notis la tirerons d’une charte
origínale da roi Henri ( , par laquelle il ¿rige en
aobaye le monaftére de la Chaife-Diea, en Au-
vergne. En voici la date ; Vitriaco palatio
puhlice.... menfe feptembri, lana xi , indicrione v,
cb iTícarnatiQne IDottiítíÍ millejlmo <^azníj^u.a^ejlttio
fecundo... regni Henricivicefimo''primo , xulzalendas
oñooris. II eft évidersí que ceiui qui a écrit cette
charte, commence Yannéc le 25 mars, neuf mois
& leptjours avant nous , fi les dates ne conviennent
pomt a 1 an 1052, & q-a"el!es conviennent toares
a 1 an leyi. Or, il eft aifé de démontrer que toutes
ces dates quadrent parfaitement avmc Tan lori,
& point du tout avec han ioj2. En effet, le 11
des calendes d oclobre , qui eft le jour que la
cnarre a été donnée , marque le 20 feptembre.
C etoit le^onziéme de la lune en 1051 , piiifgue
cette année lá le premier jo-ur de la lune étoit le
.10 de fepternbre , comms on peut le voir daus
notre calendner lUnaire. Cette date de la lune
peut abfolument s’allier avec le 20 feptembre d¡
lan 1032. II en eft de méme de l’année 21*= du
regne de Henri ; cette 21' année , au mois de fep-
temore, ne répond point á Tan 1052 , mais á Tan
1031 , attendu q-ue ce prince a commence de
regner m 20 juillet 1031. Quant á findiétion v,
ehe saccorde auíTi tres-bien avec han 1031, en
ia commenfant avec ’e mois de feptembre , comme
on taifoit quelqpefois enFrance, ainíi oue nous
Í€ dirons a 1 article des indi^ions.
Ce _ raifonnement nous paroit décifif. Nous
pournons en faire un femblable, á-peu-prés
ur une charte de l’églife de Yabres, rapportée
ii ■ . : J^a3a donatio h&c anuo zncarnationis
ominic& Juzxir, hididiione xiv, vrtdie idus junii ^
Toutes ce^
® fow -Diení & toutes, excepté la premiere^
raarquent IW./g loéi. On accorde cette pre-
miére date mlxii avec les autres, en coir/men-
gant ra.nnée neuf mois "5c fept jours avant noús
Les cditeurs, q-ui ífont point^connu la maniere de"
faire ufage de toutes ces dates, ontrapporté cette
charte á Tan 1061. En confequence, ils ont cru
quhl y avoit faute á l'indiétion , & qu au iieu
dexiy, il falloit xv. Tous les critiques feront
expofés á de pareils anachronifmes , tant qu'iis
ne feront attention qu aux années de .léfiis-Chrift
& aux indictions , fans examiner les autres notes
chronologiques.
íl nous refte á examiner une charte , oti la
P. Aíabiilon a cru voir Tufage de commencer
Y année le 23 mars, neuf mois & fept jours avant
nous , bien établi dans Téglife de Reims fur la
Jin du quatorziéme íiecle ; c’eft dans fa Diplo-
matique, liv. 2, ch. 23, n. 7. La date de cette
charte , qui eft de Gui , -abbé de S. BaSe , á trois
lieues de Reims , eít ainíi marquée : Datum &
aclum in monafierio noftro S. Bafoli fub anuo Da-
mini , ftcundiim carsum ecclefis, Rcmenfis , mcccxc ,
décima tenia dis menfis junii ^ pontificatús Domini
Clementis — Papa vii , anno xii. Cette date, dit
le P. Mabiílon, marque Pan 1389, qui étoit a-a
mois de juin la 11^ année de Ciément VI!, élu ea
1 37S , d’ou il conclut quh! eft probable q-Vá la
fin du quatorziéme íiecle. Ton fuivoirdans réglife
de Reims le calen! pifan. Cette remarque feroic'
bien fondée , íi 1 eleclron de Ciément Víi avoit
precede le^ 1 3 de Tan 13785 mais comme ce
pape n a ere élu que le 21 feptembre de ladite
année_ 1378 , le raifonnement du P. Mabiílon
croule par fon fondement. Cela eñ viíible, puif-
qu"ea commencant Ies années du pomificar de
Ciément Vil, par ce 2i« de feptembre, jour de
fon eledtion , la 12' année de ce pape couroit
encore au mois de j-üin de Tan 159c. Nous ne
rele-verions point ici la meprife d’un favant auífi
reipeélable que D. Mabiílon, íí dans la datequ ü
rapporte , ^ous ne trouvions rien qui fút propre
a confirmer ce que nous avons dit d’un commen-
cement de I année , antérieiir de neuf mois ■& fept
jours a ceiui de la notre. Mais que fignifient ces
paroles , f&cundum cursum ecelefi/í Remenfis , qui
tombent néceíTairement fur anno Domini mcccxc?
Ne marquent-eües pas clairement que fur la fin du
quatorzieme íiecle , iJ y avoit des églifes oú Ton
fuivoit une maniere de compter les années du
Sau-veur , fmvant laquelle il n’auroit pas fallu
compter alors Tan 1390.^ Si cela eft, il paroit
-hors de doute que cette anrre maniere de compter
etoit ceRe de commencer Y année au 23 mars >
neuf mois_ & fept jours avant nous.
La conjcéfure fur Tufage de la métropole de
Reims , de commencer Y année 211 jouf de fAn-
noDciation, neuf mois Se feptio-urs avant nous ,
íe trouve confirmée par cette date du concüe ¿e
“O’I^ns, tom. 3 , du P. Labbe, col. 1403 : Datara
Suijftone anno Domini mcccclvi, iadiaione tertiá.
A N N
fr.enjis julli áze vemris undécima , pontificatús fanc-
ti0mi in Ckrifio p atris & Domini nojiri , Domini
Calixti divina, providentid paps. tertii anno primo.
Ce pape fut élu le 8 avril 145' j- La mérae année
étoit i'indiétion 3 ^ & le 1 1 juillet un vendredi.
Tone ce que nous avons dit , & tout ce qui nous
■refte á dire des divers commencemens de X année
en France, appaie ce raifonnement.
Un ufage tres-commun fous la troiíiéme race
de nos rois, étoit de ne commencer Yanriéc qu’á
Páques , environ trois mois aprés nous. Parmi
une multitude d’exemples que nous pourrions citer,
nous en rapporterons un trés-remarquable;, tiré de
ravertüTement de dom VailTette , fur le 4= tome
de fon Hilloire de Languedoc. On 7 voit que le
roi lean ^ pendant le féjour qu’il fit á ¡a cour pon-
tiíicale d'Avignon , y donna deux chartes , Pune
& Pautre en 1363 ^ fuivantnotre maniere préfente
de compter. La premiere eft datée de Villeneuve ,
prés d‘ Avignon ¡ le vendredi-faint , 3I mars de Van.
13^2, en commencant X année zFiques :h feconde,
qui ell du jour fuivant de la méme année, eft
datée de Villeneuve , prés d‘ Avignon , le famedi-
faint de Paques , aprés la bénédiñion du cierge , le
premier avril d§ Van 1363. Cette attention de
marquef;, aprés la bénédiclion du cierge paf cal , qui^
anciennemeat , fe faifoit du famedi au dimanche ,
nous indique j pour ainíi dire , le premier inftant
de la nouvelle année. Elle commenfoit avec ou
immédiatement aprés cette cérémonie (i). Nous
ne devons pas oubüer ici Pinfeription qu'on atta-
choit anciennement au cierge pafcal : elle marquoit
Varaiée de J. C. , Pindiction & les autres notes
cnronologiques qui convenoient á X année cou-
rante, c.omme le prouve D. Mabdlonj par quel-
ques exemples. (IDiplomat. liv. z, ck. 23 , n. 8).
C^eft trés-probablement de cette infeription , que
venoit Pufage de commencer X année á Páques.
On ne peut marquer précifément le tems oii
cet ufage a commencé de s'établir en France ;
mais nous favons qudl a duré jufqu'á Pédit de
Charles IX, dqnná á RouíTillon^ en Daiiphiné,
1 an 17Ó4 j édit par leque! il eft ordonné de dater
les aéles publics & paríiculiers ^ en commencant
X année avec le mois de janvier (2). Ce tfeñ que
(i) Dans quelques endroirs on commencoit Vannée apres la
benécíiciíon des íonts. On voit iin conrrat, paííe á Béthune en
Arrois , is ^ avnl 153P, avrés Iss fonis bénis. (Jlferc. d jFr> ^
^73^ i jiícr. , p. iir). De cet ufage de co^menccvVannée á.
Paques, il arriveít guelqnefois qu’on avoir deux mois ci’avril ,
preicue complecs dans la mime année. Parexemple, 'Canute
^ 347^ comniencé au premier avril (jour de Páques) Se
íini a Paques fuivant, qui tomboir le 20 avril, il y eut par
confequent dans cette anné^ ur- mois d’avril complet. Se les
deax ciers d’un autre mois c’avril, On a pluiisurs chartes,
datees du mois d’avril de cette année, dans lefouelles il n’y a
ricn qui marque íl elles font données dans Ir premier ou íe
fecond de ces deux mois , en forte qu’on ne peut deviner á
laquelle des deux annies 154- ou 1348 elles appartiennent.
(-j Cette loi ne rut adoptes univerfeliement en France que
Pan 1567. Le parlement de París fuivoit encore Pancien ftyle
en 1^66. Cette année n’eut que huit mois dix-fept jcurs ,
¿epuis le 14 ayrii jufqa’aa 3 1 dccenibre. Les pays voiíiiis de 1»'
Á N N 195
depuis cette loi , que nous trouvons de runifor-
mité dans nos dates de France. Pour les tems
antérieurs , rien n’eft plus néceíTaire que de fe
fouvenir de tous ces divers commencemens de
X année , dont Rous venons de parler , & d’un
autre encore dont nousparlerons dans un moment j
& qui eft d’un an enrier avant le norre- Sans cette
attention , il n'eft pas poffible d’accorder une infi-
nité de dateSj qui font trés-exactes & trés-vraies ,
8c Ton eft continuellement expofé á trouver de
la contradiéiion ou il n’y en a point.
II faur avoir la méme attention en lifant les
annales ou les chroniques. On croit yappercevoir
des contradiéiions fans nombre. Une chronique
rápporte un fait, par exemple, á Tan isoo; une
autre rápporte le méme fait á Tan 999. On de-
cidefans héíiterj que c*eft une faute dans Fuñe
ou Fautre de ces deux chroniques. Cette faute ,
cependantj n’eít pas toujours réelle , quelquefois
elle n’eft qu^apparente; elle difparoitroit , fi Fon
étoit attentif aux divers commencemens de X année.
On ne fauroit done les avoir trop préfens á FeF
prit j en lifant les chartes, les annales ou les chro-
niques. II y a méme une remarque á faire fur les
annales ou les chroniques en parriculier. Quelque-
fois il arrive que dans une méme chronique, le
coramencement de X année iFeft pas le méme par-
tout. Cela vient de ce que la plupart de ceuxqui
les ont écrites, n'étoient que des compilateurs
ou des copiftes de pluíieurs áuteurs réunis dans
un méme ouvrage : ils y ont mis , fans difeer-
nement , Ies années relies qu ils les ont trouvées
dans ces diiTérens auteurs, don: les uns commen-
coient X année comme nous faifons aujourd’hui, les
autres plus toe ou plus tard que nsus. Les annales
de .Metz & celles de MoilTac , que D. Bouquet
a fait réimprimer dans fon y tome des hiftoriens
de France, nous fourniíTent une preuve bien fen-
íible de ce que nous difons ici. Tout le monde
fait que Charlemagne a été couronné empereur
le 2j décembre ou le jour de Noel de Tan Soo,
felón notre maniere préfente da commencer Xan-
née , & que cet empereur eft mort le 28 janvier
áe Fan 814- Cependant les deux annaliftes que
nous venons de citer, rapportent le couronnement
France firent, á fon exemple, les uns plus rót. Ies autres piui
tard j la méme reforme dans íeur caiendrier.
En 1575 , le duc de Réqueiens, gouverneur des Fays-Eas,
ordonna., par un placard du lí j'jin , cue l’curcee ccmmence- .
roit au premier janvier. En 1576, Philíppelíj roí d’Efpagne ,
rendir un édit du 51 júillec, qui ordonno-ir la meme chefe
pour le cotnré de Bourgogne. Les états de Kollande avoient
érabli loug-rems auparavanr cerre mar-isre de fimpurer le tems,
& nous vovcBS qii2 Hés 1^31, ils crá.vaiiloient á 1 introduire*
iHift. des Frov. t'r.ies , r. p. ¡Si). Eij Lorrame, ie duc
Char’esI.I établitleméme ufage, par un eair du is novembre
1575. Auparavanr, dir D. Calmet, i! n’y avoir ríen de £xe dans
le pays; les uns commencant ’C année á Noel, Ies autres á
l’Annonciauion, les autres á paques.
Quoiqa’il n’y aic pas.cu de loi eipseíle en Aüemagne pour
commencer l’c.vr.ee áu premier janvier , il paroír que ceyuiage
y étoit prcfqü’iipr/crfíUeaen: établi avanp qu’il le tur
1^6 A N N
«e Charlemagne á Tan 8oi ^ & fa mort á Tan 813.
Commenc les accorder avec nous? Ríen de plus
facile , en diftinguant les diíFérens commencemens
de Yannée que nos deux compilateurs ont fuivis,
& probablement copies d'aprés les auteurs ori-
ginaux. íls ont rapporté le couronnement de
í^harlemagne a lanScij au lieu de le rapporter
a Tan 8oOj en commenjant Yannée le zj décembre j
jour de Noel; sis ont rapporté fa mort^ arrivée
le 28 janvier ¡ a Tan 813 , au lieu de la rapporter
a 1 an 814, en ne commenqant Yannée qu'avec le
mois de mars^ ou plutót le 25 du méme mois,
peut-étre roéme á Páques feulement. Voilá deux
commencemens de Yannée bien marqués dans les
mémes anuales ^ compilées fans doiite de divers
auteurs ; ce qui a donné lieu au favant éditeur
de faire la méme obfervation que nous faifons
icij & d’ajouter que ce que nous voyons dans
les annales de Metz & de Moilíác, doit fe dire
de la plupart des chroniques de ce tems-lá & des
íiécles ñiivans.
Que la dans une méme chrotiique il íé ren-
contre divers commencemens de Yannée , que
devons-nous penfer de diverfes chroniques , com-
parées les unes avec les autres r N'y trouverons-
nous pas toutes les variations^ á cet égard, que
nous avons remarquéeSo & que par la fuite notas
resnarquerons encore dans nos chartes ? Cela eft
certain , & Gervais de Cantorbery va nous en
fournir la preuve. Cet auteur vivoit au commen-
cement du treiziéme liécle ^ dans le tems que les
chromques fe multiplioient á finfini. Ecóutons
ce qu il. nous dit : Inter zpjos etiam ckronics, fcrip-
tores (ce font les termes de f avant-propos de fa '
chronique) nonnulla dijfentio efi. Nam ciim om-
nium Unica & precipua fit intentio anuos Domini
torumque continentias fupputatione veraci enarrare ,
ipfos Domini anuos diverfis modis & terminis nume-
rante Jicque in ecclejiam Dei multem mendaciorum
eonfujionem inducunu Quídam enim anuos Domini
incipiunt computare ah Annuntiatione , alli a Nati-
vitate e quidam a Circumcijtone , quidam vero a
Pafwne. Ajoutons á cette énumération de Ger-
vais ce que nous avons prouvé plus haut ; Quídam
a martio , quidam tándem a pafchate. Voici main-
tenant les rcflexions quhl fait fur ces divers com-
jnencemens de Yannée de fincarnation. Cui ergo ,
dit-iL ifiorum magis crtdendum efi? Annus folaris ^
fecundhm ramanorum traditlonem & ecclefia De:
confuetudinem , a kalendis januarii fumit initium:
in dzebus natalis Domini , hoc efi in fine decemhris
forútur finem. Quomodo ergo utrzufque vera poterit
ejfie computatio , ciim alter in principio , alter in
fine anni fiolaris anuos incipiat incarnationis ? Uter-
que etiam anuís Domini unum eumdemque titulum
apponit e ciim dicit , anuo ah incamatione tanto
vel tanto falla funt illa & illa. Mis aliifque Jimi-
libus ex caujfs in ecclefiá Dei orta efi non módica
dijfentio.
Aprés ua témoignagc fi clair Se £ préds d’un
A N N
témoin oculaire, on doit regarder comme fuffi.
famment prouvée la confufion qu avoient jetée
dans les chroniques les diíFérens ufages de corn-
mencer Yannée. Mais le texte de Gervais dit en-
. core plus qu il ne femble d’abord exprimen En
Fexaminant de prés ^ nous croyons en eíFet y trou-
ver un nouveau commencement de Yannée , dont
nous avons dit ci-devant deux motSj fans le
prouver. C'eíF fur ces paroles que nous nous
íondons : Annus folaris , fecundum rcmanorum
traditlonem & ecelefií Dei confuetudinem a kalendis
januarii fumit initium ; in diebus natalis Domini
hoc eft , in fine decemhris forútur finem. Quomodo
ergo utrzufque vera poterit ejfe computatio , cum
alter in principio alter in fine anni folaris annos
incipiat incarnationis ? II ne paroit pas qu'on puiflé
enrendre ces paroles de ceux qui commengoient
Yannée le 25 décembre , jour de la naiffance du
Sauveur , & de ceux qui la commen^oient fept
jours plus tard , avec le mois de janvier. Une
difíérence de fept jours n'étoit pas capabk de
caufer la confufion dont fe plaint le moine Ger-
vais ^ lorfqu’il nous dit : Quomodo ergo , &c. Cette
fagon de parler ne marque-t-elle pas clairement
deux chofes ; 1°. qu’il y avoit en ces tems-lá des
auteurs qui commengoient Yannée avec le mois de
janvier , & cela un an moins fept jours avant
ceux qui la com.menqoient á Noel; 2°. que Ies
uns & Ies autres, malgré la difíérence d^un an,
marquoient dans leurs chroniques ces deux annies
par la méme année de rincarnation ; li tel eíl: vrai
le fens des paroles de Gervais, comme il nepa-
roít pas qu^on puiíTe en áouter , noys fommes
en état de repondré á une difSculté propofée aux
favans parle P. Mabillon, dans fa Diplomatique,
liv. 2, c. 2j, n. 9. Elle roule cette diíficulté fur,
deux bulles de Pafcal II , qui fut confacré pape le
14 aoút de Tan 1099. La premiére eft datée da
14 février 1103 ; la feconde, dont le P. Mabillon
avoit Poriginal ibas les yeux, eft du 23 mars de
la méme année q Tune & Tautre , comme on le
voií, avant le 2 y mars. Les autres diíes de ces
bulles font rindiétioñ x & la troifiéme année du
pontificat de Pafcal II, Ces deux derniéres dates
marquent Yannée 1 102, tandis que Ies deux bulles
enoncent 1 an 1 103 , comme on vient de le dire,
& cela avant le 2t mars. Comment réfoudre cette
diíEculté ? C’eñ en difant que le chancelier qui
a dreíTé ou écrit ces deux bulles, commengoit
Yannée at Fincarnation un an plein avant nous,
& qubiníi il comptoit 1103, lorfque nous comp-
tons 1.102. Cette réponfe eft fondée fur les pa-
roles de Gervais , quiviennent d'étre rapportées,
8¿: Finterprétation que nous leur avons donnée ,
fe trouve confirmée par les deux bulles de Pafcal.
Au refte , ce commencement de Yannée de Fin-
carnation j antérieur au nótre d’un an , ne dok
point étonner dans un tems oü chaqué auteur
femble avoir eu la liberté de commencer Yarjz‘^
«juand il Youloit. On % vu plus haut qu il y es
avoit qui !a commen^oient le joirr de I'Annoncia-
tiori:, neuf mcis & íept jours avant nous. Cette
maniere de coramencer \‘ar.née de_ rincarnation j
n’empéchok pas ceax qui la fuivoient, de regar-
der le premier de janvier comme le premier jour
de Yannáe folaue , fuivant 1 ufage aes Romairis ,
trés-connu & trés-commun en Occident (i).
De-la il eft arrivé tout naturellement que pour ne
pas s’éloigner de cet ufage ¡ cerrains auteurs ont
commencé des le mois de janvier a dater leurs
récits par Y année telle ou relie de 1 incarnation ^
quoiqu'ils fuííént bien que cette année telle ou
telle ne devoit commencer que le zj niars fui--
vant. 11 en eft de ces auteurs comme de ceux qui
datoient par les annces de nos rois , & fans faue
attention ni au mois ni au jour^ précis qu ils
avoient commencé de régner ^ des le mois de
janvier fuivant, datoient leurs recitsde la íeconde
année de ces princes , quoiqu ils n’ignoraffent point
que leur régne ne commen^oit qu un certain
nombre de mois aprés celui de janvier (z). II nous
(i) Des lettres de grace données l’an 1455 ? ^ confcrTces au
tréfor des charces , fonc da:ées U premier jour de janvier, <^u^on
trppelle coTnrnunement Le premier jour de L an» L uíage eroit en
.ces ceixiSrlá , comme d préíeutj de donncr des ctremjes au
premier janrier
(i) Cec ufage n-écoic point particulier aiix auteurs fran-
^ois. On le remarque dans pluíicurs diplomes des empereurs
d'Allemagne. Le Mire en rapporce un de Tempercur Otcon I ,
( NouEcc. Belg.c» 6^.) daté duiejanrier <;í^,iatrcnte-uníeine
einnée de fon regne. Or , ce prince n’ccant parvenú au troné
qa’aii commencemeiit de juillet Is 12. ianvier 51665 ii
n’écoit encore que dans iatrentieme , & non la trente-unisme
annee de fon regne. Mais Orton , ou fon chancelier , coinp-
toit les années incompletles comme les années complettes j
c’eft-á-dire 5 qu’il regardoit l’an 936, comme íi le regne
d’Otton eúr commencé au premier jour de cette année , &
comptoit par conféquenc les fept derniers mois de cette année
comme une année complerce du regne de ce prince. II fe trouve
aantitc d’exemples de cette maniere de fupputer les années
es regnes 5 dans d’autres diplomes de ce prince, dans ceux
de Henri, fon pete 5 dans ceux d’Orton II, fon fíls; de
Henri II , de Conrad IT, de Henri III , de Lorhaire II, qu’on
peut voir dans le premier tome de la Chronique de Gotwich.
On doít méme taire remonter cet ufage bien plus haut
que les rois de France & les empereurs d’AUemagne. Le
Cardinal de Noris , dans fa lettre fur une médaxlle d’Hé-
»ode Antipas, remarque, d’aprés Képier & le.P. Pétau, que
les Juifs compteient les années de leurs fouverains du mois de
Nifan, qui précédeit ravenemenc de ces princes au troné j
de forte ou’ils comptoient une feconde année au premier de
üifan fuivant, quelque peu de tems qu’ils euilent régné aupa-
ravant ; í1 le prouve par un pafíage de Jofephe, qui ne fouíre
point de dificulté. Le Talmud eltégalement forinel lá-deíTus.
Prima dies nifar.^ y eft-il dic, efi novuz annus regum. Annus
Ule ej: a quo numeran & fuppuzare incipie'-'ant annos regum
Juorura in contraSIibus ^ ckrrographis & publicis ómnibus infirv^
men'is & dipiomaúhus qui ad annos & menCes regís regnantis
componehar.iv.^. On voir auífi par leméme livre, & par d’autres
xnonumens , ermme Samuel Petir le prouve, que les Juifs
compteient les an- ées des empereurs & des autres princes
erran^-’rs , da mois Tifri , qui avoir précédé leur avénement ,
quana méme il ne fe feroit écoulé que quelques mors , &
anéme un fcul jou”. C’eír á l’aide de ces principes qu’on
peuc expliquer les ciares dC années des princes juifs, qui fe
xrouvent fur les médaiiles de Philippc le-Tetrarque , d’Ké-
rode , roi de Calcidc , d’Hérode Antipas , d’Agrippa I &
d’Agrippa le jeune.
Les Egypriens , dir M. Tabeé Beilci, qui bous fert ici de
guide, fiíiYoieni audi Tufage particulier de compter uac nou-
fuffit 5 ponr le préfent, d'avoir prouvé un com-
mencement de Y année de Idncarnation , antérieur
d’un an au nótre aóluel, & d'avoir renda raifo.n ,
autant que ce’a fe peut faite, d’un ufage pea
connu 8c fort éloigné de norte tems.
Ce qui vient d’étre dit fur les divers cotn-
mencemens de Yanaée qui fe reacontrent dans
nos chatres & nos chror.iques, fair voir quelle
attention il faat apporter á la leclure de ces an-
ciens monumens. Sans cela on feroit continuelle-
ment expofé á s’y mépiendre , & d’autant plus fa-
cilement , que ceux qui commen^oient Yaanée
diverfement , «’en avertiíTent point , comme le
moine Gervais vient de nous Tapprendre. lis
datent tous de Yannée de rincarnation , fans
dire qudls la commencent le zj Mars , neuf
mois & fept jours avant nous , ou trois mois
moins fept jours aprés nous , ni shls la com-
mencent avec le mois de Janvier de Y année qui
precede la nótre , ou avec le méme mois comme
nous , ou avec le mois de Mars , á Paques ou
á Noel. Com-bien ne faut-il pas d’attention &
de difeernement pour ne point prendre le changa
fur des dates íi embarraíTantes & íi embroaii-
lées ? Quelle témérité d'en juger précipitam-
ment , comme íi e'les ne renfermoient aucune
difficulté ! Ces dates ne s^’accordent pas avec norte
calcul , done elies font fauífes, & les chatres
oü Ies chroniques qui les renferment , de huile
velle annie tJe regns au thoth ou premier jour Je leur année
civile (29 aoút), en forte qu’ils comptoi^nt une feconde année
au thoth j qui ouvroit une ar.nét nouvelle, quand le prince
n’auroit regué que pea de tems auparavant.
Le P* Pagi {ad an. 63 , 5) a obfervé que fans cette mé-
thode, on ne peat expliquer la date d’une feconde année
de Galba , ni la cinquieme année d’Elagabale , gravées fur
des médaiiles égyptiennes. C’eíi par la méme mécbode que
le barón de la Baítie explique la huitieme année l. h. de
i’empereur Probus , íur des médaiiles frappées en Egypce.
Le cardinal de Noris a prouvé que les habitans d’Ániioche
& de Laodicée en Syrie , compcoienr de méme une nouvelle
année de regne au coinmercemenc de leur année civile. A
menfe d quo annum ordiehnntw ^ numerarunt ^ cuod & de
annis imperii JuLii Cécfaris Antiocktnfes ac Laodiz enfes fecijfc
in volumine de annis Syro- Macedonum demonjtr.evi,
Tel étoit auíH Tufage de la ville de Tyr. Trajan fur adopté
par Kerva, créé Céfar, & revétu de la puiíTance cr.ibuni-
rienne le iS feprembre de Tan $7 de J C. Le 29 oécobre
du mois fuivant, premier jour áe-V année civile de Lyr, les
habitans cempterenr la feconde année b du regne de ce prince j
6c le 19 oéioÉre de Tan 1 ils compeerene la vlngt-ucieme
année ka. Sans Tapplication de cet ufage, on ne pourroit
concilier les monumens avec la durée du regne de Trajan,
qui ne fue pas de vinge ans complets. ^
Ajoutons encore Tufage particulier de la ville de Séleude,
prés des bouches de TOronte. Nous avons vu , dir M. Bsliei,
dans íc cabinet de M. Tabbé de Rc-thelin , un beau mé-
daillon frappé parles habitans de cette ville, en Thonneur
deGalba, la feconde année de fon regne ; ítov:? ?-’Fóv
3£PON B. Galba n’avoit régne que neuf mcrt 6; treize jours,
á compter méme du 3 avril de Tan 6% , Jour aucuel ii fut
p'OcUrr.é Auguíte en Efpagne du vivanr de Néron, cu f-pt
mois fert jours, íi Ton compre de la more de Nércn, vers le
la juin í3e la méme anné. 6%. I* fut rué a Reme le i c íinvier
69. Les habitans de séleucle compterent done une ilconde
année du regne de ce prince au Gcmmencemeni de íeMt oTénie
dY'üe, i Tautomue qui fuivit fon avtncjnect au trcn«*
15>5 a N N
autoricé. Ainíi raifonnent ordinairement les de-
nii-ravanSj cjui oient prononcer fur des chofes
quils n'entendent point.
Jtecapitulc^tioTi des divers commencemeTis ddariuées
en Occident.
Indépendamment de tout ce qui vient d’ctre
ditj nous ajlons raíTembler ici, par maniere de
íupplenagnt j tous les divers commencemens
d année que nous avons remarques dans Ies dif-
férentes parties de TOccident.
L'ufage de commencer Yannée á Noel, a long-
temps régné en Ailcmagne;, ou on le voit éta-
bli des le dixiéme íiécle. Wippon , dans la vie
de Conrad le Salique ^ dic : íncokante anuo Na-
tivitatis Cnrifli j rex Ckonradus in ipsá regia,
civitate, Natalem Domini celebravit. L'hiñorien
Brunon, moine du diocéfe de Mer sbourg. ter-
mine ainíi rhiftoire de la guerre de SaxeVqu'i!
écrivoit vers la fin du onzieme Iiécle : anno 1081
( 1081 ) in Natali S. Stepkani protomartyris , Her-
mannus a Sigefrido, Mogundns. fedis arckiepifcopo,
in rcgem verter abiliter eji uncius. L^annaliííe Saxon
qui a conduit fon hiñoire jufqu’en 1135), com-
menee chaqué année de fes Annales en cette
mamére : L‘ emperetir a célébré la féte de Noel
en cene ■ville , puis VJÍpiphanle , erfuite la Pa-
riñeadon en tel autre lien. Cet ufage ne fut
pas néanmoins univerfel en AlJemagne. A Co-
lognCj Yannée commenfoit á Paques. 11 eñ vrai
qu'un conciie tenu Tan 131Ó en cette ville
crdonna_ ( ran._í3; ) que lannée commenceroit
deformáis á IS’oéi J fuivant V ufage de dEglife
romazne ; mais ceia n^eut lieu que pour le ñyle
ecdéiiaítique j 8c Fon continua de" commencer
Ya.nne'e civüe á Paques j ce qu on appeloit le
Jiyle de La cour. L'Univeríité de CoioVne aviit
fon ítyle particulier ^ qui étoit de commencer
Yannée au íf mars 5 & le P. Hartzeim af-
fure qifeüe le confervoit encore en 1428. Dans
Févéché de Liége ^ la veüíe de Paques ^ aprés
le cierge bénit, étoit le premier jour de Yannée:
Attendendam , dit Hocfe.m j chanoine de Liéee ,
dans la vie de révéque Henri de Gueldre , ch.
1 j quod d tempore cujas memoria non exifiit , an-
Tíorum. nativhatis Domini cumulado , five cujuf i-
het anni faccrefeentis irdúumin cerco confecratopaf-
chali hdñenus depingi tabula cohfuevit , (i ab illa
hora anrois dominicas inchoabat. Mais cela fut
changé Fan 1333 ^ fuivant le meme auteur. (liv.
z , de epife. Lsod. ) par une ordonnance de Yé-
véque qui fabftitua , pour ce jour initial , la
ffcte de Noel á celle de Paques.
A Tréves ^ on plaqa vers le méme tems le
commencement de Yannée au 23 Mars. Mais pré-
fe.ntement , Se depuis long-tems, dit Brouver ,
écrivain du dix-feptiéme fiécle ( Annal. Trevir.
liv. 18 , p. 238 , ) Yánnée commence á Tréves
au I Janvier. Cependant , ajoute-t-iij Fufage
áes notaires & des autres écrivains publics ^
A N N
eíl toujours de prendre dans leurs adíes le 23
- Mars pour le premier jour de Fan.
En Hongrie j Yannée commen^oit á Noel , ou
au I Janvietj comme le prouvent les dates em-
ployées par les écrivains de ce pays.
En SuiíTe , dans les quatorziéme & quinziéme
fiédes j on com.mencoit Yaraiée au i Janvier ,
á Fexception du diocéfe de Lauzanne Se du pays
de_ \ aud ^ ou , depuis le conciie de Bafle ^ on
prit le 23 Mars pour le jour initial de Yannée.
A Milán, dans les treiziéme , quatorziéme Se
quinziéme íiécies ^ Yanrtée s^’ouvroit par le jour
de Noel. Une f harte citée par Du Cange ^ eñ:
ainíi datée : Anno a nativitate Domini 1377^
Inaiél. l , fccuriáúm curjum & confietudinem civi-
tatís Ifleaioianr. , fecwiaa Decembris , Ííc.
Borne & !a piapart des villes d’ítalie:, fuivoient
!e^ méme ftyle. Alais á Fíorence ^ des le dixiéme
íiécle , ie commíencement de Yannée étoit fixé
au 23 Aíars, 3 mois nioins 7 jours aprés ce-
lui que nous comptons á préfent pour le pre-
mier de Fan ; c"eít ce qu'on nomme le calcul
cu Uére de Fíorence. Quelques villes adoptérent
ce ítyle, que pluíieurs Papes , jufqu'á Cltment
Xíirincluíivement , ont fuivi dans leurs Bulles.
Les Jrlorentins ne Tont quitté que dans ces der-
niers tems j en vertu dlun décret de Fempereur
Franqois , donné Fan 1743 , en fa qualité de
grand-duc de Tofeane, par lequel il fut ordonné
que Yannée ¡ 746 & les fuivantes commenceroient
aa I Janvier dans toute la Tofeane. Le calcul
Pifan , qui precede d'unq année entiére celui
de Fíorence , a été en ufage non - feulemenr
á Pife , mais á Lueques ^ á Sienne , á Lodi j
& pluíieurs Papes font conformes dans les
dates de leurs Buhes.
A \ enife , de tems immémorial , Yannée com-
mence au premier de Marsj & cet ufage y eíl
encore fuivi dans tous les aéles publics, comme
nous Fa aííuré M. de Soranzo ^ "fecrétaire d’aia-
baíTade de Venife.
En Arragon, il'fut reglé Fan 1330, que Foa
commenceroit Yannée á Noel, Se que Fon pmet-
troit les calendes, les nones & les ides dans
la date ^du jour. ( Du Cange, Glojf.Ti. I,
col. 468.) Auparavant c’étoit ie 23 Mars, 3
mois moins 7 jours aprés nous , qui tenoit
Iieu du premier jour de Fan 5 mais dans le reíle
de F'Efpagne , Yannée a toujours commencé au
premier Janvier.
• En Chypre , le commencement de Yannée fe
prenoit auíS du jour de Noel. Du Cange le
prouve par une Charte ainíi datée : Anno a na-
tivitate Domini 1578 , IndiB. I, feptimo mar-
di , fecuniam carfam regni Cypri.
En Anglererre , on trouve des veftiges de cet
ufage des le feptiéme íiécle, & il s’y mainre-
noit encore aa treiziéme. Gervais de Cantorbé-
ty, oui vivoit alors, & dont on a vu Ies plainres
fur ks dlíTeníions des computilles de fon tems
A N N
ásns la maniere de eommencer 'ícr-née ¡ témcigne
cejcndan: que preíque tous les écrirains de la
narion qui ravoieat précédé j s'étoknt accordes
á pkcer rouvermre de Yannée au jour de iVoeij
par la raiíbn que ce jour eft comme le terme
óü le foleil finir fa courfe & la recommence :
Hcc , iit efsiino , dit-il , ratione inducii fiint omnes
jci 'c qiíi ante v:e jcrijrfimnt , ut a natali Dommi
anni fubfeqnentis fum.crent initium. Cependant , li
paroit que des le douziéme Cécle ^ Tufage de
réglife ánglicane éroit de commencer Yannée au
Xy Mars ; c’eft pour cette raifon, fans doutC;,
qidEdmer, qui écrivoit vers le milieu de ce
ñecle , appelle les quarre-temps qui fuivent la
Penrecóre , le jeune du quatriéme mois. Ce ñyle
paiTa dans le civil au treiziéme fiécle , &: y per-
févéra jufqu a la réception du calendrier réfor-
Kié. Le commencement de Yannée fut alc'rs fixé
au premier Janvier. Au reñe , il faut diñinguer
trois fortes ^années chez les Anglois 5 favoir_,
Y-année hiílorique , Yannée légale & Yannée li-
turgique. Uannée hiñorique conuneHce depuis
long-tems en Angleterre au premier Janvier 5
Yannée légale , c’eíl-a-dire celle qu’on fuivoit
dans les acres pubiics , conimenqoit au 25 Mars ;
quant a Yannée liturgique, elle commeace au
premier dimanche. de TAvent.
Dans les Pays-bas , quelques provinces , relies
que la Gueldre , la Frife ■& la province d'U-
trechr ^ faifoient partir le commencement de
Yannée du jour de ?voél ; mais a Delít , á
Dordrecht & dans le Brabant, elle commenqoit
au vendredi-íaint. En Hollande en Flandres &
dans le Hainaut , elle étoir íixée au jour de
Paques; & c’eír le ílyle que les notaires fuivoient
áans leurs adres. Mais ’pour éviter route ccnfa-
iion , ils éroient obligés d’ajouter á leurs dates ,
lorfqueiles précédoient Paques, ces vr, ots , fe-
lón le fiyie ae la Cour , ou bien avant Paques ,
OU more galllcano.
Ce d ••• Jer ítv'le étoir aufli celui de la Cour
de Savoie.
A régard de la France, des le tems de Char-
lemagne , Tufage étoir de cotnmercer Yannée
á Noel. Cet ufage s’y maintir.t prefqu’univer-
fellemer.t pendant le neuvléme fiécle. Mais dans
la' fuite , il n’y eut ríen de conítant. Les uns
prirent le 25 Décembre , les autres le 2J Mars,
& le plus grand nombre , le jour ou la veille
de Paques, pour le jour inirial de Yannée. Loici
néanmoins ciuelqaes obfervations lá-deíTus , cui
pourront erre útiles á ceux qui confultenr les
anciens monumens de rrotre hiíloire. La courume
prefqudnvariable de nos rois dans leurs diplomes,
depuis la fin du douziéme fiécle , & celle du
Parlemenr de París , depuis qufil fut renda fé-
¿entaire , jurqa’a Pédit cui fixa le commence-
menr de YanrJe au premier Janvier , fjt de la
ccmmencer á Fáaues , ou plutót au famedi-faint ,
aprés la bénédicücn du cicrge pafchai. Mais
A N
N
I drr.s les prcvinces de Franca , tícrrt les An-
giois íurenr mr.itres , Fufare )e plus cotrinun
étoir de commercer Yannée a Ncél. Lorfcu'on
y datoir aurrement, c'eft-á dire, lorfqu’on com-
mencoir Yannée a Paques , on ajouroic ordinai-
rement á la date , felón le flyle ae Frente , cu
more galUcar.o.
En Languedoc , dit M. Ménard , ( hiíl. de
Nimes , Préf. ) 8c dans les autres provinces mé-
ridioualeSj Yannée commencoit au 2j Mars, mais
ce ne fut pas fans de grandes escepiions. D. '^'aif-
fetre prouve que dans le Languedoc,au:í onziéme,
douziéme & treiziéme íiécles , Yannée commen-
coit le plus ordinairemenr á Paques ; mais il ny
avoitrien de fiable ¡á-deíTus. A Narbonne,& dans
le pays de Foix,rurage étoir de prendre le jour
de Noel pour le premier de Fan. Parmiies preiives
de PhiíL de Languedoc, T. III, col. 187 , on
voir une charre de Raymond-Roger , coaite de
FoiXjdatée : Menfe M.artio , die dominitá ^idibus
ejufdem menfis, anuo ab Incarn. D. mcxcviji. Or^
les ides ou le 15 de Mars, tomboienr un diman-
che en 1198 , felón notre maniere de compter.
Le roi Louis Vil étant a Maguelone , y confirma
les priviléges de cette églife par un diplome daté
du mercredi des cendres , 9 Février i lyr ; par oü
Fon voir , dit encore D. VaiíTette, que le norame
commenqoit l'année a Noel.
Dans le diocéfe de Linaoges , on fubfiitua Fan
1301 , le 2j Mars au jour de Paques, pour le
premier ]our de Fan ; & cet ufage dura jufqu'á
Fédir de 1504. Dans des fragmens de Fhiñoire
d'Aquitaine , recueillis par D. Eriennot , on
trouve cette remarque : Nota qudd Data littera-
rum contracluum folehat mutari quolihet aunó in
fefio Pafck& in aicscefi Lemovicenf. Sed magifier
Petras Fabri cancelLarius & cufias figilli Lemovl~
cenfis , infiituit qubd Data mutaretur quolihet anno
in. fefio annunti adonis B. lelaris. ; (í prima muta-
tio fiíit anno Domzni 1301. Dans les minutes du
quarorziéme & du quinzieme íiécles , les notaires
limcuuns avoient Fatteníion d’i.nférer au 23 Mars
hit mutatur Datum.
En Daiiphiné , Fufagele plus ordinaire jufques
vers la fin du treiziéme Cécle , éroit de commen-
cer Yannée au 23 Mars ; ma[s dans le quarorziéme
fiécle , elle commencoit ’e pius erdinairement á
Noel; & c’eft ce qufon nomirioit le ftvle delphi-
nal. On fuivoit le méme calcui pour Findiéfion.
( Valbonnais. )
Nous croyons ’/oir le méme ufage en Provence
au Guinziéme fiécle. Te concile db-\ix, tenu Fan
1409, pour envoyer des députés á celui de Pife
efi daté du 22 Janvier , ind ciiqn 2 ; cr, Findic-
tion ne quadre avec .-e mois de Janr ier 1409, que
dans notre mar.iére de compter, ou en commen-
qanr Yannée á Noel.
Parlant du comré de Bourgogne , 55 J’ai recon-
» nu, dit M. Chevalier, ( btlt. de PcIign¡,. T. T ^
" p. iy8, ) que Yannée commencoit parmi nous
200
Á N N
» comme á Rome ^ en Italie & en' Allemagne ,
” des la nativité de N. S. & non comme en
France , oú i'année commen^oit feuiement á
” Paques. Ce n eíl que par fucceflion ¿^aunéts ,
” 8c depuis que ie pays fiit foumís á des Princes
== fraaigois,que le íbyiede France y futintroduit».
Mais il n'y fut point univerfellement établi.
A Befanfon , Xannée commenqoit á I’Annon-
ciation dans les tribunaiix civils ; & á Pofficialité ,
du moins pendant le quinziéme liccie á la circon-
ciíion. En d'autres endroits de cette province ,
le zj décembre continua d’étre regardé comme
jour initial de 1‘an.née. A Montbelliard , les uns
commen9oient Yannée au premier Janvier j & les
nutres au 25 mars.
Années de la PaJJton de J. C,
Ce r/eíl: pas feuiement fur les années de Tincar-
nation qudl eíl aifé de fe tromper; on peut éga-
lement prendre le change fur Ies annees de la Paf-
íion. Nous trouvons pluíieurs chartes oú Ies an-
nées de la paffion du Sauveurfont ajoutées ácelles
de Pincamation. M. Du Cange en rapporte trois
exemples dans fon GlolFaire , au mot Annas. Pour
accorder ces deux dates Pune avec PautrCj il ne
fuffir pas de favoir coinment nos anciens comp-
toient \s.s années de Pincarnation ; il faut encore
favoir comment ils comptoient celles de la paf-
lion j OU á quelle année de Páge de N. S. i!s
ont rapporte fa mort. Les uns ont cru qudl étoit
«Rort á 32 ans5 les aixtres á 33 , & d’autres en-
fin a 34. C eíl ce que dit exprelPément Cerráis de
Cantorbéry , dans Pavant-propos de fa chronique ^
oú il fe pkint encore de cette diveríité de fenri-
menSj qu’ii ditj avec raifon, etre une nouvelle oc-
cafion d’erreur. Pour ne point s'y méprendre , ü
faut continuellement fe rappeler ces trois diffé-
rentes opinions touchant lC/zrééd déla paffion, &
ne iamais oublier ce qui vient d’en étre dit, d’a-
prés le moine Cerráis. On doit encore y ajouter
une remarque importante , favoir, que I’année de
la paffion eít quelquefois confondue avec celle de
Pincarnation. Ñous en avons une preuve bien fen-
íible dans une charte de Thibault , comte de Cham-
pagne , que D. Mabillon a fait imprimer fur Po-
riginal,au lixiéme livre de fa diplomatique. Voici
la date de cette piéce ; Data V. idus Januarii ,
indicilone IK j anno d pajfione Domzni ¿íixxxiii ,
regni autem Pkilippi XXIII, /cripta mana Ingel-
rani Carnotenfis eccle/is decani & cancellarii. On
ne peut fuppofer qu'Ingelran fe foit trompé dans
cette charte , en écrivant, fans y penfer , d pajjlone,
au lieu de ab incarnatione y car il ffieíl pas le feul
de fon tems oui'ait écrit de la forte. Nous avons
un atiteur du méme fícele, qui, dans fon premier
íivre des miracles de faint Aile , abbé de Rehais ,
prend auffi le mot de paffion pour celui Sincarna-
(ion. Voici les paroles de cet écrivain, {Acia SS.
Bened. feñ. Il , p. 326 .• ) Roberto apud Me-
rQvingiam ,qu& alio nomine dicitur Francia , tenente
A N N
! jus regium , pofi mllle d pajjione Domínt volamitid
i annorum, iyfo millenarii impleti anno, líe. Ce íexte
dit bien expreíTément que Robert, rol de France,
régnoit Pan mil depuis la paffion , po/t mille d paf
/one Domini vola-mina annorum , ipfo millenarii
impleti anno : op , le roi Robert ne régnoit point
Pan mil de la paffion , proprement dite , puirqu'it
eíl mort Pan 1031, & que Pan mil de la paffion,
proprement dice , de quelque maniere qu'on le
compre , ne peut repondré á aucune année du roi
Robert, mais feuiement z\ix années 1032, 1053,
1034. Ainfi Pannée de la paffion , dans le paíTage
dont il s’agit, fe prend pour celle de Pincarnation,
comme dans la charte du comee Thibault.
Diférens noms des années de l’ inearnation.
Un autre nom qffion a donné á Yannée de Pin-
carnation , eíl celui de Pan de grace , annus gratú-.
Le premier exemple que nous ayons remarqué dé
cet ufage fi commun dans les derniers tems , eíl
de Pan 1132. II fe rencontre dans une charte der
Rugues , feigneur de Cháteau-Neuf, imprimée au
T. IV. du Spicilége, p. 261. Gervais de Cantor-
béry , qui vivoit au commencemeut du treiziéme
fiécle, a fuivi cet ufage dans fa chronique, quhl
commence ainfi : -Anno igitur grada , fecundunt
Dionyfium xc , fecundum evangelium vero Mcxxri,
fufeepit Henricus primas monarchiam todas Anglist,
&c. Voilá Pan de grace bien marqué pour celui de
Pincarnation. Mais ce qa’il y a de plus remarqua-
ble dans ce debut de la chronique de Gervais, c"eíl
la diílinélion que cet auteur raer entre les années
de Pincarnation, felón Denis-le-Petit, & lesmémes
années , felón Pévangile. II fuppofe done que De-
nis , en comptant les année.s de J. C. s^eíl trompé,
& que felón la vérité de Pév'ángüe, il faut ajouter
ving-deux ans complets á fon calcul , pour trouver
la véritable année de Pincarnation. Marianus Sco-
tus , qui mourut fur la fin du onziéme fiécle , &
quelques autres chroniqueurs , mais en netit nom-
bre , du faivant , ont fait la méme .fuppofition.
On la trouve auffi dans un referit du pape ürbain
II , pour Pabbaye de Saint- Mihel , imprimé dans la
diplomatique de D. Mabillon , p. 390. Voici la
date de ce diplome ; Data Laterani VII kalendas
april. anno ab incarnatione Domini fecundum Dio-
nyfium, millefimo nonagefimo oclavo f fecundum verb
cerdorem evangelii probationem millefimo centefimo
XXI, indiñ. Vi , tpacla vi , concurrente iv. Le pape
Urbain & le moine Gervais skenordent , comme
on le volt, fur ce qu ils difent du calcul de Denisr
le-Petit , qui ffieíl point diílingué du nótre ; mais
il y a une année de différence entre leur maniere
de compter les années , qu’ils appellent , felón la
vérité de t évangile. Suivant la chronique de Ger-
vais, pour trouver la véritable année de Pincar-
nation, il ne faut ajouter que 22 ans a notre
ere chrétienne , ou au calcul de Denis-Ie-Petit ;
fuivant la date d’ürbain II, il faut en ajouter
Marianus Spotus dit comme Gervais, quil
nc
A N N
tie faut en ajouter que ^i, Florent Bravomus, j
moine ác Vorceílve , adopte !e méme fentiment
dans fa chroniquej compofée au commencement
du douziéme fiede. II tange les faits hiítoriques
qii’il rappone, fous Ies deux éres^ celleáe I'évan-
giie, qadi exprime par cesde-ax lettres S. £. deft-
á-dire j, fecinidiiTn evangelium ; Sc Tere de Denis-
le-Petir^ qu il déiigne par Ies lettres S. D. quí íi-
^mñent /ecundum Dionyjium. Farexemple , ii place
un voyage de Guülaume lí , duc de Normandie ,
en Angleterre^ fous Tan lOíi de Tere incroduite
par Derds-le-Petit, & fous Tan 1075 dsréreév'ah-
géüque ; par ou í’on voit qu i! fait marcher la pre-
xniére ces deux époques 21 ans avant la íeconde.
D’autreSj tels qu'Hélinand, moine de Fontfroide,
écriv'am de la fin da douziéme fiécle , n’autici-
poient que de 21 ans Tere de Denis-Ie-Petit ; H.gc
ar.no , dit-il fur Fan 979 ^ compientur mille anni a
nativitate Chrifii , fccundiim vsritatem evan-geHi ,
qui fecanáum cyclnm DíotíyJíz anr.o ab hiñe vicep-
mo primo finiiintur. Nous ne rapporterons pointici
Ies raifons fur lefquelles ces auteurs appuyoient
cette diftinclrioa des années de J. C. felón Denis-
le-Petit j & des mémes années Jelon Févangile.
On peut les voir dans Fouvrage di; P. Petan > de
doctrina temporum , i. XII. ch. V. Parlons mainte-
nant d'une autre date plus uíitéej pour raarquer
les années de Fincarnation.
C^eft i’année de la trabt-ation , armas trabeatio-
nis Chrifii , cui fe trouve dans pluíieurs chatres du
.onziéme íiécle. M. du Cange^, dans fon Gloííaire ,
Texplique par armas quo Chriflus trabi afjixus eji ,
Vannée que .í. C. a été attaché á la croix. Mais ce
favant homme s’efí: mépris en donnant cette ex-
plication. On Fa rectifiée dans la nouvelle édition
de ce GÍOiTairej au mot trabéatión. , oú Fon a d¿-
montré o^Lanitas trabeatio.tis eíl la méme ehofe
Qüannus incarnationis . Dans la multitude des
chartes qu’on a citées á ce fujet, fe trouve le dé-
cret d'éíeciion de Eoreljévéqae de Rhoda en Ca-
talogne^ rapporté au 2- tome des Capitulaires de
Baluze^ col. 6jo. II commence ainli ; Armo tra-
beationis D. A'. J. C. rriilíefimo xvii , ira millefi-
ma. quíiijiüigejíma quinta , indiclione xt , concurrente
2 j epacta xx. Toutes ces dates conviennent a Xan-
nee^ 1017 de Fíncarnatson , de méme que ceile-ci
qui eíl a la fin du décret : anno xxi regnante Ro-
berto rege. II n'eíl done pas douteux qiiannus tra-
beauords & armas incarnationis ne foient la tr,érne
chote. La fource de Ferreor de M. du Ca.nge eít
dans le mot rraéí , (iont ii faifoit dériver tr.zhea-
tta , aulieii qu il vient de trabea ¡ forte de robe a
i uzage des anciens rois, & dont les Pavens or-
noient les íratues de leiirs dieux. S. Fulaer.ce ,
dans un Jerraon. prononcé le four deS. Ftienne ,
dont ia rete , coiníiie perfpnne'ne Fignore ^ fe cé-
lebre Je lendemain de .Aotd ^ di'- : JaVi rex noCer
t -aheá carrds iuduzus , &ci lA eí> trés-probable que
ie rn.'jt crakeatio a e_te tiré de ce paíTage de 3. Ful-
geace , par Jes notaíres qui reateudolen: lire aux
Astiquiiís Tíomi L
A N N 291
lecons de matines le jour de S. Erlenne. Du moin*
eíl-il certain que trabeatio & trabea carrzis mar-
quent Fincarnation du Yerbe ; & c'eft rout ce qu’il
eíi néceíTaire de favoir ^ pour r¡\' erre pas trompé.
La dernrére remarque que nous ferons íiir la
maniere de dater par Ies années de Fincarnation ,
fera fur Fomiiíion d’im nombre de ces années pour
en abréger la date , fur-rout quand elle eít répá-
tée. Dans Fhiftoire des évéques d’Auxerrej nous
troavons que’Févéque Ardoin fut transféré fur ce
ííége j in principio anrd millefimi trecentefiimi quia-
quagefimi in nativitate Domini; & 12 lignes apréSj
pudlpaíTa de-lá á i evéché de Maguelone^ aujour-
d’hui Montpeilier, anno quinquagejimo tertio curia
romans. , ( c’eft-á-dirc , en commenpant V année á
Noel ) ; more autem gallicano , ( qui étoit de cotn-
mencer X année á Paques , ) anno quinqaagefimo fe-
cundo ^ in feflo purificationis B. MarÍA. L'hiíloriea
a omis deux fots cette derniére Í2Xc,anno millefimo
trecentefiimo. II eft vrai qu’eile eñ facile á fuppléer,
parce qu’eüe fe trouve á la tete du récit. Mais oa
voit de femblables omiflions dans áes dates qui ne
font point répétéeS;,au qui n'ontpoint été précé-
dées de dates entieres. Lá premiére édition de
Martial , eft ainfi datée ; imprejfiurn Ferrarisc
dic fiecundá Julii MLXXI, pour MCCCCLxxi {évíait-
taire). De méme ^ la premiére édition de Guil-
laume-de-Faris eft datée de Fan mlv , au lieu de
Fan MDLV. La lettre d’Erafme , qui eñá la tete
des oeavres de S. Cyprien ^ eft datée de Fan Mxix,
pour MDxix. (i). II y a des dates oü Fon nc
voit que X année du íiécIe courant , par exem-
ple , XXI pour mccccxxi j xxxiv ponr
Mccccxxxiv. On lit dans unmanuftrrit de Fimi-
tation, appartenant á Fabbaye de Moik, qiFii a
été achevé die Kiliani 34 , c'eft-á-dire , le jour de
S.Kiiien (SJuiller) 1454, &dans un tíMfee^anno 24,
cequifignifie 1421. D. Mabülon, (dip!. 1. 2, c.25,
n. d’autres remarquent que dans les chartes
mémes, il fe trouve des exemples de femblables
omiíTions. Telle eít ladate d’une charte d’Efpagne:
.Sra dijcurrente 'Lxil , c'eft- á-díre, da.ns Fére (d’Ef.
pagne ) DeecLxii, fous le régne du rol .élfonfej
ce qui revient á Fan de J. C. 834. Les éditears du.
GloiTaire de du Cange citen: un acre , daté feu'e-
ine.nt de Van de A. 5. foixante-qnatre , quolqu’ii
foit certainement de Fan 1364- Dans le regií're
A du parlement de París, fo!. i recto , le priviiége
accorcié par Charles Y a'ux éceliers de Funiveriité,
porte ia date de Van trais cens fiolrcante Jix , cc
qui veat dire Fan 1366'.
: j). Uns autre obTervarion qu’il eíl; á propos cíe faíre ict
far la <?aie quí fe Ik á la fin des aiidcns íivres imprimas,
'deit cii’elle n’eíl pas couiours cells ele i’iraprciiion , mais
qiielqiierois celie de la coD'.po;i:io:i de I oavrage. Car Ies
premiers inipriineurs avoiei:: courune de copien, ainfí qug
les copUtes á la maia , tour ce- ca’:is foíivoidéic dans ie^
inannrcrits. Quand oa lir á la óa de ré-diríon de Joha’znes
de Ta-r.h-ACO y !>£ CoNSOL.-íT.f^Ot^'E THFOLOGr.^, oirit
a été acharé kan Gcla-doks'cctendre de- la eoir.pofídon ,
Se Aion de kirr.predion. liziponc, 'Phllologic^^
Sibiiogrcphíca ^ f-p, 5‘^
Ce
A N N
Réca-pitulatíoii des eres cmployées dans la Talle
Chronolcgique , arvec leurs rapports précis a ¿"ere
¿e Jéfus-Ckrifi.
La premiére année de la 195' Olympiade ré-
pond au premier Juillet de la premiére année de
J. C.
La qiiarriéme année de Findiñion Conftantino-
politaine , commence au premier Septembre avanr
J. C. La quatriéme année de Tindidlion Conflanti-
niennej au 24 du méme mois 5 & la quatriéme
ánnée de Findiéiion Pontificale , au premier Jan-
vier fuivant.
U année de Fére d'Alexandrie, commence
áu 29 aout de V année qui precede immédiatement
la premiére année de J. C.
\J année 5493 de Fére eccléíiaftique d’Antiochej
commence au premier Septembre avant Fére de
J. C.
Uannée 5509 de C P. commence au premier
Septembre avant Fére de J. C.
U année 31 3 de Fére des Grecs ^ commence au
premier Septembre , fuivant les uns ; au^ premser
OédobrCj fuivant les autres ^ de la premiére année
de J. C. Quelques peuples font commencer cette
année 3 1 3 , feulement en Fautomne de la feconde
année de J. C.
La quarante-neuviéme année de Fére Céfanenne
d'Antioche , commence j felón les médailles , le
premier Septembre avant Fére de J. C. ; & , fui-
vant les añes , au premier Septembre de la pre-
miére année de J. C.
La rrente-neuviéme année de Fére d’Efpagne ^
commence au premier Janvier de !a premiére aa-
née de Fére chrétienne-
La premiére année de Fére des Martyrs ^ com-
mence au 29 Aoilt de Fan de J.'C. 284.
La premiére année de FHégire j commence au
\G Juillet de Fan de J. C. 622.
Annse.s fur les médailles.
II Y a plufieiirs efpéces A’années fur Ies mé-
dailles. Sur celles d#s villes grecques , on trouye
ordínairement des époques relatives a des faits
hiíloriques. Sur celles des Auguíles^, _on voit les
années qui datent dii moment ou i!s ont été
TiOXrxmis Augiiñes ou méme imperator ; & ce font
les mémes années qui font placees iíir Ies mé-
dailles des Céfars.
Cette derniére aíTertion demande quelques
preuves. Alexandre-Sévere netant encore que
Céfarj m.arque fur une médaille L. Ej epoque du
regne d'Elagabale , qui étoit alors Augufte._ Tifas
Céfar marque ítkí h. ^ qui etoit 1 an huitiemc
du regne de Vefpaíien , fon pere : Marc-Aurele
Céfar marque L. h. ^ qui appartenoit au regne
dF-intonin. Le rnéme Céfar a marque L. AÍ2AE-
JtATOY j la i2=<í;2?2/fd'’-4ntonin. On voit enfin deux
médailles de Caracalla avec et.ie. ip & ex. i^.i6y
qui ne peuTeat convenir qu'a fon pere Septime-
Scvére. Cette obfervation ttte Ies antiquaijes d un
A N N
gránd embanas , ou ces époques les avoient
jetés.
On lit fur une médaille d^or d'Hadrien : ann,
DCCCLXXIIII. NAT. URB. , anno nau urbis.
C'eft prefque le feu! exemple de X année de la fon-
dation de Rome marquée fur les médailles.
Sur les médailles du Bas-Empire aprés le cin-
quiéme íiécle &c jufqu’au neuviémej Ies reveis
des médailles portent ; Anno 11, 111, jy , be.
Ces années du regne commencent avec Juftin,
Fan 5183 & finiííent á Michel Rangabé ^ qui
monta fur le troné Fan 81 1.
ANNIA j famille romaine dont on a des mé-
dailles :
O. en or.
C. en argent.
R. en bronze.
Goltzias en a publié quelques médailles parti-
culiéres j inconnues depuis iui. .
Annia Fauftina. F'oyei; FausTINA (Annia).
AÑiN IB AL. V. Hannibal.
AññIBALLIEñ. V. Hannibaelien.
AÑÑIVERSAIRE (jour). Les anciens avoient
coutume de célébrer par des repas 8c des réjouif-
fances les jours anniverfaires de leur naifíanccj de
!eur mariage , Scc. lis prolongérent cet ufage méme
jufquTprés leur mort ^ comme on Fapprend de
leurs épitaphes. Les parens 8c les amis du mort
s'aíFembioient autourdefafépulturej 8c couvroient
fon tombeau de rofes ^ de fieurSj de fruits 8c de
viandes. lis prenoient enfuite un repas commun ,
aprés lequei iis fe féparoienr.
Ovide rapporte i’origine de ce pieux ufa.g-e a
Enéej, qui Fapporta en Italie. {Fafi. ji. 533-)'
Eft honor & mmulis animas placare paternas ,
F arvaque in exftruBas muñera ferre p'jras.
Hunc morem S.neas pietatis , idgneus auéter y
Attulit in térras ^ infle Latine y tuas.
II Y avoit des jours confacrés a honorer rous
les morts en general ; mais chaqué famiüe céle-
broit en parriculier Ies jours anniverfaires de la
mort tdx.i<r!a. , OU de ia naiíFance j f^■Á!l■ía , de
chacun des íiens. Les mourans chargecient leurs
héririers de payer ce tribut á leur mémoire. On
lifoit á- Arles Fépitaphe fuivante y qui en fait foi ’~
I. JULIO. SECUNDO
UTRICULARIO. COR
C. I. P. A. QUÍ. LEGAVIT
EIS. TESTAMENTO
SUO. * CC. UT. USUR. EOR
OMNIBUS. ANNTS. SACRIFI
CIO. El. PARENTETUR
ITEM. NAUT. DRüENTIOR
CORPOR. MOGITUMA
EPIP0DIUS. FILIUS. NA
PATRI. PIEHTISS
Á N N
A N N
Sur un marbre du mufaum de Vérone;
ITEM. DEDIT. COLL
NAUT, ARILIC. H-S. XII. K
ÜT. EX. EJUS. SUM. REDITU
ROSAL. ET. PARENT. JUSTO. E
lUSTAE. ÜXORI. ET. SIBI OMNI
AN. IN. PERPETUUM. PROCUR
ET. ADIECIT. PONTIjL. IUSTA. ISD
■ COLLEG. IN. MEMOR. FORTUNATAE
LIB. OB. EA-ND. CAUSAM. H-S. N. DC
ET. UT. MONÜMENTUM. REMUND
Sur un autre á Brefcia
VALERIAS URSAE QUAE VIXIT
MECUM ANNOS XXX. MENS. III. D. VIII.
QUAE COLLEG. FABR. AGELLÜM. AESIANUM
SUUM
MANCIPAVIT SE VIVA EX DIMID. PORTUS
VASISTA UT EX REDITU
EIUSDEM AGELLI Q. ASILIO CONIUGI SÜO ID EST
IX. KAL. NOV.
DIE NATA-LIS EIUS. ITEM PR. ID. MAR. DIE
NATALIS SUI SING.
ANN PER MAGISTR. CELEBRENTUR. ITEM
EO DIE
ROSjE IN PERPET
Sur un autre marbre de Brefcia :
clodiae ac
HILLEE sive cy
RILLAE QUAE VIXIT
-ANN. XXVIII. ivIEN. XI.
DIES VI. L. VETTIUS
URSINIANUS M-ARITUS
UX0RI INCOMPARABILI
QUI DEDIT COLL; VI VIR
SOCIOR. H-S. N. co. UT EX
USURIS EORUM PROFUSA
El FIANT PA-RENTAL. ITEM
ROSIS QUODANNIS CELEBRENT
On Iit encere a Nice l’épitaphe fuivante :
P. PETREIO. P. F. Q. QUADRATO. ET. P. EVA
RISTO. LAIS. MATER. STATUAM. POSUIT. OB
CU jusdedicat. colligent. epulum. ex. more
EX. IP H-S. XII.... UT. QUODANN. IN. PER
PET. DIE. NATAL. QUADR. V. ID. APR. QüA
RELIQUIAE. EIUS. CONDITAE. SUNT. SACRI
FICIUM. FACERENT. A'Hniíatim. FARE. ET. LIBO.
ET. IN.
TEMPLO. EX. MORE. EPULARENTÜR. ET. RO
SAS. SUO. TEMPORE. DEDUCERENT. ET. STA
TUAM. DECERNT. ET. CORONAR. QUOQ. SE
FACTUROS. RECEPEP.UNT.
Gruter a publié Tépitaphe fuivante^ qui ren-
ferme les oíFrandes que 1 on faifoit aux morts dans
les anniverfaires ;
aoj
COCCEI.4E, -NICE. DOMITLAE
F. CHRISAE
VIXIT. ANN. XXIV. M. lili. D. XXIIlI.
HERMES COCCEIUS. BASS
ACT. COlUGI. BENE. M
AETERNAM. TIBI. SEDEM. HERMES. AR-AMQ
DICAVI
InICE. OPTASSEMQ. UTINa.M. tua. eat.l. superstes
UT.Í.IIHl.TÜ. E.ACERES. SED. INIQU A. SORTE. MALIGNA
RAPT.Í.. lACES. ANNIS. VIDUATA.
lAM. TIBI. LAC. eySELES. SINT. ET. ROSA. GRATA.
DIGNES
ET. FLORES. GRATI. NYMPHIS. ET. LILIA. SERT.A.
SiTQ.PRECOR. MARITIS. QUI. NOSTRA. PARENT. TIBI.
DONA
ANNUA. ET. HIC. MANES. PLACIDA. TIBI. NOCTE.
QUIESCANT
ET. SUPER. IN. NIDO. -MARATONIS. CANTET. AEDON
ANNIÜS VERUS. Verus.
ANNÓ. Un médaiUon de Jaftinien offre cette
légende écrite de haut en bas ; Anno x v. Ce fut
versTan ji8 que Fon commenca á marquer furles
monnoies l'année de l’empire par la formule amo.
Dans !a fuite^ au lieu ¿íanno , on ne.ñt que répé-
ter des N. V. Annees [ur les médailhs.
ANNON.^.-. Les Romains exprimoient par ce
feul mor, & la récolte de tous les fruits ou
grains que la terre produit en une année & la
ración du foldat , de quelque nature qu elle piit
étre. Les ediles , & en particuüer le oréfet de
Yannone y étoient chargés d^approviíionner Rome,
& de. mettre le prix aux denrées ; & ils avoienc
fous leurs orares pour ce département^ les régions
urbicaires & les provinces frumentaires. Ces pro-
vinces j que Ton forcoit á paper Jeur tribut en
grains & eacomeñfbles ^ étoient la Sicile , F.Afri-
que , oú étoient iituées les régions urbicaires ; la
Sardaigne, FEfpagnej la Béotie ^ la Macédoine,
la Cherfonéfe, TAÍie proprement dite, la Syrie
& FEgypte, depuis le moment ou Augufle la ré-
duilit en province rornaine. Le prélat chargé
aujourd’hui de veüler .a Lacprovilionnement de
Reme moaerne , s'appelle encore Préfet de V An-
nom.
Les foldats romains recevoient ordinairement
leur annena ou catión, pour plufieurs jours, &r
la portoient eux-mémes dans les routes. lis !a
recevoie.nt en argent, lorfqu’ils étoient limitanei ,
c'elt-á-dire , á poíle fixe fur Ies frontiéres de TEm-
pire.
A-.inona dúplex, double ration, étoit une ré-
cempenfe iniliraire.
Nous Yoyons fouvent fur les médaides des
empereurs -innon.í augusti , au revers u.i boif-
feau , duquel fortent des épis de bled & un pavor,
ou une ferr.me qui tient des épis. Ce type eft
reiatif au foin qu avoit pris reropereur d'appro.-
1 viíicnaer Roma.
i Annolía sancta. Gruter, pag. Sí de fon
C c ij
204 A N S
P.ecueüj revu par Grsvius , a publié Tinfcrip-
Coa fuivante ;
^NNONAE. SANCTAE
AELlüS. VITALIO
MENSOR. PERPETÜUS-
D I G N I S S I M I
CORPORIS. PISTORTJM
SILXGIKIARIORUM
D. D
On voir au-deíTus un bas-relief repréfentaní
Hse femme habiliée , ayant feulemens le bras nud
ainíi que Fépaule droite, portant un croiíTant fur
la rete , tenant de la mam gauche une come
d’abondancCj mettant de la droite des épis dans
un vafe qui en renferme d’autres ^ & enfin ayant
auprés d’elle un gouvernaii place fur un globe.
ANNONARJvE regiones. V oyei PrOViNCES
frumentaires & RÉGIONS urbicaires.
ANXONARII, ceux qui exercoient le mono-
pole fur les grains & autres prodaCtions de la
ierre.
ANNOTATORES3 étoient des gens prépofés
pour- infpetler ou contróler les receveurs des
impóts, afin d’empécher qu’ii n’y eút colluíion
entr’eux & Ies contribuables.
ANNÜLAIRE (doigt). Cell le qiiatrieme, &
le plus voiíin da petit. Quoique les Grecs & les
Roinains ayent beaucoup varié fur la maniere
de porter les anneaux , c'eft á ce doigt cepen-
dant qifils les ont placés cominunément. On
i’appeloit encore digitus medicixs , parce que Ies
Eiédecins qui étoient apothicaires, s'en fervoient
pour délayer les portions des malades.
ATsOBRET , nymphe que Saturna rendir mere
de Jéhud.
ANOLUS, en Lydie. amo.
Les médailies autónomas de cette ville font :
RRRR. en bronze. (^Hanter. >
O. en or.
O. en argent.
ANOSIA^ nom qui fignifie imple, 8c qui fut
donné á Vénus, lorfcue Laís fut mée dans fon
temple á coups d'aiguilies , par la ieuneíTe Theífa-
lienñe. On Tappala , pour le raéme fujer^ Andro-
-pkon.os , homicide.
ANSA fciiti. Les Romains donnoient ce nom
a I’anneau principai du bouclier ^ que les Grecs
appeloienr O/.hío-j. C’étcit aans cet anneau que
le guerrkr paffoit fon bras. Hérodote (i. p. 78.)
fait honneur de cette invention aux Cariens.
Avant euXj on attachoit une ¡ongue courroie
aux deux cotes du bouclier, & le foidat paiToit
la-téte dans cette coiirroie , de maniere quepa
fecuclier pendoit fur fon épauie. Les^ Cariens in-
Tentérent ce fort anneau , qui etoit indeperdant
de deux plus petits , placés fur les bords du bou- ■
ciier pour erre faiíis avec la main.
Le grand anneau éíoií au-dedans & as
A N T
müieu du bouclier. On le voir exprimé trés-dífC
tinólement fur un deílin publié par “S^finkelmana
dans les. Mop.umenti inediti. C’eft Dioméde, re-
connoiííable au bouclier rond des Argiens, fes
fujets , qui eñ tombé fur un genou , 8c qui tient du
bras gauche un grand bouclier , dont la concavité
s’offre prefqu’entiére aux regards da Íeéíeur. Quant
á la maniere de porter le bouclier pendil au col
avec une longue courroie, les pierres giavées 8c
les bas-reüefs noiis ont confervé un grand nomore
de figures armées á Yhéroique , 8c portant le bou-
clier ainíi fufpendu.
ANSARIÜM Olí Ansurium , impct qui fe per-
cevoit fur le beurre & autres comeftibles , & qui
fe payoit á raifon du nombre des vafes á deux
anfes dans lefqueís ils étoient apportés de la
campagne. On donna le nom d Ar.furii aux rece-
veurs de cet impót.
Quelques philologues ont cru que cet impot
étoit per^u fur la vente des javelots , appelés tela
anfata.
ANSATA tela. On appeloit de ce nom des
javelots auxquels étoit attachée une courroie ,
amentum, pour en faciliter le jet. Anfe. ézoitnt ,
feloM d’autreSj, deux éminences placees ala moitic
de la longueur du javelot , 8c qui ^ortoient auííi
k nom de mora, parce qu’elles arretoient 1 arme
& rempéchoient d’encrer toute entiére dans le
corps de Fennemi.
ANSES des vafes. Ñous ne pouvons nous taire
fur le goút merveilleux avec lequel Ies anciens
ont traite cette patrie des vafes, qui eft ordinai-
rem.ent oifeafe &c groíiiére chez les artiñes mo-
dernes. Que ceux-ci aiilent á Fécple oes pre-
miers , & qu’iis étudient les recueils du coro te
de Caylus , les montimens d’tlerculanum íes
vafes ¿trufques du comte ííatniltori. C’eft la cu iis
venont avec quel foin & quel génie Ies anciens
-motivoient toutes Ies partías de leurs vafes, Sc
les anfes en particulier. Qui pourroit reteñir fon
admiratioH á la vue des arfes d’un vafe graré^fur
une pierre du barón de Stofch ? Ellas font tor-
mées par deux Leda , embraífées par des cygnes
Deux boucs qui cherchent á boire dans le vafe ,
forment les anfes d’un autre vafe gpvé dans^la
méme colleiftíon , Scc. Quelle fécondité & queue
variété dans les anfes des lampes antiques ;
il faut favoir íe taire á propos , lorfqu’on ne pour-
roit jamais tout dire fur un fujet.
ANT^OPOLÍS , dans FEgypte. AítTAio. ^
Cette ville a fait frapper une méáai'le itnpe"
ríale grecque, en Fhonneur d’Hadrien.
Voyet^ Antee, fon fondateur.
ANTANDROS , en Myfie. ANTANAr-ms. ,
Cette ville a fait frapper des médailies irppe-
riales grecques en l’hoHneur de "V efpaíien , d An-
tonin, de M.-Auréle, de Commode, de ScvciS»
de Paula. t. • r
ANTEAMBULONES , efclaves qui marchoieat
divant kuxs maitres pour écarter la foüis
A N T
criant : Faites place á mon maítrcj date locum
domino meo. Marital (2. i?. jO en parle:
Snm comes ipfe tuus , tumidicue anteam-hulo regís.
Ft (lO. 74. 2.):
QzLamdiu falutator
Anteambulcnes , (¿ iogatulos ínter ,
Centum merebor ■plúmbeos die loto.
ANTECESSORFS. On appeloit de ce nom
la cavalerie légére qui marchoit devant les lé-
gions. On lui donnoit auííi le nom ál Ante turf ores.
Sueíone^ (E’/í. c. l'i,n.\l)\ Irruverant jam agminis
anteceífores ¡ Sc Ccfar, (de Bello civil. 5. 37.):
Ut pvimi antecurforss Scipionis viderentur.
Ce nom fut appliqué depuis á des jiirifconfulres
qui n’étoient pas profeíTeurs , & que Ies jiiges
appeloient quelquefois pour leur aider á rendre
la juftice.
ANTE-CÍENA^ les mets légers que Ton fer-
voit avant le repas. Macrobe appelle de ce ncm
des ouríins des buitres crues. "(Saturn. 3. 12.):
Ante-coenam y echinos , ofireas crudas^ quantum
vellent.
ANTEDEXTRA. Ce nom exprimoit chez les
Arufpices Ies foudresj ou les oifeaux quivenoient
du cote droit.
ANTEDON écoit j felón quelques-uns j pére
de Glaucas.
ANTEE rol de Lybie , que la fable dit erre
fils de la Terre , & á qui elle donne foixante-
quatre coudées de hautcur. 11 arrétoit toas les
paíTans dans Ies fables de la Lybie ^ oü il fe met-
toit en embiifcade; il les contraignoit de luter
contre lui ^ & lep étouffoit tous du feiil poids de
fon corps enorme. Antee provoqua Hercule á la
iutte i Hercule accepta le défi ^ Se le jeta trois
fois á terre demi mort ; mais des qii Antee tou-
cioit la terre, fa mere, i! reprenoit fes torces,
& devenoit plus forr & plus furieux qu^aapara-
vant. Hercule s’en ctant appercu & Tayant faiíi
de nouveau , le ferra íi fortement en Tair , & le
tint íi long-tems en cette poñure, qa’il expira.
Cet Antee avoit batí la viiie de Tingi , fur le
détroit de Gibraltar, oa il fut enterré. On dit
que Sertorius íit ouvrir fon tombeau, & cu’on y
treuva des oíTemens d'une grandeur extraordi-
naire.
I-es géographes grecs difent que cet Antee avoit
fondé Antsopolis dans l’Egypte fupérieure, parce
qu ils n'ont pas trouvé fans doute dans Ies tems
fabuleux un autre héros de ce ncm. Diodore
de Sicile dit qu Oíins donna le gouvernement de
la Lyoie & de 1 iatniopte a Antee. \ oi!i done
ce^ nom confacré dans les fables facerdotales de
rEgypte. Mais que! rapport peut-en trouver entre
cttAntée, Se le géanr de ce noni cue Pompenius-
Me'a fatt roí de La Mauriranie, a qui Fiúrarcue
, donne pouv femíse Tinge, conr k yille de Tingi
A N T
205
prit le nom, & dont Hercule iouit aprés fa vic-
toire ?
Par quel ¡deñin fingulier les Egyptiens ont-i!s
place au rang de leurs dieux cet Antee des Grecs ?
pourquoi lui ent-iis ¿levé á Ant-íopolis un temple , '
des autels ? pourquoi enfin lui ont-ils confacré
des crocodiles ? Pocoke a vu les ruines de ce
temple , & y a trouvé le nom d‘^ntée fur une
infeription grecque brifée. II efe vraifembiable
que ce temple , oü étoit honoréF^níé't: des anciens
habitans de l'Egypte, fut ruiné , atnfi que plu-
fieurs autres, par Cambyfe, & que les Grecs, focs
le régne des Ptolémées, fubílituérent á ce cuite
prefqu’anéanti celui du géant de méme nom ,
étouíFé par Hercule.
Quant au premier Antee , on troure dans Ma-
néthon que le huitiéme roí d’Egypte de la pre-
miére dynaftie , s^appeloit a’ugiim;;, mot qui,
prononcé & interpreté dans Lidióme des Cophtes,
Lancienne la.ngue des Egyptiens , veut dire Prétre-
d‘ Antes ou a Endes ; c'eíl: ainíi qu Heredóte parle
{lib. 2, f. 141.) d‘un autre roi^appelé Prétre de
Vulcain ¡ & qu'on trouvé dans le nombre des
rois de Thébes , confervés par Eratoíihene ,
P-koni-Atkor, grand prétre de Venus.
Cet Antes , ou plutót Endes, étoit fans doute
la méme divinicé que Alendes ou le bouc de
Mendés , dont les Grecs ont fait leur dieu Pan.
Cette conjeélure de Jablonski eft confirmée par
levoifinage du Nóme confacré á Pan, Panopolis,
dans le diftriél duquel Ara&opolis a pu étre en-
clavée fous les anciens rois d'Egypte.
ANTELuDiÁ. On appeloit de ce nom íes
répétitions que faifoient Ies dan-feurs des ballets
qu'ils devoient exécuter, foit aux jeux du cirque,
foit á d’aurres folemnités. Apulée , {Met. xi ,
p. 368.) : Ecce pctnpSL magna paullatim procedunt
in ant eludía, votivis cujufque fludiis exornata pul-
cerrime.
ANTÉNOR, frére de Friam , fe trouva a la
prife de Trove. Quelques auteurs ont méme dit
qudl aida Enée á livrer la viiie aux Grecs. Poyes^
Enée. Anténor paíTa , comme Enée , en Itah'e ,
& s’érablit fur les borcis du P6, oü il bátit-,
dit-on , la viiie de Padoue. il avoit époufé Théano,
filie de Ciffeus, roí de Thrace , dont i! eut dix-neaí
fils. L’áge lui avoit donne une priidence con-
fommée & une grande facilité á bien parler.
P. Telmesse.
ANTENNE de navire. Pline .(vrr. yé.) dit que
Dédale en fut Linventeur j Antennam invenir I>a-
dalus.
ANTEPAGMENTA , jambages dMne porte,
appelés aiifll ante , & par nos quvriers pieds-droits ,
féfon Philander dans fes notes fur ‘'/itruve. Mais
on croit que c'ell une erreur de ce comtr.enta-
tenr. Anta étoient les jambages de pierre ou ce
marbre ; antepagmenta étoient les ornemens en
piacage, de bois oa de cur/re, dont on Ies recou-
vroii.'" On iifoit fur une ancienne infeription ;
A N T
ÍACITO AlZTEfAGM^ENTA ASIEGlTALArA 5“—.
Ce qui nous montre évidemment qu ils étoient de
chéne.
ANTEPANNIj bandes ou courroies fixées
fur Je devant des habits , &' appelées de nos
jours paremens. Horace, \de Arte Poet. l).):
Purpureas late ^ qui [plerAcat unas & alter ¡
Ajfui tur pannus.
ANTEPILANI. Ce mot ne fe trouve qu’ane
feule fois j Ceñ dans le livre 8' deTite-Live.
Patnxij qui a écrit un Traité fur la Milice Ro-
maine, croic avec fondement que c’eft une erreur
de copiíle 5 & il luí fubñitue le mot Antefignani.
AiNTERIDES , éperons ou contreforts d’archi-
teÍEiire.
A N T É R O S , ou le Centre- Amour ^ ¿'¿rP.t ,
contra, d%sfflí j amor, étoit fils de Venus & de
Mars. '/énus, difent les ancienSj fe plaignant á
Thérnis de ce que FAmour^ fon filsj reftoít tou-
|ours enfant , cette déeíTe luí répondit qu’il le
feroit tant qu’elle n’auroit point d’autre íiis. Sur
cette réponfe , elle fouffrít la pafllon du dieu
MarSj & Antéros fut le fruit de leur commerce.
L'Amour ^ pour cela , n’en devint pas pías grand ;
lui & fon frere demeurérent toujours enfans. On
Íes trouve ainíi repréfentés avec des ailes & un
carquois , des fleches & un baudrier. On Ies volt
fur un anclen bas-relief, jouant enfemble, &
táchant de s'arracher une branche de palmier
que chacun tire de route fa forcé. On a cru Ies
reconnoitre auífi toutes les fois que deux amours
Jutent Tun contre Tautre.
Paufanias parle d’une autre figure á’Araéros, qui
tlent deux coqs fur fon fein , quil tache d'en-
gager á le piquer fur la tete. Antéros partagea les
honneurs divins avec fa mere & fon frere , &
les .4thérdens luí élevérent un autel. Ce Contre-
Amour n"eft pas dans le fens de contra rieté &
d'oppoíition j mais dans le fens de retoiir ou
d’amour mutuel & reciproque. II a été imaginé
pour marquer que le retour fait croitre Pamour.
A Athenes ^ il étoit pourtant regardé comme le
dieu vengeur d'un amour méprifé. V. Amour j
Melés.
ANTES. On donnoit ce nom aux grandes
pierres ^ aux pierres angulaires qui foutenoient
refrort des bátimens, & qui étoient placees dans
Ies murs extérieurs. Virgile a appelé dans ce fens
les derniers rangs d’une vigne , ames , expreífion
que les phiiologues avoient mal enrendue. {Georg.
/r. 417!);
Jam canlt extremos ejfoetus vinitor antes.
ANTESIGNA, les enfeignes les plus avancées
d’une legión ou d’une armée.
A.NTESIGNArNT. Les interpretes ont varié fur
le fens de ce mot , qu’iis ont tous reconnu cepen-
dant pour le nom d’une efpéce de foldats. Les
uns ont dit que Ies antejignani étoient les hafiaires
A N T
te Ies princes que Ton plaijoit avant Ies eníeí-
gnes mais on fait que les enfeignes précédoient
les légions rangées en bataille.
D’autres prennent les vélites pour Ies antefigna»
ni, & leur joignent, fous cette dénominationj les
foldats armés á la légére. Cependant^ le paíTage
de Céfar {de hell. civil. 143 .) oú il eíl fait mention
des antefignani , qui furent étonnés d’une ma-
niere de combatiré ufitée parmi les troupes lé-
géres, & dont Ja défaite entraína la retraite de la
legión entiére^ neleur eft pas favorable. Les vélites
étoient des troupes légéres qui plioient au premier
choc j & venoient fe rallier auprés des légions ;
ils ne pouvoient done étre étonnés de voir pra-
tiquer les mancEUvres qui leur étoient famílié-
res. Teur déroute ^ d’ailleurs ^ n’influoit point fur
la contenance des légions j qui les regardoient
comme des enfans perdus^, deíHnés á porrer Íes
premiers coups & á fe retirer enfuite.
Les légions ne pouvoient étre difpofées a la
fuite ou á la retraite, que par la faite ou I’ébran-
Ijment de troupes dans iefquelles elles avoient
quelque confiance. Auíii j les antefignani dont
parie Céfarjétoient probablement des légionnaires
d’éiite , ou des vétéransque l’on placoit en avant
pour recevoir Ies ennemis , & animer ^ par leur
courage & leur vigueur ^ route la legión.
Antes ¡GNANi. Ce nom a encore été donné
aux campidoctores , ou bas-officÍers prépofés pour
enfeigner I’exercice aux troupes , & pour mar-
cher á leur tete dans les exercices militaires.
ANTESIIsTSTRA. Les augures appeloient de
ce nom j les foudres & les oifeaux qui partoient
de devant, ou du midi , Ser alloient á la gauche ,
c’eíl- á-dirCjá i’Orient. Ces préfages étoient fu-
neftes. ^nrgile appelle de ce nom une corneüle
{Eclog. IX. 15.), felón Servius:
Aniefinijira cava monuijfiet ab Hice cornix.
ANTESTLA , famille romaine dont on a des
médailles.
O. en or.
R. en argent.
RR. ,en bronze.
ANTEVERLA, Ante vorta, £’ Post-
VERTA, OU PosTVORTA , déeffes adorées chez.
Ies Romains. La premiére, appelée aufli Prorfia 8c
Porrima , favoit le paffé , Se on Tinvoquoit pour
réparer les maux qu’on avoit deja reífentis. La
feconde prédifoic I’avenir , & les Romains I’invo-
quoient pourprévenir les maux qui devoient leur
arriver.
Ces déeíTes étoient Ies mémes que les Car-
mentes. On imp'oroit auffi leur fecours dans les
accouchemens , afin que la tere de l’enfant fe pré-
fenrant la premiére, ía mere eút moins á fouttrir.
ANTHEDON, dans la Pjioenicie. an-cSH.
Cette vilie a fait frapper des médailles impe-
riales grecoues en l’honneur de Caracadla.
ÁNTilELIENS (^dkux ). Les ftatues de ces
dieux étoierit placees debout aux deux cóíés des
portes á ^thénes & eiies étoient perpétuelle-
nrent expolees aux injurés de Tair 5 d’oú leur vint
Cfi nOíT) j 0ÍOI ¿v'¿y,?iíái,
AXTHEMILS,
Procopius Ai^thpmivs Aucvstus.
Ses mépaüles font ;
R. en or.
RRRR. en argent.
Dans un cabinet de París.
O. en bronze 5 du moins on ne penfe pas
tjii’il Y en ait , quoique le P. Banduri en rapporre
une de P. B. qu’il a tirée de Ducange.
ANTHEMUSIUM^ dans la Méíopotamie.
AN0EMOYCIÍÍN.
_ On a une médaille impériale grecque de cette
ville j frappée en Thonneur de Caracalla.
ANTHESPHORIES, féte qu’on célébroit en
Sicile en i honneur de Proferpine , ainíí nom-
mée j parce qu’elle fut enlevée dans le tems
cu elle cueiüoit des fleurs. Le nom de ces fétes eíl
grec, & formé ¿‘ííylo;, fleiir ^ &c de je porte.
II lemble que les anthefpkories foient la méme
chofe que le fiorifertum des Latios. Cependant
Feftus ne rapporte point cette féte á Proferpine;
& il dit qu’on la nommoit ainfi , á caufe qu’on
portoit ce jour-Iá des épis au temple.
On cé'ébroít auíli á Argos des an.theCphories
dans le temple & en Phonneur de Junon AvB-iía.;,
fleurse; felón Paufanias dans les Corinthiaques.^
ANTHESTÉRIES , fétes ainíi nommées du
mois Antheítérion , pendant lequel on les céíé-
broit. Elies áuroient trois jours^ pendant lefquels
les maitres fervoient á table leurs efclaves. La féte
finie , on les faifoit forcir ; & comme ils étoient
toas de Carien de -la vint le proyerbe : Hors d'ici ,
Caritns ; l's Anthefiéries font fipÁes. Elies fe célé-
broient á Athénes en Phonneur de Bacchus ^ les
onze^ douze & treiziéme du mois.
Quelques écrivains croient que ce n’étoit point
une féte particuliére , mais que toiites les fétes
¿í^s.cchiisítríoríítnoísr'xanthefiéries. C’eíl le íen-
timent d’Apoílodore^cité par íe fcholiaíle d’Arif-
tophane. Onprononce dzY onécútmz\anthifiér¡es :
il eíl plus naturel de denver le mot antkeflérzes de
, fieur 5 parce qu'on portoit des coutonnes dé
fleurs en Phonneur de Bacchus.
Chacun oes jours des anthcféries avoit un nom
re.atíi a ce que Pon faifoit pendant cette journée.
Le premier /cell-a-dire, le ii^du mois antkefti-
rzen , s appeloit . ouvertiire des tonneaux ,
©u,amphcres : ce ;our-lá j on goátoit le vin. A Ché-
ronéeil s'appeioitjourdubongénie^ Ay«fig¿iísiV.«o?i
a caufe que 1 on s y livroit tout entier á la joie. Le
douziéme du mois s'appeloit xAs , de ypAs, conge,
meiure de vin ; parce que chaqué convive buvoit
le vin d'une amphore qu on iui fervoit en particu-
lier. On vouloit rappeler par cet ufage , un trait
hiíi-onque de Pandion ou de Démophoon , roi
d Amenes. Xe parncide Oreíle étant venu dans
cette ville avant de s’étre purgó de fon crime , y
arriva pendant que Pon célébroit les fétes de Bac-
chus A'/zX*?! , des preíToirs, Démophoon Iui
íit unbon accueil ; maiscraignantquedes convive»
fcrupuleux refiifaíTent de boire avec un criminel
teint dufang de fa mere , il fit fervir a chacun d’eux
une amphore particuliére , & fauva un affront á
fon hóte.
Le deuxieme jour de la féte étoit employé á
des dcfis bachiques; on donnoit au vainqueur une
couronne de feuilles , & quelqiiefois d'or ( Elzert.
II.), avec une grande mefure de vin. On fe pro-
menoit fur des chariots , & Pon s’amufoit á railler
Ies palfans. Les fophííles mangeoient chez cux, &:
recevoientpour ce repas des préfens de leurs amis.
Bacchus recut un furnom relatif acetre journée, 8c
fut.appele Xca^rorg?,
Quant au troiíiéme jour, on Fappeloit xlr/iaí,
de xirfce, marmite , parce cu'on faifoit bouillir
toute forte de légumes , qXon expcfoit dans les
rúes fans y toucher. On croyoit, en effet, qu’ils
étoient confacrés á Mercure infernal : c^’étoit le
jour oü Pon jouoit les comedies ; & , depuis Ies
loix de Lycurgue , on infcrívoit fur Je tableau des ■
citoyens ceux qui avoient remporté la victoire dans
ces défis de théátre.
AaTHESTÉRION , mois de Pannée grecque :
il étoit creux ou de 29 jours,. 8c le íixiéme de Pan-
née. 11 repondoit á la fin de février . &c au com-
mencemient de Mars, felón Néapolis , commen-
tareur des Fañes d'Ovide. Potter dit qu°il répon-
doit a la fin de nocre mois de Novembre 8c au
commencement de Décembre- II eñ difficile de
decitier cette queílion. Au refle , c^’étoit dans ce
mois que Ies Athéniens & les autres peuples de la
Crece célébrójent des fétes en Phonneur des morts.
ANTHISTESES. V. Fioíiales.
ANTHIUS, fleiiri. On donnoit ce furnom á Bac -
chus , dans les villes d’ Athénes 8c de Parras en
Achaie ; parce que Ies ííatues de ce Dieu y étoient
coiivertes d'une robe chargée de f eurs.
AN i HROPOMAPfTlE, divination qui fe fai-
foit par Pinfpeclion des entrailles d’hommes ou
de femiT.es qu'on égorgeoít. Ce mot eft grec 8c
formé de deux autres-, favoir, homme.
Se ficívrdct , divination.
L^’erRpereur Elégabale _pratiqucit cette abomi-
nable divination. Cedrenus 8c Theodoret racon-
tent de .Tulienll, qu’il faifoit périr dans des facri-
fices noélurnes 8c des opérations de magie , un
grand nombre de jeunes enfans , pour confuker
leurs entraüles. Ils ajoutent que ce prlnce ayant
pris la route de Perfe , dans rexpédition oú il pé-
rit, s’enferma á Garres en Mtfoporaiiue , dans le
temple de la lune , & qu'aprés y avoír demeuré
queique tems avec les cómplices de fon inhuma-
niré, i! fcclla les portes , & y pofa une garde
qui ne devoit étre levée qu’á fon retour. Ceux qui
entrérent dans ce temple, fous le régne de Jovien,
fon fucceíTeur, y virent une femme pendue par les
2o8 a N T
chereuT j Ies mains étendues Se le ventre ouvert.
Juüen avoit voulu chercher dans fon foie queí Ic-
roit le íuccés de la giierre.
Les Scythes avoientaufficette barbare coututr.e;
& Strabon aífure la méme chofe des ancienshabi-
tans de la Luíitanie.
ANTROPOPHAGES ^ mangeurs d'hommes j
d’avSf&is-sí, homme ^ Se je mange.
Les Cyclopes , les Leftrygons & Scylla , font
appelés par Homére uraropopliages. Ce poete dit
auíli que Íes monftres féminins , Circe & les Sy-
reneSj atriroient les hommes parFimagedu plai-
íir , 8: les faifoient pefir. Ces vers d’Homere j ainíl
-qu/un grand nombre d’autres , font fondés fur les
mCEurs des teins antérieurs au fien. Pline accufe
¿í antropophcigit les Scythes & les Sarmates ; Solinj
les Ethiopiens ; Juvénal, les Egyptiens. Tite-Live
aíTure qif Annibal faifoít manger á fes foldats de la
ehair hunaaine, pour lesrendre plus feroces.
íl femb'ie que V amropophagie n’apoiritecelevice
d'une contrée ou d’une nation ^ mais celui d’un
fiécle. Av'ant que les hommes euffent été adoucis
par la c-ulture des arts , & civilifés par les légiíla-
tions , II paroit que la plupart des peupies man-
geoient de la chair humaine. On croyoit qu’Or-
phée avoit été !e premier qui repréfenta aux hom-
mes i’inhiimaniré de cet ufage , & qui parvint a le
faite abolir. C'eíl d’aprés cette tradition qué les
eres ont peint Or-phée dépouillant les ngres &
lions de leur férocité natureile. Horace {Art.
poct, )
Sylveftres homin.es facer interprefue deorum
CsdíbiLS & F(EDO rtoTü ¿eterriiit Orpheus ,
Díciiís ab hoc Uniré tigres rabidofque leones.
A M T I A j faniille romaine dont prt a des tué-
dailles.
O. en or.
RR. en argent.
O. en bronze.
Le fartiom de cette famille eft Restio.
Goltzius en a publié quelques medailles , in-
eonnues depuís luí.
ANTíAMíRE pinta Mercurejqui la rendir mere
d’Echion ; celui-ci fervit d’efpion aux Argonautes.
áNTIASj furfiom de 7a!eriuSjqui étoit né á
Ánttuin.
ANTÍATÍCUS furnom déla famille MzSNIA.
ANTTEES, Numifmatiqííc. V. Antipolis.
ANTICUE, mere d'Ulyífé, & filie d’Autolicus,
époufa Laérte; mais Siiyphe I’ayoit déjá rendue
mere , felón quelques poetes; & voilá pourqiioi
A jax reproche á l'IyíTe , dans Ovide , qu il defeen-
doi t du fang Sifyphien. Anticliemoüxut de douleur,
á caufe de Ja longiie abfeneedeion Sis. On-dit cue
Naupiius , pour fe venger dXíyfie qui avoit fait
périr fon fiis Falaméde , donna á Anticiie une
faiifíe nouveüe de la mort d’LlyíTe , & que cette
princeíTe y assant ajouté fbi ^ fependit de défefpoir.
ANTiCUS. Gruter^ pag. 561 de ÍQVífhef infer.
A T
revu par Crsevius , rapporte répitaphe faivante 5
OSSA
SILVINI, E.MPR.OMI
CEROM. lEG. SI.
ANTICO tICI.'.-IA
I. E. F.
Anticas voudroit-il exprimer ici la méme chofe
que Antesignanus V. ce mot.
ANTíCYRE^dins la Fhocide.^ _
O.n a quelques médailies imperiales grecques
de cette viile , fituée fur le Golphe de Corinthe ,
felón le P. Hardouin.
Ce n’étoit point elle qui íournifTc;! rhellébore,
& á laquelle on renvoyoit Ies fous , parce que
cette plante purge le cerveau. Lorfqu" Horace oc
Ovide parknt d'une Anricyrejá Foccafionde Fhel-
lébore , ils entendent Fiíle d’Anticyre , fituée au-
jourdAhui entre celle de Negrepont & les cotes
de la TheíTaiie.
ANTIGOKE étoit filie d’ddrpe &de Jocafie,
& fceur de Polynice. Créon , fon onde, s’étant
eniparé de la coiironne de Thébes , aprés la morí
des deux fréres ennemis , défendit exprefleinent
d’enterrer le corps ea Ies cendres ae Polynice ,
qu’il avoit fait jeter á la voirie, Mais Antigone,
fa fcEur j étant fortie la nuit de la viüe , alia
lui renáre les derniers devoirs. íl appnt le lentíe-
rnain que quelqu’an iui avoit défobéi , & pour
s’eñ aíiurer, ii íit déterrer Polynice, ordonnant
á fes gardes de veilíer aupres. On fiirprit la nuit
faivantí , la princeiTe, qui venoit pleurer le mal-
heur de fon frere, 8: on la mena au roi , qui
commanda qu’on l’enfevelit toute vive ; mais elle
prévint une mort aufll funeíle en s’étrang'aiit.
Le prince Hérnon, fon amant , fiIs du roi , fe
tua de défefpoir. Cet événement fait le fujet
d’une belle tragédie de Sophoefe.
íiygin raconte autrement la mort á‘Antigone.
Le roi , dit-il , chargea fon fiis de faite moiirir
Antigone ; Hémon , qui étoit amoureux de ig
PrinceíTe chercha á éluder l'ordre -, & La fit ca^
cher; mais le roí Fayant appris, obügea le pnnee
á tuer Antigone en fa préfence , & de déíefpoir
Hérnon fe tua avec elle. Voye^ Hémon.
Antigone, filie de Laomédon , fot changée
en cicogne , pour avoir eu i'audace de fe com-
parer á Junon.
Antigone, roi d’Afie. BAEIAEÍ22 ANTirONQY-
Ses médailies font
,RRR. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
Winkelman a expliqué tres -heureufement les
tvpes d’un médaiilon de ce roi d’Áíie , dont^le
travai! eft exquis. D’ui^coté, on volt une tete
avec de la barbe , & couronnée de berre. On
avoit pris auparavant Ies feiúiles de berre pour
des rofeaiix, Fon croyoit en conféauenes y
reconnoítre la tete de Neptune j tañáis c^i v.ne
A N T
•íKfj’iiie p'-rei!le avoitfait preudrapaur Venus ar-
mié 1 I'Apoilon afils far la proae d'un vaiiléau ,
aui eít !e revers áa mcdailion. V"inkelmann aG-
íurc qus c’eír la tete da tlieu Pan , reconneif-
íable á fa barbe hériííée comirie les polis des
chevres. Selon ce íavant antiquaire r.Apollon
afíls far le valíTeau , 8c le dauphin place au-def-
fous j peuvent faire alluüon á un de fes furnoms,
qui lui fat donné lorfqu'il fe métamor-
phofa en dauphin pour conduire la premiére co-
ianie dans rifle de Délos {Hom. kyrmi. Apol. 495'.)
Comme les Athéniens attribuoíent au dieu Pan la
vittoire de Marathón ii fe pourroit de méme que
ce mcdaiüon eút été frappé en mémeire de quel-
Que bataii'e navale j dont le roi Antigonc auroit cru
aevoir le gain ala proteétion de Pan & d'Apollon.
Antigon'e Cíonaíaí , roi de Macédoine. basi-
ASG2 ANTírONOY.
Sís médaüles font ;
SR. en argent.
C. en bronze.
O. qn or.
Antigone 3 fiis d’Arilbobuie , roí de Judée.
3A2IA ANTir.
Ses iTiédaiiles font :
RR. en bronze.
O. en or.
O. en argent,
ANTíGOiNIES j fétes inñitaées en 1‘konneur
d’an Ántigonus. Flutarque , qui en faií mention,
lie nous apprend poiat quel eíl cst Antigonus.
ANTIGRAPHARÍij infpeófeurs des rcceveurs,
& leurs furveiiUns ^ pour empeclier ia coilufion
entr'eux &: íes contribuables. lis faífoient fofEce
de nos contróieurs .
AisTILENA j poitrail des c'nevaux.
ANTILOQüEj fiis de Neñor 8c cPEuridice ^
accompagna fon pére au íiége de Troye j & y fut
tué en vouianc parer le coup que Memnon alioit
porter a Jíedor. Xénophon dic qu'i! rcf ut le beau
titre de Philopator ^ amateur ¿e fon pére , parce
qu'il avoit expofé & donné fa vie pour fauver
celle de fon pére.
Un camée & un bas-reiief du palais Mattei,
publiés par UVinkelmann dans fes Monumend jne-
diti , repréfentent Ant’doque annor.yant a Achille
la mort de Patrocle. Sur ces deux monumens , on
obferve que le ii!s de Neílor a une jambe croifée
fiir Tautre j attitude confacrée ches Ies anciens
artilles á caraélérifer une douleur profonde.
AMTíMA.CHIEjféte célébrée dans i ifle de Cos,
pendant laqueüe le prétre portoit un habit de
íem.m^e ^ Se avoit ia tete enveloppée dans une mitre ,
ou liee avec une bandelette comme les femmes.
Pour rendre raifon de Idnfihation de Vantima-
cnie , & de 1 nabüJement extraordlnaire du prétre^
Pauianias ¡ Liv. i , reconté ia fabie fuivante. Her-
cule revenant en Gréce aprés la prife de Trole ,
la tempéte difperfa fes navires. Celui qui le por-
toit échoua fur ihfle de CoSj oú il ptit tstís íans
Anuquhés , Teme L
A NT
armes S; fsns bagage. Hetcule pria un 'oerger,. np-
pclé AntagoraSi de iui ¿onner un béiier. Cdui-ch
qui étois fort & vigoureux lui prenota de lutter
enfembíe j en promettant de donner le béiier 3 s'ii
¿roí: vaincu. Le combas acceptéj Ies Méropes
fe rangérent du cote d’Antagoras, & Ies Grecs ,
de celui d^HercuIe qudlsaccompagnoient. Onconi-
battit avecfiireur; & Herculcj accablé par le nom-
bre 3. fut obligé de fe réfugier chez une femme ¿e
Thrace 3 oú ii fe déguifa en femme pour échapper
á ceux qui le pourfuivoient.
Le fils d'Aicméne attaqua dans la fuite Ies Mé-
ropes 3 íes rainquit , & époafa Alcíope leur reine ,
revécu des habits de femme qui i’avotent fauvé.
En mémoire dscette fafele , le prétre de Pifle de
CoSjCn habit de femrae, oífroit un facrifice fur le
chimp de batailles & dans ie méme endroit. le»
fiancés vétus comme luí 3 donnoient á leurs épou-
fes le baifer conjugaL
ANTÍMOiriE3 Les femínes fe fervoiení
chez les anciens , de ce demi-métal pour la toi-
lette. EÜes en faifoient une teinture qui teignoit
en noir les fourcüSj & relevoit la beauté de leur
vifage 3 en donnant plus ce vivacké au teint. Oa
frottoic auíu les paupiéres avec cette teinture 3 qui
donnoit aux yeux plus de brillant , en rétréciiianc
les paupiéres 3 & faifant parokre les yeux plus
grands ; ce qui étoit regardé comme une beaaíé.
De-Iá vient qu'Homére appelle fouvent les áéeíTes,
& Junon en particulierjdí-t'inríéf aux yeux de boeuf,
c'eft-á-dire , aux grands yeux.
Diofeoride attribue a Y antimoine la propriété
de reiferrer les conduits du corps 3 de confumer
les excroiíTances deschair33 8cdenétoyerles ulceres
des yeux. Les anciens médecins en faifoient beau-
coup d'ufage.
ANTINOEIA, facrinces offerts chaqué annee,
& jeux céíébrés tous les cinq ans en i'honneur
d’Antinoüs. L’empereur Hadrien les établit á
Mintinée dans TArcadie •> felón Paufanias, dans
fes Arcadiqaes. On en célébroit aufli á Argos.
A.r<TINOIA. Les Egj'ttiens vouiant plaire i
Hadrien 3 porttrent radulation jufqu'á donner le
nom de fon favori aux ñeurs de Lotus , qu’ils
appelérent Antlnoia.
ANTINOÜS 3 jeune Bithynienj favori de l’em-
pereur Hadrien3qui fe noyadans le Kil. Ceprince
voulat le faire regarder comme un Dieu 5 íl batir
en fon honneur 3 une vílie en Egypte 3 noinmée
Antinopolis ; & dans cette ville j un temple raa-
gnifiquCj avec cette infeription: A Antino'üs, Syn-
thróne des dieux d’Egypte ; c'eft-á-dire 3 parta-
geant le méme troné que Ies dieux de i iigypte.
Pour compIaire.á Hadrien 3 on aíTura qu ii renaoit
des oracles ; & c’ étoit Hadrien lui-meme qui les
compofoir. Le cul-e de cette npuvelle divinité étoit
eucore en vigueur fous 1 ctupire de V alentinien.
La paílion d’Hadrien pour ce beau jeune homme
fut íi violente 3 que les Romains s’empreííerent d’sQ.
nauitipiísx les répréí^ataáoas pour lui compUire.
2 10 A N T
On ne íoít done pas- s'étonner da grand nombre
qui fubáílc encore , & que nous aMons décrire
á’apres Winkelmann, dont nous copierons les
favantes obfervations..
II faut re.marquerd'abord,en genérala que les
repréfentations aAntinoils font toutes faites dans
le ftyle Egyptien tel cependaut que Ies Grecs
le modificrent fous les Lagides. Les Egyptiens
voulant obtenir d’Hadrien le pardon du malheur
involontaire quavoit caufé leur ñeuve chéri, en
engloudíTant dans fes ondes le jeune Bithynien, le
déifiérent les prerrders , & luí rendirent: un cuite
publie. C'eft poiirquoi les ftatues á’Antino'ds font
exécutées fur le modéle des ftatues égyptienneSj,
& reíTemblent a celle qui étoit bonorée avec fon
tombeau dans la ville qui en priEíe nom d'An-
tinoée. Elles ont toutes une polition rolde , &
les bxas pendans perpendiculairement , felón le.
ftyle des anciennes figures égyptiennes. Hadrienj de
fon coté^ voulant engager tous les habitaos de
rEgypte á, rendre un cuite á la repréfentation de
fon ravori ^ lui donna la forme que ce peuple
fembiolt avoir adoptée excluílvement.
Ce ftyle eft plus remarquabíe aux deux ftatues
¿AntinoUs de granit rougeátre3,qai font placees á
Tivolí cor.tre le palais épiícopaL I lies font
grandes prefque deux fois coinme le naturel ,
adofféeSj comme les anciennes, ftatues des Egyp-
tienSj contre une eolonne angulaircj & de plus,
caraftérifées par des hiéroglyphes. Eiles ont les
Lanches & la partie inférieure du corps cou-
vertes d'un tablier & la t-éts couverte^ d'un
bonnefi avec deux bandes unies qui defeendent
en ava-nt. Ces ftatues portent fur la tete une
eorbeiliej cotnme les caryatides ; & la corbeille
& la figure font. faites du méme morceau. Comme
giles reíTémbíent en général aux ou.vrages égyp-
tiens du. premier ftyle . foit pour Tattitude , foit
pour la forme j. i! ne faut pas s'étonner. de ce
que la plupart des auteurs qui ont écrit. fur
Tartj les ont méconnaeSj & ieur ont aífigné
la plus kauts antiquité.
On s’eft arrété á la forme appareate , fans
íxaminer en áétail les patries qui pouvoieot feules
démontrer le contraire-. La paitrine^ qui étoit
applatie fous le cifcau des fculpteurs de Tancién
ftyle égyptien j fe trouve á celle-ci haute 8c im~
gafante. Les cotes au-deíTous de la poitrine , qui
E^étoient point da tout apparentes , font id trés-
fortement indiquees. JacíiSj le corps étoit fort
gréie au-áeiTas des hanehes ; dans celíes-ci ^ il .
paroít dans toute fa plénitude. Dans celles-ci ,
les articulations oes genoux font plus diíHndes
que dans les anciennes, & les mnfcles des bras
.& ¿es autres partiés í^ppent d'abord les yen-x.
Les cmoplates , á peine indiquees dans les an-.
ciénnes figures , s'élévent dans les derniéres avec
un arronQiíTement trés-prononcé ; & les pied's
approchent de bien prés de la forme grecque--.
La plus, grande. áiííéí.£rice: fsr ttoaye; dans, fe
A N T
vifage , dont le fAre n’eft abfolutnent pei»t
égyptien j & dans les airs de téte qui ne ref-
femblent pas á ceux de cette nation. Les yeux
ne font point á fleur de téte co-rr.me dans la na-
ture Se ¿ansies plus anciennes tetes égyptiennes;.
iis font , au contraire , trés-cnforxés , d'aprés
le fyftéme grec , pour relever i'os de i'oeil , &
pour ménager un effet de lumiére & d’ombre.
Avec toutes ces formes grecques ,. ony voit en-
core une phyfionomie entiérement reíTembiante
á ceíle de YAntznoüs fculpté dans le ftyle grec ; ce
qui a fait croire á Wink.elmaan que ces ftatues
offroient une repréfentation égyptienne de. ce
beau jeune homme.
UAntzno'ús égyptien du m.ufsnm Capiíolin ,,
décéle encore mieux le ftyle melé de régyptieri:
8c du grec ; cette ftame étant détachée de. tout
c.oté , fans étre adoíTée contre une colonne : elle
eft un peu au-deíTus du naturel.
On trouve trois pátes antiques dans la. col-
leéiion du barón de Stofeh , qai attertenc plusí;
bautement encore rimitation égyptienne. Elles
repréfentent trois boíles d'Harpocrate , ayant le
vifage parfait.ement reíTemblant á celui A’ Antinoüs^
IL y avoit á Rome, en ijéo, une autre, repré.fen-
tation du méme favori d’Hadrien , ftibílituée- de
mérrse á celle d'ün demi-dieu grec. On voyoit
( Co/. de Stofeh, p. ^Sp-) chez un fculpteur de.
Rome , une téte de Perfée en, marbre , qui étoit
fans cafque , mais avec deux aiies & dont íe
vifage étoit- un portrak- fidéle A’ Antihoüs..
La gloite de l'arr fous. le regne d'Hadrien *
ainíi que de tous Ies: ages, ce fonti, dit'VVinkel-
mann , les deux portraits á’Antinoüs ; Fun eft:
un bulle en demi-boíTe de la Vilia-.^ibaní,. &
Fautre eíl une téte coíofíale de la Villa-Mandra-
gone , íituée au - deñiis de Frefcati. Ces deux
chef-d’ceuvres ont été graves dans \ts- Monumenti '
inediti,.
Le premier a été tiré des fbuilles de la Villa;
d'Hadrien ; ií ne forme cu une patrie d’un tout:
plus valumineu-x. C'étoit non-feulement une figure-
entiére , comme on en peut juger par Finténeur,
qui a été crenfé pour dimiriuer !e-poids du marbre;.
mais encore elle' étoit piacée dans- un char, airiíí-
que fon ateirade femble Findiquer. Car la mam-
droite, qui eft libre, eft dans- une pofition d'apres;
laquelle on peut juger qu'elle tenoit des renes,
dont Fautre bout-étoit foutenu par la main gauche-,,
ehargée par. le reftaurateur d'nne guiriande de-
fleurs. II paroit, á'aprés ces obfervations, que
ce magnifique ouvrage repréfentoit I'apotheofe
á’Antznoüs ; puifque. .nous favons que les íratues-
des perfonnes- dbntl’adlilation faifoit des dieux,.
étoient placées fúr un char , &c q-ue Fon defi-
gnoit ainíi ieur entrée dans FOtympe.
La téte coloffale de fa Villa- M-andragonc eír
íFune confervatiorr parfaite : on croiroit qu eUe
fort des mains; de Fartille. Conque cTailleurs;
daas Is5 gra.nds- priheiges. de Fari., elle. dTUB®:
A N T
fcesüíé fi marveilleufe , que V/irikgImann n’a pas
<raint d'étre accaie d'exagérarion , en dii'ant que
ce monument eíl^ aprés r.ApoÜon & le Lao-
■coon dü Belvedere j une des plus bellas chofes
que i’annquité nous añ laiilees. Sdl étoir permis^
aioute-t-il., de mouler cette tete, Íes artiftes
devroient Tétudier comnie un rare modéle de
beauté j car les formes coloífales exigenc un
habiie artille qai fache ailetj pour ainíi dire;,
- au-delá des bornes de la nature , fans que la
grandeur extraoráinaire des contoiirs luí faife
.perdre la déiicateire des penfées, & elles font les
preuves loiides de la fcience d^un deínnateur.
índépendamment de la beauté de cette t-ece, ks
■détaiís en font précieux & ks cheveux font
traites de maniere qkon n'en trouve point^ dans
toutes les antiques^ qui m.érirent de ieur erre
compares.
Les yeux de cette tete á’ Áatinoüs offrent une
recherche íinguliére ^ quoiquklk ne foit pas uni-
que cliet ks anctensj puiíqukn en retrouve de
femblabks á la Alufe du paiais Barberini. La pru-
nelk eíl faite d'un marbre trés-blanc & trés--
tendre ^ appeic Palombino. Sous k bord des pau-
piéres & aiix points kcrymaux , eil reíiée la trace
■d une plaque dkrgenttrés-mirfCejqui étoit deilinéej
felón toutes ks apparcnceSj á revétir entiérement
la pruneiie ^ avant que Ton eút mis celle que
l’oa voit aiijourd'htii. L'objet qifon sktoit pro-
{>ofé^ étoit dimiter ^ par la blancheur 8c Féelat
de Fargent , la coukur brillante de la cornee.
Cette plaque d’argent eíl cvuidée á la place de
Firis 8c de la pruneiie ^ qui eíl creufée profondé-
ment. On aura employé fans donte , pour repré-
fenter ces deux patries de Tceil , deux pierres
precieufes diverfement colorees. La bordure d'ar-
gent qui régne tout autour des paupiéres de la
Mufe citée plus haut j montre que fes yeux avoient
«té incruílés de la méme maniere.
Les deux tetes Andnoüs que nous venons de
décrirej fontceintes de couronnes de lotus,, appe-
lees AnurAía chez les Alexandrins^ parce qu’ils
les confacrerent au favori d^Hadrien. La Coaronne
du baile nkíl compofée que de fleurs de lotus 5
mais la tete coloíTakj qui a ks chcveux aíTujétis
par une bandektte , eíl eatourée d’une rige de
cette piante dont ks fieurSj exécutées avec une
autre manere,, ont été fondees , comme nous le
montrent les trous pratiqués aux deux cotes de
cette rige. Sur k fommet de cetre rete > on re-
marque aufli un trou carréj déla largeur de trois
doígts . aeíliné fans doute á recevoir une grande
, kras , teik qukn en vok aux líis & autres
atvinites egyptjennes.
On yoit encore un beau buíle á’Andnoüs dans
le cauinet du palais Beviiaqua de Vérone ; ckk
un grand aommage qu’il ait perdu Ikpauk gauche.
Apres ces buftes ^ kplus beík ílatue á'And.ioüs
eíl a la Atlla-Cafali ^ aupres de laquelle on Ta
■oeteiTee ^ur k moni Coelius. La tete eít cou-
A NT T áte
ronnée de ¡ierre , consme celíes de Baccbxus. L es
jardins du palais Barberini renferraent une ílatue
de marbre du favori d’Hadrien , femblabíe á celle
du capitcle, & comme elk, un peu plus grande
que le naturel ; mais elle nk point ía tete ori-
gínale. La\i!ia-Borghéfe en oííre une quarrieme,
de la hauteur d'en virón vingt-iin pouces de Frar.ce»
11 y a une vingtaine d'années que Ton tranfporta
de Rqme á Potfdam j chateaa du roí de PruíTe ,
une itatue fur laquelle on avoic piacé un tete
ÜAndno'ús.
Aucun portrait dans ks antiques nkíl aufli fou-
vent répété que ceax da beau Bithynien. On le
trouve dans la piupart des coüedtions de pierres
gravees. Mais le plus parfait de ce genre étoit
dans k cabinet des freres Zanetti á Venife. Le
duc de Maiborough j anglois , en a fait Facqui-
íition.
Antinous iu Bel-jédere. Son article ne doít
pas fe trouver ici j & il eíl renvoyé avec raifen á
ceux de xMéleagre ou de Mercure, quhl repré-
fente. Cktoit une ancienne erreur qui faifoit atcrL
buer cette ílatue au favori d'Hadrien,
Antinol’s , favori d'Hadrien.
AnTÍNOUS , HÉROS,
Ses médailles font i .
O. en or & en argent.
RRR. en médaiilons grecs de bronte.
Lkn de ceux du cabinet du roí , oü on voit
Andnoüs enkvé par un gritPon^ eíl beaucoup
plus rare.
RR. en G. B.
RR. en M. B.
RR. en P. B.
RRR. du méme module au revers d’Hadrien;
il eñ au cabinet du rci.
RR. en G. B. d’Egvpte.
RR. en M. & P. B.
RRR. en médailles contormates.
ANTIOCHEj en Carien fur le Méandrcj
ANTIOXEnN.
Les médailles autonomes de cette ville font:
O. en or.
RRR. en bronze.
O. en argent.
Leurs typés ordinaires font : Pégafe couratit.
— Unefemme debout . quelqaefois dans un temple-
Cette viik a fait frapoer des médailles impé-
riaks grecqueSj en rhonneiir de Lisde ^ de Claiide,
de Domitienj de M.^Aiiréle _ de Com.mode;, de
Gordien-Pie , de Fhilippe pete , dOtaxile dé
Fhiüppe jeune 3 de DécC; d^EtrufciIle, de Saiordne.
Antioche de Cilicie antioxeqn.
Les médailles autonomes de cette YÍUe font ;
RRRR. en bronze. (PelUrm).
O. en or.
O. en argent.
Antioche de Pilidie.
Col. ANT, Colorda Antklockenjls ^
COÍQSIA., ANTiOCKE.í.
D d ij
iii N T
CoL.c.fSAR. ANTiocH. Colonia Cifarea An-
tiockenfis.
Certe colonie roraaine a fait frapper des mé-
dailles latines en Thonneur de Titus , d" Antonin .
de M.-Auréle^ de Vérus , de Sept.-Sévére , de
Domna j de Caracalla, de Ceta, d'Elagaba'e, de
Míefa 3 de Gordien-Pie ^ de Phiüppe , d’Alex.-
Sévére, de Déce^ de Volulien:, de Vaíérienj de
Galiierij de Claude-ie-Gothique.
AntiochEj capitale de la Syrie fur TOroate.
ANTIOXEÍ2N.
Les médailles autonomes de cette vilie font :
O. en cr.
C. en bronze.
O. en argent.
Lenrs types ordinaires font rJupiter afiis, tenant
une viííoire & un fceptre. — Une femme ayant
la tete tourelée , aíTife fur des rochers , tenant
une branche de palmier. — Un bélier courant^
retournant la tete , avec une étoile aa-deífus de
luí. — Un autel allumé. — Une lyre.
Cette ville a placé jufq'Aaux Conílantins fon
époque fur les rnédailles impériaies grecques,
qu’elíe a fait frapper en rhonneur d'Auguííe ^ de
Tibércj de Claude j de Néronj de Calba^ d'Hadrien.
AnTIOCHIA. ANTIOXEÍiN. MHTPO. KOA.
On lui attribue avec raifon tomes les médatiles
imperiales qui ont au revers S. C. & A. £. & K. a.
¿ans une couronne de laurier, avec une légende
latine autour de la tere depuis Auguñe jufqu'á
Trajan , & une pareiile légende grecque depuis
Tiajan jufqu’á Gallien.
Cette colonie romaíne a fait frapper des mé-
daiiles latines & grecques . en l’honneur de Cara-
calluj de MacrÍD:, de Diaduménien;, d^EÍagabale ^
de Severa j d'Alex.-Sévére, deMaméej de Tran-
qdliÍDe,des deux PhiüppeSj d'Otacile, deDécej
á' htrufcille , d'Hérennius , de Valérien ^ d^Holli-
. lienj de Gallus, de Voiuíien & de Vefpaíien j de
TituSj de Dominen ^ de Gordien-Pie.
>4ntioche. céfarienne di) L’ére céfarienne
«u céfaréenne ¿‘Antiocke , eñ im.monuinentqu’é-
ligea la ville a Antiocke á .Tules-Céfar ^ non en
reconnoiíiance de Pautonomie qu’il lui avoit accor-
décj comme quelques-uns le prétendent, mais
en niémoire de la viáoire qa’ il remporta dans
ja plaine de Fharfaie:, Tan de Romeyoó, avant
J. C. 48 j le p du mois /ci-r/íVí , depuis nommé le
H50ÍS d'aoút- Les Syriens commenrérent á comp-
ter certe période de Pautomne , oii de leur premier
tifri de cette année j mais les Grecs la faifoient
remonter á leur mois gorpioeus de Pannée pré-
cédente 70J de Rorne , 49' avant J. C. En voici
la preuve, rirée de Pabbé Belleij dans fon neu-
viéme Supplément aux Diííertations du cardinal
Korís, fur les époques Syro-Macédoniennes. Nous
avons deux rnédailles frappées en Syrie j fous
le gouver.nement de Mucien , avec la date de Pan
11-7 ¿’ Araioche : Ei7I AÍOYKIANOY ANTIOXEÍ2N
STífí zít 5 dont Pune préfente la tere de Galba.
A N T
& Pautre celle d’Cthon. Galba fut tué le i j jaa-
vier de Pan Sai de Rome, dp de ,J. C. Othon.
fon fucceiíéur , périt le i y avrii de la méme année^
Sí par conféquent dans le cours de Pannée fyrienne,
qui avoit coinmencé á Pautomne de Pan 8ai de
Rome. Or, cette année fyrienne étoit, fuivant
les deux rnédailles, la 117= pp- de l'ére á'A.i-
tíocke : done la premiére année de cette ere avoit
commencé á Pautomne de Pan poy de Rome ,
49 ans avant Píncarnation. La coniéquence ré-
íulte évxdemment de ce caiem.
Mais, d'uu aurre cóté, dirférens aéles íyriens,
publiés par MM. Aífemani , font toi^ que Pér-e
á' Antioche ne commenca qiPa Pannée 706 de
Rome , 48'= avant J. C. Par exemple , on iit á la
fin des aótes de S. Simeón Stylite, que ce livre des
Triompkes du bk. Simeón , fut achevé un mercredi
(feria ir ) 17 du mois nifan (avril) de Van yzi de
tere d'ÁTitioche. Or , c'étoit le 17 avrii de Pan
1217 de Rorne, 474 de J. C. , dans lequei la
lettre dominicale étoir F , & le 17 avrii tomboit
au mercredi de la femaine-fainte. Ainíi , Pannée
yai de l'ére á’Amioche , avoit commencé á Pau-
tomne de Pan 1226 de Rome, & conféquemment
la premiére de cette méme ere avoit precede de
48 ans Pére ehrétienne.
11 eñ fait mention dans la Bibiiothéque orién-
tale des mémes auteurs, dMn tremblement de
terre, qui renvería une partie de la ville á’An-.
lioche , un dimanche 14 du mois gorpisas (fep-
tembre) de Pan yo6 de Pére a Antiocke . 770 de
Pére des Grecs. Ces caraéiéres ne peuvent con-
venir qu'á Pan 1211 de Rome, 458 de J. C. ,
eu ie 14 feptembre arriva réeilement un dnnaache.
De i2ii, ótez yoy , refte 706, qui eíl Pan de
P.ome auque! ce témoignage fait répondre le
commencement de Pére Antiocke.
Cette méme ville fut encore aífiigée par les
fecouiTes violentes d'’un autre trembleanent de
terre un merdredi, 29 du feconá rifri :XiOvenibre)
Pan ypé de Pére & Antiocke. Or, en confukant
notre 'Pable clironologique & notre Caíeiidrier
folaire perpétuel, nous trouvons que cette annee
fyrienne concourt avec Pan yaS de J. C.
de Rome) dans lequel le 29 noverabre fut eftecu-
vement un mercredi. De-Iá, fi Pon remonte au
commencement de Pére ¿‘Antiocke , on verra
qu'elie prit naiíTance dans Pautomne de Pan yoé
de Rome, 48 ans commencés avant J. C. _
Ainíi , pour conclure avec ¡e favant acaaenu-
cien qui nous fert de guide id, des dates qui ie-
trouveroient les mémes fur les rnédailles S' dans
les aéies publiés par MM. AíTemani , difFcreroient
d’une année entrielles.
La raifon de cette dÜférence , qae perfonne
avant Pabbé Bellei n’avok pu deviner , eít que
les Syriens adoptérent, un an plus t.ardj3ue íes
Grecs , Pére céfarienne. Cetre explic anón u
eíl mife,. par cet aateur, dans un poi.nt * évi-
dence auquel ©n ne peut fe refufer
A N T
©ajK Rotre Table chronoiogique ^ on treuvera
eette ere foiis ces deux époques différentes. En
ia preaant fuivanr ¡es médailles ^ fa 49= année
commence á rautomne qui preceda immédiate-
ment la premiere année de Tere chrétienne : en
la prenant felón les aCieSj le commencement de
cecte mérne année 49 tombe dans l’automne de
la premiére année de J. C. Evagre , dans fon
Hiífoire Eceléfiaílique , fait ufage de Tere céfa-
rienne o! Anziocke. Le patriarche Nicéphorej dans
fa ChroRographie , parle d’une autre ere á' An-
tioche 5 qu"ii fait commencer avec renapire d’Au-
gufte. Ceft ia méme que Vixt Acliaque. (L’Art de
vérifier les dates).
Antioche. (Ere Eceléfiaftique d’} La reforme
que Ies Alexandrins avoient faite au calcul ehro-
nologique de .Tules Africain3 ne fut pas la feule
qii’i; fabit. Panodore 3 moine égyptien , qui flo-
riíToit vers la fin du quatrieme fiécie , entreprit de
le remanier3 & fon travail produiíit une ere noii-
velle 3 qu'on prétená avoir été en ufage dans
I’églife á' Antiocke. La maniere dont il sy prit,
eíl éga'ement ingénieufe & limpie. Ce fut de
recular de dix ans la création du monde, & de
trois I’époque de l lncarnation ; de forte que
comptant 5-491 ans jufqu’á la feconde année de
la 194= o!ympiade3 il faifoit concourir la pre-
miére de iTncarnation avec la quatriéme de la
194^ olympiadcj & la premiére de folympiade
fuivante, en comm.encant 3 a la ma.niére des Orien-
tauXj l’année en automne. Par-la. fon année du
monde 5491 répendoit á Tannée 55T.1 des Alexan-
drins 3 qui étoit pour eux ia premiére de Pincar-
nanon 5 fon année 5491 á leur année ryea , &
fon année 5493 a leur année 5503 , troilierae felón
eux, & premiére fuivanr lui 3 de Tere chrétienne.
Ai.nfi, plus de différence pour Ies années du monde
entre Panodore & Ies .4íexandrins, depuis le re-
tranchement que ceux-ci firent de dix années dans
leur ére au commencement du régne de Dioclé-
tsen 5 mais toujours la ménae diíféreace pour
1 époque de i’Incarnation 3 qu'ii retardoit comme
nous, de trois années aprés ces derniers.
Or yoit par-lá que le P. Pétau s’eíl trompé 3
¡orfqufil a prétendu que Tere de Panodore ren-
troir dans celle d'Alexandrie pour la fupputation
des années de I inearnation 3 & ne s’en éloignoit
que pour les années de la création. C’eíf précifé-
raent le contraire ; & par cette raifon , dans notre
Table Chronologique depuis Pan 2843 nous n’avons
plus fa:t qu'une feule colo.nne de Pére d’Alexan-
drie & de I ére Ecciéíiaítique di Antiocke. Nous
aTons donné a cette colonñe !e titre d'ére d’A-
íexandne , ^ parce que les -4lexandrins paroiíTent
avoir fait pius d’ufage de ce calcui que les Eyrlens.
Si M. Renaudot avoit fait attention á la diífé-
rence de 1 ére .Mondaine dont ii s'agit ici 3 d’avec
celle ce Conftantincple , il n’auroit ñas accufé de
meprife (Ilifl. Patriarek. Alexand- p. 439) le
diacre Mahoud , hiftorien des Patrlarches Jaco- ¡
Á N f £tf
bites dbAlexar.drie 3 pour avoif lié Pan 7S8 des
marty^rs avec Pan du monde 6554.
On voit méme que les habitans ¿'Antiocke adop-
térent dans la faite , Se tout au moins dans le com-
mencement du 15“= liécle, Pére de Conílantinople.
C'eíl fur Pére de Panodore que le P. Pagi a
fondé fa période Gréco-Romaine 3 qiPil avoit
imaginée pour la ñibfiituer á la période Juüenne
de Scaliger. On peut voir dans l’Apparat de cet
habile critiq-ue les avantages qifil prétend réfultef
de fon fyftém.e pour la chronologie ; fyñé.me qui
routerois n’á point pris faveur parmi ks favans.
( L’Art de vérifier les dates).
ANTIOCHIENS établis á Cfillirrhoé 3 en Mé-
fopotamie 3 prés d’EdeíTe. ANTlOxEíiN. TON,
Em. KA.4AIPOHI.
Leurs médailles autonomes font í
RRR. en bronze.
O. en or.
O. ea atgent.
Antiochiens établis au bourg de Daphné^
en Syrie. antioxeq.ní. tqn. npos. aa4>nhi.
Leurs médailles autono.mes fofit ;
RRR. en bronze. (Pellerin).
O. en or.
O. en argent.
Antiochiens établis prés de PEuphratCj en
Syrie. ANTIOXEON. TÍ2N.* nPOC. £T<2>PATHN.
lis ont fait frapper des médailles imperiales
grecqueSj en Phonneur de Septime-Sévére.
Antiochiens établisprés dumontHippus,dans
la Coeléfyrie. antioxeíín. tííji. nPOc. irrnoN.
üs ont fait frapper des médailles impériales
grecques , avec les époques de leur ville 3 en Phon-
neur de M.-Auréle, de L. Vérus, de Commedei
dCAntonin.
Antiochiens établis a Ftolémaíde 3 en Pa-
leñine. antioxeqn. tíí.m. en. iitoaeaiaiai.
Leurs médailles autonomes lont :
RR. en bronze.
O. en argent.
O. en or.
ANTíOCHüS I, Soter, roí de Syrie. íA2l>
AEOS. ANTIOXOT.
Ses médailles font :
RRRR. en or.
C. en argent.
C. en bronze.
SaXEPOS. ANTIOXOT.
Ses médailles avec cette inferiprioR fent :
RRR. en argent.
O. en cr.
O. en bronze.
On lui voit fouvent une petitc aile au-deíUis
de Poreiíle.
Antiochcs II 3 k Dieu, roi de Syrk.
Ses médailles font :
C. en argent.
R. en bronze.
O. en or.
A N T
214 A N T
Sa tete eft pías peáte que eelle de fon p$re.
Antiochus III , le Grand , rol de Syrie ,
appelé vulgaireroent Hiérax-
Ses médailks font :
C. en médaillons d’argent.
C. en bronze.
O. en or.
li eft reconnoiíTable á fon nez long & pointa.
AntiochusIVj Dieuj Epiphane, Nicéphore,
loi de Syrie.
Ses médailles avec les titres de Dieu, Epipkane,
foat :
RíL en argent.
O. en or.
C. en bronze.
Ses médailles avec le titre de Nicépkore font:
RRR. en argent.
C’eft le premier des Séieucides qui ait pris la
couronne radiée.
Antiochus V, Eupatotj roí de S^rie.
Ses médailles font ;
RRRR. en argent.
RRRR. en bronze.
O. en or.
II y paroit trés-ieune.
Antíochus vi , Epipbanc > Dionyfus > roí
de Syrie.
Ses médailles font :
R. en argent.
C. en bronze.
O. en or.
Antíochus VH, Eyergétes, roi de Syrie.
Ses médailles font :
C. en argent.
G. en bronze.
O. en or.
Ce prince a le nez aquilin.
Antiochus VIH, Epiphane, roi de Syrie.
Ses médailles font :
C. en argent.
C. en bronze.
O. en or.
Ce prince a le nez légérement aquilín.
Antiochus IX j Fhilopator^ roi de Syrie.
Ses médailles font ;
R. en argent.
C. en bronze.
O. en or.
On luí voir quelquefois une barbe naiíTante.
Antiochus X^, Eufebe^ Philopator^ roi de
Syrie.
Ses médailles font :
RRR. en argent. _
RR. en bronze.
O. en or.
Antiochus XI^ Epiphanej Philadelphe, roi
de Syrie.
Ses médailles font :
RRRR en bronze.
O. en or.
O, en argent.
.4NTIOCHUS Xílj Dionyfus 5 Eplphane , Phi»
lopsror, Callinicus, roi de Syrie.
Ses médailles font:
RRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
Antiochus^XIII. Epiphanej Philopatorj Cab
linicus . dernier roi de Syrie.
Ses niédailles font :
R. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
Ce prince a le nez aquihn.
Antiochus XiVj roi, Grand Roi, roi de
Commagéne.
Ses médailles font, avec le titre de Roí.-
RR. en bronze.
— Avec celui de Grand Roí , elles font ;
RRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
ANTiOlN, pére dlxioN. Voyei ce mot.
ANTIOPE, filie de Mydps, roi de Thebes,
fut célebre daiis toute la Grece pour fa beauté ,
dit Paufanias, & de plus on la croyoit filie , non de
cepri.nce, mais du fleuve Afope , qui arrofe les
terres des Platéens & desThébains. On ajouteque
Júpiter en devint amoureux , & qu ayanr pris la
forme d'un Satyre , il la rendir mere des deux ju-
rneaux dont on va parler. Épopée , roi de Sycione ,
Payant enlevée , Pépoufa. Nycteus fit la guerre aii
ravifí'eur, & y perdit la vie i mais en mourant il
recommanda a fon frére Lycus de venger fa morr
& de punir Anüopc.
La princelTe tomba bienrót entre Ies mains de
Lycus, & fut ramenée á Thebes ; ce fut en y allant
qu'ellc accoucha de Zétus & d'Amphion. Lycus
lívra Antiope á fa femme Dircé, qui la traita pen-
dant plufieurs années avec beaucoup de cruauté.
Mais enfin la maiheureufe princeífe ayanr trouve
le moyen de skchapper, alia chercher fes deux
fils , qui étoienr deja grands , & qui étant entrés
á main armée dans Thebes , tuérent Lycus &
Dircé , &■ fe rendirent mairres du royaume. Pau-
fanias dit que Bacchus égara Peiprtt d'Antiope,
pour la punir d’avoir fair périr cruellemenr Dirce ,
qui honoroir finguliérement ce dieu; qakrrante&
vagabonde , elle parcourut toute la Grece, lorfque
Phocas , petit fils de Sifyphe , Payant rencontree
par hafard, la guérit & Pépoufa. _ . ,
Les malheurs á’ Antiope & le fupplice de Dirce
formenr le fujet d’un des plus célebres grouppes
de Pantiquité. Nous vouíons parler du TaüREAU
Farnéfe. V. ce mot. La figure ^Antiope n eft pa*
entiére ; on luí a reftaaré la tete 8¿ les bras. On
volt encore le meme fuiet exécuré en bas-reliei.
dans les villas Eorghcfe &_Albani ; & ü nv a q'^
trois figures. Antiove eft piacée entre Amphion
Zécluis, 8c fembk implorer la vengeance de íes
A N T
fi!s. Les roms font marqués au-deíTus ¿e cfiaquc
figure au bas-relíef de la vida Borghéfe. WinkeL
mann Ta pubüé áans les monumeiis ineaizi. Se iien
a donné dans Fhifioire de barr une explication par-
ticuJiére relaüve á Amphion. V. ce mot.
AntiopEj reine des AmazoneSj hit attaquée
par Herculc:, qni avoit recu ordre d'Eurifthée de
lui aller enlever fa .ceinture c'eft-a-dire ^ fes tré-
fors : elle fut vaincue Se emmence prifonnicre.
Antiope époufa Théfée , Se en eut un fils nominé
Hy ppolite. Elle pcrtoit auiii ie méme nom que
ce fils. V. TkéseEj Menalippe.
Le mariage ¿i Antiope avec Théfée a íervf de
fujet de travail aux arriftes anciens. On les voit
fculptés toas Ies deux fur un tombeau publié par
Bellori. Les pierres gravees offrent auái fou% ent
ces deux époux réanis. Sur une cornaliae- de
Stofch 3 Théfée eft armé d'ttne lance , Se tient fon
bouclier appuyé fur la terre 5 Antiope vaincue,
lui préfente fa bipenr.e en íigne de paix. Une
pite antique de la méme colíeclion , fait voir
Antiope á cheval, pourfuivie par Théfée qui eft
prés de la vaincre > car Tamazone a déj'á laiíTé
tomber fon bouclier.
ANTíPATHES de Diofcoride. Diofcoride
appelle de ce nom un lithophite qui eít noir,
branchu , Se qui a, felón lui, romes les pro-
priétés du corail. V. Corail noir.
ANTIPHATE régnoit fur les Leftrygons-,.
lorfqu L'lyífe entra, fur leiirs terres. Ce prince
Se fes fu jets, fe nourrifibient de chair humaine.
Quand la ffott.e dXTyffe eut abordé dans la Leílry-
gonde , i! fut depuré , avec deux de fes compa-
gnons, vers Antiphate , qifi devora un dies trois
envoyés ; L'lylTe Se fon autre compagnon eurent
bien de la peine á échapper á la cruauté du roi ,
cu: rafiémbla fes troupes , les pourfuivit vive-
ment , & £: lancer fur la flotte grecque une fi
prodigieufe quanriré dhrbres Se de rochers ,
qu’efie fut fubmergée avec ceux qur étoient de-
¿ans. Le feul vaiíTeaud'UlyiTe échappa. Ce monftre
a ferv: de proverbe aux poetes , quand ils ont
voulu parler de la cruauté & de rinhofpitalité.
V . Lestrygons.
ANTIPHOATE. ¿Anza-rlk. Les Grccs donnaient
ce nom a cette eípece de fv'tnphonie, qui s’exé-
cutoit á Poctave ou a la double octavee , par oppo-
Énon a celle qui s’exécutoit au fimple uñifibn. Se
quils appeloient (jí.'CsííT , ou abíblument Sym-
PHONiE. V . ce mot. A‘f¡! Se óaiyi font les racines
mot antipkonie ,• iis- íignifient oppofttion de
’voix.
Priam.
Ay i iPODES. líidore parle d'un peuple de la
auquel ú ¿onr.e ce nom, parce quTl avoit,
Gi- o;:-o_n , les pieds_ retcurnés , c’eft-a-dire , les
ta.ons deyant les jambes. Se lesdoigts derriére. Les-
coigts, ajoutoit-on,. étoient au nombre de huif
pisdc Cette abfurdité' a'a pa naítre que ¡
i espreíTion. dant fe. ferv.ent- ks géographea, (■
A N T 2T5
pour déíigner Ies peuples diamétralement oppofes
iur le globe , qui aura été prife á la lettre.
Nous renvoyons á la philofophie ancienne Se
á ja géographie , poar l'artide des Antipodes
pris dans le fens général.
ANTIPOLIS , dans les Gaul-es. ANTin.
Les médailles autonomes de cette ville fontt
RRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
TIQU.A,1RE. Ce nom défigne aujourd^huí
celai qui recherche Se étudie Ies- monum.ens de
Pantiquité qui s’eft rendu familiers les objets-
coinpris fous cette dénominadon, teis que les
méd.aiiles , infcriptions , ftatues , peintures , édi-
fices , coutumes, ufages , gouver.nemer.s , ma-
rine , radique , écriture & langiie des anciens..
Nous en parlerons plus au Isr.g dans le: Difcours
fur les antiquités.
AnTIQUAIRE, antiqaarias , étoit chez les
anciens celui qui avoit Finfpedion fur les copiftes ,
fur Ies iivres, & qui étoit prépofé á la garde de
V andqaarium oü 011 ies renfermoit. Le nom
iiantiquaire „ antiquarius , fut donné' par la fuite
-aux copiftes eux-mémes , & il étoit la tradudion
de leur nom grec ¿p;^íiísy¡wp<!i, écrivains ou co-
piftes des anciennes écritures. Ils s’appeloienr auífi
y-a.».íy(kqfoi , lotfqu'on vouloit défigner la perfec-
tion de leur art.
Antiqu.aeres,, : il Yavoit aiicienne-
ment dans les principales viile¿ de la Gréce &
de ITtalie , des perfonnes de diftindion ,, chargées
de faite voir aux étrangers ce. qu'ií y aveit de
curieux, de leur expliquer les infcriptions an-
ciennes, & tout ce qui avoit rapport á Tantiquité-
Paufanias appelle ces antiquaires ihrer—
prétes. Les Sicilisns leur donnoient le nom de
pasoí'/oyA interpretes des chofes cachees. Les
Ciceroni de Rome ont fuccédé á ces antiquaires ;;
& Ies exp-lications qufils donnent aux étrangcrs
fe re.Tentent de leur ignorance & du motif d'in-
térét qni leur fait exercer ce métier;
Antiquaires , ^ ífy¿ú¿ic,í , anden. On apneloic:
ainíi des puriftes- qui sarrachoient á la recherche
des vieux mots, & qui atfedoient de s'en fervir„
au mépris de ceux qui étoient- cU: ufage de leurs
tems.'
Le méme trom avoit été donné aux fcholiaftes-,,
qui falfoient des notes ou fcholies fur les auteurs^,
& les écrivoient ordinairement á la marge des
Iivres. II avoit auiTi la méme étt'molcgie.
ANT1QU.-4RIÜ.M, en grec étoit í’en-
üroit cu Ton renfermoit Ies- Iivres anciens,, Ies-
vafes antiques, See.
ANTIQUARIUS. V'oyei Aktiq-cjair:-e & An-
TIQC .aires.
ANTIQUES- Cet arricie sppartient au Dfdioni-
naire des Ars relatifs au deííin 5 Se nous y rersi-
voTons le lecteur.
ASTÍSIGaLí^ U’Ahtijigmay, figure &
ti6 A N T
út'iXjfkma C, adoíTés DC^, fut !e fecoaa caraAere
introdíiit par Claude. 11 avoit la vaieiir du P & de
Í‘Sj ou du B & de TS , peut - étre méme de deux
SSj d’un ufage bien plus fréquent dans le latín que
les précédentes. Ecienne Moría , aprés avoir fa^it
exprimer le ■í' par V antijígmn , conjeture qu il
auroit pu avoir la forcé da ck, ou du X des Grecs/
Prifcien eíl plus croyable quand il attribue á la
feconde lectre de Claude un fon équivalent au ’f-.
Selon notre Grammairien , ce fon étoít beaucoup
plus doux que celui du ps ou du bs des latins ;
mais ils n’osérent , noas dit-il , changar leur an-
cienne écriture.
Lesmonumcns dreíTés fous Tempire de Cíaudcj
r-e nous ont point encore fait vot fon lecond ca-
raclére. S’il y fut admis , on pourroit entendre les
termes de Prifcien des tems poírérieurs á ía mort du
méme empereur. Alcrs au plus taid , cette lectre,
avec fes compagnes, fut condamnee a un éternel
oubli. NoiLvtlle diplonzatique.
La figure DC de Yantifigma, nous apprend l'ét}^-
moiogie de ce mot , qui vieat de & ¿‘átri ,
devara.
ICdore ( lib. i. origin. c. xx. ) parlant des notes
ou íignes particaliers dont les écnvains íe font
fervis, fait mención de Y araifigma^, qui eil ,^felon
Itti , un limpie figma C , tourne ae 1 autre cote p).
On fe fert de ce íigne , dit-il , pour montrer que
Lordre des vers vis-á-vis defqueis on le met , doit
étre changé , & qu'on le trouve ainíi dans les an-
ciens auteurs.
Vantifigma , pourfuit ífidore , avec un point au
tnilieu , fe met á la marge , lorfque deux vers ont
chacun le méme fon , Se qu’on ne fait lequel pre-
férer.
ANTISIGMA. On appeloit de ce nom un lit
de tabfe fait en demi-cercle , qui , place devane un
femblable lit, renfermoit dans un cercle entier
une cable ronde.
ANTISSA , dans Tifie de Lesbos. antis.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRR. en bronze.
O, en or.
O. en ar?ent.
ANTISTES. Voyei Prétre. .
ANTISTHÉNE. A Rome, dans je palais du
prince de Piombino , on voit une rete de philo-
íbphe qui paíTe pour celk AAraifihene. Fulvius
Urílnus Ta nommée ainíi fans aucun fondement
connu. Ainíi , Ton peut y meconnoítre , avec
rairon, les traits du chef de la feAe des Cyniques.
ANTISTIA , famille rcmains dont on a des
médailles.
O. en or.
RR. en argent.
O. en bronze.
Les furnoms de cette famille font, Ksgikus ,
y^Tus. / .<
Goltzius en a publié quelques medaiiIes, la-
cosnnss depuk luí.
A N T
ANTISTíTA. Pr¿t?,ess2.
ANTISTROPHE, dAíA, contre , Se ít jír^ph.e ,
rpoeG qui vient de , je tonrn-e. Ceft ainfi
qu'on appeloit une des flanees des choeurs dans
les poéíies dramatiques. V andfiropke étoit une
des trois pañíes de Yode , dont les deux autres
fe aommoient ftropke Se ipode. La firopke Se
Yantiflropke contenoient roiijours le méme nombre
de vers, tous de méme mefure. Se pouvoient
conféquemmer.t étre chancees fur le méme air.
L'épode coroprenoit des vers d'une autre efpéce,
foitpliis longs, foit plus courts. Le chceurchan-
toit la ftrophe en le tournant á droite du cote
des fpecfatears ; & Yanúftropke étoit la flanee
fuivante que ce méme choeur chantoit en fe tour-
nant a gauche.
Uantiflropke étoit une. efpéce de réponfe oa
d’écho reiatif tant á la firopke qu á Xépode.^ Les
Grecs nommpient périod'e cts trois couplets réunm
ANTITHÉES, étoient de mauvais génies-, dit
Arnobe , invoques par les magiciens , & qui
n'étoienc propres qu^á faire du mal. Arnobe ele
le feul qui eh ait parlé.
ANTIÜM, ville d'ítalie, célebre par Ies forts
qu”on y aiioic confulter. II y avoit des ílatues ae
ia Fortune , qui fe remuoient d eiles - mémes ,
dit Macrobei'&r leurs mouvemens^divers i'er-
voient de réponfe , ou marquoient íi i on pou-
voit confulter íes Sorts. E" . ce ^
Horace a chanté la fortune révérée á Anthnt r
O diva y gratum qu& regís Araium.
Philoflrate , dans. la vie d’Apolloaius de Tyane,
liv. 8 , áic qu on y confervoit un manuferit écrit
par Pythagore.
ANTLÍA. Voyete Pompe.
ANTOINE. (Márc)
MaRPUS AkTOSIú-S , ZMFRRATOR , AUSUR,
}II. VIR. R. f. C.
Ses médailles font :
RR. en or.
C. en argent.
II y a des revers R Se RR.
RRR. en médaillons d’argent ,.'avec fa tete Sc
ceüe de Cléopatre.
R. en M. B. latín , avec ia tete d'Augulte.
RR. avec fa tete & celle de Cléopatre.
RR, en M. B. des colonies.
RR. en P. B.
RRR. en G. B. grec , ou approchant de ce
module.
RR. en P. B. grec. ,
C. en argent dans Ies légions , excepte la » >
reñituée par Marc-Auréle & Vérus; la i7'-> *
i8% la io% qui font R.
La 24% qui n’ avoit pas été publiée, fe trouv^
dans le cabinet de M. Pelkrin ; on connoit
la 26% la 27= Se la 30= & demiérc, qui font Ki 1 •
RRRR. en or, de la ié.gioa 19, au cabmet
du rol.
RRRR-
A N T
RRRR. égaleniíent en or , des cohortes Pré-
toriennes, dins le cabinet de M. Pellerin.
On trouve des médaiües d’Oétavie , quatrieme
femme As. Marc-Antolne , mais on n’en connoit ni
en or, ni en argent, ni en bronze de coin romain.
Les unes font latines de la colonie de, Sinope , ou
fa tete eft accollée avec cellc ^Antoine ; d’autres
grecques , fur lefquelles fa tete eft au revers , en
regard á’Ajitoine : elles ont été fabriquées en
iifrique, d Tyr. Í1 s’en trouve avec fa tete feule,
foppées á Filia & á Tkejfalonique. Ces diíFérentes
médailles dont le prix dépend de la conferva-
rion , ont été pour la plupart publiées par M. Fel-
lerin , qai en polTédoit pluíieurs. Celles qui font
piiniques ne repréfentent point la tete d'Oéiavie.
Seguin a fait graver une médaille latine de grand
bronze , fur laquelle on voit la tete d’Oéiavie etv
face des tetes d’Augufte & AlAntoine, 8c au revers
Une galére.
Antoin'e le fils, (Marc)jí/í ¿a Triwmvir.
Marcus Antonius , Marci 1EIJ.IVS , Makci
KEPOS.
Ses médailles font:
RRRR. en or, au revers de fon pére ; elle eft
au cabinet du roi 8c dans celui de Vienne.
O. en argent & en bronze.
AntOINE, (Lucius) /rere de Marc-Antoine.
Laciirs Ahtonius , consüz.
Ses médailles font :
O. en or.
RR. en argent , ou fa tete fe trouve toujours
au revers de Marc-Antoine.
O. en bronze.
Antoine, (Caius) troifiéme frére de Marc-
Antoine. yoyeq^ Antonios.
ANTONIA, famille romaiae dont ®n a des
médailles ;
RR. en or.
C. en argent.
C. en bronze.
II y a quelques légions d’argent RR. & méme
RRR. On peut en voir le détail á Marc An-
toine.
Les furnoms de cette famille font Balbus ^
Barbatus , Pmtus, P jetas.
Goltzius en a publié quelques médailles , in-
connues depuis lui.
ANTONIA, femme de Drufus, frére de
Tibére.
Antojcia Augusta.
Ses médailles font:
RR. en or.
RR. en argent.
RR. en médailles de potin , frappées en Egypte.
O. en G. B.
C. en M. B. latin.
RRR. de colonies. M. Pellerin en a publié
une de Corinthe , & Pon en connoit une autre
du cabinet de Theupolo.
Ar.tiqiátés , Tome I,
A N T 2Í7
RRR. en M. B. grec ; elle eft au revers de
Claude.
RRR. en P. B.
II y a dans la colléélion des pierres gravées de
Stofch, une cornaline fur laquelle on voit le por-
trait de cette princeíTe. Le muféum capitolin en
renferme un bufte de marbre.
ANTONIA NyE. On appela de ce nom les
mantés gauloifes avec des capuchons cu cara-
calle, que Pempereur Anronih mit á la mode á
Rome. Elles defcendoient jufqu^’aux talons , &
firent donner leur nom á cet empereur, commc
-réciproquement elles recurent le fien.
ANTÜNIN , déclaré Céfar par Hadrien.
Tjtus , Mlius , Hadrianus , AsTosjirus 3
Augustus , Plus.
Ses médailles font :
C. en or ; quelques revers R. Les quinaires R.
C. en argent i il y a peu de revers rares ea
argent.
R. en médailles grecques d’argent. Celle au
revers de laquelle on voit la ftatue équeftre d’Ha-
drien eft RRR.
RRR. en médailles grecques- d’argent , ayant
au revers la tete du roi Rémétalce.
Elle eft chez le roi d’Efpagne.
RR. en médaillon de potin d’Egypte.
C. en G. B. de coin romain. 11 y a un grand
nombre de revers rares, & trés-rares.
C. en M. B. RR. du méme module , au revers
de Fauftine, ainfi qu’au revers d’Hadrien.
Plus rares avec les tetes de Marc-Aurélc &
de Fauftine.
RR. en G. B. de colonies.
R. plutót que C., en M. 8c P. B.
R. en G. B. grec.
C. en M. & P. B.
C. en médailles d’Egypte. Parmi celles de G. B.>
il y en a qui repréfentent les douze fignes du
zodiaque ; d’autres qui ont pour types , différens
travaux d’Hercule , Se des traits de l’hiñoire fabu-
leufe. On en trouve une , oú Pon voit Apolloa
aífis, & devant lui Marfyas pendu á un arbre,
avec un homme au bas qui fe prépare a 1 écor-
cher. Ces différens revers font RR.
On connoit beaucoup de médaillons latins de
bronze, 8c quelques grecs de cet empereur. Celui
qui eft gravé dans Séguin, p. I5’4, eft trés-rare.
Six empereurs ont porté le nom d Antonin ,
Antonin-Pie , M.-Aurele , Commode , Caracalla ,
Diaduménien & Elagabale. On doit avoir 1 atten-
tion de ne pas les confondre. Au relie. Ies plus
difficiles á diftinguer font Caracalla & Elagabale j
mais BOUS en donnerons les moyens a leurs arri-
cies refpeélifs.
ANTONINUS, (Sulpicius) tyran fous Gal-
lien.
SuBRtcJus AjrTOJti^us Augustus.
Ses médailles font ;
Caique en G. B-. Cette piéce a été fabriquéc
t . r A N u
á Emefe , en Syrse ; elle eíí rapportée par Hapm ,
dans fon tréfor Britannique, & elle a pour date
ces trois lettres ek'íj qui marquent Tannée 565
de i’ére des Eméííens, laquelle avoit commencé
fous les SéleuddeSj rrais cent-onze ans avant
Tere chrétienne ; ce qui fe rapporte á Tan deux
cent cinquante quatre , au gommencement du
xégne de Válérieíi.
ANTONIÜS, (Ca'ius) fr'ére de Marc-Antoine
le triumvir.
CaiUS AnTOKIUS , M.ARCI TILJUS ÍROCOX-
SULy FOXTIFRX.
Ses médailles font:
O. en or.
RRR. en argent.
O. en bronze.
ANTRON CoRACius. Plutarque examinant
pourquoi on attachoit aux portes de tous les
temples de Diaae^-des comes de eerf, & á fon
temple da mont Aventin, des comes de bceuf;,
dit que c’eft peut-étre pour conferver la mémoire
dtin qvénement arrivé fous le régne de Servius
Tullius. Dans la Sabine , un hom.me nomme
Antron Coracius , avoit une v'ache > la plus be lie
& la plus grande de tout le pays : un devin lui
prédit que celui qui facrineroit cette yache á
, Diane fur le mont Avenrin^ procureroít á^fa ville
' rerapíre de toute fltalie. Coracius alia á Rome
pour faire ce facrifice. Un ferviteur du roi Ser-
' vius donna avis á fon maitre de. cette prophétie.
Le roi l’apprit au pontife , qui , pour trompee
' -Coracius j lui dk-qu' avant de facrifierj il falloir
qu’il allát fe laver dans le Tybre ; Coracius^ obéit;
& tandis qunl fe lavoit, le roi fit le facrifice de
la vache attacha fes comes á la porte du temple
& eut tout rhonneur du facrifice.
ANTRUM. Voye^ Caverne.
ANTüBEL. Muratori, pag. 100 de fon Tkef.
infer. , rapporte une infeription trouvée en Efpa-
gne, dans laquelle il eft fait mention de deux
divinités inconnues., Antubel^ la áét&'Nabis :
BOUTIUS
ANTU BEL
EX. D. NABI
V. S. L. M.
Cet Antibel eñ peut-étre Bel ou Belus des
Orientaux j qui étabiirerit pluíieurs colonies eh
Efpagne.
ANUBIACL prétres d" Anubis á Orange. Miera-
-tori Diatrib. Col. Gy , inferip. tkef. :
X. IVLIVS. leonXs. do
NVXX- QVOD. PROXXl
SERXT. XNVBIXCIS. do
XXesticX. libert. d. s. p.
AIXUBIDEUM^ lien & temple confacrés a.
Anubis.
A.ÑüEIS, divinhé rcvérée4es Egypriens, des
A N U
Grecs Sr des Romains. Ovide en fait mention,
(Amor. lib. 1, eleg. 13.) il dit á Ifis :
Per tua fifira precor y per Anubidis ora ■verenda.
Cette tete adorable étoit celle d’un chien , auquel
on rendoit un cuite , & on élevoit des tem-
ples appelés Anuhidea. Lucien {inToxari'}.
On commenqa en Egypte par confacrer un
animal á Anubis , comme on f avoit pratiqué avec
les autres divinités. Bientot aprés on fubftitua en
partie la figure du chien a ceile i" Anubis méme ,
& Ton placa la tete de cet animal fur un corps
humain , pour fervir d’embléme au nouveau dieu.
C’eñ ainli qu’on le trouve repréfenté dans les
raines des- anciens temples d'Egypte ; cfeíl ainíi
qu’il paroit fur les bronzes & les marbres que ren-
■ferment les colleélions d'antiques. Diodore de
Sicile attefte Fancienneté de cet ufage. {Lív. i).
Les Egyptiens repréfentent le dieu quils appelleht
Anubis avec une tete de chien. Ovide decrivant
la pompe des fétes dRíis, koublie pas Anubis ,
(Métamor. p. ópz. ) :
Cum qud latrator Anubis 3
Sanclaque Bubafiis , variufque coloribus Apis.
Virgile , Properce , Laclen Se les Peres des
prémiers iiecles de l'Eglife , ont fouvent railié
les Egyptiens fur Vabhoyeur Anubis.
Le áieu-chien avoit en Egypte des fétes fomp-
tueufes , des temples & des villes particuliéres
confacrées á fon cuite, telles que Cynopolis, ville
des chiens, xojSj ■nroXis, dans FEgypte moyenne-
Strabon, qui avoit voyagé dans cette contrée,
dit qu á Cynopolis on honoroit Anubis d’un cuite
particulier , qui étoit partagé entre le dieu & les
chiens , auxquels on préparoit une nourriture re-
cherchée. Les médailles de cette ville portent pour
type une figure d'homme á téte de chien.
Quoiqüe Cynopolis fút le centre du cuite renda
á Anubis, FEgypte entiére Fadopta á fon tour;
& par-tout ou Fon adoroit Ilis & Ofiris, on leur
affocioit ce die-u, leuf fidéle compagnon; ce quí
donne de la vraifemblance á cette hyperbole de
Juvénal , ( Sat^ i y , v. 8. ) :
Oppida tota canem venerantur.
De cette univerfalité du cuite á’ Anubis , yin£
ie refpeéi général des Egyptiens pour les chiens.
Lorfqukl en mouroitua, tpus les habitans de la
maifon oú il étoit mort , paroiílbient plongés dans
la douleur la plus profonde ; ils prenoient toutes
les marques du plus grand deuil , 8e fe coupoient
les cheveux & les foureils. Plutarque a confervs
la mémoire de la guerre craelle que fe firent les
habitans de Cynopolis & ceax d'Oxyrinque , a
caufe d’un chien que ceux-ci avoient tue
mangé- , • ,
Ce cuite étrange ne fut pas borne aux
du Nil. Les Orees Fadoptérent , non ^as leuie-
ment á Fépoque ou les Ptolomces melereo
A N U
cuite de la Gréce á celui de leurs nouveaux fujets,
mais dans les tems Ies plus recules de rhiftoire
grecque. Rhadamante ^ frére de Minos, ne juroit
jamais par les divinités de fon pays , pour ne pas
profaner ces nonas redoutables ; naais il juroit par
i’oie, par le bélier, par le platane & par le chien.
Jabionski, dont nous anaiyfons lestravaux, re-
connoit á ce jurenaent da chien, & croit
que Rhadamante, ainii quepluíieurs autres grecs,
avoic voyagé en Egypte, &; en avoit adopté les
cuites. Car l'oie, le béiier, le platane y étoient
révérés ainfi que le chien.
Que! écoit cet Anubis, ce dieu demi -chien t
Les prétres égyptiens racontoient dans leurs fables
facrées , que deux fils d'Oiiris, vaiilans Se cou-
rageax, Anubis Se Macédon, le fuivirent dans fes
expéditions. Cette naiíTance á’ Anubis eíf expli-
quée plus au long dans Plutarque (de OJir.)
11 dit qii’Oliris ayant joui des embralTemens de
fa foeur Nephthis, femme de Typhon, quil crut
étre Ilis fon époufe , en gut un fils appelé Anubis ,
qui fiit frére d^Horus, fruir legitime des amours
d'Ifis & d’Oíirís. Kephthis craignant le relíénti-
naent de Typhon , expofa Anubis pour le fouf-
traire á fa colére. Mais Ifis, qui avoit reconnu
Terreur de fon mari, á la vue de fa couronne de
Mélilot, oubliée chez Nephthis, chercha Anubis ;
& 3 á Faide de fes chiens , elle le trouva & en
prit foin. Devenu grand, ce fils d'Ofiris la fuivit,
Se Taccompagna toujours fidélement : de-lá vint
qu'il fiit reveré comme le gardien des grands
dieux , & comme faifant auprés d’eux les mémes
fonélions que les chiens exercent auprés des
mortels.
Cet attachement inviolable ¿’Anubis le fit re-
préfenter avec une tete de chien, felón la plupart
des écrivains qui ont recherché les motifs de
cette conSgurarion extraordinaire. D’autres ont
donné pour motif le fervice que rendirent á Ifis
les chiens dans la recherche du corps d’Oliris ,
fon mari j ce qui n’a aucun rapport diredl avec
Anubis. Quelques autres, & Julius Firmicus avec
eux, difenr qulfis fe fit accompagner du ckajfeur
Anubis j & qu’on donna pour fymbole a ce dieu
Lanimal qui fert de guide aux chaíTeurs. On apper-
íoit dans cette variété d'opinions , que les prétres
égyptiens fe contentoient de rapporter la fable
á" Anubis , racontée plus haut d'aprés Plutarque ;
& que les écrivains des tems poftérieurs s’étoient
donné^ la torture pour découvrir le motif d’une
auíG étrange métamorphofe.
Mais le plus grand nombre des anciens écri-
vains s accorde á le^ trouver dans Pattachement
é. Anubis pour fon pere Se pour la femme de fon
pere. De-la, Plutarque conclut que les Egyptiens
nrent de leur Mercure un chien , pour exprimer
par ce fymbole fa fidélité ; de-lá vient que Pro-
clus , dans Platón, {■noMnla.') Anubis \q
^rdien d’Ofiris ; de-lá naquit Pufage de placer
Anuois ou un de fes petits temples á Pentrée
A t>í U 2 1^
de ceux dTlis , & celui de le faite précéder la
ítatue d'Iíis dans les proceíuons de cette déeíTe.
Apulée, qui en avoit vu une á Cenchrée, parle
ainfi (Métam. Lib. a) : jd Les divinités fe mertent
en marche des qu'elles veulent bien fe fervir des
pieds des mortels qui Ies portent. On voit pa-
- roitre d abord celui qui a la tete d’un chien ter-
rible, qui accompagne les dieux fupérieurs. &
inferieurs , qui eft tantot decpuleur noire, rantot
doré 5 qui porte enfin un caáucée de la maia
gauche , & fecoue de la droite une palme ver-
doy ante w.
Commode , qui renoiivela á Rome le cuite Se
les pompes dllis, fe rafoit la tete, portoit lui-
méme la ílatue ^Anubis , & donnoit des coupS
trés-violens aux ifiaques avec cette repréfentation
du dieu. Ce cuite y avoit été jadis introduit ;,ma®
Ies confuís Pifo.n & Gabinius le pourfuivirent
févérement. Pour tout dire en un mot , par-
to ut oú paroiíTbit Ifis, on voyoit avec- elle le chien
ou cynocéphale (dieu á tete" de chien) . La Table
Ifiaque offre un témoignage authentique de cette
aíTociation confiante.
_ Cherchons á préfent quelles furent les divi-
nités par lefquelíes Ies Grecs remplacérent dans
leur Mythologie le fils d^Ofiris. Plutarque ditdans
fon Hyre fur Ifis & Ofiris-, ouvrage fi rempli ds
puwilites , que Pauteur fembie les avoir reeueii-
íies a deTein de plaire á la fuperñitieufe Cléa ,
á qiú i! Pa dédié ; » Quelques-uns erqient anA-
nubis eft Satume , parce que produifant tout da
lui-meme , & portant tout da.ns lui-méme comme
une femme groííe (ce qui s’exprime en grec pac
le mot K-jíiv ) , il a été appeié ¡Am , chien
Cette interprétation, qui repofefur un jeu de mots,
eft ridicule. D^ailíeurs, Plutarque a confondu ici,
comme il Pa fait auíTi dans d^autres endroits,
Anubis avec Phtka, le Vulcain des Egyptiens. U.n
trés-petit nombre ¿'écrivains a fui vi le fentiment
de Plutarque, & a reconnu Saturne dans Anubis.
■ Les autres , en tres - grand nombre , aiTurent ,
avec raifon , qa Anubis Se Mercure étoient ii
méme divinité-
En effet , dans le méme livre fur Ifis , Plu-
tarque dit que Ies Egyptiens ne croient pas que
leur Mercure foit un chien , mais qu ils affimilent
au plus tufé des dieux Panimal qui a la vigüancc
en partage, & qui diftingue avec tant de faga-
cité Pami de Pennemi. II eft évident qu’il parle
ici ^Anubis. Les Egyptiens , dit-il encore dans
le méme livre , aííurent que Mercure habite dans
la lune, & marche avec elle. IN'e reconnok-on
{>as ici évidemment Anubis , le fidéie compagnon
dTfis ? Servius & Porphyre font du méme fen-
timent 5 & Lucien penfe de méme , puifqiPil
donne á Anubis le caducée , ateribuc particulier
de Mercure.
.Anuo, en bogue cophte, qui'étoir ceile des
anciens Egyptiens , veut dire or , & annub doré.
De-lá vient que Lucien (in Jqvc Tragoedo ) dit
Ee ij
aao A N U
f¡\ij4.nuiis étoií d’or tres-pefifit & d un
■graná prix. Les Egyptiens , felón Pline^. ne fculp-
toienc pas l’argent“, mais üs le doroient^ a.fin d^
voir roujours leur Anubis : Tingit & Jtgyptus
argentum, ut in vefis Anubim fuum fpeñst , pin-
gitaue , non ctlat argentum. Apulée , cité plus haut j
parle de la face dorée A’ Anubis. D'un autre cote
nous apprenons dans la chronique d’Alexandnej
queFauniis, appelé depuis Mercpre ^ ^trouva le
premier l’art de fondre & de^travailler 1 or. Quel-
que ridicule que foit fafíémblage de Faunas , rol
¿ItaliS:, avec Mercare j, on peut en^conclure ce-
pendant que fon attribuoit á ce dieu Tart de travau-
1er i’or. Dans Fhymne de Mercare , qui porte le
nom d’Homérej il eft dit qu Apollon ctant eii^te
dans la cáveme du mont Cyllenius , ou 1 on ele-
voit Mercare , le trouva environné d’or & de
richeíTes. De-lá vint que les poetes lui^donnerent
touiours des talonnieres & une verge d or. Anubis
étoit done le dieu de for^ ainli que ivíercure le
fiit depuis chez les premiers Grecs ; car Plutus
eft d’une création poftérieure aux Pélafges-
Plutarque nous apprend (de Iftde) á quel phe-
Boméñe ou apparence célefte appartenoic l Anubis
des Egyptiens. Le cercle j^dit-il, qui touene
& fépare les deux hémifphéres , qui porte le
Hona d horifon^ & leur eft cotnmun a toas deux,
eft appelé proprement Anubis; il eft repréfmté
fous la figure d'un chien^ parce que cet animal
fait ufage de fes yeux dans la nuk comme pen-
dant le jour. 11 paro'it Anubis étoit chez les
Egyptiens d'une méme nature que í’Hécate_ des
Grecs. c'eft-a-dire. terreftre & célefte ». ’Voilá
clairemstit. Án-nhis declare le fymbole Tacre de
Fhorifon de la fphére. Ceft pourquoi. fans dsute.
il en porte une de la main droite fur un bas-relief,
publié par Boiffard. (^Araiq. iv, p- 78). ILy paroít
Kvec une tete de chien . & le cadiicee a la main
gauche. Son pied eft pofé fur un crocodilo.
Ceft á fon arrivée á Thorifon que le foleil entre
dans le monde , ou plutót dore & eciaire notre
hémifphére ; & c’eft pare llement á Tépoque ¡fc
fon retour quhl fort du monde , ou plutot qu il
paffe fous le globe. Anubis , qui gardej’horifon.
eft done le portier du ciel ; & il doit etre repre-
fenté par l’image d’un portier fidele. Les anciens
confioient la garde de leurs portes a des chiens 5
i!s en peignoient méme fur la muraiile aupres de
Fentrée des maifons , avec ces mop . cave canem .
lorfqu i!s n’avoient point de chiens vivans. La
théologie fymbolique peignit dés-iors Anaois fous
Fembléme de cet animal fidéle.
La couleur jaune ou de Por. & la noire. con-
viennent alternativement au portier da cie.^. qui
en ouvre les portes ou Phonfon. tantot a 1 altre
du jour . tantot á la déeíTe des ténébres. Tout ej»
d'accord dans Pailégorie di Anubis . chez íes pre-
tres égyptiens ; mais auífitot qu’elle eft tranfportee
en Gréce ou en Itaíie . tout eft obicurci Sí kico-
hérent.
A N tJ
Nous avons vu plus haut les révolutions que
fubit á Rome le cuite Anubis. Compagnon infé-
parable ftlfis . il vit fon cuite enveloppé dans la
proícription des myfteres de la deeíTe . jufqu a
ce que Commode rétablit les dieux egyptiens dans
leurs anciennes prérogatives. On trouve cependant
des traces de ce cuite a Rome fousTibere. Des
prétres ^Anubis ou de Jíermnitubis . Alercure-
Anubis 3 comme Pappeloient les Grecs. fe pre-
térent á la paíTion de Mandas, jeune cnevaher
romain. pour Pauline. lis perfuaderent a cette
dame que leur dieu avoit conqu pour elle 1 amour
le plus vif. Crédule . fuperftitieufe & vame. Pau-
line fe crut honorée de la tendrefle d un dieu ,
8c elle confentit á paffer une nuit dans _ ion
temple . voifin de celui dlfis. Mandas trahit e
fecret des prérres.. & donna á enterare, par le
récit de quelques particulantés. quu avoit ete
Pamant couronné. Pauline s"en plaignit a fon man.
& celui-ci a Tibére. Les pretres furent crucifics ,
le temple dlfis rafé. fa ñatue & celle áAnuois
jetees dans le Tybre.
Ceux qui célébroienr Ies myfteres á Anubis,
portoient des mafques faits _ eii tete de chien ,
& c eft ainfi que dans la profenption des tnumvirs.
Voluíius échappa aux recherches des meurmeis.
Trillan & Beger rapportent deux me..aiiies ^de
la jeune Fauftine & de Julien II, _ fur lefqueues
on voit Anubis avec la tete de chien . tenant un
fiftre.& un caducée. II eft vétu fur la premíete
en général romain , avec la cuiraíTe & le paluaa-
ment ; mais fur Pautre il na qu une tunique.
On connoit á Rome plufieurs ftatues d Anubisy
Ies plus remarquables font. C. une a laViHa-Albam.
donr la téte tient du lion, du chat & du cn.m.
Eufébe KPr^p. Evan. l. 5.) dk que le ^
auíFi un fymbole ¿s Anubis. La meme \ lUa ren
ferme une autre ftatue á tete de chien , a.lite , K
il y en a une femblable au pala.s Barbenni. Ces
trois ftatues font ftun granit tirant fur le noir-
La tete de la premiére eft couverte par de.riere
ákme mitre ou coéffe égyptienne chargee de plis ,
qui flotte fuv les épaules de la longueur q
torze pouces. Derriére fa tete s eleve
de difque. figurant le foleil ou .a lune . o J 0
étre un de ces nimbes ou aureoles que .
queiquefois aux images des dieux & d - P
reurs les Grecs & les Romains. .
Les deux Anubis, Pun de marbr^. . :>
de marbre blanc. conferves capicole.
point des produdions de 1 axt chez íes ^
ce font des ouvrages faits du tems f
Hadrien. Il ken faut pas dire "
Anubis aífis . de bafalte verd , qui eft d<-ns la
colleéiion. Cr A Thef.
ANULARIÜS. Muraron (p^^g- 9°[-
infer.) rapporte Pinfeription fuivante :
V. ICC. F. Q- MUS. I. Q-
PRIMl. ANULARl
m FR. P. xmi. IN. A6. p.
ai I
A O U
Cétcit fans dou:e un cuvner cui faifoit ¿es zn-
neaux.
.ANXUR. (Júpiter) ^oyei Axür.
ANyTUS Titán , nourrider de Junon.
ACEDÉ , étoit Tune des trois Mufes dont le
cuite fiit établi j felón PaufaniaSj par les Aloides,
3 Thcbes , en Béorie. Son nom íigmfie chant.
F". Muses.
AONIDES j fumom des Mufes j qui eft tiré
des montagnes de Béorie ^ appelées les monts
AonienSj d'oú cette province elle-méme eft fou-
vent nommée Aonie. Les Mufes étoient particu-
iiérement honorées fut ces montagnes.
AORASIE des dieux. Les anciens étoient per-
fuadés que lorfque les dieux venoient parmi les
hommes Se converfoient avec euXj leur divinité i
ne fe manifeftoit jamais en face, lis ne fe faifoient
reconnoítre que par derriére , dans le moment ou
ils fe letiroient. C'eft ainíi que Neptune , dans
Homére , (lüad. 2.) aprés avoir parlé aux deux
Ajax, fous la figure de Calchas, neft reconnu
d'eux qu'á fa démarche , & par derriére , lorfqu il
Ies a quittés. De méme , dans Virgile, Vénus
fe préfentc á Enée fous Tair d’une chalTeufe ;
Se , aprés i’avoir entretenu aíTez long-tems , elle
fe retire ; fa tete paroit alors rayonnante , dit le
poete 5 fa robe s'abat ; Sé fa détnarche la tra-
hiíTant , Enée voit clairement la déeíTe fa mere.
Aorafie lignifie invifibilité 5 il vient du grec , de
Xa. privatif Se de ofaa , je vois V , Hypar.
aORNOS , dans TEpire. aofniííN.
M. Pellerin a publié une médaille de bronze
autonome de cette ville.
II y avoit á Aornos ^ chez les Thefprotes , dans
TEpirc, un temple Se un bois confacrésaux Manes.
C^eft-Ia qu'on les évoquoit par des enchantemens
& des facrificesj Se c'eft-lá’que fe rendir Orphée
pour trouver quelque fonlagement á fa douleur.
II venoit de perdre fon époufe Eurydice , & il
efpéroit que le plaiílr de voir cette ombre chérie,
de s’entretenir avec elle , adouciroit fon chagrín.
Son attente fut trompee. La vue du fantóme que
les artífices des prétres firent paroitre á fes yeux ,
le frappa de mort felón les uns , Se felón d'autres
lui caufa une m.élancolie noire , á laquelle il fuc-
comba , aprés avoir erré long-tems au milieu des
bois. On imagina depuis , la fiable de fa defeente
aux enfers ; mais elle r/eut d’autre fondement que
ce voyage dans la Thefpfotie.
Ce mauvais fucccs ne déerédita pas Toracle
¿’Aomos. Plufieurs fiécles aprés Orphée , Périan-
dre, ryran de Corinthe, alia chez les Thefprotes
pour confulter fur un dépót Pombre de fa femme
MéliíTe, qu'il avoit fait périr fur de faux rap-
ports.
AOUST, fixiéme mois de Tannée de Eomulus,
Se huitiéme de celle de Numa. II conferva fous
ks rois Se du tems de la république , le nom de
Sextilis , que lui avoit impofé le fondateur de
Rome. Son nom fut changé en faveur d’Auaufte ,
APA
ioi fqufil mit en 746 , la derniére main á la ré-
formation du calendrier, entreprife par Céfar.
Macrobe Se Dion noas ont confervé le plébifcit*
Se le fenatus - confuiré qui autoriferent ce chan-
gement de nom. Les raifons quftls apportent font
les principaux événemens du régne d'Augufte^
arrivés dans le mois Sextiiis , tels que fon pre-
mier confulat, fes trois triomphes, PÉgypte cofr-
quife , la fia des guerres civiles.
Romulus avoit fait ce mois de 30 jours ,
Numa de 295 mais Céfar lui en donna 31. LeS
nones arrivoient le cinquiéme jour. Se les ides
le 13.
“ Aoút , preíTé de la chaleur , dit Aufone ,
" plonge fa bouche dans une grande taíTe de verre ,
» pour boire de Teau de fontaine. Ce mois, ou
» eft née Hécate , filie de Latone , porte le nom
» cternel des empereurs , c’eft á-dire , d’ Augufius.^
Ce mois eft repréfenté par un homme nud, quá
porte fous fon mentón une large tafle pour fe
rafraichir ; i! tient devanr lui une efpéce d'évan-
vai! , fait d’une queue de paon. En ce mois ok
fétoit les Portumnales, le 175 Ies Vinales, le 19}
Ies Confuales, le 21 ; les Vulcanales, le 23; íes
Opiconfives , le 2j , Se Ies Vulturnales „ le 27.
Cérés étoit la divinité tutélaire de ce mois, pcn*.
dant lequel fe fait la moiffon en Italie.
APAMÉE , en Syrie. AnAMEQN.
Les médaiUes autonomes de cette vílle font:
O. en or.
C. en bronze.
O. en argent.
Leurs types ordinaires font : La Viéloire de-
bout , tenant une couronne. — Pallas debout ,
tenant une Viéloire. — Un éléphant. —Un thyrfe.
Cette ville a fait frapper des médailles Imperiales
grecques , en Fhoniieur d’Augufte.
Apamée- fur-l’Axius , en Syrie. AnAMEOfí.
nPOS. AXION.
Les médailles autonomes de cette ville foñt:
RRRR. en bronze. (^Pellerin).
O. en or.
O. en argeut.
ApAMEE-fur-íe-Méandre , en Phrygie. AiiA-
MEÍ2N & AnAMEIC.
Les médailles autonomes de cette ville font :
O. en or.
R. en argent. Ce font des Ciftophores.
C. en bronze.
Leurs types ordinaires font : Un aigle volant
au-deífus du Méandre. — Diane d'Ephéfe.
Cette ville a fait frapper, fous fes différens
gouverneurs, des médailles imperiales grecques
en l’honneur d’Augufte , de Tibere , de Claude ,
d’Aarippine jeune , de Nerón , de Vefpalien ,
d’Hadrien, á’ Antonio, de Commode, deSévére,
de Géta, d’Alex.-Sévére , de Gordien, de Phi-
lippe pére, ¿’Otaci’ie, de Fhilippe fiis, de Déce,
d’Élagabale.
21Z
APA
- ApaméE:, en BIthyniej oa ApAMÉE-MyrIea.
AIIAMEÍ2N. TfíN. MIPABANQN.
Les médaiües autonomes de cette vilie font :
ERRR. en bronze,
O. en or.
O. en argent.
- On a queiques médailies imperiales grecques
de cette vilie, felón le P. Hardouin.
Apamée, dans la Bithynie.
Col. jdl. conc. aug. apam. Colorda Julia
Concordia Augufia Apamena.
C. I. c. A. Colonia Julia Concordia Apamea,
Vaillant avoit attribué á Carthage d’ A frique
c^tte feconde légende avec des médailies d'em-
pereurs , que I’abbé Bellei a reñituées á Apamée.
Cette cclorde romaine a fait frapper des mé-
dailles latines en Thonneur de Domna , de Com-
mode, de Caracalla, de Gallien, de M.-Auréle,
de Valérien. V oye:^ le 25' tome des Mémoires de
FAcad. des Infcriptions . íBdlei ).
APATURíENNE. Strabon parle d\m temple
confacré á Venus , fous cette dénomination. II
étoit báti dans un bourg de Corocondama, pref-
qu’iíle íituée entre le PontEuxin & le Palus Més-
tide.
Ce furnom , qui veut dire trompeufe , d’áü-ár? ,
íromperie , avoit été donné á Vénus, parce qu'elle
avoit ufé d'artifiee dans la guerre des dieux contre
les géans.
^ APATüRIES , fétes que Ies Athéniens céié-
í broient en Fhonneur de Bacchus ; elles devoient
leur origine á une tromperie célebre. Les Béo-
tiens ayant declaré la guerre aux Athéniens , á
Foccaíion d’un tarritoire que ces deux peuples
fe difputoient. Xanthus, chef des Béotiens, offrit
de terminer le diíférend par un combar íingulier,
Thyniéte, roi d’Athénes, ayant refufé le défi,
ílir dépofé. Se Mélanthe , qui Faccepta, fut mis
en fa place ; celui-ci voyant approcher fon ennemi ,
lui dit que ce n’étoit pas agir avec bravoure, que
de venir accompagné dañs un duel. Xanthus
tourna la tete pour voir fi effeélivement il lui
arrivoit un fecondj peudant ce tems, Mélanthe
iui paila fon épée au travers du corps. Ainíi, cette
tromperie , qui , en grec s'exprime par le mot
á-nciT-^ , donna origine aux apaturies. Un peuple
fage comme Ies Athéniens, auroit-ii dii conferver
la mémoire d’une aclion déshonorante ? AuíE y
a-t-ildesaiiteursquilui donnentune autre origine,
Cette féte duroit.pendant trois jours du mois
Puanepfion : le premier, on céiébroit un feílin; on
facrifioit au fecorid; & le troiliéme, oninfcrivoit
dans chaqué tribu Ies jeunes gens qui devoient
y étre re^us. Or, ces jeunes gens n’étoient admis
qu’apxés que leurS peres ayoient juréqu’ilsétoient
véritablerBent leurs enfans : jufqu'á ce tems-Iá,
sis étoient cenfés en quelque forte étre fans peres,
«írároüíf , d’o'd vient le nom H apaturies.-
Xénophon donne une troifiéme origine. Les
parens 8c Ies a.Uiés , dit-ij , s’affercbJoieut pouir
A P E
cette cérémonie, 8c fe joignoient atix peres des
jeunes gefts qdon recevoit : c'eft de ceñe aíTem
bléequelaféteaprisfonnom. Alors, dans
Va n eíl pas privatif, mais conjonólif, & fienidé
enfemble.
Héfychius parle d’un quarriéme jour des apa-
turies , appelé lír/fííV : m lis ce nom n'étoit pas
propre a ce jour-Ia; it convenoit á tous ceux qui
terminoient des fétes quelconques, dont iis étoient
comme une faite , rjs
Les Protenthiens célébrqient ces fétes avec
encore plus de folemnité que les Athéniens; car
ils_ y emplqyoient cinq jours , & les commen^
qoient un jour avant Ies autres. Les Athéniens
les imiterent par la fuite ; & Athénée nous a
confervé un décret de Farchonte Céphifodore,
qui ordonnoit au fénat & aux autres cribunaux
d’Athénes de vaquer á cette occafion pendant cinq
jours.
Les apaturies ont été prifes mal-a-propos pour
les faturnaies; car celles-ci, appelées r-fína , ne
fe célébroient qifun mois aprés, c’eft-á-dire , ea
décembre.
AHATAiA, le fecond jour des fétes célébrées
dans Ies mariages.
APELLEE, nom d’un mois des anciens Crees.
Chez les Macédoniens , c’écoit le dernier mois
de Fautomne. II étoit le premier mois d’hiver
des Syro- Macédoniens , & le fecond chez les
Tyriens.
APENARII. Voye^ Apinarii.
APENE, char atrelé de deux ou de quatre
mules, employé dans Ies jeux olympiques par les
Eléens, qui s’en dégoútérent bientót. lis trou-
vérent fans dome que ces animaux ne produi-
foient pas un coup-á’oeil aíTez agrcable ; car on
fait d’ailleurs que Ies Crees s’en fervoient habi-
tuellement, puifque Sophocle dit que Laius, dans
le voyage oú il fut tué , montoit un char traíné
par deux mules.
APEX, ornement de V albo galeras ^ bonnet a
Fufage des Flamines Se des Saliens. lis s’attachoient
ce bonnet, qui s’appeloit aufli apex , fous le men-
tón , avec de forts liens , nommés offendices, afia
de le fixer fur leurs tétes ; depuis que Sulpitius ,
felón Yaiére-Maxime, fut deftitué du facerdoce_,
parce que fon apex étoit tombé pendant quil
facrifioit.
Ce bonnet étoit fait en cone , & reíTembloit
á un cafque. A la place 'de Faigrette de celui-ci ,
on attachoit á Vapex une baguette recouverte
de iaine blanche , appelée proprement apex. De-la
yint le nom des Flamines , felón Servius , a Fila-
minibas. II eft inutile de faite fentir le ridicule da
cette étymologie. La forme de ce bonnet, qui
reíTembloit un peu á la caufie ou cafque Macédo-
nien, le fit appeler bonnet d’Epire ou d’Albanie,
pileus Epiroticus. Les Grecs le nommoient
xvcy¡6Tci 8c
Les Flamines ordinaire? ne poríQÍent Fí??!*
A P H
que dans les facrifices ; mais le Flamine Díale ^
ou de Júpiter j ne pouvoit fortir de fa maifon fans
cette coéífure. II n étoit le maítre de la quitter
que dans fon intérieur. On avoit une grande atten-
tioH á l’en dépouillef au moment de fon trepas ^
de crainte qu'elle ne fut profanée par les céré-
monies des funérailles.
Uíipex paroít fur quelques bas-reliefs publiés
avec leurs infcriprions par Jíuratorij dans les
recueils du P. de Montfauconj & fur les médailles
de Jules-Céfar, oú. il défigne fa dignité de grand-
pontife.
A PBX. Les Romains appeloient de ce nom le
haut ou la crece du cafque , fur laquelle on fixoit
raigrette , & que Ies Grecs nonamoient 7ra.(á(r¡¡Kcf.
\irgilej dans VEneide xii:
A P H
Hafla tulit.
Apzcem tamen incita, primum
Uapex des cafques que portent Ies foldats fur
la colonne Trajane^ n'eft qu^un limpie bouton
ou une légére éminence. On ne voit des aigrettes
qu á ceux des centurions ou des tribuns.
AP EXABO. Cétoit un de ces mots extraordi-
naires & barbares done les précres affeñoient de fe
fervir pour exprimer tout ce qui étoit d’ufage dans
les facrifices. lis déíignoient par le mot apexabo ,
un des inteílins déla vidtime plein de fon fang.
Arnobe (7. p. 2.29) reproche aux prétres cette
affeélation myñérieufe : Quid fibi h&c volunt ,
apexabo qu& funt nomina, é’ farciminum ge-
nera , hirquino alia fanguine , comminutis alia
znculcata pulmonibus.
APHÁCA. II y avoit dans cet endroic^ limé
cntm Byblos & Héliopolis^ un temple de Venus ^
célebre par Pefpéce de cuíte qu'on y rendoit á
cette déeíTe.^ Ceux qui venoient Tadorer^ s’aban-
«ionnqient á toute forte dé débauches , parce
que Venus y avoit erñbraíTé Adonis. Cette infáme
fuperftition venoit peut-étrej felón le Diérionnaire
de TrévouXj de ce quapkaca, dans la langue
fyriaque , & conféquemment dans la phénicienne ^
fignifie embraíTement.
APHACITE AphacitidEj furnom de Venus.
Cette déeíTe avoit un temple & un oracle en
i'hénicie , dans un lieu appelé Apkaca , entre
Byblos & Héliopolis prés duquel étoit un lac
femblable á une cíteme. Ceux qui venoient con-
fulter 1 Oracle de Venus Aphacite , jetoient dans
lac des préfens^ il n importoit de quelle efpéce;
s'iisétoient agréables á la déelTe, ils alloient au
fond5 fi elle lesrejetoit^ ils furnageoient j filt-ce
^ j— pal Ata X cUíiiyiCiUCllb^
lonqu lis fe reyolterent contre Pempereur Auré-
ben ; que I année qui précéda leur ruine , Ies pré-
lensallerent au fond, mais que l'année fuivante
US furnagerent tous. Koyer Byblos.
APUjEREmA. r. Aliga.
APHAREE^ fiis de GorgophpBe-& de Pécerus ,
223
^ fuccéda á fon pére au royaume
de Meuene , dans le Péloponéfe. II époufa fa foeur
uterine j Arene , ^ (voye^ Gorgophone) & en
eut un fils nonuné Idas. Apharée lailTa régner fon
ms avec luí a Meííene 5 mais il retine toujours
la pnncipale autorité. I! bátit une viile . qu il
^omrns. Pirene ^ áu nom ác fs, fcrnrnc, V íx) \s*
APHEAj étoit une divinicé adorée par Ies
Eginetes & par les Cretois. Pindare a faic luie
ode p rhonneur de cette déelTe, qui avoit un
temple dans l'ifle de Créte. Les Crétoisj dit Pau-
fanias j confervqient une ancienne tradition fur
cette déeíTe ; Britomartisj filie de Júpiter & de
CarmiSj n ayant de paíílon que pour la chaíTe &
pour la courfe , fur chérie de Diane 5 mais, en
youlant éviter les pourfuites de Minos-, qui en
etoit éperduement amoureux, elle fe jeta dans
la mer & tonaba dans des filets de pécheurs. Sa
proteélrice la mit au nombre des divinicés. Elle
apparur alors aux Eginétes, qui l'Iionorérent de-
puis fous le nom A'Aphéa. Les Créteis la con-
fondirent méme avec Diane. V. Dictynna.
APHESIENS j furnom donné quelquefois á
Cañor & PoUux, qu'on croyoir préfider aux bar-
rieres dou partoient Ies chevaux & les chars
dans les jeux publics. Ce nom venoit d’«?;£í-.s- ,
depare des chevaux.
Aé)AA2TA, ornementde lapoupe des vailíeaiix
grecs. il étoit arrondi & repréfentoit deux ailes.
On y attachoit fouvent une plaque ronde ou pa-
lafol, appele airxAíic'j ou dc-Tíi^l^x.í^. D^autres fois
on y fixoit des banderoles diverfernent colorees,
pour faire ddlmguer les vaifléaux 5 ou un tritón
mouvaBtj qui indiquoit les rumbs de vent.
, -A-PHOPHIS, géant en langue cophte, qui
etoit celle des anciens Egypdens. C'eíl le méme
qn Apopis, qu Apkobis Apophis & quApa--
pus. Plutarque dit ( de Ifide ) cue les Egyptiefts
confervoient une tradition ancienne fur Apopis.
n étoit , felón cette tradition , frére du foleil ;
il avoit fait la guerre á Júpiter , qui , pour len
punir , avoit adopté á fa place Oíiris, par qui il
avoit été fecoura, & lui avoit donné le nom
de Bacchus.
II faut entendre par Jupiter-Ammon Ig foleil,
qui, paíTant de Lhémifphére inférieur au fupé-
rieur, vers Péquinoxe du printems, reprenoit de
nouvelles forces Pendant qu"il étoit fous l’hé-
mifphére inférieur, il avoit de cruelles guerres á
foutenir contre Typhon, Je mauvais génie. Or,
Aphophis nVtoit qu’un furnom de cet ennemi du
foleil j que Pon croyoit erre un géant. Plutarque
dit en effet dans le méme Traite, qn Apopis efl
la nature séche & ignée y qu elle neft pas propre-
ment le foleil , mais qu elle a avec lui une certaine
affinité. Cet écrivain s’expliquE fouvent dans Jes
, mémes termes fur Typhonj & Pon fait d^’aiileurs
que toutes Ies théogonies orientales o:; émanées
de Porient, parlent de géans qui ont atraqué inu-
. tiismen; & voulu détróner le foleil, On voit done
.14 A P H
qííApkophh le furnom deTyphon^ c.oníldéré
íous fa forme gigantefque.
APHRAj en Eípagne. á<^va.
Les médailles autonomes de ce peuple font .
ERR. en bronze. (PellerínJ.
O. en argent.
O. en or.
APHRACTESj navires des anciens a un feul
rang de rames. On lesappeloit apkracles, fax-ros,
non conven , parce qu iis n’avoient point de pont 5
& on les dillinguoit des catapkracles , qui étoient
pontés. lis avoienr feulement vers la proue &
vers la poupe , de petits planchers fur lefquels
en fe plaqoic pour combattre ; mais cette conf-
triiíftion n’étoit pas genérale. On les comprénoit
parrry les vaiffeaux longs.
On peut croire que certains apkraEles étoient
couverts 8c avoient un pont 8c des éperons , roftra.
Tite-Live dit qu’Oéíave étant partí de SicUe avec
¿eux cens vaifleaux de charge Se trente vaiíTeaux
longs j fa navigation ne fut pas conftamment heu-
reufe. Arrivé prefquá la vue de TAfriquej 8c
poufle jufques-lá par un bon vent, il y fut fur-
pris d’une bonaíTe. Le vent ayant enfuite changé ^
fa navigation fut troublée , fes navires difperfés
de coté 8c d'autre 5 de forte qu avec fes navires
arrnés d'éperons ^ il eut beaucoup de peine á fe
défendre á forcé de rames j contre les flots 8c
lá tempére. L’hiftorien romain appelle ici vaijjeaux
armes ¿‘éperons , ceux qu il avoit nommés aupa-
ravant vaijfeaux longs. II dit ailleurs que des vaif-
feaux ouvertS;, ceft-á-dire^ fans ponts^ avoient
des éperons j d'oú il réfulte que la différence des
avhraües 8c des cataphrnñes coníiftoit feulement
dans le pont que les derniers avoient feuls ; car
pour l’éperon rofirum , 8c le convertí il paroit
quils étoient quelquefois communs aux uns 8c
aux autres. (Diderot).
APHRODISIADE j furnom de Vénus. Voye^
APHItODITE.
APHEODISÍAS en Carie. A4>poajcieqíí.
Les médailles autonomes de cette viile font :
RR. en bronze.
O. en or.
p. en argent.
Ses types ordinaires font relatifs au^ulte de
Vénus.
Cette ville a fait aiiíTi frapper des médailles im-
périales grecques fous fautorité de fes archontes,
en rhonneur d'Auguñe_, d’Hadrien ^ de M.-Auréle j
de Crifpine, de Sept.-Sévére^ de Gordien-Pie, de =
Déce, de Valérien, de Salonine, de Domna, de
Caracalla j de Soxmias, de Tranquiiline.
APHRODISIES;,.fétes de Vénus établies dans
la plupart des villes grecques. Les plus celebres
étoient celles de Rifle de Chypre. Le feholiañe
de Pindare iPytL od. z.) dit qu elles y avoient
été iníHtuées par Cinyras ^ dans la famille duquel
on choiíiflbit les prétres de la déeíTe , qui en ayoit
re^u k e.om-dc C etoit pexidaat ees fétes [
A P H
que l’on fe faifoit initier aux myfléres de Vénus-
Ceux que Ron y admettoit , offroient une ptéce
de monnoie á Vénus-Courtifanne ^ qui leur don-
noit en échange une mefure de fel 8c un phalius.
Clem. Álex. 8c Ámobe.
A Amathonte , ville de Ch5tpre , on offroit á
Vénus des facrifices particuliers qui étoient ap-
pelés xafxátnis , du mot xxfxU , fruit ; peut-étre,
felón HéfychiuSj parce que cette déefíe préfidoit
á la génération de tous les étres.
Les aphrodifies étoient célébrées auíli {Strab. 1 4)
par les habitans de Rancienne 8c de_ la nouvelle
Paphos j qui étoient éloignées de foixante Hades.
Athénée (/. i j} nous apprend qu á Corinthe , les
honnétes femmes 8c les courtifannes célébroient
féparément les ap'nrodifies. Erafme remarque dans
fes Adages j que cette ville étoit remplie de cour-
tifannes ^ 8c que le yerbe , fignifioit
proverbialement , fe livrer á la débauche. Le
feholiafte d’Ariñophane {in Plutum.) parle de
fix fameufes courtifannes de Corinthe : Laisj
Cyrénen^ Leoena, Sinope^ Pyrrhine 8c Sieyone.
Vénus y avoit un temple magnifique j ou Roa
venoit de tous cótés apporter des offrandes.
APHRODlTEj furnom de Vénus ^ dérivé
d’aipfsí, ¿carne. Les poetes, 8c Héfiode entre
autres , dans fa Théogonie , difent qu’elle naquit
du fang de Sacurne mutilé par Júpiter, melé k
Récume de la mer.
On donnoit auíE ce nom á une danfe grecque
ou pantomime , dans laquelle on repreféntoiv
Vénus.
APHRODITOPOLIS , en Egypte.
On a des médailles impértales grecques de cette
ville, frappées en Rhonneur de Trajan.
Aphroditopolis étoit appelée en langue egyp-
tienne , Atarbechis , ville de Venus ou áAtkor,
ainfi qu’elle étoit nommée dans le méme idiome.
Hérodote lui donne fon véritable nom égyprien ,
8c dit qu’elle renfermoit un temple de Vénus,
trés-célébre.
APHRONITRE , ¿d>f¿yirpo, , écume du mtre ,
c’eft-á-dire , effioreíceuce de ce fel. H n entroit
point dans les pharmacies raéme du tems Ga-
llen ; les baigneurs s’en fervoient feuls pour frotter
le corps des perfonnes qui prenoient le bain.
Martial en parle, {lib. xiv. 58.):
Rufticus es , nefeis quid Grs-co nomine dicar .
Spuma vocor nitri , dicor & aphronitrum.
Pline dit qu’on Rapportoir de RAÍie, ouilf^
formoit dans les cavernes : une parné en étoit de-
tachée par les ouvriers 5 Rautre étoit ramanee lur
la rene. On voit par la que c’étqit le falpetre
houíTage. _ r-
Schelhammer dans un Traité qu’il a ccrnpo
fur le nitre , parle de l’apAronicrum, 8c taxc d un
grande ignorance ceux qui ne diftinguent po
de l’á^pés ilrta , Récume du nitre. Cette
ranee leur eñ qgpendant comnaune avec les m
A P I
dccins atabes j avec Pline & Martial. Diofcoride,
á la vériré j Sailien^ dEtiuSj TEginéte, fonr cette
diñinction.
AFHj-'E, petic poiíTon de metj qui fe tient
dans la vafe , & dont les andens croyoient qu"il
tiroit fon origine , ainíi que de Técume de la mer.
llyappeloit en grec dV<p3<¡5- ^ écume , & aipiif.
Cicerón appelle plaifasnment la populace , le petit
peuple 3 apkya popicli.
ÁPHYTIS, en Macédoine- aííTTai.
Les médaillcs autononaes de cette ville fonr ;
RRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
I eur type ortünaire eíl: un aigle pofé ; on en
vok quelquefois deux.
AP1C£ , habits ou étoffes fans polis.
APICIA, pátifleries & autres friandifes inven-
tees par le fecond des Apicius.
APíCIUS. Ce nom fiit renda célebre á Rome
par quatre fameux gourmands. Le premier a vécu
depuis 1 année 649 de la fondation de Rome juf-
qu á Tibére. Le fecond a exilié fous cet cmpe-
reur;_ car Sénéque dit de lui {ad Helv. c. 10.) :
« Apicius a vécu de notre tems. II a profeflé dans
la méme ville qui avoit autrefois chaffé les philo-
fopheSj comme les corrupteurs de la jeuneffe; il
y a ptofeíféj dis-je, la fcience de la cuiííne^ &
a inreéie fon íiécle de fon goút dépravé pour cette
baffe étude. Voulez-vous favoir á quoi elle abou-
tit ? Apres avoir dépenfé dans fa cuifine quatre
cens millions de feñerces, 2O3OOO3C00 liv. , fous
Néronj aprés avoir confommé la valeur de tant
de congiaires , mangé pluíieurs fois dans un repas
la valeur d’un impót; accablé de detteSj 11 fe vit
contraintde calculer, pour la premiere fois j l’état
de fa fortune , & vit qu’il lui reftoit encore
23OOO3COC livres. A cette vue il s^empoifonna ,
comme s'il eut craint de vivre dans la difette^
en n ayant plus que deux millions de fefterces ,
23OOO3O00 liv. de rente. ” C’eíl du méme Apicius
que Martial a dit (3. 22.):
Dederas , Aplci , bis tricenties ventri •
Sed adhuc fupererat.centies tibi laxum.
Upe tu gr avalas y ne famem (i fitim feries,
Summá venenum potione duxifii.
II avoit compofé un Traite fur la maniere d’ai-
guifer 1 appetit , de Guls, irritamentis.
Le troiíiéme Apicius vivoit fous Trajan , &
avoit un art particulier pour conferv^er Ies buitres
dans toute leur firaicheur. 11 en envoya á Trajan
dans le pays des Parthes.
II faut qu il y en ait eu un cuatrieme qui ait
vecu apares Commode 3 car il parle dans fon Traite
encycles de cet empereur.
APIv^ULARIUS, officier de la maifon d'Au-
. e 3 chargé du foin des abeilles. On trouve fon
epitaphe dans Muratori ( Infcr. Thef. 909. 2. ' ,
qui donne cette expiieation. Peut-étre étoi:-c£
Anti quites. Tome l.
A P I
125
1 officjer qui avoit la garde des habits d'Augufte ,
appele Aptcje. V^oyer ce mot.
■^PÍCULUM. , fcion FeítuSj eral flum quo
f amines velatum apicem gerunt ¡ & íelon Servms ,
erat quo fumines velatum. caput gerunt. Le fecond
texte explique le premier, qui paroit alteré au mot
apicem. Servms donne ailleurs Texpiieation com-
plete de cet ornement & de fon ufage ; les lia-
mines, dit-il, portoient un bonnetqui étoitbeau-
coup trop lourd pendajrt Teté 5 ils y fubílitiioient
alors un fil (pu une bandeletté) , dont iis entouroient
leurs tetes; car il leur étoit févérement défendu
d avmir la tete nue : Flamines in capite pileum
habebant , quod cum per s.flus ferre non pojfent ,
filo tanturn capita religare caeperunt ; nam nudis
penitus capitibus incedere n.efas erat. C’étoit done
cet ornement de tete qu ils appeloient apiculum ,
comme un diminutif de leur coéffure ordinaire.^
Denys d'HalicarnaíTe parle dans le méme fens,
lorfqubl dit ( lib. 2 , pag. 1 24 ) que les flamines
portoient TuXara. nal , des bonnets & des
bandeiectes.
APINARJI. Trébellius Polüon dit dans la vie
de Gallien , chap. 8 : Cyclopea etiam luferunt
omnes apenarii. Donati a cru oyx apenarii étoient
Ies gladiateurs qui fe battoient jufqu’au dernier
foupir3 cruel. Meuríius aíTure que ct-
toient des cochers, du mot írchri , apéne, char
tiré par des mules qu des ánes. Mais Saumaife
penfe , avec raifon , que les apenarii étoient des
boufons 3 des pantomimas accouturaés'á repré-
fenter par leurs geíles les aétions des héros ou
des dieux , & que ce jour ils imitérent la marche
ou la danfe des Cy clopes. Apiñe , qui vient á'¿<pátxi,
veut dire niaiferies , badinages , ainíi que fon cor-
rélarif grec.
APIS 3 divinité égyptienne, dont les écrivains
grecs Se latins ont fait íi fouvent mention. Aucuri
d’eux n'avoit été en Egypte fans voir Se examiner
ce bceuf facré. Alexandre ayant conduit fon arméc
jufqu'á Memphis , facrifia , felón Arrien , á tous
Ies dieux 3 Se á Apis en particulier. Fline dit que
Germanicus étant dans l'Orient , voulut voir Se
confulter Apis. La méme curiolité preíTa Titus ,
Hadrien, Septime-Sévére 3 ainíi qu'eüe avoit con-
duit Augufte á Memphis. Tout en Egypte devoit
la faite naitré; car tous les nómes adoroient ce
dieu , felón Mela ; c’ctoit leur plus grand dieu ,
felón Luden.
Apis recevoit cependant un cuite, non point
á caufe de fa divinité , mais parce qu’il étoit con-
facré d’une maniere fpéciale au foleilSe á la lune^
c’eft-á-dire, á Ofiris Se á Ifis. Suidas Se Ammien
Marcellin parlent de fa qonfécration á la lune.
Diodore de Sicile dit expreíTément d’aprés les
prétres, qu Apis étoit l’image de l’ame d’OíIris,
Se ailleurs que cette ame étoit paíTée dans le corps
du boeuf facré. Porphyre remarque á ce fujet que
cet animal portoit íes fymboles du foleil Se de-I»
lune.
Ff
.i6
A P I
íi y ayoit en effet des marques diñíndtives pour
le reconnoirre. Sa nalírance ne devoit point erre
natureile & oráinaire. La ger.iSe cui- ie portcit ,
Tavoir conijü , diíoit- on , d'un coup de tonnerre.
On le reconnoiííbit , felón Lucien , á fa beauté
& á fa forcé. D^’aiileurs , ce bceuf étoit noir ^
excepté une marque blanche carrée fur le front.
II devoit poner fur le dos la figure d^un aigle/
un nceud íous la langue en forme aefcarbot ^ Se
un croiíTant blanc fur le coré droit. Ce blanc ,
xe ncir & le croiííant étoient reíatifs á la fois
au íoíeií S: á Ja lune. On doit leur rapporter en-
core le caraéíére paniculier que devoient avoir les
polis de fa queue; lis étoient , c’eít-á-dire ^
doubles oii de deux couleurs^ ou de deux efpéces
de polis. Nous parlerons plus bas de la tache
carrée qu’il avoit au front.
Comme 11 eít difficile de croíreqne ces marques
fe trouvaíTent natureüement toures Ies fois, qu'on
avolt befoln d’un nouvel Apis , 11 rfeñ pas doii-
teux 3 felon-Diderotj que Ies prérres ne les Iraprl-
maíTent á qiielques jeuiies veaux qudis nourríf-
foient fecrétement.
Lorfquüs jugeoient á propos de faire paroítre
un nouvel Apis, on luí b-átiíToit une petite malfon
-tournée vers Tarient, comme Eiietvdit que i’avoir
ordonné Mercare. On Ty nourrlíToit de lait pen-
¿ant quatre mois. Cet efpace de tems étant écoulé ,
& une nou'/eile lune éclairant rhorifonj Ies pré-
^íres de toutes les claíTes fe rendoient auprés de la -
BGUvelle divinité ^ la faiuoient avec les cérémonles
preferires ^ & la plaqoient fur une barque dans
une nlche dorée^ pour étre condulte á Memphisj
accompagnée de cent prérres. Mais avant d'y arri-
ver 3 Apis étoit mené á; Nilopolis i ville du Nil ,
oü Ies prétres le nourrlíToient foigneufement pen-
dant quarante jours. Les femmes fenles pouvoient
rapprocher dans cette ville , mais en décoüvrant
Ies parties du corps que la pudeur oblige de cs.-
cherj & jamals elies ne pouvoient obtenir cette
faveur3 aprés qu^il avoit quieté Nilopolis.
Le méme cortége de prétres zccompa.gnoit Apis
jufqu'a Memphis 3 oú on lui avoit preparé deux
étables tres-ornées & trés-commodes. Sa divinicé
datoit de fon entrée dans cette nouvelle demeure.
Les deux étables fervoient au peuple á prendre les
augures. L^entrée a Apis dans I’une étoit un augure
favorable ; ie contraire étoit annoncé par fon en-
trée dans Fautre. On pouvoit Ijxontempler par
. une fenétre 3 & mieux encore dans un petit pré
‘ qui étoit píacé devanr fes étables. Elien dit que
ce btEuf avoit auprés de fes loges des édifices
trés-grands & tres- valles 3 dans lefqueis on tenoit
des géniffes deflinées á fatisfaire Ies deíirs a Apis.
Mais c'eíl: uce fable grecque j car Pline 3 Solin
Se Ammien difent expreíTément qu'un feul jour
dans fannée on lui préfentoit une geniíTe choiíie
á'aprés certa'nes marques , & qu^’on la íuoit dans
le' méme jouij aprés que le besuf Apis favoit
feilEé- " * 1
API
Son entrée dans l’une ou Fautre de fes loses
n’étoit pas la feule maniere dont il rendoit íes
oracles. Ii en avoit une autre trés-célébre dans
Fantiquiré ; c'étoit par des íignes 3 coii;me Jupiter-
Ammon3 & comme Foracle de Deiphes lai-méme.
Selon Héraclite 3 cité par Stobée 3 ii manifeíloit
fa volonté par Fempreffement avec iequel il faj-
fiiToit la nourriture qui lui étoit oíferre. Arnir¡ian
obferve qufil remfa d'en prendre de ia main de
Germanicus 3 & que cet inforrunée viétime de la
íalcuiie deTibére, fut empoifonnée bientot aprés.
Le célebre aftronome Eudoxe fournit encore au
bcEiif facré un autre moyen de prédire Favenir.
S'en étant approché3 Apis lécha fon manteau; &
les prétres en conclurcnt que cet hemme feroit
fameux par fa fcienccj mais que fa vie feroit de
coarte diirée.
Les enfans qui e.ntonroient le boeuf facré dans
Ies cérémonies publiques en danfant Se en chan-
tant 3 lui fervoienr auffi á rendre des oracles. On
prenoit pour des rép.onfes les paroles fans fiiite
qu'ils proférQÍent3 &diSvers dttachésdeshymries
qu'iis chantoient en 1 hpnneur de leur divinité. La
derniere maniere de recevoir fes oracles étoit 3
felón PaufaniaSj iAchaic.') d'approcher Foreiüe
de la gueule du dieu3 de fe boucher enfuite les
oreilles3 jufqu'á ia fortie du temple 3 & de prendre
pour la réponfe ¿"Apis les premieres paroles que
Fon entendoit fur la place.
Le cuite qu^’on rendoit au boeuf Apis étoit trés-
folemnel. On lui efíroit des facrifices en grande
pompe i 8c , ce qui paroítra étrange 3 des boeufs
choiñs avec foin en étoient les viétimes. Mais
Piutarque dit (vzt. Cleomi) qu’á la vénté le dieu-
boeuf dédaignoit les honneurs dont fes prérres
Faccabloient. II y avoit dans toute FEgypte des
féres confaerées en fon honneutj & particuüere-
ment en Fhonneur de fa naillance ; ces derniéres
étoient appelées &ío¡pávtci, apparition du dieUj &
duroient fept jours. Tous les ans on les commen-
qoit á Memphis par la cérémonie de jeter dans an
certain enároit du Nrl appelé Coupe , un vafe d or
& d'argent. On aíTuroir que pendant les fept jours
les crocodües ne nuifoient á perfonne 3 mais que
le huitiéme ils reprenoient leur férocité.
La fuperftition égyptienne avoit fixé uneji-rnite
précife á la vie á‘Apis; & lorfque fes forces
vitales auroient pu la lui faire franchir 3 les pretres
le noyoient dans le Nii. Vingt-cinq ans re.nfer-
. moienr cette vie divine. Cette période étoit rela-
tive á un cycle particulier aux prétres égypnen3_3
qui ramenoit le foíei! & la lime 3 auxquels
étoit confacré3 á des termes femblables & eaaux.
Les prétres cachoient avec foin au vulgaire
puits qui lervoit á noyer le boeuf facré 5 8e poa
emplacement 3 ignoré de tous 3 étoit cornpté au
nombre des chofes-^introuvables & des énignxs
infoíübles. C'eíl pourquoi Staee prie líjs de voa-
loir bien Fenfeigner eile-méme a Metius
API
'Q:zss dignetur agros , aut quo fe gurgztc Nili
Mergat aioratiis trepidis pifioribus Apis.
Ces vers noiis apprennent encore que Ton faifoit
croire au vulgaire que le dieir mettoi: lui-méme un
terme á fa vie en fe précipirant dans les ondes.
Le fecret ñir cet objet ctoic rigoureufement ob-
fervé; &<: , felón Arnobe, une púnition tres-grave
étoit deffinée á celui qui Tauroit revelé.
Saixmaife ( in Solin. ) pkcoit ce puks entre
Syene SrEIéphannSj furles frontiéresoe fEgvpte
&: de FEthiopíe : comme íl les prétres euiTent en-
trepris un voyage auíS long & aufll périlleux que
celui de remonter le Nii j poiir un íí minee objet !
11 n'y a d'ailleurs pas d'apparence que les prétres
des divinítés adorées dans Ies autres nornes. Ies
eulTent ¡aiíTés traverfer paiíiblement leur territoire.
Ce puits ne doit pas étre cherché ailleurs que
dans Ies ruines de Memphis, ou parmi ceux dont
la plaine de Sacara eft remplie. Paul Lucas trouva
dans ces ruines^ en 1714 ^ des catacombes dorées
& peintes avec les couleiirs les plus vives. C’eíl-Iá
qu'il vit un bceuf embaumé av^ec foin & avec Ies
parfurns les plus recherchés. II eft probable que
les prétres avoient choiíi ces fourerreins profonds,
&; dont i'entrée n' étoit connue que d’eux feuls ^
pour y placer les cadavres des Apis . tandis que
ie.peuple les croyoit plongés dans le Nil.
Cette conjeélure de Jablonski qui nous fert de
guide dans cet arricie parole contredite par des
témoignages précis de Paufanias & de Clétnent
d'AIexandrie. Le premier dit {in Ateicis') qrfil y
avoit á Aletnphis un temple de Sérapis tres-anclen ,
dont Pentrée n'étoit permife á perfonne , pas
meme aux prétres ^ qu’á l’enterrement i’ Apis. Le
meme auteur parle fouvent des cérémenies que
1 on obfervoit á ces fanérailles , ainfi que Diodore
de Sicüe. lis font mention tous les deux d’un
tearple d’Hécate ténébreufej deportes d^airain,
appelées Létké & Cocyte , d’iih Mercure qui por-
cadavre ¿l Apis jufau'á un certain eadroit ^
ou il étoit remis á un homme déguifé en Cer-
bere ^ 8¿c. L'imagination féconde des Grecs n'a
fur ce fujet. Cette contrádiclion apparente
s expüque tacílement , en diftinguanf Ies Apis que
1 on faifoit difparoitre fans pompe & fans funé-
taiiies lorfquhis avoient acteint Páge de vingt-
cinq^ ans ^ des Apis qif une mort prématurée en-
levoit avant ce rerme_, & que Pon enfeveliíToit
avec toute I3 pompe Se toutes Ies marques de dou-
lear potftbies.
T oute 1 ttgvpte étoit plongée a cette époqiie
dans la trifteffe & le chagrín. Les bords du Mil
reteímíTotent de chants lúgubres & de cris plain-
tirs. iibuüe Patteite, (i. Eicg. 8.):
Tde canit ^ atqize fíiutrt pubes miratur 0frin
Barbara^ Mcmpkicc.i plangere docta, hovein.
Luctendit que'tous Ies Egypriens coupoienr leurs
cá..vcux» Ce deuii Sz cette aftiiñion duroient
A P I
22
7
jufqu'a ce cue Pon eilt trouve un autre Apis.
Datius j £h d’Hyftape ^ étaat á Memphis , Sr
vqyant toute la Viiie dans la conñernation , pro-
mit cent ralens d'or á celui cui découvriroit un
noavei {Poljunus frau-j').
Lorfque les prétres lugeoient qa’il y avoit aílez
de tems ecouie ^ ils niontroient ce taureau li
ardemment deliré ^ & portant toutes Ies marques
de la divinicé. Spartien nous dit que fous le rtgne
d Hadrien, ii y eut une feditionen Egypte aii fuiet
d un nouvel Apis , qui n'avoit partí qu’aprcs un
grand nombre d'années , pofi multas a?-J¿os. Ce
long intervalle de tems étoit fixé par Ies prétres,
puifque c'étoienc euxqui examinoient & jugeoient
la validité des caraéteres du nouvel Apis. Or, ils
laifférent écouler quelquefois pluíieurs annees
entre la mort imprévue d’un A'pis , &: Papparition
de fon fucceíTeur ; on doit croire que ce retard
dépendoit de ¡eur fyñéme religieux. iJablonski
fuppofe, avec aíTez de fondement, qu°iis atten-
doient , dans ce cas, que vingt-cinq ans entiers
fe fuffent écoulés depuis Papparition de l’Apis
mort, jufqu'a celle du taureau qifils luí fubíH-
tuoientj afin de conferver la période des Apis
toujours égale. '
Ce doéie allemand a employé huir pages en-
tiéres de fon PanthconMgyptiorum, a prouver que^
le boeuf n’étoit pas un f.’mboie commémo-
ratif du patriarche Jofeph. Mous erntíoyerons
notre tems á des recherches plus útiles. Nous
allons montrer que ce bceuf facré étoit un fym-
bole, comme toas les objets facrés de la Híytho-
logie égyptienne, & quil étoit celui da Pii!. Tout
ce que nous avons dit de luí iufqu’ici, annonce
aífez qi! 'ií étoit Pembléme de la fertilité eme ce
grand_^3euve apportoit aux terres de PEgypte,
L'efpéce de Panimal que Pon avoit choiíi pour
cela, Pindiquoit aífez. Toute Pantiquité femble
s'étre accordée á repréfenter Ies Seaves fous la
forme de taüreaiix ou de bceufs. LTyzrFLEUVES.
Pliitarque dit expreíTémeiit {de Ifide) que le bceuf
étoit en Egypte le fymbole déla ierre. Les peu-
ples de rinde rendent un cuite á la vache, á
cauíe de cette alluíion convenue.
D'ailleurs , les prétres n'enfeignoient-iis pas ,
en propres termies , qu’Apis étoit concu lorfque
la iune eiivoyoit une émanadon produérrice , &
que cette émanation étoit recue par une vache.
qui deíiroit les approches du taureau. Tous ces
phéncménes myñiques étoient relatifs aux phé-
noménes géorgiques de PEgypte ; car on voyoií
que le Mil croiífoit depuis la nouveile lune dii
printems jufqu'a ceüe du fclfiiced'été- BSs hyüzra ^
la vache qui deíiroit Ies approches du taureau ,
étoit, dans le ¡angage facré, la terre de P Egtpte
Gui atiendo ít le débordement du h^il. EÜen (¡ i . 10)
dit aufli cu'une des taches du bceuf facré defignoit
Paccroiíiement da fíeuve 5 dans le meme en- .
droit , il aífure cpP Apis prccuroit I’abondance des
■ fzuits & ia fertilité de toute Pannée. Echa , ce
Ff ^
2 iS API
boeuf 5 en fa qualké de fymbole du Nil , com-
mencoit fa carriére divine dans !a ville qui ado-
roit ce fleuve d'une maniere fpéciale , & il la
terminoit aprés Ies vingt-cinq ans révoíus , en fe
prédpitant dans Ies ondes du méme fleuve.
Le tenas de farinée oü Fon célébroit la naiflance
á’Jpis, noüs fournit encore une forte preuve de
fon identité avec le Nil. Elien (ibid.) le fixe au
premier accroiíTement de ce fleuve. C’eft á cette
époque que revenant d^Etbiopie, Cambyfe:, roí
de Perfe , trouva le peuple de FEgypte occupé
a célébrer Fapparition d’j4p!s par des féteS;, des
danfes Be des feítins. II crut que Fon fe réjouiíToit
du mauvais fuccés de fon expédition. Dans cette
fserfuaíionj ce defpote farouche ordonne qu'on
ui améne le taureau facré, & le perce d'un coup
d'^épée qui lui ote la vie. II íit battre de verge
fes prétres, & obligea les foldats perfes á maíTa-
crer tous ceux qui continueroient á célébrer les
fétes ¿‘Apis.
Aprés le départ de Cambyfe, on fubftitua un
nouvel Apis j car le cuite du boeuf facré ne ceíTa
a Memphis , fuivant Jab'onski , que fous le régne
dé Théodofe , avec celui de Sérapis á Alexandrie.
Le méme favant íixe Fannée de la confécrationdu
premier Apis á Fannée 1171 avant Tere vulgaire :
ce cui donne ans pour la durée du cuite
& de la fucceffion des bcrufs facrés de Memphis.
Son nom expliqué dans la langue cophte j veut
dire nombre , Be paroit avoir été relatif au nom-
bre de coudées qui marquoit FaccroiíTement du
Nil le plus avantageux pour la fertilité de FE-
gypK-
Autant les repréfentations ¿¿Apis font com-
munes dans les colleétions d'aatiques , autant il
eft rare d’en trouver qui portent les caracteres
diftinélifs que nous avons décrits plus haut. Le
cabinet de Sainte-Geneviéve en renferme trois.
Le premier de ces Apis efl; un taureau de quatre
pouces de hauteur^ qui porte des traces de fon
ancienne doture , mais nul caradtére particulier au
boeuf facré. Le fecond eft extrémemont petit ^ Be
également dépourvu des caraéléres myftiques. On
n'a pu les prendre iufquftci pour des Apis , qu’en
coníidération de FEgypte , d'ou i!s font venus.
Le plus grand avoit appartenu au favant PeirefCj
dont le cabinet de Sainte-Geneviéve recueillit
autrefois une partie des antiques.
On voit dans le méme cabinet un troiíiéme
Apis , de bronze corome les deux autres , & de
deux pouces & demi de hauteur. 11 porte entre
fes comes un grand diíque , au bas duquel pa-
roiífent les traces du ferpent Agatho-Démqn , qui
entroit dans la coéffure des déeíTes ^ des dieux &
des prétres d’Egypte. Un ornement grave fur le
métal en forme de bandelette ou de petite houíTej
entoure fon col & fon poitrail.
Le comte de Caylus en avoit plufieurs ; mais
celui qui méritc la plus grande attention j eft
VApis quftl a deíEné Be décrit dans fon Recueil i j
A P I
pag. 42. II a accompagné fa defeription de rí-
fiexions favantes 5c capables d'éclairer les anti-
quaires ; c’eft pourquoi nolis les tranferivons á la
fuite de cet article.
Dans Ies repréfentations du bceuf Apis que
j’ai examinées en plufieurs cabinets , ou qui ont
été publiées , cet animal eft prefque toujours cou-
vert dMne houífe j comme celui que je décris ;
c'eft une preuve qu'il avoit cet ornement lorf-
qu’on le faifoir paroitre en pubhc. L'aigle que
Fon voit fur fa croiipe, eft á la place que lui
aífigne Hérodote 3 mais Fefeatbot qui , fuivant
les hiftoriens, fe trouve dans ia bouche du bceuf
Apis, eft ici repréfenté fur le garrot. La feule
raifon que Fon puilfe donner de cette diíférence,
c'eft que l'artiííe Layant pas voulu que ce fym-
bole fut caché j au lieu de le m.ettre dans la bouche
de Fánimal , a pris le partí de le reoorter dans un
lieu ou il fut vifible. Se ou il pút étre place avec
fymmétrie par rapport á Faigle. »
» Pline & Ammien Marcellin difent cue le boeuf
Apis avoit au cóté droit une figure du croiffant
de la lune ; Se c eft ainfi qu'il eft repréfenté fur
Ies médailíes d’Hadrien Se d’Antonin-Ie-Pieux ,
frappées en Egypte ^ & fur un marbre confervé
dans le cabinet d’Odefcalchi , (com. z, pl. 58).
Ce fymbole ne paroit point ici , apparemment
parce qu il eft caché fous la houífe 5 & d’ailleurs,
on y fupplée en plaqant le difque de la lune entre
Ies comes de Fanimal 5 car il faut avouer en pre-
mier lieu, qu'on voit fur la tete de celui-ci les
traces d'un autre corps, indépendantes de ja ra-
cine. des comes qui fubfifte encore; & en íecond
lieu, que prefque toutes les figures du boeuf Ap/i
qui font ornees de houífes , ont en méme-tems
le difque de la lune fur la tete. II n'eft done pas
vraifemblable que Fon eút négligé d’enrichir ceim-
ci de cet ornement néceífaire , d'autant plus que
les Egyptiens admettoient peu de variété dans
les chofes qu’ils avoient une foisadmifes. Le difque
de la lune que Fon voit entre les comes de celui-ci
étoit argenté & tres-poli ; ce qui, ¡oint a la cou-
leur noir du boeuf, produifoit un effet brillant &
majeftucux. II s'accordoit d'ailleurs avec la tache
blanche que celui que j'explique avoit fur le
front. « , . ' .
3= Hérodote dit que cette tache étoit carree ;
m.ais je crois qu'il s'eñ gliffé une faute de copiites
dans le texte de cet hiíiorien. Se quju lieu de
dire que cette tache étoit carree , d faut dire
qu'elle étoit triangulaire. La différence des rnots
grecs qui expriment ces deux idees eft fi psu f^d-
fible , que je ne crois pas cette correftion trop
hafardée. Voici le paífage d’Hérodote : ’E»»
fiís Tf f4.gr ¿nr X , >.gax..y '"igríáyxf&'t , iirs i- r'S yxrs
uígTo'-' gix.tis'figy^'f. A la place de ces deux '^^^4
r£r£«y»va> , on peut líre AeuxA 7i tile --
appuyée fur deux raifons : la premiere eu qu
toutes Ies figures du boeuf Apis que j ai vues ,
fur le front un triangle limplement trace pij-
A P L
lígnes Quelquefois ir.cruftées d’argetit, ou formées
par une feuiüe du méme metal qui remplifíbit la
toralité du mangle. Ceít en eííét ¡atache blanche
dont parle Hérodote j & il eit certain que dans
ces fortes d^occafions , les monumens font les
meiÜeurs commentaires des hiftcriens. «
35 La feconde raifon ell tirée de la 7’hcologie
des Egyptiens. Plutarque nous apprend ( de IJid.
& Ofirzd. e. pd. ) qu'üs comparoient la nature
divi.ne á un mangle redangle^ dont un des cótés
repréfentoir fintelligencej le fecond lamariere,
Sr le troiíiétne Toxdre qui réfultcit da concoiirs
de l’intelligence avec la matiere. Le hceuf ^4pis
étant 5 felón le méme fyfléme j le fymbole d'Gíi-
risj & Oílris n' étant pas diftingué de cetre intelü-
gence qui avoit fécondé la matiere , & qui , con-
jointement avec elle^ avoit produit Tordre^ ríen
n^étoit plus iimpie que de reunir ces grandes idees
dans le bcEuf , & de placer fur fon front ce
triangle myftérieux, plurót qu’une tache cartée ^
dont la forme n'a aucun rapport connu avec les
points fondamentauxdelaXhéoIogie ég)’ptienne. >3
Apis 5 íiis de Phoronée_, fecond roid'ArgoSj
alia s’établir en Egypte , felón les fables des
Grecs, oü i! fe rendir íi fameux qifil méritaj
aprés fa mort , d'étre mis au rang des dieux^ fous
le nom de Serapis. V. ce mor.
APIUM. Ache.
APLUSTRE, nom que Ies Romains donnoient
a un ornement de la poupe des yaiíTeauXj appelé
par les Grecs Aq)?.afie. Uaplufire étoit compofé
de planches diverfement découpées & colorées.
II étoit furmonté d’une ¡ongue pique á liquelle
on attachoit des banderoles ou ñammes , pour
reconnoitre le vent. Les Grecs employoient au
méme objet un tritón mobile.
Les Romains ont généralifé quelquefois le mot
Cdaplufire, 8¿ ont déligné par-lá non-feulement les
ornemens de la poupe , tels que le petit plancher
qui le foutenoit j les planches dont il étoit formé
& Ies banderoles qui ñottoient du haut j mais
encore Ies ornemens de la proue ou Facroñole 5
Se réciproquement ils ont pris celui-ci pour
Yapluñre. II n’eft pas étonnant , aprés cela , que
des commentateurs ayent varié fur le fens du mot
apiuftre. Chacun d'eux l’a reltreint á quelqu’une
de fes patries ^ á Timitation des anciens.
En effet ^ un ancien interprete de Juvénal
explique le met apiuftre par un plancher conílruit
pour décorer un navire : Tabulamm ad decoran-
aam fuperftciem navis appofitum. Feltus appelle de
ce nom les ornemens de la poupe & ceux de la
proue : Apluftria navium funt ornamenta, Qux. ,
guia erant amplias , quam ejfent necejfaria ufu ,
ttiam ampluftria dicebantur. L'interpréte de Juvé-
flal , cite plus haut , confond encore fous ce nom
Léperon , qui n’appartenoit qu á la proue.
On peut done appeler apiuftre tous les obiets
mentionnés dans cet arricie , & méme Tes acrotéres
€u banderoles gui étoient placees au-deflüs.
A P O 229
a’iiobatai, athlétes dont il eft fait jrre.ntion
dans une infenption publiée par Muratori (Tkef.
infer. 2C19. I }. C’étoient les mémes que les
ParabaTvS. V. ce mot.
APOROMíESj fétes des Grecs, 011 -Fon
ne íacrifioit point fur Faure!, mais á píate terre
& fur le pavé; c’eñ ce que le nom íignifie. II
vient ¿ící-n'o, loin , & de pa>pj¡s , aurel.
AFOCiZSOS, danfe dont Poilux a feu! fait-
mention , fans en expliqiier le caractére. Ce nom
veuc Avte. . faite en grec ; Se il fe-roit coniecturer
que Fon imitoit Ies agitations & les mouvemens
des fuyards , en exécutant Yapocinos.
A.FO GR ISÍ AFIRES. C’étoienr des ofEcIers
chargés de jager Ies caufes des foldats du palais ,
8c qui ieur apporroient Ies réponfes que Ies magif-
trats fupérkurs faifoient áleurs requeres. A’sm-.-.pdus
étoient Ies réponfes des princes 8e des pré-
fets.
APODECTFS , a’nícty.To.s, receveur des tributs.
II y avoit á Athénes dix apodeñes , qui recevoient
tous les tributs, les impéts 8e les revenus de la
république, 8e inferivoient fur leurs regiítres les
noms Se les fommes des conrribuables. Ils'met-
toient ces écats fous les yeux du fénar. Se la ils
déchargeoient ceux qui les avoient payés. Les
apodeñes iugeoient Ies tonteífations qui skie-
voient á l'occaíion des tributs 5 mais lorfqu'elles
étoient d’une grande importance , on les portoit
devant Ies caries des ingés.
APODIPNE ou Apodeipne , chanfons des
Grecs pour Y apres-fouper. Les Latins les appe-
loient voft-cajiia.
APÓDYTÉRION. On appeloit de ce nom chez
les Grecs Fendroit de la Faleflre ou des Thermes,
dans lequel on fe déshabilloit, foit pour le bain ,
foit pour les exercices de la gymnaílique. Les
Romains le nommoient Spoliatorium , Spo-
liarium , Tepidarium Se Aerium. On s’y faifoit
frotter tout le corps avant de reprendre fes habits.
Si Fon en juge par les 1 hermes de Dioclétien ,
reís qu’iis étoient avant leur deñruétion , YApo-
dytérion étoit un grand falon oélogone , de figure
oblongue, dont chaqué face formoit un demi-
cercie, Sz dont la voute étoit foutenue par plu-
fiears colonnes d’une h antear extraordinaire.
A’no’rPA<í-ETS rfí étoitle greíliér du fenat
d’Athénes, qui avoit d’abord été clioifi par fiif-
frages, mais qui le fue depuis par le fort. Une
de fes fonttions étoit de garder les regiftres des
apodedes , afin qu’on n’y pát faite aucun chan-
geiiient.
A’liO’AEKTOS, étoit fouvent le méme que FskAs-
X.74 , eáotft fouvent auíE il défignoit celui que 1 'on
tiroit de la claffe des élus ou ckoifts. Les Etoliens
donnoient ce nom aux membres de leur confeil
intime.
a’uo’AIAEE, compofé deFa privatifSe de UaXo;,
ville ; prives du droit de cité. On donnoit ce nom
á ceux qui , étant condamnés pour tóate leur
A P o
vie aux travaux piiblics cu exüés dans ufte üle^
perdoienr le droir de bourgeoilie romaine.
Ai'OLLí-\ AiRES (jeux). Voyer es inot.
AFOLLíNARISj prétre d’ApoIIon. Muratori
(Tkef. infcr.J a prouvé ia ísgnificaricn de ce mor
par un gi'and nombre ddnfcriptions.
APOlLON.j fiis de Júpiter & de Latone ^
naquit dans Tifie de Délos ^ en méme-tems que
Diancj fa foear. f'~. Délcs. Parmi les dieux^ ii
réen eíl point donr les poetes ayent publié rant
de merveiiles que ó/ApoIíon. íi fut Tinventeur
de tous les beaus arts , tels que la Poéíie la
Mufique & TEloquence , & fut regardé comme
le proteéleur des poetes , des muficiens & des
orateurs : perfonne ne jouoit de la lyre comme
lu: ; il connoiiToir tous ¡es fecrets de la Médecine.
Les Mufes étoient fous fa proteélion, Z<c il préíi-
doi: fur le mont ParnaíTe á leurs concerts. Aucun
des dieux n'avoit comme luí !& talent de con-
noitre Tav-enir; aiiífi fut-il celui de tous qui eut
un plus grand- nombre d'oracles. A tant de per-
fe6:ionSj il joignoit la beautéj les graces , une
jeiineíTe éternelle:, Tart de charmer les oreilles
par la doiiceur de fon éloquence & par la doii-
ceiir de fa lyre , qui enchantoient égaiement les
iic-jnmes & les dieux. II fit un trés-grand nombre
de conouétes amoureufeSj qui le rendirent pére
de pluíieurs eíifans.
Júpiter ayant foudroy é Efculape nis Apollan ,
celui-ci tua:, á coups de fleches les Cyclopes
qui avoient forgé les foudres de J’upitsr ^ ce qui
ie fit bannir du cieL D’autres ont attribué ce ban-
míTem-ent á une confpiration de tous les dieux
contre Júpiter, dans laquelle J.poUon étoit entré.
Quoi quil en- foic, ii fut chaíTé du ciel, & fe
retira chez Adméte, roi de TheíTalie , dont il fur
réduit á garder les troupeaux, afín de pourvoir á
fa fubfiftance. De la maifon d'-Adméte, ii paíTa au
fervice de Laomédon , & lui aida á batir les murs
de Trove, conjointement avecNeptune, difgracié
pour la méme confpiration. fE Laomédon.
-Aprés quelques années d’exil , Júpiter le rérablit
dans les droirs de la divinité , & lui donna le foin
de répandre la ¡umiére dansTunivers; en un mor,
ildevint le folefi. Qui eñ ee qui éclairoit le monde
& faifoit les fonótions de foleil , avant qa Apol-
len eut cette charge ? Ceñ ce que les poetes fe
font peu inquiétiés de nous expliquer.
Ses oracles ¡es plus célebres fiirent ceux de
Delphes, de Clares, deTénédos, Stc. II eut des
teruples dans toute la Crece & dans toiite TIralie.
On le repréfentoic fous la figure d'un beau ieune
homme jouant de la lyre , ou la tenant d'une
main , & coai'onné de laurier. Cet arbre lui étoit
confacré depuis la métamorphofe de Daphné ;
de-lá vint que les poetes, fes fayoris , portérent
la méme couronrte. Son hiftoire fera complete ,
íi Ton y ajoute Ies arricies Hyacintiie , Hyper-
EORÉEN , Laomédon , Latone , Marsias ,
Muses, Phaéton, Phoebus & Pyxhcn.
A P O
] Les fonclions de ce dieu étoient íi multipliées,
qifil fallut lui donuer pluíieurs furnctirs pour
rappeler chacune d’elles : ce qui prod-uilit les di-
vers attributs 8c ¡es difiérens ñoras qui le caracté-
riférent.
Apollen Acefius ou ÁCESIOS. PE ce mot.
Apollan- A-cikofirus. Apollan fut ainfi noramé
par les Scyíhes.
Apollan Aciiaqie. Nous ajouterons ici quelques
obfervations á ce que nous avons dit á Tarticle
Actiaque. Cet Apollan paroít fur les médaüies
avee des habits de femme , felón ¡es auteurs qui
ont écrit fur ¡a fcience Numifmarique. Cette def-
enption eft incorapléte. II porte, á la vérité,
des habits trés-loogs, c“eñ-a-dire, une tunique
fiottante jufqu'áterre, 8c un manteau trainant ou
la pnlle des femraes. Les joueurs de lyre ne pa-
roiiToient fur les théátres qu'avec cet .habiüement,
& Ies aéleurs tragiques portoient comme eux des
fuñiques traínantes , qui cachoient la flautear
exceííive de leurs cothurnes. II étoit naturel de
donner au dieu qui jouoit li bien de la lyre, ie
méme habillement que portoient fes eleves.
Cet Apollen recut depuis ¡e fur.nom aA^ciiaque.
On en voit deux ñatues au mufaium Pio-Cié-
mentin.
Nous finiííions cet arricie , lorfque nous avons
vu dans le mufíum Pio-Clémentin ou du Vadean,
la bella ítatue a Apollan joueur de lyre , trouvée á
Tivoli avec Ies Mufes, & qui eíl: vétue comme les
femmes. Ceüe du méme miifs,um , que V/inkelmann
avoit appelée Erato , tant fon habillement ref-
femble á celui des femmes, &: qui eíl V Apollan.
Palaezn ou Acííaqu.e des médaiíles , ou XApoílon
joueur de lyre , nous a confirmé auíil agréabletnent
dans les idees que nous avions expofées ci-deíTus.
Apollop. Agyieus ou Agyiates. A’yvía íigniíie
rué, 8c Agyieus qui préíide aux rúes. Les Crees
avoient coutume d'élever des colonnes, des íla-
tues & des autels dans les rúes auprés des maifons.
Une partie de ces monumens étoient confacrés á
Apollan qui préfidoit aux rúes , Agyieus, Paufanias
parle fouvetit de fes ílatues.
Apollotl eíl appelé A-'x-i.ifn-Auírs 8c A’KSsriKsat?
dans fon hymr.e attribué á Homére. Ce furnom
exprimoic fa longue chevelure. Be étoit traduit
chez les Latins par intonfus. Propcrce , (3- nO*
Dum petit intonfi Pythia regna dei.
Horace Tappelle Cymkius intonfus , {Od. 5.2I-)’
Intonfum pueri dicite Cynlkium.
Apollan Á’M%lx.ax.c; , qiii chaíTe le malheur.
Apollan Aparta. Feílus fait venir ce nom de ce
que le dieu renaoir fes oracles ¿ kuis ouvert^ ,
cortina apena. Scaliger le dérive d'c5r£P««s- , >
par des changemens propres au dialeéie ./Eohen ,
vient d’HVs.-p-íTí'f. Ceux aui vencient de la Gr=ce
á Rcrñe, furent défignés fous ce nom dans 'es
premiers tesis de k république comme
A P o
•e-Dlíent été originaires de TEpire fetile. Afollon ,
ír-Ci-;¡úa á Rome aii tems des rois, n'y ñit nonoré
cue fous Ies confuís.
Jipolion a.^-aot^ct^cíící. Ce iiom eíi frnonynie a
A’>.:r ¡y-ay.ic. Oii racofitoit fcs fonges a Apollon. ,
ahn qu'il en dctournar les fíiites íuneftes.
Apollen Arciíenens , chez les Grecs Tsl-üpípis-.
Apellen étok repréfenté fort fouvent avec ua
are & des ñéches. C'eíl rattitude du merveriieux
Apollen dti Belvedere. Le ferpent Python , Ies
fi!s de Miobé , Ies Tirans Se tauc d’autres cui pé-
rirenr fous Ies traics Apollon, rendirent fon are
redoutable.
A-pollon Argenteus. Muratorí (179- i.) rap-
porte une infeription dans laquelle il eíl fait men-
tion d°un champ confacré á cet Apollon , qu¡ tenok
peut-étre un are d’argent.
Apollan Argyrotoxus ayant un are d’argent
OH des fleches de ce méta! 5 car rch; exprime Tare
Se les fleches.
Apollen Auricomus y chez les Grecs X'pTox¿t/,r¡í ,
aux blonds cheveax. Cette épithére étok relatiye;,
felón Macrobe , aax rayons S Apollan Soleil.
Apollon Belenus. Voye:^ BeleNL’S.
Apollan Branckides . SA, BrakchuS.
Apallon Ciarlos. JA. ClAROS.
Apollon Cxlifpex. Ce furnom avoit été donné
par les Ramains ^ á une de fes ftatues qu’A.\détor
place dans la II' región prés de L‘£des de Portun-
nus y & qui regardoit le ciel ou le mont Cceliiis.
Apollan ComsLus y du mot grec r.'.ccxa , je prends
foin de ma chevelare. Apollan étoit adoré fous
cette dénomination á Séleucie^ & fa ftatue en fut
tranfportéé á Rome , oú on la piaqa dans le temple
d’ Apollan Palatin , aprés la prife de cette viile.
Des foldats romains pillant le temple de Séleude^
que le feu alloit confuiner , découvrirent un
efpace vaide qu’ils crurent rempli de richeíTes. lis
fe hátcreiit de rouvrirj mais ^dit Ammien Mar-
cellin) il en fordr une vapeur peítílentielle, qui.
y avoit été concentrée autrefois par la fcience
fccréte desChaldéens. Elle engendra des maladies
de toutes les fortes ^ & elle répandit lá pette fur
toutes les contrées , depuis les froiitiéres de la
Perfe jufqu’au Rhin.
Apollon Conjervatfur. M. Foggini de Rome
poíTéde une m édaille d' dr d’Aurélien , finguliére
par fon revers unique. On y voit Apollon affis
avec la legende : Apozpim Cokszb.v^tos.i. Cette
ipéme infeription fe iit fouvent íar íes médailles
de Trébonien- GaSie, Se elle peut faire ailuíion a
la peíle afeeufe qui ravagea Tunivers connu fous
ceprince,pendant dixans entiers- L'empereuraura
era en erre exempt par la proreéiion ¿í Apollon
Confervateur.
_ Apollon Coryp&iis , de Corype en TheíTalíe ^ ou
il rendoit des oracies.
Apuilon ae Cumes. Cette ífatue da fíls de La-
^ne devjnt célebre pendant ia guerre cue firent
«s pLomaíiis aEtx Aciiéens & aii roi'AnítonieiiS-
A P O 231
1 E;'e pleura y d:foir-on , pendant quatre jours. Les
I arufpices de Rorne augurérent mal tí’un femblab’e
i prcürge ^ & furent d’avis de jeter a ia mer l’Apol-
I ion ae turnes. Mais les vieillards de cette viile
I pour la confervation de leur Pal-
I iiCium y & Qirent que ie meme prodige cto'íc
i arrive pendant la guerre de Perfe Se pendant celle
d’Andochus.
Les Romains, vainqueurs de la Gréce, fe rap-
peJerent Apollan de Camís , & hii envoyerent des
préfens. Aiors on interrogea de nouveau ¡es aruf-
pjces fur le prodige qui Ies avoit eíFrayés d'abord.
RaíTurés par Pévénement, i!s répondirent que la
viile de Cumes étoit une colonie grecqiie, & que
fon A.pollon ayant la meme origine , ce diéu s’aiHi*
geoit de voir ia Gréce , fa patrie , vaincue par ¡es
Romains. il pleura encore a ¡’epoque de cette ré-
ponfe , & Pon apprit bientót que le roi Arifto-
nicus venoit d’erre battu & fait prifonnier. Cette
défaite d’un prince qifa&é6;ionnoit Apollan de
Cumas y avoit de nouveau fait couier fes larmes.
S. Auguftin , iCJvit. Del. 3. II;.
Les Proteñans du liécle dernier accufére.nt d’ím-
pofíure Jes religieux d’iin couvent d Italie , oú
étoít confervée une ílatae trés-révérée. On aíTura
qu’eiie avoit répandu des larmes, & on nomma
plufieurs témoins ocuiaires. Les écrivains pro-
teílans dirent qu'il y avoit un cep de vigne donr
les rameaux s’étendoient en dehors & Je iong des
murs de Téglife de ce couvent, qu’on en avoir
fait paíTer une branche au-travers 4^ mur & de la
tete de la ííatue, & que dans la faifon oú la fe ve
de la vigne monte , elle s’ étoit fait ilTiie , gaurte-
á-goutte , fous la forme de larmes au-travers des
yeux. Cette explication peut faire , connoitre le
moyen dont fe fervoient les prétres ii Apollon de
Cumes y quoiqu’elle paroiífe erre une calomnie
relatívement aux religieux d’Italie dont nous ve-
nons de parler.
Apollon Cyp.thlus. Ce nom fut donné á Apol-
len , á caofe' du Cynthius , montagne de Tifle de
Délos, oü il avoit piis naiífance.
Apollon. Atsco’¿i¿-ryjí, JAoyex DiRAS.
Apollen Délien , de Tifle de Délos,
Apollon jyelpkien. JA. DelPHES.
ApolloTtL)idytn&iis y de SíSutyeí double. Quelques-
uns dérivent ce fiimom de la mulriplicité des cuites
qui furent rendus á Apollon. Macrobe ySat. 1. 17.)
lai donne une origine plus extraordsnaire. On
voyoit , felón lui , que cette divirúté fourniíibít a
Funivers deux efpéces de lurr.iéres difftrentes ;
Fime pendant le iour córame foleil , & Fautre en
éciairantie globe pendant la nuft, parla reflexión
de fes ravons fur k lune. De-iá vínt que Ies Ro-
mains adoroient le foleíI fous le nom & la figure
de Janus , qu’iis furnommoient ■a'.ors Apollon Di-
dymsas. Ijzdyma étoít auffi un endroft voífin de
Milet , oü il étoit honoré d’un cuite partícslier,
Aipolian ^7 x.cfcstZí>.iTW „ A y.xy,Zí>.K y Se
cnez les.L^:ü&longejacu¿kíor. lancantíéstraÍEsaa
A P O
loin. Ce furnora faifoit allufion a fes fleches &
aux rayons ^Apollon SoUil.
Apollan Grannus Mogouniu. Muratori (22. II.
& 1979- 8- as foa Tkef. infcr^) a rapporcé deiix
infcriptions trouvées en AÜemagne, en I’hon-
neiir de cet Apollan , qai avoit été ainfi nammé
á caufe da voifinage de iVlayence ou du Mein ,
appelé Mogoam ¡ & d’Aix-la-Chapelle AqAf-
granum ; Apolzini gpakno mogouko q. li-
C12Z1US. TRIO. S. S. I. D.
Apollan Hebdomagete. On lui donnoit ce fur-
nom j parce qu’il étok vena au monde le feptiéme
jour du mois ; de-la vint l'ufage de lul confacrer
ce jour 5 ou parce que ^ felón le fcholiaíle de Cal-
limaque il étoit né le feptiéme mois.
Apollan Icnní-üs. On nommoit ainfi Apollan ,
á caufe des oracles qu’il rendoic á Ichns, , en Ma-
cédoine.
Apollan Ifmenius. Ce furnom lui fut donné á
caufe d’un ñeuve & d’une montagne deBéotiej
ou il avoit un temple & des oracles.
Apollo Kiutius. II n'eft fait mention de cet
Apollan que dans finfcription fuivantCj rapportée
par Muratori. (Thef. infcr^ 23. 9.) :
Q. MINCiyS. O. F- RUFUS
LES. APOAINÉI. KiVTIQ
MERITO.
Apollan Itatoiis ¡ Lato'ius & Latonius y de fa
mere Latone.
Apollan At^’Aoeccí y OU iVmí ^ OU , divi-
nité de ceux qai commencoient á s'adoimer aux
fciences ^ & á fe trouver dans Ies aflem.blces des
phiiofoplies y qui étoienr appelées Mxai , Xeifcmp.
Apollan Libyfiinus ou Libyjjlnus y étoit adoré
auprés du promontoire Pachynus, en Sicile. II
avoit recu ce nom á caufe de la pefte dont il
affiigea les Libyens qui avoient fait une defcente
en Sicile auprcs de fon temple. Macrobe j {Saturn.
I; 17).
Apollan Avxr/ioírii;. Homére, (lliad. iv. 119).
Ce furnom veut diré , né dans la Lycie , & ne
peut convenir fous cette acception au dieu que
vit naitre Délos. Les interpretes fe font partagés
fur fa fignification détournée^, qu ils ont tous éta-
blie cependant fur le mot Arxoíj loup. Les uns
veulcnt qu’un temple ¿‘Apollan ayant été pillé ,
Ser fes riclieífes enfevelies dans 1^ terre, un loup
íit découvrir ce tréfor , Sr entra enfuite de lui-
méme dans le temple. On appela , á caufe de ce
prcdige Apollan. , AtiK^jyeísriíf.
■ D'auíres penfent avec Elien ( anim. x. z6. )
qa Apollan Soleil n’a été appelé de la forre , que
parce qu’il engendre l’année , AvxóAa'iTn. L’année
reijut ce nom des oremiers Grecs^ á caufe du loup
ue le foieil aífeét'onnoit , parce que Latone lui
onna le jour transformée en louve. On voyoit
une louve de bronze placee dans le temple de
pelphesj en mémoire de cette m.étimorphofe.
Apollan lí^i-iicus^Cs furnom fut doFiné i Apollan
A P O
comme á Tinventeur de la Médecine. Aléandre
lui a cherché , dans fon explication de la Table
Héliaque , une- origine plus détournée , & il la
trouvée dans la chaieur du foieil-, qui fait múrir
les plantes dont les remedes font compofés.
Apollan Mílejius , de Miiet. Voye^ Apollan
Didym&us,
Apollan Maneta. On iit cette légende fur une
médaille deCommode, oil Ton voit ^jJo//o?2nud,
ayant le bras droit pofé fur fa tete , & appuyant
fon bras gauche fur une colonne. Cetre attituác
du bras droit annonce le repos ^.Apollan. Ón Iit
au-ffi pour légende -íífpoii. Palat. fur une aucre
rnédaille» oú la méme repréfentation á’ Apollan
eft placée. Ainfi on peut croire , avec affez de
vraiíémblance , qu Apollan Maneta étoit le méme
que Y Apollan Palatin.
Apollan Muficitn ou iouear de lyre. V. Apollon
Aciiaque. Apollan tient une lyre , parce que le
foieil eít, felón Suidas, Tharmonie de cet uai-
vers.
Apollon Myricinus y de Myrica, efpéce de fou-
gére. La llame ¿‘Apollon, á Les’oos, tenoit de
la fougére dans fa main , parce que cette piante
étoit confacrée aux divinations.
Apollon Navalis. Augufte croyoit étre rede-
vable de fa viéloire d’Aélium á Apollon , qai
mérita le üirnoni de Navalis.
Apollon Nomius , chez les Grecs vivant
dans les párurages. Ce furnom convenoit parfai-
tement au palleur des troupeaux d’Adméte,pii/or
ab Ampkryfo, comme l’appelle Virgiie : cependant,
I^Iacrobe &: Phurnatus le dérivent de la nourriture
que la terre fournit á toutes chofes par rinfluence .
du foieil.
Apollon OropéLus y d’Orope, vi lie de Tifie d’Eu..
bée, ou il rendoic des oracles.
Apollon Paean. Apollon a requ ce furnom ,
parce quil perqoit de fleches, de nAwy bleíTer,
íelon Feftus. Macrobe donne une autre étymo-
logie du mot Paean ; il le dérive de /8«a2£ {«-«¡láy, jette
& bleíTe , paroles que lui adreíToit Latone pen-
dant qa’il combartoit le ferpent Python. Cet écri-
yain les applique au foieil, qui, engendrant quel-
quefois des maladies par la forcé de fes rayons , &
qui d’autres fois rendant la fancé par leur douce
température , mérite qu’on Tinvoque en difans
í¡! ■ncíikí y guériífez-nous , Paean.
Apollan. Palatin étoit le méme qn Apollon
Añiaque y qn Apollon Moneta ^qu Apollon joueuf
de lyre & q\x Apollon Malicien. Í1 fot furnomme
Palatin, lorfqu’ Augufte, vainqiieur d’Aélium, eleva
dans fon palais {P alatium) une ndes en fon h^*
neur , avec un portique & une bibliothéque.
ie voit fur Ies médaiües tantót nud, le bras pnci e
appuvé fur une colonne , & le bras droit poie
fur fa tete , attitude qui défigne le repos & ^
paix clonnée á Tunivers par la vicloire d Augui e í
tantót ii paroít vétu, '6c tel qu’il eft ^¡1
A P o
isracle Á' Apollan ASiaque. Properce a psrté de
iWíí ¿'Apallon Palada, (tf. 6. ll.):
M.ufa, Paladnz referamus Apollinis &dem.
Et Horace de fa biblioThéque j (Epifi. 13. 17.):
Scripta P aladnus qiiiicumque rocepit Apollo,
ApoUori P atarías , de Parare en Lycie. II y
tvoic un temple trés-riche, dcnt les oracles
«toient auífi célebres que ceux de Delphes. Auífi
Servñus (JEneid. ir. l^.) dit-il q\i Apollan diéloit
íes réponfes á Parare ^ndant les fix mois d'hiverj
& pendanr ceux d'éré dans l'ifle de Délos.
• Apollon Patrias , paternel. Son fiis Icadius luí
donna ce fumoin.
Apollon Pkaneus , de Oalva, voir. Apollon dé-
couvroit , fáifoií voir & connoítre les chofes
cachees.
Apollon Pkothus. L'érymologie la plus vrai-
femblable de ce furnom le fair venir de Phcjebé,
mere de Larone ; quaiqu^Héraclide du Ponr la
tejerte daas íes allégories d’Homére.
Apallon. Propugnator. On trouve ce nom fur
íes médailles de VaLérienPancien. il eíl relatifaux
eombats S Apollan contre les géans ou le ferpent
Python.
Apollan Tifisítrifiós , quí prélide aux portiques,
®il Pon voyoic ordinairement fa ftatue.
Apollon Ptous. V^oyeq^ ce mor.
Apollon Pytkien. La viéioire S Apollon fur le
ferpent Python , lui mérita ce furnom. Les dames
romaines iui donnérent en oífrande leurs bijoux
d’or, & Pon en fit un cratére ou une grande
eoupe , qui luí fur confacrée á Delphes.
Apollan Sandaliarius ou des Cordonniers. Cette
ftatue S Apollen avoit pris fon nom de la rué des
Cordonniers ^ placee dans la quatriéme región ,
oú elle étoit éievée ^ pour la diíHnguer de V Apol-
lan Palada. On ne doit pas étre étonné de voir
Ies cordonniers habiter enfemble un feul quartier ^
puifque les potiers de terre étoient dans le méme
caS:, ^íi que les ouvriers en verre , dont le quar-
tSer étoit auprés de la porte Capene.
Apollan Sauroctosos. V. ce mot.
Apollan Selinundus , de Selinunte dans Pifle
-d Eubee , pres d Orope. V^. Apollan Oropsus.
Ampollón Sminthe-as. Les Crétois appeloient les
tsts fmzntkes , & en dérivérent ce furnom á‘ Apol-
lan. Le prétre Crinis ayant négligé fon cuite en
mt puní par une multitude de rats qui dévaftérent
fes champs. Un ixouvier nommé Hordas^ avertit ^
par 1 ordre du dieu ^ le prétre négligent, d^’étre
plus exadl a rempKr fes foníiions. Celui-ci obéitj
& Apollan tua les rats á coups de fleches. Elien
taconte cene aventure d’une maniere un peu diífé-
tente. Coaftantin eleva dans un quartiei de Conf-
tantincp.e , une ítatue a Apollan Smhitheus.
Apollan Soled. Lne beüe tete de cette divi-
iKte fe volt ai! mufxum du capitcle , & Winkel-
íS^n a pubiíee dans íes ¿lomituentl inedíd ^
Antiquites Tome L
A P O i33
) íbus le nom d'Alexandre. M. Vlfconti ,
éditeur du mufxum Pio-CIémentin , y a remarqué
fept trous dans la chevelure. 11 croit qu’iis étoient
deínnés á recevoir Ies rayons qui ernoient la tete
de cet Apollan Soled, reís qu on les voir au foleii
ae la illa-Borghéíe j & á la tete coloíTale de Sé-
rapis du méme mufaeum. D'aiiieurs ii y trouve une
reíTemblanceparfaiteavec Ies tétesdesmedaiilesde
Trajan^ qui portear la légende : Oriens. Les che-
veux de la rete du capitole font cependaat arrangés
fur le front comme ceux du beau terme portanc
Pinfcription antique ; aaehakapos «lAinnoY
MAKE II appartient au chevaiier Azara, & a
été publié dans le Journal des Antiquités de Rome ,
ann. 1784. Ce terme a été trouve en 1779, dans
des fouilíes faites auprés de Tivoii, avec feize
tetes de philofophes oú de poetes grecs, & une
ftatue de Britannicus unique.
Au refte, fachaüt qu’Alexandre a été déifié,
on peut dire que les rayons, ainíl que la beaute
idéale de la tete du capitole , repréfentent ce
héros déifié ; & que le terme du chevaiier Azara,
dont les traits n^’ont rien d’idéal & paroiífent faits
d’aprés nature, repréfente le vrai portrait du vaia-
queur de Darius.'
La tete Apollan Soled fe voit fur les mé-
dailles de Rhodes , oú elle eft fans doute uñé
copie de celle du coloíTe.
Apollon Sorúlcgiis , qui prélide aux forts. II
^ rendoit quelquefois des oracles par le moyen dea
forts.
Apollon Sponiüs.. Vqyer^ ce mot.
Apollon Syntodus. Ce dieu eft ainfi nommé dans
une infeription rapportée par Gyraldi. {Syntag.-¡).
Apollon Tégyréert. E". TÉGYRE.
Apollan. Themertitts ou T smenites . Suétone
parle , dans la yie de Tibére, d'unc ftatue de cet
Apollsn , que Ton voyoit á Syracufe, & dont
la grandeur & le travail étoient étonnans. Cet ,
empereurla fit traníporter á Reme, 8c placer dans
1?. bibiiothéqiie d’un temple. Cette ftatue étoit ,
felón Cicerón, (Leer. ir. y 5.) dans le quatriéme
quartier de Syracufe , & elle aveit pris fon nota
de^rsKsi«í, endroit voilin de cette vilie fous les
Epipoics.
Apollon de éssa, porte. Apollan pré-
£aoit aux portes chez les Grecs , qui Íes ernoiene
avec fes ftatues.
Apollon Tkymbrs.us. Virgiie (JEndi. 111. 85.J
dit ;
Da propriam Tkymhrít domum»-
Servias expliqiiant ce vers, dit que Tkymóra
I étoit un champ voifin de Troye & couverr de
i fariette , thymbra. II étoit célebre par un bois
i Se un temple dédiés á Apollen , oú Achüle fut
; bleíTé par Páris : de*!á vint qa’on afluroit que ce
dieu avoit bleile liii-méme le vaillant Achille.
‘ StftCs a deuné k méaas feraom a Ampollas,; &
Cg
2 34 A P O
LzCi&ncs, fon con-.rEentateur ^ Ta éxpisqué comme
Servius, {Iksi. i. C09. ) :
Seu Trojam Thymbr&us kahes.
Avollon Tortor, ou bourreau. Ceíl ainfi que
Ton déligrioi: á Rome une ílatue de ce dieu ^ qui
étoir placée. dans la rué oü Ton vendoit des fouets
pour punir les efclaves.
Apollon ChocíLus , Heliopolltanus , Tiyverboreiis ,
Pardtonius , Sarpedonius , Sofianus , Thufcani-
cus , &c. Ces furnoms ■ expriment les endroits ou
Apollqn étoit honoré d’un cuite particulier.
Au relie 3 on trouve dans TAntoIogie (/. i.c. 1 8)
une épigrarnme de vingt-cinq verSj dont vingt-
quatre ne font cotnpofés que d'épithétes ^Apcl-
lon , raagées felón f ordre alphabétique des vingt-
quatre lettres grecques. On peut les lira j & con-
fuker aiiííi les Hiles des n'oms á" Apollan pubHées
par Eéger.
Ampollan regut la lyre de Mercure; car il n'en
eíl point IHn.venteur. L’hvTOne de Mercure j qui
porte le nom d’Homérej fait honneur de cette
invention au fils de Maia. Polydore Virgile , en
attríbuant, malgré ce témoignagC:, Finvention de
la lyre á Apollon, y ajoute celle de la ilute j que
d'autres mythologues donnent á Minerve.
Cicéron diílingue quatre Apollons ; ( de Nat.
deor. 1. j7). le premier Se le plus aucien fut le
gardien á'Athénes 5 le fecond ^ fils d'une Cory-
bante j naquit en Créte ; le troiíiéme fut fils de
Júpiter 8c de Latone. Eufébe aíl'ure que ce der-
nier étoit le plus ancien des trois. Le quatriéme
enfin^ né en Arcadle ^ donna des loix aux Arca-
dienSj qui le furnommérent Nomius ou légifla-
teur. Apollan étoit^ fous un certain afpeélj le dieu
Horus des Egyptiens. Voyei¡^ ce mot.
La cigale , le coq , Fépervier j l’olive 8c le lau-
rier étoient confacrés á Apollan.
Les artilles anciens repréfentoient conñatnment
fous les mémes traits le fils de Latone ainfi quHls
le pratiquoient á Fégard des autres divinités. lis
travailloient tous ddprés un modéle convenUj
& Winkelmann nous Ta retracé dans cent endroits
de fes favans ouvrages. LHdée la plus relevée que
Fon puiffe fe former de la jeuneíTe idéale de
Thomme , eñ parfaitement exprimée dans Ies
figures di Apollan. II reunir la forcé de Táge múr
a Ja délicateíTe des formes de la belie jeuneíTe.
Ces formes font grandes & annoncent un adolef-
cent né pwur exécurer des delTeins genéreux : ce
ne font pas celles d’un favori de Venus, accou-
tumé a la fraícheur des ombrages, & elevé par
cette déelTe , comme dit le poete Ibicus , fur
des lits de rofes. Auííl Apollan étoit - il regarde
comme le plus beau des dieux. Sa jeuneíTe eíl
brillante de fanté , & fa forcé s’annonce avec
douceur , comme Faurore d’un beau jour.
Cette beauté des formes donne á Apollan une
grande reíTemblance avec Bacchus. On la trouve
fur-touc dans Y Apollan du capitokj quis’appuie
A P O
nonchalamment centre un arbre , ayant un cigne
á fes pieds ; car il y a quelques ftatues dlApoUoi^
dont Ies traits ne s’élévent pas á la hauteur du
modéle que nous avons efquiífé plus baut, &
que la defeription fuivante miettra dans tout fon
jour. Elle eíl du célebre V/inkelmann.
De toutes les prodiidions de Fart qui ont trompé '
la fureur du tems , la ílatue d" Apollan placée au
Belvedere du Vatican, eíl, fans contredit , la plus
étonnante. L’artiíle a concu cet ouvrage d’aprés
un modéle idéal, & n’a employé de matiére que
cé qui lui étoit néceífaire f^ur exécuter fa penfée
& la rendre feníible. Autant la defeription qu’Ho*
mére a faite éi Apollan furpaíTe celles que ¡es autres
poetes ont tracées d’aprés lui , autant cette figure
l’emporte fur toutes les figures du dieu. Sa hau-
teur s’éicve au-deíiiis du naturel, ,& fon attitude
eíl pleine de majellé. Un printems éternel, pa-
red á celui qui régne dans les champs fortunes de
l’Elyfée, revét d’une aimable jeuneíTe les beautéS
males de fon corps , & brille avec douceur fur
la fiére íliuéturc de fes membres. Pénétrez dans
la région des beautés qui n’ont point de corps 5
créez > fi vous le pouvez , une nature céleíte ,
afin d’éiever votre ame á la conteniplation des
beautés furnatureües ; car vous ne verrez ici ríen
de mortel, ríen qui foit fiijet aux befoins de Fhur
manité. Des veines n’échauffent point, des nerfs
n’agitent point ce beau corps 5 mais un efprit
céleíle répandu comme un doux ruiíTeau, circule,
pour ainfi dire , fur toute la furface de cette
ílatue. .
Ce dTeu a pourfuivi Pyihon, contre lequel il-
a tendu, pour la premiére fois, fon are redoutable j
dans fa courfe rapide > il a atteintje moiiftre &
lui a lancé un trait mortel. De la hauteur de fit
joie j fon regard divin pénétrant dans Finfini ,
s’étend bien au-delá de fa viétoire. Le dédain fiége
fur fes lévres ■, Findignation qu’il refpire gonfle
fes narines & s’ eléve jufqu’aux fourciis. Mais une
paix inaltérable eíl empreinte fur fon front, &
fon oeil eíl plein de douceur, comme s’il etmt
dans !e cercle des Mufes empreíTées á lui prodt-
guerleurs carelTes. De toutes les figures de Júpiter
que Fart a enfantées & qui font venues jufqua
nous, aucune ne noús offre le pére des dieux avec
cette majefté qu’il montra lui-méme ap génie du
chantre d’Uion , & que nous trouvons id dans les
traits ^Apollan.
Teile que Pandóte , cette figure réunit feule toutes
les beautés prepres aux autresslieux. On reconnoit
fur ce front la déeffe de la fageííe que rtníermoit
le front de Júpiter ; le mouvement des fourcils ell
Finterpréte des yolonrés du jeune dieu ; 1 orbJtc
ceintrée de fes yeux-renferme les yeux de la reine
des déeffes; & cette bouche eíl la meme qui
infpira l’efprit prophétique au jeune Branchus.
Semblables aux tendres rejetons de lap'igne, le*
beaux cheveux flottent mollement a l’entour de
tete divine, comme s’ils étoient agites p«
A P o
rhaleine des zéphirs légers. lis fembíínt parfutnés
de Tambroiie céleite, & attachés négligemmeiit
fur le fommet de la tete par Ies mains des Graces.
A la vue de ce prodige, j'oublie Tunivers entier;
je prends moi-méme une attitude plus noble pour
le contempler avéc dignité. De Tadmiration je
tombe dans Textafe. Saifi de refpedtj je fens ma
poitrine qui fe dilate & s^élévej relie s’enfle la
poitrine de ceux que remplit Teíprit prophétique.
Je fuis tranfporté á Délos, dans les bois facrés
de la Lycie , lieux divins Apollan fandtiñoit
par fa préfence j car la beauté que je contemple
paroit s’animer, comme la nymphe formée par
le díéau de Pigmalion. Comment pouvoir te dé-
crire, ó inimitable chef-d'cEuvre ! II faudroit que
Tart méme daignát mdnfpirer Se conduire ma
{)lume. Les traits que je viens de crayonner , je
es dépofe á tes pieds : ainfi Ies mortels refpec-
tueux qui ne peuvent s’élever jufqu’á la tete de la
divinité qu’ils révérent, dépofent á fes pieds les
guirlandes dont ils brúloient d'envie de la cou-
ronner.
Ríen ne cadre moins avec cette defcription, &
fur-tout avec Texpreílion divine qui régne fur le
vifage ¿¿Apollan, que fidée de l’évéque de Spence
{Polymet. dial. 8. p. 97). II croit reconnoitre dans
cette ílatue Apollan Chajfeur. Cependant, li la
vidioire fur le ferpent Pytkon ne paroiíToit pas
aíTez glorieufe, on pourroit y fubílituer la dé-
faite du géant Tytie. Cet orgueiileux íiis de la
Terre ayant voulu faire outrage á Latone, excita
rindignation ¿¿Apollan, qui, á- peine forti de
Fadolefcence , attaqua le redoutable monílre &
le per^a de fleches , pour venger Thonneur de
% j file de Tantale , malheureufe
Níobé, li ta fatale métamorphofe n'avoit changé
tes mem'pres en rochers iafeníibles , tu frémirois
peut-étre á plus juíle titre , en voyant le redou-
table vengeur de Latone outragée partes fuperbes
mépris, & le meurtrier de ta nombreufe famille !
L'admiration & renthouíiafme dans lefquels
jette la vue du bel Apollan du Belvedere , doivent
ceder un inllant á Texamen de quelques objets
relatifs aux détails de Tart.' Ses pieds , ainfi que
ceux du Laocoon, d^un grand nombre de flatues
grecques & des ftatues égyptiennes du capitole ,
font d une Icngueur inégale. Le píed qui porte le
corps eft fenfiblement plus long que f autre , &
cette inégalite eíl motivée par les regles de la
?s*’lp£¿tixe. ^L^’artiíle a voulu donner au pied
Piace en arriére, ce quhl pouvoit perdre par les
fuyans.
On a ecrit que la ílatue de ¿Apollan du Belvé-
oere étott de marbre de Carrare , ainfi que Ies
plus belles flatues de Rome. D-e-lá on concluoit
pe'dvres n'étoient que des copies,
bebes a la rérite , de pareilles ílatues grecques 3
parce que Ies Grecs n’ont point connu le's ma’rbres
de Carrare. Ce raifonnement, qui dépouilloit Rome
d ongmanx , pour ne lui laiífer que des copies ,
A P O 235
j a été détruit par M. Vifconti , éditeur du mufEum
Pio-CIémentin. íi a pubiié un certificar trés-
apthentique de deux anciens infpecleurs des car-
riéres de Carrare , qui, aprés avoir examiné attea-
tivemient le grain du marbre dont eíl fait '¿Apollan
du Belvedere, & fur-tout dans Ies endroirs_rom-
pus ou éclatés , ont aíTuré qu iis y reconnoiiloíent
diíHnélement le marbre grec, fans y pouvoir rrou-
ver aucune reíTemblance avec celui de Carrare.
V olla done le caradtére précieux d’originalité rendu
á cette belle ílatue , qui fut trouvée dans Íes
fouilles de Tancien Antium, lieu célebre par les
prodigieufes dépenfes qu’y fit Nerón , á caufc
qu il i’avoit vu naitre-
La pías belie tete ¿¿Apollan aprés celle du
Belvedere eíl, fans contredit, la tere d’une figure
affife de la Villa- Ludo vifi , plus grande que le
naturel. L’air de tete de cette figure _bien con-
fervée, annonce un dieu bon& bienfaifant. Cette
ílatue mérite auífi une remarque particuliére au
fujet de Tartribut qu elle porte : c’eft une houlette
recourbée, appuyée contre la pierre fur laquelle
elle eíl aflife. L'artifte a voulu par -la défigner
Apollan Pafteur, Nomios , 8t la vie paítorale de
ce dieu chez Admete.
La coéffure des adolefeens, gar(jons & filies,
(appelée chez les premiers Kf k/SuAijí , crobylus , &
chez les autres , corymbus , corymbium')
ordinaire aux tetes ^ Apollan , -\ts a fait mécon-
noitre quelquefois. Cette coéffure , commune aux
Amazonas , aux ílatues de- Diana &- a toares Ies
figures adólefeentes , a fait nommer Bércnice un
beau bulle de bronze d'Herciilanum, tandis qu il
appartient évidemment á Apollan.
On peut reconnoitre quelquefois ce dieu á une
attitude qui lui eíl commune avec Bacchus ; ils
onf les jambes croifées. Bacchus & Apollan, feuls
de toas les dieux, font ainfi figures dans queiques
ílatues , pourexprimer la vive jeuneífe du fecond.
Se la dcuce molleífe du premier 5 car cette atti-
tude étoit affeétée aux héros en repos, aux pér-
fonnes aíHigées , & á celles dont la molleífe étoit
paífée en proverbe. On la remarque aux deux
Apollan Saurocionos , en marbre , de la \ iüa-
Borghéfe ; au Apollan, en bronze, de.I*
Villa- Albani , á Tun des Apolloips du Capitole*
&c. &c.
Quoique les anciens artilles ayenr cherché .á
donner aux tetes ¿¿Apollan toutes íes graces de
la jeuneíTe , ils ont rarement placé fur fon men-
tón une foílette , cet agrément convenu de queí-
ques beautés particuliéres, & jamais de !a beauté
idéale. On ne la voit point 7í \' Apollan du Belve-
dere. Un feul ApollonV oiré á nosyep:; c'eíl celui
qui eíl confervé au Collége Romain : ii eíl de
bronze, & plus grand que le nature!.
Nous ne parlons pas de ¿Apollan de la Viüa-
Négroni , qui eíl de l’áge & de la grandeur d’u*
jeune homine de quinze ans. II peut erre mis
au nombre des plus beiles figures de jeuneíTe qui
G S i}
A P O
feient á RotriS 5 mais les traits du viTage de cette
ñaíue ne font pas ceux A'Apoílon : ils appar-
íiennent plurót a un jeune prince j fils de qaei-
qu’erapereur.
On voit an Apsllon de marbre noirj áppefé
en íta'le parangone , dans la galerte Farnéíe.
Loríque Ies anciens peiatsres donuGÍent un maH-
teau á Ápallonj il étok bleu oa violeta co^mme on
le vGít dans les deíuss ¿e Baitoli j {tav-. 2).
Sur ua bas-relief de Rome , ApoiLon porté no
cfiapeau rabattu fur Ies épauíes. Cette coeSáre
fait alluíion á fon ctat de- pafteur cbez Admere j,
cSr les payfa-ns pert-eáent en Crece de fesiblabíes
chapeaax- C’eft ainfi que les Crees repréíéntoient
Ariílée ^ áls ¿"Apollan & de C^ese , qui íeur
avoit appris l'art d’élever les abeiíles ; car Héfisde
ísíi donne le nom ^Apollan Champétre.
A Réliopolis en AíTyrie» Apollan portok la
fendre 5 il eft auíli repréfeaté avec cet attribut fur
ime médaüle de Thytéa en Arcadie.
Les Crees mettoient aííéz fouyent tái fouet
^ns la main & Apollen SoUil, ainfi quoa le voit
fur les médailles & les pierres gravees. lis avoient
fans douíe recUiCet ufage des Egypttens. Quelques
mythologues.croyoient reconrióitre dass ce fouet >
une allufioa, anx coups que i’@n fe donnoit en
cótirast atitour de Tautel ¿í ApoilonA Défos. mais
l’allníion an fouet avec leqnel Apolkm. Soleü con-,
duit fes cbevauXj, parok plus naturelfe. Os trou-
vera. aux articles Ch-arrue & OsiRis , le vrai
fens de cet attribut que porte toujours Ofi-ris , &
que les Crees ont travefti en fonet.
Apollen eft affis teaajit un are , fur les médaiñes
d’Acamaniej de Rhegium & du roiAntigone.
II eft debout fur les médailles de Phiiadeíphie
én- Lydie.
On voit la téte-rayonnante fur-celles de Rhodes.
Apollen étoit le nom d’une efpéce de danfe
lantomñne, dans laquelle on repréfentoit quel-
ques adions de ce diéiu
Apollon (cirque d’). CiRQUE.
AFOLLGNIDEÁ, en Lydie. AnOAAQ-
Sitl-AEÍJN.
Les médailles autonomes de cettse ville íbnt :
R. en bronze.
O. en or.
G. en argenti
Cette ville a fait frapper des médailles línpé-
míes grecqués fous l’autorité dq fes préteurs , -en
Phofineus de M.-Auréje, de Caracalla, de Do.-
tüirien.
Ga^voit anífi fur quelques-unes-de íes médailles
autonomes , Ies tetes de Domitién & dé Doraitiá ,
qnf ne font point accompagnées de leups noms.
APOLLÓNIE, en jÉtolie. aiio-aaíí.
Les. médailles autonomes de cette ville íbnt :■
tíRRR. en bronze:. (Pslhrin^.,
O., en or¿
<3 crt argenta.
Son €Íl. um HQ^Jíoire:<te fáiigliés: joifite:
A p o
aa fer dkí'n jat'él&t. La machoire eS un fytnbole'-
FSÍaíif aa fangüer de Calydon.
-Apollgnie, en Carie, AíioAAfiNlATnií,
Les médailles autonomes de cetté ville font:
RRR. en btonze. (Pe-tlerin)^
O. en or.
O. en argent.
Apoeloííie en Crete. A. avec un trepied.
M. Líanter poífédott une íriédalle auronome
de bronze, qui eft atrtibaée pat. íí. Cotnbe i
cette ville.
ApollgNie , dans LEpire. ahoAAíIniatan.
Cette viiie a- fák frappet des médailles impé-
ri^ales greoqúes eB rborírreur d'Hadrien,,deSévére*
de Doffffia , de Catacalia, deGéta^ de Dkduraé».
akn , d’Elagabale & de Moéfa.
ÁPÓLtOKIE, en Illyrie. AnOAASNIATAil..
Les médailles autonosies de qetíe ville fant i
O. en oft
C. en argent.
C. éti bronze.
Leurs types osdinaíres font : Trois fenmes
danfant & fe tenant par la main. — L'n carré dou-
biej pretendes jardtns d’Alcinoüs. — Une vacbe
avec foR veau quetle áüaite. ■ — Un trépied.
Cette ville a fait frapper une médatlle snpgi
táale grecqae, en l’honneuT de M.-Autele.
Á POLLON lÉ, prés á'Epbefe, dans fíoniei
AnOAADNIATfíN &An-OAAQNlEíiLs.EN. !QNTA.
Cette ville a fait. frapper , fous Taatorité de
fes préteurs, des médailles imperiales grecqu^,
en ILionneur d'Augufte, de Tibére , de Caligula,
de Commode, d'Hadrien, de Máxime & d'Alex.-
Sévére,, avec la feconde légende.
Apollonie j en Lycie. Ano-AAfiNiATQN AY.
Cette ville a frit frapper des médaí-Iíes impé-
riales grecques, en Thonneur d’-4ntonm-Fieux,.
de Géta & de Galiien.
Apollonie, en Lydie. AnoAAí2NiATí2Nt
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRR. en bronze.
O. en or.
O. en argenc.
Cette vilFe a fait frapper , fous rautorite d*-
fon prétear, des médailles iir.périales grecques,
en Thonneur de Mamée.
.4pollonie , prés du Rh^mdacus, en Myfi®-
AnOAAQNIATAN. nPOC. ETNA.
Cette villa a fait frapper des médailles i'E.pé-
riaiés grecques, en Thonneur de M;-A.urele,
Vertís,, de Sept.-Sévére , de Caracalla, de Gbí-
dien , de PiautiHe,. de Géta.
Apollonie , en Sicile. AnoAAnjííOS.
M. Conabe dbnne trois médailles de bronz*
avec Cette légende , & une quatriéme de bronze
für laquelle on lít au ravers : TAYPOMEMíTANf
á Apatloni'e de Sicile.. Le prince dé Torremufa en
a publié queíques-unes de bronze.
Apollonie, en Thrace. AHOAA.Sa.inOAAíár-
MIHTlOíí. Ejí. nOKTQ*.
A P O
Les ffiédailles autononiss ds cetté vale fení :
BR. en argent. (Pellerin),
O. en or.
O. en argent.
Leur type ordinaire repréfente ttois femmes
danfant.
_ Cene ville a fak frapper des médailles impé-
riaies grecques en I'honneur de Julia -Domna ^
de Seprtr.-Sévére , de Caracalla^ de Cordien
APOLLONIES 5 fetes établies en Thonneur
d'Apoilon, par íes habitans d’Egiaiée. On dit
■qu'ApolIon , aprés la défaite de Pyth'on j s’étant
retiré a Egialée avec Diane fa foear , en fut chaífé
par les habitans j & fut obligé d’ailer chercher
tiñe retraite dans fifle de Créte. Peu de tems
aprés , h pdfe faifant de grands ravages dans
Egiaíée , on ent recours á f Oracle , qui répondit
que pour faire ceíTer le fléau , il falloit députer
fept jeunes filies & autant de jeunes garqons í
ApoÚon & á Diane .j pour les engager a reteñir
dans leur vilfe. Les deux divinites retdnrent a
Egialée, oú la pefte ceíTa aufíitot; & en mémoire
de cet événetnenr , on faífoit fortir tous les ans
le méme nombre de filies , coinnie pour aller
riiercber Apoüon & Diane.
APOLLONQPOLIS , en Egriíte. AnOA.
Cene viíle a fak frapper des médailles knpé- ■
ríales grecques en l*Íionneur d'Hadrien.
APOLLONOS , ille. AnoAAíiNor.
Les médailles antonomes de cene ifle font.*
RRR. en bronze. (Pellerin.).
O. en or.
O. en argent.
Apollonos-Hierit^ , en Lydie, AnaAAííN
ÍÉPEITíiN.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRRR. en bronze. (Pellerin).
O. en or.
O. en argent.
Cette ville a fak frapper des médailles impe-
riales greeques en ihonneur de Tibére & de
Néron.
APOMYOS , mufcarius. Hercule etant incom-
fnodé par Ies mouches pendant qu’il facnfioit a
Júpiter dans Elis , pria ce dieu de les chaiTer. I>e-lá
vint que Ies Eliens retmrent la coutume de facri-
fier a Júpiter Apomyos, c’eft-á-dire, qui chaflb Ies
mouches. Cn trouve ce fujet repréfenté fur des'
pierres gravées. Bellori en a rapporté une qadi
a mal expliquáe j. elle reiTemble beaucoap á une
páre antique du barón de Stofch fur íaquelle
en voit une tete de Juoiter en forme de raouche. !
Les deux ailes de rinfecle forment la barbe dii
dieujleeorps en fak !e vifage. Se au-deíTusdu front
eft la rere de la mouche avec fes deux aíiembiages
d’yeux, qui font trés-aifé's á rsmarquer. Winkel-
siann Pa piibliée dans fes M^onum. anticki inediti.
Ce nom de Júpiter eíl compofé ct'cí'sra y loin-, & de
mouche;
APON' jc, fbxítaaie prés de Padoue, iaqnelle, S ■
A P O 217
■en tn veet croire Claadien , rendoit la parole aux
muets, 8t guérifibit toutes les maíadies : prés de-!a
étoit un Oracle de Géricn.
A'nOHYOMF.'KH , qui fe frotte , dii grec ási-
(Dsftai, je me frotte. Cétoit ie nom d’une fiatue,
ouvrage de Lyíippe, qui étoit placee á Rome
devant les thermes d’Agrippa , & que les cris du
peuple obligérent Tibére á óter de fa chambre,
OU il Favoit fait tranfporrer, pour la remetrre
devant Ies thermes du gendre d’Auguífe. Pline
racontece trait de la vie de Tibére dans les termes
fuivans, C34. 8.) : Plurima ex ómnibus Jigna fecit
Lyfipp US fie candi j}ini& urtis , Ínter qus. difiringentem
fe j quem M.ar.cus Agripan ante tkermas fias dica-
vit y mire gratum Tiberio principi r qui non quivit
temperare fihi ab eo , quamquam imperiofis fui ínter
-initia principatás , tranfiulitque in cubiculum , alio
ibi figno fubfiituto : ciim quidem tanta populi romani
contumacia fuit,at magras theatri clamoribus repone
Apoxyomtnem fiagitaverit , princepfque adametuvt
tepofierit.
Cette ftatue repréíéntok un homme quí fe dé-
craíToit avec un ílrigil; peiir-étre étoit-elle le por-
trait de Tydée. V. ce mot.
APOPHORÉTES. C’eft «n mot donr on eff
obligé de fe fervir en traduífant fdartial , qui a
donné ce nom á queiques-unes de fes épigrarr.mes.
ñ fignifie des dons & des préfens qui fe faifoient
pendant les Saturnales, en certaines folemnités,.
dans les jeux publics , au pour caprer les fuíFrages
du peuple.
Les apopkoretes y dérivés ^ ¿í-zrsftya , je rem-
porte , étoient proprement de petits préfens qua
f on envoyok de fa rabie á íes amis. Suétone nous-
Fapprend dans la vie de Caligula, (c. jf. 7. ) :
atgitatori Tutycko comeffdtione quádam in apopko-
retis vicies H~S. contulit. » il donna dans un
feílm pour préíent de tabla vingt mílle fefterces
a Eutychus C’étok pendant le%Satuma!es , &
aux hommes feuls , qu on dbnnoit les apopkoretes^
Suétone, dans la vie de Vefpafien, ’( 19. 4. ) re-
marque comme une choíé extraordinaire , que c«
prínce en envoj’-ok auííl atix femmes au joiir des
calendes de mars : Dabat ficut Satumalibus viris
apophoreta , ita & per kalendas martii fiminis.
Symmaehe (Evift. u. 80.) donne encore le nom;
^apophroretes aux préfens que faifoient á leitrs-
atnis & á léiirs cliens,. ceux qui avoient donné des.
jeux au peuple.
On appela apopkorete la corbeille ou le vaiiTeau
piar qui fervoit á porterces préfens. Eeger (tom. 3,
p. 42.4.) a donné la figure d’un inlrriiment rend,
qui- a une queue , & cus eft piar & fans profon-
dear, II i appelle apophorete ou apophérete. Cdít
une limpie patére , femblable á celles des Etruf-
queSjqui ont ordinairemenr une queue eu manche;
ároir.
APOPI5. V. Afhophis.
AnonoMnAi , jours ccnfácré's au' cuíte de«
datux finmommés ■sauxAtm^ On a envque Meicuie:,)
23S A P o
en qualité de conaufleur des ames aux enfers ,
étok une des divinités honorées dans les jours
ÍTíonoii^aí. Mús Potter penfe que les dieiix aux-
. queis on lacriñoit dans ces jours particuHers ,
étoient ceux qui étoienr appeles , c eft-
á-dircj «B-íTiSírsi j felón rexplication deFhavorinj,
OU ÁtiFó! , ¡ (falícíj & enfin k-atn^mcíioi ,
en latín averrunci ; parce qu’ils repouíToient &
éloígnoient le malheur : tels étoient Júpiter j Her-
Gule 5 & quelques autres. Potter lit d'aprés cette
oDínion ¿s-í5r«^5!ra/«í5-j dans Tendroit d’Héfychius ,
OU i Oil volt jTfljítfcTeí/iSís-.
APORRHAXIS, 3 je fonips j
. j’interromps. C’étoit un jeu des anciens ^ qui con-
íiífoit á jeter une baile obliquement contre terre ,
afin qu’en rebondúTant elle atteignit des joueurs
qui Patrendoient Se la renvoyoient de méme. Le
premier joueur la recevoit ^ & la iancoit de nou-
veau á fes adverfaires, mais de maniere qa’elle
touchoit toujours la terre avant de parvenir á Pun
OU l'autre grouppe dé joueurs. C’étoit une efpéce
de jeu de baile á la main.
ÁPOSTAT (Julien T). Julien II.
AFOSTROPHIAj furnom de Venus. Paufanias
-díítingue trois Vénus^ dont il appelle Pune Venus
Avoftropkie , d’«¡srír¡)£0ia, qui éloignoit despaílions
infames. Comme il y a , dit-il , trois fortes d’A-
Hiours; Pun célefte , c^eíl-á-dire , dégagé du com-
merce des fens; le fecond terreílrej qui s'attache
á un autre fexe & au plaifir du corps j Se le
troiíiéme défordonné , qui porte les hommes á
des unions abominables : il y a auífi trois Venus ;
Pune célefte j qui pré.fide aux chaftes amours j une
terreftre ou la déeíTe des mariages ; & une troi-
liéme 5 qu’on appelle Apofiropkie ou Préfervatrice ,
parce que c'étoit á «He qu’on adreffoit fes voeux
pour étre préfervé des defirs déréglés.
Les Romains luí rendirent un cuite pour le
Kiéme fujet, fgus la dénomination de Verticordia ,
ui change ¡es cceurs. lis lui dédiérent un temple
ans le íiécle de Marcellus , fuivant un avis qu iis
trouvérent dans les livres des Sybiiles.
APOTIíECA , así%y¡x,y, , cabinetj falle:, cellier
ou grenier, dans lefquels les anciens renfermoient
Phui’ej le vin & autres objets.
APOTHEOSE^ d’ásra, auprésj Se
de Í££? , dieu. On a donné ce nom á ¡a cérémonie
par kquelie on placoit un homme au rang des
díeux.
Les Perfes & les Egyptiens n’élevérent jamais
des hommes au rang des dieux. Hérodote eftjun
garant de la pureté. du cuite des premiers {lib '. i ^
c. 13 1 , & lih. 8 , c. 143). II dit expreífément que
les Perfes ne croyoient pas , comme les Grecs , que
les dieux fujfent des hommes déifiés. C^eft pourquoi
Ies Athéniens reprochérent á Xerxés de n avoir
aucun égardj aucun refpeét pour Ies héros de la
Gréce, que celle-ci regardoit comm.e des divinités.
Les^ Egyptiens , en fondant leur Mythologie^ ne
déiíiérent égalemeat aucun moitel. Jablonski a
A P O
porte cette vérité jufqu á la démonñration dañe
les proiegoménes de fon Pantkéon Mgyptiorum
De tous íes peuples dont Phiftoire ait conferv-í
la memoíre Ies Grecs ont les premiers élevé des
homrnes á rimmortalité. Tels furent d'abord les
héros j car Phéroífme des premiers tems étott
chez eux une efpéce de deification ou i'apotkéofe.
Thucydide nous en offre un exemple frappanú
Braiidas, célebre oapitaine lacédémonien , ayant
été tué auprés d’Amphipoüs ^ les' foldats & les
auxiliaires Penfevelirent avec pompe dans fen-
droit de la ville le plus apparent ^ & oü Fon établit
depuis le marché. Les Amphipolitains élevérent
une enceinte autour de fon tombeau, lui ren-
dirent les honneurs décernésaux héros, établirect
des jeux & des facrifices annuels, & le regar-
dérent toujours comme le fondateur de leur co-
lonie.
Ce que Luden raconte {de Calumn.) de Yapo-
théofe d^Epheftion , doit trouver place dans cet
arricie. Cet ami d"AIexandre-le-Grand étant m.ort,
le^ roi de Macédoine ne fe contenta pas des fb-
néraiiles magnifiques qu on ¡ui avoit faites par
fon ordre 5 il le placa au rang des dieux. A Finf-
tant, les viües lui bátirent des temples, lui éri-
gérent des au,te!s , & ¡ui ofFrirent des facrifices.
Par-tout on célébra des tetes en Fhonneur da
nouveau dieu, & les plus grands ferments fe firent
au nom d'Epheftion. Méprifer ces honneurs pro-
digues a un m.ortel , eút été un crime capital.
Les fíarteurs d’Alexandre cherchant a gagner
fes bonnes graces, Fexcitoient á faire plus encore
pour fon favori. lis feignoient des fonges & des
apparitions de ce nouveau dieu , auquel ils attri-
buoient des guérlfons Sedes prédidtions, & qui
délivroit de toute forte de m.aux. Alexandre y
ajouta foij il s'enorgueillit de pouvoir faire des
dieux , & fe perfuada encore plus fermement que
Júpiter étoit fon pére. Combien des amis de ce
monarque, combien de fes anciens capitaines,
accufés de nkvoir pas une aíTez grande vénératioa
pour le favori déifié, n’encoururent pas fa dif-
grace ?
Le plus remarquable fiit Agathoele de Samos,
Fun des chefs de fon armée le plus habile , 6c le
plus avancé dans fa faveur. On Faccufa d’avoir
pleuré en paffant devant le tombeau d’Epheftion ,
& peu ne s’en faJlut qu’Alexandre , irrité, pele
fít renfermer dans la loge d’une lion furieux.
Perdiccas ne fauva cette tete illuftre , qiFen )urant
par tous les dieux, & par Epheftion lui-meme,
que le nouveau dieu lui avoit apparu á la chafie ,
& lui avoit ordonné d'enjoindre au roi de^ par-
donner á Finfortuné Agathoele. S’il a pleure de-
vant ma tombe , avoit ajouté le. dieu, felón
diccas, ce nTft pas qufil me regarde comme tomoe-
fous les coups de la mort , c’eft plutot parce que
le fouvenir de notre ancienne amitié s'eft revené
dans fa mémoire Se dans fon coeur.
Les Romains ifimitérent les Grecs que fous les
A P o
CÉfars. lis fe contentérent , pendant plulieurs íié-
cleSj ce divinifer feulement Ronaulus, ieur fon-
daceur j & ne fongérent point á élever á ce rang
aurun de leurs grands hommes j mais avant perdu
Ieur liberté fous Jules-Céfar, ils fouffrirent qu'Au-
guítCj fon fucceíTeurj le fit reconnoitre pour u;i
dieUj luí bitit des temples & lui oftnt des facri-
fices. Augufte j de fon vivant meme:, & á l'age de
vingt-huit ans , fut declaré le dieu tuteiaire de
toutes Ies villes de TEmpire. Cer exemple fut
imité fidélement par tous les empereiirs qui vinrent
aprés lui ; en forte que fon vit au rang des dieux ,
non-feulement les hommes les plus ilupides j tels
que Ciaudcj mais encore les plus fcélérats : ils
prirent méme le furnom de Divas entre leurs
titres ordinaires.
Hadrien mit le comble á ce delire , en célébrant
Vapotkéofe de fon indigne favori Antinoiis. II lui
íit élever des temples attribuer des oracles. Des
infcriptions I’appelérent Synthróne des dieux ;
c elí-á-dire partageant Ieur troné , Ieur podvoir
& Ieur immortalité- La mort d^Hadrien ne fut
pas le terme du cuite rendu á cette divinité in-
fáme. On continua encore á célébrer des jeux &
des fétes en fon honneur; & une viile d’Egypte
Quitta fon ancien nom pour preñare celui d’An-
tinoüs j ainlí qu'on favoit donné aux fleurs du
Lotus j cet objet éternel du cuite des Egyptiens.
Pline le ieune ^ dans fon panégyrique de Trajan ,
nous a confervé les motifs particuliers ^ vrais ou
faux j qui ont porté chaqué empereur á faite \‘apa-
théofe de fon fucceíTeur : Dicavit ccslo Tiberius
Augujlum , fed ut majefiatis numen znduceret ¡ Clau-
dium Nero^ fed ut irrideret ; Vefpafianum Titas ,
Domitiunus Titum : fed Ule ut dei filias , hic ut fru-
tar videretür : tu fideribus patrem intulifii , non ad
tnetum civium , non ad contumeliam numinum, non
itt honor em tuum.,fed qaia deum cred/r. »Tibére a place
Augufte dans le ciel:, pour ennoblir la dignité de
I empereur 5 Néron a déifié Claude , mais pour le
rendre plus ridicuíe ; Titus confacra Vefpaíien ^ &
Dorniden rendit á Titus les mémes honneurs ; le
motif du premier fiit d^avoir un. dieu pour pére ¡
& celui du fecond d'étre firére d’un dieu. Pour
vous, Trajan en faifant X apothéofe de votre pére ,
vous n avez pas eu en vue dhnfpirer la crainte au
peuple romain ¡ ni de ridiculifer les' dieux ^ ni de
vous rendre plus recommandable ; mais vous favez
deifié., parce que vous le croyez un dieu. »
On voit fouvent fur les medaiües im.périales
•les confecrations des impératrices qui font dqíi-
gnees par foifeau de Junon^ le paon ^ & \ts apo-
t -aojes des empereurs exprimées par faigle de
upiter ou par les catafalques á plufieurs étages.
es attnbuts font relatifs aux cérémonies prati-
quees dans les apothéofes , 8e:.que nous allonsdé-
cnre d apres Hérodien , témoin oculaire.
»> Les Romaiusj dit-il, ont ceutume de déifier
empereurs qui labTent des enfans
P m*u.ceéder> & ils appelient apotkéofe cette
A P O 239
coniecration. (II fjut reconnoitre ici une i.nesac-
ntude ou une taute de copiñe; car pluiieurs em-
ont dei.né ieurs prédéceís'eurSj quoiqu''iÍs
ne fuiTent m leurs peres ni méme leurs parens).
Cette íete , ceJeorée par toute la viile , eft un
melange de joie, ae cuite Se de deuil. On enfe-
velit le cerps du mort en la maniere accoutumée ,
ayec une grande pompe ^ & 1 on fait une image de
círe qui lui reífemoie parfaitement. Cette image
eft placée á f entrée du pakis impérial fur un fit
d'ivoire long 6¿: elevé ^ couvert de tapis broches
d'or.^Elle repiéfente lempereur makde & palé,
Au coré gauche de ce lit^ fe tient ^ pendant une
grande partie du jour^, le fénat vétu de deuil^ c eíl-
á-áirej en habits blancs^ ainíi que les dames de
qualitéj qui occupent le coré droit. Se qui ne
portent ni or ni coiliers. On obferve ce deuil pen-
dant fept jours5 Se des médecias approchent tous
les jours dulit, viíitent le prétendu malade^ 8c
aíTurent á chaqué fois qubl fe porte plus mal. »
» Lorfque les médecins fappofent que i'auguftc-
malade a ceiTé de vivre ^ de jeunes gens ^ choilis
dans Tordre des chevaliers Se des fénateurs , le
portent fur leurs épaules le long de la voie facrée,
jufquk l'ancien Forum, eú les magiftrats romains
avoient coutume de fe dépouiller de leurs dignités.
Des gradins font élevés des deux cotes du forum ¡
Ton y place les jeunes garqons des familles nobles j
Se Ies femmes de quaütéj qui chantent alternati-
vement en Thonneur du défunt des vers graves
Se trilles. »
" De-láj, ils tranfportent le lit hors de la viile ,
dans le champ de Mars^ oú eft dreffé un catafalque
carré 5 confrruit avec de longues piéces de beis,
qui laiíTent entfelies un grand vuide. Tout le
dedans du premier étage eft plein de matiéres
combuftibles , Se le dehors couvert de tapis bro-
ches d'or;, de ftatues á'ivoire Se de Selles pein-
tures. Au-defTus de cet étage s^éléve un fecond^
plus petitj Se orné dé miémej ayant des portes
ouverteSj furmonté de deux autres pareüS:, mais
dhine grandeur qui diminue par gradation. Le
catafalque entier reíTemble á ces tours appelées
phares , qui font báties fur les ports ^ Se qui portent
des feux pour éclairer Íes vableaux ^ Se les guider
dans Tobfcurité. »
» On place le lit dans Fintérieur du fecond étage^
Se on Tentoure d’aromates , de parfums, de fruits ,
de plantes j de réfineSj de tout ce qui peut enfin
exhaler une bonne odeur.Toutes les nations^ toutes
lesvilleSj tous les grands deTEmpirej s^empreíTent
d’offrir ces deraiers préfens á Ieur ancien maítre.
Aprés que fon a difpofc íymmetnquement ces
offrandesj la cavalerie fait plufieurs fois le tour
du búcher avec des évolutions íemblables á cebes
de la danfe pyrrique. Des chars brillans montes
par des gens vétus d babtts bordes de pourpre j 8c
chargés des figures de Romains célebres par Ieur
courage ou par Ieur habileté dans la condaite de*
Simées., exécutent les naéníes évolutions. »
24(í A P o
» Le prfsoe qui fuccld^ a l'Empífe) prgftd
fuste ane torche ^ & met se fea au cataíaique j ainfi
que toas ceux qui laccompagnent. Les aromases
& !es matiéres combuftibles s’enfiamment á Finf-
tans. Alors on fair fortir da haut du búcher un
aigle^ qui;, senvolant^ porte j dit-on , aux cieux
Lame du prince , auquei on rend , depuis cetce
42-potkéofe, íe méme cuite qu aux anciens diéux. »
Les Honneurs de Y apothéofe n’étoient accordes
en Gréce que fur la réponíe d^un oracle, &^á
EoíTse que par un décret du fénat. Cela n’empé-
cha pas que le grand nombre & l’indignité des
perfonnes auxquelles on accordoit ces honneurs >
n’avüít 3 & méme d’aíTez bonne heure 3 la céré-
monie des confécrations. Juvénal s’en moque
ouvertement3 & il plaint dans fes^Satyres Atlas 3
qui 3 fatigué de tant de nouveaux dieux 3 dont on
groffiffoit le nombre des anciens 3 gémilfoit &
étoit écrafé fous le poids des cieux. L'cmpereur
Vefpaíien, qui étoit naturellement railleur, étant
prés de mourir3 dit á ceux qúi Lensdronnoient :
Je fens que je commence a devenir dieu ; faifant
allufion á Yapotkéofe qu on allok bientót lui dé-
Ndus allons rapporter ici & exphquer la plu-
part des m^bres, des pierres gravées ou des
vafes 3 fur lefqueis on trouve Yapotkéofe de quel-
qu’homme illuftre ou de quelqu’Auguíle; Nous ne
parlerons pas des apothéofes ou confécrations des
empereurs gravées fur les médaiiks ; elles font
aíTe’z connues par Ies catalogues & les defcrip-
tions des cabinets d'antiquités.
Apothéose d‘Momere. íl n’en eft pas de l’étude
des monumens antiques3 comme de l’étude des
aucres fciences. C’eft un champ vafte 3 ouvert aux
conjedures de ceux qui veulent s'y donner car-
riere; Se quelqu’oppofées qu’elles foient entre
elles 3 pour peu qu’elles foient ingénieufes 3 Se
qu’on fache Ies appuyer de quelques autorités des
anciens, elles ne manquent guéres de procurer a
íeurs auteurs la réputation qu ils efperent : répu-
tation qu’acquiérent bien plus difScilement ceux
qui s’attachent á des fciences qui demandent quel-
que chofe de plus que des conjedures & des vrai-
fémblances. Le célebre monument de Yapotkéofe
aHcmere en eíl un éxemple trés-convaincant.
Pluíieurs favans antiquaires 1 oiit expliqué, chacun
íélon fes vues. Leurs explications 3 quoique fort
dift'érentes les unes des autres 3 leur ont faic hon-
neur á tous.
On fait que ce monument eft l’ouvrage d’Ar-
chélaüs de Priéne , fameux fculpteur de Fantiquité ;
& le P. Kircher prétend , avec afléz de fonde-
íT.ent', que c’eft Fempereur Claude 3 grand ama-
teur des lettres grecques , & fur-tout des ouvrages
d’Kcrr.ére , qui le fit conftruire a 1 honnear de
ce poétfe. Qaoi qu’il en fo!t , on le trouva en
I<568 fur la voie Appienne, prés d’Albano, dans
un endroit appelé autrefoís ad Bovillas j & au-
jouíd’hui Fracocckie t appartenant aux princss
A P O
Colonnc, «ü Fempereur Claude avoit autrefoís
a de plaifance ; & ii fait aujoura’hui
ung iTiaiion > w, ü í^íl ¿tujouio'.
Fun des principaux ornemens du |)alais de ces
princes á Rome,
Ce célebre monument fut auflitót expliqué par
le P. Kircher , dans fon Latium ¡ rnais comme it
laiíía beaucoup de chofes fans explication , oa
avoit cru que MM. Sévérali 3 Falconiéri & Span-
heim 3 trois célebres antiquaires , acheveroient
d’en défricher toutes Ies parties. Cuper s’eft chargé
de ce foin ; & ii s’en eft fort bien acquitté dans
un ouvrage fait exprés 3 intitulé : Apotkeofis íf
Confecratio Homeri , ou il rend compre aufli des
fentimens particuliers de MM. Spanheim & Nicolás
HeinliuSj fur les endroits les plus embarraffans de
ce marbre. Gronovius en a donné une explication
particuliére 3 dans le tome lí de fon Tkefaurus
Antiquitatum Gracarum ¡ & M. Wetftein aFait la
méme chofe , dans fa Dijfertatio de fato feripto~
rum Homeri. Nous allons donner un précis exa^
de chacune de ces explications.
I. Le P. Kircher partage ce monument en trois
©rdres ou degrés; celui dkn-haut 3 celm du milieu
&■ celui d’en-bas. Dans le premietj ü reconnoít
Júpiter aíiis fur le Parnaíre3 écoutant k demande
de fix femmes , qui font autant de villes qui s’in-
téreflent á la gloire d’Homére. Dans le fecond,
il compre ciño femmes '& un vieiliard3 qui rá-
dient de faire valoir le mérite d’Homére par leurs
aáions : il prend la premiére, qui eft aíTife, pour
la poéfie ; la feconde , montrant un gIobe3 marque
le beau talent d’Homére á parler de la fabrique du
m.onde ; la troiíiém.e contemple avec étonnement
les divins écrits d’Homére ; la quatrieme & la
cinquiéme tiennent Fuñe une lyre 3 & 1 autre
FIliáde : elles font dans un antre , demente ordi-
naire des Mufes 3 & ont un are & un carquois a
leurs pieds , pour figniíier íes amours des dieux,
dont Homére a parlé. Du vieillard, ii fait un
fiamen cu prétre d’Homére , qui devoir
d’offrir au uouveau dieu un facrifice ál’égyptienne;
ce qui eft déíignépar les flambeaux & par la lettre
tautique ou la croix á anfe , qa’il croit voir der-
riere ce prétre. Dans le troifiéme , il trouve une apo-
tkéofe d‘ Homére dans coutes les formesj Se en
eífet 3 elle y eft íi bien repréfentée , qu il
nullemenr á douter la-deíTus. On verra dans . ex-
plication fuivante , quehes font les figures qui
oceupent ce troifiéme degré-
II. Le fentii * ' ''
cehii du P. Kiimti. i.» “ “‘i ' „ ' ' >
cejéfuite prend pour Júpiter, il en fait Horoer
accompagné , -á la vérité , de divers atrnbuts con
venables a Júpiter, reís que fon aigie, Fuu
fondiadéme, & de plus place fur le montO-y
Des onze femmes qui font au-deíTous , en e
rangs , il en fait onze Mufes , parce qu p
deux nouvel'esanx neuf andennes ; favoir, i ^
& FOdyíTée, qui font placees fous i antre, ^ ^
connoit celk-ei au diapea» d’ülyffe, qu* ^
A P o
A P O 241
fes pieds , íe Tantre á I’arc & au ear<?iipis Cju’il
prend pour fes fymboles. De Thomme en man-
tean qui eft place á coré de Tantre , il en fait ou
Homére chantanr fes vers, ou Linus, ou Lycur-
gue j, ou Binethus , Chius , ou Orphée , ou un
jnagiftrat de ThébeSj ou Pihftrate , felón HeiníiuSj
ou Pitracus, felón 31. Spanheim. Dans Tétage
d’er.-bas j on vok Homére aiTis, ayant á fes córés
riliade & rOdyíTée, fes filies, 8¿ á fes pieds fa
Barrachomyoanachie , défiginée par des rats qui
rongenr un parchemin. Derriére lui font leTems
&i‘Harmome, qui luí metteat une couronne fur
la tere. Devant lui , on voit un autel , avec un
boeuf donr le col eíl d’une forme exrraordinasre ;
á coré de cet autel, font la Fable & i’Hiftoire,
fuivies de la Poéíie, de la Tragédie, de la Come-
die, de la Nature, de la Verru, de la Mémoire,
de la Foi & de la SageíTe.
III. Spanheim ne s'eft attaché qu’a la figure de
i’homme en manteau , & á ce qui Faccompagne.
II le prend pour un philofophe grec , á caufe de
fon habillement; & parce que le fculpteur qui a
fair ce beau monument étoit de Priéne , il pretend
que c’eít le philofophe Bias , Fornement de cette
vilie , quhl a repréfenré ici. II rapporte les flatn-
beaux, qu’Il trouve aux deux cotes de ce philo-
fophe , á la coutume des anciens d’en avoir dans
leurs temples : mais pour la lertre tautique , ou la
croix á anfe , attachée á la tete de ce philofophe ,
& qui touche á la machine fphérique qui eft der-
riére lui , il avoue ingénuemeiit qif il en ignore la
figniScation. II fe fouvient bien du trépied d’or
qui fut porté á Bias ; mais il ne trouve pas que
cette figure reíTemble á un trépied , qui , d’aü-
leurs , eft toujours placé aux pieds, & jamais á
la tete , dans Ies anciens monumens. li demande
enfin li cette machine, quelle quelle puiíTe étre,
ne pourroit pas íe rapporter au beau mot de Bias :
omnia mecum porto ? Demande qui paroít aíTez
extraordinaire.
IV. ?\icolas Heinfiiis, de meme que Spanheim ,
n’a expliqué que deu.x endrcits de ce marbre. II
prend Fhomme en manteau pqur Piíiítrate , le
compilateur des (Euvres d’Homére; ce cui paroít
donteux á M. Cuper, á caufe de la figure égyp-
tienne qui eft fur la tete de cet homme : il prend
pour des fymboles d’ApolIon Farc & le carquois ,
auíE-bien que la lyre qu’on voit fous l'antre ; ce
que M. Schott, dont nous par'erons plus bas,
trouve íi bien renconrré , cu’ü ne doute point oue
li iíemlias eíir noulTé plus loia cette premiére dé-
couverte , ii n"eút enfin donné Fentiére explica-
tion de ce beau monument.
\ . Gronovias croic que Fhomme en manteau
eft un faypt égyptien ;'ce qu il recueille da ca-
raciére hiéroglyphique qa’il croit voir derriére lui
& fur fa rete 5 Se par cette raifon , il ne doute
PP;.nt. cus ce ne foic le nrécepteur d’Homére, qui
tfétort pas moins inftruir dans la .'cience des Eg}'p-
tiens que cans celie des Grecs. II pafi'e enfuite a la
^ Tome /.
figure qui appuie fa .main gauche fur une pierre a
Fentrée de Fantre, Se qui tient de la droite un
rouleau de papier ; il la prend fans diíEcuIté pour
Homére encore jeune , fortant de Fécole de fon
maitre égyptien. Le volume que cette figure tient,
& fon vifage jeune & beau , que 3Í. Gronovius
trouve aífez reíTemblant au portrait d’Homérc
aíiis au haut da marbre , luí fervent de fondement.
Mous n’avons rien á dire fur la preuve quil'fire
de ce volume ; car nous ne favor.s pas bien en quoi
il peut déíigner ici Homére ; mais quant á celie
qifii tire de la reíTembíance entre ces deux figures,
elle eft aíTurément tóate nouvelle & touts íingii-
liére; Se Fon ne fauroit nier fans injuftice , qú’elle
ne foit due toute entiére á la pénétration de Gro-
novius. L’autre figure qui eft fous Fantre , & qui
joue de la lyre, lui fetnble étre une de ces fem.mes
favantes du vieux tetas , des lumiéres de laqiielle
Homére auroit parriculiérement profité en com-
pofant fes ouvragesj il doute cependant íi c’eft
Daphné ou la Sybilie, filie de Tirélias, ou Héléne
pu la Fantaiíie, íemme qui a voit écrit YHiftoire
de Troye long-tems avant Homére. II croit, avec
Cuper Se Wetítein , que ce qu’on voit aux pieds
de ces deux figures eft le chapean d’Llyfte 5 mais ü
obferve de plus une chofe bien remarquabíe, á
iaquelle ces MM. if ont pas pris garde : c’eít qu’il
y a ui! ruban pofé fur ce chapeau. Se que ce ruban
eft la ceinture d’LIyíle. Si Fon ofoit hafarder quel-
ques conjeéiures dans u.ne matiére auffi impor-
tante que ceile ci, ne pourroit on pas dire, fans
chercher tant de myftéres, que ce ruban n’eft
atiere chofe que Fattache du carquois pofée fur le
chapeau Mais cela feroit peut-étre trop limpie ,
Se ne coúteroit pas aíTex á Fimagination.
VI. L’expHcation de M. Wetftein ne différc
prefqu’en rien de ceile de M. Cuper. Il prend
Fhomme en manteau pour Homére, rangé parmi
les Muíes apres fa confécrauon ; il prend pour
Flliade Se FOdyíTée , les deux figures qui font
fous Fantre ; Se il croit que c^ft un chapeau qui
foi’.rient Farc Se le carquois dépeints ds.ns cette
antre.
VIL M. Schott, confeiiler, bibiiothécar.e Se
antiquaire du roi de PraíTe, a propofé une^expli-
cation de ce célebre monument, á laqueile nous
nous arréterons un peu plus long-tems ; ii la div.fe
en quatre partiess favoir, I, en remarques prcT mi-
natrás ; lí , en explication du. rrMrhre en dttail ;
IIÍ, en éclaircijfemens fur quelques endrozts , Se
IV enfin, en obfervutions partlcuueres.
I. Les obfervatioíis préliminaires roulent fur
cinq endroits de ce marbre.
f. Le premier eft Fantre, Se ce qu’il rentarme;
31. Schott trouve la , non-feulement les Gmboies
d’Apoíloñ, dans Farc , le carquojs & la Ivre, mais
il y trouve encore Apollon Im-méme , tenan: d’une
main la Ivre Se de Fáutre le pieCíre. 11 croir.que ce
que Cuper Se 3Vsífíein prennent pour le chapean ,
eft une cortine, iniírumeut áu te.mple deDelphes,
dont ón dónhera Téiíplicatioñ dans la fuke; Scii
regarde comme !a pythie ou la prétreíTe de ce
temple , la figure que Cuper & Wetftein prennent
pour rOdyflee j & Gronovius pour Homére en-
cere jeune. Touc cela paroít clair de foi-mésne a
Tauteur mais il ne laiffe pas á'en promettre de
bonnes preuves.
z. Le fecond eñ la montagnc que repréfente le
haut de ce rnarbre. L’auteur prétend , avec le
P. Kircher & N. Heinfius ^ que c’eft le mont Par-
naíTcj centre Pavis de Cuper & de Gronovius,
qui veulent que ce foit le mont Olympe. II re-
connoit que ¡e Parnaffe avoit deux íbmmets, &
qu'on n'en voit qukin ici; mais outre que l'ouvrier
a pu fe contentor d’un de ces fommets pour fon
ceífin , & qu ii a bien fait connoítre par un che-
min tracé au-deíTus de l’antre, quil y en avoit
¿eux j cet antre decide nettement la chofe 5 car
aucun auteur ancien n’a parlé d’un pareil antre fur
■l'Olympe, au lien que celui du Parnaífe, appelé
Coryeium par les anciens , étoit trés-connu. On
prouve cela par un paffage du dixiéme livre de
Paufanias, qu’on peut voir dans l'auteur tnéme.
3 . Le troifiéme eft la figure appuyée de la main
gauche a Tentrée de Pantre. M. Schott croit que
c’eft la pythie ou la prétreíTe dbA pellón, & non
pas la Sybille,' que les favans confondent fouvent
trés-maí-a-propos avec elle. Selon la remarque
judicieufe de M. Petit , dont on rapporte un beau
paíTage , ce!le-ci pouvoit prédire en tout tems &
en tous lieux, aii lieu que ceíle-lá ne le pouvoit
que lorfqu’étant fur le trépied , elle recevoit Tinf-
piration divine dans le temple.
4. Le quatriéme eft le vieiilard repréfente au
haut de la montagne. M. Schott rejette le fenti-
ment de ceux qui le prennent potir Homére, parce
qu’il ne fauroit sfimaginer que fouvrier eút expri-
me fur un feul monumeht deux aipothéofes d'une
méme perfonne. II ptend done ce vieiilard pour
Júpiter. Eneffetjfa contenance, fonhabülement,
fa pique ou fon íceptre , & ptincipalement fon
aigle, font autant de marques certaines qui dé-
pofent en fa faveur. M. AdiíTon, qui avoit mis
un foudre á la mam de cette figure, n’avoit pas
bien exam.iné ce moniiment. Ln femblable fym-
bole ne convenoit point ici , oú Júpiter n"eft pas
place pour punir le crime, mais pour récompenfer
le mérite & la vertu-
5. Le cinquiéme enfin , eft Fhomme en man-
tean , qui a tant embarraffé les interpretes. L^’au-
teur , e.nrrainé par Tautorité du P. Kircher , de
mérne que prefque tous les favans avoit d'abord
cru que c'étoit un prétre; mais aprés avoir confi-
déré la chofe plus attentivement , il s’eft rangé á
Topinion de Spanheim , qui prend cette figure
pour le philofophe Bias , Thonneur de la ville de
Priene, patrie de l'ouvrier. It s'en éloigne cepen-
dant en ceci ; c’eft qu'il ne regarde point ce mor-
ceau comme une figure qui faíTe partie de I’u/o-
tkéofe, mais fimplement comme une ftatue pofée 1
A P Ó
fur ce rnonnment par l'ouvrier, pour honorerfa
patrie. Contre le fentiment de tous les auteurs
qui ont expliqué ce monument, il ne reconnoit
autre chofe qu un trépied dans tout ce qui eft
repréfenté derriére ,& au-deffus de la tete de ce
philofophe 5 il ne concoit rien de mieax imaginé
que cela pour caraétérifer Bias, á qui les autres
fages de la Gréce envoyérent, comme au plus
fage , le trépied d’or, que des pécheurs loniens
avoient trouvé j & il doute fi pea que cette ñame
foit celle de ce philofophe , qu’il afíure que la
poftérité doit étre Fort redevable au fcuípteur
Archelaüs , de lui avoir confervé la figure & le
portrair de ce grand homme , qui lui manquoit,
& que les curieux avoient vainement cherché juf-
qu'ici avec beaucoup de foin. C’eñ dommage qu'on
foit obügé de perdre une efpérance auífi flatteuíe
que celle-lá , prefqu’auftitót qu'on l'a conque , &
que l'auteur ait été contraint de la détruire lui-
méme par la nouvelle opinión qu'il a embraffée,
touchant cette figure, vers la fin de foa ouvrage.
II. Aprés ces préliminaires, M. Schott vient a
l’explication du rnarbre fuivant i'idée qu'il s'en eft
faite , & qui , comme i! en eft perfuadé , eft celle
dé l'ouvrier méme. Selon lui , cet ouvrier ? eft
conduit par-tout en artille habile, ingénieux 8c
de trés-bon goút. II ne s'eíl point bomé á la feule
circonftance de V apotkéofe d'Homere , mass il a
fait entrer aufli dans fon deffin ce qui a précédé
cette cérémonie. Pour cet effet, il a repréfenté
une efpéce de négociation entre Apollen , Júpiter
& Ies Mufes pour la déification d’Homére; & it
a partagé fon ouvrage en trois aóles différenSjque
nous examinerons Tun aprés l'autre.
1. Dans le premier, qui eft au milieu du mar-
bre , Clio & Üranie , í'une reconnoiííable á fa
lyre , & l'autre á fon globe, s'entretiennent da
mérke d'Homére , & de la jiiílice qu’il y auroit
de le mettre au nombre 4^ dieux. Calliope , apres
avoir propofé l’affaire á'^pollon , qui eñ á l^cn-
trée de l’antre , en attend une réponfe favoranle,
& femble en recevoir l’acle de confentement dans
un roulea'u que lai préfente la pythie qui eft a cote
d'Apollon.
2. Dans le fecond , qui eft en-haut du rnarbre,
Polymnie, députée par fes compagnes, propofe
la chofe á Júpiter, Se recoit fon confentement,
qu’Erato , qui eft á cóté d’elle, apprend avec de
fi grands tranfports de joie , qu’elle en hmstofa-
ber fa lyre, & qu’elle fe met á danfer & fauter
d’une maniere extraordinaire. L’auteur eft furpris
que le P. Kircher ait trouvé dans cette figure ^
pofture dhne perfonne qui fupplie Júpiter avec
une vénération profonde. On voit enfuñe Euter^
qui tient deux fiambeaux, felón le P-
quelques aúnes, ou felón .M. Schott, deu^nutes,
dont elle eft I’inventrice. Aprés elle vient 1
chore , qui tient une cyrhVre. L auteur elt ^ i-
fáché qu’elfe foit mal deffinée par le eopifte^» c
un deííin exaél de cet endroit da rnarbre ,
A P o
lí'un gfand íecours pour établir la ditférence entre
la lyre & la cythare anciennes ^ qu’on n’a pas
encore aílez bien expüquées. Cecre Mufe fait
íigne aux deux precedentes de ne point inter-
rompre, par leurs mouvemensy les louanges du
nouyeau dieu, ou les adiions de grace á Júpiter ,
que chantent deja Melpoméne & Thalie. Selon
Cuper toutes les Mufes chantent j mais felón
Tauteur j ii n’y a que ces deux derniéres qiii le
faíTent, &-rriéme leur a<9;ion lui paroit dépeinte
ü naívement, qu'il lui femble Ies entendre.
3. Dans le troiíiéme enfin, on trouve l’apo-
thJofe d'Homere. Cette cérémonie fe paíTe dans un
temple , dont le dedans eft orné d'une íapiiTerie.
Cela fe pcouve par des colonnes placées á dif-
tances egales. Gronovius a tort de n’étre pas de cet
avis._ Homére , comme le principal perfonnage de
Ja ptece , y paroit d’une taille plus grande que
l ordinaire , & plus conforme á fon nouvel état
de dieu. II eft aílls devant un autel , au bas duquel
on voit deux lettres qui, felón I’auteur, doivent
étre deux AA fur foriginal , & qui lignifient fans
doute le nom de rouvrier , ApKtXaos
Pas un des interpretes de ce marbre n’a pris garde
a ces lettres. La Terre Se leTems
cpuronnent Homére , pour marquer qu’en tout
lieu , qu'en tout tems , fon mérite fera reconnu.
L’IIiade Se rOdyíTée (iaí«í) (OsV^ía) , les deux
grands ouvrages de ce nouveau dieu, foutiennent
fon fiége. Quelques volumes que Ies rats rongent,
lui^fervent de m.arche-pied. La plupart des inter-
pretes croient que ces petits animaux délignent la
Batra-ckomyomackie d'Homere; Wetftein Se Kufter
en doutent li peu, qu'ils les prennent pour une
preuve certaine que ce poéme appartient vérita-
blement á Homére. M. G ronovius refute fort bien
ce fentiment. Se foutient, avec raifon, que fi
q avoit été 1 intention de rouvrier, ii n’auroit pas
manqué de placer une grenouille entre ces fouris ;
mais lorfqu'il avance que ces rats ou fouris re-
gardent ici Apollon-Sminth&us , fa conjeílure eft
encore moins fondée que celles qu'il refute. L^au-
teur veut que cás petits animaux foient m hean
fymbole des envieux de ce grand homme , Se particu-
iierement de Zoile , qui , pour avoir ofé écrire
contre ce poete , fut furnommé rLomeromaftix.
Le parterre du temple eft rempli de plujíeurs gentes
des heaux arts & des fciences, qni fe difpofent á
^ire un facrifice au nouveau dieu. Le jeune facri-
ficateur pret a faire des libations , mais particulié-
rement le taureau qifon offroit ordinairement á
Júpiter , marquent que ce facrifice ne doit pas
ctre moins folemnel que ceux ou'on avoit cou-
tume de faire á l'honneur de la divinité fupréme.
ajoute que ce feroit vouloir entreprendre
a ecrire C lliaie apr'es Homere , _ que de vouloir
eUaircir plus amplemtnt cet enaroií^du marbre
t^f t-es le favant & l’ilUflre Cuper, quz y fatísfait
c une maniire ampie & folide ¡ & il fe contente de
teire deux remarques ; la premiére fur le mot
A P O
243
MNHMH , quí défigne une des figures de ce troi-
íieme adfe. M. Cuper prétend que ce moc fignifie
ici 1 hiítoire; mais I'auteur remarque que rhiifoire
eft deja exprim.ee á deux pas de lá, par une auti e
figure. Se méme par le mot iXToPiA. Í1 rejette avec
pifonjee íentiment. Se croit qu'il faut entendre
ici la tradition ; ce qu'il appuie de divers rai-
fonnemens aílez probables. L'autre remarque elf
lur 1 inftrument que tient la figure repréfencant
1 íliade. 11 a une forme finguliére , dont les inter-
prétes ont peine á rendre raifon. lis ne s'accordenc
nullement entr'eux fur ce fujer. Fabretti, Wetftei.n
& Adiflbn le prennent pour une épée ; le P. Kir-
cher pour une épée dont la pointe eft tournée
en croiíTant : Cuper Se Gronovius pour une épée
dSns un foureau fait en demi-!une; fur quoi l'au-
teur remarque que, fuppofé que cela foit, une
épee nue conviendroit beaucoup mieux á un fujet
de guerre comme celui de l'lliade, qu'Une épée
dans le foureau , qui eft un figne de paix 8c de
clémence. M. Schottenfin, prétend que c'eft une
hache á deux tranchans , appelée par les anciens
bipennis , ■¡tsXix.as , , Séc. ce qu'il appuic de
1 autorite de divers palTages des anciens , de la
conformité qu’il trouve entre cet inftrument & la
bipennis , dépeintes fur plufieurs médailles antí-
ques j Se enfin du témoignage de Spanheim , quí
a mis ^de fa main á la marge de fon exemplaire de
1 apotneofe d Hombre de Cuper, que ce que celui-cí
appelle gladius , lui paroit une bipennis.
Telle efti'explication particuliére que M. Schott
a faite de ce marbre ; & I’on ne faurok nier que ce
ne fut une des plus ingénieafes Se des mieux ap-
puyee? de toutes celles qu'on en avoir données. Une
nbofe nous y fait quelque peine , néanraoins ,
s il nous eft permis de le dire : c’eft une efpéce de
renverfement d'ordre natural que nous croyons
trouver j en ce qu’ü établit fon premier acre dans
1 etage du milieu, qu'il monte enfuire á I’étage^
d'en-haut pour y placer fo» fecond; qu'il redef-
cend aprés cela á l’étage d'ea bas pour y faire
pafíér fon troiíiéme ; 8c qu'ainíi ces actes qui onc
une liaifon naturelle Se néceíTaire entr'eux , fe
trouvent féparés Se éloignés les uns des autres.
Ne feroit-il pas plus naturel de placer le premier
aífe dans l’étage d'en-haut, ou Júpiter ayant
conqu lui feul le deíTein de naertre Homére aa
rang des dieux , en donneroit l'ordre á Polymnie
Se aux autres Mufes ; le fecond étage dans le mi-
lieu , oú une partie des Mufes en conféreroit av'ec
Apollen ; Se le troiíiéme adíe enfin , dans I'étage
d'en-bas , ou l'on exécuteroit cet oxlre de Jupir
ter ? II nous femble que cela ne feroit que plus
propre á relever la gloire d'Homere, plus digne
de 1 exadfitude d’.4rchelaüs , Se enfin plus con-
forme á l’ordre naturel , qu'un auíll habiie homme
que lui n’a point dú négliger.
III. M. Schott paíTe enfuite á 1‘éclaircijement
fur quelques endroits de ce marbre.
i. Le premier regarde J'Apollon oai eft feus
H h ij
Í’aníre; Tautcur convient de bonne foi que fon
habilleir.entj fon air^ le tour de fon vifagC:, que
tout enfin j convient tnoins á ce dieu quá une
femme ; mais ü ajoute que cela ne devoit point
empécher Íes interpretes de ce marbre d’y recon-
noítre Apollen ^ puifqu’iis ne pouvoient paS*igno-
rer que ce dieu ne fbit repréfenté de méme en
bien des endroits. I¡ en donne pour preuve quatre
médaillcs du cabinet roya! de PruíTe ; & il trouve
cette preuve d'autant plus décifive , que les noms
qui fe trouvent joints aux figures, ne laiíTent abfo-
lumeat aucun lieu de douter lá-deíTus. A cette
occafion , il rapporte quelques mépníés de divers
antiquaires, touchant ApoIIon en feinme, & entre
autres une de Cuper , fur une médaille de Domi-
tien , Se une de Speriing , fur une médaille efe
Tranquilline, 'femme de Gordien. II ne néglige
point les autorités des anciens qui peuvent fervir
á appuye'r fon fentiment toucaant rhabillement
Qu’ii attribue á Apollon , & pour réfuter Tobjec-
ticn fuivante ; que quoiqii Apollon fát jeun.e, beau.
& kahillé en filie , il ne laiffoit pas d‘itre komme au
fond, au. lieu que cette figure avoit un fein rempli ,
& une gorge élevée comme une filie ¡ il repond trois
chofes : i°. qui! faudroit bien examiner fur le
marbre ñ ía figure y a la gorge auíTi élevée que
dans le deííinj 2°. que cela peut s’exciifer fur ce
que ks anciens ont donné les deux fexes á leurs
ííivinités ; & 5°. que les figures d'ApolIon en
femme fur Ies médailles_, ifont pas moins de
gorge que la figure du monument.
2°. Le fecond roule fur la cortine qui eft au
milieu de Fantre, & que Cuper, Gronovius &
Watítein prennent pour un chapean , & ‘méme
pour le chapeau á'Ülyffe. Ai. Schott ne fauroit le
eroire, & il fe fonde particaliéremeat fur ce qu’il
ny a nuile proportion entre ce prétendu chapeau
& les tetes de ce monument , §c fur ce qu’Arche-
laüs, de Fhabileté duque! ce marbre eft une fi
bonne preuve, n’auacdt pas pu commettre une
bévue íi groínére. Il ne veut pas non plus que ce
foií une figure raife la par hafará, bu pour fervdr
á;r¡plement de foutien a Farc & au carquors. II
veut que ce fok quelque chofe qui ait rapport á
Apollen , & il ne trouve ríen qui y convrenne
Hiieux que ce que les Latins appeioient cortina.
Se Ies Grecs Cétoit, dít Fauteur, une efipece
de. vaiffeaií creux ou eoncave en dedans & tonvexe
en. dshors , fiemblable a une coquille d’ceuf coupée
par le milieu m travers ou comme un ckauderon
renverfé , qui fiervoit ordinairemenl de couvercle au
trépied £ Ápallon d^ou ce dieu a été appelé Cor-.
Anipotens. Peu.dé favans ont fu ce que cétoit,.
&onFa afíez fouvent confonduavec ce trépied ,
dontellen’étoit qu’une partié on donne ici divers
exemples de ces méprifes.
Pour faire concevoif nettement ce que c-etoit
que cette cortine. Se pour éclairesr ce qkon dirá
dans la faite du trépied & de fon ufage , nous
avoos cru. que nous íerions bien. «Fea donaet ici
une petite deferiotion prife de ce que Fauteur e»
a répandu en différens endroits de fon ouvrage.
Le trépied étoit une machine á trois pieds ou
colonnes, accompagnées chacane de fon anneau
ou anfe. Se liées enfemble par des bandes ou
traverfes qui les foutenoient. Cet inttrument , qui
a donné le nom á toute la machine , n'en étoit
proprement que le foutien. On metroit deíTus deux
bafíins d’une matiére forr déliée & fort fonore.
Se de figure demi-fphérique. Ces baífins fe met-
toient Fun fur Fautre par leur ouverrure, &: for-
moient par conféquent une concavité fphérique.
Celui de deffus s’appeloit cortina , celui de deífous
cráter., & ia concavité qu ils formoient yk<n-^ ou
yíiT^a, , le- ventre ; celui de deílous étoit percé
dans le milieu. Se le trou s^appeloit umbilicus ,
nombril. On verra ci-deíToas quel étoit Fufage
de cette machine.
3°. Le troifiéme éclairciíTement concerne ce
qui eft repréfenté derriére le philofophe Bias:
Fauteur ne' fauroit aíTez s'étonner comment tant
d'aurres célebres antiquaires s’y font mépris , 8c
particuiiéi-ement le P.’ Kircher & M. Fabretti,
qui ont pu examiner ce marbre tout á loiíir á
Rome. Ii ne doute point que Fautorité du pre-
mier , qui avoit Fefprit fi rempli de figures hiéro-
glyphiques, quil en trouvoit dans tout ce qui
avoit du rapport, n’ait entrainé les autres, & ne
leur ait fait prendre cette machine pour ¡a lettre
tautique, OU une croix á anfe, accompagnée de
flambeaux. Pour lui, il voit rien autre chofe
qu^un trépied ; Se pour peu qu on examine Ies
figures du trépied fur les médailíes qu il rapporte,
il croit qu’on trouvera la chofe tout-a-fait hors
de doute.
Ce qu’on a pris juíqu^á préfent pour des nam-
beaux, n’eft autre chafe, felón lui, que les deux
pieds du devant du trépied qufil y trouve ; ce qu on
prenoit pour le piedde lalettre tautique, n eíi.que
le troifiéme pied du trépied , ce qu'on prenoit
le trait fupérieur de cette lettre , n’eft que !_a bo^
dure du baífin fupérieur ou cráter ; le demJ rond
qkon voit au-deffus eñ le baífia' fupeneur ou la-
cortine ; ce qkon a pris, pour Fanfe de la crorx
n'eft qu une des anfes du trépied ; & la grapAe-
figure ronde qui eñ au-deffus de la teta du pni-^
lofophe , eft íe cráter ou le baífin ip-ferieur u.
trépied , couvert de la cortine. A Foccafion de a
hauteur de ce trépied , qui s'éléve ]ufquau-de
de la tete de Bias, Fauteur remarque quil etom
bien plus haat qu on ne le dépeint ordinairement,
qu il fallok monter pouj fe mettre deffus, & *1^.°
en a la véritable hauteur dans celui du mar -
d’Arcbelaüs. II n oferoit affurer la méme cíioi^
de fa largeur , qui lui paroít- aífez mal
Se c’eft une faute qufil ne mangue pas pe fifi'"
fur le peu ¿exaftitadé du copiñe ; snais c e 1.
défauc cifiT luí reproche un ,peu trop louye >.
puifque M. Fabretti, qui a pris foin de corfterer
deffin de ce copifte avec Foriginal j & de le rs
A P o
dans fa lettre a M. !Maggliabecchi , n’a ríetl rrouvé !
á recoiicher á la plupart das endroits qua Fauteur j
ne croit pas affez exaclement deíTinés. i
IV. Les obfervatious pardculiéres roulent fur i
les fujets fuivans :
Le premier eñ Fufage du trépied , dont on n’a eu,
juiqu'á préfent, qu'une connoiíTance fort impar-
faite. Pour le bien concevoir, il íaut fe fonvenir
de la defcription que nous avons donnée ci-deíTus
de cette machine. On la placoit fur Fouverture de
Fantre d'ApolIon, dans le temple de DelpheSj &
elle fervoit non-feulement de íiége á la pythie
qui s’aíTeyoit fur la cortins ou baffin fupérieurj
mais encore de bouche á Apollon pour pronon-
cer fes oracjes : car c'étoit Apollon lui-méme ^ Se
non la pythie , qui les prononcoit. Un vent qui
fortoit de la cáveme miraculeufe j & qu on pou-
voit appeler Fhalaine ou la voix d'Apollon , s"in-
troduifüit dans le creux de cette machine , & ne
manquoit pas d’y exciter un murmure femblable
á la voix humaine ou au mugiíTement d’un boeuf ,
ou au bruit du tonnerre ^ felón la forcé du vent ,
qui étoit quelquefois íi violenta' quhl ébranloit
le temple Se la montagne ; & ce bruit étoit appa-
remment augmenté ou diminué par queique ref-
fort caché dans la concavité du trépied, & que
la pythie favoit gouverner comme elle vouloit.
Quoi qu'il en foit, il eít probable que la pythie
étoit aflife fur la cortine , non-feulement pour
empécher que la violence du vent ne Fenlevat &
ne la jetar par terre , mais afin de modifier & mé-
nager comme elle voudroit , le bruit qiFon for-
moit dans le vuide du trépied , & le faire reíTem-
bler, autant que cela fe pouvoit , aux mots qu’on
vouloit qu’Apollon pronon^át. A ce fujet, Fau-
teur penfe qu’íl n*eft pas poíTible de réíiíler de
bonne foi aux raifons par lefqueües M. Vandale
a prouvé que tout le manége des oracíes n'étoit
qu'une fourberie des prétres pour profiter de la
crédulité des peuples j & il aíTure qa' il fe troüve
fortifié dans ce fentiment depuis qu il a compris
le véritable ufage du trépied de Delphes.
Nous reconnoiíTons avec Fauteur, que le ma-
nége des oracles n'étoit, au moins le plus fouvent,
qu’une fourberie dost les prétres payens favoient
fort bien fe fervir pour entretenir la fotte crédu-
lité de leurs peuples 5 mars nous ne concevons
pas eomment un vent introduit dans le ventre
d'une machi.ne de cuivre, pouvok non-feulement
imiter le mugiíTetnenc d'un ba;uf & le bruit du I
tonnerre , mais auífi articuler des paroles que Fon j
prit pour des oracles d'Apolíon : nous nignorons ;
pas que la pythie ou des prétres prépofás pour I
cela ^ répétoient enfuite ces oracles; & c'efí ce !
qui fait nctre dirficuké. D’aiileurs , s’il eít vrai , ‘
comme le prétend Fauteur , que ce fok la le veri- !
lable ufage que Fon faifoit da trépied , il faut i
1 avouer de bonne foí , cV-tc^t un artífice aííez
groífiéreme.nt inventé. Le ruyau de plomo avec
lequei S. Luc épouvaata ü iorr. Heñri ilí, eu-
A P O 245
Kiéme, íi Fon vent, la tete parlante queD. Quixotte
confulta á Barcelone , font incomparableme.nt
mieux imagines. Les paroles qui en fcrtoierit s'’eii-
tendoient au moins fort diñinctement, & Fon
n^avojt befoin de perfonne pour les répéter une
feconde fois Se les interpréter.
2. Le fecond regarde les engañrimy thes , tou-
chant lefquels Fauteur a une nouveüe conjeture ,
par le moyen de laquelle il efpére pouvoir dé-
brouiUer les difpiites & Ies embarras des favans
fur ce fujet. On convient en général que c'étoient
des parleurs du ventre qui fe meloient de prédire
Favenir ; mais on, ne fait ni quedes perfonnes fai-
foient ce métier , ni eomment elles le faifoient :
la plupart croient que ces gens avoient la faculté
de parier du ventre , ou de former des paroles qui
fembloient fortir de leur ventre , ou méme de,
queiqu’endroit éloigné ; ce que í'on confirme par
quelques exemples modernes rapportés par Bro-
deau , Dickinfon , Ailatius & quelques aa^s.
L’auteur tejerte cette Opinión , fur ce qu’cn ne
lit point que Íes anciens eiiíTent de mérhode pour
enfeigner cet artifice á d’aiitres. Mais cette raifen
ire nous paroit pas. cohvaincante. A.-r-on tenu re-
giírre de toutes les fubtilités & de tous les artí-
fices dont fe font fervls les anciens? Y avoit-ii
chez eux des écoles publiques pour les y aller
apprendre ? Et combien pratique-t-on de chofes
aujourd’huij dont on nécrit rien , Se dont par
conféquent on ne trouve aucun veíHge dans les
écrits publics ? D^ailleurs , il ne nous paroit pas
que le paíTage de Plutarque, qu'on rapporte ici,
faíTe rien á ¡a chofe. íl dit quhV ejí puériU & ridi-
Ciile de croire que Dieii entre dans le corps des engsf-
trimytkes & parle par leur bouche. II neñ point
queíliori ici de gens qui cruíTent cela, mais de
gens qui cro_yoient qu’on pouvoit parier du ventre j
& que quelques perfonnes qui avoient ce fecret ,
faifoient accroire fubtiiement aux autres que c’é-
toit quelque dieu qui parloit intérieurement en
eux. Hermolaüs Barbarus & Gérard-Jean Voíiius
ont cru que les engaílrimt'thes étoient des .gens
qui prédifoient Favenir par le moven de certains
vers nommés. ras-f¡2i ; Se en cela, ils ontaporoche
de la vérité , dont ils Mont cependant donné au-
cu.ne preuve. L’auteur efpére erre plus heureux.
Comme le creux du trépied s'appeloit 8c
que wéís- fignine quelquefois difeours , il croit que
par engañrimvthes,. on doit enrendre des inter-
pretes d’.A.polIon , cades hommes- qui récitoient.
ou expliquoient plus clairement ce qui- avoit été
dit par le ventre du trépied d’une maniere con-
fufe. C’étoient, au commencement, des femmes,.
8c ¡a pythie étoit engañrimythe. née, fi Fon peiit
parier ainfi. Vandale a nié qu'eli'e ait pa remplir
ce -re fonciion, á cauie des cris afifeux queile
faifoit. étsnt aiiife fur le trépied; Be il eñ ici ré-
faté. On hiirépond que cette fureur étoit feinte,;
& cus, fuppofé qu’eile ne le fue pas, la pvthie
R’inrerprétoit Foracle quaprés que fon agita tioi®
A P O
étoir paíTée Se le bruir du vent ceííe. Daas la
fuite, lorfque le temple fut plus richej & que
Toracle fut devenu plus célebre j on prit des
hommes pour remplir ce miniftere ; & cela , tant
pour foulager les pythies^ qui étoient trop em-
ployéeSj que parce qu^elles ne retenoient pas aífez
bien les réponfes de Toracle qu’elles devoient ré-
citer en vers^ & quelles donnoient lieu par-lá
aux gens d’efprit d'en faite des railleries qui ne
pouvoient tourner qu’au défavantage de l’oracie.
3. Le troiíiéme fujet eft Thomme en mantean.
A l'occafion des engaílrimythes ddnt Tauteur a
parlé dans l obfervation precedente , il lui femble
que cet homme en mantean en pourroit bien étre
un. Son habit nV eft pas contraire ^ puifqucj felón
Strabon & Plutarque , c’étoient des poetes qui
faifoient cette fonclion ^ & que celui-ci eft ente-
loppé de fon manteau j cotnme on dépeint ordi-
nair^ent Ies poetes. Le papier roulé qu il tient
y convient auíTÍ fort bien ^ puifqu ils étoient obügés
de rendre les réponfes de Foracle en vers ; cette
Gonjeíliire parq^t íi heureufe 8c lí bien fondée á
Lauteur j quftl ne fait point difEcuké de changer
d'opinion touchant cette figure , & de préférer
fon poete engaftrimythe au philofophe Bias de
M. Spanheim, qu’il av'oit adopte 11 hautement
dans fon explication particuliére de ce monument.
( Cet anide efi du rédacieur du Supplément de CEn-r
cycLopédie).
On trouve dans le premier volume du rriufeum
Pio-CIémentinj publié en 1782 par M- Vifeonti,
un deíHn de Vapotkéofe d'Hcmere ^ fait fur Torigi-
cal du connétabl.e Colonne , avec une explication
nouvelle & juñe de ce fameux bas-reiief. En
voici Fabrégé : quant aux preures , elles fe trou-
veront placees á chaqué arricie des Mafes.
Cette apotkéofe eft' partagée en Quatre plans.
Júpiter, que I’aigie, le feeptre & le diadéme font
reconnoítre au premier coup-d'cnil, occape feul
le premier plan. On voit au fécond , en com-
mencant par le cote droitque dérermine le feeptre
de Jupi'er, 1°. Calliope tenant des tabletres ;
2®. dio portant un rouleau ou volume ; 5°. Thalie
gefticulant de la main droite , & tenant une lyre de
la gai'c’ne ; 4°. Eiiterpe tenant áeux flátes égales 5
5°. Melpoméne avec un voile & Ies hauts co-
íhiirnes tragiques, oubliés jufqua ce jour par
íes graveurs ; elle eft un peu élevée au-deífus du
plan ; 6". enSn Erato qui danfe. On appercoit une
lyre phcée entre Euterpe & Erato. Si on la donne
á la derniére , on s’appuyera de I’exemple des
Mafes d’fíerculanum & de celles du mufEuni Fio-
Clémer.tin. Mais íi on attribue cette lyre á Eá-
terpe , ii fiudra convenir de la noiiveauré de cet
attribut, & ¡e rapporter á finfpection fur la mu-
íique , déjá indiquee par les deux Antes.
La troiíiéme plan oíFre, 1°. au-deííous de Cal-
Lope , Therfpíicore tenant une lyre & le pleürum ;
2°. Urarie avec fon globe; 3°. Polymuie, déeíl'e
ée la Mémoire , snyeloppée d’un grand mantean j
A P O
4». fur la méme ligne Fantre de Corícic, qui
donna fon nom aux Mufes, & dans lequel parbir
Apollen Mufagéte ou joueur de lyre , appelé i
Borne Aéliaque ou Palatin, ayant á fes pieds la
cortine de Delphes, un are & un carquois. La
pythie eft avec lui dans lantre de Coricie, &
elle tient un plat ou une coupe qu elle lui pré-
fente. Peut-étre eft-elle Phémonoé , qui inventa le
vers hexamétre. Hors de Lantre & fur la méme
ligne , on voit une figure adoífée á un grand tré-
pied , 8e élevée fur un focle. M. Vifeonti la prend
pour Olénus de Lycie , fondateur de Loracle de
Delphes , & qui chanta le premier des vers hexa-
métres.
Des tapiíTeries ornent le quatriéme plan figuré
enportique. Homére OMHros, affis fur un troné
recevant des facrifices, & couronné par IXnivers ,
fixe d’abord les regards. Une femme coéffée de
tours repréfente IXnivers, OIKOTmenh. Auprés
d’elle eft placé le Tems ailé , XPONOS, tenant
le rouleau des vers d'Homére , qu’il conferve avec
foin. LX’nivers & le Tems oceupent la droire du
quatriéme plan & le derriére du troné. Aux deux
cótés du troné font fculptées la belHqneufelliade,
lAlAS, tenant une épée, & lavoyageu/e OdyíTée,'
OAYSXEIA j qui tient un apluftre de navire. On
voit des rats au bas du troné , pour faite allulion
au poeme attribué á Homére , appelée la Batra-
comiomachie , OU , felón d'autres , aux critiques
d’Homére. Devant le poete eft élevé un autel
orné de teres de boeufs & de feñons. Se íur la
plinte duquel font gravés deux AA , ou plutót
AA ,31, nombre par lequel le fcnlpteur avoit
défigné cette patrie de fon ceuvre, ou i’antique
SíTeíTeur du bas-relief , ce morceau de fa col-
;tion de marbres, A cote de Laurel eft le boeuf
qui doit fervir de victime j & entre le poete &
Lautel paroít un petit garqon avec un vafe de
facrifice & la patére. II repréfente la Pable ,
AíTeos , dont le genre eft mafeulin dans la langue
grecque.
. Sur le méme plan & a la gauche de Laurel ,
on voit, 1°. LHiftoire, istopia, tenant un rou-
leau j 2° Ja Poéíie, noiHSlS, élevant deux flam-
befiux pour le facrifice; 3°. laTra'gédie, tpaeo-
AiA , ayant un voile íur la tete avec les hauts
cothurnes & levant une main ; 4°. la Comédie ,
KílMQAiA , élevant auífi la main droite; f°. enfin
un grouppe de cinq figures que'nous alíoas dé-
crire féparément.
L’enfaiUt , premiére figure du grouppe , eft le
fymbole de la Nature, OYSIS; la feconde eft ja
Vertu , APETH , qui eléve la main droite ; i3,
troiCém.e repréfente la Mémoire , MNHMH , qa*
paroít concentrée en elle-mcme. On reconnoit
la quatriéme figure pour la Fidélité , niZTiZ ,
au doigt qu’elle porte á fa bouche , & au rouleaii
d’aóles qu’elle tient de la main gauche. La Sagefie,
rO'í'lA, eft la cinquiéme figure du grouppe : efe
eft Yoilée, & porte fa maia ver? fon s^ntoar
A P o
attituda qui caraftérife les phílofophes fur Ies
anciens monumens.
Reinold (Jtiift. lltt. Gr. & Lat. p. 79.) dit que
Y apothéofe d‘Homere a etc faite entre la 72° & la
90^ olympiade , & il tire cette concluíion de la
maniere dont eft écrit le nom grec du Tems. Si
cette obfervation étoit exañe , le bas-relief du
connétable Colonne feroit un des plus anciens
monumens de Tantiquité j & dateroit du tems
du haut fiyie. Mais elle eft fondée que fur la
maniere fautive dont eft écrit le mot xroNOS
fur le deífm qu’i! avoit entre les mains. Tous ceux
qui ont diíferté fur cette apotkéofe , ont erré par
la méme raifon. Les figures qui compofent ce
bas-relief n^ont pas huit pouces francois de hau-
teur 5 de maniere que des deflinateurs négligens
ou peu inftruits ont omis des details trés-nécef-
faires pour rexplication d'objets auffi petits. Cette
ínfidélité des deíiins a caufé toutes les méprifes
des favans qui ont voulu expliquer Y apotkéofe
d‘Homére fans avoir vu le marbre. La iMufe tra-
gique^ par exemple , qui porte* pour infcription
le mol Tragédie , eft repréfentée fur le defl'm en
vieille femme^ chauífée comme les autres figures j
tandis que fur le marbre elle eft jeiinCj belle & mon-
tee fur de hauts cothurnes. On n°a pu voir fur ces
deíTins infideles le rouleau place fous le ííége
d'Homére , & rongé par deux fouris ; & par con-
féquent on n’y a pas reconnu un écrit roulé ,
qui rend encore plus clafte fimage fymbolique
de la Batrachomiomachie.
Winkelmann a relevé dans fes Monumens de
rAntiquité , quelques méprifes des favans qui ont
voulu expliquer Y apotkéofe d’Jíomére-, & fes cri-
tiques lumineufes ont fervi de flambeau á M. Vif-
contij fon eléve & fon fucceífeur, dans Texplica-
tion que nous avons rapportée. Winkelmann ájente
encore une obfervation dans fon Hiftoire de l’Art ,
fur les deux bandes qui defeendent du carquois
d' Apollen fur le couvercle du trépied (la cortine).
C^étoient des laniéres de cuir ou des courroies ^
comme nous Tapprend rhiftoire d'Ariftoméne ,
général des Meífénéens. Ce grand capitaine s’étant
écarté de fon camp fur la foi d’une tréve faite
avec les Spartiates j il tomba dans une embufeade
que lui avoient drelTée les archers Crétois^ qui
étoient á la folde des Lacédémoniens. S^étant
rendus maitres de fa perfonne, ils lui liérent les
pieds & les mains avec les courroies qui fervoient
a attacher ieurs carquois. Paufanias , l. 4^ p. 526.
U apotkéofe d’Hom'ere a été repréfentée auíii fur
un vafe^ d'argent fait en forme de mortier ^ &
trouvé á Herculanum. Ce poete immortel ^ dont
la tete eft couverte avec fon mantean , eft placé
fut un aigle & tranfporté dans les airs. A fes
•cotes , font aflifes fur des feñons deux femmes
cui ont chacune une épée coarte. Celle de la
droite porte un cafque ; fa tete eft appuyée, &
efte paroit enfevelie dans des réfiexions profondes.
Lúe de fes mains eft pofee fur fon épée. Lsfemme
A P O 247
quí eft á la gauche du poete eft coéftee avec un
boiinet pointu , tel que le porte UlylTe : d’une
main elle tient une rame , & Tautre eft placee
fur fon épée. On rcconnoit flliade & rOdyíTée
aux attrJDuts de ces deux femmes. La rame Sr le
bon.net pointu fans bords que portent encore les
manns dans le Levant, rappellent le voyage fur
mer du pére de Télémaque. Les cignes qui font
fculptés avec Ies feftons au-deíTus de la figure
dédiée^ font auífi allufion á la poéíie. Bayardi ,
dans le Catalogue raifonné des découvertes a'fler-
culanum ^ a reconnu ici, contre toute apparencC:,
Yapothéofe de Jules-Céfar. La barbe feuie de la
figure portée par Taigle ^ auroit dii , fans aurre
caraélercj lui faire éviter cette mépyfe. Sans Ja
barbe, le comre de Caylus, en publiant ce petit
monument, {Rec. d’ant.t. i , pl. p. i2i.) Tau-
roir donné pour Yapothéofe d'un empereur, parce
qu'il n’en a jugé que d’aprés un deflin oú Ton ne
Yoit uniquement que la figure affife fur Taigle.
Apotheose de Romulus. Le fénateur Buona-
roti a pubiié cette apotkéofe , que Ton voyoit dans
un diptyque des comtes de la Ghérardefca, parmi
fes Obfervations fur les vafes de verre ornes de
figures, imprimées á Florence en 1716; & le
P. de Montfaucon Fa donnée une feconde fois au
public, au tome 3" du Supplément de rAntiquité
expliquée. Cet ouvrage , fait dans les íiécles de la
décadence des arts , avoít été deftiné fans doute
pour erre donné en préfent dans les fétes Quiri-
nales^ marquées dans les Falles au 17 février, ou
en d'autres jours célebres par des courfes de
chevaux faites en Fhonneurde Quirinus, & qu’on
appeloit Qiiirini Circenfes. On voit en eífet un
quadrige de chevaux qui courent á bride abattue,
& un quadrige d’éléphans qui porte Romulus.
Au haut de ¡a premiére face du diptyque , s'oíFre
un monogramme compofé des lettres du mot
Ro-S/tuLUS. Cette face peut étre divifée en deux
plans. Celui du haut repréfente Yapothéofe de Rc-
mulus porté au ciel par Ies vents & par les tour-
billons. Des deux vents qui le foutiennent , Fun
eft ’eune & aílé ; Fautre , qui porte auili des ailes ,
a la tete dhm Satyre barbu avec des comes. Aii-
defíus de Romulus , eft repréfentée une partie du
zodiaque , furmonté de cinq dieux, dont Fun porte
la barbe & pourroit etre Júpiter. Aucun attribur
ne diñingue les quatre autres. Buonaroti foup-
qonne que ce font les plañeres, réanies au nombre
de cinq. Une figure féparée des cinq premieres
par le zodiaque , a la tete entourée d'un nimbe ,
qui la feroit reconnoítre pour le foleil Se pour la
fixiéme plañere. Peut-étre que Romulus, le Mars
des Romains, va preñare la place de la plañere
du nom de Mars, & compléter le nombre de
fept.
On voit au-deílous de Romulus, fur le fecond
plan , un de ces catafalques á plufieurs étages ,
que Fon rencontre fouvent fur íes médailles des
confécrsrions d'empereurs. Ce 9 eft pas , comme
1
le remarque íudicleufeniant Euonaroti, que Tufage
en íút établi au tems de Romiilus ; mais comme
ce diptyque n'a été í-air que dans Íes bas-liécles ,
on aura mis par ignorance dans Yapothéofe de Ro-
malusj_ce qai fe praricuoit dans ceile des etnpe-
reuis. Lorfqu'on aliumoit ces grands búchers,
on en faifoit fortir un aigle aui repréfeñtoit
]’a;rie du prince s'envolant au del. Ici deux aigles
s'échappent du catafalque ^ & prennent leur vo!
vers íes aítres. On ne fair pourauoi eiles font au
nombre de deux. Ce catafalque eft furmonté d’un
quadrige de chevaux qui trainent un jeune homme .
li étend un grand voüe au-deíTus de fa tete j pareil
á ceux de la Nuitj de f Aurore j du Matin & de
Vefper ouJe foir. L’air dejauneíTe de cette figure
feroit croire que c’efi: !e génie de Romulus-
Auprés du catafalque eít un grand char qui a
la forme d’un petit temple íoutenu par des co-
lorines d’ordre corinthien , & qui ell tiré par
quatre éléphans. Xiphilin, dans la vie de Sévére^,
dit que cet empereur voulanr célébrer les funé-
raiíles & Vapotkéofe de Pertinax ^ fon prédécef-
feur^ ordonna que fa ftatue d’or fút promenée
dans le eirque fur un char femblablement attelé.
Romulus eft affis fur le char , tenaat d’une main
la kajie puré, & de Tautre un rameau de laurier.
Les éléphans font enharnachés d’une maniere
cxtraordinaire : i!s paroiiTent couverts de la tete
julqu’aux pieds^ de bandes ou raiesqui fe croifent
& forment des lozanges. Quatre hommes les con-
duifentj montes á l’ordinaire fur leurs cois. Les
deux conduóleurs du milieu font des hommes
faits, ayant de la barbe j & ceux des extrémités
font de jeuries garpons fans barbe. Ces derniers
tiennent des iníirumens plats & ronds . qu’ils fem-
blent fake réfonner. Les conduéceurs ^ places au
milieu j portenr des croes femblables á la Aarpé
de Perfée, ou au croe dont Pluton eft armé fur
quelques médailles.
Apothéose de Jules- Céfar. On la yoit fur une
pierte gravee du tréfor de Brandebourg. Ce héros,
affis fur le globe cé'efte, tient un gouvernaii Se
une tres-grande couronne de laurier. íl femble ,
dit Julien dans les Céfars , difputer á Júpiter la
monarchie célefte.
I. Apothéose d’ Augufie. C’eft ici la plus belle
gravure antique refpeéiée parle tems. Cette agate
a un pied moins quelques lignes dans fa plus
grande haureur^ S: dix pouces dans fa plus grande
largeur ; car elle eft ovale & plus large par le
bas que par le haut. On aíTure que l’empereur
Baudoíiin ií venant demander , en 1 2.44 , da fe-
cours aux princes chrénens , & a S. Loáis en par-
ticulier , la vendit a ce picux monarque , qui la
déjtofa dans le tréfor de la Sainte- Chapelk de
París, oü elle eft encore. L’ignorance profonde-
de ces tetns la fit prendre pour une repréfer!-
tation de quelaue írait de rhiítoire des Juifs, &
03 l’appela le Ti-iomphe de Joíeph.
Ls fevant Pei-efe diíSpa fúciiement une erreur
auíTi ridícüle , Se admira ia beauté d’un taorceau
auffii précieux. ii ne fe lafibic pas de le taire
voiraux curiemt, & entr’aut-es á'friftan de Saint-
Amand. Celui-ci, qui étoit tres-veríé dans í’étude
de rantsquité, fit dans fes Commentaires hifto-
riqueSj'une affez Icngue difl'ertation fur cette
agate , dans iaqueüe il paroit avoir bien expliqué
cerraines parties, mais queiques-unes avec moins
de vraifes-abiance. Des que fon ouvrage parut,
il í’envoya á Peirefe , qui iui témoigna , dit
Saint -Amand dans pluíieurs lettres, la grande
eítime qadi en faifoit. Cepeadant , GaíTendi .affiure
dans fa .vie de Peirefe , que le fer.timent de ce
favant fur bagare de ia Saiate-C hapelle , différoic
en beaucoup de eitofes de celai de Sairit-Amand.
Ce dernier a rétate ce paiTage de Gaffendi, dans
la derniére édition de fon ouvrage , & a de nou-
veau revendiqué en fa faveur le témoignage de
Peirefe.
Álbert Rubens, fils du célebre peintre de ce
nom, qui a compofé une dilTertition fur ia meme
antique , confirme la vérité des fentimens que
GaíTendi difoit étre ceux de Peirefe. 11 ajoute que
ce favant les avoit déveioppés dans pluíieurs lettres
écrites á Paul Rubens , fon pére ; fa diiíertation
fe rapproche en pluíieurs points de Tune & de
i’autre expiieation; mais elle diífére des deux fur
beaucoup d’objets.
En 1Ó83, Jaeques le Roy pubüa á Amfterdam
une nouvelle difiertation fur íe méme fujet , réim-
primée depuis dans le Recueil de Foléni. Dans
cet ouvrage , le Roy adopte quelques parties des
explications données par Ies trois écrivams dont
nous venons de parier , & les rejette le pius lou-
vent, pour y fubftituer les fiennes.
Le P. de Montfaucon publia en 1715) , dans
fon Antíq, expliquée , un noiiveau deíün de 1 agate
de la Sainte-Chapelle , & y joignit une expiieation
qui paroit la plus vraifemblable de toutes cenes
que Ton avoit données jufques a lui , de merne
que fon deíEn eft le moins incorreét- La voici -
La gravure de cette belle agate eft divifee en tro^
plans. Sur le pius haut eft repréfentée 1 a.potkéoje
d'AiíguJie; fur le fecond , on voit i ifaére recejant
Germanicus , qui arriv'e coiivert des lauriers ue Ja
Germanie j des captifs oceupent le troifieme.
Des cinq figures qui font fur le premier plan,
aucune ne porte le méme nom dans les quame
explications mentionnées ci-deífus. Le Roy pren ^
pour le fils de Germanicus peint en Amoar, e
petit Cupidqn ailé , qui méne par la bride le cheva
Pégafe. 1
On eft encore moins d’accord fur la figure
milieu, qui porte une couronne radíale, furmon-
tée d’un voile defeendant fur les épaules , & en
.... /r — de la main gauche.^ rnltan
ftJupiter ; ce que nient avec raifon les tiOis
tient un leeptre
autres. Cnn’aiamaisvueneíFet deJup.v. ^
ré; & quoiqu’ilyait eu dqsJupirers fans bart
exemoles en font rares. C’étoient quelqu”* .jud-' - *
jiteraksfific'-*'
particuiic^®
particuliers ou locaux ; en un mot ^ i’on ne trouve'
ici aucun des lymboles propres á Júpiter. Les trois
auteurs qui ont reieré rexplicadon de Triítan ,
prétendenr que c^eít Augulie. Le P. de Montfau-
con n'y voit ríen qui puilPe le faite croire. Cecte
figure n'a aucun trait d'Augufte , qui ^ d’aiileurSj
ne porte jamais la couronne radiale. De plus,
cette figure a une robe de femme, comtne il eft
aife de le voir en la comparant avec toutes les
femmes qui font au-deíTous fur le fecond plan,
excepté Agrippine, qui eíl: vétiie d'une chiamyde ,
comme nous le verrons plus bas. II croit que c’eít
\'énus-Reine ou \ émís-Génitrice , -sMtc fon fils
Enée , qui paroít erre fur fon fein , & au coré
gauche Jules-Céfar, defcendant prétendu du fils
dlAnchife.
Au cote droit de la déeííé eft gravé Cupidon ,
foa autre fils , conduifant Pégafe , qui porte Au-
guíle couronné de laurier. Ce jeune dieu préfente
Auguíte á fa mere, pour Pallocier á toute fa fa-
ir.iile déifiée. Enée offre au méme empereur un
globe , peut-étre le globe célefte , pour lui mar-
quer qudl va régner áans le ciel comme il a régné
fur la terre. Venus paroit couronnée, & tient un
fceptre qui défigne le rang qu'elle occupe fur
roiympse avec fes enfans 8c fes defcendans. On
voit fouvent de femblables couronnes radiales fur
la tete des autres divínités , telles que Júpiter,
Jimon, Vefta, Hercule, &c.
Le P. de Montfaucon eftd’accord avecplufieurs
de ceux qui ont expliqué cette agate , fur toutes
les autres figures du premier plan. Enée porte
i'habit de fon pays , le bonnet & les chauíTes
phrygiennes. Ce ne peur étre Rome , comme l’a
cru Peirefc : jamais elle n'a été repréfentée daos
ce coftume barbare. Trillan & Rubens ont re-
cotinu , fans héfiter , le fils d’Anchife. Peirefc &
le Roy prennent , avec raifon, pour Jules-Céfar,
la figure placee derriére Enée, qui tient un bou-
clíer & porte une couronne de laurier. Cependant,
ínalgré la conformité de fes traíts avec ceux qui
diftinguent^ Céfar fur les médailles , Trillan fa
prife mal-á-propos pour Ñero Claudius Drufus ;
d autres ont voulu trouver dans la perfonne de
celui-cí, qui monte au ciel porté fur Pégafe , Ñero
Drufus ou Marcellus , d:fant que fes traits font
trop délicats & trop jeunes pour repréfenter .4u^
guñe. Mais les médailles font contraires á cette
alTertion, & elles nous offrent fouvent Auguíle
auffi jeune.
Les figures du fecond plan , qui forment un
autre tableau , font plus aifées á expliquer que
les premieres. L'empereur Libére couronné de
iamier , tenant un fceptre de la main droite , &
le Jaáton augural de l'autre main , eíl aills fur un
crone. II eíl nud jufqu'á la ceinture , & couvert
de la ceinture juíqu aux pieds , d'une égide d'oú
pendent des ferpens. Trillan feula méconnu cette
cgice. A la droite de Tibére eft aítife Livie, que
le memeTriftan a cru feul étre Antonia. Livie eft
Anciqahés , Tome I.
couronnée de laurier, & tient des pavots. Cet
atcribut de Cérés fe voit fréquemmeat fur les mé-
dailles dans la main des impératrices.
Tibére parle á Germanicus , qui fe tient debout
devant lui. II eft armé de pied-en-cap, & porte
la main fur fon cafque. Antonia , fa mere, cou-
tonnee de laurier , paífe fon bras autour du col
de ce fils viclorieux pour I’embralTer. Trillan fubf-
titue ici j fans aucun fondement , Livie á A^a-
, tonia.
Germanicus fe préfente á Fempereur aprés fon
expédition de Germanie , felón Trillan , dont la
conjeélure eft trés-vraifemblable. De-lá vient fans
doute que Tibére, qui devoit avoir Fhonneur de
fes viéloires , que Livie & qu' Antonia font cou-
ronnés de laurier. Antonia embraíTant le vain-
queur des Germains, vient á Fappui de cette con-
jeclure. Les trois autres antiquaires croient, au
contraire , que Germanicus recoit les ordres de
Tibére pour Fexpédition en Orient. Derriére ce
héros , paroit fa femme .Agrippine aíTife , portant
la chlamyde & tenant un rouleau. On voit devant
elle Caligula, fon jeune fils, armé d’une cuiraíTe,
d’un bouclier , & revétu de la chlamyde ; Germa-
nicus 8c lui portent des bottines, qui ne relíem-
blent ni á la enliga ni au campagus , mais á celles
que porte Trajan fur fa colonne.
Au cóté droit de Livie eft affis á terre , fur des
armes, un captif, coéfFé d’une mitre & chauíTé
comm.e Ies Barbares. II rmréfence l'.Arménie ré-
Quite par Tibére en la puiífiince des Romains. Le
P. de Montfaucon a pris un des boucliers fur
lequel eft affis le captif, pour un gouvernail de
vaiíléau j & il en donne une raifon bien extraois-
dmaire : 11 eft place la , dit-il , pour marquer que
c‘eft une región tranfmarine.
Quant á l’homme armé , qui , debout der-
riére Livie , tenant un trophée , regarde les figures
du premier plan , & eléve une main vers Enée , le
favant Bénédiélin croit qu’il préfente aux pierfon-
nages déifiés les trophées d’.Augufte. Trillan le
reconnoir pour Numerius Atticus , ce courtifasi
qui alTura avec ferment qu’il avoit vu Auguíle
élevé au ciel , & fur richement récompenfé par
Liv'ie de cette baíTe adulation. Mais cette opinioa
eft rejetée par les autres favans , qui le prennent
pour Drufus, fils de Tibére, portant fes propres
trophées.
La femme affife fur un fíege orné de fphinx,.
eft, felón le P. de Montfaucon, Liville, fceur
de Germanicus, femme de Drufus, fils de Tibére.
Trillan Fa prife pour Julie, femme de Tibére;
mais cutre que cette derniére princeííe avoit été
depuis long-tems chaffée &• bannie de la cour ,
elle mourut affez long-tems avant que Germanicus
revine de la Germanie.^
Les figures du troifiéme 8c dernier plan , qu’ua
bord affez large & faillant fépare des plans fupé-
rieurs, repréfentent des captifs & des provinces
conquifes.Rubensles reconaoit pour les prifonniers
ir
IJO
A P o
germainSj trainés en triomphe par Germanicus.
Le R07 ne les reconnoit point pour Germains, &
aíTare que leiirs habits & leurs armes n'appar-
tiennent pas á cette nation. 11 veut que ce foíent
■plutór Ies Arméniens & les Parthes, foumis par
Tibére ; parce qu’il étoir plus naturel d’exprimer
id Ies vidoires du principal perfonnage. Ces rai-
fons n’oFxt pas pañi concluantes au P. de Mont-
faiicon. Se: il achéve fon explication en difant
que ces captifs font des Germains.
íl= Afotkíofe d‘ Aiigufte. Quaiqu’on ne doive
pas , á la rigueiUj donner ce nom au fujet que re-
préíente la belle pierre connue fous la denomi-
na tion ^agate de t Empereur ; cependant, comme
on y voií Augufte couronné par des divinités , on
a cru luí pouvoir afllgner un rang parmi les apo-
théofes des hoinmes iüaífees. La haiireur de cetre
agate eít moindre d"un tiers que celle de Pagare
décrire plus haut , & fa largeur eft á-peu-prés
égale. Elle n’eft divifée qiPen deux pians , dont
le fecond eft occupé par ces foldats qui dreflent
des trophéeSj & quitraí'nent des barbares vaincus.
Les longues chauíTes font aiiement reconnoitre
ces captifs étrangers.
On voit fur le premier plan Augufte aíEsj tenant
k lituus. II eft á derrd-nüd^ 8c tel cue Pon repré-
fente ordinairement Júpiter. Derriére lui eft uñé
femme couronnée de créneaux , ckít-á-dire ^ Cy-
béle, qui pofe fur la tete d'Augufte une couronné
delaurier, 8c s'appuie fur Neptune, placé devant
elle. Cybéie 8c Nepttine déíignent ici la terre Se
la mer , témoins des vidloires d'Augufte.
La femme qui eft aíTife devant ces deux divi-
nités & qui tient une come d'abondance , a deux
enfans nuds auprés dklle. Riibens lui trouve les
traits df4grippiine j femme de Germánicas.
A coré d’Auguñe on voir Rome afíire.j armée
d’un cafque , d'une pique & d’iin bouclier. Qnel-
ques-uns l’ont prife pour Livie. Augufte pofe fes
pieds fur un bouclier^ & Rome fur une ciliraíTe
auprés de laquelle eft un cáfeue. Cette aíTociatíon
d'Auguíte Se de Rome ne peut étonner que ceux
qui ne connoiífent pas les temples confacrés á la
fois á i'un & á l'autre. Le capricorne j- figne favori
d’ Augufte , eft placé au-deíTus de "fa tete, & ne
laiiTe aucun doute fur le fujet de cette belle gra-
vare.
Germanicus Céfar, arm.é d’une cuiraíTe & po-r-
tant le paludament , fe tient debout auprés de
Rome; 8c plus loin, Tibére defeend d'nn char
conduit par la viéloire. Le futur fuceeffeur d'Au-
gufte eft vécü de la toge pretexte, comme Ies
rriomphateurs. II tient d''une main un feeptre ou
báton de commandeaient , 8c de Fautre un rou-
leau.
Rubens croit que cette pierre repréfente le re-
tour de Tibére aprés la guerra dTliyrie, la plus
grande &r la plus importante, dit Suétone, qui
eút été hors de rjtalie depuis íes gnerres Punr-
ques. On décerna. i Tibére , qui favoit terminée
A P O
le triomphe , 8c on donna á Germanicus les ome-
mens des triomphateurs. Mais la nouvelle de la
défaite de Varus étant arrivée a cette époque, le
triomphe fut différé, 8c Tibére entra á Rome cou-
ronné de laurier , 8c portant la toge prérexte
comme on le voit fur cette belle agate.
IIL Apotkécfe d‘ Augufte. Cuper a pubiié le deflin
d’une belle pierre gravee, avec fon explication,
mais fans nous dire á quel cabínet appartenoit un
auffi précieux morceau- Elle a , íi íe deíEn eft
fidéle j íix pólices de hauteur , fur une largeur
prefque double. Sur un char trainé par deux cen*
taures , dont Fun porte un bouclier 8c un trophte,
eft aííis un jeiine homme couroriné).de laurier ,
vétu de la toge , & tenant un íoudre de la inaia
droite. Sa main gauche eft paffée autour ¿u coi
d'une femme qui eñ aífife fur le char á fes cotes.
Elle eft voilée, &a les traits d'une femme férieufe.
Sur le méme char eíí placee une jeune Sile á la
droite du héros , avec un enfant armé d'un caique,
de la cuiraíTe , 8-c tenant un rouleau. La vicloire
volé au-déffus du héros, & le couronné. Uirvafe á
deux anfes 8c á large ouverture, {canthams) eft
renverfé auprés du char. Deux hommes morts ou
b’eíTés, coúchés a terre, font foulés aux pieds des
centaures.
Cuper , d'accord avec Graevius , a reconnii .Au-
gufte 8c Livie aflis dans le char , 8e Octavie avec
Marcellus debout á leurs cotes, ou plutot Tibére
8c Julie. On fait que les triomphateurs avoient
cootume de faire monter dans le char de triomphe
leurs jeunes enfans des deux fexes. Les centaures,
qui caraóterifent la Theílalie , déíig.nent ici
viétoires quTAugufte remporta dans cette centree
fur les meurtriers de Céfar , qiu peuvent étre ces
ennemis foulés -aux pieds des centaures,
ApothÉOSE de Germanicus. Cette apoíhlofe
fait le fujet d'une pierre gravee du roi. Eüe^í
quatre pouces de hauteur, 8c fa largeur excede la
hauteur de quelques ¡ignes. Les religieux de Samt-
Evre de Toul, qui la poíledoient depuis pres de
fepr ñecles, fous le ncm de S. Jean FEvangéiifte,
la donnérent au roi en 16S4. Les antiquaires
furent partagés á fon fujet : quelques-uns 7/^^
connoiíToient Augufte; mais ¡e plus grand norpore
y vit Germanicus ; 8c la jeuneííe du heros decida
pour ce dernier fentrment.
On ne trouve pas, á la vérité, que Geirnanicus
ait eu Ies hon-neurs de Vapotkéofe publique. y r
cependant poflible que ce petit monumsnt ait ete
fait par Fordre de Caligula , fon fils , _ou de
qu'autre de fes parens ou amis. Tache nous i
que Fon eleva á la mémoire de Germanicus, ^^e
délices des Romains , un grand nombre de ítatues
& d’autres monumens. La petiteífe de cette agate
Fa rendu facüe á dérober áux regaras du
Tibére , 8c plus propre á foulager ía douleur u
ami du héros. |
Germanicus y eft repréfente aflis fur ®
qui yole , comme ks^jempereurs deifies, i,
A P o
is Mínerve «ouvre Ta poitrine ; !e Lhuus 5c une (
come d'abondar.ce fon; dans fes mains. Le pre- j
rnier actribu: eít reiatifá fa ügniré d’augurC:, &
Tautre á fa bienfaifance. Une viífoire iecouronne,
& Taigle qui le porte tiei:c une branche de !au-
rier dans fes ferres. Le P. de 3íontfaiicon a rap-
porté ce monutnent dans fon Supplémentde FAnt.
expliquée , tora, j , p!. 59.
Apotheose ¿e CLaude. Un bas-relief d’un beau
travail repréfenre cette apatkéofe , que Nerón fit
exécuter peut-étre comme ii déiSa cet empereur,
c'eíi-á-dire , pour fe moquer de !ui , felón Pline
le ¿eune. II appartenoic aux princes Colonnes ^
ainfi que Xapotkéofe d'Homére. Le cardinal Jérótne
Colonne le fit traufporter á Madrid j & le donna
au roi Philippe iV.
On voit Pempereur Claude en buíte avec une
couronne radíale , furmontée du nimbe , porté
fur le dos d’un aigle épioyé. Cet oifeau tient une
de fes ferres fur un globe j Se Tautre fur ún foudre.
Ii eít pole fur un amas confus d^armes^, de bou-
ciiers^ de peltes, decuiraíTeSj decafques &d’épées.
Sur les cotes de ce monceau d'armes , on voit des
éperons de navire , une ancre , un chénifque. Les
bóucliers font ovales 3 hexagones Se á bords dé-
coiipés.
Le tome 9 de FAnt. expliquée en ofFre le
deffin.
Apothéose de Titus. Domitien fit, quoiqiFá
regret, la confécration ou VapothJofe de fon frére.
Elle fe voit encore aujourd'hui fculptée dans la
voute de Farc de Titus á Rome : ce qui prouve ,
contre Fopinion de quelques antiquaires, qudi ne
fut báti qa’aprés la mort de Titus. II n'y a point,
en e.íet, d'apparence que ce raodeíte empereur
ait fait repréfenter fon apothéofe de fon vivant.
Domitien aura fans doute été contraint, par les
bienféances , á élever cet are , qui eit de beaucoup
inférieur en grandenr Se en magnificence aux
autres ares qui ornent encore la viile de Rome.
L'ernpereur , vétu de la toge , eít aflis fur un
aigle épioyé , Se pofe fes mains Rir les deux ai'es.
C'eít le fond d’un tablean carré, entouré de grands
feltons foutenus aux qaatre coins par des génies-
ApOTHEOSE de Faufiine la jeune. Le P. de
Montfaucon croit la reconnoítre fur un bas-re!ief
du capitole , qufil a publié pl. 60 du y' volu.me du
Supplément de FAnt. expliquée.
. L’impératrice eít repréfentée fortant du búcher,
voilée , 8e portée , non par un aigle comme Ies
empereiirs, mais par une femme ou un génie da
fexe lérmnir!. Ce génie a des _ailes Se tient une
longue torche allumée. Barthoii l’a prife pour
piane L'íc;fe>-a ; mais on ne voit jamais des ailes
á cette divinité. Le favant Bénédiícion reconnoít
ici une victoire ; ce qui conviendroit aíTez bien á
Fauítine ; car Marc-.iuréle, fon époux, luí avok
dor.né pnbliquement la dénomination de mater
cafirorum , rrdere des arrales, qui la faifoit'parcager
en quelque forte Fhonneur des victoires ávec lui.
A P P i > I
CeluiHti , affis an bas du tablean eft témoin de
í apothéofe de la femme , ainii que le préf'et du
prétoire , debout áerriére luí , Se un perfonnage
inconnu , demi-nud Se aflis á íes pieds.
A FOT HETE, nom d’un air de ñute des
anciens.
APOTROPÉENS , dieux qui détcurnoienr Ies
maux dont on étoir menacé : les Egyptiens avoient
des dieux Apotropéens. Ce mot yient cí anrú-r^ísíli ,
détourner. Voyer_ Averrunci. Cn leur immo-
loit une jeune brebis.
AFOXYO.MÉNE. V~. A’nosYo.MENH.
. APFARATORES araialiiim. Muratori (yir.
I, Tkef. Irfcr.) rapporte Finfeription fuivante , la
feule ou il foit fait mention du coilége des Appa-
ratores :
A POSTUXÍIUS POSTUMIA
CHERACLID
ROGATOR. MAG. QUINQ. CONLEG
APPARAT. ANNAL. ITERUM.
APPARATORIUM , lieu des préparatifs.-
Fabretti croit que ce lieu des préparatifs étoit
celui oú Fon difpofoit le feítin des funérailles , Se
dans lequel on gardoit Feau luftrale.
APPARIER les gladiateurs, componere gladia-
tores. Avant de commencer Ies combats de Fam-
phithéátre , on apparioit les gladiateurs ; c’eft-á-
dire , qu’on aílignoit á chacua Fadverfaire contre
lequel il devoit fe battre. La grande attendon de
celui qui donnoit les jeux , étoit ééspparitr des
gladiateurs égaux en forcé Se en adreíTe. lis dé-
daignoient, en effet, de combattre des rivaiix qui
leur auroient été inférieurs ; comme le dit Sénéque
(¿í Prov. c. 3.) : Ignomiriiam judicat gladiator ,
cum inferiore componi; & feit tum fríe gloria vinci ^
qui fine periculo vincitur. Le gladiateur fe croit
deshonoré lorfqu’on Fapparie avec un rival plus
foible que lui , parce qu’il fait qu’ii n’y a point
de gloire á vaincre, loriqu’ii n’y a point eu de
dangers á courir dans le combat.
APí^.4R1TEURS , apparitores. Les Romains
comprenoient fous ce nom générique les fervi-
teiirs des juges , que nous appelons fergens Se
huiífiers , & qiidis noaimoient feriba. , accen.fi,
interpretes , prs.cones , viatores , liAorcs , fervi pu-
blici 8c carr.if ces. Servius '.^TEntid. 12. 8)0.) dérive
leur nom álapparere , erre préts á exécuter les
ordres des luges : Avparent , prsfio funt cd obf-
quium. TJíide etiam apparitores confiat eífe norrú-
natos ; Sc- ii cite en preuve ces vers de FEnéide :
Hs Jovis ad fclium , fívique in Ihnine regis
Apvarent , acuurajue metum mortalibus igris.
On Ies prenoit parmi les a{Fr2nchis_ des magif-
trats, 8c parmi Ies enfins de cesaSranchis. J.esapp.:-
riteurs des principaux magiftiats étoient diítir.gués
par des cafaques ou :nanteau.x de diverfís coii-
leurs , comme Ies beieaux desparaiíTes en Trance ,
& par un£ bande de lame qui defeendatt de Fépaiile
25i
A P P
droite au cote gauche , leur tenok lieu de cein-
ture & de baudrier. Leur condition étoit fi mé-
prifée^ que le fénatvoulant flétrir une ville dont
les habitans s'étoient révoités, ralfajétit á fournir
Ies appariteurs des magiítrats.
Les appariteurs des cohortes étoient attaches
á ces corps^ & ne pouvoient les quitter fans avoir
finí le tems du fervice des primipiUs : de-lá vint
qu'üs furent auííi appelés conditionaLes , attaches
á leur état. Leurs entans étoient obligés de Texer-
cer á leur tour.
Les pontifes avoient des liéteurs qu ils appe-
loient apparlteurs. On les nommoit-auCÍi calatores,
de calare, appeler, parce qu^üs aíTembioient les
comices , qudls marchoient avant les pontifes
pour faire ceílér les travaux & retirer les ouvriers
qui auroient pu nuire aux facrifices. On a vu long-
tems fur un marbre de la voie Appienne , finfcrip-
tion fuivante ^ d’un certain P armularius :
APPARITORI
PONTIFICUM
PARMULARIO
Les apparitews prétoriens ou du préfet du pre-
toire , n exercoient leur emploi que pendant une
année , aprés laquelle ils pafl'oient á des fonsítions
plus relevées , relies que celles de greíEers , de
trompettes, &c. lis étoient chargés d'exécuter
les ordres du préfet, d’amener á fon tribunal les
plaignans , d’écrire les alies , les dépoíitions , d en
faire la ledture aux parties , de rédiger les fen-
tences & de Ies faire exécuter. Ces memes appa-
Títeurs alloient dans les maifons des femmes ma-
lades & des citoyens diílingués, recevoir leur
ferment. lis fe fsifoient reconnoitre dans ces fonc-
tions , en portant une lumiére & quelques uften-
fiies pardculiers á leurs ufages. Lorfque le préfet
du ptétoiré fortoit de fon tribunal j ils marchoient
devant !ui.
On leur donnoir quelquefois Finfpeñion des
reíais publics , de la levée des impdts ; & les fol-
dats fiationnaires leur indíquoient les retraites des
voleurs ; ou les leur remettoient , lorfqu ils avoient
¿té obligés de s’en faiíir.
APPARITION des dieux- Voye^ Aorasie.
AP PARITORI ¡J M , étoit Pendroit ou !o-
geoient les appariteurs.
APPELLATIONES , appels. Les empereurs
ctabiiífoient des commiíTaires pour connoitre des
appels , & leur nom étoit Cognofientes^ ai fueras
appellationes . On lit dans Gruter Pinfeription
fuivante :
L. VALERIO. POPLierO
CCS. ORD. ITEM. COGNOSCERTl
Ad. sacras, appellationes.
APPIA aqua ; Peau d*Appius. Apptus Paveugle
6t conduire un ruiiTeau á Rome vingt ans aprés
le commer.cement de la guerra des Samnites. La
prife d"eau étoit établie dans le champ de LacuUus ,
A P P
fur la Voie de Préneíle , entre le líxiéme & le huí-
tiérae milie , en s’écartant du chemin á gauche
Pefpace de fept cent quatre-vingt pas. Cette con-
duice d"eau avoit de longueur plus de vingt deux
milla pas. Elle entroit á Rome par la porte Ca-
péne, aujoutd’hui de Saint-Sébaftien , & four-
niífoit de Peau á huir régions jufqu au champ de
Mars , par le moyen de vingt cháteaux d’eau. On
en tiroit Peau pour donner des naumachies dans
le cirqué. La principale fontaine , appelée Aqisa
Appia , étoit placee dans le forum de Céfar, au-
deiíbus du temple de Venus Appiade ; & il paroít ,
par un vers d’Ovide j qu'elle étoit jaillifTante ,
c’eíl-a-dire j quelle formoit une gerbe ou un jet
d’eau t
Applas exprejjts aera pulfat aquis.
Appia vía. Applenne. (voie)
APPIADES , divinités dont les temples étoient
prés des eaux ou fontaines d’Appius á. Rome , non
loin du forum de Céfar. On en nommoit cinq :
Venus, Pallas, la Concorde, la Paix_ & Veda.
Cicerón en excepte Pallas. Elles avoient auíii ,
dit-on j un temple commun, dans leque! elles
étoie.nt repréfentées á cheval, córame des Ama-
zones.
Les Nym.phes que Pon a déterrées depnis peu
dans ce méme emplacement , déterminent le fens
du furnom Appiades , & femblent le revendiquer
feules.
APPIENNE, (la voie) grand chemin de
Rome , qu Appius Claudius Eaveugle fit conílruire
pendant fa cenfure, Part 442. de Rome. Lneinf-
cription rapportée par Giuter en fait foi r
appius. claudius
c. F. C,£CUS
CENSOR, eos. BIS. DICT. INTER-
TEX. II. PR. II. AED. CUR. II. Q. TK,
MILIT. IIÍ. COMPLUKA. OPPUDA.
DE. SAMKITIBUS. CEPIT. SABINO-
RUM. ET. TUSCOPvUM. EXERCI-
TUM. FÜDIT. PACEM. FIERI. CUM
PyRP,HO. REGE. PROHIEUIT- IN.
CENSURA. VI AM. APPIAM. STRA-
VIT. ET. AQUAM. IN. ÜRBEM. AD-
DÜXIX. AEDEM. BEILONAE. -FECIT.
La voie Appienne commenqoit á la porte Ca-
péne, aujourd’hui de Saint-Sébaítien , paífoit fur
la montagne de Sancli- Angelí, traverfoit Ies ma-
rais Pontins , & finiffoit á Capoue , qui étoit alors
la limite de PEmpire Romam. Elle fut depuis
continuée jufqká Brindes, on ne íait par qui,^ni
á quelle époque. Cette voie, que Stace a nommee,
avec raifon, /a reine des grandes voies , (Sylv- ra»
z.iL)t
Qaa limine noto
Appia longarum teritur regina ■yíarturí»
A P P
avoit vingt-cinq pieds de largeur, avec des rebords
en píerres, eleves de douze en douze pieds, pour
íbutenir le pavé écoit fait avec de longues &
fortes dalles de pierres. On y avoit ménagé d’ef-
pace en efpace des montoirs de pierres , pour
fervirde fiéges aux piétons, & d'écuyers aux cava-
liers. C. Gracchus y ajouta de petites colonnes
qui marquoient les niiíles. Pomponius Átticus ,
Pempereur Sévére, le médecin TheílaluSj eurenr
leurs tombeaux le long de cette voie.
La voie Appienne nouvtlle , étoit le chemin
que fit conñruire & paver Caracaila^ depuis fes
thermes jufqu’á la porte Capéne, ou il fe réunif-
folt a la voie Appienne.
APPIO (rio d'). Voye^ Almo-M.
APPIüS (ruisseau d'). V. Almon.
Appius , furnom de la famille Claudia.
APPLAÜDISSEMENS. Les applaudijfemens
étoient diíHngués des acclamations , en ce que ces
derniéres étoient des cris ou des éloges donnés
á haute voix ; & que la voix ne fervoit point
aux applaudijfeurs. Ceux-ci n^employoient que
leurs mains , & quelquefois leurs toges , dont ils
faifoient voltiger un pan. L’empereur Aurélien
dillribua au peuple des bandes d’étofíe , pour étre
employées á applaudir, á la place des habits.
C'étoit dans les théátres , les cirques & les
amphithéátres , ,que Pon entendoic les plus fré-
quens applaudijfemens. Auffi étoit- ce dans ces
lieux d'affemblée que l’art d’applaudir fut foumis
á des regles. Les Romains limpies & groffiers
applaudirent long-tems fans mefure & fans ordre.
lis fe livroient machinalement á Fenthouíiafme
ou á une admiration réfléchie, qui leur arracboient
des applaudijfemens proportionnés á leurs véri-
tables fenfations. Cette fimplicité indiquoit les
premiers tems de Rome; car Ovide, parlant de
l'enlévement des Sabines, dit qu alors les applau-
dijfemens n'étoient encore foumis á aucune régle :
Jn medio plaufu , plaufus tune arte carehat.
Les derniers tems de la république & Ies pre-
miers des Céfars, virent introduire á Rome ce
nouvel art, qui avoit fans doute pris naiíTance
dans la Crece, & qui s’étendit dans PItalie, par la
communi catión habituelle entie les deux contrées.
L'adulation en fit bientót un moyen general de
capter la bienveiiknce des empereurs , en Ies
appIaudiíTant artiíiem.ent á leur entrée dans les
lieux publics, ou en prodiguant Ies mémes mar-
ques de bienveillance aux chanteurs , aux cochers
& aux gladiateurs que ces defpotes affédionnoient.
Ce delire méthodique fut porté á fon comble fous
le régne de Néron, qui, devenu lui-méme chan-
teur & joueur de ilute, vouloit étre applaudi,
fous peine de mort. On fait avec combien de peine
un fenateur, homme confulaire, évita la fureur
de ce prince, quil avoit encourue en dormant
pndant q^ne tous les flatteurs de Rome applaudif-
loient á Teavi le chanteur couronné.
Afín de les y engager , Nerón avoit choili de
jeunes gens de Pordre des chevaliers, & plus de
cinq miUe plébéiens forts Se vigoureux, qui appre-
noient 1 art d applaudir. Se fe divifant en plufieurs
troupes, oceupoient tous les gradins, qa’ils fai-
foient retentir de leurs applauaijfetnens. Suétone ,
{cap. 20, n. 6.') : I\eque eo fegniiis adolejeentes
equejiris^ ordinis , & quinqué amplias millia e plebe ^
robuf ijfimí juventutis , undique elegit , qui divifi in
faüiones yplaufuum genera condifeerent; bombos, &
imbrices , & tejías vocabant.
Ces applaudilfemens étudiés étoient donnés avec
la robe, comme nous Pavons dit plus haut, ou
avec les mains : c’eft de ces derniers qu'ii nous
reíte á parler. On y employoit les doigts feulement,
ou les doigts d’une main appuyés fnr la paurne de
Pautre , oiiles paumes des deux mains fortement
appuyées Pune fur Pautre, comme dans nos bat-
itmens de main modernes.
Le louvenir des applaudijfemens donnés avec
Ies doigts d'une feule main , nous a été confervé
á Poccafion d'une ftatue de Sardanapale , décrite
par Strabon ( liv. 14) : on voit, dit-il, dans cet
endroit, le tombeau de Sardanapale aveefa ftatue
de pierre, qui rapproche les doigts de fa main
droite , ' comme pour leur faire rendre un fon.
Mangez , buvez , jouez , femble dire encore ce
monarque voluptueuxj car toar ce qui oceupe les
hommes ne vaut pas le fon léger que rendent ces
doigts. Athénée (//¿. 12) parle de ce tombeau,
& dit qu il rPy avoit qu'une main feule fculptée
fur le monument. _Du relie , il skGccrde avec
Strabon fur la pofition des doigts, & fur Pinten-
tion que le fculpteur aveit precce a Sardanapale,
Les enfans s'exercent encore da.ns leurs jeux á
faire rendre ce fon a leurs doigts. Ils appuyeni
le plus grand doigt feul fur la derniére phalange
du pouce, &: le faiíant gliííer & retomber fur la
paume de la main , ils entendent un bruit qui Ies
réjouit par fa reífemblance avec le fon des cafta-
gnettes.
Sénéque indique Ies aifférentes manieres d’ap-
plaudir avec Ies mains , ( LJat. qu&Ji. u. 28. ) :
Averfs, Ínter fe manus coUifs. non plaudunt , fed
palma cum palma collata , plaujum facit. Et plari-
mum Inter eji utrum pavs concutiantur , an plana &
extenta. » Si Pon frappe les parties extérieures des
mains Pune contre Pautre, elles ne rendent aucun
fon ; le contraire arrive lorfqu'on frappe les deux
paumes Pune contre Pautre } & Pefpéce du fon
qu eiles rendent dans ce dernier cas , dépend en-
core de la pofition des mains dans ce battement.
•11 faut favoir fi elles font étendues , ou íi eiles
forment deux creux ». Dans le premier cas , elles
rendent un fonfec, qui, étant répété parplu.fieurs
perfonnes avec promptítude, mais fans beaucoup
de forcé, irriite aíTez bien le bruit d’une pluié
d’otage ou d’une gréle tombant fur des corps fo-
nores , tels que Ies tuiles. On appeloit conféquem-
ment cette maniere d’applaudir imbrices, tuiles.
; Loríqu’dn frappoir Tun contre I’autre les creux
desdeax.maias loiig-tems & avecpeu de forcé, on
i.mitoit le briiit fourd & continu dii bourdonne-
msnt des abeiOes : de- la vint que Ton appela
bombas cette maniere d’applaudir. Les enfans la
pradquent encóre dans leurs jeux.
On applaudiiroit enñn , en frappant dans la
paume de la main gauche avec les doigts réunis
de la droite, fans fe fervir de la paume de' cette
main. Cette maniere d'applaudir eft encore en
ufage dans nos affemblées. Elle rend un fon clairj
qui, étant répété en mefure & en cadenee, imite
celui que rendent des vafes de terre frappés avec
des bátons, ou méme celui du baton qui ferc á
conduire les orcheftres. C’eft pourquoi on appela
tefias cette maniere d’applaudirj ces tefi& ou vafes
de terre fervirent long-tems fur les théátres á
conduire & accompagner les danfeurs, avant Fin-
troduedon des joueurs de ñute. On frappoit fur
ces vafes avec un báton ; & depuis on aflimila au
fon quils rendoient, lebruit formé par laderniére
maniere d'applaudir.
Le peuple fe levoit pour applaudir dans les
théátres :
Stantiaque in plaufum tota tkeatra juvent.
dit Properce (3. & 11 fouíFroit de Figno-
rance des gens de la campagne qui ne connoilTant
pas les regles de Fart d'applaudir, troubloient ,
par leurs applaudijfemens non modules , Fhar-
monie genérale. Tacite {Annal. xri. j.) parle de
ces applaudijfemens mal-adroits : Cum manihus
mfeiis fatifeerent , mrbarent guaros. V^oyet^AcQLA-
MATIONS.
APPULEIA, famille romaine dont on a des
médailles ;
O. en or.
O. en argent.
RRR. en bronze.
Goltzius en a publié quelques médailles , in-
connues -depuis lui.
APRONÍA , famille romaine dont on a des mé-
dailles :
O. en or.
O. en argent.
C. en bronze.
Goltzius en a publié quelques médailles , in-
connues, depuis luí.
APTÉRE, en Créte. AnTAPAiGN ge aote-
PAIÍ2N. ’
. Les médailles autonomes de cette viile font:
RRR. en argent.
RRR. en bronze.
O- en or.
Aptere , «srrspí? , fans ailes. Les Athéniens
donnérent cette épithéte á la Vidíoire, quils re-
préfentoient fans ailes , pour la fixer dans leur
patrie.
APYCNI, amix.101 ^ non épais. Les anciens
appeioient ainíi dans les gentes épais, trois des
huir fons ílables de leur f/íléme ou diagramme,
iefqueis ne touchoient d'aucun coré Ies intervalles
ferrés ; favoir , la proñanbanoméne , la nete fyn-
néménon & la nete hvperboléon. lis appeioient
auffi ap-venos oa non épais, le gente díatonique;
parce que dans les tétracordes de ce genre , la
fomme des deux premiers intervalles étoit plus
grande que le troiíiéme. (3. 3- B.oujfeau).
AQUA. Les Romains appeioient aqua Appia,
le ruiffeau conduit á Rome par Appius ; aqua Tra-
jana, Feau amenée par l’aquéduc de Trajan, &c.
F'oyei Aquéducs.
Aqua dAcio. q almon.
:iO. "í pr ,
Aqua Taccio. 5
AQUAGIt/M , vé'íxyayítóí & ¿¡Fpaí'iüyia deS
Grecs , canaux d’arrofemenc , diíférens des aqué-
AQUARIOLUS , homme adonné á Fimpu-
dicité , felón Feñus , qui vit avec les femmes dé-
bauchées. On lui donnoit par mépris ce nom ,
qui exprimoit les fondlions les plus viles des
efclaves qui fervoient ces fémmes perdues : Qui
aquam meretricibus minifr abant , qu.á fe pofi vene-
rem abluerent.
AQUARIUS. On appeloit de ce nom les inten-
dans des aquéducs, & ceux qui avoient Finfpec-
tion des prifes d’eau établies dans les maifons
des particuliers ou des princes. Une infeription
nous a confervé le nom d’un de ces oíEciers de
la maifon d'Augüñe :
NYMPH. SANC. SAC.
EPICTETUS
AQUARIUS. AUG. N.
AQUATILES dli, les divinités des eaux, _des
fontaines , des riviéres & de la mer. On lifoit a
Come Finfcripcion fuivante :
NEPTUNO. EX
DIS. AQUATILIB.
PPvO. SALUT. EX
INCOLUMIT. SIJA
QUAP..X. SECONDIN.
AQUATORES gouiats ou valets d’armee ,
qui portoient de Feau dans les camps romains.
AQUÉDUCS. On en diftingue de deux fortes:
Á’apparsns & de fouterreins. Les apparens font
conílruits á travers Ies vallées & les fondrieres,
& compofés de trémeaux & d’arcades : tels font
ceux d’Arcuei! , de Marly & de Bucq, prés ^ er-
faHles. Les fouterreins font percés á travers Ies
montagnes , conduits au-deíTous de la fuperficie
de la terre, batís de pierre de taille, de mcilon,
de brique, &c. & couverts en-deíTus de voutes ou
de pferres plattes , qufon appelle dalles. Ces dalles
mettent Feau á Fabri du foleil & des pl’aies d o-
rage : tels font ceux de Roquenco.urt , de Behe-
ville &c du pré Saint-Gervais. Ces deux fortes
aquéducs ont été connues & employées par les
A QU
ancsenSí & üs Ies ont réunies fouvení toutes Ies
deux á chaqué conduite d’eau.
Ob ciítribue encore Íes aquéducs en douhles
DU triples, c'eíl-a-áire, portes fur deux oil trois
rangs d'arcades : tel eft cebú dii Pont-du-Gard en
LanguedoCj qui eít triple, ainíi que \ aque.iuc de
Conluntinopíe. On peut y ajouter celui que
Prococe dit aveir été conítruit par CofroeSj roí
de Perfe, pour la vilJe de Pétra^, en Mingrélie : il
avoit trois conduits far une meme ügne ^ les uns
eleves au-delius des aatres.
Les aquéducs de toute efpéce étoient jadis une
des merveilles de Rome. Leur grand nombre^ Ies
fommes immenfes employées á faire venir des
eaux d’endroits éloignés de trente , quarante ,
foixante, & meme cent milles j Pur des arcades,
ou continuées, ou fappléées par d’autres travaux,
comme des montagnes coupées & oes rochers
percés ; tout cela doit furprendre. On n'entre-
prend rien de femb'able auiourd'hui } on n oferoit
inéme penfer á acheter fi ebérement la commo-
dité publique.
Piufiears endroits de la campagne de Rome
offrent'de grands relies de ces aquéducs , des ares
continúes dans un long eípacej au-deíTus defquels
étoient Ies canaux qui portoient Teau á la viíle.
Ces ares foat quelquefois bas , & quelquerois
¿’une grande hauteur j felón les inégalités du ter-
rein. 11 y en a qai ont deux arcadas Tune fur
Tauiíc , de crainre que la trop grande hauteur
d’une feule arcada ne. rendk la ñrudiure moins
foíide. Tous ces aquéducs font communément de
briques fi bien cimentées que Ton a beaucoup de
peine á les féparer.
Quand Félevacion du terrein étoit tres-grande ,
on avoit recours aux aquéducs fouterreitis qui
portoient les eaux á ceux qkon avoit eleves fur
terre dans les fonds & les peines des montagnes.
Si Feau ne pouvoit avoir de la pente qken paíTant
au travers d'un rocher , on le perqoit á la hauteur
de Yaquéduc fupérieur : tel eñ celui de Vicovaro ,
au-deíTus de Tivolf. Le canal qui formoit la fuire
de cet aquéduc , eíl taillé dans le roe vif Fefpace
de plus d'un mille ^ ñir environ cinq pieds de haut
8c quatre de large.
Une chofe digne de remarque^ c'eíl que ces
aquéducs , qu'on pouvoit conduire en droite ligne
á !a vüle , n’y parvenoient que par des íinuoiités
fréquentes. Les uns ont dit qn’on avoit fuivi ces
obliquités pour éviter les frais d’arcades d’une
hauteur extraordinaire : d’autres ^ qu’on s’étoit
propofé de remore la trop grande im¡>étuoíÍLé de
l’eau, OU! ^ coulant en ligne droite par un efpace
immerifeí auroit toujours augmenté de viteiTe j
endommagé les canaux, & donné une eati peu
nette & mal-faine. Nous leur demandons cepen-
dant pourquoi , y ayant une fi grande pente de la
cafcade de Tivoli á Rome , les Romains ont pris
1 eau de la meme riviére, a víngt milles & davan-
t2ge plus haut : que difons-nous víngt milles J á
i i, uxjui. í^iL¡„ awc
travaux néceíTaires & leurs dépenfes iuftiñées.
i oiifait d’ailleurs que Feau da Tévéroné eíl ch:
A Q U 255
plus de trente, en y comprenant Ies détours d’uíi
pays plein de montagnes. On répond que la certi-
tisde á’avoir des eaux meilleures & plus purés,
fuffifoit aux Romains pour leur faire croire leiirs
Si
que l'eau da lévéroné elt char-
gée de parties minerales Se mal-faines , on ferá
fatisfait de cetce réponfe.
Si Fon jette les yeux fur la planche 128a du
4' volume de Y Antiquité expliquée , du pére de
Montfaucon 3 on pourra juger des foins avec ief-
queis ces immenfes ouvrages étoient conílruits.
Des foupiraux étoient ouverts d’efpace en efpacé,
aíin que l’eau fe trouvant arrérée par quelqu’acci-
dent , püt fe dégerger iufqu’á ce que Fon eút dé-
gagé fon paíTage. 11 y avoit eneore dans le canal
meme de Yaquéduc , des puits cu Feau fe précipí*
toit, fe repofoit & dépofoit fon limón, & des
pifeines oú elle s’étendoit & fe purifioit.
Voici les varietés qu’ofrrent dans leur conílruc'
tion quelques aquéducs de Rome. Celui de Y Aqua-^
Marcia 2 un are de feÍ2e pieds d’ouverture ; fa
macennerie eíl faite de trois diíFérenres efpéces
de pierres qui font des laves. 11 porte deux canaux
places i’un aa-deíTus de l’autre. Le plus élev'é con-
duifoit Feau nouveile du Tévéro-né, Anio novus p
celui de deíTous étoit Feau Claudíenne. L’édiiics
entier a foixante-dix pieds romains, foixante pieds
francois environ de hauteut.
Le P. de Montfaucon a donné la coupe d’urí
aquéduc á trois canaux ; le fupérieur ecndiiifoit
Feau Julia , celui du miliea Feau Tepula , & Fin-
férieur Feau Mareta.
L’arc de Yaquéduc qui apportoit á Rome Feau
Claudíenne , eíl báti de ’pelle pierre de raillej celui
de Feau Néronienne eít de brique : ils ont Fiin
& Faiitre foixante & douze pieds romains de hau-
teur, moins de foixante- deux pieds francois.
On remarque á Yaquéduc de Feau d’Appius une
forme- de canal, qu’il faut obferver foigneufe-
ment. Ce canal n’eíl pas uni comme les autresv
niais il s’élargit du fond en haut par des retraites-,
ou degrés.
Le conful Frontin, qui avoit l’infpeélíort des
aquéducs fous l’empeteur Kerva, a fait unTraité.
fur cet objet : il y parle de neuf aquéducs qui
avoient treke milie cinq cent quatre-vingt-qua-
torze tnyaux, d’un pouce de diamétre. Proeope#
qui a écrk aprés lid , en compre' quatorze , c’eíl-
á-dire j qu.atorze canaux portés par neuf aquéducs,
Vigérus a calculé que Rome rece-voit, dans refpace
de vingtquatre heures, cinq mi’le muids d’eaü,
Kous allons décrire ici toutes les eaux qui fe
répandoíent dans Rome , & dont il ne fera pas
fak mentí on á leurs arricies refpedifs. Pendant
quatre íié'cles , les Romains ne burent & n errí-
ployérent que l’eau du Tibre. Mais I’étendue de
leur vilk & leur population étant aagmentées ^
íls s’occupérent des tnoyens- «Faffiener dans Feií-
ceHUS Eo-me &" fu* fes collínes, des eaí*s
ahondantes. Un décret du fénat & du peuple
chargea de ce foin le cenfeur _Appius._ Tan 444 ,
fous le coníulat de M. Valerias Máximus & de
P. Decius Mus. Ce cenfeur amena á Rome Xeau.
qui porta fon nom. Voye^ Ai’pia aqi¿a. On conf-
truiíit enfuite diíférens autres aquéducs , fuivant
le befoin ou le luxe des Romains. Les cenfeurs Se
Ies ediles eurent l’intendance des eaux des aqué-
ducs , des cháteaux d'eau , & des prifes d eau
accordées aus particuliers gratuitement , en forme
de récompenfes ou avec la charge d une impoíj-
tion. Les empereurs s’attribuérent á eux feuls le
droit d'accorder ces faveurs.
Les Romains divifoient les parnés d’eau attrL
buées á chaq^ue édifice publíc ou particulier_^ en
doigts Se en pouces. Le pouce , uncía , ¿toit^ la
douziéme part'e du pied romains & le doigt n en
étoit que la íix’éme.
Ueau Albudiita. II tfen eft fait mention que
dans Viítor^ qui paroit favoir créée pour com-
pléter un cerrain nombre a eaux , qu'ii íe propo-
íbit de retrouver.
Veau Alexandrine. Les ims veulent que cette
eau ait porté le nom d'Alexandre-Sévérej parce
quil la iit conduire á Rom.e dans fes thermes^
auprés de ceux de Nerón. D'autres penfent qu’il
détourna les eaux des thermes de Nerón pour les
amener dans les llens , & qu il leur donna fon
nom.
Ueau Algentina. Elle prenoit fa fource au mont
Algide ^ couioit au bas des cóteaux de Tivoli &
arrivoit á Romé j mais on ne fait par quelle porte.
On en voit encore quelques arcadas á moiné che-
min de Frefcati. C’eíl peut-étre la méme eau que
le cardinal Aldobrandin íit conduire á fa villa de
Tivoli j appelée Bdvédere.
U eau Alfia. Voyez Xeau Setina.
Ueau Áífetina fortoit d’un lac de méme nom,
Rtué prés de la voie Claudienne, &iut conduire
á Rome par Augufte , dont elle prit le nom. On
voit des reñes de fon aquéduc auprés de ¡a naur
machie d’ Augufte , au-delá du Tibre.
Ueau Anuía. On ne la connoit point , á moins
que fon n’ait voulu défigner par ce nom ¡es ruif-
feaux dérivés de ¡‘Anio , Anius.
Ueau ¿‘Antonin prit fon nom des thermes d'An-
tonin Caracalla, qui fy fit conduire.
Ueau d’Appíus. Voytz AíPIEHNE.
Ueau d‘ Augufte. On donna ce nom á un ruiíTeau
d’eau bonne & falubre qu’Augufte fit amener &
réuriir, par un aquíduc fouterrein, á Xeau Murcia,
qui tariiToit dans Féte. Son canal particuüer étoit
long de buit cens pas. Par la fmte , Xeau Murcia
écant dever.ue plus ahondante , conduiíit I’eau
d’Augulle iufqu'á celle de Clauáius , á laquelie on
ia reunir de nouveau.
Ueau Aurelia fut ainfi appelée de L. Aurélius
Corta , qui , étanr conful fepr ans avant la rroi-
íiéme guerre Punique, fit eonifruire une voie, le
lyng de iaquslle cq»4loit cette eau.
A Q U
Ueau du Capitole étoit deftinée uniquement á
l’ufage du temple , aux luftrations, aux facri^
fices, 8cc.
ÍJ eaü Cimina, Yoyez CiMINA.
■ Ueau Clauaienne. v . ClAUDIENUE.
Ueau Crabra. V. CrABRA.
Ueau Félix. V- FÉLICE.
Ueau Herculanea ou Hercúlea. Cette eau pre-
noit fa fource auprés d’un temple ou d’une ílatue
d’Hercule. Elle porra depuis le nom ¿Xeau Virgo,
Se elle étoit tres-agréable á boire. C’eft pourquoi
Nerva la fépara de XAnio novus , auquel on l’avoit
réunie.
Ueau du Janlcule, étoit la méme que Xeau de
Trajan.
Ueau de Julias portoít le nom d’un romain qui
ravoit découverte , & dont rhiíloire ne fait au-
cune autre mention. A^grippa raffembla pour la
former plulieurs fources dans le champ de Tuf-
culum , & les conduifit le long de la voie Latine,
pendan: douze milles. Pan 721 de Rome. Une
partie de cette eau fe diftribuoit á la porte "Nsvia,
& Pautre fur le Viminal. Augufte la détourna par
un canal fouterrein de huir cens pas, pour groffir
Xeau Marcia, lorfque des ehaleurs trop prolon-
gées la mettoient á fec. Aurélien répara fon aqué-
duc , dont on voyoit dans le liécle demier des
ruines fur PEfquilin, entre la porte de ce no_m Se
les trophées de Manas, tranfportés depuis au
capitole.
Ueau deJuturne avoit fa fontaine dans leforum.
On en buvoit pour guérir de certains maux, & on
Pemployoit dans Ies facrifices.
Ueau Labicana prit fon nom du champ oú étoit
fa foureq. Sévére-Alexandre la conduiíit á Rome.
Ueau Marcia. V. MaRCIA.
Ueau Mariana , ainíi appelée á caufe de la yilie
du méme nom, auprés de laquelie elle prenóu fa
fource, entrpit á Rome parla porte de Gabies,
prés de la porte Majeure, paíToit entre le grand &
le petit mont Ccelius, fuivoit la voie Appienne,
Se fe jetoit dans le Tibre au pied du mopt Ayen-
tin, non loin de la rué qui conduit á Sainte-
Sabine.
Ueau de Mercare étoit prés de la voie Appienne ,
hors de la porte Capéne. Le peuple s’y rendoit a
certain jour ; on mouilloit avec cette éau des
branches de laurier, & on les fecouokfur les tetes
les uns des autres , en invoquant Mercure. On
croyoit , par cette ablution , étre abfous de tous
fes crimes Se fur tout des parjures. Les marchands,
aprés ayoir facriíié au méme dieu la veille des ides
de mai , rempliífoient des cruches de cette eau ,
& en arrofoient leurs magalins Se leuts marchan--
difes.
UAcqua Faola. V. PA-OLA. ^
U eau Petronia. Les magiftrats paíToient aupres
de cétte eau lorfqu’iís fe rendoient au champ de
Mars pour remplir qaelqa’une de leiirs fondio^s.
A Q U
On n'eíc pas inftruit d'aucun autre detall au fujet
de cette eau.
U eau Sabatina , ainfi nommée du lac d’ou on
l'avolt tirée , & qui s’appelie aujourd hui le lac
d'AnguílIara. On voit des ruines de fon ancien
aquéauc hors de la porte de Saint-Pancrace. Elle
fiit appelée par la fiiite Aureliana ¡ parce qu^’elle
fuivoit la voie Auréliennes & Septimiana , á caufe
de la porte du méme nom. Cette eau eíl divifée
aujourd'hui en deux branches ; elle fournit une
fontaine de la place de Saint-Pierre , & arrofe les
jardins du Vanean.
Ueaii Saloráa, ainfi nommée du territoire de
Salone , oú elle prenoit fa fource , a été réurde
par Pie ÍV á 1‘ Acqua Verghie ou de Trevi.
Ueau SeptimLina. Voyez SeptimIANA.
Utau Setina. On donnoit á cette eau le nom
du champ de la Campanie^ d’ou on la croyoit
amenée á RomC;, Setinus ; ou de la roie qu’elle
fuivoit dans fon cours , vía Setina. Dans la Notice
de r Empire , elle eíl: appelée Alfia & Setina j mais
ALfium & Setia font au-defíbus du niveau de
Rome. C’efl done une faute des copiñes 5 il faut
lire Alfietina, & réduire ces deux eaux en une
feule.
Ueau Szxtina. V. SiXTlKA.
U eau Tepula , étoit probablement ainfi nom-
mée de Fendroit oa elle prenoit fa fource j auprés
de Tufculym. L’an de Rome 627 j C. Cafiius Lon-
gmus étant cenfeur , la conduifit á Rome , 8c
Augufle la réunit á Veau Julia.
Ueau de Trujan. V. TraJAN.
Ueau Virgo. V. TreVI.
L’Italie oSre encore de fuperbes débris d’aqué-
ducs . i els font ceuxde Drufus , de Rimini , de Ti-
volí j &c. On lit fur Fouverture du conduit de
1 aquéduc que Fon admire encore a Tivo'i , cette
infeription j remarquable par fa fimplicité ;
CAPE- ME
T U A. S U M.
Les Romains portérent dans tous les pays qu’ils
conquirent ^ ce goát pour les grands édiíices , 8c
fur-tout pour Ies aquéducs , qui étonnent les peu-
pies moderties. On voit encore aux environs de
Eyon j des pes de diííerentes liauteurs^ qui ame-
noient de 1 eau fur le haut de la montagne oú
etoit báce Fancienne ville. Les ares ont "jufqu’á
puarapte ppeds de hauteur , dans une plaine oú üs
ferv-oient a porter Feau d’une coüine á Fautre.
Mais^eluí des aquéducs híús dans les Gaules
par ¡es Romains ^ qui mérice le plus notre admi-
rai,jon , eft celui de Metz. Les fources ahondantes
de Gorze fourniíToient Feau á la naumachie de
cette ville ; elles fe réunilTcient . dans un vafee
reíervo’rs de-la elles éteient conduitcs par des
canaux fouterreins depierre de taille,- fi foacieux^
qu un homme y pouvoit marcher droit. Elles
pauoíent Mofelle fur ces baures & fiiperbes
arcaaes qu’on voit ancore á deux lieues de Metz .
Antiquités ^ Tome I,
A Q Ü m7
fi bien maponnées 8c cimeiitéesj qu’excepté la
partie du milieii empertée par les glaces , elles
ont réfiíté 8c réfiftent ancore aux injur-es du tems
& a la variété des faifons. De ces arcades , d’autres
aqueducs conduifoient les eaux aux bains 8c á la
naumachie.
Si Fon en croit Colménarés , V aquéduc de Sé-
govie peut erre comparé aux plus beaux oúvrages
de Fantiquité : il en reíte cent cinquante - neuf
arcades j toates de grandes pierres íans ciment,
Ces arcades ^ avec le refie de Fédifice ^ ont cent
deux pieds de haut, 8c font difpofées en deux
rangs les unes fur les autres. Uaquéduc traverfe
la ville. Se pafle par-delTus la plus grande partie
des maifons qui font dans le fond.
AQUILEGUS. Muratori (pag. 489 4. de fon
Thef. infer.) rapporte Finfeription fuivante ;
Ai. AURELIÜS. VESTI
ÑUS. AQUILEGUS
LYMPHEU. . .
ET. FONT. A. SUA.
IMPEN. REST.
On appeloit de ce nom celui qui cherchoítj
découvroít 8c conduifoit les fources.
AQUILA. Voyez A<¿uilia.
A'yJUILICIUÍd ou Aqu jELiciuM , facrificc
oífert aux diaux , 8c á Júpiter Pluvius en parti-
cuder , pour demandar la pluie. Dans ces occa-
fions, on promenoit dans Rome la piarte nommée
Lapis Manalis , qui étoit placee ordinairement
hors de la porte Capéne, aujourd’hui de Sainr-
Sébaftien, prés d’un temple de Mars.
^ AQUILIf ER , celui qui portoit Faigle d’urie
legión. II en eft fait fouvent mention dans les
inferipdons.
AQUILLIA ou ^ famille romaine
dont on a des médaiiles :
R. en or, qui font imperiales Se appartiennent
á Aaguíte.
R. en argent.
RRR. en bronze.
.Le furnom de cette famille tíi Fíorus.
Goltzius en a pubüé queiques médaiiles, iix-
connues depuis iui.
AQUILON {Mytkoiogie). Eb Borée.
Vitruve appelle aquilón le vent de Nord-Eft,
ou plutót celui qui fouiile á quarante-cinq degrés
du Nord , entre le Nord Se l’Efi.
AQU IMAN ALE ,-zig}Xiérc d’argent avec un
baíiin, qui fervoit á iaver Ies mains avant ¡es repas.
On appeloit auííi cette aiguiére guttus 8c r.cfi-
terna.
AQUIMINARIUM ou Amüi-a. On a trouvé
dans des maifons particulieres d’Kercahnum, plu-
fíeiirs vafes cefii.aés á contenir Feau lufirale (anuir
minaria, TrififfaAécid). Car routes les famille? ro-
maines avoient chez eües leurs propres fccra
priváis , foyer facré , oú Fon entreteneit confiam-
ment du feu , avec leuxs autels & leurs fetes
Kk
2 5 S ARA
particulieres. Quelques farrsilles méme avoíetit un
pritre qui leur étoit attaché. {Relnef. Infc.clajf.
Í3)- -
On a trouvé de ces vafes de bronze , & d’autres
de marbre. Le plus grand de ceux de bronze , ell
une coupe de forme ronde, de deux pieds huit
pouces de diamérre , d’un travail admirable , &
dont rintérieur eíl orné au milieu de feuiiles de
iaurier , faites d’argent en piéces de rapport ou da-
mafquiné-j il eíf place dans la premiére chambre
da cabiner de Portici. Le pied de ce vafe ell
perdu ; mais d'autres femblables vales de bronze ,
plus petits, ont confervé leur pied. Le plus graná
de ces derniers eft orné de deux anfes.
Les vafes de marbre de cette efpéce font fíriés
en dedans comme certaines eoquilles, d'environ
feize pouces de diamétre. lis étoient tous places
fur des pieds travailiés en forme de colonnes can-
nelées , & de méme matiére , ámíi qu’on en peut
juger par l’un de ces pieds qui a eré confervé r
car les anciens étoient conftans 8e uniformes dans
leur travail.
AQUINüM, en ItaEe. aquiko.
Les médaiiles autonomes de cette ville fosStí
E.RRR. en bronze. {Vellerin
O. en or.
O. en argent.
AQUÍS pour Nymphis. On troave fbuvent
dans les infcriptions le mot aquis fubíiitué á celui
de Nymphis : AQUIS ALBULIS, AQUIS APONI,
&c. &c
AQUITECTORES , nom des ofEciers pré-
pofés á Finfpeétion des aquéducs, cháteaux-d’eau
& fontaines de Rome.
ARA. Voye^ Autel.
Uara étoit diííinguée Saltare; 1°. ara, felón
Servius, étoit un autel confacré également aux
dteux fupérieurs & á ceux des enfers : altare étoit
confacré aux dieux fupérieurs. feuls ; 2°. ara étoit
la table méme de Pautel , fur laquelle on faifoit
les ¡ibationsj &c.; Se altare étoit le corps de
Pautel. N. AíTAse.
Taqite, Pline & íes autres auteurs de la- meil-
leure latinité, femblent Aavoir tenu aucun compte
de ces légéres différences. Nous leí imitetons á
Tarticle Autel.
ARABES. (cHiFFREs) Lf ce mot.
Arabes. Jablonski a cherché dans le Vantkéon
Mgyptiorum, á difculper les Egyptiens du re-
proche qu’on leur fait d’avoir immolé desviélimes
liumaines. Hérodote nie ce fbrfait, & afíure que,
méme dans les ñecles les plus reculés, jamais le
íang bumain n’a coulé fur les autels de l’Egypte.
11 eft étonn-ant qu’aprés un témoignage auffi po-
fitif, Atkénée ait écrit le contraire (/. 4). Jablonski
trouve le moyen de concilier deux aífertions auífi
oppofées, en rejetant cette abominable couturae
iur Ies Arabes Pajleurs , qui conquirent l’Egypte,
& y confervérent long-tems íeurs moeurs & leurs
«ages..
ARA
II prouve , par des témoignages authentrqaes
des 1 halmudiftes & de Porphyre, que les A.rabes
immoloient des viétimes humaines. Le dernier
raconte qu ils maíTacroient tous les ans un enfant,
l’enfeveiiffoient feus un autel, Sc l’adoroient pen-
dant toute l’année comme une divinité tutélaire.
Ce barbare ufage étoit encore en vigueur chez les
Arabes au fixiéme ñecle; carlean Mofehus, qui
écrivoit fous le régne de l’empereur Maurice ,
dit que les Sarrafins fortis des rochers de lArabie ,
facrifioient de beaux garqons.
' Cette coutume fanguinaire ne paroít avoir été
obfervée que dans les villes égyptiennes ddlithyc
8c d’Héliopolis. Quant a la premiére, il y a grande
apparenee que les Arabes Pajleurs s’y établirent.
Pline dk expreífément que ces Arabes fondérent
la feconde. Leurs fondateurs & leurs nouveaux
habitaos furent done feuls coupables. D’ailleurs,
Manérhon raconte que le roi d’Egypte , Amoñs ,
abolir les facrifices humains. Or, Ion fait que
e’eft le méme roi qui chaña d’Héliopolis les
Tout confpire done á laver de ce forfait les Egyp-
tiens, pour l’attribuer aux Arabes feuls.
Ces peuples nómades gravoient encore leurs
traités fur des pierres au tems d’Hérodote. Ils fe
paroient de coliiers , étudioient fuperñitieufement
Ies mouvemens des oifeaux, pour decouvrir 1 ave-
nir par leur moyen, & íaifoient des Juftrations
dans leurs aflémblées religieufes. Ce méme peuple
pratiquoit la circonciñon de tems immérnorial. lí
enterroit fes chefs dans des déferts recules , ou ib
les couvroit de terre mélée avec du fumier. ,
Arabes. ( médailles ) Califbs.
( médaiiles des )
ARABESQüES & Moresques.- On donne ce
nom á des rinceaux ou fleurons , d’ou fortent des
feuillages faits de caprice & d’une maniere qtü
n’a rien de naturel. On doit les diftinguer foi-
gneufement des grotefques , qui reprefentent des
animaux fantaftiques & des hommes d’une foraie
bizarra & extraordinaire. Comme l’alcoran de-
fendoit aux Arabes ou Maures établisen _Eíi)agne>
de peindre des hommes & des animaux, ils s adon-
nérent á peindre des arbres , des feuillages 8c des
fleurs fantaftiques , auxquels on donna, pour cette
raifonj les noms á’arabefques 8c de morefques. Le
palais de Grenade oífre en ce genre des peintures
exquifes exécutées par les Maures , fes anciens
maítres. . ,
Ce genre de peinture a été connu 8c pratiqi^
par les. anciens ; quelques bas-reliefs Grecs, &
plufieurs tableaux d’Herculanum 8c de Popipeu,
en font foi. _ .
Quelques auteurs en ont voulu attribuer lin-
vention aux Romainsdu tems de Néron, d ajares
un paíTage de Pétrone, que M. de Pavv croit erre
alteré, & qu’il rétablit aíTez heureufement. Voici
le texte & l’explication du favant allemand •
M Piciitra queque alium exitum fetit ,
ARA
Sgyptiorum audacia tam magna arth compendia-
riam iavenit. ••
M Ceur quij comme Chriftius^ ont crü appro-
cher le plus du véritable fens de Péirone, fup-
pofent qu^il a voulu défigner une maniere de
peindre les murailles des appartemens en arabef-
ques ou en feuillages , d'une maniere trés-rapide
& tres heurtée , qui a toujours été proprc aux
peupies orientaux «.
== Sous rtiorrible régne de Nerón , Ies arts ,
eífrayés , commencérent a abandonner I’Italie
comme ils fuient tous les Etats defpotiques. Les
progrés du mauvais goút furent trés-fenfibles , &
on penfe que ce fut alors qu’on y fit un ufage
fréquent de cette efpéce de décorationj venue
originairement de ITgypte. Les Romains ne vou-
íoient plus entendre parler de ces grands peintres
qui employoient cinq á lix ans á íáire un tablean j
comme Protogéne; ils ne recherchoient que des
enlumineurs qui travailloient trés-víte , mais trés-
snal j, & d'une maniere abfolumen’t fantaftique.
Voila poiirquoi la plupart des arabefques mélées
¿ arckizeBure , quena découvertes a Herculanum ,
font aujji ridicules , dit M. Cochin^ que les dejjins
chináis. Je fais qu'onpeut peindre trés-rapidemenr
de^ relies arabefques , dés que la main s^ cft une
fois accoutumée par une longue pratique; mais
je pie que ce gente, queíque mediocre qu'il foit ,
puifle étre nommé artis compendiaria , Vabrégé de
la peinture. »
" Ihme paroit forr probable que le paíTage de
Pérrone ne regarde diredlement ni indireítement
Ies Egyptiens j mais que les copiftes , foit par
ignorance, foit par mé-prife, ont écrit un mot
pour un autre ; de forte que le texte original,
avant que d'avoir été altére, parloit des eciypes ,
eñyporum audacia , ou d^un procédé particulier,
par lequel on copioitles meilieurs tableaux, dont
on prenoit tous les traits, quon rempliffoit en-
fuite avec les couleurs convenables; ce qui porta un
ecup mortel á la Peinture. On négligea le deflin ,
Sp on ne s aKacha plus qu“á tirer des Indes orien-
tales ce tres-belles Pubílances colorantes , qui
ne furent plus employées que par des barbouii-
leurs. «
” On II ignore pas que Pline a employé le terme
d eclypa aans un lens aifrérent de celui de-Pétrone,
dont on connoít la hardieíTe pour Pemploi des
Egures &_des métaphores, qui, chez lui, font
quelquerois heureufes , mais le plus fouvent for-
reíte , de plus grandes difeuflions á cet
cgard , feroien: ici inútiles. 53
^ ARABI CARIA. Murateri (939. 9. Tfuf infer.')
a rapporté Lmícription fuivante :
AURELIA. VALERIA
AP^ABICARIA. V. S. F.
11 conjeéture que ce mot extraerdinaire défigne
vendoit des parfums d'Arabie.
a^^’.ABiCUS. Ce glorieux furnom fut ¿enné
ARA 259
á Scptime-Sévére , parce qu'ii réduiílt TArabie en
province romai.ne.
ARABIE. Le feul roi i' Arabia dont on ait des
médailles, eft Arétas. Foyer ce mot.
Devenae province romaine'^, XArabie a fait
frapper des médailles imperiales grecques , en
fhomieur de Trajan d’Hadrien, avec la iégenie
APABIA.
Les fymboles de VArabie étoient le chameau.
Ies parfums Se l’arbre qui produit Fencens.
ARaC , fils de la Terre. F. GÉ akt.
ARACHNÉ, filie d'Idmon, de la ville de Colo-
phon, difputa á Minerve ía gloire de travaüler
mieux qu’elle en toiie & en tapifTerie. Le défi' fut
accepté; 8c la déellé voyant que rouvrage de fa
rivale étoit d^une beauté achevée, lui jeta fa na-
véte á la tete ; ce qui chagrina Arackné, au point
qif elle fe pendit de défefpoir. Minerve , par je ne
fais quel reñe de pitié, la changea en araignée,
qui a toujours aimé á filer & á faire de la toiie.
Le nom grec de Taraignée, a^á'^ivss , a fans
doute fait imaginer cette fable.
ARADOS, ifle lür les cotes de la Phoenicie.
APAAIÍ2N. & AP.
Les médailles autonomes de cette iíle font;
O. en or.
C. en argent.
C. en bronze.
Son fymbole eft rAcroftolium.
Ses types ordinaires font un taureau courant.
— Une proue de navire.
On a frappé dans cette ifle des médailles im-
périales grecques , avec fon ere , en rhonneuf
de Domitien , de Trajan, d^Hadrien, de Marc-
Auréle , de Commode , de Septime-Sevére , de
Caracalla 8c d'Elagabale.
AR£ PRILENORUM, aaiourd’hui le Port-
de-Sable , aux confins de la province Tripolitaine 8c
de la Cyrénaique. V. Philéíies , deux Cartha-
ginois, auxquels on avoit éievé un autel dans cet
endroit.
ARAIGNEE Les anciens regardoient comme
un préfage funefte, les toiles á’ araignée qiú s'at-
tachoient aux ftacues des dieux ou des héros , 8c
aux enfeignes militaires.
A RATEES, fétes célébrées en rhonneur
d’Aratus, célebre capitaine , qui combattitiong-
tems pour la liberté de la Gréce contre lesryrans,
8c dont la mémoire fut honorée par des auteis Sc
des monumens héroiques, felón Plutarqae.
Le prétre qui offroit les facrifices au chef de ía
ligue des Achéens , portoit des bande'ettes tac’ne-
tées de blanc 8c de rouge ; il éteit entoure de
muficieris , & il conduifoit une proce.rfion fclem-
nelie. Elle étoit compofée da maitre d’école pu-.
biic , fuivi de fes éléves, des fénareurs coaronnés
de fieurs , &r de tous les citoyens de Syeione.
ARBJTER bibendi. Les Grecs 6c les Romains
avoienr coutume d'élirc parle fort un rci ¿ii feítin
avant de fe metrre á cable. Ce roi étoit choiá
Kk ij
A R B
zSo
Parmi les cosvivís ; ií prefidoit au repas ¡ ^
nrí-riHre cl'2 couDS QU£ cíiacun devcit t^Oire»
¡Tele
osace dÍE (C'¿ //.
Slokle nombre de ccups q'
Celui qui amenoit le coup ¿es
Vén-s í éio'.z roi fur-le-charnp
Qucm Ker^s arhiL-'tini
jjícsí bihcnii I
Et (0¿. 1..4. i80:.
TCgilíi viui foi't-zéfB tílííSa.
Ce roi GU feflin porte di&erens. noms; ^.s Ies
áivers auteurs- Horace Pappelife dans ua nutre
endroit firategus & pziter ccsn& ; Juvénal magifier ;
Varron mQdimperator ¡ Gellrus maitre da fzftin. ,
Sidoine rex convivid 3 & les Grees le nomtnoient
SV^'TTOS'tOÍ^^QS. > > S^0l/Ty¡y05,
ARBÍTRÁTOR , nom de Júpiter ; il y avoit a
Romej dans ía dixierae región , un portique a
£Ínq cc-ío-nnes 5 qui étoit, con.Ca.cre a Júpiter Arbi-
trator^ qui regle, tout.-
Arb 1TS.AT0R cafirprum P. R^Grutsr (1088. 7-)
lappcrte une infcription dans laqueíle cette dignke
militaire eñ exprimée. C'étoit peut-etré le juge
des ¿ífétends- qui pouvoisnt naiare entre les Col-
dats.
ARBITFíÁTUM Pontifcum. ( as J Lorfque
le fénat-vouloit remettre quelqkaffaire de religión
aux -ágeme ns des p.o.ntiées, il emplomo it. cette
expreuion. Cn la trouve- fouvent amli dans les
épitaphes.^ pour fixer ramende á raqueile deyoient
étre condamnés ceux qui- v.ioíeroient la fainteté
¿es tombeaux.
áRBRES,. Arrrisseaux & Plantes. Les
ar.ciens avoient un refpeíí re.íigieux pour. ks fotéts ^
les planteSj lssarir.es & les ar-bniTeauxiColés. Non
contens d’avoir mis Ies unes fous la garde. des
Cryades,. & chacun- des autres fous celle d.'une
Piamadtyade , ils confacrerent: piuíieurs. arhr^s 8c
arbriíreaiix á des divinités á^unordre plus relevé.
Voici: les ncms du plits grand nombre de ces der^
fiiei'S- Le pin. étoit confacré á Cybéle ; k hétre á
Júpiter ;■ le chéne 8c íes diíFérentes eCpéces á Rhéa 5.
Polivier- á Minetve; le laurier a-ApolIon; le lot.us-
& le mynhe á Apolion 8c á Venus; k cyprés i
Pluton ; le narciiTe & Padiante ou capillairej á
Proferoine ; le frene 8c le chien-denc áMars;Je.
Eoiirpier á Mercare j.le pavot á Cérés oc á Lucine ;
vigne 8c le pampre á Bacchus; le peuplier á
Hercule: FaM aux dieuxPénates; Faune jle.cédre,
k narciíTe & le geniévre aux Euménides ;. le pal-
ir.ier aax Mufes ; le platane aux _Génies ^ 8cc..
Voycz dans chaqué árdele paniculkr les raifons.
de toutes ces confécrations.
Elle-s firent divifer tous Ies- vé'gétaux en deu»
claíks relatives a la faperftition, en heureux &
en malheureax. Cette derniére claífé comprenoit
tous lesvégécaux que Pon croyoit erre fóus- la
protedLon icnmcdiite des divinités infernales ;
trisque: Palaterne o.u-nerprun j dont. k. fue dtde;
A R B
cdulear de farsg ; la fougére & le üguier , dont Ies
baies & les friiits fent noirs; l'alifierj le poirier
fauvage , le houx , I cgiancier & autres arbriffeaux
i épineux avec lefquels on brúloit les monfires &
toutes Ies chofes de mauvais augure..
On confacra des arbres á des hommp mime,
: Les filies de Spatte en confacrérent un á Héléne,
(Tkeocrit. idyl. 18. 4f ). Les Romains confacrérent
fur !e mont Palafin un cornouilier a Ro.mulus. lis
. afiuroient que ce héros ayant planté fa lance dans
k terre , pour prendre ks augures , elle avoit pns
racine Se piouíié des feuiiies. On voyoit encore
daos ia feconde región de Rome> un^ arhre con-
facré (arbor fanña') á nae divinite qui eft incon-
: nue; fur k nsont Paiatin le figuier ruminal , fous
lequel on aíTuroitque la louve avoit alaite Remus
. 8c Romuíus ; 8c dans Ies Comkes. le figuier de
Navius plante par Tarquin PAncien^, en memoire
du. prodige operé par cet augure celebre.
La ¿éaomincíúon. £ arbor fíznEka arare conízí-
■ eré 3. Csmbloit. étre plus paruculíerenjent refervee
á ces arbres qui fe faifoient remarqaer dans les.
foréts on fur k bord des chemins , patJeur grof-
■ íeur- & par Pétendue prodigieufe de leur ombrage.
; On leur rendoit ua cuite r.eligieux ; on Ies entou--
roit de bandelettes ; oay attachoic des couronnes
& des tablettes ou ex-voto. Ovide (Mxt. 8. 743;)
- a décrit an de ce,s ¡irires chargé des monumens QS
; la fuperítition :t
Sxabat in his mgens- annofo. robore quercos p
Una nemas : vitts, mediamy.memorej'que tabtlls.3
Sertaque cingehant , voti argumenta potentis.
Ainfi. Xerxés appendk á un arbre facré des bijoüx.
; 8c des offrandes précieufes. (lElian. var. kifi. l- tj,
c. 14). Ainfi Tidée j, pére de Diomédej. fairveeu
' ((Thcbaid..l. z jV. 759.) dkppendre á un arbre con--
íacré á Pallas y. des bandelettes de pourpre , bro-
dées de blanc.
Le payfage antigüe d’un piéd de hauteur &
de fix pólices- de largeur enievé d’une frefqus
fur ia.voieAppienne j Se confenk á laViílarAiuani,
nous ofire un de ces arbres facrés.. Sur la gauche
du tabieau j, on apperjfoit aupres de la riviere un
grand ar¿r£j, ayant un petir bsreeau ou une niche
’ placee entre fes branches ; plufieurs nibans oii-
bandelettes pendent de fes rameaux- Winkeimanti-
a p-ublié dans fes Monum. ant. inediti n°. aoSj
ce joli payfage 3 qui' fe diíiingae des payfags®-
dlHerculanum par une raeüleure entente des loi!>
tains.' _ . ' j r
Les voyageurs pieux ne. manquoienr pas de ic-
détonrner du che.min pour adreífer des prieres &
des. voEux. á ces arbres facrés. On placoit quei--
quefois des- autels fous kur ombrage, qni fervit
de temple aux premiers Romains j felón Pune.»
(xiT. T.^ Arbor es fuere numinum templa , prijco—
que ritu fimp Licia rara etiam nunc Deo pr acellentem
arhoresn. dicant^, C’eíi po-urquoi Hs y fufpcndoient.
A R C
auíí ¿ss larspes votivas , coíTime nous rapprañssnt
Maniai & Prudance.
Mart. ( X. 6. 3.};
Qua.^do eyít ilie ¿leí ,, auo campus , ^ arbor , & omnis
Luctbit Latid culta lucerna mru,
Prudance j {Cont. Symmack. ii, 1090.):
Et que. fumificas arbor vittata lucernas
Sujiinuit , cadit ultrici piccijd. bipenni.
Les Rornains voulurent tranfporter dans le fein
de Rome ces pmbragcs frais, qui leur rendoierit
£ chéres ieurs maifons de campagne. Poiir cet
efíet iis éleverent. des terraíTes fur Ieurs palais ,
& Y traiífplantérent de grands arbres. Sénéque
(contr. 3.) leur reproche ce rafnnement de luxe :
Non vivunt contra naturam, qui pomaria in fummis
turribus ferunt ? quorum fylv.& in teclis domqrum ac
fajiigiis nutant , inde ortis radicibus , quo improbe
cacumina egijjent. « N’eít-ce pas aller contre l'ordre
iiaturel j.que de- planter des vergers fur des tourS j
des foréts fur les toits des maifons , &c. ? ” Horace
avoic deja vu commencer ce luxe ^ comme il pa-
loít par Pode i-o' du 3= livre :
Nadis , quo ¡Irepitu janua quo r.eiñus
Inter pulcra Jltum tecla remugiat
N enlis.
ARC. »Sur une páre andque de Stofch , repré-
fentant Hercule combattant les oifeaux de Sn’m-
phale 3 Vare de ce heros n’eíl pas formé en demi-
cercle ; il a la mérr.e courbure que Va.i-c dont ií
eíl armé fur une pierre gravee du mufseum de
Florenee (T.. x, tab. 38, n. i.) , & fur deux bas-
reliefs de la psemiére maniere de Tart ^ places
dans la Villa- Albani , ou Hercule arrache le tré-
pied á -Apollon, 11 eft plié pluíieurs foisj & va j
pour ainíi dire , en ferpentant ; tandis oue Vare
d' Apollon éfl: prefque droit , fz n'eft plié qu^’aux
deux bours. Hercule tenoit cet are d un berger
de Scythie^ nommé Teutariis. »
” Les favans ont cru que Fiare des Scythes avoit
la forme d'un demi-cercle. Un anclen poete cité
par Athénée , introduit un berger - qai ne fachant
pas écrire le nom de Théfée-quon lui demandoit,
tache de s’expliquer en comparant les lettras de
ce nom aveclesddées qui lui étoienr les plus fami-
liéres. II dit que le figma ou la troifiéme Isttre j
avoit la figure d’un are de Scythe. D’aprés celaj
quelques auteurs ont cru que le figma dans les
plus ancienstems , étoit formé comme un C latín.
Cette affertion eft évidemment fauífe ^ pulique
ceft, au contraire , la forme la plus moderne de
cette lettre , comme il eft prouvé dans Haym ^ par
une médiille avec la tete de Lyeurgue, qui eft,
fürement d’une époque moderne. Cependant, le-
P- Hardouin a eu tort de prétendre que le figma
formé en Cb ne fe trouve nidu tems dUAuguíle,.
ui des premiers empereurs. On voirle figma C fur-
«es médaiiles. deLMithriáaKj; & fiir. l¿J\ÍQ£aique.
ARC z6i
du temple de la Fortune que Sylla fit batir á Fié-
neile ¡ aüjourd’hui ralefirine. «
’qD’aiitres favans ont eu plus de raifon , én
vcuiaiit conciiier ¡a deferipdon du berger avec
le S. Car íi Fon examine cette lettre fur le m-arbre
de.Sigée {Ckishul , p. , monum.enc de la plus
haute annquité ^ on la trouve formée ainii 5 » &
pliée de la méme maniere que Vare d'Hercu’e fur
plufieurs pierres qui repréfentent la défaite des
oifeaux de Stymphale. On fait de plus , que le
Font-Euxin a été comparé par les anciens á un
are fcythique 5 ce qui feroit faux íi cet are eut été
un demi-cercle, & íl le figma n’eút pas reíTemblé
á celui du marbre de Sigée. Au refte , ua des plus
anciens monumens ou le jigma foit formé ainfí s,,
eft une médaille de Kaym , fur laquelle il prend
fauffement pour la tete d'Anthifténe , un mafque-
tragique. » (W^inkelmann ¡ Pier. de Stock),
Gn pourroit diftinguer ces deux efpéces eVare
par des épithétes que fournit Ovide. Uarc d'Her-
cuie ou Fi2r<r fcythe, qui a la forme de Rancien
figma grec 5 s'appelieroit arcus patuius. Ovide ,,
( Métam. ) :
Impofitd PATULUS calamo finuaverat arcus.
Celui d’ Apollon s’appeloit arcus finuofius. Ovide,,
(Amor. l. I, tleg. I-):
Lunavitque genu siuuositm fortiter arcum.
Ake. liare fur les médaiiles n’eft un attribut:
d’Apollon que dans le cas ou fa figure Faccom-
pagne. Seúl, il marque ordinairement le cuite quíl
étoit rendu á Hercule dans Ies vilies ou ces mé—
dailles ont été frappées-.
Arc-sn-ciel, Les poetes difóient que ce phé-
noméne célefte étoit la trace du chemin que fui-
voit Iris , meffagére de Junon , en defeendant des^
cieux fur la terre.
Pline & Plutarque rapportent que les-prétres ,.
dans les oí&andes & Ies facrifices", eruployoienc
de préférence le bois fur lecuel V arc-en-ciel avoit;
repofé , & qui en avoit été mouiílé. lis- aíTu-
roient , on ne fait fur quel fondement , que ce-
bois rendoit une odeur beaucoup plus agréable:
que les autres..
Arc be triomphe. On donne ce nom á de-
grands portiques élevés á Fentrée des vilies , far-
des rúes ou fur des chemins publics, áFhonneur
d'un vainqueur qui avoit mérité les honneurs du;
triomphe, ou en rnémoire de queiqu'événement:
important. On en élevoit á Fhonneur des- dieux:
auxquels on aíTocioit quelquefois' des mortels..
Lfinfeription fuivante, confervée dans les regiftres:
de Fhbt’el-de-ville de Langres ,. en fait foi
Q. SEDULIUS FIL
SEDBLI. MAJOR-
BIS MARIS AC-
ABO. ARCUM..
STATUAS IDEJ^
n.. B;
i6i A R C
Oa peut y joindre ceüs-ci :
IMF- T. VESPASIAXUS
CAEEAR. AUG. Vil. COS
MAlVrx. APOLLIMI
MÍNERV..C
ARCUM. VICAN
VINDOKISSENSIS. CUE-I^'E
Ies premiers monuTnens .de ce gente r/eurent
Tien de ir.Eaniiique. Ceíui de Roniulus fut aílez
eroííici e!r¡ent: conftrint de fimples bnqueSj Sccelui
íie Camiile de pierres prefque brutes. Dans la
íuite ie marbre y fut employe, & 1 architeélure
fccondée de la fculpture , les orna de bas-reliefs
& dinfcriptions. Pendant long-tems ces ares eurent
ía forme d"ua demí-cercle, comme ceíui que Cice-
rón appelle Fornix Fabianus , 8c que Vi6tor ap-
pelle Arcus Fabianos. On leur donna enfuite une
forme carree j au milieu de laqueile s'eievoit un
grand portad voúté ^ accompagiié ordinairement
des deux cotes d’une porte de moindre hauteur.
Le haut du portad étoit orné de viéioires qui
préfentoient des couronnes au triomphateur a fon
paflage.
II oe paroít pas que les Grecs ay.ent bati des
ares de triompke y on doit en faite honneur aux
Romains. Piine Ies appeile une invention nou-
veile j novitium inveniurru II -nc veut parler fans
doute que des ares de wiom^he .ornes de fculptures
de ddnícriptionsy car il en exiíioit pluíieurs avant
lui j te.ls que ceux de Romulus de Fabius , &c.
Pendact que la république fubfiftaj le peuple &
!e fénat ne firent jamais élever des ares de triomphe
á l’honneur des morts 5 ce fut touiours pour Ies gé-
néraux qui revenoient triomphans des ennemis de
Rome. Auguíle étant.devenii maírre de f Empire ,
vit la flatterie en élever á Thonneur des morts,
pour lui complaire. Nerón Drufusétant mort dans
ia Germanie , ie fénat propofa a rempereur Áu-
guñe, fon beau-pére , de batir un are de triomphe
a 1 honneur de ce prince. II ac.cepra cette prop.o-
ftion-nouvelle, & on Féleva fur ia v.oie Appienne.
Caligula fut le fecond qui requt le méme honneur
aprés fa mort , de la part des Pifans , chez qui jl
ívoit envoyé une colonie. Gprmanicus fut le rroÍ-
¿éme.
L'adulation faifant tous les jours des progrés
plus rapides parmi Ies fénateurs, ils propoférent
encere une iiouveauté dans ce genre, qui afiiigea
les derniers Romains. lis rcíolarent á’élever un
are de triomphe á 'Livie , époiife d Augufte j apres
qfu elle eut ceífé de vivjre. Dion remarque que
jamais , avant ces jours de fervitude on n'avoit
accordé cet honneur á des femmes. libére, quoi-
que fiis de Livie, en fut íi honteux lui-méme,
quil n’accordala demande des fénateurs, qaen fe
chargeant de Texécuter á fes dépens- 11 recula tou-
jüurs, ajoute Dion, ce pro;et i&fenfé , & nuit pal-
ie laiíTer tombet daris Poubli-
^ Les Grecs appciersnt les ares ¿e triomphe des
A R C
Víornúm , porte-tropkées , parce que Ies dcpouiílsí
des ennemis en faifoient ie plus bel ornement.
Nous allons faire mention des ares de triomphe
Ies plus célebres. On eleva deuxarcí de triomphe ,
avec des ftatues de grandeur naturelle, á l’honneur
d'AuguíIi , pour avoir rétabli la voie Flaminiennc
depuis Rome iiifqu á Rimini. lis furent placés aux
deux extrémités de cette voie , l'un fur le pont
duTibre, & Taacre á Rimini. Lefommet.du monr
Saint-Bernard dans les Alpes, fervit de bafe au
troiíiéme are de triomphe , qui fut bati en fon
honneur, á caufe de la vidoire remportée fur Ies
habitans de ces montagnes.
Le petit are de triomphe de Septime-Sévére ,
batí en marbre par les marchands du forum boa-
rium , marché aux boeufs , étoit placé prés d’u
Vélabre , entre le mont Palatin , Pecóle grecque
& Fédifice á ouaire faces de Janus. íi eíl joint
aujoiird'hui aux murs de Teglife de Saint-Georges.
Ces marcharjds le dédiérent a Septinie-Severe^ &
á fa familie, comme nous Fapprend Finferiptioa
fuivante qui y eft gravee : l. septimio. severo.
PIO. PERTINACI. AUG. ARAB. ADIASEN. PARTH.
MAX.FORTISSIMO. FELiCISSiMO. PONTIF. MAX,
TRIB. POTEST. XII. IMP- XI.COS.lII. PATRI. PA-
TRIA. EX. IMF. M. AURELIO. ANTONIO. PIO. FE-
LICI, AUG. TRIB. POTEST. VII. COS. III. P. P- PRO-
COS. FOE.TISSIMO. FELICISSIMOQUE. PRINCIPI.
ET. JÜLI,€. AUG. N. ET. CASTRORUM. ET. SENA-
TUS. ET. PATRI,E. ET. IMP. C,£S.M. AÜRELII. AN-
TONINI. PII. FELICI6. AUG. PARTHICI. MAXIMI.
BRITANNiei. MAXIMI. ARGENTARII- ET. NE-
GOCIATORES. BOARII. HUJUS. LOCI. QUI. DE-
VOTI. NUMINI. EORUM. INVEHENT. II eft Con-
fervé entier, ainli qué fes bas-reliefs, fur lefquels
OH voyoit d’un coté Sévére & fa femme Julia Pia,
& de Fautre Antonin Caracalla & Géta , qui
oftfoient un facriíice avec tout Fappareil_ ordi-
Raire, Faurél, Ies inftrumens facrés, le vidimairc
& pluíieurs autres figures. Mais Fodieux Caraca-la
fit hacher au cifeau la figure de fon infortuné írere
Géta. ^ _ ,
are de Camiile étoit bati de groífes pierres d£
taille, fans'ornement. On n'en voit plus de reites.
Liare de Claode. En creuíant les fondemens
du palais Coionne , ñirnommé Sciarra , ou nom
de la place fur laqueile il eft báti , on. trouva, en
164!/, les débris de cet are de triomphe. lis con-
íiftoiént en un pavé de mofaique , un enorme
quartier de marbre , fur le.quel on lifoit les tures
de cet empere-ur , des colonnes cannelées ae rnar-
bre Africain, le torfe d’un captif , & une medaiHe
d’or de Claude , portant au revers la ftatue equeitte
de Fempereur, pofée fur un are de triompae, eu
mémoire áe fa viétoire fur les Bretons. , .
\J are Compitalitius ou des carrefours^, ctoit
placé auprés áe la porte Sepümiane , d’ou ü -uc
furnominé Septimien. On n’en connoit aucun
refte.
L’arc de Conflantin fubíifte prefqu entier aupte*
A R C
¿u mont Palatin , au coihmencement da la Voie
Appienne. Le peuple romain eleva cet are de
triomihe en Thonneur de Conftantin , aprés fa
vidtoire ñir Maxence. Cec événement y a fait pla-
cer les ornemens d’un triomphe , des trophées ,
des vidioires aüées , hait ftatues de captifs 3 dont
Laurenr de Médicis abattic les tetes pour les
emporter á FlorencCj & que Clément XÍI a fait
reftaurer.
Cet are eft percé de trois portes •, une tres-
grande au tnilieu de deux petites. Au-deíTus de la
plus grande porte eft placee des deux cotes de
Vare , rinfeription fuivante :
IMP. CAES. FL. CONSTANTINO, MAXIMO
P. F. AUGUSTO. S. P. Q. R
QUOD. INSTINCTU. DIVINITATIS. MENTIS.
MAGNITUDINE. CUM. EXERCITÜ. SUO
TAM. DE. TYRANNO. QUAM. DE OMNI. EJUS
FACTIONE. UNO. TEMPORE. IDSTIS
rempublicam. ultus. est. armis
ARCUM. TRIUMPHIS. INSIGNEM. DICAVIT
Sur un des cotes de Tépaifteur du portail ou
dé la grande porte j on lit liberatori urbis,
& fur Tautre pundatori quietis. Votis x. eft
écrit au-deflus d'une des petites portes, Se votis
XX. au-delLus de Fautre.
Les fculptures de cet are de triomphe font de
divers tenas ; & les unes annoncent les beaux iours
de la fculpture , tandis qu’on la volt expirante fur
les autres. Du nombre des premiers font les bas-
reiiefs des deux cótés de í'intérieur du portail.
Un empereur y paroit á cheval, aceonapagné des
enfeignes militaires , courant aux ennemis ; & le
méme leur donne des loix aprés Ies avoir vaincus.
Les traits de cet empereur font exadiement ceux
de Trajan , & ne rappellent point ceux de Conf-
tantin. C'eft par-lá qu'on a reconnu que Yare de
Fempereur chrétien avoit eré conñruit avec les
débris de celui de Trajan , qui étoit báti dans
ion forum, ou avec les débris de ct forum lui-
méme ; ce qui explique la difterence feníible
qu’offrent des bas-reliefs d’un travail aufli inégal.
Mais ce qui porte jufqu'á Févidence cette conjec-
ture, eft le bas-relief qui repréfente une femme aflife
á terre s’appuyant fur une roue de chariot, relie
qu’on la voit fur les médailles de Trajan , oú elle
Dgure !a voie Trajane que ce prince avoit fak
conftruire.
L are de Domitien oil de Portugal , fut ainfi
nornme a caufe du palais d’un cardinal portugais ,
qui étoit auprés. Cet are a excité de grandes cor>-
teftations_ entre les antiquairesj les uns prétendent
que c'étoit Yare de Domitien, & d’auttes celui de
Marc-Auréle. Mais Alexandre Vil fe propofant
fl embellir la me du Cours , que cet are cóupoít
en deux, le íit examinar avec foin, pour le dé-
F‘^Ve, s’il n avoit aucun mérite. On reconnut que
i -ttuciure en étok irréguliére dans toutes fes
partías, que fes ornemeas n avoiou entr’eux aucun
A R C 2Í33
ppport, & que le plan & le terrein far leque!
il étoit conftruit , ne s’accordoient point avec les
anciens; d’oú Fon conclut que cet édiñee étoit
moderne, qu’on Favoit formé de bas-reliefs, de
marbres anticues, & d’autres morceaux raíTem-
blés au hafard. Sur ce rapport, on le détruiíit.
Vare de Drufus , que Rufus & Viclor placení
dans la premiére región , ne fubfifte plus. On ne
fait pas méme précifément auquel des deux Dru-
fus , du pére de Tibére ou du ífére de cet empe-
reur, ii appartenoit. Les fentimens font partagés
fur ce fujet.On croit cependant que deux colonnes
de marbre Africain , qui font en face de la porte
de Saint-Sébaftien , en faifoient patrie.
liare de Fabius-V Allolroglque , appelé par Ci-
cerón fornix Pabianus , étoit báti en demi-cercle
la voie Sacrée, auprés du temple d’Antonin &
de Faiirtine, convertí aujourdTiui en églife, fous
le vocable de Saínt-Laurent in miranda.
liare de Galtien eft appelé aujourdTiui Yare
de Saint-Vit, parce qu’il eft eontigu á Féglifede
ce faínt. II offre un trille témoignage des malheurS
du rerris oü il fut batí. L’empire étoit déchiré
par les guerres civiles , les finances épuifées , &
les particalíers enterroient íeurs richeíTes. Marc-
Auréie Viéior fit élever ce monument en Fhon-
neur de Gallien & de Salonine fon époufe. On
n’y voit aucun bas-relief, mais feulement un
ordre corinthien trés-mefquin & trés-médiocre-
Yoici Finfeription qui y eft gravée 1
GALLIENO. CLEMENTISSIMO. PRINCIPí
CUIUS. INVICTA. VIRTUS
SOLA. PIETATE. SUPERATA. EST
ET. SALONINAE. SANCTISSIMA-E. AUG
M. AURELIUS. VICTOR
DEDICATISSIMUS
NÜMINI. MAIESTATIQUE. EORÜM
On ne peut pas Fappeler are de triomphe, parce
que Fépoufe de Gallien y eft nommée, & que d’ail-
leurs on y n’apper^oit aucun veftige de triomphe,
liare de Germánicas OU de Tihere ne fubfifte
plus. II étoit place , felón les uns , prés du champ
de Flore; mais Nardini penfe , avec raifon., qu’ii
étoit báti á Fentrée d’une monrée du capitoie ,
comme Yare ás. Sévére eft placé á Fentrée de
Fautre monrée.
liare de Gordisn le jeune étoit placé dans ÍS
feptiéme régioa. 11 ne fubfifte plus.
liare d‘ Horatius Cacles étoit place, íélon quel-
ques écrivains, non loin du pont Sublkius , aiv
bas du- mont Aventin. Ii étoit conftruit de gros
quartiars derochers bruts, 8c portoit Finferiptioa
fuivante t
P. LENTULUS. CN. F. QUINTIUS. CRISPTNtrS
VALERIANUS. EX. S. C. FACIUNDUIvI
eURAVSRí. IIDEMQUE. COMEROBA VERJE.
io4 A R C
On rejette aiTéz uíianimement comroe une faW? ,
r'exiiteijC? de cet arí , cioní aucun autcur ancisn
n^a vu de traces.
Ví2rc dt Janus. Voyez S-dcRifORTUS.
Uarc de ld,arc^AureLe & de Faufime fut batí par
Commode leur fiis ^ dans le forum d'Antonin. II
n exiíte plus. , . , ,
\J are de Fiare- Aurele & de Férus etoit place
dans la feptiéiTie région. On n’en connoit aucune
trace.
Vare de Nerón fut batí par ordre du fenat,
& place dans le capitole ; mais il ne fubfifte plus.
Vare neuf ¿zo\t placé dans la feptiéme région,
felón Rufus, qui a voulu déíigner par-la celui ¿e
Conflantin décrit plus haut , & qui avoit été bátl
peu de tems avant cet écrivain.
. Vare d’ Oclavius , pére d^Augufte, fut báti en
fon honneutj dans la dixiétne région, par ce fils,
devenu maítre du monde. 11 ne fubíifte plus._
Vare de la porte neitve ne fubíiíte pIus.'INardini a
era en voir un reñe dans une corniche de^marbre
á fentrée de la voie Flaminienne, auprés d"une
hótellerie appelée Borgketto. Peut-écre avoit-il
été éievé en rhonneurdbiugufte, qui íit travailkr
avec.tant de foin á la voie Flaminienne.
Les deux ares de Romulus nktoient que de
briques , & cependant les Romains ne les revé-
tirent pas de marbre , ainfi que les nouveaux ares ,
afin de conferver la mémoire des premiers tems.
Vare de Scipion V Africain étoit placé au bas
de ia montée du capitole. On nkn connoit aucune
trace.
Le grand are de Septime-Sévere fut éievé par
le peuple romain, en mémoire de la viétoire que
remporta Sévére fur les Parthes & fur les autres
nations barbares ennemies de Rome j comm,e on
i’apprend de l’infcription fuivante , gravee fur Ies
deux faces de Yare :
IMP. CJES. LUCIO. SEPTIMIO. M. PIL. SEVERO.
PIO. PERTINACI. AUG. PATRI. PATRIAE. PAR-
THICO. ARABICO. EX. PARTHICO. ADIABEKICC.
PONTíF. MAXiMO. TRIBUNIC. FOTEST. XI. IMP.
XI. eos. III. PROCOS. ET. IMP. CAES. M. AURE-
LIO. L. FIL. ANTONINO. AUG. PIO. FELTCI. TPvI-
BUÑIC. POTEST . VI. COS. PROCOS. P. P. OPTIMIS.
FORTISSIMISQUE. PRINCIPIBUS. OB. REMFÜBLI-
CÁM. RESTITUTAM. IMPERIÜMQUE. POPULl.
ROMANl. PROPAGATUM. IKSIGNIBUS. VlRTÜ-
TiBÜS. EORUM. DOMI. FORiSQUE. S. P. Q. R-
Ces lettres étoient de bronze, & les Goths les
enlevérent. Mais on a lu cette inferipnon par le
moyen des trous que rempíiíToient les tenons des
lettres ; comme on a déchiffré depuis Tinfeription
de la Tnaifon carree de Nim.es. En Pétudiant, on a
découvert que les mots opxiMis. forxíssímis-
QUE. PRINCIPIBUS, avoíent été mis par ordre de
Caracalla á la place des fuivans, ex. p. sepximio.
GEXAE. N03ILISSIXÍ0. CAESARI. O. P., que fa
haine poqr fon frére Géta avoit fait eí&csr. On
A R C
voit que le marbre a été creufé fous ces nouvelles
lettres , & quklles - mémes font d'une hauteur
inégale.
Cec are de triomphe eñ placé au bas de la montée
du capitole. Serlio aííure qu il a été fabriqué avec
différentes ruines d“anciens édifices j mais fa con-
jeciure paroit hafardée. Qiioique cet are de triomphe
foic enterré & mutilé en patrie , on y diñingue
encore des bas-reliefs intéreífans. Aux deuxcótés
de la voúte du grand are, on voit deux Viéloires
aiiées qui portent des trophées, deux Génies
chargés de parfums, de fleurs & de fruits, fym-
boles des provinces foumifes par Sévére , & qaatre
fleuves , dont deux paroiffent étre barbares ou
étrangers á la domination romaine. La méme voute
eft ornee de compartimens & de rofaces de trés-
bon goút. Huir coionnes cannelées d'ordre corin-
thien , foutiennent la frife qui portoit f infeription.
Un efealier de marbre, pratiqué dans Tintérieur
de l’édifice , conduifoit á fon fommet , oú étoit
placé CaracaUa avec fon pére & fon frére , dans
un char de triomphe tiré par fix chevaux. A leurs
cótés étoient debout des foldats , qui accompa-
gnoienc le triomphateur.
Vare de Tibere fut batí par Claiide auprés da
théárre de Pompée , dans la neuviéme région. Il
ifen exilie plus aucune trace.
Vare de Titus , placé entre le forum Romanum
8c le Colifée, eíl un des plus anciens ares qui
aient confervé ieur infeription. Voici la fienne:
SEKAXUS. POFULUSQUE. ROMAKUS
DIVO. TiXO. DI VI. VESPASIANI. F.
VESPASIANO. AUGUSTO
Cette infeription annonce , parle mot divo,
que Yare Tiz été elevé qu’aprés rapothéofe de
Titus, qui eíl repréfenté aífis fur un aigle á la
voúte du portaií. La frife de Yare de triomphe eíl
fupporcée par deux coionnes d'ordre corinthien,
& l’on y voitTciiIptés Ies appréts d^un facnflce.
Aux deux cotés intérieurs du portail, eíl p*ace
Tibere dans fon char de triomphe tiré par quatre
chevaux , que conduit Rome tenant une hafie &
portant une lance. Les íiéleurs accompagn^t le
char, ainíi que la Viéíoire, qui couronne litas.
Ce char eíl précéáé par les dépouilles du temple
de Jcrufalem , que l'on porte fur des brancarns.
Ce font le chandeiier á fept branches , les tap.es
de la loi , la table d’or des pains de propofition ,
& d’autres vafes précieux.
Vare de Trujan terminoit- fon forum , felón
Dion. li nkn exilie plus que les bas-reliefs app.i"
qués á Yare de Conñantin. Panciroles a -cru voir
les relies d’un fecond are de Trajan dans les
qui font auprés de la porte de Saint-Sébaftipn , oí
que nous avons attribuées á celui de Druíus.
Les ares de triomphe qui ornoient le chemin
Ies rúes par lefqueiles marchoient les tnompna-
teurs avec toute leur pompe, r/étoient que
bois j & on les détruifoit auflitot aprés le trioroFhe*
A R C
lis ¿toient ©enes de trophées , des repréíestatsons
des vilks prifes, des nations vaiiicues & de cap-
tifs eachaínés. On ménageoit au-deíTus des efpaces
p'our placer des joueurs d’inftruinens & des hom-
mes chargésde Erophées. Le plus magnifique de ces
ares étok placé á rentrée du pont triomphal j dont
on voit des reftes á la gauche du Tibre, auprés de
Saint- Jean des Florentins. Le portail ou la plus
grande des trois portes feryoitau paíTage du triom-
phateur & de fon cortége j les deux petites portes
etoient réfervées aux perfonnes diñinguées, & aux
pareos & amis du héros.
Uarc de Vérus étoit dans le forum de Trajan. II
fut elevé pour conferverla mémoirede fes vicloires
fur les Parthes. On n’en connoit aucun veílige.
On voyoit encore dans le liécle dernier , pfés
de la collégiale des SS. Celfe & Julien^ les reftes
d^un are de trioinpke , que fon croyoit avoir été
confacré aux empereurs Graden j Valendnien &
Théodofe.
Les ares de triomphe ne furent pas renfermés
dans Fenceinte de Rome feule. Nous avons deja
parlé de ceux d'Augufte , élevés fur le fommet des
Alpes &«a Rimini ; nous allons faire mention de
quelques autres encore plus remarquables.
Uarc de triomphe ct Ancone fut élevé en Fhon-
neur de Trajan, de Plotine fon époufe , & de
Marciana fa fceur. II eft de marbre blanc, & báti
avec beauccup plus de folidité que les monumens
de cette efpéce. On tro uve peu d'édifíces anti-
ques oú Fon ait employé des blocs de marbre
d'un auíli grand volume. L’embafement de Vare
^ufqftaii pied des colonnes eñ d'un feul morceau :
iJ porte en longueur vingt-íix palmes romains &
un tiers (environ dix-huit pieds franqois) , en lar-
geur dix-fept palmes & demi (environ douze
pieds) j & en hauteur treize palmes (environ huir
pieds. .On aveit placé fur le faite de^cet are , la
ñatue équeftre de Trajan ; Se Fon confHíve encore
á Fhótel-de-viile d'Ancóne ¡ une come du pied
de fon chaval.
La partie méridionale de la Trance , lituée
entre le Dauphiné , le Rhóne & la Méditerranée ,
oftre quatre ares de triomphe antiques en différens
états. On ne voit plus que des ruines & des veftiges
de ceux de Cavaillon & de Carpentras. Uarc de
Saint-Remi en Provence eñ plus entier ; il n'a
qu'une porte , au-deiTus aux deux cotes de
laqiielle font placees des viétoires. Deux figures
d hommes makraitées par le tems, rempliíTent les
intervalles que laiíTent deux colonnes cannelécsj
dont la porte de Xarc eft accompagnée.
L are de triomphe d‘ Orange eft mieux confervé
que les trois dont nous venons de parler. II fert
de porte á la ville d’Qrange, & fut erige ^ felón
1 Opinión commune , a l’occaíion de la viéloire
^.ue Caíus Mariiis & Catulus remportérent íur
les Teutons , les Cimbres & les Ambrons. Get
a environ onze toifes de longueur, 8c dix
toifes dans fa plus grande hauteur. II eft formé
Antiqaites Tome I.
A R C z(55
par trois arcades ornees en dedans de comparti-
mens , de feuillages , de fieurons & da fr-uits.
Sur Farcade du milieu eñ une longue table d'at-
tence , & la repréfentation d'un combar que fe
livrent des fantaflins 8c des cavaliers. Ies uns nuds,
8c les atures armes Se habiilés. Sur les petites
portes des cotes font des amas de boucliers ,
d'épées , de poignards , de javelots , de trom-
pettes , de cafques &c d'enfeignes miiiíaires fculp-
tées e.n bas'-rehef. On y voit auíli d' autres tablas
d'attente , avec des trophées de viéioires navales,
des éperons , des acroñoles , des ancres , des
proues, des apluñres, des rames & des tridens.
Au-deíTus des trophées de la face oriéntale eft un
foleil rayonnant , au milieu d'un are parfemé
d'étoiles. Des inñrumens de fa^ince ocenpent
le haut de Yare, au-deíTus de la petite porte du
■ feptentrion. A la méme hauteur, du cóté du midi,
on volt le bufte d'une femme entourée d'un grand
voiie. Les frifes principales font ornées de fan-
tañins qui combattent. Tous ces attributs fe rap-
portent á deux viñoires remportées. Fuñe fur
mer, 8c Fautre fur terre.
Quoique Farchiteíture moderne ne foit pas da
reíTort de ce Dicíionnaire , nous ne poüvons ce-
pendant pas taire une remarque d’aprés laquelle
on jugera íi Fadmiration pour les arts des anciens,.
nous fait dédaigrier ou méconnoítre ce que ceux
des modernes offrent d'eftimable 8c de véritable-
ment beau. Nous nous croirons exempts de ce
reproche, que Fon fait tous les jours aux anti-
quaires, aprés avoir rappelé á’ nos lecleurs que
Pans renferme un are de triomphe fupérieur á
tous ceux qui font décrits dans cet árdele , 2c par
fa hauteur & par fa noble fimplicité. C'eñ la porte
de Saint-Denis. Ses bas-reliefs & fes inferiptions,
qui ont été compofées par Farchiteéle , ne dépa-
reroient paS les débris de Yare de Trajan : 8c i!s
font d'une beaiité dont ne peuveüt approcher ni
les fculptures des ares de triomphe d’italie , ni
celles des ares de Provence.
ARCA. Ce moc avoit chez les Romains diffe-
rentes acceptions, qu'il faut diftinguer foigneu-
fement.
Arca cujlodia , étoit une efpéce de cachot o« de
cage de bois , dans laquelle on renfermoit les
criminéis que Fon tenoit au fscret. Cicerón , {pro
M-lLon. 22.) : Súbito accepti in qusflior.em , taméit
feparantur a csteris , 6? iu arcas conjiciaraur, ne quis
cum his colloqui pojfet. Le bois de chéne , rosar ,
dont ces cages étoient fabriquées, leur fir donase
par la faite le nom de robora.
Arcafirnlis. On donnoit ce nom a des pierres
qui fervoient de bornes dans les champs, & qui
étoient tailiées en forme A’arcAe ou de cofrre.
Cette forme les fit confondre qaelquefois avec des
tombeaux. Sénéque ( epifi. i? )_dit de Isc-méme:
In ipfd Scipionis jí frican.! villa jacer.s kac tibi
feribo adoratls manibus ejus ^arca , quam fepul-
eruT^ tanti -viri fufpicor. » Je voiis écris ét’Rt
L I
A R C
mabcie dans la maifon de campagpe de Scipion
rAfricain, ou j’ai ya avec un refpeér religieux
Ies mains de ce héros & ion arcke , que je crois
ccre le tombeau de ce grand homme. La reíTem-
bbnce des arckes fépiilcrales & des arckes de. li-
mites , rendoir incertain le précepreur de Néroii.
Arca vablicj. , arca povuii ^ étoitleíifc ou trefor
pubíic.
Area fepulcralis, étoit un tombeau ou cercuei!,
que Ton appelle aujourd''hui ume , en parlant des
nionumensantiques.Ces urnesétoientfajtescommc
un coíFre , arca y c'elt-á-dire , qu’eiles étoient qaa-
drangulaires, & fermées par un couvercle dant la
forme varioit fuivant le gout des ouvriers. Des
briques ont ordinairement été !a matiére des urnes ;
mais elles étoient faites fouvent de marbre ; & les
bas-reliefs dont on aimoit á les orner, font aujour-
d'hui la plus belie partie des collections d'anti-
quités.
Arca pontificutn. On appeloit de ce nom un
tréfor qiii étoit gardé par les pontifes , dans leque!
on dépofoit certaines amendes, & en parttculier
celles que devoient payer les violateurs de la fain-
teté des tombeaux. Les épitaphes font fouvent
mention de ces amendes, & du tréfor ou on les
dépofoit. En voici un exemple ; hoc. ?,ionu-
MENXUM. NE. DE. NOMINE. NOSTRO. EXIAT.
QUI. EXTERNDM. INDUCER.E. VOLUERIT. POE-
NAE. NOMiNE. INFERAT. ARCAE. PONTIFICÜM.
K-S. L. M. N.
Les pontifes prépofoient á la garde de ce tréfor
un tréforier des oíSciers appelés Caratores ¡ &
dbutres nommés Ouatuorviri.
ARCADIA , en 'Créte. APKAAaN.
Les médailies autonomes de cette ville font :
RRR. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
áRCaDIE , nymphej mere de Philonomé.
A.RCADÍENS j dans le Péloponnéfc. AP. en
monogramme.
Leurs médailies autonomes font :
R. en argent.
RR. en bronze.
O. en or.
Leurs types font :
Pan affis fur des rochers. — La fyringe de Pan.
— Une lyre.
Ce peuple a fait frapper une médaille en bbon-
néur d’Antinoüs, avec rinferipnon apxaci.
Les Arcadiens paroiífent avoir été le dernier
peuple ¿vilifé du Péloponnefe. lis habitoient un
pays montueux, éloigné des cotes de la mer;
c’eft pourquoi ils communiquérenc tard avec les
étrangers. On doit rapporter fans doute á Tépoque
tardive de leur civilifation > le furnom de man-
geitrs de glands , ^ax=cvi,(payt¡í , qui, dans foriginCj
devoit leur étre conynuu avec les autres peuples
agreftes du Péloponnefe j mais qui relia á eux
fculs.
A R C
lis rendoient un cuite particulier au dieu Pan.
Dans les premiers tems^ ils avoient immolé des
garcons á Júpiter, & avoient fait mourir en fon
honneur de jeunes filies fous les coups de verges.
Comme les Arcadiens étoient pañeurs , ils confer-
vérent long-tems Fextérieur groíTser & ruffioiie
des peuples qui nourrilfent les beftiaiix ; de forte
que j malgré leur gout pour la Muíique , on déíi-
gnoit en Gréce les anes fous le norn de roffignols
d'Arcadie.
ARCADIÜS, fjls ainé de Théodofe I.
pLA'nus Arcaoius A UGíIS'TUüt
Ses médailies font:
C. en or.
II y a au cabinet du roi deux médaillons en or
^'Arcadius-, ils font d"une grande forme.
C. en argent ; qiielques reveis R.
RR. en médaillons de B.
C. en M. & ?. B.
La colonnc qui avoit été élevée á Conftp.ti-
nople en i’honneur de ce prince , étoit ornée de
bas-reliefs qui ont été gravés d’aprés les deíTins
de Gentt'e Bellino , peintre vénitien , appelé á
Conftantinople par Mahomet II. Ii paroft que cet
artille a beauconp embelli i'ouvrage-dans fon deífin.
On voit encore dans le quartier nommé Cortcajui,
la bafe 'de cette colonne, qui eít de granit. La
colonne a eré démolie par les Tures au commen-
cement de ce íiécle , parce qu’eüe avoit été ébranlee
plulieurs fois par les tretnblemens de terre, &
parce que fa ebúte pouvoit caufer de grahds dom-
mages.
ARGARIUS 3 garde d’un tréfor. On connoit le
tréforier du fife, celui de Varea pontificum , ésx
tréfor des pontifes, & celui des prefets du pretoire.
Le premier eñ nommé dans Tinfeription fuivante j
trouvée á Naples. Arcarius y eíl écrit par un lí:
:$" D. M.
MARCIAE. MELISSAE. CONJUGI
INCOMPARABILI. FELIX. ARK.
REIP. NEAPOLITANORUM.
L. D. EX. PERM. MAGIST.
EX. MARCIUS. FELIX. MATRL B M-
Les tréforiers de la maifon d’Augufte , arcarh
lih. Aug. étoient ordinairement des affranchis ,
comme Tannoncent leurs épitaphes j ceux des par-
ticuliers étoient de fimples efclaves. On dpnnojt
aufli le nom ¿‘Arcarías á celui des derniers qur
avoit la garde des habits que Fon quittoit
prenoit au bain, & méme de tous les habiHe-
mens du maítre. Arcarías venoit alors d crea ^
coífre ou armoire dans laquelle on renfermok Ies
habits. ^
ARCAS , fils de Júpiter & de Calillo , regna
dans FArcadie , á laquelle il donna fon nom s
inltruit par Triptoléme, il apprit a fes Cüjsts A
femer du b!ed& á faire du pain. Ariílée luí mon-
tra auííi á filer la laine , & á en faire des etoffe^
La fabk dir qn Arcas devenu grand, étant a »
A R C
chaíTe , rencontra fa mere fous la figure d'unc
oarie : il ne la reconnut pas j quoique iui-méme
en tdc connu. Caiifto s’arréta pour le voir ; mais
Arcas alloic la percer de íes traics, quand Júpiter ^
voulant etr.pécher ce parricide , le métamorphofa
auiii en ours ^ & les enleva tous deux dans íe ciel j
ou ils forment les conílellations de la grande & de
la petite ourfe. Voye^ JuPiTER. Selon une autre
tradición , Arcas eut deux enfans d"une Hama-
dryadcj nommée Profpela. ¡A. Pros pela. H
époufa esiíuite une dryade qui s’appeloit Erato^ &
quÉ le, rendir pére de trois garcons. ¡r . Calísto.
ARCÉj filie de Minos j fut aimée d’ApoIlonj
& le rendit pere de Milet , de qui Bybiis & Cau-
mus requrent le jour. V. Milet.
ARCERA , chariot qui fervoit aux vieillards &
aux infirmes. J-rcera étoit proprement un iit cou-
vertj que Pon pla^oit fur un chariot découvert j
■pLaufirum.
ARClRII milites. V. Femntarii.
ARCÉSlLASj un des cinq chefs de Parmée
grecque qui conduifoient les Béotiens de Thébes
au íiége deTroyCj felón Homére; i! étoit fils de
Júpiter & de Torédie. Les autres cheft étoient
Pénélée^ LeituSj Prothénée & Clonius.
ARCÉSIüSj grand-pére d^ülyííe^ étoit fils de
Júpiter, felón Ovide , ou de Céphaie , felón
Ariíiote. Céphale, dit-ii, ayant été Icing-tems fans
avoir d'enfans, aila conídlter Poracle, qui luí dit
de rendre mere la premiére feme’le qu'ií rencon-
treroit. Ce fut une ourfe qui fe préfenta á lui : il
en eut un fils qu'il novamz Arcéfius , du nom de
fa mere. Toute cette fable rfeíí fondée que fur
le nom grec de Ppurfe, 'ífAo; oti afx-or.
ARCHEGETÉS, nom dCApollorij fous lequel
on lui avoit érigé un autel & renda un cuite dans
Pifie de Naxos. Sur des monnoies de cette iíle, on
voit une tete d’ Apollon avec ce furnom. On don-
noir a Hercule le méme titre dans Pille de Malte,
oú fon cuite avoit été appcrté de Tyr. Ce mot
fignifie prince, chef, conducteur; ii eít compofé
, prince , & áíiyíifiat , conduire.
A'i’XElON. Les Grecs déíignoient par ce nom
le lien le plus retiré & le plus fecret des temples 5
ceiui oú Pon confervoit les richeifes du dieu, &
ceües que les particuliers y mettoient quelquefois
en dépót. C'eíl: ainfi que Xénophon dépofa fes
richeíTes entre les mains d’un prétre de Diane
d'Ephéfe. De-lá vinrent les épithetes que lui donne
PolhiXj dans fon Onomafiiconíj.. l.),
■r.<,xLxmo-m , , Scc- qui fonr toutes re-
Istives a Por & aux tréfors qui y c-toient renfermés.
Les Romains imitérent cet ufage des Crees-,' &
dejprércnt leur tréfor pubüc dans le temple de
Saturna.
devint par exteníion le nom da cabinet
dans lequel on confervoit des meubles anciens ,
des antiquités & des titres de poffeíison.
A p5j£;oit étoit le bátiment ou la bafiíique dans
laquelie on rendoit la juítice , Se que Pon appe-
A. R C 1 G~]
Icit, fuivant lespays, prétoire, ou fortim ^ ou
curie.
ARCHELAIS , dans la Cappadoce.
Goltzius feul a attribué des médailles imperiales
grecques á cette ville.
ARCHELALS I , roi de Macédoine. apxeAAO.
Ses médailles font:
RR. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
Archelaus, roi de Cappadoce. basíAeos
ArXEAAOT.
Ses médailles font :
O. en bronze.
RRR. en argent.
O. en or.
La maíTue eft le type ordinaire de fes médailles.
ÁRCHÉMORE , fils de Lycurgue, roi de Né-
mée, en TheíTalie, & d'Euridice, eut pour nour-
rice Hypfipiie , temme de 1 boas. Les Crees de
Parmée d'Adrafte traverfant un jour la forét de
Némée , trouvérent cette illuftre nourrice feule
avec le jeune prince qife'Ie allaitoit : ils étoient
extrémement prefles de la foif ; & prefqua toutes
les fources étant taries par Pardeur de. la faifon,
ils la priérent de leur indiquer quelque fource
d'eau vive pour fe défaltérer. Hypfipiie les con-
duilit á une fontaine qui réétoit pas loin de-!á ; &
pour aller plus vite , elle laiíí'a le jeune Archém^ore
feul fur Pherbe j mais en fon abfence , un ferpent
ota la vie á Penfant. Les Grecs, furpris & afBigés
de cene funeíle aventure, niérent le ferpeut,
firent á cet enfant de fuperbes funérailles, & iníti-
tuérent en fon honneur les jeux néméens. R'oye^
Néméens, Hypsipile.
Winkelmann-a publié dans fes Monumenti anti~
cki inediti , un bas-reüef fur lequel on voit Arché-
more entorcillé dans les replis du ferpent , deux
Grecs qui lancent des fleches au reptile venimeux,
& Pinfortunée mere avec le vafe qui eíl tom.bé
de fes mains.
A’PXEIÍITHS, archeotas , antiquarius. On don-
noit ce nom aux ofiiciers prépofés á la garde des
archives des villes grecques, & au rétabliíTemeot
des titres vieilüs ou gátés. II en efi: fait mention
dans le Droit Romain , fous le nom K archeota. 8c
A’ antiquarii.
ARCHEOTA Vovez A'PXEin'xKS.
ARCHER, foldat qui lance des traits. Les
Grecs & Ies Romains employoient les arckers ,
les jacalateurs , en general tous les gens de trait,
pour engasen une ztfihs & pour atrirer 1 ennemi
au combar. Quoiqu'iis ne PattaquaíTent que de
loin , ils ne laiffoient pas de brifer b^aucoup
d’armes , de blelTer, de tuer beaucoup de monde ,
8c de mettre !e déforáre dans les ^rangs.^ Leurs
atraques brufques arrétoient Pimpétuofité c’une
aile de cavaierie, & la forcoient de püer. Les
arckers fervoient encore á favorifer les retraites,
á fouiügr les endroits ñjfpeéis , á éventer , 8c
2é$ A R C
fur-tout á drefíer á«s etr.burcades._ Dans une ba- |
taille üs venoient toujours aux mains !es prsmiers 5 ;
ils na ceíToient point d'agir pendant la chaleur da j
Tadion , í-r üs combattoient ancore aprés qu'elle |
ctoit décidée : en un tnot , ils rendoient en toute
occafion des fervices íignaiés.
Les armes de jet des anciens, produifoient un
effet p'iis coníidérable que nous ne penfons. Le
bist des arc’iers & des frondeurs étoit une butte
de gazon á laquelle on vifoit, & que I’on toucnoit
(au moins les frondeurs) á íix cens pieds de aií-
tance s ce qui fait une longueur d^environ cent
YÍngt pas. í Anide de M. Eidous ).
Les arckers mettoient un genou en terre pour
tirer de Tare avec plus de facilité , ou plutót pour
corriger par rabaiííeraent d\i point de départ
rélévation parabolique que prenoit la fleche pen-
dant le trajet. On les voit fouvent dans cette att!-
tude fur les pierres gravees fur les médaiiles de
Thébes en particulier ^ & fur plufieurs autres mo-
numens-
ARCHIATER , af^/arfe;. On donnoit ce nom
au premier médecin ou au chef des médecins. Le
Thefaurus inferiptior-um de Muratori, nous offre
plufieurs épitaphes dans lefqueiies on lit ce mot.
En voici une :
D. M. - .
A. ATIUS. C. L. ARCHIATER.
SIEI. ET. lULIAE. PRIMAR
CONIÜGI. INCOMPARAEILI
ARCIIIATROS exprime lámeme dignité que
le mot crekiater. Gn le troiive dans Gruter ^ revu
par Gr^viuSj page 632, n°. 4.
AR^CirilBUCGLUS Dei Uheri. Grnter (27. 4.
& 28. 2.) a pubüé deux infcriptioTis fur lefqiielles
«n lit cette dignité réunie avec d’autres fonétions
des prétres de Bacchus. Peut-étre déíignoit-elle
ce'liii qui éteit chargé de fournir les viéiimes pour
fes facrifices.
A^PXir.PET'S , pontife. On appeloit tous les
prétres de ce nom général ; mafs on réfervoit
cela! níycí; , grand-prétre j au chef des
prétres. Ce dernier faifoit dans quelques vüies
grecques les fonciions de premier magiftrat : c’eft
á ce titre que Ton voit fon nom & celui de fa
dignité fur les médailles de ces viiles.
ARCHItREUS , imitation latine du mot grec
Kí-'isitsí , pontife. On la trouve dans plufieurs
inferiptions romiines.
ARCHÍEUZ'INUQUE 5 arckieunucus , chef des
eunuques, C'étoit un des principaux ofiiciers de
la cour des empereurs Grecs : il en eñ fait men-
tion dans rhiíloire Byzantine.
ARCHIGALLUS de Cybéle. Ce pontife eft
repréfenté avec tous fes ornemens bizarres fur un
bas-relief ou mufée Capitolin ^ tom.,iV'. On trouve
ce méme defíin dans le Ekefaunts inferiptionum de
Muratori ^ pag. 207, 8r dans Ies Monumenti anti-
(hz ftiediú de Winkelmanm
A R C
Sa tunique a des manches ^ comme celle des
PhvygieúSj dont il porte auííi la mitre, en mé-
meire d’Atíls. La couronne qui entoure fa tete eft
ornee de deux portraits du méme Attis, & de
celui de Júpiter, il porte pour collier un cercle
de metal , terminé ¡jar deux tetes de ferpent qui
morder.t un coros ©vale : á fes oreüles font atta-
chées cks boucies , & fur fa poitrine eft place ua
grand portrait d’Aítis, tenant Tindex fur fabonche.
Du haut de fa tete jufqifá la ceinrure, defeend de
chaqué ccté un double rangde perles , oif d’autres
cerps de m erre forme.
ÜArchigaile porte une branche d'olivier de la
main droite, St dans la gauche une coupe pleine
de fruits, avec une pomme-ce-pin ; á fon coté
gauche eft placé un fouet qui eft formé d’oíTe-
lets de moutons enfiles dans trois laniéres de cuir ,
avec lequel Ies Galles fe fuftigeoient cruellement.
Des crotaies , un tambour ou ‘tympanum , deux
ñutes fuñe droite, fautre courbe. Sí une ciñe
myftique oceupent le refte du bas-relief qui ornoit
un tombeau.
Ce chef des Galles étoit toujours choifi dans
les famii.l?s les plus diftinguées. Voici les titres
qu’il prend dans une épitaphe rapportée par Gru-
ter : C. CAMERIUS. CRESCENS. ARCHIGALLUS.
MATAIS. DEUM. MA.GNAE. IDAEAE. ET. ATTIS.
POPULI. ROMANI. VIVUS. SIBI. FECIT.
ARCHIGÜBERNUS , étoit le commandant
du vaiifeau amiral , ou du vaiueau qui portoit Tem-
pereur.
ARCHIMAGIRUS. Ce nom défignoit le chef
de cuifine ; il a pour racine le mor ftxyiifsí ,
cuifinier. Juvénal fait mention de cet ©álcier ,
(Sizeyr. IX. 109.) ;
Lzbrarius , archimagiri.
Une infeription antique , rapportée par Gruter,
exprime fa charge par une autre dénomination t
HIC. OSSA. SITA. SÜNT
FAUSTI. ERONIS
VICARII. SUPRA
COCOS
ARCHIMIMA. On trouve dans Crutet archi-
mima diurna : c’étoit Tactrice Gui faiíoit les pre-
miers roles dans les preces que Ton jouoit pendant
le jour;
ARCHÍj^IME. On défignoit par ce nom le
chef ou le premier des boufons , des aélenrs p-an-
tomimes , Sec. II en eñ íouvenr fait mennon dans
Ies inferiptions & les eDitaphes. Ces pantomi^s
jouérent quelq'uefois fur la fcéne des {>erfo»es
vivantes, dont ils prenoient les habits, & íes traits
pour en eompofer leur mafques.
iJ arekimime accompagnoit ordínairement .es
convois des princes 8í des grands , revétu des habsts
du mort&portant un maíque modelé fur fa
II cherehoit á imker fa démarche , fes altitudes. Se
A R e
jüémc Tes ridicules. U arckimime qui jouoít cc role
2U)f obféqiies áeVefpaáen ^ vonlant exprimer Fava-
ricc qui caraíiérifoit cet empereur, demanda aux
intendans á quelle fomme montoit ia dépenfe des
íuaérailles. On lui répondit qu’elle alloit á dix
miliions de íéíterces : ek bien! s'écria-t-il ^ donne[-
moi .cene fomme y & jete:^ ^ fi vous le voule'^, mon
eddezvre dnns le Tihre.
Cet ufage fe pratiquoit feaiemen'c aux obféqiies
des grands Se des riches. Cefí poarquoi Sobe cit
de Mercare ^ qui idmitoit íi bien :
Nam kic quidem omp.em imagmem tntam, qut antea,
juerat , pojpdet ,
fivo fit , quod- numqviim quifquatn mortno faciet
miki.
{Amphitr. i. l. 30Z).
ARCHINAÜTA Claífls E-avennatis. Muratori
(84). 4. Tkef. infcr.) rapporte une infcription
dans laquelle cet oíEcier de mer eñ nommé. Peut-
étre étoit-il !e chef des pilotes , ou plutbt !e pi-
lote du vaiíTeau qui portoit Pempereurj comme
Yarckiguhernus en étoit Je capitiine.
ARCHINEANISCVS. Gruter ( pag. 331. y.
du Thef infcr.) revu par GrxviuSj rapporte Pinf-
cnption fuivante, dans laquelle on lit ce mot,
dont on ignore la íignification :
D. M
TT. CL.
EOÍvíNIONl
SUSCINIANO
ARCHINEA ,
NISCO
FECIT. CL.
JANÜARIO. SVO
i ' PATRI
ARCHIPIRATA. Muratori (dio. i. Tkef
inf r.) rapporte un fragment des ades du fénat,
dans lefqueis i] eft fait mention du crucifiement
de Démiphon^ quaiiñé de chef de piraces^, arcki-
pirata. ||k
ÁRCHITECTEl^tes princes Se les grands de
Rome eurent des arekiteBes attachés á leuis pa-
la!s^ & d’autres chargés uniquement du foin de
leurs maifons de campagne. Uépitaphe d’an de
ces derntets cit parvenue jufqu’á nous : SEx. pom-
MlUS. AGAS. US. ARCHITECTUS. A. VILLA. SEX-
TIANA.
Ge !uxe r/etonne pas , quand on lit que CraíTus
avoit en propnété ou á fes gases cinq cens ouvriers
& archheíitSy qMii iouoit aux particaliers pour
batir leurs maifons. *
^.ARCHIi’ECTL'RE : c^eft en genera! Part de
^atsr. On en diltingac ordinairement rrois efpéees ;
«voir^ la civile , qMon sppelie fimplement Arcki-
A R C z6^
teBure ,1a. militaire Se !a navale. La derniére fera
e.rpliquée dans les arricies MaPvINE & Na vire.
Les mots Camp , Maison & TouR^ fourniront
des notions fuíEfantes fur la íeconde. Ce que nous
avons á dire fur la prerniérej fera diyifé en deux
paragraphes , Architecture des Égyptiens,
& Architecture des Grecs etdes Romaíns.
Si DH leur joint les. arricies Aquéduc^ Arc de
TRIOMPHE , ChEMIN COLO¡'i2\’£ ^ FoRüM ,
Maison ^ Ordre, Pont & Temple ; on acquerra
une connoiflance faíEfante de V ArekiteBure an~
cienne.
§. pf. A rchiteclure des Anciens.
_ \d ArekiteBure paroít étre Tart auquel les Egjp-
tiens fe font le plus appliqués, non pas ceJle cui
frappe par une agréable harmonie, & qui annonce
des le premier coup-d’oeil la ñauare de la chofs
qMelle decore j mais celle qui étonne par la bátiíTs
foiide & majeílueufe, 8c daius laquelle oft voit le
germe de tout ce que Ies Grecs y'ont puifé. Les
Egyptiens n’ont pas con.nii Ies Ordres^ c’eft-á-
dire j qudls n'ont pas été foumis á des propor-
tions. InventeurSj ils or.t fait ce qui leur con-
venoit 3 8c ne paroiiTent pas avoir admis rien
ddnuciley ils ont employé les pilaflres & les co-
lonnes. Ils les ont ornes de chapireaux de
baadeaux de bafes & de cannelures ; ils ont
, prolilé Se decoré des entablemen.s : mais il y a
apparence que tous ces ornemens ont été arbi-
traires j puifqudls n ont jaaiais été répétés. C'eíl:
ce qu'ii eíl aiíé de voir dans pluíieurs auteuts
modernesj & fur-tout dans Poco'ck^ oiiFon peuc
diñingíier au moins la varíete de toutes ces pat-
ries ^ & fe former une idee du développe.ment
qui sV trouve rapporté. Alegard descofonnes^
ils les ont feulement regarclées coínme un moyen
foüde, pour percer & alléger á Foeil Ies efpaces
immenfes que leurs bátimens oceuposenr.
Les deferiptíons des deux labyrinthes & des
ruines de Thébes, dans Hérodote & da.ns nos
voyageurs^ élévent re/prit. Nous .ne voyons ce-
pendant que les mauvaifes gravares qui Ies repré-
fententj ou de foib'es deíllns, plus capables de
derruiré une idee que -de Fcmbellir. La grandeur
despierres que íes Egyptiens ont mifes e.n'cenvrej
ell "íeiile capable d'excirer Fadmiration. Ouelk
patience rFa-t-il pas faílu pour Ies tailler ? quedes
forces pour les nettre en place ? Mais ces ob'ets^,
quelque eonfidérables qiFiís foient, sMvanouiffeTtj
pour ainíi dire ^ quand on fe rappelle I’idée des
pyramides & du Le M-sris. Ces monumens fonr
des fources intarifTables dFétonnement , par k
grandeur de Fentreprífe , a ’aqiyeile il parojt que
le fiiccés a tonjours’repn.ndu. LLrr de conlíruire
les vDutes .uL pas éré inconnu aax Egypíiens,
comme on Fa- aíTuré trop íégérement ,■ mais ils
Maimoient pas á íes employer da.ns leurs grands
j bátime.ns. Ils vouloient au ü que les cierres ns
i diilTeiií leur fosee qu'á elles-aiemes^i *& ctFi la
i7^
A R C
iuíteíTe de !eur coupe ; c eft pourquoi ils n’ont
jamais introduit aucun métal pour ia iiaifon de
leur bániie.
En Eovpte , on bátiíToit toujours ; un grand
ouvrage enproduiíbic un aurre encore plus grand:
lí la fortuné eut écarté de ce peuple ie )oug des
Perfans & celui des Grecs , on rauroit vu rafer
les montagnes de la Thébaiac , plutot que de ne
lien taire. Tous Ies obéiiicues fe reíTembient íi
bien , que , quand il n'y a point de caracteres ,
il eft aflez difficile de les diíHnguer ¡es uns des
autres. II paroit ou on auroit du une fois. fe iaíler
_¿^élever des monumens íi reíIeinDlans ; cependant
on ne s en laffa ¡atPiais : les aernjers rois^ Amaíis
& NedanébC;, en faifoient fculpter encoré , comme
on Favoit pratique pluíieurs iniliiers d annees
avant leur naiíTance.
Je penfe, dit M. Paw, que M. le Roy s’eft
trompé , en difant que la catane ruftique avo^
fervi chez les Egyptíens , comme Vitruye dit
au’elle fervit chez les Grecs ^ c eíf-a-dirCj ce mo-
déle aux plus fuperbes édifices que les hommes
ayent conífruits fur la furface de la terre. (Ruines
des plus beuiíx monumens de la Grece , tom. I ,
nouvclle éiition'). Tout démontre que les Egyp-
tiens , avant que d’étre réunis en corps de na-
tion, vivoient córame des Troglodytes, dansles'
creux des rochers de rEthiopie; de forte que ceíf
bien plutót une grotte qui a fervi de modéle aux
premiers efiais de leurs architedfes , qu une cabane.
Les faavages de la Grece, au coutraire, durent
fe conftruire des hurtes á caufe de la diveríité du
climat & du foi , qui ont fur tous ces objets une
grande influence :"aurii n/y eut-il jamais aucun
rapport entre les combies des temples de la Grece,
& íes combles des temples de FEgypte. Ceux-ci
étant entiérement plats , navoient point été, par
conféquent , copiés d'aprés le toit de la cabane
rufiique de Vitruve.
Le Pharaon Amafis fit venir des environs d’Elé-
phantine un grand morceau de rocher creufé in-
térieurement , qu°on plaqa dans la ville de Sais, de-
vant le oortique du temple de Minerve. Les Grecs ,
qui compofoient Ies mots comme ils vouloient,
¿nt appelé cette pierre vuide , une chambre mo-
nolithe; mais quelque nom qu’on puiíTe luí don-
ner, ii eft manifeft? que Fidée en avoit été prife
d’une grotte.
Quand on réfléchit aux excavations prodigieufes
que les E!;yptien.s ne ceffoient de faite dans leurs
montagnes,' & a la paíTion finguliére de leurs
prétres pour Íes fouterreins, oü ils confumoient
une moirié de leur vie , alors on ne doute pas que
ce penchant ne fút un refte de leur apcienne ma-
niere de vivre en Troglodytes- De-la vient le carac-
tére irriprimé á tous leurs édifices, dont queKiiies-
uns patoilfent étre des rochers faélices, ou des
marailles dont répaifíeiir excede vmgt-quatie
pieds, & 04 ¿es cQionngs doat la circonfcrence
A R C
excede trente pieds , ne font point rares. S’il y
a quelque chofe qu'‘on puiiTe comparer á ce que
ce peuple íingulier a conílruir fur la terre, ce font
préciftment les travaux qudl a faits fous terre.
Queiques auteurs de Fantiquité ont fu qu á cent
foixante pieds fous le fondemenr des pyramides,
il exiftoit des appartemens qui communiquoient
les uns avec les autres par des raroeaiix , qu Am-
mien Marcellin a nopnmés d’un terme grec des
Syringes. (Lib. ii). II n y a maintenant qu un feul
de ces conduits qui foit connu : c'eft celui qui
perce le pied de la plus feptentrionale de toutes Ies
pyram.ides , & qui fe comble d’année en annéc .
par le fable qui y découle, ou par les débris qu on
y jette. Cependant Profper Alpin affure que de fon
tems, c’eíf-á-dire , vers Fan ifSj, un homme y
étant defcendu avec une bouffole , il parvúnt juf-
qu á Fendroit oú ce chemin couvert fe partage en
deux branches, do.nt Fuñe court vers le Sud, &
donr Fautre fe rapproche du rumb de FEft; ce que
Ies voyageurs qui font furvenus long-tems aprés,
comme Maillec, Gréave, Thévenoí, Vanfleb &
ie P. Sicard, n’ont plus été en état d'obferver.
De-lá vint que les architeéles de FEgypte furent
plus hábiles a conduire Ies eaux & á creufer les
foffés , qu á élever un bátiment fuperbe & régu-
iier. AuíTi le grand temple ¿‘Héliopolis , oü Fop
n'avoit épargné ni le travail ni la dépenfe, n’étoit
qu'une fabrique vraiment barbare , fans goút Se
fans élégance , córame Strabon le dit de la ma-
niere la plus politive. II en eft de Y Arekiteñure
comme de la Peinture , de la Sculfiture & de ¡a
Muíique. Les Orientaux n'o'nt jamais pu , malgré
leurs efforts , porter cet art au dernier degre ac
fa perfedtion , parce que leur efprit eft trop oe-
réglé , ou, ce qui eft la méme chofe, trop ennemí
des regles. ^
On verra á Farticle Persépolis des détails
fuffifans fur \ architecture de fes monumens.
§. II. Architecture des Grecs & des Fiomciins.
Nous regardons h Grece comme le berceau
de la bonne architecture , foit parce CfUe les regics
fuivies par les architeótes é^’ptiens ne fo.nt pas
venues á notre connoiffandK'foit parce que les
relies de leurs édifices , remarquables feulement
par la grandeur , mais dépourvus d'ornemens , ne
nous affeélent pas auSi agréablement que les raonty
mens de Fancienne Grece. Ce qui ncus pptte ^
croire d'ailleurs que nous devons aux Grecs les
véritables proportions de Y JÍrckiteclure , ce font
les ordres doriqus ¡ ionique & corintkien que noUS
tenons d’eux. Les Romains n’ont produit , en
effet, que les deux autres ordres , qui font une
imitation aflez imparfaite des premiers C’eft pour-
quoi nous les^avons réunis aux Grecs dans un
méme arricie. On ne doit pas plus attribuer un
goút ou un ñyle particuiier aux Romains poUS
Y Arckitcclure , que pour la Sculpture.
A R C
Les trois ordres grecs & Ies deus romainSj
cui en font une imitation ou plutót une émana-
tion j exprimenr íi parfaiLement Íes différens genres
¿i architecture ruítique, folide^ moyen^ déhcar &
conapofé^ fous les noms de tofcan , doricue , zonz-
que / corinihien & compof.te , que les modernes
n’ont pu compufer un íeul ordre nouveau qui
en approchát. Aufli le goüt & archite^ure adopté
généraleroen: auiourd^hui par les Européens, eílil
k méme , au fond , qué celui dont fe gloririoient
la Crece & ritalie. Mais^, comme nous Tavons
montré dans le paragraphe précédent j YArchi-
teSure & les^ autres arts ne paroilTent point étre
nés dans la Crece 5 ils 7 avoient été apportés de
l’Egypte & de la Phénicie. Cette nouveauté fit
difpardítre á Tinítant Ies miférables hurtes quk-
voient habitées les Pélafges ^ comme les habi-
térent tous les peuples fauvages avant la civilifa-
tion. Ckft enfuite chez ces mémes Grecs que
Y Architefture atteignit á fa perfeélion ; graces au
jugement folide & á la feníibiliré délicate de ces
peuples.
On volt encore en Egypte des ruines d'édi-
fices qui , felón toutes les apparences , font
antérieurs aux tems hiftoriques. On y découvre
réanmoins deja le goút greCj méme dans quel-
ques ornemens de détai!. C’eft done FOrient, &
probablement TAÍle, en-de?a de rEuphrate^ qui
eft le pays natal de ce genre á‘ Ar chite el are , que
la Crece a porté au plus haut degré de perfeéiion.
II paroítque cet art , lorfqu il paffa chez les GrecSj
étoit encore forr groffier ; car il fubfifte encore
des ruines coníidérables dkdifices grecs, qui rc-
nionrent á des tems beaucoup antérieurs á celui
que nous appeions du bon goút : relies font Ies
ruines de Paelium ^ fur le golfe de Sáleme , &
celles d’Agrigenre en Sicile. Cette -archkeSure recut
fucceffivement en Crece & en Italie les diverfes mo-
difications que Pon défigna dans la fuite fous le
nom cYordres. Les Etrufques & les Doriens s’écar-
térent le moins de Paheienne íimplicité & du
ñyle groffier. Les loniens y introduiíirent quel-
ques agréméns Se une efpéce' de molleffe. Mais
lorfqu enfuite la Crece devint le féjóur des beaux
arts 3 Y Arckheciure fur plus ornee ; i! y entra méme
du luxe, comme on fobferve dans Pordre corin-
tketi. Enfin Ies Romains, venus plus tardj ren-
chérirenr encore fur les ornemens.
Les defeendans de Romulus apprirent des Grecs
ks principes dé la belle architeéure. Avant cette
apoque 3 kurs édifices tf avoient ríen de recom-
™^n^ab!e que leur folidite & leur grandeur3 parce
qu lis ne connoiíToient que Pordre tofean. Mais la
belle architeciure fe trouva dans un état floriíTant
fous Auguñe. La magnificence de cet empereur
nt produire á fart tout ce qu’on en pouvoit atten-
dre3 & il bátit un grand nombre de beaux édifices
dans tous^ les lieux de fon empire. Tibére n'eut
pas le méme gout, & négligea les beaux arts.
'* les alma avec fureurj cómms il chériffoit l
A R C
271
]es_ vices. II chent F Architeciure ,• mais il n’eut
point ce goiit éputé qui eíl préíérable’ áu luxe &
aux vains ornemens.'
_ Apollodore excella dans Y ArchiteBure fous Tra-
jan 3 be menta la connance de cet empereur. Ce
fut lili QUI eleva la colonne Xrajane 3 chefd^üeuvre
§tandeur 3c de gout. L ArchiteBure déchut
auffi-tót á pas précipités de la perfesftíon oii Favoit
ramenée le régñe de Trajan. En vaihks foins Se
la magnificence d’AIexandre-Sévére la foutinrent-
ils pendant quelqués inltans': elle Tuccomba fous
les ruines de FEmpire Romain3 & jeta feulement
fous les premiers émpereurs Grecs les derniéres
étincelles du beau feu qui Fávoit animéc pendant
lix fiécles.
ARCHITIS3 nom fous lequel Venus étoit
adorée fur le mont Liban. Elle y étoit repré-
fentee 3 felón IViacrobe , dans la pofture d’une
femme triíie Se afSigée 3 ayant la tete couverte &
appuyée fur fa^main gauche; en forte quon
croyoit voir couler fes larmes. Cktoit une image
de FafBiétion qu’elle fit paroítre á la premiére
nouvelle de la bleíTure d'Adonis. V. Astarté.
Scaliger croit qu il faut iire dans cet endroit de
Macrobe {Saturn. l. I3 c. 2.1.} Dercitis au-lieu
¿‘Architis , & que cette divinité étoit la méme
que Derceto & A.tergatis.
. ARCHIi RICLIN.US , maítre d’hótel. Cet offi-
cier étoit le méme que le tricliniarcha & k triclk
ráarius fervus des inferiptions fuivantes ; m. vipio.
AUGUSTI. PH.¿€DIMO. DIVI. TRAIAKI. AÜGUSTI.
TRICLINIARCHA. — SEX. POMMIO. VOLESSIGO.
S£X. POMPEI. SERV. TRICLINIAR.
ARCífí'/ES. Les archives du peuple romaia
étoient place'es avec fon tréfor dans le temóle de
Saturne. *■
ARCHONTESj '¿p-¿(¡níe , magiftrats fouve-
ra!ns3 préteurs ou gouverneurs d’Athénes. Ils
étoient aa nombre de neuf3 dont le premier étoit
^ArCíiontt Qui donnoít Ton nom á Fannée de fon
adminiilration ; le fecond fe nommoit archonte-
roi ¡ le troiíieme 3 ■poUmarque ou généraliílime 3
avec fix thefmotk'etes. Leur nom vouloit dire com-
TTLCindciTlS ^ kp^C9TS^.
Les archora es fuccédérent aux rois 3 & furent
d’abord perpetuéis. Médon fut le premier3 & eut
douze fucceíTeurs de fa race. On leur fubílítu3 3
apres cette dynaílie 3 des archontes décennaux 3
dont le régne ne dura que foixante- dix ans fous
fept chefs. Les archontes -a^rés cesdeuxp-eriodes,
devinrent annueis , & la durée de leur magiftrature
ne varia plus.jufqu’á lá deílruéüon de Fancienne
Athénes. Ckíl: de ces derniers que nous alions
nous occaper d’une facón particuliére, a caufe
de Futilité dont ils font pour la chronoio<TÍe
grecque. La plupart des écrii'ains de la Crece ont
daté ¡eur récit de tel ou tsl arckontat c 8c nous
allons donner3 pour en fkciliter FintelÜgence 3 un
catalogue des archontes.
xm
A R C A R C
A R CHONTES ANNUELS D’ATHÉNES.
N. B- Les étoiles indiquent les ¿rchontes & les aruiees fur lefqueiles il y a quelqiígs nuages.
A R CHONTES.
Créon
Lyfias. .....
Tlefias. .....
Léoftrare
Pififtrate.. ....
Autofthéne
Miltiade.
Miltiade íl
Dropide. . . . , •
Damalias
EpKnéte. . .
Dracon
Hsniochide
Ariíiociés
Critias I
Megaclés. ....
Philombrote , Cieombr.
Solon. .....
Dropide íl
Lúcrate
Simón. * . . . .
Phxnippe. ....
Damafias II. * . .
Archeílratide- . .. .
Ariítoméne
Hippocíide
Gomias. * . . . .
Hegeílñrate
Euthydéme
Erxiclide
Alcée I. . . .
Thericlés. ....
Keraclide
Miltiade III. . . .
Piíiílrate, ii!s d’Hip. .
Ifagoras. ......
Aceítoridc
Myrus. .....
Hipparque '
Pythccrits
Lacratide
Themiftocle
Diognéte. ....
Phsnippe II. . . .
Ariítide
Hybnlide. * . . .
Anghife. .....
PhiHppe.. . .
Phílocrate
Phsdo!!
Leofirate
í^icodenae
Olympiades.
Archostes.
Olympiades.
Aphepfion
Calliade-lias
Xantippe - •
Tirrioílhéne.. ....
Adimante
Themiít. * fils de r^eocL
Phscdon lí
Dromoclide
A.ceítoride IL . . . •
iVié.non
Chalés .
Praxiergue. .....
Démorion
Apféphion. * . . ...
Théagénide. . . . . .
Phsedon. Ariftide II. .
Lyfiílrate
Lyíanias
Lyíithée
Archidé.niide
Tirpoléme
Conon
Eatippe. Euippe. . . .
Fñraíicles. Phcaíiclide. .
Philocles
Bion
Mnéíithides.. . . . .
74- E
74. 4.
7j. I.
7J. 2.
75- 3-
Lyficrate. . . .
Chsréphane. . .
Antidote. . . .
Enthydéme. . . .
Fediéus
Philifcus.. . . .
Timarchide. . . .
Callimaque. . . .
Lyíimachide. . .
Praxiréle.. ; . .
Lyfardas
Diphiie
TimocLes. . . .
MyrichiJe. . . .
G-iaucide. . . .
Théodore. . . .
Enthyméne.. . .
IN'aaíxmaque. Lyfi.
Antüochide - tioch.
Charés
.Apfeade
71-
4-
76.
2.
76.
3-
4-
77-
2.
77-
3-
77-
3-
4-
78.
I.
78.
2.
78.
3-
4-
79-
I.
79-
2.
79-
3-
79-
4-
§0.
I.
80.
2.
80.
3-
80.
4-
8i.
I.
81.
2.
8i.
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8i.
4-
82.
I.
82.
2.
82.
3-
82.
4*
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I.
83-
2.
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3*
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I.
84-
2.
84
3-
84-
4-
8f
I.
Sí-
2.
8 1-
3-
8v
4-
86.
I.
86.
2.
86.
3-
S6.
4-
87-
I.
Eutiivdérf'®'
A R C
A R C
^73
A S. C H o K TS
Euthydéme. . . ,
Ápolíodore. . . .
Epameinonj Epaminonda:
Diotime
Euclide. Euclée. .
Euthydeme. Schy thodore
Stratoclés. . . -
Ifatque. Hipparque.
Aminias. .
Alcée II
Ariílion
Añyphile. Ariñoph.
Archias
Antiphon. . . .
Euphéme. . . .
Ariítomnefte. .
Chabrias. . . .
Pifandre
Cléocrite. Cléarque.
Calilas. . ^ .
Théopompe,
Glaucippe.
Dioclés. .
Endtémon.
Antigéne.
Caliias. * .
Alexias. .
Fythodore ou Anarch
Euclide. . . .
Micion. Micon.
Exíenére. Epsen. Xasnen
Laches. .
Ariñocrate
rhion.
Ithyclés. .
Lyíiade. .
Pnormion.
Diophante.
Eubuiide.
Démoftrate.
Philoclés.
Nicotéle.
Démoñhéne
Antipater.
Pyrgion. Py
Théodote.
Myftichide.
Cexithée.
Diotrépfae.
Phanoftrate.
Evandre. Ménan.
Démophile. . ^
Pythéas. . . .
Xicon. . . .
Naufinique. . .
Callias. Calleas.
Chariandre. . .
í Hippodame. . .
¡ Tgmc I,
Olymp.
A
R C H o K T E S,
Olymp.
Aminia
Philoc
' 87. 2.
87. 5-
87. 4.
88. I.
88. 2.
88. 3.
88. 4.
89. I.
89. 2.
89. 3-
89. 4.
90. I.
90. 2.
9G. 3.
90. 4.
91. I.
91. 2.
91. 3.
91. 4.
92. I.
92. 2.
92. 3.
92. 4.
j/r I-
93. 2.
93- 3-
93- 4-
94. I.
94. 2.
94- 3-
94. 4.
93- I-
93-
93- 3-
93- 4-
9(í. I.
9Ó. 2.
9^. 3.
96. 4.
97. I.
97. 2.
97. 3.
97- 4-
98. I.
98. 2.
98. 3.
98. 4.
99. I.
99. 2.
99. 3.
99. 4.
ICO. I.
ICO. 2.
ICO. 3.
ICO. 4.
lOI. I.
lOI. 2.
Socraride. . .
Aítéius. Ariñéus.
Alciílhéne. . .
Phraficlide. . .
Dyfcinéte. . .
Lyfiftrate. . .
Xauíigéne.
Polyzéle. . . .
Céphifodore.
Chion. . . .
Timocrate. . .
Chariclide. . . .
Molon
Nicophéme. . . .
Callimide. Callidémic
Eucharifte. . . .
Céphifodore. . .
Agathocle. . . .
Epine. EJpinice. -
Calliñrate. . . •
Diotime. . . r
Eudéme
Ariílodéme. . . .
Theffalus. . . .
Apolíodore. . . .
Callimaque. . . .
Théophile. . . .
Thémiftocle. . .
Archias
Eubulus
Lyxifque. . . .
Pythodore ou dote.
Soligéne. . . .
Nicomaque. . . .
Théoprañe. . . .
Lyfimachide. ^ .
Charondas. Ch«er..
Phrynique. . . .
Pythodéme , dore.
Euasnéte. . . .
Ctéíiclés. . . .
Nicocrate. . . •
Nicéte, Nicératus..
Ariftophane.. . .
Ariílophon. . . .
Céphifophon. .
Euthycrite, Grate.
Chrémés. Hégémon
Chrémés. Anticlés.
Anticlés. Soficlés..
Hégéfias
Céphifodore. . .
Philoclés. Polycl. Diocl
Apolíodore. Archip,
Archippe. Nesech..
Apolíodore..
Phocion. Arcbip. .
ICI.
lOI.
IC2.
102.
102.
102.
ICt.
103.
103.
IC3.
104.
104.
104.
104.
105.
105.
loy.
loj.
lOÓ.
lOÓ.
ICÓ.
icé.
107.
107.
107.
107.
ic8.
108.
ic8.
ic8.
109.
109.
109.
109.
110.
lio.
lio.
110.
111.
III. 2.
M m
III.
111.
112.
11 2.
II 2.
II 2.
113.
II3.
II3.
113.
114.
II 4,
II4.
II4.
113.
II3.
II3.
3-
4-
1.
2.
3-
4-
1.
2.
3-
4-
1.
2.
3-
4-
1.
2,
A R C
Archontes,
Olymp-
Démouéne
iiy. 4'
Dénioclide
116. I-
Praxibiíle
lid. 2.-
Nicodore
116. 3-
Théqphrafte.
116. 4-
Polémon
II7- 1-
Hiéromnémon.
117. 3-
Démétrius de Phalére
117. 4-
iiS. I-
Anaxicrate. : . . -
II 8. 2-
Chorébe ou Xenias
118. 3'
Xénippe. Euxen. Xeni. . . . • •
II 8. 4-
Léoñrate
119. 2.
Calliarque
lio. 4.
Hégémaque.
120. I.
Mnéfidéme.
1.20. 3.
Ántiphate
lio. 4.
Iv’icias
Nicoftrate.
121. 2.
Olympiodore
121. 3.
Philippe. Diphile - .
121. 4.
Ici finir la Tuite compléte des archontes ; elle
»e peut étre continuée plus long-temsj par le de-
faut de monamens & d’autorités.
On choifiíToit par le fort les archontes j eníliite
©n !eur faifoit fubir un premier examen dans le
fénat, & un fecond dans \t. forum. Les fénateurs
Jeur demandoient sd!s étoient ilTus j du cótá pa-
ternal & maternel, de trois afcendans citoyens
d’ Alheñes j á quelle tribu ils appartenoient 5 sdis
étoient parens d’ApoIlon & de Júpiter Herceus /
sdls avoient toujours refpecté & fervi ieurs pa-
rens 5 sdls avoient combattu pour la patrie ; sdis
étoient auíTi riches que leur nouvelie dignité Lexi-
geoit } & enfin j sdls étoient fains de corps ? La
queftion relative á Apollon & á Júpiter Herceus ¡
paroítra ridicule á ceux qui ignorent que tous les
citoyens d’Athénes revendiquoient cette illuñre
alliance : de maniere, qu’on apprenoid, par la ré-
ponfe que faifoit a cette queftion le nouvel ar-
chonte , sdl étoit étranger j detneurant a Athénes
©u athénien. Ariítophane y fait ailuílon dans fa
comédie des Oifeaux lorfqu’ii dit :
¿ yuf u<rt fioípfícc^ot ^
ehv G 7fctT6&os Is-iy»
Ceux-lá ne font pas étrangers, qui font pa-
rens d’ Apollen ». Les malheurs d’Athénes firent
medifier cette íoi ; on admit pour archontes ¡ non-
feulement de fimples domicilies^ mais encore les
ñls de nouveaux citoyens dont la mere étoit
eitoyeane d’origine. Pltitarqae dit dans Ies Sym-
A R C
phojlaques (lih. I.) j & dans les livres 1 des Pro-
blémeSj 10= probl. ^ & liv- lO:, dernier probl.,
qu’il avoit été fait citoyen d’Athénes , incorporé
dans la tribu Léontidej & qu enfuñe il avoit été
arckonte : ce qui prouve que cette dignité fut con-
férée anx nouveaux citoyens eux-mémes.
Aprés avoit fubi le premier examen , les nou-
veaux archontes fe rendoienr au forum, auprés
d’une pierre confacrée á cette cérémonie , rS
Héx, ou dans le portique royál yua). La ,
ils juroient d’obferver les loix ^ de ne faire accep-
tion de perfonne dans Ies jugemens,_de ne ré-
cevoir aucun préfentj & ils s’engageoient , dans
le cas qu ils fe parjureroient , á faite élever á Ieurs
fraisj dans le temple de Delphes^ une ftatued’or
de leur grandeur. .Ce fertnent redoutable étoit ré-
pété dans la citadelle. Plutarque, en parlant du
fermentj ne fait mention que des thefmothetes 5
mais Phxdras le Platonicien 3 l’étend aux neuf
archontes.
Ils avoient des fonétions qui leur étoient com-
munesj & d’autres qui les regardoient chacun en
particulier. Les premiéres étoient de condamner
les malfaiteurs á la mort^, de nommer Ies Dicaftes,
les Athlothétes j ¡es IpparqueSj les_Fh}’1arqueSí
¡es Stratéges , de veiller fur la conduite des autres
magiftrats^ & de dépofer ceux que leur incapacité
rendoit indignes du choix que le peuple en avoit
fait. Les archontes étoient Ies feuls de la repu-
blique qui fufíént exempts des ímpóts & des
charges publiques. On les reconnciíí'oit aux cou-
ronnes de myrte qui ceignoient Ieurs tetes. Si
quelque citoyen injurioit ou frappoit un thefmo-
théte;, un arckonte couronné, ou quelqu un de
ceux á qui le peuple avoit décérné une couronne,
ou accordé quelqu’immunité j il étoit puní igno-
minieufementj comme ayant infuíté la patrie elle-
méme.
Quant á Ieurs fonñíons.particuliéres , celui qui
s’appeloit arckonte par excellence ^ étoit le_ chei
des huir autres. On le défignoit quelquefojs par
le furnom d'Eponymej parce qu’íi donnoit fop
nom á l’année courante. Sa jurifdiélion s’étendoit
fur les affaires civiles & religieufes , fur les procés
qui s’élevoient entre mari & femme ^ fur les
veuves qui accouchoient aprés la mort de Ieurs
marisj fur Ies teftamens, les legs, les dotSj fur
Ies orphelínSj auxquels íl nommoit des tuteurs &
des curateurs , fur les plaintes civiles , fur les
citoyens qui s’adonnoient a I’ivrognerie, Se qnn
avoit droit de punir ^ & enfin fur quelques autres
chefs de moindre ímportance. Mais s’il étoit fur-
pris lui-méme aprés avoit tro ubié fa raifon par
Tufage immodéré du vin , il étoit condamne a
mort. II tenoit fon tribunal dans YOdeum , &
c’étoit-lá qu’íl jugeoit íes caufes relatives aux pre-
mJéres néceííítés de la vie. C’étoit luí qui choi-
fiffoít les EpiméléteSj qui veiHoit á la cc!ébran<^
de plufieurs fétes , des Dionyfies entr’autres , &
des Thargélies. 11 avoit enfin l’infpeétioa fut les
A R C
jiux publics , 8c fur tous ceux qui devoient y
paroítre> chanteurs & danfeurs.
U archonte-roi tenoit fon tribunal dans le por-
tique rcyal. Ses fonílions étoient de juger les dif-
férends qui s’élevoient entre Ies prétres & les
fatnilles facrées, telles que les Ceryces , les Etéo-
butades , 8cc. que leur naiílance rendoit capables
de quelques fonítions facerdotales. II jugeqit les
citoyens accufés de profanation. II preíidoit a la
célébration des myíléres d’EIeuíis & de Bacchus ,
des Panathénées, desHépheftieS:, des Proniéthéesj
il ofiroit auífi les facrifices publics par lefquels
on demandoit aux dieux la profpériré de. FEtat.
L^’époufe de Y archonte-roi étoit appelée reine-, &
Faílilloit dans pluíieursde fes fonáions : cequ’eile
ne pouvoit faire^ íi elle n'étoit pasiíTue d'une race
d^anciens citoyens, ou li elleavoit été veuve d^un
premier époux. On inñruifoit devant le meme
archonte quelques affaires civiles quil décidoit fou-
verainementj Ies caufes criminelleSj 8c rhomicide
en particulier j qifil portoit enfláte á Faréopage.
II y prenoit alors féance , y avoit droit d’opiner
mais fans porter la couronne, qui étoit le fyni-
bole de Y archontat.
Les étrangers 8c les domicilies áAthénes étoient
foamis au Poiémarqne, comme lescitoyens á Y ar-
chonte. Celui-ci oíFroit Ies facrifices á Enyalius 8c
á Diane Agrotere. Sa plus noble foiiétion étoit de
rendre tous les ans les honneurs fúnebres au géné-
reux Harmcdius j 8c de veillerj par ce méme prin-
cipe, á ce que les enfans des citoyens morts pour
la défenfe de la patrie, faíTent entretenus aux
4épens du tréfor pubüc.
Lorfque les trois preniiers archontes fe trou-
voient, par le défaut d'áge ou d'expérience , hors
d'étatde rempüravft exaélitude leurs fonélions ,on
leur donnoit á chacun pour adjoiuts 8c confeillers
deux citoyens recommandables par leuf age ou
par leurs lamieres. lis portoient le nom dYaJfef-
feurs , ■prcifíS'foV, ils prétoient au fénat le méme fer-
ment que les archontes ^ 8c rendoient compte de
leur geílion á la méme compagnie.
On comprenoit foiis le nom de thefmothétes.
Ies fix derniers archontes. Ceiix-ci écoutoient les
accufations de calomaie , de corruption^ d'im-
piété ; ils jugeoient les différends qui s'élévoient
entre les marchands j ils portoient les appeis au
peaple , recueüloient fes fuffrages , examinoient
les magiílrats inférieurs , affignoient les jours oú
chaqué iuge devoit monter fur fon tribunal, rati-
fioient les rraités de paix, déféroient au peuple
les ¡ntrigaans qui cherchoient á Tégarer dans fes
jugemens , & ils s’oppofoient á la ratiffcation des
loix qui pouYoient erre dangereufes á FEtat. Les
thefmothctes enfin , rempülToient a Athénes les
mémes fonélions que la partie publique en France.
La facceífion des archontes fat régulicre; 8c ,
ma^:grc les révolutións qiFAthenes fouSrit par les
factions ou par Ies ufurpatk>ns, on en rsvint tou-
jours á cette forme de gouyernement, qui dura taiit
A R C 275
que la ville de Minerve eut un refte de liberté %c
de vie.
Sous Ies empereurs romains, pluíieurs autres
villes grecques eurent pour premiers magiílrats
deux archontes qui étoient chargés des mémes
fonétions que les duumvirs dans les colonies 8c
dans les municipes.
On trouve fur les médailles, felón M. Neu-
mann , des femmes qui porteut le nom d’ar-
chontes.
Quelques auteurs du Bas-Empire ont donné le
nom lY archontes á divers officiers laiques ou ecclé-
íiaíliques , qtielquefois aux évéques , 8c plus fou-
vent aux feigneurs de la cour des empereurs de
Conílantinople. Ils ont appelé archonte des arckon-
tes , ou grand-archonte , la premiére perfonne de
FEtat aprés Fempercurj archonte á&s églifes, ar-
chonte de Févangüe , un archevéque , un évéque }
archonte des muraüles, le furintendant des fortifi-
cations , 8c ainfi des autres.
ARCOPvÉSüS , iíle. ark.
Les médaiíles autonomes de cette ifle font .•
RRRR. en argeht. (Pellerin).
O. en bronze.
O. en or.
ARQON. Nous ne connoiíTons pointde moau-
ment plus ancien que la colonne Théodolienne , fur
lequel on voye des ar-¡o!is. Comme les felles des
anciens n'étoienr, avant cette époque, que de lim-
pies hoaíTes ou couvertures , on n' avoit point en-
core imaginé ces morceaux de bois qui donnent
da corps aux felles. Les chevaux des cavaiiers
fculptés fur la colonne de Théodofe , font en-
harnachés avec des felles íbrtemeht prononcées ,
dont on diftingue facÜement les arfons de devant
& ceux de derriére : teis a-peu prés que Ies oífrent
les msnumens de Fancienne chevalerie.
ARCUATA veftis. Voyez Toga undulata.
ARCÜEIL , bourg de Filie de France, á une
petite iieue au midi de Paris. On voit ancore dans
plufieurs endroits , entre Arcueil 8c París , les
raíles d’un aquéduc de caiiioutage , que Fon
croit avoit été fai: par Femperear Julien lí, pour
condiáre les eaux á fon palais de Paris. 11 étott
íitué oú eil aujcurd’hui ! hotel de Cluni, denr les
derriéres donnent fur la rae de la llarpe. On y
mbntre encore une partse d'é'iiSce aíTez entiére ,
que Fon aíTure avoir fervi de thermes a Julien.
L'aquéduc báti a Arcueil par Mane de Medicis,
eíl place a cócé de Fancien.
ARCUL.'E aves. On donnoit ce nom á de
certains cifeaux, dont le vol ou la maniere de
prenote la nourriture,’ étoient duii m.auvais pre-
fage. lis empéchoient que 1 on ne formar aucuae^
entreprife ; ce qui Ies fit nommer arcule^, quia
arcebant ne quid jíeret. Scaliger crcit qu ti Faut
lire arcive, dYardviis, qiá repouíTe, qui empéche.
ARCULARIUS , iayetier, qui fait des caf-
fettes.
ARCULUS. Les preñes airecloien: de donnet
Mm ij
X"]^
A R D
des noms bizarres ou furannés a tout ce qci avoit
rapport aux facriñces. ArcuLus eíl de ce genre ; il
déágnoit un cerceau que Ten placoit íur fa tete
pour recevoir les vafes deftinés aux íacriñees, &
pour les poiTter fans fe bleíTer. Ce cerceau devoit
erre fait de bois de grenadier, & lié. avec une
bandelette de laine blanche. La prscreíTe de Júpi-
ter;, ou Flamine Díale ^ s’en fervoit dans toutes les
cérémonies. Le bois du grenadier n'éroit pas le
feiil que Ton püt employer pour faire Yarculus ;
tout arbre de bou augure partageoir ce privi-
lége.
ARCULUS j dieu des Romains, qui étoit pré-
poié a la garde des citadelles & des fortincations.
comme á ceile des eoítres & des armoires. Son
liom étoit derivé des mots latins arx & arca.
ARCUTURUS., étoit un fieuve, pete de Chlo-
ris , qui fut erdevée par Borée : il fut depuis ap-
pelé le Fhafe. Voye:^ Borée, Phase.
ARDALÍDES, furnom des Mufes, pris d’Ar-
dalus , fils de Vukain , qui honoroit ces déeíTes
d’un cuite particuüer.
ARDEATIIsE. (la voie) conduifoit de Ronie
áArdée, chez les Rumies. Elle commenqoit au
bas du mont Aventin , auprés des thermes d’An-
tonin.
ARDEE, viüe des Rumies en Italia, aujour-
d'hui boiirgdu méme nom. Servios (^JEneii. 7. 12.)
lui donne une origine fabuleufe ; ,ce qui atteñe
fon annquité. II dit que le eoíFre dans lequel
Acriíius avoit renfermé Danaé & fon fils Perfée ,
a;yant été pouíTé par les ñots de la mer fur les
coces de Tltalie, fut porté par un pécheur au roi
Pilumnus , qui époufa Danaé , 8c bátit la ville
d’Ardée , oü elle avoit abordé.
Ovide_ raconte une tradition fabuleufe üir la
méme ville. Les foldats d’Enée Payant brúlée ,
elle fut changée , felón lui , en héron. Le nom
latín de íret oifeau , ardea , a fervi de fondement
á la métamorphofe. Peut-étre auíTi Ardée avoft^
elle pris fon nom du grand nombre de hérons que
Pon trouve dans fes environs.
ARDOB, mefure de capacité de PAfie 8c de
TEgypte. V. Léthec.
ARDOISES. Nous n’avons aucun paílage
qui nous apprenne fi les anciens ont connu oú
employé les ardoifes pour couvrir leurs bitimens.
Pline dit expreffément que Pon fe fervoit de bois
avant Pinvention des tuiles , 8c il ne parle niille
part de ces fehifies qui couvrent aujourd'hui les
plus beaux édiSces de PEurope.
ARD UINNA , Ans o inít.í , A rd uenkeits ts ,
nom que les Gaulois 8c les Sabins donnoient á
Diane, comme proteclrice des chaífeurs. On la
repréfentoit couverte d’une efpéce de cuiraííé,
tenant d’une main un are débandé, 8c ayant un
chien aupres d’elle. Gruter a publié quelqnes inf-
cnptions , dans lefquelles il eñ fáit mention d^Ar-
diíima Diana ^ 8c dont queiques - unes om écé
ARE
rrouvées dans le pays des Árdennes. Ce feroie
alors Diane des Ardennes.
AREA. Voyez Place.
Area fignifioit, dans la caftrémation des Ro-
mains,un terrein Parge de cent-vingt pieds ro-
mains. Se long de cent quatre-vingt. Cet efpace
"étoit auíii appélé du nom générique ¡>edatura , Se
étoit defiiné au campement d’une légion.
Ares, non Jira, acciamation des Payens contre
Ies nouveanx Chrétiens. Les premiers deman-
doient par ces mots á leurs gouverneurs , de privet
les derFÚers du droit de fépuiture. Qu’on leur re-
fufe, difoient-iis, la place d’un tombeau, urea
non Jira.
. ARELIüS. Pline reproche (35’. 8.) ácepeintre,
qui vivoit peu de tems avant le régne_ d’Augufte,
d’ayoñ repréfenté le premier les divinités fous les
tráits des femmes qu’il avoit aimées.
ARENARII. On donnoit ce nom aux gladia-
teurs. qui combattoient dans Tarene des amphi-
théátres. C’étoient des efclaves de la plus vüe
efpéce, parce que leur mérier étoit déclaré in-
fame par Ies ioix.
ARENARIUS. Muratori (51 1. 3. Tkef. infir.)
rapporte une épitaphe dans iaquelle ii eíl: íait men-
tion du corps des arenarii , collegii arenarioram.
II ne faut pas entendre par ce mot les gladiateurs,
mais les ouvriers qui tiroient le fable ou l’argile
des carriéres. Les vuides qu’ont faits leurs tra-
vaux , forment aujourd’hui les catacombes.
ARÉNATIUM, dans les Gaules. aremacios.
Les médailles autónomas de cette ville fonc :
RRRR. en bronze. (Pellerin).
O. en or.
O. en argent. ^
ARENE, filie de Gorgophone 8c d’Oébalus,
époufa Apharée , fon frére utérin , dont elle eut
un fils nommé Idas. V. Apharee , Gorgo-
phone, Idas.
ARÉNE. F. Amphithéatre.
Arenes. Ondéfigneá Kimes, fous ce nom,
un amphithéátre romain , qui eíl: un de ceux qu!
fe font le mieux confervés. II eñ encore^prefque
tout entier. Les Goths y bátirent une erpéce de
fort apffelé Cháteau des Arenes , afin de faire une
citadelle de tout l’amphithéátre. .
II eñ encore fait mention dans nos anciens hif-
toriens , des armes de Reims, des arenes de Pen-
gueux 8c des arenes de París, qui étoient devane
Saint- Viélor. Ce nom fubfiíie encore dans quei-
ques autres vüles de France, qui n’ont plus le
moindre veñige d’amphithéacre, comme á Limqges,
oú eft le cimetiére des arenes ,• á Bourges_, ou Ion
appelle encore la rué des Arenes, celle qui
foit a rancien amphithéátre que Pon a comble K
détruit entiérement pour faire la place du marche,
nommée Ducale ou Boarbon.
AREOLUM. V. Chalcous.
ARÉOPAGE, fénat d’Athénes. II pnt,
Hérodote, (¿ib. 8.) le nom de Tendroic ou a»
ARÉ
s’aíTembloitj c étoit une colline íituée auprcs^ de
la citadellcj appelée colline de Mars, AsítoTcáyo;
ou Tiá'/íí. Suidas donne de ce nom une ety-
mologie bien dérournée ; ii la derive des meuitres
volonraires qui étoient déférés á ce tribunal ^ &
que bon rapportoit á Mars , comme au dieu du
íang & de la guerre. Mars lui-mérr.e, felón fau-
fánias j ayant été accufé d’un meurtre devant 1 areo-
pnge, fut caufe de cette nouvelie dénomination.
D^autres écrivains grecs difent enfin que les Ama-
zones étant venues aífiéger Athenes ^ camperent
fur cette colline , y oíFrivent des facrifices au dieu
des combats, que les poetes leur donnent pour
pére, & que la colline en prit le nona.
L'époqüe de fa fondation n’eft pas moins in-
certaine que fétymologie de fon nom. Les uns
la placent fous le régne de Cécrops, fondateur
d’Athénes ; d’autres fous Cranaiis , un de fes fuc-
ceffeurs ; quelques-uns enfin , la reculent jufqu'aii
tenas de Solon. Quoique cette derniére opinión
foit ceíle de Flutarque {in Sclone) & de Cicerón
{de Offic. 1 .) j cependant elle paroít détruite par le
fémoignage df4riftote (Polit. z.) , d¿ par une loi
de Solon , rapportée par Platarque dans laquelle
il eíl parlé de Varéopage , comme d’un tribunal
bien antérieur á tomes les inílitutions de Solon.
Ce légiílateur le rétablit peut-étre á la place du
tribunal fanguinaire que Dracon lui avoit fubftituéj
& lui donna une nouvelie forme. PolluXj {Ono-
maft. 8. 2).
On eft auffi peu d'accord fur le nombre des
membres de Varéopage. Quelques-uns le reftrei-
anent á neufj d'autres le portent á trente -un ,
d’autres a cinquante-UHj &c. Les neuf archontes
y étoient incorpores ^ felón quelqiies écrivains,
aprés Tannée de leur archontat ; quoique d'autres
n'accordent ce privüége qu’aux thefmothétes. Au
rede, nous favons que Socrate, accufé devant
Varéopage , fut condamné par deux cent quatre-
vingt-un fuíFrages, auxquels il faut ajouter ceux
qui. le renvoyoient abfous ; & une infcription
placée fur une colonne de la citadelle d’Athénes,
en l’honneur de Rufas Feftus, proconful de la
Crece , dit expreíTément que Varéopage étoit com-
pofé de trois cens membres.
II ne fuffifoit pas d’avoir été archonte pour étre
adopté par les aréopagites, mais il failoit avoir
rempli avec honneur les fonéiions de cette ma-
giñrature. Pour en fournir la preuve. Ies archontes
rendoient compte de leur adminiftration palfée aux
logiñes, qui Papprouvoient aprés un févére examen,
bien cifférent d’une vaine formule. lis offroient en-
fuite un facrifice á Bacchus dans Ies Limnes qui lui
ctoient particuliérement confacrés. Ces formes
etablies par Solon furent long-tems en vigueur;
jnais A,thénes ayant perdu fa puiíTance , elles tom-
férent en défuétude. Alors tous les archontes
indifFéremment , fúrent admis dans Varéopage ,
ainfi que des citoyens de mceurs corrompues 8c
fans fortune, & méme des étrangers, tel que ce
ARÉ X77
Rufus FcíluSj dont Pinfcription citée plus haut
parle comme, d’un membre de Varéopage.
Axtiftide díc que ce tribunal étoit le plus intégre
& le plus eílimé de toute la Crece, & cela paroic
erre vrai, lorfque Pon coníidére la nobieííe de
fes fontiions , Pimportance des caufes qui y étoient
portees, & les quaiités que Pon exigeoit de fes
membres. Athénée {Deipn. 14.) afiure qu’un ci-
toyen qui auroit été vu s’arrétant'dans un cabaret
ou dans un lieu de débauche , étoit exclus á ja-
máis de Parchontat , & par faite de Varéopage. íl
ajoute qu’un aréopagite qui auroit paíTé toúte ía
vie avec gloire , étoit delíitué de fa place , li Pon
pouYoit lui faire quelque reproche grave fur fes
mceurs ou fur fa conduite, méme dans Páge le
plus avancé. On exigeoit encore de ces confeillers
une gravité toujours foutenue; on ne leur auroit
p.ts pardonné le plus léger fourire échappé dans
le tribunal ; & Plucarque {dée gloria Athen.) nous
apprend qu’ii leur étoit défendu , par une loí
expreíTe, de compofer des pitees de théátre.
Ce tribunal infpiroh tant de refpect & de gra-
vité , qu’Ifocrate j qui en étoit membre , dit que
les aréopagites dont Ies moeurs avoient été dilíb-
lues, renoDcoient á lears anciennes liaifons &
habitudes , des qu’üs étoient admis dans cet au-
gufte fénat. Les jugemens qu il rendoit étoient íi
équitables, qu’aucun n’avoit excité, felón Démof-
théne , de plamte ou de réclamation. C’eft pour-
quoí tous les états de la Crece le prenoient pour
arbitre. C’eíl ainíi qu en agirent íes MeíTéniens
ayant leurs premieres guerres avec les Lacédémo-
niens.
Uaréopage connoiffoit des meurtres volonraires
& involuntaires , des empoifonnemens , des in-
cendies , des trahifons , &c. Quelques auteurs
aíTurent qu'ii n'étoit pas permis d appe'er de ce
tribunal au peuples mais Meuríius, avec pluíiears
autres, foutient le contraire. íl dit méme que dans
certaines occaíions , les logiftes prenoient con-
noiíTance des jugemens de Varéopage. Ce tribunal
avoit une grande autorité dans la répubüque.
Solon Pavoit chargé de veiller á Pexécucion des
loix. II fixoit Pemploi des deniers publics; il veii-
loit á Péducation de la jeuneíTe, nommoit fes
curateurs 8c fes tuteurs j il puniífoit les citoyens
qui étoient accufés d’impiété, ou qui vivoient
d’une maniere dilfolue ; il récompenfoit aiiíli les
gens-de-bie.n. Les aréopagites fe joignoienr auX'
Gynéconomes, & fe trouvoient aux fef 'ns reü-
gieux & á ceux des noces, pour y mair:;^’.¡i- h
modération 8c la décence. Solon les avoit c.hargés
fpécialement du foin d’examiner la fortur.c ce
chaqué citoyen , fon induílrie. Ies moyens cuil
employoit pour fe foutenir , &c. afin de prévenir
les vols & Ies rapiñes. Mais leur plus impor: ;nta
fondion étoit d’examiner & de juger avec fidéiité
tout ce qui appartenoit á la religión , les blafphémes,
Pirreíigion , le mépris du cuite public & Padmif-
üon des nouvelles divinités. C'eft par la craince
i7S ARÉ
de ce tribunal que Platón ayant reeu en Egypte
la connoiíTance Je Tunité de Dieu, ne voulut pas
la répandre á A.cliénes ^ felón Juílin.
Uaréopage fe renfermoit dans ces fonólionS;, fans
s’ingérer dans les affaires publiques ; á inoins que
le peuple ne recourut á fes lumiéres dans les pé-
rils imininens. Ses jours d^aíTemblées ordinaires ,
étoient les zj , 28 & 29 de chaqué mois. Mais
sdl fiirvenoit quelqu^affaire preíTée Se impréyue ,
il s’auembloit extraordinairement dans le portique
royalj que Ton entouroit d’une cordetendiie pour
arréter la foule. Dans Yaréopage , ii tenoit fes
féances en plein air ^ afin de n étre 'pas _ fouiilé
Sar la compagnie des hoinicides & des criminéis.
ne Ies tenoit que L nuitj pour que la vue de
Taccafateur & de Taccufé ne puc point inflaer
fur les jugemens.
L’archonte-roi portoit á Varéopage Ies accufa-
tions d’homicide; il quittoit alors fa couronne^
attribut des archontes , & prenoit féance parmi
les aréopagites. Ceux-ci commen^oient leurs affem-
blées par faire retirer le peuple, & par tirer au
fort les aftaires dont devoient étre chargés les
diíférens comit és dans lefquels ils fe partageoient.
Lorfqu il s’agiííoit d’un homicide , Taccufateur
Faccufé prétoient ferment fur les teílicales d’un
bouc, d‘un bélier, d'un taureau, Se ils dévouoient
le parjure aux furies. Laccufateur aíTuroit par
ferment qu il étoit parent du mortj ce qui pou-
voit feul lui donner le droit de pourfuivre Pac-
cufé ; & que celui-ci avoit cominis Thomicide.
Ce dernier chef étoit nié avec ferment par l’ac-
cufé ; & l’un & Fautre fe dévouoient avec leur
famiile aux plus affreux malheurs , s^ils venoienr
á fe parjurer. On étoit íi perfuadé de Fefficacité
de ces imprécations , que Yarcopage n’infligeoit
aucune peine aux parjures.
Les deux advejfaires s’aíTeyoient fur des fiéges
d'argent. L'accufateur interrogeoit d’abord Fac-
cufé , enfuite ils plaidoient chacun leur caufe.
L^accufé pouvoit fe dáfendre en deux féances
diíférentes ; mais il lui étoit permis , aprés la pre-
tniére , de fe eondamner lui-méme á un exil vo-
lontaire , s'il doutoit du fuccés de fa défenfe.
Dans ce cas , fes biens étoient confifqués au
profit du fifc , & venáus par les polétes. II leur
fut permis par la fuite de fe fervir d'avocats_5 mais
les uns & Ies autres ne pouvoienr employer des
figures de rhétorique , ni exorde , ni pérorai-
fon , &c. ni ríen qui fut eapable d'éblouir les
juges. La vérité nue & fimpie devoit fortir de
leur bcache.
Aprés les deux plaidoyers. Ies aréopagites fe
levoieftt pour rendre leur fentence. Ils y procé-
doient avec tant de gravité & avec un íilence fi
profond , que Fun & Fautrje étoient paíTés en
proverbe chez les Grecs, Se que Juvénal luL
tpcme y a fait alluíion, {Satyr. 10. ) :
gcQulta. tegss ^ ut curia IrlanU Afkeníí,
ARÉ
» Vous garderez un fecret, comme la cour de
Mars á Athenes Les juges mettoient ieurs fuí-
frages dans deux urnes j Fuñe d'airain Se Fautre
de bois. La premiére renfermoit les bulletins qui
condamnoient , Se Fautre ceux qui renvoyoient
abfous. Les trente tyrans qui rédaifirent Athenes
en fervitude pendant quélqaes années , obligérent
Ies aréopagites á dépofer pabliquement leurs bul-
letins fur une rabie , afin de connoitre la ma-
niere dont chacun d'eux étoit affeété dans chaqué
affaire.
Outre les caufes qui étoient dévolues de droit
á l’aréopage , on lui portoit quelquefois celles qui
appártenoient aux autres tribunaux, fauf Fappel
ou ia réviílon par ces mémes tribunaux.
Jamais on ne décernoit de couronnes aux aréo,
pagites , quel que pút étre leur mérite ; parce quil
leur étoit défendu de porter cet attribut des ar-
chontes ; on les récompenfoit en aífignant leur
entretien fur le tréfor public, outre Ies trois oboles
que recevoient tous les juges á Athénes pour
chaqué caufe. Enfin, ils ne rendoient compre de
leur conduire qu’aux logiñes feuls , mais tous les
ans, felón Fopinion de Samuel Petit , '^Commmt.
in Leges Attic. )
Uaréopage conferva fes loix, fon intégrité &
la vénération publique jufqu’au tems de Péridés.
Ce citoyen ambitieux n’ayant pu y étre admis,
parce quhl n’avoit jamais été archonte , forma le
deiTein d’aviiir Yaréopage- II y réuílit en le dé-
criant fans ceiTe, & en enlevant un grand nombre
de caufes á fa counoilTance. Alors la corruption
gagna ce tribunal , comme Ies autres parties de la
république , & il tomba par degrés dans un fi
grand aviliíTement , que Plntarque le comparoit
á un chetal échappé qui n'a plus de frein. Démé-
trius de Phalére ayant été repris de fa vie licem
cieufe par Ies aréopagites, leur répondit hardi-
ment, qu’avancde réformeries mceurs delaville,
ils devoient commencer par réformer les leurs,
& fur-tout ne plus recevoir de préfens, & ne
plus corrompre á prix d'argent les ferames des
citoyens.
Spon qui , en iGpG ¡ examina Ies ruines d’A-
thénes, dit dans le fecond tome de fes Voyages,
que Fon voyoit encore les reñes de Varéopage^ au
midi du temple de Théfée , litué jadis dans Fen-
ceinte delaville, & aujourd'hui hors des trmrs.
On diílinguoit fes fondemens demi-circulaires ,
& une efplanade de cent quarante pas environ,
qui étoit proprement la falle de Yaréopage. II y
avoit un tribunal taillé au milieu du rocher , avec
des fiéges aux deux cotes, fur lefquels prenoient
féance les aréopagites , expofés á Fair. Aífez pres
de ces ruines , font des grottes taülées auífi dans
le roe , que Fon conjeélure avoir fervi de prifon.
Pline dit que Zopyrus, fameux artiíte grec,.qui
vivoit du tems de Pompée , avoit repréfenté fur
une coupe dargent cifelé les aréopagites, & Or
une autre le jugement d’Oreüe par ces méipes
ARÉ
juges. AVinkelmann a publié dans fes Monumenti
anticki inediti , n°. 1 3 1 , une coupe d'argept avec
ce jugeiTsent célebre , qui peut erre attribuee^a
Zopyrus. Elle a été trouvée fous le pontificat de
BenoiC XIV, dans !e port de f ancienne ville d’An-
tium:, oú elle avoit été précipitée fans doute par
cneique naufraga á fon arrivée de Gréce. On y
A'oit ce malheureux füs d’Agamemnon dans la plus
grande conílernation & Minerve qui met ion
ñiífrage favorable dans Turne j aíinfde décider le
jugement que le partage des aréopagites empé-
choit de prononcer.
AREOPAGITE, juge de Taréopage.
AREOSTYLE, éáifice dont les colonnes font
éloignées les unes des autres de huir ou dix mo-
dules j c'eñ-á-dire ^ extraordinairement éloignées.
Ce mot vient du grec ¿faus-j rare^ & de
eolonne. Vitruve a cependánt fixé á huir modales
cu quatre diametres la plus grande diítance des
colonnes. U aréoftyle étoit oppofé au pycnoftylt ,
dont les colonnes font li preflees ^ que les entre-
eolonnemens n'ont qu°un diamétre & demi.
ARES eñ le nom grec de Mars j il fignifie
dommage ^ á caufe des maux que caufe la guerre ;
d'autres le dérivent du phénicien Arits , qui veut
dire fort;, terrible. Voye:^ Mars.
A 'PESKOS. PollllX {Onomaft. l. X , feB. IIO ,
p. lai.) donne ce nom á un báton droitque por-
toient fur la fcéne les parafites & ceux qui ven-
doient des femmes débauchées. II ne faut pas le
confondre avec Je pedum ou xxyaSiÁay , qui étoit
un barón courbéj attribut des añeurs comiqaes j
des divinités champétreS:, des meíTagers, &c.
ARETALOGI , qui parlent de la
vertu. On donna ce nom par mépris á ces para-
lites-philofophes qui fréquentoient les cables des
riches romains j & difcouroient miférablement des
plus nobles fujets de la Philofophie ancienne.
ARÉTAS, roi d’Arabie. BASIAEOS. apetot.
«IAEAAHN02.
Ses médaiiles latines font:
RRRR. en argent.
Ses rftédaiües grecques font:
RRR. en bronze.
O. ep or.
ARETE, femme d’Alcinoüs , roi des Phéa-
Ciens. Alcinous 3 Nausicaa.
ARETHUSA, dans la Syrie. AFEeoTCATCN.
_ Cette ville a íáit frapper des médaiiles impe-
riales grecques , avec fon époque , en Thonneur
de Sept.-Sévére & de Diaduménien.
ARÉTHÜSE, filie de Nérée & de Doris, étoit
une des compagnes de Diane. Un jour qu’elle fe
baignoit dans un ruifleau , elle fut apperque par
Alphée, & s'enfuitauíli-tóí5 matsTe fentant vive-
rnent pourfuivie , elle implora le fecours de Diane ,
®.ui la métamorpbofa en fontaine. Alphée recon-
tó: fon amante fous cette métamorphofe , &
ayant repris Fa figure de fleuve,#! méla fes ondes
arec celíes de ¡a fontaine Arétkafe, Quelques-uns
A R G 179
ont dit que Neptune Tavoit fait mere d’ABAs.
V oye^ ce mor. Aréthufe étoit une fontaine de la
prefqu ille d’Ortygie, qui renfermoit le palais des
anciens rois de Syracufe , aujourd'hui dans le port
de Syracufe, á un mille de la ville. Cicerón dit
que cette foiirce d’eau douce auroit été entiére-
ment couverte des flots de la mer, fi elle ft’en
avoit été féparée par une digue & par une levée
de pierres.
Piine & plufieurs des anciens , croyoient véri-
tablement que TAlphée , fleuve d'Arcadie , con-
tinuanr fon cours par-deíTous la raer, venoit repa-
roitre au rivage de Sicile ; parce que , difoit-on , cc
qui avoit été jeté dans TAlphée , fe retrouvoir au
bout de quelque tems dans Y Aréthufe. Mais Stra-
bon n’a pas été dupe de cette traditíon ; ii traite
de menfonge la coupe perdue dans TAlphée , &
retrouvée en Sicile , & fait voir que TAlphée fe
perd dps la raer córame Ies autres fleuves. .Piine
ajoutoit encore une autre fable : il difoit que
Y Aréthufe avoit Todeur du fumier dans le tenas
des jeux olympiques qui fe célébroient dans la
Gréce, á Olympie, oú paiToit TAlphée; parce
qu on jetoit dans le fíeuve tout le fumier des vic-
times & des chevaux qui fervoíent pour la courfe.
Voye^ Alphée.
On prenoit autrefois pour une tete d’ArétJtufe
celle que Ton voit otíinairement fur les médaiiles
de Sypcufe; & Ton^oyoit reconnoitre la piante
aquarique dont elle paroit couronnée. Mais au-
jourd'hui tous les antiquaires la nomment tete de
Proferpine , á caufe des épis qui la couronnent,
& qu! rappellent fa mere Cérés.
Aréthuse , étoit une des Hefpérides.
AREUS , nom que donnent les poetes aux
fan reux guerriers ; il veut dire fiis de Mars.
ARFERIA ou Arfertal , étoit le nom que
Ies prétres donnoient á Teau luñrale etnployée
dans les funérailles. C'écoit un des mots bizarres
qiTils afieóioient aux chofes facrées.
’A.PrABi'A.Les Grecs des bas-fiéclss appeloient
de ce nem un petit vafe , que les cavaüers atta-
choient á leurs felles, pour porter de Teau dans
les marches. C'étoit peut-étre celui que Piine
appelle vus ■vlatorium.
Quelques auteurs ont cru le reconnoitre dans
ces corpt ronds qui font pendus á la fclle des
cavalíers de Naxi-Rufian ^ zvtorts Tchelmínar.,
Tancienne Perfépolis. Mais il paroít que c'ell une
erreur, & qu’on doit prendre ces corps ronds
pour de petits boulers de pierre ou de metal,
qui fervoíent de maíTuc á Tancienne cavalerie ,
comme le ccffe-tite aux faavages.
ARGANTHONIS, jeune filie de Tífle de Cbío.
Rhéfus , roi de Thrace , paffant par cette ifle
pour aller á Troye , devine arnoureux á'Argan-
thonis , lui donna fa foi , & luí promit de I^em-
mener a fon retour, Mais il fut tué au fiége de
Troye , & cette mort piongeg da.ns une fi grande
2§o A R G
afeiaion fon amante ^ qu elle en mourut de regret.
Voyer RhÉSUS.
ARGÉ 3 foeur d’Hébé 8í de V ulcain , naquit
de Júpiter & de Junon, lorfque ce dieu trompa
fa femme 3 étant caché fous la figure dlun cou-
cou.
ÁRGÉ ou Argée 3 nymphe qui fut changée en
biche par le foleiU en punition de ce qu’elle avoit
ofé dire d’un cerf qui fuyoit devant elle : que_3
quand il iroit auííl vite que le foleii 3 sUs fauroit
ratteindre. {Hugin).
ARGEE 3 fils de Licimnius, frére^ d’Alcméne3
fuivit Hercule , qui promit a fon pére de le ra-
mener. Mais le jeune homme étant mort dans
le vcyage , Hercule fit brúler fon corps pour en
recueillir les cendres & les rapporter a Licimnius ,
voulant fatisfaire3 autint qu'il étott en luí 3 áfon
engagement. On dit que c'eft le premier exemple
de corps brúlés apres la mort. Argée avoit un frére
nommé AeonuSí qui périt auín miférablement3
eh fuivant fon coufin Hercule- Fi Aeonus.
Argée ou ARGÉES3 féte que les veftaleS cé-
lébroient tous les ans aux ides de mai 3 & pendant
laquelle elles jetoient dans le Tybre des figures
d'hommes faites de' jone 3 appelées auíTi urgées.
Les premiers peuples qui habiterent les bords da
Tybre, dit Plutarque, jetoient dans le fleuve tous
les Grecs indiflféreiríment. íMíks Hercule leur per-
fuada de renoncer á un ufa^ auíTi barbare , 8c
les engagea , pour fe purger de ce crime , á iníH-
tuer des facrifices & une féte dans laquelle ils
fe contenteroient de jeter dans le fieuve des figures
d hommes. Le méme auteur donne á cette féte
une autre origine. Evandre, arcadicn , ennemi des
Argiens , s' étant érabli en Italie , ordonna , pour
perpétuer fa haine contr'eux , qu’on ieteroit tous
íes ans dans le Tybre des figures d’argiens ou
d'argées.
.Ovide parle de cette cérémonie dans fesFaíles,
( r. 611.') ;
Taro qiioqiie prifeorum virgo fimulacra vzrorum
lAittere robpreo fiirpea ponte folet.
Elle fe pratiquoit fur le pont Sublicius par les
vefiales , felón Feftus & Varron. Ce dernier fubfti-
tue cependant des prétres aux veílales , á moins
que fon ne prenne dans le fens de prétrejfes le mot
facerdotibus dgnt il fe fert.
ARGEI. Ce mot avoit deux fignifications dans
Ja topographie de Rome. Tantót ii défignoit des
terrei.ns indiques par Numa ppur la célébration'
des facrifices. Tits-Live (i. 21.) dit que ce nom
leur fut donné par |es ponrifes : Multa aha facri-
ficia locaaue facris faciendis , que. argeos pontífices
vocant 3 Numa dedicavit. Tantot i! défignoit , felón
Fellus3 des terreins confacrés par les corps de
quelques illuftres Grecs qui y étoient enterres :
■Argel loca etiam Rom/i appellahantiir , quod in ais
fcpulti ejfent quídam Argivorum illufires viri.
A R G
Argei pontífices , étoient ^ans doute les prétres
des endroits facrés appeles Argei.
ARGEIPHONTE oa Argiphonte 3 qui a tué
Argus, de pó>aí3 meurtre. Ce furnom fut donné
á Mercure3 aprés quil eut tué Argus3 gardien
dio.
APREiaN EOPTAI , fites des ^ Argiens , dont
on ne connoít pas les noms particuliers. Parthé-
nius {Erotic. 15.) parle dline des fétes des Argiens
que Ton célébroit par un feñin public.
Plutarque ( Grs.c. qu&ji. ) fait mention d’une
autre , dans laquelle les enfans fe railloient p‘u-
bliquement en fe jetant.des figures fauvages. On
voüioit peut-étre rappeier par cette féte le fou-
venir da tems dlnachus , ou les Grecs fe nour-
rifloient de fruits fauvages , & vivoient dans les
bois.
Aenéas {PoUocert. e. 17.) nous a confervé la
mémoire d'une troiíiéme féte des Argiens , dans.
laquelle une foule d’habitans fortoit armée d' Ar-
gos, ge faifoit folemnellement le tour de la villa.
ARGENT, confidérécomme MoNNOiE. Voyei
ce mot. Confidéré comme métal, voyei Affi-
nage, OR3 Mines. Caífiodore (Fir. /v. 34.)
aíTure qu un roi des Indas mit en ufage_ le pre-
mier ce métal. Erichton Tapporta le premier dans
rAttique. Les Romains n’en firent de la monnoie
qu’en i’année 485- de la fondation de leur capi-
tale. _
Il ne paroít pas que les Romains ayent réduit
Yargent en .filets ou en lames , pour le^jnéler au
tilfu des étofíes, avant le régne d’Auréiien , qui
défendit ce luxe , & ordonna que Targent feroit
employé uniquement comme il Tavoit été fous
fes prédéceíTeurs. Voluit , dit Vopifeus , argén—
tum in fuo ufa manere. Cet ufage prévalut cepen-
dant fous Ies empereurs grecs. On porta beaucoup
d'étoffes tifíiies ¿Yargent. Élles étoient appelees
veftimenta fyrmaüna. Saumaife aíTure (17 F upifi-')
que toutes Ies fois qu^on lit dans Codinje mot
trvsfiXTÍiiai , on doit le rendre par ceux-ci_: tijjd
de fds d‘argent. Carbilius Polhon en avoit deja
tiiTu les couvettures des lits de table.
Uargent fut prodigué fous les empereurs pour
tous les objets de luxe. On en a trouvé une preuve
frappante á Lanuvinum, dans les ruines^ de la
raaifon de campagne d’Antonin-le-Pieux- C elt un
coq ¿Yargent, qui fervoit derobinet pour Ies _con-
duits des bains. II pefoit plus de trente
romaines ( plus de vingt livres francoifes ) f Sci
portoit pour infeription ces. mots ; FaustíN.®
NOSTR/E. Dans les bains de Claude, on voyoit
auífi i’eau couler dans des tuyaux YYargent.
Ce luxe infeéia également les armées romaines.
Fline dit (/¿¿. 33, c. 12.) que les foldats en cou-
vroient ¡eurs armes. Les genéraux , qui etoieui-
jaloux de faire revivre l’ancienne difciplino miu
taire á laquelle Ies prem.iers Romains avoient
leurs conqueres, manquoient pas de
Tufage de l'argem travailié- Scípion affiegean
■ ® , Kurnance,
A R G
A R G zti
Kutnánce, défendit á fes foldats íavolr ún vafe
á’argent qui put contenir plus de deux cotvies
{f de pinte), & encore moins une cavette de
inéme méta!. Pefcenn;us ayant vu dans une marche
des foldats qui buvoient dans une taíTe ¿jargent,
fit enlever tous les vafes de ce metal que Ton
trouva dans fon armée, & obligea les foldats de
n'employerque des vafes de bois, fuivant Tapcien
ufage.
Argentum (ad) & ah argento ejfe ; expreífions
qui délignoient TaíFranchi ou fefclave chargé du
foin des vafes Sargent des Auguñes & de leurs
époufes. Les recueils d'épitaphes en font trés-
fouvent mention.
Argentum balneare , délignoit les baignoires &
les vafes dtargent qu’empioyoient les riches dans
leurs bains.
Argentum cavum ou concavum , vafes Sargent
cifelés , appelés xinXm par les Grecs.
Argentum efcarium , vailTelle píate qui fervoit
aux repas.
Argentum facíum , vafes iíargent de toutes les
efpéces.
A^rgentum infeñum , argent en maíTe , tel qu’en
renfermoit le tréfor public de Rome.
Argentum. potorium , vafes S argent qui fervoient
á préparer les liqucurs dont Ies anciens faifoient
iifaee ; relies que le vin , Fhydromel , &c. & á Ies
boire. L'épitaphe fuivante parle de ceux de Livie :
OSSA
VIBIAE. SUCCESSAE- LIVIAE. AUG. SERV.
AB. ARGENTO. POTORIO.
Argentum purum , vafes ^argent qui n’étoient
pas cifelés. Juvénal, (Sai. ix.') :
Argenti vafcula puri,
Argentum puftulatum , argent réduit en grenaille
par fa transfusión A\i creufet oú il a été purifié,
dans un vafe rempli d'eau froide. LesRomains,
qui croyoient que c’étoit Y argent le plus pur ,
I'appeloienr auíTi granulatum.. Martial , (/. 7. 70.) :
lAulla venit a me
Argenti tihi libra pufiulati.
Et Suétone dit de Fempereur Nerón , qu’il raflem-
bla avec beaucoup de dureté une grande quantité
A, argent en grenaiiles : Exegit ingenti faftidio &
aceróitate argentum pufiulatum.
Argentum fcenicum , fommes deílinées pour les
jeux pubücs & pour les autres fétes d'appareil.
Ene épitaphe , qui étoit autrefeis dans Les jardins
du palais de Carpí á Rome, nous a confervé
le nom de Faffranchi qui avoit la garde de cet
argent dans le palais des Céfars :
T. AELIUS, AUGUSTORUM. LIB. AMEMpTUS
AB. ARGENTO. SCENTCO
Argentum (ignatum, argent monnoyé.
Antitiuites , Tome f.
I Argentum viatorium , fommes deftinéas aux frars
1 des voyages.
Argent. (numifmatique) Les Romains ne fa-
briquérent des monnoies A argent que vers Faa
485' de la fondation de leur villa. Les premieres
fe rrouvenr dans la fuite des médailles confulaires
ou de familles, & Ies autres forment la fuite Aar~
gent des imperiales. Quoique Yargent monnoyé
des Romains foit á un titre plus bas que nos mon-
noies aóluelles du méme metal, tandis que leui
or eíl moins allié que le notre ; on appelle cepen-
dant argent fin, Yargent des médailles jufqu’á Sép-
tima-Sévére, par comparaifon avec celles des
princes qui Font fuivi jufqu’á Conftantin , Se dont
Yargent eft bas & allié. Malgré le beau nom A ar-
gent fin j elles valent alTez conñamment un fixiéme
de moins que nos monnoies courantes , fi on nc
les évalue que d'aprés leur valeur intrinféque.
Didius Julianus ou Julien I, corrompit le pre-
mier le titre des médailles A argent , pour remplir
plus aifément le tréfor public , épuifé par les lar-
geíTes quhl avoit faites aux Préroriens , en ache-
tanr FEmpire. Depuis ce prince, le titre alia tou-
jours en baiíLánt; &c certaineroent fes médailles
ont moins d’alliage que celias de Septime-Sévére.
Ce dernier a été cependant appelé restit-utos.
M-oKET.tE. Ses monnoies, á la vérité , font moins
mauvaifes que celias de Sévére-Alexandre. Sous
Gordien , c'eft encore pis ; & peut-étre eíl-ce par
cette raifon , dit le barón de la Baftie , que Fon
trouve fous cet empereur les médailles d"un mo-
dule plus grand. En effet, quoique ce module foit
connu des le tems de Septime-Sévére , de fa femme
Julia- Pia & de fon fils Caracalla, i! eft cependant
vrai quhl y a peu de grand module fous ces prin-
ces , tandis quhl y a trés-peu de parir module fous
Gordien.
Le titre des médailles A argent de Gallien va
encore en baiíTant ; & il paroit que catre mon-
noie , quoique mélée de quatre cinquiémes d’al-
liage, fut la feule monnoic A argent qui eut cours
dans FEmpire., On connoír, ala vérité, des mé-
dailles A argent du tyxan M. Auréle- Julien , de
Probus & de Magnia Urbica ; mais ces légéres
exceptions n’empéchent pas d’aíTurer générale-
m.ent que depuis Cíaude le Gothique iufqu á Dio-
clérien , qui rétablit la monnoie A argent pur, il
n’y a plus A argent dans les médailles. On a frappc
dans cet intervalle fur le cuivre feui , recouvert
d’une feuille d’étain. De-lá vient cet oeü blanc
des médailles faucées, reí que Foffrent plufieurs
Claudes, Ies Auréliens & les fuivans, jufqu’á Nii-
mérien inclufivement. Ces médailles faucées re-
paroiííent quelquefois fous Diociérien, Maxirr.ien ,
Conítance-Chlore & Galére-Maximien , quoique
Fufage de frapper fur Yargent pur fut retabli. On
ignore fi quelque cabinet peut fournir des .Lici-
nius , des Maxences & des Maximins da cette
efpéce : on y trouveroit pluror du vrai billón. íi
femble qu’il n eít plus fait mention des médailles
, Na
iS z A R G
faucces aprés Conftantin. Au reíle, fi les autenrs
des Catalogues de médailles avoient fait cette
attention , üs auroient étnité de groíTir leurs livres
d’'une Idngue faite de tnédailles á’argent entre
Pofthume & Dioclétieti j puifque toutes celles de
cette époque ne font que de petit bronze cou-
vert d’une feuille d'étain.
II eft trés-difficile de défigner la caufe pour
laqueile on ceíTa tout-á-coup de frapper des mé-
daiUes díargent, tandis qu^on én frappoit tou-
jours en or. Car il eft conftant que dans le tems
du plus grand affoibliíTement ^ &c meme deTanéan-
tilTement prefqu^’entier des efpéces á’argent, celles
d'or ont toujours été battues fur le fin. Le barón
de la Bañie croit entrevoir cette caufe dans Tufage
«ú étoient les empereurs de fe faire payer en or
une grande partie de leurs revenus. La plupart
des termes employés pour exprimer les tributs
& Ies autres impcíiuonsj étoient des épithétes
^ Aurum : aurum vicefimariam , aurum corona-
Tium j aurum lúcrale , Src. Le fouverain étoit inte-
reíTé á ne pas fouífrir qu'on altérát le titre de ce
métalj afin que fes revenus ne fouffriíTent pas
de cette altératioa.
Le tréfor impérial faifant fes paiemens en argent
«u en cuivrcj trouvoit fon avantage á afroibhr
le titre de Lun & le poids de Tautre de ces mé-
taux 5 parce que cet aífoiblifTement des efpéces
s’en faifoit pas changer !a vaieur dans le com-
merce:, Se qifavec une plus petite quantité d'or ,
on pouvoit avoir du cuivre en maíTe pour en faire
de la monnoie , a laquelie on donnoit la vaieur
des^ piéces ÁArgent j en y ajoutant une feuille
d’étain afilné. Cet expédient , qui étoit á la fin
xuineux pour TEtar, a pu étre Feffet de la fá-
cheufe pofition oú fe trouvérent les empereurs j
depuis Gallien jufqu á Dioclétien & Maximien.
lis achetoient prefque tous Fempire de leurs fol-
dats ; les tyrans déchiroient FEtat en-dedans &
Ies nations barbares en-dehors.
Les médaillons AArgent font beaucoup plus
rares que Ies médailles du méme métal ; on peut
cependant entreprendre avec faccés d'en faire une
fuite impériale^ en y mélant les médaillons de
potin frappés en Egypte ^ qui ^ par la qualité du
métal j y peuvent entrer naturellement.
Argent. {couleur C’étoit Fattribut dif-
tinéiif d’une faétion du cirque^ que Domitien
créa avec la faclion ¿orée ou de couleur d'or.
Dion 5 (/zá. 7 7.) : Aurigarum dúo genera adjunxit ,
quorum unum aureum j alterum argemeum appel-
iavit.
ARGENTARII. Voyez Orfevre , Chan-
GEtJR^ UsCTRIER.
ARGENTINÜSj dieu de Fargent , fiis de la
deeífe Pecunia^ ou , felón S. Auguftin, {Cité de
Dieu,^. 21.) ^JEJculanus, dieu de la monnoie
de cuivre.
AECES , nota d’an des cycIopéS quí forgéreat
A R G
la foudre dont Júpiter frappa les Titans. Voyei
Cyclopes.
ARGIE ^ mere de Bithon Se de Cléobis. Voyei
Bithon.
Argie, femme de Polynice. V. Adraste
P0LYNICE.
ARGIENNE ou Argolique , furnom de
Junon, Gui lui fut donné á caufe de fon temple
d'Argos. Foyei CanAthos. V. auíTi Junon.
ARGIEísS (les) étoient une colonie égyp-
tienne; Se le favant Jabíonski reconnoít-dans ío,
qu ils honoroient dAm cuite particulier, Yloh, c’eft-
á-dircj Ifis ou la Lune des Egyptiens. Euñathe
dit précifément ( Comment. in DionyJ. P erzeg. )
que la vache étoit le fymbole dio ou de la Lune ;
car^ ajoute-t-il, io veut dire lune dans le langage
des Argiens. Ceft de leur langue pjimjtive ou
égyptienne qull veutparler. Lorfque Fididme grec
luí fuccéda^ Ies prétres confervérent le nom d'/o,
felón leur ufage d'employer des termes barbares
ou furannés^ pour défigner les objets du cuite ou
de la vénération.
Les mythologues grecs enfeignoient que Fio
d’Argos, aprés avoir été changée en vache, s’étoit
retirée en Egypte , Se qu’elle y avoit été honoréc
fous le nom dlfis.
Ces traces d"une patrie & d’un cuite communs
aiix Egyptiens Se aux Grecs , font trop précieufes
pour les paíTer fous filence.
Les Argiens porto-ient au fiége deTroye des
boucliers ronds 5 & ce bouclier eft un attriout
diftinclif de leur roi Dioméde.
Argiens. (médailles des) H Argos.
ARGILE. On verra á Farticle Terre-cuite,
tous les détails relatifs a Y argüe employee pour
les ftatueSj les bas-reliefs, les frifes , les corni-
ches, &c. _ V t r
argüe íexNoit encore aux anciens a plufieurs
autres ufages j teis que celui de laver Se de blan-
chir ¡es draps de laine , celui de cacherer^
former des feeaux , &c. U argüe fut appelée aflez
généralement par Ies Latins creta , quoique ce
nom dut étre réfervé aux terres calcaires, a l_ex-
clufion des terres argíleufes. Cette obfervanon
préliminaire évitera beaucoup d’erreurs aux lec-
teurs de Pline & des auteurs de re ruftica.
Les íceaux furent faits avec de Y argüe dans les
premiers tems. Hérodote {tih, 2.) lappe'is fr»
tr'euatTplS'a , terre figilLée , 8c Cicéron treta^
tica. Llfle de Lesbos en fourniflToit en abondancej
Se aujourd’hui méme la fuperftition des Tures
leur fait acheter trés-cher les pains de cette terre
figillée , fur lefquels un ofncier du grand-feígnent
a appoíe fon cachet. Cicéron dit (Flacc. c. 10.;;.
H&c , que a nohis prolata laudatio , objignctci
creta illa ajiatiedy qu&fere efi ómnibus nota noois ,
qua utuntur omnes non modo in publicis , fed etun^
íñ privatis litteris. » La piéce que notis^ avon
produíte eft fcellée avec cette terre
connue de prefque toht le monde 3 & dost
A R G
& íert par-tout pour fceller les iRílrumeías pu-
biícs & particuliers
Les anciens employoient Vargi/e pour le fou-
lage de leurs draps ^ ainfi qu’on le pratique en-
core aujourd'hui ; elle y faifoit l’eftet du favon
pour dégraiíTer les laines. lis en frottoient encore
ces mémes draps , lorfqulls étoient fortis du moü-
lin 3 fouler j afin ajouter un nouveau degré de
blancheur. Ifídore ( 19. 24. ) dit í Tog& addita
' creta , qao candidior infigmorque effet.
U argüe ou terre figillée , appelée auífi cimolia,
d'une ifle de ce nom dans la mer de Créte^ ou
elle fe trouvoit en abondance , entroit daos la
compofition du blanc des dames romaines. Horace
eu parle , ( Epod. xii. 9. ) :
• Nec lili
Jam mantt húmida creta ^ colorque
Stercore fucatus crocodili.
Les anciens favoient corriger les vices des
terrcs quarzteufes & crétacées par le moyen des
marnes argileufes. Les auteurs de re ruflicd font
fouvent tnention de cette pratique fi avantageufe
á Tagriculture.
ARGILETUM , quartier de Tancienne Rome
qui commenfoit au Velahre, & finiíToit au théátre
de Marcellus. Ün paíTage de Servius fixe cette der-
niére limite , ( Mneid. ni. 6ay. ) : Sacrarium hoc
Numa Pompilius fecit circo, imam Argiletum juxta
theatrum Marcelli. Quant á la premiérCj elle eft
íi incertaine , que quelques écrivains orit voulu
diílinguer deux Argiletum. íl paroít cependant
aíTez vraifemblable que ce nom défignoit les deux
rives du Tybre ^ depuis le théátre de Marcellus
jufqu’au Ponte rotto.
ARGÍPHONTE. Voye^ Argéiphontb.
AR.GO j navire des Argonautes , dont il eft
parlé fi fouvent dans les poetes. Plufieurs écri-
Vains ont cru qu’il avoit pris le nom de fon conf-
truéteur^ Argus ou Argo. C’eft le fentiment de
Diodore de Sicile d’Apollonius , de Tzetzés ^
de Servius j du fcholiafte d’EuripidCj &c. Mais
comme il y a eu plufieurs Argus , on ne fait auquel
il faut rapporter ce travail. Quelques-uns ont penfé
que ce navire avoit été appelé argo-, du mot grec
cefyos, vite, léger. Quidam., dit ^Servius fur la
quatriéme églogue deVirgilCj Argo a celeritate
iiñam volu-t. Hom.ére appelle en effet Kévas- ítyís
..les chiens qui fontbons coureurs. D’autres aíTurent
que ce navire tiroit fon nom de la vilie d’ArgoSj
ou il avoit été conftruit.
Cicerón, dans fa premiére Tufculane , rapporte
Hne quatriéme étymologie , exprimée dans ces
deux vers d’un ancien poete latin:
Argo , quia Argivi in ea deléñi viri
V tcú , petebant pellem inauratam arietis.
Ce poetó fait dériver le nom álArgo, des Argives
ou Grecs. qui le montérent.
A R G 283
Ovsde , dans Tépitre de Hypfipyle á Jafon ,
appelle argo un navire facré : Sacram confcendis
in argo. Peut-étre fut-il regardé comme facrc,
á caufe que MinetTC en avoit donné le deílin , &
qu elle avoit aidé elle-méme á le conftruire. Ce
fujet eft exprimé fur un bas-relief de terre cuite
confervé á la Villa- Albani. Winkelmann l’a publié
dans fes Monumenti antichi inediti , & dans don
Hiftoire de l’Arr. On y voir Argo ou Argus , tra-
vaiilant au vaiíTeau des Argonautes; une autre
figure d’homme , peut -étre de Tiphys , pilote
á’Argo , & Minerve , qui lui enfeigne á attacher
des voiles á une vergue.
Peut- étre auífi a-t-il été appelé facré, parce
que fa proue étoit faite avec un chcne pris dans
la forét facrée de Dodone, qui parloit & rendoit
des oracles. Le refte du bois néceflaire á la conG
truétion á'Argo, avoit été coupé fur le mont Pé-
lion, d'ou lui vinrent les furnoms de Peiias & de
Peliaca; de méme que ceux de Loquax & de Fo"
tidica faifoient allufion aux oracles.
Quant á fa forme, c’étoit un' vaiíTeau long,
íémblable á nos galéres. Le fcholiafte d’Apol-
lonius a remarqué que, felón Topinion commune,
c’étoit le premier navire long qui eút été conftruit.
Pline (A'é. 7, c. 58.) a obfervé la méme chofe
d’aprés Philoftéphanus : Longá nave Jafonem pri-
mum navigajfe , Pkiloflephanus auñor eft. On fait
que par un navire long , les Grecs défignotent un
vaiíTeau de guerre, & que par un vaiíTeau rond,
ils entendoient parler d’un navire de charge o»
marchand.
Une circonftance particuliére du voyage des
Argonautes , nous prouve évidemment que V Argo
ne pouvoit erre d’un grand volume : ces héros le
portérent i fuivant Tancienne traditton, fur leurs
épaules depuis le Danube jufqu’á la mer Adria-
tique.
Jafon ayant achevé heureufement fon entre-
prife, confacra fon navire á INeptune fur l’ifthme
de Corinthe , & depuis Argo fut tranfporté dans
le ciel & mis au nombre des conftellations.
ARGOLIQÜE , furnom de Junon. Voyei;^ Ar-
GIENNE.
ARGONAUTES; c’eft ainfi qu’on appela les
princes grecs qui entreprirent de concert d’aller
á la conquéte de la toifon d’or. Se qui firent le
voyage par mer fur le navire Argo. On croit qu ils
étoient au nombre de cmquante-deux , non com-
pris les gens qui les accompagnoient. C’étoit Telite
des Grecs les plus diftingués par la valeur Se par
la naiíTance. Jafon , qui étoit le promoteur de
Tentreprife, en fut auíT: reco.r.nu le chef. ^On
nomme enfuite A cañe , fils de Peiias; Admete,
ro i de TheíTaüe ; ^talides , fils de Mercure 5 .Am-
phiaraüs ; Amphidamas, arcadien , fils d Aleus,
Amphion , fils d’Hvpérafius , roi de Polléne en
Arcadle; Ancée, fils de Neppjne & d’Añipalécy
Ancée, fils de Lyeurgue, roi des Tégéates en
Arcadie ; Argus , fils de Phrixus ; Aftérion, de la race^
K a ij
iS4 A R G
¿es Eacides; Aftérius, frére de Neftor; Augée ou
Augias j fils de Phorbus , roi d’Eiide ; Bptes ,
athenien; Calais, filsdeBorée; Caftorj Cénée,
fils d’Elate; Céphée, arcadien, frére d^’Amphi-
damusj Clytus^ fils de Teuryte, roi d’^chalie 5
Deucalion , fils de Minos ; Echion , fils de Mer-
care & d\Antiamire , qui íervit d’efpion pendant
ievoyagei Erginus & Euphéus, fils de Neptune,
qui firent les fonóiioíis de pilote 5 Eumédon , fils
de Bacchas & d’Ariane; Eurythe, fameux cen-
taiire 5 Glaucas , fils de Sifyphe 5 Hercule , qui
ne put achever le voyage, ídit á caufe de fa
pefanteur, qui mettoit le vaifleau en danger de
faire naufraga , foir á caufe de fa voracité , qui
confumoit tous les vivresj Idas, fils d’Apharée;
Idmon, célebre devint lolas, compagnon des
travaux d’Hercule 5 Tolas, autre parent d’Herculej
Iph’clus, fils de Thertius ; Iphiclus, pérede Pro-
réfilas ; Iphitus , frére de Clytus , fils d’Euryte ,
roí d' ¿challe 3 Laérte , pére d'Ulyfle s Lyncée,
fils d’Aphanée , & frére d'Idas 3 Lyncée, fils d'E-
pitus : ces deux derniers avoient la vue íi per-
qante , qu'’ils fervoient á découvrir les écueils 3
Méléagre, fils d’Oénée, roi de Calydon3 Méné--
tius , pére de Patrocle 5 le célébre devin Mopfus 3
Kauplius , fils de Neptune & d'Amymone 3 Neiée 3
Oilée, pére d'Ajax j Pélée, pére d’ Achille 5 Péri-
climéne , fils de Nélée 3 Philammon , fils d’ Apol-
len 8c de Chione 3 Pirithoüs 5 PoHux 3 Théfée 3
Thydée, pére de Dioméde3 Typhis de Béotie,
pilote en chef3 enfin Zétés, fils de Borée. Voyez
leurs aéiions dans leurs articles particuliers. On en
nomme plufieurs autres, mais qui ne font pas
connus , ou qui n ont pu s^ trouver.
Les Argonautes s’embarquérent au cap de Ma-
gnéfie , en Theffalie 3 ils allérent d'abord á rifle
de Lemnos, (voye^ Hypsipyle, Lemnos) dé-lá
en Satnothrace 3 ils traverférent PHellefpont, c6-
Toyérent PAfie-Mineure , entrérent dans le Pont-
Euxin par le détroit des Symplégades, 8c arri-
vérent enfin a Aéa, capitale de la Colchide 3
aprés ayoir exécuté leur entreprife , ils abandon-
nérent le pays , non fans quelque rifque , Se re-
vinrent pour la plupart heureufement dans la
Gréce. L'époque de cet événement eft trente-
€Ínq ans avant la guerre de Tro^e, felón quel-
ques-uns, & cent ans felón Eufebe. Voye^k^-
SYKTHE ,,JaSON , MÉDÉE, PhRIXUS, ToISON-
b'or, 8¿:c.
Les fentimens fpnt partagés fur le fuiet de cette
fable. Diodore de Sicile croit que la toifon. d‘or
conquife par les Argonautes , rfétoit que la peau
á’un mouton immolé par Phrixus , 8c gardé foi-
gneufement á caufe que le roi de Colchide devoit
écre rué, fuiyant un anclen oracle , par celui qui
Penleveroit. Strabon 8c Juílin penfoient que la
fable de la toifon d‘or , étoit fondée fur ce qufll y
avoit dans la Colchide des torrens- qui rouloient
un fable d'or que Pon ramaííoit avec des peaux
de mouton , comme on le pratique encore pour
A R G
les fables du Rhin vers le Fort-Louís , & pouf
ceux du Rhóne au-defl'ous de Lyon.
Varron 8c Pline tirent fon origine des belles
laines de la Colchide , 8c difent que le voyage fait
par quelques marchands grecs pour en acheter,
avoit donné lieu a la fiéiion. Paléphate a cru , on
ne fait fur quel fondement, que la toifon d‘or
étoit Pembléme fous lequel on avoit voulu dé-
figner une ílatue d’or faite par 1 ordre de la mere
de Pélops, 8c emportée par Phrixus dans la CoL
chide. Suidas enfin , dit que la toifon d or etoit
un livret qui renfermoit le fecret de faire de i or.
Cette derniére opinión, que Tollius a voulu faire
revivre , n’a pas été néglígee par les alchsmiíTes.
ARGOS. Les jeux qui fe donnoient tous les
cinq ans á Argos , confiftoient a monter dans un
lieu dont Paccés étoit difflcile , 8c fort elevé fans
doute, pour arracher, á Paide des mains feules,
un bouclier de cuivre, attaché fortement avec
des clous : on avoit donné le nom de theatre a ce
lieu. On a peine á comprendre comtnent, avec
des difficultés de cette'efpéce, une femme a rem-
porté ce prix 3 cependant plufieurs auteurs le cer-
tifient , 8c nous ont confervé fon nom. Quoique
les anciens ayent perlé de ce jeu , 8c qu un grand
nombre de modernes s’en foient oceupes , nous
n’avons pas de plus ^rands détails : ignorance d au-
tant plus extraordinaire , que ce jeu étoit fi re-
nommé dans la Gréce, á caufe de fa diíEculte>
qu"il avoit paíTé enproverbe, 8c que les anciens
difoient : Tanquam Clypeum in Argis tollev-s glo-
riatur. (Zénob. cent. vi).
Bignus eft Clypeo in Argis, 8cc. &C. _(Plut. vie
d’Agis 8c de Cléoméne). L'éloge que Findare fait
de Diagoras le Rhodien , pour avoir vaincu dans
ce jeu , eñ; une autre preuve de fa celebnte.
Nous favons feulement, avec la plus grande
certitude, que ce bouclier étoit de forme circu-
laire. Rotundam habuit ftguram Clypeus Argolicus»
(Hygin. fab. clxxi). Virgile, Ovide, ^Diodore»
Ammien-Marcellin, nous en aífurent egalement,
{^Cayl. 6, pl. 56, n°. 2.)
Argos , dans PArgoiide. A. & APrElQK.
Les médailles autonomes de cette ville font -
O. en or.
C. en argent.
RR. en bronze. . ,
Leur type ordinaire eft un loup _£ntier ou a
mi-corps. ’C'étoit le fymbole des Argiens t- 8c 1 o ^
volt encore á Argos les reftes d’un temple ,
les frifes étoient chargées de tetes de loop. (.AtJ -
de V Acad. des Infcr. xvif _ . ,
Cette ville a fait frapper des médailles
ríales grecques, en Phonneur d'Hadríen,
tonin, de Veras, de Sept.-Sévére, de
jeune, de Domna, de Geta, d’Elagabale, de i-
Auréie,de Pautille,deGa!lien, de Valerien jeune.
Argo s-Amphilo CH lu M, en Acámame.
APrEIÍ2N 8c APriS2N.
Les médailles autonomes de cette ville Cernt.
A R G
P.RR. en argent.
O. en or.
O. en argent.
Leur type ordinaire eft Pégafe volant.
Argos , en Cilicie. APrEiíiN.
Cette ville a fait frapper des médatlles_ impe-
riales en rhonneur de Gallien & de Salonine.
Les époques fervent á les diftinguer des mé-
dailles du Péloponnéfe , dont les monnoies n'ont
jamais été datées.
Argos j fils de Phrixus & de Calciope. Voyei
Ap.gus.
ARGÜE ^ machine faite en forme de cabellan j
employée pour dégroííir les métaux, & les tirer
en fils de difierentes groíTeurs. Le Di^ionnaire
,de Trévoux derive ce mot d’lfyovj ouvrage, & dit
que la machine eít d’origine grecque j ainli que
fon nom.
ARGÜS ou. Argos j fils de Phrixus, infpiré,
dit-on, par Minerve, conílruifit le navire Argo,
qui porta fon nom^ & excita Jafon Se les autres
princes de la Gréce , á aller yenger la mort de fon
pére. V. Phrixus.
Argus j bifayeul de celui a qui Ies poetes ont
donné tant d’yeuxj fuccéda á Apis, roi d’Argos^
8e donna fon nom á la ville d’Argos Se aux Ar-
giens. La Gréce ayant fait de grandes récoltes
de bled fous fon régne^ cette abondanccj álaquelle
il avoit contribué par la fageíTe de fon gouver-
nement , lui mérita , aprés fa mort ^ des autels 8c
des facrifices.
Argus avoit cent yeux, dit la fable , Se deux
feulement fe fermoient á la fois , pendant que
les autres veilloient. II étoit furnomm-é Vanojue,
■ücati'aT/ig , qui voit tout. C'eílá ce furveillant que
Junon confia lagar de d’Io : Mercure ayant trouvé
le moyen de Pendormir par le douxlfon de fa flutej
lui coupa la tete. Junon prit tous Ies yeux d'^r-
gu-s. Se les répaiiditTur les ailes Se fur la]queue du
paon.
Macrobe donne á cette fable une origine allro-
nomique, (^Saturn. i. 19). II dit o^iArgiís repré-
fentela fphére céleíle parfemée de mille étoileSj
8e^ que Mercare eft le foleil qui les fait difpa-
roítre par fon éclat. ídais quand on fait que le
Mercure des Grecs étoit PAnubis des Eg}'ptiens5
(^. Andéis) Se que ce dernier étoit Pembléme
dePhorizon, on conqoit beaucoup mieux com-
ment Mercure a pu aíToupir Argus 8c fermer fes
cent yeux ; c'eft-á-direj comment Phorizon abforbe
& voiíe tous les jours la fphére céleíle avec les
étoiles.
ARGYNNIS, furnom de Vénus. Agamemnon
fit batir un temple á cette déelTcj fous le nom
de Vénus Argynnis , qu’il lui donna á caufe du
jeune Argynnus , fon favori. Ce beau jeune homme
s etant noyé dans le Cépaife, le roi de Mvcéne le
fit enfeveíir fur les bords du fleuve. Se éleva un
temple á Vénus auprés de fon tombeau. Pioperce
eo fait menrion, (3. EUg, 6.)i
A R G 2S5
Sam Agamemnonias te^aittia littora curas ^
Qu£ notat Argynni pcena natantis aqu£.
Plutarque aíTure {iu lih. quo bruta, 8ic.') qu’Aga-
memnon parcourut toute la Béotie pour le re-
trouver j Se qu’il fcignit que les vents contraires
retenoient la flotte des Grecs , pour cacher la
honteufe caufe de fon abfence. LaíTé de chercher
inutilement Argynnus , il fe baigna dans le lac
Copáis , pour éteindre Pardeur qui le dévoroit.
ARGYNNUS. Agamemnon Se Ar-
GYNNlS.
ARGYRASPIDES , qui portent un bouclier
d’argent ou argenté. Ce mot eft compofé d'¿syvc$;-j
argent .. Se d’ás-arls- bouclier. Les Argyrafpidcs
formoientj felón Quinte-Curce , (/. 4, c. 13.) le
fecond corps de Parmée d’Alexandre , dont le
premier étoit la Phalange. Juftin (/. 12 ^ c. 7,)
dit que le vainqueur de Darius ayant pénétré juC-
qu’aux Indes 8c ayant reculé les bornes de fon
empire jufqu’á POcéan , fit orner d’argent les
houíTes des chevaux , les armes de fes foldats , 8c
qu’il nomma fon armee Ies Argymfpides , á caufe
des boucliers argentés. Ainli ^ felón cet auteur,
toute Parmée d’Alexandre auroit été déíignée par
ce furnom-
Aprés la mort du roi de Macédoine , les Argy-
rafpides mépriférent leurs généraux^ 8c refuférent
d’obéir á des princes qui ne leur étoient pas
agréables. Ceux qui partagérent Phéritage d’A-
lexandre , s’eíforcérent á Penvi d’engager dans
leur parti les Argyrafpides , quij les méprifant ou
les trahiflant tour-á-tour , faifoient paífer la vic-
toire fous Ies drapeaux du prince auprés duquel
ils fe rangeoient; ce qui prouve que cette troupe
n’ étoit que Pélite de Parmée d’Alexandre. Antio-
chus, roi de Syrie, dans la guerre qu’il fit aux
Romains, avoit á fa folde un corps de troupes
qui portoit ce nom fi long-tems redouté.
ARGYREj (grand) monnoie ancienne de
I’Egypte & de PAfie. Voyej Céseph. ( grand)
ARGYRE, monnoie des RomainSj fous le
grand Conftantin Se fes fucceíTeurs. V. Milia-
RÉSION.
ArgyRE, nymphe qui devint éperduement
amoureafe d’un beau jeune homme appelé Sé-
lemnus. Leur unión dura autant que ia beauté de
Sélemnus ; mais Argyre fe refroidit en la voyant
s’éclipfer. L’amour du jeune homme daroit rou-
jours, 8c le rendoit plus fenlibk aux froideurs
¿.‘Argyre. II étoit prés de mourir de douleurj
lorfque Vénus en eut pitié^ Se le métamorphofa
en un fieuve de fon nom , lequei alloit, comme
Alphécj chercher fous les eaux de la mer^ ia
fontaine de Pinconftante- Enfin, il parvint á Pou-
blier par le fecours de Vénus 5 Se depuis ce mo-
ment , les eaux du fieuve Sélemnus eurent , dit-on,
la vertu de faire perdre á ceux qui s’y baignoient,
le fouvenir de leurs amours. Paufanias, qui fait
ce íécit , ajouts que fes eaux feroiens. d’ua prk
iS6 A R I
ineñimaple, Ti elles jouiíToient réellemetit de cet
avantage. , , ^ v
ARGYRITES , furnom des jeux de la Grece ,
qui ne faifoient pas partie du cuite de quelque'
divinité. Ceux-ci s’appeloient A’ySvw hfa't, jeux
facrés , & les premiers A'yícvií ap'/aíjrcc , jeux
argyrites ou a prix a argent. On donnoit aux vain-
queurs des jeux facrés une couronne feulement;
mais dans les argyrites , ils recevoient differentes
récompenfes , relies que des amphores ou vafes
dans les Eacées á Egine , des vafes d argent á
Marathón j des boucliers d’airain á Argos , &c.&c.
ARGYRODAMAS, pierre dont parlent les an-
ciens:, & qui nous eft inconnue. Ceux qui de-
riven! fon nbm d’áoyti/ws- j argenta & de ¿'afia.a, je
dompte , difent que c etoit une efpéce de mica ,
qui réíifte au feu. Mais íi on décompofe fon nom
d"une maniere plus limpie en apyvpcs, argent, &
¿cáfids , diamant, on reconnoitra une mine d'ar-
gent crj/flallifée , ou une pyrite de couleur d’ar-
gent.
- ARIADNE ou Ariane , ^ filie de Minos,
preverme en faveur de Théfée , qui étoit
venu pour combattre le Minotaure , _lui donna
un pelotón de fil , dont il fe fervit heureu-
fement pour fortir du labyrinthe aprés la défaite
duímonfire. Théfée, en quittant la Créte, em-
menaavec lui la belle Ariadne, mais il f abandonna
dans filie de Naxos. Bacchus, qui vint peu aprés
dans cette ifle , confola la princeíTe de finfidélité
de fon amant ; & en l’époufant lui fit préfent
d’une belle couronne d’ór, chef-d’ceuvre de \'ul-
cain , laquelle fut dans la fuite métamorphofée en
aílre. Ariadne eut de Bacchus un fiis nommé Eu-
médon , qui fut un des Argonautes. Plutarque dit
qu’elle fut enlevée á Théfée dans Tille de Naxos ,
par un prétre de Bacchus ; ce qui eft plus vraifem-
blable que Tingratitude de Théfée. Ce fut Diane ,
felón Homére , qui retint Ariadne á la priére de
■Bacchus. Hygin aíTure que Théfée donna la belle
couronne á Ariane , Se ajoute que c’eft á la lueur
des diamans qui la compofoient , que Théfée
fortit du labyrinthe. Elle avoit eu de Théfée deux
enfans, (Enopion & Staphilus.
Selon Plutarque , il y a eu deux Ariadnes ;
Bacchus époufa Tune d’elles dans Tiñe de Naxos ,
& la rendir mere de Staphylos. L’autre fut cette
amante infortunée que Théfée abandonna dans
cette méme ifle , oú elle mourut. On rendir par la
fuite des honneurs divins a toutes Ies deux , & on
célébra en leur honneur des fétes appelées .^rzW-
nées. Celles de la premiére étoient gaies , & on
-les folemnifoit par la mufiqiie, la danfe & tout
ce qui pouvoit infpirer la jote. L appareil des
fétes de la feconde n’infpiroit , au contraire , que
la trifteífe & les larmes. Pour conferver le fou-
venir de la douleur reffentie par Ariadne prés d’ac-
coucher, lorfque Théfée fe fépara d’elle, unjeune
homme couché pouffoit des cris comme les fem-
íses en travaii d’enfant, feignoií d'en éprouver
A R I
les doulcurs. Plutarque ajoute que Théfée, felón
¡a commune opinión , avoit inftitué cette tete
ridicule , comme une fatisfaéfion due á fa mai-
trelfe aprés fon infidélité.
Ariadne , abandonnée dans Tiñe de Naxos , a
exercé fréquemment le pinceau & le cifeau des
anciens artiftes. Les fouilles d'HercuIanum ont
fourni trois tableaux relatifs a cet abandon. Dans
le premier, Ariadne couchée fur un lit , fe reveille
au moment ou s^éloigne le vaifíeau de fon infidelc
amant. Elle le reearde douloureufement dans le
fecond ; TAm.our eft debout prés d’elle, effuyant
les larmes qui coulent de fes yeux. Dans le troi-
íiéme enfin , Bacchus , avec fon cortége ordi-
naire, découvre Ariadne plongée dans un profond
fommeil. La bibliothéque du Y'atican renferme
une pite ou verte coloré, qui repréfente Bacchus
repofant fur le fein ¿^Ariadne , avec deux Satyres.
Ce bas-relief , dont le fond eft brun fonce ou ae
couleur de fardoine, & dont les figures font dun
blanc de lait , a été fait pour imiter ces belles far-
donix qui fervoient de matiére aux vafes murrhins.
II eft taülé en carré-long d^environ huir pouces
de largeur & cinq de hauteur. 11 rempliflbtt le
milieu d’un panneau, & fervoit á décorer quel-
qu’ancien palais. - _
Lorfqu’on trouve fur les médailles ou fur les
pierres gravéesune tete deéfemme, jeune & ccu-
ronnée de pampre ou de lierre , on n héfite pas a
lui donner le nom á’ Ariadne. On ii ignore pas
cependant que Ies traits de Bacchus jsune , font
trés-peu diftinéls de ceux d’une Jetine filie oti
femme , & que , d’ailleurs , la divinité appejee
Libera , ne peut avóir d’autre attributj)articuuer
que la couronne de pampre. Winkelmann a mis
á la fin du chapitre i du livre 4 de fon Hiftosre de
TArt , le deíTin d’un beau camée qui offre les tetes
accolées de Bacchus & ¿‘Ariadne. II appartient
au cabinet Farnéfe de Naples , & porte les carac-
teres du plus beau travaii grec. ,
Dans la colleélion des pierres du barón aS
Stofeh , le méme favant a donné á une tete cou-
ronnée de lierre, & couverte en partie d Un voile,
le nom ¿‘Ariadne , 'd'aprés des confideratiqns qus
nous croyons devoir rapporter pour éclaircir cette
matiére. II fonde cette dénomination f^r la re -
femblance parfaite de cette tete avec celles que
Ton voit fur quelques médailles de Tifie de ISaxos,
du cabinet du roi de Naples, & de celui de i em»
pereur á Florence. Toutes ces tetes font dune
méme maniere ; le deffin en eft dur , peu ’
& refpire la plus haute antiquité. Mais ceiLs des
médailles femblent étre des copies d’une tete e*
premiers tems de Tart. Ces monnoies n
en effet , Tantiquité qu’annonce le travaii de a
tete ; íi on en excepte une d’argent , qui el
plus tare de toutes, & fur laquelle nahiQí^ e_
écrit en bouñrophédon ou árebours. Béger attri
bue cependant cette tete des médailles de
a Bacchus. La cQlledtion du barón de Sto c
A R I
renfermoit deux autres tetes de femtne couron-
nées de lierre.
ARIADrsÉES j fétes établies en Thonneur des
deux Ariadnes. Voyer ce mot.
ARÍANE. V. Ariadnk.
ÁRL4RATHE i, ou II, ouIII, roí de Cappa-
doce. BASIAEOS APIAPA0OT.
Ses médailles font;
RRRR. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
Ariarathe j Eufébes Vj roi de Cappadoce.
Ses médailles font :
C. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
Ariarathe j Epiphane VI > roi de Cappa-
doce.
Ses médailles font:
RRRR. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
Ariarathe j Philométor VIII^ roi de Cap-
padoce.
Ses médailles font :
RRR. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
ARIASSUSj en Pamphylie. AFIAcceí2N.
_ On a une médaille impéríale grecque de cette
Ville , frappée en Phonneur de Géta.
ARICIE , princeílé du fang royal d’Athénes ,
& reíle malheureux de la famílle des Pallantides,
fur qui Théfée ufurpa le royaume. Virgile dit
qu Hyppolite Pépoufa aprés qu’Efculape Feut
reffufcitée j & qu ii en eut un fiís. Elle donna fon
nom á une petite ville dltalie , dans le Latium ,
& á une forét voiline, dans láquelle Diane cacha ^
dit-on^, Hyppolite aprés fa réfurredion. En re-
Gonnoiffance d'un tel bienfait , il lui éleva un
temple. Se y établit un prétre & une féte en fon
honneur. Le prétre étoit un efclave fugitif, qui
devoit ayoír tué de fa main fon prédéceííeur, &
qui avoit toujours en main une épée nue pour'
prévpir celui auquel il prendroit' envíe de lui
fuccéder á la mcme condition.
La féte qui fe célébroit aux ides d’aoút , con-
fiíloit á s’abfíenir ce jour-lá de lachaíTe, á cou-
lonner de íieurs les bons chiens de chaíTe, & á
allumer des ñambeaux. Les jeunes filies d'Áricie
les portoient ainli allumés au bois de Diane.
Ovide en parle dans fes Faftes, {ul.
S^pe potens votis frontem redimita corollis
F cernina lácenles ponat ab urbe faces.
Les fem.mes d’une vie licencieufe fe méloient,
cette occaiion , avec les jeunes filies au tems
de Froperce , qui repréfente á Cynthie le mauvais
repqm que lui donnoit fa préfence aux fétes d’A-
ncie, ( iZ. 23.):
A R I zt-j
Cum videt accenjis devotam currere tsdis
In nemas , & Trivis lamina ferre dea.
Ces flambeaux étoient places au milieu de faifceauj..
íPepis de bled^ ifirat. Cyneg. n, 484.) :
Spicatafque faces facram , ad nemora alta DiaxA
Siflimas.
ARICINE , furnom de la Diane qu’on hoao-
roit dans la forét d'Aricie. Voyex^ Aricie.
ARIE & PÉTus. On volt á la Villa-Lodoviíl
á Rome, un grouppe auquel on donne ordi-
nairem.ent ce nomj & le pare de Verfailles en
reníérrne une copie. Winkelmann a démontré la
fauífeté. de cette dénomination. Nous allons ex-
traire les réflexions qu’il a faites á ce fujet dans
fon Hiño iré de PArt, (AV. 6, c.G').
Ce beau grouppe feroit la produdion la plus
étonnante du régne de Claude, sfil repréfentoit
Cécinna Pétus , obligé de fe donner la mort pour
avoir trempé dans la confpiration de Scribonien
contre cet empereur j & la généreufe Arle , fon
époufe j qui s'enfonqa, pour Pencourager á mou-
rir, un poignard dans le fein , le retira enfuñe , Se
dit á Pétus, en lui préfentant Parme fatale : Tiens,
mon ami, cette bleíTure ne caufe aucune douleur.
Le premier perfonnage de ce grouppe eft un
homme nud, ayañt de la barbe fur la lévre fupé-
rieure. II fe plonge de la main droite une épée
dans le corps, au-deíí’us de la clavicule , Se foutienc
de la gauche le fecond perfonnage du grouppe ,
une femme drapée , qui eñ tombée fur fes genoux.
Cette femme eft bleífée á Pépaule droite, ainli
qu’on peut en juger par quelques gouctes de fang
indiquées au haut du bras, On voit aux pieds de
ces deux figures un grand bouclier de figure oblon-
gue, &_fous le bouclier un fourreau d’épée.
Le principe lumineux que Winkelmann a établi
& démontré d’aprés Pexpérience, dans fon ElTai
fur PAllégorie , & mienx encore dans la préface
de fes Monumens de PAntiquité , prouve que ce
grouppe ne repréfente point un fujet de PHiftoire
Romaine. 11 eft . certain , en eftét , que Pon ne
trouve aucun fujet tiré de PHiftoire Grecque ou
Romaine , exécuté en ñames ou en bas-reliefs. Les
artiñes de Pantiquité ne font jamais fortis du cercle
de la Mythologie. D’ailleurs , ce feroit aller contre
Ies máximes de Pline , que de chercher dans ce
grouppe un trait de PHiftoire de Rome j car ií
établit clairement, en plufieurs endroits de fon
ouvrage, que les figures des Romains étoient ordi-
nairemenr vétues, 8c le plus fouvent couverres
de grandes draperies. L’homme nud indique íci
néceíTairement Ies tems héroiques.
Ce perfonnage ne fauroit étre non plus unfésa*
teur romáin, parce que le bouclier &' Pepee n’oDE
jamais écé Patrribut de cet or-dre. La barbe qu’ií
porte fur la iévre.fupérieure, iPétoit piusa la mode
du tems de Claude , ou tous les Romasns étoient
rafes. Ii eft encore plus facile ds montrsr que ces
i88 A R I
hornme n’eft poinc Pétus. Condamne a ouvric
les veinesj ii attendit Fexccuteurj & neut pas
le courage de fuivre Fexemple de fa généreufe
epoufe- Au üirplus , on ne trouve dans aucun
hiílorien qu’ii 7 ait eu des ftatues élevées en l’hon-
neur de Thraféa & d'Helvius Prifcus , qui ayoient
confpiré contre Nerón , quoiqu’iis fuíTent réveres
comme des demi-dieux par Ies partifans de la
liberté : il n’eft conféquemment pas croyable que
Pétus ait joui de cet bonneur íingulier. Voila
done tout íujet tiré de riíiíuoire Romaine j exclus
rigoureufement.
Maffei fe rappelant que Pétus ne_ s’etoit pas
tué avec le poignard qu^n'^ lui avoit préfenté,
fe fervit de cette jufte obfervation pour rejeter
Pancienne & fauffe dénomination du grouppe de
la“VilIa-Ludovili. II a eu recours á Fhiñoire de
Mithridate j dernier roi de Pont , pour lui en
donner une nouvelle. Cet écrivain penfoit que
.rhomme nud repréfentoit Teunuque Ménophiicj
auquel ce roi avoit confié Dérétine^ fa filie ^ ma-
lade , & qui fe tua aprés avoir poignardé la prin-
ceffe pour la fouñraire á la cruauté & á la vio-
lence de reniiemi. Cette explication de Maffei
r/eíl pas plus heureufe que la premiére ; car fon
prétendu eunuque offre tous Ies caraftéres de la
virilité;, 8c en particulier une barbe trés-pro-
poncée.
Gronovius a approché davantage de la'vérité,
en reconnoiífant pour le fujet de ce grouppe
rhiíloire fabuleufe de Macarée^ & de fa fceur
Canacée, enfans d’Eole ^ roi des Tyrrhéniens. lis
brúloient Pun pour Pautre d’une flamme incef-
tueufe 5 & leur pére ^ inftruit de cette paflion
odieufe j Ies obligea de fe tuer^ felón Hygin.
Winkelmann eñ d^accord avec lui fur Canacée ;
mais il refufe , avec raifon d’admettre Phomme
nud pour le íüs d’Eole. C’eil: plutot un des
gardes de ce roi qui porta á Canacée une épée
dont elle devoit fe percer pour expiar fon incefte.
II eft certain que fa figure mále & auñére ne peut
convenir á Macarée j qui étoit un jeune homme
ni á aucun héros de Pantiquité ; parce qu'on ne
trouve point de nobleífe dans fa phyíionomie ^
& que la barbe placée fur la lévre fupérieure ,
comme la portoient les captifs barbares , y ajoute
encore un caraélére plus ignoble. On voit^ au
contraire, que Partiñe s’eft étudié á caraélérifer:,
par la férocité des traits & par la forcé du corps j
un gardC;, efpéce d’hommes que les anciens re-
préfentoient ordinairement comme des foldats
farouches & infolens. (Suidas. Le bas-
relief de la Villa-Pamphili, qui nous offre la fable
d’Alopéj préfente les gardes du roi Cereyon avec
des airs de tete femblablesj & fans aucun véte-
ment.
Cette heureufe & favante explication de Win-
kelmann eft encore ptouvée par les traits de la
femme ; car fes cheveux font unís & fans boucles
comme ceux des femmes étrangéres qu offrent Ips
A R I
anciens monumensj & de pius^ la frange de fon
vétement indique une perfonne qui n’étoit pas
née dans la Gréce. Peut-étre feroit-elle portée
jufqu á Pévidence , fi Pon n’avoit pas perda la fin
de Phiíloire de Canacée 5 malheur qu elle partage
avec Alopé. Tout ce que nous^Tavons de la pre-
miére j eíl tiré de la notice fuccinéfe dTíygin , 8c
de Pépitre que Canacée adreífe dans Ovide á fon
frére Macarée dans laquelle cette malheureufe
princeíTe lui apprend qu'Eoie lui a envoyé par un
de fes gardes une épée dont la deftination lui eft
connue , & dont elle fe fervira pour abréger fes
jours :
Interea -patrias vaha mmrente fatelles
Venit , & indignos edidit ore fonos :
JEolas huno enfem mittit tibi : tradidit enfem^-
Et juhet ex mérito feire quid ifie velit.
Scimus j 6* utemur violento fortiter enfe :
PeBoribus condam dona paterna meis.
Comme cette lettre a précédé fa mort:, fe
qu’aucun autre écrivain n’a fait mention du garde ,
no peut conjeéturerpar l’infpeétion de ce grouppe ,
que le foldat n’étant pas inftruit de Pobjet de fa
miíEonj remit d’un air trifte, vaha moerente ^
la fatale épée á Canacée , 8c qu’il s’en per^a en
voyant ITifage qu elle en avoit fait. Le mo-
nument fupplée en cette occaííon unique au
filence des mythologues , comme la fable
donne ordinairement la folution des difíicultes
qu'ofrre Pexpücation des monumens antiques. Au
reíte , ces deux figures font de la plus belle exé-
cution , & dignes des plus beaux jours de la fculp-
ture grecque-;
AriE:, femme de Mílet. Fbyej Miiet.
ARIMANEj étoit une des divinités adorées
par les PerfeSj felón la théologie de Zoroaftre.
II étoit le principe du mal j comme Oromaze étoit
le principe du bien. Quelques anciens philofophes
aflbcioient Mithra á ces deux principes j pour
gouverner Punivers.
ARIMASPES. On a publié tant de-.fables fur
les Arimafpes , qu’on eft en droit de révoquer en
doute leur exiftence. On eft encore incertain fur u
contrée qu’ils habito ient. Les uns Ies placent en
Afie; d’autres en font un peuple de la Sarmatie,
qui confinoit .au pays des Hyperboréens. Ce
fait préfumetj avec raifon ^ que ce peuple na et_e
enfanté que par Pimagination , c'eft que lesindi-
vidus qui le compofoient n’avoient , difoit-on ,
qu'tin oeil au milieu du front , & qiPétant voiims
des griffons , ils leur faifoient une éternelle guerre.
On aíTuroit que ces animaux fabuleux, guides par
urt inftinéi: particulier ^ fouilloient dans les en
trailles de la terre pour en rirer de Por , des
précieufes^ & quTls auroíent plutot perau lavi
que d’abandonner leur proie- ^ ,
Tous ces contes puérils onr été accreaires au
fois par le témoignage des écrivains d’un
A R í
poids j tels qu£ Pline, Pomponius Melá j Strabonj
Paufanias & Soün. La plupart d'entPeux recuknt
Texiftence des Arimcfpes jufqa^á rorigine des
íiécies. Diodore de Sicile feui , aíTure qii'ils for-
moient un corps de nación au tems de CyrnSj
roi de Perfe^ qui leur donna ^ par reconnoiiTance ^
le nom a Evergetes ou bicnfaifans. Lkrmée de
ce prince éprouvoit i’horreur de la plus cruelle
famine, & fes foldats étoienr pres de fe dévorer
les uns Ies autreSj lorfque les Arimafpes , touchés
de cette aífreufe détreíTe, leur envoyérent trois
miile chariors chargés de bled. Diodore nous dit
auíí! qadls fubíiíloient encore au tems d’Álexandre-
le-Grandj qui les foumit á fon empire. Etienne
de Byzance cite im ancien auteur qui en avoit
fait fouvent mención & qui les pla^oic autour
de la forét d’Hercynie.
Ceux qui nkfent contredire des antíquités íi
impofanceSj onc entrepris de déméler toutes ces
fabieS;, &^de déchirer le voile qui cachoic la
véricé. A I’aide des écymoIogieSj ils onc fait dif-
paroítre rabfurdité de ne donner á rout un peuple
qu'un feul oeil au miiieu du front. Ari , en iangue
fcythej íignifie Tunitéj & mapfos déíigne Pceil;
ainíij en decompofaiit le mor^ on trouve Tori-
gine' du nom de borgne , qifon donnoit aux Ari-
mafpes. D'autreSj fans recourir aux étymoIogieSj
ont_ vu la realicé dans ia figure. Les Sarmates
écoienc armés de la lance & du bouclier. Les
Arimafpes , au concrairej ne fe fervoienc que de
Pare & des' fleches; & pour diriger plus furement
leurs coups , ils fermoient un ceil ^ Se cenoienc
l’autre ouverc. Ce fue de cette coutume quhls
acquirent la répatation d’étre borgnes. {^Cet anide
ef de Jy'I. Turpin').
On voic dans la defeription des pierres gravees
du barón de Stofeh:, celle dkne cornalinej fur
laquelle un arimafpe combat un griffon qui garde
les mines dkr de la Scythie. Concre la tradición
fabuleufe j il a deux yeux. Son bouclier reíTetr.bie
á la pelte , bouclier des Amazones.
ARLMíNIUMj en ítaüe. arími & arimno.
Hunter poíTédoit une médaille autonome de
bronze ¡ que M. Combe accribue á cecee vüle.
Eckel en a cité quelques autres : elles font RRR.
ARIOBARZANE , Philoromceus I , roi de
Cappadoce. EASiAtQS. apiobafsanot,
Ses médailles font :
C. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
AricbarzanEj Eufébes, Philoromceus, roi
de Cappadoce.
Ses médailles font :
RR. en argent.
O. en or.
O- en bronze.
ARIOLUS. Ce nom ne défignoit pas feule-
inent un prophete, un homme infpiré, mais en-
cere celifi qui examinoit les entrailies des victiniss,
Aniigaités , Tome I,
ARI 285^
Feñus : Cujus ad exta znípiciénda conducunturarioli.
j nom d’un cheval fur lequel oa
a debite beaucoup de fafaíes. Quelques mytho-
logues ont dit que Neptune, voulant faire pré-
fent du cheval aux hommes , comme de Panimal
le plus utile , frappa la ierre, dans la Theífalie,
d^ un coup de fon trident , & en fit forcir deux
cnevaux , dont 1 un etoit Arion, D’autres !e re-
eonnoiíTent pour le cheval que ce diea fit fordr
de la terre, quand il difputa á Minerve la gloire
de donner le nom á la viíle dhAthénes. Voyer
Minerve, Neptune.
Plufieurs aííurent que Cérés fut fa mere. Pen-
dan! que cette déefle parcouroir Punivers pour
chercher fa filie , elle tronva, difent-ils, aupres
de la yil'e d'Oncium, dans FArcadie, Neptune,
fon frére, qui en devint amoureux. Pour éviter
fes pourfuites, elle fe métamorphofa en cavale.
Se fe méia avec des animaux de méme efpéce , qui
paiflbient. Neptune la diííingua faciiement; il fe
changea en cheval. Se Cérés coníut Arion. Voye'i;_
Oneus. Elle fe courrouca d'abord, puis elle s'ap-
paifa & fe lava dans la riviére voiíine. Ouire ce
cheval, elle eut encore, de Neptune, une filie»
dont le nom nktoit connu que de ceux qui étoienc
ininés dans les myítéres de la déeñe.
P'autres ont dit qu^’á l’inftant oii Cérés concut
Anón j elle étoit fous la figOre non d'une jument,
mais d'une furie ; ou méme qu’il cat une furie
pour mere, & Neptune pour pére.
_ 11 y en a qui ne donnent á Arion d’autre ori-
gine que la terre de TArcadie; d'autres enfin, la-
font fiis de Zéphyre & d’une Harpie. Quoi qu’il
enfoir, il fut nourri par les Néréídes.
Attelé quelquefois au char de Neptune , il le
trainoit au travers des mers avec une viteíTe fn-
croyable. Ce dieu en fit préfent á Kercule, qui
le montoit quand il prit ia ville d'Eüde, & lorf-
qufii combattit Cygnus. Les dieux Je donnérent
enfuite á Adrañe, á qui il fit gagner le prix de
la courfe aux jeux néméens. Il empécha qu^L-
drafte ne périt au fiége de Thébes, comme tous
les autres chefs. Le cheval Arion , felón les my-
thologaes , avoit d’un coté les pieds d’un homme
& I’ufage de la parole. C’eft pourquoi Properce
l’appelle vocalis Arion, {lib. 2, éleg, 54).
Arion , poete lyrique , étoit de la ville de
Méthymne, dans i’ifle de Lesbos. Les circonf-
tances de fon hiícoire font rapoortees par Héro-
dote ; & Aulugelle cite ce paffage de I’hiíiórieit
grec, comme un des plus beaux morceaux de fon
ouvrage, pour I’árt de la narración & la légéreté
du ftyle. Cet Arion, dit Hérodote, fut le plus
habile joueur de lyre de fon tems. Cest le pre-
mier de tous les poetes connus qui ait fak de
cette efpéce de vers qu’il a nommés dithirambes ^
& qu’il ’jouoit á Cori.nrhe. On dit qu’aprés y avoir
demeuré long-tems aupres de Péri.andre, il eut
envíe de voyager en Italie St en Sicile ; & quT
ayant amaííé de grandes íiebefles, ¡1 voulutreveris
Oo
A R I
a Coilnthe. Aricri. partit de Tárente, oü il avoit
ireté un navire qui apparrenoir á des corinthieñs ,
en qui il avoit plus de coníiance que dans toute
autre nation. Cependanr ^ quand i!s furent en
mer, ils íirent ie complot de fe défaire de iui,
pour s’emparer de fes richeíTes. Inílruit de leur
deilein , le chantre lear declara qu’il Ies leur abati-
donnoit, & ne demanda que la vie. Les matelots
ne fe laiíierent point toucher , & lui ordonnerent
ou de fe tuer , shi vouloit qudls lui accordaíTent
Ies honneurs de la fépukure quand ils feroient á
terre, ou de fe jeter au plu-tór dans la mer.
IN'ayant done plus aucun efpoir de les fiéchir ,
il leur demanda la permiííion de chanter en-
core une fois fur le tillac , aprés quoi ii promit
de fe donner la mort. Les matelots y confentirent
pour avoir le plailir d'entendre le meilleur chantre
de Lunivers ; ils le laiíTérent prés de la poupe.
Sí fe retirérent vers le milieu du vaiíTeau. Arior.
fe revétit de fes plus riches habits , pric fa lyre ,
chanta , fur le tülac , un nome crthien , & fe
jeta enfuire dans la mer. Le vaiíTeau continua
la route vers Corinthe ; & le chantre fut recu
par un dauphin, qui ie porta au cap de Ténare,
d’ou il fe rendit á Corinthe , portan: toujours
íes mémes habits.
Arion raconta fon infortune a Périandre, qui,
pour s^aírarer de la vérité d’un fait íi p'roaigieux,
le fit garder á vue , Se Tempécha de fortir. Périandre
eernanda enfuite aux matelots des nouvelles
¿"Arzón. lis aíTurérent qudls Tavoient laiíTé á
Táreme^ oii il jouiíToit de fa fortune. Ces pérfidas
parloient encore , quand Arzón parut avec Tha-
billement qu'il avoit en fe jetant á la mer. La
frayeur que leur caufa cette apparition , les forca
d’avouer leur crime. Cette Hiftoire , continué
Hérodote, étoit racontée de méme parles Corin-
thiens & par les Lesbiens; & Ton voyoit á Ténare
un groupe de bronze:, offert aux dieiíx pztAnon,
& repréfentant an homme monté fur un dau-
phin.
Pline aíTure auíH la vérité de cette fable. Se
en donne pour garant ramitié des dauphins pour
fes hommes, fur laquelle il s^étend fort au long.
A R I S B A , filie de Merepe , fut la preraiére
femtne de Priam. Voyei Esaque,
ARISBAS , roí d^Epire. apis.
Ses médaiües font;
RRt en bronze.
O. en or.
0. en argent.
ARISBE, dans la Troade. APicBEnN.
^ Cette ville a fait frapper des médaiiles impé-
riales grecques en Phonneur de Trajan.
ARíSTyÉUM, en Thrace. api.
1. es médaiiles autonomes de cette viile íbtit ;
ERRR. en bronze.
G. en or.
O. en argent.
ÁRISiAN. Ednokus»
A R I
ARISTÉE étoit fiis d’ApolIon & de la nytnpbg
Cyréne. Cicerón feul , dans fon fixiéme dsfcours
contre Verrés, le dit fils de Bacchus; mais dans
fon livre fur la nature des dieux , il revienr a
la tradition commune. Ariftée fut recu en naif-
fant par Mercare, qui le porta aux'Heures &
álaTerre, par qui il fut nourri de nedlar & d'am-
broiíie. D^autres ont écrit que les Nymphes Téle-
vérent , & lui apprirent Fart de faite cailler le lait ,
de préparer les ruches & de cultiver les olíviers.
II fut le premier qui communiqua aux hommes
ces trois inventions. , felón une autre tra-
dition, fue elevé dans Fantre de Chiron-, quand
il fut aduire, les Mufes le mariérent, lui enfei-
gnérentla Médecine, Fart de deviner, & le mirent
á la tét-e de tous leurs troupeaux.
Le fiis de Cyréne a tranfm.is la maniere de
réparer les abeilles, lorfqu’elles font mortes, &
qu'on ne peut en trouver de nouvel eíTaim. Virgile
raconte ainíi cette fable. Ariflée pourfuivoit un
jour Eurydice, femme d'Orphée, fur les borás
du fleuve Penée. Un ferpent la piqaa pendant
qu^elle fuyoir. Une maladie fe répandit auílnot
fur tous fes efiaims, & les fit périr. II alia fe
plaindre de fon malheur á fa mere, dans la grotte
profor.de quelle habiroit á ¡a ípurce du fleiive
Pénée. Celie-ci renvoya Arifiée á Prothée, qui,
aprés avoir pris toute forte de formes pour lui
échapper, fe rendit enfin, & lui apprit qiFil de-
Yoií offrir des facrifices aux Nymphes , compagnes
d'Eurydice , pour appaifer leur colére , & les.
manes de celle dont ií avoit caufé la mort. II
immola-quatre bceufs & quatre geniíTes, quil
l.aiíTa fur terre pendant neufjours; Ies corps fe
pourrirent , & il en fortit des eífaims d'abeilles.
"V irgile aíTure gravement qu^on peut faire ufage
de ce fecret, en prenant cependant quelques pré-
cautións quhl indique.
Arifiée alia á Thébes, ou il époufa Aiitqnoé,
filie de Cadmus , dont il eut le raalheureiix Aétéon ,
& une filie nommée Macris. Aprés la mort de
ce íils, ií confuirá Foracle d’Apollon, qui ie de-
termina á fe tranfporter dans Fiñe de Cea. Quand
il y arriva , la Gréce étoit ravagée par une pefe
quhi fit ceíler. I! eleva un aurel á Júpiter, &
lui offrit des facrifices , ainíi .qu'á la Canicale ,
dont les chaleurs brillantes avoieat occaüonné
cette peíie. Lesvents étéíiens, qui Aavóient point
encore fouíHé, s’élevérent íiir ie chamo, & teni-
péiérent ces chaleurs meurtriéresj depais ce tems,
ils foufíleut réguliérement toutes Ies années pen
dant quarante joars. II ordonna enfuite quon
fit tous les ans des facrifices a Ja Can'icule,
& que les habitans de Cea fe miflent foas les
armes pour obferver le lever de cet affre, 8c
pour lui offrir de nouvelles viéiimes.
Le füs de Cyréne laiífa fa famille á Cea , pafe
en Sardaigne avec une Sotte que fa mere luí
donna , s’y établit , cultiva & peupla cette ifle ?
ii voyagea en Siciie , ©ü il enfeigaa íes -fecrets
A R I
a'jx habitsns. Eníin , il vint en Thrace ^ oü Bíc-
chus l'admit aux myliéres des Ogies j & lui
spprit un grand nombre de chofes útiles á la vie
humaine. Ce bienfaiteur des hommes fe fixa peii-
danr queique tems auprés du mont HémuSj &
difparat enfuite. Les nombreux ícrvices qu'il
rendir au genre humaiti, lui méritérent les hon-
neurs divins chez les Grecs & chez les Barbares.
On le nomme quelquefois Agreus ou Nomizis ;
le fecond nom lui fut donné á caufc des trou-
peaus qu^il aimoit , & le premier á caufe de fon
amour pour la chaíTe. Voye:^ CyrenEj Eury-
DíCE, Macris j Prothée.
ARISTENE étoit un berger qui demeuroit
fur le mont Titthion^ prés d’Epidaure : un four
qu’il paíToit en revue fon troupeau j il s’apperqut
Qii’il lui manquoit une chévre , avec fon chien ;
& s’érant mis á les chercher ^ il trouva la chévre
occiipée á allaiter un petit enfant ^ qu il voulut
emporter. Mais au momear qu’il s'approchoiti
pour le prendre, il le vit tout refplendiíTant de
lumiére ^ ce qui lui fie croire qu il y avoit dans
cetre aventure queique chofe dé divin : Arifiene
alia publier auflltót qu’il étoit né un. enfant mira-
culeux : c’étoit Efculape^ dont Coronis étoit
accouchée en cet endroit. V. Escülape.
^ a’piston^ le déjeúner des Grecs. C’étoit le
léger repas qu’iis faifoient des la pointe du jour.
On 1 appeloit auífi
ARISTIDE. On voir á la bibliothéque du
Vatican, la figure du rhéteur Arlfilde ^ drapée
& aflife qui n’eft pas une des moindres produc-
tions du fecond fiécle de Tere chrétienne. Le
cabinet de Bevilaqua á Vérone, renferme deux
buftes tres-bien confervés ^ & parfaitement ref-
femblans á cette ñatue } l’un d’éux eft vétu de
ia togej & l’autre du paludament ou du man-
teau de general. On ne fait comment concilier
cet habillement avec la profeífion pacifique A' Arif-
tide.
ARITHMANTIE ou ArithmomAntie. Le
fecond mot eft plus analogue á l’étymologie.
lis viennent ¿‘ífhftas , nombre , & de fíaiTila ,
divination : auífi défignent-ils la maniere de con-
noítre ou de prédire l’avenir par le moyén des
nombres. Delrio en diftingue deux fortes ; Tune
en uiage chez Ies Grecs ^ qui confidéroient le
nombre & la valeur des lettres dans Ies noms
des deux combattanSj par exemplcj & en augu-
roient que celui dont le nom renfermoit un plus
grand nombre de lettres & d’une plus grande
valeur que celles dont étoit formé le nom de fon
adverfaire^ remporteroit la vicioire. C’eft pour
cela^ difoient-iis , qu’Heéior devoit étre vaincu
par Achille.
La feconde eíbéce Ól arhkmantíe étoit connue
des_ Chaldéens. lis partageoient leur alphabet en
trois^décades j en répétant quelques lettres, puis
^ cbangeoient ea lettres aumérales les lettres
A R. I Í91
■ des noms de ccüX qui les confaltoienr , &: rap-
portoient chaqué nombre á queique plañere, de
laqaelle ils tiroient des préfages.
Les Platoniciens & Ies Pythagoriciens étoient
fort adonnés á Variíkmantie^
ÁRITHMÉTIQUE. L’art de nombrer ou de
confidérer les propriétés des nombres, porte ce
nom, qui vient du mot grec A’ptSfco;.
Nous n’avons ríen de cerrain fur l’origine &
l’invention de Y Aritkñiétique ,• mais on peut l’at-
tribuer , avec beaucoup de vraifemblance , á la
premíete fociété qui s’eft formée parmi Ies hom-
mes , quoique l’hiftoire n’en fixe ni l’auteur ni le
. tems. il eft facile de concevoir que l’on a dd
s’appliquer á l’art de compter, des que l’on a
eu des partages á faite. Ainfi, les Phéniciens ayant
été les premiers eommercans du globe connu,
plulieurs auteurs leur ont fait honneur de l’inveS-
tion du calcuL Ces négocians, qui donnérent
l’alphabet aux Grecs, leur apprirent fans doute
auífi Y Arithmétique , .qu’eux-mémes tenoient des'
Egypaens , leurs ancéfres.
Ces derniers cxpliquoient tout par des nom-
bres. Ptahagore, qui avoit puifé chez eux une
partie de fa doétrine, aíTuroit que la nature des
nombres étoit répandue dans tout l’univers ; que
leur connoiíTance conduifoit á celie de la áivi-
nité , 8í: qu’elle n’en étoit prefquí pas diffé-
reate.
Les aftronomes grecs perfeélionnérent VAritk-
mitique phénicienne , & la tranfmirent aux Ro-
mains , qui s’en fervirent trés-peu , en ayant creé
une nouvelle, dont nous rendrons compre plus
bas trés-en détail. U Añtkmétique de ces deux
peuples étoit bien imparfaite, comparte á la mo-
derne : il paroít meme qu’elle ne fervoit qu’á
combiner les différentes divifions des nombres.
On peut fe convaincre de cette vérité, en iifant
les traites de Nicomaque , écrits au troifiéme
fiécle de la fondation de Rome, & celui da
Bcéce.
Si Ton veut connoitre V arithmitiqzie ¿ss Grecs,
on pourra confulter ces deux auteurs, & y ajóu-
ter Yabrégé de Pfellus , publié l’an i yyé , en latín,
par Xylander. Comme on n’a prefque jamais be-
foin de Y arithmétique grecque, & que d’aiíieurs
les notions qui nous en reftent font trés-vagues,
nous n’infiñerons ici que fur Y aritkmétique des •
Romains, qui eft d’un ufage journalier dans la
leclure des écrivains latins.
Arithmétique des Romains. Cet arricie eft
puifé dans l’excellent ouvrage de M. Pauélon,
appelé Métrologie ou Science des mefures. Nous
nous Y fommes permis quelques légers change-
mens , pour le rendre plus intelligible.
Les Romains avoient, comme les peuples mo-
dernes , des monnoies idéales & imaginaires j
ils tenoient leurs compres, tantót par le numérahe
Ó o ij
A R I
irariaire , tantót par le numéralre fefiertiaire ^
Se tantót par le numérasre dénariaire, Nous allons
NuMÉRAIRE ÉRARIAIS.E.
A R I
espefer chacune de ces methodesj votei la te-
miere :
NOTES.
Scripu!
e. .
7 - •
J 1 ' •
3
4
Sext
4-
U
6
Sici!
ique.
• •
.
6
1% • * * • • *
3
8
2
if
Duelle. .
3
üü
IZ
3
2
if
Sém
¡-once
.a
24
ó
4
3
2
Once •
—
3*5
9
6
4í
3
Sefconce. ......
48
IZ
8
6
4
2
S^XtlRtlS* • « • • • ■ •
7^
18
12
9
6
3
Quadrans
lE-
96
H
16
IZ
8
4
Triens
—
120
30
20
15
10
5
Quincunx.
144
3^
18
12
6
Sémis
s
168
4^
28
21
14
7
Septunx. .......
s—
15)2
48
3^
24
16
8
Bes
5=
216
54
3^
i7
18
9
a a ' a a • •
s;^
240
<30
40
30
zo
lO
Dextans.
sr z
244
66
44
33
22
II
Deunx. .......
288
7^
48
3Ó
2-4
12
As
£ VI S- ¿ 33. Total des notes.
Parmi les monnoies contenues dans cet abaque
cu échiquier ^ il y en avoitde réelles ou effeétíves ,
& d'imaginaires ou de compre feulement. Uas
étoit une piéce de mennoie réelle. On conferve
á ! a bibliothéque du Roí , 8c dans le cabinet
d’antiques de Sainte-Geneviéve . des fémis , des
triens , des qiiadrans , des fextans 8c des onces.
On recoanoit ces monnoies aux notes qu’elles
portentj & qui fervent á !es caraftérifer ; elles
font de dlíférens poids j conformément aux varia-
tions que fubit la monnoie romaine : ainli, plu-
jSeurs monnoies de ce numéraire ctoienj réeÜes }
mais on ne peut douter qu’il ny en _eút égale-
ment d'imaginaires. Quoi qu’il en fóit, loríQue
les valeurs des chofes , les recettes & bs de-
penfes dans les mémoires & les regiftres fe com^
toient par ce numéraire, les fommes des arricies
particuliers , £ra fingula , fe marquoient ai^c Ies
notes correfpondantesá la dénomination de chaqué
efpece contenue dans Tabaque . puis on ajoutoií
ces figures enfemble pour avoir la fomme entiere
des fommes partielles du regiftre.
Ncus pouvons donner un exemple de
addition fur les notes memss de Tabaque ^ e
A R I
ajoutant enfemble toutes les notes qu’il contiene,
& en faifant la fómme : pour cela , je conliJére
que le fcripuíe eíl: un douziéme de féird-once,
la fextule quatre donziémes, le licilique fix dou-
ziemes; j'ajoute le fcripnle, les trois fextules &
le licilique de la colonne des notes ; leur fomme
eít dix-neuf dcuxiémes ou dix-neuf fcripules.
J'en écris un au total des notes, ainíi 3 ; reñent
dix-huit doiiziémes , que i'e divife par douzs ; vient
un & demi. J'écris en devant le demi, qui eft
un licilique , ainíi 3. L'entier que je viens de
trouver eíl une demi-once, que j'ajoute aux deux
autres, qui font dans la colonne des notes. Sur
la fomme trois demi-onces , j’en écris une ainfi .S..
Reftent deux demi-onces , qui valent une once ,
laquelle j'ajoute aux autres, qui font dans la co-
lonne des notes. La fomme eíl trente-deux onces ;
j'en écris deux ainíi Reñent trente Onces,
que je divife par ó, pour avoir únq fémis , que
j'ajoute aux autres fémis de la colonne. La fomme
eítonze fémis ^ dont j'écris un , ainíi S. Reñent dix
fémis , qui valent cinq as , auxqueis ajoutant
celui de la colonne , j'ai íix as , que j'écris en
cette forte Sf. VI-, 8c la fomme de la colonne
entiére des notes de l'échiquier eíl ü VI SZl -S. 33 ,
que l'on peut écrire en toutes lettres de cette
maniere : fextujjls bes fem-uncia ficihciis fcripulus ,
c'eíl-á-dire, íix as huir onces & demie un licilique
8c un fcripuíe.
Telie étoit la premiére de ces opérations de
Y aritkmétique des Romains, qui faifoienr partie
de leur éducation , & auxquelles on ¡es obligeoit
de s'exercer des la plus tendre jeuneííé :
domará pueri longis rationibus ajfem
Difcant in partes centum diducere : Dicat
Fzlius Albini , fi de quincanee remota eft
Uncía, quid fuperat 1 pateras dixijfe.., triens. Eu!
Rem poteris fervare tuam. Redil uncía : quidfit }
Semis. Horat. de Arte Poet. verf. 325-.
Cicerón (^Orat. pro C. Quintllio') parle de ces
calculs faiis par les numéraires érariaire 8c déna~
Tzaire ; &c comme dans les aftaires contentieufes
on avoit befoin d'hommes experts & revétus de
lautorité publique , pour liquider les intéréts
des parties, on voit clairement, en cet endroit
de Cicéron , que Jes queíleurs avoient á Rome
la charae de revifer les compres faits par des
particuliers qui n'étoient pas avoués juridique-
ment pour cela. C'eft ainíi que dans les villes
policées, il y a des perfonnes prépofées pour la
vérification des compres diíEciles, & des qygoflates
ou pefeurs publics , afín que les citoyens peu
Verfés dans les combinaifons délicates, ne foient
pas les viólimes de leur ignorance.
Le nombre de douze avec fes fous-diviíions
paires & impaires, exprimées par deunx , dex~
, Scc. étoit fcrt á la mode chez les anciens
Aociainsj c'eíl qu'ii leur procuroi: une grande
A R I 25)3
facilité dans letirs opérations numéraires 5 on
1 apphquoit au pied, au jugére, aux meñires de
capacité , aux poids 8c aux monnoies , toutes
quantites fufcepnbles du calcul fait avec les notes
de 1 abaque ci-deíTus. lis ne s'en renoient pas-lá :
tout heritage étoit coníidéré comme un as , &
Ies legs^ teílamenraires comme des parties de cet
as. Cicerón , < pro Cscma , n°. 6.) parlant da tefta-
ment d’une femme qui avoit inftitué Licinius,
Fuicipius Se Albutius fes héritiers , dít que le
premier y avoit part pour onze onces &c demie.
Je fecond pour deux fextules , 8c le troiíiéme pour
une fextule : Facit ( ¿íuli-er ) k&redem ex deunce
ftmunciá Lucinium , ex duabus fextulis M. Ful-
cinium Albutio fextulam afpergit. Ces portions
réunies font l'as ou rhéritage entier, parce que
trois fextules font la demi-once qui manque á
onze onces 8c demie pour compíéter douze
onces.
Le calcül duodénaire étoit également appliqué
á Ja théorie de l'ufure chez les Romains. Une
uniré prife idéalement pour I'intérét par mois
d'un capital de cent unités, prenoit la dénomi-
nation d'as , & faifoit la bafe de toutes les com-
binaifons fénéraires. L'as déíignoit done un pour
cent d'intérél par mois , ou de douze pour cent
par an , Se cela s'appeloit l'ufure centéíime : Vfur&
centefima. Le ¿¿«mí: exprimoit unintérétde f pour
cent par mois , & de onze pour cent paran , & cela
s'appeloit ufure déonciale. L'ufure quinconciaie
exprjmoít un inrérét de 7! pour cent par mois . Se
de cinq pour cent par an , Se ainíi des autres.
NUMÉRAIRE SESTERTIAIRE.
^ On doit obferver d'abord que ce caraélére
n'a de^ valeur que pour le feílerce entier ; & que
joint á fes fraélions, il n'eíl qu'indicatif du numé-
raire. Voluíius Míecianus demontre, de la ma-
niere fuivante, la théorie & le méchanifme du
numéraire feftertiaire. Le fémis cris ou le demi-as
de cuivre s'écrit avec cette note H-S — T, &
s'énonce libella teruncius y car le feílerce vaut 3
préfent , c'efi-á-dire dans ce numéraire , quatre
as ou huir demi-as : or, la libelle du fefterce en
eíl la dixiéme partie , Je téronce la quarantiéme ,
& ces deux parties réunies en font le huinémej
par conféquent une libelle &c un téronce , font
la valeur da demi-as. Ce numéraire n'a poinr de
termes au-deíTous du demi-as de cuivre, mais il
pourroit en avoir; car le quadrans de l'as, qui
eft la feiziéme partie du fefterce, pourroit s'énon-
cer fembella dimidius teruncius , puiíque ces deux
parties réunies , favoir, le vingtiéme & le quatre-
vingtiéme, font le íen<er^e du feílerce. L'as de
cuivre fe mir uera ainíi H-S - 3 Se s'énoncera
dua libelle fembella , qui font deux dixiémes &
un vingtiéme, ou, en fomme, un quart de fef-
terce', & par conféouent la valeur de l'as. L'as
& demi de cuivre doit étre marqué comme il
2 94 A R I
fuit rfS ST, 8c s’appeler tres lihelU femhdla
teruncius, qui font troís dixiémes^ un vingtiérne
&un quarantiéme, ou ^ en fomme, trois hui-
tiémes de fefterce , 8c par conféquent la valeur
de trois demi-as de cuivre. Les deux as de cuivre
feront marqués de ce caraétére ILS S , & s’ap-
pelleront quinqué lihellAy qui font cinq dixiemes
ou un demi -fefterce, & par conféquent la valeur
de deux as. Les deux as & demi feront ainli
notés K-S S — T , & s’exprimeront fex libelU
teruncius ; car lix dixiemes & un quarantieme
font cinq huitiemes de fefterce, 8c la valeur de
Á R I
cinq demí-as. Les trois as recevroat ce carac-
tíre H-S S — L , s' appelleront feptem UhelU
fembella. ¡ ce qui fait fept dixiémes & un vingtiéme
ou , en fomme , trois quarts de fefterce ; c’eft la
valeur de trois as. Les trois as & demi fe mar-
queront de ce íigne KfS SP- .S. T, & sappel-
leront oSa libells, fembella teruncius y qui font
huit dixiémes , un vingtiéme & un quarantiéme ,
ou , en fomme , fept huitiémes de fefterce , &
ainíi la valeur de cinq demi-as. Voici Tabaque
dü numéraire feftertiaire :
NOTES.
Teruncius,
z
4
Sem
2
hella.
Libe
I
iz
Sem
’s &ris y libella teruncius
10
5
ir
z
As y
duA libtllA fembella. . . .' .
Tres libellA fembella teruncius.
Dupondius y quinqué libellA. ,
Sex libelU teruncius. • . .
Septem libellA fembella.
Ocio libellA fembella teruncius.
Sejiertius y decem libellA.
If
7l
3I
3
Ir
2©
10
5
4
2
lié
5
3°
7l
6
3
3í
Si
7
3Í
40
zo
10
8
4
ITS T
IES
US — T
ITSz: S
IES S
líS S — T
IfS S~ .S.
LES S = S. T
IES IV. S— S. T. Total des notes.
Pour comprendre Tufage que faifoient les Ro- 1
mams des lignes de -ce tablean dans la tenue des
comptes , nous allons expofer la maniére dont
ils en faifoient Taddition. Preñez dans la colonne
des notes la fomme des téronces, qui eft cinqj
écrivez T, & retenez deux lingules pour quatre
téronces. Ajoutez Ies íingules de la métne co-
lonne , dont la ' fomme eft fept ; écrivez á la
droite S., 8c retenez trois libelles pour fix fin-
gules. Ajoutez-Ies aux libelles de la méme co-
ionne , la fomme eft feize j écrivez — , & re-
tenez trois femis de fefterce ( ou dupondius )
pour -quinze libelles. Ajoutez-Ies aux femis de
lefterce de ¡a colonne , la fomme eft fept ; écri-
vez S , & retenez trois fefterces pour fix femis.
A joutez le fefterce de la colonne , 8c vous
aurez H-S IV , & pour le total de la colonne
1 des notes IK IV. S — JS. T; c’eñ-a-dire,
^ feftertia quatuor fex libells. fngula 'teruncius ,
quatre fefterces fix libelles une fingule & un
téronce.
Lorfqudl s'agiíToit d’efreéluer le paiement d une
fomme exprimée dans ce numéraire , il falloiC
auparavant favoir combien cette fomme valoit
en monnoie réelle j mais cela fe faifoit fans calcul 5
Tinfpediion feule des notes de Tabaque fuílifoit
pour cela. On y voit, parexemple, que la fomme
que nous avons formée plus haut , vaut , en
monnoie effeélive , quatre fefterces , deux as
& demi , & une fingule qu'on négligeoit. C®
calcul peut piroítre ingénieux, limpie & expe-
ditif.
Ce numéraire nous donne-t-il la clef du teí-
tameoí de Curius, dont parle Cicóron, écriva#£
A R I
á AtticítS ( lib. 7, rii Atticum ¡ epijh 1. ) ? II ir.i
dit : Curias vcus a declaré fon héritier pour une
libelle , & moi pour un íéronce : Fecit palam
te ex libelld , me ex teruncio. Cela veut-íl dire^
il vous a fait fon légataire pour un dixiéme ^ &
moi pour un quarantiéme ? en forre que Cicerón
& Atticus auroient pretenda enfemfale un hui-
tiéme de la fticceffion de Curius. C^eft ainíi que
Tentendent MM. Dupu7, Gronovius & d’autres
favans, & Ü me femóle qu'on ne feroit ñas fbndé
á fuivre une autre opinioa.
Lorfque daos Ies anciens tems , les as étoient
du poids dbine livre , que, le denier valoit dix
aSj que la dixiéme partie d'un denier étoit un
as de cuivre du poids d’une livrej ou une libelle
d'argentj que la demi-íivre de cuivre ou la fem--
belle d’argent étoit un demi-as , Se le téronce im
quadransj aiors^ dit Voluíius, foitque Ies compres
fe tiníTent parle numéraire dénariaire, foit qu'^ls
fe fiíTent par le Tcílertiaire , íes fommes particu-
iieres exprimées en libelles, en fembelles ou en
téronces , étoient repréfentées par les mémes
notes, ces notes n^étant diftinguées que par Ies
caracteres 35 du denier , Se: H-S du fefterce , dont
©n les faifoit précéder,, fuivant la nature du nii-
méraTr.e q’a'’on employoit. Alais Íorfqífon eut
établi que le denier vaudroic feize as, le numé-
raire dénariaire fubit un changement. Se devint
plus commode &c plus expéditif dans la tenue
des comptes. A Fégar J du numéraire feílertiaire ,
il conferva fes notes primítives 5 cependant , pour
augtnenterles divilions de ce numéraire, la libelle
fut partagée en deux fembelles Se en quatre té-
ronces.
Numéraire dénariaire.
Nous allons tacher de faire connoítre le nu-
mérau-e dénariaire d’aprés cet auteur. Le denier,
dit A oluííus , valüt d'abord dix'as, & c’eít déla
qu’il a pris fon nom. Le quinaire, qui en eíl ía
moitié , valut cinq as , & c’eíi: ce qui le St ainíi
appeier. Le feñerce valur deux as & demi. A
prefent , le demer vaut feize as , le quinaire huit ,
& le feñerce quatre. De cetre divifion en dépend
une autre, qui a des termes particuliers , Se -des
notes ou des lignes pour Ies repréíenter ; íi vous
voulez teñir des compres par le numéraire déna-
naire, vous déíignerez Fas efreCEifparce caraécere
Se Yzp^t'Aerfzfem-u.ncia ncilicus (^denariz') y
car feize detni-onces & feize íiciliques de compre
font douze onces, ou Fas eíteclíf. Vous repré-
fenterez le dapondius cu deux as efreCtifs par
cette note X — S , & vous Fenoncerez par le
mor fefeuneza {denariz) ; car feize fefconces de
‘^®cnpte font vingt- quatre onces, ou deux as
Vous écrirez le treffis avec cette note
* — A , & Fappelierez fextans ficilicas 'denarii) 5
feize fextans & autant de íiciJiques de compte í
lont trente-íix onces, ou trois as ettedifs, Vous |
A R I '295
marquerez le quart-uíps , ou , comme d’aiitres
ecrivent le quadrajTis , avec cette note XiE— ^
Se 1 appclierez quadrans {denariz) ; car feize qiia-
drans de compre font quarante-huit onces, ou
quatre as effe<^fs. \ous écrirez le qiánqu&s , eu,
comme on litjdans Feílus , le qizinqueffs , avec
cette note 2c — .S. D , & Fénoncerez en difant
quadrans femuncia Jicilicus {denarii'), car feizs
quadrans, feize fémi-onces ¿c autant de Iiciliques
de_ compre , font foixante onces , ou cinq as
eíFeCiifs. Le fexis, ou, comme il plaitá d'autres,
lej^ría/i/í, s^exprimera parcacaraéléretí-^'
& s'appellera triens femuncia {denarii ) } car feize
triens & feize fémi-onces de compre, font foixante-
doiize onces, ou fix as effedifs. ’Ltfeptus, ou,
comme duent d’autres , !e feptujfis , s’écrira avec
cette note 35 .3^ 3, 8e s’énoncera quincunx fici~
liczis {denarii)-, car cinq onces & un íiciliqae ce
compte íéront égalemenc fept as efFedtifs. Ú ocias
ou Yoaujfís s’écrira ainli 5c S, & s’énoncera femis
{deruzrii) ; car feize fémis de compte font quatre-
yingt- feize , onces , ou huir as effetlifs.' Vous
écrirez le nonas ou nonujíis ainíi 35 S A. 3, &;
Fappelierez femis femuncia ficUicus {denarii) j car
un fémis, une fém'i-once &: un íícilique de compte
valent neuf as effectifs. Le decus oví decuffis s’écrira
35S-_A.,& s’énoncera feptunx femuncia {denarii) f
ce qui revient également á dix as efFedifs. Uun--
decías ou undeciare s’écrira K S 3 , & s’appel-
lera kejfcilicus , ce qui reviene á onze as effeélifs.
Le ¿uodecias o'u duodeci&re fe marque 35 ,
& s appelle ■ dodra.íij {denarii) ■, ce qui équívauc
a Gouze as efteéiifs. Le tredecias ou tredeci&re
s ecrit ainíi te 5 — A. 3 , s’enonce dodrans f£mun~
da ficUicus {denarii) , & vaut tteize as eíFeótifs.
Le quatuordeci&s ’s’écrit 35 S ~ _ A, s’énonce dex-
tans femuncia {denarii) , & vaut quatorze as effec-
tifs. Le quindecias fe marque 35 S ^-^3, fe pro-
nonce ieunx ficUicus {denarii) , & vaut Quinze as
eíFeíiifs.
La démoníiration de Voluíius eñ un pea oro-
lixe & obfeure, & elle eft encore moíns claire
dans le texre latín, qui paroít corrompa. L’auteur
poiivoitraifonner avec plus de préciíion, 8c dire:
Le denier fe divife en feize as eífeérifs ; Se dans
ce numéraire-ci, on le divife par la penfée en
douze onces ficrives 5 on n’a done qu’á faire cette
proportion lé . iz :: i . done le quarriéme
terme eft la valeur de Fas efreéíif exprimé en
parties dsuziémes, ou en onces du denier : or,
trois quarts tFonce font une fémi-once & un iiei-
üque ; done rexpreílion de Fas eíFeétif en dou-
ziémes , ou en onces du denier , doit ttre femuncia
(¡tiiicus , & ainli des autres. Car on comprend
'bien , qnoiqae Faureur n’en avertiíTe pas, que le
denier,* coníidéré ici comme un as, fe divife
en douze onces, vingt- quatre fetei- onces, &
quarante-huit licüiquey Voici á prefent Faba-
Q-ue , ou la rabie logiíiiqne du numéraire dena^
riaire»
29*^ A R I
On doit obferver d'abord que ee caradére ^
fí^a- de^vaieur que pour le denxcr entier j 3c que
A R I
joint á fes frañions j il n'eft qu’indicatif du nu-
méraire ;
NOTES.
Sémi-ficilique de corapte,
z
Sicilique de compte.
3e 3
4
2
S
6
•?
Ir
As effí¿rif
} femuncia Jlcilicus. .......
X E 3
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12
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2
Ir
Dupondius > fefeuncía.. ...'..
X — ¿
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Treííisj fextans Jícilicus. .....
X I- 3
2-4
12
6
4
3
Quartuílis j quadrans
X 3-
3°
13
7i
3
3l
Quinqueííis } quadrans femuncia ficilicus.
X i 3
3^
18
9
6
4r
Sexis 5 triens femuncia. .....
s r 2 ^
42
21
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7
'"31
Septus j quincunx Jlcilicus.. ....
x:?^3
48
24
U
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6
Odlus j Jemis
X s
34
^7
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9 -
éi
Nonus 5 fémis femuncia Jlcilicus. . .
X S E 3
60
30
13
10
7r
Decus j feptunx femuncia. ....
X S — .i
66
33
i6|
II
8-.
ündecixs 5 heflcilicus
X S ~ 3
7^
1
c\
18
12
9
Duodeciass j dodrans. ......
X s
78
39
I9r
13
9?
Tredeciss; dodrans femuncia ficilicus .
X s i., 3
84
4^
21
14
lOr
Quatuordeciaes 5 dextans femuncia.. ,
X s "-2 -S-
90
43
13
ii?
QuindeciítS j deunx fcilicus. .... -
X S ~fr^ 3
9Ó
48
H
16
12
Sedecissj denariusj as. .... .
X
3í VÍII S — SD C . Total des notes,
Pour donner une idee de la maniere dont les
anciens fe fervoient de ce tableau , je préfen-
terai un exemple d’addition. J'ajoute done les
íignes déla colonne des notes ^ en commen^ant
par ceux qui expriment les moindres divifions
GU denier. Técris d’abord , demi-íicilique de
compte , parce qu^’il eíl feül 8c impair , aprés
quoi je compte les liciliquesi ils font au nombre
de neuf; j’en écris un 3, & je retiens Quarre
fémi-onces pour huit íiciliques. Tájente les femi-
onces de la colonne avec ces quarre ; la
eíi treize ; j’en écris une S, reftent óouze,
lefquelles je retiens íix onces. Tp ajoute
de la colonne ; la fomme eftc’Uarante-trois or.c,-^ •
j'en écris une — ^ & je retiens fept fémis pou^
quarante-deux onces. J"y ajoute Ies fénus e _
eolonne ; !a fornme eft ouinze fémis ; f sn écns
une Sj & je retiens fept deniers Dour^quatorze
fémis. Ajoutant le denier de h colonne, je trouvc
_ huir deniers que j’écris it VÍII, &: la Canime en-
tiére des íignes déla coíonne eítKVlIIS — ÍÍ.3.S.5
c'eft-á-dire , denarii f¿fcun.c¡a femuncia fici-
licíis ftmi-ficiLicus. S^’il s'agit d'eftectuer cette
fornme en monnoie réelle , on voit á rinfpeclion
de Tabaque qudí faut payer ou recevoir huit
deniers dix aSj 8c le üdlique & demi excédent
fe néglige.
On pourroit traiter plus en grand tous les
procédés de i‘ Arithmétique des anciens Romainsj
mais cela paroít aíTez inutiie . &z ces trois exem-
ples mettront fur la voie. J'obferverai feulement
que Celfe emploic:, pour la compoíition des mé-
dicamens un numéraire ponderal qui difrére peu
de celui-cij par exemple^ il déíigne le denier par
ce figne X j le poids de huit deniers & un tiers
eft ainfi marqué PXVIII,, ou bien PSVIÍI.
douze deniers un tiers P. JéXíI. .r— j deux deniers
& demi PXII. 5 un demi-denier
trois quarts de denier PSS^^j quatre deniers
P. lili 3rj cent deniers P. C. 36. (Métrologie de
M. Paucíon),
ARITHMOMANTIE. Voye^ Ab,ithmantie.
ARILSj un des principaux Centaiires qui com-
battirent contra les Lapites. V. Centaure.
3 ARLEQUIN. M. le Batt .n.x a trouvé une
reíTemblance tres-grande entre ^arUquin des Ita-
liens 3 & le Satyre qui faifoit le role le plus fail-
lant des fatyres dramatiques anciennes. Ce rap-
prcchement eft d’autanr plus exaét^ que ce genre
de comedie ou de farce qui rappeüe les Atellanes,
eft forti 3 lors de la renaiiTance des lettres ¡ des
mérnes cantons de Tltaüe.
On retrouve dans arlequín , dit ceí écrivain
dans fon Cours de Eelles- Lettres, les caraéiéres
d’un fatyre. Qu’on faíTe attention á fon rnafque,
a fa^ceinture, á fon habit collant, qui le fait
paroitre prefque comme sftl éroit nud , á fes
genoiix coüverts, & qu'on peut fuppofer rentrans j
ft ne lui manque qu’un fouüer fourchu. Ajoutez
á cela fa faqon miévre & déliée, fon ftyle, fes
pointes fouvent mauvaifes , fon ton dé voix ;
tout cela forme aíTurément une maniere de fatyre.
Le fatyre des anciens approchoit du bouc ; Var-
lequin daujourd'hui approche duchar; c'eíl tou-
jours Thomme déguifé en béte. Cornment les
fatyres joubient-ils , felón Horace ? avec un dieu ,
un héros qui parloit du haut ton. Arlequín de
méine paroit vis-á-vis Samfon; il figure en gro-
tefque vis-á-vis d’iin héros : il fait le héros lui-
métne; il repréfente Théfée, &c. 8;c.
-4RLES. Cette ville de P rovence renferme ,
plus qu aucune autre ville de France , des anti-
suites dignes de Tartention des curieux. On y
yoit un grand nombre de tombeaux romains ,
Ies reñes d'un capitole , d"un rhéátre & d’un
amphtthéárre 3 un bulle d’Efculape, Se un obé-
Antíqiátés j Teme I.
íifque de granir de cinquante-deux p-ieds de hau-
teur. L'hifíoire n'a point ccnfeivé la date de
Téreclion de Pobélifqi’e ; mais on le releva en
idyj, en Thonneur de Loiiis XíY. On le placa
fur une bafe faite d’un roe commun, 8c peu pro-
portionné á la beauté de la matiére dont Tobé-
lifque eft formé.
Arles érigea en Thonneur du grand Cenftantin
une colonne, tur iaquelle on Ht encore cette
i.nfcription :
IMF. CAES. FLAV. VAL.
CONSTANTINO. P. F. AUGUSTO
DIVI. CONSTANTU. AUG CII
FILIO
ARELATIS. RESTITUTORI.
Eile faitaüufion au féjour de Conñantin z Arles,
aprés la mort de Maximilien-Hercuie. Queloues
antiquaires rapportent á cette ville les médailies
de ce prince, fur lefquelles on lit : par. parl.
SARL. -SAR. tar.3 Sc íIs expliouent ainfi ces
abréviations : Percujfus Ardate. Populas Arela-
tenfis , felón le P. Hardouin. Sígnatus Arélate p
ou 3 felón le méme auteur , Senatus A.relatenfis ;
Tiíbutum Arelatenjíum.
ARMAMAXI. Dans la pompe des triomphes,
aprés Ies chars appelés tkenfi , Sc aprés les images
des dieux, marchoient onze chariots, nommés
Armamaxí. C’étoient des efpéces de chars á quatre
roues 3 dont fe fervoient les Scvthes. lis fem-
bloient fonnés par deux chars ordinaires reunís
en gondole á double fond. lis étoient chargés
de couronnes d’or, de cuiraíTes , de boucÜers
& des dépouiües des ennemis. La colonne Théo-
dofienne en offre quelques-uns. ün coup-d’ceil
jeté fur fes deíTms les feront mieux connoitre
que les plus longues defefiptions
Capitolin les appelle Armaxs. ; il dit de Maxf-
min le pére, qti’ií étoit aiTez fort pour tirer'feu!
un de ces chariots, ou un char appelé Rhéda,
quoique chargé : Amaxas maníbus attraheret ,
rkedam onufiam folus moveret.
Ces deux noms différens venoient du mot grec
ckariot.
ARMAMENT ARIU S turmí, , offeier chargé
de veüler aux armes de la troupe. II s’appeloit
auffi armorum cuños.
ARMATA, furnom de Venus, fous lequel
les Lacédémoniens Thonoroient, parce qu’iis la
repréfentoient armée dans fon temple- li y a dans
-Aufone une épigramme traduite de TAnthologie,
fur la Vénus A.rmata.
ARMATURA. Les Romains appeloient de ce
nom les manoeavres de leurs foldats , que nous
nommons exercice á pied, á cheval , Scc. Les cam-
pídoclores commandoient & dirigeoient ces ma-
noeuvres. Vegéce (i. i J-} qu’il raur formar les
jeunes foldatípar ces manceuvres, que Ton appelle
armatura , & qui font enfeignées par les cam-
ridoaores : Przterea íiio cxercitíi genere , quoé
PP
loS
A R M
crmatumm vocani, & a campidoííoribus traditur,
imbuendus eft tyro. ■ ■ ^ • .
ARMEES. Nous donnerons ici des notions
cépérales fur Íes armíes grecques &_romames,
pour facilirer l’inteüigence' des écrivains de 1 une
& de Tautre nation.
ARMÉBS grecques.
'STpaiTíec y armee, . • r 3 p
OU ■sETpSrdj ^yyeS' y Ctoit l£ IfOnt dc
wée c Tavant-garde.
KsfaTci, les alies de Y armée, dont on attnbuoit
rinvention a Pan , qui commandoit , difoit-on ,
V armée de Bacchus dans fon expédition de 1 Inde.
Tiafci.skra.¡ , foldats & commandant d une alie.
Upara-ráí-íjí j premier foldat de la droite.
E’^rífárecí y foldats du ccntrc.
’Sle-j^a.roí üjyég OU ¿p«j arriere-gardc.
o’u¡a.y:g OU ásrííáofiuAíil ^ commanaant de 1 ar-
jáére-garde.
Tous les nonas précédens appartenoient aux
armées , aux détachemens ^ ainfi qu aux plus petites
diviílons. _ , ,
iT£A5j-«í , divifion de cinq hommes , dont le
commandant s’appeloit ^
Aíx.xs , divifion de dix hommes, dont le com-
mandant s^appeloit % ainfi des au-tes
divifions. _ 3 r ■
Kkxag, dívifion de huit-, douze, ou de íeize
hommes. Ce dernier nombre etoit appele
culiérement 'hl>%og ; d’autres appl’.quent cette de-
Ecminatíon á la divifion de vingt hommes- ^ Un
Ies appeloit encore g’^xag ou ¿'íx.uvííí. /lo^ayos etoit
le nom du commandant. _ • - ^ , i j---
Aoifsa ou , étoit la moitmde xa A¡yi-
fion appelée xíy_og ; fon commandant etoit appeie
S^K<¡t^íTr,g ou í^lAoJiíViJÍ. _ 1 < r
'Z'j?.haxigidog , cxprimoit la réunion de p iiíieurs
; ainíi ejus , la reunión ¿c trente-deux
hommes j c’eft-a-dire , de quatre raoitiés ou d^*
deux í.axoi entiers.
UsvTtííioí!Tce^x^‘^ devroit uefigner une troupe de
cinquante hommes ; elle exprime cependant la
reunión de quatre , ou de foixante-quatorze
hommes. Déla vint que cette troupe fut appelée
auííl ; de méme que le commandant
s' appeloit TíTfáyyy.g & ■üSííTy,x,¿tTapxog.
^xcíTsvTupyt a OU rk^ig , ttoupc dc Cent hommes ,
ou de deux Ee commandant s ap-
peloit d^abord Talittpyog j mais il ne fue puis
cennu que fous le nom de ex.aTúírc¿pyis. Sa troupe
avoit en tete anq foldats, diftinpés des autres,
parce quils nétoient pas enroles pee eux, &
appelés íxTícxToí. Cétoít le gpesraxépuly bérault,
©u crieur de Y armée , qui répetoit a tres-hpte
Toix les orares du commandant ; tel fut le célebre
Stentor : le , qui faifoit entendre par
des fignes ou des geftes de convention , les mémes
■ ordres aux foldats les plus éloianés ; le XaAsr/yxrí?,
A R M
rage des combattans : & le rTmfíriif , qui fervoit
les foldats. Us fe plaíoient á la tete de la troupe;
& Ton voyoit á la queue le cinquiéme ou le ferre-
file, ivcuyog, quiveilloit fur la condmte des fol-
dats, & les empéchoit de s’écarter, de rompre
■eurs rangs, ou de fuir. / j //- •
'Zinay^M , -sapírakíg , YíAayp j deilgnoit im
corps de deux cent cinquame-fix folaats, dont
e chef s" appeloit gm-rayuarkpicrg-
m,r^xo<y>y.r/J‘‘ ou Í£v«y/«, felón quelques tra-
dufteurs, défignoit une troupe de cmq cent-douze
hommes, dont on nommoit le chet ■¡ycirccy.on^pycg
ou lefcsysí- _ , 1
z.MufyU, gkp^fcy.., OU, fdon quelques inter-
pretes , g£.«y/« , étoit une divifion de mdle vingt-
quatre hommes , dont le chef etoit nomme
yi>.Upxig , :y,‘>-‘ígíg 3 trugpi^y.!trapx^,g.
ou, felón quelques philologues,
tsAoí & S5rí|£víiy;«, deíignoit un bataillon de deux
mille quatre cent - huir hommes , dont le com-
mandant étoit nommé fupápxiig , VsAás^íí ou twi-
lívayoí. , r I ,
ibax^yyapxU , appelée plus fouvent ^£píí,
ydpy.T.g, glipcg , 8c anciennement ,
étoit une divifion compofée de quatre millequatre-
vingt-feize , ou , felón quelques-uns, de qupe
mille trente- fix foldats, dont le chei s<íppeioit
(pctÁayyápx’!^ = «-poiTiíyíí.
Ai¡pa?xayy¡ct , WiTíy.yy.et, , felón quelqup ®0r|' ^
vains fcífig 3 défignoit une divifion de huit miue
cent-trente foldats , comroandée par un «fápp?.
T£TC«(2«A«yy«s;í¡« étoit une divifion de íeize
mille trois cent-quatre-vingt-quatre foldats, fous
les ordres d’un TíTpalpa?íayyápxy;g.
rb.!; défignoit généralement un efeadron quel-
conque, mais plus ordinairerrrent une troupe de
foixante-quatre maitres.
í'!r¡>.aoX‘‘'- défigne deux í>.ag , une troupe c-e
cent vingt-huit maitres.
Tc¡p«jTíMp;t/a , troupe de deux cent-cinquante-
fix maitres. _ „
'a , efeadron de cinq cent-douze mai-.e .
E¡pí7r-^''xoxM 3 efeadron de mille vingt -quatre
• • •
TsÁog 3 efeadron de deux miile quarante-íiuit
maitres. ;
E-TTÍTCCy^íí y efeadron de quatre mille quat
vingt-feize maitres.
Les Lacédémoniens donnoient des noms p«
ticuliers aux divifions d°une armee •_ 1'®
foient en ftipag , les légions des Latins. Un ^
pas d^accord fur le nombre d^hommes que
comprenoitj cinq cens ou fept cens, ‘ <
méme, felón Plutarque { in P elopida ) ■ ^
Lacédémonq fut devenue république , ce
n’excéda pas quatre cens fantaífins. Le comm<..
dant s^’appeloit Polémarque , Tribun á Rome , c
le fecond ofíicier , cm/y.^cpílg. .
Aíyog étoit le quart de_ la ;Kps«- Qumque ^ -
fychius le léduife au cinquiéme , le
A R M
fer.timent s'accorde mieux avec raiicjenne for-
niarion des troupes dé Sparte ; car Xénophcn
aíTure que chaqué étoit commandée par les
qaatre chefs de la diviílon appelée
rr;>r!;>íí,-t/r étoit le quart ou la moitié du >^izoí ,
Se comprenoit cinquante foldats. Leur chef s’ap-
peloit j ScC.
EvüfjBor/íí étoit le quart ou la moitié da
Se comprenoit vingt foldats, dont le nom étoit
pris du ferment militaire qu’ils prétoient tous
enfemble au milieu d’un facrifice , Uáfinrct ¿'¡a
rQaylm. Leur chef s’appeloit
Au refte , les variations des écrivains grecs fur
le nombre des foldats de chaqué divifion des
troupes lacédémoniennes, font venues de ce que
ces divifions ont toujours confervé les mémes
noms , quoique le nombre des foldats ait varié
á difFérentes époqiies. La méme chofe eft arrivée
a la légion romaine.
Toutes les dénominations précédentes étoient
relatives au nombre de foldats qui compofoient
les divifions.
<i>«A«yi défigne, a la vérité, quelquefois une
troupe de vingt-huit foldats , d’autres fois une
divifion de huit mille hommes : mais la phalange y
proprement dite, étoit une divifion de feize mille
trois cent-quatre-vingt-quatre foldats. Au refte,
on donnoit généralement le nom de pkalange á
toute Tinfanterie , ou á un corps ¿i armée confi-
dérable. V^oye:^ Phalange.
míkíí (pci>.ayyK exprimoit la largeur de la pha-
lange , ou Tétendue de fon front. On f appeloit
srpSras- ^tiy<¡s y premier rang j le fecond étoit ap-
pelé S'vjTtoo; étiysí, &c.
OU. -zs.azoí 0aÁceyyos , défigne la profondeur
de la phalange.
Zuyoi défignoient les rangs.
ou y étoient les files.
Aixuro/x-tit ¡pa>Myyt,g y partage de la phalange en
deux ailes ou colonnes.
A ¡tuyo; j cfíípaÁys y suy<iz'¡> <pá?íayyi>s y centre de la
phalange , divifion intermédiaire placee entre les
ailes.
Ai-mrsrySog (páXayyog , diminution de largeUr ,
qui fe pratiquoit en retranchant quelques files.
O fila, tTtfoiiir.yis ou ktcs^jizkiíxíí , ^áXay%, ordre
de bataille dans lequel la largeur étoit moindre
que la profondeur.
'nxaylct, 0kxay% , ordre de bataille , qui offroit
un front d'une étendue. plus confidérable que la
profondeur.
A4? e<i>.£sy|, Tordre oblique.
AfapUofio; ((¡kxayí , ordre de bataille dans lequel
les combattans fe placoient dos-á-dos pour faire
face en tete &. en queue.
Atrlgoficg <^e,xa.y% , éttíit le méme ordre que le
precedente excepté quil avoit de la profondeur,
afin que les combattans filfent en méme-tems face
des quatre cotes.
^¡(faXayyU , ordic dc bataille dans
A R M
’ Jfequel les chefs 'de file fe plaqoient á la tete &
; á la queue de la troupe, & les ferre-files, ¿(¡«yd,.
dans le centre , afin de faire face de deux cotes.
Áiriysyog ^i^aXayyla. y otdte de bataille oppofe
au précédent, dans lequel les ferre-files & Ies
derniers rangs oceupoient Ies deux cótés, tandis
que les chcft de file fe plaqoient dans le centre ,
face -á-face. De cette maniere , le front fe ref-
ferroit , & les derniers rangs formoient les ailes.
Oy.yUgsy,o; ¿^(paXayyla , ordre de bataille dans
lequel Ies chefs de deux phalanges fe plaqoient
fur un feul cóté , á la fuite les uns des autres.
ZT£p¿goycg ^í^aXayyíy: , ordre de bataille dans
lequel les chefs d’une phalange fe placoient aa
cóté droit, 8c ceux de la feconde au cóté gauche.
UeTrXiyuaíi (páxay% , changemeiit d'ordre que
faifoit la phalange , felón la nature des che-
mins.
'Eyriy.ay.n'kf ^áA«y| , Otdte de bataille formé en
croiíTant ; on l’appeloit auííi & x.alx-/¡ , parce
quhl étoit convexe & concave.
Eg-Traptiifn (páxayi, Otdte oblique en échellons,
par lequel les différentes divifions fe prefentcient
á Fennemi, en dépaíTant le front Fuñe de Fautre.
Xgi-ípipaXáyytiris y Otdte dc bataille dans lequel
les ailes d’une divifion s'étendoient au-delá du
front de Fennemi ; lorfqu’une feule aile s'éten-
doit ainfi , cet ordre de bataille s^’appeloit
¡fáx.atyl, & gtpusciié'és , bataüion formé
en lozange. Les Theffaliens emploj.'érent les pre-
miers cet ordre de bataille qu’ avoit inventé Jafon,
leur compatriote.
EySyx.oi , chez Ies Latins rofirum 8c cuneas j coin^
bataillon formé en triangle équilatéral, ou en
demi-lozange , ou en A , avantageux pour atta-
quer.
EyixJty.ZaiX.m , chez les Latins fórceps , tenaille^
bataillon formé en V, pour recevoir Fattaque
du coin ou A.
nXiySíoy Se gs-Xiyéia , brique OU tuile , carré long,
dont on préfentoit le grand cóté á Fennemi.
nipyog y tour y ordre de bataille contraire au
précédent : on préfentoit le petit cóté á Fen-
nemi.
líXíii<rK¡y y ordre de bataille trés-étendu. Se
approchant plus d’une forme circuiaire que de
la "forme carree.
Téííj^»!' , ordre de bataille en colonne fotmée
par des peiotons qui fe fuccédent continuelle-
ment 5 cFoü il a pris le nom du ver qui shn-
finue dans le bois. Cet ordre eft néceíTaire dans
le paffage des défilés , oü Ies divifions ne peuvent
fe développer. On Fappelie encore fuXayl |i-
iptiií'iig. ^
niayang (páxíiyyig y batiilion ferré fur un efpace
moins íarge de moitié que Fefpace deftiné aux
autres ordres.
XvpargriiT-ycg , ordre plus ferré encore de moitié
que le précédent j ce qui réduiíbit Fefpace á ua
Pp ij
300
A R M
auart feulement. Les boucliers s’appuyoient alors
ñéceírairement les uns fur les autres; ce qui luí
ñt donrter ce nom.
^ armée. , ,
Ji'fkaljs , évolution qui reuniíioit les troupes
áe k queue a Tune ou aux deux alies j pour en
former la tete de ce ráeme corps_.
, évolutíon Qui doublolt les alies , en
leur réuniffant fur un iront courbe les troupes
légéres ; de maniere que toute X armée ofiroit
rimage d’une porte triple. , , ■
J-iTahi, ou 5re<)«-s?ríi|íí J, eVOlUtíon qU!
difperfoit Ies ' troupes légéres dans les intervalies
que laiíToient les troupes pefarnmenc armees. ^
; cette évolution differoit ue la pre-
cedente , en ce qa’elle rempliíToit les interváLes
de troupes de la méir.e efpece.
évoIutíon en coionne^ par laqueile
íes troupes marchoient á la fuite les unes des
: cette évolution diíféroit de la pré-
eédente , en ce que TaiIe de la phalange ne mar-
choit pas par peíotons j mais par diviíions , les
ehefs fe plapant fur l’un ou Ikutre cóté.^
On diíHnguoit quatre forres & de
-xafay.yn. Lorfquon faifoit face d’un feul cóté^
Tune 8¿ Ikutre étoient furnommées y.oiínXvJtK--,
lorfquec'étoit des deux cótés, j de trois^
s-físrAsufas; & de tous les quatre, ^
Ka.Víís- , étoienr les évolations priles en ge-
neral.
ic>.iV/í kí <kjía j converfion á droiíe t on tencit
ía lance de cette main.
j mouvement retrograde vers la
gauche.
atr^lSa, converfion á gauche : on
Senoít le bóuciier de cette mam.
M£tí£o3Aíí , converfion doiible du méme cSté ,
oui faifoit tourner lé vifage du foldat du cote
©ppofé de fa premiere poíition. 11 y en avoit de
deux fortes : i°. Ew'ssa», converfion de
la tete á ía queue, fans changer de place : elle
fe faifoit toujours par la droite ; 2°. ^,«£ríí&A¡i
¿ffKfiaí , converfion de la queue á lá tete, fans
changer de place : elle fe faifoit toujours par ia
gauc.he. ^ .
f s-(ípc<p? , converfion de V armée enuere a droitc
cu a gaucse. _ ,
, mouvement contraire au precedent,
qui remettoit Varmée dans fa premiere poíition.
, double : autrement , con-
veríion de \ armée entiere de la tete a la queue.
, trlpiC sw/físipsí. ^
ópéon Cí‘PZéO iíVCít olí ¡“77 £í7TdX.SiT£C^i!<r¿líl y CVO“
lution qui remettoit Yarmée dans fa premiere po-
fition & dans fa premiere place.
ou :ií>.¡íií , évolution par
íaquelle toute V armée paíTok de la tete á h queue ^
A R M
de la queue á la tete, ou d’un cóté á l’autre,
les foldats marchant á la fuite les uns des -autres.
Lorfque cette évolution fe faifoit par files, on
la déíignoít par cette expreífion, Kara &
par cette autre , , quand elle fe fa.-
foit par rañgs. L’une & l’autre de ces évoiutions
étoieiit encore diftinguées en trois efpéces diffé-
rentes.
1°. Eh-XIVKOS ¡cara ; cctte premíete
efpece étoit due aux IMacedoniens , & elle fe
faifoit de ía maniere fuivante : La premiere file
fe tournoit á droite ou a gauche , Sc^marchoit ; en-
fuite la feconde marchoit du meme cote , &
s’arrétoit, en laiffant un intervalle entr’elie & la
premiere file j la troifiérae & toutes Ies autres
faifoient la méme manoeuvre jufqu a la derni-cre,
qui fermoit la marche. Par cette évolution, la
troupe fortoit par le front de fa premiere po-
fition, & tous les foldats fe rrouvoienc tournés
du coté oú étoit placee lá queue avant I évo-
lution. Philippe, roi de Macédoine, voyant cette
évolution pratiquée par tous les Grecs , y ea
fubítitua une nouvelle. ^ ^
Z®. E^'Aíyiys: x.iZ7sc 5 CCtte évolu-
tion füt -introduite par les Lacédémoniens ; elle
étoit contraire á la precedente. Dans la premiere,
la troupe occuDoit un nouveau terrein en avant;
& dans celle des Lacédémoniens, elle roccupoit
en aiT'ére, les foldats faiiant^ace au cote ou étoit
précédemment ía queue. Dans la premiere , Ja
troupe fe développoit de la queue 2 Ja K-.c ,
& dans l’autre, au contraire, cetoit de la tete
á la queue. ^ , ,
3°. E|sA<y«W ns!5-i*W ou Kí>;t<k:í xara !
cette troifiéme efpece d’évolution étoit en ufage
chez les Perfes & chez les Crétois , & s appe-
loit auífi , parce qu’elle s’exécutoit comme
¡es marches de deux chceurs de theatre. Ceux-a
alloient de I’entréc du t;héátre au fond , & re-
tournoient enfuite occuper reciproquement a
place l’un de l’autre. Dans cette ejolution , toute
la troupe occupoit á la fin la meme quantite de
terrein qii’au commencement ; c eft-la ce qui
diftinguoit des deux précedentes.
E.lsAiy^mí x.ar)í , evolutioH par rangs,^op
pofée á l’évolution par files. Dans la premíete,
Y armée fe mouvoit fiir fa profondeur de la t..te
á la queue ou de la queue á la tete, de mani-J
que le premier & le dernier bataillon J ti'ou-
voient occuper á la fin de l’évolution la
i’un de l’autre. Dans révoiution par rangs, J
mée fe mouvoit par le cóté, une aüe P^^p^nt
place du corps de Y armée, o^
l’autre aüe : de maniere que les foldats de
tere d’une aüe, fe plaqoient á la tete de 1 2Utte,
& ainíi des autres rangs. L'évolution par
étoit de trois efpéces , comme l’évolution p
files. . Aífant
1°. La macédonienne s’exécutoit en -
paíTsr á la vue de reuoemi i’ une ou a a ' '
A R M
aile í á la droite ou á la gauche de la Teconde.
Elle reíTembloic á une fuite. a°. ^La lacédémo-
nienne s’exécutoit en ramenant devant le firont
de rennerni Falle qui en étoit la plus éioignee.
3°. La derniéie évoludon par rangs reíTembloit
á la marche théatraie des choeurs ; & elle s’exé-
Gutoir fans changer de terrein ^ en traniporrant
chaqué aile á la place de Faiitre.
doubler ou ferrer lá troupe ; ce
qui fe faifoir de ¿eux manieres j en augmentant
le nombre des loldars fans agrandir le terrein,
ou par Fagrandiflement da terrein fans augmen-
tation du nombre de foidats , mais en dédou-
blant Ies rangs. Ce doublement s’opéroit fur les
foidats ou fut le terrein, en profondeur ou en
largeur ; ce qui produifoit quatre doublemens
différens, í'i 'n?\ei.cnu(rf^úi,
I®. Ai'7:y^.a.(7iu,<Ttto5 y.c'.rct ^vyci OU x.sí,tcí
ce doublement s’opéroit en doublant le nombre
des foidats dans Ies rangs, fans augmenter Féten-
due dii front.
A¡7g>.oíüio(,cri¿og ¿yS)¡i&y JcsiTa OU kcctu
, doublement ou ferrement des files, fans
augmentation de front.
3°. TCTíís xíírli OU koítgí ^í'¡kss ^
doublement de terrein en largeur, fans augmen--
lation dans le nombre des foidats , opéré par
ragrandifi'ement des intervalies entre les files.
4®. ¿^l'7íXc¿Ticía-^í5 tÓtih OU xaTcí ,
doublement de terrein en profondeur par le dé-
doublement des rangs , fans augmentation dans
le nombre des foidats.
Toutes les dénominations precedentes étoient
lelatives á Fordre de bataille felón lequel Ies
divifions étoient formées. On en trouve encore
dans les écrivains quelques-uns qui étoient propres
a de certains peuples íeulement : tels étoient
les ordres de bataille qui repréfentoient des figures
curviiignes de toute efpéce , comme celle de
Xxuf, appelée 'ixv¡, & in ventée par Ilion áe Thef-
falie, rapportée dans la Taéíique d'Elien.
Les Grecs excellérent dans la Taéiique, parce
que n’ayant á oppofer aux armées innombrables
des Barbaras que de petites armées , ils com-
penférent le défaut de foidats par Fhabileté des
stianceuvres.
Armees romaines. Ce que nous avons á dire
fur cet objet, fe place de foi-méme fous les
mots Aczes , Agmen & Exercitiis. C'eft pourquoi
lis formeronr la divifion de cet arricie. Car les
Komains firent trés-peu d'additions á la tactique
des Grecs.
Acrxs. Les Romains exprimcient par ce mot,
pris dans fon fens propre , ¡e tranchant d'un
^‘ftrument coupant ; 8z ils s’en fervirent par exten-
fion, poiir défigner les premiers rangs ou la tete
d une troupe , qui fe faifoit jour la premiere au
*-^''crs des bataiüons enne'mis , comme le tran-
Ci.ant d’une lame penétre les corps qu’elie divife.
Aufíi Arrien, dans fa Taétique, exige-r
3our
A R M 301
former Ies premiers rangs d'iine troupe, les fol-
dats les plus expérimentés & les plus coura-
geux.
Tire-Live nous a confervé Fordre de bataille
dans lequel on rangeoit une íégion romaine (8- 8).
» Chaqué rang, dit-il, étoit compofé de foixance-
deux foidats, d^un centurión & d'un porte-en-
feigné. Les hafiaires formoient Favant-garde avec
quinze manipules, féparés les uns des autres par
de petits intervalles. Chaqué manipule compre-
noit vingt foidats armes á la légére , & une
troupe de foidats pefamiiient armes. Les pre-
miers ne portoienr qiFune lance & des javelots.
Le front de la legión préfentoit ainfi Félite de
la jeunelfe miiitaire. Elle étoit fuivie par un
nombre égai de manipules compofés de foidats
chargés de boucliers , d’armes pefantes , & á un
áge múr, appelés princes. Ces trente premiers
manipules portoienr le nom general Antepllani ,
parce que Fon plaifoit aprés eux auprés des en-
feignes dix manipules, divifés chacun en trois
rangs , dont le premiey étoit appelé pilum.
Ordo fexagenos dúos milites , ccnturionem , 0?
vexillarium uaum habebat. Prima acies haflati
erant , manipuli quindtcim difiap.tes ínter fe mo~
dicum fpatium : manipulus leves vicenos milites ^
aliam turbam fcatatorum habebat. Leves autem ^
qui kaftam tantum gsfaque gererent ^ vocabantur.
Hs.c prima frons in acie florem juvenum pubef
centium ad militiam habebat. Rohujtior inde átas
totidemmar.ipalorum , quibus principihus efi nom en y
hos fequebantur , fcutati omnes , infignibus máxime
armis. Hoc triginta manipulorum agmen antepi-
lanos appellabant , quia fui fignis jam alii decenz
ordine locdban.tur ex qaibus ordo unufquifque tres
partes habebat ; earumque imam quamque primam ,
pilum vocabant.
La premiere divifion de chaqué manipule,
appelée pilum, comprenoit trois enfeignes, qui
étoient cornpofées chacune de cent quatre-vingt-
fix foidats : fous la premiere enfeigne marchoienr
Ies triaircs, foidats vétérans Se éprouvés 5 fous
la feconde Ies roraires , plus jeunes Se moins
anciens dans Jes armées ; fous la troifiéme les
accenfes , foidats fur lefquels on comptoit moins.
Se que Fon plagoit en arriére par cene raifon.
Lorfque la troupe étoit formée , les hafiaires
commenfoient le combar : s’ils r/enfoncoient
pas Fennemi , ils rétrogradoient Se s'arrétoient
dans les intervalies qui féparoient les princes.
Cés cerniers combattoient alors , Se étoient foii-
tenus á leur tour par les hafiaires. Pendant Fac-
tion , les triaires demeuroient fermes fous leurs
enfeignes, le genou gauche avancé, le bcuclier
afrermi fur Fépaule ; Se tenant leurs lances incli-
nées Se fixées en terre par la pointe , i!s oíFroieht
Fimage dhin retranchement ccuronné de paüf-
fades. Si Fattaque des princes avoic été trop
foible , ils fe repiioient infenfiblement fur les
ti'iairesí ce qui avoit f;it naitre le proverbe .• Pcf
cLux triaires í combatiré ¡ c tft-a-dirff» on áft re-
duit au dernier expédient. Les triaires ayant re^u
dans leurs interyaíles les haítaires 8c les princeSj
fe redreíToient , ferroient leurs rangs pour ne
lailTer aucune entrée á l’ennetni, & fondoient
teus enfemble fur lui avec furie^ fachant bien
qifils n'avoient plus de troupes aprés eux fur
qui fonder quelqu'efpérance de foutien». Primum
■vexillum triarios duceaat, veteranum militem. fpec-
tatí, virtuús : fecundum rorarios , mmus roboris
Atate , faaifque : tertium accenfos, minimA fiducÍA
manum : eo & in pojiremam aciem rejiciebantur.
Ubi kis ordinibus exercitus infiruñus ejfet , kaftati
omnium primi pugnam inibant : fi hafiati hofiem
projiigare non pojfent , pede prejfo eos retrocedentes
hi intervallo ordiaum principes recipiebant : tum
principum pugna eral y hafiati fequtbantur : triarii
fub vexillis confidebant , finifiro erare porteño ,
feuta innixa humeris , hafias fubreñd cufpide in
térra fixas , haud fecus quam vallo fepta inkorreret
acies j tenentes. Si apud principes quoque haud
fatis profpere pugnatum ejfet , a prima acie ad
triarios fenfim referehantur ; inde rem ad triarios
rediijfe, cim laboratur , proverbio increbuit. Triapii
confurgentes , ubi in intervalla ordinum fuorum
principes & hafiatos recepijfent , extemplb com-
préis ordinibus velut claudebant yias :■ unoque
continente agmine , jam nullá [pe pofi fe reliña ,
in hofiem incidebant.
On ne formoit pas toujours f ordre de bataille
par manipules ^ c'eft-á-dire , par haftaires , princes
& triaires j mais on le formoit quelquefois par
cohortes j & alors ces trois diviíions étoient réu-
nies en une feule. La formation par cohortes étoit
plus ufitée dans les marches, & celle par mani-
pules dans les batailles , fans exclulion cependant
de Tune ou de Lautre. C'eft une erreur d’attri-
buer á Marios la formation par cohortes. Elle
étoit cennue dans Fancienne république, mais
elle devint plus ufitée depuis ce général.
Acies défignoit proprement les troupes ro-
maines, pour les ciftinguer des alliés & des auxi-
liaires. Ceux-ci formoient les ailes; tandis que
le corps á'armúe, acies , ne comprenoit que Ies
foldats romains. Tite-Live le dit expreíiément,
( 3-. 35>. ) ; Romani mediam aciem, cornua Latini
Zenuerunt.
A cjcjEN, efeadron ou bataillon. Cé mot a
fouvent été confondu avec celui á' acies , fur-tout
par les écrivains des bas-fiécles. Les premiers
Romains avoient géneralement deux agmen de
forme différente , ou deux ordres de bataille ;
pour fortir des camps, on pla^oit ala tete
des troupes Féüte des foldats, appelés exiraordi-
narii , qui avoient leúr quartier aeprés de la porte
Frérorienne ; á leur fuite marchoit Falle droite
des aihés, des Latirts, par exemple ; les bagages
des extraordinarii & des alüés les fuivoient retiñís
ersfemble. Venoit enfuite chaqué legión fuivie
di fon bagage , marchant á la fuite Fuñe de Fautre 5
A R M
I ¡c la marche étoit fermée par le baga.^e de Falle
gauche des aiiiés , qui fuivoit cette aiíe. L'ordre
de la marche étoit renverfé quand on rentroit
dans le camp 5 de maniere qu’eile étoit fermée
par Ies extraordinarii. Ces évolutions étoient
annoncées par les trompettes. lis faifoient retentir
trois fois le fon de leurs inftrumens. A la pre-
miére, on abattoit les rentes; á la feconde, on
chargeoit le bagage fur Ies chariots & fur les
bétes de fomme ; & á la troifiéme , Favant-garde
fe mettoit en marche.
Le fecond ordre de bataille étoit empioyé
dans les marches au travers des pays découverts ,
ou dans le voifinage de Fennemi. On divifoit
toutes les troupes en trois corps , au-devant de
chacun defquels étoit place fon bagage : cMtoient
les haftaires , les princes 8c Ies triaires. Lorfqu on
marchoit fans crainte 8c fans défiance, Varme'e
fe formoit en colonne , 8c alors la file , verfus ,
furpaffoit en longueur le rang, Jugum. Ces mar-
ches ordinaires étoient réglées á vingt mille pas
chaqué jour; Seles marches forcées á vingt-quatre
mille.
Agmen pilatum , troupe formée en colonne ,
de pilum , trait fort lorig auquel elle reíTembloit.
Agmen quadratum. Le fens de ce m.ot a beau-
coup varié chez Ies écrivains iatins : tantót il
fignifie un ordre de bataille , dans lequel le ba-
gage, place au centre, . eft devaneé Se fuivi par
les troupes : tantót un bataillon faifant face des
quatre cotes : tantót enfin une armée rangée en
bataille felón la forme ordinaire, dans un ter-
rein ouvert ; parce qu’alors en la voyant de front,
on pouvoit la croire auffi profonde qu'étendue.
Exsrcitus défignoit la reunión de diíférentes
troupes fous un méme chef, foit qu^elles fuífent
eníñarche, ou campées Se'retranchées, ou^en
garnifon dans les viíles , ou rangées en bataille.
Non- feuleraent le mot exercitus défignoit des
troupes de diíférentes nations, de diverfeseípeces,
de cavalerie ou d'infanterie , m.ais encore_ une
flotte , lorfqu’elle étoit deftinée á Fappui des
troupes de terre.
ARMENIACÜ S. Voyez Arméniqüe.
ARMENTE. Le feul roi á’Arménie dont oa
ait des médailles , eft Artavafde , roi des rois.
La tete de ce roi & des autres princes auxq.i^Is
Y Arménie a été folimife , eft ordinairement coeffee,
de la daré.
On connoit deux autres rois Arménie, qui
régnoient du tems des croifsdes ; Léon I; h aitón.
Armenie. apmenia. Cette contrée , -réduite
en provlnce romaine , a faft frapper des me-
dailles imperiales grecques enFhonneur de Trajan,
de Verus, de Sept.-Sévére.
Son fymbole ordinaire eft la tiare, 8c le car-
quois avec des fiéches.
On a quelques médailles avec des légendes en
ancienne langiie arménienne ; elles ftont pas en-
coré été expliquées.
A R M
^RMENIENS. (ere des) L’ére des Jrmé-
niens , appelée dans quelques titres franijois FE-
treure des Ermines , commenca Fan de J C. 552 j
un mardi , 9 de juiilet. Ceft Fépoque du concile
Tiben , ou les Armémens ayant confirmé la
condamnation du concüe de Calcédoine , qu’iis
avoient prononcée Fan 53Ó au concile de Thévisj
confommérent leur fchifme. « Les Arméniens ,
» dit M. rréret, í^dAém. de V Acad. des B. L. t. 19 3
” P- 85 ) fe fervent aujourd^hui d'une année com-
“ pofée , comme celle des anciens Perfans j de
w douze mois , de trente jours chacun & de cinq
épagoménes. Cette année eft abfolument vague j
* fans aucune intercalation 3 & elle remonte tous
” ans d'un ]our dans Fannée Julienne.
” , ‘ j Ppur les ades 8t pour
” la date oes lettres ; mais en méme - tems on
" emploie une autre année, qui eft proprement
== 1 annee Eccieliañique, & qiii fert dans la Litur-
” pour régler la céíébration déla páque &
” dec fétes , le tems des jeunes. Se tout ce qui a
» rapport la religión : cette année eft fixe , au
^ moyen d un fixiéme épagoméne qfton ajoute
« tous les quatre ans}^ mais le Nourous, ou pre-
53 mier jour ae i annee, qui commence avec le
” m.ois ^avpardi, eft^ fixé depuis long-tems au
” I i. du mois d aoút de Fannée Julienne, & il
” ne s'en ecarte plus. »
” Dans la fuite , ajoute le méme auteur, lorf-
** ^^ue \ts Armeniens le réconciliérent avec Féglife
” latine , & qu une partie d'entr’eux reconnurent
íes papes de Rome , dans une efpéce de con-
” 5 ^ Kherna , au quatorziéme íiécle 5
(c eft le concfte dit Charnenfe , tenu Fan de
^330) ils admirent la forme de Fannée
Julienne , que le commerce avec les Francs
« leur avoit rendue familiére. Les aftes du con-
“ csle de Sife joignent Fan yjB de Fére armé-
nienne avec Fan 1307 de Fére vulgaife, &
“ datent dans Fuñe & Fautre année par le 19
=1 mars. Dans le concile d’Adéna, tenu en 1316,
“ ou il fut quefiion du calendrier, on ne fe fert
« que des mois juliens & de Fére vulgaire 5 & en- '
core aujourd hui , lorfque les Arméniens traitent
" avec les Occidentaux , ils empioient Ies mois
» juliens. =1 Dans une réponfe de M. Arnaud au
niiniftre Claude , fur ia perpétuité de la foi , im-
pnrnée en 16-1, on vcit une lettre de Jacques ,
^atnolique áts^Arméniens , datée du 12 avrii de
^ an II ¿o de 1 ere des Armémens ^ ce qui revient
a notre année 1671. Kous ajourerons que les
-rjnenieris datent aufli par les années du monde
uicant 1 ere de Conftantinople , & qu’ils joignent
«luelquefois dans leurs ades cette ftcon de fup-
pater les tems á celle qui leur eft propre.
dAo^s Romazns^ lAois Arméniens»
Aoút,
10 Septembre,
lo Ofiojjre^
Navazardi.
Hori.
Sahomi,
9 Xovembre,
9 Décembre,
8 Janvier,
7 Février,
9 Mars ,
8 Avrii ,
8 Mai,
A R M
Dré Thari.
Kagoths.
Áracz.
Malégi.
Arcki.
Angi.
Mariri.
303
7 Juin , Marcacz.
7 Juiilet, _ Hérodiez.
Aceiiacz ou les cinq épagoménes , & les ftx
dans^ les années ahondantes. (V Art de vérifier
les dates , (ic.
ARMENIQÜE, Armenicus , Armeniacus , fur-
nom donné á Néron , á M.-Auréle &c á Lucius
Aérus. On le trouve dans Capitolin & fur leurs
médailles : ñero cjesak augustus ; & au re-
vers ; armeniac. — antoninus aug. a.r_vie-
NIACUS. —IMF. L. AUREL. AUG ArmEN.
OU ARMENIA ou ARMENIACUS. II faut traduirc
Arménique & non pas Arméniaque.
ARMES. On rapporte ordinairement aux Egyp-
tiens Finvention , ou au m.oins la perfedion^^des
premieres armes que les hommes civilifés ayenc
employées. C'eft des Phéniciens , colonie des
Egyptiens , que Ies Grecs en apprirent Fufage j
& c'eft pour cacher cette origine , qu'ils firent
honneur de Finvention des armes , tantót á Mars,
pour qui Vulcain travailloit dans Ies forges de
Lemnos, & tantot á Bacchus, dans fon expédi-
tion de Flnde.
Les armes des héros Grecs étoient de bronze
& non de fér ; Héliode le dit expreffément ,
( Oper. & Dier. v. 149.) ainfi que Paufanias ,
(Lacón.) & Lucréce : Sed przus eris erat qudm
cognztas zzfus. On y employoit quelquefois
Fétainj au moins Homére FaíTure-t-ii des bottines
ou plutot de Farmure des jambes dAchiüe (II. 2.),
de la cuiraíTe d'Agamemnon (Iliad. A.), & du
bouclier d’Enée. On fait que le mélange appelé
bronce fe fait avec du cuivre & de Fétain. L"or
& Fargent fervirent quelquefois á orner les armes
des héros 5 mais ils n en furenr jamais la matiére
qu^entre les mains des eíféminés. Les armes de
Glaucus , dans Flliade , font ornees avec Ies mé-
taux précieuxj celles du vaillant Dioméde ne font
que de bronze. Homére compare á une femme
Amphimaque, dont les armes étoient dorées.
Les Perfes , am.ollis par le laxe , charaeoient
leurs armes d'or & de pedes , & elles devinrent
la proie des foldats grecs, qui ftétoienr couverts
que d’airain. Les héros & Ies chefs de ces der-
niers n’admkent les métaux précieux que pour
orner leurs armes. Elles étoient daroafquinées ,
& Fon y gravo it les hauts-faits des ancétres ,
les bienfaits des dieux, des íymboles , tels que
des lions, des dragons. Mais ce quh’ls y rechtr-
choient le plus aprés la bonté de la trempe, éroit
Féclat que leur donnoit un poli vif, & qui éblou'f-
foit les ennemis.
Toutes Ies armes peuvent étre diftinguées en
304
A R M
claíTes, Ies armes défeniives & les
OTeañves. Les Barbares ne s attacherent qu aux
derniéres. Les Grecs^ éciairés par de fages legü-
iations ^ fur le beíbin de conferyer les hommp ,
íirent des ¡oix trés-féveres pour défendre íe comt>at
aux foidats qui ne feroient pas fufKfaniment armes
& couverts, & ponr noter ddnfirnie ceiui qui
auro’t perdu fon bouclier dans la meléej randis
que la perra de la lance ou de fépée n entramóle
aucun déshonneut. _
Les armes défeníives coníiftoient en un Las-
que j une CumASSE, unCEíNTURON ou Bau-
DRIER (?ar>íp) , un Bouclier, des Bottines,
, des Brassards & Gantelets ,
(xtifihsy Voye? ces mots. Les armes offeniives
desGrecs étoient laMAS&UEjla Lance, IEpee,
la HAP.PÉ , la Hache , F Arc , les Fleches,
les Javelots, Ies Fierres, la Fronde,
Autant Ies Grecs étoient affliges de la
de leurs armes , autant ils fe rejouiíToient de les
avoir rapportées dii combat , 8c ti avoir emeve
celies de Fennemi. Ils offroient ces derniéres aux
dieux , & les confacroient dans les temples , ou
ils les fufpendoient. Heílor proraet a Apollon ,
(filiad. H.) de confacrer dans fon temple \ts. armes
de fon adverfaire, íi ce dieu iui accorde la^yic-
toire- Les Grecs faifoient le méme ufage de reurs
armes , lorfqudis renonpoient a la guerre & aux
exercices militaires. Mais'de crainte que dins des
tems de trouble , des féditietix n en fiiient un
ufage condaninable, on les mettoit hors d etat de
ferrir , en émouíTant le tranchant des epees ,
la pointé des lances, des javelots, 8c en dpta-
chant Ies anneaux ou courroies des boucliers.
t n aéleur, dans les Chevaliers d' Ariftophane, nous
aporend cet ufage ; il s écrie douloiireufement ,
en voyant des boucliers ainíi fuipendus, fans avoir
été dégradés :
Os ¡íst ra>.!¿; i
« Que je fuis malheureux ! ces boucliers font
garnis d’anneaux.
Les armes des Romains : I ufage qifils en
faifoient. Se leur opinión fur "abandon des armes,
étoient les mémes que ceux des Grecs, a quelques
légéres difterences prés relatives á la forme, A
Borne , les citoyens ne gardbient point d’armures
dans leurs maifons. Files étoient dépofées dans
r4RSENALpubIic,appelé^rj2i2OT¿?2Mriü?,v, V oye^
fon article.'Ceíl-la que les féditieux sbrmerent
dans la révoite des Frétoriens,jui arriya au com-
mencement du régne d’Ct'non. i acite («zj?. i. §a.) :
Nam apena armamentario rapta arma , niídati^
g^íadti , itiíídentcs eqais uroem ac ^ ulatium zlli
petíeruTit. Les armes placees <ians I atfenal y etoient
couvertes 8<c renfermees dans des fourreaux.
ílomsre parle de ces fourreaux dans lOdyflee
\A. 12)'.), 8c Céfar {de Bell, civil, il. I4-) ; Cdm
crrr.a vero omnia repof.ta , contcciaque ejfent.
Les foidats romains les portoient ainíi cou-
Á R M
vertss dans les marclies en rems de paix j 3c dsní
les camps, ceux qui n’étoient pas de garde, dé«
pofoient leurs armes dans une tente ou fur des
chariots. lis fe revetoient du fagum , Se fe pro-
menoient ainíi défarrnés dans le camp. L’ordrc
exprés du commandant étoit nécefiaire ponr re-
prendre les armes. 11 y avoit dans chaqué iégion
un foldat prépofé á la garde des armes , appelé
Armorum Cufias .
Lorfque les troupes étoient en marche , chaqué
foldat portoit fon caique pendu fur la poitrine
& attaché á Fépaule droite. De la main gauche
paífée dans le bouclier , il tenoit une iongue
■perche, au bout de laquslle étoit lié un paquet
de fes ufteníiies , coinme on le voit fur la colonne
Trajane. Des chariots fuivoient íes légions pour
porter le gros bag'age 8c les armes de rechange.
On en av'oit établi des fabriques daos chaqué
province & dans les villes les plus voiíines oes
frontiéres.
Le bronze étoit la raatiére ordinaire des armes
romaines. Mais dans les bas-íiecies, on les enri-
chit, 8c elles devinrent un objetde luxe. Trébel-
lius Pollion parle, fous Clauáe ¡e Gothique, de
baudriers id argent doré , 8c de caiques dores. On
y ajouta méme des perles 8c eses pierres pre-
cieufes. Capitolin dit de Áíaxinun, quil fit fabn-
Quer de longues épées argentees & dorees, des
caiques ornés des pierres precieufes, & des oine-
mens de boucliers aaífi recherches; B ecit & fpatkas
argeuteas , fecit etiam aureas , & omnino a^aidquii
ejiis pu-lcritiídmem voffet juvare. Fecit ig galeas
gemmatas , fiecit & huccalas. Claudicn , gAíS le
premier confuiat de Stiiicon , n°. 8,8 , peint un
laxe militaire plus étonnant encore :
Q_uin & fiionias chlamydes , & cingula baccis
AJpera,gemmatafcue togas, viridefquefmaragais
Loricas , galeafque renidentes hyacinthis ,
Gefiatcfque patri capu'ds radiantibus enfes.
On ne peiit former que des conjetures fur
Fefpéce des armes queRomuIus donna a fes iUjvts;
car les écrivains anciens fe taifent fur ce poiiit,
Tite-Live parle des lances dont étoient ornes
les cavaliers fous le régne de Servuis, des epees
8c des boucliers dans Fhidoire de Tarpeia.^ Lenis
d'Halicarnaffe , décrivant le combat des Horaces
& des Curiaces , donne a entendre qiúis etoient
armes de boucliers , d'épées , Se qu iis
couverts entierement dhine forte armure. Qum
Servias établit le Cens 8c diftribtia les Rom-in
en claíTes , i! donna á la preniiére des cmques»
des boucliers, des cuiraífes, des epees,
la feconde & á la troiíiéme , des armes plus
géres ; á la quatriéme , felonTite-Live , une anc
& un épieu j felón Denis une lance, un bouc
8c une épée ; á la cinquiéme , felón le uern
écrivain, la fronde 8c íe javelot; la froime a.
lance felón le premier. Piutarque dit que
A R M
fit fabriquer en fer les caiques dont le bronze
étoit anciennement la matiércj & qu'il couvrit
les boucliers avec des lames de bronze, po'ir
les mettre en état de réfiñer aux lourdes epées
des Gauloís.
Les exercices étoient fréquens pendant la paix ^
& les foldats romains étoient toujours tenus ep
haleine. On exerqcit les nouveaux deux fois
par joutj & les-vétérans une feule. Les chefs
faifoient Texercice avec eux, pour montrer leur
habileté, & pour donner Texemple áleurs troupes.
Le déshonneur étoit auffi grand pour le foldat
romain qui abandonnoit fes armes , que pour le
foldat grec ; les hiíloriens en fourniíTent un grand
nombre d’exemples. Par une fuite de cet atta-
chement pour leurs armes , on brúloit les guer-
riers avec les mémes armes qtfils avoient portees
pendant leur vie. Virgile , {^Mneid. xi. 15)3.) décri-
vant une pompe fúnebre j dit que Ton jeta fur le
búcher les dépouilles que le mort avoit prifes fur
les ennemis , & les armes dont il faifoit autrefois
ufage ;
Hiñe alil Jpolia , occifis direpta Latinis y
Conjiciunt igni galeas , enjefque decoros ,
Frenaque, ferventefque rotase pars muñera nota,
Ipforum Clypeos , & non f elida tela.
Par muñera nota, le poete défigne les récom-
penfes qu'avoit recues le guerrier pour prix de
fa valeur. C'étoient ordinairement des armes prifes
fur les ennemis , que les chefs diftribuoient
aux foldats qui s'étoient diítingaés par leur cou-
rage. Le reñe des armes & des dépouilles des
vaincus étoit brulé en triomphe , ou fufpendu
& confacré dans les temples des dieuXj de Mars ,
de Bellone & de Júpiter Feretrius.
Les foldats accompagnoient le convoi de leurs
camarades ^ en portant les lances renverfées &
les boucliers retournés. Virgile, {Georg. 1. 160.).
Et verjis Arcades armis.
On attachoit encore des armes fur Ies monumens
qu on leur élevoit ^ ou on en fculptoit fur leurs
tombeaux. Les recueils d'infcriptions de Gruter ^
de Muratori, &c. en offrent cent exemples.
_ Aprés la vidoire ^ on ne fe contentoit pas de
diftribuer une partie des armes des vaincus aux
foldats qui s’étoient diílingués, d’en brúler une
autre partie , d’en réferver pour les temples des
dieux, mais on en conílraifoit encore áes tro-
phées fur le champ de bataüle. Pour conferver
la mérnoire de ces trophées ^ ils étoient repré-
fentés fur Ies médailles avec le nom des peuples
vaincus ; ivdaea capta ^ asía recepta &c.
On trainoit encore á la fuite duvainaueurles3rm?.í
renverfées du général ennemi^ & á la poupe du
vaiíTeau^prétorien , Ies ornemens des navires pris
nu brifés dans le combar.
Antiquites , Tome I.
A R M 305
Arma luforia gladiatorum , étoient des lances
fans fer , & des bátons appelés rudes,. On s’en
fervoit dans les exercices des gladiateurs. Les
armes véritables s’appeloient , par oppoíltion ,
arma pugnatoria ou decretoria.
Armes des Barbares^ De méme que les fculp-
teurs anciens donnoient touiours aux peuples
barbares un habillement différent de celui des
Grecs & des Romains ; de méme auíS avoient-iis
confacré par l’ufage , des armes particuliéres pour
les faire reconnoitre. C’étoient ordinairement des
boucliers trés-longs, 8c chargés de fymboles ex-
traordinairesj des épées fort iongues 8e courbées
comme les cimetéres moderneSj des caiques re-
courbés en forme de bonnet phrygien , ou ce
bonnet luí - méme , des maíiues de toutes Ies
formes , 8ec. Nos fculpteurs n’ont point fak
attention á cette difrérence ; ce qui jette fouvent
de I’obfcurité fur leurs compofitions.
Armes des Gaulois. Procope , fecrétaire du
fameux Bélifaire, parlant de Texpédition que les
Franes firent en Iralie fous Théodoric l, roi de
Ja France-AuíJrafienne ^ fait une defeription de
leurs armes Sc de leur maniere de combattre , qui
a beaucoup de rapport avec ceile qu’en avoit
faite j plulieurs années auparavant^ SidoineApol-
linaire : ils ne portent , dit Procope , ni are ni
fleche^ mais un boucliers une épée Se une hache.
Le fer de cette hache eft trés-Iourd, & a deux
tranchans; le manche eñ de bois^ 8c fort court.
Au premier íignal du combar ^ Se des que les
armées font aíTez rapprochéesj chacun lance fa
hache contre le bouclier de celui qu’il atraque j
& le brife. II met enfuite l’épée á la main^ fe
jette fur luí & le tue.
Les Gaulois j ou plutót les Franes, n’avoient,
du tems de Procope , que trés-peu de cavaliers ,
qui fe tenoient auprés du roi. Les cavaliers feuls
portoient des javelots.
ARMIGER. Voyez Egüyer.
ARMILAUSA, efpéce de fagum militaire, que
les foldats mettoient fur leurs cuiraíTes. II ne
defeendoit pas au-delTcus du genou. Maurice.,
{in Strategieis) l’appelle 8c Ilidore
( 19. 2.1.) derive fon nom ¿armiclaufa, fermá
fur les hanches. II I’étoit en efrer & s’ouvrok par-
devant 8c Dar-derriére : Armilaufa vulgo vocata ,
qubd ante & retro divifa , atque apena eft y in
armas tantiim claufa , quaft armiclaufa. Voyez
Sagvm.
ARMILLiE. Voyeti Brasselet, Geste, Coi-
LIER Se PÉRISCÉLIDES.
ARMILLU3I, vafe dans lequel on mettoit le
vin deftiné aux facrifices. (IJidore).
ARMILUSTRE oa Armilustrie , féte que
célébroient Ies Romains dans le champ de Mars,
le jour d’oétobre. lis offroient un facrifice
Qq
5o6
A R M
po!ir l’expiation des armeeSj & pour la prGfpe-
rité des armes du oeuple roraain. Les troupes
cui y affiftoient , faifoient le tour de la place
sVec leurs armes. Cette féte étoit diftinguée des
Anciles en ce que Fon fe fervoit de la ñute dans
celle-ci j & de la trompette dans celle des Anciles ;
&Qu'á cette derniéreF, on n étoit armé que du
bouclier. , , ■ ■
On regardoit cette féte comme une héneiiciion
des armes , i-a/.cx.aiáono'i. Les Atneniens 1 avoient
pratiquée les premiers.
ARMÍLUSTRÜM, étoit l’endroic de Rome
®ú fe faifoient les facrifices de FArmiluftre. On
fait qu'il étoit dans la región du mont Aventin;
mais on en ignore la íituatíon precife. Plutarque
dit que Romuius fit élever uq tombeau a Tatius
s.iiprés de X armilujlre . Ce tombeau fat place cians
le faois de laurier du mont Aventin:, appelé Lau-
retum , & remplacé par des maifons au tems de
Denis d'Halycárnaffe'j peut-étre anpres de Fen-
droit oú eft aujourd'hai Féglife de Saint-Alexis.
On trouva , en efret ^ il y a deiix cens ans j 1 inf-
cription fuivante dans Ies vignesqui lentourent.
-SACRUM MAG. VICI. ARMILUSTRI.
ARMILYA^ furnom de Minerve,
ARMOIRE, armarium. L’ufage le plus remar-
cuabíe de ce rneiit>le chez Ies Rcmains ¡ étoit
de renfermer les portraits des aneétres , & les
livres. Le premier ufage étoit fondé fur la mol-
JeíTe de la cire^ dont ces portraits étoient faits.
Elle fe décoloroit par le contaél habituel de
Fair j de la poufliére , & fe brifoit au moindre
choc. Le refpeér pour ces portraits les faifoit
eneore renfermer dans les armoires. On ne les
ouvroit que dans les jours de fetes ou de réjouif-
iances. Yopifque, {in F loriano , c. é.). i Señalares
omnes ea luitia funt elati ,, ut imagines frequentes
aperirent. Ceux qui avoient été accufés de quel-
que forfait j & dont Finnocence avoit été publi-
quement reconnuCj ouvroient auffi les armoires
qui renfermoient ces portraits chéris. Cicerón:,
'plaidanr pour Sylla, nous Fapprend : Nam ipfe
quidem fi erit vefiro judicio liberatus , qu& hahet
ornamenta i qu& folatia reliquA vita, quihus latan
& perfrui vojftt .? Uomus , credo , erit exórnala ,
eperientur majorum imagines.
Les bibliothéques des Romains étoient com-
pofées a armoires , dans lefquelies on plaijoit íes
íivres ou rouleaux, & on les diftinguoit par des
nombres divers. Vopifquej (in Tácito, e. S.)
dit que la bibüothéque Lipienne avoit un iivre
d’ivoire dans la íixiéme armoire : Habet biblio-
tkeca Vlpia in armario fexto Ubrum elephan-
tzntim.
Le préfet ou gouverneur de la Theba’ide avoit
dans fon veftibulej pour marques de fa dignité:,
-deux petites armoires peinteSj avec les íymboles
-des deux empires, d’Occident & d^Orient. Cette
ermoire double rappeioit ces deax e-mpiresj 8c
A R N
pour exprlmer leur reunión Sr la concorde qui
régnoit entr’eux^ les couvertures des volumes
qui étoient peints dans la capacité de ces armoires ,
étoient chargées d’ornemens _ entiérement fem-
blables. Ces ornemens défignoient par leur nature
la dignité du préfet. Lorfqu il étoit décoré du
titre ¿" illufire on voyoit fur les couvertures le
portrait du prince en or. Quelquefois des bandes
d’or ou d’argent rempla^oient cette effigie. Les
deux vicaires 8c. le primicier des^ notaires met-
toient d autres marques de leurs dignités fur ces
couvertures de livres. Les deux armoires qui pa-
roiíFoient renfermer ces livres, peints ainíiquelles,
portoient pour amotriffement deux génies ailés,
vétus de longues tuniques- de pourpre , agenouil-
lés , foutenant un médaillon rond avec^ le por-
trait d’une femme, au-deffus de laquelle étoit
écrit : DIVINA providentia , pour défigner
Fempire d'Orient , 8c divina electio pour
celui dOceident.
ARMORUM cutos. li y avoit dans chaqué
legión un foldat prépofé a la garde des árrnes
que Fon dépofoit dans une tente , 8c que 1 on
voituroit fur des chariots , dans les marches. Os
voyoit á Come Fépitaphe fuivante t
V. F.
C, VIRIUS.’~SABINUS. VETERAN»
ARMORUM. GUSTOS. LEG.
XIII. &EM. MARX- VICT^
D. M.
Armoh-um ntdgífter , reñor , trilunus , etoit
l'infpecfeur des arfenaux. II fournilTo’t aux troupes
les armes, les retiroit aprésla guerre , ^
foit fabriquer de nouvelles dans les m.anuraaures
d'armes des différentes provinces de FEmpire..
ARMüRE des jambes. Voye^ Jambes,
ARNA, en Italie. arn. asi.
Op^ a une médailFe impériale latine de cette
ville , ñ-appée en Fhoíineur de Trébonien-Galle
qui a été attribuée , mal-a-propos , á Arna de
Thefíalie.
ÁRix.i Fortuna. La .Fortune avoit un
célebre fur les bords de X Arnus , aujour _«ui
XArno. II en eft fait mention dans une inícrip-
tion publiée par Muratori, {Tkef. infer. ijoJ-
ARNÉ , filie de Fifle de Sithone , ‘
fá patrie pour une fomme d’argentj les
Fen punirent, en la changeant en chouette, oi w
qui conferva, dit Ovide, aprés fon changemdn >
la méme paííion pour Fargent.
ARKÉE. Foyei Jeux.
ARNODES. Les Crees donnerent ce nom a
ceux qui alioient dans les feftins 8c dans les a
blées réciter des vers d'Homéje- Ls
a la main une branche de launer. On
loit aUÍU Rkapfodifies on BJiapfodes. Leu^
A R P
étoir compofé de aS'y, , ckant , & ¿Lapa , agmiiji,
animal dont on leur donnoit quelque porción
pour les récoiupenfer.
ARNUS, fameax devine, étant alié á Naupaéte ,
Hyppotés j petit-fils d'Hercule , crut qu il etok
un efpionj &le tua.AuíG-tdtla pefte commenca á
ravager le camp desHéraclides; Toracle confuiré ,
répondit qu’Apollon vengeoit , par_ ce fleau , la
mort de fon devin; que pour appaifer ce dieii,
ü falloit bannir le meurtrier , & établir des jeux
fúnebres en Thonneur d’Arnus; ce qui fut execute.
Ces jeux devinrcnt fort célebres dans la fuete ,
fur-tout á Lacédémone.
AROMATITE , pierre précieufe, dit Gorrsus,
d'une fubílance bitumineufe, reiTemblant, par la
couleur & l’odeur , á la myrrhe , que les Grecs
appeloient par excellence , & que l’on trou-
voit en Egypte & en Arabie. Si cette prétendue
pierre précieufe rfétoit pas de l’ambre ou de la
cópale , nous ne voyons aucune fabftance dans
les trois régnes de la nature , á laquelle fa def-
cription puiífe ^convenir.
Aromatites, liqueur aromatifée. PHne dit
qu’on faifoir infufer dans du moúr ou du vin
doux, des pañilles de myrrhe , de nard, de fuere
ou de caíTe,’ calamus , & d’afphalte. Cette liqueur
s’appeloit aromatites.
ARONDEL. (marbresd’) Voye^ Arundel.
AROTES , fyracufains de condición libre , que
la pauvreté réduifoit á fervir leurs concitoyens.
Ce' mot viene d'áaoVsí , laboureur ; parce que fans
doute le labour étok , dans un pays auíTi fertile
en b!ed que la Sicile, Foceupation ordinaire des
-aiercenaires.
AROURE, pléthre, verfe, beth-féah, mo-
dios , mefure géodérique ou gromatique de FAíie
fe de fEgypte. Elle valoit , en mefures de France,
ililt d’arpens; elle valoit, en mefures anciennes
des mémes pays, a focarions, ou 6 beth-cabs, ou
14 beth-robs, ou 100 décapodes carrees, ou
ifoo coudées facrées carrees, ou 10000 pieds
géométriques C3.rrés. (^Métrologie de M. Paucion).
ARPA ou. Arpha , divinité dont il eíl fon-
vent parlé dans la vie de'S. Pocín , qui fouffrit
le martyre fous !e régne d’Antonin-Pie. Bollandus
dit que c’eíl une des divinités fubalternes , ap-
-pelées par les Romains DU minprum geiitium, de
laquelle nous n'avons aucune eonnoiiTance. Elle
fe trouve fouvent jointe dans ces acles á Júpiter,
a Ariane & á Mínerve.
ARPAGE, ou mieux Harpage, Arpagus.. Ce
mor, dans les inferiptions , ou il eft ordinaire-
ment écrit avec une h , déSgne un enfant mort
au berceau , ou du moins dans fa plus tendre
jeuneíTe. Il eft formé du grec a-p-sra^a , ]e ravis ,
j enlsve. On le trouve employé dans Pépitaphe
U un Marcus Áurélius Fauííinus, mort a l’áge de
fieuf aas áeux mois & treize jours , qui a été
A R P 307
trcuvée dans Ies Gaules, ou Fon parloitle grec
corrompa :
D. M.
ET, MEMORIAE. AETERNAE
FAUSTINI
Í.Í. AURELII. INFANT1S. DULCIS
SIMI. EX. INCOMPARABILI. QUI
VIXIT. ANNIS. VIIII. M. II. D. XIU
QUI. SIEI. ANTE. MORTEM. RO
GAVIT. QUAM. PARENTIBUS
SÜIS. C. JÜL, MAXIMUS. FILIAS
TRO. ET. AURELIA. FAÜSTINA
MATER. UNICO. FILI.l. DESO
LAT. P. C. ET. SUB. ASCI/i.. DEDI
CAVERUNT., MULTÍS. ANNIS
VIVAT. QUI. PIXERIT. ARPAGI
TIBI, TERRAM. LEVEM.
JJafeia eft grayée entre les figles d- m. Gruter
{pag. (382, 9.) a rapporté cette épitaphe, que
l'on voyoit á Lyon , au prieuré de Saint-Irénée.
Les Romains ne faifoient point de funérailles
aux arpages ou enfans mores au berceau. On ne
brúloit point leurs corps, & on ne leur dref-
foit ni tombeau ni cippe chargé d'épitaphe ; de-Iá'
vient que Juvénal dit ddn enfant mort á cer
age :
Terra clauditur infans
Minar igne rogi.
Dans la fuite cependant, on brála Ies corps
des enfans qui avoient vécu quarante jours , & a-
qui ilavoitpouíTéquelquesdents. Cesmortsétoient
appelés arpages ou enlevés. Eufeathe nous apprenJ
que c’étoit ;a coutume des Grecs , de ne célé-
brer Ies funérailles des enfans, ni pendant le jout
ni pendant la nuit, mais au lever de Faurore ,
au moment qui precede le lever du foleil ; parce
qu’ils appeloient la mort de ces enfans le rapt
dujour , H'fczpuí ípTsay\. lis donnoient á entendre
par cet euphémifme , que Faurore les avoít en-
levés pour jouir de leurs innocentes careíTes 5 &C
fur le bas-relief d’un tombeau qui eft au capitole,
on voit FAurore enlevant un enfant, auquel le
monument étoit fans doute confacré.
ARPEDONAPTES, furnom des prétres égyp-
riens. Démocrite , cité par S. Clémént d'Alexan-
drie, (Stromat. i.) défigne par ce nom ces prétres
égyptiens verfés dans toiites les íciences, & dans
la Géométrie en particulier. Jablonski le derive
d’un njot compofé de trois racines de la íangue
cophte , Fancien égyptien , qui veulent dire de
r ordre des fayans.
ÁRPÍ , .en Italie. APnANGN. apiianot.
Les rnédailles autonomes de cette ville font :
RRRR. en argent.
Rren bronze.
O. en or.
Sés types ordinaires font : Un cheva! courant.
—Un taüreau comupste. — Ün fanglier conrant.
Q q
a''p?a<í OS:, fMs couture. Teis étoient les man-
teanx des Roniains , qui n avoient ni coutures
ni plis ¿dices, lis confiftoient dans une lonpe
piéce de drap , portant de largeur la nauteuir d un
homme de taiile movenne , dans laquelle on s’en-
veloppoit tout le corps & la tete meme, lorf-
que *ron facrifioit 5 ce qui a été pris ^ mal-á-propoSj
pour un voile.
ARRESPEX , pour Arufpex > fe trouve dans
quelques inferiptions. ,
ARRHÉPHORIES, , féte des Athe-
niéns. lis la, céléfaroient ^ felón Harpocration
Suidas & rÉtymologiíle en^ Thonneur áe Mi-
nerve & de Herfé^ íille de Cécrops : ceíl pour-
quoi elle a été appelée fouvent Efo-sfipsc'*
Son premier nom eíl une fyncope á.yf'i-
Tcqi'dfía , qui vient de (pkDn ,je pone , &: ae
une chafe fecrete , myfiérieufe. Quatre leunes fi-les
d’une naiíTance illuftre, ágées de moins de onze
ans, portoienc ces chofes myíterseufes, pre-
noient le nom i’áfypófci- Elles etoient vetues de
robes blanclies , ornees de bandes d or. Deux
d^entr’elles travaülolent au peplum de Mmerve. On
lear fervoit un pain & des gáteaux pétris a une
maniere particuiiére, appelés yní-cv 8c ¿vácaTci. Dans
TAcropole, on leur avoit confacré une grande
falle , ou étoit placee une ílatue équeftre dlfocrate
( Plut. in líocr. ) en bronze.
ARRHES, arrk4í. Nous ne parlerons pas des
errkes que Pon donnoit _ dans_ les marches:
elles appartiennent au D’ítionnaire de Jurifpru-
dence. Celles qui compoferont cet árdele, etoient
d’ufage dans les mariages des Orees & des Ro-
mains , 8c en formoient proprement la ceremonie
que nous nommons aujourd’hui jían/az'/Ax.
Le futur donnoit ces arrhes á la fiancée , ou
aux proxénétes ; de- la vint qu’on appela les^unes
Proxeneíics. & les autres Sponfalhis.. C& Aétoit
pas toujours une certaine fomme qui portoit le
nom á’ arrhes ; i! sAppüquoit plus fouvent encore
á Tanneau de mariage, annuias prónubas. Capi-
tolin (jn Maximino jun.') nous a conferve le de-
lail des objets qui étoient compns fous le nom
¿arrhes , &c que Pon défigne aujourd'hui fous
celui de corbeille : Defponfata lUi erat Jutiia. Pa-
dilla , pronepús AntorJei. Manferunt apud earn
arrhjL regis. , qus tales fuerunt. Monolinum de albis
novem , reúculurn de prafinis undecim , dextfoche-
rium Cíim coftula ( mieux copula ) de kyacintkis
quatuor , pr&ter vefies auratas & omnes regias ,
c&teraque infigiua jporfaliorum. « il etoit flanee
avec Junia Fadiila arriére-pente-Slle d’ Antonio,
a qui les arrhes reftérent. Elles conliftoient en
un íil de neuf perles , une coerfure de íilet ornee
de onze émeraudes, un braííélet avec une agraffe
de'quatfe hyacinthes , un grand nombre d'habits
dorés , dignes d’une reine , 8c enfin en toute
forte de préfens que Pon donne ordinairement
aax Sancées. »
On voit par ce détail, que les arrhes étoiect
A R R
des ornemens 8c des bijoux á Pufage des femmes.
Ceft pourquoi Héfychius appelle du nom général
arrhes , áfaStsuaKa , díÉférentes efpeces de col-
liers. Les Romains y aioutérent des clefs j nous
en verrons la raifon á Particle Clef_.
L’origine de cette coutume venoit des pre-
miers tems du monde, ou le mané, difoit-on,
achetoit fa femme á prix df argent , 8c la femme
payoit une dot á fon époux , pour Pacheter á
fon tour. Plaute nous Papprend de la dernicre,
(^Afinar. I. I. 74- ) :
Imperium accepi , dote lihtrtatem vendidi.
«Je me' fuis foumife au joug, & en recevant une
dot j'ai vendu ma liberté. « Virgile dit du mari ,
{Georgi. i. ^i.) ■.
Teque fibi generum Thetys emat ómnibus unáis,
«Thétis acheteroit, au prix de toutesles richeíTes
des mers, le bonheur de’vous avoir pour gendre.»
ARRIA, famiUe romaine dont on a des mé-
dailles :
RRR. en or.
RRR. en argent.
RRR. en bronze.
Les furnoms de cette fainille font : Pzarr
GRINl’S , SeC'JSÍDVS.
ARRIPHÉ, une des compagnes de Diane,
nym.phe d’une grande beauté , fut violée par
Tmolus, dans le temple de Diane. E". Tmolus.
ARROSAGE- F. Canal.
ARROTINO , remouleur. C'eft le nom que
donnent ordinairement les peíntres Sí les l^culp-
teurs á une ftatue antique de la galerie de t ¡o*
rence. lis Pappellent encore Rotatore, d ou on
a tiré le mot Rotateur. On a cru Se raconte long-
tems que cette ñarue de marbre grec , reprefen-
toit un efclave oceupé, en apparence, a aiguuet
un couceau , mais prétant une oreille^ attennve
á une converfátion de pluíieurs conjures reunís.^
Léonard Agoftini, cité par Gronovius , avoit
trouvé cette explication ridicule. H croyoit re-
connoitre le fcythe chargé par Apolion d écor-
cher Marfyas, Se penfoit que cette ílatue avou
fait partie autrefois d’un grpupe ^ reprefentan
le fupplice de cet audacieux rival d Apoiicn. p
barón de Stofeh en fut perfuadé, lorfqun ^cqur
Ponyx déctit par Winkelmann (el. z , ’;»¿s
y voit Marfyas pendu á un arbre , 8c á fes P'"-
le fcythe agenouillé, qui aieuiíe un ccutepupo
Eécorcher. L’attitude 8c Tair de ce
Ies mémes que ceux de X Arrotino, 8c du , =:t
que peint Philoñrate, dans fes images, ior o
décrit ce fupplice célebre dans la FabiC.
On remarque encore la méme atntude
mémes traits de vifage , confacres par les anc u
artilles á déíigner les peuples barbares ^ ,
bas-relief de la ville Eorghéfe ,
M-onum. ineditl , n°. 4Z, 8c fur le bas-re !£ ^
tombeau de S. Paul , hors des murs de Rom-
A R S
eft done démontréj par la reunión de ces trojs
inonumens;, que le pretenda rémoulear eft ¡e
fcyrhe chargé d exécuter la rigoureufe vengeance
du dieu de ¡a Mufique.
APdiUGIA. Pline (^3. 4-) dit : Aurum arrugia
quSjituTn non ccquitur , j¿a flatim faum cfi. II parolt
que Pline avoit en vue daos ce paíiage I’or natit
que Pon troiivoit á la furface de la terre , ou á
de trés-petites profbndeurs, & qui fervoit anx
arts fans aveir été puriíié par une^ fuíion préli-
minaire ¡ cotume Per cui etoit mele ou combine
avec d’autres fubííances métalliques.
ARRUNTIA, famille romaine coüt on na des
inédaüies que dans Goltzius
ARSACE rai des Parthes. BASlAEas.
APSAKOT.
Ses médailles font:
RRRR. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
Arsace Ií, Tiridatej roi des Parthes.
Ses médailles font :
RRRR. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
Arsace Mithridate I, roi des Parthes.
Ses médailles font :
RRR. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
Arsace VII^ Phrahate II j roi des Parthes.
Ses médailles font:
RRR. en argent.
Ó. en or.
O. en bronze.
Arsace IX Mithridate II, roi des Parthes.
Ses médailles font:
RRR. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
Arsace XI, Sanatroéce, roi des Parthes.
Ses médailles font :
RRRR. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
Arsace XII , Phrahate III, roi des Parthes.
Ses médailles font ;
RRRR. en argent.
O. en or. ,
R. en bronze.
A-Rsace Xilí j Mithridate III, roi des Parthes.
Ses médailles font : -
RRR. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
Arsace XIX, Artabane líl, roi des Parthes.
Ses médailles font :
R. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
A R S 30^
Arsace XXI , Bardana , roi des Parthes.
Ses médailles fcac :
RRRR. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
ARS.4.CE XXV j Chofroés , roi des Parthes.
Ses médailles íbnt :
RRRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
Arsace XXVI, Vologéfe II, roi des Parthes.
Ses médailles font :
RRR. en argent.
®RR. en bronze,
O. en or.
Arsace XXVIII, Vologeíe II I, roí óes
Parthes.
Ses médailles font ;
RRRR. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
Arsace XXIX , A.rtabafie IV , roi des Parthes,
Ses médailles font ;
RRRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
ARSAPHES, A'f furnom donnéaOliris
par Plutarque {de Ifide 6* Ofiri.) Ce mot eft une
corruption du nom du patriarche Jofeph , felón
les interpretes, qui, á Pexemple de Bochart, ont
cherché á expliquer la fable & rhiftoire ancienne
par les livres des Hébreux. Mais Jablonski en a
cherché plus naturellement rorigine dans la langue
cophte , rancien idiome des Egyptiens. II a trouvé
un mot compofé de deux racines , qui fe pro-
noRce á trés-peu-prés comme Arfaphes , & que
les Grecs auront rendu par A’¡>craq)Kí. Ce mot
cophte veut dire caufe de la génération , to airtat
r'íí yivítnens-, & il eft relatif á la confortnation parri-
cuüére de certaine's ftatues d'Ofiris, qui offroient,
felón Plutarque, {mime traite^ le caraétére dif-
rinírif des ftatues de Priape chez le-: Romains.
ARSE VSS.SS. Les Romains, fuperftitieux a
Texcés, écrivoient ces deux mots fur les mu-
railles de leurs maifons, pour les préferver^des
incendies. Feftus les explique par Pancien idióme
étrufque , dans lequel iis ligniíioient , ecarte lefeu :
Averfe verfe , averte ignem fsgnificat. Tufeorum
enim lingua arfe', averte ; verfe ignem conjlat ap~
pellari : unde Afranius ait : inferibat aliquis arfe
verfe in oftio. Füne (28 2.) fait mentipn de cette
ridicule fuperñition : Etiam parieres incendiorum
deprecationibus corferihuntur.
ARSEjNAL, magalin d’armes. Les Romains
en avoient formé fur toutes les frontiéres de leur
Empire. Ontrouva en 1520 Pinfeription qui étok
nJacée fur celui que Pempereur Sévére avoir fait
conftruire au bord du Rhin, fur le bras du milieu.
310 A R S
prés de tnsr. Elle cí^ conísrvcc cans lliotSi de j
WaíTenaér á Amíkrdarn : |
IMP. CAES. L. SEPTIMIUS. SEVERUS
aug. ex. M. AURELIUS. antoni
KUS. CAES. COH. XV. YOL- AP.MA
MENTARIUM. Y'ETUSTATE. CON
LAPSUM. RESTITUERÜNT. SUB
VAL. PRUDENTE. LEG. AU- PR- PR.
CURANTE. CAECIL. BATONE. PRAE.
^Uarfcnal de Rome étoit place dans la feconde
región, celle du mont Ccelius aiiprés du temple
de la Terré.
ARSENIC. Diofcorkle femble avoir donné le
noni ¿'arfenic á deux fubftances que nous appe-
lons orpiment i arfer.ic fulrureux de couleur citrine,
réulgur y arfenic ruitureiix rouge en anaio^gie
par la couleur avec le fandaraque. TTteophraíte^,
Gallien, Celfe & Pline ,_parlent aufli de l’orpi-
ment que l’on emplopoit dans la compolition
des couleurs. Le fandaraque des anciens etoit
íaftice; c’eft-á-dire , que pour Fobtenir, ils fai-
foieut rougir aii feu , dans un^ creufec, 1 orpi-
rnent natif. 11 ne paroit pas qu ils connuílent le
réalgar natif.
A.RSINOÉ , filie de Nicocréon, rqi de Chypre,
fut aimée paíEonnément par un jeune nomme
de Salamine, nomraé Arcéophon, qui mqurut de
chasrin de ne pouvoir Fép.oufer. Cette princeíTe ,
¿it la fiable , fut punie par Venus , qui la changea
en pierre , parce qu’elle avoic eu le cceur aíTez
dur pour voir d’un <xil lee Ies funeradles de ce
inalheureiix amant. C’eíl Antoinq Liberalis qui
rapporte cette fiable ; elle reffemble fqrt a ceile
d’Anaxanete & d’íphis , que nous Hfons dans
Ovide.
Arsinoé. Voye^ Alcmeon , Callyrkoé.
Arsinoé, vílle d’Egppte, fituée pré? du lac
M-oeris, ou Ton avoit un grap.d refpecl pour les
crocodiles : on les nourriíToit avec foin j & apres
leur mort on les embaumoit, & on les enterroit
dans les chambres fouterreines du labyrinthe.
Cette vílle a fait firapper des médailles impe-
riales grecques en rhonheur de Trajan & d Ha-
drien , avec les légendes : apcinoithc & ap-
CiNOITÍiN.
Arsinoé, dans la Cyrénaique. Apsr.
Les médailles auconomes de cette vílle fotxt:
RRRR. en brome. (Pellerin}.
O. en or.
O. en argent.
Arsinoe , en Créte. APSi.
Hunter poffédoit une médaille autonome de
broiize de cette ville, felón M- Combe. Eckhlel
en a, publié une autre; eiles font': RRR.
APvSINoé , filie de Pcolomée Lagus , époufa
Ptolomée Phrladelphe. fon firtre ; étant morre
ílsrt jeune , fon mará voulut en conierver la
A R T
mérr.oire á la poíterité , & il fit bátir^un temple
en fon honnear. L'architedte Dinocréte projeta
de conñruire les muraiiles de ce temple avec des
pierres d'aimant , pour fufpendre en l'air la ñatue
¿’ArJinoé y qui étoit de fer doré. Mais il mourut
avant d’avoir achevé ion ouvrage ; & Pline dit
que la voúte feule du temple fut faite en pierre
d’aimant. , , ,
Arsinoé , femme de Ptolomee Fnnaaelphe,
roi d^Egt'pte. AFS1NÍ1H3, <¡>iaaaeá<1:ot.
Ses médailles font :
RRR. en orj ce font pour la plupart des mc-
daiüons.
RRR. en bronze.
O. en argent.
ART sacerdotal. C’eft le nom que don-'
noient les Egyptiens á ce que nous appelons»
aujourd’hui Pkilofopkie hermétique : cet art con-
fiiíloit dans la connoiíTance parfaite des procedes
employés par la na.ture dans la produéiion des
mixtes. Cachee fous i’enx^eloppe des hiei.oglyphes
& des termes les plus myftérieux , cene fcience
étoit une efpéce d’origine , dont on donnoit le
mot á ceux-lá feulement qui , par une epreuve
longue & pénible , s’étoient rendus dignes d erre
initiés á de fi grands myñéres. _ Le fecret eioit
ordonné aux prétres , fous peine de morí : u
ne fe communiquoit que dans le fancmaire. Vti
aiTuroit méme que Pythagore avoit fouftert la
circoncifion , pour y étre initié. fCei article ejt
de Véditeur du. Suppl. de L Encycl.j
Art MnéJvIONique. Voyei ce mot. _ ^
ARTABE, artabay mefure de capacite de
P 41Ie 8c de i'Egypte. Lh Epkap pour les folidss,
& Ephad pour les liquides. ^ _
ARTAVASDE, roi des roÍ5, roí d'Arménie.
aptayas.
Ses médailles font :
RRRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
Artavasde.
Artavac-dus Augustus.
Ses médailles font; ^
RRRR. en or. 11 eíl au reyers de Coprcaym—
O. en argent & en B.
La médaille d*or ¿"Anavafde n’eft connue que
dans le cabinet du Roi. Comme Artavajde^
.reprefenté au revers de Conñanti.n
' íl faut , puifqu’oíi a gravé leurs retes lUi-
méme piéce de monn-oie , qu’ii y ait en eU'-*
eux une tréve dont Fhiítoire n a pas parle.
ARTÉMIS eft le nom grec de Diane
kquel elle emir adorée en plufieurs endroits
PAíie-Mineure Se de la Crece. ^ .
ARTÉMISIES , fétes en Fhonneur d’Artétms^
Diane. On les célébroit dans plufieurs en to ^
de la Crece , mais prindpalement á
viéiime immolée dans ces fétes étoit un po
A R T
ar-r-cié Mulíus , peur-étre le barbeau cu íoügtt.
CcTT.mc on crovoit (^Atiien. Deipn.^ 7.) qu íl chaf-
loit & mangeo'it le poiíTon appelé liévre-marin ,
en fuppofoit q’j il devoit erre agréable á la déeíTe
de la chaíTe. £es Syracufains céiébroient auíTi des
Artémifies pendaiit trois jours , en fe livrant á
Ja jcie & aux feí'tins.
ARTÉMISIÜS , nom d’un mois des anciens
Grecs. Cétoit le íepnéme mois de 1 annee chez
les Macédoníens , en Áíie j, a ^ Ephefe , a Per-
game , &c. chez les Syro^Macedoniens ^ les Tv-
riens , les Sidoniens , les Lyciens. Cnez les Lace-
détr.oniens & les Corcyréens , c’étoit le fecond
jr.ois de Fannée^ & il répondoit a-peu-prés au
mois de février. Chez Ies auires peuples nommés
plus haut ., il répondoit au mois de mai , de juin
ou de jüillet, felón qu'ils commem^oient l’année.
Doodwel , de Cyclo , &c.
ARTÉMON. Les Romains donnoie^cé nom
aux petites voiles qii’ils ajoutoient au^%randesj
poar prend>.;e plus de vent. Sckejfcr, de re navuli.
ARTÉRÉOTOMIE. Cetre opération eft dé-
crite dans les médecins anciens grecs & arabes.
Eüe coníiíte á ouvrir Tartére plutbr que la Veine^
dans certains cas preífans.
ARTES, Xorhí , r.n des noms qiie les Egyp-
tiens donnoient á Mars^ planéte- On fait qué
chacune des fépt plañeres portoit en^Egypíe trois
noms différens. Le premier délignoít la divinité
á laquelle elle étoit confacrée ;■ le fecond l’in-
fluence qa’on lui attribuoit , & le trotíiéme la
couleur avec laquelle on la voyoit briller au
firmament. Les peuples du Nil appeloient Mars ,
1°. rétoile d^Hercule, & 2°. Artes ou Ertofi, que
Jablonski croit étre le méme mor cophte , figni-
fiant qui a la forcé générative & qui la commu-
jiique.
ARTIFICES fcmici. Gruter , (331. C.Tkef.
infer.) revu par Gríevius , rapporte Tinfcriptlon
fuivante :
M. ULPIUS. AUG. LIE. APOXAUSTUS
MAXIMUS. PANTOMIMORUM
CORONATUS. ADVERSUS. HISTRIONES
ET. OMNES. SCAENICOS
ARTIEICES. XII.
Ce mot exprime colleíiivement tous ceux qui
avoient paru dans des jeux. 11 cñ fynonyme de
Foye^ ce mor.
ARTIMPÁSA, nom fous lequel les ScyrR^
adoroient Vénus-Céleñe , felón Hérodote , ( in
M.elpom.') Origéne (/¿¿. 6 , contra Celfum) cite ce
paíTage d’Hérodote ; máis le texte ell coryompu
tlans les éditions d’Origéne ; car on y lit A'pyífe- •
•rry-c-cí , au lieu de a’ pTífi-PTíCíTCS. Cetre maniere de
lire eft prouvée par Finferiprion fuivante , quoi-
que tronquée, rapportée dans Héfychius ;
AII nATPIQI APTi : CASA,
A R T 311
ARTlSSELLIüM. Ce mot latín ne fe trouve
que dans le fragment de Pétrone, trouyé áTrau en
Dalmatie, de forte qu"on ne peut Fexpliquer que
par analogie. Dans le paíTage oú il eít employé ,
il eft queftion d’un efclave qui , ayant épargné
tous les jours qftelques parties de fa radon, en
avoit amaíTé un medique pécule , á Faide duquel
il avoit acquis en toute propriété artijfellium &
duezs trallas. Tra/Zí étoient des vafes dans iefquels
on mettoit le vin 5 peut-étre q\i artijfelliam étoit
im garde-rhafiger deftiné á renfertner le psin. I!
feroit derivé alors ¿sro rS ¿ora , du mor grec qui
fignifie le pain,
ÁRTISANS , ouvriers qui profeíTent Ies arts
méchaniques. lis étoient réiinis á Rome en difté-
rentes corporations ou colléges, & oceupoient
certaines rúes , auxquelles ils donnoient leurs
noms. Ces colléges fe choiliíi'oient un homme
puiíTant pour patrón , & celui-ci les protégeoit ,
foliieitoit leurs procés & défendoit leurs inté-
réts. íls avoient des divinités , des fétes , des
temples, des facrifices particuliers. Souvent les
artifans , en quittant leur méder , faifoienr á leur
divinité particuiiére une oíFrande des inftrumens
de leur profeílion.
- Qüoique la condition des anifans fúr a Rome
rñoins coníidérée que celle des marchands , i!s
étóient cependant citoyens , & donnoient leurs
fufffages dans les comices. C’eñ pourquoi nous
voyons Cicerón revenu de Fexil , fe féliciter de
ce que Ies fuffrages de toas les ordres de citovens ,
8c ceux des colléges ¿tartifans , avoient áécidé
fon rappel , {pro Domo ^ c. 2S.) : Nullum eft in,
hac urbe collegium , quod non ampliíftme non modo
de faliite mea , fea etiam de ¿igniíate decreverít.
Foye^ Colléges.
Les profeílions des artifans avoient été regar-
dees d’un autre cei! par les Grecs. Jaflies appré-
ciateurs des talens , ils les honoroient , dans
quelque rang que le fort les eút places. Tout
artifin qui excelioit dans fa profeíTíon , pouvoir
fe flatter en Crece de voir fon nom immorta-
lifé, comme celui des plus hábiles artiñes. .Auffi
la demande que les Crees faifoieat aux dieux
avec le plus d’ardeur , étoit de faire vivre leur
mém.oire' dans le fouvenir de la poítérité. Héro-
Gote nous a confert'é les noms & de celui qui conf-
traiílt un aquéduc dans Fiíle de Satnos, & du
charpentier qui fabriqua- le plus grand vaiíTeau
dans la méme iíle. Nous connoiíTons encore le
nom d’un fameux tailleur de pierres, qui fe dif-
tingua dans l’art d’orner les colonnes : il s’ap-
peloit Architelés. Athénée parle de deux tifie-
fands ou brodeurs , qui fireiit le manteau Ge la
Pallas Poliade á Athénes Pluíieurs écrivains céle-
bres font mention de Perón , qui compofa des
parfums exquis. Platón a immortalifé , dans fes
terirs , le boulanger Théarion , á caufe de fon
habüeté dans fon art , Se Saratnbus , fameux
A R T
aubereifte. On érigea dans Hile de Naxos , des
ftatueS á un ^rtifan , qui donna le premier la
forme de tuüe au marbre Pentélicien . pour en
couvrir les maifons.
Pour affurer davantage la gloire des
célebres, les Grecs donnérent á plufieurs Choles
le nom du maitre qui les avoit faites , & lous
lequel elles reftérent connues. C eft ainfi ‘es
vafes femblables par la forme a ceux que febri-
qua en terre cuite Théncles, du tems de Ferí-
eles, furent appelés Théricléens.
ARTISTES. iNous ne comprenons ici, fous
cette dénomination, que les peintres, les ícuip-
teurs , les architectes , tous ceux , ^
qui s'appliquoient aux arts relatifs au Deffin , &
c'eft rmftoire de f Art de Wmkelmann cui nous
fournira la plus grande partie de cet arricie.^
Ait-TiSTES éeypdens. Une des raifons qui em-
péchérent les arts relatifs au Beffin de s elever
L Egypte au-deffus de la me<bocrite, fut le
défaut d'ellirae pour Ies artifies. Confondus avec
la lie du peuole , ceux-ci n etoient que des arti-
fans. Dañs cette claífe , comme dans toutes^ Ies
autres , le íils fuivoit la profeíTion de fon pere ,
fans aller au-áelá & fans fe detourner ; chacun
étoit obliaé , par les loix, a marcher fur les traces
de fon prédéceffeur, & perfonne n ofoit faire
un pas de foi-méme- Avec de teE piincipes , ij
n a pu fe former en Egypte diiterentes ecoles
de Fart, comme il s’en forma dans la Grece.
Prives par cette routine d’une education con-
venable, les artlfies ne fe trouyérem janiais dans
ces heureufes circonftances qui elevent 1 ame &
font tenter les grandes entreprifes. _Auroient-ns
exécuté quelqu’ouvrage extraordinaire ; ils n a
voient á efpérer ni honneur m recompen e.
Leurs noms font prefque tous reñes dans 1 o ub i ,
8c les Grecs ne nous ont conferve que celui
du fculpteur Memnon. II avoit fait trois ftatues ,
qui furent olacées á Fer.trée d’un temple de 1 hebes :
Tune des trois étoit la plus grande qu on eut vue
en Egypte. , r • • i j
On peut ajouter á cette caufe pnncipale de
la médiocrité des artifies égyptiens , l’ignorance
de FAnatomie , fcience qui ne fut ni mieux cut-
tivée , ni mieux connue en Egypte ayant_ les
Ftolomées , qu elle ne Feft á la Chine. Quoique
cette caufe foit trés-évidente, M. Pawa cependant
combattu vivement fon infiuence fur Ies arts 5 &
Fimpartialité dont nous faifons profeflion, nous
oblige a expofer fes raifons dans les memes-termes
quhlaemployés lui-meme. Les voici, relies qu il
les a données á la page 199 du tome 1 de fes
Reckerckes fur les Egyptiens & les Ckinois^.
ct M. Winkelmann & Fabbé de Guafeo ont
fait chacun un fyñéme fur les caufes qui doivent
avoir empéché , felón eux, les Egyptiens de deve-
nir de prands peintres , & de devenir encore ..e
grands fpuloteurs. Mais ü me femple que ces deux
A R T
écrivains ont plut6t imaginé les obftacles , qu’ils
n“ont été les découvrir dans les monumens au-
thentiques deFEgypte, oú Fignorance de FAna-
tomic n’a pss ete auííi profonde ils le fup-
pofent. On fait méme que des fouverains de ce
pays avoient fait diíféquer des corps humains
pour connoitre Forigine de certaines inaladies
dont on ignore encore aujourd hui le veritable
remede. D ailleurs , Manéthon etoit trop mftruit
pour avoir voulu choquer toutes les traditions &
toutes les idées reques , en rapportant dans loa
Hiíloire , qu’un anclen roi d'Egypte avoit lui-
méme écrit un livre fur 1 Anatomie , _ou pius
probablement fur Fart d'embaumer, qui , etant
exercé fur des corps humams des deux fcx^i
8c de tous les ages , & fuj vingt a trente^ diffe-
rentes efpéces de bétes , avoit prouve , a cet egard ,
plus de connoiífances aux Egyptiens que nen
poílédent de nos jours les nations de 1 Afie, qui
vivent f^ des climats fort chauds , ou la cotiup-
tioa rapiáe des cadavres infpire de 1 horreur pour
de relies recherches, quon fait meme n avoir
pas été porrées fort loin en Efpagne. ”
« 4u refte, quand on accorderoit que l igno-
rance des Egyptiens dans FAnatonue a ere auflt
réelle quon le prérend, cela n auroit pu engager
leurs ftatuaires á n exprimer fouvent ni les mu -
eles ni les nerfs , ni les veines, ni les os, pan-
qué ces parties font aífez
ceux mémes qui n ont jamais vu u_eq . \
corps. La véríté eft peuple imprima a
tous fes ouvrages un caraftere de dure e , . ..
rendant un cuite á tant dob]ets,_il n en rend e
jamais aux Graces. H faut convenir neanmo ns,
que les individus vivans qui devoient
modeles aux artifies , éioitm
maniere trés-éloignee de la a j-g
la nature n y avoit pas accorde fes “ .
fexe, qui nelui demande autre chofe pa
vceux , on croira aifément que les ho
avoient encore été beaucoup moins y *
avoicnr eiicoic - .
Leur démarche paroit erre dans les mo . - j
comme celle des Cophtes modernes, c eit-a-m ,
pefante & genée. Je ne fais commen^^
shmaginer qu il y a eu de
affez prevenus en leur faveur poi-r K 7^^
le prix de la lurte & du pugilat
piques; car ces athlétes qm vinrenr , ¿^ie
Nil á Olympie, étoient des Grecs i>-~ende
& d’Arfinoé ; encore furent-ils tous mis a l ^
par les direáeurs des jeux, ^^’°4r de ces
fubtilité á FadreíTe. II faut en Lac'» &
enfans dont il eft parlé dans Ies poefies
de Martial, & que les Romains
íinguiiérement á caufe de leur vivacu- ,
faillies. lis n-'étoient pas nés de parem e
mais iíí-is de quelques malheuretifes ^ ¿u
cues établies a Naucrate ou dans les J
lac Maréotis, & qui commerqoient de .eu p ^
poftérité , ce que jamais les vrais ha
A R T
í'Egrpte n’ont fait, & ils ne le font point en-
coré 5 auffi Louis XIV ne put-il parrenir á attirer
á París Ies enfans de quelqaes pauvres Cophtes ^
nialgré toutes les promeiTes que leur fit le conful
de France au Caire. «
Qaoique les Egyptiens , dir Sch’Weigger
n’époufent plus leurs fceurs^ ils n'en fo.nr pas
moins un peaple trés-laidj & qui reíTemble
ajoute-t-i! , á ces brigands hideux qui ont par-
couru PEurope fous le nom de Bohémiens (i).
Mais on n’a contraélé des mariages inceílueux
en Egypte que depuis la conquere d'Alexan-
drie 5 Se il y a rreize ou quatorze cens ans qifon
ncn contradle plus^, fans que Jes facuités corpo-
relíes fe foient perfeálionnées dans les deux fexes ;
d'oü ii réfulte que ces unions n’ont eu aucune
in.fluence en toutceci, íinon peut-étre de dimi-,
nuer un peu la popu'ation j car il me paroit
que les Ptolémées eurent conftamment un petit
nombre d’enfans de leurs mariages avec leurs
foeurs, & Phiiadelphe n’en eut point du tout
d'Aríinoé ; ce qui a pu néanmoins provenir de
queique caufe purem.ent m órale. »
Nous ne faifons pas un crime aux fculpteurs
egypnenSj parce qu’iis n’ont cofinu d’autre beauté
que celle de leur pays ; mais on leur imputera
toujours de n’avoir point copié la nature comme
elle s’oífroit á eux. Car enfin l’efpéce hiimaine
n’y eft pas íi difforme qu’iis l’ont quelquefois
repréfemée , en plaqant les oreilles beaucoup plus
haut qu* le nez^, comme on le voit par un Harpo-
crate qui doit fe trouver aéluellement en Anglé-
terrej&pluíieursftatues égyptiennesqu’on connoit
á Rome & dans fes environ?^ font monílrueufes
par ie méme défaut, & fur-toiit une tete de la
vigne Altieri. Que veulent done dire ceux qui
aíTurent que les artifies de ce pays ont été íi
févéres fur I’article des proportions qui concernent
auffi-b'.en la diftance exádte d’un membre á l’autre ,
que la grandeur refpective de chaqué partie ?
Je crois que c’eft Diodore, de Siciie qui a donné
lieu á tout cela , en attribuant aux Egyptiens la
méthode de faire des ílatues par morceaiix rap-
prochésj & qu’on taüloit d’avance avec beau-
coup de julIeíTe ; mais c’eft vraiíemblablement
une fable qu’il a inventée , ou qu’on lui a fair ac-
croire; car il n’exiíle rien de tel dans cette pro-
digieufe quantité d’antiques egyptiens qu’on a
recueülis de nos jours en Europe. Une ítatue en
gaíne , achetée au Caire par M. de Maillet^ &
qu on foupqonne avoir paffé enfuite dans le cabi-
net de M. de Cayliis, eft j á la vérité, de trois
pieces de marbres diffárentes en couleurs^ mais
cela n’a abfolument aucun rapport au procédé
aont parle Diodore (2). L’un des coloíTes qu on
(r) ^iis-BefchreíbuKt 3 lih, 3 , iS.
Q) Bibíios. Lih.
Alberü n’a point áu faire de grands efForts de génie
roiir .jíécoavrir la niéühode d’cxécüter une ítatue en deU2
onaroirs diíercns , coinme riíie de Paros ¿c Cerrara.
-éijiziqaiiés ¿ 1 orne /*
A R T
313
voit dans laTkébaide en avant de Medinet-Habu ^
n’a pas non plus été travaillé par piéces rap-
prochées dans ¡e fens de cet auteur ; car Ies
pierres y font rangées par aíTifes , dont on en
compte diélindtement cinq (3). Et c’eft malgré
eux que les Egyptiens ont exécuté cette figure
de la forte 5 car celie qui n’eít qu’a trente pas plus
au fud, n’a jamais été faite que d’une feuie pierre;
d’oú il fuit qu’iis n’ont jamais- pu fe procurer á
la foís deux blocs alTez enormes peur cette en-
trepnfe 5 & c eft déjá beaucoup qu’iis en ayent
trouvé & tranfporté un feul de cette dimen-
íion. »
Artistes grecs. Ce n’eft que dans la Gréce
que ¡es arts furent accueillis^ recherchés Se ré-
compenfés ; & c’eft la principale caufe de la per-
fediion oú ils s’y éievérent. Les artifites partici-
pérent á cette coníidération , Se elle échauffa
leur génie. Socrate difoit que Ies artlftes étoient
les feuls fages^ parce qu’ils fe contentoient d’etre
telsj fans chercher á le paroitre. Efope fréquen-
toit affiduem.ent, felón Plutarque (conviv. 7 fa.p.')
les atteliers des fculpteurs & des architedtes. On
vit le peintre Diognéte donjier des lecons de
philofophie á Marc - Auréle ^ Se cet empereur
-avouer qu’il avoit aporis de lui. á diftinguer
le vrai du faux , á ne pas adopter des chimeres
pour des réalités.
Un artifte grec pouvoit étre légiílateur ; car
tous Ies légiflateurs étoient j felón le témoignage
d’Ariftotej de -fimples citoyens ; il pouvoit par-
venir au commandement des armées , comme
LamachuSjUndes plus pauvres citoyens d’.4thénes:
i! pouvoit efpérer de voit élever fa ftatue aupres
de celles des Mütiade , des Tkémiílocle , & á
cóté de celles des dieux mémes. C’eft ainfi que
Xénophile & Strabon placérent á Argos leurs
ftatues aflifes aupres de celles d’Efculape & de
la déeíTe Hygiée. Chirifophus le fculpteur de
rApolloíi de Tégée, étoit fculpté lui-méme á
cóté de fon oiiyrage. On voyoit au frontón da
temple d’Eleuíis , Alcaméne fur un bas - relief.
Phidias grava fon nom au bas de fon Júpiter
Olympien. On lifcit fur pluíieurs- ftatues des vain-
queiirs aux jeux -éiéens 3 les noms des artifies
qui les avoient faites. Enfin ^ le char attelé de
quatre chevaux de bronze , que Dinomene St
conftruire comme un monument de la gloire de
fon pete Hiéron, roi de SyracufC:, portojt pour
infeription deux vers , qui apprenoJcnt le noat
de Y artifie Onatas.
La gloire & la fortune d’un anifie, contipue
V inkelmann ^ ne dependoient pas des capnces
de l’orgueil ou de l’ignorance. Les productions
de l’art . loin d’étre aftervies au goút mefquin
& aux vues étroites d’un homme que l’aduh-
tion & la fervitude érigent en iuge, étrient appré-
ciées & récompexnfées par les plus fages de la
(3) Poceeke, Deteript. of de Eañ. B. 2 , c. 5.
K X
r u‘*on , dahs les aííemblées genérales de la Gréce.
]l V avoit á Delphes & á Connthej du terns de
Phidias, des concours de peinture , & des juges
prépofés pour cet obiet. Strabon nous a con-
fervé les nonas des premiers concarrens , qui
furent Panéus, parent de Phidias, & Timagoras
Chaléis , déclaré vainqueur. Ce fut devant
de pareiis juges que parut Aétionj avec ion tablean
-du mariage á'AIexandre & de Roxane. Proxe-
nidés 5 prélídent de Paffemblée , proponga le
jugement:, lui accorda la palme, & lui donna fa
filie en mariage. Un nom célebre tfen impofoit
pas á ces juges , & ne les empéchoit pas de rendre
juñice au mérice ; Parrhafius étanr venu a Samos
difputer le prix de la peinture , dont le fujer
ctóir le jugement fur les armes d’Achille, vít
le rableau de Timanthe declaré par tous les fuf-
frages mtiileur que le fien. Ces juges n'étoient
poínt- étrangers aux arts 5 car jl y eur un age
oü Ies ieunes Crees fréquentoient avec autant
d'aíTiduité les arteiiers des anifies que les écoles
des pbiiofophes ; & cela, dit Arido te , {Folit. 8. 5 -)
afin de parvenir á ia connoiíTance du vrai beau.
Piaron s’appliquoir au ' deíün & aux fciences
exaéres en méme-tems.
Les aniñes grecs ainfi aiguillonnés , travail-
loienr pour rimmortalité. Les récompenfes quhls
recevoient pour leurs ouvrages , les mettoienr
en ¿car de faire briüer leurs taiens fans aucune
vue dhntérét. Polygnote ayanr peint le Poecile,
fameux portique d’Athénes, ne voulut recevoir
aucun paiement pour fon rravail ; & il paroit
quhl en ufa de méme á Delphes, ou il repré-
fenta la guerre de Troye dans un édifice pubüc.
En reconnoiffance de ce dernier ouvrage , les
Amphyclions firent des remerciemens folemnels
á ce généreux artifie , & lui aíTignérent des loge-
mens aux dépens du public dans toutes les villes
de la Crece.
Artistes romains. « Ce feroit en vain, dit
le comte de Caylus , que j’entreprendrois de faire
des recherches fur Petar oú étoient les arts á
Rome, dans Ies premiers tems de la fondation
de certe ville. On fait feulement en general, que
les Romains eurent recours aux Etrufques pour
Ies principales confiruétions , Se pour les orne-
mens dont ils embellirent leur capitale. Cepen-
danr, il eít á préfumer que fi Pon eút confervé
á Rome le gouvernemenr monarchique , le goút
pour les arts s’y feroit formé Se foutenu , puif-
qu’il avoir dés-lors fair tant de progrés en Etrurie
& dans la grande Crece. Maisla république, qui
ne s'occupa que des moyens de s’aífermir &
d’étendre fa puiíTance, n’écouta que les confeils
de Pambition, &: ne jouit prefque jamais de certe
heureufe tranquillité , fi favorable, & méme fi
Beceflaire á la naiíTance ou á la perfeélion des
arts. Comment les pratiques ingénieufes & les
ñnts operat;ons de Pefprit & de la main qu^ils
exigent, auroicnt-elles pu convenir á un peuple
A R T
de foldats , qui ne ronnoilloit d’autres fentimens
que Pamour de la patrie , & d'autre fupériorité
que celle des armes ? ==
cí Aprés la prife de Corinthe par Mumtnius;
aprés le trioiiiphe de Paul-Emile & celui de
Pompée, les richeífes de la Crece & de PAfie
s’étant répandues dans Rome, fes habitans ou-
vrirent les yeux fur Putilité des arts ; mais comme
ils les aimérent m.oins par un goút éclairé, que
par luxe & vaniré , ils abuférenr bientót de rour
ce qui les avoit frappés. Semblables á ces hommes
nouveaux , qui font eux-mémes étonnés de fevoir
riches & comblés d’honneurs , ils voulurent pof-
féder fans s’appliquer á connoírre ; & inca-
pables de travailler á faire* fleurir les arts en
les étudiant , ils firent brüler Por & Pargent aux
yeux des artifies étrangers, & les Grecs accou-
rurent en foule.
cc Le jugement que je porte fur les Romains
par rapport aux arts, ne v'ent pas d une aveugle
prévenrion ; il n eft que trop juítifié par les íno-
numens qufiis nous ont laiiTés ; & la conftitpnon
de leur gouvernemenr en découvre la véritable
caufe. Tout citoyan romain s imaginoit erre un
perfonnage important, parce quil avoir droic ae
fe trouver aux aíTemblées pour y traiter des plus
grandes aífaires , & il crdyoit que fes decifions
éroienr d’un poids infini pour le gouvernemenr
de Pétat. La jeuneíTe, oceupée des exercices du
corps, de Pétude des loix , des brigueS'>&_des
cabales qui agitoient la viile á chaqué eleófion,
négligeoir tout autre objet , ou étoir, {jour mieux
dire , perfuadée qu^il n^y en avoir point d autre
capable de la fixer. m
Les Romains , barbares en ce point , aban-
donnérent prefque toujours á leurs efelayes la
connoiíTance & la pratiqne des arts lioeraux^,
qui leur venoient des Grecs. Mais que pouvoJeni-
iís attendre d'ane foule ¿iartifies mercenaires ,
en qui la perte de la liberté étouíToir le gente,
& qui , loin d’envifager dans le fucces un adou-
ciffement á leurs peines, n'y voyoienr qiiun
efclavage érernel, & une gene qui au_gmeni.oii.
á mefure que leurs táleos fe développotenr .
épargnoient des frais confidérables á leprs ma_i-
tres , qui profiroient alTez fouvenr de 1 inau!i.riw
& de Phabileté de ces efclaves , pour les ven re
plus cher quhls ne leur avoient coúté._ Par un
efpéce de conféquence, le gout romatn el
génér.al lourd, niou , fans fineíTe j il fe “
Pétat de fervitude ou étoient rédutts les arujtes
de certe nation : & prefque tous les ouvrag-
romains oú Pon apperqoit une forte d é'^gance,
font dús aux Grecs dont Rome fe trouva rs.
plie , principalement fous les empereurs. »
“ Quand la fource de ces artiftes^
Se que la Crece fe trouva hors d état d
teñir les écoles d’Italie , on ceffa d y
les arts , qui reprirení cepeadant quelque vigi*
A R T
fous Trajaiij Hadrien & d’autres princes dont
!a proteftion les rétablit un peii 5 mais enfin ,
ils s'éteignirent 5 & le fiége de rEinpire tranf-,
porté á Conftantinople fit une diverfion qui leur
fut auífi fatale, que la prife de cette vilie par les
Tures leur fut avantageufe dans la ñute. Les arts,
pratiqués dans l’intervalle de ces deux événe-
menSj font rangés dans une claíTe connue fous
le nom ás Bas-Empzre ; 8c Von coinprend á peine
comment des hommes qui étoient environnés
de chef- d’osuvres dans tous íes genres','& qui
avoient entre les tnains tous les infirumens né-
ceíTaires pour les imiter ^ ont pu laiíTer á la pollé-
rité de lí mauvaifes produélions. « Caylus, Rec.
d’Ant. I. ij-j.
ARTO CREAS , mot compofé de deux mots
grecs, xfT(¡; ,-pam , & Kfíct;, viande. Perfe le Saty-
rique fait mention d'un mets des.Romains appeíé
artocreas. Les racines de ce mot feroient croire
^ c etoit un pité ^ gu un hachís de viande
melé avec du pain.
^ARTOLAGANUS , {Plin. 8. z.) efpéce de
gateau ou de pátiíTerie. Ce mot ,eft compofé
d ¿tfTdí , pain , & de y-áya-mi , qui , dans Héíy-
chius j efi un gáteau fait de fleur de farine pétrie
avec de Lhuile, & cmt dans un plat. Cicerón
ne trouvoit pas un grahd attrait dans ce mets ;
car il dit avec dédain {Famil. p 20.) ; Dedifcend&
Jiznt tibí fportelíá, bd artolagani tuz,
ARTOPHAGES. Les Crees défígnoient les
habitans^de PEgypte par Pépithéte Á’ Ártopkages ,
parce qu ils vivoientprincipalement de deux fortes
de pain ^ nommées en leur langue Petofiris &
Kollefle , qTon faifoit d’un grain fiir lequel Ies
favans ont hafardé beaucoup de conjeñures ;
car quelque peu croyabie que cela paroiíTe^ il
eít certain qu il régne de Pobfeurité dans I’hif-
toire des plantes les plus généralement cultivées
par les anciens. Les mémes noms ne fignifiant
plus les mémes chofes á beaucoup présyon eft
reduit á former des conjeélures , & Pon fe trompe
de tems en tems. II paroit que c’efi: Hécatée^
qui^ le premier, s’efi fervi du terme á’ Asrozpáya ,
pour défigner les Egyptiens.
ARTOPTA, vafe ou efpéce de four de cam-"
pagne dans leqiie! les Romains faifoient cuire
Pollux (10. 25.) dit expreífément :
SSinil Intererit etiam vas , in quo panes coquunt ,
Jzc nominare , quod nunc artoptam vocitant. Plaute
^ ^ppolyó. ce mot dans fa comedie intitulée ;
•diulularia ( iI. p. 4, ) :
Tgo hiñe , artoptam ex próxima utendam peto.
E>. diñe ( 18. z.) dit, au fujet de ce vers de
laqre : Artoptam P lautas appellat in fabula ,
q^^am Auíulartam J'cripJit : magna, oh id concerta*.
^^'liditorum , an is verfus fit poets, illius. Ce
?:'i‘$ de Plaute parpit fuppofé á plufieafs érudits.-
A R ü 315
ARTS. Arrien nous apprend que ¡es Gadariens
adoroient les arts avec la Pauvreté, parce qu’en
effet celle-ci eít la mere des arts , ou de Pinven»-
tion. V Pauvreté.
_AR\ ALES. On appeloit de ce nom ceux qui
faiforent Ies facnfices des Ambarvales. lis étoient
¿ouzc choiíis entre les perfonnes les plus diftin-
guees de Rome, & s’appeloient Freres Arvales
ou le collége des. Freres A.rvales. Ils furent iníH^
tués par Romuíus , qui fe mit !ui-méme du nombre.
marque de leur dignité étoit une couronne
d épis hée avec une bandelette blanche. On dit
que les conteftations relatives aux limites des
champs , étoient de leur reífort. Piine les appelle
Arvorum facerdotes. Voici Porigine de ce facer-
doce : Acca-Laurentia , nourrice de Romuhis ,
avoit coutume de faire, tous les ans, un facri-
fice pour la profpérité des champs , dans lequel
eile_ faifoit marchar devant elle douze fils qu’elle
avoit : Pun d’eux étant mort, Romulus , pour
honorer fa nourrice , offrit d’étre lui-méme fon
douziéme fils. C’eft de -la que vinrent le nom
du facrifice , le nombre des douze & ¡e nom de
freres. Ce facerdoce ne finiíToit qu’avec la vie;
Pexil 8c la captivité ne le faifoient point ceíTer.
Piine (i 8. z).’
L analogía de notre langue feroit dire les freres
Arvaux , mais Pufage contraire a prévalu. Voyeq^
Ambarvales.
^ ARUERIE , felón la tradition égyptienne ,
etoit fils d'Ifis & d’Ofiris. Ceux-ci , difoit-on ,
avoient eré congus dans le méme fein, s’v étoient
rtianes j & Ifis , en naiíTant , étoit dé)á grolfe
d Arueris. Cet Arueris fut , dit Plutarque , le pro-
totype de PApoIIon des Grecs.
ARUGA, ariga 8c aringa , bélier qui fervoit
de viétime chez les Romains. Les Grecs aope-
loient un bélier ■zíótsroí , d’ou , par cor-
rupticn , les prétres de Rome auront derivé le
met barbare aruga.
ARUGIA. Voyez Arrugia,
ARÜIN A j graiíTe, L’embonpoint extraordi-
naire de quelqaes individus de la famille Cornelia
de Rome , leur fit donner ce furnom.
ARÜNDEL ( marbres d’ ) (chronologie d’)
On ignore le nom de celui qui les fit graver;
mais on fait que Peyrefc les avoit découverts
8c acquis au commencement du dernier íiécle.
lis échappérent des mains de cet iilañre francois,
8c paíTérent dans celles de Thomas Pétrée, qui
avoit été envoyé dans le Levant par le lord
Howard, comte d’Arundel, pour y aequérir Ies
plus rares morceaux d’antiquité. Exilé Sí éloigné
des affaires, ce comte cherchoit á adoucir Pen-
nui de la foütude par la culrure des beaux arts.
II avoit ramaíTé, dans cette viie, une prccieafe
colleclion detableaux, de deflins Se d’andquités.
Quoiqae les marbres , qui en faifoient la plus
íl
a
riche poiúon , aienr été trouvés dafls Tifle de
Paros 3 ia reconnoiñar.ce des favans ieur a donné
le nom du feigneur a qui i’Europe en doit la
iouiíTance. Places d’abord dans les jardins de
l’hotel á’Arundel, ils furent commis a Tétude
gt aux foins de Selden 11 fe montra digne de
cette confiance, & publia ^ en lííaS, les recher-
ches les plus Utiles fur ces marbres. On convint
alors qu’ils formoient le plus beau corps de
chroaologie poíTible fur les antiquités de la
Gréce.
Humfrey Prideaux reprit le travaii long-terns
interrompu du prenaier éditeur , & le publia com-
plétement á Oxford j en i6j6 , avec leur expü-
cation. Lydiat & Pamélius fe font auffi exercés
fur le méme fujet 5 mais les travaux réunis de ces
favans n’ont pu réparer les injures que le tems
& la barbarie avoient faites á cette précieufe
colledion. Selden rfavoit déchiffré certaines lignes
qu’á l’aide du microcofpe ; pendant les troubles
du régne malheureux de Charles I , des barbares
briférent une partie des marbres j & les em-
ployérent á la conftrudlion d'une cheminée dans
rhótel des comtes á’Arundel. Ils pafférent enfin ,
en 166-/, á Funiveríité d'Oxford , qui les diit
á la généroírté du lord Hosvard;, depuis duc de
iíorfolck. Ce feigneur les accorda aux follicita-
tions de Jean Evelyn , le méme qui procura
depuis á la Société royale la bibiiothéque du
méme lord. AíTociés aux nombreux monumens
que polTéde la favante univeriité d’Oxfordj ces
marbres feront déformais á Fabri des ravages da
tems. Puiñe Fexemple du duc de Norfolck étre
fuivi par les poíTefleurs de ces colleítions pré-
eieufes , que des héritiers divifent & détruifent
impitdyablement i Les univerfités, les compa-
gnies de magiftrats , les corps qui fe perpétuent
fans interruption , leur oíírent une retraite aiitant
afíurée qu^honorab'e , & une reconnoiffance
que Ies monumens hiftoriques célébreront á
Fenvi.
Les marbres Aritniel renfefment fofxante-
quinze des plus celebres époques de Fhiñoire
grccquCj depuis Cécrops , fondateur d’Athénes ^
jufqu'á Farchonte Diognére ; c'eíl-á-dire ^ depuis
environ Fan ijtS avant J. C.^ jufquá prés de
ioo ans avant Fére chrétiennej vers le commen-
cement de la premiére guerre Fuñique. Oa y
voir Finllitution de Faréopage ^ FétablilTement
des Amptiydtíons ^ Farrivée des colonies égyp-
tiennes & phénicíennes j la fondation des plus
illuñres villes de la Gréce ^ Fige des hommes
célebres qdelle a prodiiits^ la prife de Troye^
la création des archontes , Ies bataüles de Platée^
de Salamine & de Marathón , Scc. Ces époques
éclairciíTent les textes d’Hérodote , de Thucy-
tíide, & fervent de fil aux écrivains qui s’en-
foncent dans le dédale des anciens tems.
Nous les doanons ici d’apré» Fédiuon de Pri-
ceaux.
A R U
CHlt.oí<OLOGl'B des marhres de Paros cz¿
dArund&l, calculée pour l’ année 178(3.
........ J'ai décrit les ages
précédens depuis Cécrops, qui fut
ie premier roi d'Athénes , jufqu a
Farchonte de Paros, Aítynax, & juf-
qu°á Diognéte, archonte d’Athénes.
Epoque i. Depuis que Cécrops
régna a Athénes , & que Fon^ eut
donné le nom de Cécropie a 1 Ac-
tique, ainíi appelée autrefojs d’un de
fes habitans Aélarus, il s’eíl: écoulé
1318
Ep. 2. Depuis que Deucalioa de-
vint roi de ParnaíTas , dans la Ly-
corie, fous le régne de Cécrops a
Athénes, il s’elF écoulé i5ioans. .
Ep. 3. Depuis qu Ares ou Mars &:
Ne'ptune vinrent plaider Fun contre
Fautre au fujet d’Haliirrothius, fils
du dernier , á Athénes , oú régnoit
Cranaüs, & que Faréopage en pric
fon nom, il s^eíl; écoulé 1268 ans._ .
Ep. 4. Depuis que le déiuge arriva
fous le régne de Deucalion , & que
fuyant de Lycorie á caufe de Finon-
dation, ce roi vinr á Athénes auprés
de Cranaüs , quhl batir le temple de
Júpiter Phyxien & Olympien , &
qu'il fit des facrifices en actions de
graces-i fous le régne de Cranaüs á
Athénes , il s’ell écoulé 12Ú5 ans. .
Ep. 5. Depuis qu’Amphyélion ,
fils de Deucalion , régna aux Ther-
mopyles , qu il raffembla & appela
Amphyctioaies les peuples épars dans
les contrées voifines , quül bátit Py-
lée , oú les Amphydlions ont cou-
tume defacrifier, pendant qu’tinautre
Amphyñion régnoit á Athénes , il
s’eñ écoulé 1258 ans
Ep. 6. Depuis qu'Hellen , fils de
Deucalion , régna dans la Phthiotide,
que les anciens Crees furent appelés
Heliénes , & qu'ils eurent inftitué.ies
fétes de Minerve , fous le régne d’ Am-
phiélyon á Athénes , il s^eft écoulé
1257 ans . . .
Ep. 7. Depuis que Cadmus , fils
dCAgénor, vint á Thébes pár ordre
de Foracle , & qu'il bátit la ville á
laquelle il donna fon nom, fous le
régne d’Amphyftion á Athénes , il
s'eft écoulé 125- 5- ans
Ep. 8. Depuis qu'Eurotas & La-
cédémon régnérenren Lacorrie, fous
le régne d’Amphyclion á Athénes,
il s eñ écoulé 1252 ans
¿re
de
Paros.
O
8
50
53
6@
61
66
Durée
jufqu ¿
nous»
3368.
3560.
3318.'
35^5-
3307.
33°5-
3302-.
A R U
A R U
. Eo. Depuis que le premier vaif-
feau partí de TEg^pte aborda en
Gréce , qu'il fut appelé Pentécon-
zore, depuis qu’Amymone ^ 8c
& Hélice:, 8c Archédicej filies de
Danaüs ^ choifies par le fort entre
leurs autres fcéurSj bátirent un tem-
ple , 8c facrifiérent fur le rivage ,
prés de LinduSj oü eít aujourd'hui
la ville de Rhodes , fous le régne
d’Eriélhonius á Athénes ^ il s'eíl
écoulé 1247 ans
Ep. 10. Depuis qu^Eridlhonius j
aprcs la premiére célébration des
Panathénées , attela des eourfiers
á un char, inñitua un jeu publicj
donna aux Athéniens le nom qu’iis
portent encore; depuis que la mere
des dieux apparut fur les mon-
tagnes de CybéléS:, quHyagnis le
Phrygien inventa la flúte á Catleno:,
viile de Phrygie , qu’il en joua fur
le mode Phrygien^ fur ceux de Cy-
béle ^ de Bacchus , de Pan , des au-
tres dieux de fa patrie:, Se des héros,
fous le régne du méme fouverain
d’ Athénes ,, cet Erydthonius :, qui
monta un char le premier j il s’eñ
écoulé 1242 ans..
Ep. II. Depuis que Minos, pre-
mier de ce nom, régna, qufil bátit
la ville de Cydonia , que Celmiis 8c
Damnanéus, Dadlyies da mont Ida,
trouvérent le fer, fous le régne de
Pandion á Athénes , il s"eíl écoulé
1168 ans '
Ep. 12. Depuis que Cérés venant
á Athénes, apprit á femer, 8c en-
voya aux autres peuples Triptoléme,
fils de Céiéus 8c de la nympheNérée ,
fous le régne d'Eridlhée á Athénes ,
il s’eft écoulé 1145- ans. . . . .
Ep. 13. Depuis que Triptoléme
enfemenqa Ies terres de Raria, appe-
lées depuis Eleufine, fous le régne
d’Ericthée á Athénes, il s’eñ écoulé
1 142 ans. .........
Ep. 14. Depuis que com-
pofa des vers , chanta Penlévement de
Proferpine, Ies pourfuites, de Cérés
fa rnére & les fiables que Ton rá-
cente fur ceux qui s’adonnérent á
1 agriculture, fous le régne d’Eriéthée
a Athénes, il señ écoulé 1135 ans.
Ep. ij. Depuis qu’Eumolpus, fils
de Mufée, fit célébrer les myfléres
•a Eleufis , 8c qu’il mit au jour les
poefíes de fon pére, fous le régne
® Erichthéus , fils de Pandion á Athé-
®es, il s"eñ écoulé ans. . . .
de
Pa.ros-
Duré:
71
76
lyo
173
176
5’-97-
5292.
3218.
3192.
183 3185.
Ep. 16. Depuis qu’cn expía pour
I5 premíete fois un meurtrier, idus
le régne de Pandion, fils de Cccrops,
á Athenes, il s’eft écoulé icóá a.ns.
Ep. 17. DepuiS ri.nílituiion des
jeux gymniques á Eleufis, fous le
régne de Pandion , fils de Cécrops ,
il s’eft écoulé ans
Ep. i8._ Depuis qu’on offirit des
facrifices de fang humain , 8c qu’on
céiébra les Lycées en Arcadle,
de Lyeaon parmi les'Grecs fous
le régne de Pandion, fils de Cécrops,
á Athénes, ii s’eft écoulé mille 8c....
années .
_ Ep. 19. Depuis qu’on íitdesluftra-
rions á Athénes , qu’HercuIe fut
initié aux petits myftéres , 8c que fut
báti le petit temple deftiné á ces
myftéres, fous le régne d’Egée á
Athénes, il s’eñ écoulé mille 8c ....
années
Ep. 20. Depuis qu’Athéneséprouva
la difette des fruits de la terre , 8c
que l’oracle d’ApoIion ayánt été con-
fulté , ordonna de faire tout ce
qu’exigeroit Minos , fous le régne
d’Egée á Athénes , il s’eft écoulé
103 1 ans. .
Ep. 21. Depuis que Théfée , des
doiize villes de. l’Attique , n’en fit
qu’une feule, á laquelle il donna la
forme d’une démocratie ; depuis qu’il
établir pendant fon régne á Athénes,
les jeux ifthmiques, aprés qu’il eut
tuéSinis, il s’eñ écoulé 995- ans.. .
Ep. 22. Depuis , fous le régne
de Théfée á Athénes , il s’eñ écoulé
992 ans. .
Ep. 2 3 . Depuis qu’Etéocle, Adrañe
& Amphiaraüs régnérent á Argos, 8c
célébrérent les premiers des jeux
dans la forét de Némée , fous le
régne de Théfée á Athénes, il s’eñ
écoulé 987 ans
Ep. 24. Depuis que les Grecs en-
treprirent le fiége de Troye, la trei-
ziéme année du régne de Meneñhéus
á Athénes, il s’eft écoulé 934 ans.
Ep. 23. Depuis la prife de Troye,
arrivée le 7 du mois Thargélion de
la 22= année du régne de Meneñhéus
á Athénes, il s’eft écoulé 943 ans.
Ep. 26. Depuis qu’Orefte fut guéri
de la folie en Scythie , & qu’enfuite
Erigone , filie d’Egiñhe , Se lui ,
vinrent á Athénes, oú régnoit Dé-
mophon , plaider l’un contre l’autre
dans l’aréopage , fur la mort du pére
d’Erigone, accufation dont Orefte
317
¿re I Duree
¿e IjuCqu
Pízroí.! no US
236 131 12.
2.87 3081;
323 3043.
326 3042.
331 3C37-
3% 3G04.
373 ^99
3tS
A R U
fortit vaínqtieur {5ar l egalíté dei
fufírages, il s'eft écoulé neuf cent
quarante-deux ans. ......
Ep. Depuis que Teiicer jeta les
fondemens dé Salamme, dans Hile
de Chypre fous le régne de Démo-
phon á Athénes, il s'eft écoulé 938205.
Ep. 28. Depuis que Kélée vint
habitar Milet en Carie , y raíTembla
les péuples dlorsie ^ qui bátirent
Ephéfe> Erythre, CIazoméiK;,Teos.
Lebdos, Colophon , Myus. Pho-
cée 5 Priéne . Samos , Cnio > & qiii
inftituérent les Panionies , la^ trei-
ziéme année du régne de Nélée á
Athénes, il s’eft écoulé 813 ans. .
Ep. 29. Depuis le tems ovi le poete
Héífcde fioriíToit, fous le régne de
Mégac'és á Athénes. il s'eft écoulé
*680 ans.
Ep. 30. Depuis le tems oú fepoéte
Hotnére florifldit ^ fous le régne de
Diognéte a Athcnes^ il s’eft écoulé
(S43 ans. . . • . - • • • _ •
Ed. 31- Depuis que Pargien Phi-
don, I i'^defcendant d'Hercule^ régna
dans Argos, y mit en ufage les póids
& les mefures , fie battre des piéces
dargent dans Pifie d'Egine , pendant
le régne de Diognéte a Athénes, il
s’eft écoulé 631 ans. . , _ . , .
Ep. 32. Depuis qu’Archias, fils
d’Evagéte, dixiéme defeendant de
Témenus , conduifit une colonia de
Corinthiens a Syracufe , la vingt-
uniéme année du régne d’Efchyle á
Athénes , il s’eft écoulé 494 ans.
Ep. 33. Depuis que Créon fut
choiíí le premier pour erre archonte
annuel á Athénes , il s’eft écpulé 420
urs
dt
Faros-
370
^Diírit
nouS‘
2-99“-
i
<^75
ans
Ep. 34. Depuis que Tyrtée condui-
foit au combat les Lacédémoniens ,
Lvfias étant archonte á Athénes, il
s’eft écoulé 418 ans
Ep. 3 3. Depuis que Therpandre ,
fiis de Derdénéus, natif de Lesbos ,
687
824
898
9PO
;8o '298S.
J03 28^3.
2730.
2í?93
2681.
2470,
2468.
inventa les nomes lyrique & aulé-
tique , qu il joua fur des flútes ae-
compagné d’autres jotieursdu meme
inftrument, 8z qu'il fe lava d’une
accufation injufte cevant Je peuple ,
fous Parchonte Dropilus á Athénes, I
il s’eft écoulé 381 ans = 937 -43
Ep. 36. Depuis qu’.41yatte régna j
en Lydie, pendant qu’Ariftociés étoit
archonte á Athénes, il s’eft écoulé i
341 ans 977 ^391-
Ep. 37. Depuis que Sappho s’en- I
ftúí ds Mityléne en Sicjje.*..., pen- 1 1
A R U
dant que Crétias I étoit archonte a
Athénes, &'que Syracufe étoit fous
le joug des peuples voínns , il s’eft
écoulé 3 30 ans
Ep. 58. Depuis que Ies Amphyc-
tions furent vainqueurs á la pnfe
deCyrrha, & que les jeux appelés
Chréinarités , a caufe des riches dé-
pouil^s des vaincus, furent établis ,
pendant Parchontat de Simón á Aché-
nes, il s’eft écoulé 327 ans. . . .
Ep. 39.Depuisqu’oncélébra ,pour
la feconde fois, les ieux Sthépha-
nites , pendant que Damaíias 11 étoit
archonte d’ Athénes, il s’eft écoulé
3 18 ans
Ep. 40.' Depuis qu’á Athénes , ou
régnoit en qualité d’archonte on
joua , pour la premiére fois , fur un
théátre élevé , une comédie dont
les auteurs étoient Sufarion Se Do-
lon, natifs d’ícare, qui eurent pour
récompenfe une corbeille de figues
& une mefure de vin , qu’ils empor^
térent fur un quadrige, il s’eft écoulé
23.... ans
Ep. 41 .Depuis que PiCftrate s’em-
para du gouvernement d’ Athénes,
ou Gomias étoit archonte , il s’eft
écoulé 297 ans
Ep. 42. Depuis que Créfus régna
en Afie , & qu’il envoya des députés
á Delphes , pendant qu’Eurydéme
étoit archonte d’ Athénes , il s’eñ
écoulé 292 ans
Ep. 43. Depuis que Cyrus, roide
Perfe, s’empara de Sardes & de la
perfonne de Créfus, qui avoit été
trompé par Poracle de la Pythie ,
pendant que étpit archonte d’A-
thénes, & que le poete Hipponax
s’immortalifoit par fes vers iambi-
ques, il s’eft écoulé 278 ans., . •
Ep. 44. Depuis que le poete Thef-
pis fit jouer fur un char la tragédie
d’Alcefte , & qu’on propofa un bouc
pour prix au vainqueur , pendant
qu’-4Icéus premier étoit archonte d'A-
thénes, il s’eñ écoulé 272 ans. . .
Ep. 43. Depuis que Darius devint
roi des Perfes , aprés la mort da
Mage, pendant que étoit ar-
chonte d’ Athénes, il s’eñ écoulé 233
ans .
Ep. 4<j. Depuis que Harmodius &
Ariftogiton tuérent Kipparqiie, nls
de Pififtrate, tyran d .Athénes, oii
Clifthene étoit archonte , & que les
Athéniens convinrent avec les Pi-
fiñratides, qu’ils fortiroient de I3
¿re ] lauree
'jrrfqu’i
Faros-
988
991
1000
aous
Í380,
236S.
1021 2347.
1026 2342»
IC4O
2328.
IC46 2322.
loéy 2303,
A R ü
¿rt fjyu'éi
de
Paros* ncus.
1070 ZZJíS.
1091 2177
¿ítadeüe d’Athínes 6r de fes murs^
appek's PébgifqueSj ii skít écoulé
248 ans ' .
Ep. 47. Depuis que Ies chceurs de
the'átrC;, compofés d’hommes fenle-
ment, difputoient des récompenfes ,
fous h direction á'Hippodicas de
Chaléis , c;ui fut le premier vainqueur
fous Tarchontat d'ifagoras á Athé-
nes, ii s’eíi écoulé 24421)5. . . . ¡1074 2294.
Ep. 48. Depuis que.... Híppias....
3 Alheñes, oú Pythocrite étoir ar-
chonte, il s’eft écoulé 231 ans. . . 1087 2281.
Ep. 49. Depuis que Ies Athéniens,
fous l’archontat de Phsenippe fecond,
corubattirent auprés de Marathón les
Feries, do.nt le general Ataphernes
Satrape , un des defcendans de Da-
rías, fut vaincu, combat ou fe trouva
le poete Echyle , ágé de trente-cinq
ans , ii s’eft écoulé 227 ans. . . .
Ep. JO. Depuis que Simonide ,
ayeuldu poete Simonide, & qui étoit
poete lui-méme, fe rendir célebre
á Áthénes, oú Ariftide étoit archonte,
8c que Xerxés , fils de Darius , fuc-
céda au troné de fon pére aprés fa
mort, il s’eft écoulé 22 j ans. . . 1093 227 j.
Ep. ji. Depuis que le p>oéte Ef- '
chyie remporta le prix de la tragé-
die, que naquit le poete Euripide,
& que le poete Stéíichore vint dans
la Gréce , pendant que Philocrate
étoit archonte d’ Athénes , il s’eft
écoulé 222 ans. .......
Ep. j2. Depuis que Xerxés fit un
pont de vaiíTeaux fur l’Hellefpont,
que les'Grecs combattirent & vain-
quirent les Perfes aux Thermopyles ,
8c fur mer , auprés de Salamine , pen-
que que Calilas étoit archonte d’A-
thénes , il s'eft écoulé 217 ans. . .
Ep. 33. Depuis que les Athéniens,
fous l’archontat de Xantippe , dé-
firent , en batail'e rangée , auprés
de Platée , Mardonius, general de
Xerxés , qui y peidit la vie, pendant
que Ja. Sicile étoit dévaftée par Ies
feux du mont Ethna , il s’eft écoulé
ans I IC2 iz66.
Ep. J4, Depuis que Gélon , fils
de Dinoméne , s’empara du gouver-
l^rnent de Syracufe , pendant que
J irnoñhéne étoit archonte d’Athe-
nes, il s’eft écoulé 21 j ans. . . .11032265.
55- Depuis que Simonide de '
^ eos , fils de Léoprepis , inventa
i art de la mémoire artificielle , qu il
*^mporta la palme en l’enfeignant a
Atnénes, ouAdimante étoit archonte.
1096 '2272.
¿re iZjo’ée
de
Paros. r.Ciís^
II 04 ¡i 264.
ij 10 2258
H12 225(3.
A R U
& depuis qu’on eleva des fiataes á
^/armoüius & á Ariítogiton, ii s’eft
écoulé 214 ans. . . T .
Ep.^56. Depuis que Hiéron s’em-
para du troné de Syracufe, dans le
teins ou ñüi'ííloít le poete Epícharme,
[ous rarchcntat de eharés á.Athénes,
ii s’eft écoulé 208 ans
Ep. 57. Depuis que Sophocle ,
fils de Sophülus de C cloné , rem-
porta _ie prix de la tragédie , n’ayant
que yingt hiiit ans, pendant quÁp-
féphion étoit archonte á A-tiiénes
il s’eft écoulé xc6 ans
Ep. jS.Depuisqu’unepierre lomba
á Egos-Patomos , 8c que le poete
Simonide mourut ágé de quatre-
vingt-dix ans , pendant que Théage-
nidas étoit archonte d’Áthénes
s'eft écoulé 205 ans
Ep. 59. Depuis la mort d’Alexan-
drel, & la fucceílion de Perdiccas
fon fils , á la couronne de Macé-
doine , pendant qu’Euthippe étoit
archonte d’Athénes, il s’elt écoulé
199 ans
Ep. 60. Depuis la mort du poéfte
Efch;5le , ágé^ de foixante neuf ans ,
arrivée a Géla en Sicile , pe.ndant
que Calilas premier étoit archonte
d Alheñes, il s’eft écoulé 193 ans.
Ep. 61. Depuis qu’Euripide, qui
étoit contemporain de Socrate &
d’Ánaxagoras, remporta, pourla pre-
miére fo:s, á l’áge de quarante-trois
ans, le prix de la tragédie , pendant
queDíphile étoit archonte d’Athénes,
il s’eft écoulé 179 ans
Ep. 61. Depuis qu’Archelaiis monta
fur le troné áe Macédoine, que Per-
diccas avoit laiíTé vacant par fa mort,
pendant qu’Aftyphile étoit archonte.
d’Athénes, il s’eft écoulé 1^6 ans.' ii6z íio6.
Ep. 63 . Depuis que De.nys s’empara
du troné de Syracufe, pendant que
Euciémon étoit archonte d’ Athénes,
il s’eft écoul4i47 ans 1171:2197.
Ep. 64. E)epuis la mort d’Euri-
pide, ágé de íbixante-dix-fept ans,
fous l’archontat d A.ntigéDe á Athé-
nes , i! s’eft écoulé 145 ans, . . . 1173
Ep. 65. Depuis que le poete So- '
phocle finir fes jours ál’áge de quatre-
vingt-onze ans, 8c que Cyrus entra
dans la Ferié, Callias 2“^ étant archonte
á Athénes, il s’eft écoulé 143 ans. xiaz,
Ep. 66. Depuis queTélefte de Sé-
linonte remporta le prix á Athénes ,
oú Mvcon étoit archonte, il s’eft
écoulé 139 ans. . 1179^2189.
II 13 2255.
II 19 2249,
1125 2243
1139
2219.
2195.
Éfe
¿t
PdLrOS
ii8i
1185
31Q A R u
Ep. 67. Depuis le rerour de ceux
qui avoient accompagne Cyrus en
P“rfe & la mort du ph:lofopne
Socrate , ágé de foixante-dix ans_.
Laches étant archonte d Athenes, il
s'eft écoulé 137 ans. . p • • •
Ep. 68. Depuis que.... a Athenes ,
©u Ariftocrate étoit archoníe , il
s’eft écoulé 135 ans
Ep. 69. Depuis que... ríen remporta
le prix du Dithyrambe a Athenes ,
oú.... étoit archonte ^ il s eft ecouj-e.
Ep. 70. Depuis que Phüoxene ,
poete dithyrambique , mourut a
ráae de foixante ans ^ Pythéas etani
archonte d’Athénes . il s’eft ecoule
1 16 ans. . T ■ j '
Ep. 71 • Depuis quAnaxandridep^
poete comique, remporta le pnx a
Athénes ¡ oú Calha.s étoit archonte ^
il s’eft écoulé 1 1 3 • • • ' , '
Ep. 72. Depuis' qu Aftydamas tut
couronné a Athénes , ou Aréon étoit
archonte j, & qu’au meme tems 1 on
vit briller une comete trés-gran^ie ,
il s’eft écoulé 109 ans. . • • •
Ep. 73- Depuis la bataille de Leuc-
tres , donnée entre les Thébains &
les Lacédémoniens , oú ces derniers
furent défaits ^ & oú périt leur rol
Cléombrote ^ pendant que^ Phraü-
clide étoit archonte d’ Athénes, il
s’eft écoulé 107 ans
Ep. 7.3.. Depuis le oouronnetnenL
de Stéfichore fecond , d’Hymére a
Athénes , oú Dyícinete étoit ar-
chonte , 8c depuis la fondation ^de
Mégalopolis , en Arcadle , il s’eft
écoulé 106 ans
Ep. 75. Depuis la mort de Dpys
¿e Sicile , auque! fon fiís. fuccéda ,
& depuis cu’Aiexandre devint roi
de Phére enTheffalie, pendant que
Kauíigéne étoit archonte d Athenes,
il s’eft écoulé IC4 ans.. • • ' '
Ep. 76. Depuis que les Phoceer.s
pillérent le temple de Delphes , ce-
phifodote étant archonte d Athehes ,
il s’eft; écoulé 94 ans. . _ . . • •
Ep. -77. Depuis que Timothee ter-
mina fa Garriere , ágé de qiiatre-
vingt-dix 3.T¡s j 3- Atnencs j ou Ag<a.-
thocle étoit archonte ; depuis que
Philippe, roi de Aíacedoine , batit la
ville dé Philippbpolis ; depuis qu A-
lexandre de Phéres mourut, & que
Dion vainquit lesgénéraux oe DenySj^
il s’eft écoulé 93 ans. . . • •
Ep. 78. Depuis la naiftance d A-
Ig.S^ndre 3 roi de Macédoine, tenas
A R ü
Du-rés
jufqua
nous.
L187.
1185.
202 2166.
120J
1209
2161
21J9.
1211
2157.
1212
2156.
irí
de
Faros
1227
I2i4¡2i34.
1224A144.
122;
2143
Varée
jufqa‘¿
iGas,
2141.
1228 lias.
OÚ floriffoit Ariftote á Athénes, oú
Calliftrate étoit archonte , il s’eft
écoulé 91 ans _ • •
Ep. 79. Depuis que Callippe ,
affafiin de Dion, s’empara du g_ou-
vernement de Syracuie , Diotiime
étant archonte d Athenes , il s eft
écoulé 90 ans
Les marbres de Paros finiíTent á cette époque.
ARURE. T^oyei Aroure.
ARUSPiCES , miniftres de la religión chez les '
Romains, qui étoient chargés fpécialement d’exa-
miner les entrailles des victimes, pour en tirer
des préfages. Les arufvices étoient diftingues des
augures , en ce que i’infpection des derniers ne
regardoit que le vol des oifeaux , leurs^mou-
vemens, leur chant , & la maniere dont iis pre-
noient leur nournture. On a donne a leur nona
diíFérentes étymologses affez bizarres : Ies uns
le dérivent d une corruption du mot grec
rJíTív, infpeaion des chofes facrées ; le P. Pezron
a recours á Tidiome celtique, dans lequel au ou
afu íigniñe le foie ; lequel , a fpicio , je
regarde , a dú faite aufpex , d’oú arufpex , &cc.
li'en eft une plus vtairemblable & plus anamgue
á l’attention qu’avoient Ies prérres , de n’em-
ployer que des mots barbares & furannes ; eue
dérive arufpex ¿taruga , bélier offert en facri-
fice. _
Les arufpices étoient reconnoiffables par les
mémes habillemens que les augures , _ & par c
Lituas , qu’iis portoient de la main droite comme
eux. lis paroiffent ordinairement fur les monu-
mens antiques vétus de tuniques á manches courtes,
& de la rogé ou du grand manteau ,^don^us s en-
veloppoient la tete comme d’un voile. Du re^ e,
l’habillement extérieur étoit 'releve Fort íiaiU j
cina.u gabina. On les initioit , des leur jeunene,
dans les regles de l’arufpicine ; & les peuples ae
i’Etrurie étoient chargés de ce foin- Les Komams
leur envoyoient tous les ans, dans
douze enfens des premiers de la repub.iqje-^
apprenoient chez les Etrufques á exammer,
certaines regles, le foie_, le coeur, la r.ite
reins & la íangue des vi&imes ; ils
foigneufement íi chacune de ces parties ei-O--
dans l’état naturd , & s’il n’y paroiiToit po-nt
quelque ftétriíTure.
' Les arufpices détachoient de leurs propres mams
les entraiiles , les ouvroient avec^ un _
de fer, & étudioient la couleur ae a
qa’elles rendoient en brulant. hs
attentivement la maniere dont la bi.e .0. - "j,
foie, & l’urine de la veífie, comme A
prend Didvme. Pour mieux obferver ce ti—* --
phénoméne, ils lioient avec de la lau¡e .e co •
ce vifeére, &: examinoient comment
c’niroit dans le feu, & de quei cote u >
échapper Turine. ' ^eur
A R Ü
Leur art ne (é bornoit pas aax entrailíes des
victimes ; íl s’étendoit á tous les prooiges qui
pouvoient alarmer ou raíTurer la fuperílition la
pías miniitíeufe , dans le ciel ou fur la terre.
Confuítés pour favoir ce que déñgnoit un ferpent
cui avoit entouré de fes longs replis le jeune
Eofcius pendant fon fommeil les amfpzces ré-
pondirent {Cicer. deDlvin. i. 36.) que cet enfant
feroít tres-célebre & trés-élevé en dignité. Les
prérendues piules de pierreSj les météores lumi-
neux, la naiíTance des prétendus hermaphrodites^
les enfans dont on attribuoit la naiííance á une
vierge^ exercoienr aufli la fagacitc des arufpices-,
Quelques-uris d'eux fe méloienc dans le grand
cirque parmi les charlatans qui amufoient le peu-
ple. lis expliquoienr les fonges & les prcdiges
qui avoient effrayé : ils prédifoient fa venir en
examinant les traits du vifage, les linéamens des
mains de ceux qui les confultoienr ^ & le bruit
qadls faifoient en frappant de la langue contre
le palais ^ poppyfma. juvénal nous f apprend j
(Sar. 6. J83.) :
Sortis ducet , frontemque manumque
Pr&bebit vnii crehrum poppyfma rogantz.
tJn aneen feholiañe applique ce paíTage aux aruf-
picos.
Leur coIlége_ devint íi nombreux , qu’iis for-
tnérent un ordre dans TEmpire : témoin cette
iiicripuon trouvée á Rome en 160 y.
L. PONTE JUS. FLAVIANUS
KARUSPEX. AUGG. CC
FONTIFEX. DICTATOR
ALBANUS. MAG. PUBLICUS
HARUSPICUM. ORDINI
Jí 4.RUSPICUM. LX. D. D
Efaut y obferver la dignité de ce Fontéius-, qiji •
Ctoií arafpicam ma^fier publicas.
Ariifpice du^ pontife étoit une autre dignité de
cet ordre. Céroit celui qui aidoit le pontife dans
les facrifices. II en .eft fait mention dans une
Kifci.f.noa de Rome:
CN. JULI. CN. FIFI
DOMATI. PRISCI
EX. EQUO. PUBLIC.
ADJUTORIS
HARUSPiCUM
IMPERATORIS
PONTIFICIS
ALBANI
II y avoit des amfpices qui fuivoient Ies ar-
& qui examinoient les- entrailles des vic-
«mesavant les combats, afin d’en prédire fiíTue.
,ans une lettre d'Áiirélien , rapportée par Vo-
empereur défend aux foldats de faire
aacim prérenr aux amfpices y de í;rain.:.e que ces ,
Aauqaztés ¡ Teme l.
A R U
3^1
pretres ne déguífaíTent la vérité , étant gagaés
par les liberabtés des légions.
Les femmes s’immifcoient queíquefois dans
les fonciíons des amfpices, & confultoient Ies
entraibes des animaux. Plaute le donae á en-
tendre dans le vers fuivant du foldat glorieux :
Pr&cantatrici , colleElrici , ariolí, atque ar'ufpic£.
ARüSPICINEj fcience des arufpices. Les
Rorpains en faifoient inventeur un petit-íils de
Júpiter , nommé Tagés. Celui-ci , difoient-iis ,
apparut dans i Jttrurie á un laboureuf auprés de
farquinia. Tagés fortit de terre á cóté du foc de
fa charrue ; il avoit Ies traits d'un enfant &: la
fageííe d’un vieillard. II s'entretsnt pendant pin-
íieurs jours avec le laboureur & avec tous les
habitans de LEtrurie , accourus au bruit de ce
prodige. Ses entreticns rouiérent fur VArufpicine,
8c ^ le recueil que Ton en fit fervit de bafe á cette
fcience. Antiñius Labeo les expliqua dans quinte
volumes^écrits fur cette matiére.
P aprés ce récit ^ chanté par Ovide dans íes
Métamorphofes , 8c infere par Cicerón dans fon.
,Traite de la Divination , on croiroit que Ies
Etrufques ont inventé f Amfpicine. Les ÍSrecs,
les Afiatiques , confultoient cependant Ies es-
trailies des viéi-imes long-tems avant Tagés. A la
bataille de Platée j MardoniuSj general des Perfes, .
avoit déja atraqué I’armée combinée des Grecs,
que Paufanias voyant que l’infpeélion des vic-
times egorgées pétoit pas favorable ^ délendoit
“^core aux Lacedemoniens de combattre. Les
pretres cherchoient vainement de plus heareux
fignes dans les entrailles de nouveiles victimes.
Paufanias éploré j ieyant les mains ' au ciel &
regardant le temple , adrelTe fes voeux á Junen
Cithéronienne & aux autres dieux tutélaires de
Platée : fi les deíbns , fécúe-z-'ú, ont réfolu
la de-faite des Grecs , quhls permettent au moins
que par queíquefait ¿“armes briliact, nous apprg-
njons aux Perfes qu“ils ont vaincu des guerriers
braves & courageux. A peine eut-il prononcé
ces paroles, que les aufpices furent favorables.
Gn combattit les Perfes , & ils furent défaits.
Ce trait prouve que les Grecs prariquoíent la
méme fuperílition.
PrufiaSj roí de Bvthinie , preíTé de livrer la
bataille par Annibalj qui s'étoit refugié auprés
de lui , répondit que Pinfpeétion des entrailíes
facrées s“.y oppofoit formellement. Eíl-ce que
vous ajoutez plus de foi, répliqua Anniba!, au
coeur d’un veaUj qu’a l’expérience d’un vieux
general? On pourroit rapporter plufieurs autres
traits femblabies , qui feroient difputer aux Etruf-
ques r.inv’entiofl de Y Amfpzcine. Peut-ét;e fuvent-
iis les premiers á la réduire en art , & á fixer
fes regías.
ARX. Ce mot abrégé eíl employé fur les mé-
daillespliis fouvent pou^ esprimsf layA. ankoa-c,
'Sf
32 2
<3iie poiir exprimer pontife , a^yjiiés- Le refte ■
¿e la légende détei-mine le choix dans chaqué
cas.
Arx. Les augures appeloient de ce nom le
terrein fur leqaeT lis faifoien: ieurs obfervations
religieufes.
ARXATA:, en Arménie. ape.
M. Peilerin a publié un médaillon d’argent
auronome de cette ville , qui eíi unique.
ARYCÁMDA^ en Lycie. aptkan.
M. Peilerin a publié une médaille autonome
de bronze de cette ville ; il n’y en a point d'or
ni d'argent.
Cette ville a fait aufíi frapper une médaille
grecque , en Thonneur de Tranquilline j felón
M. Eckkel.
AS. Ce nom a chez les antiquaires trois fens
différens.
1°. L’As étoit un poids , & dans cette accep-
tion Vas romain eíl la méme chofe que la livre
lomaine. T^oyei Libra. íl fe divifoit en douze
«nces & en plufeurs autres parties , dont voici
Ies principales:
j. Js, libra j en grec xí-r^a, valoit. . . ii
Deunx..., chez les Grecs f- & I, ¿'¡ícoi^of
' " ‘ T T
7iT<zfroy,
•j-. Dextans.... , chez les Grecs f & |j ¿Ifcoi-
fot ixTm sO
5. Dodrans... ^ chez les Grecs j Se -Ij, ¿'ífcm-
fst ^a^ix,(¿Tot>> ................. 9
4. Bes,... , chez les Grecs ¿'luotfot S
-l. Septunx.... , chez Ies Grecs t &7T r.p.tov
¿'oi^lKATOt. y
L Semis.... , chez les Grecs y.fuav <5
-4. Quir.cunx. ... , chez les Grecs | & yf J
Vfí'rot boiS'íx.oírov. ................ J
a. Triens. .. ., chez les Grecs tc/s-ov. ... 4
i. Quadrans. ... , chez les Grecs TÍrap-rot, . 3
•|. Sextans. . .. , chez Ies Grecs \x.r(,t. ... x
Uncía.. .. , chez les Grecs ¡hsLíxaTiJv. . i
x°. De ce fens propre & primitif de VaSj, on
en avoit derivé un autre ^ en tranfportant ce
mot a quelque chofe que ce pút erre j dont .Vas
íignifioit le tout ou l’entier, [olldum quid, dont
la moitié étoit exprimée par fejnis , le ners par
triens , &c. &c. Cet iifage avoit iieu principa-
lement pour Ies fucceíEons ; & alors as déíignoit
rhérédlté entiére. De forte que , hénter entié-
rement de quelqu’un j s'exprimoit par la phrafe
kares faclus ex affe ; héritet:, ex tríente, ex femiífe ,
ex befe, ex deunce , vouloit dire proprement héri
ter du tiers , de la moitié ^ des deux tiers , des
onze douziémes, &c. &c.
Dans le méme fens , les Romains appeloient —
As, le pied , mefure linéaire ^ qui valoit
II pouces de Francej
As, le jugerum , mefure gromatique ou de
Tarpentage , qui valoit 723 toifes carrées & -~
de France 5
As, le fextarias , mefure de capacité pour les
folides, qui valoit 20 roquiiles & 7— de France,
oii la pinte contient 32 roquiiles 5
As, le fetier , mefure de capacité pour les
folides , grains , &c. qui valoit ~ de pinte'.
3°. Uas , dans le fens qui a été feul adopté
par notre langue, étoit une monnoie. Eufébe,
dans fa Chronique , année 306 , rapporte que
fous Numa, les as étoient de bois, de ciiir &
de coquiiles. S. Jérómé, dans fa traduélion d’Eu-
fébe, omet cette derniére efpéce. Sous Tulliis
Hoftilius, on les fit de cuivre, & on les appela
as, libra, pondo. Leur poids, qui étoit d'uae
livre .entiére ou de douze onces , les fit appeler
Asses GRAVES , ASSES J.IAJORES, QuattC CCnt-
vingt ans aprés, lorfque la premiére guerra Fu-
ñique eut épuifé les finances de Rome , on en
retrancha un fextans ou deux onces , & on ne
Ies fit plus que du poids de dsx onces ou du
dextans'. On peut les diítinguer par le furnom
de oEXTANTARii. DaHS la fuite, on en ota en-
core une once , ce qui les réduiíit á neut onces
ou xM fodrans ; d’oú ils peuvent erre appeiés
voERANT ARii. Eofin , Tan de Rome 563 , C. Pa-
pirius Garbo étant trihun du peuple, fit paííer
la loi Papiria fous le confulat de L. Cornéiius
Scipion , & de C. La’lius Nepos. Elle retran-
choir encore de Vas une once & demie 5 ce
qui le réduiíit á fept onces & demie , d’oú il fot
nommé as septünx S¿ sEMruxctALis. On croit
généralement que Vas reíla á ce point tout le
tems de la république , & jufqa’á Jesus-Christ.
La marque de IW étoit d’un cóté une tete de
Janus á deux vifages, bifrons , & de Fautre un
bec de navire , rofirum^navis ; c’eft-á-d're , une
proue de navire ou Favant á’un vaiffeau. Les
colle&’ons d’antiques, & le cabinet de Sasnte-
Geneviéve en particalier, renfermenr pluíieurs
as avec ces empreintes. On les appela Ja.n.i ratiti,
ou nummi ratiti. Ovide {Fajl. I. 23I.) dit que
Farrivée de Saturne en Italia avoit fait metrre un
bec de navire fur Ies as , afín d’en conferver le
fouvenir :
At hona pojteritas puppim fignavit in Ate ,
Ilofpitis adventurti tefiificata Del.
Nous allons donner Ies difrérentes évaluations
de Vas , m.onnoie réelle Se monnoie de compre,
d’aprés la Métrologie de M. Paudon, Se nous
y joindrons fes réflexions fur Ies as.
L’as, monnoie réelle, valut, depuis la^fon
dation de Rome jufquá Fan 537, vingt -oys
une livre de France , quelquefois meme ving.-
huir fols. Uoye:^ Ass iPOUDii/^r . ^ ^
Uas valut, depuis Fan de Rome 537
Tan 544 , frois fols de France. I! ne pefoit alors
cue deux onces romaines de cuivre.
L'as valúe ^ depuis Tan de Rome 544 jufqii’á
Tan 586^ un fo! dix deniers & demi de France.
II ne pefoit plus qu'une once romaine.
h^as valutj depuis Tan jSó jufqu’au régne de
Claude ou de Nerón ^ un fol un denier & deini
de France.
Uas, rédiiit au poids d’un ficilique de cuivre ,
valut, depuis le régne de Claiide ou de Nerón
jufqu’á celui de Conílantinj un fol environ de
France.
L’aSj monnoie de compte des Romains^ avoic
difFérentes diviíionsj fuivant le numéraire dont
il faifoit partie.
h as , dans le numéraire érariaire ( Arith-
ÍAETIQUE.) éroit repréfenté par ce figne II
fe divifoit en douze onces, ou vingt quatre fémi-
cnces ou trente- íix duelles , ou quarante-huit
íiciliques , oa foixante-douze festuies , ou deux
cent quatre-v¡ngt-huic fcripules.
L as, dans le numéraire feílertiaire (F.Arith-
Metique.) étoit repréfenté par ces lignes H-S
^ das, Uhclls. fembella. II fe divifoit en deux
J smijfes - £,ris , ou en cinq fembells. , cu en dix
teruncii.
L as eíFeétifj dans le numéraire dénariaire {V'-oy.
A.RITHMÉT1QUE.) étoit repréfenté par ces íignes
A 3 , femuncia ficiliciLs.
L as denarius OM fedecióis , du méme numéraire
denariaire, eíl renvoyé au mot Szdsc/.íí.
Si Ton veut fnpposer que lorfqu'on fabriqua á
Rome les premieres monnoies d’argent, on adopta
entre ce mera! & le cinvre la proportion ap-
preciative qui étoit dés-lors étabíie & reqiie
parmi ¡es peuples circonvoiíins ; íi á cette pre-
miére fuppofition on confent a en ajouter une
feconde ; favoir, que cette proportion entre le prix
du cuivre Se celui de i'argent, fubíiíloit depuis le
regne de Servius & méme de Numa, fans avoir
lUDi de changement, on en inférera que depuis h
commencement de la monarchie rom'aine jufqu á
1 an yci au moins de la fondarion de la viile , Vas
^ut erre eñimé de la valeur d’un.e livre tournois,
& fes múltiples & fous-multiples á proportion!
t-e ca’cul , alTez juñe , ce femble , fera aufri
tres-commode , puifque par-tout ou Ton rencon-
trera le mot es-, on n’aura qu’á fubílituer celui de
ivre tournois. Ainíi, Ton dirá que les citoyens de
a premiére claíTe , fous Servius, devoienr avoir
cI* ’aioins^cent müle livres de bien j ceux de la
t^onde oaííe, foixante-qumze mille livresj ceux
e ja troifieme claíTe, cinquante mille livres; ceux
claffe, vingt-cinq mille livres; &
ceux de la.ícinquiéme claRe , douze mille cinq
vems Iiyres. On dirá de méme que lorfque le
^ Rome , il y valoit 1
^ ious le modius, & 15 íiv. 3 f. le feder^ me- 1
de París. On dirá encore qu’un bceuf, dans
tiendes légales & pécuaiaires , étoit eftimé á
fure de
les am.enaes legaíes & pécuaiaires , étoit elíimé á
cent franes ou cent livres tournois ; un mouton a
díx franes que les plus fortes amendes étoienc
taxées a trois mille livres , & les moindres á vingt
franes ; qu Appms - Claudius , racheta les privi-
leges des Potitiens pour la fomme de cinquante
mille livres ; qu on devoit les dépouiiles opimes,
lorfque les dépouiiles faites fur le chef des en-
nemis fe montoient á la valeur de deux cents
livres., pe qu’on n’éíoit obligé qu’á un facriíice
d'expiation lorfque la valeur de fes dépouilies
ne fe montoit qu'á cent franes. »
Pline {¿ib. 33, ckap. 3.) écrir que le poids de
I as qui jufqu'alors avoit toujours eré d’únc
livre pefant, fat diminué pendant la premiére
Pnnticmo T o t?
i . ‘O'"''
lant acquirter les dettes qu'elle avoit été forcée
de contracler , par un artifice qui fút le moins
onéreux poffible á fes créanciers , imagina de dé-
cner les anciennes monnoies , & de faite fabri-
quer a la place de noiiveaux as du poids d‘un
fextans ou de deux onces de cuivre, & qui ne
i ^ — ^ ^
acquitta fes dettes , rembourfa fes créanciers avec
la iíxiéme partie du métal qu'eüe avoit emprunté,
& gagna cinq fur fix. L’as fut marqué du coré
j^’eíFgie, d"un Janus á deux vifages ; & du coré
de i exergue, d'un éperon de navire : le triens &
le quadrans furent caraclérifés par des radeaux.
Le quadrans avoit été ju.fques-Iá appelé téronce
parce qu’il étoit en argenr , & qudi valoit trois
onces de cuivre : á cette époque il ne conferva
plus que le nom de quadrans, parce que Je té-
ponce d^argent fut fupprimé , auíli-bien que la
IlDeile & la fembelle : Víbrale autem vor.das /iris
imminutum bello Púnico primo cian impenjis B.ef-
publica non Ju0ceret : confiitumoue efi ut cjjes fex-
tantario pondere ferirentur. Ita quinqué partes
fañs, lucri , áijfolutumque ¿ls alienum. Nota sris
fuh ex altera parte Janus genzinus , ex altera,
rofirum navis ,* in tríente vero & quadrante rates.
Quadrans an.ted leruncius vocatus a. tribus un-
ciis. Lorfque Pli.ne dit queda monnoie de cuivre
portoit fur une face la figure d’un Janus á deux
vifages, & fur laucre un éperon de navire, 8cC.
il ne parle pas plus de la monnoie de cette refonte,
que de celle qui avoit précédé , & qui étoit mar •
quée des mémes caradtéres & figarée ee la méme
maniere. »
« Les écrivains gardent le filence fiir la réduc-
ion des monnoies d’afgent,ce que M. Pauéton re-
garde comme une preuve qu’ils Ja comprennent
dans celle des monnqies de cuivre, &qu’ene fubir
la méme reforme. En effet, íl les monnoies d’ar-
gent n’eufTeiit poi.nt été changées avec celles de
cuivre, comment la Répsblicue auroit-eile pu
fsíre un prcílt de cinq fixiémes en décriant íes
3 24 ^ S
anciennes monnoies ? Efi-ce que les'fonás de i’étát
étoient en madéres de cuivre? 11 eft bien plus
probable qu’une grande 'partie étoit . en madéres
íi'argent , & que par conféquem;^ pour eífectuer
parfaitement un profit de cinq fixiémes ^ il falioit
d'ir.inuer á la refonte les erpéces d’argent dans la
jnéme propordon qu'on diminuoitcellesde cuivre.
Le denier fut done réduit a la taille de foixante-
douze á la livre , fot du poids d’une fextuiej de
méme valeur que le didrachme aíiadquCj & feu-
kment d’un vingt - quatriéme plus grand que la
drachme attique ou des grecs. Ceñ peut-étre de
cette égalitá approximative áu denier romain cié
ce temps-ia & de la drachme atdque ^ que la plu-
part des écrivains j rant Grecs que Romains j
■conferverent au denier le nom de drachme j lors
jnéme qudl fut á la taille de quatre-vingt-quarre ,
& méme de quatre-vingt-feize á la livre. La pro-
pordon de Targent aa cuivre fut donc^ comme
auparavant , fur le pied de 1 20 á i . »
Sí Si la reforme dont nous venons de parler avoit
en lieu curant rinrervalle de la premiére guerre
panique j comme l'écrit Pline , on trquveroit que
fous le confulat de L. Méteilus , le feder de
bled j mefure de París , fe vendoit á Rome 3 liv.
12 f. 6 den. de notre monncie , en calculant fur
la monnoie de cuivre j oá bien trente-deux fous ,
en calculant fur la monnoie d’argent. 11 feroit
bien étonnant que le modius de bled qui j 230
ans auparavant j fous le tribunat de Miniuius Au-
gurinus j fe vendoit une livre de. cuivre lorfqu’il
étoit au plus bas prix ^ ne fe vendoit plus que deux
enees 3 c’eil-á-dire un fixiéme de ce qu’il avoit
ralu. lí ya néanmoins des gens qui trouveroient
ce dernier prix plus raifonnable , tant on eft per-
fuadé que Ies métaux monétJires étoient moins
abondans & plus précieux qu’ils ne le font au-
jourd’hui.
«Démofthéne naqiu'í en 381, Se mo’jrut 3 22 ans
avant fére chrénenne 5 le milieu de fa carriére fut
done vers l’an 404 de la fondation de Rome ^ cent
ans avant répeque du triomphe de ívlétellas. Or ,
cet orateur célebre nous apprend que de fon
temps le medimne de bled fe vendoit orainaire-
ment a Athéiies la fomme de cinq drachmes. Le
fetier de b'ed de París fe feroñ done alors venáu
dans la Gréce pour la fomme de j/üv. 3 f. de
nctre monnoie 5 c’eíl un peu plus qu’íl ne fe ven-
doit a Reme dans Ies années cTabondance. ”
«Polybe j qui vívoir do ans aprés l’époque du
triomphe de Méteilus , nous apprend (lE 103. }
que de fon temps le modius de bled ne valoit or-
dinairement en Itaiie oue quatre oboles. 11 p.aroit
que ces quatre obeles fent une réduñion de mon-
rsoie romaine en monnoie grecque ; on ne fait íi
el!e^ a éte bien faite : quoi cu’i! en foit , il .fuit de
ceci qu au temps de Polybe le fetier de bled au-
valu en Itaiie 10 liv. Gí 11 pourroit encore fe
feiie qu ils agit ici du mocics attique j caxü f»-
A S A
lybe s''exprime en monnoies áttiqúes_^5 pourquoí
ne s’exprimeroit-il pas également en mefures atti-
ques ? Dans ce cas , le fetier de bled auroi: vala
1 3 liv. 14 f. ”
ce On volt j parles plaidoyers de Cicerón contre
Yerres j que dans la Sicile , ou^ á caufe déla
grande fertilité de cette iíle , le bled devoit étre á
bas prix j le modios , mefure du pays , y valoit or-
dinairement quatre feílerces ^ ou un denier de 84
á la livre , d’oú i’on infere que le fetier de
París y auroit vaiu 16 liv. 17 f- de notre mon-
noie. »
cc II eft done démontré que Targent n’ étoit pas
plus précieux fous les régnes de Phiiippe & d’A-
iexanáre-le-Grand , que fous ceiui d’Auguíte &
qu’ii nc procuroit pas une plus grande quantitéde
chofes néceíTaires aux befoins dé i’homme l’an
.¡fCO, que l’an 750 de la fondation de Rome. II y
a plus c’eñ que dans la fuite le bled ne valut
quelquefois que trois fefrerces ; c’eñ á ce prix que
le fir'réduireNéronj pour foulager ou pour calroer
le peaple aprés i’incendie de Rome : Sed folatium
po'^ulo extivhato & profligo ^ campum hlartis ac
monumenta Agrípp& ¡ kortos quum etium fuos pate-
fecit , & fuhharia ¿.dif.cia exflruxit , qu& multitu.-
dinem acciperent : fubveciaque utenf iia ah Hofiid t
& propinquis municipiis y pretÍLmque frurnenti mí-
nutum ufqiic üd temos numos ( 1 acit. Anual- lib- 23^
cap. 39)- (f'íétrologie de M. PauBon).
As ou Ash , nom fameux dans les Mythologies
feptentrionaies. Selon l’opinion commune , c étoit
un Dieu des peuples du Nord. Sperlingius arfou-
tenu á fonfujet une opinión particuhére dans les
nouvelles littéralres de la. mer Baltique , amue
i6c;C),pag. 174. Selon lui , les Aliatiques^ chaífés
de leur pays par Pompée , fe retirérent dans les
contrées feptentrionaies. Comme ils étoient polis
& délicats j ils mépriférent les noms barbarp aes
feptentrionaux j qui Ies regardoient_ avec adinira-
tion & comme des efpéces de divirátes. Pour ex-
primer quelque chofe de grand, d’excellent , az
magnifique , üs fe fervirent des mots a fe , efer ,
& Ies donnérent a leurs Dieux mémes.
ASAMINTHE, baignoíre faite en forme /e
fiége, «Vííüoíoí, Polliix donne ce nom á un vale a
boire, fans doute á caufe de fa forme.
Dans fa premiére acception , ce mor etoit con-
facré dans le temple de Minerve Granea. Ce 13^"
píe étoit batí fur une monragne efearpee ; 11
entouré de portiques & de ceüules deíHnees -^u
logement de ceux oui étoient attachés au cuite c
la DéelTe , & du Grand - Préfre en part’cu.ier-
Ce!ui-ci devoit étre toujours un ;eune garcon laiw
barbe. 11 fervoit cinq ans en cette qualite ; au
i°éIifoit-on li jeune, cu il n’avoit pas^nco^e^u.
feul poil follet au momenr de fon abcicatjcm.
Pendant les cinq ans de fon facerdoee 3 h
qaittüit point le fervice ds la DéeíTe ; & 1* vio*
A S C
«bl;g¿ d’emplovft ^ pour prenJre le baín , des
cfamínthes 3 ainíi que le praticuoieet les peupies
¿e ces contrées avant leur civilifation.
ASANDERj roí du Bofphore.
Ses m'édaiües font:
RRR. en or.
O. en argent.
O. en bronze.
A’Sa’niaox , mor compofé de I’» privat’f &
de a-ang , planche. Poliux appelie de ce nom une
efpéce de pont dans les navires 3 qui r/en occupoit
que la moldé.
ASAROTQN3 pavé pelnt ou fair de piéces de
rapport. Ce nom 3 compofé de Ta prlvatif & de
intima, je balaye, Iui avoít été donné, felón Fline,
C3<í. ay.) 3 parce quil paroiíToit toujours fale3
non-balayé, couvert de corps étrangers3 &c. peut-
étre que ¡es joints'des petits corps dont eft formée
la mofaique occaííonnoient. cette ülufion. Stace
parle des afarota , comme de pavés chargés de
deífins 3 dé fleurs & d’ornemens. ( Syh. i 3. 3 3
Varias ubi piclaper artes
Gauaet humus , fuberap.tqiie novis afarota figures.
ASBAMÉE3 fontaine dédiée á Jupirer3 auprés ‘
de Tyane , dans la Cappadoce. Fhiioírrate dk daos
la vie d ApoÜonlus, que fes eaux font froides á la
fource3 & bouillantes lorfqu’eües s’en éloignentj
qu’eües paroilTent beües 3 tranquiiies & agréables
aux gens-de-bien 3 efclaves de leurs fermens ;
tandis que Ies méchans & les parjures if y trouvent
qu’un poifon funefte.
Júpiter avolr un temple au pied de cette
fontaine 3 & il en portoit le nom a’ Asbamáen.
ASBESiE. V . Amiante. On devroit donner
le nova i‘ Amiante aux filamens fouples Se foyeux3
& celui ¿"Asbefie , aux filamens durs & diíSciles á
detacher les uns des autres.
ASCAGNE3^ fils d Enée & de Créiire3 filie
de Priam 3 étoit encore enfant lórfque Troye Tut
Qetruite. II fuivit fon pére en Italicj felón Virgile3
& régna aprés lui. Afcagne continua la guerre
contre Mézence 3 rol d'Etrurie 3 dont il tua le
ms. II bátit une nonvelle ville appelée Albe la
longtie 3 dont il fit la capitale de fon petit royau-
^ aprés un régne de trente^huit'ans.
oon fils Tules ne lui fuccéda point dans la royauté,
®a!s feulement dans le facerdoce. Voyey Ené^ ,
lULus. ^
li s'appeloit 3 felón Virgüe , Ilus á Troye , &
íe départ de la Phrygie : At vusr
J<tanius 3 cui nunf cognomen lulo additur , Ilus
, dum res fiítit Ilia pegnOt
A se 31;
I , 3 étoir fils de TAchéron & d'Or-
des enfers. Júpiter avant promis
a Ceres que fa_ filie Proferpine retourneroit fur la
terre_3 a condition qu’elle n’auroir rien mangé
depuis fon arrivée dans Ies enfers 3 Afcalaphe
rapporta qn il 1 avoit vue avaler fix pepins d’uns
grenade q^u eUe avoit cueillie dans Ies jardins ds
Pluton. L arret fut changé , & Proferpine obligée
ce paíTer fix mois dans Penfer 3 & Ies autres
fix mois chez fa mere. Mais la princeíre3 pour f«
venger de rindiferétion d'Afcalaphe 3 le méta-
morphofa en hibou. I! 7 a des auteurs qui ont
dit qu il fut changé en lézard ; d’autres ont debité
que Proferpine Pavoir couvert d’une groífe pierre.
Voye^ Prosérpine.
ASCALAPHUS 3 fils de Mars &: dP4ñ:ioché3 ua
des deux chefs des Grecs 3 qui conduifoient aii
fiége de Jroye les Béotiens* d’Orchomcne fus
trente vaifieaux.
ASCALON 3 en Paleñine. As & ac & ackaAí^
Les medailles autonomes de cette ville foat ;
RRRR. en argent.
R. en bronze.
O en or.
Leur type ordinaire efi: un navíre.
Cette ville a fait frapper des médaiOes impé^"
ríales grecques avec fon ére , en Phonneuí
d’Augufte 3 de Libére de ClauJe 3 de Kéron 3 de
Lite 3 de Dominen , d Antonin3 de Sept.-Sévere ,
dTlagabale 3 dPAlex.-Sévére 3 de Traían 3 d'íis-
dnen.
On y Yoit ordinairement une femroe couronne-e
de tours3 appuyée déla main droite fur une haíre,
tenant ce la gauche un éperon de navíre 3 ayant
a fa droire un aute! 3 & á fa gauche une colombe.
Diodore de Siciie dit que Derceto 3 Déefle adorée
a Afcalon & dans les autres villes de la Paleíline ,
ayant mis au monde une filie , en concut tant de
honte 3 qu^’elie Pabandonna dans un défert. Des
colombes la nourrirent d'abord de lait , & enfuite
de _fromage3 Qu'elles alloient prendre dans ¡es
maifons des berg'ers pour le lui apporter3 &pour
le mettre dans fa bouche. Ckíi pour cette raifonj
dit Je cardinal de Noris 3 que Pon voic des co-
lombes far Ies médaüles ¿‘Afcalon.
ASCARUS ou ÁscARUM. Gétoit , fuxvant
Pollux 3 (Onomaf. lib. 43 cap. 9 ) Sr Mufonius 3
( de luxu gr¿c. cap. 7. ) 3 un irrftrument de mufi-
que de percuffion , quarré Sf d’une coudée en
tout fens 3 fur leauel 'étoient tendues des cordes
qui rendoient un fon femblable á celui d’une
crotale , quand on les faifoit tourrter. Selon íes
mémes suteurs3 ^ Afcarus & le 'Pptkyra font le
méme inílrument inventé par Ies Troglodites oii
les I ybiens. Pollux ajoute qu’Anacréon appeíle
auífi Y afearas nyagade, & que Canthsrus en attsi-
buoií Pinvention aux Thraces,
A S C
ASCAVLES, ouvrier qui fait des cutres j
IflurtiuL j (lOj 3^ •
Et concupifcat ejfe canus afcaules.
ASCENSION. ( ¿RE DE l’)
.Nous ne connoiíTons que FAuteur de la chro-
nique dAlexandrie, qui ait employé ¿‘ere de iaf-
cenfion. C'eft ainíi , par exemple ^ qu il date
I’année du martyre de St. Menas de Cotys : Anno
ccLYii. Domirá in cáelos ajfumptionis , ac lifdem
cojf. ( Tufco & Aniíllino ) martyrium fubiit S.
Menas Cotyceus Thrygis. falutaris ciyitate^ , Athyr
1^, ex ante diem idus Novetnbris y ce qui revient
á Tan ¿95 de notre ere vulgaire j le 12 Noyembre.
Le mérr.e auteur donne encere cette date du
matyre de S. Gélafin Bouffen : Anno cclix. Do-
mhii in. cs:los ajfumptionis ^ ac iijiism fupra nomi^
natis cojf. ( Maximiano Uerculio Aug. , & Ga-
leriano Maximiano Cafare II,) martyris vitam
fnivit Sanñus Gelajinus in Tleliopolitarum urbe
Libanenfis y ce qui fe rapporte á Fan de notre ere
yulgaire 297. ( Art de vérifier les dates),
ASCHOLIES. Vo'jci Ascoeies. .
ASCIA. Ce mot délignoit chez les Romains
pluíieurs indriimens employés dant les arts , &
differens les uns des aurres.^i°. Afila étoit une
doloire qui fervoit á dégroílir & a poiir le bois ,
relie que ceiles dont les Tonneliers fe ferrent aa-
jourd’hui : 2°. afila étoit une efpéce d.e rateau
ou rabie , appeié ringard dans le.s forges & les
fonderies , av’ec lequel on remuoit la chaux ppa-
danr fon infufion: 3°. e:nñ.n, ajlia étoit un farcloir
fsmblabie á ceiui dont fe ' fervent les Jardiniers
pourarracher les broiiíTailles. C’eft ce dernier inñrur
ment donmousallcnsparlerdans cet arricie parce
qa’ii fe trouve trés-fouvent fculpté fur les cvprés
& les tornbeaüx dans les Gaiiles Vietinoife ,_Ñar-'
bonnoife & Lyonnoife en pardculier. Lltalie en
oSfre quelques exemples en tres - petit nombre.
Lorfque i’ afila n y eíl pas fculptée on trouye
dans IMpirapiie ces mots: süb Ascia dedica vit^
POSUIT j FECITj FACIENDUM CÜH.AVIT &C.
AB ascia FECITj &C. , . -
Ces expreílions otit donné jufqu a ce ^four la
rorture aux Anísquaires , qui ont forme diyers
fyñémes pour les exphquer , fans qu aucun d eux
puiíTe fe fíatter d’avoir poar lui plus que de la '
vraifemblance. On avoit cru pendant long-temps
qu'elles n’étoient employées que dans les Gaules 5
mais Gori a pablié qüatre épitaphes trouvées dans
la Tofeane avecFA/ciu fculptée. Grupr, FabrettL
Dou! & Muraron en ont fait connoítre quelques
autres. • . ^
Alde Manuce chercha le premier a espliquer
ces formules ; & il emplova , pour y rcuíTir , une ,
ioi des Xíí. Tables , qui défend_ de poiir avec la
¿oloire , Se de travailíer les bois dont on conf-
ísaifoit les buchers^ roguxí ascia ke polito.
|I dit que XA.fiia ^ placee fur Ies tombeaux ^ an-
A S C
tionqoít que Fon avoit fatisfait á la Ipi en élevant
un moinument fimple & fans art. On ne voit pas
cependant quede anaiogie il a pu trouver entre
Yafiia des Charpentiers ^ appelée vulgairement
kerminette, & des tombeaux de pierre^ de briques
ou de marbre.
ReineSus entend par ces formules ^ que celui
qui parle dans Fépitaphe ^ a préíidé á la conf- .
truélion da monument depuis le premier coup de
farcloir, í7_/cií2j donné pour préparer le terrein ,
jufcuN Fentiére períéétion du tombeau, opérée
par Foütil du marbricr , afiid & fecuri (^kaiiuríxk
On ne connoir poiñt ddnftruinent de Marbn'er
ni de Scuipteurqai puiiTe étre appeié afila-, aucun
nMtant reíTemblant á Y afila fculptée fur les mo-
numens.
Chorier donna, vers le méme temps, dans fes
antiquités de Vieruie , une explication des mémes
formules trés-ingéMeuíe , mais trop recherchée.
II deriva le mot a-fiia de iV. pnvatif des Crees &
de %-í.iy,, ombre , & il le rendir par terrein fans
orabre , áégagá de íout abri , tel qu on le recher-
choit pour les fépu'tures.
Fabretti a tourné en ridicu’e Fexplication de_
Chorier; mais il 7 en a fubílitué une^qui ne’
paroit pas plus foiide. A.pres avoir rappeie la loi
des XII. Tables, qui dáfenJoit le laxe & la prodi-
gaüté dans la conltruclion des tombeaux , ii aíEire
que Fexpreflion sub ascia facere faifoit
hommage a cette loi , en apprenant que le tom-
beau avoit été fait & acheve , quelque élégant
qu'il fut, avec Finñrument appeié ajcfi.^Sl fa-
bretti eus tiré de fon principe une conlequence
diamétraiement oppofée , elle eút été beaucoap
plus vraifemblable. Que Fon juge apres cela de la
folidité de fon explication. ^ ,
Ces formules célebres íixérent les recnerenes
du marquis Maffei de Vérone , & ii les expliqua
auííi d'une facón particuhére. Ayant lu aans
Vitruve que Y afila fervoit á faite infufer la cnaux ,
ala perfedtionner , en la remiiant dans toas les
fens , & en ramenar.t au dehors les corps etrangers
qui auroient nui á fa perfeóíion , iF appliqua ce
paífage á Y afila des tombeaux. Elle y deiignoit,
felón lui - que ces monumens avoient ete faits ,
conííruirs & reblanchis avec de la chaux , pour
Fufage ce celui dont Fépitaphe faifoit tnention.
II s’étayoit encore de FexpreíTíon coksdximaí uM
Hoc oPUS suB ASCIA EST , tirée d’uro épirapne
rapportée par Guichenon, dans laquehe
paroit érr^indiquée comm.e Finírrament Ueyun.. a
mtllxc la der.-iiire maln a Fouvragé. Mass qu au'.oi..
pu répondre le favant Marquis , lorfqu on ^ui
auroit-'préfenté des épitaphes avec I afila , grav^t-S
fur un feul bloc de marbre ou de pierre commune,
qui rdont jamais été blanch:.es\ & ceíie-ci en par^
ticuiier , dans laouelle i! n’eft fait rrention ouv
d’un autel , ou cippe aynnt la forme d un au.e ^
pour recevoir Ies libations ;
' A S C
D. Sí.
SERVI
SEVERI
CASSIA
MISEP,A IvíATER.
FILIO INCOIvI
PARAEILI AN
XXIIII. ARAM. ?0
SUIT. ET SUB. A. D.
Elle eft tirée du Recueil de Grurer:, page peí.
Le P. Mabilion a propofé , dans fa lettre de
culta fanBorum ignotorum , une explication aííez
heureufe des formules SUB ascia dei>ícah.Ej 8¿c.
II penfe que les anciens, en dédiant leurs.tom-
beaux auxmánes j faifoientdesimprécations contre
ceux qui en oferoient violer la faintete. Les im-
précations éroient exprimées par la figure de ^ afola
dont on menacoir leur tete. Cette opinión eñ con-
forme á une coutume des payfans Latins , qui ,
felón Palladíus j {de re rufiicá , i. 3 f. ) élevoient
contre le ciel des haches enfanglantées pour dé-
tourner la grele & Ies autres météores deftrucíeurs.
On peut objecler cependant aa favant Bénédiftin,
que X afola reííemble ordinairement á un farcloir
ou á une doloire ^ & jamais á une 'íi-ízhs. , fccuris ,
telle qu'on la voit dans Ies faifeeaux des Liñeurs.
D'ailieurs cette menace de incrt corporelle n'étoit
pas conforme á Fefprit des premiers chrétiens ,
qui ont cependant employé quelquefois la formule
SUB ascia.
Aprés avoir rapporté & combattu toutes Ies
explications precedentes, excepté celle de Chorier,
Muratori {thef. irfer. a propofé laíienne,
qui fe rapproche de cel'e da P. Mabilion. Selon
lui , la. formule süb asci a, ou Y afola elle-mémej
placée fur les tombeaux, étoit une priére tacite ,
mais connue j adreífée par celui qui étoit enterré,
au poíTeífear du champ dont le monument fai-
foit partie , d'er^ farclet les environs , d’em-
pécher les brouírailles d’en dérober la vue , &
de rendre la torre pefante fur Ies cendres du dé-
funt.
Cette explication faifant partie de celle que
r.ous donnerons plus bas , d'aprés le comte de
Caylus , mente quelque développemenr. Quant
au defir qu’avoient Ies anciens de trouver, aprés
leur mort , la terre du tombeau Ugere , six TIBI
atteñé par des müliers d'épi-
taphes , & il ne doit pas nous arréter. La crainte
de voir ^ Jes tombeaux couverts & cachés par les
brquíraiües , eft exprimée quelquefois dans les
epítaphes , mais plus fouvent dans Ies poélies.
infcnption publiée dans le rnéme recueil de
dans la claííe des oolléges , fairmention
de Ponna Jufta , qui avoir laiíFé fix cens fefterces
^'fcoilége des matelots d’.Arilica , á condition
du entr autres chofes ils farcleroient les environs
íombeau de fon affranchie Fortunara :
UX MONi^iíENTÜM REMÜNDETÜR..
A S C
I L ép’taphe fuivante , que rapporté le méme au-
teur , eír encore plus expreííe ;
SALLÜETIAE
AFHRODITE
CONGIDIUS 1. F
CONIUGI BENE
MERENTI CUM QüA
VIXIT'ANNIS XXVII.
MENSIBUS VIII. DIEBUS VI.
QUOD VIVA MERUI MOS.IENS QüOD ET IPSA
ROGAVI
CONIUGIS' HOC MOESTl REDDIDIT ECCE PIDES
SIX LICEX IKFERNAE NOCTIS XRISTISSIMUS
HORROR
ME TAMEN ILLIUS CREDO lACERE TORIS
XE PIE POSSESSOR SIVE COLONE PRECOR
NE PAXIARE MEIS XUMULIS INCRESCERE
SILVAS
SIC TIBI DONA CERES LARGA DET ET BROMIUS
Dans la claíTe des artifans du méme recueil ,
A. Sempronius Lsetus legue 7000 fefterces pour
rentretien de fon tombeau ; huic .monumento
iN cültüram. Le mor cultura exclut Lidée de
raaconnene , & déíigne la terre nettoyée , défri~
ckee. Quatre vers grecs gravés ala fuite de Tépi-
taphe du jeune Vibius Licinianius, & tradaitsea
vep latins par le marquis Aiaffei , renferment la
meme fouhait :
P lurimus hutic tamulutn fos Induct , inque recetitetn
Haud rubí hórrenles , &gyplrufque mala ,
Sed propereht vioU , & amaracus , <& narcljfus ,
Vlbie , & cmrils humus te prope jam rofaft.
Les Poetes font encore plus expreffifs ; nous
ne citercns que Properce. L'imprécation la plus
forte _qu il pujííe faite contre la perfide Léna , eft
de yoir fon tombeau caché fous Ies ronces. ( líb s
élég. $.)■.
Terra tuum.fpin.ls ohducat , Lena , fepulcrum :
comme Tétoit le monument d'Archiméde , lorfque
Cicerón le découvrit pe.ndant fa quefture en Si-
ciie.
•Nous terminerons ces citations par un vers qai
exprime les deux fouhaits dont Muratori a fait la
bafe de fon explication. II appartienr á une épi-
taphe qui eft dans le recueil dé Gruter (889. 2.) ;
SIT TIBI TERRA LEVIS CiNERES QUOQUE FLORE
TEGANTUR.
Le comte de Caylus ayant trouvé un inftrument
qif il crur erre Y afila , le compara avec les anciens
inftrumens ; & cet examen le conduiiit á donner
une explication des formules citées plus haut ,
qui reunir les op’nions du ?. Mabilion d: de Mu-
ratori. il s’exprime de k forte : ( Recueil d‘Ast.
1. 223. }
32,8 A S C
«J’ai douté quelque tems íi ce monument deyoit
étre pris pour lafcia, fi foiivent repréfentée fur
les tombeaux anciens 5 mais Tendroit v^ú ií a été
découvert , & pius encore fa reíTemblance avec
un inítrument repréfenté fur une médaille de la
íamille Valeria^ (Yaiilant, Fam. Conful, Fl. cxl.)
m’ont paru fuffire pour lever rous les doutes á tet
égard , & pour monrrer qudl n étoir propre rd a
remuer la terre , ni á détremper le rp.ortier , ni
enfin á polir le bois. C’eíl une eípece de farcloir
doDt on fe fervoitpour arracher les herbes & les
brouíTailles , & auquel on donnoit quelquefois
le noin áí afda. 33
il s'agir préTentement de favoir quel fecours
on peer tirer de cette découverte , pourexpiiquer
SUB ascia dedicavit, fur laqueüe tanr ddia»
bües critiques fe font exercés- Voici done mes
conjeclures- Fai déjá dk que riníiratnent qui eft
fous mes yeux, & que j’ai fait graver fous deux
afpe& , en deíTous &c de proSl , n’étoir propre
qa'áarracher desherbes&des brouíTailles- C'étoit,
á mon avis , la premiére cérémonie qu’on faifoit
en érigeant un tombeau dans un champ. tille fe
pratiquoit par le moyen dkjn farcloir confacré á
cet iirage/& elle pouvoit étre accompagnée de
priéres & des rites. dont nous ignorons les détails ,
mais qui vraifemblablement étoient fiuvis dim-
précations contre ceux qui oferoient profaner le
¿ombeauqif on alloit conítruire. Aprés cette céré-
Eionie , on fe fervoit d'autres inftrumens pour
retniier la terre & le mortierj & comme on
Touloif perpétuer le fouyenir d’une confécration
qui attiroit du rerpect au rotnbeau , on employoic
la formule SUB AsciA dedicavit, ou bien
Fon repréfentoit fur la pierre qui le couvroit , la
figure de cet inñrument. Enfin , ces marques exté-
rieures ne fufnfant pas toujours pour arréter
ceux quiavoier.t envíe de violer ces monumens ;
on croyoit leur infpirer plus d’efrroi en mélant á
leurs ye.ux , ,avec les cendres dii mort , rinílru-
ment "qui avoit fervi á confacrer Fafiyle qui les
renfermoit. »
cc On ne doit point étre étonné que les auteurs
anciens , qui ne nous ont pas inñruits áe tomes
les cérémonies qui fe pratiquoient fous leurs
yeux, ayent paíTé fous filence celle de la con-
fécration des tombeaux. Elle rfétoit pas en iifage
dans tsut F Empire , & étoit particuliére á cer-
tains cantons des Gaules, foit que les Romains
qui y étoient établis Feulíent emprunté des Gau-
iois , foit qufik s'imaginaíTent arréter par ce
moyen les profanatjons des cimetíéres , qui y
étoient apparemment plus communes que par-
íoüt ailleurs. 33
A,u relie , ií paroít que Ies Romains uatta-
choient aucune idee fuperftitieufe á la formule
SUB AseiA DEBICA-VIT, puifque les premiers
Chrétiens n ont poinr fait de diíEcuIté de Fein-
ployer fur leurs mojnomens.
ASCLEFIESj feces d'EfcuI.ape, appelá sn
A S I
grec Aff-KxWííf. On en célébroit dans pluíieius
endroits de la Gréce $ mais aucunes n étoient
aaíTi renommées que celles d'Epidaure , ville
célebre par Foracle de ce dieu. Elles étoient
appelées , grandes fétes d’Efcu-
lape , & elles coníiftoient en partie dans un cora-
bat de miinciens & de poetes.
AHKfiAIAZEIÍí. '>
ASCOLiASMüS. > Les payfans de FAttique fa-
ASCOLiES. 3 crifioient tous les ans á Bac-
chus ün bouc , animal qui mange les rejetons de
la vigne. Aprés le facrifice, ils faifoienc une outre
avec la peau de la viétime , la rempliíToient de
vin , & la frottoient d’huile au-dehors. Enfuite
chacun des affiílans fautoit fur cette outre, §c
faifoit tous fes efimrts pour s> teñir debout fur
un feyl pied. Le prix du vainqueur étoit f outre.
On appcioit cette maniere de fauter ,
Jhuter fur V outre , ira^a. ri ini rs» ¿u-ssíí «AAsfíaí,
& les íetes Jífeolies , de la méme racine ¿nc»;,
outre.
Les Latins célébrérent les mémes fétes. Se
fautérent fqr Foutre, lis appelérent ce faut afeo-
liafmus.
Une cornaline du barón de Stofeh , offrok ua
Fauna danfant , qui avoit le pied droit fur une
outre, Sr tenoít un vafe á boire de la main droite.
üne pierre gravée de Gorlceus, repréfente unvieux
Faune , fautant des deux pieds fur une outre.
11 paroit, par un monument antique rapporté
par Gori, {Infcr. Etrur. t. X ^ p- 4'^4') qn on fe
fai-foit auíTi un amufement de jouer de la lyre
étar.t couché fur une outre, Winkelmann cite
un trés-beau vafe de marbre dePortici, bien com
fervé , de plus de rroís palmes de hauteur , fur
la panfe duquel eíl repréfentée une bacebanale
en bas-relief. Ce que ce morceau oífre de plus
curíeux , eíl une Bacchante qui sappuie avec
le genou fur une outre ; c’étoit Fefpéce de danfe
défign.ég fous le nom ü ■
AStLLUS , étoit un vafe deftiné á renfermer
du vin. Pétrone {c. 31.) In promulfiiari afellus
erat Corintkius. ,
ASEAIjE tunicíL , tuniques blanches ornees
de trés-petifes bandes de pourpre ; 3
manque difiinaive. Ppllux. (4. 18.) en donne cette
définition. Lampride, iin Alex. Sever. c.^ 33.)
parlant des afems. , áit qii’erles avoient tres-peu
de pourpre , ex purpura non magna. Spartien e
déíigne de méme, {Sever. c. 19.) ? tamert
exiguis vejijaus ufas eft , ut vix tundea ejus alíqv.1
purpure, haber ft. .
ASÍA, une des nymphesOcéanides , fur, felón
Diodore, femme de Japet. .T-XPET.
ASÍAGÉNES, furnom de la famille Cornelia »
qui a Ip méme .fens que celui A' Afiatique , oonn?
á L. Cornélius Scipion , frére de Scipion i
cain. . •
ASIARCHAT, magiftrature annuelle )omte^a«
facerdoce, qui donnoit le droit de ^
ASI
teuK facrés célebres en commun par Ies vil-es
d’Alie.
ASIARQL'Ej magiltrat qn’on élifoit chaqué
année en Aíle^ fous Ies empereurs ronaains. Il
préíidoit aux.jeux publics^ aux combatSj & á
tous les fpeíftacles qui fe donnoient dans FAlie
en Fhonnear des dieux ou des héros. Uafiarque
en faifoit la dépenfe, ainíl que les ediles & Ies
préceurs á Rome, Ies quiquennaux dans les Co-
lonies j les duunavirs & les dccemvirs dans les
autres villes de TEmpire. Comme ii reuniíToit
dans fa perfonne la magiftrature & le facer<ioce ,
il étoit chargé du foin des temples Se des édi-
fices facrés , communs á toure FAfie ; c’eíF-á-
dire, felón Albert RubenSj de ceux qui étoient
dédiés aux Auguñes. •
L’aliarchat étoit trés-onéreux, á caufe des dé-
penfes qu’il occaíionnoit; c'eíl: pourqiioi on he
le conféroit qu’á des hommes tres-opulens. Auffi
Strabon obferve-t-il que les habitans de Tralles
en étoient revétus le plus fouventj parce quhls
étojent regardés comme les plus riches de FAlte.
Voici la maniere dont on procédoit á leur élec-
tion. Toutes les villes d'Áíie s'aííembloient au
commencement de l'année Aíiatique ^ c'eñ-á-
dire, vers Féquinoxe d’automne. Chacune élifoit
un de fes citoyens pour étre préferité ^ & en-
voyoit un député á FaíTemblée genérale de la
Jiation pour y porter fon voeu. Alors les f3médres
( choiíiffoient dix élus entre tous c'eux
des villes , & le proconful romain prenoit dans
ce nombre de dix celui qu’il nommoit aparque.
L'fférius a cru qu’ii y avoit á la fois pluíieurs
ailarques; mais ii paroit qu’il a été induit en erreiir
par Fufage de conferv'er ce nona á ceux qui en
avoient exercé !a dignité.
Les attnbuts de Faíiarchat étoient une cou-
ronne d’or ^ avec une toge ornee d’or & de
pourpre. l! exilia encore quelque tenis fous les
empereurs chrétiens, quoiqu’ils eulTent abolí les
jeax facrés & les temples , commans á toute
FAfie.
Muratori a rapporté dans fon Recueil d’inf-
cnptíonsj plufieurs monumens relatifs aux afiar-
qu.es.
^ASIATIQUE j furnom donné á L. Scipion ,
Itere de Scipion l’Africain , aprés qu’il eut dé-
fait Ántiochus , roí de Syrie.
ASiBA^_ dans le Pont-Cappadocien. AciBAinN.
_ Cette viile a fait frapoer des médailles impe-
riales^ grecques en l’honneur de Gordien-Pie.
ASiDO, en Efpagne- Asido.
Les médaiiies autonomes de cette ville font :
RRRR. en bronze.
O- en or.
C>- en argent.
TJAfie eíl déíignée fur les médailles par
ün ferpent & par un gouvernail , qui menrre que
étoit alórs ia feule voie pour s’y rendís de
i Europe.
■dutiquités , Teme I,
A S í
y- 9
_Asie. Le_ feul prince qui porte fur les mé-
dailles le titre de roí a Afie j cü Anxigone-
F” jye^ fon arricie.
Asi-E._( pipre d’) V. Assrirs.
ASILiij lieu de refuge j d'oü Fon n’ofe arra-
cher un criminel qui s’y eíl retiré-
Les Héraclides éievérent á Athé.nes un afi/e
cclebie. II lervoit de refuge feiíleiTíent aux en-
fans qui fuyoient les mauvais traitemens de leurs
parens 5 felón quelques auteurs , á toas íes
fupplians. Stace (T.kei. ix.) & Servias {cdJEn.. 8.)
délignent ce^t afile comme le premier de tous
cepx dont Fhiííoire fafíe mention. Mais cette
pnorite appartient inconteílablernent á celui que
pkpa Cadmus;, dans fa nouvelle viile de Thébes^
& qu’il ouvnt á tous les criminéis de Funivers^
comme Romulus le pratiqua depuis á Rome.
Il_ paroit que les Grecs prirent des peuples de
l’Orient _cet ufage qui tenoit á la religión. Auííi
les premisrs écrivains de la Gréce parlenr-iis fans
ceíTe des fléaux envoyés par les dieux, pour punir
la violation des afiles. Ceux qui tuérent les meur-
triers de Cylon , dont le crime étoit d’avoir pillé
un temple de Minerve , furent appelés ¿XíT-fiiís ,
profanateurs ; parce qu’üs les mairacrérent fui- les
marches de í’autel qu’ils embraíToient. Les Eto-^
iiens ayant fait mourir Laodamie , qui s’ étoit rc-
fugiée vers I’autel de Diane, furent afEigés„ ere
punition de leur facrilége , de ftérilité , de fa-
mine , de guerres inteftines & de tant de ñéaux ^
qu ils. furent recuits a un trés-petit nombre. Müon
1 Etolien j qui avoit porté á Laodamie le coup
morteI_, entra dans u.ne fureiir fi cruelle, quil fe
frappoit avec des pierres, des épées, S¿ qu’il
périt en douze jours , aprés s’étre déchiré Ies
entrailles avec les dents.
Les temples & les autels ne jouilToient pas
feuls du droit d afile ¡ on Faccordoit auííi aux
íiatiies, aux tombeauxdes demi-dieux & des héros.
Tel fut le tombeau d’ÁchiÜe, fur les rivages de
Sigée 5 celui d’Ajax , fur le rivage de Rhoéfe. Les
foréts elles-m.émes fervoient '¿Afiles ; & ce fut
entre íes deux bofquets du mont Capitolin , que
Romulus , a 1 imitation de Cadmus , ouvrit un
afile á tous les cri.minels. Cet endreit , nommé
Afylum , paroit avoir été pbcé entre les deux
fommets du capitole, ou eít batí aujourá’hui le
palais des fénateurs. Les deux bofquets qui l’avoi-
íinoientj étoient dédiés á Júpiter ; .mais {‘afile
lui-méme étoit un temple déla Miféricoráe, tel
que celui d’Athénes. L’orade de Delphes ap-
prouva , felón Plutarque , cet établiíicKie.nt poli-
tique de Romulus; & Faccroiifenient fabic de fa
viile luí en apprit bientót Fiitilité. On croit que
Lyon & Vienne en fervirent depuis aux Gau-
lois.
On ne fut pas cependant contenir les afiles
dans un nombre determiné par celui des crimi-
néis malheure'ax- Euripide s’en plaignoit deja
dans foa Ion 3 (<218.4. Auffi chercha-t-on
Tt
330 ASI
-des moyens á’éluder la loi qui les défendoit. Les |
Lacédémor.iens voulant punir de fes liaifons cri-
minelles avec les Perfes^ PaufaniaS:, qui s'étoit
réfugié dans le temple de Minen’-e Chalcioeque ,
I'y laiílerent mourir de faim. On ajoutoit encore
á la rigueur de ce fupplice , en découvrant les
temples , afin que le criminel fút expofé á toutes
les intemperies de Pair. Quelquefois on ailumoit
des feux auprés des autels qui fervoient á'í’Jile ,
pour en éloigner les criminéis. Ceft ainfi que dans
V Andromaque , Hermione menace l’in-
fortimée veuve d’Hedtor de porter le feu aux pieds
de la ftatue de Thémis^ qu'elle tenoit embraffée-.
Daos YHercule furleux , Lycus cherche á effrayer
les Héraclides réfugiés auprés des autels , en or-
donnant les préparatifs d’un immenfe búcher.
Theuropidej, dans Piante, {Moftelhria 5. i.)
menace du feu Pefclave Tranion , qui s’eil mis
fous la prcteélion des dieux :
Jamjuhebo ignem & farmenta , carnifex , circwni'ari.
Et dans le méme auteur comique, Labrax, mar-
chand d'efclaves , ajóme la raülerie a la menace ,
en difant aux fiennes , qui embraíloient i’autel
de Venus:
Volcanum adducam ; is Veneris eft adverfarius.
« Je vais chercher Vulcain , qui eft ennemi de
Venus. »
Les deux paíTages de Plaute nous démontrent
que les efc’aves avoient des afiles particuiiers : '
c^étoit a Athénes le temple ou . tombeau de
Théfée : parce que ce hércs n’aydit jamais refufé
de venger les opprimés 8c de fe'cpurír les mi-
férabies. Le temple de Diane d’Epfiéfe e'toit
Y ajile des débiteurs. Mais !es'L¿^jy íervoient
ordinairem-ent á tous les malheurái-x , des qu’une
confécraticn particulitre les avoit crees tels.
Car tous les lieux facrés n’étoient pas des lieux
de refiige ; &, comme nous Papprend Servios,
lad' JEneid. ilj il fallok- pour cela oifils euíTent
été confacrés d’une facón particiiiiére.
Malgré ces refíri^ions & ces manieres d’éluder
la loi qui reudoit les afijes inviolables , ils fe
multipliérent amn t-d. ¿oásí , ■ &' favoriferent tel
lement les-crinies , en DÍFrant des retraites fdres
aux malfaireurs , que Libére fut obligé de cher-
cher un reméde á ce mal pclirique. Tacite {Anrial.
3,., cap. do.) nous- en peint toute ¡a grandeur :
Grecas per urbes Ucentla atque impunztes afyla
Jlatuendi : complebaraur teme la pejjlmjs fervitiorum :
eadern fubfi.dzo ob&rati adversas creditores , fefivec-
tique cipitallum criminum recertabanturi nec ullum
faús validum Imrerzrm erat ccercetidzs feditior.lbus
popuU^ Jlagzf-a ' ctninizmy ::t ceremonias deúrr. pro' e-
gentis. «I. a facilité & Pufage.immodéré dVrablir
des afiles dans les vüles erecoues, avoient rem-
pli les ^temples d’efclaves cnminels , de gens
perdas de dettes , & o’hommes fufpeüés de fot-
A S I
faits dignes de morr ; de forte qu'il ne reíloít
aucun moyen de prévenir les féditions chez ce
peuple , qui protégeoit avec un zéle égal les céfé-
monies de fon cuite & Ies crimes des réfugiés. »
Le fénat romain rendir , aprés de longues &
mures délibérations , des ordonnances qui reñreí-
gnirent le nombre & Pétendue des afyíes. Depuis
PétablilTement de la religión ehrétienne , on tranf-
porta ce méme droit aux édifices facrés, jufqua
ce qu'une légiflation mieux éciairée le réduifit au
poiñt de n étre refpedé que pour les crimes &
Ies málheurs involontaires.
A-file, ¿Véaoí, eft compofé de P» privatif &
de , dépouille : lieu qu'on ne peut dépouiller.
Asile. II faut foigneufemenr diftinguer les
mots arl'Xcs, licu S afilie , de Üt-IXuí , droít á’ajile,
C/eft ce dernier dont fe glorifioient les vilies d'A-
íie , principalement celles de Syrie , & quLlles
exprimoient fur leurs médaiiles, en joignant á leurs
noms les épithétes iepa sai axtaos, facrée
& afile. Ce titre étoit íimplement , felón Span-
heim, une fauve-garde qui les placoit dans un état
de neutraiité perpétueíle, & qui les empéchoit
d’étre pillees ou vexées. II leur étoit donné á
caufe des temples célébres qu’elles renfenr.oient,
8c des divinités qu on y honoroit dLin cuite parri-
culier , dont on vouloit que ríen ne pút troub’er
Pexerdee Les vilies qui portent le titre llajih
fur. les médaiiles, Lont, entr’autres , Antioche
prés de Daphné, Annoche-fur-PHippus , Aradus,
Aréthufe, Bibüs, Ca?farée-de-Fh;;ippe, Epheíe,
Laodicée , Nicopoiis , Per^, Ptolémaide , Sa-
mofare, Séleiicie, Sidon, Tyr, Src. 8cc.
ASINA, furnom de la famille Cornelia. II
lui vint de fon chef, qui, ayant acheté une terre,
ou donné fi filie en mariage , fut requis de mon-
trer les richeífes avec lefqueiles il vouloit^sac-
quiíter. Cornéiius amena dans la place publique
une áneííe, chargée de picces de monnoie,
& Poffrit pour fa caution. ,
ASINAIRFS , fétes ríes Syracufains , inñituees
en mémoire de la vidloire qiPiIs remporterent
fur Licias & Démofrhéne , généraux des Anne-
niens prés du ííeuve Afinarías , aujourd hui í alu-
nara , d’oú ces fétes prirent leur nom.
ASINE, ville de Laconie. AciNAifíN.
M. Fellerin en a.publié une mé-Jaille autonom-
de brenze. II nv en a point d°or ni d argey.L. ^
Cette ville a fait frapper des médaiiles
riales grecqnes , en Thonneur ce Sept.-Sevete ,
de Comna, de Pkutüle , de Géta.
ASINLÁ, famille romaine dont on a nes
daiiles :
O. en or.
O. en argent.
C- en bronze.
Les furnoms de cette famille font GaU-
POLLIO. .
Ccitz'us en a publié quelques medaiJcs u*co
núes depuis lui.
ASO
ÁSINÜS ou Ake. Le plus mauvais coup de
dé ou Tunitéj chez les Romains. Les Grecs iui
donnoient le méme nom dans leur langue , &
rappeloient ¿905,
ASISIUMj en Italie. arn. asi.
On a une médaille impériale de certe ville>
frappée en Thonneur de Trébonien-Galle.
( Pellerin. ).
ASIUS íils d’HirtacuSj fut un des héros de la
Gréccj auxquels on rendir des honneurs héroi-
ques. On luí avoit elevé plufieurs petits temples
dans des prairies, llar le bord du Caiftre, auprés'
de ¡a vilie de Nifa^ qu’on appeloit prairies éíA-
Jius,
ASKEPE , an-x.iAf.g , quí n eft pas couvert. 'On
appeloit de ce nom á la cour des empereurs grecs,
des enfans qui avoient toajours la tete nue dans
le palais. Andronic Paléologue le jeune,qui avoit
étabh cér ufage, Tabolit bientót aprés. Cétoient
Ies pages des empereurs.
ASKÜS étoit, dans la mytholo'gie des peuples
du Nord , le premier homme de qui , & dé fa
femme Emola, defcendit la race des hommes qui
eut la permisión d'habirer la terre.
ASLA, mefare linéaire & itinéraire de TAlie
& de TEgypte. Voye:^ Pléthre.
ASO ou Ason , concubine deTyphon, divi-
nité égyptienne. « Typhon , felón Plutarque ,
(de IJide) tendit des embuches á Oíiris, lorfqudl
revint de fes voyages ; il s’aíTocia foixante-douze
conjures, 8c la reine des Ethiopiens, appelée
Afo , qui étoit venue le joindre. « Cette^ fable
facerdotale étoit , felón Jablonski , fenveloppe
d^une vérité phyíique , comme Plutarque Tex-
plique _lui-méme dans ce traite. La reine des
Ethiopjens, qui vient au fecours de Typhon , eft
1 embléme des vents du m.idi , sSIs Temportent
fur ceux du nord, qui pouffent les nuées vers
i’Ethiopie ; & íi par la ils empéchent la faifon des
piules qui font* enfler le Nil , alors la féchereíTe
briilante ou Typhon , fon embléme i delTéche
l’Egypte.
■A/o , dans fancienne langue des Egyptiens,
veut dire Etkiopienne ; & cette Afo étoit la méme
concubine de Typhon , que Ton appelle plus or-
dmairement Thuéris. Jablonski croit la recon-
noitre fur la table iliaoue , oú elle eft repréfentée,
felón lui , par le griffon. Cet animal fantaftique
déligne par fes ailes les vents , qui font ailés fur
tous les monumens. Sa tete, fon poitrail, une
partie de fes ailes , font peintes en noir , couleur
par laquelle les poetes ont prefque toujours dé-
figne le vent du midi, nigerrimus aufter. D'ailleurs
cé griffon n’offre‘ aux fpeélateurs que le coré
gauche , par lequel les Egyptiens caradtérifoient ,
felón Plutarque, les régions meridionales.
ASOPE , fleuve de Béotie ; pour venger^ dlt-
on, 1 affront que Júpiter avoit fait á fa filie Egine,
'i la guerre au Pere des dieux, en en-
•^ntfes eaux, qui ravagérent le pays voifin j mais
Júpiter s’étant métamorphofé en feu , mit le Seuvs
a fec. Voyei Eaque, Egine.
ASOPLSj en Laconie. Ac<sríEiTQN.
On a des rnédailles imperiales grecques de cette
vil.e , frappees en 1 honneur de Caracalla , de
Sept.-Sévére.
ASPENDUS, en Pamphylie. eíteeaiiy^ &
ACnENAIQN.
Les rnédailles autonomes de cette vilie font :
O. en or.
C. en argent.
O. en bronze.
Son fymbole ordinaire eft la triquétre. Quel-
ques auteurs attribuent á Egefta ou Ségefta de
Sicüe , Ies rnédailles qui portent la premiére lé-
gende.
Cette vilie a fait frapper des rnédailles impe-
riales grecques en I’honneur de Soémias, d'Alex.-
Sévére, de Tréb.-Gallus, de Gordien-Pie & de
Salonine.
ASPER , furnom de la famille TréboniA. II
fut donné pour la premiére fois á L. Trébonius,
a caufe de la facilité avec laquelle il blámoit fes
ayeux.
Asfer nzoTjOTM , piece de monnoie qui eft nou-
velle, & qui n'a rien perdu par le frai.
_ ASPERGE. Pline vante les afperges de Néfis,
ville de la Campanie.
ASPERGILE. T „ ,
ASPERGILLUM. Aspersoir.
ASPERSION. Les anciens fe contentoient
d’erre afperges _d"eau luftrale , quand ils facri-
fioient aux divimtés infernales. Mais ils fe lavoient
tout le corps avant de facrifier aux divinirés cé-
leftes 8c terreftres.
ASPERSOIR. Les anciens s’en fervoient pour
diftribuer T ’eau luftrale dans les cérémonies reli-
gieufes , & ils employoient quelquefois ácet ufage
des branches de laurier ou d'olivier. Mais ils fai-
foient ordinairement les afperfoirs de méta!, &
les garniftbient de crins de cheval.
On a trouvé a Herculanum le manche d’un
afperfoir, femblable á ceux qu^on voit fur quel-
ques bas-reliefs , particuliérement au bas du por-
tique du panthéon , & á I’architrave des trois
colonnes du temple de Júpiter.
\J afperfoir terminé en pied de cheval , étoit
employé le plus fouvent chez les Romains. On
en voit le deífin dans un recueil de Peyrefc , ou il
fert de cul-de-lampe á rAverciíTement.
ASPHALIA. V. SüRETÉ. ,
ASPHALION ou Asphalicus , furnom de
Neptune, fous lequel Ies Rhodiens lui bátirent
un temple dans une ifle nouvelle qui parut fur la
mer , Se dont ils fe mirent en poíTeflion. Ce nom
fignifie ferme, ftable, immobile, & répond au
flabilhor des Romains , pour marquer que le dieií
avoit affermi cette ifle au-deflus de la mer. II
eut plufieurs autres temples dans la Gréce fous
méme nom , parce que , iui attribuant le pouvoir
35 i A S P
Q'ébranler la ierre , on lui donnoit auíS celui
de l'afFermir & de la rendre ítable.
ASPHALTE, bitume de Judée , ainíl nominé
du lac Afphakite ou Mer-Morte , fur les eaux
duduel on le ramaíTe. LesEgyptiensremployoientj
ainficue le piíTaíbhaite , pour embaumer Ies corps
& faire des tnomies.
ASPHODELE, genre de plante áfieur en Ik,
que les ar.ciens femoient auprés des tombeaux ,
comme une nourricure agréable aux morts. Por-
phyre fa;t parler ainíí un tombeau dins une inf-
cription : Au-dekors , je fuis entoiiré de m.auve &
¿’afphodéle & au-dedans , je ne renferme qiiiin.
cadavre. Luden dit {de Luclii) que les 'manes ,
aprés avoir traverfé le Styx , defcendoient dans
une longue plaine plantee afphodele.
AS Pie. Les anciens ont écrit beaucoup de
fables fur ce reptiie, & n’ont pas cherché á le
definir avec exaclituáe. I|ippocrate dit que fa
morfure ne fe guérit poinx5__§r c’eft un de fes apho-
rifmes. On croyoit qafil caufoit la mort de celiii
qui cherchoit á Lenchanter^ en fe rendant fourd
á fes conjurations. Avitus ^ {de Orlgin. Mundi. lí.):
Inter dum perit irjtantans , fi calLlda fardas
Adjuratoris contempfit murmura ferpens.
Les Egyptiens avoient lié a leur cuite religieux
la vénération pour l’afplc. lis le placoient , dit
Plutarque , {de Ifid. & Ofrid.') fur le fronf de
'leurs divinités , & cet atrribut fait reconnoitre
léurs ñatues.
Quoiqifil fát l’attribut de toutes les divinités
égyptiennes , comme on le volt fur la Table ifiaque
& áa.ns Horapollo {i. c. i.), i\ appartenoit cepen-
dant á Tfis d'une facón particuliére. Lorfque cette
déeíTe étoit repréfentée fous le nom de Tkermatis
ou de Tuhramho . c^eit-á-dire , d’Ifis irritée contre
le peupie , on vo;/oit un afpic fortir de fes che-
veu;^, & paroítre fur fon front. Elle en étoit
Coetíée^ felonElien, 'fe Anim. lo. c. 51.) comme
d’un diadema ; & de-iá naiíToií la a'énération des
Egyptiens pour ce reptiie dangereux. Cet attribut
convenoit finguliérement á ífis Thermutis ^ c'eft-
a-dire ^ qui donne la mort. Eüen explique {loco
citato') la raifon pour iaquelle 'on Farmoit d’iin
efpic ; c’ étoit parce qu’on aíTuroit qu’ííls ^ cour-
roucée contre les feéiérats ou les impies, leur
lanqoit des afpks ¡ que le ntéme écrivain appeile
ailleurs , les emblémés de la Jufllce , d Vmil per¡ant
de Iaquelle ríen, tte fauroic éckapper.
Les monumens égyptiens noas ofixent ordinai-
rement líis avec Y afpic fur le front, oú ií eñ quel-
quefois remplacé par la poale de Numidie. Ovide
nous peint toujours Ifis avec cet attribut , {Amor.
¿ié. X. eleg. 1 3 .) :
Fcr tua fifira precor, per Anuiidls ora verenda ,
Sic taa facra plus femper Ofiris amet ,
jpigraque lahatu- circa donaría ferpens.
A S S
Et dans les l^íétamorphofes, {lih. 5. éSy.);
Inerant lunaria fronti
Cornua , ctim fpicis nítido ftaventia & auro ,
Plenaque fomniferi ferpens peregrina ventni.
Valerias Flaccas, décrivant la me'tamorphofe d'ío
en ífis; na pas oublié Y afpic, {A.rgon.s^.s¡iS\-
Hic procul lo
Specfat ah arce Pkari ,jam divis addita ,jamq¡it
Afpide cinBa comas.
ASPLÉBON , dans la Fhocide.
Goltzius feul a pubüé des médaiües imperiales
grecques de cette vilie.
ASFORENA, furnom de la mere des dieux,
á caufe d’un temple qu’elle avoit á Afporénum,
dans rAfie-Mineure, proche de Pergame.
ASPRÉNAS, furnom de la famille Nokia.
A.SSAB1N, nom fous lequel Ies Ethiopiens
adoroient !e foieil. Fline dit que, felón quelcues-.
uns , cet Ajfabin étoit Júpiter. Le cinnamome
(le canellier moderne) lui étoit confacré ; & pour
obtenir la permifllon de le couper & d’en en-
lever Fécorce , il falloit oíFrir au dieu un facri-
fice de cuarante-cuatre piéces de bétail, bcEufs,
chévres & béüers. Foyey Taele du Soleil. La
coupe fe faifoit pendanr le jour; & aprés qu’elle
étoit finie, un prétre, qui y avoit aífiíié, s’ar-
moit d’une pique , Se s’en fervoit pour féparer
la portion qiFon réfervoit au dieu. Cette portion
ne inanquoit pas, difoit-on, de brúler d’elie-
méme mais Théophrañe traite ce prodige de
fable.
Le méme écrivain , & Solin , reconnoiíTer.t
Ajfabin pour le foieil. Mais comme il étoit le
dieu fupréme de FEthiopie , les aliteurs grecs ou
romains que Pline avoit extraits , lui donnerenr
le nom de .Júpiter, parce qu’ils vouloient trouver
dans toutes les Mythclogies ce fils de Saturne.
Pline a fuivi leur fentiment, & a parragé leur
erreur.
ASSAMENPA on Axamenta , poémes que
chantoienr les Saliens. Voye^ Axamenta.
ASSAR, monnoie ancienne de FEgypte & de
FAÍie. V. Phollis.
ASSARACUS , fecond fils de Tros , fut pere
de Capys , . & grand-pére d’Anchife. Gaky-
mÉde".
ASSARION , monnoie ancienne de l’Egypte
& de FAÍie. íÉ Phollis.
Les médaiües de bronze de Chio ofFrent 1 tif-
farion limpie, double, triple, & méme le demi-
ajfaricn. ,
Assarion, lepton , kodrantés , quadran^
íDonnoic des romains fous le grand Coaltantin oC
A S S
fe? fucceíTeiirs. Elle valoit ae üvre toiir-
nois-
ASSLCLA. Cet oíEcier ou dome;^ique fuivoir
en tous iieux fon maitre, & fe tenoit á porree
dereceyoir& d'exéc’aterprornptemenr fes ordres.
La diíférence entre lAjJ:cla & le comes , éíoit de
vo’r fuivre le preip.ier, tandis que le fecond inar-
Ciiort á cóté j ou accompagnoit le maitre.
ASSER. Vegece appeüe de ce nom un bélier
ou une poutre-béüére j dont on fe fervoitfur les
vaiíí'eaux : c'étoit une poutre longue, de moyenne
grcíTeur;, fafpendue au mát comine les vergueSj
& ferrée par les deux bouís. Lorfque les vasíieaux
ennemis venoient á Tabordage^ foit á droitej foit
á gauche , on faifoit ufage de Yajfer. PoulTée avec
vioiencej cetre poutre renverfoit, écrafoit les
foíJats & les marelots ennemis ^ Se percoit auíli
le navire. De cette natare étoient les kííAcci,
don* rjar'e Athénée ^ en décriyant le navire de
Eiéron.
ASsliSSEURS ou CoNJOiNTS , ■paredri , noms
donnés a certains dieux, qui furent admis dans
raíTenvblée des grandes divinités. Tels étoient les
Eeros& les demi-ciíeux ¡ qui s‘ ajftyolent
enferrible.
ASSIDAPAUS a été dit par corruption pour
Ess~i.bae.ius.
ASSIDUI. On donnoit ce nom á Rome aux
citoyens opulens qui fupporroient les charges de
i’Etat & avoient droit de fuffrage dans Ies co-
inices. Ce furnom étoit derivé de leurs richelles
oa des impots qahis paycient , ajfe. C'eft dans
ce feas qudi eíí employé dans Ies douze Tables.
ASSIPONDIUM , as , ss ^ monnoie des Ro-
piains. II valut 3 depuis la fcntiadon de Rome
jufqi-í’a Ran^ySy^ une livre enviroa ^ motinoie
aítueíle de France. Voye^ As^
ASSIE. 7 „ .
ASSIEMNE. f
ASSIRAT'UM ^ boiíTon dont on faifoit ufage
dans les alhances , ou ¡orfque Fon concluoit un
traité de paix. C’étoit une mixcion de vin & de
fang. Feftus & Mela en font mention.
ASSJS. Les fculpteurs grecs du premiet age
Tepréfentoient affifes les déelTes & les femmes
d’un rang diñingué. Telles étoient Ies fcatues des
Saifons placees dans le temple de Jiinon á Elis ^
& qui avoient été fculprées par Dóneles , eleve
de p'penirs & de Sciíius^ les plus anciens artiftes
connus de la Gréce,
Cette attitude fait reconnoítre fur Ies anciens
raonumens les dieux ou ¡es héros qui goúrent
les douceurs du repos , ou qui font plongés dans
profond chagrín , fur-tout li I’artifte leur a
lait croifer ¡es jambes. V~. Jambes croifées.
Les anciens ■% ajftyoier.t pour prendre Ies au-
Hures , comme nous l’apprenons de Plutarque ^
dans la yie de Maxcelius & de Servias (JEn. 9.’4.) 5
A S S 333
ffiass encere pendapt les facri.íces'Sr auíres cé-
rémenies reiigieufes. S. AuguíMn ( Cu. deDieu. 7.)
&_Macrobe (^Satura, i. lo. ) ;, difent que ceas
qui facrinoient á Cps, la terrC;, fe renoient ujps.
Properce ( r/. 21. 45’.) alTure á Júpiter que
fon amie ^ reconnoiíLinte de la fanté qu il íui
a rendiie , ira s’a/f¡o¿r auprés de fes autelsj &
lai adreíTer des remerciemer.s ;
Ame tuofque pedes illa ipfa adoperta fedebzt,
On fe tenoit dans la méme attitude , lorfqu’on
faifoit des libations fur les tombeaux, & qa’on
y facrifioit aiix Manes. Tibullej {il. 7. 15.):
lillas ad tumulum fugiam , fupplexque fedeho,
Virgilej (AEneid. p. 3.) :
Eneo tum forte parentis
Pilumni Turnus fscratá valle fciehat.
Maríialj (/J. 41. 8.):
Te mcefii decet ajiidere mazri ,
Lugentique virum j piuuique fratrem.
Properce, {ni. 14. 23.);
Adferet kuc ungüenta mihf fertifque fcpulcrum
Ornabit ^ cujios ad mea bufia fedens.
Les femmes, dans leur appartement, les afrr%n-
chis Se les efclaves , prenoient leurs repas aílis j
tandis que les maitres & les convives, dans les
repas d’appareil , mangeoíent á demi-couchés fur
les lits de rabie.
ASSIUS , lapis ajfius , pierre ajfenne , pierre
d’^j^ , pierre cCAfie, par erreur de copiíte, &
.lapis farcopkagus de Pline , font ¡es dirférentes
dénominations d'une feuie & méme fubftance
tirée du régne mineral, "l'oici les principales pro-
priétés que Pline luí attribue , & qui fervirotit á
nous la íaire rctrouver. Ajfius , dit-il , liv. 36, c.
17, guflu faifas cjufdcm lapidis f.os appella-
tur , in farinam mollis ¡ ad quedam. psrlr.de ejficax:
efi autem f milis pumici rufo... excrefcentla erodit...
repugnantiíi curatzoai , ac fuppurata ficcat. « La
pierre A’ajfos efl: falée au goút , fa ñeur eft molle
comme la farine , utile á plu.feurs chofes : elle
reíTemble á de la ponce rouíTe ; . . . elle ronge Ies
excroiíTances de chair, ciefséche les ulceres in-
vétérés ou en fuppuraiion. Diofeoride décrir ainñ
cette méme fubftance , { de medica materia, cap.
88. ) » II faut choiíir la pierre áAffos de couleur
de ponce, légere, fongueufe , friable, mélée de
veines bleuátres trés-fifliles. Safieur, qui eft falée,
a une couleur iauuátre ; elle fe forme fur la pierre,
a peu de coníiftance , eft quelquefois blan.che ,
qúelquefois poreufe comme les pone es & ce
couleur grisátre : mife fur la langue , elle eft
í34 a S S
légérair.ent cauílique On en fait des poudres
qui rongent les corps. . . . ^
Gallen , C fimpl. med. fac. lia. 9. ) s^’explique
d’une maniere encore plus détaillée. ct II y a une
autre pierre que l'on tire de la ville dlAjfos ,
d’oa elle tire fon nom ¿lajjlenne ; elle n eft pas
cure comme les pierres ordinaires. Sa conliftance
& fa couleur font les mémes que celles du tuf >
•elle eft friable & d’un tiíTu lache comme lui.
II fe form.e fur cette pierre une fubftance légére
( une efEorefcence ) femblable á la farine & á
fa fleur qui s'attache aux murs des moulins. On
lui donne le nom de pierre álAJie. ( faute de
copifte. ). . . . La pierre fur laquelle fe forme cette
fleur^ participe de fon adtion cauñique, mais avec
be.tucoup moins d energie. La fleur eft préférable,
non-feulement parce qu'elle ramollit & préferve
de corruption les fubftances , comme le fel ; mais
encore parce qu^elle produit ces différens eífets,
fans une érofion confldérable. Cette fleur de la
pjerre dlAJie a un goút falé ; ce qui fait conjec-
turer qu'elle doit fon origine á une efpéce de
rofée 3 qui 3 s’élevar.t déla mer, retombe furia
pierre , & fe defséche par Tardeur du fole 11, 33
Toares ces propriétés medicinales ne font ce-
pendant pas rendue aufli célebre que celles dont
parle, fiinedans le chapitre cité plus bxaut. Ilydé-
Cgne par le nom de farcophagej mangc-chair ( de
e-ásl chiitj & de ©¿ya:, jc mange j ) une pierre
dont les anciens faifoient des tombeaux , dans
lefquels on plaijoit les corps qu’ils ne vouloient
brúler. Ün cadavre s'y détruifoit entiérement ^
felón Pline , dans Tefpace de quarante joiirs^ les
dents txceptées.
Depuis que rHiftoire Naturelle a fait des pro-
gres, on a cherché la fubftance qui pouvoitavoir
été appelée pierre ajíienne. Henckel croyoit que
c’étoit une pyrite qui fe vitriolifoit, & détruifoit
les cadavres par ie moyen de fon efflorefcence
faline , comme la chaux vive le fait aujourd hui
dans les cimetiéres. M. Vaímont de Eomare dé-
figne fous le nom de pierre ajpenne ^ une pierre
alumineufe , dont reíBorefcence produifoit le
méme effet. Wailerius prend pour la méme pierre,
une terre calcaire , qu'ii nomme térra alcedema
NierembergH. Boece de Bood dit qu’il eft trés-
diíEcile de reconnoitre aujourd’hui le lapis farco-
pkagus de Pline , á moins que Pon ne défigne
fous ce nom toutes les pierres & concrétions qui
contiennent de Palun , du nitre , du fel marin ^
Be qui font en méme-temps légéres & fpongieufes.
Pour ce qui eft de la propricté fecondaire que
lui attribue Pline , celle de pétrifier les corps , il
n’a entendu par-iá qu'une incruftation faline,
telle que Pon en produit artificiellement dans les
falmes , en expofant les objets que Pon veut in-
crufter , á la chute d’une fource falée.
Quant á la maniere d'employer la pierre a0enne
pour détruire les cadavres, il paroit que Pon ne
faifoit pas Ies tombeaux avec une pierre auffi friable.
A S S
mais qu'on la réduifoit en poudre pour en rempü'^
les vuides que ¡aiíToit le cadavre. C"eft ainfi que les
Egyptiens íaiíToient pendant trente jours les corps
couverts de natrón. L’et^reíTion de Pline eft trés-
favorabíe á cette expoíition. Corpora defunclo-
rum condita in eo. On fait que le mot candiré
defigne Padion de plonger dans un liquide , ou
d’envelopper d’une páte , 'Scc. pour conferver
Ies fubftances , ou pour les embaumer.
On trouve dans les mémoires de PAcadémie dé
Bruxelles, tome IV, un tres - bon mémoire de
M. de Launay fur cette matiére.
ASSOS^ 3" Voyez Assivs.
ASSORUS , enSicile, ASSORU.
Les médailles autonomes de cette ville font:
RPi. en bronze.
O. en or.
O. en arsent.
A S S U R A N C E. Quelques Jurifconfultes ont
confondu mal-á-propos les adtes de cautionne-
ment dont ii eft fait mention dans les loix Rho-
diennes , avec nos contrats ¿i ajfarance. Ces der-
níers , qui font d'iifage aujourd hui dans tous les
pays marídmes, n’étoient pas connus des anciens.
Le mot barbare dont nous nous fervons en latín
pour Pexprinter, adfecnrat'o , eft de la plus baiTe
latinité. On cite en vain Tite-Live & Suétone.
Le premier dit, ( lib. 25 , §. 49. ) pofidatum
fait ut qiLSí. in naves impofuíjfent, ah koflium tem-
peflatifque vi, periculo publico ejfent. Le íécond ,
( vie de Claude ) negociatoribus certa lucra pro-
pofuit j fufeepto in fe damno , fi cui quzd per tem-
peftates accidijfet. Dans le premier cas , les publi-
cains fourniíTent á Parmée d’Efpagne ce dont elle
a bsfoin , á la charge que les malheurs feront
fupportés par la république. On ne volt point la
de conrrat d’afllirance. Le fecond n’en renferme
pas davantage. Claude propofe á des marchands
des expéditions maritimes, qui pouvoient luí pro-
curer des gains confidérables ; &: pour les y en-
gager , il ieur promet de fupporter lui feu! toutes
les pertes , s’il y en a.
Loin que ce contrat fút connu des anciens ,
c’eft«in fait inconteftable que nous le devons aux
juifs. Voici de quelle maniere Pauteur du Guidort
des négocians & gens de mer leur Knd hommage
fur cette invention utile. ccQuand ces abominables
retaiüés furent, pour leurs méfaits & par leurs
crimes execrables, bannis deFrance, & leurs biens
confifqués, la nécelTité apprit ces malicleux in-
fames de fe fervir de lettres fecrettes ( ce furent
les lettres-de-change ) , & bientót apres la me-
fiance leur fuggéra Pinvention de quelque rude
com-mencement des brevets ou pólices d^aíTurance,
de forte quelles font juives de nailTance.^ Les
Italiens , les Lombards , fpeétateurs 8c miniítres
de cette intrigue juive, en retinrentle formulaire,
^ s’en furent du depuis bien fervir , lorfque le*
A S S
malheureufes feítes des Guelphes & Gibbelins
s'eíFarouchérent les uns contre les autres qa ils
jouérent au boute-hors , & mirent la chrétienté
en grand trouble Sccombuñion.» Loix Rkodiennes
de M. de ¥ aflor et.
ASSUR GERE , fe lever de fon íiége 8c fe
teñir de bout. Uufage qu’exprimele mot affargere,
étoit pratiqué parles Grecs^ lorfqu'ils vouloient
témoigner leur refpeél ou leur conlidération pour
celui qui arrivoit dans une aflemblée. Les Grecs
reunís dans Ies théátres d'Olympie , fe levérent
pourfaire honneuráThémiftocle. (Paufan. Arcad.')
L'hymne d’ApolIon qui porte le nom d’Orphée ,
dit que tous Ies Dieux fe levoient á fon arrivée
fur rOlympe.
Les Romains en agiíToient de méme. Les
chevaliers avoient coutume de fe lever lorfque
Claude enrroit dans les fpeótacles. {Suéton.) Quin
& fpeciaculis adverüenti Claudio ajfurgere folebant
eqicites. Virgile ayant recité des vers au peuple
romain aíTemblé dans le chéátre j tous Ies auáiteurs
fe levérent 5 & luí témoignérent autant de refpeél
& de ccnfidération qudis eh marquoient á Auguíle
lu!-méme. {^Auñ. lio. de cauf. corf. eloq. c IJ-)."
Popiílus, auditis in theatro verfibus VirgUii ,furre¡:it
univerjus , & forte prefeniem fpeAantemque Eir-
gilium fe veneratus efl quaf Auguflum.
■ Lorfqu’un auteur lifoit en particuüer fes pro-
duétions á quelques amis , ils luí témoignoient
leur reconnoiffance & leur eílime en fe levant ,
& méme pluíieurs fois pendant une le&ure 5 té-
iTioin Martial {x , 10 , :
Sapiits ajfurgam recitaati carmina ? tu flas ,
Et pariter geminas teñáis in ora manas.
C’eíl pourquoi Pline fe plaint amérement de ce
qu'á la iecture qu’avoit faite de fes produclions
un de fes amis , les auditeurs ne s'étoient point
leves j pas méme pour fe délafíer du maíaife
que Ton éprouve en reílant long-temps affis ; Non
labra diduxerunt , non. moverunt manum , non. df
ñique ajf.rrexerunt faltem lafltuaine fedendi.
A.SSUS , en Éoüe. assi & acciqn.
Les médailles autonomes de cette viile font:
O. en or.
ER. en bronze.
O. en argent.
Leurs types ordinaires font. un griífon aflis 5
une té-te de boeuf.
Cette viile a faic fraoper , fous Tautorité de fes
préteurs , des médailles imperiales grecques en
1 honneur d’Agripine & de Claude de M. Aurélc^
de Commode , de Domna , d’Alex.-Sévére.
ASSYRíENS. Ces peuples anciens avoient en
^‘ojteur les poiíTons & adoroient Ies colombes
qu ils croyoient étre Carne de leur reine Sémi-
ramjs. Queloiies - uns d'eux adoroient le feu , •
cornme Catteííe Plutarque. Ils coupoient leurs
oátbes dans le deail lorfqu'ils aíEífoient á des j
A S T 33J
funéralUes j & alors ils laiiToient flotter leurs
cheveux au gré des vents.
Pour connoítre leur habillement , on pourr»
voir la ílatue de Sardanapale , que Winkelmann 3
publiee dans fes Monumenti anticki inediti. Oíi
fait de plus que leur religión défendoit de porter
des bátons ddppui ^ des feeptres , qui ne fuííént
pas furmontés par quelquq objet reís que des
oifeaux entiers j & des tetes d’oifeaux^ &c. Cette
pratiqué ell egyptienne, & on la retrouve dans
les monumens de Perfépolis.
Les parfums de VAjfyrie étoient trés-recherebés
des RomainSj qui comprenoien^ fous ce nom tous
ceux de TOrient. — Stace^ ( Tkeb. 6. 209.}:
Nec non Ajfyrüs pingtíefcunt robora fuccis^
Virgile. {Eclog. 4. 2j.) :
Aífyrium vulgo nafeetur amomumf,
Martial. {yiti. epig. 77. 3.) ;
Si fapis , Ajfyrio femper tibí crinis amoma
Splendeat.
Horace. (2. od. 2^13.)' :
Cur non. .... . .
Elum licet. , Aífyriáque nardo
Potamus unñi ?
Catulle. (Epig. 6c). 144.);
t ragantem AJfyrio venit odore domum.
^ Les anciens comprenoient ordinairement I3
Fhénicie & les pays adjacens j fous le nom gé-
néral á‘ Ajfjrie ; c’eit pourquoi üs ont déíigné
fouvent fous ce méme nom la poiirpre de Tyr
& de Sidon. Virgile. ( Georgic. 1. 463. )
Alba nec Ajfyrio fucatur lana veneno.
Claudien. (fe raptu Proferp. Uv. Z. v.
Ditibus Ajfyrii Jpumis faf cantar ake ni.
ASTACES, fleuve du Pont. Pline;, {l.i.c.
103. ) dit que les jumens qui paiflent fur fes ‘
bords ont du lait noir. Ce fait mériteroir d'étre
vérifié avant que d’étre rejetéj car on -fait cem-
bien la variété des plantes influe fur la couleur
& le goút du lait des vaches.
A S T A N D M. Ce mot eíl perfan , ainfi que
rétabliífement qu’il défigne ; 8e il eíl fynonyme
á celui á’Angari. Cétoicnt des couriers places á
diíFérentes poíles , pour recevoir les paquets &
les ordres du roí de Perfe , & fe les tranfmettre
fucceffivement avec une viteíTe extraordinaire.
Darius Codoman , cuífut détróné par Alexandre ,
avoic été afl-anda darií fa leuneíTcj felón Piutaroue
( de fbrt. Alex. í.) j & c’eít de lui peut-étre qu’a
33^ A S T
Toulu parler Juvénal, ¿ans ces vcrs de fa je. fa-
tyre :
Quales ex kumili magna ai fafilgza rerwn
Ex tollit , quoths volidt fortuna jocari.
ASTARTÉ, divinité des peuples de Syriej
fous le nom de laquelie i!s aáoroient la Lune.
Aftarté & Adonis époux régnérent dans la
Syrie , & aprés leur mort ils furent mis au rpg
des Dieux. Comme on croyoit , dans les premiers
temps 5 que Ies ames des grands hommes alloient,
aprés leur mort , habiter dans Ies aftres on fei-
gnit de croire que ceíle de ce prince & de fon
époufe avoient choiíi le Soieil & la. Lune pour
leur demeure , & on les honora comme ces aítres
eiix-méraes.
Aírarté étoit ordtnairement repréfentée fous la
figure d’une femme, qui avoit pour coéfrure une
tete de bgeuf avec fes comes pour marquer le
croiífanr de la Lune. Elle étoit principalement
honorée dans la ville d’Kiérapoiis de Syrie , oü
elle avoit un magnifique temple, & plus de trois
cens prétres employés au foin de fes auteis. Le
fouverain pontife étoit vétu de pourpre avec une
thiare d°or. On facrifioit dans ce temple deux fois
le jour , & ii y avoit des fétes oú ces facrifices
fe faifoient avec beaucoup de folemnité. Foye:^
Byblos.
Cicerón croyoit que Vafiarti des Phéniciens
étoit une des quatre Venus. Suidas penfoit de
méme. Beger & Bochart ont ajouté que c’étoit
Vénus armée, oa Venus déeíTe de la guerre; &
Paufanias , fur Fautorité duquel ils s’appuient,
dit que les Cythéréens , qui Fadoroient fous cette
figure & fous ce nom , avoient re^u ce cuite des
Phéniciens. Afané , felón Luden , étoit la Lune ,
& Junon chez les Carthaginois , felón St. Au-
guñin. Au relie Bochart croit que St. Auguíiin
avoit puifé cette opinion dans Horace, (/. z.od.i.')
& dans Virgile, {JEneii. L i. ij.)
Les peuples adoraíeurs ¿é Afané lui donnoient
différentes figures & difrerens attributs. Les Sido-
niens la repréfentoient fous la figure d"une pouxe
qui coüvre fes pouflins de fes ailes. U Afané
Gont parle Cicerón , portoit en Phénicie un car-
quois & des fleches. Chez les habitans du Mont-
Liban eiie pleiiroit la mort de fon cher Adonis :
fatéte étoit voilée, & des larmes couloient de fes
yeux. Les Aífi/riens rhabilloient tanrót en homme
& tantót en ’femrne , á caufe de I’ambiguité de
genre qu'offre fon nom dans Ies langues orientales :
de-la vient que fes adorateurs ne pouvoient pé-
nétrer dans fon temple qu’aprés avoir changé
d’habit , & pris chacun celui du fexe différent.'
Les Mythoíogues penfent qn Afané efl, fous
différens noms , Vénus ou h'íylicta des Áfív'tiens ,
Mitra des Perfes, Ifis des Egyptiens , lo & V énus-
L'ranie des Grecs , la grande Déeífe des Syriens ,
psrcsto d'Afcalon , peut-étre méme Diane^ &c.
A S T
■II y a fur Ies médailles de Bérite Se de Céfarés
une fémme demi-nue , ou ayant une robe re-
trouíTée , la tete couronnée de tours, s'appu''ant
d'une main fur un báton croifé par le haut^ re-
nant quelquefois une come d'abondance , placee
fouvent dans un temple , & ayant auprés d'eife
une victoire debout fur un cippe qui la ccuronne.
Les Antiquaires s'accordent généralement á la
prendre pour Aflarté.
Sur une médailied'EIagabale, frappée áSidon,
on voit un char dont la couverture cu rimpériale
eíl foutenue par quatre colonnes furmontées de
rameaux de laurier. Dans le char eíl une femms
aflife , tenant un grand bouclier devant elle. On
croic que les prérres de Sidon promenoient Afané
dans un femblable char, pour amaíTer de Fargent.
Le P. .Jobert reconnoít encore pour Afané we
femme affife fur un lion , qui porte en main la fou-
dre , fur, les médailles de Carthage. ■ .
ASTÉRIE, foeur de Latone ¡, fui aimée de
Júpiter , qui prit la figure d’un aigle pour la
trompar , & la rendir mere d'Hercuie-Tyrien,
Dans la fuire ayanr perdu les bonnes graces du
Dieu , & fuyant fa colére , elle fut ehangée en
caille, & fe retira dans une iíle de lamer Egée, á
laquelie elle donna le nom. d'Ortygie , "opruí , caille.
C’eíi Fiíie de Délos , qui fut cfabord appelée Or-
tygie, parce que c’eíl dans cette iíle qu'on trouva
les premieres cailles. F'oye^ Délos. Suivant une
autre tradition , Júpiter ayant celTé d’aimer Aíiérie,
la donna en mariage á Pcrfée, qui la rendir mere
d’Hécate. Voy^ez Mecate.
Astérie, filíe d’Hydée , fut aimée de Bellé-
rophon , qui la rendir mere d’un fils qu’clle
nomma Hydis 5 il fut le fondateur de la ville d’Hy-
diíiiis en Carie.
Astérie, .afierlus lapls ou afierius , pierrc
précieufe des anciens , qu’iis ont mal décnte.
Denys Périégéte dit qu’elle brille comme une
étoile , Sr que fon feii reíTemble a la flamtne des
lampes. Pline ajoute a cette defcription í¡ vague ,
que Faílérie reíTembloit á la prunelie de Fceil.
.M. Lehmann décrit dans les mémoires de FAca--
démie de .Berlín, année 1734, une pierre cryñal-
lifée íinguiiére , qu'il croi: erre Vaflérie de Pline-
Mais la reíTemblance que le Ñaruralfíie romani luí
, trouveavec la prunelie, la doit plutót fiire re-
connoitre pour un ceil de chut , ou plutót encore
pour le girafól. Au reíle, quelques Minéralognles
modernes ont don.ñé Fave.nturine pour Y afáne de
Denys Périégéte , a caufe de fes points brillans.
Nous ne croyons pas qiFüs ayent raifon , á carne
de la defcription de Pline.
ASTÉRION , íieuve du pays dÉÉ.rgos , fut
pére de trois filies, nommées Eubea , Porfymíia
& Acrela , ou A.crona, qui furent, dit-on , ¡es
nourrices de Junon. Dans ce fieuve croiííoit
herbe, nommée auífi afiérion, dont on fai.foit des
coaronnes á la Junon d’ Argos. y~oye:i Ii^áchvs t
JüNON.
ASTÉRIOÍ^-Í
A S T
Astérion j de la race des Eacides , fot un [
des Argonautes. ;
ASTÉRIUS , ñrére de NeRor , fot un des Ar- |
gonautes. j
AstériuSj petit-fiis de h Terre , un des i
Géans. I
ASTÉROPE , une des Hiles d'Atlas , la pre- j
miére des fept écoiles pnncipaies <qui compolent
Íes Pleiades. Ovid. {faft- 4- )
ASTHÉMENES. Foyer Cratée.
ASríANAX. Voyei Astyanax.
ASTIGI dans la Boetique.
Cette ville a fait frapper des médaüles impé-
fiales latines j felón le P. Hardouin.
ASTIMÉDE , feconde femme d’íEdipc , per-
fécuta'Ies enfans du premier lit de fon mari ;
& pour 'íes fendfc odieux á leur pére ^ elle les
accufa d’avoir voulu attenter á fon honneur ; ce
qiií irrita tellement le malheureux (Edipe, quil
femplit de fang fa maifon , felón I’expreíEon de
Diodore. Voye-^ (Edipe.
ASTIOCHÉ , filie d'Aclor , n^vant pu réfiñer
á la forcé du Dieu Mars , qui la furprit dans le
palais de fon pére , devint mere íílalmanas 8c
Á‘ Afcalapke , généraux grecs au liége de Troye.
A-STIoché, filie de Philante , ayant été
faite captive par Herciile dans la vallée d’Ephyne
en Elide , fot aimée de ce héros^, & en eut un fils
nommé Tlépolime.
Astioché ou Hiera 5 femme de TéléphuSj
fils d Hercule , combattit avec fon mari contre Ies
Grecs qui, allant au fiége de Troye, avoient fait
une defeente dans fon royaume , la Myfie. Elle fot
tuée par Nirée , le plus beau des Grecs aprés
Achille. Une páre antique du barón de Stofeh ,
offire cette reine érendue morte , & Nirée debout
contre un arbre , contemplant avec douleur la
faeauté de Phéroine á laquelle i! a donné la mort.
Philoñrate en a parlé dans fes Héroiques , p. dpo.
Astioché, filie de Priam, femme de Télé-
phe, & mere d'Eurypile, eft la méme que Lao-
oice.
ASTIOCHUS , vafe rond que les aíliégés
rempliíToient de poix fondue, de foufre allumé
& d’étoupes, pour les v'erfer fur Ies aíCégeans.
( Héfychlus ).
ASTOMES, peuples fabuleux, qui n’avoient
point de bouche, Pline les place aux Indes, 8c
d'autres en Afrique. On dit que ces peuples
croyoient qif il étoit honteiix de montrer fa bou-
-che , & qu’ils la couvroient foigneufement. Leur
nom eft compofé de Ya. privatif & de Xtc^« ,
bouche. Peut-étre qu’il a fait naítre cette riiicufo
•Opinión.
ASTRAB A. ■)
AS TRABE. > Voye^ Etrier,
a'xtpa'bh. j
Acazqukéf ^ Tome i.
A S T 337
ASXRA0.4LE, . Les
Grecs & les Romains donnoient ce nom á Pos du
talón des fiffipédes ou bétes á pied fourchu. Les
uns & les autres employérent ces os en guiíe de
dés, pour jouer au jeu que nous appelons encorc
les oíielets , & ils leur confervérent dans ce fens
leur nom propre Üafiragale.
ASTRAGALIZONTES , les joueurs d’oíTe-
lets. Pline appelle de ce nom un groupe célebre
dans Pantiquité , fait par le fculpteur Polycléte.
Winkelmann a cru en reconnoitre une copie au
palais Barberini. On y voit un enfant-qui mord le
bras d’une autre figure, détruire par le tcm.s, &
qu’il tíent avec fes deax máins. Le fav'ant anti-
quaire avoit défefpéré long - tems de pouvoir
expliquer un fujet aulfi bizarre en apparence ,
lorfque le hafard luí fit appercevoir un oífelet
dans la main qui appartient au bras mordu. Cet
aftragale luí rappeía fur le champ le fameux groupe
de Polycléte.
Si Pon vouloit déterminer avec plus de pré-
cifion le fujet des aflragali^ontes , on pourroit y
reconnoitre Patrocle , l amí d’Achille, qui, ayant
eu une difpute pendant fon enfance au jeu d'oíTe-
lets, tua involontairement fon camarade Chryfo-
nymus. Avollodore {Bibl. 1. p. Il6. 6).
ASTRAGALOMANTIE,divination ou efpéce
de fort qui fe pratiquoit avec des oíTelets , fue
lefquels on inferivoit les lettres de Palphabet. Oa
les jetoit au hafard, & des lettres qui réfukqient
du coup on formo it la réponfe. C'eft ainíi que
Pon confukoit Hercule Buraique dans fa cáveme,
felón Paufanias ( Arcad. ) , & Gérion á la fon-
taine dApone. Le nom de cette divination étoit
compofé áyosXoí , ojjelet, 8c de juavreía , divi-
nation.
Lorfqu’on fe fervoit de des aa lieu d'oíTelets ,
elle s’appeloit Cubomantie ¡ de x-Ims-, dé^
ASTRÉE, filie áLAftreus & de Tkémis, étoit
regardée comme ladéeíTe de la Juftice. Elle habka
fur la terre tant que dura Páge d'or; mais Ies
crim,es des humains Pen ayant chaffée, elle re-
tourna au ciel , & fe píaqa dans le figne de la
Vierge. Virgile dit qu' ayant été d'abord exilée
des villes, elle s'étoit retirée á la campagne parmi
Ies laboureurs, oú elle troava un afyle, mais qui
ne fot pas de longue d.:rée. On la peignoit , dit
Aulugelíe , fous la figure d’une vierge qui avoit
un regard formidable : la tníteífe qui paroiffoit
dans fes yeux, n’avoit ríen de bas ni de farou-
che; elle confervoit, avec un air íevere, beau-
coup de dignité. Elle tenoit une balance d une
main , & une épée de Pautre. Qn la confond
fouvent avecThémis, qui eft auífi la déeííé de li
Juftice. V^oye^ Thémis, Justice.
1ASTRES. La plus ancienne Mythologie dont
Phiftoire ait conferv'é le fouvenir, eft celie des
Egyptiens. Nous ne faifons point mention des
ÍjjiliensSc des Chinois, parce que Ies opinions des-
y y
33
S
A S T
favans foftt partagéesaleur fujet. Les afires £urztit
Ies premiers objets da cuite des habitans de FE-
gypte. Diodore de Sicile {liv. i.) Fattefte for-
meilement. ce Les plus anciens habitans de FEgypte
ayant contemplé Fefpace qui étoit au-deíTus de
íeurs tetes ^ & examiné avec admiration la firuc-
ture de Funivers, créérent d'abord deux divinités
principales & éternelles^ le Soleil & la Lune^
qudls déíignérent fens Ies nonas d^Oíiris & ddlis...
ils croyent que ces divinités gouvernent le monde
doanent á toutes chofes la nourriture & Faccroif-
ment....; que la nature de ces divinités influe
beaucoup fur la produétion de toutes chofes.... ;
de maniere que la nature entiére eft renfermée
. potentiellement dans le foleil & la lune »
Eüfébe parle le méme langage (Prap. Evang. l. 3.)
EgyptienS:, dit-il ^ ont attribué au foleil
íeuí ia formation de Funivers. Ils reconnurent les
afires pour h feule caufe prodd^iye~du monde,
faifant dépen'dre ainíi toutes chofes de la néceíiité
du. deñin & des monvemens des corps céleftes.
Cette croyance eíl encore en vigueur parmi eux.’=
Sextus Etnpiricus l^íatkem.') eít encore plus
expreífif. « Les Chaldéens , dit-il , regardent le
foleil & la lime comme les afires princjpaux 5 &
ils n'accordent aux cinq autres plañeres qu'une
moindre infiuence far les événemens fublunaires.
C’eft pourqxioi les Egyptiens comparent le foleil
a un roi Ser á l’ceil droit 5 ia lune á une reine &
a Fceil gauche ; les cinq autres plañeres á Ieurs
gardes ou fatelíites ^ & le teñe' des étoiles au
peuple. »
Le premier cuite des Egyptiens eut tellement
pour objet les afsres , & en particulier le foleil
& h lune j que Ieurs plus anciennes fétes fe célé-
broient co.níhimment aux nouvelles lunes ou néo-
rnéniesj aux pleines luneSj aux folílices & aux
e.quinoxes. Les Péiafges ou premiers Grecs, en
auoprant ie cuite des Egj/ptiens que leur commu-
rnq-aerent avec beaucoup d'altération Ies Phéni-
ciens,^confen'erent des’ traces trés-feníibles de
cette Mytkoiogie arrronomique. fzuCznhs [Lacón.)
anure qudl avoit vu en Laconie fipt colonms ,
monumens de V a-,uien cuite , que les habitans lui
dirent erre Fembléme des fept plañeres. Dans le
Cratyie , Platón dit expreíTément que les premiers
-¡aldtans de la Gréce & la plupart .des peuples
barbares avoient commencé par adorar le foleü
la lune, afires , le ciel & la terre.. De-lá vint
íans doute le refpeéi: & la vénération que les
Orientaux eurent toulours pour le nombre de
ieprj pour les fept cabires, parexemple, &c.
Lorfque la progreíTion des tenis & des con-
íioiffances eut rendu ce rerpeft materiel pour les
c/rríj trop familier aux Egyptiens, ils créérent
o.es oieux cu des génies prépofés a la garde &
a Ja conduite des plañeres, ils confacrérent plii-
-leurs ai.res á la méme divinité : Ifis prélidoit aux
mouvemens de la Lune, & Siiius ou la Canicule ,
«.tojí encore de fon départemeat. Les.phénoméncs
A S T
aílronoir.iques partagérent auffi. Ia véncratbn d^'s
Egyptiens, & ils djviférent les levers, les cou-
cners , les conjoactions & les oppoíitions des
afires. C'eñ ce fyíléme mytho-aftrdr.ornique q’u-
írl. Dupuis, profeíTeur du collége de Lkieux"
développe avec tant d'efprit & de goút, & que
nous expoferons d’aprés' lui dans pluíieurs articles
de ce Diclionnaire.
ASTRÉUS, un des Géans ou Titans qui firent
ia guerre á Júpiter; il devint amoureux de l'Au-
rore , & la rendir mere des Vents & des Afires,
Voyer^ BoRÉE.
ASTR.ÉUS. F'oyei Eurybie,
ASTROBACUS , un des héros de la Gréce ,
a qui on avoit élevé des monumens héroiques.
ASTROLOGIE. Cet arricie appartient aii
Diéiionnaire de la Fhilofophie ancienne.
ASTURICA, dans FEfpagne.
Col. AST. augusta. Colonia Afiurka Alt-
gufia.
Cette ville a fait frapper des médaüles latines
en Fhonneur d'Augufie.
A'^^TT, ville. Les Grecs déíignoient Athénes
par ce mot générique ; & les Romains les imC
térent , en appelant Rt>me , Vrbs.
ASTIANAX, fiis unique d'Heclor & d’An-
dromaque , donna de Fombrage aux Grecs au
milieu de Ieurs victoires , quciqiFil ne fíit en-
core qu'un enfanr. Ils firent annoncer par le devin
Calchas, que íi cet enfant devenoit gra.nd, il ne
manqueroit pas de venger la mort de fon pére ,
& qu'ü fercit méme d’us courageux que Ir.i ; quhí
falloit done ie faire niourir a-u - plutót. Andró-
maque prit grand foin de le cacher ; mais UíyíTe
le découvrit , & ie fit précipiter du haiit des mu-
radles de Trove. Quelques auteurs attribuent cette
cruauté á Ménélas ; d’aütres á Pyrrhus feul, fans
dire que les Grecs ou Calchas I’euíTent jugée né-
ceíTaire. Eurypide , dans ñt tragédie desTroyenS;,
a pris pour principale intrigue , la m.ort á‘Afi
tyanax.
Ráeme le fait vívre plus long-tems; il fuppofe
oyx Afiyanax fuivit fa mere en Epire , & que
Pyrrhus, en époufant Andromaaue, prit le 6js
d Heélor fous fa proteólion. Mais, comme ilie
dit lui-méme , « il écrivoit dans un pays oú cette
liberté ne pouvoir pas étre mal reque ; car , fans
parler de Ronfard, qui a choili ce méme Afiyanax
pour le héros de fa Franciade, qui ne fait que
1 on fait defeendre nos anciens rois de ce fils
d'Hedlor; & que nos vieilles ehroniques fauvent
la víe á ce jeune prince , aprés la défolation de
fon pays , pour en faire le foiKiateur de norte
monarchie f » Afiyanax fut auíü nomme Sca-
mander.
ASTYDAMÍE, filie íFAmintor, & mere de
Lépréas , un des ennemis d'HercuIe , fut aimée
de ce héros j & reconcilia fon fils avec lui ; e-e
A S T
sa out an fils^ nomaié Eréfipc. yoye? LórS-éAS.
Astydamie , femme d’Acafte. Pei-í-'^-
ASTYLE, cievin qui fe trouva aa combar des
Lapiihes & des Centaures , & pnt la lUite.
ÁSTYMÉDE. T^ayei Astimede-
ASTYOCHÉ;, une des filies de Niobé. EYye?
Niobé.
Astycché , filie de Philante. T. Astioché.
ASTYNOME, fd!e de Chryféis. T. Ckry-
SÉIS. _
Astynomes étoient des magiítrats a Atnenes ,
prépofés á finfpedtion des rup. lis étoient cnar-
gésj pour cet objetj des mérnes détails que
voyers modernes. Leur infpeélion s etendoit auiii
fur les joueurs d'inñrumens & fu_r ¡es bouffons
(rSi K«í!-ooAíVfflv). Les aftynomes étoient a Atnenes
Ies mérnes magiflrats que Fon appeloit á Rome
Ediles plébéíens. _
Ariftote 3 cité par Harpocration , dit qu ns
étoient dix ; cinq pour la ville , & cinq pour le
Pirée. aVí'sí.ksí eft compofé dAs-a^ ville, & ee
On volt dans Démofthéneí que I on ne pouvoit
jamais écre deux fois aftynome.
ASTYOCHUS3 fils a ¿ole , le dieu des Vents,
régna aprés fon pére fur les ifles de Lipari , qu il
appela Eoliennes , du nom de fon pére.
’aSTYOInE, c’eñ le nom de la bella Chryféis,
filie de Chryfés, grand-prétre d'Apollon. Voye^
ChRYSÉISj
ASTYP ALTEES 3 furnom d’ Apollen, á caufe
d’un temple qufil avoit dans l'ifle d’Afiypaiee ,
une des Cyclades.
ASTYPALEA, iíle. ASTrnAAAiEn?r.
Les médailles autonomes de cette ifle font:
RRR. en bronze. {Pellerin).
O. en or.
O. en argent. . . ;
On a frappé dans cette ifle des médailles impe-
riales grecques en Fhonneur de Libére : ce font
les mérnes que les autonomes ci-deíTus ; le nom
du prince n’y eíl: pas.
ÁSTYPALÉE 3 filie de Pheenix, eiit de Nep-
tune Ancée. V. Añcée.
ASTYRA 3 dans Fifle de Rhodes. asttpa.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
ASTYRE, dans la Myfie. AcTYFHNEnN.
Cette ville a fait frapper des médailles impe-
riales grecques en Fhonneur d’Antoniu.
ASTYRÉNA ; gYR un noin cu°on donnoit a
Diane , & cui venoit d’Aftyra , ville de la Myfie ,
dans laqueile cette déefie avoit un bois facré.
ATABYRIEN , furnom que les Rhodiens don*
ATA 359
ncíent á Júpiter. lis luí avoient érigé, fous ce
nom, un temple qui devint fameux. II y avoit
des taureaux d'airainqui, difoit-on, avertifibient,
par des mugiífemens , quand il devoit arriver
quelque malheur. Atabyria étoit Fancien nom de
Fiñe de Rhodes : de-lá vint le nom ¿l Atabyrien
donné á .Júpiter.
ATAEYRIUM, en Sicile. A. & at. en mono-
gramm.e.
Hanter poiTédoit une médaiile autonome d"ar-
gent & trois de bronze avec ces monogrammes , .
que M. Combe attribue á Atabyrium ; mais Fon-
trouve auífi ce monogramme fur une médaiile
dCAntioche de Syrie ; ce qui doit lui faire reñituer
les prétendues médailles ¿l Atahyrium.
ATALANTE. Quoique les auteurs ne foient
pas d’accord fur la perfonne qui a porte ce nona,
il paroit qiFon peut les concilier , en diftinguant
deux Atalantes.
L'une étoit filie de Schanée , &^petite-fille
dCAthamas, que fes malheurs obligérent de^fe
retirer dans un cantón reculé de la Béotie , ou il
bátit une petite ville de fon nom. V . Athamas.
Ce fut-la que naquit Atalante , la plus belle prin-
ceíTe de fon tems. Etanr allée un jour confultec
Foracle fur le choix d^un epoux, elle en^ requt
cette réponfe ; V^ous ne dzve\ pcin.t fonger a l ky~
men ; il vous fera fatal ; vous devez^ le fair : car,
pour ne V avoir pas ¿vité , vous aure'^ , quMque
vivante , le malheur de n itre plus ce que vous^ etie-;^
auparavant. Effrayée de cette reponfe , elle ne
penfa plus au mariage, & réfolut de paíTer fa vic
á la chaíTe dans les foréts. Pour fe déiivrer de
la foule d’amans qui Fimportunoient, elle leur
propofa dYpoufer ’celui qui la furpafferoit á la
conrfe, á condition qu’elle feroit mourir^ceux
qui feroient vaincus dans cet exercice, oú elle
excelloit.
Kippoméne , cnFApollodore nomme Méia-
nion, fils de Mégarée, fils de Neptune , (VoyeT;^
Hippoméne.) épris des áizxmzí, & Atalante , fe
préfenta pour cóurir avec elle. Mais fe défiani;
de fon agilité, i! eut recours á' Venus, qui, fans
fe feire voir, lui remic trois pommes d’or. Les
ims, comme Ovide , difent quYUe les avoit cueil-
lies dans Filie de Chypre; Tamadere.)
d'autres racontent qu elle Ies avoit cueiliies aans
le iardin des Hefpérides. Quoi qui! en foit. Venus
aporit á Hippoméne'Fufage qu’il devoit faire de
ces pomnies. Pendint I3. courfe :> í^uand
voyoit prés d’étre devaneé par Atalante, il laiíToit
tomber une de ces pommes 5 atarée par le pnx
du méta! , elle la tamaíToir. Par ce retardement
trois fois répété, elle donna le tems a fon amane
d’-attteindre le but avant elle , & A..t alant e
le prix de <a vicioire. Hippomene, aprés ce bien-
fai- oiiMia de rendre grace á Vénus par des
facrifices. Pour fe vengar d’un mépris fi outra-^
®eant, la déeiTe le pouíla a profanar le temple de
Cvbéle. La mere des dieux, pour fe venger de
^ Y ij
340
ATE
cet outrage j changea Hippoménc en lionj -& Pia-
lante en lionne. C eíl ciepuis ce tems c^iis ces
animaux feroces font attei’és au char de Cybéle ,
& dóciles a fa voix. Ainíi s’accomplit Toracle
qui avoit defendu á Atalante de prendre un
mari.
On a raconte autrement rhíftoire de la méine
Atalante.^ On a dit qu'elíe étoit filie d’un certain
Jafus , d autres de Ménalus; & que fon pére j ne
voulant avoir que des enfans males , la fit expofer
dans un lieu aefert. Une ourfe la trouva & f aliaita^
jufqu a ce que des chafíeurs Temporiérent & Féle-
verent chez eux. Devenue grande ^ elle fe donna
toute entiere a la chaíTe & eut toujours grand
foin de garder fa virginité. Elle tua á coiips de
fleches deux Centauros , qui vouloient lui faire
violence. Atalante fe trouva aux jeux inílitués en
1 honneur de Pélias^ lutta contre Pelée, & rem-
porta le^ prix. Elle retrouva depuis fes parens 5
& fon pere la preíTant de fe marier , elle n'y con-
fentit qii aux cond:tions dont on a parlé plus haut.
Menalion fe préfenta , & fut vainqueur par le
ftcours des pommes de Vénus. Les deux époux
lurent changés en lions , pour avoir profané le
temple de Jüp:rer. Avant ce maíheur. Atalante
avoít ea de Ménalion , d'autres difent de Jríars,
^9 /, Parthénopée , qui fit la guerre aux
i heoains.
La feconde Atalante efl: celle qui fe trouva á la
chañe du fanglier de Calydon, & qui, par la
preference que lui donna Méiéagre , fut la caufe
innocente des malheurs qui fuivirent cette chaíTe.
r oye^ MeLEAGRE.
,Ón trouve dans la colleélion des pierres gra-
vees du barón de Stofeh, Atalante repréfentée
dans fa^courfe. Ce fujet a plu aux anciens artiftes,
car lis i'ont repété plufieurs fois.
ATARBÉCHIS fignifie , en langue cophte ,
Egyptiens , viile de Vénus
Apkroditopolis. Car, felón Jablonski , aV;. ,
. ou plutot comme Pécrit Orion, A’&¿f eft Vénus,
cc baki veut dire ville.
ALARGA TIS. Voye^ Atergatis,
ATARNEA , en Myfie. ■ ATAP.
autonomes de cette vilIe font :
KKKK. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
ATE, mal, injuflke, filie de Júpiter,
ne penfoit qu a faire du mal 5 elle troubloit fef-
prit d« hommes pour les précipiter dans le mal-
neur. Devenue odieufe aux dieux & aux hommes,
Júpiter la faifit par les cheveux , la précipita du
aut des cieux, & fit ferment queUe nV rert-
s’empara alors des aífaires hu-
aver parcourt toute la terre
^ t, incropable , marche fur la tete
íut Cp faifant tout le mal qu elle
P® • Frieres, (A/r«¡) fesfoeurs, filies de
ATE]
ATE'.
ATE
Júpiter comme ene, vont toujours apréc elle
pour corriger,_autant qufii eft en leur'' pdu!
voir, le mal qu’elle fait; mais étant boiteufes
elies vont beaucoup plus lentement qiiVré. Cette
fable allégorique eft d'Homére 5 & ce feroit la
gater,que de ftexpliquer. Foyei Frieres, Dis-
corde.
ELE. 7
'AFTA í appeloit á Athénes Ateles,
,AEiA. y ceux qui étoient exempts de la
pmpart des impofitions, & AríMia cette exemp-
tipn. Elle n'étoit pas entiere ; car perfonne n'étoit
difpenfé de contribuer aux frais des guerres; &
les noyemvirs feuls étoient exempts de Fimpot
deftiné á la conítruéiion des trirémes. Au refte
on trouve un petit nombre d'exemples de cette
diftiniftion honorable , entre lefquels on remarque
les defeendans d’Harmodius & dAriñogiton, qui
en jouirent pendant plufieurs fiécles. Voyez Dé-
mofthéne {in Leptinem) & fes interpretes.
AT£LL,ANES , piéces de théátre en ufage chez
les Roroains, & qui reíTembloient aux piéces
fatyriques des Grecs, non - feulement pour le
choix des fujets, mais encore par le caraéitre des
aéieurs, des danfes & de la mufique. Diomede ,
( lib. 3.) Aprés avoir été long-tems en vigueur
pendant la république , elles lefurenr éncorefous
les empereurs.
On les appeloit ainfi ¿lAtella , ville du pays
des Ofques, ancien peaple du Latium, oü elles
avoient pris naiíTance , & d’oü elles paíTérent
bientót á Rome. Les perfonnages de ces piéces
confervérent le jargon des Ofques , comme les
afteurs des comédies italiennes parlent chacun le
jargon des pays d oú ils font cenfés avoir été
tires ; arlequín , celui de Bergame ; Pantalón , de
\ enife 5 le doéleur, deBologne, &c.
Quoique les atellanes euííent de grands rap-
ports avec les piéces fatyriques grecques, elles
n’y reffembloient cependant pas en tout Les
perfonnages des premieres étoient toujsurs des
fatyres ou des gens ruftiques , auífi grofliers
qu eux ; tels qu’un certain Autolycus & Burris:
ceux des atellanes étoient ofques, & portoient
les noms uíltés chez ces petiples du Latium , tels
que celui de Maccus.
Ces piéces étoient ordinairement eomiques,
mais non pas abfolument ni exclufivement á tout
fujet noble ou ferieux : c'étoient quelquefois des
paftorales héroiques , comme celles des amours
de Páris & d^CEnone, dont parle Suétone dans
la vie de Dominen. D'aucres fois , c'étoit un
mélange bizarra de tragique Se de comique. Ep
un mor , les atellanes étoient un tiffu de plai-
fanteries & de bons-mots. Mais ÍI ne faut pas les
confondre avec ces groílréres fatyres & ces bouf-
fonneries obfcénes,que les Larins appeloient earu-
Aa & mimi.
Les exodia étoient des entrées fatyriques , p^r
lefquclles on terminoit & Fon coupoit ráeme les
ATE
tragcájes aSn de fécher Jes larmcs qu’elles fai ' '
Ibienr répandre aux fpeñatears. Dans les ;
lañes , au contraire , en fuu’^t un fujet dans ;
toute fon étendiie , & en le divífoit en pluíjeurs
adtes. Uáteilane méme étoit entre-nielee d £X'o-
dia , ou plutót on donnoit ce nom á quelques-
unes de fes fcénes.
Quant aux mimes , leur difference avec les
atellanes étoit encore plus feníible. D aborda les
mimes étoient des farces obfeénes , ecrires dans
le langage ordinaire des Romains. lis ne faifoient
le plaiíir que de la populace. Les atellanes , au
contraire ^ confervoient , malgré leur idióme grof-
£er , une forte de décence ; leurs bons - mets
ne choquoient point ouverrement les bienféances
ni les moeurs : de forte que les Romains les plus
fpirituels, les mieux polis, & de la plus haute
extraítion , en faifoient leur paíTe-tems , & méme
en étoient les adleurs. Les atellanes cependant.
ne fe continrent pas toujours dans les bornes de
la bienféance qui les avoit caradiérifées d'abord ;
elles devinrent fi licencieufes & fi impudentes,
que le fénat fut obligó de les fupprimer.
Les Romains les plus diflingués fe permettoient
d’autant plus volontiers cet amufement , que les
loix par lefquelles les adteurs qui jouoient les tra-
gédies ou les comedies étoient rayes de leur
tribu , & déclarés incapables de porter les armes ,
ne s’étendoient pas jufqu’aux atellanes. Les ac-
teurs de ces derniéres n’étoient point obligés
d’óter leur mafque, ou de fe dépouiller de leur
habit de caradtére, perfonam ponere , lorfqu’iis
déplaifoient au public , comme il étoit d’ufage
fur les autres théátres. Feftus {in Perfonata).
ATELLANI ¡ adteurs des atellanes, Voye'^
la fin de l’article Atellanes. Les plus célebres
furent Nonius , Pomponius & Mummius , qui
donna un nouveau luftre á ces piéces comiques.
ATER. f color) Les Romains diñinguoicnt
la couleur noire proprement dite, color ater,
de la couleur maron-foncé , telle que celle des
yeux, appelés improprement noirs ¡ color niger.
Color ater , étoit le noir-plein , comme la cou-
leur du charbon. Térence, (^Aielph. v. 3. 63.) :
Edm excoñam reddam atque atram , qudm eji carho,
De-!á vint á cette couleur le furnotn antkracinus ,
'¿aritrax, charbon.
ATERGATÍS, eñ le véritable nom de la
divinité que les uns appellent Adargatis , & les
autres Atergatis. Si fon en croit Strabon , c’eíl
le nom corrompa parles Grecs, de la déefle que
les Syriens appeloient en leur langue Athara. Ce
géographe remarque auffi que Ctéfius l’a cor-
rompa d'une autre maniere, par celui de Dercéto.
Athara , ou , comme f écrit Juftin , Atharés , étoit
la femme du premier roi des Syriens. Aprés fa
mon, fon fépulcre devim un temple, & elle y
A T H 341
fut honorée du cuite ¡e pías religieux. On la re-
préfentoit feus la figure d^’une femme dont le
corps fe terminoit en poiíTon Elle étoit ornee
de rayons tournés vers le ciel, & accompagnée de
lions places á fes pieds.
Suivant Antipater, philofopheíto’icien deTarfe,
auteur d'un Traité de la faperílition , Atergatis
étoit un mot compofé d’«T£(>, qui fignifie fans, &
du nom propre Gatis ^ qui étoit, difoit-il, celui
d^une reine Syrienne , qui , aimant extraordinai-
rement le poiíTón , défendit á fes fujets d’en
manger fans elle 5 aVe» yÍTthn , fans Gatis. Les
Syriens , á ce q4on aíTure , ne mangeoienr point
de poiíTon. On en peut voir une raifon á Tarticle
Dercéto ; en voici une autre qu en donnoit
Xantus , hiílorien de Lydie. Atergatis fat prife
avec fon ffls Jehthys par Mopfus, roi de Lydie.
II les fit toas les deux noyer dans un lac qui eft
auprés d'Afcalon, oú les poiíTons les dévorérent}
& de-Iá vint Thorreur que les Syriens congurent
pour cette forte d’aliment. V oyeq_ AstartÉ ,
Dercéto.
ATEüLA. Voyes^ Attila.
ATHALANTE, Foye^ Atalante.
ATHALARIC , roí -dltalie.
AtHALARIGUS RRXa
Ses médailles font :
O. en or Se en argent.
R. en P. B. On y voit d’un cote un téte qui
repréfente Rome , & de Tautre íe nom ¿Atha-
laric. RR. au revers Atkalaric debout.
On trouve fon nom au revers de plufieurs mé-
dailles d'argent des empereurs Juñin 1 8c Jufti-
nien. Elles font ; RRR.
ATHAMANES , en yEtolie. a©aman.
M. Pellerin a pubüé «ne médaille autonome de
bronze de ce peuple. 11 tfy en a point en or ni
en argent.
ATHAMAS , fiis d’EoIe , & arriére-petit-fils
de Deucalion, étoit roi de Thébes : il eut trois
femmes; Thémiífo , filie d’Hirféns; Ino, filie de
Cadmus; & Néphélé. íl eft aíTez difncüe de fixer
fordre dans lequel ces femmes furent époufées.
Les uns difent qaAtAamas n'époufa Ino qu'aprés
la more de Thémifto , fa premiere femme , Sc
font entendre qu’il n’eut point d’enfans de celle-ci,
D'autres difent qu'il n'époufa Thémifto qu’aprés
avoir repudié Ino , Sc qu'il eut deux fils de Thé-
mifto : Orchoméne & Plinthius. II eft eafin des
auteurs qui ne lui en donnent que deux, & lui
font époufer Ino aprés Néphélé. Foye^ Ino,
Néphelé, Thémisto.
Athamas ayant perdu fes enfans de la maniere
dont on le dirá á fárdele de chacune de fes fem-
mes, 5c ne pouvant plus fouffrír le féjour dq
Thébes, céda fa courónne a Coronas' & á Ha-
liarre , neveux de fon frére Sifyphe ; & s’étant
retiré dans la Béode, il y batir la ville d'Atus.
Mais ces deux princes le laiíTérent dans la foite
remohtex fur le troné.
J42 A T H
ATHÉNA j forte de flúte dont on croyolt que
le Thébain rÑicophéle s’étoít fervi le premier dans
les hymnes adreíles á Minerve. Pollux {Gnomafi.
l. c. lo). II y avoit auíli une efpéce de trom-
petre appeiée Atkena.
ATHÉNEE j Athen&wmj, lieu public dans lequel
les prcfefieurs des arts libéraux te.noient leiirs
aífemblées, ou les rhéteurs & Ies poetes lifoient
leurs ouvrageSj & dans lequel on déclamoit Ies
piéces 5 comme on Tapprend deCapitoIin^ dans la
vie de Pertinax , (c. il.) & dans celle de Gordien
iil.) , de Lampride^ dans la vie d'Alexandre-
Sévére (c. , & de Sidoine Apollinaire en plu-
íieurs endroits. On voit dans ce dernier écrivainj
que les Athénées étoient difpofés en amphithéá-
treSj quils étoient ornes de fiéges appelés par
Sidoine cund, comme ceux des amphithéátres
deftinés aux jeux publics. Alexandre-Sévére ailoit
fouvent- dans VAtkénée entendre les rhéteurs &
les poetes grecs Sr latios. Gordien s'y étoit exercé
dans fa jeuneíTe á déclamer.
Les deux plus fameux Athénées ont été celui
de Rome &: celui de Lyon. Pour ce dernier
voyf? Ainai. Aurélius Viélor {de C&far, c. 14.)
BOUS apprend qu’Hadrien fit conílruire le premier.
On croit qifi! étoit place fur le capitole ; mais les
uns veulent que Téglife & le couvent ét Ara-Coeli ,
en occupent Rancien empiaceir.ent 5 d’autres fou-
tiennent qu’il eíl occupé par le palais moderne du
fénateur & par les prifons.
On derive le nom Athénée de A'ém, Minert^e,
parce qu’elle prélidoit aux arts & aux fciences.
A.THÉNÉES , féte que les Athéniens célébroient
en Rhonneur de Minerve ^ & dont la célébrité
attiroit des fpeérateurs de toute la Gréce : elle
avoit été inftituée par EricloniuSj troiíiéme roi
d'Atheoes ; enfiiite lorfque Théfée eut raíTemblé
les douze bourgades de l’Attique ^ pour en faite
une ville plus confidérablej la féte célébrée par
tous les peuples prit le nom de Panatkénées.
Voye^ LÁMPADOPKORIESj Panathénées.
ALHEÑES. Cette ville capitale de PAttique
cache , comme prefque toutes les autres cités
fameufes , fon origine fous des fables & des ailé-
gories. Ce oue Ron en peut extraire de plus cer-
tain j eíl -qiRelle fut bátie par Cécrops. Elle fut
d'abord appeiée Cécropie , & depuis Mopfopie.
Cranaiis j fon fucceíTeur ^ changea ce nom en
celui a Atkena j fa filie. L’analogie détournée du
nom Mopfopie, & de noi-siLív celui de Neptune ,
& celle du nom Atkena & de a’A^ííij, Minerve,
ont peut-étre fait inventer la difpure de ces deux •
divinités, á Roccafion du nom que chacune d’eHes
youlut dotHier á la nouvellé cité.
Ellesconvinrent, pourla terminer, que cethon-
neur feroit réfervé á celle qui feroit le préfent lé
plus utile an gente humain. Neprune frappant la
terre de fon tndent, en fit fortir le cheval; mais
Pallas produifit Rolivier, & elle donna fon nom
A T H
á Athéms. Telle eft la fable qu'Ovide a chantée’
& qu’Hygin nous a tranfmife. Athénes fut bátie
fur une colline qui dominoit une plaine riante'"
C'étoit Rufage de fonder Ies vüles fur des étnL
nences , & ii a duré jufqu aux íiécles qui , ayant
inventé ks béliers 8c les balifles, ont ¿niéve aux
forterefies les avantages de leur lituation. II paroi't
méme que la ville de Cécrops coníiftoit prefque
entiérement dans ces retranchemens de paliífades
qui e.ntouroient la citadelle , appeiée ^cropo/e ,
AxjJttíXií, ville ñipérieure. On fait Ies ñineftes
fuites de Récuivoque occalionnée par ces palif-
fades._ Dans la guerre des Perfes , Roracle ayant
confeillé aux Athéniens de fe retirer dans des
murs de bois , le plus grand nombre skmbarqua
fur une ílotte. Mais quelques-uns ayant cru troaver
Rexplication de Roracle dans les retranchemens
de Racropole, s’y renfermérent & furent mafíi-
eres par les Per.ks.
_ Gimen , fils de Miltiade , fubftitua á ces fra-
gües paliífades un mur trés-épais, qui défendoit
la citadeile du cote du midi , & cet ouvrage porta
fon nom j mur de Cimon , Le cóté
du nord avoit été depuis piuíieurs Iiécles fortifié
par une muraille que Ron appeloit le mur Pélaf-
gtque , , du nom des premiers habi-
tans de la Gréce, auxqaels on en attribuoi: la
conllruction.'
Quoique ce dernier mur fút auííi appelé E%r¿-
á caufe de piuíieurs petites portes dont il
étoit percé , cependant on ne faifoit ufage pour
entrer dans la citadeile, que d'une feule porte tres-
grande , á laquelle on montoit par des degrés
de marbre blanc, & qui étoit Rouvrage de Pé-
riclés.
Lhntérieur de Racropole ou de la citadeile >
étoit occupé par un grand nombre d’édifices
facrés 8c profanes, par des ftatues & par diíFé-
rens monumens qui retracoient Rhiíloire des pre-
miers Iiécles ¿L Athxnes. On y trouvoit, á droite
en entrant, un temple de Minerve-ViBorieufe, batí
en marbre blanc ; & au milieu le Parthénion , ce
temple de Minerve íi célebre que les Perfes brú-
lérent, que Périciés rebatir fomptueufement, &
que des ruines coníidérables, converties eñ mof-
quée , tetracent encore.
Neprune avoit dans Racropole un temple quí
communiquoit á un plus petit, dédié á Minerve,
fous le nom de proteélrice de la ville, líaXtcií. On
en voit encore des relies avec des colonnes ioniques*
cannelées. Le tréfor public & Ies rabies fur lef-
quelles étoient écrits les noms des citoyens que
ce tréfor nourriífoit , oceupoient le fo.nd du
temple de Minerve-Poliade. L'acropole renfer-
moit encore de petits édifices confacrés á Júpiter-
Sauveur , á Minerve -Confervatrice , á Minerve
fous le nom d’ Agraule ,- filie de Cécrops ; á V énus
enfin, fous le nom á^HippoIytée.
La ville proprement dite, c'eíl-á-dire , la vine
inférisure, qui comprenoit k cháteau deMunychia
A T H
Se Ies portes de Phalere & de Pyrcej étoit en-
touree d'nne forte murailiej dont les deux par*
ties qui joignoient le Pvrée á la ville j, s’appeloient
les iongues nrurailles , Max-fa níx’;- Péneles avoit
batí ceile qui regardoit le nord^ & Ihemiítocle
celle du midi, appeiée raiirs tíe Phiiere , a caufe
du pont de ce nom ; le mur qui joignoit le cha-
reau de ííunychia au Piree s'appeioit
La longueur entiére de ces murs étoit oe cent
foixante-dix-huir ftades , évalués á vingt-deux
milles romains anciques.
On comptoit parmi Ies pías beaux édifices de
la ville á' Aikin.es , le temple de Tbéfee . qui
fubíiíle encore j mais convertí en une églife dé-
diée á S. Georges ; le temple de Jupiter-Olym-
pien, qui avoit quatre lindes de circuito & qui:,
commencé par Piíiítratej continué avec une ma-
gnificence fans égale par diíFérens empereurs
romains , ne fut achevé que par Hadrien 5 le
temple confacré á toutes Ies divinités fous le nom
de Pantkéon , orné de cent vingt colonnes de
marbre ^ qui fubfiftoit encore en lóyj j le temple
des huir Vents, de figure ociegone j orné de leurs
repréfentations en bas-reiief j & qui eíl encore
entierj les portiques ^ dont le plus célebre étoit
orné de tableaux de Polygnote ^ de Mycon , &c.
qui donna fon nom général portique, sax, á la
fede de Zénon , & dont le nom propre étoit
Uo¡!cíXt¡ y le mufaum i fmníov , enároit fortifie pres
de la citadelie ; Yodeum, , ou théatre de
muíiquej batí par Périclés, décruit dans la guerre
de Mithridate, & relevé avec la plus grande fomp-
tuofité par Hérode Atticus.
Les deux Céramiques fe faifoient remarquer.
lis avoient pris tous deux leur nom de Céramus ,
fils.de Bacchus & d^Ariadne, ou plutót des fours-
a-potier j ¿s-'o ríj x.istt¡xiitr,s Tf/vni de l’art de tra-
vaiiier en terre cuite, L’un étoit renfermé dans
la ville , & comprenoit dans fa vafee enceinte
des maifonSj des temples, des théátres, des por-
tiques , des jardins , Sec. Place dans Ies faiix-
bourgs , I’autre fervoit de cimetiére pablic , &
renfermoit des maifons, entre lefquelles on re-
marquoit f académie.
Dans le premier des céramiques étoit I'ancien
foram ou marché , qui fervoit á teñir les aflem-
blées du peuple. Le nouveau forum étoit prés
du portique de Zénon. Les marchands avoient
encore d'autres lieux d’aíTemblée , appelés
Tí-'ííse ou Curies. C'étoient-lá oú ils traitoient lears
affaires & lears intéréts, fous la proteílion des
loix 3 qui 3 bien loin d^aviiir le commerce & les
négocians , les honoroient au contraire , & veil-
loient á leur fúreté.
Les Romains donnérent aux Athéniens le goút
pour ces aauéducs immenfes qui fubíiftent en-
core en partie. Avant eiix , on ne buvoit á Alheñes
que de f eau de puits , parce que TEridan n’offroit
Cu une boiflbn trouble & faamátre. Hadrien fit
commencer un bel aquéduc, dont on voit encore
A T H 343
des colorirles ioniques qui fappcrtoient le- cha-
teau-d'eau, & qui fut achevé par Antonin.
Les Lacédémoniens bátirent les premiers gym-
nafes , & ces établiíremens furent imites bisntót
apresdans toutela Gréce 8e dans T Empire .Romain.
Ce 4étoient pas des édiíices particuliers, mais
la reunión de plufieurs batimens , jardins & por-
tiques capables de renfermer piuíieurs miüiers
d'hommes. Les phiiofophes. Ies rhéteurs, tous
ceux qui enfeignoient les fciences ou les arts libé-
raux, leslutteurs, les fauteurs, en un mot tous
les athletes alfembloient fucceíTivement pour
donner & pour recevoir des le^ons publiques.
Les plus fameux á‘ A.t hiñes , étoient le lycée,
facadémie & le Cynofarge. Ceñ dans le pre-
mier, commencé par Piíiírrate, achevé par Pé-
neles & orné par Lycurgue, quCAriñote enfei-
gnoit fa philofophie, en fe promenant avec fes
diíciples. L’académie étoit renfermée dans Pen-
ceinte á'Atkines , & Platón y avoit développé
fes fublimes conceptions á fon école. Dans Ies
fauxbourgs auprés du lycée , on voyoir le cyno-
farge ou le chien-blanc. On jugeoit dans ce gym-
naíe les caufes de bátardife. 1Í renfermoit plufieurs
temples dédiés á Hébé, á Alcméne , á Jolaüs, &c.
& il fut le berceau de la feñe des Cyniques.
Les trois ports Ól Alheñes étoient le Pitee ,
Munychia & Phalére. Les noms particuliers des
théátres de cette ville , ne font pas parvenus
jufqu'á no US. 9
Athenes. (médatlles d’) A©e & A0Hnaií2>t.
Le P. Hardouin a dit fauíTement qu'aucune
médaiile ^ Aihims n’ avoit été frappée avant le
régne de Phihppe de Macédoine 5 car il s°en trouve
d'un coin trés-difforme & trés-antique.
On volt dans le cabinet Farnefe du roi des
deux Siciles , un quinaire d'or Íl Achines. Du terns
de M. deBoze, on ne trouvoit point de médaiiles
en or de cette ville célebre.
Les médaiiles autonomes de cette ville font :
P1.RP..R. en or.
C. en argent,
C. en bronze.
Son fymbole étoit la chouette 5 on en voit
fur fes médaiiles quelqiiefois deux, & quelque-
fois une feule avec deux corps.
Cette ville a fait frapper des médaiiles impe-
riales grecques en Phonneur de Vefpafien Se de
Commode.
ATHÉNIENS. Nous ne parlerons dans cet
arricie que de deux objets , qui appartiennenc
néceflairement aux antiquités & aux monumens j
Pun eíl; Phabillement des Aikéniens , & Pautre
leur fuperftition exceíEve.
lis pouffoient fi loin cette derniére , que ,
malgré le nombre inñni de temples, d4ute!s Ser
de fiat'ues qu’ils avoient confacres aux dieux dans
Penceinte de leur ville, iJs g^verent encore, par
le confeil d^Epéménide , un autel parcicuiier á
s44 ^
tous !es dieux des trois parties da monde comiu.
En voící rinlcription ;
eEOIS ASIAS KAÍ EYPCnHS
Kai aybths
esa Ár^nzrai
KAI
EENÍ2I
« Aux dieux d’Aíiej d’Europe & de Lybiej au
díeu incoiinu Se étranger. »
Les Athéiúens , comir.e Tobferve Xénophon j
{de Repuh. Ath.) célébroient;, dans le courant
de chaqué année ^ deux fois plus de fétes que
tout autre peuple de la Gréce, & le nombre de
ces féres ne faiídit rien diminuerdeleur fplenderir
& de leur pompe. On fermoit pendant leiir cé-
lébration les atcéliers , les magafins^ & les tribu-
r.aux ; on quittoit méme les habits de deuil , afin
que ríen de triñe ou de lúgubre ne profanar la
fainteté de ces jours. La joie , les feftins & les
danfes oceupoient feuls tous les citoyens.
Cétoit le tréfor public qui foumiflbit aux dé-
penfes du cuite , quí lui étoient fort á charge j
& pour le foulager , on condamnoit les citoyens
riches ou puiíTans , dont on craignoit rinfluence
dans le gouvernement j á fupporter ces fpis
¿normes. Quelque onéreufes que fuíTent ces im-
poiidons íls étoient obügés de s’en charger avec
les apparences de la joie & de la reconnoiíTance ,
cuoiqu’elles fuíTent établies á Vinfiar de l’oftra-
cifme. ^ .
Les Átkéniens portoient á la guerre des tüni-
ques ou furtouts de lin qui leur fervoient de
cuiraíTe. ( On parlera des cuiraiTes faites de plu-
fieurs toiles de lin piquees enfemble , á leur ar-
ticle. ) Peu de temps avant Thucydíde j qui nous
Fapprend , ils quittoient ces tuniques & leur
srmure pendant la paix; car jufqu’'alors les Grecs
¿toient toujours armes. Ils portérent alors des
habits de laine 8c non de lin ^ comme Pollux
(7. 16.) PaiTure fans fondementi en ajoutant
que ces tuniques de lin defeendoient jufqu’aux
talons On fait politivement que les femmes feuies
portoient & des tuniques de lin , & des tuniques
de cette longueur ; ce qui eft confirmé par le
récit fuivant de Paufanias. Théfée étznt venu
{lió. I.) á Athénes^ & nevoulant pas y erre re-
connu, prk une tunique flottante fur les talons
^íTc¿ycc > non la pullo. 3 comme 1 a traduit
un interprete 5 & ffifa élégamment fes cheyeux.
Ceux qui le rencontroient ainfi déguifé , lui de-
mandoient pourquoi une jeune filie , comme il
paroiíToit Pétre 3 alloit toute feule dans les mes.
EHen {Uh. 4. za. ) dit aulfi quiis portoient
des tuniques de couleur pourpre fans mélange j
¿?.;;ey7. . . . ¡ftá-na, 8c des tuníqucs rayées ou de
¿ifférentes coiileurse, woíkíAsíí g;/rS»ctí. Le fait
parpít dciiteux , car Ies rois , Ies empereurs ¡ ief
A 1 H
s.fiarques dans leurs fonflions publiques , &:c.
portoient feuls des vétemens teints en pourpre
vif, c'eít-á-dire 3 fans mélange. f^oye:^
D'ailleurs cet ufage étoit fi peu requ a .4thénes ,
que Plutarqiie raconte qu'Áícibiade futblámé,^-
parce qudl uvoií le luxe le plus recherché, & qu‘ii
portoit des kubits précieux & teints en pourpre.
Luden dit aufli que Ton y reprochok comme
un luxe afiatique Ies habits teints , & que Ton
défigna par le nom de paon , un étranger qui fe
montroit dans la ville avec des habits tüTus d’or
& de pliilieurs couleurs.
Les jeunss Athénitn.s qui fe préparoient aux
emplois milkaires en veillant á la süreté de la
ville 3 portoient une chlamyde 3 ou manteau noir.
Cette couleur ne fut changée que dans le llécle
d'Hadríen 3 oü le célebre Hérode-Atticus leur
donna des chlamydes blanches.
On ne bruloit point les corps á Athénes ; mais
on les enterroit dans le céramique des fauxbourgs,
8c les funérailles devoient fe faite avant le lever
du foleil 3 fuivant une des loix de Solon. Lorfquc
le mort avoit été aíTaíTmé , tous ceux qui aíTif-
toient aux funérailles juroient qu’ils n’étoierit
pas coupables de ce meurtre 3 & Ton plantok
une lance fur fon tombeau 3 ou on la renfermoit
au-dedanSj pour annoncer aux meurtriers la ven-
geance que leur préparoient les loix. C’eft á cet
ufage que fait allufion la onziéme déclamation de
Quintiíien : Mifer ego ! nec ad fuñera accejjl , nec
licuit fuper ipfa corpora proclamare, KtíN reci.
ATHÉ-\0D0RE3 roi de Palmyre. OTABAA-
AAGOC. A0HNO. Y. AYT.
Les médailies ou il eft gravé avec Aurélien ,
font ;
RRRR. en bronze,
O. en or.
O. en argent.
ATHISSEE3 féte que Ies Lybiens célébroient
en Thonneur de Minerve. Voye^ MineRVE.
ÁTHLÉTES 3 hommes courageux 8c robuftes>
,qui faifoient leur unique oceupation des exercices
du corps 3 de combatrre á la courfe , á la lurte,
& á d'aurres jeux femblables, pour lefquels les
anciens avoient établi des prix. Nous les diínn-
guerons foigneufement dans tout cet arricie , des
Gladiateurs 3 dont nous parlerons fort aa long
aiüeurs.
L'art des athlétes , felón la remarque de Ganen,
avoit commencé á fe former un peu avant le liec-e
de Platón. Lyeaon inftitua le premier ces jeux en
Arcadie, 8c Hercule ceux qui renditent Oiympie
íi fameufe. 11 paroit, parle rémoignage d Homere,
{lliad. 23. V. 629.) qu'avant la guerre de Troye
on avoit coutume de célébrer ces jeux pour ho-
norer les funérailles des grands honames , & de^
lors Neftor sV étoit diftingué. Mí
coup d'apparence qu’alors ces jet
point une profeíTion á pare , 8c
.exercices milijaires. Cpuime les
A T H
plus fages fe corrompent infeníiblement , il ifrira
que tout ce qui n’étoit au fond qu'un aiguiüon
pour réveiller la valeur & difpofer les guerriers á
fe procurer une gloirc plus folide en gagnant
des vidloires plus importantes devint fuñique
but auquel afpira la vanité des\atk¿et:es. Ainli ce ne
futplus qu’á des couronnes & des palmes jointes
aux éloges aux acclamations 8c aux autres hon-
neurs dont on les accompagnoit , qu ils rappor-
térent leurs talens^ leur genre de vie & leurs oc-
cupations les plus férieufes. Le retour fréquent
de ces jeux établis daos la plupart des villes de la
Gréce , fut done ce qui contribua le plus á mettre
en crédit la gymnaítique des athletes ^ & á leur
mériter les fuíFrages du peuple , tandis que les
phüofophes Ies méprifoient ordinairement.
Les athletes avoient un régime particulier. Leur
nourriturcj dans les premiers temps^ s’il en faut
croire Pline , Oribafe , Paufanias & Diogéne
Lacree , n’étoit que des ligues feches ^ des noix
8c du fromage mou. Selon Pline , un fameux
maitre de Paleílre , nommé Fythagore , con-
temporain du philofophe du méme nom , ñu le
premier qui leur accorda Tufage de la viande ; &
le premier athlete qui en mangea s’appeloit Eu-
rimene : Diogene Lacree. (1-8.) Certainement au
temps d’Hippocrare ils en mangeoicnt, comme il
paroít par fes épidémies , ( /. f. ) lis n’ufoient
pas indifféremment de toute forte de viandes.
La plus folide 3 8c par conféquent la plus capable
d’occuper long-temps leur eñomaC:, & de fournir
iine nourriture forte 8c ahondante, étoit préférée
á toute autre. Le boeuf , le cochon , affaifonnés
d'aneth, avec une forte de pain fans levain fort
groíSer , fort pefant , pétri avec le fromage mou ,
appelé colipkium , , cofd^foient leurs
repas. Ils mangeoient ces viandes plutót róties
que bouillies 5 8c c’eíl ce régime que quelques
auteurs ont appelé 'i>]foipx-/'ía,y , xéropkagie , nourri-
ture seche. Ils fe chargeoíent ordinairement d’une
quantité énorme de cette nourriture : Galien
aíTure qu’un athlete paíToit pour avoir fait un
repas tres - frugal , lorfqu il avoit mangé que
deux mines ou deux livres de viande , & du pain
a proportion. Milon de Crotone étoit á peíne
rafialié avec vingt mines de viande, autant de
pain , & trois conges ou quinze pintes de vin.
On fait qu’une fois ayant parcouru toute la Ion-
gueur du ftade , portant fur fes épauies un tau-
reau de quatre ans , il Falfomma d’un epup de
poing , & le mangea tout entier dans la journée.
Théocrite parle de Y athlete Egon , qui mangeoit
iui feul, fans s'íncommoder, 80 gáteaux.
Ils étoient auffi grands dormeurs qu’iis étoient
grands mangeurs. Voye^ Platón, de Rep. l. 3.
Galien ,* ad Thrafyb. c. jy. & in protrep. c. %.
Malgré les excés de nourriture qu’ils faifoient ,
Saint Paul Ies anciens s’accordent á louer leur
temperance ,1°. parce qu’on les contenoit dans
Hne exaéte tempérance á Tégard du vin & des
Arj-tiquités , Tpme J,
A T H 345
femmes. i®. Peut-étre auíC á raifoa de la íimpii-
cité dans le choix de la préparation des alimens.
5 Enfin , á caufe de I'ufage modére qu'ils en fai-
foient lo rfqifils étoient fur le point d'entrer en licc.
ils étoient d’une patience opiniátre á fupporter
les fatigues & les coups, (“'Séneque, Ep.j8^
80.) L'un d'eux, au rapport d'Elien,
hiji. l. 10.) ayant eu quelques dents fracaíTées
dans un combar du ceñe , les avala pour en dé-
rober la connoiífance á fon adverfaire , & le
vainquit. Les chaleurs qu'il leur falloit eíTuyer ,
ne metíoient pas leur patience á une moindre
épreuve , ( Cic. de ciar. orat. JElian. var. kijf,
l. á^. c. 15. ) II y avoit cependant des athletes
délicats qui fe contentoient de s’exercer á couvert
dans les gymnafes & dans Ies paleífres.
La nature des exercices athlétsques, la cha-
leur du climat , & la faifon oú fon céiébroit
ces jeux , les obligeoicnt de combattre nuds. lis
avoient néanmpins une efpéce de ceinture , de
tablier ou d’écharpe appeléeZa-^, donton attri-
buoit finvention á Paleftre , fils de Mercure. O»
voit cet ufage dans Homére , lliade 23. v. 685-
6 Odyjf. l. 68. V. 65. ) Cet ufage , felón Denys
d'Halycarnaííé , l. 4. 7., ceíTa chez les Grecs vers !a
quinziéme olympiade, tenis oulesLacédémoniens,
felón Thucydide , commencérent á s’affranchir de
cette fervitude. L^écharpe d'un certain OrCppe
s’étant déliée au milieu de fa courfe, fes pieds s’y
embarrafsérent ; il tomba & fe tua , ou du moins
il fut vaincu ; ce qui donna lieu de régler qu’á f
venir les athletes combattroient fans echarpe.
La nudité des athletes facilitoit f ufage des onc-
tions deílinées á communiqueraux parties du corps
toute la foupieffe qui leur étoit néceíTaire , 8c i
foulager la laflltude. On employoit d’ordinaire a
ces ondlions , f huile , ou feule , ou mélée avec
une certaine quantité de cire 8c de pouífiére , ce
qui formoit une efpéce d’onguent appelé ceroma,
On donnoit auffi quelquefois ce nom au lieu
méme ou les atktetes fe faifoient oindre , 8c qui
étoit appelé communément Eleothtfion, Alepterion.
8c Unciuarium , (^Plin. kifi. nat. l 35, c. 2.) Ceí
onciions étoient dffifage particuliérement pour les
Lutteurs & les Panera tiaítes. lis fe faifoient oindre
par les officiers ou valets de Paleftre , nommés
Alipts., unSores , 8c quelquefois ils fe rendoient
eux-mémes mutuellement ce fervice. Pour que
ces onétions ñiífent plus efficaces, on confeiiloit
aux athletes qui fe faifoient huiler & frotter ,
d'oppofer au mouvement de la main dii frotteur,
toute la forcé & toute la roideur de leur»-
mufcles, en retenant leur haleine. {Plutarque.)
Les athletes , aprés s’étre huilés , s'enduifoient
quelquefois de la boue qui fe trouvoit dans
la paleftre. Le plus fouvent ils fe couvroient de
fable & de pouffiére , foir en s’y roulant eux-
mémes , foit en fe faifant faupoudrer par un autre,
dans le lien appelé pour cette raifon Ksvirf» ou
On croit qu ils ne fe couvroient ainíi de
54'^
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i
H
pouffiére , que pour aonner plus de prlfe á leurs |
antagoniltes ^ te que de -la cette pouíSére avoit
priste nom d’af’ií^qui íignifie l’action de prendre,
de faiíir j d^empoigner ^ de happer. Cétoit un
préliminaire fi efíentiei á la lutte & au pancrace ,
que les Grecs difoient d’un athl'cte qui gagnoit
le prix fans combattreo qu'il avoit vaincu fans
pouiTiérC;, c’eít-á-direj fans travail , fans peine-
Au fortir du combar on frottoit Ies atkletes
Zí on les huüoit de nouveau. lis preneient auíTi
le bain pour fe déiaíTer^ & pour réparer leurs
forces , que ces exercices violens épuifoient.
Ces nouvelles frictions s’appeloient ¿T^dh'^aTT'na ,
j:anfement poftéríeur , ou qui ¡accede aux exercices.
Pour erre admis aux combats publics & folem-
nels des jeux , il falloit s’enróler fous la conduite
des mairres de Paleftre ^ pour y obferver ^ pen-
dant dix mois confécutifs ^ les loix athlériques ^
& fe perfeéiloncer par -un travaii aíTídu , dans
tous les exercices qui devoient njériter aux vain-
queurs le prix qif on leur deílinoit. Ces exercices
prélitninaires fe faifoient dans Ies gymnafes pu-
blics , en préfence de tous ceux que la curioíité
■©u Toiliveté conduifoita cette forte de fpeclacle.
Lorfque la célébration des jeux olympiques ap-
prochoit , on redoubloit Ies travaux des atkletes
qai devoient paroítre , & . on les exercoit dans
Elide méme pendant trente jours. Voye^ Fierre
Dufaur^dans fon AgoniftiquCj (Jiv- i. c. 32.. /¿v. 3.
10. II. & 15. ) _
Les ofEciers qui avoient le gouyernement des
ethletes, étoient le Gymnaíiarque , le Xiílarque ,
' les Epiftates ^ le Pítdotribe , le Gimnaíte , les
Aliptes & Jatraliptes ^ noms que nous explique-
rons chacun en lenr place.
Les étrangers chez Ies Grecs j n^’étoient point
^equs parmi les atkletes , ainíi que les gens d’une
naiiTance obfeure ou éqiiivoque ^ & ceux dont les
anoeurs n'étoient pas honnétes. II falloit auíE erre
libre & les efclaves étoient exclus des jeux :
c’eíl le fentiment de Dufaur dans fon Agoniftí-
que, ( l. 3. c.ij ). .Mercurial (dans fa Gymnaf-
tique, l.i.c. 5.5 é’ /. 2. c. 10. ) prétend que les
efclaves n’éroient pas abfolument exclus de tous
les combats gymniques, & qu’on leur permettoit
de difputer le prix de ia courfe á pied. Les Ro-
mains le leur permirent au moins fous les empe-
' reurs. Les Grecs fe relachérent auffi alors^, & ils
y admirent Ies affranchis. Au relie des rcrigine
Kiéme de ces jeux , il ne fut pas néceíTaire d erre
•d’un rang illuílre pour entrar dans la lice. P-ourvu
qu un athiete fut né d’honnétes parens , la plus
vüe profeflion ne Texcluoit point ; & Corébe , le
premier qui combattic aux jeux olympiques^ n’étoit
qu’un íinaple cuiíirier , au rapport d’ Athenée ( 4 9.
Ceux qui faifoient les perqusílttons néceíTaires
pouT s’aíTurer de la najílance & des raoeurs des
Atkletes , étoient ceux qu’on appeloit Agonotketes,
Axhiothetís S; Hellunodiques. Ces juges expofokjit
aax atkletes Ies conditions fous lefquelles on Ies
admettoir > aprés cela on les paíToit en revue. Un
heraut élevant la main pour impofer filence au
iuplcj la pofoit enfuite fur la tete de chaqué
■klete j & le promenant dans toute Tétendue du
ftadej il demandoit a haute-voix íi quelqifun ac-
cufoit cet athiete de quelque crime s’il étoit
nréprochable dans fes maurs , s il n étoit ni ef-
ciave ni voleur , &c. De plus , á Olympie on
faifoit préter ferment aux atkletes^ , & jurer ,
1°. qu'ils s’étoient foumis pendant dix mois á tous
les exercices & á toutes Ies épreuves de f inftitution
athlétique : 2°. qu’ils obferveroient trés-reíigieu-
fement toutes les loix preferites dans toute forte
de com-bats , & qu’iis ne feroient rien contre le
bon ordre & la pólice étabüs dans Ies jeux. Ce
ferment fe prononcoit devant la ñatue de Júpiter,
érigée dans le sénat des Eiéens. _ Les Kellanodi-
cues faifoient encore jurer en particuüer le fecond
arricie aux peres des athlctes. Les Agonothétes
écrivoient íe nom & la patrie des atkletes qui
s’engageoient, & a I’ouverture des jraxiin héraut
lifoit publiquement ces nonas. On faifcit la mé-me
chofe DGur’ceux qui difputoient les prix de muíi-
fique. ‘Les athietes de réputation n’étoient pas
obligés de fe trouver préfens pour fe faire inf-
eriré : il fufEfoit pour eux d’avertir les Agono-
thétes par lettres 011 autrement 5 mais il falloit
qu’iIs fe trouvaíTent exacíement , comme Ies
autres j au rendez - vous á certain jour marqué,
fans quoi on leur donnoit l’excluíion.^
Le jour des jeux , quand les atkletes etoient
aíl’erablés , & aprés qpe le héraut avoitproclame
leur noüi , on r-égloit au fort le rang ae cnaciia
des atkletes qui devoient concourir piuíieurs en-
femble , comm.e dans la courfe á pied & la coune
des chars,8rc. Dans la.Iutte, le piigüat &Jepán-
crace, oú Ton ne combatteit que deux ádeux,
on apparioit les combattans au ^fpr-; Quand le
nombre étoit impair , celui qui n’ avoit pas d an-
tagonifte s’appelóit IpsApoí, éphedres &
fervoit pour combattre le vainqueiir. Süy
piuíieurs couples de combattans, on ne fair point
précifément quel étoit le vainqueur que i ep.ne--
dre com-bartoir : peut-étre le tiroit-on au fort?
peut-étre étoit-ce celui dont la lertre approcho^
plus de celle qu’ avoit tirée l’éphédre ; peut-étre au*
les vainqueurs combattoient-ils les uns conyre e.s
autres , jufqu’á ce qu’un d’eux rellát viftorieux,
& que c’ étoit ceiui-íá qui combattoit contre í -o
phédre. ' .
Aprés avoir tiré les atktetes au fort, qn les i
courageoit par quelque exhortation vive ,
i eur faifoient les agonothétes ou les
Cette coutume étoit fort ancienne
trouve quelques veftiges dans Homére , C f '
V. Ó81. ) Aprés cette exhortation on donnoi
Égnal des combats , & les atkletes entrqiem ^
lice. La fraude, l’artifice , la
viokxice Qiitrée éteient baiiuies de ces coni' *
mais TadreíTej la fubtilité, la fíneíTe ,, rinduflríe
Y éroient permifes. On puniíroit févérenient ceusc
qai contrevenoient aux loix athlétiques. Cétoit
TofEce des Malligophores ou Porte- vergeSj qui ,
par Pordredes Agonothétes, ouméme á la priére
du peuple, frappoient de vergas les contrevenans.
La collulion entre les combattans étoit fur-tout
févérement réprimée. Dans Homére , les com-
battans invoquent Ies Dieux avant le combar }
on en infere que c’étoit une coutume introduite
plutót par le defir de vaincre , que par la loí.
Les récompenfeSj dont Pefpoir íbutenoit les
atkletes dans les travaux pénibles & rebútaos
auxquels ils s'aíTujettiíroient j étoient d'abord
les acclamations dont Ies fpediateurs hono-
roient leur vióloire , lígnal qui leur aitnonqoií le
prix mérité & Phonneur qui les attendoient ;
enfuite _ces prix , qui ont varié felón Ies temps
& Ies lieux. Cette diveríité de prix introduiiit
chez Ies Grecs la diftinélion genérale qu'ils
faifoient entre Ies jeux appelés h^íany-ac ou
fírag áyáya; , & ceUX qifüs appeloient
Dans Ies premiers on propofoit pour prix di-
irerfes chofes qui pouvoient s’échanger pour de
l’argent j dans les derniers on ne dillribuoit que
des couronnes. On donnoit des jeux de la pre-
iiiiére efpéce dans plufieurs lieux de la Gréce, au
rapport de Pindare j comme á Lacédémone , a
Thébes 5 á Sicyone , á Argos, á Tégée , &c.
II femble méme que les plus anciens jeux dont
nous ayons connoiíTance , ont été de cette efpéce,
Tels furent ceux qui accompagnérent les funé-
railles de Patrocle & d’Anchife dans Homére &
dans Virgile. Les ptix propofés dans ces jeux
coníilloient en efclaves , en chevaux , en inulets ^
en boeufs, en vafes d'airain avec leurs trépieds ,
en coupes d’argent , en vétemeos , en armes &
en argent monnoyé. II y avoit deux ou trois prix
par chaqué exercice 5 & dans Homére Pon en
voit autant que de combattans , á Pexception du
difque , de forte que Ies vaincus méme ayoient
une récompenfe.
Les jeux^ ou il n’y avoit qiíé des couronnes á
gagner, étoient les plus célebres' deda Gréce , &
ceux qui acquéroient aux atkletes le plus de ré-
putadon. Aux jeux Olympiques, les vainqueurs -
remportoient une couronnne d'olivier fauvage ;
une de pin au Ifthmiques., une d'ache aux Né-
méens ; aux Pythiens , une de laurier. Mais il y
cut en cela des changemens. Muret (rar. leií.
^5- f- 7-_) foutient qu'áux jeux Olympiques on
diftribuoit autrefois des couronnes d’or, ce quil
prouve par Pindare, Olyrnp. 7. flr. i. , & par
Corneiius-Xepos , dans la vie d'’A!cibiade. Dans
ces mémes jeux les couronnes deílinées aux vain-
queurs étoient expofées fur des trépieds de
brqnze , dans la fiiite fur des rabies d'or & dd-
■''■ture. Se fur des baíTins que Pon gardoit encore du
tetnps de Paufanias dans- le rréfor d’Olympie: cela
ís voit auíTi fur plufieurs médaiiies. Aux jeux
I lílhmiques on paíTa' des couronnes de pin a celies
d'ache fec , que Pon quitta pour reprendre les
premjéres. On employa d^abord aux jeux Pythiens
les couronnes de chéne, sdl en faat croire Ovide,
Met.^ I . V. 4-18 ; Luden ne parle cependant que
dp fruits confacrés á Apollon. Saint Chryfoflómc
dit qu'aux jeux Olympiques on couronnoit de
laurier les atkletes viótorieux ; mais ou il étoit
mal inñruit, ou il s’eft gliffé quelques fautes dans
fontexte, comme Pa remarqué Dufaur_, (Agoniji.
liv. z. c. 22. )
C’étoit ordinairement PAgonothéte qui diftrf-
buoit Ies couronnes : un héraut les plaqoit fue
la tete des atkletes vi&orieux , & cela fe faifoit
daps Pendroit méme oú Pon avoit combartu.
Quelquefois le vainqueur enlevoit la couronne du
lieu oú elle étoit fufpendue , & s’en couronnoit
lui-méme. On voit fur plufieurs monumensHer-
cule fe couronnant Iiii-méme. Quelquefois certains
atkletes étonnoient teliement par leur exrérieur
avantageux, que faute d’antagoniñei ils étoient
couronnés fans combatiré. En certaines occafions
on accordoit cet honneur aux atkletes méme
vaincus ou morts dans le combar. F'oye^ Pau-
fanias (Arcad, c. 40.} , Philoílrate, ( Icón. 1. 2. 6.)
Les couronnes que Pon diftribuoit aux atkletes
vainqueurs , éroient accompagnées de palmes ,
qu’ils portoient de la main droite. C’étoit ua
fecond prix qui fe donnoit dans tous les jeux
de la Gréce 5 & Pon voit en effet des palmes fur
les médaiiies qui repréfentent des jeux. Elles
étoient expofées fur la rabie dont nous avons
parlé , dans une efpéce d’urne.
Comme un athlete pouvoit étre viclorieux píus-
d’une fois en un feul jour , il pouvoit y remporter
auíTi plufieurs couronnes & plufieurs palmes. Pau-
fanias, {JEliac. l. 2. c. 2j-.) fait mention des
atkletes qui avoient eu cette gloire.
La diíliibution des couronnes & des palmes
étoit une des principales fonéíions des magillrats
prépofés aux jeux. A Olympk fur-tout , les Hel-
ianodiques. fe piquoient d'une intégrité á toute
épreuve. Néanmoins, quelque déférence que Pon
eut pour leur jugement, ií arrivoit quelquefois
tel incident qui obligeoit les athletes d’en appeler
au fénat d’Olympie , qui jugeoit fouverainement
les difputes agoniftiques. Paufanias, {Eliac,
l. z. c. ¡I-) _ , _
Auíii-tot que Yathlete viélorieiíx avoit recu I3.
couronne & la palme , 8e: qu’il s’étoit revetu
d’une robe á fieurs , un héraut , précédé d’un
trompette , le conduifoit dans tout le ítade, & pro-
ciamoit á haute voix fon nom &c fon pays. Les
ípedlateurs redoubloient ieurs acclamations ; ils
jetoient des fieurs au viclorieux, & iui faifoient
de petits préfens , pour luí montrer la part qu’ils
prenoientá fa vicíoire, fele gré qu’ils luí favoient
du plaiíit qu’il venoit de leur áonner. Ces pré-
fens confiítoient en chapeaux , en ceintures ou
echarpes, quelquefois en argent, & en toute auaa
34S A T H
chofe ; mais ces gratifications n’étoient jamais
capables de Ies enrichir.
Ce premier triomphe étoit fuivi de celui qui
les attendoit a leur retour dans leur pays. Le vaia-
queur étoit re^u aux acciaraations de fes compa-
triotes qui venoient au-devant de lui. Revétu des
marques de fa vióioire , & monté fur un char a
quatre chevaux , il entroit dans la ville , non par
la porte , mais par une breche que Ton faifoit au
lempart. Onportoit des^ambeaux devant luij &
il étoit fuivi d’un nombreux cortége qui honoroit
fa pompe. Les jeux qui procuroient cet bonneur
étoient appelés Iselastiqües. Vojez ce mot. ^
La cérémonie du triomphe athlétique fe termi-
noit prefque toujours par des feftins. li y en avoit
de deux fortes ; Ies uns fe faifoienr aux depens du
public les autres aux dépens des patticuHers, Les
premiers étoient en ufage á Olympie , ou les
(Lthletes viétorieux étoient anciennement traites
dans le Prytanée , ou hotel- de-vi!le tout le
Teñe du temps que duroient les }eux Olympiques.
Voyei^ Paufanias , (^Eliac. l.l. c. 15.) Athenée ^
(Deipn. l. 6. c. 8). Les particuliers qui traitoient
Yatklete vidtorieux étoient fes amis. Les athletes
de diftindlion & qui fe piquoient de générofité,
regaloient á leur tour^ non-feulementleurs parens
& leurs amis mais fouvent une partiré des fpec-
tateurs. Alcibiade & Léophron régalérent méme
toute PaíTemblée.
Un des premiers foins des athletes , aprés leur
viétoire , étoit de s'acquitter des voeux qu ils
avoient faits aux Dieux pour Pobtenir , & de con-
facrer dans leurs temples des ñatues j des bou-
cliers &: d'autres offrandes de prix-
lis avoient de grands priviléges dont ils jouif-
foient aprés leur vicloiré : 1°. la préféance aux
jeux publics- 1° . Chez. les Lacédémoniens ils com-
battoient aux cócés du Roi dans les expédinons
militaires. 3*’. lis étoient noürris le reñe de leur
■yie aux dépens de leur patrie (Dionyf. Halicar.
hort. ad atklet.'). Soion avoit aíTigné yoo drachmes
de penlion á chaqué atklhe viéiorieux. 4°. Ils
étoient exempts de toute charge & de toute fonc-
tion civile. 5°. On écrivoit leurs noms dans les
archives publiques : ,on délignoit les Olympiades
par le nom du viélorieux. Les Poetes faifoient des
piéces en leur bonneur ; on leur érigeoit ^ des
ñatues ^ & on gravoir des infcriprions pour éter-
nifer le" fouvenir de leur viéloire. 6^. Eníin on
leur prodiguoit méme les honneurs divins. Tous
les foins des Hellanodiques ne fuíEfoient pas pour
réprimer ces excés & Pextréme penchant que les
peuples avoient á mettre au nombre des Dieux les
athletes vainqueurs ; ce qui étoit le comble de
la gioire athlétique. Hérodote en rapporte un
exemple j ( l, j’_, c. ápj.) 5 on en trouve un fecond
exemple dans Fline ( hifi. nat. L 7. c. 47.) 5 un
troiíiéme dans Paufanias (Eliac. /. 2. c. ii. )j Sr
Poracle méme de Delphes contribua au fecond
exemple.
A T H
Ce n'étoient pas feulement des hommes faits
qui cntroient dans la lice : des la trente-fepiiéme
olympiade , on avoit établi á Olympie des prix
pour la courfe & la lurte des enfans-í2téZ«ej ; ce
qu on étendit au Pentathle dans la trente-huitiéma,
auFugilatdans la quarante-uniéme & au Pancrace
dans la cent quarante-cinquiéme 5 mais les Eléens
retranchérent bientót ce dernier combar , & le
Pentathle aux enfans. 11 étoit tare de voir ceux
qui avoient remporté le prix dans leur jeuneíTe , le
remporter encore étant hommes faits. Ariftote
remarque ( Volit. l. 8. c. 4. ) qu a peine en pou-
voit-on comptet deux ou trois a qui la nature eut
accordé cet avantage. , ^ ^
Le mot atklete , «íXíníV , vient d «áxe» , je
lutte ; il étoit donné par les Crees a tous ceux
qui combattoient pour les pnx dans ^les jeux pu-
blics j de quelque maniere que ce put erre. ( On
excepte de ce nombre les Poetes ^ les Hiñoriens
& les Muficiens. ) A Rome,_ il défignojt propre-
ment les lutteurs 8e ceux qui combattoient au Pu*
silat ; car tous les autres athletes avoient des noms
particuliers. On en pourroit conclure peut-etre
que les Romains eurent de tout temps ces derniers
athletes , quhls défignérent par des noms propresf
tañáis qu’ils requrent plus tard ceux qu iis nom-
mérent proprement athletes , en adoptant le nom
grec avec leurs exercices.
Cette adoption fut faite fous la diélature de Sylla,
comme nous Papprend Appien , ( Bell, civil. )
« Vers la fin de la 175'. olympiade ^ ij n y eut
plus á Olvmpie d'autre exercice que la courlc
dans le ftade } car Sylla avoit tranfporte a Rome
les athletes & tout ce qui fervoit aux jeux, mus
le prétexre de délaffer le pcuple des fatigues qu
venoit d'effuver dans la guerre civile & dans ce
de Mithridate. « Berañd olympiade y] ^ apa
Gmeos : quo tempore nallum in Olym.pia aertam
prater curfum in fiadio fupererat. .
c&teraquc ludiera univerfa in urbem byila ■
datici belU atqiie civüis occajione yanj u e >
cauCam’ pr&texens 3 quod populum pofi tot d
recreare cuperet. Ils combattirent d awr „
grand cirque; & on les y conduifoit |
pompe du capitole au travers du forum. _ - •
exercices s’érant multipliés, on batit des P -
théátres particuliers & des gymnafes del m
quement aux excercices des athletes-
Les Romains élevérent comme les orj.c>
ñatues aux athletes célebres ; & la viUe - ^
rerrferme une de marbre noir > qui jj.g 5^
atklete tenant un ílacon d'hude ppur s 01
fe difpofer au combar. Elle o»
cienne ville dh4ntium, des fouilles de laq
^ ^AThLoTHÉTE étoit le méme que 1 eigano-
thete. Foyer ce mot. ,
ATHOR , Athyr & Atar ,
rentes dénominations que les Crees u h,
á une divinité égyptlennc , en traduiian
A T H
Bom dans leur langue. Elle s'appeloit prcprement
Athor 5 & les Grecs voulant rapporter toutes les
théologies á celle de leur nation , la reproduiíi-
rent quelqnefois fous le nom de Junon, mais or-
dinairement fous celui de énus-célefte ou Urame.
Les Egyptiens avoient donné fon nom Atkyr au
troifiéme mois de leur année vague , qui , <kns
Tannée fixe introduite en Eg}'pte fous Auguíte ,
répondoit au mois de novembre des Romains ,
comme nous I'apprenons du grand Ethymologiíte
& d’Hefvch'ius. Ce dernier ajoute qu’^íAyr etoit
auíTi le nom d'un bceufs & le premier dit er.core
qn Athor des Egyptiens étoit V énus , adoree a
AtarbechiSj felón Hérodote.
Dans quel fens & fous quel rapport Atkor
avoit-elje pu étre repréfentée par Venus ? Geft
un pqint de critique, tres - bien éclairci dans le
Panthéon de Jablonski ^ d’oú nous tirons cet
arricie. Obfervons d’abord que la Venus nee de
l’écume de la mer , & célebre par les profti-
tutions qui formoient fon cuite > n’avoit point
été connue des Orientaux & des Egyptiens
Ceux-ci délignérent fous le nom que les ^ Grecs
ont rendu par celui de énus , une divinite toute
célefte , un phénoméne de la lumiére ¡ Scc. De-la
vint que pour mieux exprimer cette partie de la
Théologie Egyptienne ,, les uns créérent une
Vénus-Uranie ou célefte j & dautres 1 appele-
rent la Junon Egyptienne {M-anethon , Diodore ,
Horapollo , é-c. ) Mais tout ce qu iís ont dit de
cette Junon fe rapportant avec rigueur a Atkor ,
ou á Vénus-célefte , nous ne parlerons que de
cette derniére.
Les Orientaux & les Egyptiens déíignoient par
cette Vénus la puiffance qui a tout produit dans
Funivers- Plutarque le dit expreíTément dans la
viede CralTus, enparlant de laDéelTe des Syriens,
adorée á Hiérapoiis , & qu'il reconnoit pour
Vénus ou Junon. Proclus, le Paraphrafte de Ptq-
lémée (/í¿. 2.. y aíTure poíltivement que les habi-
tans de la Syrie^ de la Phénicie & de lAfie-
Mineure adoroient la planéte de Vénus , comme
la mere des Dieux , & qu ils luí donnoient plu-
fieurs noms fyriens & étrangers. Cette doñrine
eñ expofée dans les veis fuivans des falles d'Ovidej
( llb. 4. V. 91.)
Illa (Venus) totum dlgnljjima t emper at crhem.
Illa tenet nullo regna minora Deo ;
Juraque dat coelo , ttrrs, , natalibus undis ,
Pirque fuos initus continet omne genus.
Illa Déos omnes (^longum enumerare') creavit ^
Illa fatis caufas arborlbufque dedit.
•* Vénus gouvernc Funivers > fon pouvoir eft au-
deíTus de celui de tous les autres Dieux ; elle com-
mande au ciel 5 fur la rerre^, & dans la mer qui Fa
produite : elle a créé toute la longue fuite des
Dieux : elle a produit Ies germes Seles femences.«
Les Grecs j en adoptant cette théogonicj la cor-
A i n 349
rompirent. Se nrent de Vénus-céíene j une dé-
bauchée & une femme perdue.
Vénus j méme Vénus-célefte j n’étoit que Fem-
bléme de la divinité appelée Athor fur les bords
du Nil oú ce motj interprété dans le cophte ,
anclen idióme des Egyptiens ^ déíigne la nuic.
L’article K üit de ce Diétionnaire , fera voir en
détail que toute !a puiíTance artribiiée ci-deíTus
á Vénus j Fétoit auííi en Egypte & chez les plus
anciens Grecs , á cette divinité. D'un autre cóté ,
des témoignages précis atteñent Fidentité de
Vénus 8c á‘ Athor-, il eft done évkient que par
Atkor \ts Egyptiens déíignoient la ¡mit, á laquelle
ils avoient élevé un temple j felón Héfychius
( vox fous le nom de V énus-téné'preuf^
Eníin j Fhymne á la Kuit que Fon attribue a
Orphée j commence par ces deux vers : Je chan-
terai la Nuit, mere des Dieux & des hommes ,
Forigine de toutes chofes , que nous appéUerons
auííi Vénus. «
NíiK¡a ©sSí yiÚTíitct') éli x.«i
, kv }c,ti,XiTcí^iy9.
Sous le nom ¿l Athor ou de Nuit^ Ies Egyptiens
déíignoient , dans íes premiers temps , la faifon
oú le foleil parcourt les íignes d'hiver , Se femble
plongé dans Fhémifphcre inférieur. Horapollo ,
(, Jíierogly. lib. c. 1 1 . ) dit expreíTément que
Minerve oceupoit en Egypte l’hémifphére fupé-
rieur ou le ciel j Se Junon Fhéraifphére inférieur.
Nous avons vu plus haut que cette Junon n’ étoit
autre chofe que Vénus > ou Athor, c’eft-á-dire ,
la Nuit. Ce dogme . trop relevé pour le peuple
de FEgypte , fut bientot changé dans le cuite
matériel de la portion des vingt-quatre heures
oú le foleil n'éclaire plus FAfrique, de la Nuit
proprement dite. On ne s arréta pas encore á ce
phénoméne célefte ; on reconnut pour Atkor la
planéte qui éclaire pendant la nuit, la Lune; 8c
cette divinité fut déíignée par Diodore de Sicile ,
(7/Ó. I.) fous le nom d'Hécate-ténébreufe.
La derniére métamorphofe di Athor femble
avoir pu fe juftifier aux yeux de la populace
grofliére , par Fefpéce d’animal qui lui feryoit
d'embléme. C'étoit la vache , dont la reunión
des comes lui paroiíToit étre la repréfentation de
la Lune dans fa premiére phafe. On adoroit,*
felón Elienj ( de anim. lib. ii.c. 27.) a Chufas,
bourg du nóme d'Hermopolis , Venus-celefte ;
Se une vache partageoit ce cuite. Strabon parle
de la vache facrée qui repréfentqit V énus a Mo-
memphis, comme les bceufs Apis Se IVinevis re—
préfentoient le Nil Se le Soleil á Memphis Se á
Héliopolis. I! nous apprend d'aillcurs que cette
vache étoit blanche , ce qui éclaircit le paífage
d'Héfychius , rapporté plus haut , oú il eft dit
qa Atkyr { ou Athor ) délignoit es Egypte un
certjin mois Se une vache.
Sfo ATI
ATHOTHES , roí d’Egypte. Voye^ Thoth.
ATHRIBITES dans l’Egypte. AePiB.
Cette ville a fait frapper une médaille impériale
grecque en Fhonneur de Plauálle.
ATHOUS Júpiter. Héfychius appelle de ee
nom Júpiter, parce qu’il avoít un autel fur le
fogamet du Mont-Achos.
ATHYR, mois & divinicé des Egypriens.
Koyei Atkor.
ATHYRI. Píutarque {de Ifide'j dir que Ies
Egyptiens donnoient á Ifis ce furnom , qu il rend
par Ííxav si'fn rÁTKtn , la maifon d’Horus dans ce
monde. II étoit rélatif á la naiffance de ee Dieu ,
■§u’ÍÍ!S avoit con^u.
ATHYTE, «éBTOv, fans víaimes. Ce mot eñ
formé de F« privatif, & de lia , j’immole. íl
déíignoit les facrifices des pauvres_ qui, n'ayapt
pas de víélimes a immoler, offroient des fruits
¿u des gáteaux. Luden les appelle ¿xaaofi'S-ura ,
facrifice» fans fumée.
A T I A , famille Romaine dont on a des mé-
dailles :
RRRR. en argent.-
RRRR. en bronze.
O. en or.
Les fumoms de cette famille font Balbüs,
Labienus.
ATILA. Voyei AttilA.
ATILIA , famille Romaine dont on a des mé-
áaiües :
■ R. en argent.
R. en bronze.
O. en or.
Les furnoms de cette famille font Bulbus,
CaÍATIÍíUS j Regulus , Seranus.
Goltzius en a publié quelques médailles incon-
Bues depuis lui.
ATINUM, en Italie. oinita.
Les médailles autonomes de cette viUe font :
RRRR. en bronze.
O. en or.
O. en argenr.
ATLANTES , figures d’hommes qui tiennent
Leu de colonnes ou de pilaftres dans 1 architec-
fure pour fupporter des faillies. Ce font elies que
I’on appelle caryatides lorfqu elles reprefentent des
femmes dans la méme attitade. Les Romains Ies
appeloienr auííi TelamoUs- ce mot.
On a vu expofé pendant deux íiecles, dans la
cóur du palais Farnéfe, un atlante de marbre, qui
portoit un panier fur fa tete. II ctoit enoommage
parlabas, & les jambes manquoient abfolumenc.
Sa hauteur, lorfqu il étoit ent:er, etoit ae feize
palmes romaines (environ neuf pieds). Winkel-
irraníi a cru lé reconnoirrs , d'apxés ces propor-
ííons , pour -un áe ceux qui ornoíeOt le panthéon ^
ATI
avant qii’íl edt été brúlé & rétabli comme on fe
voit auiourdT.ui.
La ville Albani renferme quatre atlantes anti-
ques , plus granas que le naturel , & d’un beaa
travail j ils portear fur leürs épaules un baífin
de granit.
ATLANTIDES (Ies ) étoientles filies d’ Atlas,
nommées Mata , Eledre , Taygéte , Aftérope,
Mérope, Álcyone & Céléno. Leurs talens &
leiir adreíTe Ies firenc regarder comme des déeffcíS
aprés leur mort, & Ies firent placer dans le del,
fous le nom de Pleiades. Voye-^ Hespérides.
ATLAS, fils de Júpiter & de Clyméne , frére
de Prométhée , régnoit dans la Maurkanie. ÍI
furpaíToit tous Ies hommes par Fénormité de fa
taille ; elle étoit fi balite , qu il portoit le cieí
fur fes épaules. Atlas avoit un nombre infini de
troupeaux í fes jardms étoient remplis darbres,
dont les feuilles , les branches & les fruits étoienr
dfer ; mais un oracle de Thémis 1 ayant avertf
que íes fruits précieux feroient^ enleves , & qu3
cette conquere étoit réfervée a un fils de Júpi-
ter , il fit environner fes jardins de fortes mu-
railles , & en confia la garde á un affreux dragón.
A toutes ces précautions, il avoit ajoute celle de
ne recevoir aucun étranger dans fes etats.
Perfée demanda un jour Fhofpitalite a Atlas ,
qui lui ordonna de fe retirer , Se fe mit en
devoirde le chaíTer. Le fils de Júpiter & de Danae
n’ofantpas Fattaquer a forcé ouverte, eut recours
á la tete de Médufe. Atlas neut pas plutot jete
Ies yeux fur ce manñre , qu’il fut ehange en
une maíTe enorme de rochers , qui foutient le
ciel. Ethra, fa femme , Favok rendu pete des
Atlantides. V. ce mot.
Diodore de Sicile (/. 5, c. 6.), & S. Auguítin
(de Civ. dei. Z. 18, c. 8.) , expliquent cette fab.e,
en difant que le roi de Mauritante avoit ete^ un
grand añronome; quil avoit menK_ invente la
nventeur de la fphére j ainíi , fon ne cioit e -
endre la découverte ¿’ Atlas que de .a fp.bencite
pparente des cieux. . ,
Hercule foulagea pendant auelques initans -
nalheureux Atlas ; & les architectes apciens re-^
racérent fes fonélions dans ces figures d hommes
[tii fupportoient des faillies de bátimens.
Winkelmann a reconnu A-tlas fur une corna
ine antique du barón de Stofeh. On y Ygk
iomme nud avec de la barbe, affis fur une umn
agne , adoífé contre une coloone^, ayant m.
toile devane & une fecunde derriére luí. -y
leíTus de la colonne, on obferve un long mot-
ean de bois , orné de deux trayerfes, q_iu
oit étrcun inftriimerrt appelé aujourd huí
\eJacoh par les pilotes, & qui fervoit,,aut.ero- j
í! íVrr nr>« iCíllfS .. ¿ ¿CtCríTlínv* ÍS-
teuj de5 aítrés.
A T R
A’toxi'a. Les anciens écrivains latins appelíení
de ce nom le chant des pleureufes^ príficarum ,
•que Ton payoit pour les funéraiiles. Ce nom eft
relstif aux fons bas & enrre-coupés qui carafié-
ícient cette Ingubre mélodie.
AIR ACIDE. -1 ^
ATRACIS. í
ATRATINUSj furnom de la famlll-e Sem-
PROXIA.
ATRAX Gu AtraciA-í e'toit une ville de
TheiTalie , lituée fur le Ptnéc. Elle tirok fon
rom á’Atrax , fon fondateur ^ fils de Fénée &
de Bura. II faíloit qu'elle fút co-níidérable ^ puif-
que les poetes fe font quelquefois fervis de f épi-
théte Atracien, pour dire TheíTaüen. Ovide ap-
pelie Atracide CcnéüSj qui fut tué aux noces de
Pirithoüs j dans le combar des Centaures & des
Lapirhes. Le poete n'a pas voulu dire qu'il fut
fils yitrax ¡ puifque peu aupa.ravant il favoit
dir fiis cFElatus ; mais il a voulu dire en general
qudi étoít de TheiTalie. Le tnéme poete nomme
fimplement la femme de Piritho.üs Atraéis; mais
ailieurs , il la nomme Hippodamie , S>c y joint
Pépithéte Atraéis. On a encore nommé ía magie
Ars Airada y mais c'’eít dans )e méme fens qui Ars
Tkejfalica , qui fignifie en général la magie ;
.parce que les magiciennes de TieiTalie étoient
fameufes.
Atrax , en TheiTalie. at. en -monogramme
Se A'TPATI£2N.
Pellerin a publié une rnédaille autonome d’ar-
gent de cerré ville. .
Hell & M. Eckheí luí en attribuent de pa-
xeilles. II n’y en a point d’or ni de bronze.
ÁTRE j étoit une dtvinité des anciens Saxons ;
ais le regardoient comme un malin efprit ; aufli
ne Thonoroient-iis que par la crainre du mal qu’il
pouvok leur Taire.
ATRÉE 5 étoit fils de Péiops & d’Hippodamie.
Ríen n’eft plus connu que fa haine pour fon frére
Thyefte ^ ¿e les crimes affreux auxquels elle donna
lieu. Le commencemenr de .cetre haine vint de
•ce que Thyeíle avoit enlevé á fon frére une toiíbn
-d’or ou une brebis dorée ^ que celui-ci regardoit
•comfne le gage du bonheur de fa fasiilie. Thyeíle
av oit fait , dit-on 3 ce larcin par le moy en d’Erope 3
'filie d’Euriílhée, rol d’ Argos, & fcmtne di Arree.
La trahifon d’Erope étoit la faite du commerce
inceftueux^^qu’clle entretenoit avec Thyeíle, fon
fceau frére, dont elle eut deux enfans. Aeree ayant
idecouvert cetre horrible intrigue., chaíTa fa femme
■& fon frére de fa cour. Mais il ne crut pas fon
•affront fufEfamment vengé par cer exil 5 il fei-
■ gnit de vouloir fe réconciüer avec fon frére ,
& le rappeia. Pour mieux fceller la réconcilia-
*1°^/ prepara un banquet folemnel , dans lequel
Airee fit fervir les membres des enfans que Thyeíle
•ayoit eus deia leine. Le foleilj difent les poetes.
A T R 35 i
retouma Tur fes pas, aSn de ne pas éclairer un £
exécrab'e feílin. Thyeíle, qui reconnat la narure
des mets qu on lui íervoir , craignanr que la fareur
ae fon fré^ ne s’étendir juíqii’á lui , prit la faite ,
& fe fauva á Syeione.
Tnveíte avoit eu une filie nommée Pélopée i
& un oracie liu avoit prédit qu’il feroit vengé
des cruautés de fon frére par un fils do.nt il feroit-
rendu pére par fa propre filie. Pour éviter la
crime qui devoit dónner la naiíTance á ce fils,
Pélopée fut élevée loin de iui, & confacrée á
Syeione, au nombre des prctreíTes de Minsrve-
Ihyeílela rencontra dans un bois déla déeíTe,
lui fit violence fans la connoitre, & la rendit
mére d’Egyíle. Airée , qui pourfaivo-it fon frére,
rencontra Pélopée , -ía niéce , en devint amoo-
reux & 1 epoufa. Elle accoucha peu de tems aprés,
de Tenfant qu’elle avoit concu du crime de fon
pére , & le fit expofer. Quelques hergers en
prirent foin , lui donnérent pour nourrice une
chévre ; & c’eíl d’iil, ihévre., qu’il fut nommé
Egyíle. II fut rendu á fa mere 5 & elle lui remit
une épée qu’elie s’étok fait donner par Thyeíle,
lorfqu’il la deshonora y a-fin , luí avoit-elle dit ,
que Tenfant qui naitrok de ce exime , poiléuát
qoelque partie des biens de fon pére.
Egyíle fiit elevé dans la maifan d’Atrée, qui,
tqujours oceupé de la vengeance qu’il vuuloit
-tirer de fon frére , envoya Agamemno.n & Mé-
néks, -fes fils, avec Egyíle, pour arr.éter Thyefte^
ils le furprirent dans íe temple de Delphes, &
I^emmenerent á Atrée^ , qui Tenferma dans une
étroite prifon. Ce frére barbare charge.a Egyíle
de i’y tuer ;^.S¿: pour lui obéir, Egyíle ailok em-
ployer .Tép.ée qu’il avoit reque de fa mére : á la
v!^ de cette épée, Thyeíle reconnut fon fils..
Pélopée furvint au moment de cette reconnoif-
fance 5 &• , inílruite alors de fon incefte avec foa
pére, elle fe perqa de cette arme fatale. Eaylle la
retira toute Tangíante du fein de fa méreT & la
porta á Airée , qiü , fe croyant aíTuré de la ir.ort
de fon frére , alia fur-le-champ offrir aux dieux
un facrifice d’aétions de graces.’Mais alors Egyíle
le tua lui-méme, mit fon pére en liberté, (k le
lit monter fur le troné d’Argos. Veye^ la -fuite
des crimes de cette familia célébre , -aux mots
Agamemnok, Cettemnestre., Egy.sje^
OE.£STEj TA'NTALE.
Airée eut trois fils, Aléon., Mélampus & Eu-
molus, que Cicerón nomme -Diofeures. Voye^
Dioscures.
On vok au palais Farnéfe a Rome , une figure
héroique , qui porte fur íes épaules un ;et!n,e
homme tué. Quelques ant'iquaires ont cru y re-
connoít-re Commode , fous la figure d’un glaáia-
teur; parce que la tete, qu! eíl moderne, 8c quí
offre des traits de cet empereur , a été fuppofée
antique. Cette -ítatue fut gravee dans un recueij
de ftatues j fait á Rome en lézj ; .8c quelqu’un,
fur ce mauvais deffin , j vic Airée pertant le áls
35X ATR
fon frere Thyefte , qu’il a mis a mort pour
fervir dans le fatal banquet. Jacques Grono-
vius „ quoique poñérieur á ce témoignage , fe
^lorifie cependant, dans fes Antiquites , d’avoir
fait la méme découverte j que Winkelmann a
étayée de fon précieux fuffrage.
ATRIAj en Italie. kat.
Hunter pofledoit trois médailles autonomes de
bronze , avec des types áifférens , que M. Combe
attribue a cette ville.
ATRIARIUS. Ulpien parle de cet efclave , qu il
affimile au focarius , & aux autres domeftiques em-
ployés aux fondtions les moins relevées. Onpeut
conjeólurer qu^il étoit charge du foin de net-
toyer Xatrium , 8c qu’il fe tenoit a la porte exte-
rieure de cette piece.
ATRIDES ; c’eft le nom qu on donne á Aga-
memnon & a MénélaS:, comme fils d’Atrée:,
quoique pluíieurs croyent , avec quelque raí fon ,
qu’ils n’étoient pas fils de ce prince, mais de
Plifténe , fon frere. Comme les aélions de ce
dernier n’avoient pas mérité une place honorable
dans rhiftoire, Homére voulant honorer la mé-
moire du chef des Grecs & ¿e fon frere a pris
foin de les faire croire fils d’Atree, & de les nom-
mer par-tout les Atrides.
ATRTENSIS, en fous-entendant^rvM, étoit
Tefclave prépofé á la gard? de V atrium , ic <^di
ávoit le foin des images illuftres dont il étoit
erné. Son ertiploi étoit plus relevé que celui des
autres efclaves ^ fur lefquels il avoit autorité.
On le volt dans la fcéne quatriéme du fecond
aéle de V Afinaría de Plaute , oú.Saurea, qui étoit
tíírienfis j traite durement & avec hauteur un
de fes camarades. Dans la feconde du méme aóle j
ün efclave voulant donner une bonne opinión de
iin , fe dit étre atríenfis , 8c affeéie un beau lan-
gage & des manieres recherchées , pour le per-
fuader :
Extemplo fado facetam me ¡, atque ma^ificum
•viram ,
J)lco me ejfe atrienfem.
Phédre 2.) dépeint ainfi un atríenfis :
Ex alticinñls unas atrienfibus ,
Cui tundea ab humeris Linteo Eelufio
Eral defiricía , dmis dependentibus
Cette defeription eft expliquée par les réflexions
fuivantes du comte de Caylus, fur un mqnument
qu’il a publié dans fon Recueil d’Antiquités 3
tome 2, pl. 84^ n. I & 2.
« Ce fragment d’une petitc figure de bronze ,
inérite quelque confidération par le genre ^ de
fon habillementj le goút de fon exécution, l’ar-
rángement des cheveux & les plis du manteau,
princfpa’ement dans la partie du derriére. Au
preáiiár afpeílj ón prend cette figure pour uri
ATR
prétre de Cybéle j mais je fuis perfuadé qu*
c eft un atríenfis. En effet ^ je crois voir un de
ces efclaves deftinés pour Ies appartemens^ &
qui j felón queiques auteurs, portoicnt une robe
de toile de Pélufe ^ arretée par une ceinture au-
deíTous des épaules , & garnie de franges (ou de
poils) qui pendoient. Cette conjeéiurej qui ren-
droit ce morceau plus agréable & plus intéref.
fant^ eft autorifée par Thabillement & la parure.
La defeription que Phédre donne de ces fortes
d’efclaves, convient parfaitement á cette figure,
& j’ai été frappé de tous fes rapports. On ne voit
point , á la vérité , de franges , mais on faic
qu’elles n’étoient placées que dans les partíes qui
font ici détruites. »
ATRIUM exprimoit , chez les Romains , une
partie des bátimens fur laquelle les interpretes
ont varié. lis s’accordent feulement, en général,
á reconnoitre Xatrium pour un lieu qui étoit place
au-dedans & á I'entrée des maifons. Etoit-ce une
falle d’entrée, une cour entourée de portiques,
ou une place devant la principale porte du báti-
ment ? C’eft ce que nous allons chercher.
Plufieurs auteurs anciens confondoient Xatrium
zvtc le veñibule. Martial , par exemple, dit que
l’endroit ofi Fon voyoit de fon tems le gr^d
coloíTe & les pegmata ou Ies machines de théátre
Sí d’amphithéátre , étoit Xatrium du palais de
Néron. Ü s’eft fervi, pour exprimer cetendroit,
de rexpreíííon atria regís. Mais Suetonc place
toutes ces chofes dans le veftibule du menre
palais : Vefiibulum ejus fuit in. quo cqlojfus, lie. Ls
poete eft moins á croire ici que l’hiftonen; car ¡I
paroít conftant que le veñibule , vefiibulum, etoit
une petite place vuide qui étoit dans la rué devant
la porte des maifons. Se que Ton appeloit pro-
prement area , lorfqu’clle fe trouyoit au-nevant
d’un temple. XJatrlum , au contraire , etoit en?
dedans des maifons.
Vatrium différoit des íimples cours, implavia,
en ce qu’il étoit couvert 5 comme il paroit evi-
dent par la defeription que fait Pline
de fa maifon de campagne (Epifi. lH-
Cujas in prima parte atrium frugi nec tamenjqr i
dum ; deinde porticus in O liters, fimilitudtnetn
drcumachsL 3 qaibus párvula , fed fe fiiya area ^
ditur. ce On trouve d’abord ( c’étoit une °
de campagne , qui , par conféquent n avoir p
au -devant d’elle un terrein vuide, appeft
bulamj un atrium propre , quoique fimple j en
deux portiques forment , par leur réunion ,
ovale , dans lequel eft enfermée pne aire, P
á la vérité , mais agréable. »
On peut done aíTurer que Xatrium etoit la pts^
miére piéce par laquelle on entroit dans
maifon , & qui précédoit Ia_ cour , la íans 1
trée proprement dire. C’étoit-lá que
les images des ancétres , appelees pat
fSat.viJul.)'. '
A T R
Fumofos eqjiitam ciiw. diñatort maglfiros ,
Ies images enfumées des maítres de la cavalerie.
II les défigne par Tépitliéte á‘en.famées , pour expn-
mer leur anciennetéj ainfi que les brafiers ou tré-
Í)ieds avec lefqueis on échaufioit Yatrium , &
es domeftiques ou efclaves qui s'y tenoientj en
atcendanr Ies ordres de leurs maítres.
C’étoit auífi dans Yatrium que les méres de
famiile vigilantes travailloient , & qu elles veil-
loient aux travaux domeftiques. Arnobe le dit
expreíTément ( j/. j:. 91.) : Matres famili& vefir&
in atriís operantur domorum , indufirias tefiificantes
fuas. Cet ufage remonroit aux premiers tems de
la république. . .. Interque telas, qua. ex vetere
more iii atrio texebantur , dit Afconius en com-
mentant Cicerón. Pour cette raifon , il y avoit
de grandes armoires qui renfermoient les habits.
Uatrium fervoit de falle á manser. Servius
(zra Mtieid. I. 730.) rapporte un mot de Catón ^
qui rappelle cet ancien ufage ^ & la frugalité des
repas que les anciens Romains faifoient dans
Yatrium , avec dcux fervices feulement ; Nam ,
ut ait Cato , & in atrio & duobus ferculis epula-
iantur.
Ün général célebre par fes viñoires, déco-
roit fon atrium des enfeignes des vaincus Se de
leurs dépouilles. Les proconfuls enrichiffbient
les leurs des plus beües ftatues & peintures de la
Gréce , qu’ils couvroient foigneufement , pour
Ies conferver dans leur fraicheur.
De hautes colonnes porroient les plafonds
de Yatrium. IClaudian. in Ruffn. il, IJJ.):
Quid purpuréis fuffulta columnis.
Atria.
Ces plafonds mémes étoient couverts avec des
tapis de pourpre^ qui formo icnt un fecond ciel.
{firippus , iil. ) :
Clara fuperpofitis ornahant atria velis.
Les em.pereurs grecs donnoient audience dans
Yatrium aux arhbafTadeurs des princes étrangers.
Cette falle étoit parée alors de tous les orne-
mens d’or & de foie dont elle étoit fufceptible ,
comme nous Tapprenons de Corip-pus , qui le
dit en parlant de la réception que fit i’em.pereur
Juftin aux envoyés des Avares :
A T R 353
L’anniverfairc de fon inauguration fe célébroit
le jour des ides dC4vriI. Owiáe -(Fafi. iv.
Hac quoque , ni fiillor , populo dignijjtma nofiro
Atria Libertas coepit habere fuá.
Les cenfeurs y tenoient leurs aíTemfalées^ & y
confervoient Ies acles de leur tribunal. La loi
contre les veftales coupables y étoit gravee fur
des tables de bronze, ainíi que pluíieurs autres;
mais elles périrent dans Tincendie qui détruiíic
cet atrium. Aíinius FoIIicn le rétabiit dans un
nouvel éclat , Se Taccompagna d'une cour en-
tourée de portiques j ce qui le fit appeler par p!a-
íieurs , tantót impluvium , & tantót periftylium.
On y placa une bibliothéque publique , don"
parle Ovide^ (Frifi. 3. éleg. i. v.yi.) & qu il
nomme la premier e :
Ne: me, qua doBis patuerant prima tibellis
Atria , Libertas tangere pajfa fuá efi.
YJ atrium Matuta étoit á í’entrée de foñ ades ,
íituée fur le mont Aventin ^ dans la treiziéme-
région.
U atrium de Minerva touchoit fon temple du
forum Romanum , au-deífous du capitole.
TJatrium de Néron formoit Tencrée dé fa mai-
fon dfor ; il étoit accompagné de vaftes pord-
ques j au milieu de.fqueis s'élevoit fon coloíTe.
U atrium du palais des Céfars avoit été con-
facré par Ies augures ; on y faifoit des facrifices ,
dans lefquels les béliers fervoient de vidimes ,
8c le fénat sV affembloit fouvent.
Uatrium de Pompée étoit dans la neuviéme
región. Blondas a cru, mal-á-proposj en recoii-
noitre l’ancien lite dans rendroít appelé S atrio ,
& il a été trompé par une faulTe reflemblance
de nom.
Yl atrium publicum étoit fur le capitole, dans
Tendroit oú eft aujourd'hui le palais du fénateur.
II fot brúlé par le tonnerre. Tite-Live , 29. 10.
ATROPOS j une des Parques. Son nom ex-
prime 1 infiexibilité de ces déeíTes infernales 5 car
il eft compofé de Va piivatif & de -Tfí's-a , fe
change. Stace luí -donne répithéte alba, qui eír
relative á la blancheur des cheveux de ces áivi-
nités antiques. C'étoit Atropos qui coupoit le ftl
de la vie que les Parques íiloient , felón ce vers íi
connu :
Atria praclaris extant alti(p.ma teais ,
Solé metallorum fphndenüa , mira parata.
Jet facie plus mira loci , culcuque fuperba ,
Ftobilitat medios fedes Augufi a penates. .. .
Mira pavimentis , firatifque tapetihus ampia
Flanities , longoque feditia compta tenor e
de la Liberté , oui étoit un des plus
Sétnarquables de Rome , étoit fitué fur le mont
Aventin , á l’entrée du temple de ia raéme déeíTe,
Anticpiitis , Tome L
Clotho colum retinet, Lackefis net. Atropos otcat.
Dans rallégorie qui remplit le dixiéme livre de
la République de Platón, Lachéfis chante les
événemens palfés , & Tavenir eft le fufet des
chants i’ Atropos. Cette derniére, vétue de noir,
tient des cifeaux avec lefaueís elle fe prepare á
couper les íüs qui garn^nt des pelotons , en
plus' oa moindre quantifeé felonía longuear ou
ia briévecé de la vie accoxdée á chaqué mortei.
Y r
^54
T T
Auffi lai attrlbuoit-on aíTez génerálement une iii-
fíuence particulií^re Tur la duree de nos jours.
Stace {Sylv. Uh. 4.) :
tu. ¡ fi longí curfurtt dablt Atropos e.vi.
C’eñ Atropes qui promit á Méléagre, au mo-
fnent de fa naiflance , une vse auíTi longae que la
«íurée du tifón offert par hafard á fes yeux.
Ovide {Métam^ lib. 8). C"eft á elle auffi quinte
mere affligée reproche ía morí' de fon ftls enleve
dans la fieurdes ans. {Gruter „ Thef. ínfcr, Grttv.
6^1. 10.) :
C. LAELIG. C. F. IV
MAGNA-. OMNIUM. EXPECT ATIONE. GENITO-.
EX. DECIMO. OCTAVO. AETATIS. ANNG
AB. IMMANI. ATROPO. E. VITA. RECISO
FUSCA. MATER
AD. LUCTUM. ET. GEMITUM.- RELICTA.
EUM. LA.CRIMIS. ET. OPOBALSA.MO. ÜDUM
HOC. SEPULCRO. CONDIDIT
ATROPüS , rnñrument de muííque des Grecs ,
dont nous n’avons aucune defcription. Son nom-^
qui fignifie ímmiiahle ^ annonce un rnñrument qui
confervoit toujours le méme ton ^ comme ces
lames- d'acierélañiqueSj appelées Lt-mi-la
muíiciens franqois.
ATTA , roí ineonntR
Ses médailles font t
RRRR. en argent.
O. en or.
O. en bronze. (Pellerín)^
ATTABUR.íiA ,, dans la Phcenieíe. ATTABT-
TAILiN.
Cette vilie a fáit frapper des medailí'es impe-
riales grecques , en Phonneur -de Diaduménien.
ATT^A , en Phrygie. attaitqn.
Les médaiiles autonomes- de cette vüle ídnt t
RRR. en bronze.
O. en argent.
O. en or.
Cette ville a fart frapper des médailles- impé-
jiaíes grecques en-Phonneur deTrajan, de Sepr.-
SevérCj de Géra., de Commode. Vaillant les
avoit- attribuées á Att&a de L-aconie;, mais Pel-
ierin les a reftituées a A.tt&a de Phrygie.
ÁLTALE j tyran fous Honorius.
Przscus Attalus Augustus^
Ses médailles font-:. '
RRR. en or. '
RRR. en, argenr.
RRR. CH P. B.
ATTALIA^ en Lydíe. attaaeost.
Les médailles auronomes de cette ville font r
RRR. en bronze.
O. en argent.
O. en or.
Sís types foat relatift aii caite de Bacchus^
ATT
diftinguení fes médailles de celies aAttafia en
Pamphyüe.
Cette ville a fait frapper des médailles impé-
riales grecques , avec des noms de magiftratSj en
Phonneur d’Hadrien avec Sabine , de Sep.-Sévére,,
de Car-acalla, d’Anronin , de M.-Aaréle, de rhi-
lippe jeune.
Attalia, dans ía Pamphylie. attaaesjm.
Cette ville a fait frapper des médailles impé-
riales grecques , fans noms de magiñra-ts , en
Phonneur d’Auguñe , de Libére, d’Hadrien, de
Commode^ de'Sévére, de Caracalla, de Valé-
rien.
Elle avoit fait frapper autrefois des médailles
autonomes , avec des attriburs de Neptune , qui
les diñinguent des médailles & Attalia en Lydie.
Elks font t
O. en or,
O. en argent.
RRRR. en bro-nze..
ATTAISITES , efpéce de gáteaux des anciens-y
dont nous ignorons la conipofition ; leur nona
aTr&iirai , venoic de y poeU. Saumaife y
fur Solin.
ATTANULUM, dans les Giofes d’Iíidorey
défigne un vafe de terre cuite , dont les pretres
fe fervoient dans Ies facrifices. II eft auái appeié
attanuvium,
ATLETA , famiRe romaine. dont Goltzius a
publié íéul des médailles.
ATTELER. On croit que Part ^^attdtr des
chevaux ne fut introduít dans ía Crece que vers
le tems de Bellérophon , treize ou quatorze cens
ans avanr J. C. felón le P. Petau^L opinión la-
plus genérale en fait honneur a trichthon ou
Erechthée , roi á’Athénes. ^
Eés' anciens atteloient leurs chevaux de fren,-,
& prefque jamais á la queue Ies uns des autres.
lis atteloient ordinaircment les boeafs par le coJ.
Nous ne nous rappelons aucun monument íar
lequel les boeufs foient attelés par Ies coiiies. ^
Les m-ythologues donnent á quelques diviffltes
des chass attelés de différens animaux. Des
vaux trainent ceux du Soteil , de la Lune , de ^
Nuit, de PAurore , de Mars , de la \ isSoire,
On voit des paons attelés á celui ue Junon , es
coPombes á celui deVénus, des cygnes a ce ur
d’Apollon , chef des Mufes , queiquefois
dragons á ceux de Cybéle & de Medee ,
chevaux marins au char de Neptune y des pa»
theres á celui de BaccPius, des lions a ce m
Cybéle , queiquefois des griífons a celui P
Ion, &c. , L,
ALLI A y famille romaine donton a. des me.
drilles !- ,
RRR. en bronze, appartenant á Néron.
O. en or.
ATTICuirfurnom de la ManliA.
A T Y
ATTILAj roí des Kuns.
Ateola ou Atiia.
Ses médailles, qui peuvent fe ranger dañs .a
faite impériale , font : . ,
C. en otj de la forme du quínaire.
C- en arsent.
RR. en B.
II y cependant des antiquaires qui doutent
encore que les médailles fur lefqueiles on iit le
nom d’AxEULAj appartiennent á Añila.
ATT INI. Muratori (1980. 7. Tkef. infcr.'}
rapporte rinfcription d’un Taurobole , dans la-
qiieüe on lit Attini pour Attidi ¡ a Attis. On lie
daos la méme colleítion j fur un autre marbre ,
Attini Aug.
ATTJS. Voye^ Atys.
ATTONITUS délignoit, dan s le langage des
prctres , celui qui avoit vu tomber la foudre ,
& qui^ avoit été froiiTé de la commotion de f air
occalionnée par ce météore. Pétrone {c. 61.);
Intremui poft hoc fulmgn attonltus,
ATTRIBUTUM. C'étoit le nom de Targent
que les tribuns aííignoient au quefteur pour four-
nir aux dépenfes civiles , & aux tribuns du tréfor
pour payer les foldats. Son nom venoit d tributo.
Varron (ae Ling. Latín, ir. 36.) : A tributo
FTCUKiA qui, ajjignata erat , attributum diclum:
eb eo queque quibus attributa erat pecunia , ut militi
reidant , tribuni irarii dicli : id quod attributum
erat , is militare.
ATTUDA , en Phrygie. ATTOYAeíjií.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
Cette ville a fait frapper des médailles impe-
riales grecques en Thonneur de Caracalla , de
SalomnCj de Domna.
ATYS , étoit Tun des prétres de Cybele , Se
Tobjet des foins les plus tendres de la déeíTe j
mais ce jeune homme la facrifia á la nympbe San-
garide , filie du fleuve Sangar. La déefíe Ten
punit dans la perfonne de fa maitreíTej qu elle fit
périr. Atys , au défefpoir d’avoir perdu Sanga-
ride, porta fa rage jufqu’a fe mutiler lui-méme.
11 fe feroit oté la vie , íi Cybele ne Teut méta-
morphofé en pin. II y a des auteurs qui difént
Atys étoit un jeune berger de Phr}^giej, dont
Cybéle devint amoureufe > mais quoiqu’elle fiit
la mere des dieux , il la méprifa pour une jeune
beauté. Cybéle , apprenant cette paílmn qui con-
trarioit fes deffeins , courut furieufe au lien oú
étoient les deux amans, & ayant trouvé Atys
caché derriére un pin ^ elle le fit mutiler aux yeux
de fa rivale, qui fe tua de défefpoir.
Catulle dit qaAtys fe mutila lui-méme, par
jé ne fais quel traníport de rage , 5c que Cybéle
ATY 3J5
le mit alors au nombre de fes prétres. Ce qu'il y
a de vrai , c^eft que les prétres de Cybéle fout-
froient volontairement la fupplice á'Atys , Se
dans leurs .fétes , méloient des cris & des hur-
lemens , pour pleurer la mort de ce jeune phry-
gien, dont rÁrchigalle portoit Timage enlacée
dans fa couronne Se pendue á fon col ; ainíi
qYon le voit au bas-relief du capitole , fur lequel ■
ce premier prétre de Cybéle eft fcuipté avec fon
bizar.''e accoutremenr.
Au refte , la fable varié beaucoup fur la naif-
fance & fur les aventures Á‘Atys ; car on a écríí
encore qu’il avoit enfeigné le premier a célébrer
les myftéres de Cybéle á Peífina.nte , ville de
Phrygie, auprés de laqüelle il gardoit les trou-
peaux. Ayant manqué á la promeíTe qu’ii avoit
faite á la déefle , de n’aimer aiicune mortelle , &
cel!e-ci ayant fait mourir Sangaride , f objet de la
paffion 5 il fe mutila avec un couteau de piarre
ou avec un telTon, felón Juvénal {Sat. ir. 514.) :
Mollia qui rupia fecuit genitalia tefld.
Ceíl: aprés cette mutüation qu il eft cenfé dire
de lui-méme, dans Catulle (6^.75.) : « Queile
forme n ai-je pas reque ! j'ai été femme , j"ai été
adolefeent , homme méme 8c enfant » :
Quod genus figun efi , quod ego non hahuerim 7
Ego mulier, ego adolefceas , ego ephebus egopue-r.
La maniére dont Atys eft repréfenté fur les
anciens raonumens , eít relative á cette forme
ambigüe qui participe des denx fexes. On lui
donne un embonpoint remarqiiable, 8c fa tunique
eft , contre rordinaire , ouverte fur le ventre ,
afin que Ton en voye le renflement ou l’élévation ,
qui cara&érife le fexe féminin. II eft coéffé avec
le bonnet de Phrygie 5 il porte les longues chauíTes
du méme pays , 8c rient le pedum ou báton pafto-
ral , la fyringe ou ñute á plufieurs tuyaux, 8c
quelquefois le tympanum de Cybéle.
Aíartianus Capella nous apprend qn Anys étoit
un des emblémes fous lefquels le foleil étoit
adoré par les différens peuples de TOrient, (Nupt.
Fhilol. lib. z.) :
Te Serapim Nilus , Mempkis veueratur OJirlm ,
Dijfonafacra Mitram, Ditemque ,ferumque Typka-
nem.
Atys puzchtr, item curvi & pucr almus aratri:
Ammon & arentis Lybies , ac JSiblius Adon.
Sic vario cunüus te nomine convocal orbis.
Cette doétrine feroit prouvée par Ies infcriptlons
fuivantesT'dans lefquelles Aíyí eft appelé Mbxo-
TYRAYxus , du grec tíTTííiTÚfaírns , contraéiion
de í-úfííTísí, roi des mois ,• li c'écoit au fokii
y y ij
3 5^5 A ü C
p’utóí qu’á la lime qii rl fallát attiibuer ía dlvi- |
íion de Fannee en douze parties :
M. 0. M. I {' matri deum magna, lita).
ET. ATTIDI. SANCTO
MENOTYRANNO.
Et MATRI. DEUM. MAGNAE
IDAEAE, SUMMAE. PA
RENTI. HERlvíAE. EX. ATTIDI
MENOTYRANNO. INVICTO
On retrouve dans plufienrs infcriptions recuerl-
Jíes par Gruter ce furnom , corrompu en celui
de MíNOTAURus&'de Minotauranus. Voys^
Lunus & Men. Le rvom ¿dAtys eft ordinaire-
nient joint á celui de Cybéle fur Ies monumens.
Non-feulement fa perfonne entiére n’étoit qu'un
eíTibléme phyíique, mais les parties mémes de
fon corps > qu'il coupa dans fa colére. Eufébe
{Prap. Evang. ni. 3.) dit qu‘ A tys , mort dans fa
jeiinefíe , étoit Timage des fleurs qui périíTent
avant dAvoir produit des fruitSj parce quelles
peporrent point de femences iorfqifelles fe fanenr
avant le tems.' S. Auguftin feftreint cette opinión
d’Eufébe aa feul objet de la fareur á’ A tys.
AVAN TÍA étoit la principale divinité des
Helvétiens.
AYANT-SCÉNE. Fbyep Proscenium.
AVARICüMj dans, Íes Gaules.
Les médailles autonomes de cette viile font :
RRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent, (Pelhrin).
AUCTION. Voyei!¡_ Encan.
AUCTORATI. Les Romains appeloient de
ce nom ceux qui fe louoient á un lanifta , chef
de gladiateurs ou á celui qui vouloit donner
au peuple un fpedtacle de. gladiateurs : ils de-
voient combatiré en public, felón Ies conditions
de leur marché ^ & ménne quelquefois jafqua la
mort. Maniíius {iv. 225.) •
Nunc capul ín mortem vendunty & funus arena.
lis s’engageoient auflí á combattre les bétes fé-
roces dans Ies amphithéátres.
Quintilien a donné pour titre á fa 502'^ décla-
mation ces motS : Aucloratus ad Jepelzendum pa~
trem. C’eíl un plaidoyer en faveur d'un romain ^
qui:, n’ayant pas de quoi fournir aux dépenfes
des funérailles de fon pére, s'étoit loué á un
chef de gladiateurs, añn de gagner cette fomme.
Ce chef avoit promis á un citoyen, des gladia-
teurs pour un fpeétacle public que celui-ci de-
voit donner. U auBoratus fut done obligé de
combatiré ; il le fie ¿bine maniere íi agréable au
peuple , qu’on luí rendir , par fon ordre , la li-
bertéi en le décorant de í’épée appelée rudí¡.
AVE
Quelque tems aprés il fe trouva avoir un pj.
trimoine auíTi confidérable que la loi Texigeoit
des chevaliers, & H voulut prendre place parmi
eux; mais ceux-ei le repoulíérent avec dédain
parce qubl. étoit defeendu dans Paréne. La no-
bleíTe du motif qui Fy avoit conduit , pouvoit
feule lui fervir d’excufe ; &! cYft ce qui fait
la meilleure partie de fa défenfe & du plai-
doyer.
AU CTORIT AS fenatús. Dion Caffius {liL 3.)
nous apprend que Fon donnoit ce nom aux dé-
crets du fénat rendas par les fénateurs affemblés
en moindre nombre que ne Fexigeoit le fénatus-
confulte. Ce nom fe donnoit encore aux décrets
du fénat qui avoient été rendas dans un autre
líeu que celui oii il s'aíTembloit ordinairement,
ou dans un Jour qui ne permettoit pas de le con-
voquer , ou enfin avec des circonñances quel
conques , par lefquelles ils différoient des fénatus-
confultes legitimes.
aUDITORIUM. Ce mot défignoit un lien
d’alTemblée dans lequel les poetes. Ies rhéteurs
& les orateurs , déclamoient leurs produftions
ou donnoient des lecons. II y en avoit un cé-
lebre dans le palais des Céfars. Pline le ;eune
{epjft. I. 13 ). Mais le plus fouvent ceux qui áé-
clamoient, en louoient ou en faifoient conftruire
á leurs frais, & Fon y placoit des bans. Domum
mutuatur , dit Fauteur du Dialogue de Forateur
(c. 5. §. é. ), U auáicorium extruit , & fubfeliia!
conducit , & libellos difperglt.
llaudhoire des juges étoit d’una autre forte-
C’ étoit dans le paíais des Céfars un falle, dans
laquelle ils rendoienr une iuftice expéditive , fans
Fappareil du tribunal qui défignoit uíi jugement
folemnel , & fans le miniftére des avocats. Les
juges fupérieurs avotent auíTi un auditoire diffe-
rent du iieu oú ils fiégeoieut pour rendre les juge-
mens folemnels. ^
AUDITORII facri cognítor. Ce titre ^ qu! fe
trouve dans une inferíption rapportée par Gruter
(344. 2.), défignoit un magiftrat du paladees-
empereurs , qui faifoit anprés d’eux les fonctions
attribuées de nos jours aux rapporteurs.
AüDOLÉON, roi de Péónie. ATA-
Ses médailles font t
RR. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
AVE , chez les Romains j, étoit le
& on le diftinguoit de Jalve , qui ét®it
foír.
AVENIO , dans les Gaules. aOYE. ^
Les médailles autonomes de cette vñle font.
RRR. en argent.
O. en or. ^6,
Hunter en poíTédoit une de broaze avec
AVENTIN, fils d’Hercule &c de la ptétxcüs:
AVE
Rhéa. Ce héros étant venu en Itaüe íur Ies bords
du Tybre j devine amoureux de cette prétreiíé,
qui faifoic fa demeure fur une montagne voiíine ^
8c de cet amour naquit Aventin. , qui fut elevé
par fa mere au méme endroit. II fe vetit , comme
fon pére , d'une peau de lion j & porta gravee
fur fon boucüer fhydre de Lerne á cent tetes,
pour faire fouvenirde fon origine. C'eft csxAven-
tin qui avoit donné, difoit-on, fon nom á la
moritagne de Rome. On croit le reconnoitre dans
une ftatue grecque de marbre noir, qui efl: au
iHuféum du capitole.
Aventin, une des fept collines, & la qua-
torzíéme región de Rome. Cette región s’étendoit
au-delá de la colline de ce nom. Ses limites font
á _ gauche le mont Palarin , le grand cirque, la
pifeine publique & les murs de la ville ; á droite ,
í'école gfecque , le prieuré de Malte , le Tibre , le
mont Teftaceo , la pyramide de G. Ceftius , la
porte de Saint-Paul 8c celle de Saint- Sébaftien,
sutrefois porte Capéne. C’eft aujourd'hui le mont
de Sainte-Sabine.
La rué qui va de la porte d’Oílie á Pamphi-
théátre ou colifée , partage V Aventin en deux
fommets , qui Pont fait appeler bíceps , 8c fur
lefquels étoient bátis des temples célebres. L^’un
étoit confacré á Diane , 8c fit nommer le mont
Aventin la coliine de Diane. Martial {xii. i8. 3.) :
Aut collem domiriA teris Dians,.
Ibidem (vrr. 72. I.):
Domus eft tibí calle Dians,.
On croit que Péglife de Sainte-Sabine a été bátie
fur les ruines de ce temple de Diane, qui étoit
méme avant la fondation de Rome, déjá célebre
panni les Latins. C'étoit auprés de cet édi.dce
facré , que Rémus , frére de Romulus, confuirá
le vol des oifeaux , pour favoir lequel des deux
tréres donneroit fon nomá la nouvelle ville. On
l'appela Rémurla , 8c cet endroit rendir toute la
colline de mauvais augure , jufqu'á ce que le roi
Ancus la renferma dans Penceinte de Rome.
U Aventin fut appelé quelquefois Murcius , á
caufe d’un petit temple confacré á la déeíTe de la
pareífe. Murcie, qui étoit placé fur cette mon-
tagne.
Af^ENTINENSIS , furnom de la famiüe
Genuccia , qui délignoit Pendroit de Rome
qu elle habitoit.
AV ERNE, lac d’Italie, auprés duquel les poetes
placoient Pentrée de Penfer. Oeíl une cáveme
^és-profonde , dit Virgiie , d’oú il fort des tour-
billons de vapeurs empeííées , qui fuffoquent ,
au milieu de Pair, les oifeaux qui ofent voier á
travers ces noires exhalai.fons. De-lá vient le nom
d Averne , que les Grecs lui ont donné d’Acprk ,
fans oifeaux, compofé de IV privatif 8¿ á’hyef,
oikiu.
AVE 357
Les poetes ont auífi defigné les enfers fous le
nom d^Averne. Lucain dit que ce lac étoit íi pro-
fond, qiPune haute montagne s'y feroit enlgloutie.
II eñ auprés de Rayes, Se sVppelIe lugo di Tri-
pergola. Les oifeaux voíent aujourd'hui fans aucun
danger fur les eaux de ce lac. Strabon raconre
que fa puanteur avoit été en partie caufée ptr
les grands arbres, qui, panchés fur Ies bords,
le couvroient & Penvironnoient. II ajóme que
ces bois avant été coupés par Pordre d'Au gufte,
Pair y devint pur , & ceíTa de caufer des airees
dangereux.
AVERBUNCJ. 7
AVERRüxNQÍJES. f Cétoit un ordre des
dieux chez les Romains, ainfi appelés parce que
leur oíEce étoit de détourner {averruncare , vieux
mot latin) Ies maux.
Les Grecs appeloient ces dieux A’ Míhcax-tt ou
, 8c leur Féte , cu enííu
ATToIscsraim. C'étoient Hercule , Apoüon , les Diof-
cures & Júpiter. Les Egyptiens avoient amTi ¡eurs
dieux Averrunques , fi Pon en croit le P. Kirker.
lis les repréfentoient avec un vifage & un gefte
mena^ans , avec des fouets & des croes á la
main , &c. II y a des ílatues qui les reprefentent
debout ou á genoux , quelques-uns avec des tetes
d'ardmaux ou monftrueufes , d'autres avec des
tetes humaines. líis étoit, felón lui, une divinité
de cette efpéce. Kirker {(Sdip. uEgyp. ,p. 4S).
Tout cet appareii menacant s’évanouit cependant,
íi Pon reconnoít dans ces fouets ou croes pré-
tendus , Pembléme de la charrue dont les Egy'p-
tiens faifoient Oíiris inventeur. Voye-!^ Charrue
& Fouet.
ATERSA, 7
A YERTA, f valifes des' cavaliers dont íl eft
parlé dans le Code Théodolien , qui en régle le
poids.
AVEÜGLEMENT. Depuis Diódore de Sicile
(l. 21.) jufquVu confuIMaillet (Defe. de 1‘Egypte,
I. 18.), tous les écrivaius qui ont parlé des
Egyptiens, ont remarqué que les ayeugles étoient
en trés-grand nombre parmi euxj au point que
Grangier (Relat. da voy. tnEgypte ,p.xi.') n'hé-
íite pas á appeler leur pays la terre des aveugles.
Cet aveuglement tenoit Se tient fans doute encore
á des caufes locales, a des vices de terroir ou de
régime, Scc. Mais les anciens Egyptiens, fuperf-
titieux á Pexcés , attribuérenr cette ínfirmité s
la colére dTfis , qu’iis délignoient fous_ le nom
de Tithrambo ou d'Hécate, Ainfi penfoit le par-
jure que Juvénal fait parler dans fa I3^fatyre,
vers 91 :
líic putat efe déos, & pejerat , áteme ita fecum f
Decernat quodeumque volet , de corpore nofiro
Ifis , & irato ferias mea lamina fiftro ,
Dammodh vel coscas teneam, quos abnegó, nummos,
« Eb l que ro'importe qulíis iriités mVveugle
35§ A U G
avec fon fiftre pour punir mon parjure , p®’J«;a
queje conferve, aprés mon aveaghment , ce depot
que j’aurai nié. » Ovide {de Ponto_ i. epift. i- ¡i-)
parle de la méme Opinión fuperftitieufe ;
Vidí ego linigerí Numen vtolajfe fatentem
Ifidís , Ifiacos ante federe focos.
Jllter ob hule fmilem przvatus lamine culpam ,
Clamahat media , fe meruijfe , vid.'
Taha cceleftes fieri pr&conia gaudent ,
Ut fuá, quidvaleant, numina tefe prohent.
« J’ai vu un malheureux étendu devant le temple
á’Ifis , avouer que fes infirmités étoient la puni-
tion du parjurc qu’il a-voit commis au nom de
eette dsvinité. Un autre, prive de la vue , crioit
dans le milieu du chemin , _qu il avo-t ere puní
pour le méme crime. Les dieux fe plaifent dans
ces aveux , qui apprennent aux morteis Tétendup
de leur pouvoir & de leur vengeance. » _
On croiroit, d’aprés une épigramme de Lucr-
lius , {Jntkolog. z , cap. ZZ , nf. 4.) que les Egvp-
tiens attribuoiení aufli le méme pouvoir á Har-
pocrate. ce Si vous íiycx un ennernij n.e l£
pas dans vos imprécations 5 mon cher Denys 3 a
Jlis 3 á Harpocráte ou á quelqu aiitre^ divinité
qui aveijgle les morte!s3 mais livrez-le a S'.mon .
vous connoírrez bientót que ce medecin eíl plus
tedoutable que les dieux ” :
H’í AiáJM'íf 3 fm zuTetfámí
Ttnf iVív TK-r» 3 '■ rm X’utpix^iceTti
JAfií^'iiTK TvtpXés .sctH B-íov. 2¡'«a>íS
Kai ?) S-sWj «. Si'waí ¿lyuTíel.
AUFANIIS matronis. Gruter^ (90. II.) rap-
porte une infeription trouvée a Lyon , dans
laquelle on lir ces mots^ qui fe rapportent au
cuite des Déesses meres. Voyei leur arricie.
Aufanüs déíigne fans dome un endro-r dans
les Gaules , célebre par leur cuite. Muratori
(loSy.z.) apubiié une infeription avec les mémes
roots. . , j
AUFIDIA, famille romaine dont on ades
médailles :
RRRR. en argent.
RR. en bronze de Golonie. ■
O. en or.
Les furnoms de eette famille font Oe.rsTEs ,
Rústicos , fur les médailles3 & Lurco.
' Goltzius en a publié quelques médailles in-
connues depuis lui.
AUFIDÍUS Lurco engraiíTa le premier des
Paons (jíoyej ce mot) a Rorne 3 & gagna de
grands biens par eette pr?.tique.
AUGE, filie d’ Aldus 3 ayant eu un fils^Her-
fiile 3 le fit expofer auííi-tór aprés fa nailiance;
Kiais fon déshonneur étant devenu publicj elle
s’snfuit pour éviter la cplére 4^ fon pére, & fe
^ A U G
retira cíiez Theutras 3 roi de Mylie 3 qui , n’ayant
point d'enfans 3 l’adopta pour fa filie. Ce
prince3 quelques années aprés 3 eut une guerre
á foutenir3 & promit de donner fa filie Aagé ,
& fa couronne á celui qui le délivreroit de fes
ennemis. Téléphe 3 le fils ayi Auge avoir eu d'Her-
cuíe 3 deja grand 3 étoit venu á la cour de Myfie ,
par ordre de Toracle, poury chercher fes parens;.
il accepra loffre du roi 3 le déíit de fes ennemis,
8í demanda la princeífe. On celebra le mariage;
mais Auge, par un fecret preírent!ment3 ditHygin
qui raconte eette fable , ayant voulu tuer Telephe
la nuit de fes noces 3 les dieux envoyérent un
dragón pour les féparer. Alors Auge ayant im-
ploré le íecours d'Hercule 3 reconnut fon fils,
&: retourna avec lui dans fa patrie. _
Winkelmann a reconna Auge qui remet fon
fils Téléphe emmaillotté a une autre femjne , fur
un bas-reliefde la viile Borghéfe_3 _qu il a publié
dans fes M-onumenti antichi inediti , n°. ~¡\. Auge
eft repréfentée fans ceinture 3 comine une femme
qui vient d’accoucber. Elle eft aflife & a fes pieds
pofés fur un marche-pied : c'éíok, chez les an-
ciens fculpteurs 3 une marque a laquede on re-
connoifíbit les perfonnes d’un rang diftingue. On
apper^oit fous fon fiége la ^she qui nournt
Téléphe,
AVGERI kofiie, C’étoit une de ces expreffions
barbares propres aux facrificeSj dont les preties
affeaoient de fe fervir. Elle défignoic les nou-
velles victim.es que Ton immoloit3 lorfqu on n a-
voit pas trouvé dans les entrailles de k premiere,
des lignes favorables a ceux qui offroieiu le ía-
criiiee. On demandoit alors d autres victimes .
Augebatur koftiarum numerus , augebantur koftu.
Lorfqu on découvroit le figne favorable 3 onacber
voit le facriSce , litahat koftia. Paul Emile
immoler jufquá dix-peuf viftimes ay?mt de le
découvrir3 & il ne parut qu á la vingtieme.
AUGES. Les auges étoient le fuppbce auquei
les OrientauK condamnoient les plus grands cer
lérats. lis attachoient le criminel aux quatre coins
d'un.e auge, & ils couvroient fon corps dun
autre auge qui laiíToit paroitre^la .j- í
pieds par des ouverrures pra tiquees a ce deUei .
Pans eette pofture douloureufe 3 on ne lUi re^
foit rien de ce qui pouvoit prolonger la Vie>
de prolonger fon fupplice; & méme on íor?ou
ceux qui étoient fatigues ce ce prep
de la nourriture. On tempéroit la foif qui /u
le criminel avec du miel délayé dans du ’
lui en frottoit le vifage,_qui étoit expo e
rayons du foleiL pour attirer les iii4«cneS3
les piqúures douloureufes augmentoient les _
mens. Hs duroient jufqu a ce que les vers eng _
drés dans fes excrémsnsj lui rongpnen f . ,
trailles ; eette durée a eré quelqueto^ de q
3c de vingt jours. Artaxercés fit fouftrir ce
fuoplice á Teunuque Mithridate.
^ AUGÉUS fut pére d’AGAMEUS. F. ce moí,
A U G
AÜGIAS, ro! d’EIidej fut un des Argonautes;
íl avoit une fí grande quantité de troupeaux , &
il Y avoit íi long-tems que fes étables n'avoient
cté nettoyées , que les exhalaifons qui en for-
toient , empeííoiént le payS 3 & Ton fegardoit
comme un ouvrage au-deíTus des torces hunaaines^
de les vuider. Hercule rentreprit:, a condition
c^Augias luí donneroit la dixiéme patrie de fes
beíliaux. II réuíEt:, en faifant paffer le fieuve
Alphée au-travers de ces étables. Augias refufa
le falaire promis5 alors Hercule letua^, & plaqa
fur le troné Philée , fon íils 3 parce que ce jeune
prince ayant été pris pour arbitre du différend
avec Augias j avoit exhorté fon pére á lui teñir
la parole qtfil avoit donnée. Mais cette fable
eft rapportée diíFéremment par différens auteurs.
Elle a donné ¡iea á Tancien proverbe, nettoyer
Ies ¿caries d‘ Augias, pour exprimer Tentreprife
d’une chofe impoffible.
AUGILES^-j
AüGILITESj j peuples d’Afríqae qui habí-
toient la contrée par laquelle les Garamanres
ctoient féparés des Troglodites. Pomponius Mela
dit de ces hommes fauvages j qudls ne recon-
noiffoient d’autres dieux que les manes de leurs
ancétres. Ríen ne fe décidolt dans les aíTem-
blées nationaíes & dans la vie privée qu'aprés
leur invocation & des fermens faits en leUr nom.
Les Augiles fe couchoient fur les tombeaux ^ pour
y recevoir des infpirations qu'ils prenoient pour
regles de leur conduite- Leurs mariages fe reífen-
toient de leur barbarie 3 car Pépoufée devoit ac-
corder , pendant la premiére nuit des noces , fes
faveurs á toas ceux qui Ten follicitoient & lui
donnoient des préfens. Les femmes attachoient
une gloire au grand nombre d’aroans qu’elles re-
cevoient cette nuit-lá. D’ailleurSj ajoute Pona-
ponius Mela (i. 8-):. ches étoient d’un£ fageíTc
& d’une retenue dignes d’éloges.
AU GITES ¡ pierre précieufe doiii .parle Pline^
&■ dont le nom étoit formé de aiyi , éclat. On
croit qu’elle eft la méme que la pierre appelée
culla'is.
AUGURACULUM , étoit la méme chofe
qu" Arx , c eñ-z-diic , un terrein confacré unique-
ment á prendre les aufpices. II devoit étre ren-
fermé dans le pomoerium , poux Ies aufpices appelés
urbana.
AU GURALE , endroit deftiné dans Ies camps
a prendre les aufpices , & á confulter Ies poulets
facrés. Ir étoit toujours place a la droite du pré-
tqire, comme nous Papprenons d’un paíTage d’Hy-
gin, corrigé par Rutgers {Variar. ItS. iiL 20.) :
Auguratoriurfi parte dextera pr&torii. . . . Car on
1 appeloit auffi Augur atorium. Tacite {Annat. il.
13-) le nomme Augúrale : Nocle ceeptd^ egrejfus
auguran.
AUGURALES libri. Ies livres des Augures ,
Qui patoiííent avoir été les mémes que les livres i
A U G 159
des Pontifes, Pontificales libri. Prifcien {lib.y
& 8.) dit que Jules-Céfar avoit compofé des livrss
^augures.
AU GU RAE GRIU M. , la méme chofe quAu-
guraculum- & Augúrale. II eft fait mention d;s
bátimens , ou des portiques j ou des murs cui
1 entouroient dans Tinfcription fuivante , rappoi-
tée par Gruter {Thef. inficr. novas, 128. 4.) :
IMF. CAESAR. DiVI. TRAJANI
PARTHICl. F. mVI. NERVAE. K.
TRAJANUS. HADRIANUS
AUG. PONTIF. MAX. TRIE. POT. XS.
IMP. II. eos. Ilí. P. P.
AUGURATORIUM. DILAPS
A. SOLO. P IT
AUGURE. On appeloit de ce nom ceux qui
prédifoient Pavenir par Pinfpeftion des oifeaux ^
des_ animaux & des météores* Le mot ¿augure
déíignoit auífi le préfage qu’ils tiroient de cette
infpeéiion.
Acures gRegs. Leur art fut inventé ,
felón quelques - uns , par Prométhée ou par
Mélampas fils d’Amytbaon & de Dorippe.
Pline, ( Hb.j. c. yj. ) dit que Cares ^ dont la
Carie porta le nom ^obferva le premier les oifeauXj
& Orphée les autres animaux. PaufaniaSj (Pkocic.')
attribue la premiére obfervation faite fur le voí
des oifeaux á ParnaíTus , qui donna fon nom au
mont Parnaífe. S. Clément d’Alexandrie en fait
honneur aux Phrygieas. Voilá tout ce que noqs
apprennent les annales des Crees'. On fait d’ail ■
leurs á n’en point douter j que les Chaldéens &
íes Alianques , que les Egyptiens eux-memes ^
s’adonnérent les premiers á cette divination 5 &
S. Clément femble avoir connu cette origine ^ en
Pattribuant aux Phrygiens., peuple de rAíis-
Mineure.
Les oifeaux paroijfTent tout voir par la hau-
teurj Se fe porter en tout lieu par la variété de
leur vol 5 c’eft pourquoi on leur attribuoit la
connoiíTance des chofes paíTées Se futures. De-lá
vint le proverbe dont Ies Grecs fe fervoient pour
dire que tout le monde ignoroit une chofe 3 per-
fonne , difoient-ils n a vu ce que nous avons fait,
excepté peut-étre quelque oifeau. Ariftophane fait
dire á ces volátiles , dans la comedie qui porte
leur nom : nous fommes á vofre égard autanc
que íes oracles d’Ammon , de Delphes de Do-
done autant qu’eft Apollon lui-méme :
Eqiísv ^¿i^os ATschAííVt
Les Augures , chez les Grecs, étoient vétus
de blanc , 8c portoient une couronne d’or pen-
dant qu’ils exerqoient leurs fonétions. lis avoíenc
un endroit parüculier deftiné á ccc ufage , appelé
:?oO A O i?
en Í4V & B'c'.icsg OU ^:ix.6g j «.íl"
b!es fur lefqueües étoient écrits Ies noms des
oiieaux , ceux de leurs diíférentes efpéces de vol ^
tout ce cui concernoit enfin la fcíence ats Augures.
Lorfqu íls obfervoient , ils regardoient le Nord ,
Se tenoient pour heureux toiis les augures qui
venoient du cote droit; ceux dii cote gauche
étoient milheureux.
L'efpéce d'oifeaux , le cote d’oú ils preno^ient
leur %'ol j & la maniere dont sis voloient ou dont
ils chantoient;; rendoient Ies augures favorables
ou contraires; caries mémes osfeaux prefageoient
des chofes oppofées dans des circoníiances diue-
rentes. Mais en général leur vol par cornpagnie
étoit d’un bon augure ; c'eft ainfi qu ü préfagea ,
felón Diodo re de Sicile, a Gordius , fimple par-
ticaüer , fon élévation au tróne_ de Phrygie.
Quant aux augures que fourniífoit chaqué ef-
péce d'oifeau, AiglEj YautouRj
Epervier > Hírondelle , ChouettEj Co-
tOMBE , CoRBEAU _& COQ.
Les oifeaux n’étoient pas Ies feuls atumaux
dont on tiroit des augures. On obfervoit les
Fourmis, íes AbeIlles; ( Voyei ces mots; )
ia fauterelle verte , felón Suicas , les crapauds
qui étoient d’un heureux préfage , les ferpens ,
!e liévre & le fanglier, dont la renccntre & tous
íes préfages étoient funeíles.
Les Augures confidéroient avec un foin par-
ticuüer les météo^es ^ non pas comme les Aílro-
]o2ues , pour prédire f avenir par leur infpeClion,
mais pour en tirer des préfages re'atifs au rrto-
ment préfent. De ce nombre étoient Ies cometes
& les éclipfes de ícleil & delune, q^uieffrayérent
tañí de fois des armées , & qui cauferent prefque
la mort d’Anaxagoras , parce que ce philofophe
en avoit donné des explications naturelies & phy-
íiques. La connoiífance des éclairs & des ton-
■nerres , ( t'o_y£p ce mot ) taifoit une grande
partie de la Ccience des Augures, Ies_ vents mémes
éícient pris pour augures , Stace ( i kebdide nJ.) :
Kentis , aut alite vzfd
Bellorum proferre áiem.
On regardoit fur-tout corrsme un funeífe prcp
Tace les tremblemens de terre. On faenfioit á
fveptune que Pon en croyoit l’auícur , ^ afin
■de Pappaifer ; 8e s’il avoit fait entrduvrir la
terre, on précipitoit dans ces trous oes meubles
prt cieux. Midas , roi de Phrygie , y jeta fon
íils 5 & Curtius , Romain , sV precipita tout
armé.
Les fetrx follets étoient interpretes favorable-
iKetít par les Augures , fuivant leur nombre. Pa-
roiífoient - ils fous deux ñammes diftinéles; on
etoyoit y reconnoítre Cañor & Pollux , & les
matelots en augoroietit le retoar du calme. Une
Leule flamme étoit appelée Héléne , & on la
■jeedoateit lorfqu'’elle fuccédoít -aux Diofeures ,
A U G
qu elle fembloit chaíTer. Cette fiamme paroiiToit-
elie s'attacher á_ la tete ou aux pas de quelauc
inottel 5 elle lui préfageoit le bonheur le plus
complet. Tel fut Servius Tullius, roi de Romej
tel avoit été le jeune Afcagne au déparr de Troye,
felón Virgile.
Quoique les Grecs n’entrepriíTeut aucune affaire
importante fans avoir confuiré les Augures,
quelques-uns cependant tPont pas craint de s'eti
moquer ouvertement. Euripide , entrautres, fait
dire a Théfée , qui condamne Hyppolite fans
confulter les Amagures : La lettre de Lk'edre efi U
témoin qui le couaarfine ; quant au vol des oifeaux , ■
je récufe ce témoignage trompear.
Augures romains. Les Romains empruntérent
des Etrufques ia fuperftition des augures , que
ceux-ci avoient regus des Grecs. Romulus en
exer-pa les fonótions le premier, lorfquil obferva
le vol des oifeaux avec fon frére Rémus, pour fa-
voir leouel des deux donneroit un nom á Rome.
Mais Ies Romains changérent Petar du ciel
ctabli par les Grecs. Les premiers Pobfervérent
tournés vers le feptentrion , & les P.omains fe
tournérent vers le midi ; de forte que la droite
& la gauche de ces deux peuples étant oppofées
dans le temps de Pobfervation áes..Aiugu^es , &
leur droite préfageant les chofes heureufes ,
comme les malheurs étoient annoncés par les
Augures de la gauche , les réfultats des uns 8c
des autres étoient diamétraiement oppofés.
Les Romains étendirent Pinfpeéiiqn des Au-
gures á un plus grand nombre d'ohjets que les
Grecs. Ils les rapportoient á douze points capi-
taux qui par leur nombre, fe rrouvoient analogues
aux douze íignes du Zodiaque. lis tiroient des^aa-
eures , 1°. de Pentrée extraordinaire , mais voíon-
"taire, d’une bére fauve ou privée dans la maifon
de quelqu un ; z de la rencontre d''une béte feroce
fur un chemin ; 3°. du feu qui fe comraumquoit
fubiteinent aux habits , & par ana!ogie,_de la
foudre, des éclairs, & de Pincendie des mai.ons;
df. de la corrofon d’un iivre , ou de queiQU'-
meuble agréable, par des fouris , & parana.02i-j
d’un loup dévorant un bcEuf ou un cheva! , d ua
chieñ ou d’un renard déchirant des poales oU
des oies; 5°. d'un bruit entendu dans la mai.on ,
&c que Pon crovoit produit par des lémures oa
efprits ; 6°. de la prife d'uri milan qui
entre les jambes des voyageurs , de la prile
oifeaux qui entroient par hafard dans les mai on j
par analogie, du croaffement fubic des crapau^ ^
du chant des corneilles , &c. ; 7°- de ■
i-nattendue par quelque trou,d'un chat q'j .
qu'autre quadrupéde ; 8^. de Pextinélion ‘
dMn flambeau , que Pon attribuoit a ou -
efprit; 9°. d’un bruit léger, mais exrraordina^ ^
produit par un braíier, que Pon prenoit P° _
Oracle de Vulcain ; 10°. d’un grand
dinaire produit par le feu , ainfi que de
celies; ii“. des mouvemens oa expiolioas . ,
A U G
de la ñatnme, que Ton croyoit étre agitee par
Ies Lares; 12°. enfin d’une trnleiLe^üibite , invo-
lonraire caufée par bapparition d’un fantome ^
ou par qtieJqu objet furprenant.
üne des chofes qui occupoient le plus fouvent
Ies augures romains , étoit binípeftion des poulets
facrés. On nourriflbit dans Íes tempiss., & 1 on
porcoit á la faite des armées & des légions, des
poulets renfermés dans des cages. Lorfque 1 on
<levoit délibérer íur quelqu’objet important, ou
livrer une bataillej on confultoit ces oiieaux
facrés. Les miniílres appelés Pullariz, ouvroient
la cage & préfentoient de la nourriture aux pou-
lets. Si les oifeaux ne vouloient ni fortir , ni
manger , ou s’ils prenoient la fuite , c’étoit un
augure des plus funeftes; & fon attribua la de-
faite de Publius Claudius, dans la premiére guerre
Fuñique , au mépris qu’il en avoit témoigné.
Mais ñ les poulets' mangeoient avec avidité , ¡‘au-
gure étoit favorable j il s’appeloit tripudium ; &
s'üs firappoient plufieurs fois la terre avec le bec ,
pour ranaaíTer les grains qui leur étoient échappés
(ce que Pon appeloit , Y augure étoit des
pl'tis heureuXj & fe nommoit tripudium folifti-
mum. Les augures obfervoient avec un foin pref-
qu’égal la démarche ou le vol des oifeaux, &
leur chant.
Les augures romains exerqant leurs fonéiions ,
étoient revétus de la prétexte ; car Cicéron dit
{^pro Sezetio) du fils de Lentulus Spinther , que le
peuple avoit nommé augure dans Pannée méme
Olí il avoit pris la robe virile ; Cui fuperior annus
Ídem & virilem patris & prstextam populi judicio
dedit. Quelques auteurs ont cru , d'aprés des paf-
fages d'écrivains romains corrompus ou mal in-
terprétés , oue Ies augures portoient la trabea
teinte deux fois en pcurpre ; mais il paroit plus
vraifemblable que leur prétexte étoit feulement
ornée de bandes de pourpre. lis portoient auíli
une couronne.
Lorfque les augures devoient examinar le yol
des oifeaux, ils choififfoient le milieu de la nuit ,
un tems ferein , fans nuages, fans vent, & un ef-
pace elevé & décou'vert ,qufiIsappeIoiencc?-;v. La,
ils fe voiloient comme Ies facrificateurs, c’eft-a-
dire , en ramenant leur prétexte fur le derriére
& le haut de la tétq. lis fe plaqoient enfuite en
demi-cercie, s’aíieyoient , tracoient en Lair avec
le rlituus refpace dans lequeí ils vouloient ob-
ferver , & que Pon nommoit templum. Ayant
appercuquelque \>oxi augure ^ ils bannonqoient, &
attendoienc qu’un fecond vínt confirmer ce pre-
Baier. Virgile {Mneid. il. 691.) :
Da deinde auxilium patet, aique hic omnia firma.
Ceux que Pon élifoit magiñrats , prenoient
uux-memés Ies augures dans la nuit qui précédoit
^£ur inauguration , hors de la ville , affis , Sr
dans un endroitconfacré acette cérémonie. C'étoit
■Antiquités , Tome 1.
A U G 3^1
une efpéce dfi auguraculum ou á’auguratorium. Le?
augures publics les aííiíloient , & leur difoient
qu’iis venoient d’entendre tonner á gauche. Quoi-
qu’ils n’euíTent rien enrendu eux-mémes, les ma-
giíirats prenoient ces paroles des augures pour
le préfage , & s’en retournoient fatisfaits.
Tite-Live décrit fort au long (i. 18.) la ma-
niere dont on prit Ies augures pour Péleélion de
Numa. \J augure le conduilit dans Peíbace appelé
arx , Py fit aíTeoir fur une pierre , fe voila &
s’affit á fa gauche , tenant un báton recourbé ,
fans nceuds , appelé lituus. Aprés avoír confidéré
Rome & la campagne , adreíTé des priéres aax
dieux , Y augure détermiiia les régions céleíles de-
puisPorient jufqu á Poccident , asTignant la droite
au midi & la gauche au feptentrion, & fixanr
Pefpace des préfages auíE lom que la vue pouvoit
s’étendre. II prit alors fon lituus de la main gau-
che, pofa la droite fur la tete de Numa, & dit:'
« Júpiter, pete des dieux , s’il eíl permis á Numa
PompiPus, dont je touche la tete, d^étre roi ds
Rome, faítes-le mol connoitre par des fignes cer-
tains dansPffpace que j'ai déterminé.” II annonc»
les préfages quhl defiroit. Des qu ils eurent paru,
Numa fut déclaré roi par Yaugure , & il fortit de.
Pefpace confacré aux augures.
Les magiftrats obfervoient les préfages ainfi
que les augures , mais avec quelque différence.
Les derniers les obfervoient pour ordonr.er ou
pour défendre quelqu'aélion ; Ies magiftrats ne le
faifoienr que pour empécher oii pour ro.mpre
les comices. L’aíEftance des premiers étoit nécef- '
faite ; les derniers n obfervoient que librement ,
&c quand ils le vouloient. 11 falloit Pobfervatio^
de trois augures pour la promuigation d'ane loP;
cclle d'un feul magiílrat rompoit les comíces,
quoiqu il ne fút qiPobferver, fans connoitre les ■'
conféquences de fon obfervation. Yoici les pa-
roles confacrées pour commencer cette céreirro- -
nie : Jovis pater,fi miki es.aucíor , urbi populoque
romano Qtiiritium, hec fiane , fartéque ejfe , ut tu
nunc miki bene fponfis y beneque volueris. Ce fonc
á-peu-prés les mémes que celles prononcées á
Pinauguration de Numa.
Romulus compofa le coüége des augures de
trois feulement, tires des trois tribus de Rome,
qui exiftoient alors. Ce coüége s'accrut enfuite
d’un augure de plus ; & i la fin de la répubiique ,
il é’'oit compofé de cinq plebeiens & de cuatrc
patriciens. lis fe choifirent long terns des col-
légues ; mais le peuple s’attnbua depuis ce drait,
& il appartint enfuite aux empereurs jufqu’au
chriftianiftne. Le plus anden du college en etoit
le préfidenc , & fe nommoit magifter collegn au-
gurum. Leur office étoit perpétuel ; & quoique
les prétres & les pontifes condamnés pour quel-
auecrime, fuíTent deítitués fur-le-champ , les |oix
confervoient aux augures leur dignitc iiifqu’a la
jjjort. 11 y avoit de plus une loi des douz,e Tablsfr
3<32 A U G
qiii défendoit , fous peine de la vie , de ieur ¿é-
fobéir.
On les confond fouvent avec Ies arufpices
qui n’examinoient que les emraiiies des victimes ^
íandis que les augures ne s'occupoient en aucune'
maniere des facrifices. Les arüfpices expliquérent
cependant auiTi quelquefois les tonnerres & Jes
autres prodiges céleñes 5 de maniere qudi eñ diíE-
cile de déterminer avec précilion les limites des
fondlions des arufpices ^ des augures & des auf-
pices. La plupart des écrivains latios Ies nomment
indifféremment les uns pour les autres. Audi leur
applique-t-on á toiis Ies trois collefiivement, ce
que difoit Cicerón des augures , qu^il s’étonnoit
comiñent deux d’entdeux pouvoient fe rencon-
trer & fe regarder fans rire. Des les plus anciens
tems de Rome , quelques poetes penfoient de
méme ; car on trouve dans Yarron {de Ling. lat.)
ee fragment d’Attius:.
Nikil credo augurihus , qui aures verhis devitant
Alienas , fuas ut auro locupletent domos.
On voií fur pluíieurs médailles des familles
lomaineSj 8¿ fur une fardoine érrufque de Stofch j
un augure Á&hoMZ, fans barbea tenant le limas
de la main droite. Les anneaux qui font aux doigts
de prefque toures les ñatues de bronze des empe-
reurs , trouvées á Herculanum ^ portent pour
gravure un lituus , & déíignent ieur dignité de
fouverains .chefs de la religión.
■Les Gaulois furent auífi adonnés aüs vaines
pratiques des augures , que les Grecs & les Ro-
mains.
Augarium cxltfle étoitj felón PaalluSj réclair
ou le tonnerre.
Augarium coaBum, augure extorqué en laiííant
jeuner les poulets facrés.
Augufium impetrativurn , préfage deliré 3 que
Ton ne pciivoit refuferv .
Augarium nauticum , étcit Tapparition des cygnes
que les marelots- croyoient erre d’un bon augure ^
parce qu ils’ ne s’enfoncent jamais dans Tonde.
j^oye:¡' Cygnes.
Augarium oblativum, augure fortuit, que l’on
pouvoit accepter ou refufer.
Augarium falutis , efpéce de divination par la-
quélle on cherchoit á connoitre íi les dieux accor-
deroient la demande qu’on leur vouloit taire pour
le bonheur & le falut du peaiple romain. On lui
confacroit chaqué année un jour ^ dans lequel
aucune armée n’étoit fortie de Rome pour com-
batiré fes ennemisj & ne Ieur avoit livré de com-
bar. Lorfqae Finfpection des viélimes ne pro-
mettoit rien d'facureux , on ne célébroit pas
Y augarium falutis ¡ & Fannée entiere s'écouloit
quelquefois fans que Fon put trouver un jour
favorable. Augufte étant conful pourlacinquiéme
fois avec Sextus Apuleius rétabiit cetce pratique
religieufe , qui avoit ité iíitefxoiapue peadant
A U G
quarante-quatre ans^ depuis le confulat de Cice-
rón & dC4ntoine. On la négügea encore aptés
cet empereur; car Tacite {Annal. xii. 23.) dit
que Claude la rétabiit de nouveau.
Pour rendre cet article completa Arus-
PICES 8c Auspices.
AVGURINVS ¡ furnom de la famille Mi-
SÜTIA.
A.UGL‘STA. Ce nom fut donné aux princeíTes
du feng des Auguftes des le Haut-Empire. On
trouve fur Ies médailles Julia Augufta , Antonia
Augufia j, Agrippina Augufla : ce nom fe lit fur
les médailles des princeíTes mémes qui ne furent
jamais femmes d’empereurs ^ relies que JuliaTiú,
Marciana , Matidia , 8cc.
Le moyen age conferva cet ufage ; car Herric
ou Henri ^ dans le prem.ier livre des miracles de
S. Germainj appelle indifFéremment Chrotéchilde
femme de CioviSj ou Reine, ou Augufte. .
Augusta en Cilicie. AYroYCTA?sí2N.
Les m.édaiiles autonomes de cette viile foat:
RRR. en bronze. (PellerinJ.
O. en or.
O. en argent.
Cette viile a fait frapper des médailles impe-
riales grecques > avec fon époque , en Fhonneur
d'Auguíle j de JNéronj de Gordien , de Valé-
rien.
AUGUSTALE. On donnoit ce nom a la tente
de Fempereur , qui étoit dreíTée dans Fenceinte
appelée Prétoire,
Aüg UST ALE , ( R'vyssg-e; , Suidas) étoit un ter-
rein confacré dans les Colonies á Augufte 8c fur
lequel les préfets & les gens prépofés au cuite
de cet empereur s'aíTembloient , 8c formoient des
danfes religieufes. C’eft ainfiqu’on en fornion dans
le forum des comeftibles ^ obfoniorum j en 1 hcn-
neur de Tibére.
AUGüSTALES^ Auguftalia, fétes établies en
Fhonneur d’Auguíre. Aprés qu’ü eut termine
toures les guerres de FEmpire , & reglé les aftaires
de SicÜe, de Gréce^ d’ Afie,. de Syrie 8c aesPar-
thes , on établit les Auguftahs ; le nom d Au-
gufte fut inféré dans les falles de Rome aa 4^“®*
ides d’octobre ; iV. eid. octob. august. 5 c elí-
á-dire, Augustalia. Ces honneurs lui .urent
décernés Fan de Rome 735, fous le confulat de
Saturñinus 8c de Vipfanius. Huir ans apres , uji
fénatus-confulte établit, á la méme époque , d-s
jeux púbücs , que Fon appela de fon nom-
fiatterie fit renouveler les mémes honneurs
chaqué fucceíTeur d’ Augufte ; 8c les jeux eta jIS
en leur honneur, que Fon appela
font répétés fréquemment fur les medaiiles
villes grecques. / ' v .
Gruter a publié une infcription trouvee ® ‘
bonne , fur laquelle on voue un facrifice a .
gufte , au jour anniverfairc de fa EaiffaBce , Q
eft ainfi expri^ée ;
A U G
VIII. K. OCTOBR. QUA. DIE. EÜM. SSCÜI.I
FELICITAS
ORBI. TERRARUM. RECTOREM. DEDIT.
AUGUSTALES. Augustaux.
AUGUSTAI.ICL Muratori (zoi6. 6. Tkef.
infcr.) rapporte une épitaphe dans laqueüe on lie
Aügustalicis ¡ probablemenr pour Augusta-
LIBUS.
AUGÚSTANI ^ nom des foldars d'une legión
que forma Nerón & qui étoient au nombre de
cinq miile. (Tacit. AnnaL xiV'. ij). IIs étoient
chargés d'applaudir ^ iorfqudi chantoit ou jouoit
des inílrumens dans les jeux publics. Par la fuite ^
un des comtes d' A frique en eut un corps fous
fes orares. On Ies reconnoiífoic á un bouclier
rouge j avec un globe blanc ¡k qtiatre cercles de
couleurs différenteSj qui lui fervoient de bor-
dare.
AUGUSTATICUM , largeíTe des empereurs
greesj appelée anciennement congiaire.
AUGUSTAUX j Augufiales , Aagufialis. Ces
nonas j qui fe trouvent naille fois dans les recueils
d'infcriptions ¡ dé.íignoienc piufieurs fortes de
perfonnes.
1°. Ceux qui conduifoient les premiers rangs
de l’armée j comme le ténaoigne Végéce (i?£i
milit. il. c. 7).
1°. Les préfets de PEgvpte, établis par Augufte
aprés la défaite d'Antoine Se de Cléopátre. 11 en
eñ fouvenr fait mention dans les ííiftoriens de la
By^antin.e ; ils réíidoient a Alexandrie.
3°. Tous les officiers du palais des empereurs.
4°. Selon Alciat, A'elfer^, Reineíius & d'autresj
un ordre diñingué de citoyens dans Ies Colonies
Se Ies MunicipeS:, qui tenoient le milieu entre Ies
décuiions Se le peuple. Les inferiptions des Colo-
nies dirtinguent fouvent ces trois ordres, en ces
termes : ordo, decurionum. augustalium.
ET. PLEBS. UNIVERSA 5 OU ORDO. DECURIO-
NUM. ET. AUGUSTALIUM Les décurions les
choiíiíToient.... c. vi. viR. augustalis. qui.
INTER. PRIMOS. AUGUSTALES. A. DECURIO-
eíibus. augustalis. factus. est. IIs deve-
noient quelquefois décurions 5 car on trouve ce
titre joint á celui ^ Augufial, augustalis. et.
iiEcuRio. Sans erre décurions , ils obtenoient
quelquefois la permiííion d'en porter les orne-
naens diftinclifs 5 comme Ies généraux romains
qui s’étoient illuílrésj obteaoient des empereurs
la permiíTion de porter les ornemens confulaires.
L. Aurélius Viclor^ affraiichi de Lucius Vérus^
eft nommé fur une infeription sacer. prim.
CORP. AUGUSTALIUM. ORNAT. ORNAM. DECU-
Rionalib.
Ces auguftaux des provinces étoient peut-étre
confacrés au culta d'Auguñe, comme ceux de
Home. II efi certain du moins qu ils jugeoient
íes affaíres relatives á la reiigionj aousl’apprenons
A U G 3^3
d’une infeription trouvée á Alcántara ^ dans la-
quelle celui qui parle dit ouod. eis. me.
VIVO. TRADIDI. CANDELABRA.’eT. LUCERNAS.
BILYCHNES. arbitrio. A-UGUSTALIUM. quo.
FACILIUS. STRATI. _JUS. PUBLICUM. OBIRE.
POSSiNT. IIs avoient rmfpection des jeux facrés.
Leur nombre fiit d’abord ñxé á íix comme celui
des augufiaux de Rome. Mais Tadulation le fit
augmenter au point qu'il falint en diítinguer plu-
íieurs ordreS:, auxqueis préfidoient les févirs au-
guftaux s car nous avons vu plus haut facerdos
prTmi corporis ^augufiaUum, &<:.■ L’honneur d’étre
févir s’achetoit dans certaines provinces , ainli
quon peut le conclure' de rinfeription fuivante,
rapportée par Smérius. . . : hic. pro. seviratu.
iN. REM. p. DEDIT. H-s. oo oo. Une feconde ^ du
méme Smétius montre qu’on faifoit quelquefois
la remife de cetre fomme : huic. ordo, de-
CURIONUM. OB. MERITA. EJUS. HONOREM.
AUGUSTALISTATIS. GRATUITUM. DECREVIT.
Une troiíiémé porte : iiiiii viRO. A.ugus-
TALi. GRA.TÜITO. D. D. - . . & UD.e quattiéme
donné á entendre que le févirat-augufial n’étoit
pas perpétuel > & que Fon pouvoit en étre de-
coré pluíieurs fois.... : faustus. tutus, libe-
ralis. VI. VIR. AUG. ITER.
5°. Enfin Ies augufiaux, appelés plus fouvent
flamines-auguflaux ou confreres- augufiaux , fodales
augufiales. C’étoient des prétres confacrés dans
Rome au cuite de Tempereur Augulle. Ce fut
Tibére qui inftitua ce collége de prétres, pour
offrir des facrifices á Augufle dans le temple qu’il
lui bátit j & qui aííigna des fonds pour leur fub-
íiftance. II ne dédaigna pas d’étre du nombre des
augufiaux , ainíi que Drufus, Claude & Germa-
nicus ; Ies autres , qui forméretit le nombre d-e
vinge-un , furent choiíis au fort parmi les citoyens
des premieres maifons de Rome. L’infcription
fuivante , confacrée á Néron , fiis de Germanicus ,
réunit fur fa tete tous les diíférens tiíres des
prctres augufiaux :
NERON!. CA.ESARI
GERMANICI. E.
VTI. AUGUSTI. N. DIVI. AUG,
PRON. FLAMINI. AUGUSTALI
SODALI. A-ÜGÜSTALI
L’un d’eux portoit le furnom de Tdhularlus , qui
défignoit fon emploi particulier. Sextus Apufius
Biebius VI. VIR. augufial I’avoit exercé.... tabu-
LARis ( peut-érre pour tabularius ) sacr. au-
gustalium. ,
Les autres colléges de pretres mñitues en i hon-
neur des fucceíTeurs d’ Augufte, qui furent déi-
fiés comme lui , portérent le nom génériqus
di augufiaux. -
AU GUSTE.
IzíPEB-ATOa CjSSAS-, BT-rz TILIUS, AlZGVS^.
3 fils adoprif de Jules-Céfar, fon onde.
Z i ij
TUS
3^í4 a U G
Ses méáailles font :
C. en or.
íl y a des revers R.
RRR. reftituées par Trajan.^
Gn a trouvé un médaillon d'or á’^ugufie , dans
les ruines d’HercuIanum. Le P. Khelí l’a publie.
C. en argent.
II y a un grand nombre de revers rares de ce
prince j & on peut en former une fuite de deux
cent-cinquante médailles d’ argent.
RRR. reftituées par Traían.
II y en a une dans le cabir.et du roí d’Erpa-
gne , & une autre á París j dans le cabinet d un
particuiier.
RR. en médaillons d^'argent.
R. en G. B. de coin romain.
Liles ne font ni raies ni communes en G. B.
fans k tete á’JuguJie, avec des noms de iii virs
Monétaires.
C. en M. B. de coin ronaain, & RR. au revers
de Tibére. ^ j
R. du méme module , reftituées par Claude ,
rieron, Titus, Domitien , Nerva & Trajan.
Liles font rapportces dans Oifelius.Sc Vailiant.
C. en P. B. de coin romain.
RR. en G. B. de Colonics.
C. en M. B. & R., au revers de Tibére.
C. en P. B.
RRR. en G. B. grec.
C. en M. B. & RRR., avec fa tete feule, ou
avec celle de Livie ; & au revers la tete de Rhé-
métalce > roi de la Thrace , feule ou accompa-
gnée de celle de fa femme.
C. en .P. B. grec.
R. en G. B. d’Egypte.
II y a des médailles de cet empereur en M. &
P. B. , avec des caraétéres puniques.
Les portraits ¿’Augujle font auíTi communs que
fes modeles. La ñatue du Capitole , qui le repré-
fente debout , dans la fleur de Táge , avec un
gouvernaii a fes pieds , & qui fait allufion á la
baraille d'Aélium , eñ d’un travail mediocre. La
prétendue ftatue aíEfe avec la tete á‘Augufie , qui
eñ dans le méme Jíuféum , nkuroit pas du j fe-
lón Winkelmann , étre méme citée dans la def-
cript'on de ce cabinet. Maffei (Gerona illuftr.') par-
íant d^une tete d* Augiifle , omée d*une couronne
de chéne , couronne civique , & .confervée dans
le cabinet de Eévilaqua á Vérone , doutoit que
Pon en pát trouver ailleurs une p^reille.- Mais on
fait qu'il y en a une femblable dansla bibliothéque
de Saint Marc a Veiiife. La viüe Albani feule of-
fre trois diSérentes tetes SAngufie , couronnées
toutes trois de feuilles de chéne. _
On voit dans le cabinet de Pornci , un beau buf-
te deLront.e , repréfentant un jeune homme avec
des oreillesde Parzcrútiajie , (yoyezOREiLLE)fous
la forme dkn bermés , & portant le nom de Tar-
tifte Apollonius , fils d’Archias athénien. 11 a été
pris maí-á-propos , felón Winkelmann j, pour rem-
A U G
pereur Augufte dans fa jeuneíTe > ce n’eft probable*
ment qu un lutteur.
Combien Diofcoriden’avoit-il pas gravé de por-
traits de cet empereur fur des agathes & d'autres
pierres précieufes , puifqu’il noivs en refíe un fi
grand nombre ! Buonarroti (Ojf. jop. ale. med. p.
45y' a pubüé une téte Augufte de la plus grande
beauté , qui eft confervée a la bibliothéque du
Vatican. Cette téte eñ gravéefur une caicédoine,
& a pies de qiiatre pouces de hauteur.
La colleétion des pierres gravées du Palais-Royal
renferme une belle téte du méme prince , & fon
portrait au pied , avec la foudre & Pégide , em-
blémes de Júpiter. Mais ces deux morcéaux font
éclipfés par un autre portrait Augufte de la miéme
colledion. I! repréfente cet empereur jufqu aux
hanches ; & le travail en eñ traite par mépkts ,
genre que Diofeoride femble avoir affeélé , felón
Mariette. Cet ónix a plus de trois pouces de hau-
teur. Le tréfor de Saint - Denis en France fournit
un pendant de méme hauteur a ce bel ónix ; & c eft
auíTi une téte Augufte dont les connoiffeurs s'ac-
cordent a faire honneur au fameux Diofeoride.
üne téte á’ Augufte , gravée par cet artiñe, qui
appartenoit á la maifon Maffimi , mais qui fut bn-
fée en trois morcéaux , étoit remarquable par une
barbe courte que n^’ont pas les autres reres de cet
empereur. Cette particularité pourroit indiqtier ,
felón Winkelmann , la défaite des trois kgions
de Varus , dont Augufte fut fi affligé ,qu il lailla
croitre fa barbe. On remarque encore cette barbe
courte á une té^e d’Othon de la ville Albani.
Auguste Ce titre d’honneur fut donne C,
Jules-Céfar Odtavien par un décret du fénat, 1 an de
Romeyió ,aux ides de janvier.MunatiasPlancus,
voyant que plufieurs fénateurs vouloient lid don-
ner le furnom de Romulus , comme^ a un fecond
fondateur de Rome , propofa de Pappeler AUt
GUSTE , nom qui défignoit un endroit ou un per-
fonnage confacré par quelque augure , ou par
quelque cérémonie de religión. Son avis futfmvi,
& on donna áentendre que Pempereur avoít mente
ce glorieux furnom , en foumettant au joug ^
Rome tout Punivers connu. Cvide nous en dona
cette raifon dans fes Lañes (i. jSj*)'
Idibus in magnis caftus Jovis tde facerdos
Semimaris fiammis vlfieru lihat ovis-
'Reddhaque eft ornáis populo prov'-ticia noftroS.
Et tuus Augufto nomine diñus evus^
Et fv. 600.J :
' Sancía vocant Augufta paires ‘Augufta vocantier
Templa ^facerdotum rite dicata manu. _
Jíujus & augurium dependet origine verbi ,
Et quodeumque fuá Júpiter auget opi-
Les Grecs rendirent íe nom S Augufte par cJi|_
de SEBASTOS , & le donnérrnt á tous
{^xíx&ói Augufte j a Texemple desRoBiains>eP
A U L
KVLimperturSzAuguñe devinrentfvnoíiymes.Marc-
Aureie psrtagea ce tirre avec LuciusV eruSj qu li af-
focia á i empire. On vit aiors^pour Ja premiérefois,
deux Augufies en méme - tenas ; & Ton marqua
cette année i6i'= dans Ies Faltes ,par ie confulat
des deux Augufies. ^ ^
Les fucceííeurs des empereurs délígnes ou aíio-
ties á l'Empire^étoient d'abord crees Cefars , en-
fuite nommés Augufies. Le Fére Pagi a cependant
íoutena , contre ropinion communej qu il falioit
avoir été Augufie pour por.voir etre nomme Cefari
& 51 le prouvoit par Texemple de V alentinien I ^
qui proclama fon frére \ ¿lens ^ ugufie ^ avant que
de I'avoir creé Céfar. Mais ce fait ell le feul de ce
genre , 8c nc doit former qu’une exception á Tu-
fage ordinaire.
Les peuples qui fuccédérentaux~Homains, don-
nérent auffi á leurs Souverains le nom Augufie,
comme on le voit par d’aneiennes monnoies de
Childebert j de Clotaire & de Clovis.
Auguste. (princeííe) Augusta.
Auguste. (papier d’) V. Papier & Papyrus.
Augüste. (maufolée d’) V. Maüsolée.
Af^IARIVS. On trouve dans Muratori {Thef.
znf. poó.)un affranchi d’Augufte dont Poffice ^ dans
la maifon de cet empereur , étoit d’aroir foin des
voliéres. II eft appelé aiileurs Altiliarius {ih. 937).
On en trouve un chargé du méme foin , appelíé
Aviarius ; & un troiíiéme reunir ces deux
noms dans Finfcription fuivante :
D. M.
OLO. PLUTIO. SUCCESSO.
Priscus
L. VARI. AMEIBOLI.
AVIARIUS. ALTILIARIUS.
AF7SPEX extifpzcinus. On trouve un aruf-
pice déíigné fous ces deux noms, dans une inf-
cription du Tréfor de Muratori ( 171. 7).
AVITE, tyran fous Marcien.
Marcius Mjecjlius Avjtvs Augvstus.
Ses médailles font :
RP.R. en or.
RRR. en argent.
RRR. en P, B.
AVIUM fartor. Gruter (580. 15. Thef. infcr.
Gr&vii) rapporte Tépitaplie fuivante :
ANTIGONUS. DRUSI. CAES
AVIUM. FARTOR.
PRIMILIA. FECIT
conjugI. B. M. -
Cétoit fans doute le méme que TAviarius.
^ • ce mot.
AULA, ¿vx?s dans Homére. Athénée (v.)
dit que c'étoit un efpace découvert. Cependant
les écrivains qui ont employé ce mot aprés ¡e
A V O 3^5
prince des poetes, ent délrsné de grandes falles ,
des falles á manger en particuiier , le palais des
princes, Stc.
Auiu Ador.idis. Voyez JaRDINS.
Aula Augufiana. V. PalatiUM.
AULMU M.. V. Tapisseries & Toile de
tkéátre.
AULERCI, dans Ies Gaules. aulirco.
Les médaffies autonomes de ce peuple font :
RRRR. en argent.
RRR. en bronze.
O. en or.
AULIDE , lieu fameux dans rhiíloire ancienne ,
par Pembarquement des Grecs pour la guerre de
Troye , & par le facrifice d'Iphigé.nie. C étoit
un port de la Béotie, fur le détroit qui fépare
du continent Tiñe d'Eubée, aujourd'hui Négre-
pont.
AULIS , filie d’Ogygés , fqeur d’Alalcoménie ,
& Pune des nourrices de Minerve. Alalco-
MÉNIE.
AULON , arcadien , un des héros á qui la
Gréce eleva des monumens héroiques.
AT’Aíi'niS, cafque alongé. II étoit pointu
en forme de cóne , orné dLn grand panache ,
avec des joues. Tei étoit, felón Homére, celai
de Dioméde.
AULUS. Ce prénom eft ordinairement dé
íigné fur les marbres par un A. On le trouve écrit
tout au long dans Finfcription fuivante de Gruter,
oú il eft ñom propre :
PRO. SA
ANTONINI. AU. PII. F.
P. AULUS. P. F. PALATINA
POSTüMIUS. ACILIANUS
PR.ÍEF. COH. I. DELMATAR
AVOCATS. Les Romains les appeloient
Advocatí , caufidici ou cmifarum añores , 8z cogni-
tores. Leurs fonéiicns etoient difünguées de celles
des jurifconfultes , juridid , qui ne plaidoienc
point, mais qui faifoient feuls des confultations,
& exer^oient une efpéce de magiftrature privée.
Les avocats ne devenoient point jurifconfultes ,
& chacune de ces deux ciaffés étoit toujours dif-
tinguée de Fautre.
Les Romains avoient beauconp de confidéra-
tion pour les avocats. Lesliéges du barrean de Ro-
me'étoiént occupés par des confuís & des féna-
teurs , QLí fe renoient honores déla qualité áAvo-
cat. Les mémes voix qui commandoierit aux
peuples , étoient auffi employées á les défenare.
Ceft pourquoi Ies empereurs préférant la robe,
á Fépée , donnoient aux avocats le titre de com-
tes & de clariffimes. On les appeloit auffi Bono-
rati & Patroni. Ce dernier nom exprimoit la recon-
noiíTance que lescliens devoient avoir poureux,
& qui devoit égaler celle des afi&anchis pour ieurs
3^^ AYO
andens maítres pour Ituxs patrcns. Enfin I Ernpe-
reurThéodoíe , aprés avoirréunidaus fa Kovelle ,
de fofiulando , tous les éloges imaginables pour
les avocats , conclut que Ies priviléges quil leur
accorde font peu de chofe pour un ordre auíTi no-
ble & auíli néceíTaire-
La profeíTion A’avocat s’aviiit á Roir.e dans la
fuite pendant le temps de la répabüque. Ceux qui
afpiroient aiix charges & auxhonneurs ,plaidoienc
■gratuitement , pour acquérir la bíenveillance du
peuple , & pour fe faire des cliens. Alors les fé-
* nateurs eulTent eu honre de rendre leur éloquence
vénale ; ils ne cherchoient que la gloire &: la ré-
putation. Mais depuis que la faveur du peuple ne
fervit plus á parvenir aux d'gnités , & que les avo-
cats ne furent plus récompenfés par les charges ,
ils devinrent mercenaires. Ils vendirent leur zéle
& leur colére. Ils ranqonncrent tellement leurs
parties , que le tribun Cincius fit une loi appelée
de- fon notn Cincia , pour cornger cet abus ; ede
défendoit aux avocats As. rienexiger de leurs cliens.
L’empereur Augufte ajouta une peine á cette de-
fenfe 5 8c Claude regardoit comme un exenaple de
fageffe , la loi par Tlaquelie_ ü ne leur permit de
prendre par caufe que dix mille fefterces j c’eft-a-
dire 2232 ou 19 3 3 liv. felón M. Pauclon.
Dans les caufes d'appareil , les avocats^ ne par-
loient que revetus de la toge , ce qui rendir le^mot
de toge fynonyme á ceux de Barreau & d élo-
quence. Saumaife ( in Tertull. de pali. p. 79.) dic
qu ils plaidoient quelquefois avec la pínula, man-
tean de voyage : peut-étre á f époque oú cet ha-
billeir.ent deftiné á défendre de la píuie & du froid
devint (f un ufage commun dans la vüie méme.
Les avocats plaidoient debout auprés des fiéges
des juges ; mais pendant que Taceufateur plaidoit ^
Vavocat de l'accufé reltoit aíTis fur le méme bañe ,
& confondu avec les autres avocats qui affiftoient
á Faudience j afin quildemeurát inconnu jufqu'á
rinñant de plaider. Cicéron fait mention de cet
ufage dans fa harangue pour Rofcius ^ c. 22. &
c. 21. •
Lorfqu’un accufé étoitammené fubitement de-
vant le tribunal du juge il avoit droit de lui de-
mander un avocat , s’il ne vouloit pas fe défendre
lui- méme ; ce qui s’appeloir advocatorem petere. Le
c préteur lui en affignoit iiu, Cicéron nous a con-
fervé le bon-mot d’un Sicilien , {de orat. il. 6^.J
á qui le préteur Scipion avoit afligné pour avocat
fon bóte , homme d'une naiiTance diftinguée , mais
d’un efprit trés-borné ; donnez-le ^ jevousprie j
dit-il au préteur , á mon adverfaire ; enfuite ne
m’en aflignez point : qusfo , pretor j adverfario
meo da ifiuTTipatroniiTn : deinde mihi neminem de-
deris.
Hadrien nomma le premier un avocat du fife :
i! en eft fait mention dans le recueil d’infcriptions
• de Gruter , fous le nom de advocatas fifei. On y
trouve auíIi cdvocatus reip. & dans Muratori ad~
•pecatiís de fngularibus. Les Jingulares OU Jingularii
A U R
étoient des foldats ou des fergens attachés á tel
ou tel juge parciculier.
AVOINE. ce Chez les anciens Romains ^
Vavoine, avena, bromos , ne faifoit pas un grani
objet de culture. On la femoit dans i’automne^
avec les autres bíeds d’hiver. Au printems, oa
la coupoit pour-Ia donner en verd aux beíliaux,
ou bien on la faifoit fécher pour faire du foin.
On fe contentoit d’en lailfer mürir ce qu’ií ea
falioit pour la femence. Mais les Germains en
faifoient une culture plus férieufe } ils en tiroient
leur nourriture ^ & en grande partie ils vivoiení
de gruau ou de bouillie avoine. Pline, aprés
avoir rangé le bromas dans la claíTe de la t^ea,
le range aillears dans celle de 'iayoine; il dit
que cette plante porte un épi qui reíTemble a
cehii de I’herbe ou du gramen ; que fa rige &
fes feuilles ont beaucoup de rapport avee celles
du triticum mais que fes femences pendent des
fommités de la rige en forme de locules^ ou de
petites bourfes ; ce qui déíigne parfaitement l’a-
(M-étrol. de M. Paucion).
AURaRIA, mine d’or.^F. Mine.
AURAB.II , étoient les 'ouvriers qui travail-
loient Por. Muratori rapporte dans íonTkefauriis ,
I répitaphe d’une femme appelée Auraria Sc
Alargaritaria. Les perles faifoient partie de foa
commetce , ainíi que Por.
ATJRATüRIS (as) Aiigufti:
‘ D. M.
■M. tJLPIO. AUG, LIB. DIONYSIO
QUI. FUIT. AB. AüRATURIS. &C.
(Fabret. infer. c. lo.p. jij). Ce Dionylius étoií
fans doute un affranchi oceupé a Pentretien des
vafes d’or ou dores du palais d’ Augufte.
AUREA, furnoih de Venus.
Aurea. (R.oma) Yoysz Aureus.
Aurea étoit . felón Feftus ^ un mots qui le
fixoit auprés des oreilles du cheval.
AURÉLE, (Marc) adopté par Antonin.
Marcos Aurelios Antoninus Augüstcs»
Ses médailles font:
C. en orj quelques revers font R.
C. en argent; il y en a trés-peu de tares-
R. en médailles grecques d’argent.
C. en G. B. de coin romain.
RR. au revers de Fauftine.
RRR. au revers de V érus.
II y a beaucoup d’autres revers rares.
C. en M. B.
RRR. en G. B. de Colonies.
R. en M. B. & RR.. avec fa'téte
Vérus.
RR. en P. B.
celle de
R. en G. B. grec.
C. en M. B. &: RR. .
avec la tete
du roíAq#
gare.
A ü R
C. en P. B.
C. en médailles de broaze d’Egypte.
II }• a un grand nombre de mtdaiilons de bronze
latins & grecs de ce prince.
Marc-Aiirele fixa á Ficulneum, bourg ficué jadis
prés de Rome j des revenus pour fournit aux
frais de Téducation d’un certain nombre d'enfans
de Tan & de Tautre fexe. F". au mot AliMsx-
TARiij l’infcription quien faitfoi.
Un grand nombre de portraits de ce bon prince
font venus jufqu á nous. Mais le plus célebre de
ces monumens , eít la ftacue équeílre de bronze
qui eil élevée Air le Capitole devant ie palais du
fénateur. Elle fut placee d’abord devant i'eglife
de S. Jean ^e Latran ^ parce que la maifon ou
cpit né’cer empereur ^ fe trouvoit dans cette re-
gión. La ftatue qui montoit alors le chaval ^ a
probabletne.n.t été enfevelie fcus les ruines de
Rome dans ie moyen age j car dans la vie du fa-
meux tyran Coló diRzen^o ^ il n'eft parlé que du
chevai appelé á cette époque le cheval de Conf-
tandn. Lorfqudl j avoit á Rome des réjouiiran-
ces^ pendant le féjour des papes á Avignon , on
faifoir couier pour le peuple du vin Se de Teau
de la tete de ce chevai : du vin rouge de la
narine droite , & de Teau de la gauche ; car alors
on ne buvoit d’autre eau que celle du Tibre ^
les aquéducs étant détruits ; & on la vendoit
dans les rúes de Rome ^ comme on le pratique
encore á Paris.
_ Ayant vu dans le trefor de Tabbaye de S. De-
nis-en-France une ftatue équeftre d'argent doré
en partie , qui fert de burette aux grandes folem-
EÍtéSj nous la reconnúmes auííi tót pour une co-
pie de Fancienne ftatue équeftre de Marc-Aurele 5
copie que Fon emploie encore au mésae ufage
auque! on faifoit fervir autrefois Foriginai dans
les fétes publiques
Le fénat de Rome donne chaqué année un
bouquet de fieurs au chapitre de S. Jean de La-
tran 3 comme unhommage parlequelil reconnoít
Fancien droitde cette églife fur la ftatue de Marc-
Aurele. Lorfq’Aelie fut transportée au Capitole ,
en créa un office public j qui rapporte dix écus
lomains par niois , 8c ceiui qui en eft pourvu
Sáppeile Cuflode del Cavallo. Cet office en rap-
peiie un autre de Rome plus ancien encore ^ auífi
inutiíe j mais plus lucratif. On Fappelle Lettura
Tito Lzvlo. I¡ rapporte annueliement 5C0 écus
Tcmains alfignés fur le grenier á fel. Ces deux pla-
ces 5 a la nomiuation du pape , font affeétées á
de certaines maifons de la plus ancienne nobleíTe
de Rome. La maifon de Conti oceupe toujours
I3 derniére , lors ménie qu’aucun membre de
cette famille n'auroit vu ni connu Fhiftoire de
Tire-Live.
M. Falconnet, fculpteur célebre, qui a fait
le modéle de la ftatue équeftre dn Czar Fierre,
* jngé le cheval de Marc-Aurele avec une févi-
A U R 3Í7
rite qui paroit outrée & deplacée dan$ un cri-
tique, dont le jugement n’a porté, de fon propre
aveu, que fur áes plátres. Ldüuftre Winkelmann ,
qui nous fournit une grande partie de cet arri-
cie, & quiaveit vu & étudié irdíle fois le chevai,
en a jugé pius favorabiement. En convenaat de
quelques défaats de cette ftatue , qui , ayan: été
renverfée & enfouie, a du néceífairement fouf-
frir des altérations, il dit expreffement que la tete
du cheval de Fempereur Marc-Aurele , ne fauroic
étre mieux tournée, ni plus fpirituelle. U.i cheval
auífi défeclueux que ceiai qu a critiqué M. Fal-
connet , n'auroit certainement pas excité Fen-
thouíiafme du célebre Fierre de Cortone, au
point de iui faire diré : Marche done ¡ ne fais-tu.
pasque tu es an/W.r paroles qu'ii adreíTa cependant
au cheval de Marc-Aurele.
11 y a peu de colleclions d'antiques dans lef-
queües on ne voye des copies de la ftatue équeftre
de Alare- Aurele. Le cabinat de Sainte-Genevieve
en renferme deux : Fuñe, qui a fept pouces de'
hauteur , eft évidemnient moderne, mais ancienne
de plus de cent ans5 Fautre n’eft haute que de
trois pouces &c demi avec fon piédeñal, & elle
paroit antique. li faut appliquer á ces nombreufes
copies les réflexions qu a faites le comtc de Caylus
fur celle qu'il poíTédoit.
Peut-étfe, dit-il , les Romains ont-ils voulu
rendre hommage á la vertu , en reproduifant
pluíieurs copies , & de différentes grandeurs ,
de Idmage d"un prince qui avoit fait Ies délices
de Fhurnaniré. Les Italiens eux mémes ont fa-
briqué dans les premiers tems , oú Fon étoit
moins éclairé & moins en garde contre la fur-
prife , pluíieurs copies de cette ftatue , une de
celLs quon a retrouvées les premieres, pour
flatter les étrangers , fur qui Cette figure faifoit
toujours plus d'iiripreífion , parce qu’elle íeur
rappeloit un prince auífi fage & auífi bienfaifant.
Quoi qu’il en f&it, on rencontre difficüement de
ces bronzes en petit, dont on ne puiífe révoquer
en doute Faurhenticité.
Ceiui dont je vais parler , mérite une excep-
tion á cet égard 5 car il eft inconteftablement
antique. La figure de Alare- Aurele eft bien deífi-
née , bien réparée , & tres- bien á cheval. La
tete du prince, infiniment reffemblante , & tra-
vaillée avec le pías grand foin, eft dorée du tems,
ainíi que Ies bras & les jambes. Ces bigarares
plaifoient beaucoup aux anciens ; les Grecs en
avoient donné Fexemple aux Romains. Les mar-
bres de couleur, For, Fivoire, le bronze, fe
trouvoient fouvent alliés dans leurs ouvrages de
fculpture en ronde-boffe. Nous avons heureufe-
mentbanni céttefauííe magnificence, qui diminue,
i.nterrompt Feífet, 8c ne produit aux yeux qs'un
papillotage dégoíitant. (B.ec. d’Ant. il.p. 299).
La fage défiance que témeigne ici le comte de '
Csylusj n’a pas dicté i’infcription qui eft ¿trice .
3ÍS A U R
au bas de la gravure d’une ñatue équeftre appir-
tenant au comte de Pembrokj confervée á Wil-
ton en Angleterre. (_Defcr¿iione ddle Pitture,^c.
Firen-ie, 1754- fiama i). Lavoici : «Premiére
» ftatue équeílre de Marc-Aurcle , qui valut au
53 méme fculpteur d'étre employé pour faite la
» grande ñatue de ce prince, done le cheval différe
de celui-ci. ^
La maifon de Carpegna poílede á Rome une
ñatue armée á la romaine , á laquelle on a
adapté une tete át i'Aarc-Aurele.Yúyxttú, jugeant
de ce monument Se de fon pendant par l’infcription ,
M. MüMMius c©S. qui eft fur les deux bafeSj
a cru qifiis étoient un travaii grec , & que le
conful Mummius les avoit anportes a Rome apres
le fac de Corinthe. Mais le deftrudeur de Corinthe
s^’appeioit Lucius ¡ d^ailleurs , Parmure dont les
deux figures font revétues , eft du tems des em-
pereurs ; & enfin les bafes actuelles ne font pas
celles qui Ies portoient autrefois , puffque Pon
voit des pieds nouveaiix fur ces bafes nonvelles.
Cn connoit pluíieurs buftes en marbre de Marc-
Amele , trois entr’autres á la ville Borghéfe 3 une
tete de marbre du méme empereur dans le ^abinet
de Sainte-Geneviéve de París ^ une tete coloíTale á
la ville Ludovifi, qui eft peut-étre la feule de
bronze qui nous refte de Marc-AmeU.
AURELIA, famille romaine dont on a des
médailles :
C. en argent. .
RR. en bronze.
p. en or.
Les furnoms de cette famille font Cotta,
Or^stbs , Rufüs, Scaurüs.
Golttius en a publié des médailles inconnues
depuis lui.
Aurelia aqua. Voyez AquÉDUC.
Aurelia porta. V. PoRTE.
Aurelia vía. V. VoiE.
AURÉLIEN.
Lucius Doaíitius Aureliaxus Augüstus.
Ses médailles font :
RR. en or.
II y en a qui font trés-rares, á caufe des revers.
RRRR. en médaillons de méme métal.
II Y a un petit médaillon d'or de cet empereur
dans le cabinet du Roi_, & dans ceiui de Sainte-
Geneviéve.
R. en argent bas oa potin.
R. en petirs médaillons latins de bronze , au
revers de Sévérine.
RRRR. en petits médaillons d’Egypte ^ oú
Auréiien eft en regard avec la tete d’Athénodore.
H eft au cabinet du roi , & Pellerin en a publié un.
C. en M. B. latin ; RR. du méme module ^ avec
la tete du foleilj & la Icgende fol domlnus im-
■perii romani, au revers Auréiien qui facrifie devant
■iin autel.
C, en P, B, latin & d’Egypte.
A U R
AURÉLIOPOLTS, dans la Lydie. atphAíO-
nOAITON & AYPHAlOnOAlTAIC.
Cette ville a fait frapper fous rautetité de
fes préteurs, des médailles imperiales grecqiies
en I’honneur de Commode , de Gordien-Pie.
M. Eckhel en a publié une médaille autonoiiw
unique.
AEREOLE, tyran fous Gallien.
Maxius Acilius Aureolus Augustos.
Ses médailles font:
RRRR. en or.
Elles font rapportées par le P. Banduri.^
O. en argent.
RR. en P. B.
li y a un coin faux de ce tyran. •
AUREUS. L’empereur Othon III introduilit
dans les feeaux fexpreiüon roma: au re a, ceft-
á-dire , princeps . Cette formule a ere marquee
non-feulement fur les bulles de plomb des em-
pereurs plus .réceos , mais encore fur celles de
piufieurs papes. Les uns 8c les autres ont voulu
faire entendre par-lá qu ils étoient maitres de U
ville de Rome, capitaie du monde. ^
Dans le moyen age, on a nommé aureum touc
ce qui tenoit lé premier rang. C'eft ainli que 1 ab-
baye de Corbie enFrauce, a été appelée par les
anciens Corbzia aurea , pour la diftinguer de 1*
nouvelle Corbie ou Corvey en Saxe. On lit dans
Ies annales de ce monaftére : Chryfofiomus nojler
ahiit ad Corheiam auream in Francia. Ceít danS
le méme fens qu on a appelé xMayence, Mogmtta.
aurea. , ,
Aureos ,momo\e d’or des Romains, appeice
luífi folidus , la méme que les médailles conlu-
laires Se imperiales d’or. ils n’en frapperent qu a-
prés Pan 544 de Rome. _Sa valeur fut c ange
trois fois : voici révaluation que M.^Pau 0^
a donnée d'aofés fes confiderations lur au. c ,
que Pon trouvera á Particie Or des r
Vaureus valut, depuis Pan de Rom.e 544 I»'
qu^á Pan 5Ó0, 30 iivres , raonnoie actu-
ll valoit , en monnoie ancienne des
3 i onces d’argent, ou zo deniers, ou 4 4
naires, ou So feñerces, ou 320 as. ^
Uaureus valut , depuis l an de ¿g
qu’a Pan 58Ó , 36 Iivres, monnoie attu..
li valoit alors, cn monnoie des
4 onces d'argent, ou 24 deniers, ou 48 q
ou 9Ó fefterces, ou 3S4 as, ° ' gg iuf-
L’aureus valut, depuis Pande
qiPau régne de Ciaude ou de Néron , ü
monnoie aétuelle de France. ^ Unmains ^
II valoit alors , en monnoie des
3 I onces d’argent, ou 24 deniers , ° ¿t
naires, ou 9Ó fefterces, ou 192 onces _
cuivre, ou 584 as. , rUiiás
l/aureus valut , depuis le regus
A ü R
de Nerón jufqu’á Conflantin, 19 liv. &: f?? naon-
noie aéluelie de France.
II valoit alors en monnoie des Romains ,
3 I onces d’argent, ou 25 denierSj ou 50 qui-
iiaireSj ou 100 fefterces ^ ou 400 asj ou 4800
onces de Tas.
Actreus , poids & monnoie des Grecs. Voye^
Statére d'qr.
AURIBUS s. D. D. Gruter (89. ó. Thef. infcr.
Grs.vii ) rapporte rinfcription fuivante , done il
explique ainíi les figles B. D. d. , auribus hons.
de& dicavit :
AURIBUS
B. D. D.
PETRUSIA
PROBA
MAGISTRA
G ALGESTI
HERMEROT
A U R
21 ; les fecondes Agonales le 22 > Ies Robigales le
2j 5 & les Florales le 28.
Avril étoit le fecond mois de Tannée de Ro-
muluSj qui commenfoit par mars , & il avoit
30 jours. \Numa le réduilít á 29 , ge Céfar lui
en rendir 30. Les nones étoient le 5 , & les ides
le 13. C'eft á Vénus que les anciens Romains
ravoient confacré ; mais les Grecs ^ fuivant Suidas ,
rayoient mis fous la protedion d’ApolIon.
AUPAPIGMENTUM. Voyez Orpiment.
AUPO potorio. (ab^
Auro efeario. (¡zb)
"|Ces deux expreflions
défignent, dans des inferiptions rapportées par
Gruter & par Muratori , des ofEciers de la maifon
d'Augufte , chargés du fpin de la vailTelie & des
vafes d’or.
Auro gemmato (ab). L’ofEcier de la maifon
d'Augufte j défigné par ces mots dans une inf-
cription du Tréfor de Muratori, pag. 883, n°. j ,
étoit prépofé á la garde des vafes á boire ornes
de pierres précieufes. Martial parle de ce luxe,
{xiv. IC9.):
C’eíl ainfi que Jules Capitolin dit qu’Alexandre-
Sévére coníacra deux perles pour les oreilles de
Vénus : auribus Veneris eos dicavit.
AURICHALCUM. Voyez ORicitAzcujif.
AURI C O CTOR. Muratori (97(3. 6. Thef,
infcr.') rapporte une infeription dans laquelle on
lit ce mot : c. selius. alex auricoc-
TOR &c. Cétoit un affineur de l’or. Aurum
coquere, dans le Code Théodofien fignifie aifiner
Tor par le feu. On y voit auífi aurum coBum pour
obri:^um. Voyez Affinage.
AURIFEX. On trouve dans Muratori aurifex
Aug. , Augufis. , Cef. , Ti C&faris , aurifices Livis
Augufléi, &c. Leurs fonétions étoient de fabriquer
des anneaux & des vafes d’or , comme nous Tap-
prenons d'une infeription rapportée par .Spon,
{Mifcel. Erudit.feB. 6.) LnOVERAT HIC DOCTA
FABRICARE MONILIA DEXTRA ET MOLLE IN
VARIAS AURUM DISPONERE GEMMAS.
AURIGA. Voyez Cocher.
AVRIL; ce mois, qui fe trouve toujours
dans le commencement du printems , étoit con-
facré á Vénus. II eft figuré par un homme qui
femble danfer au fon de quelqu inftrument. Au-
fone dit : « Avril rend fes honneurs á Vénus
“ couronnée de myrte. En ce mois , on voit la
* lumiére mélée avec la fumée de Tencens , pour
^ féter la bienfaifante Cérés. Le flambeau placé
>•> auprés di Avril., jette des flammes mélées d’o-
” deurs fuaves. Les parfums , qui fuivent tou-
Jours la déeíTe de Paphos, ne manquent pas
’= ici. » Les fétes de ce mois étoient les jeux Mé-
galéfiens , qui commenqoient le 4 , & durcient
nuit jours ; Ies Cereales & les jeux du Cirque
^ lo ó les jeux en Thonneur de Cérés le 12; Ies
■tordicides ou Fordicales le 15 ; les Paliliennes le
Aníiquítés , Tome I.
Gemmatum fcythicis ut luceat ignibus aurum.
Pline fait mention plufieurs fois de cette pro-
digalité , (AV. 37. 2.) : Quinimb etiam jus vide-
mur perdidijfe corripiendi gemmata potoria ; &
Eb ufque procedente luxu , utmulti gemmas digitis
detrañas poculis infererent.
AURORE. Héfiode dit que V Aurore étoit filie
de Théa & d’Hypérion , & fteur du Solei! & de
la Lune ; qu’ayant époufé Perfé , elle eut pour
enfans les Venís, les Afires & Lucifer; que de
Tithon , fon fecond mari , elle eut Memnon , roi
d’Egypte, &Hermathion; Se de Céphale, fon
troifiéme époux, Phaéton , qui fut fi cher á Venus,
U Aurore eft repréfentée avec un grand voile ,
montee fur un chara deux chevaux, de couleur
de rofe , qu’Homere noinme Lampus & Phaéton :
le voile qu’elle a fur la tete eft fort reculé en
arriére, pour marquer que la clarté du jour eft
déjá aííez grande , & que Pobfeurité de la nuit
fe diílipe. Uoye^ Céphale , Memnon , Orion ,
Tithon.
Apollodore Faccufe du rapt d'Orion, qui,joint
á ceux de Tithon & de Céphale , font les trois
dont la Mythologie a chargé la déeffe aux doigts
de rofes. Au reñe , ces rapts ne font peut-étre
que des allufions íngénieufes aux noms de ces
amans. Orion, par exemple, exprime en
grec les limites des conftellations ; & Pon fait que
y aurore les fait difparoitre ou íes enlev'e , dans le
langage poétique.
On voit cette déeííe conduifant un bige fur
la pierre 44= du Pahis Royal. Par un accidenr
trés-heureux, I Aurore & les deux chevaux y font
a-peu-prés de la méme couleur que tous les poetes -
s'accordent á leur donner. On fait que la couleur
des pierres déterminoit fouvent les ardiles á j
370
A U S
iepréfenter certaincs dívinkes preíerablefHent a
d'autres.
AUSIA , nympne que Protée rendit mere de
Mera.
AUSES , peup'e d’Afrique dont parlent Héro-
dote Ser Pomponius-Méla. IIs difent que Ies filies
de cette contrée fe battoient tous les ans entre-
elles avec des piertes & des batons j en 1 non-
neur de Minerve. Ceiles qui niouroient de leurs
bleíTures laiífoient une réputation de fageíTe tres-
equivoque. Mais Pon eélebroit, au cqntraire ,
avec poíTipe le triomphe de la filie vidtorieufe ^ &
on la promenoit dans un char autour du lac Tri-
tonjen.
AÜSPICES. C etoit dans Porigine une claffe
d’homrr.es qui prédifoient Pavenir par 1 infpedtion
da vol des oifeauXj comme les arufpices par celie
des vidiimeSj 8¿ les augures par ie chant de ces
mémes oifeaux. Plutarque dit {QuaJI. Rom. 72-)
que ces diftinclions furent oubliées par la fiutej
& que Pon étendit le ncm des augures a ceux qui
dans Porigine avoient éte nommes aufpices. De
forte que les articles Aruspice & Augure doi-
vent étre reunís á celui-ci j pour Paire une expoíi-
lion complette de cette fuperfiition des anciens ,
dont Euripide fe moquolt deja dans la Gréce.
Servias voulut établir des I’gnes de feparation
entre les aufpices & ¡es augures. En voici^ les
principaux points. 1°. Les augures examinoient
Ies chants des oifeaux , & leur vol etoit feul etu-
dié par les aufpices. 2°. Teus les obiets íeníibles
fourniíPoient matiere aux obfervations des augures ;
les oifeaux feuls occupoient les aufpices. 3°. On
ne pouvoit exercer les fonélions ¿ augure que
dans fon pays natal : ce n’étoit pas la méme chofe
pour les aufpices : aufpicari cuivis etiam peregre
licet y augurzum agere , nifi in patriis fedibus , non
Ucet. 4^. Enfin , le nom ¿'aufpices etoit confacré
particuliérement aux obfervations religieufes des
confuís, des genera ux & de tous ceux qui tiroient
des préfages hors de Rome.
On n’aíTembloit point le peuple romain , on ne
livroit pas une bataille á fes ennemis, fans avoir
pris les aufpices. C’étoit la mémeluperftition dans
Pintérieur des tnaifons ; & les aufpices afliíloient
á tous les mariages. Juvénal en parle comme de
miniftres auíli néceffaires pour les fian^ailles que
les témoins {Satyr. x. 33Ó.) :
Veniet cumfignatorihus aufpex.
La dot etoit comptée en leur préfence. Suétone
voulant exprimer en détail le markge de MeíTa-
line avec C. Silius , du vivant de Claude fon mari ,
dit : quam citm comperiffet C. Sillo etiam nupjtffe ,
dote Ínter aufpices confignatá.
Les magiftrats plébéiens n’étoient pas créés ou
élus aufplcato , c'eít-a-dire , aprés que íes aufpices
SYoient éte pris. Les magifixats patriciens skrro-
A U S
geoient ce droit exclufiveinent, comme fious Pap.
prend Appius dans Tite-Live (vi. 41.).
On ne prenoit les aufpices que dans un endroit
public 5 & nous voyons dans Dion (xli.) que les
confuís a Antioche, & deux cens fénateurs avec
eux, ayantvoiilu prendre les aufpices, achetérent
aux dépens du fife, pour cette cérémpnie , un
terrein qui demeura public depuis cet inftant.
Toas ¡es ordres de PEmpire Romain prenoient
les aufpices le premier iour de chaoue année,
pour faVoir fi elle feroit heureufe. Ovide Pattefte
dans Ies Falles (i. 167.) ;
Témpora commiji nafeentia rebiis agendis ,
Totas ab aufpicio ne foret annus iners.
Quifque fitas artes ob ídem ddibat agenda ^
Nec plus quam fiolitum teJKfcatur opus.
Columelle (xr. 2.) dit que les habirans de la cam-
pagne prenoient auffi Ies aufpices aux calendes det
janvier‘, en ébauchant toutes Ies diverfes efpéces
de leurs travaux. Les empereurs imitérent cette
pratique reiigieufe, & ils prenoient aumémejour
les aufpices pubiiQuetnent, au nom de tout^i Em-
pire. Cet ufage dura jufqu á Trajan. Q. Meteílus
étant devenu fouverain pontife , ^ defeneit de
prendre des aufpices apres le mois fextilis oi
d’aoút. ,
Les aufpices , ázns une armée & dans une expe-
dition , fe rapportoient uniquement au general
ou au chef de Pentreprife. Les fubalternes ne
combattoiení & n agiíToient que fous fes aujpices;-
méme lorfque le general avoit eté rf
maladie , Se nkvoit pu affifter á 1 aftion. e
Dourquoi on n accordoit ni le titre dimperator,
ni le 'triomphe , ni Povation á un commandanc
en fecond , quoiqu il eút remporté '
On la rapportoit toiite entiére _au chet lous íes
aufpices duquel il étoit cenfé avoir combattu.
chef prétoit á fes fubalternes fes aufpices o ^
bonheur , fi Pon peut fe fervir de cette ^ P.
fion Dour mieux peinare Popinion des Ro •
De -la vient quHorace dit d’Augufie (
14. 33.):
Te copias, te conflium , é" ^tios
Prsbente divos.
Et Suétone , du méme empereur : DomuR
ducluj partim aufpiciis fuis.
/»nínn (T'rrfi. jT.
Per quem bella geris , cujas nunc corpore -
Aufpicium cui das grande , deojque
íf“C-
Tous les mtniñres de la religión
toient un idióme particulier pour ^ jj,otS
cérémonies , & ils conferyoient mus
furannés. Les aufpices avoient aufli ui
confacré , dont nous alions expUquer u *
partie.
A U S
Aufpicium facere , fe difoit des oífeaux lorfque
íeur augure étoit farorable, & qu’il encourageoit
á former quelqu^entreprjfe. C'eft dans ce fens
qu’Horace dit que la paflion confeille, aufpicizim
facit, comme íi elle étoit un oifeau de bon augure
(EpS/. II. 8s-):
...... Jl vitiofa libido
Fecerit aufpicium
Aufpicium turbare ou vitiare , annoncer que les
aufpices ne font pas favorables.
Auf 'icium dirimere , troubler les aufpices. On
attribuoit cet eífet par exeinple , á rapparition ou
au cri des fouris. {Plin. 8. 57.) : Soricum occentu
dirimi aufpicia, anuales referios kabemus.
In aufpiciis filentium, déíignoit un aufpice fans
aucun vice irritant. Uaugure demandoit de quelle
nature étoit V aufpice des poulets, par exemplej
le pullarius répondoit filentium fibi videri , qu'il
ne voyoit ríen de contraire á V aufpice que í’on
deliroit. Cette réponfe n’étoit pas un préfage ,
mais un préparatir néceíTaire au préfage.
Aufpicium ex acuminibus. Cicéron parle en deux
endroits de cet aufpice , qui n’étoit en ufage que
dans les camps & les places d armes. Quelques
interpretes n'ayant pu découvrir l’efpéce de cet
aufpice, ont corrige le texte de Cicéron, & ont
Voulu lire ex agminibus , au-lieu de ex acuminibus.
Mais cette correñion devient inutile , aujourd'hui
que la connoiíTance des phénomenes de f éleélricité
a mis á portée d’expliquer Y aufpice ex acuminibus .
11 fe tiroit des étincelles , ou plutót des aigrettes
de lumiére que l’on vmyoit btiiler á la pointe
des lances, lorfque le tems étoit difpofé á fo-
rage.
Aufpicium eaducum , aufpice tiré d’une chute.
On tiroit un préíáge lorfque le hafard faifoit
tombe'r un chapeau, une couronne , une robe,
un cheval ou fes harnois. Plutarque rapporte dans
vie de Brutus deux aufpices de ce genre, quí
préfageoient la défaite des vengeurs de la liberté.
Le premier fut , felón lui , de voir lé liéleur pré-
fenter á Caflius une couronne renverfée ; & le
fecond fe tira de la chute de celui qui portoit
une viéloire d^or de CaíEus, & de la chute de
•cette méme ílatue.
Aufpicium clive , aufpice qui empéchoit de for-
ffier quelqu'entrepri-fe ; car Feftus dit que les Ro-
tnains appeloient clivia toutes les chofes diíE-
cfies.
Aufpicium eoacíum. Voyez. Augurium coaElum ,
au rnot Augure.
Aufpicium juge , étoit la rencontte de deux
cu de plufieurs animaux attelés ; ce préfage étoit
runefte. Reftus aopelle auíll aufpicium juge , celui
que Ton tiroit á la vue d’un animal attelé qui
íendoit fes excrémens.
AufpicÍ!¿i^ liquidum , aufpice clak Zc précis ,
dans un moment oü Je ciei pur & íérein
A U S 371
ne jetoit aucun doute fur robfervation. Cet aaf-
pice fe trouve joint ordinairement a avis finifira
dans ¡es aurears latins , chez lefquels les préfages
heureux étoient tous tirés du cóté gauche , le
tonnerre feul excepté. Píaute (Epid. il. t. i.) :
Liquido exeo foros
Aufpicio , avi finiflrd,
( Pfeud. il, 4. 72.) :
Avi finifird, aufpicio liquido , atque ex fententid.
Aufpicium majas & aufpicium minus. Cette dif-
tinéiion portoit fur Pefpéce de tnagiftrature dont
étoient revétus ceux qui prenoignt les aufpices.
Elles étoient divifées en grandes & en petítes
magiítratures; 8cl.es aufpices étoient auái de deux
fortes.
Aufpicium nauticum, aufpices ou oifcaux que
confuítoient les marins avant de s'embarquer.
Horace fait fouvent alluílon á ces préfages. {Epod^
X. I.) :
Mala fotuta navis exit alite.
(^Epod. XVI. 24.) :
Ratem occupare quid moramur alite f
Claudias Pulcher & Flatr.inius fiirent punís,
difoit-on, pour les avoir máprifés.
Aufpicium pedeftre , augure que l’on tiroit de
la rencontre d’un animal terreftre, tel qu’un re*
nard, un loup, &c.
Aufpicium perenne. Cet aufpice étoit , feloíl
Feftus, celui que i’on prenoit en traverfant un
ñcuve ou un ruiffeau dont les fources étoient
facrées. Pour prendre cet aufpice , Ies magiftrats
romains traverfoient l’qau Petronia , lorfqu’ils
alloient &irfi quelques fonciioas dans le chasnp
de Mars.,
Aufpicium peftiferum. On donnoit ce nom aux
aufpices , lorfque i’on ne troiivoit point de coeur
dans une vidinie , ou lors que la tete de fon foie
manquoit.
Aufpicium piaculare , étoit celui qui fe nroit
d’un événement funefte arrivé penáant le facri-
fiee, tel que la fuite de la riaime, fon mugiiTe-
ment a l’inftant de l’immolation , fa chute fut un
cóté réputé finiftre , &c. Virgile en parle {uEneid,
//. 224. } ;
.... Qualis fugit cum faudas aram.
Taurus , & incertam excujpt cervice fecurim.
Aufpicium prstermine. On donnoit ce nom auS
aufpices que Pon prenoit en paíTant des ierres du
peuple romain fur ceiles d'une autre nation.
Aufpicium finifirum. Bon augure poar íes Ro-
mains, Qui re^atíioisnt coinnic avantagcux tous
les prodiqes opérés du cóté deleur main gauche :
en quoi ils étoient diamétralement qppofés aux
Crees- Varron {Ling. Latín, vi.') dit que Pon
fufpendoit aa cau des enfans ¿es reprefeutadoa»
A 3 a.
371 A U S
obfcénes, pour empécher que ríen ne pútdétnure
Feífet des ¿tufpices de la main gauche, ne quid
ohfít bonsL fcsLv& caufa : de-la vint le furnom de
fc&vola.
Aufpicium viule , toute rencontre funefte. Si,
par exemple , une beíette traverfe le chevnin , un
1 uperílitieux , dir Théophraíle , ne continuera pas
fa route íans avoir fait paffer avant lui quel-
qu autre perfonne, ou fans avoir jeté trois pierrÉS
au-delá du chemin.
Aufpiclám urbannm, aujpice que les maglítrats
appelés ZJrhani prenoient dans la ville, &c.
AÜSTER étoit, conime les autres vents, fils
d'Aítrée & d’ Aurore : c'étoit le vent du midi.
Voici comment Ovide le reprefente ; ce il volé
avec les ailes mouillées, le vifage couvert d un
nuage épais & obfeur , & la barbe chargee de
» brouillards. Les nuées aíTemblées fur fon firont,
» font couler l'eau de fes cheveux, de fes ailes &
» de fon fein. Des que ce vent orageux a raffem-
33 ble les nuages , & qu’il les a entaffes les uns fur
33 les autres , on entend un grand bruit , & la
>3 piule tombe en grande abondance. 33 ^
Le vent du inidi eft brulant en Italie; il d^f-
féche Ies campagnes & les parterres. AuíS \ir-
gile dit-il {Eclog. 1. V. j8.):
Ekiul quzdvolui mlfero miki? tlorihus Auflrum
Perditus immifi
Et Stace (A j./Z-v. v. 129.):
Pubentefque rofí primos morluntur ad Aufiros.
UAufier étoit auíTi nuifible aux hommes qu aux
végétaux; c’elt pourquoi Horace dit de lui (^Od.
14. lib. 2.) :
Frujira per autumnos nocentem
Corporibus metaemus Auflrum.
Un autre écrivain Tappelle plúmbeas Aajler, á
caufe de la laffitude que Fon éprouve pendant
qu'il foui3e.
AUSTERUS color ^ étoit chez Ies Romains
une couleur quelconque trés-foncée. Pline (/x.
c. 380 dir de la belle pourpre : Nimiaque ejus
nigrities dat auflerhaiem illam nitoremque qui qu&-
ritur cocci.
ALTEL. Hérodote (//v. 2. c-A-) dit que les
Egyptiens font Ies premiers qui ayent -confacré
aux dieux des temples , des ftatues & des autels,
Ceft pourquoi nous commenqons cet arricie par
les autels egyptiens , auxquels on pourra rappor-
ter ceux des Perfes.
Autels egyptiens et des akciens Grecs.
Eaufanias , décrivant Vuutel de Diane á Elis, ob-
ferve qu’il reíTembloit aux autels égyptiens, en ce
qu’il alloit en s’élargifíant de la rabie fupérieure
iufqu’á la bafe. Dans un deíTm rapporté de la
Haute-Egypte par Paul Lucas , on volt quatre
prétres facrifiant une oie qui eft placee fur un autel
formé par une colonne que fupporte une bafe
A U S
s'élevant en dimiuuant de largeur, & terminée
par une bafe femblable , mais plus petite & ren-
verfée, fervant de table ^ autel. Si Fon ajoute a
ces deux monumens X autel égyptien décrit par le
conite de Caylus ( Rec. d‘ ant. i . 67. ) , on aura
une notion précife des autels^ de ce peuple, &
Fon verra que leur caraéiére diftmétif eft de s ele-
ver en diminuant , pour s’élargir enfuite vers la
table- Voici fes paroles:
« Ea hauteur générale de cet autel égyptien
eft de deux pieds neuf pouces trois lignes , &
dans tomes fes parties il eft exaélement roña fur
fon plan; mais comme il va en diminuant depuis
le pied jufqu’á Fendroit qui dans la partie fupé-
rieure prend la forme d’une gorge, ce monument,
qui avoit quatorze pouces de diarnetre dans la
partie qui pofe á terre (n°. 4) -- uen a que £x
& demí á Fendroit le plus étroit , déterminé par
une banuette ou moulure ronde d un pouce de
haut ; & commenqant de-lá a s’élargir , il s’évafe
jufqu’á la hauteur de cinq pouces ; de fa^on que
le deílus du monument dont je donne le plan
au n°. 5 , fe trouve avoir cinq pouces de dia-
métre. Cette partie, creufée dequelques pouces,
repréfentc aíl'ez bien une efpece de plat ou de
patere , & il s’y trouve au centre un trou d’en-
virón trois pouces de profondeur ^ dont je
donnerai plus bas Tufage., II dimaginer
que Fautre trou de pareille prorondeur qm eu
fous le monument, n’y a été pratique que pour
Farréter & le fixer fur le pavé da lieu ou il
-étoit anciennement placé. II eút eu mpvaue
srace , fi fon contbur fút venu mounr cru-
ment fur ce pavé , & c’eft ce qui ma engage a
élever le monument fur une plmte ou mouUire
carree de deux pouces dix ligues de haut. “
cc Malgré fa grande antiqmte , & les dan e.s
qu’il a dú courir dans le tranfport , n elt en-
dom.magé qu en quelques endroits ; ,
fraélures n’empéchenr-elles pas qu on J ,
ce qu’il étoit avant qu’il eát fouuert ces t
tions. Les hieroglyphes dont il eft enne ,
aníTi entiers que s’ils fortoient des “ a ,
veur ; & Fon ne fauroit aíiez admire
gance & la fineíTe avec lefquelles lis font
vaftlés. 33 , \
«Je fuis perfuadé, í 'Aoa’on
que celui-ci eft un autel égyptien, & ) p P ■.
en fera convaincu par les raifons Luvute
fer. Paul Lucas avoit deffine aans la
un monument oü Fon voit O.uatre pre
au facrince d’une oie. autel w ' pgjuj
mal paroít deja immolé, eí.- 11 fem lam
que j’ai fait graver, que ce ' raoports
pour décider la queftion ; mais a ant
rendent encore la chofe plus «yens le®
que les Grecs ont emprunte des ¿g-lá
cérémonies religieufes. On peut conciure ^
qu’ils en avoient reiju 1 u.age ¿A ■ g Jes
autels j & ilne s’agit plus que
premien autels des Grecs avoient quelque reflem-
blance avec ceiui que /ai d'abord décrit. ”
Parmi Ies monumens que M. l’abbé Fourmont
avoit fait defiicer dans fon voyage du Levant ^
entrepris par orare du roí j il s^eíi trouvé cinq
autels , que je mets fous les yeux du leíteur j afin
qu'il foit en état de les copaparer avec celui que
j'attribue aux Egyptiens. LTautel du n°. auroit
fuffi pour établir cette comparaifon 5 inais les
autres nou'; apprennent que les Grecs ont mis
plus de variété que les Roinains dans la. forme
de leurs autels. M. Fourmont m"a aíTuré que les
cinq autels gravés dans certe planche ^ font un
peu évuidés fur leur furface fupérieure j que dans
le milieu de cette méme furface , on voit un trou
de quelques pouces de profondeurs & qu’enfin
il y en a deux quí font percés fur Ies bords de
quelques autres trous plus petits, dans lefquels
ií avoit trouvé du plomb & des relies de fou-
dure. Je croirois que les trous ont été faits pour
arréter & fixer une baíEne de cuivre, cu pour
aíTeoir plus aifément la viélime , ou plutót afín
den recueiüir les cendres avec m.oins de peine.
II y avoit aufli des fiches ou des pointes de métala
auxquelles on attachoit la viélime. »
Autels des Grecs depuís la guerre de Troye
Autels des Romains. Les différences qui
peuvent exiíler entre Ies autels de ces deux na-
tions , dont le cuite fut á-peu-prés le méme ,
font prefque nuiles ; c’eñ pourquoi nous les réu-
niíTons dans le méme arricie.
ün autel étoit une élévation deftinée á offrir
des facrifices á quelque divinité. Les Grecs lui
donnoient le nom général ¡¡¡ípel; , mais Ies Latins
créérent ceux á’ara & ¿‘alzare. lis donnérent le
dernier nom aux autels fur lefquels on facrifioit
aux divinités fupérieureSj & ils dérivérent altare ,
ah altítuilne. Ara défígnoit indiñinélement, chez
Ies Latins ^ les autels des dieux fupérieurs , 8c
ceux des divinités inférieures.
Les Grecs admettoient une diftinéiion plus
fortement prononcée entre les diverfes efpéces
á’ autels. Les uns étoient tres - hauts j celui
de Jupirer-Olym.pien iPaufarJas , Eliac.) entre
autres étoit elevé de vingt-deux pieds grecs; on
Ies confacroit au cuite des dieux du ciel , appelés
Gííl ¿final. Les dieux terreftreSj reís que Veíla ,
laTerre, la Mer , &c. & lesHéros, n’avo’ent
que des autels peu eleves , appelés í!ryji¡a.; , des
foyers. On creufoit des foiTes ^ y.íx.y.as , pour
facrifier aux diviaÍKs infernales , fouterremes j,
ly.cyjailaig. Potphvte ajoute á ces trois efpéces
¿l autels , les endroits confacrés paTticu'iérement
au cuite de l’univers & des nymphes ;■ c’écoient
des antres obfcurs. Mais toutes ces dillinétions
fe pe rdirent dans la fuite ^ 8e on les confóndit
ordinairemern. les uns avec les autres.
Gn placoit ordinairement' les autels du coré
oe rori.ent , á J’entrée des temples , & devant
í-s ílatues des divinités j qui en occupoient ordi-
* i V.. i p / p
nairement le centre. Lorfque le tnoment du fa-
crifice étoit venu , on ouvroit les portes du
temple , afin que le peuple , rafíemblé fous les
portiqaes ext-írieurS:, pút voir Y autel & la vic-
tíme ; car les prétres feu!s,& quelques perfonnes
priviiégiées ^ entroient dans la celia , c’eft-á-dire ,
dans rintérieur des temples ; tout le peuple prioit
fous les portiques extérieurs : c^eít pourquoi Ies
temples antiques en font ornes fur le devant , &
quelquefois fur leurs quatre faces.
Les premiers autels ne furent faits qu'avec da-
gazon ; & les poetes les rappellent toujours ,
■lorfqudls veulerst peindre la fimplická des pte-
miers rems. Ovide (Fafi. i. 341.) :
Ante déos homini quod .concillare valeret ,
Far erat y & puri lucida mica falis....
Ara dabat famas herhis contenta fahinis.. ‘
Tertullien les appelle temeraria altarla (Apolog,
c. ZJ.) : Frugi religio , & pauperes ritus , & nulla^
Capitolia certantia cáelo , fed temcrakis de cef-
pite ALTARIA. Ges autels de gazon font défignéS'
dans Virgile fous le nom ¿z graminee. ar&. {Mneid..
XII. II 8.) :
In medíoque focos , & dís communíhus aras
Gramíneas
On les élevoit fous des arbreS:, ou on les cou-
vroit des rameaux de Tarbuíle confacré á la divi-
nité que Ton vouloit honorer^ de chéne-vcrd pour
Júpiter , de laurier pour .4polÍon , de myrte pour
Vénus^ de peuplier pour Hercule,, de íierre;, de
pampre & de figuier pour Bacchus , de pin pour
le dieu Pán , de cyprés pour Pluton & pour Syl-
vain , &c. Ces rameaux étoient défignés ordi-
nairement par Ies Latins ^ fous le nom gé'nérai'
vERBEirzs j qui étoit cependant celui de la ver^
veine. Horace (Od. i. i^. 13.):
. Ric viuum mikí cefpitem , htc
Verbenas y pueril ponite.
Ces monceaux de gazon ^ quoique confacrés
fur le fommet des m.ontagnes aux divinités fupé-
rieures, & aux inférieures dans les vaIléeS;,*ne
portoienr pas toujours le nom ¿í autel ^ car Héfy-
chius & Fhavorin appellent les facrifices que Poa
y faifoit , ÍTvtrlce.t íneZaifAft , offrandes fans autel. .
Les pierres remplacére.nt le gazon ; 8c ron
voyoit encore un autel de cette maciére dans le
ítade d’OlympiCj confacré á Hippodamiej felón
Paufanias. La frique, le marbre & les métaus
précieux fuccédérent aux limpies pierres.
On fe fervit mime de cendres pour fabriquer
des autels , qui n’itoient alors qu'un monceau de
cendres cimenté par le fang des viélimes. U autel
de Jupiter-OlympieD, dont nous avons parlé plus
haut, & qui avoit vingt-deux pieds grecs d'élé-
vation j II étoit fait q’f avec Íes cendres des victimes-
i 74
A U T
brálées en i’honnear du dieu. Faufanias decrit
8n fembiable íiiiul d’ApoIlon de cendres,
á Thébes.
Les anciens mettoient au nombre des fept
merveüles du monde, un antel fait ayec des
comes d’animaux entaífées. On le voyoit á De-os;
& Fon difoit qu'ApolIon , age. de quatre ans .eu-
lement, Tavoit fabriqué avec les comes des che-
vreuils tués par Diane , fa fceur , fur le mont
Cinthius- Piutarque l’avoit vu , & difoit qu il
avoit admiré la forcé de fentrelacenient^des cer-
nes, qui form.oient feules Xantel, fans ^re lices
par aucun ciment ou corps étranger. Eu-tathe
( IViad. 0. ) place cet autel á Ephéfe ; ce qui prou-
veroit , sdl n’y a pas erreur dans le texte , que
ion avoit fabriqué deux femblables aatels.Osíáí
en parle comme d’une chofe merveilleufe {Heroi ■
XXI. 99.) :
M-iror & innumeris firnñam de cornibus aram.
II ne faut pas confondre ces comes de che-
vreuils as'ec celles dont on ornoit íes angles des
autels carrés. Les écrivains grecs & latins e,n
parlent fouvent. Nonnus (Dyonifiac. lib. ^.96.) .
¿it qu'Agavé voulant accomplír 1 orare de f-ad-
mus, monta fur une montagne élevée, & oftnt
une brebis fur un autel orné de belles ^rney,
On négligea par la fuite
de íTsettre de véritables comes aux autels ^mais
en les fi^uroit fouvent par quatre parties aigues
Se faülantes qui s'élevoient au-deffus de la rabie
de Vautel. Les tnédailles romaines nous offrent
cuelquefbis des auiels avec des comes d animaux ,
mais le plus fouvent avec ces comes fadiiees ,
qui fe retrouvent aux autels antiques des collec-
tions de Rome.
Les autels ét.oient diílingués en dqux efpeces ,
lelativement a leur ufage. Les premiers, fur leE
quels on ne brúloit point de viñjmes , s appe-
ioient ou a'taí^Aic'eoí , fans fcu ou jamais-
enfanglantés- , brulant-, etoit le ncm des
autels fur lefquels on confumoit les animaux.
Lacree, dans 'la vic de Pythagore, parle ^ d"un
autel de l,a premiere efpece , dedie ^ Apoilon ,
que r.on voyoit a Délos , aupres du lameux autel
fabriqué avee des comes. Ce p’niiofophe le -falúa
ayec refpeíl , conformément a fes principes 5
’ parce qu^on n^y offroit que du bied , ac 1 orge
& des gáteaux, fans y ailumer jamais de feu pour
brúler des vidtimes. Jupiter trés-grand ,
avoit de méme un autel ( Paufanias , Arcad. ) ,
fat lequel on n’cffroit rien qui eút eu yie. Cecrops,
roi d’Athénes , f avoit ainfi ordonné, & ron ny
peuvoií p.réfentercue des eiteaux appeiés irsXasaí.
Tacire parle d'uu autel dédié a \ énus-Paphienne ,
fui lequel on n'offroit point de vidfim.es ; rnais
©a V faifoit brúler des parfums , folis f recibas
igr.e puro adolebant. ( Hif!:. ll)- Quoique cet
suíel fúí a ^n ne ppuvoit eependant
A U T
pas l’appeler ; il formok une troiílémc
efpece.
On confacroit les autels avec beaucoup de
folemnité , ainfi que les temples. ( Voye-^ Con-
secration). Pour en perpétuer la mémoire_, on
aravoit fur les autels les noms ou Ies attributs
des divinités auxquelies ils etoient ^ dedies , les
noms de ceux qui Ies avoient fait. elevar , & la
caufe pour laquellecils avoient ete faits. Les
Recueils d’Antiquités du comte de Caylus ren-
ferment deux autels dedies a la dteffe Onga ,
apportés en Erance par Fourmont, & qui font
dépofés parmi Ies marbres de I academie des inf-
criptions & belles-letrres. Le premier eft un autel
fur lequel on lit : KAEOAAMA OFAI, Cleodama a
Onga y ou Cléodama a confacré cet autel á la
déeffe Onga. L’infcription eíl en boufirophédon,
c’eft-á-dire, que Ies deux lignes vont alternative-
ment de droite a gauche, & de gauche ádroite.
II XI y a qif un gamma dans le mot OTAi , parce
que Fufage étoit alors de fupprimer lesjettms
doiibles. Enfin , Finfeription étant en üialeae
dorique, le darif du mot oFA a dü fe terminer
de méme en A, & on y a joint un I, qui ancien-
nement caradlérifoit ce cas, & quon a remplace
depuis par un I foufcrit. Cet autel, cui el. tres-
ancien, eft de pierre noire; il a deux^piedy Sr
demi de hauteur. Le fecond eft de meme hau-
teur que le premier , d’une meme qualite de
nierre', & s'eft trouvé dans le méme endroir.
L’infcription rFeft pas entiére 5 & les deuxynots
qui reftent font croire que cet autel avoit ete au.u
confacré á la déeíTe Onga par Démetna , qui
peur-étre étoit une prétreffe de fon tempie.
Les Romains avoient le méme ufase. Ori en
trouve mille exemples dans les Recueils m -
criptions 5, & nous .n’en rapporterons qu un leut
pris d’un autel trouvé á Rome:
c. JUNIUS. ANICF.TUS
SOLI. DIVIKO. SUSCEPTO. VOTO.
ANIMO. LUBENS. D. D.
Les anciens élevoient des autels pour des caufes
res-difterentes Ies unes des autres. Ls en avoie-*
neme de trés-petits dans kurs laraires ,
mmtifs, qu’ils appeloient folubilcs, yonx ^
myages. On dreíToit á volonte ces petits auMs,
íc Faufanias (//é. é. ) parle de pluueurs ■
lortatifs que Fon dreíToit fous ae F j.
iques dédiésá .Júpiter, & qi*® .
:ement , parce qu’ils etoient faits de
aífées fans beaucoup de recherche.
On élevoit fouvent des autels
:iéres d’un pavs, afin d’en rendre h® “
:rées & inviolables. Ces frontieres dailleur^
n’étoient fixées quelquemis qu apres . ^
8c des traites de paix. Les auiels qui a\ ‘
ácesrraités&iauAfermensquiIe-saccosxip Z, ■
A U T
ea devenoient des témoins roujours fubíiftans.
Alexandre , revenu de rexpédinon des ludes ,
voulut imiter Hercule Se Bacchas^ difent Strabon
& Quinte-Curce ; ii fin conítruire douze autels
avec des pierres taillées, pour conferver ia mé-
moire de fes conqueres. 11 ne faut pas les con-
fondre avec les autels confacrés aux douze grands
dieuxj que le meme conqaérant avoit déja élevés
a Tentrée de TAfiCj felón Juñin (/i¿. il- c. y.)j
ni avec ceux qu il áreífa á fon départ d’Europe ,
en fhonneur de Jupirer-Deícenfear^ de Minerve
Se d’Hercule. Les hiftoriens Se les géographes
nous foiirniflent un grand nombre d’exemples
de cet ufage*, qui éroit a ia fois politique Se reii-
gieux.
Nous avons vu á rarticle Asile ^ que les autels
fervoient chez toutes les nations, meme chez les
barbareSj de refuge aux malheureux , aux efclaves
Hialcraités Se aux fuppiians. Ceux-ci fe réíugioient
auprés des'aaíí'/jj s'aííeyoient fur Icurs degres. Se
gardoient un profond filence. Leur attitude expri-
moit leur douleur, leur deíir Se leur demande.
Ceft ainíi que dans fOdyfleeAH. i)}-) , L'lyíie
s’aífied fur la ierre aupres des Lares du roi Alci-
noüs , dont ii venoit implorer la proteciion.
Thémillocle s'étant refugié chez les Moloffes,
s’aíEt de meme chez Admete , aupres des Lares
ou du foyer qui leur éroit confacré Se leur fer-
voit dlautcL , pour émouvoir ia pitié de ce jeune
roi.
Ceux qui offroient un facrifice devoient tou-
cher Vautel , & répérer avec le prétre les paroles
facrées ; fans quoi Ton croyoir que les dieux
refufoient leurs hommages. Les loix de Niima
défendoient aux concubines de toucher les au-
tels, parce qu'eÜes les auroient fouiliés. Lorfque
ce facrilége avoit été commis j la concTibine de-
roic le réparer en immolanr un agneau,, en laif-
fant íiotter fes cheveux au gré des vents j Se
pendant cette offrande , le prétre ^ tourné vers
l’onent, répétoit trois fois, á voix haute, une
priére conque dans des termes furannés , qui
étoit confervée dans les livres de Numa.
Oii faifoit auffi toucher l’autel a ceux qui pré-
toient ferment. Virgile a exprimé cette cérémo-
nie {^JErieid. XII. 201.) :
Tango aras , medlofque ignts , é? numina teflor.
Le poete a parlé leí d'une maniere conforme aux
uuges de Tantiquité la plus reculée. Car Théon,
interprétant Aratus , nous dit que dans la guerre
des Titans, tous Ies dieux fe liérent enfemble par
un ferment redoutable prononcé autour d'un
cüíí/ cui devint depuis une conífellation , Se qui
fit naitre l’ufage de toucher Ies autels en prétant
ferment ; cet ufage étoit exprimé par les mots
fuivans 5 aras tangere , lorfque Ton juroit de bonne
fot 5 mais íi Ton fe parjuroit, on fe fervoit de
1 ^^^teSionjlagt liare aras ¡ parce que j felón Perfe
A U T _ 375
(Suíyr. ir. 48.) , celui qui faifoit un faux fer-
ment paroiijoit frapper á coups redoablés la
divinité done ü infuiroit Ies autels par fon crime.
Ceux qui étoient prés de mourir, embraíToieiit
anfli les cuicis. C’eft dans ce fens que fon d¡t
dansTííercule furieux de Séneque QI. 1. yol-):
Conjugia quor.iam pervicax nojira ahnuis ,
Regemque ierres : feeptra quid pojlra , Jcies»
CompleBere aras j nullus cripiei deus
Te mihi.
« Lmbraííe les autels , fi tu veux ; mais aucune
divinité ne pourra te foufiraire á mes coups. =3
On élevoit fouvent des- autels aux^morts &
aux dieux Mines. La plupart des tombeaux portent
en abrégé la formule Diis manibus ou d. m. ,
qui en faifoit des efpéces a autels confacrés aux
divinités. D'ailleurs , on leur élevoit des autels
proprement dits fur íes fépultures. Nous en don-
nons au mor Asci^ un exempíe pris entre milis.
Suétone le témoigne dans la vie de Nerón j ií
dit que Pon plaqa dans un tonibeau un feuii de
porphyre , furmonté d'un autel de marbre de
Luna In eo monumento folium porphyretici
marmoris fuperftante Lunenfi ara.... Et Siiius Iia-
licus (xrx. 309.) :
.... Odorzferís adfpergens f.orihtts aras ,
Tum manes vocat excitos.
Les cendres des morts tfétoient pas nécef-
faires pour Péreétion des autels. On en élevoit
á leur mémoire. C’eft ainíi que Virgile peint
Andromaque facrifiant fur le cénotaphe d'Hedios.
(r/L 305.):
íihabat clneri Ándromache , manefque vocabai
üecloreum ad tumulum , -viridi quem ce [pite inanem
Et geminas , caufam lacrymis facraverat aras.
Se (//¿. 6. 177.) les Troyens faifant des funé-
railles fur le cénotaphe de Palinure :
Haud mora j fefiinaní Jlentes , aramque fepulcri
Congerere arberibus , cceloque educere tentant.
Tache peignant la douleur des habitaos de ITtalie
á ia vue des cendres de Germanicus, parle des
autels qu'ils élevoient fur leur paíTage {Anual,
iil. 2. ) : . . . Etiam quorum diverfa oppida , tamen
obvii , ií viciimas , atque aras diis manibus fia-
tuentes y lacrymis & conclamationibus dolorem tefia-
bantur. Gerir.:;niciis lui-méme conduifant les lé-
gions romaines contre les Germains , rétablit Y autel
confacré á Drufus, que les barbares avoient ren-
verfé {Annal il. 7. 3.) : Veterem aram. Drufo
Jitcm disjeeerunt ¡reflituit aram. Cependant le corps
de Drufus avoit été rapporté á Rome. Suétone
dit encore de ce frére de Tibére {Claud. c i. n.j.')
qu'a fa mort, arrivée dans la Germanie, Parméc
qu'iJ commandeit Itú eleva un tombsau fait a la
3-6 A ü T
háte , autour duquel chaqué année Ies troupes
rotr.air.es devoient faire des évolutionSj & les
députés des confédérations gauloifes devoie.ut
faire ¿zs fuppLications.
Dans les camps , íes autels étoient places devaBt
la tente des empereurs ou des généraux. Cette
pofition étoit conforme aux rites facrésj caril
falloit que le facrificateur fat tourné du cote de
Torient , Se , li la chofe étoit impoffible j vers un
fíeuve ou vers un chetnin. On fait que la prin-
cipale rué du carap étoit alignée fur la tente d_u
chef ; de forte que le facrificateur fe trouyoit
placé vis á-vis de farmée & de la porte Preto-
rienne^ qui étoit toujours tournée du cóté de
Torient ou de Pennemi.
En s’embarquant, on ne manquoitpas d’élever
des autels aux divinités de la mer ; on immoloit
un taureau á Neptune & a Apollon , des brebis
noires a la Tempéte, & des blanches aux Zéphirs :
Üigram kyemipecudem , Zephyris feliclbus albam.
L’on jetoit leurs entrailles dans les flots, & Pon
re levoit point Pancre fans s etre aífiiré de la pro-
teétion des dieux.
Quoique chacun eút de petits autels dans fa
maifon, pour y facrifier aux Lares, aux Génies,
aux Junons & aux divinités protectrices de fa
famille ; prefque tous les adíes importans de la
vie civile fe faifoient devant les autels. C'étoit
aux pieds des autels , comme nous Pavons vu ,
que Pon ratifioit les traites pour les rendre invio-
lables , que Pon prétoit ferment , que Pon célé-
broit íes noces, que Pon fe juroit une amitié
étroiteí c' étoit enfin autour des autels que Pon
donncit les feftins publics 8c religieux.
On élevoit des autels pour obtenir des dieux
des bienfaits perfonnels , ou pour les remercier
des graces que Pon avoit obtenues non-feulernent
pour foi-méme , mais encore pour fes parens ,
fes a.mis, fes patrons 8c pour les .4uguftes. Les
Recueils dfinfcriptions Patteílent á chaqué page.
Suétone dit d’ailleurs dans la vie de Caligula,
(c. 8. n. j.) pour indiquer le lieu de fa naiffance,
que Pline Pancien aíTure dans fes écrits que cet
empereur étoit né dans le pays de I reves, dans
un endroit oú Pon voyoit des autels avec cette
líífcription :
OB AGRlPPINAp
PU ER.PERI U M
Lorfque Pon vouloit honorer quelque diví-
nité , on entouroit fon autel des rameaux de
Parbufte qai luí étoit confacré. On en faiíbit des
^uiriandes dont on entouroit Ies autels ,• c'’eíl
pourquoi Virgile les appelie des colliers , torqaes
(^Georg. IV. 176). On les couvroit aufli de fleurs,
& Stace a réuni ces deux circonílances dans Ies
vers fuivans (Tkeh. 8. 298-) :
A ü T
. Geminas ergo ilicet aras
Arboribus vivís & multo cefpite texi
Inzperat ,- itinumerofque des. fuá muñera fiares
Áddit.
Ovide dit auífi (Trifl. iil. 13. 15.) de ces guir-
landes :
Fumida cingatur fiorentibus ara coronis.
On entrelaqoit ces fieurs de bandelettes de laine
teinte en diverfes couleurs. Properce appelie une
de ces bandelettes laneus oráis {ir. 6. 6.) :
T erque focum airea laneus orbis eat.
Quelque refpecl que Ies anciens témoignaíTent
pour leurs autels , on les vit cependant Ies ren-
verfer quelquefois. C'étoit la marque d^une dou-
leur amére , d'un défefpoir violent, 8c une efpéce
de vengeance qnfiis exercoient contre Ies dieux.
Arrien {il- 22.) nous en a confervé un exemple
mémorable ; celui d'AIexandre , qui fit renverfer
les autels 8c bráler les temples d’Éfculape, parce
que tout Part des médecins n'aveit pu arracher
fon ami au trepas.
Enfin, parmi les excés que Ies vainqueurs com-
mettoient dans les villes prifes d’aiTaut 8c dans les
pays conquis , on regardoit comme les plus graves
le renverfement des autels. Phiíippe V fiit puni
par les Romains de ce facrilége. Florus (/L 7.)
dit que les Athéniens implorérent Paífiílance des
Romains contre ce roí de Macédoine, qui, aprés
les avoir vaincus , avoit renverfé les autels 8c les
temples des villes de leur domaine. Cette accufa-
tion fervit aux ambitieux defeendans de Romulus,
de pretexte fpécieux pour dépouilier ce monarque
d’une grande partie de fes états & de fes con-
quétes. '
La forme des autels anciens varioit a 1 inhni.
On en trouve de ronds, dont la hauteur a le P-us
fouvent deux fois 8c demie leur épaiííeur ou a»a^
métre. D’autres font carrés ; plufíeurs ourem a
la vue un catre long. Leur hauteur vane commu
nément entre deux 8c trois pieds. Nicorr.aque ne
Gérafe {Arithmet. l. 2. p. j6-) éit que Ies p
anciens autels , 8c fur-tout les ioniques , lOXjt ¡a u
hauts que larges, 8c que la bafe n eílpas^ega|e
la corniche. Saumaife a parlé d"une maniere
générale , en difant que les autels des
étoient ordinairement carrés ou de forme
-que; car on en trouve beaucoiip de ron s. ,
en volt auífi quelques-uns triangulares ,
ont été confondus fouvent avec des cande ^
de méme figure; 8c réciproquement les ^
labres ont été appelés auífi imprcpremen
autels. . .
L’erreur de Saumaife , qui a eté
grand nombre d’antiquaires , eñ venue
Pona pris fouvent pour des autels les
Pon plaqoit fur Ies tombeaux. Cette err,,uri
pas eu Heu ^ íi Ton avoit rencontré plus rouvent
le caradlére diftincftif fuivant.
Quelques autels antiques font creufes en-deíTus
&: percés de cote ^ pour recueillir & iaiffer écouler
enfuite les libations. On en volt cinq pareils fur
Ies vafes étrufques de la bibliothéque du Vanean.
Le P. Montfaucon , qui a fait deífiner deux fem-
blables autels d’aprés des vafes antiques , a pris
le trou lateral Se: le fiuide qui s’échappe par cette
ouverture ^ pour des bandelettes Se: d’autres orne-
mens. Mais il a écé repris par VVinkelmann , qui
á fait deííiner un de ces vafes du V'^atican dans fes
Moriumenti antichi inediti , l8l.
IVous alicns faire connoitre quelques-uns des
autels les plus célebres , dont il eít fait mention
dans Ies écrivains grecs & latios.
JJautel dlAcca Laurent'ia étoit placé á Rome
pres du forum Boarium , dans le Yélabre.
U autel £ Adoptior. étoit le moniinaent elevé
par Ies Romains Con ignore dans quelle región) ^
pour conferver le fouvenir de f adoption de Livie
dans la famille Julia. Tibére, fon fils, le dé-
truilitj étant jaloux des honneurs rendus á fa
mere. Tacite {Ánnal. i. 14).
U autel d‘ Alus Locutius fe voyoit dans le'quar-
tier appelé la rué Neuve , qui appartenoit la
huitiéme région. On Tavoir élevé dans Tendroit
oú , pendant la nuit , une voix inconnue avoit
annoncé Tarrivée des Gaulois.
U autel de V Amiúé. Tacite {^Annal. jv. 74. 2..)
dit que le fénat voulant éterniferramitié deTibere
pour Séjan, réfolut d'élever un autel 3 TAmitié,
orné de leurs portraits. On ignore la place oü il
fut dreíTé.
U autel £ Anchuras. Sous le régne de Midas ,
-la Phrygie fut ébranlée par des tremblemens de
terre , qui firent entr’ouvrir une cavité vafte Se
profonde. L’oracle avant été confalté fur cette
ouverture , répondit qifelle fe fermeroit aprés
qu’on y auroit jeté la chofe la plus précieufe de la
Phrygie. Anchuras , fils de Midas penfa que rien
ire fauroit étre plus précieux que la víe d’un
homme. II monta auíTi-tot á cheval , embraíTa
tendrement le roi fon pére 8c fon époufeTiino-
thée , & fe précipita enfuite dans le goufrre. La
terre s’étant refermée fur lui. Midas fit drefíer
un autel au méme endroit ^ qu’il confacra á Júpiter
du mont Ida. Plutarque , dont nous apprenons ce
fait, ajoute que cet autel étoit doré. Ovide Ta
chanté dans fes Métamorphofes.
U autel £ Apollan fut confacré par les Athé-
nlens, afin quhl les délivrát de la peñe. L’oracle
de ce dieu ayant été confuiré, répondst que pour
arréter ce íléau , il falloit lui élever un autel
áouble de X autel cubiaue qui lui étoit deja con-
facré.
XJ autel d' Apollan , générateur , fe «ovoit
3 Délos. On nV immoloit jamais de victimes.
Aailquitís ^ Totne 1.
Les prioras feules fervoient d’offrande. C’eñ celui
que Pythagore falúa avec refpect, comme nous
Tavons dit plus haut.
U autel d‘ Apollan , oblique ou étoit placé
ordinairement chez Ies Grecs, dans Ies rúes, á
coré de la porte des maifons.
X, autel d Apollan Spodius , de Cendres, étoit
a Thébes. Paufanias en parle ( Beotíc. rx.) , Sc
nous Favons décrit plus haut.
XJ autel des Apotkéofes. On voic fur plulieurs
médaüles imperiales cet autel , que Fon portoit
dans la cérémonie de Fapothéoíe des Auguftes,
II y a ordinairement du feu fur cet autel , & des
aigles qui ornent la bafe. On lit autour felix
MEMORIA 8c coNSECRATio. Le demíet mot a
fait appeler ces médailles des Consécratigns.
XA autel de Carmente étoit place au bas du Capi-
tole , prés de la porte Carmentale.
XJautel de Confus étoit áans un petit temple
fouterrein, auprés des bornes du grand Cirque.
On n’ouvroit les portes de ce temple que pendan*
Ies jeux facrés du cirque.
XJautel de Come á Délos a été décrit plus
haut.
XJautel de Diane appaifée , Diana placahilis ,
étoit dans la Tauride , auprés des Palus-Méo-
tides j ce quí Fa fait appeler Méotide par Juvénal
(^Satyr. ij. iif). I! étoit dédié á Diane, qui ne
voiifoit plus de viélimes humaines , Se que Fon
nommoit ácaufe de cela, Diane appaifée. Ce fut
auprés de cet autel qu’Efculape rendir la vie au
malheureux Kippolyíe.
XJautel de Bacckus étoit placé fur la partie du
théátre des Grecs, qu’iís appeloient tkymelé ou
le lieu des facriíices.
XJautel de Fluían & de Proferpine étoit placé
dans le champ de Mars. O.n ne !e découvroit qu’á
la célébration. des jeux féculaires , 8c Fon y
facrifioit pendant trois nuits confécutives. II en
fera parlé plus au iong dans les Jeux sécu-
LAIRES.
XJ autel divarum Cornifearum étoit dans lí 14'^
région. Panvini raoporte Finfeription fuivante d’un
femblable autel :
DEIVAS
CORNISCAS
SACRUM
Feííus efit qah’I y avoit au-delá du Tybfe un en-
droit confacré aux corneilles , parce qu’on croyok
que Junon protégeok cene efpéce de corbeaux.
UJftel de ¿>rufus , frére de Tibere , fut éloié
fur les bords du Ehin. Nous en avons parlé pías
haut.
XJautel d’Evandre étoit fur le mont Aveniinj
prés de la porte trigémina.
B b b
37® A U T
' Ucutel des Euménides. Pauúaias en parle dans
íes Achaíques.
Uautel de la Fievre. Cicerón {de Nae-ur. Deor.
jI. il.) dit qudi j avoic far le mont Palatin un
sncien auttl confacré á la Fiévre : Ara vetas flat
in Palatía Fehris.
iJautel de la Fortune contraire ctoit fur la col-
ime des EfqailieS:, dans la 15*= región. Cicéroii
{de Fíat. Deor. il. jJ.} dit : Ara. vetas fiat in Efqai-
liis M.al& ForturtcL.
Tuaatet de da Fraude étoir pdacé á RoniCj dans
un bois obfcur. C'étoit anprés de cet aazel que
les voleurs partageoient leurs rapiñes.
Daatel ¿‘Mércale vainqumr de Cacus , étoit
place au pied du mont Aventin aupres de la cá-
veme de Cacus.
ííautel d‘ Hercule , é* des Mufes. Cet aatel leur
avoit eré confacré en commun par les Romains
parce que , felón Plutarque, Kerciile avoit inítruit
LVandre. Le rhéteur EusTiéne en aonne une autre
raifon ; c^étoic paur apprendre que Ies Mufes ont
befoin de la protection d^ílercuie ¡ & que les hauts
faits d’fíerciile ont befoin d’ctre célebres par la
bouche des Mufes.
Uautel de ÍHonneur étoit place á Rome hors
la poste Colline , dans Tendroit oú Fon trouva
dans l’avant-íiernier íicclej une lame de bronze
avec cetre mfeription ; domína honoris.
{Guther , de jure Man. il. 33).
Uautel de Júpiter - Confsrvateur fut élevé á
Athénss par Démofíhéne , apres fon rappel. Le
fénat en íit les frais. Dominen apant échappé
aiix fureurs des- foldats de Virellius, éleva far ie
Capitole tm aatel avec un petit temple a Jupiter-
Confervateur , en mémoire du péri! qu71 avoit
couru , & ii íit graver cet evénemenr far le
ra-arbre.-
Uautel de Jupiter-EP.cias avoit été batí fur le
'is-ont Aventi.n par Mama.
Iíautel de Júpiter -Fulminant. Paiífanias parle
de cet autel éievé dans la Crece {Eliac. j.j¡ &
Plutvque CParall, n. 39.).d’ua femblable-j éleyé á
Rorae.
Uautel Jovls inventoris fut élevé par Hercule
en rhonneur de' Júpiter , qni lui avoit fait dé-
co-u-yrit fes troupcaux", aiipres de ia porte Trigé-
mina & de- la eaverne de Cacus.
Uautel ie Júpiter Sty-gius ou Latiaris , étoft
placé dans le miüeu de l'’amphithéátre 5 & fur
cet aur-el on ofíroit des facriSces a !a-divinité' en
i'honneur de laqueile on célébreit les jeus.
Daatel de Jupiter-BauLangcr^- Jovls Pifiorís ,
étob fur le Capitole. On élera cst, ^utei * mé-
iTioire du^ ítratageme dont on avoit ufé ’orfqtie
les Gaulois aJitgeoient cette fortereífe j en ;e-tant
des pain^dans ieur camo ^ pour leur perfuader
que Ies auiegcs ne manquoient pas de noarriture.
A ü T
Ovide parle de cet autel dans fes Fáñes {vt. 349.);
Nomine, quem pretio celthratior arce Tonantis,
Dicam Pijiaris quid velit ara Jcvis.
Uautel de Jupiter-Sauveur í.yo\t été coníiruitea
mémoire de la levée du íiége de Rome par les
Gaulois.
Uautel de Jupiter-Vimineus étoir place dans
un bofquet fur le mont Viminalj dans Templace-
ment qui fe trouve aujourd'ísui entre les tbermes
de Dioclétien & ia ville Peretti.
Uautel de la Jeunejfe étoit fur le capitole ^ dans
le petit temple de Minerve j comme celui du dieu
Terme étoit á l’entrée de ce meme temple. On
conferva ces deux anciens autels , parce que ces
deux divinités n'avoient pas voulu quitter le Ca-
pitole j lorfqifon le rebatir foas Tarquín ran-
cien»
Uautel de JunorJJuga , qui faít les mariageSi
étoit dans ¡e quartier Jugarlas , auquel il avoit
donné fon nom.
Uautel de Janon-Saroria fut élevé par Horace,
pour expier le meurtre de fa feur.
Uatctel des Lares étoit placé aupres des bornes
da Cirque.
Uautel de Láveme, qui donna fon nom á I3
porte Lavernale , étoit placé fur le mont Aventin.
Uautel de'-Mars avoit donné fon nom au champ
dans lequel il étoit piaeé. C’étoit aupres de cet
autel que les cenfeurs quittoient leurs fonétions,
les chaifes eurules, marques de Ieur digniréj &
qu'ils receyoient les applaudiffemens du peuple.
Tire-Live {xl. 45'.} dit ; Comitiis confeclis , ut
traditum anticuitiis efl , cenfores in campo ad aram
Martis fellis curulibus confederunt ¿ quo reventó
principes fenatoram cum agmine venerunt Cívi~
tatis,
Uautel appelé Aíro Maxima étoit placé aupreS'
¿u cirque, dans \t forum Boarium , comme nous
Papprenons d'Ovide (Fafi. i. r,§i.);
Conftituitque tib-i , apis, maxima dícitur ara ,
Hic ubi vars urbis de bove nomen habeU
II étoit confacré á Hercule , dont oa p voyoit-
ane ñame avec h tete couverte á’une drspene-
Ceax qui faerifioieat fur cet autel, devoient avom^
contre rufigs ordsnaire , la tete découverte > ann .
qifaucun mortel ne reíTenablát á la divinité du
lieUj felón Macrobs {Saturn. ni. 6.) : CuJioA'-nr
in eodem loco ,.ut omnes apeno capíte jacta fatiant.
Hoc jit , ne quis in sde dei kabltum e]us imMp-ttj-
nam' ibi apeno ipfe cizpite eji. Cvide & rirg**
{JEneíd. 8. difent quTIercule fe
era a lui-méme cette ñame apres la defairs ce
Cacus-
Ser'vius dit que Yara -maxima fubnitoif enesre
A U T
A ü T 379
de fon tems, & que cet autel étoit fort granu ,
d’oü lili étoit venu fon notn : Revira, mcgaa
& ingens , ficat videmus hodieque. C etoít auái
'^auttL le plus redouré pour les fermens, comme
íe dít Denis d’HalicirnaíTe {lih. i). Une ancienne
tradition portoit les ruperftineux & les ambitieu-t
i ofFrir fur ce monument !a d'XíTíe de leurs ®
Herculej parce cue ce dieii y avosr facrifie la
dixicme parné de fes boeofs, & qifil avost promis
une vie heureufe áceux aui ímireraíenr fa eenero-
fité. Svlla. Lucullus & M. CralTus luí confacrérent
la ¿ixieine partie de leurs richeíles ; & elies s ac-
crúrent á un point dont rhiíloire des autres peu-
ples offre peu d'exemples.
Hercule défendit aux feirsmes d’approcher de
Xara maxima , & de coucher á aucune des chofcs
qui Y auroienr éte oftertes Aulugelle (rt. 6.) en
donne cetre raifon : Hercule em:i!enant au-travers
de ritalie les bcrufs de Géryon , fut preíTé par
la füif; il demanda á boire á une lennae , aui
refufa de luí donner méme de I’eau , parce qu’elle
célébroit la féte de la bonne deeífe , psndant
laquelle les hommes ne pouvoient ríen toucher
de ce que les femines avoient preparé ou apporté.
le héroS;, irrité^ fe vengea par une femblable
défenfe.
U autel de Mercure étoit placé auprés de fon
tan, á laquelle il donnoit fon nom. V. Aoueduc.
\J autel de M.¡aucius étoit placé auptés de la
porte á laquelle il avoit donné fon nom.
V autel de Murcie , ancien monument étoit
placé au pied du morí Aventitíj prés du forum
U autel de Neptum étoit placé dans le cirqac de
Flaininius , afin que ce dieu protégeát les chevaux
des courfes.
U autel d‘Ops & de Céres étoit dans le quartier
Jugarius.
U autel de la Paix. Les Athéniens élevérent les
premiers un autel á cette divinicé bienfaifinte ,
aprés la défaite des Lacédt'-noniens par leur géné-
ral Timothée. Plutarque dit cependant que cet
autel ne fut élevé oii'aprés la viéloire de Cimon
fur les Petfes. Peut-étre ne vcut-il pirlerque d'une
reftauration. Augufteayant pacifié l’univers , éleva
fin autel á la Paix , dont Gvide a parlé {Fafi. i. 709) :
Ipfutn nos carmen deduxit pacis ad arara ,
M&c erit d metifis fine fecunda dies.
On croit le reconnoitre fur des médailies de Libére
frappées en l’honneur d'Auguíle, avec cette ié-
gende ;
PACE AUGUSTI perpetua.
Sur une -médaiHe de Néron , qui porte cette lé-
gende-:
Sur une autre du méme empereur, ou en iit :
KERO. CTÁUDIUS. CAESAR. AüG,
P. M. TR. P. IM-P.
P. P. ARA. PACIS.
Claude ayant vaincu les Bretons Tan 47 de .T. C- ,
fit auífi élever un autel de la Paix , corr.ntc en
peut le cenjecturer d’aprcs une de fes saédaiiles,
fur laquelle on Iit :
TIB. CLAUD. CAES. AUG. P, M. TR*
P. VI. IMP. VI.
PACI. AUGUSTAS.
"IJ autel Palatin, ara Palatina, étOít place de-
vant le palais ou dans le veftibule. C'étoit fur cet
autel que les empereurs avoient coutume de íá-
crifier.
Uautel de la Pudicité P liheienne fut élevé par
Virginie, filie d’AuIus Yirginius j dans íe quartier
long , ou elle demeuroit.
\J autel de Saturne avoit été élevé* difoit-on*
par les Épéens qui avoient accorepagné Hercule
en ítalie. 11 étoit placé au bas de la montée du
capitoie * auprés áxíforum.
U autel Septimien étoit dans la región Tranfii-
bérine, auprés de la porte du méme nom.
U autel du Soleil étoit placé a Conñantinople
en plein air* comme fa ftatué dans le cirque de
Rome.
U autel du dieu Terne. Yoyez plus haut Y autel
■ de la JeuratjTe.
U autel de Tuteline. {V oyep^ ce mot) étoit dans
la treiziéme región de Rome.
U autel de Venus vulgaire. Ménandre dit que
Ies courtifannes de la Grece élevoient cet autel
dans un endreit partícuiier de leur maifon * &
qu elies y facrifioient tous Ies jours á leur divimté
tutélaire. Celles de Rome Ies imirérent ; cardaos
le Carculiü de Plante (i. i- 71.) , on parle d'ua
autel de Venus placé devant la porte des.mar-
chands de courtifannes* lenonum n
Num ara Veneris h&c efi ante korum fores, -
U autel de Vefia fut élevé par Numa* auprés de
Y afile , oii Ton célébroit les mvíferes de la bonne
déeíTe. Boilfard croit reconnoitre cet autel & le
petit temple qui le -enferma depius , dans la petire
eglife, d'one architedeure femblable a celle da
Panthéon* qui étoit appelée autrefois S. Stefar.o
alie Carrops^i * & qui fe nomme aujsurd’hui
S. Maria di Sale.
ARA PACIS- S. C.
E b ij
3§o A U T
U aiítel de la Viñoire , dont Syfnmaque d^plo-
rcií íí ¿ioquemment la deítraítion , avoit éte p’acéj
par Augafce:, au miiieu de la cüÚQ Julia, rebatie á
la place de ia curie d’Hoftilius.
Autel. Un autel a fur les médailles plañeurs
íisnifications dííFérentes. Sur les imperiales latines,
il déíigns Taporheofe du prince , &c les fair appeler
des CoNSÉcRATiONS. Vovez, Yautel de V Afo-
tkéofe.
On voit fouvent au revers des médailles des
Colonies un autel, & un étendard place au-üeíTus.
Ceíl le fymbole des Colonies , parce que la pre-
miére chofe que Ton faifoit en les étabíiííant ,
étoit d’éleyer un autel , & d’y offrir des facrifices.
L'étendard déíignoit la legión ou la cohorte que
Ton y íixoit. Une médaille de SaragolTe ( C&farea-
Augufta)', frappée en l'honneur d’Auguñe, fon
fondateur , offre trois autels. Sur celui du miiieu ,
qui eft plus élevé que Ies autres , on voit un éten-
dard , & fur les deiix petits , des boucliers fixés á
des lances en guife d'éteudard.
Un autel allumé déíigne ordinairement les mé-
daiües d'Aníioche de Sytie, de Srnyrne, ou de
Mopfueíte.
Autel. II y a une conftellation, une des quinze
meridionales, qui eíl appelée 1’¿zí'£í/. Les poetes
difent que c'eft V autel fur lequel les dieux pre-
térent ferment de fidélité á Júpiter , avant la
guerre contre les Titans , & que ce dieu le plaqa
parmi les aílrss aprés fa vicioire. D’autres difent
que c'efi: Y autel fur lequel le centaure Chiron im-
naola un loiip , dont la corifteliatioa eft dans le
ciel, proche de Y autel,
Manilius & Aratus ont chanté cet autel dans
leurs poemes aftronomiques. lis difent qu’ii fut
fabriqué par les Cyclopes , & au ils le garnirent
d"un couvercle ou chapeau, afin que Ies géans
ne piiíTent pas appercevoir le feu de la foiidre qui
y étoh allumé pour recevoir le ferment des dieux.
Les pilotes regardoient le lever de cette conftella-
tion comme un tems favorable pour la navigation.
Elle fe levoit avec une partie du Scorpion.
AUTEPSA ou Authepsa , en grec ¿’jB-í-Y>íí ,
poele. Cicerón, dans fon Plaídoyer pourRofeius,
parle d'une poele de cette efpéce , vendue íi chére
dans un er.can , que fon croyoit entendre la criée
d’un hérirage entier. Elagabale , felón Lam-
pnde, fut le premier qui eut des poeles d'ar-
gent.
AUTEUR comique. Le comte de Caylus a cru
en reconnoítre un dans un bronze qu’ií a publié
{Rec. d ara. il. pl. 8°. n®. y). « Cette petite figure
romame me paroít , dit-i!, repréfenter un jeune
auteur comique ; du moins c'eft Tidée que me
donne le mafque qu il tient fur fa main. íl eft
’rra! qu on pourroit auíu ¡g regarder comme fin
A U T
' aíleur qui porte !e maíque fou5 lequel i! repré-
fentoit ordihairement ; mais la plupart des acteurs
étoient des efclaves 5 Sz la robe & le maintisn de
cette figure indiquent un homme libre
ATTOXEIFE2. Voyer^ SuiCIDHS.
_ AUTOCHTOÍNE , , Une des tribus
d’Athénes, ainíi nommée d’un roi que fon croit
avoir régné dans une partie de f Attique avant
Cécrops ; ou plutot á caufe du furnom ¿‘Autoch-
toues qu’affecloient de prendre les Athéniens, pour
faire entendre que leur ville ne venoit point d'une
colonie : ce qu'exprime le mor grec Abrlgya, , né
dans le lieu que ion habite.
AüTOCHTONES. P'oye:^ farticlc précédent
& Aborígenes.
ÁÜTOLEON, général^des Crotoniates, cora-
battant contre les Locriens d'Opuntium , fut bleffé
par le fpe&e d’Aiax, que fon croyoit comman-
der une partie de farmée Locrienne & il ne fut
guéri qu’aprés avoir appaifé les manes de ce héros.
JC Ajax, Leucé.
ÁUTOLíCUS , ayeuí marernel d’UlyíTe, étoit
fils de Chione & de Mercare . dieu des voleursj
íi naquit de la méme mere & le méme jour que
Phíiainmon , fils d* Apollen , duquel on le dif-
tingua par íes inclinations. La fiable dit qu’íl
avoit appris de fon pére á prendre diverfes
formes & á en donner á fes larcins. Son grand
talent étoit de dérober Ies troupeaux de fes voi-
íins , & d'eSacer habilement les marques des trou-
peaux volés , en leur en^mprimant d'aurres , ou
en les chingeant de poil, de maniere qu’il n’étoit
plus poflible de les reconnoítre,
II trouva cependant quelqu’un plus adroit que
lui, Sifyphe fe doutant de quelque fupercherie ,
s'avifa d imprimer á fes troupeaux une marque
au-dedans de la come du pied , ce quAutoheus
ne put prévoir ; en forte quhl fut convaincu de
vol. Sifyphe enleva fa filie Ánticlie , & la rendit
mere d’Clylfie. On dit qa Autolicus apprit a
Hercule a conduire les chariots. PC Anticlie ,
Chione , Philammon,
AUTOM.4LA , dans la Cyrénaique. ATTO &
ATTOMAAHC.
Les médailles autonomes de cette ville font !
RRR. en bronze,
O. en or.
O. en argent,
Cette ville a fait frapper une médaiüe imperials
grecque en fhonneur d'Alex.-Scvére , felón Y au*
lant & Gori; mais Pelierin & Ai- Eckei ont de-»
montré la fauffeté de ce monument.
AUTOMATARIUS clepfydartus. _ Muratoti
(935. B.Tkef. infer. ) lapporte finfeription u***
Yante :
A ü T
CJS. MANJBVS
sAcayM
P. AELIO. ZENONI
AUTOI.IATARIO
KLEPSYDARIO *
AELIA. FORTUNATA
EENE. MERENTI
FECIT.
Ce Zénon faifoit des clepfydres ou horloges á
eau , dans lefquelles on voyok fe mouvoir de
perites figures ou automates. Vitruye en décrk de
pareilies.
AUTOMATE , áariftaTóy j qu! (e meut de íbi-
méme. Ce mot eí’t compofé de foi -mime ,
& de , je fiús excité. Telie étók la colombe
volante d'Aichitas.
AUTOM ATIA , déeíTe du hafard , furnom de
la Fortune , á qui Timoléon^ fameux géne'ral des
Coriuthiens eleva un temple, croyant devok au
faafard une partie de fa gloke.
AU TOMNE. On repréfente ordinakement '
cette faifon fousla figure d’une femme couronnée
de pampres Se de grappes de raifins ; elle eft dé-
couverte dans la partie du corps qui regarde Teté,
&: vétue dans celle qui répond á Fhiver. Son hábil -
lement eíl couvert de fleurs , comme la robe de
Bacchus.
Winke!mann,'dafís fes Monamcntl ined. , n°. 5 ,
a pubüé un bas-reliefde la ville Albani, qui vient
d’un tombeau antique, & qu'ii croit repréfenter
les noces de Thétis & de Pelée. Toutes les divi-
nités de l’Olympe viennent leur offrir des préfens.
On voit au nombre des faifons Vautomne , tenant
une chévre par la jambe , & portant une corbeille
pleine de fruits,
AÜTON OE, quatriéme filie de Cadmus ,
époufa Ariftée , & fut mere du malheureux Adlénn ,
dont la mort funefte lui caufa tant de chagrín,
qu'elle abandonna le féjour de Thébes, & alia
s'établir dans un bourg de la dependance de Mé-
gare , ou l'on voyoit encore fon tombeau du tems
de Paufanias. Comme elle avoit contribué avec
fes foeurs á Péducation de Bacchus, elle parti-
cipa aux mémes honneurs qu'elles : les quatre
fceurs ont été reconnues déelFes, & ont eu des
autels. Agave , Ino, Penthee , Semélé.
AüTONOMÉ , une des cínquante Néréídes.
^ yyei NÉRÉitDES.
AUTONOiVIES , a.ÍTÓítfi<¡t , ceux aui fe gou-
vernent par leurs loix. Ce mot eft compofé
de a'jí-íf méme , & de vÓu¡í , loi. II défigne les
villes ou Ies peuples auxquels les Romains per-
nairent , aprés la conquéte , de jouir du privilége
*ppele Autokomie. V^oye^ ce mot.
Aütonomes. On donne ce nom aux médaiües
due les peuples & les villes ont fak fabríquer
pour leur ufage particulier Ce nom fert á les
n inguer de celles que plufieurs de ces villes fai-
loient frappet avec Ies teces & les noms des em- i
A Y T 3S1
perauTS romains , lefquelles font mifes, par cette
railon j au rang des imperiales . On donne ainíi,
par antonomafe aux médaiües , le titre d'ui:-
tortomes , lequel appartenoit aux villes qui jouif'
fojent de leurs loix particulieres , qui fubfiftoient
dans une forre d’indépendance 5 & par exteníion,
á toutes Ies médarües qu’elles ont fabriquées
depuis leur fondation , lorfqu on ay vok poiat
de rois répréfentés.
II faut obferver cependant que certaines villes
autoTiomes , relies que plufieurs villés de Lydie,
faifoient réprefenter fur leurs médarlles les empe-
reurs qui régnoient alors. Se méme les impéra-
trices , mais fans y mettre leurs noHis. C’étok ap-
paremment pour fe les rendre favorables , qu’elles
employoient cette efpéce de flatterie. V, Peuples
ET Villes (^médailles de )
a’ttonomi'as. > , ^
a’ttonomeí'n. 5 Autonomie. On trouve
fréquemment ces mets dans Poiybe , Thuey-
dide , Diodore , Denys d'HaiycarnaíFe , Dion,
Appien & autres écrivains , pour exprimer la fa-
culté de fe gouverner par fes propres loix.
Quoiquece privilége fok devenu plus fréquent de-
puis les Conqueres des Romains , on le trouve
cependant empioyé dans le tems des républiques
grecques & dans les traités de paix qu’elles fai-
foient entre-elles ou avec les rois barbares. Mais
les politiques & Ies antiquaires ne s’occupent pro-
prement de V autonomie , que depuis le moment
oú la Gréce & l’Afie furent foumiíes au joug de
Rome.
Lorfque les Romains les eurent conquifes , iís
donnérent á chaqué peuple & á chaqué ville, des
magiftrats romains, quides gouvernoient en partie
felón Ies loix de Rome , & ils en firent par con-
féquent des Municipes (PC ce mot). Si quelques-
unes de ces villes s’étoient livrées de plein gré
aux généraux romains , ou éroient demeurées
fidelles aux mémes généraux, pendant que d’autres
ayoient pris le parti des ennemis de Rome, on le*
récompenfokj en leur permettant de fe gouver-
ner felón leurs anciennes loix, de ne point payer
de tributs, 8c de fe creer des magiftrats feloa
l’ancienne forme de gouvernement , fous la pro-
tedtion du peuple romain. Ce peuple employoit
le mot de liberté pour exprimer cette exemptioa
d’obéiíTance aux magiftrats qu’il envoyoit dans
les pays coiiquis , & les Grecs la défignoient fur
leurs médailles par celui d’uafo/iom/e & Á‘aMonome,
Les villes décorées As Vautonomte sffeékoieat
de s’en parer fur leurs médaiües , & de la joindre
aux autres titres qui Ies diftinguoiept des villes
ordinaires. Elles comptoient de nouvelles eres
depuis l’année ou elles avoient été déclarées Ubres
ou autonomes. L’époque de l’ére que Ton voit fur ^
la plupart des médailles des villes de Syrie , eft la
conceífion de 1‘ autonomie que Pompée ieuf avoit
faite.
Les empercurs dcpouiiiéreat quelquefeis les
3 S 2 ^ ^
villes aatonomes de leur liberte, pour Ies panir
de quelque fédition. Nerón avoit etendu á toutes
íes viüés de TAchaie, autonomie accordée par
Áu~ufte á cede de Patras feuletnent; & Vefpaíien
Ies "en déponilia a caufe d'une révolte , en difant
que ¡es Grecs avoient díPaporis á fe fervir de la
liberté. Philoílrate , ( vii. v-
AUTOPSlE- Ceít Tétat dans ¡eque!, fuívant
les Payens , ou avoit un commerce intime avec
les dieux : on fe croyoic reverá de toute leur puif-
fance & on étoit perfuadé quil n’y avoit plus
rien ddmpoíSble. ( The u rgie ). Cétoit la
derniére initiation des myñéres d'Eleulis & de
-Samothrace, dans hque'lle on apprenoit^ aux
adeptes les efeofes fecrettes, qui, felón Cicerón,
n'étoient que des chofes tres- limpies, des principes
de morale' & des vérirés phyfiques.
AUTORITATE. (abj Or trouve dans Gruter
ab autoritate ‘-vis. , mtiortíim kered. On en peut
con’edturer que le mot aacloñtas & rexpreífion
ab aucioritate , s’appliquoientá d'autres qu aux fé-
nateurs.
AUTRONIA , famille rpmaine dont on n’a
des médailles que dans Gqltzius.
AUTRXJCHE- Lampride dit qa’EIagabale fit
fervir dans un feuí repas les tetes de íix cents
autruckes pour en manger les cervelks. On en
láchoit dans le cirque pour combattre avec les
gíadiateurs- Flaute appelle une autrache , -paffer
marinus, parce qu’on les apportoit de l’Afrique
en Italie.
A S fenatorum. Muratori (y 1 6. 6. Tkef. infer.)
rapporte Einfeription fuivante, oú on lit ce titre;
L. GABINIO. ARUNCUtEIO. TALERI
ANO. V- E. EQ. R. SACERD. . . E. PRINCIPAL
OMNIBUS. HONORIBÜS. FUNCTO. PATRI,£,
AVO- SENATOR. CURATOR. SUO-
et patrono. OB. MERITA
COLE, FABR. ET. CENT.
Xi* D* £)•
AüXÉSIE. Vpyei Lamje.
auxilia, ^
AUXILIA.RES , > Les Romains défignoienj
jíUXILlARII , ^ fous ces diíférens noms les
íronpes aux'Aiaires. Elles différoient des légions
(Végece jI. a-) ce que celles-ci n'étoient com-
pofées que de citoyens. Se que les troupes étran-
géxes ne formolent jamais que des troupes Iteres.
Cependant les empereurs ayant adrnis des ctran-
gers dans les légions , on appela celles qui en
étoient compofées Aájutrices , parce qu ils étoient
thoifis parmi les auxlluiires.
Les troupes auxiliaires n’étoient qu’une réu-
aion de peupks abfolument diíférens par les
jnceurs St la difcipíinc militaire, doat-ie nombre
colliers áor (PEnej^. z.), tandis Qu’on
cordoit aux íegionnaires que des colliers d’ar "
auxquels on joignoit quelquefois des braí¿!®.?^
des couronnes d'or. ^
II y avoit une grande différence entre ¡es a’n V
du peuple romain, & les auxiliares cni fer-o^n!
.dans ces armées. Les alliés faifoient'h
leurs dépens, ne recevant des Romains que"]!
bledj 8c les auxiliaires étoient foudoyés par eux
Ceux-ci ne prétoient pas ferment entre les mrns
du general romain : ce que faifoient les aííiés
Dion fait remarqueren effet {lib. i ) comme un*
preuve de racharnement & de Idntérét que moát
trérent a la bataille d’Aélium Octavien & in-
toine, le ferment que ces deux romains. exigérent
de leurs troupes auxiliaires.
LRtalie entiére ayant obtenu le droit de cité
on ne conniit plus dans les armées romaines que
• des auxiliaires tirés de toutes les 'provinces de
EEmpire, qui, environnés.de légions, fervoient
d’ótages , & répondoient de la íidélité de leurs
compatriores. Un des Antonins ayant étendu ce
droit de cité a toutes les provinces de TEmpire.
on ne vit plus alors de véritabJes auxiliaires. Ce
ncm fut donné aux troupes légéres dont la difei-
pline étoit moins réguüére , le fervice raoins fati--
guant, & l’avancement plus prompt que dans les
légions : ce qui fit choiíir ce fervice de préférence
á celui des anciens corps. Végéce compre, avec
raifon , cette liberté de choix entre les caufes
de la décadence des légions.
AüXO &: Hégémone, étoient Jes deux
feules Graces que les Athéniens connuíTent. V
Graces.
AXAMENTA , nona des hymnes que Nums
avoit compofés pour étre chantes par les Salieni
On les confervok encore du tems de Cicerón,
Quoique les changemens furvenus dans la langue
latine les euíTent rendus inintelügibles pour les
Saliens eux-mémes, comme EaíTure Quinuuen.
Cette obfeurité les avoit fait paífer enproveroe;
& lorfqa’on vouloit défigner a Rome un de ces
horr.mes qui affeéient d’employer dans leur En-
gage des mots furannés , on difoit qu il
la langue des axamenta. Horace, (epifi-
Jam Sallare Nuntét, carmen qui laudat, &
(¿uod mecum ignorat , folus vult feire vidiA.
Sytnmaque íé fert de la méme comparaifon
reprochen á quelqu’un fon arcka'ipne,
44^) : Si tibí vetuftatis tantas efi amor, ^
in verba prifea redeamus , quibus Salii canuP-
Le nom ^axamenta venoit d axes , ’ pjg,
lefquels on a^oít gravé ces hymnes dans e r
miers tems.
A X o
AXEARIVS.
M. SERGIUS. M. L
■EÜTYCHUS
AXEARlUS. SIBI. ET
M. SERGIO. M. 1.
PHILOCAEO
AXEARIO PATRON
Cette épiraphej qui efí: dans le mufeutn de
Florence fait mención d’un art ou métier , done
aucun anclen écrivain n’a parlé : exearius. Ce
mor peuc avoir deux fignificacions ; Tune d'ex-
primer le métier de celui ciü fair des eíiieux ,
dxes : la feconde eíl plus vraifembiable, elle dé-
íígneroit un marchand de planches ou d^’ais ,
3 3c £2xes, Piinej (/r¿, ^6, c. J.) ; (^uer-
njfque AX13US contahalare. Coíumelle dit roho-
reas axes & axiculoi. On trouve auíli dans Virruve
(oaxatzonem & coajfationem indiíFéremm.ent.
AXES, ais, planches. \ oytT. Axxarius,
en Locride ouen Crece, as 8c pahígn".
Les medaiiles auconomes de cette ville font:
RRRR. en argent. (Darens).
RRR. en bronze.
O. en or.
Son Rumbóle ordinaire eñ un trépied.
AXILLA etoir un furnom des Servius.
-^XIL^ARiS túnica , , tunique
de fernmes, aveedes efpéces de manches qui déf-
cendoient prefque jufqu’aux coudes. C’étoient de
imples proLongemens des deux parties du haut de
la tunique 5 fíxes par un ^ deux^ Se méme cinq
boutons placés fur le bras en-dehors, depuis le
haut de Tépaule jufqu’auprés du coude. Les mo-
nmr.ens antíques en foüniiíTení un grand nombre
e exemples.
^XjisOMANTIE , efpéce de divination en
ufage chez les Crees & les Romains, dans la-
quene on employoit une hache ou unecoignée,
On la iancoit contre un tronc dArbre brut,.
de maniere qu’elle ne penchár pas plus d'un coré
que de Pautre j aprés cela , on prononcott des
ronnu.es de priéjes qui étoient fuivies du nom
oes accufés. Ceiui-lá étoit déclaré coupable^ qui
voyoit tomber ia hache pendant que Pon pronon-
?oit fon nom.
ícholiaíled’Apoironias dit
que Leres, chez les Fhéniciens, étoit Axieros, Pro-
rerpine Axiokerfa, 8c Pluton Axfokersh. Bochart
t hunaan.. i. cap. iz.) déríve ces noms de ía racine
oommune Axi ou Acka^i, ma poff¿jf.on¡ & il
jointá cette racine la more ksres , pour compléter
celm de Pluton. -
á a'tones. On appeloft de ce ñor
A.nenes des poreaax équarris, fur lefqüels o
oit gravé les loíx de Solon , felón le gran
^po.ogiiPe & AülugeP.e. Mais PoiluAdit qu°il
oteiR cíe bronze j
A Z U 3S?
I _ AXSIA, ñmiile romaine doat m a. des mé*
daiiles :
RR. en arge.nt.
RRR. en bronze.
O. en or.
Le furnom de cene familie efi Naso.
AXSIENNE. ( pierre ) Voye-^ Assivs,
AXLR ou Anxur, furnom de Júpiter, qui
íignifie fans barbe j felón quelques iucerprétesj
parce que Júpiter- Xsiar étoit repréfenté jeunc
& fans barbe. D’autres tírent ce nom de la
ville ¿"'Aiixur, dans le Latium ^ ou il étoit parti-
culiéremsnt honoré. Cette derniére étymologie
eft d' autant plus vraifemblab!e_, quAxíur, dans-
la langue phénkienne, fignifie rocher ; 8c que le
temple de Jupiter-^au¿r étoit licué fur un rocher
efearpé, dans le' Latium.
AZAN j fiis d’A.rcas , roí d’Arcadíe, fur la
premier pour qui on célébra^ dir Paufanias j des
jeux fúnebres aprés fa more.
AZETIXI , dans PAttique. azetiníin.
Les médailles autonames de ce peuple fom :
RRR. en bronze.
O. en or.
O. en argenr,
Leurs types fom une chouette fur une coronne^
& un épi de bled.
AZIZUSj furnom de Mars, adoré á Édeífe.
Ce m.ot veut iré fort^ & vient du fyrien eri? j
/arce. ^ *■
A Z O N E S. Les dieux Airones font ceux qui
ne font point fixés á un pays particii'ier , ni ré-
vérés par certains peuples feulem.ent j mais ce
font des dieux reconnus en tout pays , & adores
par tous les peuples. Ces dieux Abones étoient
placés au-deíTus des dieux vifibles & feníibles,.
que les Romatns appeloient dii communes. , qui
habiroient les patries vifibles dn naonde, 8c he
fortoient point du qnartier ou de la zone quüeur
étoit attrrbaée. Les dieux Abones, chez les Egyp-
tiens, étoient Sérapis, Baechus, & Ofyris?feIon
Pfellus. Ce mot vient de Pá privatíf 8c de
zone , pays , contrée.
AZOTÜS, dans la Phénicie. ACí2TiC?r.
Cette ville a fait frapper des miédailles impe-
riales grecques en Phonnaur de Sept.-Stvére, de
Domna.
AZUR. Les Egyptiens fe fervirenr, feíon Pline^
du /apis 8c de la pierre d'Arménie pour faire
PíTijar qui brille eneore dans leurs pemrures 8c
dans la couverte de leurs ido'es de porcelaiae ,
jufqUá ce qkun de leurs eoís déeouvnt une tetra
bier.e dont il ura un a^ur plus vif & plus du-
rable. Etoit-ce ana terre miélée de cobalr,. un
fir.alte produit par quelque volcan.^ La quellioa.
eít décidée depuis l’eíiai q.ka fait , á notre priere 3,
S4 A Z U
M D«rcct. cWmifte célebre, de I*académje des
tóenees, furun Ofiris du cabmet de Sainte-Gene-
vscve, & dans lequel il a reconnu le cobak.^Le
téfultat de fon effai eft expofe dans le meme
A, a. L’A Sc.ra paroiffent fonvent fur ies aa-
A Z U
cíennes monnoiesdeFrance, dans les Inferiptlens,
á la tete des chartes , & dans les fignatures. Des les
premiets íiécles du chriftianifme , ces deux lettres
ctoient en ufage pour exprimer le nom de J. C.
On fait qu’il a dit de lui-méme : Je fuis ralpha
& r&TTie^íí , prijicipe ^ de ZQUtes chüfes^
♦
B
o N peut partager les B qui fe trouvent fur
•Ies anciens monumens & dans íes chartres, en
<liux grandes feries de lettres majufcules &
minufcules. La premiére fe divife en neuf fous-
féries ; i°. de B ordinaires , ou á panfes .défu-
nies i qui annoncent les bas tems 5 z°. de B
aigus au moins par un bout ; 3^. prefque trian-
guiaires par le haut^ les uns & les autres de
la plus haute antiquité ; 4°. de B en forme de
-p coupés horizontalement depuis le huiticme
jufqu'au onziéme fiécle ; j®. de B ouv^erts par
le haut , au quatriéme 5 6°. á trait proiongé en
deííus ; 7'^. ouverts du ’moins par le baS:, á haíte
quelquefois raccourcie , antérieurs au dixiéme
fiecle ^ ainfi que ceux de la fuivant&j 8^. á
haíte excedente par un ou deux de fes bouts ;
9®. au-deíTus du quatriéme fiécle , á panfe fupé-
rieiire arrondie j d'oú les b minufcules tirent
leur origine.
La deuxiéme grande férie p^eut reculer fes
deux_premiéres fous-féries au-delá du neuviéme
fiécle j fans toutefois Texclure du moins en ce
qui regarde la feconde. Tous ^ ou prefque
íous fes b j n'ont au plus qu une panfe. Les b
de la premiére fous-férie fe terminent par le.
haut en courbe , 8c ceux de la feconde , par une
dioire quelconque. La troifiéme , qui eft gothique
dans prefque tous fes caracteres , degenere fou-
vent en figure á’v. La quatriéme , beailccup
plus anciennej fe traveíHt en d. ( Nouv. Diplo-
maúque il. p. 216.)
Que le beta des Grecs vienne du Beta des
Orientaux^ ou qu'il foit rimitation du cri des
agneauxj ainfi qu'Eultathe le croyoir^il eil certain
qu il do!t étre prononcé fortement j beta , 8c non
bita cu vita ; car les Orientaux le prononcent
amfi ,, 8c ti n'eii point le bélement des moutons.
Ii eít cert.aia d'ailleurs que les Latins lai do.i-
Hoient un fon fort j car Jii?énal dit :
• Hoc dijcunt omnes, ante alpka & beta, puella.
Le B prend fouvent dans les knfcriptions la
lace de quelques autres lettres &: lui-mérr.e
fon tour eít fouvent remplacé fur les marbres
par rv.
y Tnntot ^ le B & le C ou le K des Grecs
Tun á Tautre. Les Grecs difoient
&r Kmy-vUyijyi cc les Latins^ Bufo 8c
Cafo.
i^antóc j Je B & le D prennent la place L’un j
de i autre. Quintilienj infitut. Grai. i. 4. } |
■Ántiquués , Tome 2.
Necnon eadem fecit ex duello bellum ; zinTe Duet-
lios quídam Bellios dicere aufi. Cícércn , ( de
Orat. c. 43. : Ut duellum bellum , & dais bis j
fe DuelLium , eum qui Paenos clajfe devicit ,
Bellium nominaveruv-t.
Tanrótj le B remplacoit le <p des Grecs &
TF de» Latins. Les premiers difoient quelque-
foís Bí^fars-ísí pOUt q>ÍX¡7:-s<iy. DeuX fréres QUI
avoient écrit fur Tagriculfare , fuivirent Ti-
diome des Syriens chez qui ils vivoient , & ap-
pelérent Pifada un fruit á amande ; ¡Xicandre
dans fes Géorgiques le noilima Pkiftacia ■, 8c
Poíidonius , Bifiacia. On !it ohrendarium dans une
inícription rappoitée par Grutei-j (^. n. 16. j
pour ofrendarium :
D. M.
L. PO'MPOMIUS CLADUS
ET. CLAUDIA. PARHESIA
' EECERUNT
SIBI. EX. SUIS. POSTERISQUE
EORUM. ET
M. QUINTINO. CLAUDIANO
OLLARUAt. N. XII. AB. IMO
IN. SUMÍAO. CUM
OBRENDARIO
Les Eoliens changeoient le B en r , Tx¡ipapíi>
pour Bxí'pcc.poti , 8c yáxxyoí pOUr /¡cíXavos , &C.
Les copiftes latins ont fouvent changé le B
en M , mafcauda pour bajeauaa , cumum. s pour
cubabas, ils avoient éré précédés par les Grecs
dans cet ufage^ p.kTx.x. pour jSáí-xa ^Íp.cííl pour
&c.
Le B & le P ont fouvent pris la place Tiin
de fautre. pour luoaiicola
pour Poplicola. Cicerón dit ; ( ae Orat. c. 48. )
Burram femter Rtinius , numquam Pyrrhum , ut
patejecerunt Bruges . non. Phryges.
Le changemer.t ¿u 3 «n V , & rédproqué-
ment, efe le plus ordinaire. Bidus pour dioius „
cíbita pour Avita , Abieniis pour Avienus- ,
Vivianus pour Vibianus , Biciorinus pour zc-
torinus , Tibia pour Hclvia , Bzdua pour Vidua y
Urvafius pour Urbafus , Vibius pour Vivios ,
Vrittiíz pour Briztid. , 8c c. Le changemenc
de ces deux lettres a do.nné lien a qu-e’ques
jeux de nioís , entriaurres á* eslui c’Auréiien ,
au füjet de riuurpateur isonore , qui pafreit fa
vis á boire ; Batas efl non lU vivat , fea ut bikat,
C c c
3Sá B A A
B étoit une lettre numérale. íl ílgniñoit deux
ehc;i íes G:ecs ; auis il vaioit trois cents chez
les Romaius , felón ce vers :
Et 3 tcrcentum per fe retiñere videtur.
Lorfquon inettoit une'iigne au-deíliis du
il vaioit ^ccQ.
E. F. Ces deux lettres Initiales , placees á la
í;i des Edits on des Oruonnances , défignoient
deux niots de bon augure , soízum iactux.
Piante s'en étoit fervi ironiquement d-ans le
Pens. ( Peen. prol. n. ló : )
Bonum fdcium eji , cdicia ut fervetis mea.
Tertnilien , ( de Pudicit. c. i. ) fait alluíkm a cet
ufage : O edidum , cui aájeriji non potidt , bo-
num fachim. On rendoit ces deux mots latins ,
par les detix mots grecs j KkAíí ipti ; comme
on yoit dans Jofephe, {Anúq. Jad. xir. 17).
BAAL, divinité- des B. byloniens ^ des Sido-
nier,5_, des Chaldíens & des ifraélites. Les Grecs
ont cru le reconnoitre poar leur dieu Mars :
c’eft le fentiment de lean dLAntioche , de Cedre-
nus & de Suidas. Saint Auguítin le prend pour
Júpiter. Baal veut dire feig teur j & c'eíl d'aprés
catre íigniücation que Saint A.uguftin a penfé qudl
étoit Júpiter ; c’elLd-dire , le feigaeur ou le
maitre des dieux & des hommes. De plus ,
c étoit un dieu des Sidoniens j & Héfychius
appelle leur grande divinité ^ Jupicer-Maritime ^
Les Chaldéer.s regardoient Baal comme le*
créateur de 1 univers ; ils appeloienr enfuite de
ce nom le foleil , regardé par les Fhéniciens
comme le feul Dieu du ciel. 11 cít vraiferoblable
qu’ils donnérent ce mérr.e nom á plufieurs adres ^
éz a ditférens rois ou perfonnages célebres , en
Ies déi.Sanr. Déla vinr fans doute íe grand nombre
de Baal ou Baalim , que Pon adoroir dans la
Chaldée & dans les environs.
Saint Auguilm dit qüe Baal étoit auííi un dieu
des Cartbaginois , que Fon fait avoir écé une
colcnle des Phéuiciens.
Jean d’A ntioche dit que le Baal des Baby-
loniens étoit ’e fucceíTeur de Aanus ; cependant
on cróit ordinairement qu'il étoit fon pére ou
fon predéceíTeur
Les Chalüéensji Fon en croit Servias fiir TEneide
( I. 753. ) , d’autres anciens , prononqoient
Bel pour Baal } car i! íaut lire dans cet aureur
Bal iz Bel, Sí non pas llal & Píe/, comme
portoient quelques exemplaires corrompas , que
Gira’diis & d’autres ont faivis De ce Bel des
Chaldéens, les Grecs ont fiit BÍAm, Bebas.
Les Orientaitx donnérent a Baal diiPérentes
dénominatíons que Fon verra aux arricies fui-
Yans , ainfí oue les Grecs & les Romains en
¿onno’ent á Júpiter, qu’ils appeioient Olympius ,
Capkolznus , Latialis , Pluvias , <&c.
Saáí - Béíuxh, Cé.;oh le «iie» aíJqud Ies
B A B
Canhagincls , Se avant eux , les Phéniciens
adreíTcient leurs femtens , & qu’ils pranokas
á rémoin de leurs alliances. Bcrith ou Bérutk ,
íigniíie alüance. Tel fiit chez les Grecs Júpiter
Vengeur des fermens violés , Ípz.-ií.
Baal-Gad, dieu de la, forrare & du Iiafard
chez le Syriens. Gad fignifie fortune dans íes
langues orientales.
Baal-Peor , dieu qu’adoroient les Arabes
fur la montagne de Pécr : on croit que c'eíl Is
Friape des Grecs.
Baal-semen, feigneur du ciel j le foleil que
les Fhéniciens regardoient comme ie preniier des
dieux.
Ba.alt!S, déeíTe des Phéniciens, qui étoit
adorée principaletnent á Byblos. On la croyoit
fcEur d’Añartéj & feir.me ele Saturne , dont elle
n’eut que des filies. C’étoit peut-étre ia Dione ¡
c’eñ-á-dire , la Venus des Grecs.
BABBA , dans ia Kunaidie.
C. C. I. B. Colonia Campefiris Julia Babia.
Cetre colonle romaine a fait frapper des iné-
daiiles latines en Fhonneurde Livie , de Claude 3
de Kéron , de Galba.
BABIA , déeífe révérée en Svrie , fur^íout 3
Damas. On croit que c^eft la déeíTe de la jeuneííe.
C’étoit aufii leur Venus qui préiidoit aux amours
& aux mariages. Comme les Syriens , {Photkius
Bibloth. Cod. 242. ) appeioient les enfans au
tnaiilot Babia , Seldeni s a ccnjeclaré que Babia
étoit la déeíTe de la jeuneiie. ( de düs Syris 3
cap. 4 fynt. il. )
BABYLONE , « capitale de l’Aííyrie & de
Fempite des Perfes , étoit fituée dans une grande
plaine. Cette vüle étoit & vaíte , li belle &
bien bátie , que jamaís il a en a exilie qu on
puiíTe mertre en comparaílbn avec la grande
Babylone. Elle étoit envirormée de foíTés larges,
orofonds & toujoitrs remplis d’eaa. Dans léten-
due de fes murs on remarqiioít cent poitts dai-
rain. L’Euphrate la traverfe toute cntiq^e , dit
Heredóte , & la divife en deux patries. Ce fleuve
e!I grand , profond & rapide en cet endroit. 11
y coule en ferpentant ; c’eíl pourquoi Ics^rnu-
railles de brique qui le bordent des deux cotes,
font des coudes & des íinuoCtés. Les naaifons
y font de trois & quatre ét.iges. II y a beauc^oup
"de grandes rúes & d’r.utres rues^de^traveries ,
QU! vont fe.rendre au fleuve _ou eiies (e
minent par de peiites portes d’airain , pranquees
dans la.maraille qui fa:t le qüai.^ Cette rnuraicc
eil le boulevard qui réíiíle a 1 impetuofite c
Feau, & il 7 en a une autre_ en dedans , Q'-*
n’eíf guéres moins forte , quoiqu elle n ait pa
tant ¿'épaiíTeur. .Au m.ilieu de chaqué .
la ville , on vok une enceinte de na’V”* ^
premiére enferme le palaís du rol 7 „
grande étendue & puiiTammentfortine ; ex a ^
contient íe temple de Júpiter Belus,
pones font d’aiíftin > ü eft de figure eaií'
B A B
su iuiíisu eíl une tcur ^ fur bqueüe eft une antee
toiir ; fur certe feconde encere une tcur 5 & ainíí
il y en a jufqii'á hak les unes fur íes autres. On
monte á chaqué tour par des degrés qui vont en
tournant par dehors. Cet édiiiee a un ftade de
li.uiteur & atitant d'épaiireur i fa bafe. »
ct Anítote ( Politíc. lib. III , cap. iz. ) com-
p'.re Babylone ati Ptlcponnéfe , íl queiqu'un
s'aviíoit de Tenferiner de -.T.uraiües. Son crendue
éroit telie, que - felón luí , tiois jours aprés. avoir
été prife j la nouveüe n’en ctoit pas encore par-
Tenue dans tous les quartiers de la viüe. Eniin ,
ii confidere Bahylom plutóf comme une pro-
ylnce, que comme une ville. «
Selon Heredóte , Fhiloífrate Apollonius &
Plihe ^ la vüle cíe Babylo m formoit un carre
paríale , dont le contour étoit de 480 ftades nau-
tiqueSj qui valent ló parafanges qu 18 íiéues de
i)' aii degré , ou 41 raüíes pariílens de müle
toiíes diacun 5 d’oú il fuit que tout le terrein
renfermé dans les murs de cctre ville , étoit de
20 ~ lieues carrées , ou de 78,505) arpeos de
France. Selon Ctélias , qui avoit lons-tems ré-
lidé en qualite de médeciii á la cour des rois de
Perfe, dont ¡i aqoit écrit rhiíloire en trente
Livres ; felón Diodore S: Fhilon de Eizance ,
i’enceinte de cetce ville étoit d'aurant de ftades
que les Babjdoniens comptoient de jours dans
Tannee ; favoir , 5Ó0 grands ftades afiatiques ;
Ies anciens Perfes comprant l'année de la mois
chacun de 30 jours. Ces ftades font de 500 pour
un degré, & les 300 valent égalemenr 18 lieues
de trance. Par-lá, on peut juger combien eft
ancien l'ufage de ces deinc ftades en Alie, puifque
Sémiramis , que les Grecs regardent comme la
fondatrice de Babylone , vivoit 2,000 'ans avant
Tere des chrétiens. Clitarque , qui accompagna
Alexandre-le-Grand dans fon expédition en Perfe,
ayant appris que Babylone avoit de circuit autant
de ftades qudl y a de jours dans Pannée , en
fait Tenceinte de 365 ftades, parce qftii com-
ptoft 3^5 jours dans I'année. Strabon evalúe le
perimétre de Babylone á 385 ftades. Se Quiryre-
Curfe á 368 : ce font des mefuragqs défeécueux
faits par des voyageurs. »
« La hauteur des murs étoit de 2co coiidées
royales , felón Heredóte ; ce que Pline a rendí!
par 200 pieds. Ce font les 50 orgies de Ctéíias ,
& ce font ces 50 orgies que Strabon , Philon
de Byzance & d'autres ont rendues par j’O cou-
dees. Quinte-Curfe eft feul de fon avis ; la haii-
teur des murs eft , felón lui , de 100 coudées ;
leur hauteur étoit de 50 orgies , faifant 200 cou-
dées babyloniennes , & 256 * pieds de France.
Ainíi, les murs de Babylone étoient plushauts que
Ies tours de Notre-Dame de París , qui n'ont que
io¡4 pieds d’élévation ; mais ils étoient moins
hauts que le clocher de Péglife de Sainr-Paul de
Londres , lequel avant rincendie avoit yap pieds
»Jglois, qui ea font de France, Se moics
B A B %%'j
erícore que le clocher de íi cithédrale de Straf-
a 445 pseds de hauteur. »
L épaiíTeur des murs éte-ir , felón Hérodote,
de 50 coudees royales ; ce font. les 50 pieds de
Pl^ae. Strabo.n 6Í Quinte - Curfe ne dcnnenc
d épaiíTeiir á cés murs que^ 32 pieds ; il faut lire
32 couüees. Herodote cbferve q'Fon avoit faic
conftruire fur les muradles ce petires íoges ou
piérices, les unes vis a-vis des autres, entre
Isfquelles on avoit iaiffé autant d'efpace cudi en
faut pour faire toumer un char, S: ápparemmer.t
que ces logas oceupoient chacune neaf coudées
de la largeur dn rempart. Et voüa d’ou viene
que les aureurs ne font pas á’accord fur la lar-
geur de ces murs. Selon les uns , íix chars atte-
lés de cuatre. clievaux pouvoient y conrir de
frent , & felón d'autres , rrois chars feulement
pouvoient y paffer’á cote Ies uns des autres,
Ces murs -avant jo coudées royales de largeur ,
avoient 64 f pieds de France. .Air.fi , l’efpacc
d’u.n char tiré par auatre chevaux de froat ,
eft eftimé ici de 10 ~ pieds de roi , & daus ce
caicu! je n'ai rien rabattu pour les banquettes
qui devoient régner tout le long du mur des
deux cotes. Par - Li on voit que la largeur des
murs , donnée par Hérodote , ne peut étre exa-
érée. Leur hauteur ne fer.apas outrée non plus.
Fon coníidére que ces murs paiToient pour une
des fept merveiíles du monde , & qu’ii exifte
encore aujourd'hui une murailie de brique de
plus de 500 lieues de 25 au degré, de long ,
entre la Chine & la Tartarie ; que cette murailie,
qui fubíiñe depuis prés de 2,oco ans , eft for-
tifiée de tours de diftance en diftance, a de
-hauteur prés de 30 pieds de roi , & eft aííés
iarge pour que lix chevaux y marchent de front ,
ayant de largeur jufqu’á 15 pieds environ.»
ct Les muraiiles ce Babylone étoient fianquées
dé 250 tours. Leur hauteur étoit de ío coudées
felón Strabon; & Quinte-Curfe dit que les tours
étoient plus hautes de 10 pieds que les muraiiles.
Les tours avoient 60 orgies dé hauteur , & ex-
cédoient de 10 orgies la hauteur des murs ; en
forte que ces tours avoient 308 | pieds de roi
de hauteur , ce qui eft bien moins que la han-
reur ¿es clochers de Strasbcurg Se de S. Paul
de Londres.
“ La diftance tout-au-tour de la ville entre Ies
murs & les édihees , étoit de deux piéthres ,
felón Diodore , ou d'un plethre feulement ,
felón Quinte-Curfe, 28. 534, ou 14. 267 toif.
de Paris.j^
La largeur du fíeuve , dans Fendroir ou il
eft le plus étroit , Se ou Sémiramis avoit fait
conftruire un cont , étoit de cinq ftades felón
Diodore. Strabon ne fait cette largei^r que d’un
ftade, ce qui ne paroít pas croyable , parce que
FEuphrate eft un trés-grand fleuve. Le pont-
rovai^ a París, a 75 toifes de longueur , & ic
pont-neuf ea a i jo- La ftade grand 'eft quq
jgg B A B
¿e 114. I toif. cinq ftades feroiení 570 | toif. «
« La longueur du fleuve dans la ville , n au-
roit du erre que de i20 ftades nautiques ou 90
grar.ds ftades , s'il avoit coulé en droite iigne ;
Eiais il 7 faifoit plufieurs finuoíités ^ en forte
qui! 7 parcourok ;éo granas Hades felón Dio-
¿ore j & les quais qui bordoienf le fleuve de
part Se d'autre , étoient prefque auíE larges que
Ies murs de la ville. ”,
cc Le palais du roí fttué dans la párele occi-
der.rale de ia ville ^ avoit 60 ftades de tour. Un
sütre palais firué ce l'autre cóté du fleuve & aans
la partie oriéntale de la vilie , avoit jo_ ftades de
tpur,feíon le méme aureur. Dans fenceinte de ce
dernier palais éroit le temple de Bélus qui
avoit 2 ftades en carré , ou 4 ftades catres felón
Hérodote ,- & au miiieu étoit une tour i bafe
earrle, d'une ftade fur cbaqtie coré. La hautear
de cette tour étoit également d'un Hade nau-
tique, ou de J13 -r pieds de París.”
« Les iardins fufpendus avo’ent quatre ple-
thres en carré j ou feize aroures de fujjerfi-ie
felón Diodore & Strabonj ce qut revient^ á
I. 924 arpeos 5 ou deux arpens de France moius
«n dix-éme. Sejon Quínte-Curfe toute Taire de
la ville n’ étoit pas bátie ; car outre que les mai-
íbns étoient a une cettaine diftance des murs ,, il
n V avoit des édifices que dans Tefpace de 90
ftades , & encore les bátimens ne tenoient poinr
les.uns aux autres , ce que Ton avoit fait acaiife
eu. feií. Les habitans. labouroient & enfemen-
qoient tout le teñe , afín que sdl leur fúrvenoit
un fiége , ils puíFent fe no.urrir de ce qui prove-
Eoit de ce fonds. ”
cc 11 faut done confidérer ce qu on appelle
raite 4e Babylone , comme un grand pare fermé
de grands & puiííans murs ñanqúés de tours ,
dans lequel étoient contenaes des terres labpu-
lables & une grande ville. L aire de la vftie ,
proprement dite , n étoit que cíe 90 ftades lelort
Ouinte-Curfe. Comment faut - ü entendre cet
aureur ? 11 ne s'agit pas ici de 90 ftades carrés
cet efpace feroit trop petit : il ne sagit pas non
plus d°un efpace catre dont chaqué cote auroit
été de 90 ftades j car il paroít que la mefure de
Tauteur eíl le grand ítade aíiatique , & chaqué
face des murs n’en contenoit que ce nombre. 11
eft done queñion ici d'une cncemte de 90 gramis
ftades , qui valenf 4 | lieues^ de^ 25 au de.gre.
Mais cet efpace étoit-il curviligne , ou avoit-il
une autre figure ?; Si Tenceinte de la ville. étoit
curviligne , la forme circulaire donnera la plus
■ grande fuperficie ; Ta ville aura 644. 6 grands
Hades carrés, ou 6.247 arpens , & ne fera gaeres
qu’égale á París. Toute autre foyne curviligne
donnera m^ins. Mais il efí plus probable^que le
terreiñ de la ville étoit reéiiiigne ; alors s il étoit
carré, tout Templacement des édifices avec les
rúes , n' étoit que de i || lieue carree. Si cet
cjíiplacement nlétoit point, carré, 8c. qudl eút.
B A B
toute autre forme reétiiigne , il étoit encore
moindre : d'cu ii faut conciure que le máximum
de la grandeur de Bab-jloTit , conndérce com.ma
un plan reótiiigne , étoit , felón Qumte-Curce ,
d'une lieue cartée plus || , compris le lit du
fleuve , les palais , les rúes , &c. ;^ce qui revient
á 4,907 arpens de France. Paris dans fes rem-
parts nen oceupe que 2,343 , mais en com-
prenant fes fauxbourgs ii en oceupe 6, iSiS : li
feroit done d'environ un tiers piiis grana que ,
B^byloiie. ”
cc Si á préfent on fait attemion que toute b
fuperficie du terrein renfermé dans les murs de
Baiyloiie , étoit de 7^^109 arpens, on en con-
clura que les terres labourabies contenues dans
Tenceinte de cette vilie, fe montóle nt a 73,,éoi
arpens , fur quoi pourtant il faut defalquer la
fuperficie des remparts, qui eft d'environ 60 itad.
nautiques catres , ou de 327 arpens : refte done
73,273 arpens que Ton pouvok labourer^
qu hérodote & Strabon difent de la fertiiité
des terres de la Babylonie eft vrai un arpent
de terre dans ce pays pouvoit produire du bled
pour la fubíiñance annueile de foixante ^ per-
foanes : d'oü il fuit que dix miile arpens leuie-
ment pouvoient produire du bled fuffiiamment
pour la provifion de fix cents mille ames j &
c'en eft peut-étre plus que Babylone n en conte-
noit , au moins á en juger par un récit vague
d’Hérodote. ( Llb. 1:1. cap. cj.jx. ) « Lorfque
» les Babyloniens eurent pns la refolucion de fe
” révoiter contre Darius , fils d Hiftaspes , ils
firent íortir de leur ville toutesles femraes qur
” avoient eu des enfans , s'en. réfervant une
” feulement quí favoit faite du pain ; & 1 on fit
” aflembler toutes les autres en un endroit ou
” elles furent étranglées , afin qu ellos ne con-
” fommaíTent. pas les vivres dont ils avoient fait
” provifion. Darius s'étant empate de la t'l
=» par le mayen de Zopire , fit empaler trois milie
» hommes des principaux citoyens ; m^is il pe^
” mit aux autres de demeurer dans. la ville , ex
” voulut qu ils priíTentdes femmes pour en avoir
” Ses enfans, II ordonna done aux peuples voilms-
<l^envoyc.r 3. Bü.hylone un certaín notubrc £
=0 femmes ; & enfin on en, fit entrer cinquante
« mille , dont les Babyloniens d'aujo-urd huí ípnt
“ defeendus. ” 11 me fembls, qu on peut in
de-iá quil n’y avoit ¿zns Babylone quo55,oc
homm.es adultes ; li done nous donnons a c aque
homme déux femmes , & á chaqué femme. e
enfaps , nous trouverons par ce calcul
population dé Babylone ne devoit pas pa
371,000 ames. ” . ^
«Cette fameufe ville fut Pífela pretnieref oís
par Cvrus , qui la conferva & Tembellit : s
révoltée fous Darius , elle fue. prife une.
fois par ce prirxe , qui en fit rafer les m
& abattre les portes. Je ne fais m
coffiiueut: fes mars furent rebstis } niais
B A B
toríens d’Alesandíe-le-Grand parlent 6.e.BMylone
eomme d'ui'.e íubUiiknt erxore üar'.s toure la
fplendeur. Eenjanda ¿e i udeae ¡ qiii vivcic au
¿ouziéme íiécie , rapporte dans fon uináraira ^
cifon _ny vovoit que quelques ruines j & qu on
ri^ofoic en approcher , í caufe oes ferpens &
ces icorpions dont eiíes étoient pleines ; ce qui
efe parfaicement cotiforaie á ce qu en a écnt
KouVv'oifj voyageiir Aiiemand , qiupaíia vers ces
ruines en is74- S“’od Texeira on Aen trouve
plus aujourd^hui que des traces ^ 8c il n y a pas
dans toute la contrée ^ de lieu moins frequenté,
que le terrein qu'elle oceupoit autrefois. 11 ele
íítué pres d'Hella , aa fud-oueít de Bagdad ^ fur
rEuphrate. 53 ( Métro'ogie ae M. Paucion. )
Eabylone. ( Tapis de ) Voyey_ Tapis.
EABYLONICA. Voyei Tapis.
BABYLONIE. « La contrée la plus fertüe du
monde , fuivam le témoignage des anciens , étoit
la Bahylomc , & en general les bords de FEu-
phrate & du Tigre t auíll la viüe de Babylone
étoit-elleft pías grande & k plus riche qui ait
exjíté. La fécondité de fon territoire étoit la
foürce de fa puiíTance ; on s’en convaincra par
ce qui fuit. Comme toutes les provinces de la
domirtation du roí de Perfe étoient obligées de
fournitj par des tributs ^ á toutes les dépenfes de
fa cour & de fes armées , Fempire entier contri-
buoit á cette dépenfe pour huir mois de l'année,
& la feule Babylonie étoit obligée de remplir le
vuide des qiiatre autres mois ; de forte que ce
petit pays étoit réputé valoir le tiers de FAÍie
entiére. Tritechme , fils d'ArtabafCj qui en étoit
fatrape , & qui y levoit les tributs pour le roi ,
en tiroit chaqué jour un artaba rempü dkrgent.
Cette mefure ^ comme Hérodote en fait !a re
marque , étoit plus grande de trois chénices que
le médimne attique , qui en contient quarante-
huit ; de maniere qu’en la fuppofant rempiie de
piéces d’argent , rondes & rnifes en piles les unes
á cote des autres ^ on troiive par le calcul que
les impoíitions de ce gouvernement montoient
par an á environ trente-trois mHlions de norre
monnoie ; on peut au moins compter trente
JnilIionSj c'eft le riers des quarre-vingt dix mü-
lions que l’on croit avoir été la totaiité des re-
tenus de Darius , fils d’Hiilafpes. =3
“ De plus, la Babylonie nourriíToit pour le roi ^
cutre des chevaux Je guerre , un haras.de huir cents
chevaux males & defeize mille cávales j á raifonde
vingt cávales pour un cheval. Elle nourriíTo’tauíft
pour le roí, une fi grande fnultitude de chiens
d'inde , quhl y avoit quatre villes exemptes de
toutes impofitions,' a condition qu'elles feroient
chargées de leur entrenen. Ce pays & toute
FAÍ fyrie font rarement arrofés des pluies du ciel.
Les grains que la terre v" produit ne font rafraí-
ehis que par les- eaux du ñewe- ; non qu’il íe
«ébarde de iui-méme fur íes canspa^ies^^ comme
B A B
55^
3 mais Finduítríe des hab'rari;
SEppiique -a e.n diriger les eaux par des foíTés ,
des canaax & des ngoles qui coupent & civifeni:
toutes les lAines. Le plus grand de ces canaux
portoíL navire 5 ti étoit tourné vers le foiftice
diiivCi j & le renüoit de I'Euqltrate dans le
Tigre. 33
autres pavs en
prcducti-ons d arbres iruitiers ^ comiiie le íiziiier ^
i'oüyier & la vigne 5 ntais par - tou: la rene v
produit d'ellc-méme des palmiers ^ qui prelque
Tous portent du truit dont on fait du pafn , ’du
vin & du miel. lis fe eultivent comme Ies fiauiers.
Les Crees diínnguent ces arbres , eomme piu-
fieiu-s autres , en males & femeiles. Or. attache
le fruir des males á la datre que portent les fe-
meüeSj c'eñ parce que les paiiniers mál-e.s con-
tiennent dans leur frait des moucheronS:, cemme
le %uier fauvage , iefqiiels entrant dans la datte
du iiguier lemelle , la font murir en la pénétrant :
autrement elle tombe fans erre bonne k manger.
On y voit une plante qui ne croit que- fur des
opines ; elle a quelque rapport avec le gui ^ que
i’on voit par-tout fe produire fur coates fortes
dkrbres ; mais la plante doñr il s'agft ici ne
vienr que fur Fépine roy-ale. On la séme vers le
tems du lever de la eanicule ; & ce qui étonne >
c’eíl: qu'elle germe le jourméme qu'on la sémre ,
& que bientót aprés , fon feuillage oceupe toar
celui de Farbre qui la porte. On en fait ufage
pour préparer certains vins j. & c'eíl pour cela
qu'on la cultive 33
« Les térras font reffibles dans la Babyl'onle ^
8c elles produifent chaqué année jufqu á trois
récoltes 3 ( Plin. 18. , 17. ) mais la troiíiéme ne
parvient pas á maturité 5 on la coupe en verd pour
la nourriture des beftiaux. Hérodote dit que cette
contrée étoit pour le bled la' meilleure & ¡a.
plus féconde que Fon connút de fon tems- La:
terre y rend communément deux cents pour unj
& quand les années font bonnes , & cVelle fe
furpaíTe e!le-méme par fa fécondité ¿lie rend
jufquk trois cents pour un. Les feuiJles Ju bled
& de Forge y ont quatre doigts de largeur; &
quoque je fache , dit cet hiñórien ^ que le miller
& le féfame y viennent auíE granas oiie des arbres,.
je m'abtiiendrai d'en parler ^ dans la crainte que
ceux qui n'ont pas vu ce pays comme nous , "ne
sTmaginent qu'on leur raconre des fables. On ny
fait pas ufage d'autre huile que de celle de fé-
fame. Strabon , ( ¿ib. xvi ,p. yii. ), affiire auííi
que la Babylonie rend trois cents mefures d’orse
pour une de femence. Ce prodiaieux produit eít
fans doute la fomme des deux récoltes mention-
nées par P4ine : ce qui fert á le prou-ver , c’eiL
quT! ajoute immédiarement aprés , oue c'eíí eu
mukfDliant les moiíTons dans les mémes terres ,
qu'on fait rendre aux plus mauvaifes , einouante
& jufqaá- cent-cinquante pour un , lorfcue !e
laboureuíT eft laborieux St Hirelligent. Quoiqu'ü
B A C
en , un arpent’ús rerre pouvoí: pvccursr k
íub;l:ibnce i 'ibixsnte perionnes aau-tes aans
cec:e résion favorifée üS ia iiatu^ La
¿■J b'-sá dins la Bahylo -il: ne áeir.aMoít pas pius
da travail , mais !e proaiiít y éroit coníidera-
bíe;nenr plus gran-A qi:e daris les ierres d’Egyp te-”
( Iditrologie de M. Paufton. )
BABELONIENS. Lcurs ch efs portoient la
pourore & Tor coinme les autres Aiiariques , urse
efpcce ds Fr4cex^2 ou ác 'Trahea corunis -iCS
Eo‘.r¡ains , & des couronnes d’or ou cié branches
fi’arbres _ ,
lis comptoient les jours depuis un isvei du
foleií , jufqu'á i’autre lever-
Aíhénée ^xiv.) rapporte un paíTage des livres
¿e Eérofe j confirmé par Créfias dans fes«écrirs
far les Perfes , diiquel on ptut conclure que íes
BaíylorJcra avoient inventé les faturnales : car
lis avoient établi cinq jours de^ féte ^ appeles
facées j pendant ieíquels Íes efciaves comman-
doienc aux maicres. V'oye:^ Assye.ie>;s.
BÁBYS. VoyeiCtoK.
BABÍS & BEBON. Les Egyptiens déíignoient
par ce furnom de Typhon , un vent violent ren-
ferrr.é ¿ans les cavernes. Babz ou Behi , veut
dire en langue Cophte ^ felón Jablonskij une
cáveme dans laqueile on peut renfetmer -ou
cacher quelque chofe- Typhon étoit le ^vent qui
iouíííoit fur ia terre , & qui retardóse 1 neureuíe
inondation du Nil ; Babys défignoit Typhon^ns
acíion, ou renfermé dans les cavernes. Oeia
\-int dans 'Homére la fable d Eole 8c de fa cá-
veme^ répétée par Virgiíe.
B ALARIO , efpéce .d'aiguiére armée d’une
Icngiieanfe, & appelée aufli rreZ/iz- Lesvaiets des
bains s’en fervoient pour puifer de Feau, & pour
la verfer fur le corps d$ ceux qui fe baignoient.
BacaIsIO devint le nom de ces vaietsmemesj
qui fervoient Ies femmes publiques dans leurs
bains Les Glofes expliquent le'mct Bacana ^ en
ajoutant le mot grec nsavíthéiiívíí.
BACCHAE. Ce mot défignoit 'es Bacchantes ;
snals il défignoit auíTi Ies couronnes de lierre que
fon portoit dans les fétes de Bacchus , pour iir.i-
ter ce Dieu.
BACCHÁNALE, endroit oú Fon célébroit les
myftéres de Bacchus. Piaute s’eíl fervi de ce mot
( Aidiil. iiL 1.3.):
ybcQue ego unquam , nijl kodie j ad Baccaas veni
iíl ^CCchuTKzl CO^UlTLÍltUTn» ^
Les glofes dTíidore en donnent la «meme defi-
Bitlon : Bacchanal , facrarium Liberi P atris.
BACCHANALES , fétes & myftéres célébrés
en Fhonneur de Bacchus. Hérodote Ies fait naítre
en Egypte, oá ellts étoient connues fous le nom
ds myftéres dlüs 8c d’Oriíis. Melampus les ap-
B A C
pnm en Grece, ou elles ú-rent acaieílHes av.^
fureiu j priricipalerr.ent^. Athents. Cette viiie £¡^
regardoic ia célébration córeme un objet fi im-
pcTrcanc , ctfel'e comptoit ¡es années par les
Bacchunales , comme elle les compra depuis par
fes Archontes-
Un Archonte en régloit a Amenes la lorme &
Fordonnance. On les célébroit dans le mois de
novembre , & tous les gentes de dtbauche & cié
’d'íToiution y étoient admis. Les femmes ou Bac-
chantes couroient dans Ies rnes rraveities ea
nymphes & en htroines ; enes ctoicui. fUiV:£sdes
licmmes demi-nuds , couvertsde peaux de betes,
& déguifés enfaunes ou en fityres. Les lons de
la fiúce ¡es animoienc á iormer oes danfes lal-
cives & itr.pudiques. ^ ^
De la Crece , ces fétes imputes paiserent cíans
I’Etrurie , & de-lá a Tome ; nnais^Fauñénté des
moeurs república! oes fat offenfee dune Ucence ii
effrénée;, & le fénat rendit^
donnance cui en défendoit la c.;-lébraaon. Cette
fage ordonnance n’eut cu un effet ru^ínentaiié ^
& Ies Bacchanales furent célébrées fous les Enrpe-
reurs avec encore plus de hcence^ pem - erre
qu’elles ne Favoient été dans la Crece. On leur
fixa d’abord trois époques dans 1 annee ; le
libertinage fit renouveler tous les mois ces retes
imputes. Voye:^ DioNvrsiES
Bacchanales inílitués ea
B A TC X E I A j j "
Fhonneur de Bacchus. F'oye^ Dionysies.
BACCHANfS, \ horj-jjiies 8c femmes quí
BACCHANThS, j .■ ]
fuivirent Bacchus dans fon expedition ae linde,
armes de thyríes & chantant fes viéloires. Ce
nom fur donné depuis aux hommes & aux femmes
qui célébroient les Bacthanaies- Les myíferes de
Bacchus furent principalerTsent co^íle^ auxfemmeSj
& dans les anciennes Bacchanales de FAtnque,
ces prétréíTes étoient au nombre de^ quatorze.
L’a.nriquké fait mention cepenáant á’un grand-
prétre de Bacchus^ ii refpeíté de tout le peuple,
qu on lui donnoit la premiére place dans les
fpeólades.
Les bacchantes couroient pendant la nuit
demi-raies , couvertes feulement de peaux ae ti-
gres ou de panthéres légérement attacnees lur
íeiirs reins avec des ceintures de pampre ou de
lierre. DLutres , échevelées, portoientdesfiam-
beaux aüumés ou des thyrfes , crioieat _& pouíloien
des hurlemens affteux. Elles repetoient fouve»-
ces mots : EbT _oii
ou la A leurs cris fe méloient Ies lO»
des cymbales, des tambours, des
des clochettes attachées á leurs habits. -
hommes,déguifés en fatyres& en faunes/mvoien^
les Bacckap.tes , Íes uns a pied, íes au'.res ,
fur des ánes , trainant apréseux des Iwucs o
de guiríandes, pour íes immoler ^ ‘
d furent les Bacchantes qui déchirere»s «
B A C
B A C
chantre c-e la Thrace Se le malheuríux; Penthée.
Eiiripide a pris pour fajet d’uae de les rragídies
h inort de ce ¡_ tinca.
Les principaex objets Ja cu’ta Jes 3-;cckaríi¿s
étoient !e 'tkaLUs , le Van. lacré , ce ia C¡fi;
mvíiirae renfermant un ferpeiU. Voye‘:^ct^ ntats.
Lear habit dirdncíir , iorfqu’eiies idéro'cnt pas
couvertes de peai'.x de tigres , ét&ient la iS.iJyts,
ou turdque trainaate , & la crocote ; cetra der-
niére écoit faite avec ¡a foie & traníparente , teñe
á-ptu-pres que nos g-aes Brechas paroic íur
les ir.onuntens a\‘ec ia crocote , qiii íut depuis
adoptée par Jes Hiiioions.
Les monamenti i,iedíti de V' inkel'.nann nous
ofFrentíeptá huir bas-reliefs repré'entanfdes Bac-
chantes & des Bacchar.a-es, On en volt -íur Je
beau vafe d'acare dii tréfor de f Abbaye de ¿aint-
E’erds en Fraace- La Bacch..iútc de ia vi!!e Vía-
dame , porte une ceinrure large comme ceile de
Meipoméne.
Au ¿ui iiom de Bacchantes rimagination des
artiftes s'cnua;nme ; sis ne croient larnais tendré
avec aíTez de forcé ¡a fnreur 8c 1 ivreíie de ces
feir.mcs perdues de iuxiire & de vin ; & ils don-
nent á leurs vilages des traits áiuTi torces que
le font Ies attitudes de leurs corps. Wi,:ke!mann
leur apprendra que ces caricatures font cpnrraires
á I’idce de !a joie cue les ancier.s excrimeient Idr
les ir:oniiu;ens. Elle n’ctoit jainais éclatante ;
c’etoit- i'expredlon íiinple & üouce da conreate-
ment & de la férénité de Lame. Sur le vifage
A'urtfBacchun.íe , dit-il , on ne voit brií-er j pour
ainíi-dire, que i aurore de la volupté..
Les anciens donnoienr aux vifages des 3ac-
ckantes . !e c.iractcre de la grace comique , propre
aiixFaunes, qui coníiite le plus fouvent dans un
fourire de gaieté , exprime par les angies de la
bouche , tires en haut. On voit entre autres á
la viile Aibard ^ ii-.e rete de Bacchantt de la plus
parfaite confervation , qui ne peut pas erre prife
pour un portrait , mais qui doú étre placee
dar.s la claífe des béautés idiiles. Filie a le proíil
applati , Ies yeux élevés comme Ies i aúnes , Sr
les angies de h bouc’ne tires en haur. On voit
que les anciens artiifes ont cherché á imprimer
aux figures des '¿aechantes , c'eü-a-dire aux figures
idéales des '¿aechantes ¡ la grace des Süénes &
des Faunes
La colleclion du barón de Stofeh oítre plus
de trente p'erres gravées avec des Bacchantes.
BALCnUS. Les anciens connoi/Toient plu-
fieiirs iía.-c/zcí , oui rjétoient petit-écre toas. que
des modincations ¿a mem.e, reiatives au cuite
de chaqué pivs. Les recherches de M. Dupuis ,
Profeffear de Rhétorique au coH-tge de Lifieux y
démontreront cecre conjeócure. IMous allons íes
donner ici ielles quhl les a fait inférer dans
i’Añronorr.ie de M. ds ia Laude j édition
deraier volr¡me.
591
Expiicatiok dh cxrrí divixité ^ S210M
Ai. Dorun E-E Lisieu;-:.
vovage de Bacchus , dr'cri: dans les
Djctiyjtcques de INpnnus ^ conttent d’une ma-
ntel e Deaucoup plus fuivie Sr plus ccmplets
que les ¡ambeaux qui nous redent des poemes
tuiuS fui Hercule , la tUeoiogie aícronomiGiie des
arxiens , Se nous adons voir Bacckus vovsqer
comme le iils d -Aicmene dar.s le zodiaqiie , aux
-équinoxes Se aux folílices, d'une mi.niere á ne
xürer aucun doiire. Ce poeme de Monnus, connii
idus le nom ¿'aventures & dé voyages de
¿aechas , ou de Diony.fiaques j eft écrit en grec,
& diltribué en quarante-huit chants , qui ren-
ferment prefque tciit ce que la Mytholcgie an-
cienne a de plirs intéreíTanr dans plus de vingt-
un mide vers. L'auteur de ce poéme étoit Egvp-
uen , & , felón Suidas , vivoit dans ie cinquiéme
liécle. II travailia fur Ies mémes matériaux que
les grecs & les latins ; & cuoicue fon poéme
ne fut qu'une imitation des anciens poémes fiir
Olíris ou Bacchus , il eft p-récieux par la fume
qu'ont entre-elies les ailégories aiíronomioues
& les traditions facrt'es qui y font beaucoup
mieax confervées que dans aucun poéme des
anciens. >:>
£< Baech.-us fut une divinité théologique, de !a
méme nature que Júpiter en Gréce , An &
Oíiris en Egypte ; que ¡'Hercule Thébain ; c'é-
ttíit i'ame du monde & !e [piritas mcreur des
fpheres , peint avec les átrributs du taureau cé-
kite & du ligue équinoxial du prinremps , dans
ieqiiel s'incaruoit le dieu de la lumiére , l ame
du foleil & du monde , quand la nature recevoit
le germe de la fécondicé que luí commaniquoit
Y JEtker. Macrobe nolis cit cue dans la thcole-
gie d’Crphtej Bacchus paíTcit pour étre la forcé
qui sneut la matiére , l’inteiügence qui l’orga-
nifej 8c cene ame qui fe diftribue dans teutes
fes partíes:, & qui divifée dans fes efrets ^ -fes
agenSj, eñ pne dans fon principe. « « Ipfam au-
=3 tem liherum patrem Orphaici riís ai.ix.ot fafpi~
33 carr.ar inteíLigi ; qui ah illo individuo na-
33 tus 5 in Jingulos ipfe díviditur. Ideo in illcrum
33 facris traditur Titanio furaré in membra dif-
X cerptus & frufiis ftpultis , rursus uhus & inte-
33 ger emerjijfe y quza tzee y quem diximus mentem
33 vocari y ex individuo prebendo fe ázvtder.d.zm ,
30 & rurszis ex divifo ad individuum revertendo y
33 C¡ mundi implet off.cia , & r.ature fie arcana non
33 deferh 33 ( Somn. Scip. c. l i ''¡ Cette Hyle , ob-
ferve tres-bien M. Freret, eft ¡a matiere pre-
miére, la natnre, receptacul m om.ni - formi am
fpecierum. ( Défenfe de la Cbron-l. p. 367).
C'eft eífedivement ainíi que l'expiicue Macrobe.
íls.c efi autem Hyle que omne corpas mundi y
ouod ubicumQue cerr.ímús , ideis impreffh formavit.
Bacchus eft done 1 inte! ligeree oai préílde á la
matiére j a i'arrangement & á rorganifaiion «k
39i
B A C
íes psrtíes j Is rneiit & i aniíne j & ímprii'ns^^ette
xorcs hxrmoriíoiie su cíeí sux íept fpheres j
don: Taction combiníe produit avec Íes éiémens
coas Í£S efrets fiiblunaires. Bacchus ^ ou le áieu
1 aureau des anciens , n'eíl done qu'une forme
parícuiiére de i'ame iiniverfelle & de 1 intelügence
derra-ourgique , & d’ane des métamorpholes de
pe fpiritus qui p£r omr.es orbis pervoHtJ.t panes ¡
corpuíqae anímele figarat , poiir me ferv’ir des
expreíiions de Manilsus. Le lavant Freret a tres-
bien faili ce graud principe de la théoiogie an-
cieDnej mais ii a é_choué comme les aurres ^ dans
les explications de déraii ^ faate avoir appli-
qué les caraíteres de récriture facrée , ou le ciel
dans lequei circuloít la forcé morrnce des plus
puiifans agens de la natura. « Le monde ^ dic ce
Ijfavant, étoitj dans la tkéologie des anciens
« Esyptiens ^ comme un graná animal compofé
deíprit & de matiére ^ & qui avoit une ame,
3) laqueiie étoit daos un mouvemenr & une circu-
33 lation continuelle,retnpiiírant tous les étres& fe
33 méiant avec eux. Elle les anime tous 5 elle le
5, principe de fame Sedulentiment dans les animaux.
,3 Jambiique^ Apuiée éc Kermes nous apprennent
=0 que notre monde ¡ ou plutoc 1 ame & i intel-
33 ligence qui fanime , étoit le fecond uieu vi-
¥ "fible & feníible Fiinage & le ñls du Demi-
33 om-gos. : M. Freret, _ p. -568. )33 II dit en par-
ticülier d’Kercuie & de Bacciius , quns eioient
des dieux áu premier ordre , Fame du monde ,
ou du tr.3Íns*des atttibuts^ ou, fuivant notre fyf-
íéme, des formes de riníelligencedémi-ourgiques.
(p. JIT- 32-7- )
cc Ce' que ce favant penfoit ¿'Herciue Sr de
Bacchus , r.GUS le penfons de tous les grands dieux
di; paganifme, qui fe réduifent tous a la feule
forcé raotrice de la riature , & á rr.nn.e du monde,
mulcip’e feulement dans fes noms & fes formes ;
& le travail que Bous avons fait jufquici íur
chaqué divinite , nous ,a toujours donné^ en
¿erniére analyfe , Tame du monde & le génie
moteur du ciel des íixes 8c des ipheres.^La conf-
teiktion dacocher céieíle fut une des formes de
Famá du monde , connue fous le nom de Pan &
de Júpiter; eeüe'de Perfée devint tine autre
expreíiiGG de la méme forcé , fous se nom de
Mercure & de Crene; ceíle du grana chien fut
Mercure Anubis, Orion, Le Satiirne AíLusen ;_le
Tanreau devine Bacckus Se Ofiris 5 le Serpentaire
pro.áuifi? Efculape, Efmam , Platón & Sérapis ;
& ainfi ¿es autres conftellations auxquelies cette
ame s’uniffoít dans une rcvolution loitíve. 33^
« D aprés ces principes , Bacchus glk done etre
ia forcé univeríelie ddiribuée dans les corps^ ce-
leítes , dans le foleil , la lune & iqs lept plañeres,
& Faraede Fharíiionie des fpheres- Cetíe confé-
qaenc-2 , oui rifulte du principe uruque que nous
¿tabliíToíss pour bafe de notre tbéorie , eft con-
firmée par le témoignage des anciens. Dans la
feiolocie d’Orphée , Bacchus étoh cenfé préíider
B A C
avec Ies mufes au mouvement des fpheres , 8c
donr.er á chacune Fimp-uiiion , á co-mmencerpar
le ciel des üxes , ou le huitiéme ciei , fur lequel
Fame da moaae exerqoit fa premiere action, juf.
qu'au ciei de la lune. =<: In ardmá mundí , priorem.
33 ■c'im Baccham ¿ribromium próificiebant. =3 ( LiLia
Giralai , tom. I, 5’33. ) Dans la théoiogie égyp-
tienne , Ofiris , le méme que Bacckus , étoit auífi
accoinpagné des Mufes , ou des intelligcnces des
fpheres. L’union de Bacckus aax Muíes eíl aaíu
atteííée par flutarque : >3= Fon inepta apud nos
33 In fefiis mulleres Bacckum requirunt tanquam fu-
gitívitm y deinde pnejTL qu&rendi faciutiz , dicuait~
33 que eum ad Mapas confagijfe , apud eas latere
33 occultatum. (^Sympos. l, VIII , prob. I. ) Et les
Mufes, fuivant le meme auteur , cefunt ocio in
33 globis una prope terram locum fortitur. Qus.
33 o3o fphirarum revolutionibus prsfura , e& erran--
33 tium flellqrum adversiis inerrantes & ipfarum.
=3 invicem confervant harmomam Uraniam Mu-
33 fam e cxlo nomtn kabet. =3 ( l6. L FK.prob. I4.)
Macrobe étabüt la méme thtorie fur Tharmome
produke par Fame univerfeüe : ^ inejfe mandaná,
33 anim& caufas muíles, cxlefiis anima , qua ani-
33 matar univerfitas , orighiem fampfit e mufica :
33 kac durn ad fph&ralem motum m.undi corpas im-~
33 pellit , fonum efEcit. ( Som. Scip. l. il , c. 3. )
II reconnoí" égaleir.eat neuf intelligences , qui
préíident au mouvetnent de chaqué fphere , fous
le nom de Mufes. II donne auíü le nom d Lra-
nie a celle du ciel des fixes : Und'e Hefiodus , in
33 Pud zhcogoíiid , ociavam. lyitifam Uraniam vocat,
33 Quia poji feptem vagas qa& fubjecli, funt , ’oSava
3= fiellifera fpk&ra fuperpofita proprio nomine ccelum
33 vocatur^ 33 H donne ceiui de Caliiope a la neu-
33 viéme qu'il appelle maximam , & ceíie a íaquelle
33 Hé-lode ajjigaat univerfitatis nomen.^^ I! donne
au chef de ces intelligences le nom d Apollon ,
au-iiea de celui de Bacchus ; mais ceci n eít point
contraire á ce cue nous établiíTons fur Bacchus ,
puifquf4polIon eíl: une divinite de la meme na-
tura cua Bacckus , 8c la méme ame du monde ,
exprimée fous un autre embiéme aííronomique ,
comme on le verra lorfque nous aurons occaíion
de parlar d'Apolion ; cette identité eft reconnue
par Macrobe lai-méme : cc-AriJloteles- qui tkeolo-
33 gúmena Jcrippt , Ápollinem & Libcrum patrern
33 ua-am eumdemque effe Deum , mullís argumentis
33 cjferit. (^Saturn. l. f. c. 18. ) =’
« Bacchus fut done uni aux Mufes, ou aux
intelligences des fpheres auíTi . naturellement
cu Apollon; il en fut de méme d'Hercaie qui
prit ’auíTi le Rom de Mufagéces , ou cher ues
Mufes, parla méme ral fon quhl fut auíhiam-
de Fharmonie univerielle- Les voyages de íoatcaus
c-z les courfes de ce Dieu , ne-font done qu»- u
marche progreírive de lame da monde , & ^
paiticulier de Fia'cslligence du foleil & du te.
dans le zociaque, dans lequel voyageoit le J
ame viíible ¿a monde , & Fageat l£
B A C
ée !a végctatian annueüe & cié rorganifation ele
la maticre : voilá pourquoi piufieurs auteurs ont
confonda ce diea avec le foleii aaquel il eíl uni.
lVia;s cetre diveríité d’opirdoas ne nuit en ríen á
nos expácaticns aitronomiqaes , paifeue ces
mémes auteurs fupporent que le foicii eít ¡’ame
da monde ^ & que fa forcé devient la forcé uni-
veríelle ^ qui fe répand dans toares les parties
• de la nature ^ qai meut les fplieres , & fubit di-
verfes m^ramorphofes dans Ies coníleíiations. Auíli
I on eft— obligó de fe repórter au ciel des fixes ,
dans lequci notre fyftéme place & fait circuier
la forcé motrice de ¡a fphéra du foíeil & des
plañeres. Soit que Tor! falle agir i’ame du rr onde
immédíatement fur le premier mobile , « ¿a quo
rCjidet pruna caufa. ( vita Pytkag. photii. Bibl.
cod. zya. ) fur ce cercle que Cicéron appelle
fummiís Deas , Sc que Macrobe dit ; « continere
" virtutes omnes qas. prims. fíiminltatis omnipoten-
>5 tiam feq-auntar-, == ( Liv. i. c. 17. ) == 5 foit qu’on
le place dans le foíeil pour diílribuer de-!á fon
aciiop dans toure la nature 5 c'eíb toujours dans
le zodiaque qu elle circule pendant une révolution
annuelle ; fa marche , dans fes principales
peques j fera toujours fixée par Ies aftres ou
Ies genies - etoiles qui déterminent la route du
foíeil paríeur iever ou leur coucher , & qui font
en afpedl avec les íignes : ainfi , la clef aftrono-
devient néceíTaire pour expiiquer les voyages
ailégoriques dt cette forcé perionniíiée dans^le
poeoie fur Tame du monde. «
^ « Bacckus tfefi done point un héros apothéofé;
c*eñ plutót la divinité peinte fous les traits de
í fiomme ^ mais d’un conquérant & d’un' héros :
1^ forcé eii cebe de la nature 5 íes voyages^ la
marche meme du foíeil qui la féconde ; ainíi Bac-
ck-as doir partir du point d'ou le foíeil commence
á fe mouvoir , lorfque fes feux font éclore tous
les ans un nouveau monde ; accompagner i’aftre
du jour, féloigner, s’arréter^ revenir á lui ^
& retourner au méme endroic ou il avoit com-
mencé fa carriére. »
ce Lorfque le Taureau céleñe étoit le premier
ijgne , & que fon fouffle animoit Tunivers j
l'amp motrice des fphéres & le [piritas qui orga-
nifoit la matiére végétative , emprunta les attri -
buts d^ cette conftellatiun : auái Ton voit Bac-
ckus partir de la conñellation du Taureau ^ pour
y revenir aprés avoir fait le tour du cíe!. II fut
peint avec des cernes de bceuf ^ ou méme avec
une tete & des pieds de boeiif; il prit !e nom de
faint Taureau , & fon éducation fut confiée aux
Hyades les plus belies etoiles de cette conftel-
lation. L ame du monde^ á cette époque , repre-
noit fa foudre éteinte pendant l'hiver , & le nou-
veau dieu naiíToit au miüeu des feux du tonnerre.»
“ Le Serpentaire qui fe trouve en afped avec
ce íigne, & qui par fon lever du foir nxoit cette
unportante époque de la nature, fut uni natu-
redement au figne de l'équinoxe de printemps Se
Aatiquités , Tome I,
^ ^ B A C 395
a B aechas , ou au dieu Taureau. Cette coaíieüa-
tion s appe Je Caámus , en ailronomie ! Cccíias ,
P- 140.) ou VOrünta/e-, & rhilloire ás Cadmas
e .rouva liee a ceüe de Bacckus , au.xi néceííáí-
rer.ient que la conilellation qui eft déíignée foas
ce nom ,x étoit au premier figne , ou au Taurea*
equiDoxial , d ou toute la machine céleí’te fem-
bioir partir , & ou fe rapportoient Ies diverfes
omites des plañeres. C’eft da Taureau ou de le-
quinoxe que le Zend-Aveña fait partir tous les
aítres : cette pofition de la fphére le jour de Té-
quinoxe, une tois déterminée , coniidéí-ons maia-
tenant le poéme de Nonnus. »
« Le poete invitela Mufe á chanter la foudre
qui étincelle dans ia main du maírre desdieux,
dont Texplofion fait accoucher Sémélé ; la
naiíTance de Bacckus nt deux fois. II la prie de
faire paroitre Protée , ce dieu fi varié dans fes
formes, & dont les métamorphofes renfermenc
des merveilles moins étonnantes que ceiles de 1»
vie de Bacckus,
cc^ Cette comparaifon de Bacckus á Protée ,
eíl aes plus natureíies , puirque Bacckus ou l’ame
du monde , eft le véritable Protée , qui fubit mii'e
formes variées dans la matiére qu’il organife , &
aans les aftres qifil anime & qu’il meut. Auíli lui
donnoit-on le tirra de Myriomorphos , ou de die«
aux miiie formes; & dans le poéme de Nonnus,
on voit ce Dieu fous le rom de Zagreus , prendre
prefque toutes les formes de Protée, tantot bcEuf,
tantót lion , tantct ferpent , &c. fuivant les diaé-
rentesconfteüationsdans lefquellesl’amedu monde
circuloit. »
■ « Le poete entre enfuñe en matiére, en racon-
tan^ 1 enlévement d'Europe par Júpiter déguife
en Taureau, & les courfes de CaJmus pourcher-
cher fa fcsiir ; ii chante poétiquement cette aven-
ture. Júpiter avoit laillé fa foudre dans un a.ntre,
& Typhon s’en étoit faiií ; mais inutilement ii ea
veut faire ufage-; fon bras n’eñ pas aíTez vigoureux
pour. en foatenir !e poids. Les feux du tonnerre
s’éteignent dans fes mains, & la foudre n’y fait
aucun bruit. Néanmoins le monílre, fecondé des
aurres ferpens fes fréres , avoit déjá porté le
ravage dans totit Punivers , obfcurci la lumiére
du jour, & faifoit la guerre aux etoiles fixes.
C’eñ ainfi que dans la Cofmcgonie des Perfes ,
on voit Typhon , ou Arhiman avec les Dews ,
attaquer le ciel des fixes. ( ZsnB-Avefia , t. zi.
p. 3 54. ) ■«
« II fait avancer dans les airs fon armée de íer-
pens , & va fe placer lui-méme fur le dragón des
Hefpérides. Les Heures arment contre lui leurs
bataillons intrépides. Ii atraque enfuite la mer;
& les habitans des ondes fe cachent á la vue de fes
ferpens. Toute la nature bouleverfée eft dans TeíFroi.
Cependant, Júpiter arrivé fur les rivages de
Crete , jouiíToit de fon amourcux larcin , & Eu-
rope devenue mere , paíTe entre les mains d’Afté-
tíon , candis que fon amant Taureau brUie dans
D dd
394 B A C
íc iignc célcft^ j c^ui porís le Toleil íiu. pniit£ffips ^
ayant le Cocher fur fa tete 3 & Orion á fes pieds.
^ Nonnus , liv. 1. verf. ^^6. )
c£ Júpiter accompagné de TAmour & da diea
Pan 3 rencontre Cadmiis 3 á qui Pan donne fes
l)oucs & fa ñute j & Thabit de berget , afin de
tromperTypkon &de iui reprendre les fo adres quil
a dérobées. ££ Chante 3 dit le Maitre des dieiix
» á Cadmus; & la paix & la férenité feront ren-
» daes au del : fois berger pour un jeur 3 &: que
x> cette fliire paíforale rende la liberté au pafteur
== da monde. Tes fervices ne feront point fans
» récompenfe ; tu feras le génie confervateur de
=> rharmonis de i’univers 5 8c la belle Karmonie
» fera ton épouíe. » Ainíi parle Júpiter , & fem-
blable au beeaf arnaé de corneSj il avance fur le
íemmet duMonr-Taurus. Cadtñiis s apprue conrre
Hn chéne3 & fait répéter aux échos les fons har-
monieux de fa íiúte , qui féduiíent Typhon. ^Le
géant aux pieds de ferpenr,s’avancepour lenrencrej
& laiífe la foudre áans fon antre. Cadmus feint
¿""erre eíFrayc de fa vue , & fe cache. Le geant
cherche á le raíuirerj & l’invite á continuer. 11 lui
promet méme une récompenfe, & TaíTure que des
qifil íera maitre de l'Olympe , il placera fes boucs
& fes chevres dans la conilellarion áu cocíier, fes
taisreaux dans le Taureau céleíte , & fa flíite dans
la coníiellition de la lyre. Cadmus póurfint 3 8c
tandis que ie géant fe livreau plaiíir de i entendre,
fans que rien puiffe le diítraire , Júpiter fe gdííe
furtivemenr dans Fantre du geant , & reprend fa
foudre. « j t
ccEientót Typhon s’appercoit de rartihce de Jú-
piter Sr de Cadmus3 & furietix d'avoir été trompé,
il asite la natura oar les plus violentes recou!res,&
ébranle Funivers.il déne'encore Júpiter au combar.
Le maitre dutonnerre, accompagnéde la Vicroire,
Fattend , fe rit de fes menaces , & fe prepare á
foutenir les affauts. ki eft ladefcriprion de ce ter-
rible combar. Typhon enraíTe montagnes fur mon-
tagnes, lance des arbres & des quartiers de rochers
centre Júpiter , qui, d’iin coiip de toudre , reduit
sour en poudre. Le roí des dieux, accompagne de
laTerreiir, volé au haut des airs , arme de la pean
¿e la chevre Amaithée, & porté fur le charailé du
Tems. La vittoke eíi b.alancée; mais enfin,Typhon
atraqué de toutes parts . tombe brúlé de la foudre.
Júpiter infalte á fadéfaite, & renfévelit fous les
rochers de Stciie. Le comoat finir, oír le poete,
avec Fhiver. ( Lib, iir. ver/* i.y La paiX cid ren-
due a la nature , & Fordre rétabli_ dans Funivers.
Júpiter remercie Cadmus du fervice qu il luí 3.
rendu , & lui dit qudl va le faire gendre de Vé-
Büs Se de Mars ; il lui donne enfuite quelques
avis , Se entr'autres celui d'bonorer, le foir^, 1 O-
phiuchus célefte ; ( lib. n , vers. óyy ) ; c eír-a-
dtre !a conftellation ou il eít: place , s veur
éviter la métamorphofe oae lai referve le defiin.
Le m-aitra da tonnere retourne au ciel, porté fur
í«n char. La Viédoire gtiide fes courfiers-, les
B A C
Keures luí ouvrent les portes de FO’ynrpe , &
Théniis , pour eSrayer ia terre qui a donné naif-
fance á Typhon , fufpend aux voútes du ciel les
armes du géant foudroyé. »
££ Les ptincipaux perfonnages qui figurent aans
ces deux chants , fon* les meir.es que les génies-
étoiles 3 qui étoient á Fhorizon oriental ou
occidental , á Féquinoxe du printernps , & qui
par leur lever cu léur coucher , fi-xoient le paífage
du foiei! aux íignes fupérieurs , la fin du régne
de Fhiver & de ía nuit , & les limites de 1 empire
d'Oromaze & d’Arhiman ; on y voit Júpiter^ 8c
Typhon, Earope, Cadmus 8c Pan. Dans la ^here,
on treuve a Fhorizon occidental , le cocher ou
Júpiter yEgiochus , Se Pan dans notre_ fyfteme ,
qui fe couchent , & par leur difparirion lont
lever Cadmus , c’eítá-dire le ferpentaire , 8c pres
de iui le dragón des Hefpérides 8c le ferpent, qui
foarnirent les attributs de ferpent au lyphon 8c
aux génies des ténébres. «
cc Tous les Mythologues conviennenr que le
taureau d'Europe eíl ceiui de nos conftellations j
iNonnus en particuHer Fy place. L avis que ce
poete fait donner á Cadmus par .Tupiter, qui luí
dit d^honorerla nu’t FOphiucus celefte, pour pie-
venir les iTiailieurs de fa métamorphofe , contiene
une alhiíion marquée á la coníteilarion qui , ¡c
foir á Forienr , étoit en afpeci avec^ le taureau ,
8c qui porte encore le nom de Cadmus. Quant
aux géants aux pieds de ferpent Se a Typhon , ce
n'-ñ pas la premiére fois que nous avons étabü
leur identité avec le ferpent celefte, genie de
Fhiver ; Sí nous aurons encore iseu de le prou-
ver , de maniere qu’une des preuves^de Ja^verite
de notre fyftéme , ckft qu une divinite^ ,
une fois clétenninée dans une table particuhere ,
fert á expHquer routcsles fables oú ejie entre. 1! en
eíl: de méme de Pan,ou du dieu aux pieds 8c coinés
de bouc , une des formes de 1 ame du monde ,
peinte avec Ies attnbuts de la chevre & cíe fes
chevreaux 5 conílellation qui , le foir par fon cou-
cher , 8c ie matin á fon lever , fixoit le poiní
éqiiinoxial , 8c le commencement. de i harmonie
céieftetc’eíl lui qui fournit á Cad.mus ou au ferpen-
taire les attributs fous lefquels il ceife d étre genie
d’hiver , 8c devient le bel Efmun , comme on le
yerra mieux á i'artic’e Pluton. Cadmus devient
alors 3 comtne -Pan , Tauteur de 1 hann o nie ce-
leñe , & tient Forgue aux fept tuyaux , ou 1 em-
bléme du fpzritus , 8c du fouffie unique , QUi üi"
vifé en fept fons , forme Fharmonie celeíle , en-
fin 3 il n’eíl plus ridés d’hiver niah Famant^de
la mere des dieux, qui, au fein des ter^O‘--S 3
vient faire briüer la lumiere , fuivant
cius ”.
" -La théologie oui fair le fonds de cette
gorie poétique , eft la méme que nous
étabiíc comme bafe fondamentaie des • ¡v.
nies anciennes , en cxpdquanr la Cofmogon.ee
i Perfes , Fceuf d’Oromaze & ¿’ArhiiDan ,
B A C
beau raorsument de Mirhi'as ^ Sí que :íou.s retrssu-
▼erons en traitant Séraais ou Piaron. »
« Le pc-ére f.ippofe que peadant riiiver 2e dieu
de ’a iumij e n'avort plus de fou.ires ; qu’elíes
etoient entre les rnaias du génie des ténebres ,
ou de i ijiver . qui n^en pouvoit taire ufage 5 mafs
tant que Júpiter e.a eft privé^ fon ennemi boale-
veríe la nacure , confond les eiémens répaiid
fíir !i face de h terre le deui! , les Cracbres &
la nro’.t ^ jufqu au lever du ferpentaire , & au
coacher du taureau j époque oii le dieu d.i jour
reiiire dans tous fes droits & rétablit I’ordre que
*c genie dcí^ruCieur 2 troublc Tur la terre. Júpiter
reprend fes foudres par l'artiSce de Cadmus ,
fous i nabic de Pan ou du cocher céleftcj le méme
qu v^rus 5 alors la guerre des deux principes fir.it
par La deilrtiGÜc.n du génie des ténebres &
ae i iiiver ^ & par le triomphe du Dieu du iour.
^oiir^ va renait-e; la terre eíl cmaülée de fieursj
íes zephirs prennent la place des bruyans aquilons;
Jes íieuves enchainésreprennentleur courSj&toute
a nature produrt. C’eft Lidée qu^’amene natiirel-
lement .e triomp.he de Júpiter, & c eft précifé-
ment cene oue préfente le poete au comtr.en-
cement ae fon troííiéiiie lívre. 53
«Lhíver, dita!, fi.nir zv:c h eaerre de Ty-
phon contre Jupirer; le Taureau &: Orion fe
levant dans un cteí par. l e MaiTagete ne roule
plus fí rabane ambulante fur les gkces du Da-
nube j 1 hironaeüe & le zéphír ramenent le ptin-
temps , Sí^la fleur s ouvre aiix fucs nourriciers de
la iofee. \oiia en fuDílance les qui.nze prenv'ers
vers du chant qui fuit la défaire du génie de
i mver & des renébres ; & la marche du poete
^ abfolument celie de la nature & de la fphére.
Alors Cadmus qiuctant les fommets du Taurus,
«es les premiers rayons de Taurore , s’emb.arque ,
,7 va en Thrace cherchar la beüe Harmonie ,
elevee dans le ^paíais d’une Pléiade nommée
Liectre , & confaée á fes foias. La déeííé de la
permaiion l'y inrroduit fous le^ aufpices de Vé-
'Iml íf ‘ ’ defeription du palais
«L-eCíre , ou vient d’arriver en méme-tems cue
H Emathion , ou le iour , fils
e bieccre ^ fous la_ forme la pías agréable. La
pnnceiie fait fervir á Cadmus un magnifique
repas, & I interroga fur le .ftiier de fon vovao-e
& fur fes aventures : le héros Ies luí raconte.
tiectre cherche á le confoler par fon e.xemple,
& íu! dit que da.ns fes malheurs elle eft rafíurce i
par 1 efpoir d ’étre unie á fes fesurs , qui formertt I
le chcEur des Pléiades , & qu elle fera k feptiéme 1
atlannde aui brülera aux deux ; qu’ilpeut égale- !
^ent fe fiatter qu’un iour le deílin pourra luí '
6tre plus favorable. Cependant Mercure , dé-
ployant fesailes, arrive au palais dTleclre, &
ordonne, déla part de Júpiter, de mnrier á
admus la jeune Harmonie , filie de Venus &
lars , qu’eüe éléve dans fon palais. «= Je vous
* »lue, lui ¿tr-il la pluj heurettfe dt touses les
B A C ^
* itnsmes, vous que Juuiíer a homorée de
- couclíe : votre ibng va donner des loix au
- monde, & voiis-meme feraz placee dms Ies
» cieux a cote de Maía ma mc-re , & vous ac-
« cempagnerez ie char du íbleiL Je íais ie mef-
- pger oes dieux, qui viens vous ardonner de
« pait cíe ..'upiter , de donner ia ieure Har-
» naonie en mariage á ce: étrañaer oui dent ds
rendre la parx & la férénité au de!'; relies fon<t
« i^es i.nrentions de Júpiter , de Mars 6^
"Venus.»
«Apres avoir analyfé ce troifiéme chant áa
poem.e, fasfons yeir fes rapp-orts avec la fphére.
fnants precédeos noiis ont donne la po'itioni
ítu ciel le foir qui précéde le jour éqiiíhoxiai »
& les afpeds qui préíide.nt á la derniére nuit d«
regne du génie des ténebres. Confukons aótuel-
lement les afpeóts du mattn , Se la premiere au-
rore des beaux jours. Le folei! fe léve dans le
íigne du taureau , fous lequei eft Orion , & pre-
cede des fept Pléiades , dont Eledre eft une ^
ainíj que de Perfée , notre Mercure, fils d'uné
Pléiaie. .Aucouchant on trouve Cadmusoale feí-
pentairc ,^qui , aprés avoir para pendant toute
la nuit , defeend ¡e matin au fein des fiots , &:
fe trouve en afpect avec les Pléiades : alors !¿
jour reparoit. C'eft-lá le fondem.ent de Pallego-
rie^ qu! fuppofe que Cadmus s’embarque , 8c
arnve au palais d Eieélre, ou il trouve le jeune
Emathion, ou le jour , fous !i figure ¡.F un ieuní
homnae qui doit fa naiífanGe á Éleétre , & qiá
va bientór régner fur Tunivers. C'eft égalemertt
aux premiers rayons de Laurore que ie poke places-
1 embarquement de Cadmus;. ce qui déíigae clai-
rement foiT conchar du matin \ mutiLt-PuLs ibat:
Cadmus. {Lia. uj, .^ers ly.) ; au-lieu que dans
les chañes precédeos , _ou il étoit qtíeftion des
aipeñs du foir , il iai dit : noaurnus Ophii¿cku.m
invoca. On voit que les aéteurs princioaux qui'
figurent jufqu ici_ dans cette allego ríe font les
afires qui, le foir & le tnann, ftxoient !e poinc
équinoxial , & ie cosnme.ucement du trroínphí
du jour fur la nuit. »
« V énus , fous^ la forme de Perfinoe , ou de
la perfuafipn , déter.mine l'Harmonie á confentig
á fon mariage avec ce jeune érraaaer , & á s'e.m-
barquer avec lui. Le foufíle du zéphir printa.nier
enfle les-voiles, & Cadmus arrive á Delphes ;
l’oracle lui dit de batir une viiíe dans le'iieu oá
une vache fe repoíera. Cadmus arrive dans les
lieux oú Orion étoit mort piqué d'un feorpion,
& apperqoit la trace d une vache qui s’ étoit re-
pofée á terre : il l’iir.ínole, & jette les fo.nde-
mens d'une vilIe qu'il appeÜe Thébes , Srqui re- ■
trace en petit tóate Lharmonie célefte. ( Li'b. y.
verf. 6^.) il Y fait ouvrir íept portes , donne á
chacune d’elles le nom d’une planéte , & Ies place
dans l’ordre que Ies plañeres ont dáos les cieux ;
il y célebre fes noces avec ia belle Harmonie. La
Huií futvieñc, déji íc dragón voiíln de Pousíb
Ddü ij
35'í B A C
monte fur femble préfager a Cadmus
ia métamorphofe 5 mais les fiambeaux ás l'hv-
irenée forment une lamiere égale á celieda jour.
Toas ¡es ¿ieux aífiíienr á ia féte ^ & font des pré-
íens aiix noiiveaux époux.' Harmoniedevient mere
ce píiifieurs enfans ^ dont le poete raconte les
svtntures dans ctielques cliants épifodicEes. Cel'e
oui fixe de préférence fon attention , eft ia beile
Semélé, mere de Bccchus , aux comes de bceuf.
( iib. Y. verf. ) 33
Arrérons maintenant nos regards fur les ta-
bleaux que nous prcfente ce; cinquiéme livr: ,
Se fuívens le fil aÜéeorique. Cadmiis , ou le Ser-
pentaire aprés avoir difparii le matin au fein des
ÉotSj reparoit le foir le premier jour du prin-
temps. Son lever fait coucher Orion & le fau-
reau áu lever día feorpion céleñe. Ceft le fonds
de l’hiítoire aliégorioue de cette vache qu’ap-
percoit Cadmus pres des lieiix ou périt Orion
picué par le feorpion , de cette vacne que Cad-
mus immole , pour jeter les fondemens de Thar-
monre céleíie á kqueile il prélide , & dont fa
viüe eft une image abrégée. Le poinr équinoxial
a¡-ojs oceupé par le taureau premier des lignes^
rroit cenfé erre le poinr de départ de r harmonie
univerfelie des fphéres, & le fondement fur le-
quel elle eft établie. Le nom de Thébes pour-
roit étre lui-méme allégorique 5 en Orient c’efr
je nom du t^aifLeau : ainíi Fon a peut-étre voulu
faire allufion au vaifleau céleíle dont les plus
belles étoiles fe couchent avec Orion & le Tau-
ou plutot on a voulu déíigner Funivers
reau .
lui-méme ^ que les anciens peignoient fous la
forme d'un vaiíTea^u , dans iequel éteient fept
pilotes , & qu’ils difoienc reprefenter Fharmonie
Hniverfelíe. Dans la théogonie des Pheniciens »
Crone ^ ou le génte de Fannée & du tems , jette
éga'ement íes fondemens de la stille deBybioSj
la pretniére qudl y ait eu en Ftiérticie ; & cette
fon'dation eíl: une allégorie du méme genre ,
relativa au premier figne ^ & au depare des
fphéres. ’’
cc La circonftance dii lever du dragón v.oiíin
de Lourfe , cui á fon lever améne la nuit ou fe
eélébrent íes noces dTIarmonie & de Cadmus ,
fixe rnconteftab'cment la nuit de Féquinoxe ,
puifque le foir , cette confteliation fe levoit avec
Cadmus j & au - deáfus de iui , & rarr.enoit ia
auit. «
«Cependant Fefpéce humaine avoit eré mfeues-
lá livrée aux foucis rongeurs. Le vin qui les dif-
fipe, dit notre poete ^n'étoit point encore donné
á Fhomme. L'univers avoit été dévaííé par le
déluge, & ce ne fat qukprés Finondation uni-
verfelle , que naquit le dieu du vin. .íEon , ou
le géníe du tems aux milla fomieSj tenant en
maín Ies clefs des générattons y repréfente á Jú-
piter les miséres de Fh-oname. Ce dieti promet á
ía terre la nauTance de fon fiis ^ qui tioit y ap-
porter use iicuieur auíu douce que k ue^ar
B A C
des dietiX. L’iinivers , dit ce dieu , chantara fes
préfens vainoueurs des Géans Se des Indiens ; ü
briliera dans les afires , & lancera la foudre avec
moi. ( L¿¿. VII. verf. 97. ) Eiencót ce dicu apper-
qoit la filie d'Harmonie , la jeune Sémélé , au
bai.n : i! en devient amoureux , Se la rend mere
de Bdcckus. Cette amante imprudente y victime
des confetis perfides de Junon y defire voir le
maitre des dieux dans toute fa gloire j & périt
au miíieu des feux de ía foudre. Le jeune Bac-
chas aux comes de boeuf , (íb¿. m , verf. 15 &
27 ) y eft confié aux íoins des nymphes des eaux ,
qúi deviennent fes nourrices. Bacckus eñ e.nfuite
tranfporté en Lydie , Se croit fciis ia tntelie de
Cybéle ; Se ckftdá qu’il recoit Fordre de^ Júpiter,
qui lili commande d aller combattre les itiQÍens ,
de faire part aux Afiatiques de la découverte
du vin. =3
« ¡1 n’efi aucun trait dans cette aliegorie^qui
ne rentre dans notre théone. Ce n eñ qu’apres le
déiuge que nait Bacckus , & c'elt ía fouare^ de
Júpiter qui luí donne naiíTance. Les tíéiuges étoient
les pluies violentes de Fniver , qu; cefiotent au.
moment ou le régne ham.ide finifí'oir 8e oii
commencoit le régne du feu , c eíl-a-dire , au.
printemps , comme on le vetra pius au long a
Farticle de Pbaéton. Alors Bacckus-, ou- .Fame
du monde 8e du jour, sincarnoit en taureau,.
attribiit de Bacchus , dont 1 education eit connee
á des nvmphes des eaux , vraifemblablenierjt les
Hyades” qut font au front da taureau ctieñe. En
effet y la fable fuppofoit qu'elles furent les nour-
tices de Bacchus .* país Bdcchum nuírijfc putaut ,
dit Ovide. Une d¡entre -e!les_ port-e le nom de
Thione , nem ciie le poete donne tei a- Semele,
& qa’il dit avoir été placée dans les cieux. Elle
étoit alors abforbée toute entiere dans les ¿eiix
foiaires ; Se Aldébaran , la plus bebe des Hyades,
fut vraife.mblabíement Faftre genie défigné pour
Bacckus y &■ auquel Fame du monde^fiit an:e. »
« Bacchus accompasné de FaUy s avance á la
tete d’une arméé nombreufe de bacc.nantes ,^da
fatyres Sc de centiures . contre Aftreus , générai
des Indiens , campé fur les bo-rdsdu fieuve Afa-
cas y ou Cáncer. « -
“ Les Indiens- font battus-y. & Bacchus c.iange
en vin les eaux du fieuve. II traverfe \ Afacas ^
appercoit dans k forét voifine une nymphe nom-
mée Ñicé , ou YiSoire , dont il a un^fes au-
quel il donne le nom de Terme , ou de 1 m .j
grec & batir dans cet endroit la viUe de
Nicée, oude la Vifioire y áu nom oe cette
I¡ fufStde jeter u-n coup-d^oed
pour découvrir le fens de cette aiiegct-e.
triomphe de Famedu monde & du
te-rme de fon moavement afeendant , & ^ '
toire y eft fon arrivée a-u troné fofftina- , a; ^
au premier degré da Hon céieice. Buy
Qu’en traveifant les étoiles. du caucet , en o.
B A C
•T'jiKSí'j nom que confen^e encore cette conf-
telktion. Le nom á’ ^'fireus , donné aa general
Indien campé fur fes bords , confirme encore
ralluiion faite aux aítrcs. Sa viíioire &: le terme
de fon afcenfion ^ foncici déíignés rousTembléme
d’une jeur.e nymphe , flDe de rAíricus , a qui
Bacckus fait un amoureux larcin , & d’un jeune
enfant qui en eíl le fruir. Ce qui achéve de dé-
montrer ia vérité.de Texplication que nous don-
aons de cetre allégorie , que nous regardons
comme I'embléme de la viótcire du foleil au üon
folíiiti.ai , c’eíí que ce poete dit formellement de
cerre nymphe ^ cif elle habltoit fur une montagne
tres - élevée ( ii¿. xr. verf. ico) , Sr qu'un
lion apprivoífé éroit couché á fes pieds. Bac-
chiLs vint á bour de la découvrir á Taide d'un
chien que lui avoit donné Pan , & á qui il pro-
met de le placer dans Ies conífellations , prés de
Sirius ( Lib. XVI , verf. ico). C’etoit eííectivement
le lever de Sirias qiXi dérerminoit le folftice &
1 entree du foleil aii l;on céieíle. Peat-étre auííi
ell-ce le petit ch:en qui fixoit la méme époqae ,
& qui fut place par Bacckus dans les conííella-
tions , fuu'ant les Mythologues. »
« Tranfportons-nous maintenant á Féquinoxe
d automne , qui répondoit alors aux étoiles du
fcorpion. Lorfque le foleil arrivoit á ce figne ,
il fe trouvoit en conjonction avec les étoiles
du loup, placées prés du point équinoxial , &
qui difparoiíToient alors dans les feux folaires. Le
taareau céieíle defcendoit le matin dans Ies fiots
de Pocéan , & fon coucher étoit produit par
1 afcenfion du íoup fur Phorizon; naais le foir j
le loup & le foleil couchés laifibient reparoitre
á Phorizon le méme taureau , ou Bacckus, , ac-
compagné de la troupe des Hyades. AuíTi dans le
vingciéme chant , le poete fuppofe que Bacckus
arrive chez un roi feroce^ nommé Lycurguej fils
de Dryas , ou des chénes ou des foréts ^ & def-
cendant de Mars. On fait que Aax.<¡¡r en grec , eíl
le nom du íoup 5 que le loup eíl Martium ani-
mal, fuivant Virgile ^ & que ^ ou Dryas eíl
le chéne; alluíion aux lieux qiPi! habite. Letyran
armé de l’aiguillon du bouvier^ pourfuit Bac-
chus & fes nourrices , & le forcé de fe íeter
dans la mer, ou Thétis le recoit , & Nerée le
eonfole. Lycurgue eíl puni par Júpiter j qui con-
fent , á la vérité j á le placer parmi les immor-
tels ( lib. XXI , verf. 153), OU dans POlympe ;
mass qui en attendant ^ le prive de la vue. Bien-
tót Bacckus en eñ inílruit par Prbtée ^ oui lui ap-
prend auífi la métamorphofed'Ambroific ' v. k^o.'),
que Lycurgue avoit fait prifonniére , & aui deja
fe léve dans le ciel avec les Hyades. Ón fait
efrectivement qu'Ambroifie eíl le nona d'une éroüe
de cette conftellatioa (Hygl ■ , lib. ¡1.) , qui fe
levoit alors le foir. Bientor li.icchus reparoít á
la tete de fon armée conílernée^ & luí rend la
conSance. == \
Le poete fuppofe que Bacckus aprés fes '
B A C
5?7
conouetes reprend le chemin de la Ceses , 7
célebre des tetes ; que Pendiée , ou le deuii
perfonnifie, s oppofe á íeur étabiifiement ^ ác veut
faire perir^ Baccr.us ; mais cue lui-ir.éme périt des
mams de fa propre mere .qui le mécon.ñoit fous
la fipre aun Iion ( iib. xivi , verf 17;. y Le
deuil ou r-e.ntftée 3 dont triomphe ic: Bacckus a
fon recour , eíl le aeuu de la nacure , qui fait
place á la joie qué toas ¡es peuples ont rénioignée
au retour du foleil vers nos régions. On fait que
Ies Egyptiens entre-autres célébroient des fétes á
cette époque Se quittcient le deuil ^ comme ie
prouve le paílige d’Achilies-Tarin.s ( c. 23 ) oue
nous avons cité en parlan: de Porigine du zodia-
que. Le Iion dont Pentliée prend la forme ^ eft
le lio.n céieíle ^ qui alors par fon lever du foir
Se fon coucher du matin j fixoit cette époque
aílronomique. «
, ce Ce qui confirme cette explicationj c'eíl ¡aven-
ture de Bacckus , racontée á cette occafion par
Tiréíias ( lib. xlv , verf. 120.). On y voit hac~
chus métamorphoíé en enfant j que des pirares
veulent enlever dans leur vailleau : ils Penchai-
nentj croyant en tirer une riche rangon 5 maisle
dieu fe préfente aufli-tor á eux fous la forme d'uti
lion reáoutable. Les máts & Ies cordages du vaif-
feau font entortillés d’aífreux ferpens & les iS'au-
toniers faifis d’efrroi ^ fe précipitent dans les íiots
fous la forme de dauphins. “
cc 11 eft itxpoflihie de méconnoitre ici une al-
légorie aílronomique fur le folílice d'hiver. En
eíret , nous favons par Macrobe ^ que les anciens
Egyptiens repréfentoient Bacckus fous des formes
difterenteSj dans les diíFé.renres faifons de Pannée,
&_que les graduations d'áge par lefqaeiles o.n ie
■faifoit paíTer , étoient proportionnées aux grarlua-
tioiis de la íumiére du jour dont il étoit Pintei-
ligence. Au folílice d'hiver , cil les joars fonc
Ies plus courts^ on le repréfentoit fous ¡a forme
d^un enfant ; au printemps ^ fes ílatues avoient les
traits de Padolefcence j il étoit homme aa folííke
d'été j &: vieiüard en automne. {Macrobe , Su-
turn. lib. i. c. 18. ) »
cc Nous en avons une nouvelle preuve dans
PHarpocrate égyptien ^ fils d lfis, dont on fécoic
la naifí’ance au folílice d hiver ^ & qu'on peignoir
avec Íes triits de Penfance. Enfin ^ il nous refte
encore aujourd'hui dans la fphére , des traces de
cet anclen ufage de pefncire fous Pembíeme d'ua
enfant Pinte ligence foiaire & la Iumiére- La
fphére des Orientaux repréfentoit la Víerge allai-
rant un enfant ( Ceefius , p. 75. ). Ou la voíc
ainfi dans ie manuferít da la bibliothéque du Roi^
N". iiéj : fon afcenfion a minai: fixa le folílice
dans les dernitrs ages. ”
cc Ainfi j la forme d enfant donnée a Bacchus
dans fon en'évementpar les pirares , déíigne une
aventure du folfiice d'hiver. Cet épifode aiiU
leurs place au moment de fon retoar vers nos
régions j confirme encare cette ¿ótersiinatEeri.
35?§ B A C
Voy o!7s aé^uetlemenr queis font Ies afpeíSs céleftes
qni ont fourni le forrd de rallégorie. »
cc Le foíñice étoit determiné au levant par
rafceníion du lion j par celle de Fhydre & de la
cronftelíanon du vaifTeau , dont les premieres
étoiles arrifoient á í'horizon. L'hvdre méme fem-
fale pbcée Tur le mát du vaifTeaú. Au couchant ,
ia conflellatton du áairphin entre dins les f¡ots ;
TC'tlá le fotrd de í énigme afirotiomique qui fuppofe
qrte Bacckus enfant eft rencontré par des pirares
ctii le chargenr fur leur vaiíTeau , que ce dieu ,
ícus la forme du ¡ion , les eftraye ; que les máts
Se les cordages deviennent des ferpens , Se que
les pirares eux-mémes fe prícipitent dans la mer,
idus la forme de dauphins. Ceci nbft pas íeule-
meíit une carcectureí car les Mythologues con-
viení;ent cax-mémes que le danphin céleíte , aui
me fcrc á expíjquer cette niétamorphofe , eíl
effe¿LÍverrrent ceíui dont Ies pirares prirent la
forme en fe précipitant dans les fiots. ( Hygin ,
tiv- il. ). ”
« Aprés la défaite de Penthée changé en lion
Bacckus ( liv. 47. ) fe rend á Athénes , & y
eft recu ch ez ícare j qui a pour filie Erigone. II
Ifenr donne du vin , & leur aprend á cultiver
la vigne. Des payfans á qui ícare commurfique
St jus di'.ún ^ le tuent dans leur ivreffe. Sa filie
cherche fon cadavrej Se fe pend de défefpoir. Son
chien íidéle ne Fabandonne point dans fes mal-
Beuvs , & erpire prés de fon tombeau. Bacckus,
«u fuivant d'a'utres, Júpiter les place dans le ciel.
verf. 246.). Icare áeviehí le bcotes^ Erigone
is Tierge céleftej &: le chien ^ celui des conftel-
Jstions ; voilá le précis de Failégorie qui fuit la
eiort de Penthée. »
« Confukons la fphere : aprés le coiicher du'
dauphin Sr le lever du lion , les conftellations
s fuccédent á Forient immédiitetnent aprés
iíon , font ¡a vierge céleft'e 8c le bootés , Fun
ícare , Fautre Erigone^ de Faveu méme du poete,
& füivanr le témoignage dUiginus & de Germa-
fticus , Fon á Fárdele du Bootés , Fautre a Far-
íicle de Síríus. « Complures Icarium Booterñ ,
» Erigoizem Virgintm nominaverur.t,quos a Libero
» paire figúralos ínter fiaxra dlcunt. » ( H’Vgin. ).
Les plus granes malheurs accablent bientot aprés
ícare & Engone , parce qu'eíieédvement leur
coucher du matin fuit de prés Fépoqiie de ce
lever du feir. :■=
'< A la ñute da lever du bootés & de la vierge,
V'ient la couronne d' Ariadne , ou la couronne
boreale. « ■lís.c exifiimatur Ariadns. fuijfe , a Li-
bero paire Ínter fidera collocata. ( Hygin. liv.
« . ) 5 elle fe léve alors le foir , & fe couche
le matin , peu de jours aprés. "
_ '' -4 ia fuite de Faventure d’Icare Se d’Erigone,
vienner.r dans Nonnus íes amours de Bacckus &
éAriadne ( hv. xvi , vers 272. ). Bacckus, dit
* enmite á Naxe , ou i! trouve
Aiiadne endcrmre. Batck&s entesd fes phinteSjSt
B A C
en devient amoureux, lui oiré fa main, te íuj
promet de la p!;jcer dans les cieux. ( verf. 451. )
Aprés cette hymenée , Bacckus veut Feuimener
avec lui á Argos ; m.ais les Argiens & Perfée i
leur tete , refufent de Fy recevoir. Armé de fon
harpé & de ia tete de Médufe , ce liéros com&at
Bacckus 8c pétrífie Ariadne. Bacckus fe récon-
cihe avec Perfée , & fe reunir á lui par Ies con-
fetis de Mercare. >>
« Toute cette aüégorie roule fur Ies afpe-íls ¿u
foir & da matin de ia couronne dhlriadne. La
circonñance d’Ariadne endormie , déíigne fon
afpeci du foir , fon réveil & fon voyage á Argos,
fon coucher du matin. Le nom de ]N'axos,a!Iufion
a vjl, oula nuit, qui contrafie avec Apycsou blar.c,
Ihndique aíTez. D’ailleurs , Fapparition de Perfée
en eft une nouvelie preuve , piiifqublors Perfée
fe léve le matin avec le foleil ; & fon afeenfien
fur Fhorizon fait difparoítre au couchant la
couronne derriére Ies montagnes : cette petrifi-
ca tion eft la méme que celie d’Atlas ou du Bootés,
comme on le prouvera á l’articlq d" Atlas. 'Vclla
done trois aventures qui fe fuccédent dans le méme
ordre cue les les levers des cordlellations qui ont
monté le foir fur Fhorizon , depuis le {olííicc
d hiver, ou le retour de Bacckus vers nos ré-
gions. »
. « Aprés la couronne , fe lévent le ferpent 8s
le dragón des Hefpérides , qui fourniffent aux
géans Sr á Typhon , les attríbuts de ferpent ,
comme nous Favons deja prouvé plufieurs fois.
Sí le feorpion célefte , ou étoit fixé Fempire de
ce chef des géans. Nous se changeons point ici
nos déterminations j Sí le combat fuivant va les
confirmer encore. »
ce Aprés Faventure d" Ariadne , Bacckus paíTe
en Thrace ( /iv. xlviu.^ , & Junon fouiéve
centre lui la Terre qui arme contre Bacckus tous
les géans. Ce dieu les combar Sí les défait : oa
voit ici un combat de géans qui precede Féqui-
noxe de printemps , ou le triomphe du dieu de
la lumiére , tant á caufe de la violente crife qu'é-
prouve la nature par Ies vents équinoxiaux , qu’á
caufe de Fafeenfion des afires qui fembloient les
ramener. Sí qui en automne fourniíToient les
attributs du mauvais génie. Ce rapport du dra-
gón célefte avec ia guerre des géans , eft confirme
par Hyginus á Farticle du Dragón célefte. ce Non-
» nulli dixerunt ku;ic Draconem a Giganlibus
» í/linervá, objectum , ciim eos oppugnaret .\Mi-
» nervam. vero arreptum Draconem contortum ad
» fidera jccijfe , & ad ipfium axem cceVi fixijfe. »
cc Le poéme finir par les amours de Bacckus &
¿'Aura , filie de Péribée , jeune nymphe aula
légére á la courfe que le vent. Daborti il foupue
inutilement pour elle , Sí confie fes plaintes aux
zépnirs du printemps. 11 emploie pour la tromp^
le méme ftrataeéme qui lui a livré ía belle Nice ,
ou Viftoire : elle boit , s’endort. Sí devient
de deux eofans. Bacckus prie Nicé á’sn cosiie>.
B A C
le fo'rí s 1 eiete , de crainte que la mere caris fa
fcreer ne les décruife tous deax. La mere tou-
jciirs furieufe les abandonne aux monitres des
forers : une panrhére prend foin de les aiiairer ,
Sebees íerpens les entourenr & les défendent. La
mere en prend un & fe precipite avec iui dans
un ñeuve , redoutant la lumiere de Taurore ; 8c
ej;e eír métamorphofée en fontaine. Diane prend
1 autre enfant , !e donne á Bacckus , qui le met
fur un char & le confie á Pallas , qui luí donne
a fucer la mameile qui avoic allaité Ereéíhée 8c
le fait chef des myítéres d'EIeufís. Athénes Pho-
Bora commeun troiíiéme Bacckus. Bacckus ^ fon
pére ^ place .4xiadne dans le ciel ^ & va prendre
place lui-méme avec Apollon & Mercure. Ainíi
nmt le poeme. »
« L'allégorie fe montre mut-á-fait a décou-
vert dans cáete denfére fable. Aura efr le
hciH uu vent qui fouffie aux approches du
p^nntemps Se du taureau équinoxial , ou arrivoit
alofs *e ^foleil : auíll en fáit-on une nymphe lé-
gere , íiJe de Péribée. Les deiix enfans dont elle
deviene mere ,_élevés par les ferpens & la pan-
there^ & dont i un eft rué paria mere ^ qui ePe-
meme eíl changée en fontaine. Se Pautre fauvé,
beíles étoiles qui fe trouvent alors
a . íiorizon occidental ; Puae,ia belle du cocher,
1 atiere la orillante du pied d'Orion , la premíete
du fleuve Eridan. En méme-tems qu eiles fe cou-
cetii, a I horizon occidental , les ferpens font á
1 nonzon oriental avec le Ioud célefte , appe^é
aufli pantnére ( Ccefius , p. z%6. ). La belle étoiJe
d L^ion 5e le fleuve dont elle fair partie , difpa-
roiffenr pour ne plus reparoitre íe marin. II n'en
Cii pasdernéme de celle du cocher, qui le len-
demain precede le char du foleil. Se furvit á fa
mere & á fon frere. 11 devient le' chef des orgies»
& íc trouve uni á Bacckus , puifque c’eíl Iui quí
íournit les attnbuts de Pan , & á Bacckus h bouc
quí 1 accompagne touioiirs : il fuce le méme hit
qu Erecthée , pulique ce nom eíl celai du cocher
celeíte , dont cette belle étoile , ou la chevre
faitparrie; c'eíl-á-dire , du cocher, cu'on fai-
ío_!t fils de Minerve. Enfin , Bacckus fe place
^ Jdercure &
d ApoJon ; or , dans notre fyíléme , Perfée eft
-«ercure, & I on fait qrfun des gémeaux porte le
nom dApoilon ; ainíi le taureau équinoxial
notre SíaaAaf , eft piacé entre-deux, & i! a dans
a ipiicre la place que le poerq lui aíllgne , &
que nous aurons plus d une fois occafioxT de
oceupa. On voit done que Nonnus ,
en .uiihant fon poeme , ramene Bacckus au méme
po-'iic uu cíe! d’oü ii étoít partí , c’eft-á-dire
au taureau éauinoxial , par ieauel il avoit com-
mence en raifant rniftoire dTurope & de Cadmas:
^ travaux reíFemblent á ceux
.^ercL'ie^ Sr i'expücation aftronomique en eft
au.| complete. » M. Duvuís , de LiScux.
Bacckus Egjptien étoií le méme diea qá"0-
B A C
f;; Ies Crees, en adoptant
iv.3 d.v.,utes egyptiennes , donnérent á Ofiris le
nom de bacckus. Heredóte le dir exprefíément
^ Aíyví-Í. Diodore
de .-icne appuie cette aíTertion (¿ib. i. r. u ) fnr
un yers ces hynuies d'Orpiiée : ^
rhiK¿ usi Kccxiuiri Tí Ai¿i^F<sy.
IJs Vappellent Pkanéás & Bacckus. Les Cre''S
firent cette adeption raythoiogicue , parce quhls
trouverenc des rapports entre les attributs d'Oíiris
qu on leur faifoit connoítre, & ceux du Bacckus
quns adoroient. Teis étoient ces voyages dans
toures ks parties du giohe, ces expéditions , ces
conqueres entrepiifes uniquement pour enrithir
les hornmes de découvertes útiles & de pratiques
nouYeÜes d'agricukure. Ces attributs communs
ieur firent confacrer á 1 un & á lautre des myf-
téres 8c des fétes femblables. Servius nous Iko-
prend dans fon Commentaire fur le fixiéme vers
du premier l’.vre des Géorgiques. « De-lá vint la
« tradition qui enfeignoit qu’ifis porta fur un
” cribie ou van , les membres d’Ofiris déchftés
” par Typhon. Car Bacckus eír le méme diea ,
» Se: le van eft aufli confacré dans fes mvíiéres,—
== parce qu'Orphée afilare qu il fue déch'iré parales
« géanes =:> : Riñe eft qitod dlcitur , Oftridis membra
a Typkone dilaniata , !fis crihro fuperpofuijfc: Nant
ídem eft Líber pacer , in cujas myfteriis vannus eft,
— quem. Orpkeus a gigantibus dicit cffe difeerrtum.
iviacrobe {Saturn. ¿ib. 1. c. iS.) d’aiiIeurs,*noiis
a appns que Bacckus étoit un embléme da.ídleii ;
nouveüe conformltc avec Ofiris : auili pafíbitlil,
comme ce dieu éeypricn , pour fils d’Amir.on, ¿
pour avoir été elevé á IÑifa, dans FArabie heu-
reufe.
Bacchiís lüdien étoit le fils d'Ammon elevé 3
Nifa, dev^enu conenérant Se vainoueur de FJnde.
Son^ t'aracíére difttnéiif étoit une longue barbe ,
d ou Iui vint ic nom oe Bacckus hac bu ou iHuTa-
Bacckus des Crees ou le Tkébain. , fut le plus
célebre de tous ceux dont Diodore de Sicile parle
a ja. fin de fon troiíiéme livre- C’eft luí ou"Or-
pnée, felón 1 opinión commune, fit connoítre á
la Crece, &qu il prit dans la fimiile de Cadmus,
lui prérant une partie des attribus d'Ofíris.
Cicerón ’^de N.at. Dear. sil. ajA parle de cínq
Bacckus , 8c en ajoure deux aux trois de Diodore
2c de Philoftrate, Le plus connu eft le Thébáin
ou Je Bacckus des Crees , 8c ck-ft iui qui noas
oceupera dans le refte de cer arricie
Bacckus le Thébain étoit fils ds Júpiter Se de
Sémélé, filie ce Cadmus, le fondateur de Thébe?
en Béorie. Cette princeíTe ayant prié Júpiter de
iui apparoítre dans route fa gloíre, tel qu’H fe
montroit s Janon, obrint cette grace a torce
d'importtínítés. Elle Iui fot fataie , car elle périt
dans le leptiéme tnois de fa groftefíe , eS^yée
400
B A C
P- le bruit des fbudres & des édairs. Jupiar,
aidé d’un certain Stóazitis t!ra 1 enUnt du íem
de Séméié & le renferma aans fa cuiíte , >'
nafler les deux mois qui manquoient á fon entiére
ídroíañon. Ce terme étant expiré , Júpiter luí
donna le jour fur le mont L'racanus., qui e**
touiours couvert de nuages , felón Théocrita.
(íd'/lle ip. ji). De-iá vint á liacchus le iioni ue
, bis natas , né deux fois.
Les anciens ont donné diverjes explications de
certe naiíTance miracu'euíe. lireiiís, dans les
Bacchantes d'ECripide, i'explique par une feconde
fable. Júpiter dit il ¡ vouiant derober cet enrant
aux fureurs de la jaioafe Junon, le cacna dans un
éoais nuage , oú ¡i le mu comme en depot.
• ‘ Bacckus, felón Euítathe , í-t nourri dans les
Indes. fur le mont Méros. Cr, le mot grec
fignifie caiffe, & , otage. L'équivoque du
r.om de la montagne a fait inventer la naiiiance
fab'dleiife.
Júpiter le donna fur le chainp a Mercare potir
le porten aux nymphes de iSifa & a les noiirrices ,
qui Télevérent en fecret oans les cavernes des
montaanes. D’autres luí aonnoient les tiyades
pour nournces.
Apoilodore <'íJ.) dit que Júpiter le changea
en chevreaUj pour aíLurer fon tranfport.^
Bacckus, devenu grand, fit la conquere des
Judes avec une armée coinpofee d hommes , de
femrv.es, de faunes, de faryres & de fon nourn-
cier SilcuSj portant au lisu d armjís aestíiyries &
tles tambours. Tout ceda a la fureur qu infpíta
cette armée rumultueufe. Bacchus fut requ dans
toutes les contrées comme une _ divinité, parce
qu il chcrchoit moins i. conquerir pour impo^r
des ioix aux vaincus , que pour ieur apprendre la
culture de la vigne. ^
II combattit avec vigueur & fucces conree les
Qéans. JuDÍter ranimoit fáns ceífe en cnan^ :
Évoké, lÚ, ceft-á-dire ., e¿ oh bene fit illi. v.e
cri devint celui des Bacchantes.
Cedieu étoit repréfenté fous les traits
les ages , mais le plus fbuvent fous ceux de 1 ado-
lefcence. Quelques monumens 1 oífrent cependant
larha & vieux ; c’eft alors le Bacchus Indien.
Ses attributs áiítinClil's etoient les pampres de
• vif^ne & les couronnes de lierre. Ces végetaux
liu éíoient particuiiérement confacrés , parce qu il
av-oit enfeigné la culture du premier , & que le
fecond étant toujours verds/emper virens , ofFroit
im embléme de la jeuneílé éternelle de Bacchus ;
peut-étre auffi parce qu on croyoit que le her^
étoit un antidote contre rivreíl'e. Souvent auíTi
il portoit un thyrfe , ou un vafe a boire, queique-
fois une come deñinée au metne uiage , appelee
rhyúum. II étoit traíné par des panthéres ou des
tigres 5 dont les peaux fervoient d habits áux
Bacchantes.
Souvent Bacchus étoit coetfé de la mitre ,
wúirsí^ e'fcíl-á-dire, de cette bandelette élevée fur
B A C
le Tront 5 qui retomboit fur les ¿pauses. Prqperce
déiiene cette coeífure pour fon attnbut dutinctif,
(^Lib. IV. 2. 3i.>:
Cinge caput mitra ; fpecíem furabor laccki.
í^etre bandelette étoit, felón Diodore cité par
Eufébe Evang. íl. 2 ), un préfervanf
contre les douleurs de tete occafionnées par íes
fumées du vin. ^
Des comes ornoient quelquefois fes tempes,
foit pour ¿éfigner la naíffance quil tenoit de
Júpiter- Ammon , foit á caufe des bceUiS qiiil
avoit appris á lier au joug des charrues , foit a
caufe de la foice & de la fureur que fait nait.e
le vin dans f ame des buveurs , felón Horace
(Od. il. 19- 29.), foit enhn á caufe des comes
qui fervoient aux premiers hommes de vafes-a-
Les rapports de Bacckus avec le Scleil QU Fhé-
bus, luí ont fait auiTi donner ces comes , qui
etoient i'embiéme des rayons de lumiere. C e,t
pourquoi el'ses étoienc d’or ou dorees. Horace,
\0d. :L 19. 29. ):
vidit injop-s Cerherus aiire^
Cornu decomñt.
Un anclen poéte a peint élégamment les raPports
qui exiitoient entre ces aeux divinues ans w
vers fuivans :
SU Apollo , ddnde Líber fie vídetur ignifer ;
Ambo funt flammis cread , profattqae ex ignihus.
Ambo de comis calor em , & ambo radios conferunt :
Nocíls hU r&mpit tenebras , kU ttnehras ptdoris.
Eumolpe , cité par Diodore (r . p. 7- F.) , en prfs
dans les memes termes : Sidereum Dionyjum igrtí
Tadicí'ite corufeutn» ^
C'eil á caufe ae cette- analogie que les me-
chantes chantoient dans les Orgies Venfaiu eter-
nel , quí brille au kaut du firmam-ent. Oviae ,
(Met. iV‘ 18.) :
Tu puer Aternus, tu formofijtimus alta
ConfipUeris c&lo.
Tibuüe parle de la longuc chevelure de ces deuí
divinités, (i. 4.^3.) :
Solis perpetua efi Phcebo, Bacchoque juventa;
Nam deceí intonfius criras uterque deum.
Le Parnaffe Ieur étoit confacré en ^ohamun , Sr
les Mufes les fui'/oient tous les deux comme
chefs. Lucain, (v. 73.):
IdLans Bromio Phceboque facer , cuinumiue m ^
Delphica Thebaní, referunt Trhteriía Bac
B A C
La ¿sfcente de BAc:h.<j.s aux enfers rcpréfen-
toit le coucher da íbleil;, oa fon paiTage dans
Lh¿:r.:fpticrc infcricur.
On donnoit á Bacckas les deux fexes , & il
étoin alternativement homme & femme. Ariíb.de
Taflure en propre termes (^Ora;. in Bacckum)-.
Tccvt^ ¿&üa Kcti rs xcíí ¿ Ss-S"» (pcanii.
Cette Opinión j qui s’étendoic á la plapart des
divinités^ felón Servias {Mneid, il. v. 633.):
Locuitur fecundum eos qui diciint utriufque fexüs
■participationsm kaberc numina ¡ étoit relative aax
propriétés métaphyíiques ou phyílques dont on
kur faifoit honaeur. Elle fera expüquée á l’article
general Dieux & Déeffes. Ceñ ainíi d’aillears
qa’Ifis eft appelée Myñonyme oa á mille noms ^
dans l’infcription fuivantCj trouvée üir Ies bords
de i’ífére :
ISIDI
MYRIONUMAE
SACRüM
Bacckus ayant appris aux hoinmes a cultiver la
vfgne j devint le dieu da vin & des repas dont
cette liqaeur fait f agrément j on buvoit en fon
honneur le dernier coup.
On croyoit aufli qu’il avoit joui le premier des
honncurs da triomphe á fon retour de Tlnde.
Sa vidime favorite étoit le bouc , parce qudi
ronge & détruit les tendres rejetons delavigne.
ítfartial en donne cette raifon (x/jj. 39.) :
Lafcívum pecus , & viridi non utzle Baccko ,
Dat pcenas y nocuit nam tener Ule deo.
Et ( iil. 24. ) :
V^ite nocens rofed fiabat moriturus ad aras
Hzrcas j Baccke , luis viciima grata facris.
Philoftrate ( Apollan, vita il. 4. ) dit que Ton
fufpendoit dans fes temples en forme á‘ex-voto ,
d’or & d'argent, des ferpes, des paniers^ des
prefldirs & d'autres inftrumens néceíTaires aux
rendanges. Souvent une colonne entourée de
lierre , ou un limpie autel , fuííifoit pour fon
cuite. Les recueib d'infcriptions nous offrent plu-
lieurs vcfux faits en l’honneur de Bacckiis;
LIBERO; PATRI
SANCTO. SACR
SEX. CAELIUS
PRIMITIVUS. ET
PUBLICIA. antulla
VOTO. SUSCEPTO
D. D.
Et en Efpagne , fur un rocher prés de l’ancien
Cafiulum :
SACRUM
LIBERO. PATRI.
C. CRESCENTIUS
EX. VOTO.
ARAM. D. F. D. D.
Antiquités , Tome I.
Foye^ ces mots.
B A C 401
Bacchus Acratophore. Foyer ce mot.
Bacckus -AdoneE. Foyer mOt.
Bacchus á! icSutTv.i , ayant des révcluticns comtne
1 annee. Macrobc Sat. i. iS.) dit que Ton repré-
fentoit Bacckus fous pluíieurs formes , enfant j
adolefcent ^ avec de la barbe , &z vieux. Cette
analogie avec k foleil avoit été inventée par les
Egyptiens, qui vouloient repréfenter par-lá les
quatre faifons ou les quatre ages du foleilj ,fup-
pofé un étre annue!._
BacchiLs Arakius. Voyez ce mot.
Bacckus Bacckep&an. Ce furnom étoit relatif á
celui de B&an , que nous expliquerons á fon
arricie. Euripide s’en eft fervi dans ce vers :
tstTxdTa (p¡XÍ¿'a.r>t(
Bacckus barhu. Voyez plus haut Bacchus Indiett.,
Bacchus BiMATER.
Bassareus.
■ BIFORÍ.11S.
Briseus.
Bromien.
Corymbifer.
Dionysius.
DíTHYRAMBE. i
Edonus.
Eleleus.
Evan.
■ ^ Evius. Orphée donne ce fiom a Bae-
cAlí dans I'hymne á Dionylius j Ekio», ¿-/«ó». Perfe
le rappelle dans fa premiére fatyre, vers 102 :
Evion ingeminat : reparabilis adfonat Echo.
Un anclen grammairien dit que ce nom fut
donné á Bacchus dans la guerre des dieux & des
géants , lorfque Júpiter ne voyant pas revenir
Bacchus , & le croyant mis á mort par les enfans
de la Terre, s’écria heu ¡ il ajoute enfuite ius ,
fiis. Acron, dans fon Commentairc fur Horace,
en donne une autre étymologie. Júpiter, dit-il,
voyant Bacckus transformé en lion terraíTer un
géant, s’écria : ó le bon fils ! lu lie.
Bacchus HeBON. “Í
lACCHüS. r
— Ignigena , & chez les Grecs
Ce furnom. étoit relatif aux feux céleftes qui em-
braférentfa mére'Sémélé. Strabon, (xrrj. /1.432.)
parlant des coteaux brúlés de Catana , fi fértiles
en vins généreux , dit que Ton faifoit un jeu de
mots á ce fujet, fur le furnom ^Ignigena.
Bacchus Len^us. 1
p.BER. l Foyer ces mots.
Lyaüs. (
Nyctelius. »
Oreos y c’eft-á-dire , Bacchus des mon-
tagnes , comm.e les Oréades étoient les nymphes
des montagnes.
Bacchus PhANACES.
Psilas.
S.abaziüs
:}
F oyer^ ces mots.
E te
401 B A C
Bccchiís Tkyoneús.YÍQXZQi {Od. I. 17. 2.1.) lui
¿cr¡ne ce íuriiom :
Isksc Scmchiiis
Cum Marte conftindet Tkyoneus
Fraila.
On le rrouve auíS dans Stace^ (Tkd. v. 265.);
2 íinc primlim fefe trepidis fuh noBe Tkyoneus
. D-etexit.^ ^
Diodore de Slcile (///. 137.) 3 Phurnutus {cap.
t6.¡, Héfychius , & Laílantius commentareur
de^ Stace , dérivent ce furnom de Thyone, fa
mere, qu! porta auííi le ñora de Sémélé. Pour
fendre cet árdele de Bacchus complet , voye:^
ÁRTANE, CoPvIOPSALES, El-PiS, ÉsYMNÍTE,
Seméle & Tritérides.
Bacchus porte ordinairernent une chevelure
blo.nde ; il efi vetu fouvent d une longue tunique,
liée fous !a poitnne avec une bandeletce de pour-
pre ; Se alors il reíTerable á une jeune filie dé-
guífée. Le lierre le couronne ordinairernent. II efí:
fouvent auíii'habillé de blanc.
Bacchus a queiquefois. des ailes, & il tient
íuérne !e foudre du fouverain des dieux, fur une
pterre de Stofeh & fur une patere ttrufque de
Derafter. Ii s’appuie fouvent fur fon génie Am-
pelas.
Júpiter le transforme en rnouton á Tinífant de
fa naiíTance, pour le dérober aux fureurs de Junon ,
& pour le taire reraettre en fúreté aux Nymphes
qui devoient- Télever. Efchyle {Eumémdes) dit
qu’il fe tnétainorphofa auíE en liévre , pour écluap-
per aux pourfuites de Penthée.
Bacchus ne fut pas toujours une divinité paci-
fique : un auteí de la villa Albani le rnontre armé
de deux dards ; & les Lacédérnoniens lui donnoient
un bouclier au lieu de thyrfe. C'étoit alors fans
doute qu’oñ fappeloir A’fAíí,martia!, ou iio>áu.¡os,
guerrier. Ces attributs le firent auíü confondre
queiquefois avec Mars.
Les poetes tragiques érotent fous fa protediion
imrnédiare , & on voyoit fes temples Se fes auíels
fur la fccne tragique.
Les ñatues & les buíbes de Bacchus offrent la
feconde efpéce de jeuneffe idéale , ernpruntée de
la nature des Eunnuques , felón Winkelmann ,
c“eft-á-dire , des traits méiangés des deux feres.
C'eft íbus cette forme que oaroít ce dieu dans fes
difrérens ages , iurqa''au déveiopperuent entier cíe
fa croiíTance. Dans fes plus belíes ftatues on luí
voit touqours des membres déíicats & arronáis ,
avec des Lanches fáülantes córame celles des
femmes > parce que Bacchus , felón la fabJe ,
^Apollod.Bibl. j. p. Sj- B.') , fut elevé fous
dhabic áhine filie. Plinc fait mentio-n c.
de .a ñame ^d’un faryre qui poríoit une figure de
Bacchus , vetas en Venus 5 ce qui Fá fait appe-
Isr par Seneque ^ (Káip.. vers 415;.), une vierge
B A C
déguifee. Les formes de fes membres font íi déli-
cates & íi couiantes , qu'on les croiroi: produitei
par iin foufSe léger ; fes genotix fonr córame ceas
desjtunes garcons & desÉunuques, prefqaefans
aucune indication d’os ou de mufcle.
Conforraément aux vers de Tibuile , cités plus
haiit 5 & au.r fuivans des mécamorphofes d'Ovide
( lib. 4. vers 17. ). «c Votre jeuneífe eit toujours
» nouvelle ; vous eres un adolefcent éternel , 6c
le plus beaux des habitans de FOiympe
Tibí enim inconfumpta juver.ta efi ,
Tu puer iterp-us , tu formojt0mus alto
Confpicerzs ccelo.
la jeuneíTe idéale' efi: le caradtére des portraits de
Bacchus. L^image de ce dieu eft ceiis d"un beau
jeune homme qui entre dans le printeraps de ía
vie & de I'adolefeence, qui fent Ies premiers mou-
vemens de ia volupté , comme Fon voit pou.ífer
les tendres fommités d’une plante, & qui, enfeveli
dans une reverle ehchanterelTe, entre lefommeil &
la veille , cherche á en raíTembler les images
éparfes, 8c á les réalifer. Les traits de ce dieu font
pleins de dcuceur ■■ mais la joie de fon ame ne fe
rt’pand pas entiéreraent fur fa pbyfionomie.
Quant á cette douceioie, les anciens artiftes
fe font attachés á la rendre dans toutes les figures
de Bacchus , dans ceües méme ou il eft repré-
fenré en héros ou en guerrier conquérant de
F|nde. On ¡a voit fur une figure armée de ce
dieii , gravee fur u.n autel de la vília Albani.
De-Iá vient fans deute que ce dieu n eft iamais
repréfenté avec Mars ; & c’eft ce qui fait dirá
á Euripide que Mars eít ennemi ¿es mufes & des
fétes joyeufes de Bacchus {Pkcenif. verf, 792),
D’aiüeurs , Bacchus R’eft pas du nombre des dieux
fupérieurs.
Qaelques ftatues d’Apollon offrent une reíTetn-
blance marquée avec Bacchus. Tel eft FApolfoa
du capitoie , qui femble s’appuyer nonchalam-
ment contre un arbre , avec un cygne á fes
pieds. Telles font encoretrois autres figures d’u.ne
grande beauté, de la ville Médicis. Auífi Ies con-
fondoit-on queiquefois , & Fuñe de ces diviniies
étoit fouvent honorée dans .Fautre ( Macrob. Sa-
turn. lib. /. c. i§ , Í9&21.). On voit á la villa
Albani un Bacchus reñauré dans la patrie fupe-
rieure > de la hauteur de neuf palmes , envirou
foixante-trois pouces de France. Cette figure-
eft drapée depuis le miüeu du corps jufqu aux
pieds, ou, pour mieux dire, fa draperie oufon
manteau , defeend jufqu’á la ceinture. Cette dra-
perie large 8c rrés-piiífée , eft ramaífée de ma-
niere que la portion qui trainoit a terre, eft
jetée aurour de la branche d'un arbre contre le-
quel la figure eft. appuyée. Sur cet arbre font p.a^
cés un lierre & uii ferpent. Aucune figure tx
peint mieux le verare de Bacchus , cbáíiíé
Anacréea»
B A C
Cspen-Jsnt Bacchus ne fiit pas reprcfenté fsu-
lemenc Toas les traits de la jeuneíTe 5 ii le fut aiiíli
foas ct'dx de Tage viril. Corr.nae. cet age r/eíi
iniiqaé que par une longue il eíl arrivé
que ía phviionomie du Bacchíis barba , cotiipofée
des trairs les pías déilcats & des regards les plus
dcux . nous odre encore n.T.age de la gaieté qu!
arnme la jéiineife. B.tcckas , difoit-on ^ s°étanc
laíiré croitre la barbe pendanr fon expédition des
Indes, devoic erre repréfenté fous cette forme
quand on vouloit caraítérifer le conquérant.
Certe figure avoit fait concevoir aux anciens ar-
tiftes 1:1 forme idéale de Táge viril combiné avec
la jeuneífe & leur fournilToit l’occafion de mon-
trer leur dextérité dans fexécution des poils &
des cheveux.
Les plus connues des tetes de Bacchas vain-
queur des Indes, font ccuronnées de lierre ,
fur-toLit celles des méJailles d'argenr de lille
de NaxoSj dont le revers repréfente Siléne avec
une coupe. On en voit une dans le palais de
Faméfe j connue tres -fauffement fous le nom
de tere de Mithridate, & fur un beau carnee
grec du cabinet Farnéfe de Naples , cu elle
eft accolée & debout avec ce'Ie db4riane.
Les figu res entjéres de Bacckus vaincueur des
Indes , font toujours drapées jafq'Faux pieds j &
clles fe trouvenr fur toure forre de rnonamens.
On en voit entre-autrés fur deux beatjx vafes
de marbre ^ travaiilés de reiief ^ dont le plus
petit eíl au palais Farnéfe ^ & le plus grand au
cabi.net d Heiculaiiura, Files font répétées plus
fouvent fur des pierres gravees & fur des vafes
de terre_ cuite. Dans la col’edion des vafes de
Pcrcinari á Naples , on en trouve un publié
dans le premier volume du recueii d’Hamiiton ^
fur lequel eílaflis en rriomphateur Bucckas barba ,
CDurotmé de laurier & véru a une robe brodée
tres-élégammenr.
Le comre de Caylus a publié deux figures de
Bacckus égyptitn : fuñe eft dans le troiliéme vo-
lara de fea recueii d’Antiques ^ planche 4^ nú-
meros I & 2.
“Ce d-ieii, trés-difiingué d'Oíiris peut étre
legarae corrsíiie le Katapogon , oa le Bacckus
barba , dont parle Diodore de Sicile. Ce monii-
ment , en nous faifant voir la reprtfentation de
cette ancienae divinité ^ nous apprend en méme-
tems qu'ells avoit beiacnup de rapport avec le
Siiens des Romains , mais cu'elle étoit coéffée
£vec des plames. Dioiore, á la fin de fon troi-
Éeme Livrej 'tk. au commencement du auatriémej
nous i*ítru:t de tour ce qif on peut fivoir fur les
Bacenus ranticuité : ainíi on ne peut reprocher
aux anciens de n'avoir pas parlé de ceiui-ci en
partjcuüerí mais on eíl: en droit d’accufer les
tnodernes de n’en avoir pas connu la véritabie
reprélentation j d’aprés la defct'iptiondessnciens.’^
" cet égard nous puifons nos
uruquemeot ebez les auteurs Orees
B A C
403
& i.atins , cui par leurs contrariétés ne peuven
lumiéres incertai.nes? Cette excufe
ek íouvent trés-jmte , & doit nous rendre refer-
ves íur iCs expljcations 5 mais elle nAfr pas re- ^
C-vaüie quand les anciens s enor.cent avec rant
de Ciarte, bans pouílér cette digreíFon plus loin,
contentons-nous de faire obferver combien les
preuves de íait ^ données par les moninviens ,
iont_ Utiles pour rinrellige.nce ¿es écrivalns de
1 antioiuté. «
“ je ne diflunulerai pas qu’on potitroit regar-
der la figure de ce numero , comme la repré-
fentation da Bacckus Indien : cette idée fe pré-
fentc naturellement á Tefprit j mais il ne faur
pas oubüer que Séfoñris porta dans l’índe íe
cuite de cette aivinite , qiu par confeqiier.t
etoit égypnenne d origine. Plutarque veut non-
feulemenr que Dionyfius ^ ou Bacckus , foit ¡a
meme perfonne qu Ofiris j opinión qui n^a pas
etc inconnue á Dio-dore j il ajoute de p!í¡s , que
Sérapis ^ qu'il identifie avec Oíiris ^ eíl: auíli 'le
méme que Pluton. De-lá vient que le modius
convientauíii i Bacckus : telle eíl: Tobfeurité qudi
répard fur cette matiére. Diodore lui - méme ,
aprés avoir diftingué tiols.Bacckus , dont le plus
aheien étoit celui de Linde ^ le barba , ne laiífe
pas de dire enfuite que le premier de tous étoit
fiís d’Ammon & d’Ámaithée : d'oii il réfuke qifil
y a eu un Bacckus partícuíier á ITgypte j le
plus^ ancien tie tous , & quhl ne faut pas con-
fondre avec Oliris. =3
6* v^iceron ( De 2'kat. Deor. /ib. 3. ) nomme
auffi pjufieurs Dionyfius ^ Se dit que le fecond
étoit fiis du Tsii. Que celiii-ci ait pris fon nom
de la Tille de Nyfa , fituec en Arable ^ cu pour
Lavoir fondée^ ou pour y avoir été elevé, comme
le prétendent pluíieurs auteurs , il fera toujours
conñant que ce dieu étant fiis du Nil ^ eíl
égyptien , & trés-diíiigué d’Oíiris. «
« II ifeíl pas douteux que la figure rapportce
par le cpmte de Caylus, vol. j, planche 25'. n°. 3,
ne repréfente. auíTí Bacckus égyptien. : ce dieu a
les pjeds pofés fur deux lions accroupis, cotnme
on i’a yu pluíieurs fois, & principalement dans
le quitríéme volume 5 mais il a icí une parure de
col , á laqueüe ^eíl attachée une amniette qui
tombe fur fon eítomac : fon dos di couvert d''unc
peal! garnie de fon poil & de fa qiieue , &: cette
cueue indique que c'eíl une dépouille de lion.
On reconnoit aife-ment les plumes dont ce diea
eíl ordinairement coéffé 5 elles font id plus lon-
gues que je ne les ai vues fur aucune repréfen-
tation de cette divinité. »
On voyoit auíE dans la méme collection qui
apparíient au roi , un petit Bacckus de bronze ^
de deux pouces de hauteur, portant une couronne
de lierre d'argent , & un vafe du méme métaL
II avoit le derriére de la rete couvert d"une partie
de la draperie qui étoit jetee fur fa Doitrins*
Cette efpéce de voile le re.nd trés-remarquable.
E e £ ij
404 B A D
La feule coüeifnon des pkrres gravees , du
barón de Síofch , oftre jufqu a trente figures de
Bi-cchus , depuis rinírant de fa naiiTance j oú
Mercare le porta chez Ies nymphes de Kyfa ^
jufqa’á fa décrépitude. On en voit plufieurs dans
les monumenti inediti de 'Winkelmann.
Bacchus paroit fur les médailles d’Hiérapolis
en Phrygie ^ de Naxos , des Thafiens 3 8cC. On
voit fes attributs fur ceiles de Sardes.
BACI3 j taureau confacré au foleil ^ qo’on
adoroit á Hertnunthis ^ vüle d’Egypte. Macrobe
d;í qu’il changeoir de couleur á chaqué heure
du jour j & que fon poil croiffoit en haut ; en
forte qu’il étoit toujours hérifle , contre l’ordre
des autres animaux. II s’appeloit auíu Pacis j
OU Pabacis j ou Onuphis.
BACTES , BABACTES , furnoin de Bacchus,
qui fignifie criará, criailleur. li vient de BaTs;»,
erier ¡ & il fe rapporte aux cris & aux éclats
de voix des gens pris de vin.
BACTRIANE. Les rois de Bañrians dont on
a des médailles , font :
Diodotus.
Lucratides , le fils. Voyei^ ces mots.
On difoit du tems de Pline , que le bled de la
Baüriane avoit des grains auíTi gros que les épis
des autres contrées.
BACTRIASMVS , efpéce de danfe trés-
lafcive , dont parle Pollux. ( lih. 4. )
BACTROPÉRATE ou BACTROPÉRÉTE ,
furnom ironique des anciens philofophes. II
fignifie un homme á báton & á beface ; & il eíl
compofé de de , bátan , & de •arfa , be-
face. Saint jetóme expliquant le chapitre X de
Saint-Matíhieu , nous apprend que Ton appeloit
autrefois de ce nom Ies philofophes. Du Cange
croit qu’ií fauí lire BraSopérítes^ & que c’étoient
des voyageurs portant un báton & du vin dans
des outres 5 ainfi que Texplique Papias.
BACURDO facrum. Gruter ( S6 , 9-, 1©. )
Tapporte deux inferiptions trouvées á Cologne ,
fur lefquelles on lit ces paroles qui fe rapportent
a une divinite appeiée Bacurdos , partículiére
au pays de Cologne. Elle eft d’ailleurs abfolu-
aient inronnue.
BADE ( dés de). On trouve dans Ies cam-
pagnes qui avoifir.ent Bade en Allemagne , un
grand nombre de dés á jouer , faits d’os comme
les nótres. On en voit au cabiret du roi. Les
conjeñures que l’on a faites fur la caufe qui íes
a multipliés dans ce cantón , font affez fHvoles.
Les uns veulent que des légions romaines , cam-
p>ées dans ces plai.nes. Ies y ayent apportés pour
jouer 5 d’autres difent qne ces dés fervoient a des
fetes d’líis , ctablies dans ces contrées.
BADIt'S color , OU Baius. Cette couleur eft
celle de nos chevaux bais , c’eñ-á-dire, un rouge-
brun plus 00 moins foacé. Les anciens l’appe-
B A E
loient aufit Fkoeniceus , fpadix , , ¡Samr. Les
deux derniers mots étoient relatifs a celui de
/Sainí , qui d^gnoit un rameau. de palme , une
branche de pSmier.
BADUELA , roi d’Italie.
Badüela , Rex.
Ses médailles font :
O , en or & en argent ; il y a un coin faus
dans ce dernier module.
RRR , en M. B.
R , en P. B.
On trouve fon nom au revers de plufieurs mé-
dailles d’Anaílafe & de Juftinien. II n'eíl guéres
poffible de dire pourqiioi le nom de ce roi fe
trouve fur les médailles d’Anañafe , mort
vint-trois ans avant i’é’eéiion de ce prince. II
faut que le Badaela d’Anaftafe air été un roi
barbare , qui a vécu fous fon régne , ík que
rhiftoire n’a pas nommé.
Telle eft la notice que Beanvais a donnée
dans fon ¡lifioire des empereiirs. Mats Pellerin
dans le catalogue des médailles de rois qui ter-
minent le volume des rois de fon recueil , es
diftingue deux comme il fuit :
Baduela í. roi des Goths.
D. N. BaDUILA , RSX.
Ses médailles font i
RRRR. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
Babüeia II. roi des Goths,
Ses médailles font :
RRR. en bronze,
O. en or.
O. en argent.
BAEBÍA , famille romaine , dont on a des
médailles.
RR. en argent.
R. en bronze.
O. en or.
Le furnom de cette famille eft Pomo.
BAÉTIQÜE , partie de l’Efpagne anciepne,
qui renfermoit l’Andaloufie & une pa''t3e du
royanme de Grenade. Les laines de cette contree
étoient fort célebres 3 & Tertulíien (de Paluo. 5.)
dít qu’elíes étoient naturellement co-!orées^, fans
doute parce qu’elles étoient noires. La fertíiite
de cette province étoit fi grande , qu’elle rap-
portoit , felón Pline ( ¿ib, 18. c. x. ) , cent pour
un , com.me les terres des Léontins en Sicile , Se
les plaines de i’Lgypte. •
BAÉTYLES , 'ou BÉTYLES , píerres in-
formes que les Orientaux adoroient , & ^qu nS
croyoient repréfenter les divínités avant I’age de
la fcuíptare. Les Grecs appelloient boetyfc Is
pierre avalée par Satume , felón Hefychius Se
le grand Etymologifte. Celui-ci dit dans un en-
dreit corrompa, qu’iifau: corrigerpar Phayorinusj
B A G
que le nioí batyle déíignoit une pierreformée ou
trouvée dans le Liban ^ prés de la ville du Sole’d.
Sanchoniaton anime ces pierres. 11 dit ( Eiífeb.
Prcep. iib. i. ) que le ¿ieu Uranus frabrica des
pierres animées appelées btztyus. On trouve la
luéme aíTercion dans Philon de Biblos. DamafciuSj
cité par Phoriüs j & qai écrivoit fous Juítinien ,
racontoit qu’il avoit vu une des' pierres appelées
'boetyles , fe mouvoir en l’air , & que ce mou-
vement éroit aítribué á un démon par le p'hiio-
fophe ílidore. Selon ce méme Damafcius, ii y
avoit pluíieurs b-xtyles confacrés á des dieux dif-
férensj teis que Saturne , Jiipiter, le Solei! , &c.
Bochar" ( ChanaarL lib. z. c. z. ) 2. cherché , fe-
lón fon ufage ^ Forigine de cette pratique fuperf-
tirieufe dans Fc-criture-fainte ; & il a cru la trou-
ver dans la pierre appeíée héthel , confacrée par
Jacob apres la viíion Féchelie myítérieafe.
BAGE , en Lydie. EArHNON.
Les médailles aatonomes de cette ville font:
RRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent. •
Cette ville a fait frapper, fous Fautorité de
fes archontes j des médailles imperiales grecques ,
en Fhonneur de Géta , de Néron.
BAGISTAjMüS , montagne d’Aíie , entre la
Medie & Babylone , confacrée á Júpiter^ fuivant
Je témoignage de Diodore de Sicile.
BAGNÉRES. On a trouvé dans cette ville du
comté de Bigorre , deux infcriptions qui font
mention d’un dieu Aghon, différent de Y Agón
qui préíidoit aux jeux. II eíl; probable que ce
dieu Aghon étoit la divinicé de la fontaine de
Bagneres , ville appelée autrefois Aquenjis vi-
cus. Muracori ( Thef. infcr. Diatrib. yó. ). Voici
les infcriptions :
DE o
.... GHONI
.... AUEINI
.... AURINI
V. S. L. M.
BAGUE. Voyei Anneau.
BAGUIER. Les Romains confacroient dans les
temples des baguiers rempiis d’anneaux. On fait
que les ñames des dieux portoient des anneaux ;
& Fon peut en conclure que ces baguiers étoient
deftinés á renfermer les anneaux des ñatues que
Fon changeoit felón les feces. Pline nous ap-
prend ( 371. ), Forigine de cet ufage fuperíHtieux.
” Seaurus, beau-fiis de Sylla^ eut le premier une
“ coiledtion de pierres précieufes , appelée du
” nom étranger dacívHotkeca , baguier. Ce fut la
” feule de RomCj jufquá ce qua. Pompée con-
AGONI
DIO
LABUSIDS
V. S, L. M.
B A I 405
’= facrát dans le capicole. avec d’autres prtfers ,
” celle^qu! avoit aprarttnu á ?»íi:hriüate ^ cc
” qui^ étoit beaucoup pius precieufe. M. Varron
& les autres écnvains du méme tems , nous
” ce fait. Get^xemple fut fuivi par
” iC díclateur Céfar , qui confacra dans le temóle
'S'^^nus.-gen.itrzx fept baguiers. Marcelius .
fils q OétavíCj en confacra un dans celui d'^ApoI-
lon-Palatin. =*3 Gtmmas piares^ puod peregrino
appeÍLznt nomine daíiyltothecam y primus omnium
habuit Roma privignus Sylla. Securas. Denique
nulla alia fuit , doñee Pompeius magnus eam qu&
Mithridatis regis fuerat , Ínter dona in capitolio
dicaret y ut Aí. Parro , aliique ejusdem atatis
auciores confirmant , multum prílatam Scaurz. Hoc
exemplo Cafar aiciator fex daclyliotkecas in ade
Peneris-Genitricis ccnfecravit : íAarcellus Ociavid
genitus in. Palatina Apoliinis ade unam.
BAIGNEUR ^ balneator y valet des 'bains chez
les ar.ciens. On en trouve un norqmé dans une
inferiprionj anteros balneator. Athénée dit
que les haigneurs avoient une chanfon particuüére.
Mais s'il Icur étoit permis de chanter, il n’étoit
point honnére á ceux qui fe baignoient, de les
imiten En eífet 3 Théophrañe faifant la peinture
d'un homme groflier y le repréfente chantant dans
le bain.
BAÍGNOIRE. Burette remarque dans Ies Mém.
de VAcad. des Belles-Lettres y ou'ii y avoit dans
lesthermes des anciens, deux fortes de baignoiresq
Ies unes fixesj & les autres mobiies. Parmi ces
derniéres on en trouvoit faites exprés pour étre
fufpendues en Fair, dans lefquelies on ¡oignoit
le plaiíir de fe baigner^ á celui d'cire balancé 3
& comme bercé par le mouvement qu"on im-
primoit á la baignoire.
BAILO y en Efpagne. bailo.
Hunter po¡réáoit une rr.tdaille autonome ds
bronze de cette ville 3 felón M. Combe.
BAIN. Les Egyptiens brúlés par Ies ardeurs du
tropique ou les vents du midi , fe baignoient fou-
vent dans le INil 5 & ces ablutions facrées fai-
foient méme une partie de leur religión.
Les Orees des tems héroiques fe baignoient
dans Ies fontaines & les riviéres. Pour ce qui
eft des balas chauds que le luxe inventa dans les
ñecles fuivans , il paroft quhls furent deftinés
d'abord á réparer Ics.forces abattues par de longs
travaux 3 ou de violentes fatigues. Ainfi Aga-
memnon 3 au retour de la guerre de Troye ,
commenqa par goúter les doaceurs du bain . pour
y perdre le’ fouvenir de íes travaux ; mais on fait
combien ce bain lui fut fanefte : íl y périt par’
la trahifon de Clytemneítre fon époufe. Ceft ainli
que Télémaque & Pifiñrate arrivés chez Ménélas,
furent conduits fur le champ aux bains. Diomede.
Be ülyfíe étant revenus du camp des Troyens, qu’iis
avoient été reconnoítre 3 courarent fe píonger
daas les eaux de is mer.
40Í B A I
Les h:¡ln.s de riviere terminoient Ies excrcices
du Gymnafe , & a Lacéciemone Ies hiles y en-
troienravec íes garcons. Théocrite iJdylL. n. v.ii.)
a confervé ía mémoire de cet étrazige ufase ;
mais íi en a accorr^agríí !a defcription du mot
á-.í:¡í!, a La ir.aniere des komrr.es , pcür faite
vojr quil tenoic á I éducit-on male que i’on
donncit aux filies de Lacédémone.
On regarda peiidant iong-rems Tufage At^bains
chaiids j comtne la marque de la moIleíTe & de
la corruptioiT dus moeiirs. Homere ’L^Odyff.) dit
des Fheaciensqu’üs n'aimoient 8c ne recherchoient
que le laxe des liab'ts ^ Ies bains chauds Se les
beaux íits ce rabie ^ deíl-á-dire ^ le iuxe des feíHns :
‘Eipará r >.lirda rs xai tital.
L'üfage r/en devlnt général Se public en
Grécej que peu de tems avant Athénée, GeH-
á-áire, vers le premier íiécle de i'éie chréíienne,
(/7á. I. c, 14).
Nolis renverrons á Larticle des Tkermes fénu-
sicrarion des différentes patries qiii compofídenr
cette efpéce de bains ¡ devenus ñ vades & íi
magnifiques.
Les premiers Romains fe baignoient dans le
Tibre aprés les exercices du champ de Mars.
Bienrcr iis eurent dans leurs maifons des bains
particuHers , qufils déíignoient fous le nom de
iaheum. Ceux qui n'avoienr point de maifon en
propre ^ aüoienr á des bains publics appelés Bali-
ces. , dont la limpiieité étoit bien éloignée de ce
laxe étonnant, qui eleva & decora Ies tkermts
fous íes empereurs.
Les bains publics étoient ordinairement diíiri-
buts en plufieurs appartemens qui formoient dif
férens bains. Leur prix du rems d'Korace éroir
trés-modique ^ un liará de norre monngie aciuelle j
(ícr. i. 3. 137.):
Dum te quadrante lavatum
Rex ibis.
Les enfans ne payoienr ríen ; ce qui les a fait
¿éfisner par ceíte exception dans une faryre de
l'^ec pueri credimt , nijí qu.i nondhm ¿ire lav¡intu.r.
Un aa ¡drens éroir le prix medique régle pour la
tr.uííirude, qui fe baignoit , fc*frotroit & s’ef-
fuyeit e!le-méme 3 fans Taide d’aueun valer. Mais
il y avoít des prix plus coníidérables pour les per-
fonnes aifées , qui étoier.r fervies par les valets des
bains.
¿tQít pas petmis d’enrrer dans Ies bains
• puoi'.cs á teutes les heures du jour ; on ne
pouvoit y entrer qu’a de certaines heures an-
noncíes par une cloche dans les rhenr.es. Marcial
pane de certe doche, (14. 103. i.);
B A I
B.edae pdam ; jonat is tkermarum ^ lúdete veréis f
V v-gir.e Vis felá Lotus abite ¿omum.
Airruve dit en générd que l'on fe baignoit depuis
m'dí jufqu aa foir : i 'emvus lavanai k meridie..g
ad vcfpetarr. efl co-fiitutam. Hadrieo défendir dVa-
vrír les bains hors les cas de malaáie , avanr h
huitiéme heure 3 entre deux & trois du foir : Jare
odavam koram in publico , neminem nifi ugrúm
lavad jufium ejfe. Gerre heure varioit cependart
felón Ies faifons : c’étoir la huitiéme dans i’été'
Sr la nein iéir.e dans Lhiver : Eft autem kyeme norai\
eftite oBava 3 dit Pline {epift. iil. i). Comme ie
bain prccédoit ordinairement chez les Romains
le^ grand repas qu^’ils faífoient au coucher du fo-
le!Í3 & que leurs heures étoient plus longues ou
plus coartes 3 fuivant la^longuear des jours ou
leur brievetéj Fheure des bains devoit erre va-
riable. On peut cependant leur aííigner en général
la neuviémej entre trois & quatre heures da foir.
On les fermoit au coucher du foleil. Lampriáe
d;C ; Cum .... ante folis occafum clauderentut.
Alexa.ndre-Sévére permit d’ouvrir les bains pen-
áant les nuirs d'éré 3 & i! fit la dépenfe des lamieres
pour Ies éclairer.
Commode enrroit fept fois par jour dans Ic
bain 3 & y mangeoit. Les plus" fages íe conten-
toient d’un feul hain par jour ; Se d fuíEfoit pour
des hommes qui , ne faifant point ufage de lirige ,
portoient des cuniques (chemifes) de laine. C'étóic
ordinaire.ment avant le repas qu ils fe baignoient.
Les gourmands3 qui íéntoienr leur ellomac trop
cbargé de viande 3 y rerournoíent quelquefois
aprés le repas. Juvénal leur reproche cet éxcés ,
& leur monrre la mort fabite eomme la juila Se
prompte punition de cerré recherche voliip-
P cena tamen pt&fens 3 cum tu deponis amiñum
Tutgidus 3 & crudum pavonetn in balnea portas.
Hiñe fubita martes , atque inteflata fenedus.
Ceux des Romains qui vouloient caprer la bien-
veillance de leurs concitoyens3 faifoienc batir
des bains publics 3 aíEgnoient des fonds pour
leur enrretienj & les ouvroient gratuitement
au peuple. Mecéne3 felón Diqn 3 batir le pre-
mier bain public. Agrippa feul en ouvrit cent
foixante-dix ; & Ton ne doit plus erre étonne
aprés cela de voir dans Pubiius Viélor quhl y
avoit dans Rome jafqu'á huir cents bains publics.
On en laiíLoit á fa v*i!!e par reílament ; & les
junfconfultcs romains font mentíon de cette mu-
nificence de Servóla 3 habitanr de Tibur. {Lex
P.-’TROítus 3c. ultim. de Leg.^). D'autres Ies
furpaiTérent encore & fondérent des bai.ts gratmts
pour íes étrangers & Ies voyageurs. Les d^ux
mícripnons fuivantes en font íoi. La presruers
eíl á Romc : •
B A I
t. OCTAVIO. L. ?. CAM
RUFO. TRIB. MIL. LEG. lili
SCYTKíC.^. PR-A?. FASR
B!s. euqmviro. quixq. ex
S. C. EX D. D. AUGURI. EX. D. B.
CREATO
<¿üi. LAVATIONEM. GRATUITAM
MUNICíPIEUS. INCOEIS
HOSPITIBUS. ET. AD VENTORIBÜS ....
Ls fecoiiJs í'e trouve dans ZagaroIIus :
C. AUR.UNCEIUS. . . .
COTTA
COLORIS. INCOEIS. HOSPIT. . . .
adventoribos. servisque
EORUM
LAVATIONEM. EX. SUA. PECUNIA
GRATUITAM. IN. PERPETüUM
DEDIT
Le éarn gratuk étoit au nombre des largeíTes
que les empereurs faiíbient au peuple dans les ré-
jouiirances publiques} mais auífi dans les cala-
mites publiques j on lui retranchoit catre coni-
modité , ainii que ¡e plaiiir des fpedtacles.
On peut aíTurer généralement qa^a RomC:, dans
Ies premiers temSj Ies bains des hommes étoient
feparés des bains des femmes. Varron , {de Ling.
Latina 8. 4--) • dbi confedit , ubi bina cjfent con-
juncia ¿ídijicia lavandi caufá : unum , ubi viri ,
alterum ubi mulieres Lavarentur y 8c Vitruye ,
(í- loO • Ubi caldaria miiliebria viriliaque con-
junBa , é? in iifdem regionibus fint collocata. II y
en avoit cependant qui feryoient alternatiyement
sux deux fexes. On peut le conclure d’un difcours
de Gracchus , extrait par Aulugelle, ( lo. 3.) :
LTuper Teanum Sidicinum confuí venit : uxorem
dixit in balneis virilibus lavari velie. Q^utíiori
Sidicino a Mallia datum efl negotium , uti balneis
exigeren.tur , qui lavahantur. Tout s’y pafl'oit alors
avec modeílie:, & Ton auroit regardé comme un
atrenrat contre Thonneteté publique , de voir
Quelqu un paííer dans un hain deíliné au fexe
different du fien. Les enfans púberes ne fe bai-
gnoient méme p.mais avec leurs peres ni les
gendres avec leurs beaux-péres. Les gens qui fer-
voienr dans chaqué bain, étoient du fexe auquel
le bain étoit deñiné.
Mais quand le laxe Se la vie voluptueufe eurent
banni la inodeílie, & que la débauche fe fut
gli.íce dans toute la vílle , les bains n'en farent
pas exempts. Les femmes s'y mélérent avec les
hommes , & il n'y eut phis de dlílinélioa 5 plu
^surs perfonnes de fun ¡bz de Faurre fexe ny
ahoient méme que poar fatisfaire leur vae^ ou
pour cacher leurs intrigues : ils y snenoisnt des
B A I 407
erdaves ou des rerv.rnres pour garder les habits.
Les mairres aes bains en louoienr a ceux qui n en
avoicnt pas amené 5 Se i.s s^efíorcoient d’en
avoir ae^pi'js oeiles que les aurres maírres de
bains ^ aun d attirer 'a foule chez eux. Tout ce
magiítrars purenr oppofer d^abord á ce
derégiementj fat la defenfe de fe fervir de femmes
ou de niies pour gsrder les habirs ou cour re-'ka
Ies aurres fervices aux bains , fous peine d etr*
noté ddnfamie. Mais Fempereur Hadrien dé-
fenaitrigoareiifemenrce méiange honreux d'hom-
& de femmes. 11 íir feparer Ies bains pour les
deux fexes ; lavacra pro fexibus feparavit , dir Spir-
nen 5 c'eíl-á-dire , quhl leur aíijgna desbazMí dans
des bátimens ou des quartiers feparés.
Ce régiement fur de f>eii de durée; car Tríarc-
.Auréle rétablit la diñincticn oes bains , Livacra
mixta fummovit. On vir fubíifter cette loi fage
juTauMu liixurieux Elagabale , qui permit aux
deux fexes Fiifage des mémes bains. Mais Alexan-
dre-Sévére rétablit de nouveau i'ordre & U dé-
cence; Se Fon ne trouve plus depuis de régiement
relatif aux bains.
Les bains des particuüers devinrent^ fous les
empereurs , des obiets de luxc & de recherches ,
ainíi que les thermes. Lesftatues^ les colonnes
n'y étoient pas épargnées. Sénéque {epifi. S6.) :
ijuid ciirn ad balaca Izbertinorumpcrvenerc? Quan-
tum fiatuarum efi , quantiim coLumnarum eji ¡ nlhíl
fufinentiam , fed in ornamentum pofitarum Or i'ri-
penf/í caufá I On en couvroit les murailles de pein-
tures précieufes, de marbres tares ^ Be méme de
mofaiques. Sénéque reproche encore ce liixe á_
fes concítoyens j (^ibid. ) ; Lauver fbz Videtur ac
fordidus , nip pañetes magnis Ci pretiops orbihus
refulferunt i nip Alexandrina marmora ILumidicis
crupis fipinña funt ^ nip illis undique operofa & iti
piñurs, modum varíala circumlitio pruexitur,
Symmaque ( epip. 6. po. ) : In minoribus balneis
pijcinalem picluris potius , quám mupvo excoli
non probavi. U Antiquité expliquée du P. Mont-
faucon, & fon Supplérr.ent , nous oíFre.nt des
reftes de bains qui juílifient ces piaintes de Senc-
que & de Symmaque. Ils ont , a !a vérité . appar-
tenu aux Aiigiiftes , puifquhls font litiiés fu’r le
mont Palatin ; mais on fait que ceux des ric.hes
citoyens ne leur cédoient point en m.agniíieence.
Les femmes s’y fervoient de íiéges dMrgent & de
baignoires de méme méta! : Argento femins. la-
vantur , ií nip argéntea folia fafidiunt. rline ^
(33.C. 2). ^ ^
Les Romains repandirent dans toute I'Europe
ce godt pour Jes bains 8e pour les mofaiques j
auquel nous devons ces reftes précieux que Fon
trouve journdlement dans prefque toutes les villes
anciennes, dms celles d’Angleterre méme.
Pendant que Fon prenoit le bain , on fe tenoit
dans im repos parfair. Quelques écrivains médi-
toient alors leurs compoíInonS. Suétone {Aug-..
c, 8f. s. j. ) parís a un peút recueil d’épigram53ics
4oS
B A l
qii'AuOTÍte zvnk cornroíe dans íe ¿jw?. PUne le
jer.ne ík cue iba onde cüccoÍe cu écoucoit des
lechires útiles pendan: qdoa ie íroícoic & qii'on
rcíTuroi: hors da éa¿íi,
Aprés s'étre baignés 8¿: laves, les anciens fe
faifoient racier la pean avec des lames élaíliques,
de cuivre ou d'argent , pour enlever la craíFe. Oii
Ies frottoit enfuite avec des parfams & des nuiles
cdoriférantes. Eiagabale ne fe baignoit mérae
que dans des eaux parfumées av'ec du fafran &
d'autres plantes arcmatiques-
Pour la difpoíition des piéces qui formoient
les bains , voyez Therí.íes.
On chauuoit les bains pablics avec des boules
de matiéres ccmbuftibles endnites de poíx.
Les biins dbAbafcantus étcient íitués dans la
premiére región, Rufus & Viclor feuls en fon:
ntention. On ne connok point ce: Abafcanrus
aUQuel les Romains en étoient redevables,
Les bains d'Agrippa. ')
de Novatus. > Voye-^ Thermes.
d’Olympias. y
Les kains d'Agrippine. Viílor Ies défigne par
le mot lavacmm ; de maniere qu’on ne peur les
confondre -.avec une fontaine. Hs étoient íitués
dans le Viminal, la cinquiéme région. Les anti-
quaijes s'accardent tous á placer ces b.ains de
la mere de Néron fur la colhne qui fai: face a
réglife de Saint-Vital. On aíTure que des oiivriers
y trouvérent dans des fouüles deux flatues de
Bacchus, avec rinfcriptioa fuivante ? iN lava-
cro AGRiPPiNAE. II paroit d'aprés cette infcrip-
tion, que c'étoit un bain particuüer, lavacrum,
& qu ií faifoit partie de la maifon d’Agrippine.
Les ¿a/aídi'Alexandre-Sévére ttoien: en grand
nombre ; car cet empereur en nt conftruire dans
tous les qitartiers de Rome, felón Lampride, &
plulieurs portérent fon nom.
Les bains d'Ampélis ou d'Apellis étoiept, felón
Víctor, dans la quatorziéme région au-delá du
Tibre. On ignore quei étoit cet Ampélis ou Apel-
lis; mais des bafíins de marbre trouvés auprés de
la porte Settimiane , ont renouveié le fouvenir
de ces bains on de ceux de Prifcillianus , auxquels
ils ont certainement appartenu.
Les bains de Bolanus & de Mamertinus étoient
places dans la premiére région. Ces deux Romains
n'ont joué aucun role remarquable dans les an-
nales de leur ville.
Les bains du diélateur Céfar étoient de forme
ovale , terminés par quatre demi-cercles. Oeñ
ainfi qtfon Ies voit figures fur un ancien plan
de Rome publié par Eellori.
Les bains de Claudius Hétrufcus font connus
par Ies vers de Stace (5y/v. i. y. 3,0 Se de Mar-
tial (vi. 42. 8). On ignore cependanr I’endroit
oú les avoit conftruits cet affranchi de Claude.
On fait feulement qu'iis étoient recommandables
par la variété & le prix des marbres , par la gran-
neur & la belle proportion des appartemens, &
B A I
enfin par les canaux & les robinets , qui étcient
d’argeat n-.vhf.
Les bairís de Daphr.is fe trcuvoient , felón
Rufus & Víctor, dans la quatriéme région; ceiis
du temple de la Paix. Pancirolle croit , avec aíléz
de vraifemblance , que leur nom venoit d‘ua
petít bois de iaurier, auprés duquel ils étoient
litués.
Les bains de Narciífe , affranchi de Claude,
étcient fitués auprés de la Baíiiique de Murcien.
y^oye^ Basilique.
Les bains de Néron faifoient partie de f&
maifon.
Les bains Palatins prenoient leur nom de la
msntagne fur laquelle ils étoient batís. On en.
voit encore aujourd'hui de précieux reftes ornes
de peintures, d’arabefques , de mofaiques, de
dorurc, &c. Ils fervoient aux empereurs, 8c re-
cevoient une partie de Teau Claudia , qui y étoit
conduite par des aquéducs qui fubfiftent encore
en partie. •
Les bains á& Paullus. Rufus 8c Viétor les placent
dans la région du haut Sentier. On croit qu ils
étoient fitués auprés de la tour de Conti , 8c
qu ils ont fait donner á cette petíte élévation le
nom de BagnapoH ou Miagnapoli , comme le
peuple Tappelle aujourd’hui. BagnapoH veut dire
bains de Faulus. Donatus refufe de reconnoitre
les- reftes de cts bains dans unportiquefouterrein,
qui eít orné de colorines de briques , 8c qui eft
circulaire comme une portion de théátre.
Les bains de Poycléte étoient placés auprés
de i’école du gladiateur ^milius Lepidus.
Les bains áe. Suja. Auréiius Víctor, {epift- c. 15.
n. 6.) dit que Trajan eleva des bains en l’honneur
de Sura , qui lui avoit procuré l’empire. On peut
conjeólurer d’aprés Pubíius Viétor, qu’iis étoient
fitués fur le mont Aventin ; car q’étoit la qu’avoit
fa maifon L. Licinius Sura , confui fous Nerva
Se fous Traían. Dion «fit batir un gymnafe
á fes frais. Sur I’ancien plan de Rome , publié par
Bellori, on voit des portiques 8c d’autres báti-
mens qui ont pu fervir á fes bains ^ fur le mont
Aventin,
Les bains de Torquatus étoient fitués auprés
de fes jardins. F". Jardins.
« Les arts ont répété Se répéteront toujours
la repréfentation des objets que les hommes ont
le plus fouvent fous les yeux : ainfi les Romains
ont fréquemment repréfenté les ficuations qui
avoient rapport á leurs bains. L’ufage du bain
leur étoit prefque néceífaire , pour fuppléer au
défaut du linge , 8c utile pour la fanté ; mais ce
qui les flattoit plus encore, c’eft qu’il fervoit a
leur volupté. Auffi ont-ils repréfenté plus fouvent
des femmes , ou lorfqu’elfes étoient dans les
étuves , ou dans les momens auxquels, dépouil-
iées de tout vétement, eiles entroient dans le
bain , ou s’eíTuyoient aprés en étre forties. Le
plus grand nombre de ces figures ne
B A J
sücun atír.'but de Vénus ; cipencant les modsrnes
font, gentralement pirlar.t ^ ¿ans í'hahitude de
les recarder ccmme des recrérentatioiis de cerre
¿áeiTe , & coniVqueiament de leur ¿onner ion
rioin. Four m'éievea contra cetabus, je rapporte
certe figure^ & je !a donne pour exe.Tiple : e’Je
jr.eparcit ne renráfcater qn'ur.e ferr.me ordinaire;
& j'a;iro:s eii un grand nombre d'aiitorités pour
en raire une déeirc".
» L'’objet cae cette femme tient dans fa main
fermée, n elt poin: aíTez apparent pour erre re-
connu. La dirpcíiricn de cette figure crt froidej
& le rravaii eíl auai commun que peu agréable».
Cavias 3 - //. 44. n°. I.
EAISA.uFSA , prés du golfe Arabique.
Gofizius feui atcnbue a cette viüe des méáailies
impén'ales greccues
BAÍS.dH. i^oysz EmBRASSEIiIENT.
BAJLXEj nona d’un office de la cour des erri-
pereurs grecs. Les íajales étoient les précepteiirs
des princes. II y avoit le grand éajuU & les hajaus ;
le grand t'roit le précepteur en chef, &ies bajuies
étoient les fous-précepteurs. On trouve le mot
bajulas , fialsí.c; , dans le fchoÜafte de Sophoclej
{^la Jíjace íorartu') : Uatib'Uyaiyos jíuí 3
i Xiyiutvas ,S«ís>¡)?.. ün manufcrit de Théophane ,
qiu eíl á la bibüothéqua duRoi_, porte /SbycAiJ ;
mais c’elt la prononciation tnoderne des Grecs
qui a caafé cette erreur : car i!s pronor.cent le
r comme I ; ii faut reítituer ¡¡.on rov fsalHXn ai-ri.
Le premier bajule que Fon trouve dans l hif-
toíre Byfantine j elt fous Théodofele jeune, quij
felón Cedrenus , établit Antioc'nus intendant ,
patrice 8e fon bayuíe 3 xxí ra? Depiiisj
cer ofScier fut appelé grand bajale. G'efi: d'aprés
cet ufage des Grecs, que les Itaüens ont appelé
hajuLe d’un royaume , celui que Ies Anglois ont
Eommé yroteéiear. On vouloit exprimer par ce
mot le foin cue doit avoir d un prince fon pré-
cepreur. i! doit raimer comtne le nourricier chérit
Tenfant qufi! a porté, bajulavit , dans fes bras.
L’auteur de la vie de Louis-le-Débonnaire, dit .
que Charlemayne donna Arnoud pour bajale á
ce prince; c'efi-á-dire, pour confeil, pour mi-
Hiftre. Híncmar {ep. z. c. z.j décrit au long les
quaütés des bajules. Balfamon dit (//i. 7. medit.)
¿ans Leuoclavius , que fon appelle en general
hajules les pfécepteurs des enfans. Grégoire de
Tours par.e en effiet (yies des Peres, c. 6.) des
bájales de S. Gal, qui n’étoit pas fi!s de roi. Quel-
qaes auteurs modernes ont dérivé du mot bajale
eeiui de hailli, ballívas.
BALA, furnom de la famille Mzja.
Balance. Cer ínltrument ne paroít point
parmi les hiéroglyphes ; & Ies feuis monurnens
égyptiens fur íeiquels on puiíTe ie voir, font
Une des momies expliquées par .Alexandre Gor-
don, & un fcarabée de fardoine de Stofeh.
Dans routes les découvertes dGntiquités faites
STant ceüe d'HercuIanum , oa n avoit troavé
Anti^iiítés ^ Tome J.
BAL
qu une feule efpéce de bala-ice, ce'les.ci!: reGe.m-
bjeiit a nos pejons ou romahus', c^eil - a- cire ,
qu enes font formees par une verge ou fiéau,
air lequel le poids augmente á propertion qa'ii
s approcíie ae fon extrémité. Ce poids a aífez of di-
i;airemei,t la figure d un petic bulle de divinité.
A une des balances cu on voir dans ie cabi ^et de
Pomcí, eíl íaípendue ¡3 tete de FAfriaue, teüe
qu on !a trouve fur des médaiiies. Gn lit iur un
autre fieau : xr. claud. exa.ct. cura aedil.
Ces balances d'HercuIanum ont toutes un baíTia
a la p.ace du crochet ou crampón qae nous met-
tons á celles de la meme efpéce dont nous faiíbns
ufitge^: fi tien: par trois ou quatre chaines biea
travailiées & paífees dans une plaque ronde , qui
donne la facfiité de les reílerrer plus ou moins.
Le cabinet de Sainte-Genevieve renrerme ua
de ces bulles , qm fervoit de poicls á une roniaine
ancienne. M. Je duc de Chaulnes po.fféde un fléas
antique de romaine , long de plus de trois pieds.
On peiit conjeclurer que ia piupart des bulles de
divinités antiquesqui ont une béiiére ou anneau,
ont fervi de poids.
Herculanum a enfin donné aux antiouaires-quel-
ques balances avec deux baífins, relies qa’on Ies
%'oit repréfentées fur les médaiiies & fur d'’autres
monumens. II y en a de íi petires, qu’on pourrok
croire qu’elles ont fervi de trébuchets.
Mercare préíídoit aux balances Ik aux poids.
(F” oyey Mercüre). C’eít pourquoi fa tete & fom
bulle fervent de poids á pluíieurs balances des mu-
feum de Florence & d 'Herculanum. On voit fur
une cornaiine du barón de Stofeh ce dieu debout.
tenant de la main droite le caducée , & de la
gauche une balance. Devant lui eíi piteé le cán-
cer; les peiíTons & !e feorpien font derriére lui.
La pofition de ces fignes du Zodiaque, graves fur
cette pierre, eíl exprimée par ces vers de Ma-
nilius :
JEq-aata tum Liska , dze cum tetnpore nocíls
Attrahit arientí falgentem Scorplcn ajero.
On retrouve encare dans la máme colleflion
une cornaiine , fur laquelle Mcrcure porte u.ne
balance. Ce dieu n'y a d'autre attribut que Ies
talonniéres.
Les poetes difoient que ce ílgne du Zodiaque
étoit la balance d'Aílrée , retirée dans le ciel á
répoque du fiécle de fer- Virgüe voulant faire
Féloge de Fequité d'Augufte , Falíure qa'aprés f*
mort ii ira demeurer dans le fisne de la balance.
La balance eíl Tartribut ordinaire de Thétr.is &
de rEquité. On la voit auíli fur les médaiiies dans
les rnains des femmes. qui repté fentent la déeífe
Maneta. Eües font quelquefois au nombre de
trois ; peut-étre á caufe des trois métaux era-
ployés par Ies Romains á fervir de monnoie.
BALAN E, une des huir filies d'Oxilius & ds
la nrmplie Karsadryade. V. Hamadryade,
' Fff
410
BAL
BALANEA , en Syrie. SAAAtíEnN,
Les médallles autonomes de cette ville font :
RRRR. en bronze. (PellerLi^,.
O. en or.
&. en argent.
Cette vüle a fait frapper une médaiile impériale
grecque j non en Thoiineur d\4’aguíle ^ comrne i'a
crii Vaiilant^ ce qai eíl plus que douteux ; naais
en rhonneur de Marc-Antoine, comme Ta fait voir
-M. Pelleriii.
BALANTION , monnoie des Romains. Voyiz
Phollis.
BALAUSTIUM , fletir dii grenadietj que les
anciens employoient pour la teinture de pourpre.
Le fameux Gobeün s’en fervit á París fous Fran-
50ÍS í:, pour faire Técarlate.
Ceux qui prennent Doiir le balaujiium la fleur
que Ton volt fur les médailles de Rhcdes, Vy
reconnoiíTent pbur Fembléme du grana commerce
que faifcit cette ille d'étoíFes teintes en pourpre.
M. d\4ubenton a reconnu la ñeiir qui eíl fur les
sne'dailles d'argent de Pifie de Rhodes,j pour celle
de la rofe íimple.
BAiLATEUR des temples. Voyei Néocore.
BALBEK. L’hilioire fumt á tous Ies íieclesj
les hommes croient en conféquence immor-
íaliier les faits qudls lui confiení. Souvent sis ont
£u á s’appiaudir de cette ccnfiance- II ne reíle
pas aujourd'hui une feule pierre qui nous indique
Éendroit pr-écis 011 étcient íitaées Jroye, 3aby-
lone & Memphis ; & cepeadant rhiftoire nous
entretiení depisis deux ou trois mille ans des
snerveilles qu’eües renfermoient. Nous trouvons
au contraire des mines de vilies anciennes , done
elle fait á pesne mentron. II en exifte entre- autres
de íi riches & de fi précieufes pour la fcuipture
&: Tarchitedlure ^ que les monurnens dont elles
atteftent Texiftence , ont été les plus beaux qai
foient jamais fortis des mains des hommes. Pal-
myre & Balbek , Tancienne Héiiopolis de Syrie ^
n^offroient depuis long-tems cas débris refpec-
tables qu’á des Arabes ignorans . ou á des T ores
fuperftitieux ; lorfqiAen 1678 des commercans
anglois j qui fe trouvoient a Alep ^ eurent la cu-
lioíité de vérifier les récits des Árabes. L'hyper-
bole fi familiére aux Orientaux ^ pouycit facile-
ment avoir- exageré les faits dans lears’ boliches ;
Famour de la vériré , appanage des peuples
ÉCiairés, devoit cherchera diííiper le meryeilleux
& á éloigner les fables. Les premiers effbrts de
ces marchanás furent infruétueux, parce qu'ils
furent pilles par les Arabes 5 mais leur zéle ne fe
refroidic pas. Treize ans aprés ils firent une fe-
conde teiitanye ^ & pafsérent quatre jours á
Paimyre
De quel étonnement ne dúrent pas étre frappés
les favans d Europe j en lifant dans lesTranfac-
íicns Fnuofophiques ^ la relation de ce voyage ^
la ¿eicíiption des Kionumeas qiii fj^íiívvst
BAL
encore en partie I Pouvoient-ils croire qiFon edt
ignoré depuis Zenobie , le climat ou arak exilié
la capitaie ce fon empire 5 & qu’une viKe auríl
ayantageufement fituée pour le commerce eúc
été entierement effacée de la mémoire des hommes l
Placée en effet entre le Ty gre & FEuphrate ,
entre Séleucie & Antioche ^ fur les frontiéres du
royanme des Parthes, á cinq journées de la Mé-
diterranée, elle fut fous Ies Séleucides & les eir-
pereurs romains , Fentrepdt du commerce de
FEurope & des Indes. Cepenaant on en ignoroit
abfolument la pofition ; Se quelques favans
jetérent des doutes fur Fauthentícité de la relation
publiée par les commercans anglois. Les chofes
reílérent danscet état á'incertitude jufqu'en 1751,
que MM, Dawkins & Wood nous donnérent la
defcriptioii des monumens qu il avoient trouvés
& deííinés á Palmyre & á Balbek, fous la pro-
redtion de la Porte & des hachas de Syrie. A ¡a
beauté des deíTins ils ont joint des recherches fur
F état ancien de ces deux vides , & ils femblent
avoir épuifé cette matiere. Quant aux inferiptrons
palmvréniennes , grecques & latines qu’ils ont
rappórtées ^ toute FEurope favance ■ connoít le
travail de ?>í. FAbbé Barthélemy ^ & fait qiFil 3
retrouvé Falphabet paltnyrénien , á Faide duquel
il Íes a toutes expliquées. Cette découverte pré-
cieufe pour Finteiligence des langues orientales ,
peut conduire un jour a quelqiies vérkés impor-
tantes ^ & á des faits dont Figaorance jette peut-
ecre de grandes obfciirirés fur Fhsíloire an-
cienne.
Envíronnées de déferts ^ Palmyre & Balbek
ont confervé beaucoup plus de reftes de leuf
ancienne fpleadeur , q’Aaucune autre viiie an-
cienne 5 parce que "Favidité des Árabes rfa p_u
trouver aiicun etnpioi de leurs ruines. II atuoit
été trop difpendieux de les tranfporter jufqu'aux
vilies les plus prochainesj & le nombre des habi-
tans qai vivent au milieu de ces débris , eíl trop
petit^, pour quhls ayent pu les diífiper ennérement.
D'aiiieurSj la beauté du climat fous lequel il ne
pleut prefque^’amaisj Sé la dureté des matériaux^
qui font tous de marbre & de granit ont
beaucoup contribué á lear confervation. Entre
autres débris de temples qu’ofire Palmyre^ ceux
da temple da Soleil, qui eíl confervé en grande
partie , font dignes des plus beaux íiécles dq 1 ar-
chitedlure grecque 5 & le périílyle qui Fenvironne
femblcrcit avoir fen-i de modéle á !a colonade
du Louvre fi Perrauít;, cui s’eíl immortaiiié par
ce ñiperbe moniimen&j en avoit pu prendre con-
noiíTance. Tant i! eil vrai que les proportions des
anciens ordres renferment toutes les beaurés de
Farchite¿lare/&qiie les artilles hábiles qui faujoat
les méditer & les combi.ner^ en cireront Íes memes
réfaltars. A queilc autre caufe en effer pourroic-
on attríbuer une reSemblance auííl p^ar£«te
deux édifices conftruits á pres de miile ¡ieue^
Se deus. jrdlk sns de diíiance Fu» ^ ^ ^
BAL
fans aacane comtn'ankaíion entfe Ies nioñamens
& les architeétes ?
Les íávans anglois tro-avcrent á Balhek un plus
grand líombre de monumsns , aíiez bien confervés
pour pouvoir iuger de Jeur enfemble , & reftisuer
iians Ies deffins Ies parries que le tems a con-
fuméeSj ou que les Ottomans , peuple né pour
erre le fléau des fciences & des arts j ont abattues.
Les dimeníions du grand temple étonnent par
leur grandeur : un fuperbe portique conduiíoit
par deux bra oches égaíes au temple proprement
dit , auquel on montoit par un efcalier dont la
longueur des marbres pouvoit foutenir huir per-
fonnes de front. Des colonnes corinthiennes can-
oelées^ de qiiatre pieds anglois de diainétre, & de
trenre-fix d’élévation , portenr une voúte divifée
en compartimens ículptés. On oe fait lequel ad-
inírer le plus^ de la hardieíTe de Tarchiteélure j
ou de rélégacce du fculpteur. Les foffites, les
architraves , les frifes & les frontonS' de Palmyre
& de Balbek font ornés de fculptures recherchées
avec le plus grand foin j & variées á Finfini. Le
milieu des deffins eft rempli par des figures en
bas-relief. Heureux MM. Dawkins & Wood, qui
íe font promenés fur ces précieufes ruines ^ qui
en _ oiit vu une partie braver la fureur du tems
qui devore tout ^ & qui ont fu rétablir ¿ans leurs
planches ces temples auguíles ! Bientót la barbarie
«ttomane , & Favidiré des hachas d’Alepj qui
brifent les colonnes pour enlever.jp fer qui les
aíTemble , n'y laifiTeront pas fubfiñer le moindre
débris j & le voyageur curieux ne trosvera bien-
tór plus de veíliges de ces magnifiques bátimens.
Faris nous offre un motifde confolation : le temple
dédié á la patrone de la France s" eléve au milieu
.des églifes gothiques que cette capitale renfermej
comme le chcne majeílueux aii-deíTus des hum-
bles arbriíTeaux. II offre á nos regards ¡a hardieffe
des Gorhs réunie á Félégance des Grecs. Balbek
& Palrnyre revivent dans, cet augufie monument.
La richeffe & Félégance des fculptures les re-
tracent á nos yeux. Helas! pourquoi Souínotj cet
babile archireéte:, ffa-t-ilpu acheverfon ouvragej
jouir de Fadmiration de la France étonnée, &
voir Ies cris de Fenvie étouffés par les louanges &
Ies applaudiffemens de FEurope entiére !
BALBIN.
Deciilus CXLIÜS Balbimus Augustvs.
Ses médailles font:
RRRR. en or.
R- en argent j
II y a plufieurs revers RR.
RR. en médaülons de potin d’Egypte,
R. en G. B, de coin romain;
II y a des revers plus rares : la libéraüté de
plufieurs figures eft RR.
RRR. en M. B.
O. de colonies , & de G. B. grec.
RRR- en médailloas grecs de bronzc.
SR. en M. B.
BAL 4.1 j
Rit. en M. B. d’Eavpte.
£-4.1312, , 7
BALBIS , f ) í'acéc
G.ans Ies cirques devant les carceres , p-nur ren-
tc.mer fur un efpace determiné les athletes, les
caiaiieiS & les chars qui difputoient íe pr:x de
la courie , jufqu’au moment oú le préíident des
,^ux leiir donnoit le fignal. Un héraut ■veilloit
lans ccíle Tur eux ^ 8c les avsrtiiioit de ne 0*s
avancer au-delá de cette ligne , en ieur criant ;
ítoíFíjc Trapa ^ linea.Tz redde ^
Bneam pedem pone i' ¿écomrtT. \z ligne, anpro-
chez v'cs pieos de la ligne. Tertullien a pris de cet
üfage un grand nombre d’expreffions , relies que
linee, infifiere , ad lineam dimicare , intra lineas
gradum colligere, &¿. Quelqu'un voyant un ora-
teur s’agiter avec trop de váhémence, & fairc
de trop grandes digreffions , demandoit , felón le
récit de Quintilien, que le héraut fit la procla-.
marión ordínaire, gayAA' aTri^^os,
La balbis étoit , felón Harpocration , une corde
que Fon abaiffoit fous les pieds des chevaux t
Balbis dicitur linea qu& efl fub repagulis ^ qubd.
curfores fu-per eam gradiantur in fiadium procur~
rentes. Selon un interprete d’Ariñophane , cktoic
un m.adrier que Fon enlevoit j & il confond la
balbis avec les repagula, les barrieres, {Equit. iv.
1.9.) : Balbis .¡feu. valva, efl lignum quod ex tranf-
verfe in principio curriculi pojitum efl , quofziblato.p
v-bi pgnum datum efl , mzttunt in cnrfum car flores.
Les Grecs appeloient ^aAZtg le íommencement
8c la fin de la courfe j parce que les coureurs re-
venoient au méme endroit d’ou ils étoienr partís",
& y recevoient leurs couronnes. Poilux nous fcrc
detémoin (ni. 30.) fle
T'P/íiií. xcci
BALBUS, bégue, furnom qui annonqoit une
difficulté dans la prononciation, d balando potiiis
qudm loquendo , dit Ifidore , ( x. ). II fut donné ¿
plufieurs familles de Rome dont nous avons des
médailles ; aux familles -4cilia , Atia , Anto-
nia, Cornelia, N^evia & Thoria.
BALDER étoit, dans la théologie des peuples
feptentrionaux , fils d’Odin. On le repréfentoit
fage , élóquent , & doué d’une majefté fi frap-
pante , que fes regards étoienr refplendiffans. Éa
un mot , c’étoit FApoIion des Grecs. f^oye:^
Tyr.
BALEARES. Lcr hábitans des iíles Bailares
inventérent, difoit-on, les frondes, & íe ren-
dirent redoutables par Ieur habileté á s*en fervir.
On aíTure que pour formar les jeunes gens á cet
exercice militaire , les méres placoient á upe cer-
taine diftance Ieur noarriture , & ne la iaiíToient
prendre qu’aprés la Ieur avoir vu abattre á coup
de fronde. La fronde des iíles Baleares devint
célebre chez les Romains. Virgile , (Georgic. i.
309.) :
St/ippea torqueniem Balearis verbera funde,
F f f jj
4 ' 2^ BAL
Et Ovid; j {Met. zl. 727. ; :•
Nor^ feclís exarjlt^ qaam cum Baleárica plumhum
Funda jacit ; volat illud , & incandefeit eiuido.
Srrabon (rrJ. p. 1 16.') 8c Euftathe (in DIonyJsum)
¿ííenr que les habitaiis de ces iíles portérent les
premiers des Laticlayes. F"oye^ ce mot.
BALEARICUS, furnom de la famiile C^-
eZLIA.
BALEINE. Laomédon ayant refufé á Neptune
une lécompenfe qu’il luí avoic prornife ^ fut
obligéj pour l’appaifer, de lui irrunoler fa filie
Kéiionc 3 & de l'expofer á un monír e marin qui
¿evoit la dévorer. He.cule délivra cecte infer-
tunée princeíTej & le moníire envoyé par Nep-
tune fut place dans le cíe!, ouii forme la conf-
tellaiion de la haleine. Mela rapporte férieufenjenr
que Ton montroit de fon tems á Joppé^ en Syrie j
le fquélette du prétendu monfire qui devoit fervir
le reirenríment de Neptune. Ce fquélette fut ap-
porté á Rome par M. Scaurus {'PUn. ix. , qui
amufa pendant fon édilité la curiofité du peuple
avec ces enormes reífeSj dont les cotes furpaf-
foient en longuear la hauteur des éiéphans de
rinde.
BALIOS; c’eít le nom d'iin des chevaux im-
inortels d’ Achirle 3 né du Zéphyre 8c de la jument
Podirge. Son ñora grec BaÁÍis , veut diré ca-
che té.
B ALT STARIU S. f magister ) lííurato-ri
(774. 2.) rapporte une fnfeription fépulcrale
gravee en rhonneur d’un rnilitaire, dont le grade
eíl exprime par ces deux mots. !l étoit fans doute
prépofé á la garde ék; á la conduite des baüíles.
Les balíflaires étóienc cornpris dans le nombre
des troupes armées a la légére. Végéce (,-2. 2.) :
Item Uvera armaturam , id efi , fer entari os , frtgit-
tarios ^ fiL’idito'-es , baíiflarios. ón croit aue ce
méme nom dííignoit des fb’dats armes d’arba-
létes, qui furent introduits dans les armées ro-
maines vers !e tems de Conílantin. Sous ce der-
nierrapport3 les balijiaires étoient encore appeits
maaubalUflá, OU arcubailifií, & en grec x-i-¡Aa7.-
.7.Lus.i.
B.ALÍSTE. Machine de guerre dont les anciens
fe fervoient pour lancer des traits d'une longueur
& d^un poids furprenant : elle chaíToit aaíli ¿es
bailes OU boirlets de plomb tgaux en poids aux
gros traits qa’elle lancoit. Céíf ii dénnition que
donnent de la ha 'ifier ceux qui 3 a Texemnle de
pluneurs écrívaitis de rantiqui:é3 la co!zfondent
avec la citaoLte. Mais le chevalier de Fo'ard3
cmt a fait de nombreufes recherche^ uir les ma-
chines de guerra des anciens , & aui en a r acé
des ddlirs précieux Dar íeiir exaétrudej crott
que ía b alile lar-coit des pierres, 8c la catapu'te
des traits on des dards. Végéce 8c .Ammien Mar-
CclKn nolis ont laiffé dVimpIes deferiptioQS de
#£S machines meurtriéres.
bal
^ Qaoique le nom de balifie foit grec 3 8c qa''fl
vienne de , jeter , il nefí pas certain qu-
les Crees s'en foient fervis. 11 parok méme gu-
les Rornains3 jufqkau tems de Céfar3 ne i’em-
ployérent quá lancer des pierres; ou peut-étre
en donna-r-on depuis le nom indifféremment á la
catapulte 3 qui lanqoit des traits. Les pierres que
lancoit la balifie pefoient quelquefois jufqká cent
livres romaines (de douze onces). Virruve parle
de pierres pefant plus de trois cents livres (x.22.);
pondo cccLX , jetees par les balifies.
Les ravages produits par ces maíTés enormes
étoient terribles 3 8c ne peuvent fe comparer qka
ceux de nos bouíecs 8c des bombes. En voici la
defeription prife dans Lucain 3 (ni. 469.) :
At fdxum qiLoúes ingenti ponderis iciu
í-xcuzitur ^ q'ualis rapes , qaam verdee mentis
AAficidit imvLLÍfii ventorum adjuta vetafias ,
Frangí! cuneta ruens : nec tantiim corpora prejfa
Exanimat ; tocos cum fangulne di¡ftpat artas,
LVuteur á’une guerre des Jaifs , attribuée a
Hégeíippe3 parle (i/i. 12.) d'une teté fracaíTée
6c portée á trois ñades , d’un enfant arracné du
venere de fa mere 3 & jeté á un demi-ftade par la
vioience des pierres que iancoient les balifies.
On en atrribuoit rinvenrion aux Phéniciens.
Piine (vii.ciG').
BAL1STE3 tyran fous Gallien.
Ser ríe- US Art’cius Bal sT. 4 Aug.
Ses rnédaiües ne fe trouvent point dans les
cabinets , 8c ne fent coiinues que dans le recueil
ííe Goítzius.
BALLcEL'S. On le croit roí d'íllyne.
Ses médaiHeS3 avec £-a2IA£í2X. baaAAIOY.j,
font :
RRR. en bronze.
O. en Oi.
O. en argent,
BALLATORES CyheU. Muratori (iSy- 4- >
rapporte une infeription dans lacuelle il eíl íait
nitntion des fodales ’ballatores Cybelí. 11 croit ,
avec fondement 3 que ballatores eíl derivé ici ¿U-
grec euX/Jl'a , danfir, 8c qVil eíí fynonyme de
Galli 8c de Carybantes..
BALLE. Foyei Pauxíe-.
Baúles de p'omb 3 glands de plomb. « J'ai en-
de la peine a imaginer 3 dit le ccmte de CaViU-s 3
{R.c. ¡I. pl. 03. ri°. 3.) Tufage auquel étoient
empioyés ces deux plombs formes en olives 3 &
chsrg-és 3 fun de caracteres grecs3 Fautre de carac-
teres latíns. Je les reccimorífois poiir annque?.)
& ii étoit-' facile de jugerqu'ils n'avotent -pas ete
fabriques fan*; deFein J’avois fait tsop pe'-t ■! at'
tention, en IFfant les aüteurs anciens. ¿axendrous
qui pouvoient me dosner des éclairciífemen- )•
er.fei 3 j'avoue que je ne goutois
BAL
l'objet de ces erpéces de bolles. Je trouvaí par
hiiard, dar.s la traJadion írancoife que nous a
donnée Baiidelorj des remarques de Faber fur
Íes porcraks des homaies iiiuiires ^ du cabinet de
Faiv;üs-Lríinus ipag- IC4.)3 ce qui luit ; «Sur
» un gland de plomó, aiidque néanmoíns, que
» peut-etre ies írond-urs de Tarméc de Céfar , au
«combar de Fhana'e, avoient j-ré , on jit ces
» mocs ; Frappe t'ompee ». Ce paíTage réveiila
mes i'.iées ; & quoique iú..Baudeioc r¡e cite aucun
auteur , je me ¡ivrai a des recnerches, & je fus
btentóc convaincu que mes plomos avoient Icrvi
auA aiiciens daos les comoars «.
_ ce En eííet. Ies í'ronJeurs jetoient autrefois des
pierres 5 car Xénopnon dlt ; Jujn funaitores lapi-
dum píe, IOS kabere ¡ííccuIos- Mais il n’écoir pas
naturei que ces foidars, doiit Ies atraques éroicnt
importantes , & quelquerors déciíives dins les
commencemens d une bataiUe, rdeulícnr pas des
bailes d'une cgalité conííanre , d'un poids & edune
forme convenables. Les pkrres ctoient ibuveüt
difficúes a trou'. er, & la vatírté ce íeur figure &
de !eur groífeur pouvoir rmire á reífet qu'on.en
attendoit. Les auciens avoient done ¿es bailes de
plomb dans les aríenaux ; iis leur donnoienr le
nom de g'and, & leur faifoient fouvent poner des
caraci: res relanfs aux circoníla; ces «.
“ Avant que de mettre en ceuvre les autorités
des écnvains latins , je irdarréte á examiner le
fentíment d'un auteur moderne, dont ie récit eít
capable feui d’établir une cercicude Tur ‘ cene ma-
tiére «,
« Torgroni Tozzett! (i), dans la relation de
fes voyages enTofeane, aííure que Ton trouve
depuís íong-tems dans le voiíinage de Pife , &
dans un heu litué fur des montagnes dépendantes
de cette rille , des glanos de plomb : Di vefo de-
nari 11 , e an.co d‘ un oscia ¿‘ana 6?c. , formes en
olives, & reíTemblanr a des pierres judaíques. lis
fervoient anciennenienr , dit-il , aux frondeurs ;
& il renvoie fes leelears á Jtrñe-Lipfe de Milit.
& a l lyíTes Aldovrandus, ¡flétall. ij6.
M. 1 ozzetri fir chercher de ces bailes dans ia
pente de cette montagne, & ne put en trouver
que ceux, cui , apparerriment , n'avoienr point
de caraétéres ; car tí cite celles nu'il a vues á
r icrence , dans !e cabinet du marqnis Capponi , &
fur lefcuílí í, on s^appercevoít cifilv'avoir eu des
lettres erfermées dans un catre marqué par des
lignes cteufes. í .e nom de Cabellare , & la íirua-
tion avantageufe de cette montagne, qui, fans
erre commandée , commande á toas les environs,
íu! per'uadenr cu’ancíennement i! y avoit dans
eet endreit unfortcui cok avoir fiibíiíté jafeu^á
1 des- Strbares ; mais il- convient cu on
n y i-o!t au'curd'hui aucun veftíge de bárfment.
LespfoíTibs dont i! parle augmentent, felón luí.
■r) Pa
jdai
'^■e 23!, zom. I á-ílle d^clcuní Fiaggi
uívafa puru ¿ella. Tofcsr.sk Firm-je 1-750»
bal 413
' cette conie:5:ure : il fuppofe qu’on a pu Ies tirer
I l'd ‘i=iÉnfe_ou - atraque de cette place, Sr
, il appuie Ion opinión fur cet enároit oa v irgiie,
I pariant des foldats d Agnani & de faieitrine, oui
vmrent au fecours de lamas, dic {JEneia. rh.
6b6.} :
Peirs maxima glandes
Liverais vlambi fpargit.
« Juñe-Lipfe, cité en preuve par M. Tozzettí,
; rapporte , non dans te í raité de ia Milice Ro-
niaine, mais dans ie fo,iocerticon, cinq de ces
I plomos , dont trois ont d.-s caraétéres. On trouve
íur ceiui qui a le plus de reirei-iiblance avec le
rrdeii , rUGirivi PEicins, & fur ies deu.x autres»
qui füiit d'une íurme un pea différenre, ital. <¡c
GAL.; ce qui, je crois, veut dire Itali & Galli «.
cc Aldovrandi en a fai: gravet deux , e-xadeement
conformes aux rníens. On ht fur le pretriier f IIL.
de reiiei, & á rebours, par finattention du gra-
vear; i autre n eít traverí-é dans fa longueur, que
par un trait qui peut venir du rr.oule , au fortir
duqiiéi on n^a pas ébarbé le morceau. L'antiqaité
n eií point i'objet de cet auteur j íi n en parle que-
par rapport á leur matiére «.
« Ces g'acds étoient done deja connus. Sé oa
ne doit pas doULer, aprés ces témoignages, de
i empioi auquei ils étoienc dcltinés. Je pourrois
y joindre des autor-tés fans nombre, que me four-
niroient les andens auteurs. Je ne préíenterar
que quelquss paílages, & ceux qui me paroírronc
les plus déciíiiS , pour ne pas fatiguer les lecteurs
par toares les citadons ckil feroic faciie de tuf-
fembler «.
ce Tite-Live dit, en pariant de la viéloire que
les Romairis remporrérent fur Ies <Jailo-Grecs,
{Edk. V ariorum 1664, pag. 4J4. Tom. 3 , /. 3b.) ;
Confuí^ qui a non Cúminiis pugnam, jta. procul^ Locis
oppiignan.a.is futuram praceperat animo , irtgentem
vim pilarum , velitariam y hafiarum ^ fagicearum ,
glandifq ue & TTiodicoxiLTíL qiiz J^unaá Tnitíi poffeat
lapidum paraveraí. Et plus bas , {pag. 456.) :
Sagiitis ^ glande j aculis incauti , ab crntii partí
configebantur «.
ccSaluíie dit des Romains , qui combattoienc
contre les Mumi jes {esait. Farior. deBellojugurt.
p. zpS. ) : Komani pro ingenio quif^ue rars eminiis
glande aut lapiáibiis pugnare- ft Céfar, dans fes
Commentaires , (tiv. 7, p. ;6o.) r Fundís ac glan-
dibus Gallos pert erren!
“ Les poetec ont au'í’ fouvent fak mention de
ces glanos de plomb , ¡aucés nar Ies frondeurs
Lucréce> {iib, 6. )»i77. )-•■
Plúmbea: •oero
Glans etlam tongo curfu -volvtnda liquefcít^
Et plus bas,. {v. 3oy.) r
Plúmbea fipe
Férvida fit glans itz curfu ^ ciim multa rí gorda
Lorpora aisuttens ^ ignem concepit ia auríst
BAL
les accidens qui auroient pu réfulter de leurs :
chutes frénuentes.
BALLUCA , rnot ui:té dans Ies mines d’Ef-
pjaae, derivé dii grec .íkAaL-v, jeter. li déíignoit
dans les mines d^or ie fable que Fon jetoit au vent j
póur tirer les petires parties de métal quh! pou-
voit contenir. Piine ( 35.4.) : lidem quod minutum
ejl , haliicam vocant.
BALNEARIUS fur. En entrant dans les bains i
publics^ on dépofoit íes habits dans Yapodytcre ;
ou on Ies donnoit á garder á un efclave des bains
pour une fomme medique. Le grand nombre
¿'habillemens qui sy trouvoienr entaíTés^ facili-
loientie vol 5 c"éft pourquoi il eft parlé íi fouvent
dans Ies auteurs latins des voUurs de bains ¡ fares
halinearii. On regardoit cependant cette efpéce de
larcin comme un facrilége, parce que Ies bains
éroient des bitimens facrés. La morí étojt leur
fupplice íixé par les loix ; tandis qu un volear
ordinaire n'étoit condamné qu^á la reñitution du
double de' la chofe volée. Cette rigueur rendoit |
les voleurs de bains trés-induílrieux ; & il étoit
diíEcüe de n’en étre pas la dupe. Plante lé dit
(Rxd, iJ. 4. 31.) :
Qui it la-vatum
Jn balineas , ibi ciim feiulo fuá vejiimenta fervat ,
Tamtn furriviuntur.
Les citovens aifés menoient .aax bains j des
efclaves pour garder leurs habits.
BaLTEARIUS , oíScier prépofé dans Ies !é-
gions á la garde des baudriers Se des ceinturons 5
«u peat-étre celui qui les fabriqaoit. On lifoit á
Rome hors la porte Pinciane Finferiptien fui-
vacte 3 rapportée par Spon (Mifeeí. Antia. feS,
7- 4- ) :
M. CRITONIUS. M. í.
ADOLLONIUS
MUES. EX. ARMAMEN
TARIO. AUGUSTORUM
BALTEARIUS.
balteum. 'j
báltzus. í
Balteus & praciañio. On appeloit de ce nom
d^ns les amphithéátres , undegré ou gradin plu;
large & plus h^uj- qug jgj autres 3 & qui fervoit
Baüdrier.
{?-e Stpeéi. c. 3.) ; Vías vocant cardines balteorum
per amliztum. Yicruve en donne les dimenfions ,
^ nit que leur largeur doit étre égale- á leur
Ueur ; Pracinclionas ad altitudines tkeatrorum
?ro rata parte facienda videntur : ñeque altiores
V^^Aticiionis itineris f.t latitudo.
ün ^ obfervé dans Famphithéátre de Vérone
dsgré oa gradia qui sil su ¡nilieu de toas ks
B A N 4ij
autreSj 3c qui a deiix pieds lix pouces (de Vérone)
de^ haiiteur, tandis que les autres degrés n’cinE
qu un pica & aeux pouces. Virruve apoclle ces
baitei:, ¿iaqomata, céintures, S-iíía,feurcc\
Balteus. Les Romains défignoient par ce mot
les plis que faifoit leur toge fur la poitrine &
1 eÍLomac , lorfqu ils relevoient fous le bras dreit
la pornon de ce vañe habillementj qui defeendoit
de 1 epaule gauche 3 & couvroit le bras du menie
COie. Quilitiiieü (xr. 3.) ; lile qui fub humero
dexíro ad finifirum ohlique ducimr velut 4>alteus ,
nec firangulet , ncc fluat. La grace de Fhabillement
coniilioit en grande partie á donner á ces plis une
forrne agréabie, ni trop ferrée ni trop Hottante.
Curius {iil. p. ~8.) skxprime fur cet objet comme
Quintilien : Quid in umbone? nec flux e , nec adf-
triñe. On déíignoit auííi par le mot umbo cette
maíTe de plis qui formoit une éiévation fur la
poitrine 3 com.me Y umbo fur la furface du bou-
clier. Les Ííatues drapées antiques feront rnieux
connoitre le balteus , que Ies plus longues def-
criptions ne faaroient le faire.
íl faut obferver que vers le tems d’AIexandre-
SevérCj & fous les empereurs aui le fuiyirent 3 on
exagéra ridiculement cette maífe de plis, comme
on le voit fur les bulles de cet age. Ces plis
étojent alors £ larges & fi maíTifs, qu’on poiivoit
les prendre pour une planche recouverte de drap.
Quelques modernes confondent ce balteus exagéré
avec le Latxclayp. Voyeq^ ce mot.
BALTHEUM Keneris. V. Ceste de Venus.
BANDAGES. La connoiiTance des bandages
les plus favorables á chaqué operation , dans
laquelle les chirurgiens francois ont la répiitation
d’écre les plus favans , fe retfouve chez Ies an-
ciens. Ils la poííédoient á un tei degré de períec-
tion , que les modernes ne peuvent pas fe flatter
d'avoir beaucoup ajouté á Fexceilent Traite que
Gallien a compofé fur ce fujet.
BANDEAU royal 3 íe véritable diadéme des
fouverains. C’étoit une fimple bandelette 5 ce q'ui
le diílinguoit du prétendu diadéme ■ terminé en
pointe au-deífüs du front, qui étoit Fattribut de
Junon, des reines 3c des princefles du fang ropL
Les antiquaires & les artilles ont affeclé á celui-
ci le mot diadéme. _ •
Le bandean roya! que portoir fur fa thiare
Phraate , roi d’Arménie 3 étoit blanc.
Bacchus le portoit de coulear de pourpre.
Wilde , Spanheim , & d'autres ont aiTuré qu A-
lexandre , le premier des Grecs & de toas les
rois de Macédoine , avoit porté le bandean royal ,
pour imiter Barius. On voit cependant cet orne-
ment fur Ies médailles TArchélads IL Ces favans
nont pas diílincué bandean roy'al des Perfes
de celiii des .Macédoniens ; & c’eíl de íá que vient
leur erreur. Le dernier avotc tou)oürs été en
ufase dans la Macédoine : le premier feul ny fut
incrodtiit qu aprés k dáfaits Dgtius. Dw¿or«
4i(í
B A N
de Síci'e & Quinte-Curce le difent formellement.
Alexindre pn: , felón ie premier kiítorien ^ ie
¿iaacme dcs t'trfes ¡ 8c fe^on Qui.ire-Cürce ^ le
¿iaGcme ¡ourpre orné ce blanc. Le diadéme, OU
pimót le bandeen royal ordinaire , étoit done
blanc 5 & celui des Perfes , que le viinqaeur de
Daruis y joignitj étoir de pourpre.
Le bandean re val j appelé órdinairemenr diade-
ír.e , étoit une bandelerte tilPae tíe íiis de lame ou de
foie j dont les extrémités noiiées derncre la tete ,
tomboicRt Dr !e coi fur ¡es épauies. Les roís
s'en ceigr.irent dans les premiers tenr¡s , & avant
<3ue de porter Ies couronnes. II étoit limpie ,
tSanc j pourpre , ou vioiet. La coulcur bíanciis
y paroiííoit cependant aífesííee d une maniere
plus fpéciale i car Fline (^vui. ai.}j vo.uiant
déíisner des marques blanches qui éíoient em-
preintes fur ia téce d’un ferpen: de la Cyrénaique ,
les compare aii bandean royal : Candína hi capite
macula , ut quodam diademate ¡ znjlgnemj & aii-
leurs (xr. l6.) : In fronte macula quodam diademate
candicans.
Le kcndsau royal étoit quelquefois pliíTe, non
dans le fens de fa longueur , mais dans le fens
oppofé j tel que l’offrent d’une maniere exagérée
quelquts figures ésvpnennes. Tacite fait mention
de c¿s piis ou ride“s' lAnnal. vi. 37. Z.) : Nnntia--
vere accol& , Euphmtem milla imbrium vi /ponte in
im.menfum attolli fimul inalb entibas fpum.is , in
tnodnm diadematís ^ flnnare orbes. Sapor^ roi des
Perfes, portoit, en guife Át bandean royal, une
repréfentation de tete de bélier d or , ornee de
pierreries ( Ammian xix. I . ) : Aurenm capitis
arietini figmentum , interfiinUnm lapillis pro dia-
demate geftajfe Saporem. Les empereurs grecs le
charsérent de broderies d cr , de pierres pre-
cieufes & de perles. ( Curopalate de Offic. anís.
Confiantinop.p. lOo). Onlepiacoit ordinairement
fur les cheveux, de maniere á iaiíTer la front &
la naiíTance méme des cheveux découverts.
Les rois perfes ajoutérent le bandean royal á
leur cidaris &r á leurs thiares ; comme on rajouta
depuis aiíx. couronnes. Les rois parches qui fe
faifoienr appeler rois des rois, porterent un
deau roval double- Les rois de Macédoine le por-
térent blanc jurqu'á Alexandre, ( Luden , ¿¿¿2/.
Diogen. 6’ Mexl) qui y ajoura le bandean pourpre
de Darius. Ón volt ie bandean royal fur les m.c-
daiiles des rois de Syrie, d’Egypte, du Pont, de
Bithynie, de Thrace &-des autres rois d’Afie.
Sur h médaiüe de Trajan, qui porte pour lé-
gende regna adsignata , cet empereur donne
le bandean roya! au roi d’Arménie.
Les reines portoient aufíx ie bandean royal. La
tete de Jotapé en eft ornee fur les médailles de
Cornmagéne. Ce fur avec fon bandean roya! que
la vertiieufe epoufe de Mithridate, MonimCjeíTaya
«e fe donner la mort.
La haine que les Romains , du tems de la ré-
|subiique, aveieat pour le nom de roi, s'étesdit
B A
jufqu’a la marque de la royauté, le bandean roraí.
Ln certain Favorin reprochoit á Pompée de* cé
qu i; portoit autour des cuiiTes des bazídes blan-
Ci'.es qai reíTembioicat au bandeen royal : ii n im-
pone , difoir-il , ( A al. Max. VI. 27. } fur quelic
parte du_corps cctre binde foir placee 5 c'eft toa-
}Ours un banaeau rojú : rion referí qua in pane
corporis j.t aiidema. Quoique Pompée alléauát
pour excu fe une bieilure qaií avoic a !a cuTífe,
ceper.íiaüt Cicéron avuuoit dans une iettre á
Atcicus (A. 3.) , que fes yeux étoient choques de
certe afreciition de la ro3’auté: Eterdm mihi ajas
caligd , ve¿ fafezÉ creiat& non placebant.
Les preraiers empereurs romains évitérent foi-
gneufement de porter urn ornement dont ¡a vue
bleíToit les yeax de ieurs- fujets ; ils fe couroa"
nérent íimplement de laurier. Caliguia eut envíe
d en ceindre fa tete ; mais on voir dans Suétone
{c.ii.a. 3.) que, mieux confeiilé, ii Aexécuta
pas ce dangereux deíTein. Elagabale s°en paroit
quelquefois dans Tintérieur ¿e fon palais , comme
Céfar Tavoit fait pendant les Luperciles (Dion,
44^^; jamais cependant il Aofa le potter en pu-
blic. Auréiien fat le premier {Anrel. Víctor. Epit.
c. 35’. n. y.) qui parut en public avec le bandean
royal , & un habit tiüu entiérement d'or & de
pierres précieufes, comme ¡es rois des Barbares:
Ifie primas apnd Romanos diadema capiti innexnit,
gítnmifjue & anratá omnl vefe ufas efi ; quod adkuc
fer'e intognhnm romanzs m.oribns videtnr. Ses fuc-
ceíTeurs Timitérent prefque tous ; cependant cec
ornement roya! ne devine co.mmun &: •ordinaire
que depuis Conftantin. On voit fur Ies médailles,
depuis cette époque. Ies empereurs & !es impé-
rarrices parés da bandean roya! orné de perles,
de diamans , méme á doubie rang.
Ces princes le porrerent quelquefois n’étant que
Céfars. Eufébe rattribue á Conftance-Chlore ,
lors méme qu il étoit encore Céfar. On le trouye
fur quelques médailles de .Tuiien-Céfar, quoiqu il
ne le portát pas toujours depuis , étant devenu
empereur.
Piine {vil. y6.) attribue á Bacchus rinventioa
du bandean royal ou diadérae : Liher Pater....
ídem diadema Regum infgnt invenit. Voyez DlA-
DÉME.
BANDELETTE. Les bandelettes placees fur
le front & autour de la tete des ftatues, ne de-
fignent pas toiiiours des rois. Si Ton en pourort
diftinguer la couieur, & la reconnoitre pour la
couieur pourpre, aífeciée au diademe des princes,
la queílion feroit décidée. C’eft de cette couiCur
qu étoit le bandeau royal óíFert par Minerve a
París, pour ¿éfigner la fupréme puiíTancc queJe
lui oífroir.
On ceignoit le front des vainqueiirs aux ’£ii-
Olympiques, d’une bandelatte rouge- La
que portoit fur fa main droíte la ftatue de Jupi-yr
Olympien en Elide, ouvrage de Phidsas,
feloa Paufaaias, une couronne & une ¿ande
B A Ñ
Ei'í tcr.oít lássdoute cetts h^indsUue. Le mSine*
aütenr ; anecie Ja fiatue d’nn vainqueur auxjeux
OJympíques , qui avoit auí5 dans la main une
ixíTiaelezte ; & cíe Ja ftatae d’Hippodamie , placee
dans le Hade d'Elís, cfui tenoit une banddnte ¡
ccmrrie pour en ceindré Pcbps.
Bandelette. H faut bien diftinguer du ban-
dean royal cette bandelette que Ton volt fouvent
íur la tete des philofophes & des poetes ^ fans
qu on J-a tronve jamais ílir ce grand nombre de
tetes d'ei-npereurs qui fubíiñent encore. Les édi-
teurs des raonumens d'HercuIanum l’ont reconnue
«n confequence pour un attribut des littérateurs
& des philofophes. Un tombeau étrufque (Maf
tom. tav. 44. ) nous oflFre une ¿colé de
pmJofophes qui portent cette bandelette pour la
plüpart. V oyei Diademe & Bandeau roya!.
P®dtes Gut fouvent fait dans leurs vers
a..Uiion a ces bandelettes blanches » qui fembloient
¿tre leur attribut diíiinaif. Stace {Sylv. i7. i . 26.) :
. Et nzinc , neul vzttis & frontis honor e Joluto,
Infaufiiis vates.
Le méme poete dic dans l'AckllUide (i. 2.) :
B A N 417
■Horace COJ. tii. 14. j.) ;
Unico gaiidens mulier ntarit»
Prodeat , jufiis operata divis í
Et foror clari ducis-, & decore
Supplice vitta.
On cntouroit de oandelettes Ies- autels (Poye*'
Autel. ) &: Ies portes des temples. Properce
{_iv. 10 26. ) : ^
Impune & nullis fuera reteSld virls ,
Devia punicee velabaní limina vitte. \
Les vid'.mes que I’on ofFroit aux dieux étoieat
ornees de bandelettes. Stace (^AchiLldd. il. 300.) :
Ulttata genitrzx pla-tata jitvtnca. ef.
\ irgüe {^JEneid, il. I JÓ ) :
Uittaque deúm ^ quas hofiia gejf.
Dans le deuil & la doulear ^ les prétres &
tous ceuxqui portoient ordinairement des bdnde-
Uttes ¡ les arrachoient. Stace {Sylv- il. 1. 16.) i
2^ ec mea nunc przmzs albefeunt temoora vzttis.
On confondlt dans les premiers tems les poetes
& les devins , 011 interpretes des dieux^ vates q
mais ces derniers étoient couronnés de laurier &
de bandelettes entortiüées autour de leurs cou-
íonnes. Stace {Theb. ni. 466.) :
Huc gemirzi vates fanSam canentis olive
Fronde comam, íi niveis ornad témpora viitzs.
■'\'irgile (Aineid. iil. So.) ;
Rex Ardas ^ rex ídem hominum ^ Fhoebiquefacerdos
Flttis y & facra redimitus témpora lauro.
Les pretreffes étoient aufii couron-nées de bande-
leitcs. Juvénal {Sat. vi. cq.) parle de celles des
prétreíTes de Cérés;
Et nzznc ^ heu í vzttis frontis honore foluto ^
Infauflus vates vexo mea peSora tecum.
Le méme poete dic (Jlhebaid. xi. ~6o.) : ■
Sed vittzs exuta comam, fraternaque bella,-
Cea foror infelix pugnanzúm , aut anx.a mater.:
Defkbat.
Les bandelettes íácrées des pretres des víctf-
m^j &c. ne doivent pas étre confondues avec
celles qui fervoient ordinairement aux femmes-
á relever 8r á nouer leurs cheveux. Martianus
Capella derive leur nom vitu de cet ufaqe de lier
ks cheveux : Uztte fint , que crinibus inneéiuntur,
-quibus flueraes relzgantur Capzlli , & vittedicie,
qubd vinciunt. Les filies portoient des bandelettes
trés-fimples {Valer. F laceas riii. 6.)-.
Pauce adeb Cereris vittas contlngere iigus.
II ^ faut diíHnguer Ies bandelettes des prétres de
ínfula , qui s’attachok avec des bandeleties.
Les ftatues des dieux étoient ornees de ban-
delettes. Virgiie {^Georg. il. 168.) :
forripuere faersm efigiem , manlbufque crueníls
Virgíneas aufe dive contingere vittas.
_ Les fupplians portoient dans leurs mains des
dandelettes, comme ceux qui demandoient la paix
portoient des rameaux dblivier. Virgüe (Mneid.
23Ó.);
Ultima virgineis tune fens dedlt ofcula vittzs.
Stace dit quX'lyífe, déeuifé en marchandj pré-'
fenta , entr'autres ornemens de filies, des bande-
lettes á Achille deguifé. Le méme poete parle'
{ÁchzlL I. él I.) d’une jeune Fdle qui ’reievoit fes
cheveux avec une bandelette de poiirpre ;
Cinxit purpuréis faventia témpora vittis.
Les femmes m.ariées portoient fans doure des
bandelettes plus larges, plus riches 8c plus ernées ;
car elles fervoient á les faire dlfcinguer des filies
{Tibull. i.j.)-.
_ I'Te temnt , quod ultra
Pref, rimas manibus vittas , ac verba precantum.
Antiqzutés , Tome E
Sit modo cafa doce , quamv'is non vitta ligatos
Impediat. crines.
G.g.g,
4íS B A N
Piaute C3Í//. iil. I- 96.):
TJcque eam htc omatam addacas matronnULm modo .*
Capite compto crints vitíafque habeat , aJpmiUtque
fe tuam effe uxorem.
Yirgüe {_jEneid. vii. 403.):
lo matres audite , ubi queque Latinít ,
Solvite crínales vinas.
Les femmes fe paroient de bandelettes des ie
jour de leur mariage. Properce {ir. 3. 13.) ;
Qun mihi dedurís fax ornen pruulit , illa
Traxit ab everfo lamina nigra rogo.
Et f.ygio fam fparfa lacu, nec recia capilhs
Vina data efl : nupfi non comitante áeo.
Quekjues commentateurs ont aiTuré qae les
ÍOes ne portoient qii'une ítw'iQ bandelette , niais
que les femmes en portoient deux. iis citent en
preuve ces versde Properce {ir. iz. 33.):
. Max ubi jam facibus ce0t pr&texta maritis ,
Vinxit Sí acceptas altera vina comas.
Le , fénar leur avoit acordé , felón ces philo-
logues , cette prérogative avec quelques autres ^
en rhonneiir de la mere & de Tépoiife de Ca-
miile : Vetufiijque crinlum irfgáibus novem vitt&
difcrímen adjecit {Valer. Maxim, v. II).
íl étoit peut-étre défendu aux courtifannes á
Eome de porter les bandelettes comme les femmes
¿es citoyens ; car on leur avoit inrerdit tout ce
qiii fervoit á diílinguer ces derniéres , Matronalia
decoramenta , dit 'Fertullien {de Cult. Femin. c. 12).
Les bandelettes entortiüées autour des cuiíTes
fúrent en ufage á Rome dii tems de Cicerón , &
elles tenoient liea de chauffes. Nous avons vu
aiileurs (Bandeau royal) les reproches que la
couleur blanehe de celles de Pompée lai attira,
a caufe de rañéíiation de ¡oyauté que fon croyoit
jeconnoitre dans le choix de cette couleur.
Les bandelettes faiícient l'ornement des lits,
«u des chambres á coucher. Cicerón {deDivin. il.
éy.) : Dcfert ad conjectorem quídam , fomniafe fe
m>um pendere ex fafiá leüi fui cubicularis.
La ceinture aue les femmes & les filies por-
toient immédiatement ati-deiroas du fein , eíl:
•appelée quelciaefois bar.ddette da fein, fafcla ma-
ynill.ris. Ifidore (x/a". 53.) ; Fafcia efi quá tegitur
pttlus , Sí papilla, camprimuntur , atque crifpante
tíngalo anguftlus peclui arctatur. Ovide {Remed.
Amor. n. 337.} :
Omne papilla
Pecíus hahent túmida. ¡ fafcia nuila tegat.
Et ídartial {xiv. 134. i.) r
Fafcia. crefeentes domina compefee papillas.
Les aRciens s envelcppoient Ies jambes & les
B A P
pieds dans des iandelenes. Tantót elles fervoiettt
á alTujettir la chaulTure ; c^eft a eiles que les ir.o-
dernes donnent ie nom de brodequin, & par
corruption celui de cothurae : tantót eiles fer-
voient á couvrir Ies pieds & á les défendre de
rinjure des faifons. tipien {lib. z.y. §. fafcia de
auro ) : Fafcia crurales , pedulefque Sí impíLia.
loco vefiium fant.
On voit un rang de bandelettes autour de la
jambe de quelqtxes ifatues de femmes. V . Peris-
CELIDES.
BANDES fur -Ies habits. V. Bokdüre.
BANDIARBA. Muratori (ico. ^.Thef. infer.)
rapporte Finfeription fuivante trouvee pies ds
Lisbonne :
AMMINUS
ANDIATTIAE. F.
BANDIARBA
RIAICO. VO
TUM. L. M.
On ignore quelle eñ cette divinite appelee Bafp>
diarbci.
BANNISSEMENT;, ipsyl.. Cette pumnon dif-
féroit de Fofrracifme. Elle éloignoit le coupable
pour tbute fa vie , fans aiitre efpoir de retour que
de fe voir rappeler par ie meme tnagiñrar qui
Favoit condamné au banniffetnent. On yendoit a
Fencan les biens des bannis. L’oftracifrne ne
s'exer^oit que pour díx ans , apres lefquels i exae
revenoit á Áthénes , rentroit dans toas tes droits
des citoyens & dans fes biens , qni avoient ere
mis en féqueílre pendani fon abfénce.
BANQUIER. V. Changeur.
BAPíIIA. Ce motj dérívé de , teinture 3
défignoit dans F Empire Rorrtain des attetier^u
Pon teisnoit en poarpre ou en jaune Ies etoffes.
Les chefs de ces attehers . procuratores , fotit mis
fous Finfpedion du comte des Largeíies-> dans la
Notice de FEmpire.
BAPHIARIJ, teinturiers. lis ne pouvoient^
dans FEmpire Romain 3 qaitter leur profeflionj
& leurs enfans éroient obhgés d exercer ®
leurs peres.' (Co¿. xr. 7. §. iF) •' Murilegu
dereUño atque defpeSio propria. condiuonis ep'-ie»
vetitis fe infulis dignitatum Sí cingulis _ penitus
denegatis munijfe dicuntur y adpropria artis ü on-
ginis vincula revocentur. ■
B APEES 3 prétres de la de'ere
étoient regardés á Athénes 3 avec raiion 3 c
Ies derniers de tous les hommes , a ca -
infamíes dont ils fe fouilíoient immnemenc U
falloit en effet qu ils pouiraíTent la deba ~
íoin 3 puifque Juvénal dit qiuls foiguoient isBÍ
déeíTe elie-méme {Sat. 2. 9Z.)í
Talla fecretá coluerunt orgía tadé, .
Cecropiam fííFi Bapta lasare
T
B A P
Leur nom de Baptes venoit du mot ¡SÁT/íí.-y , fe
bíígner, pioneer; parce eu'ils plongeoient dans
l’eaa tiede ceux qu'ils initioienr á leurs honreax
myíreres Lupolis les ioua fur le théatre d’Athé-
nes, dans fa comedie inritulee : Ies 3-i/ tes ou
les Plon.geurs. Aíais iis s’en ver.gérent en le plcn-
geant dans la mer , oú il péric.
BAPTíSTÉRE. On trouve auprés de Rome
Eur la voie Nomentane , hors de la porte Pie, un
bánrnent rond antique ^ auquel on donne com-
munément le nom de temple de Bacchus. li ren-
ferme un grand farcophage de porphyre, dans
lequel étoit dépofé le corps de fainte Conftance.
Sur ce farcophage font i'epréfentés la vendange
& le preíTurage- Les métnes fujets fe trouver.t
executes en mofaique fur le plafond de la galerie
extérieure de cet édifice avec cette diíFérence
légerCj que fur le farcophage ce font de petits
génies ailes qui travailient á la vendange,, & des
fsunes fur le plafond. Ces deíiln? ont fait donner
a 1 édifice le nom de temple de Bacchus. Muís
nous favons que fous le régne de Conftantin,
la religión chrénenne n'étoit pas encore dépouüíée
entierement de toutes les pratiques qui tenoient
au paganifme j & qu’on ne craignoit pas de méler
le facré & le profane. On retrouve á’ailieurs fur
pjuíieurs fépultures chrétiennes des raifins ^ des
vignes & d'autres attributs relatifs á !a ven-
dange, que Pon peut expliquer par de pieufes
allegories. (Roma fotterranea Bojfi). Cet édifice a
été connu plus anciennement fous le nom de
Baptiftere de fainte Conftance, á caufe de Purne
de porphyre que Pon croyoit avoir fervi aux
cérémonies du baptéme de cette fceur de Conf-
tantin.
Le farcophage de porphyre qui eñ place dans le
cloítre de Saint-Jean de Latran, Se qui renfermoit,
dtt-on, le corps de fainte Hélc-ne, mere de Conf-
tantin , annonce , par fon genre de travail , le
meme fiéclS que le précédent. Au üeu d’attributs
de vendanges , i! eít orné de cavaüers qui com-
battent , & deprifonniers places au-deíTous d’eux.
Aupres de ce cioitre , eft Pédifice appelé le Bap-
zifiere de Conjiantin.
BAPTISTERIUM , , étoit un ré-
fervoir d’eau froide , dans lequel Ies Romains
fe baignoient & nageoient méme. Sidoine (epift.
ll. I.) : Pifcina forinfecics , feu , fi Grucarz mavis ,
haptifieriura. Pline le je une en avoit un dans fa
Jíiaifon de campagne (epift. il. 17. ii).
On appeloit du méme nom les baignoires por-
tatives ; & les CHrétiens défignérent auííl par le
nom de baptifterium , les baílins dans lefquels on
adminiñrojt le baptéme, ainfi que les édifices
dans lefquels ces baffins ou fontaines étoient
pratiquées. .
B AR JE C O. Muratori (100. 4. Tkef. infcr.')
rappórre Pinfcription fuivante troavée dans la
Cálice , ou il eft fait mention de ce dieu inconnu ;
BAR Aíf
REUVEANA
BAR.AECO
AFER. ALBIMI
F. TURCLUS
V. S. L. M.
BARAICUS. Voyez Ban^icas.
BARANGE, Barangus. C'écoit le Hom de
certains oíBciers chez Ies Grecs cu Bas-Empire.
Leurs fonctions etoienr de garier les clefs des
portes de la viile oü fe trouvoit Pemoereur.
(Caatacaz. líB. I. & Ccdznus d¿ oftic. Coriftam. c. y,
't- 45 , C e dcrnier dit que les haraages étoient des
oíficiers qui fe tenoient á la porte de la chambre
de^l empereur , & a celie de fa falle á manger. Le
rnéme Codinus , Nicétas & Curopalate , con-
viennent que le nom de larange eft anglois, que
ceux qui le portoient Pétoient auííi. Anne , Com-
né.üe aíTurent qu'on les faiibic venir de Pifie de
Tkalé; leur arme ordinaire étoit une hache. Les
bara.zges étoient celtes, fi Pon en croit Jean Scy-
litzes. Se a! emands , felón Nicéras da.ns ¡a vie
d'Alexis. íl parok par Cedrenus, qu'ií y avoit á
la ccar de Conftantinople des barariges des le
tems de Michel le Piphlagonien ; mais iis ne
fortnoient alors qftun des corps de la milice ,
& r/étoient pas encore des gardes-du-corps' de
Pempereur. Leur chef s'appeloit AxaAsSsr , c'eft-
á-dire, celui qui accompagne toujours le prince.
\ ers Pan 1 5CJ , fous Peinpire de Michel IV, un
harange ayant vouiu faire viole.nce á une femme
thrace , elle fe fai'it de fon épée , & lui perqa
le coeur : tous les Baranges , Poin de pourfaivre la
mort de leur camarade , donnérent toute forte
de louanges á cette vertueufe femme, lui mirent
une CüUrpnne fur ’a téte , & le harange tué fut
privé de la fépulcure.
BARATHRU JA , , goiiSre trés-profond
de PAtnque dans la tribu Hippothoontis , oii Poa
avoit coLitnme de précipiter les fcéiérats. 11 étoit
revém de pierres de railles, en forme de puics;
& dans le revéti.ftement on avoit ícellé des cratn-
pons de fer crochus, dont quelqiics-uns avoient
la pointe en haur & d'autres de coré, pour accro-
cher & déchirer les criminéis dans Liir chute.
Les Grecs donnérent par extenfion , le nom de
baratare a touce forte de gouffres , de cavités ; &
paranalogie, aux avares & aux débauchés. dont
ríen ne peut fatisfaire Pavidité. Les écrivains ro-
mains Pemployérent aufli dans le méme íéns.
Martial donne ce nom á ¡a cavité de í’eícomae
(i. epzgr. 88. V- 4-):
Extremo ruciiis J? venít d baratkro.
Horace le donne á un gounnand (i. ep. i p. 31,):
PerrJdes, & tempeflas , barathrumque macelli ,
Quddqziid quíperat , ventri dottabat sv.iro,
G g g ij
410 BAR
Baratkrwn áéfígm , ¿aas Plsuíe , {Baccrtid.t,
Z. 44-} une courtifanne ;
B A R
Saréarus hic ego f:,m ,• quia imelíigor «?// ,
riacnt Jiolici xerbn Latina Gctt.
O haratkrurn uhi nunc es? ut ego te ufurpem lihensl
TI n e;t pas eronnant de retrouver auíS dans Ies
Ci.iivaiiis iatins cette accepdon dérournée du mor
biratkrt; paifque_ les Romains le dor.norent par
exteníioj^ a :a priion de Romej apnlée Tollia-
’NüM (Pcj?^-c3 ^rnot) j 8c en parriciilier á l^en-
■tíioit -éieve dcu on précipitoit les criminéis.
•Jugurnna fur renrermé aprés le triomphe de Marius
flans le haratkre , & sV laiña moiirir de faim^
íeion F'utarque.
_ baJ’atpos. ííéfychiiis dop.ne ce nom a des
lacras que^i on ceicbroir dans la Thefprotie,
& dans lefquels on ccuronnoit le plus fort &: ie
piüj roDuPce des combattans.
ísARbARES. Les Grecs appeloient Barbares
tous^ics peupics qtii ne parloient pas leur langiie j
ou^ Aii moins qui ne ia parloienr pas auili bien
cu eux. lis n'en exceptofent pas méme Ies Egyp-
tienS;, chez lefquels i!s avouoient poui'tant que
ieuis phiiofcpnes 8e leiirs légiílateurs avoient
vo/dge p^ours initraire. Les Grecs appeloie.nt plus
^•aiLíciiliereinent^ Barbares , les Phrygiens ; íans
coate á caufe des anciennes haiaes^qui fubíif-
roient encr’eux depiiis la guerre de Troie : on le
^ Ocqíí d tiiripide , & dans les fcholies
iur lAJax Maftigopkore de Sophocle. C'ed dans
j Grecs que Plaute^ parlant d’une tra-
duaion latine ^ {A fin. proL n. ii.) Isppelle bar-
bare :
M.arcus vertzí barbare.
L acception du nom de Barbares que les Grec
áonnoientaux étrangers. fe reíTerra par la fuite'
Ls^ ne s en fervire.nt plus que pour marauer lex-
treme cppofidon cu: fe trcuvoit er-tr’eúx & le'
aufres natíons. Ceües ci , en eífet , ne s'étoient
point encore depouiiíées de la rudeíTe des pr--
miers (léeles 5 tandis que les Grecs, plus mó-
dernes que la plupart d entEélles , avoient per-
íeaionne leur goilt & contribué beaucoup aux
progres de x efpnr hiimam. Ainíi toutes les nitions
eToient répmées. barbares , parce qu'eiles n avoient
ni la pohreík des Grecs, ni une iangne auíTi pare ,
auiíi feconde, auíTi harmonieufe que celle de ce
peuple célebre.
Les Grecs fiirent imites en cela par les Ro-
matíis, qui appelérent aufli barbares tousfes autres
peup.es, alexcept-on des Grecs, cuils recen-
noiiloient pour une nation favante‘& polfeee.
paroit que les autres peuples payoient , qaoi-
quavec moins de r^ifon.. Ies Romains du méme
qui paíToit a Rome pour un cour-
Lp ^ ” aimable , étoit traité dans fon
its fcf. r Gétes, qui n entendoient
pas fon langage, ridiome de Rome {Tr^. r.
Cuaque peuple donna auffi le nom de barbares
U ^fablirent dans fon pavs , foii$
le cas-^rr.pire. Les Bourguignons & íes Frares
qui le íixerent dans les Gauks , y furent aonelés
wbares.^ On donna ce nom en Lalie aux Goths.
j ^ppejcic dans les Gaules langue barbare^ cede
des ieutons. Grégoire de Tours défigne le plus
fouvent les Fayens par le nom de barbares. Le
fiy canon de Téglife d'Afrique oppofe la Mauri-
tanie, province de rEropire Romain, rfe^aiZa-
f‘r-zí , aux pays dGl frique qui ify étoient pas
íoumis, 8e qud! appelle á caufe de cela Barba-
fiques ¡ _céít-á-dire , hors de rEmpire, étrarigers
a i Empire.
Bas.bares (coñume des). On peurra con-
fuiter 1 attribut de chaqué peuple barbare , pour
en connoitre le coñume particulier. Quant au
general , on obfervera que les Barbares ,
c eñ-a-cire , les peuples qui n’étoient point Grecs
ou Romains, portent conñamment fur les monu-
rnens fculptés ou peints par ces deux nations, des
cnaulíes longues comme le^ pamalons ^ nouées au-
delfus de la cheviile du pied ou elles finilTent , des
manches étroites, ferrées vers le poigner oü elles
fe terminenr, de longs cheveux, une barbe droita
& roiae, & des bonnets recourbés quelquefoís
comme celui des Fhrygiens. Thoas conduifant
Orefíe & Pylade enchames, fur un bas-relief du
palaisAccoramboni, publié dans FHiñoiredei’Art
de Ví'inlcelmann j lesTroyens des difícrens bas-re-
liefs_ dont les fujets font relatifs á la guerre de
Trole , publies dans les Monumemi antichí du méme
aureury les roís esptifs du capitoiej les barbares
de la colonne Trajanej les captifs de l'arc de
c-onftantin, &c. 8cc. pourrant fervir de modéle
aux artiítes.
BARBARICA apera. II eñ parlé* de ces o«-
yrages dans la Kotice de l'Empire, & cueíques
interpretes onr eru qudls v déíignoienr des 011-
vrages faits par Ies barbares ; céfi-a-dire , par les
peuples qui nTtoient pas foiimis a la dominatica
des Ro.Tiains. D^autres penfent , avec plus de
raifon, que ce mot eít une conrradtion de celui
de barbaricariai'S^ oyei.Yzrú.cx&A'Aí'i'av'X.
barbara CARI A opera. Strabon {_l¡b. 14-
appelle carica Ies ornemens des eafques-
& des boiicliers.
BARB ARIC ARIV S miniflrator. lUuratorí
(571. g.Tkefi. inficr.) rapporte Fínfeription íu¿-
vante ;
D. M.
PLAETORIAE
AUGAENI conjugi
E. Xí. Q. V. A. XXIX
FECIT
KERMES BA.RBARÍCARIUS
5Iik;strat&r-l,
H
% ar^-t <^e c£í trtíftjn <í;tii.<5k Ur. -cts-Ts^ &' Les
catres írrnes avec tíes fiieís si' oí cu ¿‘arseur^ cy
ou avec tíes fi ets dores ii formoir dcs .dviHu.s
«’homires S" a aniinaux , comir.c ¡es camaliju:-
Eeurs modernes.
On de'fignoic auífi par le mor b.irhariz::ril , !es
íoídats qui portoieíir des cafques & des boiicliers
ü-níl ornes ou damafquinés.
EAR3ATA, barbue furnom de Venus chez
lís Rornains. On ia repráfenro.-t quclq-iefois avec
de ii sarte , parce qu'on lui cionnoir ¡es deux
feses;, comme aux autres ciivinités, felón Servius
iJEneia. //. 632.) : Loquhur fecundhrn eos aoz
¿icuru utri-j.fjue fexás partícipadonem habtre nu-
nuna.... efl etiam i:i Cypro Jimalucrum barhats,
y eneris. Ce paílage de Servius nous apprend cue
V enu> avcíit tísns Tifie de Clisasre une ílatue oui
“ barbe- Ce feroit done chez íes Crees
qu ii raudroit chercher Texplicanon de cette allé-
gorse bizarre.
&!das ! 3 pnfe chez les Ros-nains. Les femmes
de Home ayant été arcaquées d'nne maladie cu-
' ranee, appeiée xy/cpy, par Jes Crees, virent toniber
toüs les poiis de leurs corps. Cetre diíTormiré
Jes avant afíligées, elJes implorerent ¡es lecours
de V enus, qui ecoura favorablemenr Jeurs vceux.
Fenetrees de reconnoiííance , elles firer.c élever
a V enus une ftarue qui avoir de la barbe, &
CU! cenoir un peigne.
BARBATUS, furnom de la famiüe Antonia.
^ BARBE. Lesprétres égyptiens fe rafoienr la
tete, le nie.ncon & tout le corps. La plupart des
ngures egyptiennes n'onr point de barbe ^ car li
plante perfea qu'eiles poitent fouve.nt attachée au
jnenton , ne peut erre confondue avec la barbe ■
on en pourroir conclure , avec affez de fonde-
ment, que les Egyptiens fe rafoknr habitaeüe-
ment Herodore aíTure d'aüleurs pontivement aue
cans ie opii , Ies Egyptiens laiiToisnt croitre leur
iarbe Sc ieurs cheveux.
1 portoient de lon^ues barbes ; car
Jes hrdonens _ obfervenr que leur roi Sardana-
pa.e II j ie faifoit rafer tous :cs /ours.
Les rois de Ferie e.ntortilloient de fiis cTor
Jeurs longues á^z¿cí,_fe¡on S. Chrví'oíW.e.
-.-es Arricains porroient ¡a barbe longue , conime
on le voit fur les médailles de Juba.
Les héros gi'ecs font re'réfentés fur Ies mo-
nnmens antiques^ avec une barbe courte ge frifée.
li depuis les terc-s héroiqaes
Ja ¿arbe longue , au moins ñ Ton en croít la
tradition. Cedrenas nous dír en eSer aue Ton
^oyojt a Conñantinople , dans les thermes de
^uxippe^une ílatue d'Komére , avec une longue
-■z¿e. Ar.hénde obferveque les G^cs necommen-
cerent a fe rafer la barbe qae da tems d'Alexandre-
^ íeprerruer qui fe la fit couper
- Athenes, fut furnomtné , tonda. II y a
ntanrnoins .apparence c-u’Atbénée , ou -plurót
’uaryiippe^ dans Touvrage de qui AthJnce avoir
S A R ¿a £
ce siñí dit 2 ce fujct difis fon ír-eíviéars
.,*2.^1^’ ^p'C'Rppe 5 fi-s-jc, r.e ■jarlcit'v’iue da
peu]^e ec aun uúge genéraí cu parcículCr
5 c-ir^^non-feulcmenr Alexandre, .n-.ais
Pnnnppe fon pere, Arnynras S: ArchCaíis fes
prcuceexleurs , font repréfentés fans barbe fui
roeanii-es, n toutcíois on v retrouve ieurs
ventables portrajts. Pintarque cit exnreílen-.e.-s
qu Arexanare ordonna aux Macédonie-'s de O
pfer ele pearque les ennemis ce les fair:íler.í n'r
leur ^
Les Crees continuérent depuis á fe faire rafer
la barbe jufqu’á l’empire de Juílinien, fous JequeJ
Jes longues ¿aré fj reprirer.t faveur. Elles durerent
jafqu á la prife de Conftantinople par les Tures.
Les philofophes grecs cu au mciris ceux qui en
aíFeñoient les airs & Ic coftume, cherchc'rent á
fe ddbnguer du vulgáire en porcanr de longues
barbes.
Antifinene jut {La'érce , lib. G.') le Drcrr.ier des
phiiofophes qui laifia crcitre fa barbe. Qaoique
la barbe devine , felón Topinion corr.mune ,
Tattribut diñindif des phiiofophes , elle re i'éroit
ceperdanr pas fans exception. Le fcholiafte d'Arif-
tophare (aab. izo.) prétend meire, fans reílric-
tíon , que Its anciens phiiofophes fe rafoierí
la barbe , nonobílant lesexemples contraires cu’oíi
peutalléguer.
Les phiiofophes romains aítedtoient de coií-
ferver Jes mémes caracteres diílindiifs, ie man-
tea u & la longue barbe. H orace les dccrit, pour
defigiier un pbilofophe <^Sat. il. 3. ;
Tempere quo me.
Solatus. jujíit fapier.tem pafeere barbeta.
^Aulugeüe {N. A. IS. 2.) & Lucien (JearoMenipr^
sTxprimént de la tTíéme maniere.
ün peut croire que les Siciüens faivirent Ies
irfages & les eoítumes des Grecs ; car il efi: fait
n'.enpon de barbier dans la vie ce Denis-le-l'vrai?.
Les rrédaiiles ficiiiennes nous merrrent d'aiíleiits
les rois de cetre iíle fans barbe. Ce fut en fin de
■iaSiciIeque vinrenrá R.vme les premiers barbiers.
Les Etrufqnes paroiCenr avoir fuivi Íes Grecs
pour Tufage de porter 00 de quitter barbe. IJs
rejrrefentoient toares ieuis divirdtcs avec de la.
baile, excepté Vulcain, qui nten porte c.as ordr-
nairenienr fur íes tr.onurr.ens de cetra nation. ¡Víais
ils ea donnoienr 'a Mcrcure une pcintne í-t. re-
.courb'ée en avant , co-mme eeli'e des pantaícns
d’íralie.
Les Romains pertérent long terr.s la barbe Se
les cheveux longs. Cicerón parle dans i'Oraifon
pour Cceiius ( e. 14.), defs barbes longues Sr
épaiiTes oue porroícnt les premiers Ro.T-ai.ns 5
barba Hórrida , quavz iñ flaCíiis antic/als & imapl-
rdbus zddemus. Tire-L!\e ( í. yi.';, parlar.t des
fénateurs c :i reíLérent feuls dans Rome apres Ten-
rrée des í^.nilcis, dr cue tcns portoient aíors la
carée fort .ongue ; liartam. , uz zura ómnibus proni.¡¿n
4it
BAR
trat Scipion rAfricain portoit de longs^ clie-
veux dans fon emrevue avec MaPñniffa. De-lá_\dnt
le furnonj intonfi, par lequei Ovide défigne iFcfi.
jI. i6.) les premiers Romains :
JIoc asud intonfos nomen kabebat avos.
Juvénal Ies a peines de la mérne maniere {Sat. i &.) :
Et credam. di^rtum barca, dl^numqae capillis
Iiídjoram.
Vers Tan 45'4 de la fondation de Rome , c'eír-^
á-dire , dans la cent-vingtíétrre olympiadej P . Tit'.ns
Mena revenanc ce Sicíle , amena a Rome íes pre-
miers barbiers que Fon y ait vus. La nrode vííit
alors de fe faire rafer Scipion 1 Africain le jeune
Ladopta fur-!e-charr¡p , & fe fit rafer chaqué ;o'jr;
de forte qu’excepté íes cítoyens aífliges ou ac-
cufés de grands ernnesj & res jeunes gensj per-
fonne ne porta plus la barbe dans Kome. Les ph:-
iofophes feuls aírecíérent de la conferver habí-
íuellement} Se íes miiicaires la portérent toujours
aíTez coiirte 8c fdfée , Gomme nous le voyons fur
les arcs-de-triomphe & les autres monumens.
Ceiix qui étoienc plongés dans la donleur 8c
raSBiíiion ^ laiñbient' croítre leur barée^ & ¡eurs
cheveux. Le confuí M, Livíus s etant eioigne de
Rome pour quelque fujet de mécontentementj
fe retira á la campagne , ou ii laiíTa croitre fa
barbe 3c fes cheveux. Apres la defaite de Varus ^
Augnfte fut íi penetré de douieur^ qu il imita
pendant plufieurs jours le conful M? Livúus. C eft
Dei't-étre pour une femulable raifon que i on voit
une barbe pourts á une tqte df Othon ¿e la villa
Aibani.
Les fucceíTeurs d’Auguñe Fimitérentlong-tems^
& ne portérent point de barbe. Caligula feul laif-
foit quelquefois croitre la fienne j conire Fufage
de fon tems.
Les premiers empereurs repréfentés avec une
barbe longue & épaiíTe , furent Hadrien , Antonia-
Pie & Marc-Auréle. Spartlen nous dit que le pre-
mier laiffa croitre fa barbe pour caeber des_ blef-
fares (peut-érre des écrouelles ) qu’il avoit au
vif.'.ge : TJt vulnera , qus. in facie naturalia crant ,
tegeret. Les deux atures la portérent en qualité de
philofophes. lis furent imités par quelqaes-uns de
leurs fucceíTeurs qui, voyant combien les Ro-
luains avoient conqu á’attachement & de venera-
tion pour les Antonins , crurent apparemment
qu’en prenant leur nom &' portanc la barbe comme
euxj iis fe rendroient éplement refpedables par
ces marques de reífemblance. Caracalla prit le
nom facré d’ Antonio , & laiíTa croitre fa barbe
auííl-tot qu’ii eut été declaré Augufte; & Géta
fuivit fon exemple.
11 femble done , difent les auteurs de Fexpli-
cation des pierres gravées du palais royala qii^une
barbe épaiíTe étoit regardée alors comme un attri-
but qui d^voit cgncilisr aisx empereurs le refpedl
BAR
& la vé'nération des peuples ; c’efl: poerquei oi
peut conjeCTurer que les monéíaires aSeclnient
de les repréfenrer avec une barbe plus épaiíTe Sr
plus toumie qii'elle ne Féto.t en eííet. Cette autre
conjeefure efí fondée fur un exemple : c'eft la
maniere dont Macrin. fucceíleur de Caracalla j
eíi: recrefenté fur fes médaiíleSj luí qut ntat-étre
ne portoit point de barbe avant fon avénement á
remoire- O'n le voir fans barbe í'ar quelqiies-unes:
il rfén a qu’une tres - courte fur ía piupirt des
autres , mais une longue & épaiíTe fur pluíieurs
■de grand brenze. íl n'eít cependant pas vraifetii-
biable qu’elle ait pu prendre autant de croiíTancc
pendant ía courte durée de fon régne , qui n'a
été que de qaatorze mois enriers & i! n'y a pas
líeu de douter que fon portratt n'aic été chargé
en partie par les artilles monetaires, ^
Les fucceíTeurs de Juílinien recommencétent d
portel ia barbe, Sc les derniers empereurs grecs la
portérent d^une longueur extraordinaire.
Les Eretons du tems de Céfar {Bell. Gall.l. f.
c. 14.) fe rafoient le mentón^ & confervoient une
fimple mouftache : Capillos ac barham radtre pra-
ter capul, é’ labrum fuperius.
Di odore de Sicilé & Tacite aíTarent que Ies
Germains fe faifoient rafer la barbe. Les Goths
8¿ les Franes ne portoient qu^une mouftache ^
appelée par Plutarqiie p,brux.a , 8c crifia par Jes
Latins. Clodien ordonna aux Franes de laiíTer
croitre leur barbe 8c leurs cheveux^ pour les
diítinauer des Romains.
Le nom des Lomhards , Longabardi , vint üs
leurs longues barbes.
Barbes de nos reís fur les feeaux.
(X Od ne voit de barbe fur les feeaux des Me-
rovingiens qu’á Cbildabert III , & á Chilperic-
Vianul. Mais D. Mabillon a prouvé que íes autres
rois de lámeme race laiíToient croitre \t\sx barbe,
a Fexemple de Fempereur Hadrien Sc des empe-
reurs grecs depuís .íuftinien. Cependmt h farbe
¿es prances Mérovingiens n'étoit que médiocre-
ment longue > elle coavroit tant foitpeu les levres
& le mentón, d’oü elle pendoit comme un petit
bouquet. C'eft Fidée quen donne Eginhart^au
cominencement de la vie de Charlemagne, ou
dit que Ies rois Mérovingiens étoienr crine pro-
fufo , barba fubmijfá
« Charlemagne & fa pioftérité femblent
fuivi la mode des Romains & de Fempereur Juíti-
nien , qui fe faifoit rafer le mentón. Du
eft-il certain que Charlemagne avoit tant d nor-
reur des grandes barbes, qu il n accorda aux Bené-
ventins d’avoir Grimoald pour duc, qua coji-
dition qu il obügeroit les Lombarís de f
rafer á la fran^ife. Tous les feeaux de Cnane-
maune cirés par D. Mabillon & Hmeccius,
excepté celui de .Maximien de Tréves,
á ce prince une barbe courte Sc tres-<3ro!te_.
empereurs , Louis-le - Débonnaire, .
Chdries-k-CbauYe . en poxtéreac de femulsbies 1“*
BAR
fes Joues Sr au-deíTus des ievres. Cíiarles-Ie-Smiple
& queiques aurres rois de la fia de la feconie
race, paroifíent ízni barbe fur leurs fceaux, quoi-
que probablement ils en ayent porté».
« Deptiis Hugues-Capet , les rois de la troiCéme
race avant Philippe-Augufte , font plus ou moins
barbus fur leurs fceaux. On croit que du tems
de Phiüppe I ^ qu: fuccéda á Henri fon pére Tan
•= ic6o , on ne portoit en France ni barbe ni
» mouñaches; & qu'en Angleterre, tous, hors les
» prétres , avoient une moullache ». Cependant
Fnilippe 1 eír repréfenté fur fon fceau avec une
barbe plus que mediocre. Maisdepuis Phiüppe II ^
les rois ne portent plus de barbe, comme il pa-
roit par les fceaux , les ftatues & les portraits
qui nous rellene de ces tems-lá. Des le régne de
Phiüppe de Valois , qui monta fur le troné en
1328, revmt la mode des longues barbes , avec
des habits fort courts. Franqois I porta une barbe
aífez longue , 8e en rendir Fufage cotnmun en
France. En voilá aíTez, & peut-écre trop, fur la
barbe de nos anciens rois ». Nowvelle Diplomatzque.
Barbe (Ufages relatifs á la). Nous avons vu
que les rois de Perfe faifoient palTer des fiis dfor
dans leur barbe q & nos rois de la premiere race
imiterent ce luxe ridicule. C’étoic-lá fans doute ce
que Fon appelioit alors une barbe d’er, telle que
Monílrelet en donne une au duc de Lorraine,
Jorfqu il vine rendre les honneurs fúnebres á
Charles, dernier duc de Bourgogne. Au refte,
cet ufa^ge a pu , dans quelqufoccafion finguüére &
rare, étre pratiqué auífi par les Crees & les Ro-
mains. En efíet , on volt á Portici une tete d'homme
qui a la barbe retrouiTée & nouée fous le mentón;
bizarrene qui fe remarque auífi á une tere placee
dans les galeries du capitole. Peut-étre cette lin-
gularité n’a t-eile aucun rapport avec lestiíTus d’or
dont les barbes ont été quelquefois entorrillées ;
elle nous montreroit feulement alors la maniere
dont on aiTujettiííoit fa barbe lorfqu’on-Fe cou-
choit, lorfqufon faifoit quelqufoxercice violent ,
ou enfin lorfqufon cachoit fon vifage fous la vi-
fiére d' un cafque.
On ne fe contentoit pas de peigner & de laver
fa barbe ; on la parftimoit encore en la 'ftottant
avec des halles odonférantes. Pollux ( x. 26 ).
Juvénal (r7. 41.) :
Hirfuto Jpirent opohalfama eolio
Qu& tibi?
Et Properce (r. 2. 3.);
Aut quid Oronteá crines perfundere mirrhá.
L ufase de toucher la barbe & le mentón de celui
auquel on ^demandoit que'que grace , fe retrouve
«ans Homére {lliad. 4f4). Piine dit auífi que
les anciens Crees avoient la courume de toucher
. de celui dont ils voaloient excirer la
Jltic (j/. 4j.) ; Anliq ais GtaÜs in fa.pplicdr4.d0 {
BAR
425
mentum attingere morem fuijfe. Le fnenton eíl icf
mis pour xa barbe de méme que dans le vers 200
ae 1 yrejíe a'Euripide, & dins Hécube, oú Fon
lupphe quelqu un par fon mentón &: par fa barbe.
comme on xc ppnque pour des objets chéris.
L o.n fuppiioit par la barbe ; & lorfqu au con-
tra.re on vouloit mfultcr quelqu un , on lui tiróle
& arrachoit la barbe
Les philofophes íloiciens & cynioues affec-
toient a erre infenfibles aux injures, & en fai-
foient parade en public. Le peuple, & les enfans
en partícuiier , fe permertoient de mettre leur
patience a Fépreuve. Les uns leur difolent des
injures, d'autres leur lanqoient des épigramm^s-
ceux-ci les tiroient par leurs habits ; & Je plus
grand nombre leur failiífoit la barbe & en arra-
choit des polis. Socrate ne fut pas exempt de
cette perfécudon, comme nous Fapprend'Dio-
gene-Laerce {n. 21 ), Horace dit á un ftoícien-
Lafeivi puerz.
F* tllunt tibí barbazzi
Et Perfe (Sat. i. 133.):
Si cynico barbam petulans nonaria vellat.
Le méme fatyrique peint Júpiter offrant lui-méms
á iy£nis-je-Tyran ía barbe á arracher;
Idcircb flolidam pr&bet tibi vellere barbam
Júpiter,
On ne peut fixer avec précifion l’áge oú Ifoa
coupoit la barbe aux jeunes romains pour la pre-
rmere fois.^ Macrobe 'Somn. Scip. i. é.) dit que
c étoit aprés le troifiéme fepténaire écoulé , á
vingt-deux ans. Auguñe fe fit rafer pour la pre-
miere fois a vingt-cinq ans. Jufqu’á cette épioque,
les jeunes gens coupoient avec des cifeaux leur
barbe naiffante, fans fe fervir derafoir: on J'ap-
peloit alors barbula , & ces adolefoens barbatuÜ -
3c Ju\ enal^defigne par I expreifion barbam metere.
cette maniere de coupcria barbe. Leshommes faits
fe ferv^oient fouls cu rafoir : de-lá yient cette ex-
prelfion de IVIanial (x/. 40.) ,
Jam mihi nigrefciint tonfá fadaria barbó,
pour dire quül nfotoit plus un j'eune homme; &
la fuivante de Jnvenaí (vr, icp.) \ TLadere guetur
coeperatq cfoft-á-dire , Sergiolus avoit atteint Fáge
viril. ®
Le jour oú Ifon coupok la premiere barbe d’an
jeune homme, étoit chez les Crees 3c les Romains
un jour de fére pour toute fa familíe; on faifois
3c Ifon recevoit des vifites de céréraonie; on fe
donnoit réciproquement des préfens & des fefiin.s.
Juvénal parle des gáteanx que Fon sfonyoyoit ¿
cette occafion {Sat. ni. i8¿.):
lile metit barbam , crinem klc deponit amati í
Elena domas Ubis geniolihas.
4^4 BAR
Les jcar-es gens riches enfermoíe'nr cate prc-
íir’áre barbe dins ene l etite bojte d'or gu d'argent
■qj. US coofacroisnt a queiqiifi diviníté , ordinaire-
iyient aüx dieux Lares , comaáe Pérrone nous
íbippren.d de Trimaicioii (r. ip-} : PríCere'x grande
armarium vidi in ángulo ^ in cujas edlciil-i Lares
argentei pojiti , y'enerifque f.gnum marmoreurn. ,
Cí pyxis aiLíea non pujllca , ín qaa barham- eras
codaiccm dicebant^ Isér.ori offrir á Jupiter-Capitoiin
ía, premiére barbe , renferníée - dans ua coíFret
d’or , enrichi. de perles tres-prédeufés. Suétone
(yd^r. c. i z..) '. Barbam.pKmasn poJ:Jt , tí conáitam -
i;i auream pyxidem , & pretiofijílmis margaritis
g-dornatam J ovi- C api to lino confecra'vit. J-lllius Pol-
fiix díi que les jeuses grecs c-onfacroient auííl ieur
premiere barbe aux,d'eux , a Apollori en particu-
per, & aux i'íeuves. -
. Les perldnaes diítrnguées Eiifmenc cotíper la
fremiérp, harke dé leirrs- enhijis- par, des hommes
dü méme rang qa’euxs &: ceux-ci devenoient par
¿retre ccrémonie íes fecohds peres ce ces enfans ;
,oii j comme nous difons aujourd’íia-i , leurs par-
rains. Car une des maniétes dddcqaterj étoit de
srecevoir ou de roiicher en cérémonie a barbe
dexelui doEt on vonloit devenir pere. Ceft ainfi
que dans un rrairé ¿e paix concia enn=e Alario
ÓcAns, «n régle 'que le prernier, toucheroit !a
barbe du fecond^ añil cn'irdevíat fon pére adop-
í¡i. Ung feconde époufe coupok elie-ineme chez
Íes Rcmains la barbe & les cheveux aux enrans de
fon mari , poiir annoncer qu'elle les adoproit.
^íartkl a dir daris ce- fens (rJ. 79. 4,) ; .
Tondebit pudres jdm nova . rtupta tuos,
■Les ‘Grecs faifoient entrer Toaveñí pluíleurs
«latieres difFérente.s dans ¡a ccrñpóíition de leurs
fiatues j felles que l’or , Livoire, le marbre, &c.
Cette bigarrure , qui cboqueroit aujourd'hui íes
yeuXj ne Ieur déplaifoit pas. On ne fera done pas
étonné de voir en Sicile une barbe d'or á une ñatue
¿Tfculape. Elle fot enlevée par Derds, quí ne
voalut pas laiffer une grande barbe 3 ce ’dípu ,
pendant qu’Apoilon ^ fon frere ¡ n'en po’rtoit
point.
B-4dlBIERS. II n’y eut des harhiers 3 Sorne que
i’an 4f4 de fa fondaíion. Ticinius Mena, felón
yarron , y amena les premiers de Sicile. La bou-
jiqne des harhiers devint bienrót !e rendez-vous
des dé.fdeuyrés & des babiilards : c'eíl pourquoi
líorace dit que tous les harhiers faventune chofe ,
poLir expriaier quelle eít publique :
Omnibus & lippis nptum & tonforibus ejfe.
Ceux c'ii éroíent jaloux d'avoir une ebevelure
bien pemnée, coupée avec foin, ai.nfi que la barhe^
ímployoient 'une partie de la iournée chez les bar-
oiers^ á ces cccupaticns frivoles & ridiciiles. Séné-
yue i.is peint energiquemerjt (¡¿> Sf-evif.'v/ca c'. iz.'j:
Quid? íleos oeiofes yacas ^ quihuf apjid. tonjírem
BAR
I muUe hora Ifanjtntitantur , dum decerpit-jr , fi duíd"
I próxima noae fugertvit , aum de jsngulis capiliis in
i confiiiurn itur , dura aut disjecia coma reftituitur ^
aut -dejiciens kinc atguc illinc in frop.ttm compelii-
tur. Qiiomodo irafcunlur, fi tonfor paulih negli-
geatior fieit ? tanquam virum tonderet. Quor.wdo
excandefeunt , js quid ex juba fuá decifum eft , fi
quid extra oraznem jacuzí , niji omnia in annulos
juos reciderunt ?
■ Les oariiers ne coupoient pas íéulement les
cheveux & la . b-arbe , mais encore les cngles.
Piaute {AiiiuL ¡I,. 4. 3 5 .) :
Quin zpf prddem. torfor ungaes demferat,
Tibuile (1.9- II.):
Quid unguts
Arúf.cis doña fabfecuijfe mana í
Les pauvres qui pfavoient pas de quoi payer les
harhiers , fe ccupoient eux-mémes les ongles.
Horace {epifi- 1. 7. 49.) :
Confpexit , ut aiunt ,
Abrajum quemdam vacua tonforis in umbra.
Culteiio proprios piirgantem Itrdter ungues.
BARBÍLLÉENS. (jeux) On lit fur un marbre
rapportéparFourmont : bapsiaaha sn e<í>esq,
les jpux barhilléens d Épkefe. Cette efpéce de
jeux étoit déia connue par les marbres. Ln fnig--
meijt de Dion { brlarm. Oxon. pare. I. pag. 50.
— Exc. Vale ff , recueilli par M. de Valois
nous ,apprend que Tempereur Vefpaíien perrnit
aux Ephéíiens , en confidération d'un certain
Barbiüius, aítrologue , ¿bi T,aísdKicj , de célé-
brer un jau facré; faveur oud! n’accorda a aucune
autre vilie. ii eít bien probable que les Ephéíiens
donnérerit le nom de Barbiiliiis á cette efpéce de
jeux, qudls continuerent de faire célébrer apiés
la morr de yefpalien. Caylus , 1, p.. 2x9.
BARBITOS ou Baksutos , i-nílrument a
corda des anciens , confondu par les niodernes
foiis ie nom de l'yre, ayec les inltrumens appelés
ckelys , lyra & citkara, Políux rappelle aufli bary-
mitos ; c’eít-á-dire , á eroiles cordes. Le feho-
haíte d’Eiiripide (Á/c. 843.) défigne de méme le
barbitos , i)¿o^ rus . Qui a de groíTeS
cordes. -On peut done donner pour caractére du
barbitos , les cardes gro’Tes , graves & longaes ea
proportion. Ainfi ¿aríLos fera la grande lstREj
& CHELTS ou CITHAKA OU LYRA, la petíte hjtt.
( V oyeg_ ces mots) On peut ajouter encore un ^
caractére diítinélif aíísz, .bien prononcé dans les
premiers tems de la Gréce, quoique fufceptible
de quelqiies exceptions pour les tems poílétieurs:
c’eit que Ton ’oaoit du foni/íoa avec un plcñrum,
t.andis que pour Lordinaire on pincott avec le*
doigts la -ckeJ.ys , ou lyra ou citkara, Atheaee fait
4Qnneur de rinyentioa liu barbitos j, qu’ilsppC'A
BAR
aufli harmos , a Anacréon j Horace la donne á
Alcée (^Qd. I. I.) ;
Barbite 3
Lesbia pritmim ir.odu.late civi.
D autres rattribuent á Terpandre. On faifoit une
efpece de concert avec le barbitos 8c le fectís
des Lydiens. F"oye:¡- ce mot.
La ftarue d’une naufe qui eíl au palais Bar
berini á RomCj tíent une tres-grande íyre , un
véritable barbitos 3 tel qu’iiparok entre Íes main
d Apollen dansune peintured^Herculanum (T. z.
ttv. i). Cette lyre eíl beaucoup plus grande que
la lyre de Terpiíchore d^une autre peinture d’Her-
culanum (T. 1. tav. , ou on lit cette infcn'p-
tion : TtF'i'ixoFH ATPAN , & que la lyre d’un
Mercure de la villa Negroni.
BARBL LA , furnom de la fatniile Emilia.
BARCA. Voyez Barque.
dans la Cyrénaiqiie. bapkai 8c bap.
Les medailles autonomes de cette viiie font ;
RR- en argenr.
O. en bronze.
O. en or.
Leur type ordinaire eíl le íllphiuTn.
C eíl des ruines de cette viiie que Louis XIV
fit t:rp ¡es beaux marbres antiques dont VerfaíIIes
CiL decore ; en parnculfer ¡es belles'colonnes de
la gaierie du cháteau, celles du grand Trianon ,
& une ííatue de femme de marfare^ que "on croit
«re une veíiale.
BARDAICUS. Voyez Bar DOCUCILLLUS,
^ BARDARIOTE,
Les bardariotes
etoient des foldats deja garde de lempereur de
Conítantinople 5 ils étoient armés'de bátons 8c de
baguettes, pour,ecarter le peuple quand Tempe-
reur paíToit j ils portoient á leur ceinture des
róuets poLir punir ceux qui étoient coupables.
lis gardoient les portes du palais. Dans ¡es caval-
eades que faifoit rempereur, ils marchoient de-
vatit luí , le báton haut ^ & faifoient ranger le
peupie. Les bardariotes étoient perfans. Un eni-
peieutj que Codin ne nomme point, les avoit
tranfportés d un village de Perfe íitué fur le Setive
^ardanus, dfou ils avoient pris leur nom. Nicétis
e-> appeLe auiii V r porte-verges on porte-
, Se Mu¡¡cXxoi-rscí 3 rnanclavites , dil nom gréc
- vUri vciges ou batons 3 p.a.~y.>.l:t¡íi. A Parmée ,
ieur Dofte étoit au' nord de ¡a tente impériale ,
aupres _ae laquelle ils faifoient fentinelle. Codin
Qit qu lis obehroient au primicerias de la cour.
l-e^renus appelle cet officier yJtr-.;, K.ly.y,Tu 3 le
e-omte de [a cour 3 8c marclabiie.
Les bardariotes étoient vétus de rouge 5 & por-
íOient un bonnet a ¡a perfanne „ nommé augurot 3
rebord ou de retrouíTís , étoit
orde d'un- drap de couleur de citrón. Codin;, (de
OCAtt.DfXA,
^fitiquité^ 3 Tome I,
Bar
ARDES 3 ^üíci!, bardi 3 mirdfires de la reli-
g-on cnez les ancier.s Gauloisj qui habitoient
^ la Bourgogne 3 oú ils avoient ua
fonctions étoient de compofer
If s acíions glorieufes des héros de
leur na..on3 & de ¡esenanter au fon dun inilru-
ment qut^ reífombloit aflez á la lyre. Lucain a
pane des sardes dans fa Pharfale :
ros queque qui fortes ardmas 3 belloque peremptas .
i^udibus in iOTigum vates dimitzitis svurr. 3
B lurima fecuri fudiflis carmina bar di.
Les prdes 81C Ies druides différoient en ce que
ceux-c! étoient les prétres &: les doñeurs de la
nationj & que Ip bardes n" étoient que poetes oíi
ciianures. Cependant Pautontédes premierSj quoi-
qu inférieure a ceile des druides, étoit íi refpedce
des peupies, qu ds avoient fait quitter les armes
a des armées prétes á fe charger. Larre73 Pafquier
Sc Bodin 3 leur donnent le titre de prétres & de
philofophes3 & Cluvier y ajoute celui d’orateurs;
mais fans fondement. Strabon 3 plus voilia da
tems auquel o.nt vécu les bardes 3 compre trois
parmi Ies Gauiois , les utuides 3 les bardes
8c Ies évates. Les bardes , felón Iui _3 font chánf es
& poetes i les évates 3 prétres & phiiofophes j 8c
les druides ajoutent la fcience des moeurs á I3
philofophie naturei'e ; c’eñ-á-dire3 á la Phyíique.
Mais Hormiüs réduit ces fedes á deux dañes. Ies
baraes & les druides 5 d'autres méme den font
qu un corpSj fous le-nom générique de druides.
Cluvier 3 fonda fur ce que Tacite décrivant Ies
rnoeurs desanciens GermainSj faitmention deleurs
cnants & ae ieurspoémes hiiloriques3 veutque ces
peiiples ayent eu auffi des poetes nommés bardes.
B ARÓO CU CULLUS ou B.^rvaicvs cucul-
las 3 partie du vétement des Gauiois de Saintonge
& de Langres._ Martial (xir. 138.) rappelle San-
tonicus 3 de Saintes :
Galilea Santordeo vefiit te hardocucullo p
Cercopitkecoru'Ti penula nuper erat.
C’eñ le méme fans doute que Juvénal déíigne par
les mots cucullas Santonicus (vi 11.
Si nociurnus adalter
Témpora Santordeo velas adoperta cuculla.
Dans un autre endroit3 Martial Tapoelle bardo~
callas Liagonicus 3 de Langres (t. 54. 4.) :
Sic iiíterpoíitus vlllo cor.taminat unció ^
Urbica Lirtgonicus Tyrianthina bardocucullus.
Ici Martial met en oppoíitisn le bardocucullus
des Gauiois avec les riches manteaux de pourpre
que pertoient les Rornains dans la ville ; ce qui
fuffit pour nous le faite regarder comme iin man-
tean fait d'une é'coíFe trés-groínére. 11 étoit auíS
trés-court, cotaaie le fugum du méme peuple i
H kk
/26 BAR
car ^'artial ¿it qa'il P’* nranreau
2 des iínres,' cercopnkicoram per.u¡a¡ Sc auieurs
Í:-93-7-)-
jyilTzídlcfí^UC nü.t£S GdlllCd pülíil t£git.
Le hardocv.cu.llas étant le méme tnanteau que
ie bardaicus cucuLlus des foidats 6c des tribuns,^ -
ainíi que ie penfefit Cafauborij terrari & cl autres
phüologues j on peut aíiurer qa il étoit veiU j i
c’eft-á-direj garni de íongs poíis. En eiret . juve- |
Bai appelle un centanon , kirfutum capeLam ; ;
£t Cbadien pellitusjudex {in Rujin. :1. 8j;. Certa |
<ier;;iére expreílion pourrcit faire croire que ie
bardocuculliis étoit fait de peaux garnies de rous
leurs poils.
Sa forme eíl mieux connue que fa matiere ; car
on convient qii’il confiífoit en un capuciion que
Ton attachoit á un mantean ^ cu en un capuchón
& un manteau 5 comme les mots ae cucullvs , de
palla & de penula le dcfignent. Ce capucuon “toit
pointu ; & la pointe qui u’ étoit pas foutenue. lorf-
qu^on ramenoxt fur ia tete ie bardocucuUus fe
repiioit & formoit un crochet. Marital exprime
ce'tte poíition par le mot uncus dans ie vers fm-
vant ;
Sic interpojitus vilt^-s coniatninat unco.
Des bas-reliefs antiques trou-.'es a LangreS:,
BOUS montrent un gaulois vetii du bardocucullus ¡
ou manteau a capucnon. On en voit dans un
deffin de Peirefc publié dans le Suppiément de
IMontfaucon 5 & fur un bas-relief de Spen ^ oü
des payfans cueillent des fruits. Quoique !a dou-
ceur du climat de Rome ne femble pas demander
Lufage d'un manteau auffi groíTier , & dans lequel
la tete & le corps, jufqubux cuiffes ^ étoient en-
tiérement cachés^ le bardocullus y devint cepen-
dant d’un ufage aíTez corrimun. II favorifoit le
déguifement 3 & par une fuite ordinaire , la dé-
bauche des jeunes Romains ; cbft pourquoi ils
Tadoptérent avec complaifance. Juvénal le teur
reproche dans les vers de la fatyre 8 ^ cités plus
haut. T^oye:^ Cucullio Se Crcuzzis.
BARGASA 3 en Carie. BAPrACHNON.
Les médaüles autonomes de cette viiie font ;
RRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
Cette viüe a fait frapper des médailles irupé-
riales grecques en Thonneur de Marc-Auréle ,
de Commode 3 d'Alex.-Sévére . de Maximiiij ce
Gordien-Pie3 de Gallienj de Saionme.
BARGYLIA , dans la Carie. BAPrYAiHTaN.
Cette ville a fait frapper , fous Pautorite ce
fes prét'eurs3 des médailles impértales grecques
en Thonneur de LuciOe 3 de Commode , de Cara-
calla 3 de Titus3 de Marc-Auréle.
BARIPYCiSl. Les anciens acpeloient ainfi cinq
¿es huit fons ou coráes Sables de Icur fyftlms
B A R
cu dkgrr.mme ; ravoir3 i’hypaté-hypaton , Thy-
paté rumen 3 la mefe 3 la páramele & la néfe-
diezeugménon. f^oye^ Fvexij Son 3 Tetra-
CORDE.
BJRIS , ^í-As, efpéce de navire dont parlent
Hefychius & Suidas. Les Crees emprunterent ce
nom des barbares 3 en adoptara !e bátiment; cbft
pourquei Eunpide Ies appelle py.píapyc .eáfiL;;. II
paroit que cette efpéce de navtre étoit venus
d’Egt'pte 5 car Hérodote 3 dans l’Eutcrpe de fon
hiíloire 3 ayant parlé dMn navire^ égyptien 3 8c
l'avant appelé Bxcív, aioute que c’étoit fon nom.
Properce'3 qui sbft fervi peut-étre feul er.tre les
écrivains latios , du mot baris 3 le donne au vaif-
feau d'une reine d'Egypte {ni. 9. 44.) :
Baridzs & coráis rofira Liiurna fcqui.
Baris 3 en Italie. eapínqn.
Les médailles autonomes de cette ville font ;
RRR. en bronzs.
O. en OT.
O. en argent.
BARMÓS. Voyez Bareztos.
BÁRQÜE3 barca, petit bátiment en ufage fur
les riviéres 3 8c meme fur la mer le long des
cotes j Se le premier 3 felón toute apparence , que
les hommes ayent conftruit. líidore (xix. i.) :
Barca tfi , qu& cunBa navis commercia ad Litas
portat. Hs.c merces ia velago propter rumias nadas
fuo fufeipit gremio. Ubi autem appropinquaverit
portas , reddit vicem barca navi , quam accepit ia
pelago. Geíl ie canot des vaiíTeaux modernes.
Gn navigua anciennement fur des radeaux ;
dans la fuite , on borda Ies radeaux de claies faites
d’ofier ; relies étoient les harques d’L’íyíTe3 relies
étoient celles des habkans de la Grande-Bretagne ,
au tems de Jules-Céfar : lis foat , dit-il 3 des
carenes de hois léger ; le rejie efi de cíaies d ojier,
couvertes de cuir. Le cuir étoit coufu 5 & ces
coutures expliquent le cymba fatilis de Virgile-
Strabon, dontia bonne foi eít reconnue3 dit que
lés Egyptiens, avoient des harques de terre cuite ;
íi parloit d'un fait qui fe palToit fous fes yeux, &
fur lequel i! auroit pu étre démenti par cent mme
ré.noins- Ces harques égyptiennes font croire aux
harques de terre cuite que les Agathvrfes,
delaSarmatie Européennej conduifoient avec des
..raines peintes3 felón Juvénal; & eiles expuquent
une fiáiion des anciens 3 felón laquejle Hercuic
ayoit traverfé la mer fur un vafe á borre. ^
Les Egyptiens faifoient plus encore
truifoient des barones légéres avec des iCTi -
áepapyrus ; & Plutarque raconte dans
ddíis Sr d"Oíiris3 que ¡es crocoddes refpeoto.e^^
cts barquee &c ceiix qui Ies montoient, en me
moire d’Iíis, qui avoit navigué fur un
de cette efuéce. A u relie 3 le P- Montfauc^^i
jugé 3 db.prés la forcé des feudles de_p-‘pL.'^ ’
fur lefqueiles font écrits danciecs iuanux^,!— >
f
BAR
C'/of* pouvoít j en "es coalart Se íes poiíTantj en
faire áe petites iranJníúribles 1 i’eaa.
PiuiíeLirs aiiteurs nous aíiuren: que Ton conf-
traiíbit dans les índes une harcue avec un feul
rofeau á nceuds & vuide en-aeda-ns ; mais 5 gros ,
dir Héliodore, qu^’en prenanc la ionguear d"i¡n
nceud á un autre ^ & le couDant en deux dans !e
feiis de fa iongueur, on en formoit deax barques.
Ce témoignage d'Héliodore eit modifié par ceux
de Diodore & de Quinte-Curce , guí nous font
entendre, non pas que Totl fit deux bateaux avec
un feul morceau de rofeaUj mais un batean avec
pluíieurs moiceaux de jone.
Les Ethiopiens avoient, felón Píinej des bar-
qtics plíubles , qifiis chargeoient fur leurs épaii'es.
Se qifiis porto:ent au bas des cataraíres dii iNiij
pour íes remettje fur le fleuve & pour s’y embar-
qaer. SchefFer croit que c’étoienc des peaux teu-
dues lur des ais circuiaires, fans poupe ni proue.
K'eft-il pas plus naturel de penfer que c'étoient
des cutres que fon enñoit ou vuidoit a volonté ?
Les Romains connurenr cette maruére de naviguer
& de trayerfer les riviéres ; ils dotmoient le ñora
a utriciilarii aux bateiiers qui Ies conduifoient ^
comme on fapprend d’une infeription troiivee
a Lyon^dans i' iíle Barbe^, & d’une aut-re trouvee
a Cavaiilon, oú ii y avoit un collége des frhes
utrlculaires ¡ c'eil-á-dire j des gens prepofes pour
faire traveríer la riviére fur des peaux de bouc.
Voye-^ UTs.ictrx.AB.zi & la diíTertation de M. Cal-
Vet , fur un monument fngulier des uti iculaires de
Cavaillon ; d Avignon, che^ Niel, Ín-8“. 1766.
C’étoit en Egypre un fymbole de Tacothéofe ^
que d étre repréfenté fur une barque ou fur un na-
V!re. Auííi voit-on qiielquefois des empereurs
aííis fur des barqu.es. Les 'pierres gravées ég^^p-
tiennes ofFrent fouvent des divinités dans cette
aidtiide. Les Egyptiens j felón Porphyra > ne
croyoient pas qu'il convint aux dieux de mar-
cher fur la rerre ; c^eft pourquoi ils Ies repréfen-
toient fur des baraues.
V/inkelmann a publié dans fes Nlonum. inediú ,
un vafe de terre cüite du Vaticano, oü le folcü
& la lime paroiífeut montes fur une barque ayant
la forme d un dauphin, ainíi que leur char &Ieurs
chevaux.
BARREAU. Voyez^ le Didiionnaire de Gram-
maire Sr de Littérature.
barril. V oye-^ Dolium. j
BARUJTUS ^ cri des gens de guerre. L’ufage
de -eter de grar;ds cris en allant á la charge , fe
tro'jve chez tous Ies peuples fauvages. Tacire
(Cerro, c. j. a. i.) en parle dans les Maeurs des
Germains ; & A^mmien-Marcellin dir que le nom
de barritas donné á ces crisj venoit des barbares
(■Xrr. quam. gentiiitate appellant
berntum. Les Romains adrr.irent cec ufage dans
leurs armées; & Vegéce (r:J. 18.) leur recorrí-
^■inde de ne pas faire entendre le cri appelé I
tiritas , ayaat la jonátion des deux artnées :
BAR 41-
Clanror ^ qmrr. bc'ritum vocant , non. przhs debet
. j quam aezes atraque fe janxerit.
_e oarrztus commencoit par un léger mur-
mure qui groniiioit feníiblernent , & devenoit
ep un inuanc un bruit confus & déchirant. C'eii
ainíi que le décrit Ammien-AIarcelIin {XVT^ 12.)...
Barritwn civére vel máximum : qui clamor ipft
fervore certaminum a tenui fufirro exoriens ,, paai-
íUi.mque adolejeens j rita extollitur fucluum caa-
tijus tllzforum.
Teile fue chez les premiers Franqois la chanfoa
dc BolIandj qui étoit entonnée par douze fortes
voix au moment de la charge, & continuée par
toute rarmée.
BARYMITOS. Noyez^ Basbitos,
BARY'í on , forte de voix , entre la taille ñc
h b¿‘Te. V. CoNcoP-DANT.
BASALAS. fL Melampyge.
_ BASALfE , bafaltes 8z bafanites lapis deS cha*
pitres 20 & ’2 du 3(5<= livre de Rline.
Les anciens , qui n’avoienc pas une notuencla-
ture des pierres auui diítiníte que noiiSj faifoienr
deux efpeces du bafalte & de la pierre de touche.
Ils croyoient quhl ny avoit qif une feule efpécs
de pierre dont on put fe fervir pour eíEiyer Ies
metaux; & il paroit dYprés leurs deferiptions ,
qupls employoient a cer ufage le trapp des Sué-
dois j ou Tefpéce de bafalte qui n'eíl point le
produit Jes voicans , rnais que Ton trouve dans
íes montagnes en maíies compaéles ou en cou-
chesj comme Ies .hthiftes. C'eít a cette pierre quh’s
donnoient le nom de lapis Lydias & de bafanites
lapis. Elle eít plus noire que le bafalte des vol-
cans 3 & a le grain plus ñn. Les Egyptiens la
tiroient ce f Ethicpie , & en faifoient defeendre
par le Nil des blocs é.norrnes. lis en troavoient
auffi dans cette partie de I’Egypte 3 qui eft entre le
Nil & la mer Rouge, á laquelle on a donné quei-
quefois le nom d'Arabie.
On peut croire cependant que Ies anciens ont
appelé bafanites lapis ou pierre de touche ^ le
bafalte méme des voicans , & d’autres pierres
argüeufes tres - dures & á grains fi.ns ; car les
qualités requifes pour fervir de pierre de touche
font trés-générales 3 & peuvent convenir á piu-
íieurs fubftances difrérentes 3 comme on va le
voir. 11 faut que la pierre foit añéz dure pour
réíiíler á la lime 3 qu'elle .ne foit pas attaquable
par les acides, & qu’elle ait un grain fin. Pluíieurs
fubftances argileufes & volcaniques differentes
ont ces qualités , 8¿r ont pu étre employées dés-
lors comme pierre de touche.
Nous rapporterons cependant toat ce que les
anciens ont dir du bafalte Se du bafanites lapis ^
ou lapis Lyáius , ou pierre de touche , & touc
ce que nous avons á dire des anciens momimens
qui font de ruñe ou de faut re fubftance , aux
deux efpeces de bafalte connues aujourd’hui ; le
'¿fl/iz/re volcanique & le bafalte de roche; c’eft-á-
diíe, cette fabílance argileufe de la natuie dí
Hkh
4-S B A S
^ hafj^lte volcanique ou da travv des Suéáois:, qui
fe trouve dans les montagnes en maíTes non feuil-
íerées.
Le hafalte des Egyptrens reííemble , feloii Win-
kelmar.n ^ á la lave da ^'tfave dont Kaples efí
pavee j aux paerres qui formen: dans ritalie Ies
yoies rcmaines : c'eítj en un mot j une lave d'une
teinte égaie. Ce bafaite eít de deux cculeurs ou
Biiances > il y en a de noircui eft le plus communj
& de verdátrc qui eíl le plus rare. 11 refte á Rome
pluíieurs anirr.aux de hafalte noir j les lions de la
moncée du capitoie_j & Ies fphynx de la villa
Eorghéfe. Les deux grandes ftatues égyptiennes
du ppitolej faites dans le ñyle ddmiration &
queiques-anes des plus petites de la méme collec-
tioHj, fon: de hafalte noír.
Le hafalte verdatre fe trouve de ciíférente
tenate;, ainíi que de diferente dureté : les artilles
égyptiens & grecs fe font efforcés á Tenvi de tra-
vailier cette pierre. Entre les ouvrages des pre-
miers en voit un petit Anubis affis au cabinet
du capitole j des cuiíTes & des jambes entrela-
cées a la villa Aitieri. On voit auíé une belle bafe
avec des biéroglyphes & les pieds d'une femme ^
au tréfor du collége Romain. Les villa Albani
& Aitieri renfermcnt pluíieurs tetes du méme
hafalte. On s'en eíi fervi dans les teros poñériears
pour imitcr les ouvrages égyptiens, & les canopes
en parriculier.
Les fculpteurs grecs ont cherché a sdlluflrer
coranie les égyptienS;, par des ouvrages de hafalte
Eoir & vera. On ne connoit cependant d'eux
qu'ane feule ilatue entiére de hafalte noir : c’eft
un Apollon plus grand que nature 5 & d’un tra-
vaü mediocre. Une ancienne gravure repréfente
cette figure comme un hermaphrodite;, ce oui a
trómpele comte de Caylus fB.ec. ¿Antiq. T. 3.
p. 120). La Villa Médicis renferme le torfe d’une
iratue d'homme de grandeur naturelle;, de hafalte
verdatre. Ce précieux relie nous montre^ felón
Winkelmann, une des plus belles figures de fan-
tiquité que Fon ne fauroit voir fans admiration ,
tant pour Tétendue de la fcienee que pour la
fineííe du travai!.
Les tetes de hafalte échappées aux ravages du
tew.&, font croire qu'il r/y avoit que les artilles
habüe s qui travaiüaiTent cette pierre : car eíles
font co.nques dans la plus beau ílyle ^ & rerminées
avec la plus grande fineíTe. 11 y avoit au palais
Verofpi la tete d'un ieune héros-, qu'’a€heta feu.
M. de Breteuil ambaiTadeiir de Malte en France.
Winkelmann a cru y reconnoítre un kiteur ^ á fes
oreilles de pancratiaíle. On trouve á la villa Albani
une tete idéale de femme , pofée fur un bulle
amique de porphyre. 'Winkelmann poíledoir une
tete de jeune homme de grandeur naturelle , de
hafalte dont la chevelure étoit- agencée, d'une
nianiére finguüére.
On voit a la^ villa Albani une tete de Pluíon ou
Sérapis j quí eíl hafalte vertj & dont on n’a
B A S
pas reílauré le mentón , parce qu’on n’a pu trouver
un morceau de hafalte de la méme nuance. Le
palais Giuítiniani & la villa Mactei renferment
chacune une tete de ce méme dieU;, de hafalte
noir. i! y a á la villa Albani une téte de feinme
plus grande que nature, de hafalte verdatre.
Le cabinet du capitole renferme une tete de
Caligula de hafalte noir. On voit au palais Rofpi-
glioíi un bulle de baftlte verdatre , dont la valeur
furpalLeroit de beaucoup ceüe de tous les autres
monumens de hafalte , sfii repréfentoit le héros
dont on iui donne ordinairement le nom : c eíl le
premier Scipion rAfricain. f^oyez fon articie. Le
plus grand nombre des canopes que i'on trouve
dans les coiledions de Rome , font de bafalu.
Les deux que Fon voit dans le cabinet áu caoi-
tole , font de hafalte vert ; ainíi qfeun trés-beau ,
publié autrefois avec les curioíités* de Borioni.
Dans la cour du palais Mattel , on admire uu
bas-relief de hafalte xtrt du ílyle imité, repréfen-
tant ia proceíiion d'iin facriíice. Ldíis qui y eíi
repréfentée eít aüée ; & fes ailes attachées au-
de flus des hancbes , couvrent & enveioppent fes
cuiíTes & fes jambes j comme les figures ailées des
médailles de Malte.
Le monument le plus extraordinaire de hafalte
qui foit á Rome , eíl dépofé au capitole. II repré-
fente un grand finge afíis & fans téte , dont les
pieds de devant repofent fur les genoax des jambes
de derriére, avec les mots grecs fuivans gravés
fur la bafe de cette figure : “ Phidias & Ammo-
nius, fils de Phidias , ont fait ce monument
Cfetoit de hafalte ^ & de hafalte SOír , fans
doute , qu'étoit faite la ilatue de Pefcennius Niger^
que Spartien dit avoit été ce pierre noire-, & en-
voyée á cet emipereur par un roi de Thébes. Oa
la voyoit encore au tenis oú écrivoit Spartien,-
placée au faite de la maifon de ce prince á Rome,
& accompagnée d'une infcription grecque. La
CQuieur de la pierre étoit une alluíion au nom
de Niger. Du relie, FEgypts n’avoit pointalors-
de toi, & Fon ne peut entendre ee paíTage que
d'un gouverneur romain , qai rélidoit á Theoes
comme vice-roi.
Le plus gros bloc de hafalte qufea ait jamais-
vu, felón Pline , fut place par Vefpaíien dans 1&
temple de la Paix. C^étok Foriginal de la ftatue
du Ni! , que Fon voit en marbre dans la eour du-
capitole. Cette belle copie antiqiie nfeíl que^de
marbre , ainíi que la copie moderne que 1 on
admire á París dans le jardín des Thuillerks. La-
ilatue de Memnon , placee dans le temple de Se-
rapis á Thébes, étsk auffi de hafalte. _
La colledtion des antiques du roi renrerme-
pliifieurs petites ílatues égyptiennes ¿t hafalte^
L'on voit auíTi dans le cabinet de Sainte-Gene-
viéve une Ifis áe.- hafalte noir-,. & un mufle de hort
antique de hafalte vert. ,
B AS CAUDA. On trouve te mot barbar?
Juvéoai (Sai.
B A S
^¿de hafcaiiias , & rrúlle ef caria,
L-n anclen :p;hoI:aí?:e de ce poete . dit cue Ies
hafcaíidí étojent des bafilns dans lefcnelson lavoic
les \ cíes a íaoire : Sajcauca ^ vaja ubi cálices
lavaaantur^, Ó cacahus- Martiai nous apprend que
le '¡Tíoz bafcaudc éíoit bretón {x:v. pp) , & qu'il
£Voit écé adopté par les E-cmains :
Barbara de piciis venit bafcauda Britannis
Sed ule j aui uiavult dicerc Bouia Juauz,
BASE. Les ñatues fiirent placees fur des
Gcs 1 enfLnce tie la Scu;ptiire 5 aíin de détacher du
plan de Tédilice ou da terrein ia fratiie ^ quí
aaroit paru trop coarte, fi elle avoit été poíée
immediatement fur la terre. Les Egrptiens pla-
toujours leurs ítatues fur des bafes. !!s
afíecterent ir.éme quelquefois de donner á ces
une profondeur ñ grande relativement á
leur largeur & á leur hauteur, qu'elles forment
encore aupurd huí un caraólere diítinaif des
fculpi.ares de ce peuple. Cet alongement fe volt
piincipa.ement dans les bajes qui fuDportent plu-
iears ítatues égyptiennes placees Ies unes devant
Jes autres. Les Recueils d'antiquités du comte de
Cay.us en renferment plufieurs de cette efoéce.
Les bafes des ñames grecques & latines furent
conítamment cubiques ou rondes. •
1 ordinaírement Ies inferiptions fur
Jes bafes des ítatup, afin qu elles fuííent plus rap-
proenees de^ i’ceil. Les ÉgyptieiiS les ornérent
louvent d hieroglyphes. Les artiñes grecs v écri-
■ noms, comme o.ii le voit fur la bafe
du^ngede bafalte qui eíl au capitole, & fur
I^lUiieurs nrionumens grecs. II faut obferver cepen-
dant que les premiers arriñes grecs, & les étruf-
ques leurs fidéles imitateurs, n’écrivirent pas les.
infcnptions fur les bafes , mais fur les cuiífes ou
jes jambes des ñatiies.. Cette bizarrerie rompoit
1 enfemble de la figure ,, & en interrompoit Thar-
rnome.
L ufage de graver les inferiptions fur les bafes
des figures,. _ne fut pas conftant. On fe contenta
dans le déclin ^ de la Sculpture , fur-tout quand
fiatues étoient élevées , de fufpendre á ces
íz/ej des tablettes fur lefquelles on écrivoit avec
oM minium y.le nom des héros qu'elles repréfen-
toient, celiii de leurs peres, & les guerres ou les.
^ploits qui les avoient rendus célebres. S. Chry-
foftome parle de cet ufage (i/z Pfalnz,. xiii.) j &
Juvenal y avoit fait alíufion. par ces paroles t
■Langa atque injignis honorum pagina (x. jy.) , que
fon fcholiañe explique par ces tablettes énoncia-.
tives des honneurs & des dignités du- héros.
Lorfque les peuples. irrites, renverfoient & brÜ-
fcient íes ñames de leurs opprefleurs , ils en laif-
“lent quelquefois fubliíter les-bafes-s. afin qu- elles
sppriiTent á la poftérité leur haine & leur ven-
C'eñ aúiJi que ie& anciens bahátans de
B A S 429
Jacrmini ^p Sicile, avant oré de Itar fbram !a
.ame de ; aviüe erres, e.n iaiilcrent fubfiiter la
pen:a;:t, dit Cicerón il. 66.) , qñi¡s
accaoieroient pms furement de honre ce décré-
a.ear ,40^ ^pprenant á leurs defeend-ans q-fils
atoient crue la ñafae, qu’en Lar lahiant iqnorer
íi jamais on Im en avoit elevé : Qubd gavias
in ipu-m fore patabane , f feireat homines Hataam
ejas a J aiironntanis ejfe dejeñam ^ qnizm J¡ nalíaui
Jfsuam pojitam_ arbitrarcntur. Les habitaos de
lyn^arus les imitérent , & laifférent rubílfrer
dans leq-foram le cheva! qui avoit porté la íLtue
de \ erres.
^ Toutes les- bafes miangulaires qui fe trouvent
aans _ les ^colle&or.s d'antiques , n’ont pas fervi
de pied á des candélabres, ainfi qu’on le penfe
généraJement. On en a trouvé une dans les fouilles
d Otncoli , qu! eñ ternunée par une cuvette du
méme morceau, de.ñinée fans doute á fervir d'au-
j non pour bruler les viétirnes, mais pour rece-
voir les parfums , les libations de vin , de iaic
& ae fang, qui fe raifoíent dans les factiñces pou£-
les morts, appelés infaris.
BASILE, empereur grec.
Bas XLIUS Augustvs,
Ses médailles font i
RR. en or.
RR. en argén r,
R. en B. '
Basíle II , fils de Romain IL
Basíjcius -Augustus,
Ses médailles fontt
RR. en or.
C. en bronze.
O. en argent,
BASILEE, filie d’üramis & de Titee, Se foeiír
de Rhéa Se des Tiraos , paíToit chez les habitans.
de í'Atlannde pour la plus fage de tous les enfans
d’Uranus, á qui elle fuccéda. Elle époufa Hypé-
rion, celui de. fes fréres qu’elle aimoit le pliis,,
dont elle eut un fils Se une filie. J^oyei Helius-
8e SÉLÉNE. Les Tirans, fes fréres, ayant fait:
périr les. deux enfans de Bafilée , elle entra ea
fureur , courant á travers les champs , en danfant,
les cheveux épars, comme elle aiiroit fait au fon
des tambours. Se excita la compaffion de tous.
ceux qui ia voyoient. On fe mit en devoir de
rarréter; mais 'auíE - rót il tomba une grande
pluie., accompagnée dTorribles éclats de ton^
nerre, pendanrlefquels Síz/z/ée difparut. Le peuple
changeant alors fa douleur en venération, eleva,
des autels á fa reine , Se lai offirit des facrifices au.
bruitdes tambours Se des tymbales, á Fimitatioa
de ce qu on lui avoit vu faire. Cette Bafilée efir
peut-étre la méme que Cybéle 5 Se, felón Selden,-
que rAmi’ca S¿ la déeíTe céleñe des Carthaginois.-
BAZIAEIA , féres annuelles célébrées á Lébadée
en Bébtie, fdoa le fcholiañe de Findare {Olym^^
od. yji-fi
4’ o
BIS
EAi.'ASrS. Voyez^ Ab,chonte-p.oi.
BA2IAEYS. Les Grecs onr donné quelquefois
le nom ¿e aux jeur.es céiars quoiqii'íls
ne ieur avent ianaais donné celai de ; témoin
une tr.édaiüe du jeune Caracalla, de Vaillant, fur
lacueüe on lifoit antgneinoc Baci. Mais tous
les antiquaires ne convenoient pas que cet Anto-
nia fút Caracalia. Le P. Jobert cite, á Fappui de
fon Opinión, que nous venons d’expofer , Hanni-
baiiien , que GoníLantin fit appeler rex. Mais le
barón de la Baftie dit que le P. Jobert avoit
nai choiíi cet exemple ; Hanniballien n'ayant ja-
rr..’.!S été rd imperator , ni c&far. Son onde luí
donna la Cappadoce & FArménie , avec le íitre
de rex.
Entre Ies médailles de rois grecs rapportées
par Spanheim, on en trouve une de Tryphon &
une de Tigranes . fnr leíquelles on voit réiinis les
deux ritres, bacíaetc '& ai'tokpato?.
BASiLIA. Fbyt? Basilée.
BASILICUM , regale. Ces deux mots étcient
eniplovés par Ies ccrivains iatins, pour déíigner
quélcue chofe de magnifique & de riche. C'eft
ainíi que Plaute appeilé un homme vétu de riches
habits, hafilice exornams (Peen. ul. 1.^74.)} &
haflliciLs (Jiiidt il. 4. 18.) un homme célebre. Le
méme écrivain déíigne encore {Pfeud. i. j. 43.) ,
par le mot hajilicas , Fétat le plus heureux de la
vie. Bafiiice je ge ftjfe , défigne, dans Perfe (j. 2.
zí-)', un irdme qui avoit joué parfaiteir.ent fon
role.
BASILICUS. Les anciens défígnoient par ce
mot le coup de dé le plus avantageux que Fon
pouvoit anaener , en tirant au fort , pour élire
un- rol da feftln , arbiter bibendi. Comme les Grecs
appeloient ce roi /Sas-íAs-s-, i! eít naturel de penfer
qli’e haplicus devoir déíigner le coup de dé auqiiel
il deróit fa royauté On fait que c'étoit le méme
coup qui portoit ordinairement le nom de Venus;
c'eíí-aédire , le coup qui amenoit des pcints ditré-
rens fur Ies quatre des
Cette explication eíL de Lipfe, qui s’en fert
pour interpréter naturellement Ies vers fuivans
de Plaute ( Cure. il. 5 . 79.) ;
Palos arrzpío , invoco almam meam natriceT/i Jper-
culem ,
laño bafilicum.
Le paraíite , qui fait ce récit appelle , avec raí fon
ie íils d'Alcméne nutriccm meam , fa nourrice ;
parre que les anciens confacrant quelquefois á
ce dieu la dixme de leurs biens, donnoienr cans
fon temple un repas public, auquel Ies paraütes
aífiftoient trés-exañement.
Turnebe a pondlué autrernent ces vers, & a
joint Jierculem avec hafilicum ¡ croyant qu’ils dtli-
gnoient un herculc-roi ^ ou paré des ornemens de
la rovauté j chofe inconnue á toute Fantiquité.
BaSÍLINDEj fétes que Fon célébroit en
B A S
Fhonneur de Venus á Tárente. Pollux {llh. 5.)
dit que ce nom défignoit un jeu des Grecs, oú,
celui que le fort avoit fait roi , commandoit a fes
camarades.
BASÍLIQüE , Basílica. Les Romains déíi-
gnoient par ce mot un bátiment fomptiieux ,
dans lequel les magiftrats rendoient la juftice á
couverc 5 ce qui le diftinguoir du foram , ou les
magíílrats tenoient leurs féances en plein air.
Vitruve décrit fort au long les bafiliaaes , & Fon
peut conclure de fa defeription , que ces báti-
mens confiftoient ordinairement en une vañe falle
tournée vers Forienr , comme tous les édiñces
publics des anciens , & partagée en tro:s parties
par deux rangs de coíonnes. La partie du milieu
étoit terminée d'un coré par la porte principale,
& de Fautre par une vafte niche ou renfoncenient
áemi-circulaire , dans lequel on plaíjoit les íiéges
des magiftrats qui rendoient la juíbee dans la bafi-
/Ijüe.F. Chalcidicum. Les deux parties laterales
ou Ies deux alies ifavoient pas la méme élévation
que celie du milieu ; elles étorent traverfées par un
plat-fond qui fupportoit des galeries ou des falles
liantes, ayant leurs ouvertures fur la partie du
milieu , afin que Fon p-út voir les magiftrats de
tous les points de la bafiLique. Ces gaieries for-
tnoient un étage fur les ailes : des juges inférieurs
y terniinoient les différends de moindre impor-
tance; le* avocats y donnoient leurs' con fulta-
tíons. Se les jeunes orateurs s’y' exercoient quel-
Quefois á la déclamation. Les ailes étoienc fouvení
accompagnées de falles exr-érieures , femblables aux
chapeües placees autour des bas-cótés , dans les
égli'fes gothiques , & qui font ¡es copies de ces ailes.
Dans les moindres bajlliques , Íes aiies étoient
oceupées par des boutiques de marchands, & on
les échauffoit en hiver, á caufe de ces négo-
ciaiis. A'itruve (v. i.) : Bafdicarum loca adjunda
foris quam calidijjimis partibus eportet confiitai ,
ut per kyemem fine molefiia tempeflatum fe con-
ferre in ea negcúatores pojfent.
Dans Ies fouiiles faites á Gtricoli , fous le pape
Pie ly, on a- découvert une hafilique. 11 étoit
impoíTible de la confondre avec un temple , parce
que ceiui-ci a pour Fordinaire des coíonnes tout
autour de la celia; tandis que cette hafidique^ eft
renfermée par un grand ir.ur plein Se dénué a or-
nemens. Elle eít comme divifée en trois parnés
par deux rangs de coíonnes , & entouree de
chambres ou falles particuliéres. La porte eít nue ;
on fait que celle des temples étoit fort ornee.
A Foppoíite de la porte eft un enfoncement cir-
culaire , dans lequel on plapoit fans doute le tri-
bunal.
L'églife de Saint-Fhilippe du Roule a París ,
offre la méme conftruclion intérieure , Ies galenes
exceptées. ^
Publius Viélor comptoit de fon tems dix-neu
bafiliquts dans Rome , & Fon fait qu il en eto.t
tombé deux avant le tems oú il écfivoit. Le
B A S
nombre ne doi: pis étonnerj parce qii'i! y avoít
une ^^iHiquc joinre á chaqué /¿rü.T? ^ aSn que Ies
inar.íh-árs puílént s^y re'tirer pendant Ies tems
plavieux. Le nom de hafilique remplaca méme
que'quefbis celii! At fori¿-n ; de maniere que par la
vajiLique de Kerva^ de Trajanj Scc. c’eft leurs
fcrum qa’il faut entendre. 11 ne paroit pas que
je contraire íoít jamais arrivéj c'eíl-á-dire , que
Ton ait déflgné quelcue hafilique par le nom de
forum.
C'étoit dans Ies bafiliques que Ies centumvfrs
& les tribuns rendoient la juílice. Fline ie jeune
nous a confervé la maniere dont on étoit place
dans ces bátimens immenfes. Les juges fe par-
tageoient en quatre compagnies ou tribunaux ;
autour d’eux fe piaqoienr les jiirifconfulres &: les
avocarsj & de nombreux auditoires les entou-
roienr. Le reíre de la hafilique & récage fupé-
rieur étoient remplis d’hommes & de fesmes,
qui re pouvoient que voir rendre les jugemens ^
étant rrop éloignés pour Ies entendre {epifi. vi.
33- 3.) : Sedebant judices centum & o Bogiata q tot
enim quatuor confiliis conficribumur q ingens atraque
advocatio ^ & numerofa fukCeUia q pr&tered derfia
circumfiantzum corona latijfimum judicium multi-
pl::¿ Circulo amhibat. jld hoc fiipatum tribunal ¡
a'que etiam ex fuperiore hafiUcs. parte , qudfKmin.& ^
qua viri , & audiendi , quod erat dificile ^ quod
fiadle , vzfiendi fiudio imminebant.
Le nom de hafilique a eré confervé parles Ro-
mains modernes. lis ne le donnent plus á des
falles de juíliccj mais aux principales églifes de
ieur ville.
par
La hafilique de Sainte - Agnés fut bárie
Ccnilantsn ^ hors de Fenceinte du Vimina!.
ÍjZ hafilique Alexandrine fut bárie par Alexan-
dre-Sévére 3 ^ntre le champ-de-Mars & les fspta
ü'Agrippa. Elle étoit longue de müie pieds ro-
mains anciens^ large de cent pieds , &: portée
entiérement fur des colcnnes. La mort trop
' prompte d'Alíxandre empécha de la voir finir.
Lampride , ( Akx.-Sév. c. 16 ■ )
La kafij.ique Antonine étoit placee j felón Yic-
tor ^ dans la neiíviéme región appelée le cirque
de riam'.mus. On croyoit autrefois que la douane
de terre étoit conítruite fur fes ruines ; mais Kar-
dini a refuté victorieufemenr cette opinión j &
il affure que c’étoit un temple d'Anronin j &
non Ta. ha^lique.
La bnpblique des Orf hvres ^ hafilíca argentaría,
On en ignore la iituation. Paullus ( leg. 32 , í. 4.
de aur. leg. ) en fait mention. Cétoit un báti-
ment vouté, foutenupar des colonnes & entoiiré
de boutiques d'orfévres.
La hafilique Bafiellaria. Viélor Tappalle vaCed-
earfi, d’autres vdfiellaria. On en ignore la íi-
tüation.
fifi-p. hafilique de Calus & de Luciiis , fils adop-
tus d Auguíle , fut bátie en Ieur honneur par ce
prmee , ainf que fon portique. Queiques - uns
B A S 431
veu.ent la reconr.oítre dans les ruines d’un báti-
vqúté qui font placees entre
1 ega.e de fainte-Eibiane j & les inurs de Rome.
L^ríi.ni n eít pas ce cet avis j paree que ces ruines
n ont aucune analogie avec ia delrription que
\ icruve nous a lailfée des bdfiliques q S¿ il croit
qud^faut la chercher plurót dans Ies reftes du
temple de la fortune virile ^ auorés de laoueíie
on a trouvé Ies inferiptions fuívantes v sravées
fur des pierresde r'efpéce appelée rravírtM
C. CAESARI. AXJGUSTí. F
PONTIFICI. eos. DESIGNATO
PRINCIFI. JÜVENTÜTIS.
Et Tautre :
í. CAESARI. A-ETGUSTI. F
AUGURI eos. DESIGXATO
PRINCIPI JÜVENTÜTIS.
La hafilique de Conftantin fut bátie par cet
empereur ^ dans la quatriéme région appelée du
temple de la paíx. On la'nómma depuis ia éafi-
lique du Sauveur , & elle a été remplacée par la
hafilique de S. Jean-de-Latran.
_ La hafilique de la Croix fut bátie par Conílan-
tin 5 á rextrémité de la colline des Efquilies.
La hafilique Flofcellaria. Viñor r.appelle fdíi-
celli d'autres fiofcelli q Se c'eíl tout ce que
Ton fait de cette hafilique.
La hafilique Fulvia fut bátie par le confuí Paul-
las ^ fur le forum ^ s roppoíite de fendroit oa
fut depuis conñruite la hafilique Julienne. Elle
étoit magnifique, & avoit coúté 1500 talens
envoyés des Gaules par Ctfar.
La hafilique de faint-Jean dans le palais de
Latran , fut bátie par Coníiantin , fous ñora
de hafilique du Sauveiir..
La hafilique Julienne étoit bátie fur ¡e forum ,
auprés de la ílarae équeílre de Dominen, qui,
placee dans le milieu de cette place célebre /re-
gardoít le^palais des Céfars, au bas duque! cette
hafilique étoit bátie. Vitruve qui en avoit été
Tatchite-fie , nous en a laiífé ía deferipdon (v.i.).
Les centumvirs y jugeoient les caufes qui étoient
de Ieur reifort. Pline {epifl. v. 11.). Defcende-
ram in Bafilicam Jaliarn auditurus , qaibus pró-
xima comper endinatione refpondere deberem. Sede-
hant judices , Centumviri venerant , obfervaban-
tur advocad. Les magiilrats qui rendoient la
juítice dans cette hafilique , fe divifoient en quatre
comités ou tribunaux, comme nousPavons vu
dans un paíTage de Pline , cité plus haut. ■
La hafilique de S. Laurent fut bátie par Conf-
tantin , hors de la porte des Efquilies.
La hafilique ce híarciane , foeur de Tra;an ,
fut élevée par cette princelfe , dans la neuviéme
région appelée le cirque de Flaminius.
On vovoír dans la méaie région une hafilique
de Maíiüíe , niece de Trajan, & filie de Jíarciane.
43 s
B A S
La bafdlque de Neptune prit fon notn d’un
temple j ou d'une ftatiie de ce dieu.
La bafilique d’Opiinius étoit dans le forum ;
les centumvirs y jugeoient des caufes de peu
d’imoortance.
La bajilique de Paul-Emiíe j eft la méme que
celieappe'éeplus hant Fulvia.
Les bafiliqucs ái. S- Fierre & de S. Pauí_,furent
báties pSr Conilantin , toutes Ies deux hors de
Rome ; i’une fur le Vadean ^ 8c Tautre fur le
chemin d'Oí'tie.
La bafiUqae Porcia etoit contigue á la Curie j
& elle fouffrit beaucoup dans rincendie qui con-
fuiría ia Curie j, lorfqifon brula le corps de CIo-
diüs, dans le forum. Les tribuns du peuple y
teacient lears féances. Le nom de Porcia luí
fut-donné á caufe du confuí L. Porcius, qui la
bátit avec fon coüégue P. Claudius , Tan yéó de
Rome. Elle touchok á la Curie j mais elle étoit
fituée fur un terrein plus bas.
hzhajíliqüe du Sauveutfut batiepar Conñantin;,
dans le palais de Latran.
La bafilique Sempronienne étoit placee á Toc-
ddent du forum , dan.s Tinterfedion de la rué
apoelée Thufeus 8c du Vélabre. Elle prit fon nom
de T. Sempronius qui la íit batir fur le terrein
de Fancienne maifon de P. •Scipion FAfricain.
Comme cette bafilique étoit entourée d’ouvriers
en laine & de marchands , on y jugeoit les cau-
fes rélatives au négoce.
La bajiliqae Sejforietim devint Féglife de Sainte-
Croix de Jérufalem.
La bafiiique de Sicinius étoit placee dans la
cinquiéme pégion , ceile des Efquilies. On voit
que Féglife de Sainte-Marie-Maíeure en a pris
la place. Comme il y avoit une boucherie ( ma-
cíllum') fur la colline des Efquilies, on peut
croire que cette bafdiajie étoit deítinée aux juges
des caufes relatives á cet établiíTement pubiie.
.La bafiiique de Trajan étoit bátie fur fon
forum, Lampride en parle dans la vie de Commode.
BASILISQüE , empereur grec. Basiliscüs
Augustus.
Ses médailles font:
RR. en or, 8c RRR. avec fa tltej fon nom
P- celui de fon íils.
RRR. en argent.
O. en B.
EASILISSA , reine : nom fous lequel Venus,
étoit honores par les Tarentins.
BASQUE. ( tamboiir de '). C’eft le tym-panum
des anciens , celui que portent ordinairement
Cybéle, les Bacchantes 8c les danfeufes des pein-
íures anriques- 11 eíl piat, garni d’une feu'e peau ;
Zí Kois qui la porte , a trois ouquarre pouccs
de hauceur. V oyeq_ Tameojjr..
BAS-RELIEFS. Voye^ Reíiefs ( has ).
BaSSARá. Bassae.ís.
BAS
BA.SSAREUS , furnom de Bacchus, pris, felón
les uns , de Baffarus , boiirg de Lydie , oü ii
avoit un temóle j ou felón d'autres , d"une
forte de robe .iongue , appelée bajfara &' bafaris^
que Eacchus avoit couturae de porter dans fes
voyages. DVurres philologues dérivent ce nona
du mor gctc jsbCjív , crier; á caufe des hurle-
mens 8c des cris que faifoient entendre fes prc-
tres Se fes fuivans.
BASSARIDES , nom q^on donnoit aux Bac-
chantes, comme prétreíTes áeBícchns-BajTarus ■
elles étoient alors vétues.de longues robes, faites
de peaux de loups , de renards , de iinx ou de
panthéres. On a voulu dériver auffi ce nom d’une
efpéce de chauffure des Lydiens, qui fe fabri-
quoit a Bajfarium , ou Baffarus , ville de ieur
contrée.
BASSARIS. Robe longue que Eacchus avoit
portée dans fes voyages , Se que les Bacchantes
portoient á fon imitation. Stace la décrir comme
une robe tres- ampie 8c traínante , ornee de filets
ou de fleurs d’or. ( Ackill. i. i6i. ) ;
Si decet auratá Bacchum vefiigia palla
Verrere.
Eacchus paroít fouvent vétu de Izlaffaris , fur
Ies monumens antiques. On le voit ainíi habillé
fur un beau vafe de marbre du palais Earnéfe ,
& fur un plus grand de la méme matiére , con-
fervé au cabinet d’Herculanum. II paroít méme
plus fouvent de cette maniere fur les pierres gra-
vees Se fur Ies vafes de terre cuite. Lepluspré-
cieux de ces derniers , eíi gravé dans la coüec
non d’Hamilton , & efi: confervé dans le palais
de Porcinari, á Kaples. 'On y voit Bacchus avec
de la barbe , couronné de lauriers, 8c vétu d’unc
robe élégamment brodée.
B A S S I N , fiagnum. II paroít que le balfn
d’Ágrippa étoit dans fes jardins, plutót qu’au-
de!á du Tibre, oú le placent quelques écrivains
modernes. G’eíl; fur ce bajfir, que Nerón fit conf-
truire un radeau, qui portoit une rabie fervie
avec des convives , 8c que d’autres bateaux trai-
noient pendant le repas. Tacite {Anual, xr-, 37. 2.).
Nerón fit conñruire un bafiu ou une nauma-
chie auprés de Famphirhéátre de Flavius; peut-
étre dans le terrein bas qui fe trouve entre cet
amphithéátre , Ies Efquilies 8c la parné fepren-
trionale du mont C csliiis. I! en fit conítruire un
autre dans ia valiée du vatican. Tacite (Anu. xir-
14. 3.)
B AS SUS , furnom des familles
8c Ueíztivia.
EA-STA , en Italie. rYBASTEiNí2M.^ ^
Les médailles autonames de cette ville font:
RRRR. en bronze. (Pellerin).
O. en or.
O. en argeat.
Bástago
B A S
BASTA G A.}
B A S T A G -ff. ^ On déíignoit dins !e bas-
BASTAGARII.y Empire un poids , une
charge, par !e mor bafijiga. Herychius dit,
fiíics. Baftags. défignoir une charge ou impoíi-
tion publique , par iaquelle on écoit contraint
de tranfporter des eíFets^ des fardeaux des
grains ^ &c. deftinés pour l'empereur , ou pour
quelque approvifionnement public. ( Cod.lcg. 3.
He C ohortalibiis ). Perfonne n'en étoit exempt ^
ni ¡es oíBciers de Pempereurj ni les ecdéñaf-
tiques. {Ibid. leg. 3. ). Ceux qui faifoient ces
tranfports , s^’appelo'ent bafiagiarii. lis étoienc
fous Ies ordres de cinq chcfs qui obéiíToien!: cux-
mémes au comte des LargeíTes. Uofficier appelé
Tertiocerius ^ indiquoit Pordre & la nature de
ces tranfports ^ & Pefpéce des chofes qudl fai-
loit tranfporter , telles que le bled pour I'appro-
viuonnement- de Confian tinople , ou l’argent
du íifc.
BASTERNEj hafierna, vient du grec je
porte. Cétoit une voiture dont fe fervirent les
dames romaines , comrae elles avoient fait da
carpentiLm , ou chatiot couTert. Le fcholiañe de
Juvénal (ir. zi,), nous dit qu'ellc fembloit
étre réfervée aux femmes feules : efi bafierna ve-
hiciilum unde fpeculabaiitiír matrons.. On ne peut
donner une meilleure idée de la baflerne , qu'en
la comparant á nos lideres, voici la defcription
qu'en fait un anclen poete dans une épigramme
de la colleétion de Pithou , ( i. edit. Lugd. ) :
Aurea matronas claudit Basterna púdicas ,
Qua radians patulum gífiat utrumque latas :
Hanc geminas portat duplici fub robore burdo ,
_ Provekit & módica péndula fepta grada.
Provzfum efi cante , ne per loca publica pergen^
Facetar vijis cafla marita locis.
On volt par-lá qu’elle étoit portée , & non
trainée par deux mulets appelés burdones ou
manni. De-lá vient qu'il faut lire dans les glofes
d’Iíidore : Bafierna teña mannalis , & non ma-
naalis. Cette derniére lefon feroit confondre la
bafierne , avec la chaife á porteur des anciens ,
leclica , qui étoit portée par des homines.
La bafierne étoit fermée entiérement , ce qui
la fit appeler cavea. S. Jérome , ( ep. zz. ) : prs-
cedit caveas baflernarum ordo femi-virorunz. Elle
étoit garnie de couffins , mollibus ftramenvs com-
pofita 3 dit Ifidore. Ses ouvertures étoient fermées
avec des feuillets de la pierre appeiée fpécu-
laire 3 le tale j ce qui les- faifoit briller á la lu-
miére , radians latas.
BASTONADE. C’étoit la peine des efclaves.
Elle étoit auffi en ufage dans les camps , oü les
Centurions portoient un báton de vigne , pour
Karque de leur dignitéj & ca frappoieat Ies
Antiquicés , Tome I.
-Oi3.ats ¡ents ou pareíTeux. Ce chátiment ne déf-
honoroit pas , cotnme le dit exprelTément Pline
1 apelen (xir. 1. y ; Centarionam in mana vitis ,
opirno premio tardos ordines ad lentas perducit
aquilas : atque etiam in deliciis peenam ipfam ko-
norat. On doit foigneufement diílinguer cette
bafionade , du fupplice des bátons , fuflaarium ,
qui étoit infamant & qui emportoit la mort da
loldat coupable. Voyeq^ Eaton ; Se du fupplice
des verges ou du fouet , fafligatio , qui étoit la
punition propre aux efclaves.
BATALES. Nomd’un joueurde flúted’Ephéfe3
qui fe fervit le premier fur le théátre d'une chauf-
fure de femnie. II exercoit d’ailleurs fon art d’une
maniere molle & efféminée ; de - lá vint qu’oit
deíigna par fon nom Ies hommes de ce caraáére.
Les ennemis de Démoílhéne lui prodiguoient les
injures3 & en particulier le reproche de molleífe,
en Pappelant Batalas.
BATARD. Voyeq^ le Di(3;ionnaire de Jurif-
prudence.
BATARDEAU- Nous voyons dans Vitruve
3.)3 que les Romains conftruifoient des
batardeaax pour fonder des piles de maqonnerie
ou des digues. lis formoient dans l’cau une en-
ceinte de pieux qu’ils entouroient de fortes plan-
ches 3 St ils épuifoient enfuite l’eau qui étoit ren-
fermée dans cet efpace. Ils les appeloient ares,
aquariñ.
BATEAU. Voyei Barqüe.
BATELEUR. Voyeq_ CHARLATAN.
BATELIER 3 celui qui conduit des bateaux
fur les riviéres. II y avoit á Rome une com-
pagnie de bateliers pour la navigation da Tibre ,
collegium nautaram Tiberis. Paris avoit un pareü
établilTement 3 comme ii paroit par un monument
du tems de Tibére , trouvé en creufant , vers
le commencement de ce ílécle 3 Ies fondemens du
maitre-autel de i'églife de Notre-Dame j fur le-
quel on lit ; naate parzjiaci.
BATH 3 mefure de capacité de TÁÍie & de
I’Egypte. Voyeq^ Ephad.
B.ATHIM 3 mefure de capacité de rA.5e & de
l’Egypte. Voye-^ Mstretes.
BATHOS 3 vallen d’ .Arcadle 3 íirué aux envi-
rons & á la gauche de l’Alphée. C’eíl ainíi que
Paprelcient Ies gens du pays. Ils y célébroient
tous les trois ans les myitéres des grandes df effes.
On y vovoit la fontaine Olympias 3 qui 3 difoit-
on 3 étoit á fec de deux années Pune 3 & dans
levoifinage de Iaquelle des tourbillons de ftarame
fortoient de terre. Ce fur-lá 3 fe'on les Arca-
diens , & non auprés de Pelléne en Thrace , ove
les géans conibattirer.t conrre les dieux. C’eit
pourquoi ils facriSoient aux rempétes , aux
éclairs 8E aux foudres. La ville de Baíllie éroit
íituée á dix Hades de ce vallen.
B ATURA CISMUS. Bulcngerus , dans foa
li i .
434 B A T
Traite des théátres des ancienSj dit que !e ha-
thracifmas étoit une partie de ia !yre ^ qui imi-
toit le chant de la grenouille , appelée en grec
piiis vraifemblable que c’étoit
une maniere particuliére d’en pincer les cordes.
ba©y'maaaos , lame épaifíe ot coiirte.
SAGYSTAOTNTESj vétus de robes icngues V.
Thessaliens.
BATHYlLüS. Alexandrin célebre parle haut
degre de petieítion oü i! porta Tart de la pan-
tomicne. ií vivoit lous Auguite , & étoit cheri
ce .Mécéne. Le détaii des fujets de fes pan-
tomimes embraíToit tout ce que la nature ^ ¡a
fable & i'hiíloire renfermoient ; témoins les
amours de Leda & da Cygne : ce qui furpaífe
ioute croyance.
BATHYLLICA. II y avcit une danfe de ce
nom , exécLitée par des hommes & des femmes ,
en i'honneur dApsilon & de Diane.
EATL4CE j vafe á boire , en ufage chez Ies
Feries. Uiphilas i’appelle ^c.TiáK-^ & fhilémon ^
sité par Athenée ( .yj. &■. 484. ) ^uTt¿<,>uci. Arif-
tote , dans‘ fon Recuei! irititulé dz MirabUlbus ,
dit qu'ii y avoit dans Jes índes une efpéce de
ctuvre íi bríllant ^ íi pur & íi exempt de rouüíe j,
qu'on ne pouvoit le diñinguer de For par la
eoüleur feuíe. II ajoure que le tréfor de Darius
renfermoic pluíieurs vafes de ce métal appelé
batiace , Se qu’ii étoit iinpoffible de le diñinguer
de For , autrement que par Fodeur.
Cette efpéce de cuivre dont étoiení fabriqués
les batiaces , avoit la méme couleur que For ^ &
E°en diíféroit que par Fodeiir ^ c’eñ-a-dire, par
ceüe qai accompagne touioars le cuivre. 11 eñ
facíle aprés cela de la déterntiner. On fait que
For des anciens étoit plus pile que le notre j
parce qiFüs Fallroient avec Fargent qui le blan-
chit j & qiFau contraire c'eñ avec du cuivre
que nous faifons cet ailiage ; d’oú vient a notre
©r fa couleur rougeátre. Arnii , ce cuivre étoit
d'an jatina palé, Sr confervoit fon odeur propre.
A ces deux caractéres on peut reconnoitre le
laiton , ou le cuivre melé de zinc. Le hafard
avoit peut-étre ftít rrouver dans les Indes une
mine de cuivre accompagnée de calamine ou
chaux de zinc ; 6c de-!á fertoient les batiaces.
^ BATILLUS , efpéce de réchauJ poftatif fur
lequel on bruloit des parfurnsg Se que Fon por-
toic par honneur devant les magiñrats de Rome.
Horace ( i. Sat. j. v. 34. ) fe moque du gref-
fier de Fondij AuHdiiis Lu.ñus , qui étaloit cians
cette petíte ville les mémes honneurs que Ies pre-
tniers magüínts de Rome :
Fundos Aufidio Lufeo Pri-lore lihenter
Linquimus , i.-.fa.ii ridentes -pr&mia fcrlhsL ^
Fr&textam & latUTyi cla.'vum j^ruTi&Qiie . hatzllum,
BATIOLA 1 vafe a boire qui étoit queiqus-
B A T
fois d’or. Plaute {Sdck. v. 4. 12. ) batloús bt~
bunt : & Flautus Colace dans Monnius (xv.
batiolam auream oño pondo kabuit...
BATIMENT. ") Voye^ le Diciionnaire d’ar-
B A T IR. j chiteéfure.
BATO. Voyez GL.ADiATEüR-Pamjf/L
EATON 5 écuyer d’Ainphiaraüs ^ qui fut en-
glouti avec fon maítre ; on lai rendir un cuite:
dans le temple de ce demi-dieu. P". Aivíphia-
RAUS.
Bato x. La peine du báton , fiifiuafium ,,
n’étoit en ufage que pour ¡es foldats & dans les
camps. Poiybe la décrit ainíi ( 3,r. ) « Le
tribun faiíit un báton. & en frappe légérement le
coupable. A Finñant , tous ceux qui font dans
le camp tombent fur lui armes de bitons & de
ierres , & FaíTomment le plus fouvent dans
enceinte du camp. Si quelque coupable parvienc
á s’échapper 8c á franchir Ies limites du camp ,
il n'en eíl pas moins miférable : car il ne lar
eñ pas permis de retourner dans fa patrie ; 8c ¡i
eñ défendu aux íiens de le recevoir dans leurs
maifons ; de maniere qu'on doit regarder comme
morts , tous ceux qui font condamnés au fup-
plice des bátens. Les hiñoTÍens romains- nous
fourni|íent pluíieurs exemples de foldats punís de
la forte. Hirtius ( de Bello Hifpanico , c. zj. ) ,
parle dñm foidat qui périt fous Ies hátons ,
pour avoir affaíGné fon frére dans le camp,
bolabella , foas le régne de Tibére condamna
chaqué dixiéme foidat déune legión déshonorée,
á rnourirpar ce fiippüce. Tacite Anual, til.,
zi. I.). 11 V avoit cuatre crimes principaux pour
lefaLTels on faifoit rnourir' fous fes hátons. Cé-
toient 1°. le vol dans le camp; 2° Je faux-té-
moígnage ; 3^’. le défordre des moeurs; 4°. une
faute deja pirnie légérement trois fois.
Eaton coiirbé des bergers. ")
des divinités champétres. % U Pedum,
des acteurs comiques. 3
Baton augural. Vbyeq_ Lixocs.
- Baton. Les chantres qui parcouroient la
Gréce en répétant les poemas d’Hoinere , fu-
renr appelés Va-\>ah¡, ou r.ipfjdcs ; parce qu'ils
portoient un báton rouge en chantanr Filiade ,
Se un jaune en chantant FOdyíTée.
Le báton noueirx & la befaca devinrent Ies
attributs diftínétifs des philofopiaes grecs & ro-
raains , 8c des Cyniques en particuüer.
Batons ( divmation par les) Voyeq_ Rabdo-
MAiNTIE.
Batons (fétes de.s). La féte.des hátons , qu ou
avoit nxée en Egvpte á Féquinoxe de ¡ automne,
étoit probablement ía méme que ceile de Papre-
mis dans le Delta, ou Ies dévots fe livroient
une efpéce de combat avec des perches ou des
hátons. Hérodote dit en avoir eté témoin ;^mais
oíi iui aífura quil iFy avoit jamais eu pcriCPOC
B A T
cene folie, quelque grande, quelque
reprei.eníjole qu elle ait écé , ne doit cependant
point erre miie en ^ parallele avec les combats
de g¡adiateurs romains. Pav/ ( Recher. íur les
^SJP^- Iss Ckinois , il. p. i8j.
, dans la Marmatique.
j^ctre ville a fair frápper una médaille impé-
tiaiC grecque , en 1 honneur d Hadrien , avec une
cpoque, mais fans nom de lieu. On la reconnoít
feulemenc á la grenouiile, qui fert de type.
^ SroaartJj, LacédémonienSjfurent,
felón Fiine (/.lé. c. j.) ^ deux hábiles architeñes
fous ,e d Auguíte. lis conííruilirent entre-
aarres édínces , -un temple confacré á Oéiavie ,
& enti-uré de poruques. On ne leur permit pas
de inettre leurs noms á leur ouvrage. Ñe voalant
pas cependant perdr-e la gloire de cette conirruc-
-tion lis placéi-enr dans diíférentes parties du
temple un grenouille & un lézard , qui les dé-
iígnoient par une ailuíion J leurs noms grecs j
/é:^ard.
Winkelmann ayant vu ces deux fymboles fur
la voiute d un chapiteau ionique , á S. Laurent ,
fiors des murs de Rome, le reconnut poiir un
ouvrage de ces deux célebres architecies. Mais
on a trouvé depuis lui, dans les fouilles faites á
Jivoh par ordre de Pie V;i, une rofaíTe dune
beile execution , fur laquelle on voit un lézard
avec une grenouille & une abeiile , embiémes des
deux architeéles Lacédémoniens; ce qui nousap-
prend qu ils travaiüoient auiTi á la maifon de
campagne de Caflms, ddú on a tiré la rofaíTe ;
& que la défen:e de mettre leurs noms ■ fur
leurs ouvrages, nétoit quune fable pooulaire ,
puifqu lis n’auroient pas cherché a les remalacer
par des fymboles, fur un bádment daaCi ca-
tite importance.
BATTERIES des anciens. Voye:^ Agger. La
colonne Trajane nous en montre pluíieurs' qui
reflemblent a nos batterles de canon. L'épaule-
ment ou les merlons étoient beaucoup plus ele-
ves que ceux des nótres ; parce que la charptnte
de quelques-unes des machines empioyéeí aux
lieges & que Ton renfennoit dans ces aggeres
etoit fort baute. lis y pratiquoient auíTi des
embrafures , comme ou le voit íur cette méme
colonne.
BAxTOLOGIE. Battus.
BATTRE la mefure. Les andens , ditEurette
battoient la_ mefure de pluíieurs manieres.- La
plusxirdinaire ccníiftoit dans le mouvemenr du
Díed , qiii s'élevoit de ierre & la frappoit alcer-
naaveme.nt, felo^n la mefure des deux tems égaux
ou megaux. Gétoit ordinairement la fonclion
QU maitre de m'dÜQne , zpptU Corypkée^Yi,, véceles,
parce quil étoic place au milieu du choeur des
muiiciens , & dans une fituation éleyée , pour
erre vu & entendu plus faciiement de toute la
íioupe. Ces batteurs de mefure fe nommoient ea
B A V
455
^ ^ £ caufe du bruic de
k- í; ^ , á caufe de Tuniformic-é ,
3 de li monotonie da
lis ^-‘■íoient toujours a deux rems.
Es sappeiOient en latín pedsrli , podurii , pedi-
g^X' /'X” ordinairement diar-
ou de X Ta- cu í-andales de bois
mínv ! a rendre la percuíFion rvíh-
m que plus eclatante , nommées en grec ,ofoí,etZt^.
& en latín pedicula , J'ca-
beha, Sca-eiiium ( ce mot. ), parce
qu i.s reíLmoIoient á de petits marche-pieds ,
ou a de petices efcabelles. e ^
Le ancie.ns battoier.t la mefure non-feulement
avec le pied , mais auíTi avec la rnain droite .
Gont US reunuToient tous Ies doigts pour frapper
üans le crep de la main gauche; & celui Xi
marquoit ainíi le rythme , sappeloit manuduc-
tor_. Olí manudoBor. Outre ce ‘claquement de
mam & le bruic des fandales , ils fe fervoient
encere pour battre la mefure , des coquilles , des
^CaiLes Q buitres & des oífemens d’animaux , que
on^trappoit les uns centre Ies autres, comme
‘'o j>'' des caííagnettes , du trian -
gle & d autres fembkbles iníímmens.
BATTUS , vieux berger de Kélée. Mercare
ayant vme Ies otEufs d’ApoIlon , Batms feu! vit
xaire ce larc!n,& <1 promit de n'en ríen dire,en re-
cevant une petite récompe.nfe. Mercare , pour
eprouver la ndelité, fit fembíanr de s'éJoigner j
& ctant revenu un moment apres fous une autre
ngure , mi demanaa des nouvelles du vol , ea
lu! offrant une plus grofle récompenfe : Battus
reveía le fecret , & il fut changé en pierre-de-
touche, qui porte le caradlére de ce fourbe •
car aucun meta] ne peut la toucher, qu’elle né
decouvre auííi-tot ce qu’il eíL'
Sattus vé^étz jufqifá deux fois á Mercure
degul. e , le nom de 1 endroit oú ce dieu avoir
retire Ies boeufs volés : de-lá vint , dit-on , le
nom^de _Wípo-zí donné aux difcours remplis
de repetitions mutiles & de fuperfluicés.
■ ^"/Tus, forti de Tifie de Théra , auprés de
j une colonie dans cette patrie
de l Afnque, appelée depuis la Cyrénaique , & il
V fonda le royaume de Cyréne. Les peuples
de Ja ^yre.naíque luí rendirent, aprés fa morr
les honneurs divins & lui élevírent des tem.plest
Battus , roí de la Cyrénaique. ea.
Ses médailles font:
RRRR. en or.
RRR. en argent.
O. en bronze.
E.-iY ( Epifemoti ). V -yyeg^ EpisEMES.
BAVAY, ville da Hainaut, trés-ancienne &
celebre par fes beaux reftes dknti-uités Les
prmcipaux font ia pierre-a iept-coins, les chauíTées
I i i ij
43 ó B A V
Eiilitaires les aqueducSj les tnertneSj les cloa-
ques , les cirques Ies amphithéátres , les tem-
ples/les palais , le champ de Mars, les tom-
beaux:, les épitaphes , les puics ^ les fouterreinSj
les llames j les médailles , &c. ; tout prouve que
cette ville j aujourd’hui fbrt petite ^ écoit aucre-
fois auffi éteudue que florilTanre , & que fon
origine remonte á la plus haute antiquité.
La pierre á fept coins pofée aujourd’hni au
milieu de la place j fut fubíliruéc dans le trei-
zieme íiécle a une aurre plus ancienne & d une
clévation extraordinaire. A cette pierre corn-
mencent ou viennent aboutir fept chemins rrd-
licaires ^ vulgairement appelés- ckaufjées Brunekaut :
le premier fe dirige vers la ville de Mons , au
nord-eíl : le fecond vers celie de Tongres , ou
vers Ies peuples Aduatiquef , á f orient ; le ttoi-
liéme vers Tréves au fud-eít : le quatrieme
vers Rheims , au midi : le cinquicme vers Soif-
fons j au ñid-oueft : le fixieme vers_^Cambrai ^
ehez \cs- Morí n.s , á Foueíl; & le feptieme enfin ^
qui fait une fourche , vers Gand & Tournay j
au nord.
Les habitans de Bavay appellent murs des
Aldus , les relies du bel aquéduc qui amenoit
de Feau de ciiiq lieues de diílance , depuis Fiour-
£e & Avefne. Elle paíToit fous la Sambre ^ re-
iRontoit par des tuyaux de plomb ^ dans un chá-
leau d’eau ^ & couloit ainfi fur des colonnes maf-
fiv'es j appelées vulgairement les tourndles , qui
fe communiquoient Feau les unes aux autres ,
par le moyen d'une voúte fupérieure ^ fur^laquelle
ctoit le canal pavé de terre cuite. A Fembou-
chirre de cet aqueduc, on remarque encore les
veíliges des bátimens fpacieux & magnifiques qui
fermoient les thermes. Les bains étoient pavés
de pierres bleues trés-polies & d’une gmndeur
extraordinaire. Les cloaques qui formóient les
décharges des eaux de ees bains ^ fervent aujour-
d’hui de caves au habitans de Bavay.
11 y avoit dans Fenceinte des vieux murs ruines
de cette ville j un fuperbe monument erige en
Fhonneur de Tibére^ lors de fon arrivée á
Bcvijy : les ftatues de cet em^ereur &-de Liyie
fa mt-re^ en niarbre blanc ^ y étoient placees
avec Finfeription fuivante : Tiberio Csfarz , Au-
gujii filio 5 divi nepoti , adventui ejiis , facrum koc
Cnciis Liciniiis caravit fi.eri voluntarios navos (pour
voluntarias navas ). Cette infeription eiTcaílrée
dans la muraille qui enmure la raaifon des Ora-
toriens , ainlí que les deux ílatues placees aux
cotes de la grille , atteílent Fentrée trioraphante
de Libére ^ Bavay , vers Fan 12. de Fére ehré-
tienne. Car 1°., Libére dans cette infeription ,
n’eft poinr aor-elé Tiberius Claudias Tí ero, mais
Tiberius Cafar. Ainfi , ce fut aprés fon adoption
par Auguíle , & conféquemment aprés la mort
de Caius 8e de Lucius Céfar , fiís d’Agrippa ,
cui avoienr été adoptes avant lui. z®. Córame
ji n-’eñ poinr nommé Augafie , mais íeulenaear
B A U
Céfar, on a droit de conclure que c’étoit avant
Fan 14 ou ce prince paivdnt á Fempire. 3®. enfin,
Finfeription n’eíl poinr Divi filio , mais Aagujii
filio : ainfi , Fépoque de Fentrée de Libére á
Bavay, doit tomber avant Fapothéofe d’Augufte :
en eífet, on voir conllawiment fur les médailles
de Libére , aprés cette aporhéofe , Tiberios Cafar,
divi A.M.gafti filias Augiiftus.
BAUBO. Voye'^ Stele.
BAUCALIS. \
BAUCALIUM. f
BAUCIS. La fable de Philémon &c de Baucis
étoir un de ces événemens que les anciens ra-
contoienr , pour prouver que la yertu de^ 1 hof-
piraiité étoir toujours recompenfée. Júpiter &
Mercare parcourant la terre lous la figure hu-
maine , f.irent rebutes par tous les^ habitans d un
village de la Phrygief ou ils pafserent; la feuie
cabane de Baucis 8c de Philémon_ leur fut _ou-
verre : c'écoienr de vieux epoux quicompoioient
feuls
toute leur famille & tout leur domeilique ,
& qui vivoient heureux cians leur pauvrete. lis
firent aux dieux le meiileur accucii dont ns fu-
rent capadles , fans reconno'itre leur dignité. A
la fin du repas, les hotes s’annoncérent comme
des dieux. íls emmenérent enfuite les vieillards
fur une haute mentagne voifine du hameau , 8c
leur dirent de regarder derriére eux. Pnileraon 8c
Baucis virent tout le village fubmerge , excepte
leur maifon , qui fe changea en un magnifique
temple- . ,•! j r •
Júpiter ayant voulu favoir ce qu t.s deiiroient
pour récompenfe de leur fidelité , i_U_ne deman-
dérent autre chofe que d’étre les minnires de ce
temple , & 'de ne pas fe furvivre Fun a I aurre.
Leurs voeux furent exaucés : lorfqu ils rurCiit
parvenus á une extréme vieilleiTe , ils nirent me-
tamorphofés en méme tenas , Baucis en tilíeul»
& Philémon en chéne.
La vieüleífe de Baucis paíTa en proverbe , «
Perfe fe fert de fon nom ( Sat. 4. v.^l■ ) ,
déígner une vieiile marchande de plantes. odo-
férantes ;
Dum ne deterius fapiat pannucea Baucis ,
. Ciim bene difcincio cantaverit ocyma veras..
BAUDOUIN , premier du _ nom & premier
empereur fran^ois á Conílantinopie.
On ne connoít poinr de médailles de cet e . -
^ Baudouik II. Cinquiéme & dernier de*
empereurs francois á Conílanti.nople. ^ ,
11 ne paroit pas que Fon ait frappe de
daillcs pour Baudouin II.
BAUDPLER , balteus & cingalum ;
confondit dans les tems
mors, qui défignoient deux parnés
Farmure des foldats. Les figures grecqu
B A U
íeprérentent des perfonnages que Toa fuppofoit
av’oir vécu dans ies tems héroiques , portear
leurs épées fufpendues par une courroie fem-
biable aa baudrier moderne , mais plus courte.
Céroit fans doure le , trés-diíFérent du
ceinturon , Zí',k¿ , qui fe aiettoit autour des han-
ches , des reins áe’ du ventre. Cette diftinaion
sVyanouic bientót^ & Ton ccnfondit fouvent
le biiudrier & le ceinturon.
Virgilej qui cherchoit á peindre les mceurs des
tems héroiques , Fa confervée dans quelques
endroits de’FEnéide ( viii. ) :
Tum lateri atque kumeris Tegtí.um fiibligat cnftm.
Et (' xiu 941.
Humero cum apparuit alto
B alteas , & noús falferant cingula ballis.
Ce versfemble calqué fur le cent trente-cincuiéme
du il. Livre de Flliade , ou Homcre parle d'une
épee qui étoit fixée aupres des ¿paules a une
courroie , avec des cloux argeatés. Déla vient que
les épées font appelées par Yirgiie ( S.nei¿. x.
496.):
Immanis pondera baltei.
Au tems ou écrivoit líidore j on ccnfondoit
\tbaiidrier & le ceinturon : cari! áonne le premier
nom indiñinftement aux deiix parties de Far-
mure qui foutenoit les épées. (x/x. 53. ):
Balteus diciiar non foliim quo cingimar , fed ctiam
a quo arma dependent. Dans le méme endroit íi
dit expreíTément que le balteus ctoit appelé cthi-
turón du foldat:, á caufe des marques .partica-
liéres qui y étoient placees , & qui déíignoient
entre les nombres fix mille lix cencSj qui formoient
la légion , celuí du Toldar : balteus dngulum mili-
tare efl dicius , propter quod ex eo figna dcpen-
dent, ad demonflrandum legianis militaris fummam,
id eft , fex m.iUium fexcentorum ex quo numero
il i -.fi confifiunt.
Le baudrier étoit de cuir de bísuf dans Fori-
gine j comme le dit Properce ( iv. il. i-j. ).
Pr&bebant ctji haltea lenta boves.
On Fornoit avec des cloux bullis , & des
plaques de diíférens métaux & de diverfes cou-
leurs. Winckelmann cite á ¡a pag. ii de la Pré-
face de fes M-onumenti incditi , ie baudrier d’une
figure peinte ^ dont Ies cloux ou les plaques
étoient de couleur jaune.
Une longue chaine formoit quelquefois le
baudrier. Nous avons fous les yeux le deííin
d’une femblable chiine de bnnze , trouvée au-
tour d un fquélette , prés de Sainr-Fiorenrinj dans
la ParoiflTe d’Avrolle , diocéfe de Seos; appar-
tenant á M. le curé de Chimplofi: . voifín de
cette paroilFe. C'cíi une cbaine de cinq pieds
B A X 437
de longueur , terminée d’un cote par un cro-
chet qui fe fixoít dans la chame á diíférente
hauteur , fuivant l’épaiíTeur du corps de celui
qui la portoit A Fautre extrém'.té 3 eft un or-
nement du méme métala carré fur trois cótés,
& arqué fur celui oú eft rivé le bout de la
chaine. De cet ornement partent trois petits bou-
tons attachés par trois courtes chalñes. Trois
femblables boutons plus courts , font ifolés dans
Fornemení , comme pour former une petire ba-
luñrade ; & fur les deux bandes qui forment la
bafe & l’appui de cette baluñrade , font gravés
trois cinq ou trois V renverfés , correfpondans
á de femblables V , femblablement gravés au
revers. Ces V j ou ces X ( en réuniíTant ceux de
Fendroit avec ceux du revers), exprimeroient-
ils le nombre occupé par le foldat dans fa le-
gión ? Les trois boutons pendans , déíigneroient-
i!s le rang occupé par fa cohortePOn peut le croire
d’aprés le paffage d'Iíidore , cité plus haut.
Nous ferons obferver encore que les épées des
foldats , fculptées fur ies colonnes Trajane &
Théodofienne, font attachées aux ceinturons,fans
que Fon voye aucun baudrier ¡ tandis que celles
des chefs pendent de Fépaule gauche , & font
portees par un baudrier.
Le fculpteur qui a réparé le prétendu gladiateur
mourant , du muféum Capitohn , a fait une
grande faute , non-feulement dans la forrñe de
Fépée , dit vVinkelmann , mais encore dans le
baudrier qu’il a lié á la moderne avec une boucle.
Ón volt fur les monumens qui repréfentent des
ftatues héroiques , la vraie forme des baudriers ,
( TíXaiífflvEs-). C’étoit touiours une íimple cour-
roie , pareille á celle du baudrier qu'Achiile
donna á Dioméde avec une épée. Cette courroie
étoit liée au fourreau vers fon ouverture , paíToic
fur la poitrine & fur Fépaule droite , d’oü elle
tombeit en traverfant Ies reins, & s’attachoít á
la pointe du fourreau. Sur une ftatue héroique
de !a villa Albani,on apperqoit trés-diftincteraent
cet agencement du baudrier , Sí méme les franges
qui en accompagnent les deux bouts.
Cet ufage de lier le baudrier á Fépée , en lui
faifant faire pluíieurs tours fur le fourreau , ap-
pártient aux tems les plus reculés ; & ce n’eft
que dans les íiécles poftérieurs á la guerre de
Troie , que. Fon attacha au fourreau des anneaux
pour recevoir le ceinturon , comme on les volt
á la bafe de la colonne Trajane.
Pour rendre cet anide complet , voyei Cein-
turon.
Baudrier, balteus , devint par exteníion le
nom de cette courroie , qui paíTant fur Fépaule
droite des muficiens & fous leur bras gauche ,
comme les baudriers modernes,foutenoit la grande
lyre garnie da magas , appelée par Apuiée ^
cithara apta haltheo.
BAXEd, efpéce de chaaíTure qui s^attacboít
43? B E C
íur le pfed avee des bandes^ fans le couvrír entié-
rement. Flauteen a parlé (Me;’, il. 5. 40.):
Qu¿s eji ifie peniculus, qui extergen.tu.r haxe&l
Apulee nous en donne une idee plus diílinéle, &
nous apprend que les Laxes, étoient une chauíTure
particuhére des philofophes , auffi connue que la
barbe j le manteau & la beface (Mee. xiS) : Nec
deerat , qai pailio , bacaloque , & s.ixsis, & kir-
cino barbitio philofopkum fingeret. Tertulíien par-
knt d’Ariflippe. qui joignoit les recherches da
laxe aux livrées de la philofophie , demande pour-
quoi il ne faifoit pas teindre en pourpre íts Laxes,
comme fon manteau {de Pailio, c. 4.) : Si pki-
lofophus iti purpura , cur non'íí in baxea Tyria
Calceare ?
On en portoit qui étoient faites avec des feuilles
de palmiet:, felón Apulée {Mét. l. xi.) : Juvenem
pedes palméis Laxéis induturn. pr.oducit in mé-
dium.
BEBON. Voyeq_ Babis.
BÉBRYCES, peupie des plus anciens'de la
Bithynie. lis l’habitoient deja lorfque les Argo-
nautes s'embarquérent pour la Colchide. Etienne
de Byfance rapporte llorigine des Bébryees á un
certain Bébryx , dont aucun autre écrivain ne fait
mention. Maisíil'on en croit Eultathe (i:;^ion.),
c’eíf de Eébryce , filie de Danaüs , que ces peuples
avoierit emprunté leur nom. II affure que^ malgré
les ordres de fon pére^ elle conferva la vie á
celui des enfans d’Egyptus qifon lui avoit donné
en mariage. Craignant que Danaüs ne la facriíiát
a fon reíTentiment , elle alia chercher un afyle
dans Ies contrées de l-Aíie, oceupées alors par
des peuples barbares. Apoilodore dit aufli qudi
y eut deux Danaides affez généreafes pqur fauver
íeurs maris. Pindare cependant {Nem. ig.)^ &
Horace (/. 3. od. 2. v- §>}■), ne parlentque d'Hy-
permneñre feule.
BÉBRycE , filie de Danaüs. Voye^ Bébryces.
BEC-ítiguEj ficedula. Les Romains faifoient
un grand cas de cet oifeau. lis le regardoient
comme un aliment ires-fain , á caufe des raifins
& des figues dont il fe nourrit. Martial fait allu-
íion á cette nourriture (xixi. 48.) :
Cum me ficus alai , cum pafcar dulcihus uvis ,
Cur potius nomen non dedit uva mihi ?
Cet aliment eíi trés-ágréable dans Tautomne, faifon
de la maturité des fruits dont Toireau fe nourrit.
C’eít pourquoi Juvenal compre les bec-figues au
nombre de ces mets recherchés des gourmands j
& il nous apprend qu ils Ies faifoient cuite avec
des truffes & des champignons (xrr. 7.) ;
Qui radere tubera terrs. ,
Boletum candiré , & eodem jure natantes
M-ergere ficedulas diiicif nebulone párente.
BEL
Les gourmets de Rome crovoient ou'il
avoit ce bon 6e de dehcat á man<íer d-'ti' ' ^
oifeaax , que les cuiíl'es & la moitfé ¡nférí-.'^
du^corps^ CétoK, fticn eux, n'avoir poin^de
gout & de deRcatelfe:, que de manger Ies -il-
& la patrie fupérieure du coros dis
Les bec-figues feuls faifoient exception , & oii7e-
fervoit tout entiers. *
Nous trouvons dans le repas de Trimalcon
{Petron. c. 33.), une aiitre maniere dappréVr
íes bec-figues. On renfermoit dans une coquiiíe
.d'ceut un bec-fi.gue entonté de jaunes d’oeuf aíTai-
fonnés de poivre : Perfecutus vutamen mana, viZ
guzjfimam ficedulam inveni piperato vitellio pipe,
ratam.
. SLCHE. On trouve gravee fur le tombeaudua
chrétien des trois premiers íiécles {Fahretti, Infcr.
Ay 574') 3 h bécLe des anciens. Elle différe des
nortes j en ce que fon manche eíl garni d'une
traverfe ^ á trois ou quatre pouces du" fer. Cette
traverfe ou croix fervoic á appuyer le pied pour
enfoncer la biche dans la terre ; & pennettoit
de Tenfoncer de toute la longueur du fer.
BÉEL-PHÉGOR. Voye^ Baal-Peor.
BÉELZÉBUT , d:eu des Accaronites 5 fon
nom íignifie dieu-moucke , ou le prince des mou-
ches : on le nommoit ainíi , ou parce que fon
temple étoit exempt des mouches, & qu'il avoit
le pouvoir de les chaíTer des iieux qu'eiles fré-
quentoient; ou parce que fa ftatue, touioars Tan-
gíante , étoit toujours couverte de mouches.
Béelt^ébut étoit une des principales divinités des
Syriens, puifque dans récriture il eft appelé le
prince des démons. Les Grecs adoroient auíE un
dieu chaíTe-mouche 5 Mya.grus. V. ce mot.
BÉELrZÉPHON, V, le Dictionnaire de Théo-
logie,
BEÍZATH j monnoie d’or des anciens Perfes,
du poids de quarante dragrr.es. Calmet prétend
que c'eñ de ce mot^ & non dé la ville de Byfance ,
qu’étoit derivé le w.oibefam ou befar, nom d’tine
autre monnoie d"or ^ en ufage autrefois dans
FOrient. Ce befiam valoit deux dinars , & chaqué
diñar vingt ou vingt-cinq dragmes,
BEL 5 étoit le grand dieu des Chaldéens-^H 7
avoit eu un tems, difóient-ils , oü tout rlétoit
que ténébres Se eaii , & cette eau 8c les ténébres
renfermolent des animaux monñrueux. Bel ayant
formé le ciel & la terre , clonna la mort á tous ces
monítres , difílpa ies ttnébres , fi'para ’a
á’avec le ciel, 8c arrangea l'univers. EnCyJtej
voyant le monde défert,'i! ordonria á un des üieux
de iui couper la tete a lui-méme, de méier fon
fang avec de la terre, 8c d’en formar les homtnes
Se les animaux ; aprés quoi il acheva la produc-
tion de tous les autres erres cui ornent l'univets*
Foye^^ BaAL, BÉLUS^ DÉMOGOR-GO^í
Omorca.
BEL
BELATUCADRUS. Divinité adorée autre-
fois en Ang'ererre , dont i! eft fait mention ¿ans
une infcription antique trouvée ¿ans la rnaifon
de Thomas DikeSj da::s le cointé de Cumberiand.
Oa y lit :
EEO
SANCTO BELA
TUCADRO AXJRELIUS
DIATOVA ARAM
EX VOTO POSÜIT
LL. MM.
Le méme comté a fourni encore les deux fui-
Y^tes :
DEO BELATUCÁD
RO LIB. VOTU
M FECIT
lOLUS.
. EELATÜCADRO
lUL. CiVILIS. OPT
V. S. L. M.
Selden aíTuroit daos fon oiivrage ide DHs Syris) ,
que ce Belatucadrus étoit le méme que Belenas &
Abellion , honores par les Gauloís. Gérard- Jean
VoíEus {de Orig. & Progr. Idolol. l. 2. c. 17.) eft
du méme fentimentj & croir que Belatucadrus
étoit le Soleil ou Apollonj adoré fous les noms
de Behnus 8c di A.beUion. Mais on volt dans Mu-
ratori {Infcr. Tkef. 43. I.) une infcription trouvée
dans le méme comté ^ fur iaquelle on lit :
DEO MARTI
BELATÜCACRO
On ne peut douter apres cek que cene divinité
ne fut le Mars des Bretons; Ckft poiirquoi
Thomas Gale derive fon nom des racines an-
gloifeSj cizdj cader , cadr ; combit, camp , fort.
BELBUCH & Zéomebuch étoient regardés,
chez les Vandales, comme le boa & le mauvais
génie. Beibuch ligniñoit le dieu blanc, & Zéo-
mebuch le dieu noir ; on leur rendoit les hon-
neurs divins.
HELENOS , ou Beliit, 011 BEZtENus , divi-
Dite des Gaulois. Jules Capicolin noas apprend
que cVtoit le méme dieu que TApolIon des Grecs
8c (Ies Romains {Maxímin. c. 11). : Deum Bels-
num per arufpíces fpopondijje , jAaximinum ejfe
vir-ceridum. Vn.de etiam pofied Maximini milites
jacíaíft dicuraur , ApoLlinem contra fe pugnajft. On
ht Belin., dans le paíTage d'Hérodien (/. 8.
?•) '.Belin vocant indlgens. , magniQue eum reli-
gione coLunt , Apollir.em. interpretantes. Jtlais Sau-
maue foutient dans fes iNbtes fur Capitolin , qii’il
y á une faure de copifte , & que i’cn doit lirs
BEL
BsAíüíf. Belenas eft appelé aníTi Apollen dans ies
infcnptions trouvees á Acuilée ; apcllini. be-
leño. AUG. IK. HONCREM. C. PETT., & APOL-
LINI. BELEÑO. C. AQUlLEIENS. EEL;X.
Belenas éto:t honoré d'un cuite particulier á
Aqunee, fous la figure d’un jeune homme fans
barbe, avec des rayons autour de la tete, & avec
une grande bouche ouverrepour rendre des oracles.
étoit proteéleur d .Aquilée ; i! y ayoic des aruf-
pices qui rendcient des oracles en fon nom,
(Capitolin, cité plus liaut). Hérodien, déjá cité,
dit auííi quhi avoit un oracle , appelé l’oracle du
dieu de la patrie , ¡^i;^apií!.
Aü refte , Belenas n'étoit pas honoré feule-
ment dans la Gauie Cifalpine , il l’étoit encore
dans les Noriques. Tertuilien (Apolog. c. 23.);
Unicuique etiam provincia, , & civitati faus deas
efi , at Syria Afiartes , ut Arabia Difx-es , ut
Norici Belenas. Saumaífe ajoute aux Noriques
illlyrie, qui en étoit voifine. L’on voit dans
Vopifcus (^Aarelian. circo, init.) , que la forme &
les orneínens de Belenas , chez les Illyriens ,
étoient les mémes que ceux du mithra des Oricn-
taux ; nouvelle preuvs de Fidentité d'ApolIon &
de ce dieu.
Chorier, dans fes Antiquités de Víenne dans
les Gaules , dit que Belenas ou Belinus y étoit
auíTi adoré.
Aufone a parlé deux fcis de Belenas comme
d’une divinité gauloife. Dans fes Profejfeurs de
Bourdeaux , il dit que Patera étoit de Bayeux,
de- la race des Druides , qui fervoient Beleños
dans fon temple (4. 7.) :
Tu BagocaJJis Jlirpe T/ruídaram fatus ,
Si fama non fallit fidem ,
Beleni facratum dacis e templo genos,
Et inde vobis nomina :
Tibi Patera (fie miniftros nuncupant
Apollinaris myfiici )
Fratri, patriqae nomen a Pkcebo datum:
Katoqae de Delpkis too.
Dans la dixiéme piéce de ce méme livre, il
parle encore d'un nommé Phoebicius, de la race
de Druides, qui étoit prétre (adituus) de Be-
lenas :
Nec reticebo fenem
Nomine Pkcebitium :
Qui Bileni edituus ,
Nil opis inde tullí.
Sed tamen , ut piacitam ,
Stirpe fatus Druzdam ,
Gentls Aremerzea
Burdigala catkedrcm
Nati opera oltinuit.
Joreph Scaliger (Aufor.. Teñ. l. r. c. 9.) dit que |
de cette identité d’Apoüon Se de Bdenv.s , venoit
íe nom de Bele.úam , donné par les Gauíe:s á
rherbe dent ils froctoient ieurs fleches. Cette
méme herbe efl; appelée Ies refies de Belenus ^
^íÁififiTíxí dans Diofeoride.
Elias Schedius ^ perfuadé conlme les autres ,
que Belenus étoit le foleil , a cru que ce nom
étoit qu'un aíTemblage de lettres numérales ,
qai expriment le nombre de jours que le foleil
«i'uploie á faire fá révolution :
B H A E N O 2
S, 5, JOj 70, 200.
Ces chrifFres pris enfemble valenr 365. Mais eft-il
certain que OZ ou us , appartiennent au nom gau-
lois , & que ce ne foit pas plutót une terminaifon
grecque ou latine ^ ajoutáe au mot gaulois^ illy-
rien ou phénicien ?
BELETTE oa Fouíne. Les peuples qui ha-
bitoient laThébaidej adoroient cet animal. On
ignore la raifon de ce cuite j que les ThelTaliens
íui rendoient auíG j felón Plutarque. La belette
tranfporte avec la gueule fes petitSj lorfqu’elle
veut les mettre en fureté j ce qui a fait croire á
Ovide quelle met bas par la gueule , & van-
ter f amoar qu’elle a pour eux. Feut - erre dut-
eüe á cet amour prétendu j le cuite dont elle fut
honc'rée.
Tous Ies Crees ne voyoient pas la belette^ du
méme oeil que les TheíTaliens; car ils regardoient
en general fa rencontre cotnme un trés-mauvais
augure ( Caract. c. 17). cc Lorfqu^cn en voyoit
== une traverfer fon chemin , on ne devoit pas
» continuer fa route , fans qu’un aurre voyageur
yy eút paffé le premier , ou fans avoir jeté trois
>5 pierres au-de!á du chemin
Belette. On voit dans la-^illa Albani une
petite ftatue de Júpiter, fur le focle de laqiielle
eíV placee une belette. Aucun auteur ne donne cet
animal pour fymbole á Júpiter ; á moins qu il ne
faíTe ici’alluíion á Galanthís, efclave d’Alcméne.
BELGES , BelgíL j anciens peuples des Gaules.
lis habitoient au nord des Celtes, dont ils étoient
féparés parla Mame Se la Seine, comme dit Céfar
dans fes Commentaires. II ajoute que \e.%Bclges
étoient les plus braves des trois nations qui oceu-
poient la Gaule. Les Belges étoient les inventeurs
du char appelé EJfedam , comme le téinoigne
Virgile \ Georgic. iil. 104.) :
Bélgica, vel molli melíus feret effeda eolio.
Ils s’occupoient a faire paítre de nombreux bef-
liaai; c'e'ft pir-iá que les déíigne Claudien ;
Pafcaí Belga pecus . .
BEL
BELIDESj furnom des Dana'ídes, qijí étoient
petites-fllles de Eel , furnomme Tancien , pérg
de Danaüs , roi d' Argos , dont elles étoient filies.
Virgile {JEneid. il. 81.) appelle aufll Palamédc
Bélides i parce qu'il étoit de la méme race.
BÉLÍER. Les habitans de Thébes en Egypte,
ne tuoient point les béliers. Ils leur rendoient un
cuite, á caufe de Júpiter- Ammon , oui étoit re-
préfenté avec une tete de bélier. Ils difoient encore
que dans le combar des dieux contre Júpiter,
celui-ci prit la forme d’un bélier, 8c les chaíTa
de ITgypte.
Les Lgyptiens qui habitoient le Nóme de Sais,
rendoient aufli un cuite á cet animal ; parce qu“ils
favoient confacré á leur divinité particuliére ,
Neitka , Minerve des Grecs. Elle préfidoit á
fhémifphére íupéricurde l’univers, comme Junon
á rhémifphére inférieur; c"eft pourquoi ils lui
avoient confacré le ligne du zodíaque, qui eft
le premier de fon hémifphére , le bélier.
C'étoit á ce íigne que le rném.e peuple rap-
portoit les affeélions pathologiques de la- tete ,
comme il le pratiquoit envers tous les íignes du
zodíaque , pour les autres parties du corps ; de
maniere que fl Ton reíTentoit quelqu’affeftion
extraordinaire ou douloureufe á la tete pendant
que la lune fe trouvoit dans le bélier, les devins
annonqoient dans ce cas un proces á venir , ou
une fauife accufation.
On voit dans le Recueil d'antiquités du comte
de Caylus (iI. pA 3.) une figure de terre cuite
avec une tete de bélier. II eft difíícile d expliquer
cette fuperltition ; á moins qu on ne la rappbrte
a Jupiter-Ammpn. Au reñe , elle a un trou entre
les épaules 5 ce qui doit la faire placer au rang
des amulettes.
Les Grecs confacrérent le bélier á Mercure. On
a donné pluíieurs raifons de cette confecration.
Les uns difent que Mercure prit la forme dun
bélier pour jouir dé Pénélope , & que depuís on
flt de cet animal un de fes attributs. Paufanias
( il. ) en donnoit pour raifon le foin que Mer-
care prenoit des troupeaux ; & il ajoute qu iI
favoit des particuiarirés fur Mercure & \tbelier,
relatives aux myftéres de Cybéle ; mais qu il
n’ofoit les révéler. On pourrott conjeólumr de
ces paroles , que le bélier avoir , chez les Egyp-
tiens , quelque rapport avec Ifis; car on fairque
Cybéle étoit chez Ies Grecs une transfot metion
de l'époufe d’Oíiris.
On ctoyoit dailleurs que Mercure avoit en-
feigné aux hommes á tonare les ’orebis ; nousei e
raifon pour lui confacrer le bélier , qui 1 accom
pagne íi fouvent fur les pierres gravees- Sur un
améthyfte du barón de Stofeh , Mercure
monté fur un bélier , 8c tenant fa bagueti.e. f ,
chyus ('Enioémpt) dit que les fiis des rois f.
voient de bélier pour monture ; 8c cette amet y ^
explique les paroles dií lexicographe. La
coileétion de Stofeh nous montre escore
BEL
ibis Mercare ainíi monté. On y \roit auíll ce ¿sea
debout dans un char tiré par quatre bcllers / &
fur d'auti es pierres il porte á la main une tete de
iélUr.
Les rois de Macédoine, de Thrace Se de Syricj
portérent qaslqiiefois , depuis Alexandre, des cor-
nes de íéíier, atcachées á leur diademe. Etoit-ce en
mémoire de Jupiter-Ainmon , dont Alexandre fe
difoit fiis ? Etoit-ce comme un embléme de la
forcé ? Au reíte , Sapor, roi des Perfes , renouvela
cet ufage, & portoit fur fa tete un orncment tiflli
d'or, repréfentant la tete d’un bélier.
Les rois de Perfe s'’amuroieat á veir combattre
des béUtrs , & ils faifoient des gageures relatives
a la vigueur des combattans.
Lorfeue les Romains déchroienr la guerre a
leurs voiíinSj lehéraiit appelé Fecialis conduifoit
un hilier , & !e ckaflbic fur leurs tenes; pour
marquer j felón Ies uns , que ces terres alloient
devenir des páturages pour les troupeaus des
Romains ; iz , felcn dVatres , á caufa de Juoiter-
Vengeur-des-Traités , auquel on immoloit un
helier. La femme du Flamine-Diaie lui en immo-
loit a Rome un á chaqué foire ou marché.
Bélier marln. On voit fur un tombeau deíílné
par BoifTart (r. 3. 8z.) , des amours quEmenent
en leíTe des monftres marinSj parmi iefqueís on
remarque des héliers marins ; c'eíf-á-dlre , des
béliers terminés en queue de poiíTon.
Bélier couranr & retournant la tete ^ fur
les médailles d'Andoche de Syrie. — Tete de
bélier fur les médailles de Céphalénia, d'Eíyrufej
de Malte. — Bélier pofé fur les médailles de Cla-
zoménCj de Salamis^ de Samé.
Bélier , machine de guerre , dont fe fervoient
les aíllégeans pour percer & détruire Ies murs
d’une ville. Pline {yii. 59.) qiattribue l'invention
3 Epéus pendant le íiége de Troie ; Equum , qui
uunc Arles diciíuf iii muraHirÁS machinis , Epeum
invenijfe ad Trojam. Mais Horr.érc ni aucuti
anclen écriyain grec , ne parient du bélier. íl faut
done en croire plutót Vitruve (x. 19.) ^ qui fait
honneur de cette invention aux Carthaginois ,
pendant qiuls aíSégeoient Cadix , 8c á un Tyrien
de leur armée , appelé Péphafménon. Tertullien
eíid’accord fur ce point avec Vitruve j & en parti-
cuüer fur le bélier fufpendu {de Fallió, c. I.):
Arietem rumini adkuc libratum illa dicitur Car-
tkago , ¡iudlis afperrima belli , prima omnium ar-
majfe in ofcillum pendali impetús , commenta vim
tormenti de hile p ecoris capite virídicantis.
II y avoit trois efpéces de bélier j l’un que l’on
fufpendoit á des cordes , & que Ton appelle géné-
ralement bélier fufpendu; l’autre qui couloit fur
des roaleaux ou cylindres ; le troiíiéme étoir porté
par ceux qui le faifoient jouer. Ces trois efpéces
n'écoient ^ comme on le voit , que différentes
manieres de faire agir le bélier proprement dit ,
oUj comme Tapoeloient nos ancétres, la poutre
belitre.
Antlqultés j Tome I.
BEL 441
Le £!om de bélier , arles , lui fut donné , parce
qu on garmiroit rextiémité de la poutre qui de-
voit frapper la muraiile, d’une tete de fer ou de
bronze , proportionnée aux eíForts que devoit
fáire tóate la machine, & íondue fous la forme
de cc-.e dan béher. Pour donner uns idee du
poids Sr ¿u volume que l’on donnoic qtielquefois
a cette tete, nous en décrirons une que Veípafisa
fit fondre ^our abattre les murs de Jérafalem.
Cette tete égaloit en groíTeur dix hommes; elle
étoit armée de vingt-cinq comes, écartées Pune
de I'autre de la diftance d’une coudée , Se groíiés
comme le corps d'un homme ordinaire. La maífe
qui fervoit de contre-poids á cette tete , cefoit
qusnze cents talens. LorfquVlie étoit fimplement
détachée de la poutre, fans qu'aucune de fes
parties fút démontée, cent-cinquante paires de
boeufs, ou trois cents paires de chevaux ou de
malets, pouvoient á peine la traíner. Quinze cents
hommes ne fufEfoient prefque pas pour pouíTer
ce terrible bélier contre Ies muraiües.
On faifoit jouer le bélier fous une galerie, a
laquelle on donnoitle nom de tortas , tefludo , oit
dans une tour de bois deftinée á cet eíFer.
Voici la deferipuion du bélier fufpendu , fuivsnt
le chevalier de Fokrd. 11 étoit compofé d'un feui
brin de bois de chéne, femblable á un mát de
navire, d’une longueur & d’une groíTeur prodi-
gieufe, armé d’une tere ác bélier faite de metal
fondu. Tous ceux que Ton voit fur Ies monurnens
grecs & romainSj paroiíTent fous cette forme.
On conferve á Haguenau & á Morvedro , ea
Efpagne , ¡’ancienne Sagonte , deux béliers ovL
poutres-bélieres. La tete de celle d’Haguenau eñ
armée d’un fort talón de fer carré & tout uní.
Mais la tete de fer de lapoutre-béiiére de Sagonte ,
eñ faqonnée en tete de bélier , & femblable á celle
quon-voit dans le bas-relief de Tare de Sévére, á
Rome.
La tete du bélier , dit Vitruvm, portoit quatre
bandes de fer, iongues environ de quatre píeos,
par lefquelles elle étoit attachée au bois. A Tex-
trémité de chacune de cés bandes , il y avoit
une chaíne de méme metal , iiée á un cable. Ces
cables étoient aíongés le long de la poutre-béliére ,
liés tous Ies quatre enfemble avec une corde, qui
¡es tenoit toujours rendas par cette ligature ; Se
ils aboudfíbient tous á un méme cordage.
La poutre-béliere devoit étre d’une groíTeur pre-
portionnée a fa longueur; Vitruve ¡ui donne quatre
müle talens de pefanteur, á-peu-prés quatre cents
quatre-vingt mllle de nos üvres; ce qui n’eñ pas
exorbitant. Cec?e terrible machine, comme l’ap.-
pelle Jofephe , étoit balancée en équiübre comme
la branche ou le ñéau d’une balance, avec une
chaíne ou de gros cables^, qui la tenoient fufpea-
due. On fixoit cette chaíne ou ces cables doubles
au miüeu d’une forte poutre niife en travers , afin
de teñir fufpendue une mafíe ñ prodirieufe. La
poutre étoit fupporréepar un carré lor.gde trente
442.
BEL
OU quaranre píeos, & quelquefois davantage ,
für une largeur proportionnée á la iongueur de la
poutre. ^
Cn élevoit fur les deux cotes de cette bafe díx
gros poteaux de vingt-cinq á trente pieds de haut,
fans le-s tenons , dont quatre faifoient les enco-
gnures. poteaux etoient joints en haut par
CiiaLte labiieres pour recevoir les boiits des po-
teauXj de mérne qu üs I etoient par en-bas ^ avec
les^poutres qui fa:fo:ent le premier chadls ou la
bdie. Surcet aíTemblage de montans, de traverfes
.& des laDiicres qui ailoient de chacun des po-
te¿ux a 1 autre oppofé , on plafoit la poutre de
íufpeníion , pofée entre deux coíñs de bois de
Ciiaque cote , traverfée de fortes cheviües de fer
& de puiflantes équerres, qui reíTerroient & aífa-
pttdioient fcrtement cette poiirre. traverfante , á
nquelle étoit fufpendue \z poutre-béliere.
Toure ^cette charpente, quí prenoit íbuvenr
le nom de tortue-beLiere , tefiudo arietina , étoit
couverte'quelquefois d’un comble piat, le plus
íf^yent d un comble aigij, fuivant les forces des
auiegés. On Tenveloppoit cuelcuefois d’un tilia
■ enduit de terre graííe, 8: recouvert
d t!n rideaii-de peaiix fraichement éccrchées,.que
í on doubloit d'autres peaux, entre lefcuelles on
ir.etcoit de l’herbe marine, piquee co'mme nos
mateias, ou de la mouíTe, le tout trempé dans le
yinaigre, aíin que cette couverture fútálepreave
des pierres & des dards. Oes rideaux matelaiTes
ou mantekts étant fufpendusá un pied de difíance
en avant de !a charpenre , rompoient la forcé des
cqups des machines ennemies. Lorfque ces der-
meres etojent pn tres-grand nombre , on garnif-
iOít^ auffi les cores de la charpente avec de forts
madners , indépendamment des mantelets du de-
vant.
^ Comme le comble rouífroir le plus des mafles
enoimes chaíTees par les groíTes catapultes, qui
laJoient aurant de ravage que nos bombes, on le
couvroit de madriers revetus de claies enduites
de^mortier ou d’argüe ,45étrie avec du crin & de
■la Dotirre.
« II y- a peu de favans qui n aycnt traite de chi-
stere le belzer non fufpenda ,• les méchaniciens
1 ont regardé com.me une chofe impoffible , parce
qu US ne 1 ont pu cqmprendre. Cependant , pour
peu que ron examíne avec attention le bélier á
torrue , que 1 on voit fur les marbres & tes mo-
Eumens antigües, on aura de la peíne á fe per-
luader que cette machine fút fufpendue. Végéce
prctend cue la tortive a prís fon nom du bélier
dont ia tete fort de cette macfíine , Se y rentre
encuite, comme la téte de la tortue fort de fon
ecaiLe , Se y reatre aprés ; tnais ce nom convíent
^ ■? torrue a héíier non fufpendu, qu^^au
be..icr a viorations. I! paroft aue Vécéce'dif-
tmgue In rortue qu'ií appelie ¿ faux , de^celle oú
un béher en batterie. Dans la pre-
Riiere , li y avoit une poutre fufp'eadue qu’on ,
BEL
balancoit en avant, ao bout de laqueüe étoit une
efpcce de faulx, ou de fer courbe en grappia,
ayec lequel on tiroit á bas les pierres de la mu-
raille que le bélier avoit ébranlées. Voye:^ Cor.-
EEAU A GRIF5ES
“ La ílructure des tortues a béHcr-Ci.frendu
étoit toüte autre que celle du bélier non-fufpendu*
dans la Iongueur comm.e dans le combte. II étoit
piar dans celles-ci, qui éto:e¡it encore rres-ion-
gues , 8' en faqon de galerie á comble aigii. Les
autéiirs difent, á la véiité, qu’ily' avoit u;i bélier
ou les foidats qui le feryoient étoienr á couverc
des traits & des machines des afíiégcs. Cela fe
concoit aíTez a Tégard du hélier-fufpcndu. , oii les
hommes qui le baiancoient agiíToient au-deU de
ia tortue, ,á fabri des paral'éles Ies plus proches
du bcrd du fofl'é ; cette tortue devai3t erre toute
ouvérte pardevant, pour donner refpace nécef-
faire ati cable auquel la poutre étoit fufpendue.
Mais á Tégard des tortues á comble plat &: á
centre- fiches , je ne puis croire qu’il fárfurpenda;
car pour le fufpendre, il eutfaüu elevar le comble
de la tortue á une haureur prodigieufe ; ce qui ne
peiit s’accorder avec les proponions que les an-
ciens donnent a ces tortues , qui font trop baíFes
pour que le bélier píit erre balancé de maniere
á prodiúre queiqu’efFet. li fuit de-íá que ces
tortues , outre qu’e'Ies etoient fermées pardevant ,
á la réferve de fouverture ou paíToit la tere du
bélier , ne fervoient que pour íes poiitres non fuf-
pendues
«Ce qui d-émontre plus partictiüérement que
Ies béliers des tours & des tortues n’étoient pas
fufpendus, c’eft qu’eües etoient fermées parde-
vant, 8r cela ne pouveit étre aurremenr; c’di
ce qu’on remarque fur les marbres, ou l’on ne
voit atix tenues quítine ouverture en long, avec
un auvent p.ardeíTus pour le jeu du bélier , au-heu
qu’il auroit faliu falte le devant tout ouvert de
bas en haut , comme par-derriére , íi ia poutre
avort été fufpendue en équilibre , pour íaiífer de
refpace & fes vibrations libres
“ Vitruve parle d’une tort¡:e dans laqtielle ,
dit-íl , on plaqoit-ia machine á bélier , qai ell ap-
pelée en grec criodochée , Kfiódlxn, dans iaquelle
on placoit un rouleau exaefement arrondi , qui
portoit ie bélier : on tiroit celui- ci avec des cables,
il aüoit Se S'enoit de cette maniere , & produifoit
un grand eíFet. Cet écrivain parok s’étre mal
expliqué , 8e voici comme il faut rérabhr le pif-
fage ; il y avoit dans ie müieu de la machine
fur des montans , un cana! pareií a celui des cata-
pultes & des ba’ifte.s. Au-travers ce ce cana!,^pn
mettoit un mouíinet , & fon fixoít des pouiies
au-devant du bélier, á droite & á gauche. Cá
moiilinet faífoít tendre íes cordes qui , en par-
fant dans ¡es poulies, ramenoient le hél:er tn
arriére, ou le faifoient couler en avant far des
rouleaux , pour battre avec violence les remoarts
eanetnis. Ón conítruifoic au-deífus de ce béü^
BEL
ncn-fufpendu , ure voúte cui !e courroir j &r cui
f^utencit les peauK crues donr L tonr étoic enve-
loppée ». _ ■
íel’er non.-fiifpen.du agir avec plus de forcé
2c de violence cue ie ¿éiier-fujpendu. , quoiqu'avec
une puiiiance tres-iimp'e ; parce que íes coups du
dernier font obiiqueSj au lieu que ceux du pre-
mier font directs & plus fouvent redoublés : il
faut méme une moindre forcé pour le poufíer
en avant & en amére. De plus, la prerdo.n de
li poutre fur les cvündres , augmente fa forcé
2c fon inouvemeritj tandisque ia forcé du bélier-
fufi endu ne viene que de fon balancemcnt & de
fon propre poids, qui fait plus ou moins d’eífet ,
felón rétenlue de fes vibrations; ce qui rend les
coups plus obiiques. Ceux qui font jouer ce der-
rier ne le pouífent point dans fon choc ^ &: ils
n emploíent ¡eurs force,^ue dans fon mouvement
de retraite; le bélier non-fufpendu ajoute de plus
a ce poíds la forcé des homenes; cutre qudl en
faut beaucoup moins pour le ramener ■».
\ itruve n'eftpas le feulqui ait parlé <áes béliers
non-fufpendus j Hiéron dit formellement qudl y
avoit des béliers pofés fur descyli'ndres. Le pete
Daniel en fait mention dans fon Hifioire de La
Mílice Franfoife. ( Cet anide, pris dans le Sup-
piement de l' Encyclopédie , ejí marqué de la lettre
( V.) ; Víiuteur eJl meonnuj.
les affiégés employoient divers moyens pour
détruire reífer de ces terribles machines. Tantót
ils leur oppofoient des mátelas ou des facs rem-
plis de paiile ; tantót ils defeendoient des cordes
terminées par des nceuds coulans, avec lefqueis
ils s eíforcoient de faiíir la téte du béher 8e de
l’éiever, pour rómpre fa directicns tancór ils
táchoient de le furprendre avec des corbeaux á
grifes, ou de longues & fortes tenailíes da fer5
tantót enfin ils précipitoient fur la tete du hélier
pour le fracaifer, des pierres énonues, des tron-
?ons de colonnes Se de ftatues , comme le prati-
Quérent les Romains dans la défenfe du mole
d'Hadrien centre Ies Gochs , Se des maíTes de
plomb.
BÉLIÉRES. Le comte de Caylus avoit cru
loag-tems que les tetes fur lefquelles on trouve
des béliéres , avoient été des offrandes ou des
ex-voto. lí penfoit auííi avec Gori {Muf Etrufe.
r. II. p. 180.) 5 qu’on pourroit quelquefois ieur
attribuer une aiitre deífination , & les regarder
comme des ornemens que Ies miniílres des dieux
fuípendoient i leur cou , ou plaqoieut fur leur
poitrine. « J’étabhs , difoit-i!, cetre cónjeélare
fur la figure gravée dans la planche Lxxxiv (¿1
premier voi. de fon Rcc. d' antiqé) , que y¿i tirée
d’un Recueil de deírin,s qui appartient á M. Falcon-
liet, de l’académie des beiies-Iettres , & qui a été
fait par Etienne Duperac- II étoit peintre , avoit
demeuré long-tems en Italie; S: les amateurs
dantiqiutés, qui éfoienrpour lors en grand nom-
j ravoienr fouvent employé á ceilliier íes -
BEL 443
monumens Ies plus curieux, á mefure qu’on ea
iuiioir .a aícouverre. Son Recueil condent beau-
coup ce ítatues &c de bas-relieís Qui nous font
connus 5 & ía fidé^té avec laquelie ils font def-
in>.s, eít un garant de rexactitude de tout ce
cu: compofe ce mém.e Recueil
“ j-ilais pour prouver que le monument ran-
porte dans cette planche fur la foi de ce deííi-
nateur, a exiUé , & que ce n’efi: point un fruir de
l imagínMon du peintre, c’eíl qu il fe trouvoir
aufli aeíli.né dans un manuicrit de Bagari , que
Spon (Mifcel!. erad, antiq. p. i jo.) avoit con-
^ & d’aprés lequel il la publié avec quelques
diñerences qui m cnt engañé á le faire graver de
nouyeau , non-feulement pour mieux établir morí
fentiment , inais parce qu’áutant que j’en puis
jugar, le deíiin de Duperac eíl: plus exaíl. Spoa
dic que ce monument étoit de marbre ; & pour
l’exphquer, il rapporre un paiTags de Denis a Ha-
lycarnaíle , ou li (^Antiq. Rom. l. ii. c. ip.) dit que
le pretre ou ¡a pretreíle de Cybele portoient des
liqulacres fufpendus á leur cou. Suidas (in voce
Táx>.a.) dit la méme chofe, Sz Ficoroni {la Boll.t
d‘Oro , p. 8.) a npporté une bulle á laquelie eft
atrachee , avec une chaíne d’or,^rimage d’une
figure Panthée. Je crois qu’aprés de pareils té-
moignageSj on n’héíitqra'pas á regarder plulieurs
de ces tetes garnies de béliéres , comme des mo-
numens que les minifires des ¿ieux fufpendoient
á leur cou Caylus 1. 209.
Mais dans un autre endroit, le méme favant
reconnoit pour des poids ces tetes ou bufles qui
ont des bélieres. Ce bulle, dit-ii , a une béliére fur
la téte , parce qu’il a fer\fi de poids á une balance,
ce 1 efpéce de cel!e que nous connoiíTons foas ’e
nofíi de romaine. 11 dit encore ailleurs {Rcc. 6.
pl. 84. n. I.) : cc Ce baile de Mercare péfe encore
aujourd’hui trois livres une once., poids de Faris,
Se prouve en faveur de la deitination que je lili
fuppoíe (d’avoir fervi de poids) ; d'autant que le
lecieur étant convaincu, par l’exemple des mo-'
numens épars dans mes Recueíls, que pluíieurs
bulles de dívinités cu d’empereurs, (ce qui eíl
íynonyme á i’égard des Romains) ont fervi á ce
méme ufage 5 ceux de Mercare doivenr avoir été
plus fréquemment employés par les marchands
Voyeq^ MeRGURE & BALANCE.
On volt dans ie cabinet de Salnte-Géneviéve,
un bulle de bronze rempli de plomb, dont iá teri
eíl gamie d’un'e forte béliére & d’un crochet. La '
fonction de ce crochet étoit éviiemment d’em-
bralTer le fiéau d’une romaine.
Quelques autres pstites figures de bronze ont
des béliéres ñxéts entre les deux épauless Se: alors
on peut croire qu’elles ont fervi á les porter fuf-
pendues au cou en guife d’amulertes , ou d’atrri-
bitts particuliers des pretres confacrés au caite de
quelque divinité. Ceñ ainíi que l’Archigalle qui
eíl fcüipté fur un tombeau du capitoie , porte Is
buiíe d’Atys, fufpendu fur fa poitrine.
444 BEL
B E L J S AI R E. On voi- a Rome s la viüa
Borghefe j une ílatiie aíSfe j plus petite que nature ,
que Fon a prife n-.al á-propos^ felón Winkelmann
quinoüs fournit cet articlej Bélifúre deman-
dant Faumóne j parce que fa maiii droite repofe
fur fon genou. Cette main eñ creufe , & paroit
deítinée á recevoir quelque chofe. On pourroit
dire que cette ftatue repréfente une des perfonnes
qui demandoient Faumóne pour Cybele, & á qui
feaies Íes ioix des douze Tables permettoicnt de
mendier. Elles étoient appelées nom
derivé de Cybéíe, & de ¿yjfTi¡í , collec-
teur j ou M!¡yayvira.¡, dérivé de Mh , mois j Se du
méme 5 parce qu’elles avoient un joar
marqué dans chaqué mois pour demander cette
aumóne.
II paroit cependant que cette ftatue repréfente
quelque perfonnage plus relevé. Nous favons que
Fempereur Auguñe s'abaiffoit au vil état de men-
diant un jour de chaqué année> & qu'il tendoit
aux psííans une main creufe, cavam manum, pour
recevoir Faiimone. Les fuperftitieux pratiqúoient
cette hamiliation p-2-ar appaifer Néméfis^ quf fe
plaifoit, felón Fopinioh vulgaire, á abaiiTer &
hurailier les grands {Cafaub. Animad, in Sueton).
Dans les meines vues^ on attachoit aux ch-ars de
triomphe des fouets & des fonnettes, qui étoient
íes attributs de cette divinité veagereíTe, comme
cu le voit á une belle ftatue de Néméíis placee
dans les jardins du Vatican ; aSn de rappeler aux
triomphateurs que leur pompe étoit paflagére, &
que la vengeance des dieux devoit fondre fur eux,
s'ils fe üvroient á Forgueil & á la vanité. Ceíl
peut-étre á ce deííein qu'on aura tenu ouverre la
main du prétendu Bélifaire , comme préte á rece-
voir Faumóne; & on peut croireque cette ftatue
nous montre Áiigufte dans Fattitude d'un ir.en-
diant.
BELISAME, -5
BÉLIZAA’A , 5
nom que les Gaulois don-
Boient á leur Minerve, ou á la dteíTe inventrice
des arts. On la trouve repréfentéeavec uncafque
«roé d’üne aigrette; elle cft revétue d’une tuniqae
fans manches, recouverre par le manteau appelé
feplum. Elle a les pieds croifés, & la rete panchée
fur fa rnaio droite : fon atticude eft celle d’une
perfonne qui reve profondénaent. On ne lui voit
point d’égi-de. Des viíiimes humaines étoient im-
molées fur fes autels. Une iafcription antique
Koavée á Conferans, porte :
JÍINEaVAE
BEEISAMAB
Q. VALERIUS
MONÜM. ...
SELLARIA. Les Romains exprimoíent par ce
.mor générique les pitiueries , les con.*irures au
»iei , & Íes au:res friandifss qui ceniunoieni ks
BEL
repas. Les fruits n’étoien: pasconapris fous le
génértque b Alaria. On fervoit avec ¡es helUrU
des feuüles de laurier, que les convives ntá-
choient , pour ne pas fentir I'odeur da vin. Martiaí
(v, 4.):‘
Fxtere multo Myrtale folet mero ¡
Sed fallat ut nos , folia devorat laurí.
peut-étre auíft parce qu’ils étoient dans ¡'‘opinioa
que le laiirier contribuoit á la fanté, {Ctopon.xi.')
lauras facit fanilatem.
Les Grecs mangeoient des hdlaria pendant Ies
jeux & les fpefiacles.
BELLEROPfíOÑ, étoit fils de Ñeptune ou
de Glaucas, roi d’Epire ou de Corinthe, & de
Mérope- 11 fut obiigé de quitter fa patrie , parce
qu’il avoit tué fon frére , ^ il fe retira á la cour de
Proétus , roi d’Argos, qui lui fit un trés-bon
accueil. Sténobée ou Ancée, fenime de Proétus,
étant dcvenue amoureufe du jeune prince, &
Fayant trouvé infeníible , Faccufa devant fon
mari d’avoir voulu la féduire. Le roi , pour ne
pas vio'ler les ¡oix de Fhofpitalité , i’envoya chez
lobate , roi de Lvcie , pére de Sténobée , en le
priant, dans une Jettre dont Belléropkon fut lui-
méme le portear, de s’en défaire. Jobate réfoia
de faire périr Belléropkon , lui ordonna d’aller
combatiré un monftre épouvantable , appelé la
Chimére. Belléropkon vainquit le monftre , & es
délivra le pay's.ll St encorc la guerre pour lobate aux
Solymes & aux Amazones , & revJnt vittorieux
de toas les ennemis du roi. Ce fut alors, dst
Hcmére, que lobate, connoiíTanr á fes grands
exploits que ce prince étoit de la race des dieux ,
lui donna Achémone, fa filie, en mariage, &
le declara fon fuccelTeur. Achémone le re.ndit
pére de Laodamie , qui fut une des maitreíTes de
Júpiter.
Sur la fin de fes jours, Belléropkon s’étant ature
la haine des dieux, dit encore Homére, fe livra
auné fi noire mélancolie, cu’il erra feul dans les
déferts, rongeant fon coeur, & évitant la rea-
contre des hommes.
Hygin & Plutarque racontent différemment
l’hiftoire de ce héros. Minerve lui donna , d_ít
Hygin, le cheval Pégafe, pour combattre la Chi-
mére -y le prince , monté fur ce cheval , ayant
voulu s’élever jufqu’au ciel, un taon piqua le
cheval, & caufala chute du héros, qui fe tuaen
tombant. Plutarque aioure encore cene_ faoie ,
Belléropkon y mécontent de lobate qui I ayoit
expofé á tanr de pérüs, pria Neptune, fon pére,
de le venger. A fa priere, les flots de la met ^
foulevérent Se inondérent roi^t le pays Les^L vxiens
fe voyant jaerdus, le fuppliérent d’appauer ^ep-
tune, mais en vain. Les dames fe préfentere^
devant lui, d’une maniere peu decente, &
fléchirent : ilfe touma vsrsia mer, & en fit retirer
Ies fiots.
BEL
Tiine attríbue a ce héros fabuleus {l-j. e. ^6.)
á’avoir enfeigné aus hommes á dompter les che-
vaux.
Les lettres de Bellérophon , ra
, pafíerent en pro verbe chez les anciens ,
pour défigner de fáuíTes lettres de recommanda-
tion j qui étoient écrítes contre le portear de ces
jnémes lettres-
On voit Bcllérov-kon monté fur Pégafe , &■ cona-
battant la Chimére , dans prefque toutes les col-
leñions de pierres gravees.
BELLIA, famiik romaiúe dont on a des
jísédiüles :
E.R. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
BELLICA. Voyez Bellone.
BELLICREPA jdltatio. V. Danse.
BELLINÜS ; c’eíl ainfi qu’on nommoit dans
l’Auvergne BélénuSj que toutes les Gauies ado-
roientj mais qui étoit beaucoup plus honoré par
les Auvergnacs, que par toas les autres Gaulois.
Voyei BÉLENUS.
BELLONAIRES. Ce forft les prétres de Bel-
lone j qui étoient initiés á fon facerdoce en fe
faifant des incifions á la cuiíle ou au bras, en
lecevant leur fapg dans la paume de la main , pour
en faire une libation á leur déeíTe. Mais , dans la
fuite, cette cruauté ne fut plus que ílmuíée ; puif-
que le cruel Commode {Lamprld. c. cj.) les obligea
fe déchirer effeclivement les bras. Ces prétres
étoient des fanatiques , qui , dans leur enthou-
íiafmc j prédifoient la prife des villes ^ la défaite
des ennemis , & n’amionqoient que fang & car-
Bage. f^oye^ Fanatiques.
Le grammairien Acron , Se Tancien fcholiafie
de Juvénal j fe font fervis feuls du mor Bello-
narii, nom de ces farieux. Le fecond^ expliquant
le 109'^ vers de la 6^ faryre de Juvénak dit ; Ser-
giolíim nomine ex gladiatore amavit , qai & Ludor
dictas eft. Qiii , ut réquiem gladiiUurs. haberet ,
SBLLONARiuM fe ftcerat ,quibus mos efi in talibus
lacertos fuos focare.
BELLONE j filie de Phoreys & de Céto ,
étoit fceur de Mars 5 ou, felón quelques-iins ^
fa femme. On la dépéint cooime une divinité
guerriére ^ qui preparoit le chariot & les che-
vaux de Mars , lorfqufil partoir pour la guerre.
Armée d’un foiiet ou d’une torche , & les che-
veux épars , elle excitoit les guerriers dans les
combats. Bellone avoit un temple a Rome , prés
de la porte Carmentale. (Fbye? /Fdes. ), dans
lequel le fenat donnoíc audience aux ambafla-
deurs : á la porte étoit une pe ira coionnequ’on
nommoit la guerri'ere , belLíCA , & contre la-
b-elle on jetoit une ¡anee toutes les fois qu'on
décl.-roit la guerre.
Certe déefie étoit regardée comme ésale e.n
pmffance á Mars. On Thonoroit dfiin cuite p?.r-
íiculier dans deus viücs nomméÉS Comane^ dont 1
Bel 44^
1 ¡;»e étoit en Cappadoce , & Tautre dans le
royanme du Pont : le cuite v étoit a-peu-prés le
tncme , Se avoit été étabü dans celle de la Cap-
paaoce par Oreñe. Dans chacune de ces deus
Viíies, le temple de la déeffe étoit doté de beau-
coup de terres , & deíTervi par un grand nombre
de perionnes , fpus 1 autorité d’un pontife qui
ne reconnoiffoit que k roi au-ddTus de luí ; fa
dignité étoit a vie , Se lui áonneit le droit de
cornmander aux fujets du roi. Ere partie des
fonétions des prétres de Bellone , eonfiííoit á
-contrefaire les enthoufiaííes & a fe décbirer ’e
cerps jufquku fang. Les étrangers fe rendoient
en fouie a la féte de la déeffe ^ & pouvoient 7
étre atcirés , pour la plupart , par ¡es femmes de
mauvaife vie ^ qui étoient confacrées aa cult*
de Bellone.
Les poetes Se les artiftes confondoient foavent
Bellone avec Pallas.
A rég|de &r la chouette prés , on repréfentoit
Bellone Se Pallas Tune comme Fautre : on ffavoit
pas méme encore découvert avant ce fiécle une
figure de Bellone , que Fon púc reconnoítre pour
teiie fans aucune reitriclion 5 car Ies voyageers
affurent que. Minerva , fur le frontón de'” fon
temple á Athénes, paroit fans caique ni bou-
clier j comme onrepréfente la déeffe déla guerre.
Le feu! monument oú Fon voye indubitablement
Bellone , eíl le fragment d^un grand farcophage
de la villa Albani. Certe déeffe y efi; placée fur
un piedéfial elevé, tenant la pique de la main
droite , & le bouciier foiis le bras gauche, comme
on pone aujourd'hui les ch?peaux. Devant eüe
une vieiüe prétreffe tient un coq au-deffas da
feu d’uri autel. De Fautre cote de Bellone , eít
affss tout nud un de fes prétres appelés Fanaüci ,
qui porte une grand bouciier au bras gauche ,
& paroit vouloir fe donner des coups avec une
épée.
On immolóit le coq a Bellone p Se Arnobe Is
compte parmi les divinites infernales. Lorfqu'ors
la regardoit comme Fépoisfe de Mars, on Fap-
peloit -ZvV/'/e.’re. Aulu-Gelle {Noli. Attic. 13. zi.).
Plante skfi fervi du rn-éme nom {Truc. il. 6. 54.)-
Mars peregre advenlens falumt Merienem
Uxorem j'uam.
Au fonet Se aux torches qne porte ordinaire-
ment Bellone y Clan-dien ajoute une faulx (L'üírop,
il. 244. )
Quid dudiim inflare moraris
Tartaream.Bellona,rubam?quid flringere falcem?
Les Bellonaires célébrcient fes féres la veille
des nones de Jnin , & le neuf des calendes
d'Avrii-j lis máchoíent une-plante appelée Bel-
]onaria,qu¡ les faifoir entrer en firreur, & les dii-
p jfoit aux coups Se aux plaies qui caradtérífoiem
ces fétes.
Hygin {Fab. 274.) , dit que Btllons avoit inventé'
BEL
raieunie á couo’re , v.tvt\¿e en pe
GU¿' ¿e:á ñit formé fon nom : abus cíAident de
^ ^"b^LLUTÚS 3 furnom de L. Sicmius , pre-
mier tiibun du peuple. FeíVas le rend par
pmílis j femblabie a une béte»
B É L O M A N C E , \ Biy^tc-aniset , divination
BELOMANCIE, S ,, , ,
par les fleches. Ce'mot eft compofe oe
. ñecke , & de y^yrítot , divination. La belonuzn-
cie éroit pratiquée par les Orientaux & pa.r >-S
Arabes en particuber. 11 y en avoitue deux lót-^s-
1°. On marquoit des fleches & on les mettoir dans
un fac , au nombre de onze ; on les prenoit en-
füite ; & felón les marques j on tiroit des conle-
cuences nourravenir; on ne fe ¡ervoit q_u>,
de trois fleches, fur fuñe defquelles on ecnvoit,
Diea me l’ordonne ; fur une aurre, Dieu me le
défend 5 & Fon n écrivoit ríen fur la troiíieme.
Aprés Ies avoir renfermées dans un_ carqums ,
on en tiroit une au hafard : II c étoit la fleche
fur laquelle étoit écrit , Dieu me Fordonne on
faifoit la chofe pour laquelle on confmtoit le
fort. Tiroit-on la fleche qui portoit Eueupe
le défend , on ne la faifoit pas. Sí, la troilipne
enñn fortoit la oremiére , on recomtnenqoii. la
divination. Les .\rabes appellent cette divmation
On a quelquefois cotifondu la divination par
les bapuettes j avec la bílomancie ; mais c eft a
tort : elle apcartient á Fárdele Rabdomancie.
BELFHÉGOa. Foyer Baal-Peor.
BÉLUS, principale áivinité des Babyloniens.
Bien n’étoit aitíli riche rd auíii magnifique que
le temple quhl avoit á Babylone. Les rois de_Ba-
bvlone s’attacbérent fucceflivement á 1 embeilir &
á' Fenrichir ; en forte qu il y avoit des tréíors
immeníes ^ lorfque Xerxes , au retouir ue la
heureufe expédidon de Gréce - Is pilla óc it de-
moüt entiéremenr. Hérodote en fait une bel.'e
defeription dans fon premier Livre. Dans 1 en-
droit !e plus elevé du temple , celai pouj leqiiel
on avoit le plus de vénératícn , i! y avoit un^ lit
magniílque . ou couchoit une femme de la yille ,
que le prétre de Bélus choniíToit chaqué jour ,
lui faifant accroire qu*elie y étoit honoree qe la
préfence du dieii.
Bélus étoit le folei! ou .Tupiter , ou la nature
elle-méme, qu’pn adoroit fous ce nom. Dans la
liiite , le premier roi des Afll/riens , a qui on
donna par honneur le nom de heius^ , ayant ete
mis aprés fa moit au ranq des dieu-x , u fut
confondu avec la grande divinité ces Affyriens.
11 y a eu plufieurs autres priaces de ce^ nom.
Cicéron , entre pliilieurs Hercules qu il diñingue,
dit que le cinquieme étoit Bélus ¡ ou Hercuie
FIndien. '
BÉtus 3 roi de Tyr 8c de Fhénicic , fut pére
de Pygmaüon & d'Eliüa^ furnommée Didon.
Verje-^ Didon,
B E N
Bktvs , pere de Danails 3c á’Egyptus 3 eft le
Júpiter égyptien.
EEMBiiSE (rabie). Voyei Isiáqde (table).
BÉME-aploun 3 pas Ampie de vojageur ,
mefare linéaire & hinéraire de Fa1i^& de
FEgypte. Ede valok 15 pouces & -33 ce r ranee.
Béme-diploun 3 ampelos 3 mefure linéaire Se
itinéVaire de FAfie & de FEgvpre ; elle valoit
n pouces & 4oa de
fures anciennes des memes pays 3 deux bcmts-
aplom.
BEMILUCIOVI ou B-emiíuc. JovL
Mutatori (ijSfo 6.), rapporte Finferiptios
fui Y ante ;
DEO BE
MIEUCIO
VI.
que Montfaucon croyoit devoir iire deo bemi-
LUC. ( bimiluciano ) JOVI. F. B-MILDCIUS.
BÉMÍLUCIL'S, furnom de Júpiter , adoré
dans la Bourgoenc ^-prés Fabbaye de tlayigni,
oú ce dieu avoit des aurels. On y a rrouve une
ftatue de Júpiter Bémilucius , ou n eL repre-
fenté jeune & fans barbe,
BENDID1ES 3 fétes qui fe célébroient dans
le Pyrée d’Athenes , le 19 ou le 20 du raois
Thargelion , en Fhonneur de Diane, furnommee
Bendís. Ces fétes reíFemblolent un peu par ieur
licence aux Bacchanales.
BEADIS ; c'eft le nom que Ies Thraces don-
noient á leiir Diane, ou plutot a la lune, felón
Pal'-Ephate ( c. 32. ) & Suidas- Strabon 9->
& Proclus (lib. I. in Tim. Plato.
¡es fétes célébrées en fon honneur , etoient tort
bravantes.' Le cuite de Bendis fut pone a
Athenes par des m.archands qui frequentoieHc
les cotes de la Thrace.
BENÉ. Les Romains employoient ce mor
iorfquflls büVG’ent á' la iante íes uns des aun-s.
Toxilus.dit dans Plaute ( Perj. v_. rao. y ■ “ )
33 bois á ma fanté , á la votre 8c a qeue de m
>3 aroie.
Biné miki 3 biné vohis , lene amíct mU.
Lemniféiéhe répond á To_xilus_: “^lous vous n
33 mercions de vos fouhaitsi ils nous íom
33 agréables. 33
Tuáfañum apera : biné ortinihiís nolis.
Dans le memg poete ( Stloh. 5. 4, ^7- ) ^
encore :
Bine vos 3 heni nos , htm te , lene me ,
noflram etium Stepkinium.
Cette formule bené régiSbit FinfinitL
B E N
heüénirmequi faifoit fons-:ntenáre pr^íor: comme
Ü I'on eiít d:t , precor lene nos vivere & vslere.
BÉNÉFICE.-) . - ,
BENEFICIUM. 5 expnmoit c^.ez
les Romains diííérenres efpeces de concefíions j
mais particulicremen: les concedions des terres
faires aax foldats véterans , qui fe perpétuérent
fous !e goiivernemeni: féodai , & f’urent appelées
íénéf.ces miiitcires.
Be.iíficium déíignóit un avancement dans la
m:i;ce , done r.cíKcier oi: ¡e foidaí proinu , avoit
robhgation á un general oa á un emperear. On
trou'/e ¡e mor óempcluni pris dans cette accep-
tion dans V'alcre- Máxime ( ir. 7. p. ) : Áamoc^um
híirníii loco iiaTus , aá^equefirem orc'niein, ü’/píCn-
didn mihñd jtípendia P. í.oü:i benepcio perveneraZ;
Sf dans iuetone ( 1 ib. c, 12. n. q. ) : venit etiam
zr fppizionem per cuojáaoi her.vfícíi Jííí centuriones.
Pendant que ía république fubñftoit , ct%. bene-
ficia accordés par ies rnajiítrats qui gouvernoient
ks provinces 5 n’avoient d'eífer que trente jours
aprés que ces rmgiítrats les avoient fait inferiré
a Rome far les regiilres du tréfor piibüc , ce
qai S appelo;t ad urcriiím referre. Cicéron dit :
( pro Arck. c. ) aáíit ha, editates civiam Ro-
mar.urujn, & in beneficiis ad arariain. relatas efi.
Le general & depuis , Pempereur infcriv'oit
fur les regiílres du tréfor pubiic j au chapitre
des béncfices , ceux qui avoient fervi dans la
cohorte prétorienne. Comme on ne pouvoit en-
trer dans cette cohorte íans étre citoyen romain ,
Cicerón prouve ouefon client Archias iouiíToit
du droit de cítoyen 3 puifqu'il étoit inferit fur
Pétat du tréfor pubiic , aa rang des foldats pré-
tonens (pro Arck. c. y. ) lis temporibus ana tu
eriminaris , m zpjias qaideni jadicio in civiam
Romanoram jure ejje yerfatam , in beneficiis ad
trariam delatas efi a L. Lucullo pratore & ccnfule.
Ceux qui étotent infents de la forte , pouvoient
pofféder des bénéfices. Les jeunes gens qui ac-
compagnoient les magiídrats dans les provinces ,
deíiroient eux-!Tiémes d'étre inferits conirae s’ils
fuílent fortis de la cohorte prétorienne ; non
pour devenir foldats - bénéficiaires j mais pour
obtenir desexemptions particuliéres, & parce que
cette infeription les rendoit plus recomman-
dables.
On donnott auííi le nom de hh.éñce ¡ bencficium,
a certains priviléges , tels que des exenvations
de charges , des perrr.iííions de preñare une
quannté d'eau dans les aqueducs publics , &c.
Le nom de beneficlum s’étendoit encore á tout
ce oue le prince détachoit .de fon domaine pour
e.n hire des largeiTeSj foit que ce mffent des
biens meubles ou des immeubles; comme on ie
''ou dans ie code de Juítinien. Ces bénéfices
donnés avec des reíirittioDS , ou fous des condi-
tions particulicres 3 formérent depuis ies f.efs
«es laics S: des (¿liícs.
B E N
BÉNÉFICIAIRE. ^ • a
BENEFICIARIUP. f Ce mor dehgnoit dans
la miiice , des foldats ou des ofSciers eleves á
ys grades fupérieurs . par ies tribuns ou par
ti autres magiítrats Vegece ( il. J : Beneficiara
ab eo appeltati , quod promoventar beneficio tri-
bunorum.^ Tlte-Live ( 7X. 50. ) Ut tribuni mili-
tum fieni deni in apaatuor legiones h. populo crea-
.rentar , qaa antea perqaam paucis fuffragiis po-
puli reliáis loéis , ailiatorum & conjulum ferme
fucrant beneficia. Ceiui qui avoit eré ainíi favo-
rifé par queique magiftrat , ajoutoit le nom ds
fon bienfaiteur au titre de oéaéficiaire ¡ ckft pour-
quo: nous iifons fouvent dans les inferiptions ,
BeSSTICJ AS.IUS COSSULIS 3 pROCOerSOZIS ,
pRIETontS.
Les ioldats qui avoient obtenu un congé hp-
norab'e , konefia mijjio , & les volontaires ,
étoient auíii appelés bénéficlaires. Feílus : ñene-
jiciarii dicebantur milites , qui vacant manere , du-
cis beneficio. Catfar (^ Bel. Civ. ni. SS ) .• Evoca-
torum circiter dúo millia , que. ex beneficiariis fiu-
periorum exercicuum ad eum coafiuxerant.
On déíignoit par le méme mor beneficiarius ,
l'oíHcier pablic qui coiifervoit ¡e regiilre des
bénéfices , Sz qui en dreífoit Ies acles. Ce nom
déíigna aufli les colledleurs des droits & des
iinpóts. Tertuliien en fait mention dans fon
Traité de tug. & Perfec. ( c. 15, oii il reproche
aux chrétiens timides , fargent quhls payoienc
aux bénéfiezaires , pour empécher de les dénon-
cer ; comme en ufoient ceux qui exerqoient des
profeflions honteufes ou défendues par Ies loix :
Nejado dolendum an eruheficendum filt , cum in ma-
tricibas btnefi.ciariorum , & curioforum ^ Ínter taber-
narios & Linios 3 bi fiares halnearam , & aleones ,
& lenones Ckrifiiini r-noque vecUgales conúnentar.
447
BENEFICIORUM líber. Du tems de la ré-
pub!ioue3 les Romains donnoienr ce nom au
regiilre du tréfor pubiic , fur lequei ies gouver-
neurs des provinces rentrés dans Rome ,
faifoient inferiré les tribuns militaires 3 Ies cen-
turions Se les jeunes citoyens de leur cortége qu'ils
avoient promus á queique dignité : ad erariam in
beneficiis deferebant.
Augfiíle ayant entrepris le dénombrement ge-
neral de l’empire romain . on appela heneficiorarn
líber 3 le regiPtre particulier fur lequel on écri-
voit ¡es noms des bénéfiiei aires auxqaeis on avoit
diítribué des terres 3 & ce qui reíloit encore de
terres á donner.
BENE VALETE , foyez heureux , ou portez-
vous-bien. Les comédies finiifoient á Rome pii
ce fouhiir adreílé aux ípedlareims , Se par une
invitation a applaudir. Piaute C Tracal, extr. ) :
Speciatores ¡Ezz; er Azzr z jplaudzte azque exfurgite.
Les papes fini/Tcient autrefois leurs lettres par
ce monogrjinine bte 3 qui íIgnLiii: szízevazzzs.
44^
B E O
EE^iNA , .mot eau'iois ac^^pt^ p*r !es Ro-
mains , pour déügner un íeger tombereau termé
par des claiss d'oíier;, & porté íur deux roaes.
Feílus ; ien.na. ¿znguá Galilea geaus vekieuli ap-
pcllatur y unde vocantur conbennones in eMem
benná fedentes. Catón a employé ce mor ‘ dans
íe vingt-troifiénie chapitre de fon Traite de Re
Rufiicá : berMí emantu-r.
BEOTARQUE , chef des Béotiens , leur pre-
mier magiferat. Les Bíotarques exerijoient á
Thébes Íes menies foaílions que Ies Archontes
á Ath enes. Le mot béotarque elt compofé du nom
de la province , & de afxir» , commander.
BEOTIE. On a donné plufíeurs étymologies
myíhologiques du nom de cette contrée, dont
Thébes étoit ia capitale- Quelques-uns le dérí-
vent de Béotas , fiis , felón les uns , d’ítonus j.
& petk-fiis d’Amphyciion j le plus jeune des
enfans de Deucalion & de Pyrrha. Ce Béotas
étoit j felón d’autres écrivains , füs d'Arne Se de
ÍS’eptune j c'eít pourquoi ce dieueft fouvent place
fur les médaiiles des Béotiens ; il elt cependanr
plus raifonnable d'attribuer aux ports des Béo-
tiens j ce type qui eíl commun á beaucoup de
provinces maritimes. Béotas fut ainíi appelé
da mot , boeuf j parce que fa mere le cacha
dans du ñimier de beeufs , pour en dérober ia
connoiiTance á fon pere. Une Teconde étymologie
dérive le mot Béoñe , direóiement de b'k , besur j
parce que Cadmus fut conduit par un de ces
animaux á fendroit ou il bátit Thébes. Au teñe
la racine |3i-í ^ paroit avoir fait imaginer aprés-
coup ces vaines érymologies, ainíi que ia troi-
líéme , qni eíl fondée fur la pefanteur de Fefprit
¿es Béotiens.
BÉOTÍEN. l es Béotiens paíTosent dans la Gréce
pour un peuple lourd & ftupide. Pindare & PIu-
tarque , qui étoient Béotiens & qui faifoient Une
exception trés-remarquable , conviennent de la
vérité de cette opinión. Homere , long - ternps
avant eux , difoit que les Béotiens étoient lourds
& pefants ; de forte que la Béotie & les Béotiens
fervoient toujours de point de comparaifon aux
Grecs & méme aux Latins , lorfqu’ils vouioieat
taxer quelqkun de bétife , ou quelque chofe de
fnauvais goút. Une chanfon béotiene dans ^riílp-
phancj des énigmes béotiennes , &c. Horace
s'exprime de meme (Epiji. jJ. i. 244.);
Bxoturrt in crajfo jurares .aere natum.
P P í?
■ij L. n.
Esotien.^ ( le bouclier ) étoit ovale & echan,
eré fur les córés. On íe voit fréquemment fur ej
médaiiles de Béotie.
Beojiens j BOinTON.
Les médaiiles auíonomes de ce peuple font;
C. en argent.
R. en bronze.
O. en OEv
Leurs types ordúiaires font : la bouclier héo~
den. — Nepmne debout , le pied droit appuye
fur une proue de vaiíTeau. — U.n vafe.
Les vilíes- de la Boétie ne plaqoieat ordinaire-
ment fur leurs médaiiles ^ que les premieres
lettres de leurs nonas.
BERCEAÜ. )
BERCER- > ün bas-reüef de la villa Bor-
BERCEüR. 3
ghefe, qui repréfente Téléphe, Fds d’HercuIe ,
Augé fa mere , avec la biche fa nourrice , ainíi
que pluíieurs médaiiles , noiis font voit que les
anciens avoient Fufage funeíle d'emmaiiiotter les
enfans avec des bandelettes í ils renfenuoient auíll
les bras fous ces enveloppes redoubiées ^ qiF iis
appelioient cunahula & incunahula. Quelques
philologues onr avimis une diílinaion entre ces
deux ir.ots’, ils ont ñxé le fecond pour íes langes
& le maillor, & réfervé le premier pour les ban-
des avec lefquelies on ñxe les enfans emmaiüottés
dans le berceau. Lhm & Fautre cependant ontété
pris indiíFéremment pour déíigner la plus tendre
enfance. Thétis dit dans FAchilléide de Stace
(1.3S.) ; pourquoi ai-je confié la premiére éducation
de monfiis au centaura Chiron? Pourquoi le mont
Péiion & Fantre d'un centaura lui ont-ilsfervi
de berceau ?
- Quid enim cunahula parve
, Pelion j, & torvi commijimus antra magijfirz t
Suétone voulant dire que A^eípaílen fe rendoit
fouvent dans Fendroit ou Fon éievoir des enfans,
s’e.xprime en ces termes ( c. 2. n. i.) : Princeps
locum incunabiilorum ajpdue freqüentavit.
Les anciens avoient, ainá que les modernes,
Fufage pernicieiix dii ipaillot , & Fufage plus
dangereux encore de hercer les enfans. Les ber-
ceurs ou berceufes étoient appelés CuNARiUS Sí
Cunaría. Gruter, pag. 3UjrapporteFépitapi'5e
d’une berceuft :
D. M.
Etienne de Byzance dít que Ies Béotiens étoient
les plus hábiles des Grecs pour ia gymnaílique.
Beotien. ( mode ) Pollux ( rv. p. ) met ce
mode au nombre de ceux qui tiroient leur nom
de la nation chez laquelle ils avoient été d’abord
en ufage, II ajoate que c étoit un des modes oa
nomes dont fe fervoitTerpandre ; par conféquent
le nom Béotun étoit propre aux cithares.
TEIAE. TREPTAE. SO
ROR. PUSSIMAE. CUNA
. RtAE. RUFINA,^. V. T.
etyPTUS. FRATER. QUI
EX. FELIX. VfCoS. VIVAE
POSUIT.
Martia! témoígne ( xi. 4C. ) que Fon donnoft
B É R
au lerzeau des enfans ]e rr.iv.t ms-iivcment íl
^ contraire á lenr fanté j q-.ie Ies nourrices le'Jr
imprimenr encore aujourd’hai :
Cup.aruni fueras motor ¡ Cnarideme ^ meariim.
Quant á la forme des berceaux , elle varia fe-
lón les pays Sr les inodes ; tantdt ce tut un petit
lie j tantdt un van ^ tantdt un boucüer concave ,
tantdt enfin , une petite barque ^ qui conlerva
chez Ies Grecs fon nom propre
BÉRÉCÍXTHE. ^
BÉRÉCINTHIE- > la mere des
dieux 3 pris de la montagne de Bérídnthe , en
Phrygie 3 oü Fon difoic qu eüe étoit née. Le cuite
de Bérécinthie étoit fort célebre dans les Gaules,
& Ton voitdans Grégoire de" Tours, quil rub-
fiftoit encore au quatrieme íiécle. On promeaoit
á trayers les champs & les vignes 3 Bérécinthie
fur un cliar traíné par des bceufs 3 pour la con-
fervadon des biens de la terre ; & le peuple
fuivoit en foule , en chantant & danfant devant
la ílatue. Voye^ Cybéle.
Héfychius parle d’une flúte bérécintkienne 3 Se
Horace (i. od. 18.) d’une trompette ou d’un cor
bérécinthien , ainíí nommés 3 parce qu’ils étoient
OI ufage dans les fétes de Bérécintke.
BÉRÉNICE premiérc 3 femme de Ptolémée
premier roi d'Egypte. bassiAISSHS befenikhs.
Ses médailles font:
RRR. en argent.
RRR. en bronze.
Bérénice 3 femme de Ptoléinée dixiéme3 roi
d’Egypte.
Ses médailles font :
RRR. en or.
RRR. en bronze.
O. en argent.
Berénice 3 reine d’Egypte 3 epoufe de Ptolé-
Biée- Evergéte 3 promit aux dieux le facrificede
fes chet^eux 3 íi fon mari revenoit viélorieux de
fon expédition de Syrie. Le vceu fut exaucé , &
la Frinceífe fe dépouilla de cet ornement de fa
tete 3 pour le confacrer dans le temple de Mars.
A peine ía chevelure y fut-elie depofée, qifelle
difparutj & Conon, célebre aftronome de ce
tetns-Iá3 pour confoler Béréráce , 011 pour la flat-
ter 3 vouiut luí perfuader que fon facrifice avoit
été íl agréable au Dieu Mars 3 qu’ii avoit place
fa chevelure parmi les añres. L’aftronome mon- ■
ira méme dans le firmament un lieu voiíin de la
grande ourfe , oú Ton voit une maltitude de
petites étoiies un peu obfeures 3 accumulées,qu'il
donna pour cette chevelure , dont on a fait de-
puís une conñellation. Le poete Callimaque coen-
pofa 3 fur I’enlévement de cette chevelure , un
poéme que Catuí'e traduiíit en latín.
Bes.£nice. Les éditeurs des monumeas d’Her-
■Aitiq^uités y Tome I.
EER 43,
c. -a.ium ont donn. á un bude de bronze reoré-
-e.ntant .3.poúon coerfé 3 felón ruE ve anticua 3
^ec le corymbas des ieunes filies 3' le no¿ de
parce que les médailles de cette coauíe
d. J^03emee-Lagus3 portent une téte de femme
coence ce la meme maniere. Quoiriie Fcn li'e
e nom ae Bérénice .aurour de certe'tice . V'i;;-
ií^ann croit y recbnnoitre Diahe ; & le buííe
üHerculanum repréfe.nte Apollen.
Berénice 3 foeur a Agdppa II , tétrarque de
Oalitee 3 rut foupeonnee d un commerce honteux
av'ec ce pnnee 3 á caufe d’un diamant quhi lui
avoit donné; tant on prifoit alors cette tare
fubílance j Le mordant Juvénal nous a confetvé
¡e fouvenir ae ce fait hiftorique 3 relatif á la mi-
néralogie ( Sat. 6. 1 jd. ) :
Deinde adamas notifimus , & Berenices
Zn dígito faclus pretiofior : hiir.c dedil olim
Barbaras incefis, , dedil hunc Agrippa forori ¡
Observant ithi fejia mero pede fabhata reges 3
Et vetas indulget fenibus clementia porcis.
BlaRGERS. On a dit trop généralemenr que
Ies Egyptiens avotent Ies bergers ‘ e'n- horrelir j
puífque Hérodete & Diodore les comptent parmi
les fept claíTes dans lefquelies ce peuple étoit-
divifé ; que d'adleurs les habitans du Nóme de
Mendés avoient beaucouD de coníidératioii pouc
ceux qui gardoient les chévres ; & qu^enfin
Plérodote dit poíitivement que les gardeurs de
cochons étoient feuls regardés avec horreur. lí
faut reftreindre cette. propoíition aux bergers-
étrangers 3 voiíins de PEgypte. Comme ils
tuoienr indtfieremirient les aniniaux que chaqué
Nóme de l’Egypíe honoroit d’un rculce particu-
lier 3 il étoit naturel que Ies Egyptiens détef-
taíTent les meiutriers de leurs divinités.. Ceíl
rdpinion de Jablonski 3 qui paroit véritable.
Les Grecs & les Romains repréfentoient foug
vent ¿S.S bergers fur Iturs monumens, parce que
ces habitans des champs étoient fouveoc rap-
peiés dans Ies dogmes mythologicues. On Ies y
reconnoit facilement á l’un des trois attribats
fuivans3 & quelquefois á tous ' les trois : la pa-
netiére , le báron courbé appele pedum , Se la
flúte foit droite ou obligue 3 foit á plulieurs
tuyaux 3 appelée ffala , ou fyringe de Pan. Oa
y voit jointes quelquefois Ies peaux des bétes
qui fervoient á les couvrir , & les vafes dans lef-
quels ils buvoJent3 ou quiíérvoient á traite leurs
vaches. Lorfque Daphnis f Long. pafior. iv. )
quitta la profeíEon de ierger 3 il raíTembla teus
Ies meubles qui lui avoient fervi , & Ies ofrrit
aux divinités des champs. II confacra fa peau de
lion & fa paneriére á Bacchus 3 fa flúte & fa
fyringe á Pan 3 & aux nymphes fon bátóh courbé .
avec fes vafes de berger. Les poetes font fouv'enc
LII =
BES
450
mention
á- ^9-)-
B É R
de femblabíes offrandes. TibuIIc (iJ.
'Pendehatque vagi psftoris in arbore votum ,
Gárrula fylvefiri fiflula facra dio.
Et Virgüe ( 'Bel. 7. 24. ) :
Hic argüía facra pendebil fiftula plnit.
BERGIMUS , divinité particuliére des habi-
tans de Brefcia en Italie qui luí avoient confa-
cré un temple & une prétreíTe. On voit encore
chez eux un monument fur lequel Bergimus eft
repréfenté avec des habits romains.
Gruter (1159. 4. ) ^ rapporte rinfeription fui-
vante trouvée á Brefcia :
BERGIM
M. NONIXÍS
M. F. FAB
SEVERIA.NUS
Y. S.
Mufatori (97. 3. 4. 5. & 297. 4. Thef infir.) ,
& Spon ont auffi rapporré pluíieurs infcrrptíons
en rhonneur de Bergimus. Ce dieu , particuher
au pays de Brefcia , eft d’aiileurs inconnu- On
croit ciue c’éroir un dieu des montagnes , parce
que berg en celtique fignifie montagne.
BÉRIL. Voyei ÁIGUE-MARINE.
BERNER. Voyei Sagatiq.
BÉROEA, en Macédoine. bepaiqh.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRR. en bronze. IfBellerin').
O. en or.
O. en argent.
On diftingue les médailles des deux Berhees j
par la maniere dont leurs noms font ecrits.
Béroea j en Syrie. bepoia , & beppoia , &
BEPOH.
Hunter en poííedoit une médaille autónoma
de bronze , avec la légende fupérleure & un
dauphin entortiiié autour d’un trident ^ felón
M. Combe.
Cette ville a fain frapper des m.édaiiles impe-
riales grecques en rhonneur deTrajaiij d"Ae-
lius 5 dCAntonin , d’Hadrien.
BÉROÉ j une des nymphes que Virgile donne
pour compagne á Cyréne , mere d’Ariñée. La
nourrice de Sémélé portoit auííi ce nom.
BÉRUTH femme a Hypfiñus j mere d'üranus
& de Gé.
BÉRYTEj en Phénicie. BHPYTinN.
Les médailles autonomes de cette ville font ;
RRRR. en or. ( Peller.iti ),
C. en bronze.
O. en argent.
Cette vilie a fait frapper quelques médaille*
impériales grecques , felón le P- Hardouin.
Devenue colonia romaine ^ Béryte a fair frapi.
per avec la légende col. fel. ber. Colonia
Félix Berytus , des médailles latines en i'honneur
de Céfar , d^Augiifte , de Tibére , de Claude ,
de Dominen ^ de Nerva , de Tra]an , d'Hadrien^
d’Antonin i de M. -Auréle, de Commode, de
Sévére , de Domna , de Caracalla , de Macrin ^
deBiaduménien , d'Eíagabale , dCLonia-Fauítina^
de Gordin-Pie 5 de Valérien , de Galiien, de
Salonine , de Matfa , de Tranquilline , d'Hofti-
lien.
BES , Bejjts , Des , diviíion de l’ancfenne Üvre
romaine , valoit , en poids de France , 4Z0S
grains j valoit, en poids anciens , i 2 feptunx ,
ou I jfexunx, ou i | quincunx, ou 2 triens ,
ou 2 7 quadrans , ou 4 fexrans , ou 8 onces.
Bes j Bejjls , Des , mefure linéaire des anciens
Romains. Elle valoit 7 pouces -jflj- de France.
Elle valoit , en mefures anciennes des Romains ,
I -í feptunx j ou i y fexunx , ou i } quincunx,
ou 2 tríeos j ou 2 I quadrans , ou 4 fexrans »
ou 8 onces.
Bes j monnoie de compre des anciens Ro-
mains; elle étbit répréfentée par ce figne,5=^.
Elle valoit 8 onces, ou ló femi-onces , ou
24 duelles j ou 32 íiciiiques , ou 48 fextules,
ou 192 fcripule?.
Bes , monnoie effeéiivc des anciens Romains.
Voye^ Bessis.
Bes , mefure de capacité pour Ies liqueurs des
anciens Romains. Foye^ Bessis.
Bes , mefure gromatique des anciens Romains.
Foyei Bessis.
BESA divinité particuliére de la ville d’Aby-
dus , dans la Thébaide. Ammien-Marcellin en
parle dans fon hiíioire ( lib. 19. ). La^ maniere
de coníulter Toracle de Befa , étoit dYcrire fes
demandes dans des hiüers cachetes que jes pr^
tres portoient dans le fanéluaíre du dieu , . cC
auxquels iis rapporcoient des réponfes. , . . ,
Ifaac Cafaubon a cru feuí que cette diyimtc
étoit adorée á Andnoils ou Antinopolis , d apres
un paffage ele la bibliothéque de Photius
oü cet écrivain dit quHelladius auteur celcbiC
dans fon íiécle , étoit Egyptien & á’Antinous ,
ou , comme il le difoit lui-méme , de Befantinous.
BESSALIS , nom qui défignoit á Rome des
briques de huit pouces romamsdans toutes leurs
dimeníions. Yitruve ( v. 10. 1 r Fx altera j>artt
beffülibas latercuUs pils. fruantur. Cette efpece S
brique devint fans doute de l’ufage le plus
mun ; car fon nom bejfalis , dtíigna par la iu-'-
toute efpece de brique en général chez íes . o
mains, aiaíi que SuVaAo» chez Ies Crees.
BESSIS 3 Bes 3 Des 3 monnoie s.cs —
BES
Roraaíns ; eüe valut , dapuis li foníkrion' dc
Rotr.e iufqu'á Tan 485 ,15 fols 4 deniers ,
monnoie aíftuelle de France.
Elle valoit alors en monnoie des Romains ,
I I feptunx j ou I f fetnis j ou 8 onces.
Bessis , Bes , Des , tnefure de capacité pour
les liqueurs des anciens Romains ; elle valoit
13 roquilles & de France. Elle valoit en me-
fare des Romains i §■ feptunx ou i f fexanx ,
cu I Y cuincunx , ou 2 triens ^ ou 2 f quadrans ^
<3U4fextanSj ou S onces.
Bessis , BeSj Des , mefure gromatique des
anciens Romains ; elle valoit 4^2 toifes carrees
“ de France.
Elle valoit ^ en mefure des Romains , fsp-
tunx j ou I f fexunx , ou i | quincunx , ou 2
triens ^ ou 2 i quadrans , ou 4 fextans, ou 8
onces.
Bessis , mefure linéaire des anciens Romains.
Voyei¡^ Bes.
Bessis , diyifion de la livre romaine de poids.
V^oyer Bes.
BESTIA , furnom dc la famille Cal-
PURNlA.
BESTIAIRE 3 Befiiarius , celui qui combar
contre les bétes , ou qui y eft expofé. Les Grecs
les appeloient ¡ 3
Caffiodore dit v. 42.) , que les Athéniens
avoient introduit Ies premiéis , dans leurs villes ^
ces combatS ; Hunc ludum crudelem Atkenienfes
primum ad civitatis fus. produxere culturam. Lu-
cien ( in Toxari ) fait mention de ces combats
établis á Athénes des le temps de Solon &
d’Anacharíis.
On diffinguoit communément dcux fortes de
hefliaires. Les premiers étoient condamnés aux
bétes j parce qu'ils avoient été pris á la guerre ,
ou parce qu’iis avoient commis quelque crime
capital ^ ou enfin , parce qTétant efcíaves , ils
s'étoient rendus griévement coupables envers
leurs maítres. Cette premiére claíTe de beftiaires
étoit expofée aux bétes j fans armes & fans dé-
fenfe. 11 ne leur fervoit de ríen de vaincre la
bete & de la tuer 5 on en láchoit toujours de
nouvelies contre eux , jufqif á ce qufiis euíTent
été mxis á mort. Mais il étoit rare qu’il falíút la-
char deux bétes contre le meme beflaire ; une
feule oráinairement en tuoit plufieurs 3 Se Cicé-
ron parle dans FOraifon pour Sexdus 3 d'un lion
qui avoit tué lui feul deux cents beftiaires.
La fecor.de efpéce de beftiaires étoit compofée,
dit Stnéque ( epift. jo. ) , de jeunes gens qui 3
pour s'exercer au maniement des armes , com-
battoient tantót entre-eux3 tantót contre les
bétes ; & de braves qui 3 pour faite parade de
leur courage & de leur adreíTe, s’expofoient á ces
dangereux combats. Auguñe fit defeendre dans
1 arene j des jeunes gens de la premiére noblelTe. i
( Suet. in. Aug. 43. ). Néroa %y expofa lui-méme ¡
B E T 451
8c c’étok pour avoirtué
ci,es bétes dans raEnphithéátre ^ que Commodc
Te n,t appelgr / Hercule Rotnain.
On peut faite une troifieme claiTe de beftiaires ,
de ceux qui exercoient ce dangereux & vil
metier pour de largent. On Ies louoir3 1°. pour
combattre aux funérailles , ainfi que les gla-
diateurs ; 2°. pour amufer le peuple dans les
fpcctacles ; dc 3®. pour aflbuvir la barbare
cruauté de quelques empereurs , tels qu’Eiaga-
ba'Cj qui ( Lamprid. c. zy ) fe plaifoit á man-
gar dans un falon élevé 3 d^’ou il pouvoit voir ,
fans forrir de table , ks combats des beftiaires :
Stravit jibi tricliriium in fummo luforio. Et dunt
pranderet , noxios •S’ venationes ibi exkibuit.
La premiére Se la troifiéme claíTe des beftiaires
étoíent déclarées infames par les loix 5 & Ton ne
pouvoit condamner un cito7en romain á ce fup-
plice : les chrétiens perdirent feuls ce privilége,
II y avoit des écoles od les beftiaires etudioient
íes fineíTes de leur vile profefíion. Tertullien en
parle dans fon Apologie {c. 33.) ; Teftis & Tibe-
ris 3 & fckols befiiariorum. Lorfque les jeux du-
roient pendant un jour entier 3 011 appeloit
les beftiaires qiii fuccédoient aux premiers , me-
ridiani ceux qui nktoient expofés que Taprés
midÍ3 & irx.ctraí^ ceux qui terminoient le fpeélacle-
Quelquefois on faifoit combattre plufieurs
hommes armes tout-á-la-fois contre plufieurs
bétes. Ce fpeélacle étoit appeié Venatio ^
chaíTe ; ainfi que celui ou l'on abandonnoii á
tout ie peuple un grand nombre de bétes fau-
vages 3 pour les pourfuivre & les tuer.
BETERR.-E 3 dans les Gaules. bhtappA.
Les médailles autonomes de cette vüle fonr:
RRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
BÉTES ( combar des )• Voyej^ Animaux &
Bestiaires.
BETH-CAB 3 mefure géodéfique ou groma-
tiqae de TAfie dc de FEgi^pte 5 elle valoit 3 en
mefures anciennes des mémes pays 3 4 beth-roh,
ou 16 Y décapodes carréeSj ou 4i<5 f- coudées
facrées carrées j ou 1666 f pieds géométriques
carrés.
Elle valoit 3 en mefure de France 3 yÚzc dkr-
pent.
BETH-COR 3 mefure géodéfique 3 ou groma-
tique de FAfié & de FÉgypte ; elle valoit 3 en
mefures anciennes des mémes pays3 2 ¿eté-lether,
ou 30 aroures3 ou 60 focarions3 ou 180 betk-
cab 3 ou 720 beth-Toh , ou 3000 decapodes car-
rées 3 ou 75,000 coudées facrées carrées 3 ou
30O3OC0 pieds géométnqnes catres.
Elle valoit , en mefares de France , 4 arpen?
8c
lOOO*
BETH - l ETKER 3 mefure géodéfique ou
gromatique de FAfie Si de FEgypte , eüe valoit,
L 1 1 ij
45“ B I A
en rrierares arxiennes aes meir.es paySj I J afonr-
íes , plethres^ verfes ^ íííA-féah ^ modios ^ ou
rccai'ion _> ou 90 beth-cik) 3 ou 3^© óeth-io^ 3
ou I peo décapodes carrees , ou 37.ÍCO coudées
facrées carrees ^ ou i ^o^coo pieds géométriques
carres.
Eiie va’oir ^ en mefures de France 3 1 arpens
1 o o i - - •
■ BETK-ROB j mefiire géodéfique ou groma-
tique de TAfie & de FEgypte ; elle valoit , ^ en
mefures anciennes des mémes paj’s j 4 ? déca-
podes carrees ou IC4 | coudées carrees , ou
41 ó I pieds géométriques carrés.
File vaioit p en mefures de France ^ d'ar-
pent.
BETH-SEAH 3 mefure géodéíique ou 'groma-
tique de TAíie Sr de TEgr-pte. Fi Aroure.
BETILIENA , famiüe romaine doní on a
des médaiíies:
RR. en brenze.
O. en or.
- O. en argenr.
: Le furnom de cette famille eft Bassvs,
BÉTYLE. Foye^; Bétíle.
B EUR RE. Les Grecs n’ont prefque point
connti le beiúrre , ou ne Tont connu que fort
tard. Homére 3 Théocrite , Euripide & toas les
autres poetes parlent fouvent de lait & de fro-
mage ; mais ils ne font jamais mention du
beurre. Ariñote a recueilli dans fon hiíloire des
animaux {lib. 3. c. ao. &.zr.), pluíieurs obfer-
vations rerriarquables fur le iait & le fromage ^
fans faire la plus légere mention du beurre. Les
nations barbares le-connoifioient au tems de
Pline ( lib. 38. c. o. ) ; mais c'étoit un méts trés-
recherché parmi elles3 & dont Tufage diííinguoit
les riches des pauvres. Les Romaíns ne s’en fer-
voient que. pour faire des remedes 3 & en par-
ticuiier pour guérir les ulceres. Les premiers
enrétiens d’Eqypte dit Clément d'Alexandrie 3
( P Magos, lib. I. c. 6. ) 3 fe fervoient de beurre
au-'ieu d huile pour Ies lampes.
BEZA. Voye-^ Besa.
BIANOR 3 roí des Etriiriens , étoit fiis du
Tibre Se de Manto la devinereíTe : il fonda ,
dit-on 3 la vilie de Slanroue , & luí donna le
ncm de fa mere. Son tombeau fe voyoir encore 3
áii térns .de Yirgile 3 le long du grand chemin
tíe Ronie á 'Mantoue- II fe nerdmok aaífi Oé-
Eus. V-y)-ez Manto.
BTyRQt^S' 5 officíers des empereurs as
ConfenrinoDle.CYtoient ¿es in.ter.ians des vivres.
comme i'indique leur norn co’riUofé de S W 3 rie 3
vivre 3 & As 3 ckef. Les Latins appeloient
un desees off.ciers Príficias Anrons.. S. léveme
en parle dans fa lettre á Pammacbius 3 ée maroae
le rang qil ii Gccupoit : Sed ante 3 Primicerius s
B I B
deínde Senator 3 Ducenarius , B iarchus , czVc/-
toT 3 eques 3 ¿einde Tyro. On appeloit leur charge
BlAS.CH JA.
BIAS 3 ífére de Mélampus. V. ce mot.
BIATEC 3 roí ínconnu. biatec & biat.
Ses médailles font :
RRR. en argent.
O. en or.
O. en bro.nze.
ünique en or. . . . . NeummAN.
Ce favant penfe que ce roí ou tyran a régné dans
la Dace , parce que Ton y trouve fes médailles
ordinairemenr.
On les aYoit crues Efpagnoles 5 mais Florez
n’en fait aucune mention.
BIA©nNATOI. Foyei SUICIDES.
BIBACE. LYpirhéte de bihace , que les Ita-
liens donnent á Hercule lorfqu’il tient un vaíe
á boire , eft plus éíégante que celle de buveur.
Cette derniére n’eft pas plus fonore que noble ,
dit le comre de Caylus 5 & elle doit étre rem-
placée par le mot bihace.
' Bieace ( Hercule )'3 eft repréfenté fur les
médaiíies de Crotone 3 de Smyrne.
íl y a dans FAnthologie grecque une jolie
épigramme fur Hercule bihace ¡ & Ton volt aans
un grand nombre db'nfcriptions recueillks par
Gruter 8c Odérici 3 que Fon confacroit á_ cette
divinité des coupes & d'autres vafes a boire.
BIB,4S1S. Danfe bachiqucj dans laquejle on
éíevoit les talo.ns jufqu’aux cuiíTes. Les peintures
d’Rerculántirr. Seles pierres gravees nous en^offrent
cent exempies. Les Grecs rappeioient bÍmitís.
BIBERUJS mero. Lkmpereur Tibére sYppe-
loit Tiherius Ñero. Les courtifans voulant fe
moquer de fon ivrognene , le nommoient bibenus
Mero 3 par alíiifion aiix mots bibere 3 boire j &
merum , vin.
BIBÉSÍE 8c Edésie 3 étoknt Ies déeíTes des
banquets á Rome : Tune préíidoit au vin 3 &
Fautre á la bonnne-chére.
BIBLIOTHÉQCE. Les peuples pólices qui
renr Ies premiers des livres 3 eurent aidb
imiers des bibliotheques. .
Ofymandias 3 roí d’Egypte 3 contemporain^ e
fam roí de Troye , 'fit conftrture^3
odore de Sicüe 3 une hibliottúque aans ion
lais 3 & il y mit pour infeription ces mots 3-
yíV ÍÍTHtaí 3 médecine de V ame. El y sn e'aX
e depuis dsns le méme pays a
elle étoit placée dans le temple ae v uXai.-
foít-lá qiFHoméFe avoit dérobé , ff'®"
T.niateiiT Naucratés 3 Flhade & l_^Oü;. .-££3
ur s’en parer comme de fes productions.^^
II y avoit á Suze , fous -ks rois -e ,
e biblicthéque confidérable 3 ou
oit confiüté les annaks de cette ?iíom;iC j-C >
ur en écrire fhiltoire. Diodore parle ae
B I B
iibliotk'eque ; on croit cependanr qu’elíe renfer-
moit peu de iivres de fciences , mais pluiór une
collecdon des ioix ^ des qrdonnances & des re-
venus des rois. C’éroit oroba'blement un dépór
femblabie á nos chambres-des-comptes.
Strabon ( lio. 17. } ^ dir qu'Ariítote fut le pre-
mier des Grecs qui forma une blhuotkeaiiz. Mais
i! eif conñant que !ong-:ems avant ce prniofophej
piiiítrate en avoic lait une á Alheñes , que Xer-
cés tranfporta en Pcrfe , & que Séleuciis Ni-
canor fit repórter á Arhenes j felón Auiu-Gelle
( lib. 6. c. 17. ).
Zwinger aíTure qu'il y avoit une bibliotkcque
rnagnifi'que dans i’ifle de Cnidos , une des Cy-
clades j, & qu’elle fut brúiée par l'ordre d’Hippo-
crate-Ie-Médedn ^ parce que les habirans refa-
férent de fuivre fa dodrine. Ce fait ^ au refte ^
n'eft pas trop avéré.
Cléarque j tyran d^Héraclée ^ difciple de Platón
&■ d’Ifccrate ^ fonda une bibliotheque dans fa ca-
pitale ; ce qui iui attira Teftime de fes fujets ,
málgré les excés oú il fe porta-
La plus grande & la plus magnifique biblio-
theque des Crees fut, fans contredit, celle que
formérent les Ftolomées , d Alexandrie. Elle fut
coinmencée par Ptolomée Soter, & compofée
par Íes foins de Démétrius de Phalére, qui fit re-
chercher á grands frais des Iivres chez toutes les
nations. Ce prince acheta de Nélée, á des prix
exorbitans, une partie des ouvrages d'Ariílote.
Un de fes fucceíTeurs, Ptolomée Phifeon , prince
d’ail'eurs tres-cruel , ne témoigna pas moins de
zéle pour enrichir la bibliotheque d’Alexandrie.
Pendant la guerre de Céfar & de Pompée , Ies
Alexindrins virent bráier une des bibliotkiques
que les Ftolomées avoient formées dans leur vdle.
Celle da Sérapéon ne fut point enáommagáe ,
& Ciéopátre y dépofa vraifemblablemenr les
deux cents mille volumes de Pergame , dont
Marc-Antoine lui fit préfent. Cette addition &
Ies autres qui y furent faites *en differens tems ,
la rendirent la plus nombreufe des bibliotkeques
qui ayent jamais exifté avant celle du roí de
France. Elle fouftrit quelques dommages fous Ies
etnpereurs payens ; mais ils furent trés-légers ,
compares á ceux que luí cauía le zéle mal régle
d’un patriarche dU4Iexandrie. Voulant détruire
entiérement I’id-olátriedansla capitale de PEgypte,
Théophüe obtint de Pempereur Théodofe , en
Bj-o , un édit qui- lui permettoit de démolir tous
les temples. Ceiiii de Sérapis ne fut pas épargné j
la réfiítance des payens qui s’y retirérent & fou-
tinrent un fiége , le zéle du patriarche qui
s'étendoit iufuu'aux ouvrages de mythclogie .
caasírent ia deftruction de la plus grande partie
des hvres qui y étoient conferve-s- Orofe étoít
a Alexandrie vinst ans aprés l’expéditíon de Théo-
phile, & il vit les relies échappés au pil'age , |
les tablettes memes viiides ou brifées , armaría
lioToram ex-inanits^ Cette blbliotheqtie fe rélabHt i
E I B 453
I eependant apres I’crage 5 les favass que la perfé-
j cunon avojt diiperiés fe raflemblérent, & Pon en-
. feignoit encore á Alexandne, au feptiéme íi-éc'e,
la phiiofophie , k géometrie , Ikftronomie , k
grammaire & la jürifpriiílence.
Des quek capitale dePEgypte fut tonsbée fous
Ja dommanon des Sarrafins , le bon aénie cui
fembiOit avoir veülé iufquklors á k conferva-
tion de la bibliotheque des Ptoloméesd’abanáonna
cunérement. Jean le Grammairien demanda les
Iivres qui traitoient de ¡a phüofopie , au général
Amri , qui avoit pris Alexandrie. Celui-crécrlvit
au caiif Ornar , pour le confu'ter fut la demande
du Grammairien. La réponfe d’Omar fut des pies
laconiques. « Si ces Iivres ne contiennent que
des chofes conformes a k doctrine de PA'co-
« ran , iis font inútiles ; mais s i!s traitent de
” chofes étrangéres au iivre de Dieu , ils font
dangereux : otdonne done qifon s’en défaíle ab-
" fciument, & qu’il n’en foit plus parlé. » Cer
ordre bizarre & fuperílitieux fut exécuté avec k
!us grande pondualité. Amri fit diftnbuer les
vres de ia bibliotheque dans les b.ains d’AIexan-
drie , q-a'iis chaufferent pendant íix rnois.
On peut quger, par k quantité des bains dans
lefquels on Ies diftribua , qui furpalíoient qua-
rante mille , & par le tems employé á Ies con-
fumer , du nombre - prodigieu.x des volumes
du Sérapéon. Ne le cornparons pas cependant á
celui des Iivres que la munificence de nos rois
raíTemble depuis un iiécle ; quoique des auteurs
célebres ayent alTuré qa'on en comptoit fept
cent mille á Alexandrie. Les métamorphofes SÓ-
vide formoient alors quin-ze volumes , ekíf-á-
dire que chaqué volume renfermoit un feul
Iivre. Nous apprenons aufii d’Origéne , cu’un
certain Dídyme d'Alexandie avoit compofé , du
tems de Jules-Céfar, fix mille volumes ; nombre
prodigieux réduit avec plus de vraifemb'ance i
quatre mille par Sénéque , & á trois mille cinq
cents par Athénée.La vie entiéred'un feul homme
ne pourroit fuffire á compofer un pareil nombre
de volumes , méme du plus petitde nos formats.
II faut done reñreindre cette idee de volume á
celle de k capacité d’un feul rouleau de parche-
min, ou de papyriis ; & ces cent miüe volumes
fe réduifent réellement á moins de cinquanre
mille in-iz. trés-petits, ou á vingt-quatre mille
é.'z-4°. La capitale du royaume de France ofFre
des bibliotkiques de pardcif'ers beaucoup plus
nombreiifes , &c dont la formation n“a jamais
été á charge á leurs concitoyens - ou aux étran-
gers ; éloge que ne mériroit pas celle des Ptolo-
mées. Tolis les Iivres qui entroient en Egypte,
étoient faiíis par kur ordre & dépofés dans le
Muféum , oú des copiítes ks^tranferivoient, pour
remertre enfuite aux propriétaires, non les ori-
ginaux, oiii reítoient á k. MhUetheque , mais Ies
copies fidéíes. Ckft air.fi que Ptolomée-Fhifcon
ü xendit maítre des ongmaux de Sophocle ,
^.54
B I B
d’Euripide &r d’Efchyle , malgré la promeíTe fo-
Jemneíle qu il avoit fo'te de les rendre aux Athé-
niens ^ aprés en avcdr fimplement tiré des
copies pour fa bibliotkeque. Ce prince regardoit
fans doute les livres comme les conquérans
regardent les royaumes qui fe trouvent á, leur
bienféance. Nous avons vu en 1709 y les Etats-
GénérauXj fe montrer plus nobles Se plusdéfinté-
reiTés; ils obligérent un nommé Aymon de refti-
tuer á la bibliotheque du roi de France , un manuf-
crit précieux qu’ily avoit dérobé que le z^c
pour leur opinión religieufe auroit pu leur faite
regarder comme de riches dépouilles enlevées áux
ennemis de leur cuite.
La bibliotheque des rois de Pergame, dont nous
venons de parler, fut formée par Euméne Se
Attalus. Animes par un efprit d’émulation , ces
princes firent tous leurs efcrts pour égaler la
grandeur Se la magnificence des rois d."Egypte
fur-tout en amaffant un nombre prodigieux de
livres j que Plutarque fait monter á plus de deux
cent miíle. Une partie fut brúlée a la prife de
Pergame , Se Mate - Antoine en donna felón
Pline, un grand nombre á Cléopátre. II en relia
cependant encore á Pergame; car Strabon^ qui
écrivoit fous le régne deTibére j parle de la biblio-
tkeque de cette ville comme d'un monument qui
fubfiíloit de fon tems.
Les Romains puiférent chez íes Grecs le goút
pour Ies bihliotheques publiques Se particulieres.
Ils firent préfent aprés la prife de Carthage , á la
famille de Réguius^, de tous les livres trouvés
dans cette ville ^ au nombre defquels étoient vingt-
buit volumes de Magon Carthaginois ^ fur Tagri-
culture.
Plutarque aíTure que Paul Emile diílribua á fes
enfans la bibliotheque de Ferfée , roi de Macé-
doine, mené en triomphe á Rome. Mais Ifidore dit
expreífément qu’il la donna au Public. Plutarque
parle auffi de la bibliotheque de Lucullus comme
d'une colleélion trés-nombreufe , auíTi précieufe
d’aiileurs par les riches ornemens dont elle étoit
décoréej que par les fuperbes portiques oú les
ledeurs Se les Grecs eux-mémes ^ quoiqu'étran-
gerSj pouvoient fe livrer commodément á i'étude.
Aíinius Pollion fit encore plus. Ayanr formé
une riche bibliotheque avec les dépouilles des
ennemis qif i! avoit vaincus, & avec denombreufes
acquiíitions, il en aííura par des aéles authenti-
ques la jouifíance au public. II Poma des portraits
des hommes favans morrS:, Se de celui de Varron
vivant j le célebre bibliothécaire de Céfar. La
bibliotheque de Pollion étoit placée fur le mont
Aventin , dans Yatrium de la Liberté , comme
nous Tapprenons des vers fuivans de Martial
(12. 3. y. ) 3 dans lefqaels il parle des livres
f reres , c’elí - a - dire , femblables aux fiens , qui
étoient gardés dans Tancienne habitaúoa de Ré-
Bias , Oír le mont Aventin ;
B I B
Nec temen kofpes eris , neo ']am potes advena diei^
Cujus habet fratre'i tot domas alta Remi.
Ovide la défigne avec encore plus de préci-
fion dans les vers fuivans ( Triji. 3- i. ) :
Nec me que. doBis pataerant prima libellis ,
Atria Libertas tangere pajfa fuá e¡i.
Auguíle forma dans Ies bátímens du temple
d’Apollon-Palatin 5 une bibliotheque grecque &
latine j dont parle Horace (r. epift. 3. 17.);
Scripta Palatinas quscumque reponit Apollo.
Gn íit á Rome, auprés des thermes d’Agrippa,
l’infcription fuivante , qui_ contient le nom d"ua
garde de lí bibliotheque ííúns. á’Apolion-Palatin:
SÜLPICIAE
thallusas
ANTIOCHUS. TI. CLAüDII
CAESARIS. A. BYBLIOTHECA
LATINA. APOLLINIS
CONJUGI. SÜAE.
BENE. MERITAE
Gruter a fait connoítre , dans finfeription fui-
vante, le nom d'un garde de la bibliotheque grecque ;
- C. JÜLIUS. C. L. PHRONIMÜS
A. BYBLIOTHECA. GRAECA.
Ovide fait auffi mention du garde de la bihlie-
tk'eque d'ApolIon-Palatin {Trifi. iil. 1.67.):
Qusrentem fruftra cufias , & fedibus lilis
PréLpofitus j fancio jujpt abire loco.
On croit que cette Mbliothlque a fubíiílé jufqu aii
fixiéme íiécie; c’ell-á-dire , iufqnau pontificar de
S. Grégoire , qui la fit bruler. Jean de Salisberi le
dit expreífément ( Polycrat. jI. 26. ) : Doctor
fartñiíftmus Gregarias non modo mathefin jujpt
ab aula-, fed , ut traditur a majoribus , incendio
dedit probáis, leñionis
Scripta Palatinas quscumque tenebat Apollo.
Auguíle confacra une feconde bibhothea^e %
l'utilité publique dans les portiques d Oc.av.e
fa foeur, & prés du théátre de Marcellus lon
neveii. Ovide Fappelle templa dans les vers fuivans.
{Trifi. iiL), á caufe que ces portiques entou-
roient un temple de Junon :
Altera templa peto vicino junBa theatro ■
Use quoque erant pedibus non adtunda mei
L’exemple d’.Auguñe fut fuivi par Vefpafi^ »
B I B
cui raffembla une nombreufe hibilotV'equt dans le
temple de la Paix. Auiu-Gelle {xví. 8.) & Ga’lien
{de Compof. medicam. il. ij.) en font mention.
II y avoit auííl une bibliotJúque confidérable
dans le capitole j qiii brála fous le régne de Do-
minen. Mais la plus magnifique de toutes- les
hííliockiques de Tandenne Rome, étoit celle de
Trajan, appelée JJlpienne de fon notn. Elle ren-
fermoir le recueii des édits des préteurs, écrits
fur des tobes & fur des tablettes d''ivoire, On
croitque Dioclétienla tranfporta dans fes thermes.
Conftantin forma une -nombreufe bibUoth'eque
dans fa nouv’eíle ville. Théodofe-le-Jeune, un de
fes fucceíTeurSj Tayant trouvée compofée de fix
mille volumes, en porta le nombre jufqu á dix
mille. Elle fiit ainfi augmentée fucceflivement par
les autres empereursj de forte qu’á Eépoque oú
León nfaurien la fit bruier, eüe contenoit trois
cent mille volumes. On aíTuroit que lliiade &
l’Odyffée y étoient écrites en lettres d or fur Ies
boyaux d"un ferpeat.
Les Romains embelliíToient leurs bibUotheques
publiques &c particuHéres avec toas Ies ornemens
du luxe. Les intervalles qui n’étoient pas remplis
par les arrr.oires , étoient incrufiés de plaques
dfivoire & de verre coloré diverfement. Boéce
parle de ces ornemens ( Confolat. prof. q ) : Nec
hibLiotheCA potiiLS comptos ebore , acvitro parietes ,
quam tiií, mentís fedem reqairo. On y placoit auffi
les portraits 8c les ftatues des favans & des hom-
mes célebres j comme nous Tavons vu plus haut
á Tarticle de la bibtiotheque formée par Afínius
Poilion.
BIBLIS & Caunus étoient enfans de Milet Sr
de la nymphe Cyanée. Voyeq^ Milet. Biblis ayant
con^u pour fon frére une flamme criminelle ,
chercha ^ par toute forte de mcyens , de le
rendre fenfible. Caunus ne paya tous les empref-
femens de fa fceur que d'indifférence & de mé-
pris ; & fe voyant fans ceíTe perfécuté > il alia
chercher en des lieux éloignés une tranquiliité
qu’si ne troUYoit plus dans la maifon de fon pére.
Biblis ne pouvant vivre fans lui vola á fa pour-
fuite; & aprés Pav.oir cherché long-tems inuti-
lement, elle s’arréta dans un bois^ oú, pleurant
continuellement, elle fondit enfin eniarmes, &
fut changée en une fontaine intariíTable , qui
porte fon nom. Paafanias dit qu’on voyoit encore
de fon teros la fontaine de Biblis.
Ceíl: ainfi qu pvide raconte cene hifloire j
tnais d^aurres auteurs la racontent diverfement.
Les uns difent que Biblis ^ recherchée en mariage
par de grands partis, les méprifa tous ; & que, ne
pouvant réfifter á I’amour qu^elle avoit pour fon
frére, elle étoit préte á fe jeter, de défefpoir,
du haut d’une montagne, lorfque Ies nymphes,
touchées de compaffion , Ten empéchérent. Elles
firent plus : elles rendor.mirent profonáément , la
changérent en nymphe, & l’appelérent la nymphe
Haniadryade Biblis, D' autres ont dit , & Ovids ;
PaíTure dans un autre endroit, que
, chagrín de n'avoir du vaincre
la reuilance ce fon frére, & de Eavoir mis dans
e CaS de sexpatrier. Quelques-uns ont encore
ecrn: que ce tut Caunus qui devint amoureax
de la ; que n ayant pu vaincre la réliftance
de cette jeune hue, il s'expatria. Bi¿Iis parcouran
p;uíieurs contraes pour le ciiercher, & ne Pavant
pas trouvé, elle fe pendit. iinSn, les plus mo-
deres racontent que Caunus ne pouvant vaincre
1 ámour qufil avoit pour fa foear , voulat Ce suérir
par Pabfence j & que Biblis , aífiigée de Péloic^ne-
ment de ion frére , fe boma á pleurer ábondanv
ment. Koyeq Caunus, Milet.
BIBRACTE, ancienne ville desEduens, que
1 on croit étre Autun. Elle fut mife au nombre des
déeíTes j car on a trouvé á Autun , en creufant le
puits du féminaire, une pierre fur laquelle
étoient écrits ces mots ; A la déejfe Bibracie , ■
DETE BibraCTI.
BIBULUS, furnom de la famille Cal-
EVRN'IA.
BICESSIS , monnoie des Romaias. Voye^
y'jCESSIS.
BICjiRRES vejies ou Bi cirp,es , en grec
x.¡ó<pc-aTci) , vétemens ornés de houpes, ou de glands
appelés x-fótri-ói. Tels étoient les manteaux des
Crees & des Romains. fC Houpe.
BICHE 5 cet animal eñ le fymbole de Jiinon
confen-atrice , parce qu elle fauva la cinquiéme
des biches á comes d’or, & plus grandes que des
taiireaux, que Diane pourfuivit á la challé, dans
la TheíTalie , & dont elle . attela quatre á fon
char. La biche aux pieds d'airaín & aux cornos
d'or , du mont Ménale , étoit confacrée á Diane ;
c'eíl: pourquoi il n’étoit pas permis de la tuer :
cependant Euriñhée commanda á Hercule de la
lui amener. Aprés Pavoir pourfuivie pendant un
an , Hercule Tatteignit enfin fur Íes bords du
Ladon, la faiíit, la chargea fur fes épaules, &
la porta á Mycéne. On luí donne des comes d"or ,
quoique les biches n’ayent point de bois. C'eft le
quatriéme des travaux d'Hrcule.
BICLINIUM ^ lit de rabie deíHné pour deux
perfonnes, comme le triclinium fervoit á trois.
Plaute en a fait mention deux fois ( Bacck. ir.
4- h-)-
Ubi efl biclinium vobis Jlnzíum ?
Et 10-2 ;
Jam- facile in hzclinio
Cum amicá fuá merque accubitam entls.
Les bas-reüefs des anciens tombeaax repréfentent
fouvent deux perfonnes aífifes fur le biclinium,
autour d’un trépied.
BICONGE, mefure des Romains, qui coa»
tenoit deux conges ou douxe fetiers.
45 B I D .
BÍCORXIGER, furnom de Bacchus, qu’on
trouve repréfencé queiquefois avec des comes,
í\-n',boles des rayons du foleil , ou de !a forcé
que donne le vin.
Les Arabes donnerenr ce furnom á Alexandre-
le-Grand , pour déíigner Tempire d'Orient qii'il
avoit ajoaté á celiii d'Occident, ou pour fairc
ai'ufion aux médaiiles fur lefqueües il efr repré-
fenté avec des comes, en fa qualité prétendue
de fils d'Ammon. (^Muhamed Aijergan).
BlDElsT AL , endroit frappé de la foudre.
C^éioit un point de religión chez Ies Romains ,
de confacrer aux dieux, & á Jupder en particu-
lier, les lieux oú !e tcnnerre étoit tombé. Un
arufpice les expioít par le facrifice d’une brebis de
'deux ans, appelée bidens ^ d'ou vintle nom biden-
tal. 11 Ies confacroit enfuite 5 ce qui en formoit
un ttmph , templiLm , felón le ftyle des livres pon-
tificaux, & il les faifoit entourer de inurs ou de
paliífades. Lucain décrit cette cérémonie dans fa
Pharfale '^i. 606.) :
Difperfos fulminis ignes
ColUgit, & tacho ttrrd ciim. murmure condit ,
Datque locis nomen.
Cétoit un crime capital danfulter un bidental , &
Horace le met en paralléle avec la plus grande
infulte que puiíTe faire un homme á la mémoire
de fon pére ( An. Poet. ) :
utriim
Minxerzt in patrios ciñeres , an trific bidental
í/loverit inceflus.
La fimerílition , dont le caradére eft d’étendre
fans cede fon empire , fit creer un ordre de pré-
tres deftinés aux feules fondions de confacrer les
lieux frappés de la foadre. Koyei Bidentales.
Bidestal. On donna par exteníion ce nom á
la foudre elle-merrse , comme on le voit dans
Columelle ; & aux hommes écrafés par le ton-
aerre {^Perf. 2. v. 27. ) ;
Trifte jaces lucis , evitandum que bidental.
BIDENT ALES , prétres établis chez Íes Ro-
mains pour expier les lieux frappés de la foudre ,
& claífés par décuries. On a trouvé á Rome , dans
■ rifle Saint-Barthéiemy, oú étoit autrefois le tem-
■ pie dTfciilape , rinfcriptíon fuivante , qiá fait
Hiention d’un bidentalis ;
SEMONI
SANCTO
DEO. PIDIO
SACRUM
SEX. POMI'EIUS. SP. F
COL. IvíUSSIANÜS
QUINQUENNALIS
DECUR
bidentalis
I>ONüM DEDíT.
B I E
II en eñ parlé encore dans rinfcriptíon flaivart»
qui étoit confervée á Rome dans la ma'Ton'V
Fuhius UrCnus : ‘
SANCTO SANCO
SEI.ÍONI. DEO. FIDIO
SA.CRUM. PECUNIA
SACERDOTÜM. EIDENTALIüM
RECIPERATIS
VECTIGALIBUS
Le Lénat chargeoit quelquefois d’autres pon-
tifes que Ies bidentales , du foin de fes eFpía-
tions 5 comme nous fapprennent Tite-Live (/.
parlant du temple de Proferpine, frappé de is
foudre , & rinfcriptíon fuivante :
JOVI
FULMIN. FULG. TONAKTI
RUSTIUS. L. F. AEPIO. PONT
EX. SC. DEDICA VIT.
BIERRE. La défenfe abfolue de boire du vin
avoit fait recourir les Egyptiens á une boiflon
fadice , dont il eft beaucoup parlé dans fiiiftoire
fous les noms de. lytkum & de curmi , & dont on
attribuoit rinvention á Ofirisj c'eft-á-dire, qu on
n'en connoiifoit pas Firiventeur (Diodore , /. i).
C étoit, dit M. PaW {Recherckes fur les hgyptiens
r. 140.) une forte de hierre compofée dforge,
& qui pouvoit fe conferver long-tems fans fe
corrompre ; car au-lieu de houblon , abfolument
inconnu dans cette contrée , on y ajoutoit une
infuíion amére de lupin :
Jam Pifer A^fyrioque venit qua femine radix ¡
Señaque prabetur , madido fociata lupino ,
Vt Pelufaci proritet pocula ’^thi.
CoLU MELLA , de Cultu hoTtorum.
Ondevroit eíTayer en Europe fí le houblon pour-
roit erre remplacé par le lupin , fans une altéra-
tion conlidérable des qualités de la liqueur. Les
Egyptiens y faifoient entrer encore de la graine
dh^íTyrie, 8e: probablement d'aurres plantes aro-
matiques , chacun fuivant fon goút particulier :
car Strabon obferve que chez eux, la maniere
de braíFer varioit beaucoup. Mais le procede dont
on vient de parler a été, le plus généra'ement
employé pour faire le qythum dans la BaíTe-
Egypte , oú on le convertiíToit tout comme la
¿¿erre ordinaire , en vinaigre ,‘que les marchands
grecs d’Alexandrie tranfportoient dans les_ ports
de FEurope. Les Arabes & les Copres ne favent
plus aujourd’hui faire cette liqueur comme les
anciens habitans du pays; & leur boujac ¡ fiiítc
de contenir une infufion amére , s’aigrit au bouc
de quelques jours.
11 eñ trés-éronnant que Diofcoride ait foatenit
que la lépre ou V éléphantiafis proprement dite, etoit
eiagendrée par le s^tham ij. il. c, 97 .) j erreurqu on
B I F
troiíva rsproduife fous différentes forme» dans [
¿es Dictionnaires á ia fuire áa ce mor. II eit conrre i
ia vraifembiance» que Ies Egyptiens fe fuiTenr
opiniarrc-s pendant des milliers d'années, á fe
fen ir d’une boilfon ernpoifonnée , dont ils con-
iioilfotent certainement mieux la vertu que ce
iriédecin grec^ qui écrivoit des livres fur la ma-
tiére médicale en Cilicie.
- jEtius & Paul d’Egsne parlent auíli du rytkum.
comme d"une liqueur mal-faine; fnais i!s ne con-
viennent pas qu'eüe engendroit Yélépkantisfts.
L'ufage de ¡a hiere ne tarda pas á étre répandu
dans les Gaules^ ou le vin étoit peu connu avant
Probus 5 & ce fut pendant iong-tems la boiffon de
íeurs habitans. L'empereur Julien, gouverneur
de CCS contrées , en fait mention dans une épi-
gramrne. Au tems de Strabon , la hiere étoit déjá
comip.une dans les provinces du Nord, en Flan-
dres Sr en Angleterre. Céfar dit auffi dans fes
Conamenraires j que les anciens Bretons avoieat
beauccup de vignes ^ mais qudls n'’en faifoient cas
que pour.orner Ieurs jardins, 8c qu’ils préféroientj
comme plus falubre » le vin des grains á celui des
raiíins.
11 rfeíl: pas vraifemblable que Ies Grecs, dont
les vins étoient fi renommés dans Pantiquité,
ayent penfé de méme. Cependant Ariftote parle
de la hiere Se de fon ivreíTe ; Théophrafte Pappelie
élsó; 3cc¡5-y;j, Efchyle & Sophocle OjS-cs ¡¡¡¡¿to’J.
Les Efpagnols buvoient auffi de la hiere dans
le tems ou Polybe écrivoit.
BIFORIS cantas. Virgile dit {JEneid. 9.617.) ;
Ite per alta
Dindyma ^ ahí adfaetis hiforem dat tibia cant-im.
Serv’ius expliquant ces vers» dit que biforis cantas
déíigne ici les ñutes phrygiennes. Ces ñutes étoient
iñégales en diamétre ; de forte qu’en fouíHant
dans deux ñutes phrygiennes en méme-tems ^ on
faifoit entendre deux fons á Poétave Pun de
PautrCj ou peut étre méme en accord. Voici le
paíTage de Servius : Biforem dat tibia cantum bife-
aum j imparem. Et fervavit eis tibiaram fuarum ,
id efi , pkrygiaram , naturam. Tibia aut jerrana di-
cuntur 3 quA funt pares ^ & aquales hahent cavertias :
aut ThrygiA , quí impares funt & in&quales kaber.t
cavernas. Ergb biforem , dijfonum diífmilemque ;
non funt parí modulaúone compofte. Ut enim ait
M. Varro : Tibia Phrygia dextra anum foramen
hahet 3 fniíird dúo. (Quorum ununz acutum fonum
habet , alterum gravem , (ic.
BIFORMISj ¿'(icoípó; , furnom oui fut donné
á Bacchus , cu parce qu’on le reprefentoit . tantot
comme un jeune homme , & tantot comme un
vieiilard ; tantbt avec de ia barbe , & tantot n en
ayant point : ou bien parce que le vin , dont ii eft
le fymbole , rendaiit les uns tníies &c f uneux . les
«utres gais & de belle haineurj caufe des efféís
Aniiquitél , Tome I.
B I G 457
cout contraires dans le corur de ceas qui en
boívent avec excés.
B It iíO i'i S 3 a. deux sufages. Cn donnosc ce
furnom & ce couble vrfage á JanuSj parce cu on
le croyoit inñiui: de Pavenir & du paffé; tradi-
tion faDuieuie fondée íat fa grande expérience
dans les travaux de Pagriculture , qu'il avoit ea-
feignée aux habitans du Latiuro. Ovide Se Varron
en donnent une autre caufe; ils affiirent que ce
doubie vifage étoit Pembiéme du couchant & da
levant. C. BaíTuSj cité par Macrobe {Satura. 1. 1.
c. 9.) , reconnoit Janus pour le portier des cieux
& des enfers j & veut que fon doubie vifage fok
Pembiéme de fa doubie fonñion. Koye:^ Janus.
BIGARIU S , celui qui conduk un bige oit
char á deux chevaux. On lit á Saint- Grégc iré ,
au mont Ccelius, Pépitaphe d’un jeune enfant,
qui s’ étoit tué en conduifant un bige :
FLORUS. ZGO. HiC. JACHO
BIGARIU3. INFANS. QUI. CIT9
DUM. CÜPIO. CURRUS. CITO
DECIDI. AD. UMBRAS
JANUARIUS. ALUMNO. DUICISS
BIGATI nummi , monnoie du tems de la ré-
publique romaine , fur laque! le on voyoit un bige
& un Janus á doubie vifage. La collection des
médaiUes de familles en renferme plufieurs.
BIGE char trainé par deux chevaux. Püne
{vil. 56.) en attribue Pinvention aux Phrygiens :
Bigas primhmjunxi t p hrygum natío. IfidcreDOrr.me
un inventeurj Cyrifténe de Sieyone {tcvii. 3j.):
Juso primas Cyriftenes Sicyoniits equos jugavit :
eofque fingulos ex atraque parte fmplici vincula
applicavit 3 quos Grsci Seirophores , Latini Fanales
vocant 3 d genere vinculi quo priiis alligahantur,
Dexterioris vero bigs. viciar Marti immolare fo-
lebat.
Quoi quh! en foit des inventeurs. i! eft certain
par les vers d'Héfiode & d'Homére » que Poa
coraba ttoit fur des higes á la guerre dé Troie &
dans les tems héro'íques. On introduiíir les
biges dans les jeux olympiques la xciii' olym-
piade. II paroit cependant que les héros grecs
quí célébrérent les premiers jeux Néméens ea
Phonneur d’Archémore étoient montes fur des
biges.
La lune paroit , dans les anciens monumeas ,
montee fur un bige 3 comme le foleií fur un qua-
drige'. Sénéque {Agsmemn. ix. S 17.) :
Et tuas lente
Remeare sigjs 3 pallida Pkcehe.
La Viéioire eft montee fur un bige auffi fourent
que íur un qaadrige;_ mais i! ya fur ce point pías
de variadons dans Íes monu.mens qa e pour la
M m ni
458' B I L
_ Bige Tur íe< médaíUss ; tj-pe ordmaire d’^fer-
nium en Italie^, de Catane^ de -Syracufe^ des
Confulaíres, &c. &c.
BmGLM , Tolciats dont il eft parlé dans Tar-
ticle fuivant.
BIGLIATICUM , folde des gardes appelés
Bíglxy^cüx veilloient pendant la nuic á la fureté de
Conítantinople fous les etnperears grecs.
BIGOIS. Voye^ Bygoís.
EILBILISj dans fEípagne. biibiiis. itálica.
MV. M-unicipium.
Certe vslle a fait frapper des médailles latines
en j honneur d Auguíie de Tibére ^ de Caligula.
Elle étoit la patrie de Marttalj qui a chanté fes
íorges & fon acier (jy. ; :
Si.vo BiLbilin optimam rmtalLo
Qus. vincit Ckalybefque ^ Noricojque ¡
Et fes chevaux {lih. i. jo.) :
Videhls altam , Liczniane ^ Bílbilim
Equis & armis nobilem._
BILE. Dans les facrifices qui précédoient &
accompagnoient les mariages, on ne méloit ñas la
hile des viaimes avec les autres portions dcíeiirs
corpSj majs on ¡a faifoit couler foigneuíement á
eote de 1 autel. C étoit, difoit-on, pour apprendre
3UX epoux que la colere doit leiir étre inconnue.
BILIBPdS , áü poids de deux livres. C'étoit
le poids des poiílons appelés mulli, íí recherehés
des^ gc)urmands de Rome, lorfqu^iis étoient ar-
riyes a ce volurne. Martial en parle foiivent
(x/. JO.):
Nunc ut emam gr andemve lupum , zniillumve bllihrem.
Et(/7j. 4j). :
ISolo mihi parias rhombum , rrtuUamve iziihrrm.
Elagabale íit frapper des pieces d or íi un poids
extraordinaire , de deux livres , formas binarias y
& pius j qu'Alexandre-Sévére décria riuoureu-
fement.
tritici y mefure des folides de TAíle
& de rbgypre. V oyez;_ Chénics.
BffJsy-is triticz y mefure des liquides de rAlíe&
de 1 i:,gypte. ^qyc-r Chéntce-.
BILiu S sA ¡e meme que lÁuilius, qui fit éleYer
ía colonne roñrale aprés avoir détruit la flotte
aes Carthaginois. C'étoir randenne orthogranh'*
des Romains. = y -
BILLETS de fpeaacle. Voyeq^ Tesséres.
BILLON , compofe de métaux précieux &
á atures qui le font- moins, dans lequel k quan-
tite tíu^ metal précieux eÜ: beaucoup plus petite
we cene Liss autres métaux. Les auteurs qui ont
ecrit lar la fcíence N umifmatique , fe feryenrd’a
B I P
! mor Siiion pour déíigner des mááailles de cutvre
: alíié d’une infiniment petite quar.tité ákrqent. lí
íaut bien les diftinguer des mé'dailies Saucee's &
Fourrées. P^oyei CCS mots & farticle Argent.
BIMATER, furnom de Bacchus , ce/ü¿ qui a eu
deux meres ; parce que Júpiter Favoit porté deux
mois dans fa cuiíTe , aprés la mort de Sémélé fa
mere.
BIOCOLYTHES, formé de gla, yj-olence, &
y-eiÁOa y jempéche. On appeloit de ce nom, dans
lempiregrec, des officiers & des foMats chargés
du foin d'empécher les violences qui fe commet-
toient dans fes valles provinces. lis faifoient les
mémes fonélionsque les maréchauíTées raodernes.
Juftinien fupprima Ies biocolythes.
BIPEDA, brique & tulle de deux pieds ro-
tnains anciens de longueur. Palladiiis (/. vi. c. 2.)
a appeié de ce nom particuüer toutes les tuiles en.
general : Bipedas qu& per omnia latera ccnali-
culós kabeant digitales jungemus. Mais Fabrettr
{Infcript. pag. jii.) a trouvé une brique de deux
pieds romains de longueur , fur laquelle étoient
gravees a rebours ces trois lignes 5 entre la pre-
miére & les deux autres, on voyoitiine tete de
Mercure ;
CRESIM-I. L. M. CL
( tete de Me reare )
FUNDUS. CRIS
PINIANI BIPEDA
On voyoit a Rome, du tenas de Fabrettr, les
voútes d'un anclen portiqtie íitué entre régiifs de
Sainte - Marie de Pianciu , & cel’e de norre-
dame in Canaberis , formées' de briques de deux
pieds, bipeds,, & de briques d'un pied & demi.
Files étoient réanies par leur extrémité, & for-
moient une épaiiTeur de trois pieds & demi. La
premiére affife comme.n^oit á Yintrados par la
bípeda , & fe terminoit á Y exradas par la brique
d’un pied & demi 5 la íéconde commencojt á Yin-
trados par la brique d’un pied & demi , 8c fe
terminoit á Y extrados par la bípeda ; Sc ainfi de
fuite alternatiyement.
BlPEIsNE , hipennis ; ceíl le nom que Fon
donne communément á la hache double , 4
celle des Amaxones en partkulier. On en yoit dé
plufieurs fortes dans les monumens. Lef unes
reíTemblent des deu-x cotes a un marteau ; d au»
tres font formées en hache d’un coré, & de l’autr4
en marteau pointu. li y en a en double hache
égaie ; quelques-unes de celle-ci eaíin , ont la
double hache plus étroite auprés du manche que
vers le trancharxt , 8c reífemblent a deux boucliers
d’Amazones joints enfemble. Batnes fart , dans
fes notes fur Euriptde , une elegante de.lcription
de ces der.niéres.
On voit fouvent dans les fcutpíures & Ies pem-
tures étruíqaes , la premiére efpéce de bipejim-
B I R
La feconde psroít foavent dans Ies mains des |
TacriÉcateurs; c'eft eüe qui eíl: déíignée par íes j
poetes, lorfqa’il parlenr des facrifices. Valérius i
Flaccus (i. 193.):
iSTos zV/t) certior alttr
Ping-ia letkiferá perfiringen.s colla bipenni.
Cette méme efpéce de bipenne étoit en ufsge
fur les vaiííeaux armes. Elle fervoit á couper les
cables qtii lioient !e gouvernaii , & á percer lesñancs
des na vires ennemis.Végéce en parle en ces termes;
Biperir.ís eji fecaris habens ex atraque parte latif-
Jirnum & acuújftmum ferrum. Per has in medio
ardore pugaandi perztijjlmt nautí, vel milites ¡ cura
minonbus fcaphulis fecretb incidunt funes , quilas
adverfariorum ligata funt gubernacula.
Les guerners portoient des hipennes de teutes
Ies efpéces. Théfée combattant Ies Centaures fur
Íes b;s-reliefs du temple de Júpiter á Eiis , étoit
armé d’une b¡venn.e. {Pauf, Eliac.').
La qu jtriéme efpéce de bipenne paroiíToit afrec-
tée plus particuliérement aux Amazones ; c’eft
pourquoi on la voit pour fymbole fur les médailles
des villes qui fe glorifioient d’avoir été fondees
par quelques-unes de ces guerriéres célebres.
Bipekne fur les médailles, fymbole des mé-
■dailles de Tifie de Ténédos.
On la voit encore fur celles de Thyatire & de
Mylafa.^
BIREME , biremis , 8c dicrota. Les
Latins empruntérent le nom grec des b tremes ,
■qu’ils confervérent dans leur langiie. Cicerón &
Hirtius s’en font fervis. Le premier dit ^ad Attic.
XV 1. ; Ipfe Demitius bona plañe habet dicrota ¡
8c le fecond (de Bello Alex. c. 47.) : Capte ex eo
prslio penterem unam , triremes duas , dicrotas
ocio.
Le mot de blr'sme avoit deux íignifications :
tantót il délignoit une barque ou un efquif á deux
rames , Sé tantót un navire á deux rangs de rames.
Ilparoít démonrré par quelques endroits de Thii-
cydide, que les bb 'émes n’étoientpas connues au
tems de !a guerre de Troie. Pline dit que Ies
Erythréens ajoutérent un fecond rang de rames
au premier, qui étoit alors en ufage (vii. yó.) ;
Biremem, Erythr&i fecerunt.
Les favans ont été partagés Iqng-tems fur la
poíition de ces deux rangs de rames. lis paroiíTent
cependant aujourd’hui s’accorder á Ies placer les
uns au-deíTus des autres ; & la vue des monu-
mens antiques les a réunis fur ce point. Tel eft
en particuüer le navire a pluíieurs’ rangs de rames
dont Herculanum a ofiert la peinture ; ces rangs
font places les uns au-delTus des autres , comme
aux biremes de la colonne Trajane & á celles qu’a
^ publiées le P. de Montfaucon dans le quatriéme
tome de fon Antiauicé expliquée.
BmOTUM f ^
Ion atteloit de uois mulets, de fur lequel on
BIS ■4)9
ne pouvoit charger que deux quintaux, feloa
* o^onnaace de Conftanrin. Valentiaien regla
aiíiii que la birota ne pourroit porrer que deux
ou trois perfonnes au plus. Pandrol. Notit. Imp.
Orlent.
BIRRETUS , efpéce de bonnet noir Se pointu '
que portpient les Grecs du Bas- Empire. Ñicétas
dit á la fin de la vie d’ Alexis Comnéiie , qu Ati-
dronique Comnéne ayant été élu empereur , oa
oca de deíTus fa tete le bonnet noir & pointu en
forme de pyramide, qu’il porcoit ordinairement.
Se qu’on mit á fa place une mitre rouge ou pour-
pre. Le m.éme hiftorien racontant Tentrevue de
Baudouin & de Richard , chefs des croifés qui
avoienr été faits prifonniers, avec Tempereur Ifaac
Lange , dit qu’ils ótérent leurs birreti , que Ton
appeloit pilei, pour faluer Tempereur.
Ce bonnet étoit fait de lin 5 il étoit étroit Se
ferroit la tete. Les papes en firent auííi ufage ,
comme nous Tapprenons d’une bulle de Boni-
face VIH ; & les doéleurs des Univeríités Tadop-
térent depuis, comme un des attributs de leur
dignité.
BTRRVS, /Sífís-; vétement plus court & moins
emibarralfant que la toge. II y fut fubfiitué dans
Ies mémes ternas que les lacernes, c’eft-á-diíe,
fous les empereurs. Peut-étre méme (ce qui eft
plus vraifemblable ) le birrus ne différoit-il que
par fa couleur rouge, de la láceme qui étoit noire
ou bruñe. C’eft Topinion de Saiimaife (in TertulL
de Palito'^.
B iRRus fut auJi le nom d’un bonnet ou diine
efpéce de capuchón. Le fchcliafte de Juvénal
expÜquant le 145= vers de la fatyre viiC, dit
QUe la Santonicus cucullas étoit le birrus des Gau-
lois , qui fe fabriquoit á Saintes. On voit auílx
dans le livre troiííéme de Fulgence contre Mo-
nimus, que le birrus étoit d’ ufage en Afrique, 5c
qiTii fe mettoit fur la tete.
BÍSALTL4, en Macédeine. biJaatikon Sc
BISAATIGN.
Hunier poííédoit deux médailles autonomes de
bronze, avec ces légendes Se des types différens ,
que M. Com.be attribue á cette ville.
BISALTIS, fut aimée de Neptune , qui, pour
la tromper, fe changea en bélier. Ovide, (Mct.
lih. ó).
BISANTíIE , dans la Thrace. bisangknok.
Les médailles autonomes de cette ville font:
RRR. en bronze. (Pellerin).
O. en or.
O. en aruent.
' Cette vilíe doit étre diílin.guée de Byfance ,
qui fut depuis Co.nftannnop e.
BISELLARIÜS. }
BISELLEARJUS. f
BISELLIARIUS. > Le mor bifdUum ne fe
BISELLll (konor).í trouve dans aucun au-
BISELLIUM. A teur latín avant J'arroa
(de Ling. Lat. ir. 28). C’eft ainfi qu’ii Texpliqae ;
M íTi m ¡i.
4oo B i S
Ai fedendo appillar.zur fcdes , fedlle. Uhi
in cjufhzodi {s:ej:la) dúo bifdlium diBiLm. On
fop-entend aprés cao, ]e mot fedent ; & Ton
To:t que b-ifclHum éioii une chaife oii iiége. tres-
ampie ^ fur iaquelle deux perfonnes pcuvoient
Szaíleoif a la fois. C eí^ ainíi que Ton appela
hicliizium un lit de table qui fervoit á deux con-
vives.
Honor blfzUli étoit !a permiffion de fe fervir
<f un femblable íiége aux fpedlaclesj aux théátres
& dans les aacres endroits publics. Cette diítinc-
lio.n etoit analogue á celle que nous appeions
droit de fauteuil. Se qui forme en certaines occa-
lions d éclat , une claíTe feparée de celle qui ne
peuc s aíléoirj ou qui ne peut le faire que fur des
taboarets ou des pliants, Feíius dit aue le peuple
accorda le droit d'avoir une chaife enrule dans
lecirqueau diaareur'Valérius, & á fapoílérité;
5c//<-2 curulh in circo ¿ocus datus efi Valerio dioia-
tori , pofierifque ejus , konorls caufá. De mérae on
lit fur une infeription trouvée á Tarxienne Suejfa ,
dans la Campanie, rapnortée par Gruter (v, 475-.
n-.i):
C. TITIO
GHRESIMO AUGUSTO. LI
HUIC ORDO DECURIONUM
QÜOD PRO SALUTE ET INDUl-
GENTIA IMPERAD. AKTONINI PII
TELICIS A*UG. ET EX VOLUNTATE
POPULI MUNUS FAMILIAE GLA-
DIATGRIAE EX PECUNIA SUA DIEM
PRIVATüM SECÜNDUM DIGNITA
TEM COLONIAE EDIDERÍT HONO-
REM BIS ILLI. (Leg.) BISELLI, &C. &C.
Ceux_ auxquels le peuple ou les magiflrats
accordoient catre diftinclion ^ konorem bifellii ,
ctoicnt appelés bifellearii ou bifelliarii. Scaliger
faifant dans le dernier fiécle Yindex du grand re-
cueil d’infcriptions de Gruter, plaqa les bifelliarii
dans la claffe des artifans; c’eft-á-dire , qu'il ¡es
regarda comme des ouvriers qui faifoient des
bifdlium. 11 ne fit pas attention aux titres d'hon-
neur qui étoient joints á celui de bijfdliarius dans
Ies infcnpnoíis rappertées par Gruter ; & il de-
grada trop les bijfellarii. Mais on les releva trop
depuis íui.
Chímente!, dans fon Traite de konore Bifellii,
dit que_ cet honneur n'appartenoit qu’au premier
des féyirs-auguftaux, & que c étoit une décora-
tion dépendar.te de ces dignités. Mais Muratori
frai. I.) a rapporté deux inferiptions dans lef-
quehes on lit : Bifdlarius coUegii fibrúm ; hifd-
larius dendrophororum ¡ 6’ decurio libertorum dignus
konore bifeilz.
^A'J reüe , ;e fiege doubie appélé bifdlium étoit
tres-erne, comme nous i’apprenons d’Hcfychius,
B I S
1 le déügfíe fous le nom grec isfJca.Sop. carac-
' tere diítinólif étoit d’offrir un vuide double de celui
qne formoient les bras de la chaife curule. Geft
á cette largeur que fait alluíion Sénéque dans fe
paíTage fuivant {de Confi. Sap. c. 14.) : Quid refen
quantum kabeat , quot lecácarios , quam oneratas
aures , quam laxam fdlam ?
BISMUTH. íl paroít que les anciens n’ont pas
connii ce demi-métalj car i!s Taurcient confondu
avec le plomb, ainli quhls ont fait pourrétain,
en ajoutant au mot plomb un adieftif qui en expri-
mir ia couieur diílinétive. Or, ils ne parlent que
du ploRib hXúTíC , plumbus albas f Y étún i Se du
plomb noir, plumbus ñiger , le plomb pronrement
dit. Agrícola méme ne connoiífoit pas encore le
hifmuth ,• Se il Fa confondu avec une mine de
plomb quTl appeloit viriles plumbi cinereus.
BISOMÜM & Bis OMATON , tombeau ou
urne dellsnée á recevoir les reíles de deux per-
fonnes. Les anciens ne placoient jamais un ca-
davre imméaiatement fur un autrej pluíieurs con-
ciles , ¡es ftatuts de S. Bordface archevéque de
Mayence , & les Capitulaires de Charlemagne
{lib. 6.), défendent fouvent cette pratique, mor-
tuum fipsr rr.ortaum poní. On llt le mot bifomum
dans pluíieurs épitaphes, relies que la fuivanre,
trouvée á Eénévenr : p. p. aelius venerianus
HOC VAS BISOMUM SIBI ET EELICITATI SUAE
POSUIT ET TRIBUNAL EX PERMISSU PONTIF.
PERF. Ssc. &rc. On trouve méme trisomum &
QUADRisoMUM. Ces mots font des compofés
de trifutt , redes des morís.
BISSEXTE. 1 r r , ; ■ r
BissfxT^LE í foleil ne termmant pas la
courfe annuelle dans Fefpace juíle de ydj iours;
mais y employant á-peu-prés lix heures de plus,
il étoit impoíTible de former toutes les annécs
égaies. Jules-Céfar voyant dans quel défordre
etoient tombées les années de Kuma & des Grecs,
parce qiFon avoit négligé ces íix heures, réfoiur,
en réform.ant le calendrier, d'en teñir compre.
Ce grand hemme , auffi habile dans Féco-
iiomie poücique que dans la guerre, imagina
de form.er tous Ies quatre ans un jour entier ce
íix_ heures, dont la véritable année folaire excé-
doit Fannée civüe de 365' jours, & de Fajouter
au mois de février ; de forte que Fon compreroir
de quatre en quatre áns un jour de plus dans ce
mois. Pour ne rien changer au nom des jours,
on fixa celui que Fon ajouroit au lendemain du
íixieme jour avant Ies calendes de mars, & ]
répéta la dénomination fexto calendas martias ,
avec Faddition du mot bis. De-lá vint au jour
intercalaire le nom de bijfextum , bifexte ; 8e a
chaqué quatriéme année, le nom de bijfextdis ,
bijfextile. ^ , 0
Les íix heures dont Fannée folaire excéae
Fannée civüe ^ 3<Jy jours, ne font pas enticrcs;
il s’en faut opze munures, qui, répétees
quatre ans, font 44 minutes de dirrérence-
B I S
minutes accumulées pendantquinze fíceles , avoient
tellement troublé i’ordre des faifons fous ie pon-
tilicat de Grégoire Xílí, qu li failut réformer le
caler.drier Julien. On regla lors cic cette réforme ,
que i'oii fupprimeroít troís années bijfexaies dans
refpace de 400 ans, aiiii d'obvier par la fuite á
cette erreur : de iTianiére que de quatre annees
fécuiaires , trois feuiement íeront biffcxtiles.
La cor, flanee que les anciens accordoient a
rAítroIcgie, fit naitre deiix erreurs finguliéres re-
latives aux années biffcxtiles Sr aux biffextes , qui
duroient encore au commencement du dernier
liécle. On croyoir d'abord que les faiíons reve-
noient Ies mémes tous les quatre ans ; & enfuite
que les années biffcxtiles & les biffextes , étoient
¿es époques funeíles pour les morteis.
Quant au premier préjugéj Fline (/L 47 )_&
Columelle feront nos garants. Le premier dit :
Omniumredire eafdem vices , Sí qziadriennío exacto ,
non ventorum modo , vcrtim '& reliquarum tempefia-
tnm magna ex parte- Et effe principium luftrz ejzis
Jemper intercalari anno , caniculs- ortu- Le lecond
foutient (rrJ. 6.) que les vignes fourniíTent tous
les quatre ans des vendanges íemblables : Vbi plu-
rlmis velut enteritis annorum ffiptndtis fines fur-
culo cop.fiitit , nihil dubitandum efl de ficecunditaíe :
nec tamen ultra qaadrtennium talis extenditur in-^
quijltio. Id enim tempus fere -virentium generofita-
tem declarat , quo fiol in eamdem partem jignifieri ,
per eofidem números redzt , per quos curjus fui prin-
cipium cceperat : quem circuitum meatus dzerum
integrorum mille quadringentorum fiexaginta unzas
e&rroKííToírmrt') vocant fiudíojl rerum ccetefiium- Am-
mien-Marceüin raconte que Tempereur Valeati-
nien ne voulut point fortir de fon palais, un jour
de biffexte , parce qu’il le croyoit malheureiix
{xxvt. I.) ; Nec prodire in médium voluit , bzffcx-
tum ■vi'.ans fiebruaril menfis , tune illuccficentis :
quod aliquoties rei Romana fiuiffe cognorat infiefiitm.
Baptiíle Mantuan a chanté ces deux préjagés
dans les Faites:
Nec mirum eft, quod fiama refiert , kunc ficilicet annum
Omdnis effe malí, fioliturnque offendere firuges :
Atque hominum varios infortunare labores.
Tum mate depangi vites , male femina fulcis
Rura putant credi , pécaris male pignora nafci :
Semina pomorum pedibus converja fupznis ,
Et capite in terram memorant adoleficere miffo.
Sspius audivi , cum quis daré rebus agendis
Rrincipiuzn vellet , dici , meliora recuire
E empora , hyperbolico firufira conahetis anno,
BISTAPIJ. Voyez Etrier.
BISTCN, fils de Mars & de Caliirhoé, ibnda
la viüe de fon nom en í'hrace ; de-la vint que iss
Thraces furent appelés Bzfionii.
B I T
4(3 í
BISTUA'IüM, dans ritalie. SiXTwls.
Mazochi & Tseumann ont publié quelcues mé-
daiiles d’argent en petit nombte , cu ils attri-
buent á cette ville litaée prés de Pafiam.
BITHIES, peuples de Thrace , ainfí nommés
de Bitkis , fils de Mars & de SétCj ou plutót
du fieuve Bitkys. Pline (7. c. a.) rapporte une
ancienne fab'e qui donnoit deux pruneíles á chaqué
oeil des femnles de cette contrée. Eiles tuoient
par Iqurs regards. Ovide avoit fait allufion á cette
merveille fabuleufe „ en parlant d'une magicienns
(^Amor. I. 8. 13-):
Sufpicor, & fiama efi , oculis quoque vapula dúplex
Eulmlnat , Sí gemiaum lumen ah orbe venit.
Les Crees expritnoient cette double prunelle par
le TOOt s/r-otr,, & ils donnoicnt le notn de ¿íx.osat
áceuxqu’iiscroyoientravoir. Cependanton expli-
que le¿urnom%h'xo¡!5s: de Tempereur Anañafe I,
par la différence qu'il y avoir pour la^couleur
entre fes priineüeslNe feroit-ce pas le mémephé-
noinéne qui auroit fait imaginer la fable de la
double prunelle ?
Qiunt au cheval que Pline dit avoir été peint
fur la prunelle á&siPkibies , femmes qui habitoient
une contrée du Pont , d eft difficiie de pouvoix
ríen en dire meme de vraifemblable.
BITHYNlARQUEj fouverain pontife & pre-
mier naagiftrat de la Bithynie. Sa dignite etoic
analogue"" á celles des béotarques , des afiar-
quesj &c.
BíTHYME. Les rois de Bitkynie dont on a
des médaiiles , fonr :
Nicomíde i.
P R U S 1 A S I.
PRUSIASII.
N I C O M E D E II.
N ÍCOMÉDE III.
M. Eckhel ajoute á ce nombre deux princeíTes,
Oradaltis & Musa- Voyei leurs ameles.
La Bitkynie ayant été réduite en province ro-
maine, fit'frapp.er des médaiiles imperiales grec-
ques en fhonneur d’-fíadnen , de Sabine , d An-
tinoüs ; avec la légende BEiaíNiAC.
Sur Ies médaiiles aHadrien, qui ont pour lé-
gende Refthutori BithynU , on veit une femme
qui tiene une tefis'ere de /¿¿émt.rr Seroit-ce le
¿mbole de la Bhhvnie , ou plutót 1 annonce des
largeffes que lui fie cet empereur , pour releverfes
vüfes abattues par un tremb»ement ue terre .
BíTHYNIUM;, dans la Bithynie. BF.istxieíin.
Cme ville a fait frapper des médaiiles impé-
i ríales grecQues en l'honneur d’Annnous , ce
M.-iuréle, de Comrr.oác, de Sept.-eevere ^ cíe
Pauía;, dLAlex.-Severe.
4íi B L A
BIT-ON & Cléobis, deux fréres recomman-
dables par leur piété envers Cydippe ieur mere ,
& qui méritérent par-lá Íes honneurs héroiques.
Solon, dans Hérodorei rácente ainíileur hiitoire
á Crélus : cette mere devant alier au temple de
Junen á Argos Tur un char trainé par des bcEufs ,
Se n’ayaut pas ces animaux prés d'elle> fes deux
iiis fe mirent fous le joug> & tirérent le cha-
riot l’efpace de quarante-cinq ftadeSj jufqu’au
temple. Tout le monde félicirant cette femme
d'avoir de tels enfans^ elle pria la déeíTe de leur
donner ce qu un homme pouvoit fouhaiter de mieux:.
Apres cette priére , ils offrirent le facrificcj prirent
leur repas , s'endorrairent dans le temple méme
& ne s’éveillérent plus. La déeíTe leur avoit en-
vújé , pendant le fommeilj la mortj comme le
plus grand bien qui puilTe arriver á Thomme. Les
Argiens leur firent élever des íiatues dans le
temple de Deiphes.
BITOVIüS, rol de Galatie- bitotío....
I T S •
Ses médailles font:
RRRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
BíTüME. Par ce mot générique il faut en-
-tendre, dans les écrits des ancieiis^ FAsphalte.
Voye.^ ce mot. lis remployoienr en guife de
’cimentj ou melé avec leur ciment; & Fon afíu-
■roit que les miirs de Babylone étoient batís avec
ce bitume. Ils s'en fervoient auíTi pour les embau-
memens. V. Momie,
BITüCüSj roi de Galatie, bitotícoc.
Ses médailles font:
RRRR. en bronze.
O. en or.
RR. en argent.
BIF'IIS, Trivtts , Quadrit^its. Gruter
(84. y. & 1015. I.) rapporte des inferiptions
gravees en Fhonneur des divinités qui préíidoient
aiix carrefours ^ fous ces différentes dénomina-
íions.
BÍZYA , en Thrace. BizyANfiíí & bisy.
Hunter poíTédoit deux médailles autonomes de
■bronze avec les légendes precedentes , 8c des
types différens^ que M. Combe attribue á By^ia ¡
M. Neumann en a publié une troifíéme.
Cecte vilíe a fait frapper , fous Fauterité de
fes préteurs, des médailles impériales grecques
en Fhonneur d'Hadrien , d'Antonin.^ de Marc-
Auréle^ de Fauñine jeune j de Sept.-Sévére, de
Caracalla , de Gordien-Pie , de Philippe pére.
BLMSUS , furnom de la famiile Semfrosia.
_ BLANC. Les Thraces ont été Ies premiers á
diftingiier les jours, en jours heureux & mal-
heureux. Bs défignoient les premiers par des
caiiloux hiancs , & ¡es feconds avec des noirs.
De-la vinrent chez les Grecs & les Romains,
piunears locutioas relatiyes aux jojurs.
Chez les Egypriens, les Grecs & les Retnvas
^ pr^es etoient Uabillés de ó/.ac
L e/r. heór. ¿. i. c. 6). *
^ Les fernines , qui avoient toujours porté I,-
neuil en nabits noirs comme Ies hommes ch.“z
les Grecs & les Romaíns ^ changérenr cet ufaee
fous íes empereursj & le portérent en haWts
éiancs , avec des bandeiettes blanches. (AVij
Ce-at. Pifan, p. ^cy). (Hércd. Hilt. 1. 4. c. 3^.
Ceux qui briguoient les magiilratures á Rome
portoienr des toges blanches y d’ou leur vint le
nom de candidats.
La couleur blancke étoit fouvent le figna dé la
jóle; 8c dans Ies feítins. Ies anciens portoient des
habits de cette couleur. Les foldats en portoient
quelquefois dans Ies camps j c'étoit méme autre-
fois un caraclére diftindíif des généraux & des
roiSj comme la couleur pourpre le devint enfuite.
Le bandeauroyal étoit originairenient blanc¡ de-lá
Tintqu'on reprochoitá Pompée d’affeéler la royauté
en enveíoppant fes cuiíTes’ avec des bandeiettes
blanches , qne Fon afllmiloit au diadéme.
L’habit blanc étoit le fymbole de la bonne foi
& de la candeur. C'eíí dans ce fens que Virgilc
appel'e blancke la bonne foi, canafides. Hotace
sYxprime plus clairement {Od. i. 35-. 2j.) :
Te fpes , & albo rara fides colic
V elata panno.
Symmaque le dit en propres termes ( epjjl. viu.
47.) : Alba velamina, non fegmentati amicius fidem
•veftiant.
Ce paflage de Symmaque feroit diíScile á en-
tendrcj íi Fonignoroít que ¡es Romains mettoient
une tíiiíérence entre color albas 8c color candidus.
Albas dt.lignoit feul la couleur blancht naturelle
de certaines laines 5 álbum natura , candidum cura
fit , ifronto. x'). ííidore dit : Candidas quafi candor
datas. Stuaio emm accedit candor. Nam álbum
vocari natare. efl ■ de forte que candidus color ¿é-
lignoit le luítre que Fon donnoit aux étoítes blan-
ckes, foit en les-.paíTant par une efpéce de calen-
dre, foit en les impreignant de craie . cretats. vsfies.
Le luíire ou le briliant étoit íi bien indiqué par
les mots candidas 8c candens , qu’ils furent appii*
qués á des étofres de pourpre, qui certainemeiic
étoient d’une autre couleur que la blancke. Horace
{Sat. il. 6. 107.) :
Rubro ubi coceo
Tiñóla fuper léelos canderet ve/lis eburnos.
Et Y. led :
Ergo ubi purpurea, porreclum in y efte locavit.
Csftlus color ou cificius , exprimoit auí5 un
de^é de blanchsur que Fart feul pouvoit donner ;
& il.devoit, fous un certain rapport, étre fysa-
nyme de candidas. Plaute {Epid. lE 2. 4Ó.) •
Tmioam rallam¡ mnic&m fpijfam^ Utueoluna c&fu'nisti.
B L A
Nonius (xi^. 17 ) ¿íz que ce linge eñ árpele
csjitium , ou parce qu ii crcit devenu blarx par
Tart du blanchiffeur , qui ie battoit á pluüears
rerrifes, a c¿dendo j ou parce que les bords en
étoient découpés : C&fitium ¿ichar linteoliim pu-
rum & candídum , a c&dendo ^ quod ha hd cando-
rejyi pefvcniat , vel jquod oras circumdfas ha’oeat.
BLANDUS 8c lánguidas color , font oppofés
d.;ns Fline ( 57. c. 7, ) á color aufieras & vegetas.
II déíigne par-lá une teinte légere , qu il oppoíe á
la teinte foncée ; comme blandas & aufieras font
les deux faveurs oppofées du goút.
Blasbus ^ furnom de la famille Rubxzlia.
BLASON. Quoique Ies anciens ayent adopté
des fymboles particuiiers ponr Ies individus teis
que le dauphin du boucüer d’UlyíTe ; comme ils
ne Ies ont pas aíTujettis á des regles & á des prin-
cipes 5 on ne fauroit dire qu'ils ayent connu le
blafon. Scus ce°point-de-vue , on doit le regarder
comme une invention moderne. íl y en a un dic-
tionnaire particulier dans cette noavelle Ency-
clopédie.
BLASIO , furnom des famiües Cozícelia &
Ííf.lvia.
BLATTA. 1
BLATTJEUS. f t r. • j
BLATTIARI US. f Bomams don
BLATTOSERICUM.^ nérent aabord le
nom de blatta aux infeéles & aux coquillages en
général. De-Iá vint qu'ils en firent depuis une
application particuliére au marex , cette efpéce
de coquiilage qui leur ferv'oit á teindre la pourpre.
Les étofres ainS colorees portérent alors le nom
de blatta, la couleiir pourpre celui de color hlat-
tsas , les teinturiers en pourpre cclxiiáchlattiarii ;
8c enfin une étoffe de foie teinte en pourpre , fut
appelée blattofericam.
Lampride dit qu'Elagabale fit préparer des
cordages entortillés de pourpre^ de foie 8c de ban-
delertes teintes avec le kermes (c. 32 ) : Raraverat
fanes szátta , ti ferico & coceo intortos. Caíiio-
dore demande á fon ami le préfent de pourpre
qu’il lui faifoit tous les ans (¿pifi. t. 2.) ; Cam
blatta, qaam nofiro cubícalo daré fingulis anrás
confuevlftl , venire fefiina. Blatt&us déCgnoic de.s
matiéres teintes en pourpre. Eutrope {yii. 14.) ;
Inufitats, laxaria exemplum , at qui exemplo Cali-
guia rzúhas aurcis pifearetar p qaz slattfis fu-
aibus extraheret q 8c Vopifeus {Aarel. c. ¡¡¡6.'):
Co-ceJJlt ut SLATTS.íS matrons. túnicas kaberent.
Blaitea déligne aníE (glt’jfd) un caillot ou une
bulle de fang . blattea , Ü-dpSo; «¡/mt-íj. Biatta
£to:t par analogie le nom prepre de la pourpre
rouge. Voye-q_ Pocrpre.
\ opifeus appelle hlattiofericam un manteau de
foie fans mélange daurre fil, 8c teint en pourpre
iAarelian. c. 4J tel que l’époufe d'Auréiie:> iui
demandoit la permílnon d'eii porter un. A díeu
plaiiej luírépondii iempereurj queje paJ'C
BLE
du fil au peids ce Tcr ! Tei ¿toit alors le prix de
la foie.
BLALNDOSj en Phrygie. EAATKAEGM.
Les medailles autonomes de cette ville font;
RRR. en brooze.
O. en or.
O. en argent.
Cette ville a fait frapper, foiis rauíorité de
fes archonteSj des rriédanies imperiales greccues
en Fhonneur de Néron. d'Antonin, de Marc-
Aurélej de Caracaihj de Fhilipoe íiis . ds Yolu-
ííen.
BLAUTM, ^ ^
BL dU'^TA t efpéce de chauíTiiretrés-íimple
8c tres- haíTe. Les philofophes etmiques , enne-
m.is du luxe & du fuperfln^ n’en portoient pas
d’autre. De-lá vint que le báton & les hlauts,
furent ¡e fymbole de la Philcfophie cynique ,
comme il paroir par une épigramme de Leónidas,
rapportée par Suidas au •ta.oz , dans laquelle
Poíocharis le cynique confacre a Venus fon báton
& fes blautia , rdúrcí xa g>.aixta.
Les Grecs s’eri fervoient dans leurs maifons
comme les modernes fe fervent de pantouEes.
C’eít ainíi que Ton voic dans Anllophane (Equis,
il. 4. 54,) des convives preiTés de fortir de table
par quelques befoins , defeendre des lits^ &:
prendre pour cet inítant les blautia qui fe trou-
voient á leurs pieds. Le célebre peintre Parrha>-
íiiis portoit en publie des blautia (JEUan.. variar,
kifi. IX. ) j qu'íl attachok avec des bousles ou
fibules d‘or.
II paroít que la fimplicité de cette chauíTure
avoit determiné les cyniques dans leur cboíx s
c eíb pourquoi S. Clément d'Alexandria (Piiagog.
iil. II.) recommande aux Chrétiens qui nepou-
voient pas marcher fans chauíTure , de ne porter
que des blautia.
BLED. Sous ce nom générique , noiis com-
prenons pluíieurs efpéces de plantes, avec les
grains defquelles on peiit faire du pain ou de la
bcuilh'e. Les anciens fe fervoiens de méme du
nom coiiectif frumentum p 8c c'eft a en diitinguer
les diíFérentes efpéces que les modernes ont tra-
vaiilé. Béguillet a fait fi:r cet obiet les recher-
ches fiiívantes, qui méritent d étre connues.
ce Les Romaíns deíígnoicnt fous le mor géné-
ricue frumentum , plufieurs efpéces de bleas. lis
en diífinguoiení ¿eux genres princip^ax ; ceiui
qifüs nommoient far ou ador , & le fromenc
qa'iis appelloienr trideum. On peor vo:i- cette
diítrnclion dans ColumeOe. Vírgile femble K'in-
diquer dans fon immcrtel ouvrage des Géor-
giqaes t
Arji trideeam In Tnejfem rslufiaqne farra. ,
Exercebis kwnum.
Mais íi yons áiípoSei; la ierre par des Isbeurs s
pesutr^
4^4
B L E
B
t
L.
.portcr une moiHOA tU" irou.ci':t
robuíie, cú de Toríe
01! iji
da Torga d'hiver.
“ Les Origines dilidore & \'arron dérivent
]e inDt far , a frangcnáo , quia ante molarum ufum
píiit fr^tngi foleat ¡ d’autres , du mot férre ,
qaód illud ferat tara, Mais ces étynioiogies incer-
taines , & qui convíennent également aiix autres
grains, ^ rie nous apprennent rien fur la natura
pafticuiiére du far , done les latins ont formé
leur rnot fariña , felón Plir.e , farinam a farre
diciam nomine ipfo apparet. ( iiv. xriii. c. 9. ) »
« Le far fut diez - les -Romainsj comme Torge
chez les Grecs , le ¿ied le plus connu & le plus
anden > c eíf pourqiioi on le préféroit aux autres
¿ieds dans les facrifices & dans la cerémonie du
mariage que Ton appeloit de fon nom confirréa-
tion y ge ie divorce de cette derniére efpéce de
mariage ¡ s’appeloit dijfarréation , parce qu’on
faifoir ufage dans ces cérémonies de gáteauxfaits
de farine de far. On appeloit; auñi le far eior ,
felón Feíl’US , ah edendo , & qubd ■vu.lgatijfmum
effet cibi genus ¡ ou^ felón d’autres, ador, ah
adurendo , parce qu'on le faifoit brúler en bolo-
caufre daijs les facrifices. Auíii a-r-on fait A’ ador
- un adjcd:ifj qu’on joint ordinairement au mot
far , far - adorevM. Si nous en croyons Pline, ce
fut Kiima qui imagina de faite rótir ie far , non-
feulement parce que cela le rendoit plus fain ,
mais encere parce qu’il devenoit plus facile á
erre brifé fous le pilón des efclaves ^ avant Tin-
vention des meules. Le religieux Numa ne man-
cua pas de confacrer cette utile invention par
h reiiglon ^ en faifant brúler du far dans les fa-
crifices. Le far étoit le principal aliment des an-
ciens Romains ^ qui le mangeoient en bouiliie j
car iis furent iong-téms fans connoítre Tufage
du pain ; ce qui les fit appeler par les autres na-
tions, mangeurs de bouiliie; i!s avoient méme
encore ce fobriqiiet du tems de Pline , & vulmen-
tarii hodieque diczintur, íiv. xvxij. c. 8.) ail-
leurs il les appelle lui-méme pulthhagos.^^
« Quant au far , cMtoit , felón Pline ^ celui dg
tous les bleds qui réíiftoit le mieux au froid des
liivers ; on le femoit en automne ; il fe plaifoit
dans_ Ies fois crayeux & humides 5 roais il réuG
íflbit également bien dans les lieux chauds , fecs
& arid^es 5 les terrtins les plus froíds Se les plus
mal cultives ne Tempechojent pas de venir. Ex
Omni frumentorum genere dariifTnum. far & contra
kiemes firmifimum femen , ideo hibernum , au-
tumnoferitar; cretofo folo & ulighiojo gaudet , pa-
titur fimul frigidijjlmos locos & rni-ius fuhaBos, 'vel
&ftuofos fitientefqae. ( Plin. lee, cit. ). ColumeÜe
compte quatre efpéces át far celui ¿tclufiam ,
qui étok plus bijnc Se plus éclatant 5 le venueu-
lum álbum , le venuculum ruhriim ^ ge le far tré-
mois^ quii appele alicafirum , 8e qui Tempor-
toir en bonte & en poids fiir les rrois premieres
.efpéces. 33
« La feconde forte de h¿ed connu? des Ro-
{ cam
' i
íL tí i
- , , , •> qu on le uépouilicic de
la oai.e en iC broyant. Columeiie diñingue uok
eípeces^de froment ; ia premiére, quil
rc'bus,, íoit á caufe de fa coaleur rouge ^ foit'darce
quil étoit meilieur Se plus loard que Ies autres;
la ^íeconde_ eipéce , qu’il nótame. ¡Higo , parce
quelle étoit blanche. Se d''un grain plus net Se
plus choiíi,^ étoit celle qu’on employoit prin-
cipalement á faire le pain , qui en prenoit le .nom
de pañis filigineus. On pourroit rapporter la pre-
miére efpéce de ces fromentsá celui'aueles mar-
chands appelíent mále , qui eíl plus rou<^e, dIus
crro.c «r ,,1',,.- ' I. ° F
que ce ne foit Tefpéce paiticuliére de bled.
blanCj qu’on Domme blanchée en quelques en-
droits, ge aiileurs to-aqelle ou bled touzet , parce
que fon épi ell ras Se íans barbe. Au refte^ Piine
8e ^Columeiie remarquent que Tefpéce n’eft
qu’un ¿/eádégénéré de roiits , ge qu'aVdeiá des
Alpes , le rebus degenere en fiUgo á ia feconde
ou troiíiérae récolte. C’e.fi: comme íi nous com-
parions ie bled de Barbarie á celui de Poloene :
le premier eíf plus gros plus longé, d’une cou-
leur plus foncéc;, 8e bien plus lourd, ayant la
farine plus compade ; ce qu’il faut attribuer á la
chaieur du climatj ge non pas á ¡a diverílté de
Tefpéce. Cette dégénération des bleds en a fait
multipiter les' efpéces par les anciens 8e par les
modernes. »
« La derniére efpéce de froment citée par Co-
luntellej eíl le tremas triticum trimefire , bled áe
mars , dont Tufage n’eft point aífez répandu , parce
qu’il pourroit lemplacer les froments qui ont été
la victime des hivers ; ce fut cette eípéce de fro-
ment qui fut le falut de la France en 1709. ”
« On peiit juger par ce que ie viens de djre
d’aprés Pline & Columeiie , que le bled far aio-
reum étoit un gente bien diíiérent du bled froment
triticum. Piine ajoute que le chaume du froment
a quatre ncEuds^ & que la paille du far adoreum
en a fix. Le froment eft fépare de fa baile dans
la grangSj 8c on en féme íe grain dépouülé de
fon enveloppe : le far, au contraire, ne pouvoit
étre dépouillé de fa baile qu’en le faifant rotir ,
8c on le femoit avec fes enveloppes ou follicules >
comme Torge & Tavoine. Les Gaulois;, qui re-
cueilloient le plus beau far de TEurope ^ Tappe-
loient , Be ils nomnioient le froment arinca.
Le far réuíTiiroit par-tour j & ie froment veut
une terre graiTe , bien préparée ^ ge un cliinat
temperé : le far fe femoit dés ie mois de feptetn-
bre 5 & la froment au mois de novembre
« II eft d’autres différences entre le far Se le
froment ^ fur lefquelles on peut coníulter les
cuñares reí rufiies, ; mais il fera toujours íncertatn
á quelle efpéce de nos grains modernas il faut
rapporter le far des anciens.
« Quelques
BLE
, ct Qüsiquas autsurs prennent le farpoTiz I’épaAU-
tre ou bled lociilar , ainíi appslé á cauíe de !a' baile
ou giume qu: recouvre ce grain_, cui a d’aüleurs
les memes proprieíés que le en ce qu’ii viene
par-toutj qu'il réíiíle aux hivers les plus rudes^
qu’il réuffit dans les lieux fecs comme daas Ies
fonds marécageux , & qu'on en fai: en Allemasne
& en SuüTe d^excellentes fromsntées , comme les
Romains faifoient leur bouillie avec Ic^far : mais
Tépeautre étoic également connu des anciens; les
Grecs Tappellent , & Püne rdeútpoLnt manqué
de robrerver, íi c’eut été le méme bUd, Diofco-
nde diítingue deux efpéces d'épeautre que nous
avons encore : la premiére qu"il appelle meno-
coccon, parce qu’elle n'a qu’un grain dans chaqué
baile ifoiée j & l’autre dicoccon ^ parce qu’il y a
deux grams fous une enveloppe commune. L’é-
peautre que Ies Latios appeloienr ^ fe
cukivoft principalement dans 'la Campanie, ou
I on faifoit 1 alica , efpéce de potion ou de bouil-
lie tres-nourriíTante ^ d^ou elle avoit pris le nom
¿"alica ab alendo. Quoique le far 8c Tépeautre
fuíTent des grains de méme genre , Pline ne man-
que pas d’en fa're fennr la diíFérence ; car il dit
que !e far étoit réferve pour Ies homm.es ^ & que
l'épeautre & l’orge étoient deílinés aux chevaux;
cependant comme il y avoit quelques peuples qui
vivoient d’épeautre j Pline ajonte que c’eíl faute
dsfar, qui yed utuntur, non habent far. Lív. XVII.
c- 8 1 . «
« Ceux qui confon Jent le far avec le feigle^ fe
íTompent également, puifque le feigle étoit auíH
connu des anciens, <k que Pline le diífinguenommé-
ment : on ne culnvoir le íeigle en Italie qu’en le fe-
mant avec de i’orge, des vefees , ¿ufar, & d’autres
grains,_pour procurerau bétail un fourrage que Ton ■
appeloit /urrzzg-o, á caufe de ce mélange. Pline
ajoute cependant qu’on cultivoit le feigle en quel-
ques lieux des Alpes, pour en faire un pain détef- ■
table, qui n’ étoit propre qu’á app'aifer la faim
canine de ees mentagnards, dénués des mopens
de fe precurer de mciüeur bled ; i! remarque méme
que Ies plus aifés méloienr un peu de far avec le
feigle , pour en corriger Famertume & rendre le
pam moins noir, comme nous mélons du froment
avec le feigle dans la méme vue ; 8c ií ajoute que
ceh n’empéche pas le pain oü il y a du feigle de
lácher le ventre, & d’étre auffi mauvais qu’indi-
geñe. Je ferois done porté á croire que le far
cdoreum des anciens n’ert autre chofe que notre
orge dhiver, connu fous le nom á’écourgeon,
qu Oiivier de Serres met mal-á-propos au nombre
des froments. L’aureur de la Mai/on ruftique Fap-
pelle fecourgeon , comme qui diroit fecours des
gens ; parce qu’étant hátif , il eft d’un grand
fecours aux pauvres gens qui n’ont pas de bled
pour y.vre jufqu’á la nouvelle récolte. Se qu’on j
If ie premier j raifon pour laquelle on I
í °cgc de prime. Les Flamands en font de i
la biere comme les Romains faifoient leur alica : j
■^aiiquités ¡ Tome 1,
4^5
"far; fon chau: i.e
BLE
n Ce feme en leprembre comme
a^ux noeads comme le far; ii eft plus haut que
de . orge commun. Ii donne rrodigieufe-
ment ce grains, &. ii a toutes Ies quaíités que
-me a-ariDue zu far. Comme c’étoit Fefpéce de
6led que les anciens cultivoient de préference ,
Ii ne feroit pas etonnant que la culture en eút
multiplie les e.pecesj Se ce qui me confirme dans
mon opinion fur Fidendté áu far 8c de l’écour-
geon ou orge deprime, c eíl que Pline remarque
qu II y avoit un far pnntanier, comme nous avons
nos orgesde mars. Se que Ies gladiateurs fe nom-
moient kordearii, parce qu’ils ne mangeoient rien
autre chofe du tems de Piiiie , que des bouillies
d'orge Se de far. »
M. Pauélon a confacré une partie áu dixiéme
Métrologie, á établir descaradléres
diítindtifs entre Ies difterens hleds des anciens.
On les trouvera détaillés aux mots .Ador , Mil-
let, Orge, Seigle, Sesame, Siligo Se Tai-
Ticu-Vi. ¡N’ous donnons ici les réfultats.
Le tritlcum, ¿ isufilsj étoit notre froment barbu j
Izf ligo, í-iau'VKíí , étoit notre froment commiun
fans barbe, celui que Fon cultive ordinairement
en Francej edor , ador, adoreum , far , arinca,
fandalum , kalicafirum , femen , ye a , ,
¿Xbih, ífoja, olyra , oryxa , tipke , bremos 8c tragos ,
etoient le riz j kordeum galaticum ou dlflickum,
étoic l’orge á deux rangs de grains, notre
orge commun ; kordeum kexafticum ou cantkerinum ,
orge á íix rangs de grains , qui fervoit ordinai-
rement á noürrir les chevaux; avena, Favoine
commune; Xafia des Tauriniens dans Pline, étoit
notre feigle ; le milliam enfin 8c le panicum ,
étoient notre millet Se notre pañis.
On ignore Fépoque á laquelle les hommes com-
mencérent á cultiver le bled que la nature leur
offreit melé avec les plantes fauvages ; ainíi qu’on
l’a trouvé de nos jours fur le grand plateau de la
■Tartarie , Se en Sicile dans le pays des Léontinsi
Voici les traditions fabuleufes des Grecs fur ce
fujet. Cérés, felón les uns, fie connoítre le bled
aux hommes : c’eft pourcette raifon qu’ils la p!a-
cérent dans Folympe. Triptoltme, fils de Céléus,
roi d’Eleuíis, fit, felón d’autres, ce préfent aux
mortcis. Quelques - uns veulent que Triptoléme
n’ait appris aux hommes qu’á femer 8c á cultiver
le bled que Cérés avoit déjá montré. Diodore de
Sicile tranfporte á ííis ce que Fon dit ici de
Cérés; Se il affure qu’Oíiris inventa F.Agriculcurc,
dont le bled eft un des principaux objets.
íl eft aíTez vraifemblable que le bled fut cul-
tivé d’abord p-ir Ies Egyptiens. Cependant les
Athéniens revendiquoient cette priorité, qui leur
étoit difputée par les Crétois , 8c fuy tout par les
Siciliens. Car Cérés avoit fait connoítre á ceux ci
le bled avant cue de paíTer dans F.Attique. Servia*
Se Macrobe difenr que Saturne rendir ce fervice
aux habitans du Latium.
M n n
BLE
Les Grecs & Ies Romains confervoient le hled
dans des greniers 5 mais les Africains Tenfcuif-
foient dans la terre ainli qu’ils le pratiquent en-
coré. lis appellent matamors les trous dans lefquels
ils le reníerment.
Quant aux proportions de la femence que les
anciens employoient pour les différens bleds , &
aux produits des diíFérentes contrées , voye^ Fer.-
TILITÉ & SeXíAILLES.
La coutume de dillribuer du bled á bas prix
au peuple romain étoit auffi ancienne que !a
république. Pline en rapporte le commencement
árédileplébéien Manius Marcius i i8. Manías
Marcias, &diLis pLehis, primum frurnentum populo
in modios ajfthus donavit. Minutius rimka & diftri-
b«a de méme aii peuple le oled qu’avoit amaíTé
Spurius Mcelius, pour capter la bienveillance
des Romains qu'il voulcit afíervir. Les empe-
reurs renouvelérent fouvent ces diñributions de
lled qu’iis donnoient á bas prix, & méme quel-
quefois fans rien exiger de ceux qui le recevoient.
On en voit des témoignages fréquens far les mé-
dailles qui en ont pris les noms de Libéralites
OU de CONGIAIRES.
Oii ne trouve rien de précis avant Ies empereurs
fur le nombre de ceux qui avoient part á ces diftri-
butions , & que l'on appeloit Framentantes. Sué-
tone dir que Céfar le réduifit á 150,000, de
320,000 qu'il étoit auparavant. Auguñe (P/o.
55.) le porta á 2cc,oco, & Tibére (Tadt, Annal.
é. 13.) Taugmenta encore.
Quels étoient ceux qui avoient part aux diílri-
butions de bled ? Cétoient les citoyens pauvres
(^Senec. de Ben. 4. 27. _) : Frumentum publicum tam
far , quam perjuras , & adulter accipiunt : í' fine
deleita morum . quifiquis cívis efi. Les affranchis
étoient compris dans cette difttibution ; le fcho-
liaíle de Ferié expliquant le 73® vers de la fatyre
5*^ , le dit expreíTément : Roms. erat confiuetado ,
m qui ex manumijfione cives efficiebantur , in nu-
mero civium romanorum frumentum publicum acei-
^ertnt. On y comprenoit auíTi les enfans , comme
Ú paroit par ces paroles de Piine (jPaneg. c. 2(5.) :
Tu ne rogari quidem fuftinuijti , éc quanquam letif-
fimum oculis tais effet confpeñu romam fobolis
impleri , omnes tamen antequdm te viderent , adi-
rentve , recipi incidi jaffifli : ut jam indi ah in-
famia parentem publicum muñere educationis expe-
rirentur.
11 paroit qu’avant le régne d’Augufte , les
laboureurs & les marchands étoient exclus des
diftnbutions de bled ; car Suétone rácente (^Aug.
t. 42.) qub'l les y comprit : Arque ha poji hanc
rem , (frumentationem) ha temperavit , ut non
-tninorem aratorum , ac negotiantium , quam populi
rationem deduceret. Les nobles, ceux qui avoient
oceupé les grandes dignités, & les fénateurs,
avoient part de droit aux diÍLtibuticns de bled.
Cic ron {Tufe, queftion. ni. 20.) raconte que
Giacchus veyant PifoníVtí^'i, ancien magiftrat.
BLE
approcher pour participer á la diftribution de
bled, lui demanda devant tout le peuple, com-
ment il pouvoit prendre part á une chofe , aprés
s’étre oppofé á la loi {frumentaria') qui Pordon-
noit. Hadrien {Spartian. c. 7.) aíTura des diñribu-
tions de bled aux fénateurs dont le patrimoin«
étoit diíTipé , afin que leurs enfans puffent jouii
un jour du revenu néceíTaire pour entrer dans la
clafíé des fénateurs.
Les foldats recevoient tous les mois la portion
de bled qui devoit les nourrir. Cela kempéchoit
pas que dans des circonñances particuliéres, on
ne leur en fít des largeífes. On ieur donnoit leur
nourriture en bled plutót qu’en pain , parce qu il
étoit plus léger d'un tiers : Lex certa nature efi ,
dit Pline (XVIII. 7.), ut. in quocumque genere pañi
militari tenia partió ad grani pendas accedat ; 8c
parce qu'en outre ils le mangeoient fouvent en
bouillie ipuls) j que les Romains aimoient beau-
coup , ou en pátes cuites légérement fous la
cendre.
Les ediles furent d’abord chargés de ces diliii-
butions; mais elles furent attnbuées eníuite au
préfet de Pannone , prefeBo annona , qui comman-
doit mx frumeraarü , cííiciers prépofés au recou-
vrement des bleds que devoienc á Rome les pro-
vinces frumentaires , &c aux gardes- magafins ,
menfores. Les ediles , le préfet de Pannone , Jes
empereurs , les généraux, tous ceux enfin qui íai-
foient les diñributions de bled,. donnoient á cha-
cun de ceux qui fe préfentoient un bilíet ou teífére,
fur lequel étoit raarquée la quantité de bled qui
formoit la liberalité ou le congsaire. On portoit
enfuñe cette teffére aux gardes- magafins , qui
étoient chargés des greniers pubhcs , & Pon rece-
voit la quantité de bled marquée fur la telare. ^
P. Viétor porte á trente-neuf le nornbre des
greniers publics que renfermoit Rqme dans fon
enceinte. Quelquefois on diñribuoit du pain au-
lieu de bled_. Ces diñributions fe faifofent depuis
Gracchus dans íes premiers jours de chaqué mois j
ce qñAppien appeüe {Bell. Civil, r. p.
(riTr^siruiv Suidas nous apprend que c
aujour desNones ¿s «»« ra; ¿'(¿'agdiiu;. Augulte
voulut réduire á trois jours de Pannee ces diftn-
butions , afin de déíourner moins feruvent le peup.e
de fes oceupations ; mais ks follicitations de ce
méme peuple Pen détournérenr. Suet. V'
Neplebs frumentatzor.um caufífrequentius a nego-
tiis avocaretur , ter in annum quaternim menfum
tejferas daré defiinavh : fed defitderanti confuetudi-
nem veterem concejjit rursics , utfui cujufque menfis
acciperet. ,
Folvbe {vi. 37.) nous apprend que i on aoir-
noit par mois á chaqué fantaífin deux tiers de m^
dimne attique de froment , Sz pyt
boiíTeaux de París (ce qui ne paroit pas fufritanc;,
& aux cavaliers fept médimnes d orge, vi^^
quatre boiíTeaux de París par mois, 8e . J;', '4^
dimnes de bled par mois, ce qui feroit
BLE
Bcroyable) cuatre-vingt-quatre boiíTeaux par an.
Les Romains donnoient cette quantité de hUd
appelée menfiruam , gratis aux alliés j mais aux
foldats romainsj en déduction de leur folde accou-
tumée (Polyíius , ihiderri). Les tribuns veilioient
á ces d’ñributions , examinoient Tétat des greniers ,
la qualité da hled , & Temploi qtfen faifoient
Ies foldats; car il étoit défenda á ceux-ci de le
vendre. Nous v'oyons dans Sallufte {Bell. Jag.')
qu’une des marques de la corrupción d'une armée,
étoit d'y vendre publiquement le lled des ra-
tions : Frumerstum piíblice datum vendere , panem
ík dies msreari. Galba ( Saet. c. 7. n. 4. ) ayant
appris qa’un foldat avoit éconamifé une mefure
de oled { modlum ) fur fa ration , & qif il Tavoit
vendue cent deniers, défendit á tout le monde de
lai donner de ¡a nourriture ; de forte qudl mourut
de fáim. . . . : Milíti qui per expeditionem amona
arSliJíimá rejiduum cihariorum tritio i modium centum
denariis vendcdilfe arguehatur ^ vetuit , fimul atque
indigere cibo ccepijfet, a qaoquam opem ferri, atque
is fame extahait. Cependant on donnoit pour ré-
cornpenfe á des vétérans ou á des foldats qui
s.etoient diííingués dans quelques ©ccaíions, une
double ration de bled'; d’oú leur vint le nom
duplicara y mais ils ne pouvoient le vendre ; ils
donnoient leur fuperflu á leurs camarades.
Les empereurs ne dédaignoient pas de veiller
eux-mémes aux diitributions de bleds , & d’en
cpminer Ies qualités- Tel fut Hadrien ; laborahat,
dit Spartien (c. i. ) pr&terea, ut condita militaria
diligenter agnofeeret , réditos quoque provinciales
folerter explorans , ut fi alicubi quicquam deejfet ,
expleret. Tel fut auíTi Alexandre-Sévére : annonam
mihtum , dit Lampride {c. ly.) diligenter infpexit.
De-1 á vint Fufage de préfenter aux empereurs ou
aux généraux un eíTai du hled que renfermoient
Ies greniers militaires, appelé proba. Ammien-
Marcellin (ai. 16). ; Vekiculis infidenti , ut
prijzcipibus falet , anaons, militaris offerebant indi-
cia , ut ipfi nominant, proba.
Frumentum sfiimatum étoit la quantité de hled
que recevoient les magiílrats romains dans les
provinces , pour Tentretien de leur maifon ( in.
eellam) q & qu^ils prenoient quelquefois en ar-
gent. Ces magiftmts fixoient eux-mémes la quan-
tité du frumentum in cellam , & cette ordonnance
s*appeloit sfiimatio. Cicéron {Verr. iij. 81) ; Citm
ex fdo & ex legibus frumentum ei in cellam futnere
liceret : idque frumentum ita fenatus efiimajfet,
quaternis H-S. tritici modium, hinis kordei : ifte ,
numero ad fummam tritici adjeño , tritici modics
fingulos cum aratoribus ternis afiimavit.
. Frumentum decumanum étoit la dixme des bleds
récoltés que draque laboureur , dans certaines
provinces, devoit fournir pour rapprovifionne-
ment de Rome : Afeonias in Cicer. : Sicilia daaat
decumanum frumentum , quod ab aratoribus exige-
hatur fine pretio.
Frumentum emptum. étoit de deux eípéces : eelai
BLE 4<>7
des dixmes que l'on payoit quelquefois, & une
feconde dixme que le peuple romain exigeoit,
en payant , dans un tems de difette. Les préteurí
etoienr aurorifés ¡jar des fenatus-confultes á lever
^^™cs, & ils étoient chargés de Ies payer.
L infame \ erres avoit retenu le prix des bleds
feurnis par la Sicile, & Cicéron fui a reproché
vivement cette concuíTion {Div. c. 10.) ; Emptuik
efi ex Jeto frumentum ah Siculis , pr Atore F erre ^
pro quo frumento pecunia omnis foluta jton efi.
Grave efi koc crimen, in Verrem. ...
Frumentum konorarium étoit une quantité de
bled que les provinces fourniíToient de plein gre
aux magiftrats romains , au-delá du frumentum.
afiimatum. Cicéron {in Pifan, c. JJ.)' Q_ui modas
tibi fuit frumenti tfiimandi , qui honorariil Siqui-
dem potefivi & metu extortum konorarium nomiitari,
Bled fur les m.édailles. On en voit trois grains
fur celles d’Himére. Tous Ies épis ou les grains
de bled qui font fur les médailles, appartiennent
au bled-barbu.
BLEMYES ou Blemmyes, peuples de
rEthiopie aux confins de FEgypte, qui furent
domptes par Flórus , lieutenant de Marcien , l’an
de J. C. 450. Ils facrifioient des hommes au foleii.
II en eíl parlé dans Théocrite , dans Nonnus,
dans Paufanias & dans Denys Périégéte, On difoit
que ¡es Blémyes rfaveient point de tete , & que
leurs yeux & leur bouche étoient places fur la
poitrine. Quelques auteurs croient que cette fable
a pour origine Fufage oú étoient les Blémyes ,
d^enfoncer leur tete dans ¡es épaules , .qu’ils éle-
voient beaucoup , & qu^ombrageoit leur vaíle
chevelure. Cette explication paroit trés-vraifera-
blable , fur-tout lorfqu'on jette un coup d'oeil fur
les Bacchus égyptiens ou barbus, dont la tete eü
enfoncée dans la poitrine.
BLESSURES. L^ait de guérir Ies blejfures ,
celui auquel toutes les autres parties de la Chi-
rurgie doivent céder , n"a fait prefquaucun pro-
gres depuis les anciens. De plus, ceux des mo-
dernes qui ont écrit le plus judicieufement fur
Ies blejfures á la tete , ont cru ne pouvoir rendre
un plus grand fervice á leur fiécle & á la poíic-
rité , que de commenter le livre admirable qu’Hip-
pocrate a compofé fur ce fujet.
BLEü , cyaneus 8c laqurios color des GrecS ,
cceruleus &c venetus des Latins. Les Egyptiens fe
fervoient dans les premiers tems du lapis latydt
pour faire du bUu , jufqu á ce qu’un de leurs rois
fit connoitre une chaux de cobaít {voye^ Azur),
qudls appeléreht cyaneus lapis oü pulvis.
. La nuancedu ¿Aa des anciens, color cceruleus ^
étoit celie d’un béau ciel fans nuages , appelé paz
Ennius ,
Cceli cxrulea' templa.
Ovide Fa décrite {Art. til. 12. 12.):
A'éris ecce color tum cum fine nuhihus aér ,
Nec tefidus pluvias concitat aufier aqucí.
N s H q
•4^8 B O E
Cette méme nuance du de! répétée par les
«aux tranquilles de la mer j lui firent donner l’épi-
théce exruleum. Cicerón (^apud Non. il. 717.):
Quid Tnare , nonne cceruleum ? De-lá vint que Ton
enveloppa quelquefois Tlliade dans une peau teinte
en rouge , á caufe du fang répandu dans Ies com-
bats dont le récit fait la matiere de ce poéme ; &
rOdyíTée dans une peau hleue, qui deíignoit les
voyagesd'UlyíTefurlesmers. Les dieux marinsfont
appelés cxrulei par Ovide (Pone. iv. lá. aa.) :
Carmina coeruleos compofuijfe déos.
Le olea des dieux marins fe confond facilement
avec le vert-de-mer ou le céladon , efpéce de
Verr-pále. C'étoit la couleur des draperies dont
on habilloit les Néréides; c'étoit la couleur des
bandelettes (Val. Flac. Arg. i. 189^) que por-
toient les vidimes ofrertes aux dieux marins ;
c’étoit auíii dans les peintures antiques celle des
habillemens des Nymphes , parce que leur nom
yient de Yeau. Junon, déeífe de Tair;, peut erre
vétue de bleu-célefie.
A Rome, le general de la cavalerie prenoit un
étendarr bleu , pour annoncer fa dignité ; parce
que Neptune avoit produit le cheval. Ceux qui
avoient faitquelque belle adtionfur mer^ étoient
récompenfés par le don d'une enfeigne bleue.
Dans les jeux du cirque , une partie des combat-
tanSj c"eít-á-direj une des quatre fañions , étoit
habillée de bleu, pour défigner la raer ou la
faifon des pluieSj ainíi que les autres déíignoient
le printems Teté 8c Tautomne.
BLOND. Voye-^ Roux.
BLUTEAü. V. Rain des anciens.
BOAPMIA. Les Béotiens donnoient ce nom á
Pallas, parce qu'ils croyoient qu elle avoit attelé
la premiére des bceufs á la charrue.
BOCALj baucalium , g,a.ax.kM6t , vafe de verre
3 col long 8c étroit. F. Canope.
BOCCA I3XI.LA YERiTA. On appelle de ce
soín á Rome une tete antique qui a la bouche
ouverte : elle elt auprés de fainte Marie en Cof-
médine. Le peuple raconte á fon fujet une fable
trés-extraordinaire. Les femmes des Romains
foupconnéés d'infidélité, mettoientla main dans
cette bouche béante pour détromper leurs.marisj
& la bouche fe fermoit , quand leur innocence
n’étoit pas avérée.
BOEA, en Laconie. BOiATaN.
On a des médaüles imperiales grecques de
eette ville , frappées en Lhonneur de Julia Domna ,
de Caracalla , de Géta.
BOEDROMIES , fétes qui fe célébroient á
Athenes cians le inois Bo'édromion. Karpocratícrt
dit qu on les avoit iníHmées en mémoire du
íecours que donna fous le régne d'Eredlce un
Júpiter j fiis de Xuthusj aux Athénicns, contre
B O E
Eumolpe. II ajoute que leur nom vint de
courir en criant , fynonyme de /SsíS-íTv, ¿
forme de ^¡¡-a , crz , Se de je cours ¡ parce
qu’on alloit á la charge en courant 8c en jetant
des cris. Plutarque donhe une autre origine aux
Boédromies , dans la vie de Théfée : c^étoit la
vidtoire de Théfée fur Ies Amazones , remportée
dans le mois Boédromion.
BOÉDROMION , mois des Athéniens , qui
étoit plein ou de trente jours, & le troiíiéme de
l’année, pendant lequel on célcbroit les granjs
myñéres & Ies Boédromies.
BOETICUS color. Yoyez Roux.
_B(EUF ou Taureau. Les Egyptiens ren-
dirent Ies premiers aux boeufs Se aux vaciles un
cuite religieux i dont on retrouve des traces dans
la Mythologie grecque , & dont ITnde nous offre
un exemple encore fubliílant. L'origine de ce
cuite ne doit pas erre cherchée dans Ies fecours
que tirérent des boeufs les agrieulreurs, puifque
TEgypte adora auííi un grand nombre d’aniiiiaux
inútiles & méme nuiíibles. II faut reconnoitre
!ci le génie des Egyptiens, qui leur faifoit adorer
dans chaqué animal une divinité dont i! offroit
quelque léger attribut á leur efprit fuperílirieux.
On en verra les preuves détaiilées aux arricies
Apis, Mnévis &" Onuphis.
Les Orees requrent des Egyptiens ce refpeé^
religieux pour les bceufs ; mais i!s en méconnurent
ou en déguiférent "origine, lis y en fubftiruérent
une fondée fur les fervices que le ¿«a/rend au
¡aboureur. De-lá vint que dans Ies premiers tems
de la Gréce , on nrimmoioit aux dieux que de
jeunes taureaux dont le col tfavoit pas encore
fléchi fous le joug. Nous Tapprenons du feho-
liañe d’Aratus (zVz Phienom. p. 19. eait. Oxon.) ,
qui cite, á Tappui de fon Opinión, ce vers d'Ho-
mére {Iliad. K. 293-) :
Ái^ptATAf ív úorce bAo íjyísysj» uvAf*
« GenilTe indomptée, que Thomme n’a pomt eís-
Gore liée au joug ».
Ce méme feholiañe dit que les Athéniens fureot
Ies premiers á faite fervir á leurs repas les bceufs
qui avoient miné la charrue , rav SWv afór-A^- Cypen-
dant Elien affure que ce méme peuple avoit fait
une loi qui défeíidoit de tuer le bceuf-lahoureur.
Oh peuf fauver la contradiétion , en rapportant la
loi aux habitans de T Attique , 8c aux AtheniCT^ la
pratique fanguinaire-de fe nourrir de la chair des
bceufs, ou plutot des taureaux indomptes. ^
Au relie, on trouye chez les Romainsla
marche. Dans le premier age de Rome, ils s ao,-
tinrent de faite mourir le bceuflaboureur. “V arron
Lappelle le compagnon de fagrkulteur , &
miniftre de Céres (de Re Rufiie. il. 5 •) :
h'ominum in rufiieo opere , (d Cererls minifier. r^jDe
(vil!. 43.) raconte que le peuple romain^con-
damna á l’exil «a laboursur pour aveir uo
B (E
hcen-f, comme s’il eut oté la vie á fo-n garf on de
che.rru.e , tanqu 'ám colora fuo Ínter emjito.
La traáition mytliologique portoit que les
hommes n’avoient commencé á fe nourrir de la
chair de boeitfs-laboureiírs , que dans le liécle de
íér. Ara tus le dit expreílément {Pkoenom. n. 1 3 3.) :
.... rr;Sr5¡ ¡Tí jSsS» íS'éj'ííír
Ce vers a été rendu ainfi par Cicerón :
Et gufi are maniL victiim , dotrdtumque j-avencum.
Et mieux par Germanicus :
Polluit & tazirus menfas ajfuetus arctro.
Dé-lá^ vint que Ton n’immola prefque jamais de
boeuf\ Cérés. Ovide (Fafi.ir. 413.) :
a4 hove fuccinchi c nitros removete , minijlri !
Bos aret : ignavam facrificate fuem.
Apta jugo cervix non efl ferienda fecuri :
Vivat ¡ & in dura fdpe Lahoret humo.
Les Lacédémoniens immoloient un boeuf a
Mars 3 lorfqifiis avoient vaincu leur ennemi par
la tufe , & un coq , lorfque c’étoit á forcé ou-
verte. On doroit fouvent les comes des boeufs qui
devoient fervir de vidtimesj fur-tout pour les
auteis de Júpiter. Tertuilien (de Coran, mil. c. 12.) :
Ecce annna votorum nuncupatio quid videtur ?
JLccipe pofi loca & verba : hunc tibí ^ Júpiter, bovem
cornibus auro decoratis vovemus ejfe futurum. Le
nombre de ces victimes étoir quelquefois de cent j
& ce facrifice s’appeloit un hécatombe. On voit
cependantque dans certaines occafions^ ces boeufs
offerts aux dieux n'étoient que des figures de
páte. Ce fubterfuge devint néceíTaire pour con-
íerver la race d'animaux íi útiles^ que la fuperf-
tition détruifoit journellement. Tel fútfans doute
le principe qui fit défendre par Dominen de facri-
Éer des boeufs. Suétone (c. 9. n. i).
Les généraux romains qui triomphoient , im-
moloient pluueurs boeufs á Jupiter-Capitolin. lis
devoient erre blancs & nés dans rOmbrie^ fur
les bords fértiles du Clitumne. Virgile en fait
Biention {Georg. il, 146.) ;
Hiñe albi, Clitumne , greges , & máxima taurus
Victima j fepe tuo perfujl fumine facro ,
Romanos ad templa deúm duxere triumphos.
Claudien a chanté auífi les taureaux blancs da
Clitumne [vi. Conful. Honor, n. 506.) :
Quin & CUtumnl fueras viciorihus undas ,
Candida que. JLatiis prAaent armenia triumphis ,
Vi f ere cura fait. I
Ees anciens atteloient Ies hesufs á la ckarrue $c
B (El 4*^9
aux chars qui portoient les divinités dans les
pompes facrées. Mais attachoient-iis le ioug á
eurs ccirics ou fur leur col ? Si Ton confuiré
Ls marores. Ies bronzes & Ies médaiües^ cette
quemón lera bientot réfolue. Quelqaes recher-
ches que nous ayons pu faire fur cet cb-et . nous
n avons vu aucun monument oú les bceúis fuiTenc
at:e:es autrement que par les épauies & par le
col. Cicerón {hb. ti. de Natur. Deor.) dit que la
torce Scla largeur des épauies du taureau, an-
noncent qa edes font deítinées á tramar la char-
rue 5 fon coL ajoute-t-ilj montre qufil eft né
pour le joug, & fes reins concaves difent aífez;
qu'il ne doit pas porter des fardeaux ; Boum ipfa.
terga declarant , non ejfe Je qd onus aceipiendunz
pgu.raia. Cervices autem nat& ad jugum : tzim vires
humerorum latitud.nes ad aratra extrahenda.
C elt d apres les cauies finales que raifonneict
.e celebre orateut romain : mais un agriculteur
ec-aiie^ ne devoir pas le contenter de ces vaines
analogies. qui induifent fouvent en erreur. L"ex-
périence feule peat lui fervir de flambeau ; auili
3”t"^h2 dicte á Columelle le paííage faivant, qui
decide parfaitement la queflion dont nous fommes
oceupes dans cet inítant. «La pratique d'atteler
» ¡es bízufs par le col & les épauies . a été re-
connue ia meilleure. Car la plupart de ceux
“ qui ont écrit fur Tagriculture ont rejeté , avec
” raifon ^ la pratique établie dans quelques pro-
” vincesj de lier le joug aux comes ¿&sboeufs.
= Ces annnaux peuvent produire de plus granas
” effets avec le col & le poitrail , qu’avec les
» comes. Par le premier moyen ^ ils fbnt eíFoit
” avéc tout le poids de toure la largeur de ¡eurs
" corps j rnais par le fecond ^ ils font tourmentés
" fans ceñe en portant leurs tetes courbées &
” leurs cois repliés ; de maniere qu’á peine ils
“ écorchent la rerre avec la pointe du plus léger
" foc. De-lá vient qu on ne peut les atteler par
» les cornes qa"á de petires charrues j incapabies
" d’ouvrir profondément Ies terres repofées
ijib. 2. c. 2). . . . Hoe enim genus junciurs máxime
probatum eft, Nam illud, quod in quibufdam pro-
vinciis ufurpatur, ut , cornibus ilUgetur jugum,
fere repudzatum eft ab ómnibus qui prscepta rufticis
confcripferunt ¡ ñeque immeritb. Plus enim queunt
pecudes eolio & peñare conari , quam cornibus.
Atque koc modo tota mole corporis , totoque pon-
dere nituntur : at illo , retrañis & refipinis ca-
pitibus excruciantur , Agreque terrs fummam partenz
levi admodum vomere fauciant. Et ideó mincribus
aratris moliuntur , qui non valent alte perfojfanz
nqvalium terram refeindere.
Nous voyons dans les recueils de loix des em-'
pereurs romains j. que Ton faifoit tirer les cha-
riots appelés angaria, piT deux boeufs ; 8c que
c^’étoit une descharges publiques ^ de fourn’ir Ies
animaux pour voiturer les officiers du prince ^ fes
provifio.ns, ceiles des armées, &c. Mais il ésoft
féyéreiBSBí défenda d’employer 3 cet ufage ks
470 B (E
hosufs-laboureurs. Cet ufage fjt aboü par I'em-
pereur Julien , qui ne permit plus aux voitures du
fifc de fe fervir de bceufs.
Les andens faifoient ufage des comes de hceuf
dans pluíieurs arts ; & ils s"en fervoient fur-tout
poiir boire dans !es feftins. On affuroit méme que
cetoient les premiers vafes á boire que les hom-
mes euíTent employés. Pour en perpécuer le fou-
venir, on dcnna aux vafes qui remplacérent les
comes, la forme de cel!es-ci. Rhytium-
Les peuples du nord choiíiiToieni; de préférence
pour boire les comes du hceuf appelé Vras , a
caufe de leur vafte capacité. Elle étoit íi grande ,
qu'il falloit deux urnes de vin pour remplir deux
de ces comes. Pline (-vr. 57.) ; Urorum cornibus
barbari feptriontaíes potant : urnajque binas ca-
piüs uniiLs cornua implent ; trente pintes de France
& —
Les artilles anciens repréfentérent Bacchus
& Isis avec des cornés de hceuf. Voyez-en la
raifon á leurs articles.
Ils repréfentérent fouvent aufll les fleuves fous
la forme de hceuf ou de taureau, peut-étre par
imitation. Car c’étoit ainíi que le Kil paroiííoit
chez les Eg'.-ptiens , dont les Crees ont emprunté
tant de chofes. On trouvera d’autres motifs á
rarticle Fleuves.
On voyoit á Delphe & á Olympie des bíeufs
d'airain, & Ton connoit la vache du célebre
fcuipteur Myron. II y avoit á Rome un ¿«a/d'ai-
rain tranfporté de f ifle d’Egine dans le forum
boarium. Pline (34. 2).
Les arebiteétes anciens placoient dans certains
édifices destetes de hceuf be de bélier écorchéeSj
& en faifoient un ornement de la frife. Ces tetes
dépouillées de leur peau , avoient un yapport
direét aux facrifices des anciens, il s’y joignoit
encore une idee fuperílitieufe 5 car on croyoit
quelles fervoient á écarter le tonnerre ^Arnob.
adv. gentes , Ubi j. I 37. edit. Lugd. lóyi. in-4°.) ,
& Numa prétendit méme avoir requ fur cela un
ordre particulier de Júpiter.
Les anciens marquoient les besufs pour les
diflinguer dans les troup>eaux nombreux. On voit
dans la colleaion du barón de Stofeh Fempreinte
d’une pierre gravée antique, fur laquelle paroit
un bxuf marqué d’un kopk 9 fur la cuiííe gauche ,
Se dhin E fur Pépaule gauche du méme cóté.
Boeüf ou Taureau fur les médailles. ^On
en voit fur celles de Chalcédon, á'Erétria , d’Eu-
bée, de Géla, de Gortyna, dlñisa, d’Obulco,
de Parium, de Pella ^ dé Périnthus, de Phaeílus,
de PoEdonia , de Sybaris, de Tauroménium , de
Theííálonique, de Thurium, d’Aradus.
On voit u»e tete de taureau fur les rnédailies
de Corcyre , d’AíTus , d^Eubée , d’!fti*a , de Panti-
capaEümi des Phocéens, de Lucéria, de Salamis.
BgEU? ouT frappant de la come. On
le voit fur les rnédailies de Thurium d^Alon-
siiiuiu, d’Arpi, d’Eubée, de híagnéfia en lonie.
B d
de Marfeille, de Panticapsum, de Pofidonia, de
Praefus, de Syracufe, de Tauroménium.
Bqeuf a tHé humaine. On le voit fur Ies mé-
dailles de Caléno , de Géla , d'Himére, de Nolaj
de Néapcüs en Italie, d'Oéniadxj de Taiiromé-
nium^ de Téanum, d’Urina, de Mégara en Si-
cile.
« Ce monftrueux affemblage d'une face humaine
& d'un corps de hceuf, a occafionné, difent Ies
auteurs de TExplication des pierres gravees da
palais-royal j prefqu’autant d’erreurs qu’il a fait
naítre de conjeélures. Perfonne , jufqu’á préfer.t,
n^a expliqué clairement cette énigme : Pigkius 8c
Carrera feuls en ont foupconné le vrai fens. Li
plupart y ont reconnu le lleuve Achélo'ás ¡ mais
fon peut voit á fon arricie combien cette expli-
cation eñ erronée Plufieurs antiquaires ont
pris un autre partí. D’aprés deux paíTages, Fuá
de Virgile & l’autre dOvide, ils ont vu le Mino-
taure dans le boeufz face humaine. Mais ils nbnt
pas été plus heureux que Ies premiers. Fbyej
Minotaure. Ce ¿«zi/.extraordinaire des mé-
dailies de Naples & ceíui d’un camée du palais-
royal {Defeript. I. izy.), ne peuvent done étre
regardés ni comme le tteuve Ackéloüs , ni comme
le Minotaure. Táchons maintenant dTxpofer le
vrai fens de cette allégoric
« Les rnédailies qui ont pour type le bxuf ea
queñion, font prefque toutes de la Campanie ou
des contrées voifines : le fol de ce beau pays,
fécond de lui-méme , Fétoit encore dayantage
par les travaux de Fagriculture ; il eft done alTez
naturei de croire que pour exptimer leur recon-
noiffance. Ies habitans avoient adopté le fym-
bole du bxuf á face humaine »•
«Varron qualifie le Ixuf de compagnon de
Fhomme dans les travaux de Fagriculture , & il
d’un bxufcfiz celle d’un homme. Elien & Stobee,
Pline & Valere-Maxim.e, citent des exemplesde
punitions infiigées pour avoit tué des bceufs. Ce
qui prouve fur-tout combien le hceuf ^ok en
rénération chez les anciens Rontains , c eft qu il
n’étoit pas permis chez eux de Fimmoler a Ceres,
loiqui ne fut pas toujours obfervée. Si Fon avoit
done voulu préfenter le fymbolede FAgricu.ture,
& faire connoitre en méme-tems la patt que le
bxuf y av'oit , convenons qu’on ne fe feroit pas
éloigné de l’efprit de Failégorie en reprefentant
un bxuf á tete humaine ; & voila vraifembxaWe-
ment le motif qui aura determiné Ies hpitans e
Kaples , ceux de Nole & d’autres villes de la Cam-
panie, á choifir le méme type pour leurs mon-
noies. Ce bxuf á face humaine peut done et
apnelé le fymbole de V Agriculture. ”
*Quand les taureaux des rnédailies font ,
ou arteles, & condiiits par 'un homme voJ j
ils défignent les colonies , dont on trafou 1
ceinte avec une charrue. lA . Colonies-
B O I
Basu? forda. Toyez Pordicidia.
Bceuf iuc^. V. Elephant.
BQHUF fefceyuir. V. SeSCENAR.
Boeüf ród , cérémonie en ufage chez les Scy-
thes. Voici ce qu en dit Lucien au dialogue inti-
tulé : Toxaris ¡ ou de 1’ Amidé, Lorfqu’un des
anciens Scythes avoit recu queiqu injure j S- qu'il
étoit trop foible par lui-méme pour en tirer ven-
geance , il faifoit rótir un bmuf , le coupoit par
piéces^ & les mains liées derriére ie dos comme
un prifonnier j il s'affeyoit fur la peau au míüeu
de tout cet amas de viande. Ceux qui paíToient
aupres de lui, & qui vouloient le fecourir , en
prenoient un morceau^ Se s'engageoieFit á luí
anaener^ l’un cinq cavaiiers , Fautre dix ^ chacun
felón fon pouvoir 5 & ceux qui ne pouvoient dif-
pofer que d’eux-mémes ^ promettoient de venir
en perfonne. Par ce moyen, ils aíTembloient des
troupes plus confidérables encore par la valeur
que par le nombre; Tamitié étoit intéreífée dans
leur vengeance^ de ia religión du fermeiit la ren-
doit terrible.
BOiA collier ou anneau dans lequel on ref-
ferroit le col de Ies mains des prifonniers ; il
étoit de bois ou de fer. Feñus : BoU^ id eft ,
genus vinculorum ., tam lignes, , quam f erres, dicun-
tur. Les anciennes Glofes appliquent particulié-
rement le mot bola á celui de carean ou collier :
PlautCj qui s^’eft fervi plulieurs fois de ce mot 3
nous met fur ia voie d’en trouver récymologie.
Dans les Cavdfs {iv. 1. 108.) ii dit d’im gauíois
qui vivoit habituellement avec une femme de fa
nation : Bozas eft , Bolas boiam terlt. Les Boiens
éioient des Gauiois defeendus des Sénonois ; de
forte que Plaute fait ici aliuñon au carean , bola,
& au gauiois , bolas. On fait que ces peuples
aimoient á porter des coiliers brillans , tel oue
celui qui fut le prix de la viétoire de Manlius
Torquatus; de-lá vint fans doute ralluíion du
Gollier gauiois j bola, au carean des criminéis.
EOIRE. \ r II
Boire á la fanté. Ce que nous allons dire
des anciens dans cet arríele , ne regardera que Ies
Grecs Ser les Romains ; car les anciens Egvptiens
ne bavoient ^o'mt de rinj ou du moins en buvoient
rarement.
Les anciens ne buvoient pas pendant Ies repas;
lEais aprés que Ton avoit deíTervi les mets, on
appo-rtoit le vin, & on buvoit á Tenvi. Virgile
fait alluíion á cet ufage dans PEnéide (i. 727-) :
Boflquam grima qides epalis y men.fsque remats ^
Cráteras magnos ftamunt.
lis ne buvoient naéme pas avant leur déjeúner ou
leur premier repas. Sénéque biáme ceux qui agif-
fosent autrement {evift. 122.} t Non videruur dbi
centra nataram vi^ere qui jejani bihunt ^ qui ftiruan
B O I
471
recigianx^ inanzbus -verás ^ & ad elbam ebrii tran-
Piutarque met au nom.bre des caufes des
maiadies I ufage de boire avant les repas. {Quíft.
convzv. vil!. 9). «Les anciens, dit-il, r.e buvoient
pas meme de 1 eau avant de manger : aétuellement
on fe remplit de vin, 8c Pon entalTe enfuite les
mew dans un eñomac déjá piein de liquide 5=.
Dans les teiM héroiques, on fervoit á ceux
que i on vouloit bonorer , un vafe de vin beau-
coup plus grand qu’aux autres convives, ainñ
qu une plus grande quantité de mets. Athénéa
(¿im y c. 4;. Cette courume eft rapoelée pluCeurs
fois dans Plliade (A. 261 Sr e. 161, &c.‘)
Les anciens buvoient fouvent á la fanté les uns
des autrp, & cet ufage étoit de la plus nauta
antiquite. On doit obferver cependanr une légére
différence dans cette pratique entre les Grecs 8c
les Romains. £es premiers envoyoient ordinaire-
ment á celui qubls faluoient une coupe vuide ,
propinabant pateram ,• les derniers envoyoient la
coupe remphe de vin , prorinahant mufto plenam r
dc-lá vint Pacception particuliére du mot propi-
nare, qui fe trouve dans plulieurs auteurs latías,
pour íignifier oftrir.
En buvanr á la fanté , Ies Grecs commenqoient
par 1^ perfonnes Ies plus diñioguées. Celui qui
buvoit difoitau convive qu"il faluoit, -rrfozr'ha s-a
x-aXas , je vous fouhaite toute forte de profpérité ;
& on luí repondoit, Xay.e.a^w aso cris y } ac—
cepte vos fouhaits avec reconnoiíTance. Le plus
fouvent on diíbit limplement %cc7pí , je vous falae.
En prononcant ces paroles , celui qui portoit la
fanté j buvoit une partie du vin qni étoit dans ía
coupe , & envoyoit le relie au convive qu'il
laluoit. I! la lui préfentoit de la maia droite ,
& lorfqu’il buvoit de faite á tous les convives j
& a la ronde, b xix.xa , il commenqoit toujouxs
par le cóté droit ; de'lá vint que Pon appela ces
fanrés étliíSirEií. On dit au valer du feíiin, dans
Pépigramme de Cridas fur Anacréon , de porter
les coupes & les fantésá tous Ies convives j de
droite á gauche :
Xluis ¿'tascfíTisúrsj ssposssnts sis
Les Romains exprimoient Paéiton de boire s I3
ronde par les mots ab imo ad fummum , depuís !e
premier des convives jufqu au dernier. Biaute
iPerf.
Age y puer y
A fummo. féptenis cyathis committe hos ludos^
On coramenqoit a boire dans de petírs vaíes„
mais enfuite on faifoit apporter de larges coupes;
ce qui avoit occaíionné différens ufages enere
les peuples de la Gréce. « Les babitans de Coto
& deThafus, dit Athénée (lib. 11. c. 5.) , boivenc
les fantés par la droite avec les grandes coupss;
les Arbéniens ne commencent pa^le cc.té <iroá;
qa'ayec les petks raíés ; íes TüeSáiiens beí?«3g:
471 B O I
Ies fantés dans de larges coupeSj fans obferver
aacun ordre; & les Lacédémoniens buvoient
íitnplement le vin qui écoit toujoars verfé daiis
les mémes coupes ». Les Romains, en adoptant
le luxe des Grecs, prirent d’eux Tufage des petits
& des grands vafes- Cicerón nous fapprend {Verr.
I. 26.) : M.ature veniunt , dzfcumbitur , fit fermo
Ínter eos ¡ & invitatio , ut Gr&co more bibtretur ,
kortatur kofpes , pofcunt majorihus voculis.
Les anciens , dans les grands repas , portoient
des fantés á tous les coups qu'üs buvoient. On
voit en effet o'jdis faluoient d’abord les dreux,
cnfuite leurs arrds préfens, leurs maitrefles, leurs
amis abfcnSj Se méme chez les Romainsles em-
pereurs.
Lorfqu’ils buvoient á leurs maírrefles oa á
leurs amis abíens^ ils verfoient un pea de vin
en forme de libation^ pour leur rendre les dieux
favorables , Se enfuite ils les nommoient- Théo-
crite peint cet afage dans fon Idylle 14, vers 18.
Horace (r. od. 27. 9.) ;
Vultis feveri me quoque f amere
Partem Palerni 1 Dicat Opuntla,
Frater M.eglU&, quo beatas
Vulnere ¡ quá pereat fagittá,
EtTíBulle (íJ. I. 31.):
Sed bene Mejfalam fuá quifque ad pocula dicat ,
Nomen & abfentzs Jingula verba fonent.
Fluíieurs anciens mettoient leur gloire á hoire
plus de vin que tous les autres convives. Alexandre
liii-méme, fiFon en croit Athénée {lib. 10. c. 9.),
eut cette ridicule ambitioO;, & il en fut la vic-
íime. “ Ce roí ayant pris une coupe qui tenoit
deux conges (prés de huir pintes de France),
porta une fanté á Protée , le plus grand bm^eur
¿es Macédoniens. Celui-ci Faccepta, fit du roi
un grand élogC:, auquel applaudirent tous les con-
vives, &vuida la coupe. íl la redemanda enfuite,
Se la but une feconde fois en portant une nou-
velle fanté á Alexandre, qui rendir cette fanté Se
but la coupe de Protée. Mais ne pouvant fou-
íenir cette enorme qiiantité de vin , il fe pen-cha
íur fon couífin , laiiTa tomber la coupe, & fentit
les premiers fymptomes de la maladie qui le pré-
cipita dans le tombeau >=.
Le vainqueurdes Pevfes encou-ageoit ces excés.
II propofa des prix fur le tombeau de Calanus
pour les combats gymniques, pour ceux des mu-
íiciens, & enfin pour les plus forts buveurs. Le
premier de ceux-ci devoit gagner un talent, le
fecond trente mines, & le troifiéme dix. Trente-
cinq d'entr'eux moururent fur-le-champ , fix autres
expirérent qnelques heures aprés 5 & la viéloire
reña á Promachus , qui avoit bu quatre conees,
prés de feize pintes ». Denys-le-Tyran propofa un
isrphhble défi dans un feñin , avec une couronne
B O I
d’sr pour le vainqueur ; le phiiofophe Xénocr^te
ia gigna.
Les convives témoignoient par des applau üile-
iTiens réitérés, leur admiration pour ce'lui d’en-
tr’eux qui buvoic le plus; fur-tout lorfqudrne
reprenoit point fon haieine ; ce que les' Grecs
exprimoient par le mot ¿uDr¡,fans interrupúon.
Mais ils renvoyoient impitoyablement ceux qui
ne pouvoient boire la quantité de vin preferiré par
le roi du feñin , arhiter biberzdi , & á Athénes
cl;íi7rrr¡; , en leur difant , H Tzl^í , ? , quzl
bozve , ou qu‘il forte.
Tibére choiíit pour quefteur un homme nou-
veau 8c inconnu, qu’il préféra á des candidats de
la plus haute nobleíTe, parce que cet homine
avoit bu une fanté qadl lui avoit portée, de la
valeur d'une amphore , c'eñ-á-dire , environ trente
une pintes. (^Suétone').
Les plus fages des Romains fe livroient habi-
tuellement aux plus grands excés ddvroenerie.
Plutarque , & plufieurs autres écrivains dignes de
foi , racontent que Catón d'Utique s’enivroic
toutes les nuits. Horace le dit expreíTémenr ( 3.
od. 21.).:
^ Fbarratur & prifei Catonzs ,
S&pe mero incaluijfe vinas.
Sénéque, ce grave ftoi'cien, difoit que Fon peut
boire quelquefois jufqu'á perdre ia raifon, pour
foulager fes peines.
Ces excés trouvérent cependant des cenfeurs
dans Fantiquité ; Se des légiílateurs les proferivirent
avec févérité. Les gens fobres & retenus ne bu-
voient que trois fois , comme le dit Eubulus dans
Athénée {lib. rJ, ineurae)\ la premiére pour la
fanté , la feconde en Fhonneur de Famour Se de
ia voliipté. Se la troifiéme- en Fhonneur du fom-
meil. lis fe retiroient enfuite , Se laiífoient boire^
une quatriéme 8c plufieurs autres fois , ceux qui
vouloient fe permertre des excés. C'eñ ainfi que
Panyafis buvoit auífi crois coups feulement; le
premier en Fhonneur des Graces , des Saifons &
‘ de Bacchus ; le fecond en Fhonneur de V énus &
Se de Bacchus, le troifiéme enfin en Fhonneur de
la pémlance & de Finfulte. Les Lacédémoniens
avoient en horreur ces mémes excés ; iis ne bu-
voient point á la fanté les uns des autres ; &
leur iégiflateur, le févére Lycurgue, ne perrnet-
■ roit de-- boire que pour étancher la foif. Solon
les avoit regardés du meme ceü , Se 1 on vmt
dans fa vie écrite par Lacree , qu’il vouloit qu uu
archonte pris de vin fút puní de mort, &_que^. on
chaíTát de Faréopage ceux qui étoient fu;ets a cet
excés Pi tracas , tyran de Mytdéne, craignajit
que Fabondance des vins de Lesbos ne rendir iss
fu’ets enclins á Fivrognerie , fit une ioi qui con-
damnoit á une doable peine celui qui fe
rendu coupablc de queique crime étant
B o I
I e nombre de trois cvathes ( ~ de pinte , PH
trois de nos pecits verres á liqueur ) , auquel
s etoient réduits par retenue Ies gens fobres dont
nous venons de parler 3 fuffifoit rarement aux
débauchés. lis s'v bornoient queíquefois en Thon-
near des Graces 5 mais pour l'ordinaire , ils le
mult-'püoient par trois en Thonnear des neuf
jMufes : temoins les vers fuivans d'Horace &
d’Aufone. Le premier (zil. od. 15».) <üt:
...... Triéss , aut novem
Mifcentur cyathis fócala commodis /
Qui Mafas amat impares , ■
Temos ter cyathos attoaztus petet
Trates : tres prokibet fupra
Rixantm metuens tángete Gracia ^
Nudis junña fororibus,
Et Aufone {Idyll. xi. i .) :
Ter hihe, vel toties temos j fie myfiica íex efi ,
V el tria potanti , vel ter tria multiplicanti ,
Imparibas novies ternis contexere cubum.
Ee-Iá vint le proverbe latín : Aut ter bibendum 3
tiut novies.
Les anciens b.uvoient autant de cvathes _(|j de
pinte) qu’iis fouhaitoient á'années á celui dont
ils portoient la fanté ; fur quoi Ovide dit piai-
famment que les grands buveurs fouhaitoient
fouvent á leurs amis les nombreufes années du
rieux Neílor & des Sybilles {Tafi. iil. 531.) :
Solé tamen, vinoqae calent, annofque pre cantar,
QiLOt famunt cyathos , ad numerumque bibunt.
Inveráes illic qui Nefioris ebihat annos ,
Qa£ fit per cálices facía Sibylla tuos.
Kous voyons dans Plante {Stich. v. 4. 24.) un
buveur qui avale autant de cyathes quhi a de
doigts á la main :
Vide, qaot cyathos hibimus. ST. tot , quot digiti
funt tibí in maniu
Cantío efi Greca ¡ h tzíiti ■¡sly , ? rfis w, « fk
Tírrcc^ci,
Leur ufage le plus ordinaire étoit de boire autant
de cyathes qu’il v avoit de lettres dans le nom de
leurs maitreíTes oude leurs amis. Mart. (i. 72. i) :
Nevia fex cyatkis , feptem Jufiina bibatur.
Quinqué Lycea , íyde qaatuor, Ida tricas.
Omnis ab irfufo nameretur amica falerno.
Le méme poete encliérit fur 1 ufage ordinaire 3
Antiqaités , Tome I.
B O I 475
car il ajoute aiix cyathes qu il reut faite boire su
Phonneur de Dcmitien , autant de rofes & de
baifers (/x. pj. 3.) ;
Ruñe miki dic , quis erit, cui te, Calatijfe , deorum
Sex jabeo cyathos fundare ? Csfar erit. ( C&far^
Sutilis aptetar decies rofa crinibus , ut fit
Qai pofaiz facrt nobile gentis opas. fiDomitianasi^
Ruñe bis quina miki da fuavia , fiat ut illud
V^iSorab Odryfio qaoddeus orbe tulit.lJD almaticus^
Les anciens croyoient que les ombres des dé-
funts fe repaiíToieut des mets quhls dépofoient
fur leurs tombeaiix & des libations dont ils les
arrofoient. Une urne ronde de la villa Matte'i
nous apprend , par fon inferiprion , quhls éien-
doient encoré cette idee confolante 3 & quhis
croyoient les manes capables de boire á la fanté
des amis quhls avoiept laiffés fur la terre. On lit
fur cette urne : have. ARGenti, tu. nobis.
BíBES.
BOISj matiére employée par les anciens ar-
tilles.
L'hiíloire de PArt de Winkelmann nous fournit
cet article ;
« L'on fabriquoit des ílatues de bois avant
qu^’on en fít de pierre & de marbre. II en fut de
méme des bátimens des anciens Grecs, 8c Polj be
nous apprend que Ies paíais des rois de Í.Iédie
étoient de bois. En Fgypte 3 on trouve encone
aujourd'hui d’anciennes figures égypnennes3 faites
de 'bois de fycomore ; Se en Éurope 3 piulieurs
cabinets oífrent aux curieux de ces fortes d'an-
tiques. PaufaniiS rapporte les noms des d’.fférens
bois , dans lefquels les ar.ciens artilles taiiloient
leurs figures. Le figuier fut préféré 3 felón Plinei
aux atures efpéces de bois , á caufe de fa mol-
lefíe. Au liécle de Paufanias, on voyoit encore
des ñatues de bois dans les íieiix les plus renom-
més de la Gréce- Telles étoient entr’autres les
figures qui fe trouvoienr á Mégalopchs en Arca-
dle j une Junon, un Apollen 8c les Mufes; de
plus 3 une Venus S: un Mercure de la main^de
Damophon, un des plus anciens artilles. L’on
fait méme que la ñatue de PApoIIon de Delphe 3
envoyée en préfent par les Crétois , étoit de bois ,
8c tailiée dans un feul tronc d’arbre. Dans k
nombre de ces ñatues 3 ü faut remarquer á Thé-
bes, Hilaire 8c Pho:bé3 femmes de Caílor & de
P0IIUX3 avec les chevaux de ces deux fréres en
ébéne 8c en ivoire, de la main de Dipoéne 8c
de Scyllis 3 difciples de Dédale : á Tégée en Arca-
die 3 une Diane d’ébéne des premiers tems^ de
í’art • á Salamine une ilatue d’Aiax du méme
bois. Paufanias croit qu’il y avoit déjá des ñames
de bois nommées Dedales avant le tems de i aí-
tiñe de ce nom »-
cc 4 Sais & á Thébes en Egypte3 il y avou
auíii des ñames coloñaies fculptées en bois. Roas
O o o
744 B O I
troüvons que Ton érigecit encore des ftatues de
la méine matiére aux vainqueurs des jeux publics
de la Gréce dans !a ibixante-uniéme olympiade j
au íiécle de Piiíítrate , & que méme le célebre
Myron fir une Hécate de bois pour les Eginéres.
Le^ philolophe Diagoras , á fameux parmi les
Athées de Fantiquité , manquant an jour de hois ,
appréta fon díner avec une ftatue de bols qui re-
préjentoir Hercule. Dans la fuite , on introduifit
I iuage de dorer ces ílatues chez les Egyptiens &
chez íes Grers. Gori poíTédoit deux figures égvp-
ti^ines qu! avoient eré dorées. Quoique le hois
fut par la fuite proferir , pour ainfi dire , par la
fculpture , ce fut toujours une matiére dans la-
quelle dfhabiles ouvriers cherchérent á montrer
leur talent. Nous troüvons ^ par exemple, que
Qir#tus , frére de Cicerón , s’écoit fait faire un
lychnuchum ou candélabre á Saraos j par un habile
artifte dans ce genre d'ouvrage ».
Plüfi eurs cabinets de curiolité confervent des
figures de hois égyptienHes , terminées dans le
gout des momies j celui de Sainte-Géneviéve en
renferme trois.
o I s facré ^ liicus. Les hois ont ¿té les pre-
miers lieux deítinés au cuite des dieux. Dans Ies
premíers tetns ou les hommes ne connoiíToient
ni vüles ni maifons , & lorfqu'ils babitoient Ies
bois ou les cavernesj ils choiíirent les lieux les
plus e'cartés , les plus fombres j les foréts impe-
netrables aux rayons du foleil , pour oífrir des
facrifices j ils y élevérent des autels & des tem-
ples. Pour retracer depuis cette ancienne cou-
tume , on plantoit toujours , lorfqiFon le poavoit ^
des bois autour des temples^ & les bois étoient
aufí) refpeétés cae les temples mémes. Ces bois
facrés furent trés-fréquentés 5 on s’y aiTembloit
aux jours de fétes : aprés la célébration des myf-
téres j on y faifoit des repas publics , accom-
pagnés de danfes , & de toutes les autres marques
de_ !a plus grande joie ; & on y fufpendok les
oíffandes avec proftifion. Couper des bois facrés ^
étoit un facrilége enorme; il étoit cependant
permisdeles éiaguer, de íes éclaircir, & d’abattre
íes efpéces d’arbres qile Fon croyoit attirer le ton-
íierre.
Elien dit qu'il y avoit dans Fifle de Claros un
bois facré d' Apollen ^ dans íequei il n'entroit
jamáis deberes venimeufes; il ajoute qu'aux envi
rons on voyoit beaucoup de cerfs ; quand les
fhaíTeurs les vculoient prendre , ils s’eñfuyoient
daps le hois facré d’Apollon : les chiens cou-
roiynt aprés eux ; mais repouíTés par la vertu
puiíTante du dieu, ils n’ofoient y entrer^ &
aboyoient toujours, tandis que les cerfs tran-
qaiües broutoiern Fherbe dans le bois , fans
au^ine apprébeníton Efculape avoit un bois facré
pres d Epidaure , dans leque! il étoit défendu de
Jaifler naitre ou mourir perfonne. On préfume
bien que lebut de la Médecine étant d'empécher,
autant quelle peutj les hommes de .mourir, il
B O T
étoit de Fhonneur du dieu de la Médecine Que
perfonne ne mourut dans fon bois facré; mais
pourquoi ce dieu s’oppofoir-il á la naiíTance des
hommes dans fon bois ? C'eft ce que Fon ne fau-
roit deyiner , a moins que Fon ne recoure á Fim-
mortaiité promife par Ies médecins, & fi^urée
par Fabfesce de la naiíTance & de la mort. °
Les écrivains de Fantiquité parlent fouvent du
refpedi: dont les peuples étoient pénétrés poar
les büis facrés. Ovide (Fafi. lib, ni.) :
Lucus Aventino fuberat niger ilicis iimhrá ,
Quo pojjis vifo;, dicere ¡ numen inefi^
Ils croyoient qrre'le fiíence des’¿o/j , Se leur obf.
curité , annoncoient la préfer.ce des divinités.
Sénéque le dit exprelíément {lib. j. epifi.4^.).
Si tibí oceurril vetuftis arborihus , & folitam alti-
tudinem egrejfts , frequens lucus , illa proceritas
filvs., & fecretum loei , & admiratio umbra. fidem
Numinis facit. On trouve les mémes idées dans
Pline Fancien (xrr. I.) : Hac fuere numinum tem-
pla , prifeoque ritu ftmplicia rura etiam nunc deo
pr&cellentem arborem dicant. Nec magis auro ful-
gentia atque ebore fimulacra, quam lucos ^ in lis
filenüa ipfa ador&mus. De-Iá vint cette terreur
fuperftitieufe dont les anciens étoient failis, lorf-
qu'ils étoient forcés de couper les bois facrés ;
lis s’attendoíent á voir les haches rebondir centre
eux-mémes, ainfi que la hache du roi Lycurgue.
Ce ros j difoit la fable , ayant eu la tém.érité facri-
lége de couper lui-mérrve les vignes confacrées á
Bacchus, fut puni de cet attentat en fe coupant
Ies cuiiTes , que fon aveuglement lui fit prendre
pour des trones de vigne. Lucain a fait de ces
traditions fabuleufes une application heureufe aux
efclaves de Céfar {Pharfal. uI.) ;
Sed fortes tremuére manus , motique vereniá
Majefiate loci , fi robora facra ferirent ,
In fuá credebant redicuras membra fecures.
II y avoit a Rome & dans fes environs ces
bois facrés dont on appeloit lud les plus refpeñés,
& nemora ceux pour iefqueis on avoit une tnoin-
dre vénérarion. Voici les principaux.
Le bois d’Anna Perenna étoit hors de Roine ^
prés du mont facré, entre le confluent de FAnio
& le pont Milvius.
Le bois de Caius Se de Lucias étoit fur la £oI-
line des Efquiües.
Le bois des Camines , des Mufes, étoit íitue
a quinze milles de Rome, hors de la porte Ca-
péne , fur la voie Appienne , prés de la fontaine
d'Egérie. Les Juifs du tems de Juvénal {Sat. nP
1 1 .} y faifoient leur demeure :
Suhflitit ad veteres arcus , madidsmque Capen^^ •
. Hzc , ubi noclurna Numa cenftitueba-t amia :
B O f
2', une facri fontis nemus , & ¡feluín locar. tur
Jitda.í.s . Quorum cophmus ^ focjiiim^ue J'iípellex.
Gmrüs enim populo mercedem penderé jujfa eft
Arbor j & ejeñis mendicat fylva Camaenis.
Í.S hois de Diane etoit Tur le chemin d Aricie.
Manius Egerius le lui avoit dédié, felón Feílus.
Caten j cité par Prifeien (jk.) ^ appelle ce prétre
Fgérius ^xbius j & ií ajoute Gue le dióíateur
Lannus íit la confécration de ce bois.
jue bois confacré par Augufte aux dieux Manes
'. v'-ndok íur jes colimes voiíines des murs de
P.cijje. áepuis^la place ot'i eft Sainte-Marie-du-
Pcup.e , jufqn'á celle de la Trinitédu-Mont.
__ Fe bois ü Egérie éroft firué fur la voie Appienne ;
ii íur confacré par Numa aux Caménes. Voyez
plus haut fon arricie.
Le bc-is des Efqudies étoit íítué fur la colline
de ce nom.
Le bois Fagutalis n’étoit pas éloigné de la
place qu oceupe Sainr-Pierre-aux-Liens.
Le bois ¿ts P'unes , Lucus Furinarum , dans
leque! périt C. Gracchus , étoit lltué , felón
Vidor ^ au-deia du Tybre.
X.,e bois Ileruus. A'ovez Htíerna.
Le bois de Junon-Lucine oceupoitj á ce que
ion croitj, le terreia fur iequel eíí: bátic Sainte-
Mane-Majeure. Ovide dit qu'’il étoit fur le pen-
chant , ou aii Das de la colline des Efquilies
iFízJl. il. 43 j.) :
Monte fub Efquilio multis inciduus annis
Junarás magn& nomine lucus erat.
Et (ibidem. 449.) ••
Gratia Fucins, : dedil k&c tibí nomina, lucus.
Le bois des Lares étoit litué entre les monts
Ccelius & Palatin; quoiqu’on pourroit conclure
du^paííage fuivant de Varron {de Ling. Lat. /r. 8.)
qn il étoit pías prés des Efquilies {luci Mepkitis
& Luana) : Item lucus Larum, & Q_uerquetulanum
facellum.
Le bois de Láveme étoit fitué prés de la voie
Salaria. Ü étoit .toufra & trés-obfcur ; ce qui le
ít choiíir par les voleurs pour 7 panager leur
butin.
Le bois de Mars, dent Rufas feul a parlé,
on-iDrageo't fans doute Pautel que ce dieu avoit
dans le chtmp appelé de fon nom.
Le bois confacré á Mepkitis , la puanteur ,
etoit au bas des Efquilies ^ auprés du quartier
Patricieii.
Le bois Peetilinus étoit fitué hors Sr prés de
la porte Numentane , fur le mont Viminai. Nar-
dini j qui le,dit , fait une légére correélion dans ie i
texte de Tite-Live , oú i! en eft parlé (rt. 10. 1:
roduüd ¿ie in Pceúlinum lucum extra partsm
B O I 4-y
Fiumentanam^ (i¡ lie ici avec beaucoup de vrai-
fembiance Numcnta.nam) , und'c confreáus ir. Ca-
pitoLium non eífet , conciiium populi 'i^aiñum eft.
Ec kois Querquetulanus étoit fitas fur le pen-
chant d« Efquiiies, auprés de la porte de fon
nom , & de la piace cu oceupe Sainte-Croix-de-
Jerufaiera.
Le boís^ de Rémus couronnoit le mont At'entin.
déeffe Rubigo étoi#hors de la
porte \iminale. C'étoic dans ce b^ts que Pon
immoloit chaqué année, a la fin d’avril, un chien
a ¡aCarucuie, afin qu'eile ne brúlátpas lesmoiftons,
St une brebis a la deefíe Rubigo (rouilie des bleds),
afin quelle ne verfát pas fur elles fes funeftes
inftuences.
Le bois de A eña étoit fitué au piad du mont
Paiatiii , du coré de la rué Neuve. Cicéron ea
parle {ae Divin. I. 41.) : F luco V^efta , qui a Pa-
latii radice in novam. viam , cuftodiamque facroru-m
devexus eji.
BOISSEAL , mefure de capacité des anciens,
Modios & Aíooius.
. Boisseau. On voit fouvent fur les médaiiles,
les marbres &les autres monumens antiques, des
hoiffeaux. Sérapis en porte ordinairement un fur
fi tete , comme un fvmbole de la fertiiité que le
Ndi ou fon image , Sérapis-du-Nil , procuroit á
i iogyptc. Le_ boijfeau paroit auííi fur les médaiiles
tantót rempli d'épis, tantót fans épis. 11 défigne
alors la fertiiité d’un piys ou les fecours de bleds
que les empereurs 7 avoient envovés. Le boijfeau
de Sérapis & celui du reveis "des médaiiles,
préfentent dans leur forme une différeace que
noas devons faire obferver.
Sur la tete des dieux il eft évafé par le haut,
& fans pieds.
Sur les médaiiles, lorfqifil repréfente Tabón-
dance, & lorfqu'il renferme des pavots, il a des
pjeds catres faits comme des créneaux; il eft
d'aiiieurs généralement conique. Cependant M. de
Non en a apporté un de la grande Grece ,
qui eft cylindrique, de bronze, avec deux petits
cercles ou moulures vers le haut, & des pieds
catres , de la hauteur de fept á huir pouces.
BG'ISSON. Les anciens buvoient ordinairement
chaud , dans Ies repas fomptueux on recherchés.
On 7 fervoit á la vérité de Teau froide & de Teau
chaude. Athénée. prouve que les Grecs faifoient
fouvent ufase de la feconde, fur-tout pendast
Thiver & le printems {ti. p. 45’. & irl. p. 113).
Les témoignages de Juvénal, de Marcial & de
Sénécue, nous apprennent la méme chofe des
Romains voluptueux. Le premier dit (Air. r. 60.) :
Quando vocatus adefi calida gelids-que minifier ?
Martial {viu. C-j. S.) :
Caldam ~ofcis a juam , fed íiondiim friglda venzti
Alget adhuc nudo claufa culina foco.
O o o ij
1
47^ BOL
Et {xir. isf.) :
Frígida non dtjit ; non deerit calda petenti.
Sénéque {de Ira i. ix.)i
Idem faciunt , Ji calida non hene pr&heatuf.
lis buvoient auífi le vin chaud dans Ies parties
de débaudíe j car Plaute le dit expreíTément
iCur. il. 3. ij.) calido inehriatos. De-lá naic une
partie dii fei que renferine le jeu de mots fuívant.
On appeloit par dérifion Biíerius Caldius Mero,
Fempereur l'ibere dont le nom étoit Tihtrias
Cla.udliis Ñero. Le naot caldius défigne iei la
hoijfon chaude. Au refte , nous ferons moins
étonnés de Tartrait qu avoient pour les anciens
ks boijfons chaudeS:, lorfque nous verrons que
tous Ies Orienraiix ont encore le méme gout pour
EÜes.
Ce gout régnoit a Rome méme dans les
moyennes & derniéres claíTes des cítoyens , & il
y avoit pluíleurs maifons oü Ton vendoit au
public des boijfons chaudes. Claude les fit fermer
& punit févérement les propriétaires de ces mai-
fons qui contrevinrent á fon ordcnnance {Dio.
íx.p. 66^'). Eíles avoient deja étéfermées par les
crdres de Caügula 3 8c pendant le deuil de fa
foeur Druíüle. Ce farouche empereur fit metrre
á mort un homme qui avoit- vendu l'eau chaude
pendant ce- deuil 5 comme sfil fe fut rendu cou-
pable du crime dhmpiété emers cette nouvelle
divinité.
BOITEUX. Les Romains avoient la foibleíTe
de croire que les hoiteux ou leur reneontre pré-
fageoient des malheurs.
BOLATHEX ScXaS-ky. C’eiV un des noms que
ks Phéni'ciens& les Syriens donnoie.nt á Saturne^
au rapport de Damafcius, dans ta vie du philo-
fophe ifidore {Pkotii bibliot. cod. 24}.
B OLE TA R , vafe de tabla. II avoit fer-vi
d^abord á faire cuire 8c fervir les champignons 3
holeti , d^oú luí vint fon nom propre. Mais Fac-
ception du mot boletar sktendic par la fuite. á des
vafes largas & profonds, Martial nous apprend.
ge détail gtammatkal {xiv. iqi.)
Ciím miki holeti dederint tam nohll-e nomen ,
Prototomis.s pudec keu ! fervio cauliculis.
Le poete a donné á la piéce d’oii ces vers font
sirés le nom méme de Boletaria.
Les boletaria étoient cifelés avec foin , 8c Fon
conferve une ancienne épigramme faite fur un-,
boletar dont la nym.phe Calatée faifoit lornement
du fond :
Indere fueta vacSs priv.ato nympka. natatit
Exorrmt menfas , membra, venujia movens.
Comptas nolo ñapes j vacuum mihipons bolepar^
B O M
BO/ilS, holfs , fonde des marins. La defcrlp-
tion que nous en donnent les Glofes 3 nous raonúe
qu'elle reíTembloit parfaitement a la fonde mp-
derne.
BOLOMANCíE 3 efpece de divination qui fe
faifoit en entremelant des fleches. Ce mot eíl
Gompofé de ,áoA>! , fleche 3 & de p.a->r¿iíí , divi-
nation. Fc>ye:[ Beíomakcie.
B OLIT E S lapis 3 concrétion alumineufe.
Woye-^ Aí-UN.
BOLUS, coup de filet3 & coup de des. Les
Romains fe fervoient fouvent de ce nom dans le
dernier fens. Dans le Curcullo de Plaute {v. 2.
1 3 .) 3 un interlocuteur propofe á Fautre de jouer
fa chlamyde en trois coups de- des ;
Q^aid ais ^ bone vir ? audeo y
Si vis 3 tribus bolis vel in chlamidem.
Dans k Rudens du méme comique {il. 5. 5,o.)3
un interlocuteur joue plaifamment fur les deux
fens du mot bol$s , en skdreffant a iSeptune»
qui avoit englouti dans les fiots un marchand
dkfclaves :
O Neptune lepide. , falve. :
Nec te aleator ullas eft favimtior profe Hb ;
Nirrás lepide jecifti bolum : perjurum perdidifil.
B 0 MB US y bourdonnement des abeilles-
Uoyei^ ApPLAumssEMEríT. On donnoit ce noru
au bruit fourd 8c prolongé que rendent quelquss
fois ks trompetees. Catulle (64. 263.) :
Multis raucifonas effahant cornua bombos.
Nerón Favoit employé dans le meme- fens en par-
lant des cors des Bacchantgs {P'erf. r. 99.) :■
Torva Mimallonets- implerunt cornua bomhise.
BOMBYCES. \ ^ c-
BOMBYCINA. f ^
BOMBYLEUMATA. Héfychius explique ce:
mot par ceux etj rá ftaxatma ct(T¿feaTsí , prepaus
avec foin.. „ ' x*
BOMBYLIUS, vafe a boire long 8c etroít^
d’od la liqueur tomboit goutte á g0Utte3 £» fo/e-
SoMi -ráceme.,, & rcndoit un fon eu.
chaíTant Fair par Fouverture étroite-3
^^BOMBYX, efpéces de chevilles creufes ua
’ ■ cornets qui entrene dans les trous de.
. ® ^ r.:!Ur>t-2»c a Vtreneu-r*
. reponí
tu cornee de Caylus. . , , ■ ^
ce. Les clavetees que vous croyez avoir >
’inées pour étendre les fons étrangers
jiFon fe preferivoit dans relie ou relie _jje
Tie paroiifent faites 3 au-contrairej^pout ^ 7^,^
knergie de rinfiniment.. Cesflutes, -ít^ws
,ercé¿ qifá uois ou cuatre trgus, ns
B o N
p-.s d’ér-e propres aux chants les plus étenái'S Sr
les pías varíes ; au moyen de certahis rd-.ix troas
árceles paratrypcrms ^ aars lefqrtls étoient ir¡-
lerés de pedts cornets percés eux-rr.émes & oii-
verts par le boat. Eües devenoient fafcepables
d'ure infinité de variétésj chacan de ces trous
équivaloir á une coráe ; & par le degré de pref-
íion & d^abajffement de ces pedts cornets, on
donnoit á cette corde toutesles nuances poilibles.
La preuve que ces clavetees étoient des plus , &
non des moins , qu’elles étoient fonores en un
mot j c'eñ qu’elles font appeíées bombicier.es , da
motgrec qui Sgnifie le bruit des abeilles”.
Ces c'avettes ccoient appeíées -Áfas ou fisuiA.
On en ignore le méchanifme. Peut-étre les éle-
voit-on par le moyen d"une longue queue, Sxée
3 ces efpéces de chevilles. C’eíi ainii qu’eft re*
levée la plaque de metal doublée de cuir , qui
boliche le trou des notes diéfes dans les flutes
traveríiéres.
B o M sY s , cbalumeau des Grecs fort diffi-
ciie á jouer, á caufe de fa longueur; on le con-
noiffoit déjá du tems d'Ariítotej car ce phüo-
fophe en parle. Le bombyx étoit fait d’une efpéee
de rofeaii appelé en latín calamus , d'oü eft venu
probablement le mot francois' ckalumeau. Bar-
tholin j au chapitre V de fon Traité de l ibils
veterum , & d'autres écrivains explique nt le
paíTage de Y O.iomafiicon de FoiluXj relatif a la
fiiite appelée bombyx , dans le fens que cette flúre
avoit deux patries de plus que les autres; favoir ^
Yelmos & Y euvholmie. La premiére íignifioit appa-
remment la boache ou Tembouchure ; la feconde ^
la partie de la flúte qui eft au-defloas de la glotte ^
& la glotte rr.éme , fuivant Héfychius. Cette con-
jeélure paroít faiiííe j commenten effét sdmaginer
que les autres ñutes n'eulTent ni embouchure ni
glotte ?
Quelques écrivains prétendent que le homhyx
étoit une efpece de rofeau fcmelle dont on faifoit
les giottes ou anches. {F. D. C.)
BOMONIQüES. Les Lacédemoniens dbn-
noient ce nom aux ieunes gens de leurnation,
qui faifoient gloire de fouflfrir conñamment les
coups de fouet qfton leur donnoit dans Ies facri-
fices de Dtane. lis fe défioient les uns les autres a
qui fupporteroit plus long-tems cene efpece de
fiipplice : cuelques-uns le foutenoient une journée
toute-entiére , Se Fon en'voyoit fouvent expíret
avec joie fous les verges, Leurs méres étoient
préfentes áces défe, & eiles Ies encou-ageoient
par des exhortations & par des chants d’alégreíTe.
On croit que íes Laecdémoniens avoient eu en
vue dans cette ihftitution , de rendre la jsuneíTe
infeníible aux douleurs ^ & de l'endurcir. aux fati-
gues de la guerra. Le nom bomoniques vient de
autel , & de r'y.t; , viBoire j viclorieux a
llautel de Diane.
hon. Les ancisns donnoiení ceits.
B o N 477
epithete aux divinités qu’iis croyoient leur étiie
favorables j ou qu'ils vouloienr fe rendre relies.
On Ies trouvera á leurs arricies refpeiftifs.
Bon, ( le dieu ) ¿yaí , avoit un temple
fur le chemin de Mégalopoíis en Arcaüe au mont
Menaie. Paufanias croit que ce titre déliqnoit
éminemment Júpiter, auteur des biens Se des
maux.
Bon évér.ement. Voyez Boícus ever.tus.
BONI. Les Romains délignoient par ce nom
Ies gens pieux qui s'occupoient des'funérailles.
Ennius dit :
Tarquinli Corpus bona femina lavit & unxit.
BOrsNE déejfe , bena dea, divinité my-ftérieufe
dont Ies hommes ignoroient le nom. Í1 n’étoit
connu que des femmes. On croit que ce nom dé-
fignoit Cybéle ou la Terra, comme la fource de
tous les biens. Flutarqae la confond avec Flore.
Varron prétend qu'eile fut femir.e de Faunus, &
quTlIe porta íi loin la chafteté , que jamáis elle
ftenvifagea d’autre homme que fon mnri. Lac-
tance , au contraire , dit que cette femme de
Faunus ayant bu du vin , eontre la coutume de ce
tem$-iá , fut fouettee par fon mari jufou'á la
mort, avec des vergas de myrrhe 5 que, dans la
fuite, Faunus regrestant fon époufe,,ia plaqa au
rang des dienx.
On célebroít tous les ans la féte- dé la Eonre
détííe , au premier jour de mal; on ornoit á grands
frais la maifon ou la féte fe sélébroit; & comme
on choifiíToit la nuit pour cette cérémonie , une
infinité de lumieres en éclairoient les apparte-
mens. Les Veftales- fe tfanfportoient dans la mai-
fon dii foaverain oontife , cu d'im des premiers
magiftrats : mais on- avoit grand foin- de n'y ad-
mettre que des femmes-; pour cela, on faifoit
fortir de la- maifon oufe célébroient ces myftéres,
non-feuJement tous les hommes, mais auíft tous-
les animaux maless Le fcrupiile étoit porté jufqu'á
couvrir les tableaux oü il y en avoit quelques-
uns repréfentés. Enfin , on croyoit fermemenr
qftun homme qui auroit vu ces myftéres, méme
par hafard & fans deíTein, feroit devenu aveugle.
Mais ¡'aventure deClodiusdéfabufa tout le monde :■
il s'introduifit dégiiifé dans. la maifon de Céfar„
ou Fon célébroit les myftéres de la bonne détjje ,,
& vit impunémenr tout ce qui s'y paíToit;
Clodius aimoit Mucia , époufe de Céfar, qui
étoit á cette époque fourerain ponrife , Ser chez
íequel on céiéb.'-oit á ce titre les myftéres de ¡a-
bokiie déejfe. II fe déguifa en femme , & profita,
du défordre de cette cérémonie pour s’introduire
auprés de. fa maíuefle; mais il ftit reconnu par-
une fervante qui répandit Falarme par fes cris^r
& il fut chaífé ignominieufement. Gicéron plai-
dant pour Milon centre Clodius, parle fo-uvenc
de cer attentat facrilége , pour rendre fan adyeii-
faire. edieux au peupie,.
47S B o N
Piuíieurs écrivains romains fe fonr recríes
contre la licence & rimpudícité de ces myñéreS;,
appelés par excellence Its myftires romains, &
qui fe célébroíent !e 4décembrej, tandis queceux
de Cybéie fe célébroiení-j.u premier de inai. Le
myrthe ne fe trouvoit jamais dans les facrifices
de la bonne déejfe , á caufe du fapplice que luí
avoít fait fciiíFrir fon mari Faunus j 8c le vin y
pcrroií le nom de miel par la méme raifon.
i^ídacrcb. Sat.)
Tout étoir myñérieux dans ces cérémonies.
Le facriíice étoit appelé Damzam , la bouteiile
mtllarium y la bonne désjje étoit noinmée tantct ■
Fauna , rantór Ops , & queiquefois enfin Fatua.
Malgré la licence de fes orgies, cette déeíTe eñ
appelée fainte dans une inícription rapportée par
GvMtT^pag. %Z,n. I.) : BONAE DEAE SANCTAE
S.ACP.UM, &C.
Lucréce ( il. 598. ) dépeint la bonne déeffe
portant une couronne múrale & trainée dans un
char par des lions. On la trouve ainC repréfenrée
fur des médailles de fempereur Fhilippe.
Les Grecs avoient leur bonne déejfe , qa*íiS
appeloient la déejfe des femmes y 8c les Cartha-
ginoís rendoient aufli un cuite á une bonne déejfe
cilefte , que l’on croit écre Junon.
Bonne efpérance , lona fpes. üne infcription
andque {Gruter. pag. lo-j. n. i.) porte;
lONAE SPEI
AUG.. VOT.
PP. TR
On ne fait íi c’éíoit la méme divinité que í’Ef-
pérance , á laquelle les Romains donnoient divcrs
scmsj ou une divinité particuliére.
Bonne /bríane. On invoquoit la bonne fortune
comme une divinité turélaire, á la tete des pfé- '
phifmes ou des décrets , & lorfqu’on érigeoit
quelque monumento par la foimule ArA0HTTXH_,
que les Romains ont rendue par une formule
prefque femblablcj QUOD bonuaí eelix faus-
TUMeXJE SIT.
Paufaniás décrivant les cérémonies uíitées pour
defcendrc dans fantre de Trophordus, dit que
1 on faifoit piíTer un certain nombre de jours á
rinitié dans les temples du bon génle 8e de la
horine fortune avant la defcente j & qu’on I’y
apportoit aprcs qu’ii étoit revena de cet antre
facré.
BOFviíET & Chapeau. La difiinclion éta-
biie entre ces deux mots, qui défignent im habil-
lement de tht, ne porte pas fur des caraéiéres
añf7. forte Tient prononcés , pour que nous puif-
lions en faire une appücation exaíbe aux habil-
lemens done les anciens couvroient leur tétq,
C eñ pourquoí roas renfermerons dans cet article
tout ce que nous' avons a en dire (íi fon excepte
le Casque. V oye^ ce mor.) ^ & nous emgloierons i
BON
! indíñinílemect les mots de bonnet ou de ch<i>
pean.
_ La forme originaire Sr fpécifique du bonnet eft
circulaire^ Se femblable á la partie fupérieure de
la tete j parce qu il eñ deñine á renveÍopD¿r ea
la couvrant pour la garantir du froid ou des ’autres
injures du tems. Anciennement la plupart d^
diverfes fortes de ccéffures ( s'il eñ permis oour
abréger d’employer ce mot en parknt des hotnrnes)
avoient, comme auiourd'hui, pourfoud le bonnet.
Ce font les acceííoires ou orremens qufon 7
a;outa, qui leur firent donner diverfes déBomina-
tions relarives, foit á la forme différente que ces
ornemens produifirent i rextérieur, foit á la qua-
¡ité de la matiére dont chaqué forte de bonnet fot
fait, foit á leur deñination pour les difrérentes
faifons , 8c pour íes autres circonñances oa Ton
en cbangeoit , foit enfin aux autres varietés oui
faifoient diíHnguer la dignité, i'état, la condi-
tion , la proteíiion , & méme le pays de ceux par
qui ils étoient portes. Malgré Ies noms particu-
liers qu avoient les différenres coéffures , celui de
bonnet reña encore á piuíieurs. On appela bonnet
phrygien , la coéffure exhauíiee & recoiirbée par-
devant , qui étoit d’un ufage commun en Fhrygie ;
& bonnet roya! , la tiare qui étoit la coeffure
propre & díftinctive des rois de Ferfe , d'Ar-
m.énie , d'Ofrhoéne & des Parthes. F'oye?' Liare ,
CiDARis & Mitre.
Les Egyptiens avoient ordinairement la tete
nue , felón Hérodote, & fuiveient en cela une
coutume oppofée á ceíle des Perfes. Cet hifto-
rien obferve que long-tems aprés une bataiíle ,
on diñinguoit les cránes des Egyptiens de ceux
des Perfes , par leur extréme dureté. Quoi qu’il
en foit de cette aíTerrion, les figures d’Egyptiens
qui nous font parvenúes on& la tete couverte , ou
d^un chapetón ou d'un bonnet y & ces figures
repréfentent des dieux , des rois ou des prétres.
A quelques-unes j le chapetón fe termine en deux
larges bandes, tantót piares, tantot arrondies en
dehors; 8c il flotte fur Ies épaules, fur le dos,
8c queiquefois fur la poitrine. Le bonnet égyiRien
reíTemble par fois á une mitre , 8c d’autres fois il
eñ applati par le haiit , dans le gout des coéfi-
fures que Pon portoit il y a deux cents ans , &
comme le bonnet que porte .Alde-?»íanuce le pére,
dans les portraits que nous avons de ce favant
imprimeur. Ce bonnet eñ attaché fous le mentó»
par deux rubans , comme on peut le voir á Rome
au cabinet de Roiandi, á une figure aílifede gramt
noir, 8c haute d’enviren trente pouces franfois.
I! s’élargit par le haut , á-pemprés comme le
boiífeau qui couvre la tete de Sérapis. Cette forme
a donné lieu aux Arabes d’aopeler kankal , ooif-
feau , les bonnets des anciens rois de Perfe. De
femblables bonnets couvrent les figures aíTifes
placees vers la pointe des obélifques, cei;es
que Pon voit dans Ies ruines de Períépcl'.s- Stu
le devant du bonnet s^éléve un ferpent : e'eñ arnsa
E o N
{•lie les medailles de íualre nous friontrerí ce
repti.e pUcé fur le front des ¿i\in:tés'pheni-
ciennes.
Les figures des obéiiftues, celles de la table
du pra-n BarDermi &: du cabinet Rolandi^ cnt
leurs oonnets furmontés de Idfpéce d^ornemert
rué artíiirton croit érre le perféa. & cui étoít
k carañere diílhiftif de la ccdffure des rois d’E-
^ependant comme cet orneinent a encore
plus de reíTemblance avec des plumes , & comme
Cneph, cieucreateurderuniverschez les Esyc-
tíens, portoit des plumss royales . ckft-á- aíre ^
teues que les rois avoient courume den porter,
¡! y a grande apparence que c'étoit une aigreae de
plumes. Le dieu Cneph eír tres-pe u connu par ¡es
moimráensj & Ies figures dont nous décrivons la
coe&ure , fe trouvant repétées fur tous les obé-
Jiiques , ¡¡ en refulte natureliemenr quklles repré-
fentent des rois.
Quelques figures de femmes égyptiennes , ou
pour mieux dire , quelques ífis, portent un ¿or^r^e!
ou une parure qui reíTemble á un tour de che-
veux poüíches; mais !e plus fouvent ^ & fur-tout
a la granee Jfis du capitole , ce tour pa;oít com-
pofe ae plumes. On volt méme dans les Monu-
menti inediti de FlV^inkelmann ^ que nous tranferi-
vons ici;, une Ifis portant fur'fa coéfFure une
pouk de^ IVmmidie dont ¡es alies fe rabattent
fur les cótésj & dont la queue defeend fur le
col.
Les anciens Ferfes. & probablement auííl les
Orlenraux leurs voifins , attachoienc en guife de
honnet {Stjab. l. i^.p. 734.) une toile fine aurour
de leur tete , comm.e les Órientaux le pratiquent
encore aujourdf huí pour leurs turbaos. A la guerre
ils portoient ordinairement un ckapeau taillé en
forme de cylindre ou de tour {ihidem). On leur
volt aulIi fur Ies marbres de Perfépolis Se fur
despierres gravees ^ des bonnets garnis d'un bord
retrouííe comme celui de nos bonnets fourrés-
Quantaux xMedes^ aux AíTyriens j aux Armé-
nienS;, aux Parthes, voye:^ Mitre ^ Tiare Se
Cid AH.ÍS.
Le cnapeau, petafus , large & platj du m'Iieu
fluquel fort cuelquefois une pointe ^ fervoit aux
s aux cbaííeurs grecs & romains 5
US i attacho’ent avec des courroies fous le men-
tón j & Jorfqu ils vouloient fe découvrirj lis le
|etoient derriére leurs épaules ^ fans dctacher '
les courroies. Ckíí ainfi qu’on Je volt á Zéthus
% deux bas-reliefs de la' villa Albatii & de la
y*' ® ^Oí§heCc , á un héraut fur un vafe étrufque ,
a plufieurs ftatues de Alercure, dLApoilon, & á
leleagre fur plufíeurs monumens. Ce cnaíTeu»-
ceJeore !e porte furia tete, fur les médailles des
-t-toiiens.
^En chapean fufpendu & confacré á Hécate ,
espnmoit le voeu d’un voyageur ou aan tntña-
§sr. Les maitres de Gymnafe metro .'ent Je chapean
nombre de leurs attributs particuliers.
B o N- 4-5
Les Macidoniens sen fervoícnt auíli ^ Se ks
sppeicient xay^r , tn latín caaíía.
Les i-acéde'moniens portoient touiours des
‘‘= ■' ■*“ >
Les Athé.niens dans Ies rems les plus recules,
portoient a xa vi.xe. ainfi qtfá ia campagne . des
cnapeaux ou bonnets. Au moyen des rubans dort
i:s etoient garms. en pouvoit les attacher fous ¡e
comme nous le voyons á la figure de
deflinée fur un vafe de terre cuite de la
bibhotheque du Vatkan.
_ Heiiode (Ery. v. 545.) faíc eiitendre que ces
ckapeaux grecs étoiént de laine. Cn les poitoitaux
fpectacies dans la Crece 5 car on fait que ¡es Egi-
nétes accablérent fous lepoids de leurs ckapeaux,
rancien légifiareur d'Arhénes. Dracon. au mo-
ment que place fur le théatre. il lifoit á haute
voix les loix qu’il leur deílinoit.
^ Denys d HaiiearnaíTe dit que les depures du
fénat trouvérent Cincinnatus. qu ils aUoient re-
vetir de la puiffance de didlateur . labourant avec
fa charrue & ayant la tere couverte d’un cha-
pean. Auguíle ne fortoit iamais de fon palais.
felón Suétone , pour traverfer quelqu'endroit ex-
pofé au folei-l. qudi ne portar un chapean. Sous
Ies emperetirs. Ies Romains fe couvrirent avec des
chapeaux dans les fpeótacles . á Texempíe des
Grecs.
Le plus fouvent ils fe couvroient la tete avec ‘
un pan de leur rege . que les antiquaires dn íiécie
‘^Jtnier avoient pris pour un voik ou chaperon.
xMais ils éroient dans Tafage de paroítre avec la
rete dekouverte devanr Ies perfonnes auxoueües
ils vouicient rémoigner du refpedl. De-lá viñt
qu’iis regardérent comme une grande incivilité
de garder fur la tete . dans ces occaíions .
rhabilkment dont on h convroit ordinairement.
{Plntarch Pomp. 43.1169). Plutarque nous dit
encore poíitivement {Queji. Ploman-. 10.) que Ies
Romains rencorrtranr des perfonnes pour lefquelles
ils avoient du refpeól Sr de la coníidération . fe
découvroient la tete, lorfqtfelk étoit par kafard
couverte avec une partie de leur habilkment exté-
rieur.
^ D'aprés ce texte de Plutarque, d’aprés celui
d Euítathe (^Odyíf, i.}, que les Romains avoient
pris ¿es Grecs 1’ ufage d'avoir la tete nue , & d’a-
prés ks marbres &: les médailles, on peut afiiirer
qu’crdir;r.iremer!t les Romains ne fe couvrcient
point la tete. II eil ceperdant quefíinn dans íes
auteurs latins áupileus , du galeras & áu petafus ;
Sr nous ¿evons fiire mentioK de ces exceptions de
la régle genérale.
Le honnet appelé petafus étoít le chapean á.
large bprd dont nous avons dit plus haut cue fe
fer-.-ofent les vovareurs pour fe garantir du fok-íl,
& ou’iis ¡eieto’ent fur leurs épaules, lorfqu’ils
vouíoienr deccjvrir leur tete, ainfi cue le pra-
tiquent les payfannes du Languedoe & de ia
4So SON
Provenes. Fiante parle fouvent du dcs
vovaseurs Petase.
‘C’eir le filens ou mleolus dont il eft fait inen-
íion ie plus fouvent dans les écrits des Romains;
c etoitlui qui étoit robjetdes vceuxque formoient
les efclaves , parce qu’il étoit le ígne de^ leur
afFranchrffement & le íymbole de la liberte.^ On
volt fur les médailles de ErutuSj PalTaflin de Ceiarj
le yiUiis place entre deux poignards. Ce bonnet
eft rondj fans bords d'aucune efpéce^ & ü tef"
femble aíléz á la moitíé d'un globe. II n eft ter-
miné ni par un bouton j ni par une pointe, carac-
tere qui le diílinsue du bonnet des Diofeures &
du bonnet phrygien. Ceux d’LlyíTe & de \ulcain
ont beaucoup d’analogie avec luij & üir des mo-
niirnens dont le travail ne feirci: pas terminé avec
foin , on pourroit Ies confondre. A la mort de
Piérorij les Romains paTurent dans les rúes avec
le fUeus , cornme s’iis euíTent été affranchis de la
fervitude par cene more. {Xipkil. 63).
Les malades & les vieüiards couvroient auíB
léur tete avec \i. pileus. Ovias confeídant a 1 aiTiint
qu’ii inñruit {de Art. Amana, i- 753-) Peinare
une incommodité , une langueur ou une malaaie 3
lui recommande de couvrir du pileas fes blonds
cheveuXj afin que fon exoye fon mal reel :
Arguat & macies animum : nec turpe putarls
Pileolum nhidis impcf/ijfe comis.
Varron dir dans un-fragment {de Vita Pop.
Rom. I .) que les jeunes Romains avoient la tete
nue & les cheveux frifés : Minores nata tapice
aperto erant ¡capillo pexo. Les vieillards couvroient
done la leur avec le pileus on avec le birrus ,
bonnet pointu. IN'icéphore Grégoras C 10. extr.)
raconte quefous le régne de fempereur Andronicj
Ies jeunes gens avoient pris I’ufage des vieillards 3
&qu’ilsfe couvroient par-tcutcommeeuxde longs
honnets pointus 3 birrz , dans le pakis mente de
rempereur3 a la vilie & dans les champs,
Nous voyons dans Athénée '6. p. Z74-) que Ies
Romains portoient dans les repas des honnets faits
de peaiix de brebis, garnis de laine. Lipfe (<fe
Ampkitk. <7. 1 9 & 20.) dit avoir v u á Padoue un
marbre antique 3 far lequel étoient fculptés des
convives conches autour d"une rabie 3 les uns
avec la tete nue 3 & les autres couverts d’une
efpéce de pileus, íi plat que fon pouvoit le com
fondre avec des.bandelettes ou avec un bandean-
Cet ufage explique le vers fuivant d’Horace {epifi.
I. 3. ij.):
Vt cam piloolo foleas conviva tribidis,
On fe couvroit encare la tete á Rome dans Ies
théátres & les amphich'éátres 3 ou fon étoit expofé
aux injures de faif, lorfcue 1‘éditear des jeux nc
faifoit pas la dépenfe des tapis ou voi'es 3 qui les
CDUvroisnt qusiquefois, ou lorfque la forcé du
B O N
v:nt en empéchoit f ufage. Marcial eíl ici notte
garant (xtv. 29.) :
In Pompejano teclus fpeciabo tkeatro ;
Nam populo ventas vela negare foiet.
II paroí: dkprés deux paíTages de Marcial Se de
Staccj que le pileus des Romains étoit fait de
feúcre ou de laine foulée, de méme que leurs
lucernes. Shl eút été fabriqué d'un limpie drap^ ii
n''auroit pu les garantir de ía píuie & de f hu nidité.
Les vers de Stace annoncent qu'il étoitr de plu-
fieurs piéces iiées par des coutures. Les void
{Sylv. ir. 9. 25.) :
Vfque adeo ne defaerunt
Csjis pilea futa de lacernis ?
Martial a dit auíTi (xir. 132.) :
Si pojfem 3 totas cuperem mif.jfe lacernas :
Nunc tanturn caplti muñera mltto tuo.
Le pileus pannonicus étoit en ufage parmi Ies
foldats 5 d'oú lui vint le furnom militaris. C'étoi:
un bonnet fait de peaux 3 peuc-étre de peaux d’a-
gneau 3 cemme ceux dont parle FeftiiS3 & quil
íppelle pefeia. Yégées dit qu ón obligeoit les fol-
dats de s'en couvrir toujours la tete; de peur que
s'iis étoient habitúes á marcher tete nue , le caique
ne leur parut trop lourd dans les bataiUes (i . 20.) :
Ofaue ad prefentem prope s.tatem confuetuao per-
m.anfít , ut otnnes milites piléis , quos pannonicos
vocabant , ex peUibus uterentur : quod propterea
fervabatur , ne gravls galea videretur in prxdo ko~
mini qui gefiabat aliquid femper in cápete.
Le pileus Theffalicus avoit de larges bords 3 &
reííernbloit au Petase. Voye-z_ ce mot._
Quant aux femmes grecques & romaines , enes
avoient ordinairement la tete nue; quelquerois
auííi elles fe fervoient3 comme les hommes, ue
leur manteau 3 foit pour fe la couvrir entieretMnt,
foit uniquement pour fe voiler le vifage-^ ^
ainli que Valérius Flaccus nous peint junoa
{Argón. L l, V. 132-) :
Illa fedet dejecíá in lamina palla.
líete .
VoiLE. . r V/. ik
Les femmes ágées portoient unq C
bonnet, dont la ñatue d’Hécube qui eít ^
miiféum du capito!e3 & que fon appeue m.
propos une Prcfica , pieureufe des funer - »
peuc nous donner une idee.
Hécube le porte auííi fur un .bas-reu>-
villa Borghéfe3 repréfentant Ikrrivee
zenes au fecours de Friam. La vieiÜe i
des filies de Niobé eíí coéffée avec ce meme ■ ■
,,, fci « bís-idisfde 1»
B o N
repréfente la mort das enfans de cette mere
orgueilleuie. Oa peut le voir encore ñir la tete
d'une vieiüe femme qui fe détourne pour ne pas
étre témoin du meurtre de Ftiam ou d’Agamemnon,
qui eítfculpté fur un bas-reüef du palaisBarberini.
Ces trois marbres font graves dans Ies Mo.iu.menti
intíitu
Ce bonv.et n'étoit cependant pas un attribuc
exclaíif de la vieiüeíTe ; car on !e voit á une jeune
bacchante fculptée fur un baíEn de marbre que
T/inkelmann fe propofoit de pubiier dans ¡e troi-
lléme volume de fes Momimens £ arai quité. Nous
trouvons encore ce bon.net fur un ;eune & beau
mafque tragique du peíais Albinij fur un pareil
du palais Lancellotci , & fur ía tete de la ny mphe
(Enone, la premiere maitrelíé de París, qui eíi
placée üir un bas-relief de la villa Ludoviíi.
Lorfque les femmes aüoieñt en voyage , ou
qu’elíes étoient expofées au foleil , elles portoient
le vileus tkejfalicus , le chapeau theffalien , fem-
blable aux chapeaux depaifle des femmes de Tof-
cane & de Provence. Ces chapeaux avoient trés-
peu de fond , & ils étoient ordinairement blancs ,
ainfi que nous Ies Toyons fur plufieurs vafes peints
(^Dempji. Etrur. tah-, 52). Sophocie (íS¿. Colon.
^06.) donne un de ces chapeaux á Ifméne, la
plus jeune des filies d'íSdipe, lorfeu’elie fe fauve
d'Athénes pour reioindre fon maiheureux pére.
Sur un vafe qui appartenoit au célebre peincre
■Mengs, une amazone á cheva! combatrant contre
denx guerriers , portoit un femblable chapeau re-
jeté fur les épaules. Pallas eíi coéífée avec ce cha-
peau fur un grand vafe de marbre de la villa
Albani {Monumenti inedzti ^ ój.), ou elle pa-
í:oít en chaíTereíTe, ainfi qifelle eíi repréfentée
dans un hymne de Callimaque {Bailad, v. 91.) ,
dans la Thébaide (/. 2. v. 243.), & dans Ariítide
{Orat. M-inor. p. 2y).
On fait que les prétreíTes de Cybéle avoient
pour aítribut un chapeau. (Tertall. de T aillo, c. 4.
P-
Ce qui paroit enfin n^’étre qu’une corbeiüe fur
la tete des Caryatides, pourroit bien avoir écé un
bonnet olí une coéífure de certains pays Crees j
rar Ies Egvptiennes portoient encore íur ieur tere ,
dansleíiécledernier, une femblable parure.
Obferv. l. 2. c, 3 3 ).
Pour ce qui eá des enfans'Sr des efclaves ,
les monumens reprefentent ordinairement Ies pre-
iruers avec !a tete nue. Quant ?.ax feconds , il y a
lieu de croire d^’aprés quelques bronzes antiques
publíés par le ccmte de Caylus, & d’aprés une
-des peintures d’nerculaniim , repréfentant une
place publique , oü l'on voit un homme vétu
d'une tunique courte , fans toge ni mantean ,
coerfé avec un boiinít plat & rond , que les efclaves
fe coavroient dans les maifons & dans les champs ,
niais qif ils paroidcieni toajours avec la tete nue
devant les magiftrats, & dans les cércEionies pu-
liques.
^ntlqulils ¡ Tome l.
B O N
481
Bonnet ph-yglen cu Cot.xo. Ce bonnet , ene
portent ordinairement Paris Se lesTrovens, étoit
comque , & ayoit la pointe repliée en avant fur
le fommet de la tete. Les honnets de laine rouge
ou bleue qui font en ufage en France parmi les
citoyens de la derniére claíTe, font faits exaCte-
ment comrae le ¿o/i.icr phiygien, & Icur pointe fe
replie quelquefois en avant fur le fommet de la
tete, comme la íknne. Au reíte, le bonnet phrv-
gien n'étoit pas garni de pendans ou de jones,
pour Pordinaire.
cc Le buíie que préfente la planche trente -uniéme
du volume iil des Recueiís d’antiquités, eíi du
plus beau travai! grec , Se du caraéiere le plus in-
réreffant. Le bonnet ou corno qu’il porte , mérite
d'autant plus que Pon en conferve la difpoíition ,
que je ne me fouviens point , dit le comte de
Caylus , de Pavoir vu fur aucun monument, ni
dans aucun Recueil d'antiquités. La forme & Ies
détaüs de ce bonnet font marqués fi clairenrent ,
8c d’une faqon íi dillinguée , que je Pai fait graver
fous trois afpeéis , pour rendre le tout plus fen-
lible. On voit par les plis de cette coéífure , qu’eüe
étoit d’une étoífe fouple & obéiílante , vraifein-
blablement compofée d’un tiíTii de laine ou á’autrc
mariére femblable. L’artiiie paroit trop exad ,
pour n’avoir pas marqué la coutare , fi le bonnet
eut été formé par un cuiir. Les deax extrémités
ou pendans de cette coéífure , fe rabattoient fous
le mentón, en couvrant les oreiiies, & fervoient
á garantir des injures de Pair. Lorfqii’elíes étoient
relevées , elles accompagnoienc agreablement le
vifage. La maniere dont on Ies voit attachées &
renouées derriére la tete, prouve que Partiíie a
fuivi la natiire, & copié avec exaditude Piifage
de fon tems : ufage répété en grande partie par
un grand nombre de nations m.odernes, 8c quon
doit regarder comme une mode génerale 8c carac-
tériliique des Phrygiens, puilqu’en effec ils avoient
reporté furleurs cafques cette extrémité arrondie,
quoique tres-inutile á cette arme defenfive 53. Ce
bonnet phrygien , décrit fi exadement par le comte
de Caylus , paroit étre une mitre phrygier.ne , a
caufe des joaes ou fanons.
Au reíte, toas les bas-relieft antioaes qui re-
préfentent des événemens reiatifs á la guerre de
Trole, oífrent aux ardites le bonnet phrygien , ou
corno, müle fois répété. II yen a plus de cent duns
le feul volume de planches des M.onv.rn.enü ineiitr
de^Finkelmann j parce que ce bonnet uevint pa.uii
Ies artiñes grecs'un caradére diíiindif des bar-
bares , ainfi que íes chautles longues.
Bonnet ou chapean de Meteure. / eyex^ Pe-
Bonnet -d’Ulvíle. Athenee di- que la.^ vtie a.,
ce héros étoit gravée fur le cacnet ¿e ^a.ncrate ;
on la voyoit fur une pierre anticue de iaco.iecuon
du barón de Stofch , & íur une autre du cabinet c.ii
urand-duc. Une des ítatues de la vigne Pampma
íepréfente UlyíTe tenan: une coupe. Dans ra meme
■ Ppp
4ti B O N
vigne eílun monument qui le repréfente attaché au
venere da bélietj au fortir de Fantre de Poly-
phéme. On connok une médaille de la famiÜe
Mamilia , ou ii paroit fous la figure d’un voya-
geur j ou piatót d'un mendiant^ s'appuyant fur
un loñg báton ^ & recevant les carenes d’un
chien ; de il n’y a pas long-tems que M.Neumann
a publié une médaille d Ithaque , oú l’on vok
d’un cote la tete d’Ulyííe j & de Tautre un coq.
Snr la plupart de ces monumens ülyíTe porte un
bonnet aífez femblable á celui qu’on donne á
Vulcain , & méme á celui des Dioícures ; il a la
forme d’un ceuf coupé par la moitié. ün auteur
jnoderne {Soleras de píleo) a era que c'étoit-lá un
titre de nobleíTe , & le fymbole de la liberté.
Seion deux célebres critiques {Meurfius , Lacón.
& Voffias in Catall.) ce bonnet étoit un des attri-
buts des perfonnes les plus diñinguées de Lacé-
démone ; & Ulyífe le portoh , parce qu’ayant
époufé Pénéiope , lacédémonienne j il partageoit
toui les droits des Spartiates ; mais toutes ces
conjeétures ne font fondees fur le témoignage
d’aiicuri auteur anclen.
Seion Euftathej c’eit.Apollodore qui le premier
a repréfenté UlyiTe avec un bonnet ; & , íelon
PlinCj c’eíi: Nicomaque. Peut-étre, dit M. l’abbé
le Biond (Defeription des pierres gravees da p a Lais-
royal , tome 1. ÜLYSSE. faudroit-il remonrer
encore plus haut ; car on lit dans Tlliade qu’Ulyííe
avoit un bonnet fous fon cafque. [lliad. A. 41).
Sur un yafe d’argent d’Herculanum ^ répréfen-
tant I’apothéofe d’Homére , on voit une femme
coéffée d’un chapean conique fans retrouflis ,
comme on en donne a Ulyífe. Elle croife une
jambe fur l’autre , porte la main droite á fon
front. Sí paroit occapée de penfées profondes :
c’elt l’Odyíféej felón Winketmann.
On trouve dans la colledion de Stofeh une
páte de verre antique, fur laquelle eíl gravée
une rete de guerrier coéffée d’un femblable bonnet,
qui defeend jufqu’aux fourcüs. Par-deíTus ce hon-
net eít place un cafqn.e garni de joues & d’autres
pié ces qui couvrent la nuque , la plus grande
partie du col & du vifage. Le cabinet Farnéfe de
Parme renferme une pierre gravée, fur laquelle
en aioper-coit encore plus diñinélement le bonnet
qui íe mettoit fous le cafque pour empécher que
fon poids & fa dureté n’en bleflaífent quelque
partie.
Bonnet de Vulcain. Ce dieu porte fouvent,
comme Ulyífe, un bonnet pointu, recourbé quel-
quefois en avant, te! que nous voyons le bonnet
phrvgien.
Bonnet des Diofeures. Cañor & Pollux font
tonjours diílingués fur les marbres par leur hon-
net. Le poete Lycophon {n. yoó. ) dit que ce
bonnet des Diofeures reífembloit á la moitié d’im
eeuf; & les bas-reliefs antiques font d’accord
avec luí. Les médaiües feiiles ajoutent fouvent
des étoiles ajes bonnets célebres.
B O N
Feftus nous apprend que les Diofeures font
touiours repréfentés avec la téte com erte , á caufe
de l’ufage qui régnoit dans la Laconie, leur pa-
trie. Les Lacédémaniens marchoient toujours
ainfij fur-tout dans les combats : PiUa Cafiori
& Polluci dederunt anüqai , quia Lacones fuerunt
quihus pileatis pugnare mos efl.
On voit un bonnet fur les médailles des Mamer-
tins. Quant aux bonnets des Diofeures li recon-
noiííables par les étoiles dont iis font ordinaire-
ment furmontés . voyez plus haut leur arricie.
Bonnet pontifical. Voye:^ Apex.
BONOSIUS, tyran dans les Gaales fous
Probas.
Q^uintus Bonosius Ausustus.
Les médailles de Bonojius ne font connues que
dans le Recueii de Goitzius.
Bonum faclum. On ajoiitoit chez les Romains
ces deux mots á la fin des édits , comme étant de
bon augure , & on les indiquoit par les figles b. f.
BONUS Eventus , bon événement. Nous trou-
vons fouvent fur les médailles impériales grec-
ques & latines ce dieu, qui eft toujours repréfenté
de la méme maniere & avec les mémies attributs;
c’eft-á-dire j nud, debout, tenant d’une main une
patére , & de l’autre des épis avec des pavots.
II fut adoré dans la Gréce fous la dénomination
de diea bon, TON a F AGON 5 comme on le voit
fur une médaille frappée á Ephéfe, & rapportée
par Vaillant {Num. Gmc).
Le feul monument oú ce dieu foit repréfenté
vétu, eíl une médaille de Pefeennius Niger, rap-
portée par Patín.
Le dieu Bonus Eventus annonce par Ies fruits
qu’il porte ordinairement , & par la come d’abon-
dance qu’il cient fur une pierre gravée de Stofeh,
¡a proteélion qu’il accordoit aux laboureurs &
aux vignerons. C’étoit auífi un des douze dseux
Confentes, proteéleurs des habitans des campa-
gneSj felón Varron {de Re ruftied i. 1). Catón
nous a confervé la priére qu’on luí adreífok , &
par laquelle on le íupplioit de faire croítre & prof-
pérer les fruits, les grains, les vignes 8c les bois
{de Re ruftka) ; Uti tu fruges , frumenta , viñeta ,
virgultaque grandire , beneque tvenire finas. H
roit d’aprés ce paífage de Feñus {Panibus^ redimi-
bant caput equi immoLati idibus oSohris , quia
facrificium fiebat oh frugum eventum) , que Ion
facrifioit dans Ies campagnes un cheval au metí
Bonus Eventus , le jour des ides d oclobre.
II recevoit aufít des hommages dans Rome ,
car Pline ( 34. 8. ) dit que Fon y voyoit une de
fes ílatues qu’Euphranor , habile fcuipteur , y
avoit faite. _
On diftinguoit la Fortune,au dieu Bonus Eventos,
en ce que celui-ci étoit uniquement Fetnménie
des bons fuccés; tandis que la Fortune eioi» r
ponfable des bons & des mauvais.
B o R
BOOPIS, Junon ?toit ainfi appelée á caufe áe
fes grands veux. Boopis eft formé de fiSf, bosuf.
Sí de s regaré. Sí il vouloit dire j déefíe
aux veux de bceuf.
BÓOTES Olí le Bouvier , confteUation voiíine
du póle aréirique , au-deíTous de ia grande Ourfe.
On l’appelle encore Arciophylax , c’eñ-á-dire,
Gardien de r Ourje ; parce que I’étoiie principa'e
de cette conílellation fuit Tourfe , comme íi elle
ia gardoit á vue.
Des poetes ont dit que Bootks étoit Icare ,
pére dTrigone ( Voye^ fon arricie) j que Júpiter
avcit place dans le cicl. D’autres le prennent pour
Arcas, fils de Calillo. (Foyej fon arricie).
BORDURE des habits. Les tuniques & Ies
jnanreaux des femmes étoient ordinairement
chargés de bordares qui en fuivoient les contours
extérieurs , comme Ies galons des modernes. Ces
bordares étoient appe’ées par les Grecs xi^a. ,
jcaxAíí , TCífmobr'út , , KíiácrnsJí» ; & par les
Latins , fafcU , limbos . Leur matiére la plus ordi-
naire étoit la pourpre , qui ornoit auííi Ies habits
des hommes chez les Etrufques & chez Ies Ro-
snatns ( Buonar. Explic. ad Demft. Etr. p. 6o. ) ,
{JEneid. v. 2.J0.) :
ViHori auratam chlamydern , qu.a.m plurima circom
Turpura.
Suétone dit que Caligula (c. 17. «• J.) dillribua
des bordares de cette étoffe aux femmes & aux
jeunes gens levétus de la prétexte : Pueris ac
feminis fafcias purpura. , ac conchylii diftribuií.
Soit que ces bordares fiiíTent de pourpre ou de
toute autre étoífe , elles étoient ordinairement
d’une autre couleur que Fhabit auquel elles fer-
voient d^ornement ; ce que Virgile & Stace ont
exprimé par limbus picius dans les vers fuivans
{Maeid. ir. 137.) :
Sidoniam pillo chlamydern circumdata limbo.
ITheb. rr. 367.) :
Et pillo difiinguit peliora limbo.
Quelques philologues ont cru que ces bordares
étoient défignées aulfi chez Ies Latins par le mot
lacinia; mais on verra á fon arricie qu’il exprimoit
le bas ou le bord de la toge 8c du manteau , fans
aucune relatton á la bordare.
Les liabiilemens des femmes étoient ornés par
le bas d’une ou de pluíieurs raies (ou bandes) de
diverfes couleurs. On en voit une feule á une des
figures peintes du tombeau de Cellius , & deux a
une des Mufes de la TVoce Aldobrandine. La robe
de la figure de Rome confervée au palais Barberini ,
eíl ornee de trois raies rouges, chargées de fieurs
blanches. Qnelqnes figures dans les peintures
¿’Herculanum portent des draperies décorces de
quatre raies. tne llatue de Diane du plus ancien
B O R 4S3
fiyle , confervée au cabinet d’Herculanum, eíl
couverte d’ur.e draperie, fur lacuelle font peintes
pluíieurs raies.
pn peut dire qu’en général I’ornement ordi-
naire qui formoit la bordare des habits de femmc
8c d homme, ecoit traité d' une maniere tacile &
expéditive. Quelques vafes étrufques nous ofifrent
cependant quelques-uns de ces ornemens des bor-
dares , qui annoncent un travail mieux fini & un
goUt plus délicat. Le plus agréable de ceux-lá
paroit avoir éré le Méandre dont parle une épi-
gramme de FAnthologie [l. 6. c, 8. ep. 17. 18.),
& qui décore aufli le vétement d^’une figure étruf-
que de bronze. {Buon. Ojf. fop. ale. Medagl. pag.
98). Les bordares des habits font quelquefois
chargées fur les vafes étrufques de petits carreaux
colorés diverfement, reís que ceux d’un damier,
& quelquefois aufli d'enroulemens formes comme
les pampres de vigne. Les Monumenti inediti de
Winkelmann renferment (n°. 99) un vafe dont le
deffin repréfente Théfée & Ariane. Cette prin-
ceíTe porte une draperie bordée depuis le fein
iufquaux pieds d’une bando de couleur foncée,
& chargée dans toute fa longueur de traverfes
femblables á des boatonniéres.
BOEÉADES, noms patronymiques de Zéthe»
' & Calais , fils de Roréí. Hvgin (pé. ditqtfils
avoient la tete 8c les pieds aiiés. lis portent fira-
plement des ailes aux épaules fur une páre antique
de la colleélion de Stofeh, oü ils chaíTenr á coups
de fleche les redoutables harpies. "W'ilde (tab. 7.
n. I.) a cru recoanoitre la tete ailée qui eíl gravee
fur une médaille, pourxelle de Calais.
BORÉ ASMES , fétes en Thonneur de Boréc ;
célébrées par les Athéniens & les Mégalopolitains,
Voyez-en Torigine á rarcicle Borée.
BORÉE eíl pris ordinairement pour l’nn des
quatre vents cardinaux ; c^ étoit un dieu fils d'Af-
trée & d'Anrore. Son nom déligne toujours le
vent du nord; & les poetes Grecs, relativement
á la fituation de leur pays, avoient fixé_ fon
fiége dans la Thrace. Mais les Latins , qui onc
copié les Grecs , n’ont point fait attention que ia
Thrace eft au nord-eft de ITta!p,_8¿: Rs ont tou*
jcurs donné au vent du nord Fépithéte de Thra-
cien.
Borée avoit des temples & des facrifices réglés.
Voici les différens événemens qui occa fio nne rene
ce cuite- Les habitans áeThurium ay’ant été dé-
livrés dmn stand péril, par une tempére qui ruina
la flotte de Denis-Ie-Tyran, leur ennemi, oflFrirent
des facrifices a Borée , qai avoit fait ce ravage , &
lui conférétent la bourgeoifie de leur ville. íls luí
aílianérent une maifon , avec un revenu fixe , &
célébrérent tous les ans une fére en fon honneur.
Lorfqu'Asis, rni de Lacédémone, aífiégeoit la
vs'le des MésalopoKtains, fes machines battoient
liVilie avec tañí" de forcé, que la breche eut fans
doute été forr grande dans l’efpace d’une niiit^ ü
Borée n’eút renverfé la machine de ion fouínc.
?p p
4S4 B ó R
Les Mégalopolirains , en reconnolííánce , lui con-
faciérent un temple , ou ils iui offroient des facri-
Sces un certain jour áe Tannée ^ appelé Boréafrm;
Se il n'y avoit p oint de diviqité qu’iis lacnoraíTear
plus que lui. Lorfque Xeraés marchoit comre les
Giecs, fa flotte. aborda la cote de Magnéíie..
L’'orac!e ordonna aux Athéniens d^appeler leur
gendre á leur fecoms; iis invoquerent Borée ,
qui, ayant époiifé Orithye ^ filie d'Eríchthéej
leur roi fut dans cct iníiant regardé comme leur
gendre. Ils lui adre'Terent des priereSo luí offiirent
des vjciüines & la flotte fet diíTipée. Ces mémes
A-th-'n^ens P.rent batir un temple á Bo. ée, fur les
bords de i’íUiíFé . riviére de TAttique. lis crurent
que le meme dieu avoit deja fait périr la flotte
des Perfes , prés du morit Athos. On juroit á
Aíhén.es. p.tr la divinité de Borée Pon y célé-
brott fes fétes^, appelées Borédfmes , avec beau-
coitp de folemnité j & en faifant bonne chere.
Quoique pere des frimats & des giaqonSj Borée
n^'en étoit pas moins feníiWe aux traits de Pa-
mour. II aima , difoií-on . les cávales dTrichtho-
niuSj fe déguifa fous la figure d’un chevalj 6c en
eut douze poulains li légers á la courfe^ qudls
gaíopoient fur les moiíTons fans les.endommager.
li enleva Chlorisj filie d'Arclurus, la tran-fporta
fur le mont Niphate , appelé depuis le iit de Borée ,
8c ii en e,ut un fiis , nommé Haycax, ; d’autres
diíent que ce fut une filie-;, nomrnée Hyrpace. Le
mont rs’iphate fut enfuite. appelé Caucafe. f^oye^
Caucase.
Ce vene étoit furieux quand une belle lui ré-
fiftoit. Epris. un jour des cbarmes de la belle Pi-
thys 5 il ñn qa’'elle lui préféroit le dieu Pan.. Jaloux
de cette preférence^ & la trouvant feale un jour j
ii l’enleva & la jeta contre un rccher^. avec une
t.elle viole.ncp , qiPelIe fut, entiérement brifée.
Le plus célebre de tous fes exploits ampureuxj
eft Peniévement d’Orithye^ filie dTreakée , roi
d’Athénes. II en eut cínq enfansj dont on fait Ies
nomsjChione;, Chtonie^ Cléopátre^ Zéthés &
Calais. (Voye? toas ces noms). íiy a des autears
qui nomment íes trois fflles Aupis, Loxo & He.r-
caerge ; 8c ilsdifent qu’eiles portéfent des oíFrandes
3 Pifie de Délos.
L"en!éyeme.tit d'Orythie étoit gravé fur le fa-
ínaux coffre de- Cjpfelus {Paufan. JEUac. ) , Se
Borée y étoit reprefenté avec des.queues de fer-.
pent au lieu de jambes & de pieds. On voyoit
auffi fur- ce coffre. Phinée,. roi de Thr-ace, & ks
lis de -Sor/í chafíbient Ies harpieSj qui-infeéloient
íes viandes de ce roi. Parmi ¡es vents qui font
fculptés a Athénes fur la Tour-des- Vents j, on
voit Borée repréfenté, fous la figure d’un jeune
biomme avec des ailes, des cothurneSj §e enve-.
ípppant fa tfte dans fa draperie.
BORGHESE (Génie-). V'oyez. Génie.
BORGION. Vóyer Albion.
(íoy. 8. TkeC. infer.) rap-
porte * infcnpuoa üiivaíise írouYée á Bourbonne
B O S
en France ; il y eft fait rrention d’un dieu Borvo '
cont le cuite a pu faire nomir.ex Pendroit ofi Pinf-
cription a été trcuvée :
BORVONI TO
MONAE. C. LA
TINIUS RO
Í.ÍANUS IN
C. PRO. SALU
TE COCILIAE
FIE. C. EX. VOTO
EORYSTHÉNE , nom da cheval d’Hadríe&.
Ce* empereur Parmoit beaucoup;, ne fe fervoit
que de lui pour la cbaíTe. Aprés fa mort il lui fit
batir un tombeaU;, 8c il compofa les vers fuivans
a fa louange :
Boryflhenes Alanus
Csfareus vtredus y
Per &quor & paludes
Et tumulos Etrufeos.
Volitare qui folehat
P armonios iii apros y
Nec ullus infequentem
Dente aper albitanti
Aufus fait nocere y
Vel extimam faliva^
Sparfit ab ore caudam ^
Dt folet evenire :
Sed integer juventá y
Inviolatus artus y
Die fuá. peremptiLs
Hoc fttus efi in agro.
BOSPHORE. Les rois du Boífkore iontoQ
a des médailles font; ’
Afander.
Sauromates I..
Cotys I.
Sauromates IL
Cotys II.
Rhefcyporis I.
Rhoemetalces.
Eupator.
Sauromates III.
Rhefcyporis IIL
Thothorfes.
Rhefcyporis V. Vóyey^ léurs articíés.
BOSTRA y en Arabie. boctpac & boctpíiw»
Oh a des médailles imperiales grecques de cette.
ville frappées en Phonneur d'Augnite , de Cqm-
mode, deCaracallaj de Sep.t.-Sévéiei,d'AníoxiiBa-
de. Fauftine mere.
B o T
Devenua colonia romaina fous Alexandre-
Severa;, cetra villa fit frapperdas médaiüas latines
en I honnaur de ce princej de Mamée , des deux
Philippes^ de Trajan-Dece , avec la légeade colo-
ría ROSTRA & COLORIA. R. sosiRA; coloiúa
nova , & non nervic. Boflra.
BOTANO-ÍANTIE, art de prédire iavenir
par le moyen des végétaux. Ce mot eñ compofé
du grec ^¡rair, j kcTbe , & ae j divinaúon.
Pour pratiquer cetra divination ^ on écrivcit Ies
noms & les queftions de ceax qui vanoient con-
fulter Toracle ^ fur des feuiíies de végétaux expo-
Tees^ au vent. Coríque le roufHa das zéphirs en
avoit emporré une partie ^ on formoit des
jT.ots avec íes lettres qui étoient reítées j &
oes^ reponfes avec cas mots, Les végétaux qui
étoient empioyés le plus foiivent á cette diví-
nation, étoient la bruj'ére confitcrée á Apolion ,
qui preíidoit aux oracles j le figuietj qui doana
fon nom , á cette efpéce de Botano-
man-tie-, laverveine, la lauge, &c.
BOTRYS j dans ia Phenicie. BOrPYH?í£2M.
Cette ville a fait frapper des médailles impé-
nales grecqties en rhoiineiir dTlagabale.
EOTTES. Uon défigne aujourd’hiii par ce
mor, une chauíTure qui embraífe le pied^ la jambcj
& fonventauSi le genou. Dans ce íéns , il eír im-
poíTible d’appeier bcttes ce que Ies Grecs nom-
moient , & les Latins ocfetí ou campagus.
Les Crees ne donnoient ce nom qira des chauf-
Lires^Csdl eñ permis de parier ainíi) de méta! 3
manére qui excluí par ía dureté & fonpoiaSj
toute couverture du pied & da genou. Quant aux
ocreLÍz au campagus des Latins ^ aucun monu-
ment antique aucun texte ancien ne nous les
oíFre couvrant a la fois le pied & la jambe , &
encore moins le genou. C'eñ pourqiioi Farticle
des¿£)«eí\eñ ici remplacé par celiii des Bottines.
Voy e^ct mot.
BOTTIENS (les), peuple de Tiñe de Cxhc,
étoient une colonie des Athéniens. íls célébroient
tous les ans des fétes en mémoire de ieur origine;,
& les filies fe difoient ces jours-la Tune á l'autre :
Allons a Athenes , la'.tísv th AB-has.Ces íétcs étoient
^PpfileeS Semeetm hfBi;.
BOTTINES. Nous comprenons fouscet anide
tout ce qui peut avoir tena lieu de bottss aux an-
ciens. Voyez-en les raifons au mot Bottes. Ces
objets peuvent erre claffés fous deux chefs diffé-
rens : les ¿oííi/zíj ferméeS;, que nousappelons au-
jourd'hui brodequlns ; & les bottines ouvertes dont
1 ufage étoit ordinaire chez Ies foldats Grecs &
Romains.
Bottines ferméeSj Bro_dequ:ns modernesi
Cette chauíTure appelée par les V-íúns-aluta, étoit
une petite botte de cuirde cncvxt , pellis caprs ,
qui couvroit tout le pied Se fa cheville jufqdau
sioiletj ou dle.íiniiTcit. Ls.-noxn d’tí/í»rij exprúme.
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a maniere dont elle tenoit á la jambe par fa feale
jupejje_^ fans courroies. Aluta eñ comoofé de i 3
privatif &^e 'Ao, j'attache qui fait On nV
volt en eiret aucune courroie ^ aucun lien , ñír
les monumens antiques ; les acleurs portoienr de
femolables cnaufiures , Se les foldats aufíi, comine
on le volt fur la colonne trajanne. OviJe en re--
commande iuiage pour cacher les déíauts d'u»-
pied mal conformé :
Pes malus in nivea, femper aletur aluta.
Les officiers des troupes roraaines portoient des
bottines fermées, qui s'attachoient avec des cour-
roies croifées fur les jambes, appelées campagus ,
6e^ qui reíTembloient parfaitemenr aux brede-
quins dont fe fervent aujourd'hui les aéleurs rra-
giqu-es.
Bottines ouvertes- Armure des jambes,.
Jamsarts, CuissARTS, Sec. On- a donné ces-
divers noms a des efpeces de bottines que por-
toient les cavaliers Se qu’iis quitroient avánt d'en-
trer dans ¡es vilies. Sidoine en parle en ces rermes.í
alii explleandis ocrcarum nexibus irnplicaatur..
(Lib. 5. ep. -■).
Elles confiftoient en une plaque de m-érai qui
couvroit le devant de ia jambe. Se s'attachoirpar-
derriere. 1 elles font Ies bottines de cartón que Fon
met aujoardhu! peor défendre les jambes de !a
trop grande ardeur du feu des cheminées. On voit
ces bottines ^ fufpendues á plufieurs trophées , ou
elles ont été pnfes quelquefois pour des bouciiers
iongs. Le mufeum de Montemoüini á Péroufe,
en- renferme une de bronze. M. le chevalier de
j _qui a rapporté d’Itaüe en France une belle-
colleétioa de vafes étrufques avec d'autres anti--
ques précieufes , pofséde deux de ces bottines ou-
vertes de bronze , parfairement relfemblantes á--
celles qui pendent aux trophées.
Le comte de Caylus regardoit unecornaüne de'
fa coiieétion, córame un des beaux monumens"^
qui nous reñent des étrufques. Gori Favoit fait
graver , ( Muf. Etruf. i.pl. cxix. n°. i i. ) mais-
Fempreinte quh! en avoit pubüée, n'étoit pas-
exaéte. Elle repréíénte Achilie , dont le nom eñ
écrit fur la pierre en caracteres étrufques. II tie.nt-
d'une mainfori bouciier, & de Faurre une efpéce
áe bottine qui ferveit á couvrir le devant de la
jambe. II eñ certain que cette piéce entroit dans
Farmure des anciens-, & qu'Homére Fa fouvent:
défignée par un tenue que les traduileurs rendent-
ordinairement parceluideraz/Tiv. Ce poete voa-
lant peindre Achiile qui' fe prepare á vengér la-
mort de Patrocle, dit que ce héros prit fa beFe'
ckaujfure & Fattacha fur ücs jambes avec desagraffes-
d'argent. Si Fon veut jeter les yeux fur la planche'
XXXI. n'^’. I. da I. voiame du recucil pablié par'
ce favant comte, on remarquera que les bottines^
étoient -efiecLvement retenues gar des coarrokf-j>
4SÓ B O T
& fans doiite par desagraíFes. Ces hottlnes étoianr
cccnmunément de cuir de bceufj & quelquefois
de cuivre. Voici le paffage d'Homére; f liv. 19.
tradiLC. de Mme Dacier. )
cc Achiile , plein de rage & d’imp^tience ,-prend
M les armes que Yuicain lui a faites. 11 met les
cuijfarts , couvre fa poitrine de fa cuirafle étin-
celante , prend le baudrier d'oú pend fa redoii-
table éfée , & charge fon bras de ce bouclier
impenétrable , qui jette une ciarte pareiilc á
» ceíle de Taítre de la nuit. . . . Achille s’eíTape
" fous fes armes pourvoiríi elies lui fonc propres,
» Se li fon .corps fouple conierve toute fa li-
3» berté. ^
ün fcarabée d’agathe grife , rayé de blanc , de
la colleélion du méme favant , {R.ccueíl. il. y/. 28.-
4®. 5.) repréfente encore Achille ^ du moins felón
les carañéres bien conflammenr écríts du temps.
Ce héros, environné de fes diferentes armes ^
prend celles qui devoient couvrir fes jambes. C"eít
précifément le méme fujet dontil avoicfait men-
tion dans le premier volume , mais la compoñíion
en eíl abfolument différente.
On trouve jufqif á trois fois , dans la feale col-
leétion du barón de Stofch , Achilie qui met fes
hottines ou fon armure des jambes.
Les héros grecs commencoient á s’armer par
ces piéces , & c’eft ce que pratique Agamemnon
dans Tiliade. (A 17. i&’iT. 13X.) Achilie paroít
dans cette attitude , fur un bas-reltef de la vilie
Borghéfcj oú un efclaveagenouillé lui chauíTe une
feule bottine. Quoiqu’Homére parle toujours da
cette partie de l’armure au nombre pluriel, {xr^iu.lé' -í)
ce marbre eíl conforme á I'ufage des íiécics pofté-
rieurs , ou Ies Romains ( Arrian, tacl. p. 13. ) Sí
les Grecs eux-mémes (Mízcroi. Sízrarra. liv. 5. c.
i8. ) ne portoient quhine feule bottine. Les Eto-
liens , felón le Scholiafte á’Euripide , ( Brod.
Mifcel. liv. 3 . c. 8. ) la plaqoient á la jambe droite
áe les Samnites á la gauche, f Liv. l. 9. c. 40. )
Le tombeau du gladiateur Eaton , célebre par
Ies funérailles fomptueufes que lui fit Caracaila ,
&qui elt placé dans la ville Panfiiij repréfente
cet athléte armé d'une épée , d’un bouclier Se
d’une feule bottine á la jambe gauche. Cette ar-
mure eít placée fur ledevant de la jambe , 8c liée
par derriére avec des courroies. On volt une fem-
blabie armure-, placée fur lámeme jambe, aux
figures de Caítor Se de Pollux , ces deux héros ii
célebres dans la gyinnaftique , peinrs fur un vafe
de terre cuíte , Se a celles de deux giadiateurs
peints fur une lampe de méme raatiere. L’athléte
avan(joit le coré gauche quhl couvroit avec le
bouclier ; mais 11 lalífoit aiors la jambe gauche dé-
couverte ; ce qui motivoit I’ufage de la bottine.
Quant au flanc droit, il étoit retiré enarriére. Se
ía jambe droite étoit garnie d’une légéredéfenfe,
beauconp moins forte que la bottine que l’ou ap-
per^oit au gladiateur Eaton.
Les hottines ouvertes par derriére , font tres
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viíihles á un foldat fculpté fur un tombeau ave*
une épitaphe, dans Murarori. (dcccxl. j. )
il ne s’eít confervé á Reme, qu’une feu'.e ftatue
avec ces bottin.es ; elle eft dans la viile Borghéfe.
Le pare de Verfail'es en renferme une feconde
qui eft placée auprés du canal.
Le comte de Caylus a pubiié { Rec. ni. p¿. xa.
n°. 2.) une petite figure de bronze^qui porte auííí
des bottines ouvertes.
Dans la colieétion des pierres gravées de Stofch,
on en volt trois fur lefquel’es i’amour eft repré-
fenté fe mettant les hottines ouvertes ; Se: Énée •
paroít dans la méme attitude , fur une prime d’é-
meraude de cette riche colleólion,
Ces monumens,que nous avons recueillis avec
rant de foin &c que nous indiquons avec tant de
profufion, étoient néceíTaires pour entendre les
paíTages des anciens écrñ'ains, relatifs á ces bot-
tines. Leur nombre a varié : tantót on en portoit
deux, & tantót une feule. Homére en parle tou-
jours au pluriei , KTapúSa ,• Tite-Live dit aufli : (L'á.
I. 43.) Arma his imperara , galea clypeus , ocres.,
lorica, om.nia ex sre. Pluíieurs marbres nous ¡es
montrent toutes Ies deux. Souvent les écrivains
grecs & latins ne font mention que d’une feule
bottine ; tei eft Foíybe, ( Lih. 6. 21 .) tel eft Yégece,
( I. 20.) P edites feutati etiam férreas ocreas in
dextris crurihus cogebantur accipert. Tel eft Tlte-
Live : ( 9- 40. ) Sinifirum crus ocrea teólum , líe,
Cette ¿oíízYe s’offre auííi quelquefois feule á nos
yeux, fur Ies marbres Se fur les pierres gravées ,
& elle y eft placée , tantót fur la jambe droite ,
& tantót fur la gauche.
Quant á la matiére de ces hottines , celles dont
parlent Homére Se Héfiode , ( Seat. Hercul. )
étoient de cuivre ou d’étain. Végéce , cité plus
haut , fait mention de bottines de fer ; Se Virgiie,
(Mneii. vil.) decrit des bottines d’argent.
L’étude des monumens nous apprend une par-
ticularité relative á ces bottines o^ivertes , dont
les écrivains ne font point mention : cjeft ae les
voir quelquefois placees fur le derriere de la
jambe.
Sur une fardo ine de la colleclion de Srofcltí
on voit Caítor Se Pollux qui ont chacun le gras
d’une jambe armé d’une- plaque ou bottine, tun-
dís que ledevant de cette jambe eft nud. Un fo-oat
de bronze , d’iin pied de hauteur, qui étoit dans
le ca'oinet da collége de S. Ignace a'Rorne, oiiroit
la méme íingularité. On voyoit par derriére ,1 «-
mure de la jambe qui reftoit nue par devant.^
figure étoit venue de Sardaigne avec
bronzes auííi íinguliers , qui ornoient la mem
colleélion. ^
EOTTKEA , en Macédoine , bottaicS «
BOTTIAIfiN & BOTTEATON. ^
Les médailles autonomes de cette viUe ion
BRR. en bronze.
O. en or.
O. en argenta
BOU
Leurtvpí ordinaire eñ an cheval paiíTant.
BOLC. Ctt animal éroir en grande venérarion
chez Ies habitans de Mendés en Egypre ; & en
general Ies Egyptiens a'immoloienc jamais de
houcs, parce qu’iis reprcfentoient íeur dieu Mendes
ou Pan, avec la face & les jambes de houc. Sous
le í'ymbole de cet animal lafcif , iis adoroient le
principe de la fécondité repandu dans toute la
ñatiire , & exprimé par le dieu Pan. Mais chez
les Grecs, on imriKjloií le bouc á Bacchus, parce
oue cet anima! ravage les v¡gne«. Le houc éroic ,
dans !espein:ures,]a montare ordinaire deVénns.
La V enus popuíaire étoit rcprcfi. ntée montee fiir
un bouc terreílre, dit Paufanias, Se la Venus ma-
rine le faifoit porter fur les ondes par un bouc
marin.
Le bouc étoit la vicíime que Ton promenoit
autour des vignes, des preífoirs, & que Pon im-
moloit au dieu du vinj & comme latragédie naquit
chez les Grecs pendant Ies vendanges , le bouc
devint la récompenfe du poete qui méia le premier
aux louanges de Bacchus, ceiles deshéros. Horace
rappelle , dans fon are poétique , ( k®. 220. ) ce
prixdécerné au plus habile des poetes rragiques:
Carmine qui trágico -vitem certaviz oh h.ircum.
Le cifeau des artiftes grecs a renda plulieurs
houcs célebres On voyoit entf autres á Delphes ,
dans le temple d’ Apollen , un bouc d^airain que les
bahitans de Cléone, délivrés dhine makdie pefti-
lentielle , y avoient confacré au foleil levant par
le confeil d’un Oracle. {Paufan. PhocC) Le puláis
Giuñmiani deRome en renfermeun trés-fameux ,
dont la tete eft d'un artifte moderne. On vit quel-
quefois dans les jeux du cirque á Rome, des
enfans portés par des boucs fellés & brides Lkn-
thologie ( I. c. 23. ep. 28- ) en fait mention , &
des bas-reliefs antiqaes les reprefentent encore.
Bouc ( on voit un ) fur les médaiíles dbEnus
en Thrace, de Paros, de TheíTalonique, de Célen-
dris , de Syros , de Pharus.
Deux bonos fe battent, fur Ies médaiíles de
TheíTalonique.
BOÜCHE. La bouche, dit Winkelmann de qui
nous empruntons cet arricie, & les yeux, font
Ies deux patries du vifage les plus fufceptibles de
beauté. Celle qui eft propre a la boucke , eft íi
cqnnue , qu’on ne fe propofe pas de la rappeler
ici ; on va faite feulement quelques obfervations
relatives aux monumens antiques.
La lévre inférieure doit étre ordínairement plus
pleine que la lévre fuptrieure , aíin de produire
I inflexión feníible qui donne au mentón un ar-
rondilTement doux & agréable. L'artifte oui a
fculpté une des belles ftataes de Palias , confer-
vees á la Villa- Albani ^ a donné á fa lévre infé-
rieure une failüe ttés-fenfible , afin de mieux ren-
dre Tair de gravité qui doit la caraCtérifer. Les
levres des figures humaines de Tancien ñyie font
clofes, mais elles ne !e font pas entiérement aux
figures divines de Pun 6e de Tautre fexe. Les tetes
B*0 U .4S7
de \ emis ont ordínairement les leurs dem.i-clofes
pour expnmer la langueur & le defir. On obfervé
aum cette demi-ouvenu. e aux figures héroíaues ,
^ PO“r peindre
cciic des ievres de 1 Apollon palatin.
Hic equidem Phcebo vifus miki pulcrior ipfo
^íarmoreus zacizá carmen tizare b^rd
Quant aux teces qui font des portraits,& oa
Fon ne reconnoit pas le beau ideal , teües que
ceiles des empereurs , les lévres font toujoísrs
fermées.
Le bord des lévres de quelques tetes du ñyle
ancien , eft exprime par une ligne tranchante ;
d autres fois ce bord a une élévation infen-
fible& paroit haché avec le cifeau. On employoit
fans doute ce procédé, pour faire reíTortir
davantage le trait des lévres , lorfque les figures
étoient placées á une certaine diftance.
On trouve rarement des figures qui ayent les
dents viíibles, méme pour exprimer íe tire, II fon
excepte les fatyres & Ies faunes. V''inkelrr;aBn ne
connoiíToit qu’une feale divinicé du ítyia anrique ,
ainíl repréfentée ; c’eft FApollon du paiais Conci.
Ces établiíTemenSj deftinés
BOUCHER. ■>
BOÜCHERIES. f
a la vente de la viande^ n’étoient point repréfentés
par le mot macellum , (Voyeq_ ce mor.) parce
que celui-ci défignoit un marché dans lequei on
vendoit , non-feulement de la viande , mais du
poiíTon & dkutres comeftibles.
II ne paroit pas qu il y ait eu chez les Grecs
á&s bouckers Sc des boucheries dans les .tetnps hé-
roiques & du temps dLLgamemnon j car les héros
d'Homére dépécent & font fouvcnt cuite eiix-
mémes leurs viandes. Divers palíages d^’écrivains
grecs nous apprennent en general , qu’il y a eu
depuis des bouchers dans la Gréce , & qu'iis ven-
doient la viande au poids.
Nous fommes plus iníiruits fur ceux de Rome.
II y en avoit deux corps ou colléges ; il tfétoit pas
permis aux enfans de ces deux elaíTes de bouchers ,
de quitter la profeffion de leurs peres , fans aban-
donner á ceux dont ils fe féparoient, la parné des
biens qubls avoient en commun at'’ec eux. Ils éü-
foient un ebef qui jugeoit leurs différends > ce tri-
bunal étoit fubordonné á celui du préfet de la
ville , pr&feBo urbis.
L’un des colléges oes bouchers ne s’occupa
dkbord que de Tachat des pores } de la vine fon
nom, fuani,- Tautre achetoit Sc vendoit les boeufs.
Ies vaches, fes veaux & les moutons j ceux-cí
furent appelés boarii Sc pecuarii. Mais ils furent
réunis par la fuite en un feul collége. Les mar-
chands de viande ou bouchers avoient feus eux
des gens appeiés laniones , lanii & meme cemi-
fices , dont Templo: étoit de raer les befiíaux,
de Ies habiiler, de couper Ies chairs dans les
48S B 0*U
tueries , in ’lanhnis , & de Íes ir.ettre en vente dans
les marches, inraizccA'ij. _ _ . ,
On lit au vatican rinfcription fuivante , graves
fur une tabis de marbre blanc :
EX !p AUCTORITATE i
TURCI !p APROXIAXI. Y. C. ;
PRAEFECTÍ. URBÍS |
RATÍO. DOCUÍT. UTILITATE. SÜA ^
dente. CONSUETUDINE. mi i
CANDI. SUMMOTA. SUB. EXAGIO ,
POTIUS. PECORA. VENDERE. QUAJÍ í
DIGITIS CONLUDENTIBUS. TRADE
RE. ET. ADPENSO. PECORE. CAPITE ;
PEDIBUS. ET. SEVO. LACTANTE. ET
'SDBJUGULARI. LANIO. CEDENTIBUS
RELIQUA. CARO. CüM. PELLE. ET. INTE
RANEIS. PROEICIAT. VENDITORI.
SUB. CONSPECTU. PUEIICO. PIDE. PON
DERIS. CONPP..OBATA. UT. QUANTUM
CARO. OCCISI. PECORIS. ADPENDAT
ET. EMPTOR. NORIT. ET. VENDíTOR
COMMODIS. OMNIBUS. ET. PRAEDA
damnata. quam. tribunos. OFEI
CIUM. CANCELLARIÜS. ET SCPaBA
DE. PECÜARIIS. CAPERE. CONSUEVE
RANT. QUyE'. FORMA. INTERBICTI j
ET. DISPOSITIONIS. SUB. GLADII. PE
RICULO. PERPETUO. CUSTODIEN
DA- MANDATUR.
Cette óráofinance d’Apronianus peut étre zmfi
traduire : « La raifon S¿ Texpérience ont appris
=» qu il eft de ruriÜté publique de fupprimej !’u-
5» fage de la mlcation dans !a vente des beítíaiK ,
=5 S¿r qu il eft plus-á-ptopos de la faire ati poids ,
que de Tabándonner aux jeux des d^oigts. C’eft
53 pourauoi , aprés que ranimal aura été pefé , la
55 tere /les pieds & le fuif appartiendront au hou-
55 cher qui l’aura tué , habillé & découpé j ce
»5 fera fon falaire. La chair , la peau & ks en-
53 trailles feront aiimarchand-kzic/kr-vendeurqui
55 en doit raire le debit. L exabtitude du poids 8e
=5 de la vente av'ant été ainfi conftatee aux yeux
Í3 áu publk , facheteur & le vendeur fauront
5» combien péfela chair mife en vente, & chacun
55 y trouvera fonavantage. l^zibouckers ne feront
35 dIus expofcs aux extoríions du trlbun & de fes
53 officiers ; & nousvoulonsquecetteordonnance
33 a-it lieii a perpétuké , feus peine de jnort- 55
BOU
Nous apprenons de ce monurr.ent précieux
unecoutume ünguiiére des Romains pourihchat
& la vente de beftiaax & de la viande. Avant
Tordonnance d’Aprcnianus , ces marches r.e fe
faifcient pas au pcies & á la livre, comme chez
les Grecs - mais par la mication. On donnoit ce
nom au jeu bizarre qui eft appelé moarí en Itaüe
& dans nos provinces meridionales. Ceux qui
jouent a lú moure , cacrient une mam ferrr.ée fous
leurs véteraens , & la fortentTubkement teus Ies
deux á-la fois , ou fermée , cu avec piuíieurs doigts
leves : tous les deux difent un nombre qnelconque;
& celui-lá gagne, dont !e nombre exprime á-!a-
fois celui de fes doigts leves , & celui des doigts
leves de fon adverfaire.
On croit communément que la mication fe pra-
tiquoit avec une légére diíFérence dans les marches
á viande: íi la fomme des doigts leves éroit paire,
le vendeur mettoit á fa marchandife le prix quhl
vouloit ; & íl au contraire elle étoit impaire, ce
droit appartenoit á l'acheteur. D'autres penfent
encore qu’un feul des deux contractanslevoit fubi-
tement les doigts , & que Taiitre devoit en de-
viner le nombre , pour avoir le droit de íixer le
prix de la marchandife. De combien de différends
& de querelles une maniere de contracler aufii
bizarre ne devoir-elle pas étre la foarce ? Aufla
croyons-nousqifil faut chercher une autre efpece
de TnicdiioTi ¡ qui ne laiíie aucune inñuence au fort,
8¿r qui cependant puiíTe étre pratiquee a l.aice des
doists y dzgitís cGTííiidtTitibiLs : nous la troiivons
chez les Arabes & dans toutes les Echeiles du
Levant. Les deux conrraclans fe prennpnt une
main , la cachent fous un pan de ieur habit , pour
dérober la connoiffance de ieur marche aux ípec-
tateurs , fe touchent réciproquement un certam
nombre d’articulations des doigts & un certam
nombre de fois ; jufqu'á ce que l'un & 1 autre
foient fatisfaits des fommes repréfentées paj ces
attouchemens. Une pareille micatlon ne d!..ere de
la maniere ordinaíre de contraéter par la parole,
qu’en ce qu elle remplace celle-ci par k touener.
Elle convenoir mieux á des marenésrépetes miiie
fois par jour dans Rome , que teute autre
de micatlon entiérement dépendante du fort. ¡Nous
foumettons cette conjeifture au jugement ues
leéleurs. ,. •
BOüCLE. Les antiquaires donnent ordínai.e-
ment aux boucles antiques le nom ae p 3
imité du mot latín fibuLa , qui deíignoR^piUi-e
ufteníiles & inñrumens com’pris aujoura hm m
celui ¿z boucles. Foyci pour la plupart -e mot
Fibules. Nous ne ferous mention
boucles dkreilles , & de ceiles que. ! on pa^-o
dans les natines des animaux pour les con
Boücle des narines. Les anciens Pj
anneau dans les narine.s des taureaux &. des ' í
pour les conduire & pour fe'’''^'' u® ,
feuvent parlé 'de ces Boucles dans .es ecr.
Oíieatauxj & l'ufage sen eft encore
BOU
¿hct ks Indiens & dans quslques cóntréeS d‘I-
taiis.
Boucles d’oreilles. Les femmes de tous les
peuples anciens ene porté des boucles d'creilies ;
rnais les hommes ne le font parés avec cet orne-
ment , que raremenr & par une recherclie de laxe
que Ies gens fages ont toujours b'ámée. Piine dit
feulement ^ ( xi. 37. ) que dans TOrient ^ Ies
hommes 8c Ies femmes portoient des boucles d'o-
reillesj, úus que Ton trouvár cet ufage plus indé-
cent chez un fexe que chez Fautre : In Úñente
quidem & viris aurum gefiare eo loci {auribus) decus
exiftimatur.
Arrien vient á Tappai de Piine , ( vi. p.Vfjé. )
en difant que Fon dépofa dans le tombeau de
Cyrus, les chofes qui avoient- lérvi á ce prince^
tdles que des coUiers j des fabres , des boucles d‘o~
reilles d’or 6 de pierres précieujes.
L’ufage en fut trés-rare parmi Ies hommes de
2a Gréce & de Fltalie. Apulée parle á la vérité
de boucles d'oreilles que portoient de jeunes
hommes ; Achilie en porte auííi fur un vafe de
terre cuite du vanean ; & Platon.fait mention dans
fon teílament , ( Diogen. Laert. 1. }.fegm. 42. )
de boucles d'oreilies d'or. Mais Xénophon ( ibid,
l.x.ftgm. ^o.J reprochoit á Apollonide ddvoir
Ies oreilles pereces. Alexandre-Sévére tfXízmprid.
e. 41. ) défendit rigoureufement aux hommes
I’ufagc des boucles d^oreilles, que Fhiñorien dé-
ílgne par le mot gemm& , á caufe des pierres
précieufes dont on Ies ornoit : Dicens gammas
viris ujui non ejfe. Enfin S. Augufiin {Epifi- lE
s’eft elevé avec fon zéle ordinaire centre
l’ufage que faifoient des boucles d'oreilleSj les
Lommes de fon liécle , inaures virorum.
Tout ce que nous alfons dire fur les boucles
á’oreiíles dansle rede de cet anide , ne regardera
que celles des femmes. Pocoke ( r. ,1. tabl. ói. )
-a pubjié le deffin d'une figure égtptienne qui en
porte : c'étoit la feuie qne Winkelmann eút vue :
avec cene parure. Le comte de Caylus enapublié ;
•une feconde, dont Ies boucles font aiiifi larges ■
que les joues.
''Je n’avois jamais vu, dit-iL {Eiec. 1. 13-2.) au- ■
cune repréfentation égjptienne ^ chargée de ces
enormes pendans dForeüies dont celle-ci.paroit
«mée 5 ce foñt les mémes dont Plaute difok , en
parlant d'un Carthaginois ;
Videnl homines farcinatos confequi?
.Atque, ut opinar, digitos in manibus non hdbent.
Ag. Quid jam ? iíAl. Quia incedunt cuim ^annulatis
auribus.
li faut convenir que jamais un aureur n’a eu
plus beau jeu pour tourner en ridicule une mode
d Afrique, qui détoit poiat recue dans .le nays
«lu !l habitoit. - ‘
Quant^ aux ftatues gre’cques , on fait que h.
.eíadquités , Teme I,
BOU 4^9
V^cnus de Praxít.éle ¡vjitoit ces boucles íoreilíe's»
1 es filies de Ntobe , la Venus de Mediéis , Leu-
cothoéde la \ üla-Aibani, 8c une beCe tete ideaie
de bufaire verd, confervée au mémeendroit, ont
les oreides pereces. Deux ftatues antigües ont
sticoic leurs boucles d’oreilles travaillées dans le
meme marbre. Ces boucles fo.nt rondes 8c reftem-
b;ent á celles de la figure égyptienne de Pocoke
cité plus haut.^Une de ces ftatues eft á. la Viüa-
Négroni , & ekít une des caryatides qui y font
coníervées. L’autre eft une Pallas que ie feu car-
dinal Paftionei avoit placee dans fon hevmitage ,
chez les Camaldules , prés de Frefcati, & qui
eft pañee en Angleterre aprés fa mort. On voyoit
auffi, á'latnaifon de campagne du comte Féde,
dansia ville d'Hadrien, deux buftes de perre cuite,
avec des boucles d’oreiües femblables.
Buonarotti ( Ojf. fopra. ale, vetri. p. 1 34- ) aíTu-
roit que dans les tnonumgns antigües, les áivmirés
feules avoient des boucles d'oreilies 011 les oreilles
pereces. Mais cette aflertion eft áémentie pat Ies
'buftes d'Ántonia , époufe de Drufus , d'une femme
ágee, qui font dans le Mufeum du capitole, &
par celui de Matidie confervé dans la Villa-Lu-
doviíi.j tous íes trois ont les oreilles percées.
Le contte de Cavius ftiit remarquer avec ratfoa
les tetes des n'^. 5 Se 8 des planches '77 8c 78 chí
tome I . de fen recueil d'antiqukés. Files ne pox-
tent qu’une feule boucle attachée a F-oreiüe gauche.
Aucun auteur n’a parlé de cette fingularité , qui
eft atteftée ici par deux monumens' bien coa-
fervés.
_ La mariére des boucles d’oreilles les plus pré4
cieufes étoit i’or , dans legue! on encháiToit dqs
.pierres précieufes & íur-tout des perles. Le temps
a refpeéié plulieurs boucles d’oreiües ornees de
pierres : en voici les deferiptions qui pourroat
fervir aux artiftes.
Les deux boucles á‘<yctW\cs o.’Herculanum , def-
finées au n°. 3 de la 38«rae planche du 3«me re-
cueil d’antiquités publié par le comte de Caylus,
fo.nt remarquables , fur-tout á caufe de la.branebe
oupoim^on qui décrit une fpirale, & qui, placee
dans F-endroit oú Foreiile ¿roit percée , y fixou ia
boucle Tz F.y tenoit attachée II faut convenir que
cette partiré, étoit en sureté Se qu’elle ne pouvoit
fe perdre ; mais aiiíTi la pointe & le crochet ^de-
voientétre fort embarrafians , & pouyoient rnéme
piquer celle que la mode aíTuiettiíTcit á fa bizar-
rerie. Pour remédier 'á cet inconvénient , on pou-
voit couvrir avec de la cire cette poinre ,_quand
elle étoit placee ; mais, fok que Fon ait pns cette
précaution , foit gu’on en ait pris une autre , il
eft certain qu’ii étoit néceíTaire de recourir á
quelqu’une.
Un grenat , taille en poire Se monte en or ,
fait le plus grand ornement de ia boucle , qui
porte une pandeloque. , , ^
L’autre a la forme d'une feve íres-epanie ou
d’un''<^Í3nd d’or rnaflif ; Se comme teut eft de
Qft<i
45® BOU
inode dans les parures des femmes , ii faut croire i
ournit boucle áont la forma r/s ríen d'attrayant;,
ti dont le poids devoit ctre íorc incommode ,
puifqu’elle porte prés d un pouce & demi de
hauteur, flattoit néanmoins la vaniré de eslíe qui
en faifoit ufage. Les Napolitaines des environs
dei Portici fe fervent encorc aujourd'hui defem-
blables bouclcs d’oreílles.
Le comte de Caylus a donné auííi dans le
Tolume fecond oe fon recueil , au numero quatre
déla planche47- , le deíTm d’une boucle d’oreilles.
Cette petite antiquité , chargée d’une vermeille
taillée en cabochoiij tres-bien ferticj paroit, dit-
il avoir fervi de pendant d’oreilles. Le^petit tra-
vail dont elle eft ornee , eft de bon goutj on 1 a
repréfentce des deux cotes.
On voit dans les Monummti anticki de M.
Guactani, année 1784, deux bouclcs d’oreilks
trouvées avec un collier & une aiguille de tete
dans un tombeau j hors de la porte S. Laurent á
Rome. Elles font ornées chacune d’an grenat
& d’un faphir.
Pour ce qui eft ¿tsboucles d’oreilles garnies de
perles^ ü ne nous en refte aucune, parce que les
acides attaquent cette fubñance , en partie ani-
fnale & en partie calcaire ^ ayec la plus grande
énergie. Mais les écrivains latins nous ont con-
fervé le fouvenir des excés de prodigalité que
ces vains ornemens ont fait commettre. Suétone
raconte ( c. ye. n°. 3. ) que Céfar aima Servilie
mere de Brutus , & qu’il lui fit préfent d’une
perleachetée d^ooo^coo fefterces j 1^3 yojcco liv.
( évaluant á cette époque le fefterce avec M.
PauétoUj á 4fols 6 deniers.) 1 Ante alias dilexit
M. Bruti matrem Serviliam , cui & próxima fuá
fonfulatu fexagies feftertio margaritam mercatus
eft. De-la vinrent les plaintes de Pline & de Sé-
néque. Ce dernier parle de boucles d’oreilles or-
nées de pl ufieurs perks d’un ii grand prix , qu’elles
abforboient chacune la valeur d’un riche patri-
moine : ( De vit. hmt. c. 17. ) Quare uxor tua lom-
fletis domüs cenfum auribus gerit ? & (de Benef.
Til. 9. } ; Video uniones , non fingulos Jingulis
auribus comparatos } jam enim exercitats aures
funt oneri ferendo : junguntur Ínter fe y tí infuper
alii binis fuperponuntur. Non fatis muliebris in-
fania viras fubjecerat , nifi bina ac terna patri-
monia auribus perpendiftent. Pline eft encore plus
énergique dans fes plaintes que Séneque , & il
nous apprend que les dames romaines appeloient
traíales , ces boucles d’oreilles garnies de perles
en pandeloques , qu’elles leur donnoient ce
nom á caufe du bruit qu’elles faifoient par leür
choc. ( 7x. 33-) : Dos , uniones ydigitis fufpen-
dere , & binas ae ternas auribus , foeminarum gloria
eji. Subeunt luxafis, ejus nomina y & tedia exquiftta
perdito nepotatut fiquidem eum id fecere , crotalia
appelLant y ceu fono queque gaudeant ^ & collifi
ipfo margaritarum.
BOU
Les femmes du peuple portoient des bouehs
(foreilles de bronze, relies que nous en ofre
le cabinet de Sainte-Géneviéve, & relies que
Pignorius C defervis p. 410. ) en décrit une garnie
de vertes colores oü de pierres fauíTes.
Boucles de cheveux. Voyeq^ Cheveux. Nous
ferons obferver feulement ici que les femmes bar-
bares font repréfentées ordinairement fur les mo-
numens antiques fans boucles , & avec des che-
veux unis & üffes. II faut y remarqiier encore
que les jeunes hommes portent , comme les jeunes
filies j des cheveux courts & frifés, mais fans
boucles autour des oreilleSj ainfi qu’on le voit
aux derniéres.
BOUCLIER. Cette arme défenfit^ eft , avec le
cafque, la plus ancienne dom il foit fait mentioa
dans íes écrivains. Elle paroít fur les marbres &
le bronze dans les fujets des temps héroiques}
les héros mémes n’y portent ordinairement d’au-
tres armes que le caique , le bouclier & l’épée. Les
premiers boucliers , dont fe fervirent les Grecs £í
qui furent portés par Proetus Sr Acrifius , ( Pau-
fan. Corintk. ) furent trefles avec de l’ofier 5 de-!á
vint le nom hía que leur donne Hefychius. Vir-
gile parte de ces claies fa^onnées en houcliers:
( JEneid. lib. vii. v. 632.
Bleñuntque falignat
Vmbonum trates.
On y fubftitua des ais de bois léger , teis
que le figuier , le faule , le hétre j le peupher , &c.
comme nous l’apprend Pline ^ ( ri. c. 40. ) Mais
la matiére la plus ordinaire des boucliers , fut k
cuir de boeuf ; ce qui les ñt appekr boucliers^ de
cuir de boeufs , ¿ensíbcí ^íuat. On afíembloit a
cet effer plufieurs cuirs avec de lames de bronze.
Le bouclier d’Ajax (lliad. D. 222. ) étoít fait de
fept cuirs de boeuf, couverts d’une lame de
bronze. Celui du fils de Thétis, ( Wfd. r xyo. }
formé de plufieurs cuirs, étoit fortifié de deux
lames d’airain , de deux lames d’étain , & d une
cinquiéme dbr.
Le miiieu du bouclier y ¡ftípaÚ; y
umbo y étoit garni d’une plaque de metal , {P° y
TI. 21.) capable de réfifter aux^rmes des entre-
mis. Cette plaque, appetée kro,K(piAiíi> par »
Grecs, & proprement umbo par les Latins, ero
relevée en boífe , & fervoit á repouíier les co
battans ennemis. ( Martial ) :
In turbam incideris y cunUos umbone repellet.
Souvent on garniiToit Vumho de fils de
rurnés en cercleou en fpirak ; c eíi poii-ft'* .
n trouve dans Ies anciens camps r
ifScile d’aífigner á ces cercles un autre □
ixés au bouclier y i!s rompoient les coi-p
pees & en émoufioknt le trancbant.
B o
Le tinca s’empata bientoráe Vunéo, & lüitianKa
¿iverles 6gures; nous en parlerons plus bas, en
faifant fénuméradon des fymboles qu elles repre-
fentoient. La premiére matiére de inmoo tuc le
fer ; enfuite on le fie d'argent & d'or. \ irgile ,
{Mnúd. X. zji.) :
f^afios ambo vomzt áureas ignes.
De-la vinrent Ies dénotninarions des troupes
qui portoient des boucHers couverts de ces mé-
laux J Argyrafpides & CkryfoaJ'pzdes.
Les bozzeliers ordinairement deux ef-
péces d’anfes dans leur concavité : bune , plus
grande au milieii , fervoit á pafíer le bras , &
Tautre , plus petite vers le bord áu. houclzer , fer-
roit á paífer la main pour le^ reteñir. Les Grecs
les appelérent ou o' > mets qui ne
fe trouvent point dans Homere. On peut con-
clure que ces anfesj ou au moins la plus grande ^
ctoient alors inconnaes.
Les guerriers fufpendoient , avant l invcntion
de ces anfes ^ leurs houclitrs au cou , avec une
longue courroie oü une lame de bronze , appelees
nopjral ou j par ce moveii ils pouvoient
rejeter leurs boucLiers lur le dos lorfqu ils mar-
choient , ou meme les porter fous le bras , fans
délier cetre courroie qui étoit fort longue , &
qui parott fouvent fur Ies monumens etrufqucs-
On voic dilHaótement ces deux anfes^ fur un
tombeau du capitole , dont le bas-reliet repre-
fente un fantaffin combattant une anaazone á
ch “vsl.
Lorfqu on fufpendoit aprés la guerre les bou-
flzers aux voutes des temples j on en detacnoit
les anfes , de peur que dans une fédition , le
peuple ne s'en faisil pour s’armer & fe defendre.
f^oyez AnSA-
On voit dans Efchyle que les guerriers atta-
choient quelquefois des fonnettes a 1 anfe de
leur boudier, añn d^efifrayer les ennemis par ce
bruit imprévu. . • a
Les boucliers des Argiens etoient ronds ; c elt
á quoi on reconnoic Dioméde leur rol , fur les
pierres gravées- Virgile ( Mneid. iiL 636. ) com-
pare foeil rond de Polyphéme au boucher des
Argiens :
Telo lumen terebramus ezcuto '
Irigens, quod torvd fol'umjub fronte ¿atebat ,
Argolzci clypcz.
Les Amazonas ne portent pas traujours fur les
marbres leur pelte ou boucher courbe en Jauix.
Elles font armées d’un boucher rond, fur un bas-
relief de la Villa-Albani , qui reprefente un com-
bar de ces héro'ínes. ^
Les Grecs portoient egalement le boucher fur
l’un oa rautre bras. Heftor etant íur le de
combaitre contre Ajax , fe vafite decette adreíi-.
BOU 4.91
On Toyoit dans une peir.ture antique, dónele
csrQinal Aibini confervoii le detí.n, un giadiateur
de reípéce des ¡riirmiilons, qui portoit fon bou-
etzer fur le bras droit. Un autre giadiateur qui
combar un oiirs fur une pierre gravée du barón
de Stofeh , porte le bouclie’- de la meme mtinicre»
Opoofée á f ufage ordinaire , cetre maniere de
s’en. fervir pouvoir marouer ici radreffe avec
laqueilc le giadiateur faifoit paífer fes armes d’une
main dans f autre.
Les anciens avoient coutame d'orner leurs Bou-
clzers de fymboles ou figures allégoriques , qui
indiquoient les qualités qui leur étoient propres;,
ou qui attertoieiK: l’ancienneté de leur origine Se
la valeur de leurs ancétres. Hérodote dit C/i¿. i. )
que cet ufage fiar introduit par les Cariens.
Le boucher étoit l'arme la plus diftinguée , &
Ies poetes anciens fe plurent á détailler Ies de-
vifes qui ornoient le boucher de leurs héros. Oit
connoít la defeription du boucher d’Achille pac
Domcre , du boucher d’HercuIe par Héfiode , 8c
de celui d'Enée par Virgile : il eft vrai que ces
deferiptions font en grande partie fouvrage de
l’imagination des poetes. Le boucher d’AchilIe
offroit aiileurs un cheval marin , _ pour indi-
quer Torigine du fiis de Thétis. Cétoit une Gor-
gone lan^ant. des regards effroyables , quoa
voyoit fur le boucher dUAgamemnon t celui d E-
téocle, l’un des fept héros de l’expédition contré
Thébes , préfentoit un homme efeaiadant les murs
d’une villej la devife du boucher de Parthenopee,
l’un de ces fept héros , étoit un fphinx tenant un
homme entre fes partes : un amour armé de la
foudre, ornoit le boucher S IT hut. zit
Álczhizzd, p* ^^9" ^ * Aléñelas avoic un dragón
(Pdufan. Pkoc.') fur le fien; Hedor portoit u»
lion , Idoménée un coq , Epaminondas un dra»
gon , Amycus une écrevifle de mer, fymbole dé
la prudence. . 1
La devife du boucher d’Ulyíie etoit un dau-
phin, fymbole qui lui étoit fi particuber , que
Lycophron, fans nommer ce héros , croit le
défigner d’une maniere affez caradériftique par
répithére de b.o.cptt '<¡<¡-r¡p.K. Cetre denominación >
donnée á UlylTe par Licophron , ell junifiee
par le témoignage de Plutarque , qui rapporte la
mPon de ceVhoix. Une tradition reque parmi les
habitans de fifle de Zacynthe, portoit que Tele-
maque étant tombé dans la mer & ayant ete
faiivé par des dauphins , fon pete aymt vouiu
par reconnoiffance, qu’un de ces poiíTons fut
gravé fur fon cachet Se: repréfenre fur ion oou-
""^'seul entre les fepr héros ennemis de pébes ^
Amphvaraiis ae
fon boucher ,x>2Xct que, ds.ent E.chyie 8e: Eun-
pide , i! fe coñtentoit a erre courageux U brave ,
fans ea faite parade. , . . . , ,
Les Tuiets' de Romulus fe fervoient ¿tz hou.
clier rond des Argiens , r¿r7Z!s propremeat oit ,
Q q a
45^ BOU
Sí íe véritable clypeus dont il efí: ñ fbiiyent
parlé dans Ies poetes latins. Nous avons vu plus
haut Virgile comparer du géant Poly-
phéme au bouclier rond des Argiens i nous allons
Yoir le chantre des métamorpho fes- (jrrz/. 851. )
l'appeler clypeus ; de-lá on peut conciure que le
teucHer rond étoit celui que délienoit le met
flypews.
Unum efi in media lumen mihi fronte ,fei inflar
Ingentis clypei.
D’ailleurs le poete Attius { in Agamemirone )
fc comparou au ciei ^ pour exprimer fa roton-
: In. aLtijflmo cceli clypeo temo fuperat flellas.,
Virgüe dit auffi- (^JEneid. il. xzj. )
Clypeique fib oroe teguntur,,
Quanr á la grandeur du clypeus ^ on fak qu’il
^uyroít prefque tout le corps , c’eñ-á-dire^ les
¿pauleSj, le tronc ^ les cuides & les jambes,
comme les coiivrit depuis le bouclier quarré-
long, ScuTüM. Voye-p_ ce mot. Toufe la diff'é-
rence^ quil y eoc depuis entre le clypeus:^ le
IsQuclier rond. de !a cavalerie romaine , appelé
Parií a, ( V cyes¡_ ce mot ) confifia dans la gran-
deur du premier j & dans la petiteíTe jointe á
Ja légéreté du fecond.
_ Romulus , ayant reuní 3 fon peuple les Sa-
Mns , adopta , comme nous l’apprend Plutarque,
^Romul. ) Igiirs boucUers quarrés - longs , _/cafi2
Sff^^rLa y 8c ils devinrent Parme de Finfanteríe.
Tantot le fcutum étoit plat ^ & il repréfentok
alors le '/£^/ay des Grecs; tantot ü étoit courbé en
forrne de tuile ou de canal , & c’étoit alors
celui que les Grecs appeloient hfths
Voici la defcription que Polybe nous donne
des boucUers romains, tant pour'la cavalerie, que
four Finfanterie. ( Ub. 6. c. 4. trad. de Tkuillard. )
« Les haftaires plus avances en age , onr ordre
de porter Farniure complette, ckft-á-dire , un
as bouclier^ convexe, large de deux pieds & demi,
» ( roraains ) & long de quatre pieds. Le plus
a? \ovi% fcutum n’a environ que quatre pieds & une i
* palme ; il efi fait de deux planches collées en-
*> femóle 8c ú efi couvert par dehors jpremiére-
» ment d un iinge , & par-delTus d’ün cuir de
» veau. Les bords en haur & en bas font garnis
» de fer pour tecevoir les coups de taiíle , &
» pour etnpecher qufils ne fe pourriflenE contre
=5 térra. Le con-vexe efi encore couvert d'une
=“ plaque de íér , laquelle pare íes grands coups ,
“ comme de pierres, defarifies & de tout aiitre
» trait vioíent. «>
“ Les boucUers de la cavalerie ( parma ) étoient
« fait de cuir de bísuf, & affek femblables á
« ees. gateaux donr on fe fert dans les facrifiees.
^^“'^^■'^'^^^dtoit d'aucunedéfenfej. ,
^ & s u n éioii aaaak aSkz fsnne nour réiifier |
BOU
« ir Fétoit beaucoup moins lorfque les pluíe.
“ 1 avment amolíi & gáté. « ^ *
Ce paflage indique la raifon pour laquelle nn
ne trouve point de boucUers, dans Ies mo>m
mens mdans les ruines; quand méme ils auroknt
ete abfolument formés de cuivre ^ ainfi qu on Fa
pratiqué _ pendant quelque temps & chez quel.
ques nations. Qts houdiers , touiours mateíaíTés
dans Finténeur, n cnt jamais eu affez d épaiífeur
ni affez de coníífiance pour fe conferver jufqff^
nous; Ceux qui ont été fabriqués avec plus de
folídite, ont fer vi de modele -aux boucUers vo-
tifs, que la fuperfiition & la vanité des hommes
ont fourent répétés, Leur matiére a réfifté aux
outrages du tepips , parce que ne devant point
etre employés á la guerre ^ on ffen a ménaíé ni
le poids ni Fépaiffeur. “
A Fégard du fer done parle Polybe je ne doute
pas que les boucUers de fon temps ne fiiffent
garnis de ce metal , ni que leurs formes & leurs
proportions ne fulíent conformes á celles qufil
décrít, Mais comme il efi conñant que fur ces
pomts méme, ily a eu de tres-grandes varietés,
on doit croire que Fon a fait aulTi ufage du
cuivre^ dans les pays ou il étoit plus commun.
Ce metal avoit lámeme utilité que Fauteur donne
au fer ^ & Ies lames en étoient plus légéres.
Si les cercles de metal dont nous avons parlé
plus haut, ont fervi chez les romains á décorer
les boucUers ou á leur donner plus de défenfe ,
il n á pas été poílible de les employer autremenc
que pour marqiier le milieu de la partie convexe ,
fur-tout dans les pays ou les arts moins connus
ne donnoient pas la facilité de charger les bou-
clier s éz peíntures ou d'autres ornemens plus &-
yans. II efi au moins confiant qa'on les embel-
liffok d" an cuivre tres-minee 6c trés-léger . comme
plufieurs boucUers repréfentés dans des bas-re-
hefsj Sí fur-tout fur le pié-dkftal de la colonne
trajanne , fembleat Findíquer. ( Caylus x. pl. pj.
««.3.)
11 ne paroít pas que les Romains ayent adopté
la Pelte des GrecSj . V'oye^ ce mot) ce bouclier
.courbé en forme de croi&nt ou de faulx , qui
efi un des attributs paincipaux des Amazones.
Les troupes auxiüakes tirées de la Crece ; de
1 Efpagne & de FAfrique , confervérenr feules
dans les camps romains Fufage de cette arme
particuliere. Qnant au bouclier couvert de peaux
garnies ne poils , appelé Xxxrluót par Homére
{lUad. E. 4J2. ) j il iFen eff fak ascune mea-
tion dans Ies auteurs latins. C^étoit f'ns doute un
relíe des armes grefliéres qu’etnployoient encore
Ies Grecs au ñecle de la guerre de Trove.
Les Romains rcijurent des Grecs Fufage de
charger les boucUers de fvmboles 8c d’ornefnens.
Comme eux , ils y gravéreut Ies haiits faits de
iesjrs ancétres. Virgik skft conformé á cette pM-
tique dans la defcription d’ua bouclier (Mtndá^
7. ■
BOU
Clypeoqus iíijigne paternum ,
Centiímangues ¡ cinñamqui gerit ferpentiius hydram,
Souvent on voyoit brüler fur leurs boucliers
les images de leurs ancétres. Silius le dit du bou-
tlier de Scipion rAfricain ( 17. 401. ) :
Terribílem ofientans clypeum , quo patris & una
Cílarat patrui [pirantes pr&lia dirá
Efigies.
lis y faifoient graver aufli leurs propres exploits.
Hirtius (Bell.Hifpan. c. 2.5.) : Ciim ad dimicandum
in planitiem fe contulijfent , fcutorumque laudis
infgnihus pr&fulgens opus c&latum. Ils y attachoient
les chaínes d'or 8e les autres dons militaires qu'ils
avoient requs de leurs chefs.
Chaqué legión portoít des boucliers peints ,
d’une couleurparticuliére, & chargés de fymboles
qui fervoient á faite diltinguer fesdégídnnaires de
ceux des autres légionSj reís que le foudre^ une
ancre 3 un ferpent , &rc. On ajoucoit a ces fym-
boles les íignes diíiindtifs de chaqué cohorte , Ies
noms dii général , du centurión '& du foldat au-
quel appartenoit le bouclier. (VégecCj il. 17).
¿es marques étoient néceiTaires pour que chaqué
foldat pút reconnoítre fon bouclier au premier
iignal ; car on les dépofoit dans une tente-, ou
dans un magaíin particulier ^ d’oú il étoit défendu
d’en fortir aucun fáns f ordre- exprés des chefs.
De-lá vient que les écrivains latins ayant á peindre
un camp & une troupe fu^pris , difent toujours
que les foldats étoient fans boucliers & fans
épée.
Lorfque les anciens étoient atraques dans un
moment oú ils n’avoient point de boucliers , ils
rouloient autcur de leur oras gauche, les foldars
}eur habit des camps , fagum , les citoyens leur
toge; &c ils roppofoient comme un bouclier ray.
coups des ennetnis. Tacite (iízjf. lu 32. 5-;. Tite-
Live 16) Céfar {de Bell. Civil.^ i. 73.) rá-
cente auiTi que fes foldats ayant été fans arme
dans le camp d’Afrantas pour une eonference,
fe virent atiaquer en trahifon par la cavalerie
d’Afranius, Se qu alors i!s ótérent Xt'xzfag-im pour
s’en former autour du bras une efpéce de oou-
cUer : Dextras. in reperúao pe iculo fugis inyol-
vijfe , atc.ue ita glaúiis j-j} '’3is jé a cetratis [i
equitibus Afranii defenuzjfe. C elt ce rue Nonius
(iI. 147.) appeloir clupeare brackium chlamyde.
Les peintures & les autres ornemens des bau-
cliers exiseoient un foin particuher pour leur
confervarion. Cdeít pourquoi ¡orfeue les foldats
étoient dans le camp , ils les couvroíent
des étüís de cuir, qui Ies mettoient a 1 abn des
chocs & des frottemens.
Ces foins pour la confetvation díXí bouclier naif-
foient encore d’un aiitre principe plus ^releve.
Cétoit ''opinión commune es (íiees ic ues B.o-
B O U 405
tnains j qu*un foldat etoit deshonoré, lorfqu’il le
eniever ou loriqu'ii abandonnoit fon bcu-
ciier fur le c.namp-de-bataille. ifocrate ncus l’at-
teue dans^ fa iaarangue fur la paix. Cetre raute
rnilitaire étoit punie de mort chez certains peii-
pies de la Crece 5 Se Ies Lacédemouiens chaííerent
Qe leur vilie le poete Archiioque, parce quhl
aVOlí Ciit GEnS IvS VCTS V2,Ícit TGlwUX
fes armes que la vie. Horace avoue {Od. il. 7. 9-)
quii avoit honteuiement abandonné fon bouclier
pour fuir á la bataille de Pniiippes avec Pómpelas
V^arus ;
Tecum Phillppos & celerem fugam
Senfi relicta non berde parmula;
Cum [raña virtus , mincces
Tiirpe folum tetigere mentó.
Les Lacédémoniennes faifant leurs derniers
adieux á leurs fds prés de combattre les enne-
mis , les armoient, & en leur donnant le bou^
clier , eiles leur difoient , í' rav , í Iti'í tos : rap-
porte cette arme ¡ ou [oís rapporté fur elle. Apoph-
tegme qu'Aufonne a délayé dans ce diltique,
(Epigr. 24. L.) :
Mater Laesma cliypeo oharmans flium ^
Cum hoc , inquit , aut in ko.c redi.
Pour entendre cette exhortation laconique , il
faut connoitre & le préjugé fur Tabandon du
bouclier que nolis venons d’expofer, & Fufage oii
étoient les anciens d'empo.rter du champ-ds-ba-
taille les morts fur leurs boucliers.
C'eíl, ainli que le corps de Laufus eíl rapporté
dans FEneide'C-x. 841.) :
At Laafum focii exanimem fuper arma ferebant.
Ainíi eíl rapporté Atj^s mourant, dans laThé-
. balde ( VIH. 637. ) :
Talla fañabant : [ahito cum pigra tumulta
Expavit domas & multo [adore receptas ,
Fertur Atys ,[ervans animamjam [angaine nullo ,
Ciü manus in plaga , dependet lánguida cervix.
E.xterior clypeo.
Boucliers votifs avec ou fans postran. L'hon-
neut que les anciens attacíioient a ^ confets^er
leur bouclier , les a d aborü engages a pre-enrer
cette atmure défeníive a la oivínite , aprés en
avoit dépoiiiilé l ennemi. Cette arme étoit d'ail-
leurs la plus .'pparente , quand ehe Ci-oit appen-
dúe dans les temples ou dans les üeux pubíics.
Il n eft done pas etonnant que cet ufage ait été-
il long-temps praticue , & que les íl®naains
Fayent err.pruntí des Crees. ^
La vanité & la fuperí.ition s'emparerent en-
üike de cette piaribus ^ la fQ-a.Ti¡i;ept a k-uts-
45.4 BOU
rravers. hint conierverén: qu’á peine !e fonvenir i
de fon premier principe. Les boucliers qu’on ;
oft'iir cansía fuire' des temps, confervérear , ii
eil vr^i , la forme circulaire j ils etoienr. com-
poíés des plus riches métaux^ &: travaiüés avec le
plus grand'foin ; mais Fennenrii ne Ies avoit ja-
máis portés- Ii paroit que le marbre a été ein-
ploré a ce méme ufagej mais Ies boucliers votifs
de certe matiére font trés-rares, méine avec des
bulles oij des portraics. V oyei^ Clupeum.
On appendoit les boucliers votifs dans les en-
droits publics & dans les édifices confacrés
dicux, foit qifils fuíTent publics j foit_ qu ils
fiíTent partie des édifices particuliers. Pline dit
qu Appius Claudias confacra le premier á Rome
des boucliers votifs , Tan 259 de Rome; Saorum
clyveos in fuero , vtl publico loco privatim dicare
primus lUfiltuit jáppius Cluudius y g^uí confuí cum
Servilio fuit, anno ah U. C. 259. Pofuit enim
in Belloní sde majores fuos y placuuque in excelfo
fpectari , & títulos konorum legi. Decora res ,
utitpte f liberorutTi turba parvulis imaginibus ceu
nidum aliquerfi fohoiis pariter ofiendat : quales
íiypeos nano non gaudens favensque afpicit. (3J.
3. ). Par les mots titulas konorum , Pline indique
les inferiptions que Pon pla^oit fur les boucliers
votifs ou au-deíTous , & qui apprenoient les
aoms de ceux qui les offroienty & de ceux en
l’honneur defqueis on les confacroit. C eft ce
que nous apprend ( de legut. ad Caium, p. )
Fhilon, lorfqu il décrit les boucliers votifs offerts
par Pilare en Thonneur de Tibére dans le- palais
d’Hérode , & qui, fans étre chargés d'aucun por-
trait , étoient accompagnés d’une infeription ap-
peiée tituLus par les Latins. ^ ^
Les ediles P. Claudias & P. Sulpitius Galba ,
fireiit fabriqiier , avec 1 amende á laquelle ils
avoient condamné les marchands de bled mo-
nopoleurs y douze boucliers dores , & les pla-
tférent dans le capitole. Ge fut auffi dans le tem-
ple du capitole, au-deíTus des^portes , que Q.
Marcius attacha le portrait d Afdrubal ^ qu il
avoit trouvé parmi les depouilles des Cartha-
ginois vaincus en Efpagne. Ce boucUer votif
périt dans le premier incendie du capitoje.^
Ces confécrations des votifs ctoíent
accompagnées de cérémonies religieufes, de jeux
& de fefrins publics. Nous Tapnrenons de plu-
íieurs inferiptions a-ntiques, & fur-tout de la
füivante ( Gruter. 441. n. y.):
Í-IESTORI
AUG. NEPETE
HIC. lUDOS. FECIT.
’ £T. DEDiCATIONE
STATUAE. PATROMI
QUA.M. IPSE. POSUIT
BT. CLYFEí- SUI. ITERÜM
MUNICIP13US. NEPESINIS
EPULU.«. DEDIT.
BOU
Ce feroit ici le üeu de parler du bouclier d»
SciPiON y ( Voye:^ ce ¡r.ot. ) qui eíl cenfervé á !a
bibüo cheque ;du Roi. il feroit un véritable bcu-
clier votif, s'il repréfentoit la continence de ce
héros ; Winckeimann refufe d'y reconnoitre
beau traít de la vic de Scipion. C’eíl pourquoi
nous n en ferons meiition qu’a fon amele parti-
culier. Nous n’avous pas la méme raiíon pour
taire un fecond bouclier de la meme coíieclíon ,
qui eít d’argent & prefque de la méme grandeur.
Ce bouclier paroit étre votif. Il efl: ^rond & ne
porte d’autres figures que celles _ d’un lion &
d'un palmier fculpté dans fon vaiWtn , in umbone.
Le rdle du champ eíl rempli par des traits d’or-
nemens vagues & ináéterminés.
Voici u» exemple de Fufage des boucliers^ vo-
tifs , coniervé en Angleterre long-temps áprés
les Ron?;.:ns. Aedu-wen mea gageky. O Drihten
drikten kt^e a W'xrie tke me kire oet ferie buton
hyomefellt kire agenes willes. Cette infeription
danofaxone eíl gravée fur !a circonférence d'ua
bouclier d’argent j Hickes ( Diferí, epiftolaris.
p. 187. i88.) Fa traduite ainli en latin : O Do-
mine , domine , illum femper dtfende , qui me fecum
circumgejiaverit .* ilit vota fuá conceue. Ce ¿avant
Anslois nrend ces paroles pour une forre d en-
char.tement magique , & avoue qu il n entend
pas les trois premiers mots. Mais en Ies rappro-
chant de ce qu il dit dans fa grammaire ( voL i.
p. 95.9 francothéoílique, on peut leur faire figni.
íier ; Pduven m a gagne dans le combat-
Ce bouclier fut découvert en Angleterre fur
la fin du demier íiécle , avec cinq anneaux d ot
d'un grand prix , cent piéces d argent^ frappees
fous le régne de Guillaume-le-Conquerant, &
un plat de méme métal. Hickes conjeélure que;
ce tréfor aura été caché en terre par quelqu»
feigneur Angiois qui , fouSfant impatiemment I»
domination du monarque normana, fe fera^^re^
tiré dans les marais de Fiíle d'Eü , apres s «tre
revoleé contre fon fouverain.
Les Romaias appeloient clupeum m
en bronxe ou autre métal , qui étoit roña , K
que Fon confacroit dans Ies temples. TI faut !•
diftinguer du clypeus , lorfque celui-ci fignifie ua
bouclier dont il avoit la forme. Les portraits des
empereurs qu^’on attachoit aux _ ^ *
taires depuis la poinre jufquau milieu de lahalte,
étoient des clupeum. On convient cepenoant q^
Fon confondit quelquefois les ae-ax.mots.,
qu’ils furent employés indifferemrr.ent pour ex
primer ces efpéces de médaillons.
On trouve dans Ies magaíins du cabinet de
Porticiy une grande quantité de petits buíres ea
bas-reiiefsy appliqués fur des champs
comme le feroit celui ¿Lun bouclier : ces ^
pouvoient étre attachés centre "un ^
quelqa’autre endroit , par le moyren dan cr^"^
pon qui y étoit fcellé ; & leur reffernbiar.ee av
la figure d’un bouclier les faiioit appeler clupe-
BOU
Oh en tronre qai repréfentent des tetes d’empe-
reurs & d’ircpérstiices ; & Ton en voit áeax
enrr’autres , mais en rrrarbre & de grandeur na-
tureüe , dans la vigne Altien , & ua dans le ca-
Une infcription grecque nous apprend que Ton
faifoit graver fur des médaillons les portraits
de ceux que Ton vouloit honorer. On j lit :
TPAnTANTE EN OINQ EN KPISQj un porírazt
pelnt oa gravé fur une arme en or. Cette arme
devoit étre un beuclier , fcutis , dit Pline( 3 5.
í. 3.) qualibus cpud Trojam pugnatum efi , con-
tinebantur imagines i jinde & nomen habuére cly-
peorian.
Les Romains adoptérent cet ufage ; le Sénat
décema a Claude-le-gothique un bouclier d’or,
fur lequel étoit gravé fonportrait, dit Trebellius
Pollion : Clypeum aureum Senatus toíius judicio
in romartd curia, collocatum efi ^ ut etiam nunc -vi-
detar exprejfa thorace vultús ejus imago.
Macrobe {Sat. I- 3- ) appeloit ces portraits
fur des médaillons , clypeats. imagines & il rap-
portc á leur fujet un bon-ttiot de Cicerón qui ,
vovant dans une province un grand portrait en
bulle de fon frére Quintus qui en avoit été gou-
yemeur , & dont la taille etoit au-deflous du
mediocre , s’éctia : la moitie de mon frere eft ici
plus grande que ne 1 eíl fa perfonne entiere :
Ciim in ea provincia , quam Q. Cicero frater re-
xerat , vidifiet clypeatam imaginem ejus j, ingen-
tibus lineamentis ufque ad peñus ex more piBam
< erat autem Quintus ipfe fiatura parva) ah :
frater meus dimidius major efi quam totus,
Bouclier de Scipion. Voye^ Scipion,
Bouclier fur les médailles.
Les peuples du Péloponéfe gravoient fur leurs
loucliers la premiére lettre de leurs . noms , afin
de fe diftinauer dans Ies combats. lis ont fuivi
cet ufage fur leurs médailles , car on n p voit
fouvent qu’um monogramme formé par les deux
premieres lettres de leurs noms.
Bouclieh Béotien far les médailles. Ce bou-
dler eft oval , avec deux échancrures vers le
milieu. On en vO'it un fculpte dans íes ridnes
du temóle d’ApoIlon a Amyclee ; il eíl grave
for les médailles des Béotiens ^ des Thebains ^
de Tanagra , de Thefpis-
Bouclíers fur les fceaux.
Dans les médailles poílérieures aiix Antenms ^
lien de plus ordinaire que de voir des empe-
reurs teñir de la mafti gauche un boucher orne
de diverfes Saures , & du monogramme de
J. C. depuis Conltantin. Le boucher marque ici
la oroteclion que les princes doivent a leurs
fuj¿ts. il fut place par la mema raifon fur
cuélqiies fceaux de Louis- le- debonnaire j, de
CharUs-le-gros & de Loáis VIL On le volt or-
dinairement dans les fceaux des empCiCurs --íí-
lemagne , depuis Conrad I jufqu a Othon i , &
dans ceux des grands'feigneurs de Languedoc ,
BOU 405
de Bretagne Sr de Lorraine. Heineccius a décrB
les diíxérentes formes de cette arme défenfive-
Ce favant obferve qu’on l’attachoit au cou avec
une chaine on une courroie j pour ne le pas
perdre dans le combat. II ajoute que la variété
des images Se des peintures dont le bouclier étoit
orné, a donné naiíTance á Técu dans les ar-
moiries & á tout i’art héraldique. ISouvelle diplo-
matique.
BOUGIE. Quoique les anciens fe ferviífent
habituellement d'huile cour s'éciairer pend.’nr la
nuit , comme nous ratteílent rimmenfe quantité
de lampes antiques découvertes en tous Iieiix,
& les beaux candélabres d'HercuIanum deftinés
a porter ces lampes ; il eíl cependant certain
qu’iis employoient auíG la cire au méme ufage ,
& qudls fe fervoient de bougies. Plante y faic
allufion ( CurcuL i. 15?. ) •
Tute tibi puer es , lautus luces cereum.
Martial en fait une mentioa expreffe dans le
vers fuivant ( xix. 42. ) r
Hic tibí nochurnos prsfiahit cereus Ignes.
Plutarque ( Qusfi. román. 3.) dit que les fiam-
beaux portés dans la cérémonie du manage
par des enfans ayant pére & mere , étoient de
cire. Les flambeaux qui bruloienr dans les facri-
fices & autour des cadavres, étoier.t auifi fairs
avec de la cire étendne fur des cordes cu fur
des feuiiies de papyrus. Kous 1 apprenons de
Servius ( JEneid. v. 731. ) ; Funalia a funibus ,
qui intra. ceram funt : kos ante ufum papyri cera
circumdatos habebant. Suetone { 3ul. 84* n. 6, )
dit que deux faélieux brálcrent un cercufil avec
Ies torches allumées qui l’entouroient : Lehum
repente dúo quidam giadiis fuccincti fuccenderuut
ardentibus cereis. Mais ce n’étoit pas feulement
des torches de cire’ dont on faifoit ufage dans
les funérailles , .on y pcrtoit auíli des tOiChes
de bois réíineux , appeiées_ proprement faces.
pourc|Uoi Sénéciie rcunit tou)ours ces deux
combuílibles , cerei &c faces , lorfqa il parle ¿es
funérailles ( Epifi. 122. ) : Ifii miki defunBorum
loco funt : quantulum enlm d Junere abjunt ,
auidem acerbo^ qui ad faces G? cercos vivuntl 12
c de Tranquill. c. il. ) toties in vicinia mea con-
clamatum efi i teñes xrsterjimen immaturas ex-
feauias fax cereujque prsc-gi:. Jtt {de Brevit. vií.
c ^20 I ut mehercule zfiorum fuñera , tanquam
minimim vixerlnt , ad faces & cercos ducenda
■^^ Le cruel Néron aioutoit a la rigueur des
ruppikes cuii faifoit infiiger aux cnmj^e.s , .a
dériílon la plus revolante, lí le Icrvoit ee ces
malheureux pour s’édairer pena.ant p^nuit ea
vuife de torches ; ckíl-a-d;re , qu aprej ;es ..vo..
doués áuíJ poteau, on les revetüioií done
49<^ ■ B o U
tunicue de ’papyrus endaite de ore , á laquelle Ófl
metroit !e feu. Tache nous a tranfinis le fouvenir
de cette horrible cruauté ( AnncL xv. 447. } :
p creanúhus addita luáibria , ut ferarum tergis con-
teñi , la?izdtu canum interirent , aut crucihiis ajfixi ,
aut jiammandi , atque ubi defecijfet dies, , in ufum
nociurni luminis uterentur. Ce farouche tyran
édaira un jcur !e peuple romain aíTemblé dans
un amphithéátre avec ces feux abominables ,
comnie nous Tapprend Fancien rcholialle de Ju-
vénal {Sat. l. jj. ) : Tigellinum Ji Uferis , vivas
ardcbis ; qumadmodum in muñere Neronis vivi
'arferunt , de quibus Ule jujferat cercos fieri , ut
lucerent fpeñatoribus , cam fixa ejfent illis gut-
tura , ne fe curvnrent. Ñero maléficos hom.ines
teda , & papyro , & cera fuperveftzebat , & fe ad
ignem admoveri juhebat ^ ut arderení.
■ Les Romains s’enroyoient en préfent pendant
les faturaales , des bougies que Fon allumoit fur
les autels de Saturna. Ces bougies tenoient lieu
des vióiitnes humaines que les premiers hommes
oírroient au pére de Júpiter , lorfqu Hercule leur
expliqua Foracle fuivant , par lequel i!s croyoient
que ces aíFreux facrifices leur ¿toient com-
mandés :
K«í aa'-j ^ tZ xarfi ■xig.iftxz q&rct.
Le héros leur fir entendre que le mot qtlrx , déíi-
gnoit des ainíi cue ¿es korr.mes ¡ & que
par conféquent ils pouvoient fubftituer la pre-
miére oíFrande á lá feconde. Macrobe ( Saturn.
I. -j, & u. ). .
BOVIANUM, dans le Samnium^ aujourd’hui
Bo'iano.
M. Pellerin atribue á cette ville, deux iiié-
daHles -d’argent avec des legendes étrufques , &
an boeuf couché aux pieds á’un hommé cafqué
& armé.
BOLTLLOIRE. On volt au cabinet d’Hercu-
lanum un vafe de cuivre deñirié á faite bouillir
del’eau^ lequel reíTemble beaucoiip á nos bouil-
loires á thé. Au dedans du vafe , il y a un cylindre
d’environ quatre ponces de diamétre , avec un
couvercle mobile , dans lequel on jette du char-
bon ; de maniere que la cendre peut tomber
par des trous pratiqués dans le fond. Dans Fef-
pace réfervé autour de ce cylindre ^ on faifoit
paíTer Feau par le moyen d’une efpéce de perit
entonnoir cui s’y trouve foudé. On a auífi trouvé
de fembhbles vaiSeaux brifés, dont le cylindre
étoit garni par le bas^ d'une grille dañinee á laiífer
pafferla cendre & faite de maniere que les barres
du gril font creufes , afin que Feau ¡ par ce moyen
puiíTe csrculer toüC autour du cylindre. Le robinet
de ces iouilloires eíl un peu élevé au-deíTus du
niveau ou plan fur lequel on les pole^ dans le
deíleín de reteñir Feau lorfquTlle a fait un dépót.
Le liiTiori blanc ateaeñé aux patois de ces vaif-
íeauS; eít une preiive de Fufags aaquei lis c-nt
BOU
fervi ; 8z Fon fait qu'il y avoit á la cour d’AuguSe
une perfonne deíhnée umquement á avoir foin de
la boiíTon faite avec de Feau chaude. ( Spon.
MifceL p. 2c6).
BOULANGER. FbyeyPAiN des anciens.
eotah' fur Ies médailles des villes , en dé-
figne le confeil ou le magifirat , comme on'Fa|>.
peüe aujourd'hui dans plaíiears provfinces. Mais il
ne déílgne pas le'fénat de RomCj qui eft appelé
s-3ix.>Ar«r fur les raédaiíles.
BOrAEYTAi'j fénateurs des villas (Rotne escep-
tée) ou decurión. Lucien f Gymnaf.) appelle ainíi
les aréopagites ; & ce nom fut donné auíTi aux
decLirions qui formoient le confeil des viiles mu-
nicipales. Ce nom ne déügna jamais chez les
auteurs grecs un fénateur romain, <r'j'/x?,>¡Tíx'> y
mais toujours un áécurion des villes municipales,
qui faifoienr les mémes fonóiions dans ces villes
que les fénateurs á Rome.
botaetth'pion , ou 'Zaúacísr , curie, lieu d’af-
femblée du confeil municipal. Cn a quelquefos
déílané aufli par ce nom , la baíilique ou les
juges d'une ville rendoient la juñice au peuple.
C'eft dTin bátiment de cette efpéce que parle
Pline ( 36. c. 15.), fous le nom de Buleutirion.
On le vovoit á Giziaue , & il .tfentroit que du
bois dans fa conñruéiion , fans aucune piéce de
-fer y enforte que Fon pouvoit en réparer une
partía fans déranger les autres : Cyfici & huleu-
teriQp. vocant sdificium ampLum ,fine ferreo clavo y
ita. difpofitá contignatione , ut eximantur trabes
fine fulturis , ac reponaníur.
BOULJANUS. C’étoit , felón le pére de Lon-
gueval , Í-Hifioire de ¿’églife gall. I. p. “Ue
divinité adorée a Alantes en Ereragne, ou elle
avoit un temple fameux qui fut abitta , comme
on le croit, vers Fan 319, fous le régne 8c par
Fautorité du grand Conftantin. “ II y quelque
” temps , dit ce Pére , que Fon trouva á Nantes
» une infeription en Fhonneur de cette divinité,
” conque en cés termes; ” numini aucustor»
DEO EOOLJANO M- GEMEL. SEGUNDOS ET C;
SEDAT. FLOROS ACTOR. VICARIOR. PORTENS.
TRiBüNAL. C. M. LOCiS EX STIPE CONLATA
posüERüHT. « Cene infeription a beaucoup
” tourmenté nos favans. Nous croyons que ce
53 dieu Buuljanus eft le méme que le dieu lanas
" des Latins, au nom duquel on ajouta le non*
” celtique ¿oa/, qui íignifie^Téir. Ainíi Bouljanus
3» fera le Janus du monde. On aftiire en effet
’3 qu'une ancienne figure de ce dieu le repre-
” íentoit á trois faces j.pour íigrdfier fans doute
33 les trois parties du monde qui étoient alors
» connues. Bou! íigni'fie encore chez les Brerons
== un giebe. 33
Toute cette explícation du P Longueval,
malheureufement fur une infeription mal copiee i
& le dieu Bouljanus eft un dieu imaginaire. Aoici
ia vérirable infeription: numinibos. aijgüstor-
DEO«
BOU
D£0. VOt. JANO. M. GEMEL. SECUNEUS. ET C.
SEDAT. FLORüS. ACTOR. VICAKOR. PORTENS.
tribunal. C. M. LOCiS. EX. STIPE. CONLATA.
posuERUNT. Elle fut faite pour apprendre á
la poílérité que les habitans de Nantes avoient
confacré leur tribunal aux dieux des empereurs^
c’elt-á-dire j á Júpiter & á Apollen , máis aprés
avoir invoqué Janus , felón Tufage ^ afin que leur
■oftrande parvínt par fa médiation aux dieux de
l’empire. == Aux dieux des empereurs : de Tagré-
nient du dieu Janus : M. Gemellus fecundas &
C. Sedatius Florus ^ avec Targent de la contri-
bution , ont bád dans la place du commerce le
tribunal des habitans du port”. {Alémoire de Lia.
du. P. Defmolets.) »
BOURDON. Notre bourdon ou balTe répond
á la note que les Grecs appeloi Snt 'srpoo’Xa.uQcí'ic^AifG?.
cc Cette efpéce de bowaon des anciens foutenoit
le chant ^ en faiiant fonner roécave Sr la quinte.
La quarte s’y trouvoit aufli par la fituation de
la corde du miiieu , comme on Tapperqoit aifé-
Hient. Au refte les anciens ne nous ont rien laiílé
par écrit fur ces bourdons. n M.. de CaftilLon
fils.
BOLRGEOIS. yoye^ Citoy^n.
BOÜRGEOISÍE. Cité.
BOURREAü. Voye^ Exécuteur déla haute-
juftice.
BOüRSE d'argent. Voye:^ Follis.
BOURSE , lieu oú s’alTemblent les marchands
pour traiter des aíFaires relativos áu négoce. II
y avoit á Rome des baliliques deftinées á cet
ufage. On a été plus loin : on a cru & affuré
qu ils y avoient une bourfe proprement dite ,
bátie Tan 259 de la fondation de Rome, fousle
eonfulat d^Appius Claudius & de Publius Servi-
lius. Ceux qui ont eu cette Opinión , ajoutoient
que les reítes de cette bourfe , appelée collegium
mercatorum, formoient une partie de la Loggia
moderne, la loge íituée aupres de la place de S.
George. Ils fe fondoient fur le paíTage fuivant
de Tite-Liye : certamen confulibus inciderat uter
dedicaret Aíercurii ídem. Senatus a fe rem ad po-
pulum rejecit : utri eorum dedicado jujfu populi
data ejfet , eum precjfe annons. , mercatorum colle-
gium inflituere juffit. Faifons remarquer ici que
dans la bonne latinité , collegium n’a jamais
déíigne un édifice, mais une communauté d'ar-
tifans , un ordre de prétres , &c. de forte que .
Ion ne peiit ici lui faite lignifier une bourfe. Le
fens de ce paífage eft done que les negociaos
fcent incorporés & formes en compagnie fous
ja proteclion de Mercure , & que Y&des de ce
dieu fervit aux facrifices particuliers de cette
Corporation.
B O U S T R O P H É D O N E. Commencer les
’gnes de droite á gauche , & les conrinuer alter-
hativement de gauche á droite ; voila ce que
Crees appelo’enr écrire /SíVffifíJo?, Cette
‘áütiq^uités ¡ Tome I,
BOU 497
expreííion caraéicrife parfaitement bien une
ecTiture dont le propre eíl d'imirer Paílion du
laboureur qui , apres avoir tracé fon premier
lillon, en forme un autre á cote, & pourfuit de
la íqrte fon^ travail , jufqu a ce qu^il ait achevé
fa tache. Ainli les lignes impaires de cette écri-
ture font dirigées vers la gauche, & l¡s paires
fe portent vers la droite 5 ou bien on fait préci-
fément tout le contraire.
Paufanias, (Aó y.) decrivant les monumens
érigés á Oiympie par Ies Cypfélides , en repré-
fente Ies inferiptions comme écrites en lettres
antiques, dont les unes vont tout droit. ra
‘-'•‘drc! k'jrii %xi¡ xiifara i les autres font ea
écriture quon nous permettra de nommer
bouftrophédone , pour éviter les périphrafes,
ahXa 'ysafiÍTm Mue-fiíp!¡¿'c) xaAaoj-i»
Dans cette écriture, on commence la feconde
ligne au bout de la piemiére , ¿í'77<> Tfly
TgÚ £55-íiyí* fTTCiit TO LcS IoÍX
de Solon {Suid. Harpocr.) furent ainli écrites.
Tel étoit Parrangement qu^on donnoit pour l’or-
dinaire aux lettres des plus anciennes inferip-
tions.
I. Que Ies Grecs , avaht rinvention de leur
écriture alternative , ayent , á la maniere des
Orientaux, formé toutes leurs lignes de droite
á gauche i c'eft une opinión tres-probable , &
qui s^accrédite de plus en plus parmi les anti-
quaires. Si Pon en croit Spanheim dans la pre-
miére partie de la feconde {Edit. Londin.p. no.)
de fes differtations fur Pexcellence des médailles,
les SiciÜens avoient appris des Phéniciens á écrire
de droite á gauche ; c’eíl un ufage qu'ils ob-
fervérent , & dont il refte encore divers monu-
mens. Piuíieurs de leurs médailles ont les inferip-
tions tournées de droite á gauche , & méme
queiquefois des lettres renverfées de haut ea
bas. La Sicile fut , nous dit-il , oceupée li long-
temps par Ies Carthaginois defeendus des Phéni-
ciens, quhl n’eít poinr de pays oü Pon découvra
plus de veíliges littéraires de cette nation. II cite
tout de fiiite une médaiüe d'Ephéfe , dont Pinf-
cription eft difpofée dans le méme fens q.ae
celies des monnoies íiciliennes apportées ea
preuves. Comme il eít sur qu'au íiécle oü cette
médaille fut frappée , Ies Ephéíiens n’écrivoient
pas de gauche á droite', il en prend occaíion
d^avouer que ces renvetfemens de lettres ont pu
arriver par la faute des monétaires , & que de
célebres antiquaires , comme_ Trillan , fe font
trompes, pour n'avoir pas fait cette attentioa.
Mais la méme folution étoit appncable aux
monnoies de Sicile 5 &, pour cqnftater 1 ufagq
ou Pon étoit áy écrire de droite á gauche,
il faudroit , ce femble , des monumens d une
autre efpéce que des meáailles.^
Q'uoique certaines légendes des médailles de
Siciie tournées de droite. á gauche , ne foient pas
des garaas súrs de Pufage 014 Pcii étoit d'y dü
B rí
438 BOU
porei ainí récránte, d'.es oíiiront «P;" .*”'
quelques degrés de vraifembiance en la
M. Muraron! en adoptant {ISov.Tkef. L i- Jl'-
les notes du barón de la Baftie , eft cení
adopté ce fentiment. ... . rnutient
Mais quand racadémicien framjois /
(ibid. col. que cette maniere d’écrire -
fiftoit encore aprés le íiége de Troye ^ ^
le nom d'Agamenuion étoit écrit de *
gauche au bas d'une de fes ftarues 5 jgj._
eonféqilence quhl n'eíl pas fi facile d <i Q^=Qn
Comment en eífet conclure d’un feul mot »
ccriv'oit encore de la forte des pieces
ou méme des inftriptions de pluueurs ^
dans un temos auquel Técnture /r¿g gj!
comraen^ant de droite á gauche , etoit p» ja
coutume ? Une infcription d’iin mot “ J"
ligne pouvoit-elle dans ce cas partir
que de la droite ? Si le fcuspteur avoit
feconde ligue á graver , il l'auroit fornae^ -
un fens oppofé. Pour que le raifonnerne -
des naroles de Paufanias eút quelque :
faudroit done d’abord démontrer que }
houlirophédone n^’avoit pas encore ete
Or^c eft ce qu on na pas méme tente de *aue.
Mais il réfulte trés-natureüement du
aUégué ci-deffus ^ que Heriture ioufiropbMe
commenyant par la droite, connima d e^
üfage aprés le íiége de Troye. Ede £ ^
iíiconteñablement la plus ancienne écritur
en eft une fecorde efpece égalenaenr qua-
lifiée boiiftrophédone , dont Ies lignes fiarían t
gauche á droite, reviennent de droite a '
pour continuer de la forte á Palternative- ‘ ^
écriture eftbeaucoup plus coonué des favapsque
la precedente , fur-tout depiiis la publ catión ae
rinferiotion de Sigée dans les antiquites a la-
tiques ‘de Chishull , & dans pluíicurs autres ou-
vrages. L’infcription donnée par M. Muritori,
au premier tome de fon nouveau Tréfot des an-
ciennes inferiptions, eft difpofée de mem^-
Sftl n en a point para iufqu á
commenqat de droite á gauche , ce n eft P^s M n
n en exiftát un nombre plus grand que de la e-
conde efpece , comine il paroít d’apres le cur e x
recueil de la bibliothéque du ron Mais
voyage de 1 abbé Fourmonr en Crece, perionne
n’avoit vu de monument écrit de cette maniere ,
& Pon n’ayoit pas méme dhdées bien nettes lur
la diftinaion de ces deux efpéces d’écntures.
III. On feroit obligé d’en admettre une troi-
fieme, fi l’idée d’un favant Anglois s’étcu trou-
vée vérifiée par les monumens antiques. ■’
au premier livrede Con Arck£ologia grAca,cn.
avoit conqu que cette écriture deyoit ette amn
diípofée ;
E K A I o s A p
BOU
Du moins eft-ce ainfi quhl la repréfente. Mais
comme de fon temps on n’en n’avoit jamais vu
d’exemples , & qu’alors elle étoit uniquement
connue par les textes des anciens , on ne doitpas
étre fort étonné de fa méprife. II ne l’appuye
d’ailleurs d’aucune raifon ni d’aucune autorité.
II na pas méme imaginé que l’écriture houfiro^
pkédone put he pas avoir fes lignes akernative-
ment renverfées. Certe idée ne paroít pas néan-
moins s’accorder avec celle que nous avons du
labourage. Si au premier íillon la charrue porte
la terre vers le nord , au fecond elle ne la ren-
verfe pas vers !e midi , mais elle continué tou-
jours ne la pouffer du méme coté. II fuiSt done
pour que l’écriture foit boufirophédone , que,
recommenqant au bour de la ligne, elie difpofe
fes lettres dans le fens contraire á celui qu ’elles
avoient auparavant , fans néanmoins les renverfer
de haut en bas. On nous oppoferoit en vaiu
quelques exemples d’une écriture telle que Fotter
se l’eft figurée ; car quelles bizarreries ne trouve-
t-on pas en fait d’écritures ?_ Nous fommp feu-
lement perfuadés que celie-ci ne fut jamais d’un
ufage ordinaire , ni méme &équent. Nous n in-
líftons fur ce fvjet , que parce que des antiquaires
trés-favans nous ont paru fouhaiter qu’oa ré-
pondit á l’autorité du dobte Anglois.
IV. Les écritures á marche & á contre-marcha
ne fe trouvent en ufage que chez les Crees &
les Érrufques. E’les le furent auffi chez les Gau-
lois, li l’on en croit un rnoderne {Relig. des Gau^
lois. 1.1. c. jj.'ñ. y.) d’une érudition peu com*
muñe. On Ies découvrc felón lui dans íeurs inf-
eriptions (Jbid. l. 3. chap. 4.): non-feiílement ,
dit-i! , aux temps les plus recules , mais encore
dans les temps pofitrieurs. Les lix medailles ap-
portées en preuve,' nous offrent Se des écritures
á rebours , Se des lettres renverfées en pluíieurs
fens contraires. Ces bizarreries ne pourroient-
eües point étre rejetées fur le peu dhabilete ou
fur i’inatrention des monétaires , ou fur qiie.ques
ufages particuliers á certaines viües dans ia_ra-
brique des monnoies ; ufages qui n inflaoient
nullement fur les autres écritures ? Il n eft point
de villes oú cette mode ait été alors plus .uivie,
que dans celia de Marfeille; Se toutefois, a pt®
prement parler, Marfeille n’étoit point u.ne vu e
gauloife. -
Pareilles méprifes on courames fe remarqu
fur 'es médailles des Romains, des
Se nommém¡ent fur cebes du roi Offa^C-
Anglo-Saxon. D. Fountain.) 5 fanS ®n
en conclure que i’écriture boufirop^-cdone
uíitée parmi eux. Cn jugeroit plus surement p ^
de fimples inferiptions , fi Lécnture oe_ ga>^ •
á droite avoit en cours chez Ies Gau-ois
premiers Francois- Malheareufement on
connoít point de cette cfpéce.
V. Lorfque Dom Bernard de Montfaucon c m
pofa fa Paléographie j ii croyolt qu n n en
B O ü
píS mán^.e (V aUogravh. lív. 1- ckap. I .p. ll?.)
¿í ia íT.ain des Grscs, lAús {Antiq. AJlst. p 4.)
Edmond Chishul! pubija en 1728 deux infcrip-
lions de ce genre , tróuvées fur Ies ruines de
Sigéej ancienne viüe de Troade. Quoiou elles
ne remonrentpaS:, á fon a vis, aux temps oú cette
écriture éroit ordinaire , & qu il ferabie qu'eües
avene été gravées daos des conjondlures oü Ton
aítedioit de rappeler les ufages antiques ; elles
devancent néanmoins Tere ebrétienne de plus de
cinq cents ans. Au refte il fuíEt qu'elles ayent
été copiées fur des modeles plus anciens qui
devoient écre alors encore aífez communs , poar
que no US y reconnoiíEons la feconde efpéce d'é-
criture bcujiropkédone. L'infcription de Sigée
commence done de gauche á droite, &c revient
de droite á gauche. Les lettres que Ton ponrroit
dire n etre pas mifes de face^ maisde proSl, y
font dífféremment tournées ^ fuivant que la ügne
eft de droite á gauche , ou de ganche á droite.
Un coup-d'ceil fur ces fortes d’infcriptions ^ en
donnera une idee plus jufte que nc feroit un
long difeours.
Le P. de Montfaucon requt d’Angleterre une
aatre infeription en écriture boufiropkédone ,
pour étre ínférée dans fes colleftions d'anti-
quités profanes. Mais comme elles fe trouvérent
íinies j cette piéce ne put y trouver place. Elle
ne fut pas néawnoins perdue pour le public 5
le barón de la Baílie entreprit de I’éclaircir par
un favant commentaire ; & ^ pour faire honneur
á celui de qui il la tenoit ^ il la qualifia par-tout :
Infeription Montfauconienne. II en Rxa {Murat.
Nov. Thef. t. I. col. 48.)ráge entre Tan yoOj &
1 an 4(joavant J. C. & il la fie un peu plus récente
que Finfeription de Sigée.
L’abbé Fourmont fut encore plus-heureux que
íes Angiois , puifqifil rapporta de fon voyage
de Gréee^ des (Jdémoir. de littérat. de Vacad, des
inferip, tom. ij. p. 400. 410.) infcriptions de ce
genre ^ de plus de mille ans avant J. C. Elles
fent confervées précieufetnent parmi ceiles qu’on
garde á ¡a bibliothéque du roi.
Si Fécriture houfvrophédone ayoit quelqu’avan-
tage fur Ies atures , *ei!e avoit auffi fes incom-
modités 5 ne fut-ce que la contrainte oú Pon
étoit á chaqué ligue de former les leccres dans
un fens contraire. A la vérité ceux qui ajoutérent
2 Falphabet des Grecs diverfes lettres , ieur don-
sérsnr á cet égard une figure invariable. Elles
ne regardoient pas plus la droite que la gauche.
On réduifit auífi á cette forme les anciennes
lettres jA, a , a, M.,ti ,r , qui étoient aupa-
favant tournées, tantót vers la gauche, tantót
vers la droite.
Cependant les Grecs, tnéme dans les derniers
tems oü ils fe fervirent d'écriture hoiLflropkédone ¡
ne laifsérent pas de tourner en des fens oppofés ,
«urs A, leurs n , Se peut-étre d’autres iettres.
B O L' 49**
fuivant que leurs lignes procédoient de droite a
gauche , ou de gauche á droite. II refioit d'ail-
^finrs^bien des caraéleres done la figure deveit
neceilairement changer á chaqué ligne , parce
que leur tournure étoit déterminée plutór d un
coré quedeFautre. Telles étoient p£ , leK, leP,
le 2 j &c. Le méme inconvénient fe fit done
toujours fentir. AuiTi les Grecs abandonnérent-
ils infenfiblement leur double écriture houftro-
pkédone , pour s’en teñir á Puníque maniere
d'écrire que nous fuivqns encore.
L'écriture boufiropkédone fembla toucher a
fon dernier période, depuis qu’elle commen^i
de gauche á droite. II ell conforme a la raifon ,
(c eíl: ainíi que parloit le barón de la Baílie) de
regarder les infcriptions boufirophidones comme
plus anciennes que ceiles dont les lignes font dif-
pofées felón notre maniere ordinaire d'écrire.
Mais quoique les infcriptions écrires de droite i
gauche , fuivant la coutume des Orientaux ,
doivent paffer pour les plus anciennes , & les
bouftrophédones en généraí étre jugées antérieures
á ceiles qui font en écriture vulgairc ; il ne faut
pourtant pas nier quhl ne puiíTe s’en trouver de
bouftrophédones poítérieures á quelques infcrip-
tions en écriture commune ; parce qu’á Pépoque
ou cette écriture commenfa d^étre en ufage ,
Pancienne maniere d'écrire ne put pas étre tout
d°un coup par-tout abandonnee de tout le
monde.
Les motifs qui faifoient conclure air barón de
la Baílie que Pécrimre {Nov. Thef. col. 59. J bouf-
trophédone zvoit dú ceffer avant la guerre du Pélo-
ponnéfe , étoient tirées de ce que le marbre de
Nointel, dont il fixe {Ibid. p. a^.) Pépoque á Paa
4^7 avant J. C. , eíl entiérement écrit de gauche á
droite , & qu’il en eíl de méme de ceux qui appro-
chent de fon áge , ou qui ont été graves du temps
d'Alexandre-le-Grahd.
Le barón de la Baílie dut étre bien furpris aprés
cela , quand Pabbé Fourmont lui fit voir des inf-
criptions écrites uniformément de gauche a droite,
quoique de trois cents ans plus anciennes. Telles
font {Mémoire de Vacad, des infcriptions. tom. ly.
p. 397.) les trois qui concernent la guerre des
Lacédémoniens contre íes MeíTéniens, tróuvées
fous les ruines de trois villes différentes. Nou-
velle Diplomatique.
BOÜTON. On peut établir pour principe ge-
nera! dans Pétude des monumens antiques ,
que Ies anciens ne fe fervoienr pas ordinairement
de boutons dans leurs habillemens. Les excepticns
font fi rares , qu elles ne d.érogent pas au prin-
cipe : les voici Lapartie destuniques des femmes
qui couvroic Pépaule & le bras , en guife de
manche trés-courte, étoit aflujétie par quelques
boutons. C’étoienr auífi deux boutons qui aíTem-
bioient auprés du col , les deux piéces quarrées
dont étoient fouvent farmées ces tuniques.
R r I ij
500 B R A
Les hommes attachoient auíli avec iin houton
fúT une épaule , (ía droite pour Tordinaire) , leur
chiamyde, leur paludament ou leur tiianteau,
Ces éoutorzs ézohm de bronze chez le peuple
& parmi les foidats ; i!s relTembloient parfai-
temens. aux boutons des breteües. Comme on en
trouve beaucoup dans les anciens camps romains^
©n peut les placer dans la claííe des parares mi-
boutons étoient fuppléés , dans les
habiilemens des feinmes & des hommes,, par des
fbules ou agraffes poinrues. Heredóte (//¿. j.)
eit que les femmes dL4rgós & d’Egine portoient
cts agraffes beaucoup plus grandes que Ies Athé-
niennes. Le comte de Caylus iRecueil. j. p¿. 91.
n. y.) a publié le deííin d'un bouton ou agraffe an-
tíque d une grandeur estraordinaire , & orné d^un
bas-relief.
BRABEUTES, , dlffributeurs de prix.
Ce nom eñ derxvé de ^ récomoeníe. Les
érabeuíes étoient chez Ies Grecs des oíficiers pu-
biics, qui prélidoient ordinairement aux ieux
folemneis, & en particuüer aux jeux facrés.
Cette charge , qui étoit une efpéce de masirtra-
ture créée pour juger ceux qui remportoient le
pnx^ a la courfe ^ á la lutre j &c. étoit fort con^-
derée, non - feulement chez les Grecs, mais
encore parmi les Perfes. Les rois eux - mémes
i exercoient ; 8c c^’étoit au moins dans les pre
miéres famüles de la Gréce , que Pon choififfoit
ces arbitres. Phihppe de Macédoine s’étoit fait
nommer Brabeuts , & il commettoit un de fes
officiers pour en remplir les fonélions , lorfqffil
pouvo’t y affifter lui-méme ; ce que Démof-
thene regardoit comme un attentat contre la
Jiberte des Grecs.
Lorfque les Brabemes devoient exercer leur
Charge pour la premiére fois , on les faifoit entrer
dans une encemte partieuliére , oú ils aílliroient
avec ferment qu -!s jugeroient toujours avec la
plus grande impartiahté. Aprés ce préliminaire ,
lis paroiiToaent revétus d’mi habit de pourpre
portant une couronne & une baguette pour
marques de leur autorité. Ils ailoient enfuite s’af-
feoir dans un endroit _ diílingué , appelé ,
pletkrum & qui etoit regardé comme un afyle
inviolable. La, ils prononqoient leurs iugemens
avec un pouvoir abfolu ; ils décernoient des peines
contre les athlétes qui avoient enfreint les ioix
de la gymnaíhqiie, & difrribuoient des récom
penfes aux vainqueurs. Ces rééompenfes étoient
des priXj ou des couronnes appelée B-iul
ceíl-á-dire, treffées par la déeíTe de la
jultice elle-meme , par Thémis.
Le nombre des Brabeutes n'étoit point ñxé •
Queiquefois il n y en avoit qu'un ; mais ordinai-
^ept ou neuf. Euftate
&.) paroit Ies confondre avec Ies Arí^o-
nothetes Sr avec les Athlothétes. lis étoiení aSi
appe.vS Epoptes. On peut conclure , d aprés im
B R A
paíTage de Suétone, fNer. c. 13. 12. a\ ,
Brabeutes etoient affis au niveaii de rarén-" a^n
de pouvoir examiner de pJus prés les athléte^' •
Brabeutarum more zn ftaázo huzzzi ajftdens.
BR.ACARA Augufta , dans la Luíitanie.
_ Cette ville a fait. frapper des médailles impé
nales latines , felón le P. Hardouin. ^
BRACCA. -X
BRACCARIL > V oyei Chausses longues
BRACCATA. 3
BRACELETS. Nous donnons ici le nom de
hracelets , & á cet ornement que Fon place au-
defius du poignet , & par extenlion á celui que
Fon a porté queiquefois au-deffus du conde. Le
dernier mériteroit plus particuliérement le nom
de bracelet , armilléz, á caufe ¿í armus , épaule ou
le haut du bras ; mais Fufage contrairé a pré-
valu j 8c le mot bracelet ne déligne aujourd'hui
que Fornement placé au-deffus du poignet. Nous
y dérogeons dans cet árdele, afin de nous expli-
quen pías fuccinétement.
_ La prétendue Ifis de granit noir qui 'eft au ca-
pitole, porte des hracelets , non pas au-deffus du
coude^, mais au-deffus du poignet. C’étoit peut-
étre Fufage ordinaire des femmes de FEgypte 5
au relie nous ne pouvons pas citer d'autres mo-
numens pour Fattefter ou pour le démentir.
Les femmes Grecques ffavoient pas un ufage
conílant & uniforme fur Ies hracelets. Tantót
eíles les portoient fur le haut du bras j & ils s’ap-
peioient alors 'zs^ú oZpíts , ferpetis roiilés
autour des bras. On volt en effet des hracelets
terminés en tetes de ferpens qui font entortillés
autour des bras de deux nymphes endormies ,
au vanean & á la Villa-Médicis, & auxquelles
ces ferpens ont fait donner mal - á - propos le
nom de Cléopátre. C’éroient-lá de véritables hra-
celets puifquils fe plaqoient fur le bras , au-
deffus du coude.
On vit aulli Ies femmes grecques oorter ces
mémes ornemens au-deffous du coude & immé-
diatement au-deffus du poignet, comme lesdames
les portent aii’ourd'hui. Ces ¿racelets figurés en
ferpens , formoient plufieurs tours & s’appeloient
iTziKaf-níai óZpti; , ferpens autour du poignet . OU íim-
plement £5!-<xíip.OT«. C^eíl ainfi que les porte une
des Caryatides de la villa Negroni. Les artiftes
transformérent ces hracelets en veritables fer-
pens , autour du bras des Bacchantes. Ces reptiles
avoient Fair de mordre leur queue, & meme
de fe déchirer Fun Fautre , lorfque les extre-
mités du bracelet étoient travaülées en tetes de
ferpens. Les crochets des cei.ntures étoient for-
més de méme , comme nous Fapprenons d un
vers des Argonautiques {lib. 3. v. 150.), renda
ainíi en latin
Balteus & geznini commzttunt ora leones.
B R A
On voit á Portici des bracelets de oronze & des
hraceUts qui to'js onti3 forme d'un ferpent.
11 en a un d'or entre-auaes , qui cit du plus
psrrair travaii. « Le cizeiec , úit le comte de
Cayíus. ne peut aüer plus ioin. Le corns du bra-
celit efe formé i art un ferpent oui fe replic en
cercle j Se retourne ceux io s fur .iui-meine. Ce
gente d'ornement a eté i¡ fort du goút des an-
cienSj^ qu'il fe trome fi-équemnient repété. La
richefié de la matiére ^ & la beauté de‘ i exécu-
tion periuaderoient que cette parure doit avoir
été ceüe d'une femme conlidérable 5 & ii Ton ne
veut pas s ¿cárter de fidée d'efclavage attachée
au braceUt il faudra dire que fefclave qui
portoic cet ornement j étoit jeune & «favoritel »
Les braceUts écoient appelés f/isirTfí , quand
i!s étoient ronrés par des treífes de métaf. On
en volt un de íiis d’argent treífés enfemble dans le
cabinet de Sainre-Génevieve. li y en a un de bronze
dans la menae coiledlionj qui fe placoit au haut
du bras. L empereur Maxiinin étoit d'une taille íi
extraordinaire que le hracelet de fa femme lui
feryoit d anneaupour mettreau oouce.Les femmes
íirent des bracelets un obiet de luxe & de dépenfe
extraordina’re. Tantót ils étoient d’or , tels que
i on en a trouvé á Herculanum 5 tels auffi que celui
dont parle Plaute ( Men. ni. 3. 3. ) :
..... Ut addas aurl tu pondo unciam ,
Jubeafqut novum fpintker reconcinnarier.
Spintker déíigne ici une efpece de bracelets par-
ticuüére. V. Spinther.
On y^employoit auifi Tivoire ^ comme nous
i apprena Scylax dans fon Péríple. Pétrone fait
menrion (cap. 32.) de cercles d'ivoire qui
fervoient de bracelets. La fuperñirion s'em-
para de cet ornement, comme de tous les autres
dont fe paroient Ies anciens. lis croyoient dé-
tourner les funeíies influences des regards que
leur lancoient les envieux, ou les fouhaits malfns
quiis formoient conrre eux, en humeclant de
falíveune datte, & la liant au braceUt. IVlartial
pane de ce talifirsan ridicuie ( vin. 33. j-r. _) que
les pauvres envoyoient au premier jour de jan-
yízc , avec un aSj en forme d'écrennes á lears
patrons :
Hoc Imitar fputo Jani caryota kalendis ,
Qaam fert eum parvo fordidus ajfe cliens.
Quelques ebens plus génereux couvroient cette
«atte avec une feuiiie d’or. Martial fair mención
oe. cette recherche , qui laidoit cependant la
• nombre des préfens oíFerts á la
iiGheíít par la pauvreté. ( xiii. 27. ) :
■Aarea porngitur Jani caryota kalendis j
Sed tamen hoc munus pauperis ejfe folet.
^ B R A
-es femmes portérent á-
^^^.s pmíi^rs efpéces de bracells , á celui
S; f bracelets de méme forme
r,,. .^orr'Lpnr ’ 3. ceini ou eiies
^ortcrenc qu une feul braceht tantót au bras
d.o.L , taniot au bras gauche 5 on ne peut Lea
cure de precis. On faic poíitivement qu ePe* vou-
o ent^quelqueíois étre enrerrées avee cene pl
rure. ..ctevola (%. 40. §. ¿e aur. q? arrr /L )
nou^a conferve Jadifpoíition telWrtaire d une
femme qm voulut erre portée au tombeau avec
-ts bracelets d emeraiuie : Funerari me arbitrio
viri mei volo , & inferri mihi quacumque fepul-
tara mes. caufa jeram ex ornamentis , lineas daas
_ Diodore de Sxile dit que Ies Gaulois trouvent
anondamment ae 1 or dans ieurs riviéres j qu üs
i purent par le moyen du lavage , pour fem-
pioyer a la parure des femmes , & méme á celle
des hommesj car , ajoute-t-ii ^ üs en font non-
l.ulemenrdes anneaux.ou plucót des cercles qu’üs
porrent auxdeux bras & aux poignets,mais encore
descoliiers extrémement mafíifs. Se méme des
^uiraues. (/. v.p. 231. ¿>232. Tradua. de V Abbé
J. errajjon.
Le comte de Caylus (B.ec. 2. pl. 47. rF. i. )
a donné le delfín d’une Venus de bronze, dont
.e bras^droit étoit enrouréd’un braceUt d’argent
arge o environ trois iignes , & orné fimolement
d un douole trait. ‘
Bracelets des hommes, Armilh militares
viris,calbei. II eftfai: fouvent mention deces
Uts cans Jes éenvains latins ; mais rarement ou
peut-etre jamais dans les anciens écrivains erees.
On en peut conclure avec cuelque vraifemblance
que ce_s bracelets furent un ornementparticuiier des '
Komains 5 d autant plus qu’iis paroiifent i'avo'r
adopte avec Íes autres coutumes & les autres
ufages des Sabins. Tice-Live dit que ce peuple
airnoit a fe parer de bracelets d'or trés-pefant ,
quüs portoit au bras gauche ( i. 2.) Sabini
áureas armillas magni ponderis brackio Isvo ka-
buerunt.
Lesgénéraux romains ¿.iftúhuoztnt ces bracelets,
armilU , á Ieurs foldats aprés une vidloirej & ils
étoient un gage de leur vaieur (Ifidor , xix. 31.):
Armzjls ^ proprie virorum fura , collats vicloris
caufa. militibus ob armorum virtutem. Les foldatS
¿rrangers ne participoient pas á ces récompenfes
C PUn. 33* a. ^ 1 Armilías czvibus dedere , qaas
non kabera externi. Ces bracelets formoienr avec
les colliers avec les ornemens des cafques appelés
cornicuU , 8c peut-etre auíB avec des médaillons ,
les dona militaría. Equites omnes , dit Tite-Livs
(5- -H-) > ob infgnem multis locis operam , cor- -
niculis armillifque argentéis donat.
On volt ces bracelets graves fur fur pluíieiirs
tombeaux de foldats Romains , dont les dsíüm
8c les épitaphes ont eré pubHés oar Griitcr.
B R A
Loffqu-í les géisraux romabs ftifofent leurs
catrées trioaiphales ( Zorar, Artnal. l. j) , üs
portoient ordinairement des bracelets,^ Cependant
on n en voic ni á Titus , ni a Marc - Auréle ,
qijoiqu ils foier.t repréfentés fur leurs chars _d^e
triomphe j foit parce que cette coutume n exif-
toit plus fous les etnpereurs , foit auffi parce
Gue l'on regardoit cette parare comme peu con-
venable j fur une monuraent public ^ á la majeíle
de la perfonne & da lieu.
Le comte de Caylus ( Rec. i. pL 94. ■ 3- _)
croyoit avoir trouvé un de ces bracelets tni-
iitaires.
cc Ce bracelet de bronzc , qui me paroit , dit-
il 5 un de ces ornemens que portoient les fol-
dats, & qu’on connoifloit fous le nom d'^r-
milla , ornement qu’on leur donnoit pour fécom-
penfe de leurs bellas adlions eñ compofé d un
iseau fil de latón. Ii ma été envoyé d'Her-
cuhnum. »
BRACHIALE , bracelet du haut dubras, felón
Bartholin ( de armillis ).
ERACHYGRAPHIE , l’art d’écrire par abré-
viations. Voye:^ ÁBRÉTIATIONS & IVDTES de
Tirón.
BRACTEA j lame ou feuille d ’or qui fervoit
aux hrañear'ú á dorer Targent & les autres raetaux.
V. Dorer.,
ERACTEARIUS inaurator, Gruter (i074'
raopGrte une infcription dans laquelle il eft fait
mention du collége des doreurs de lames de metal,
¿éíigné par la dqnomination fuivante, Collsgium
Mractearioj<üm isaus.atos.um.
ERACTEATI nummi. V. Médaiile Fourrée.
BRACTÉATES. Les auteurs qui ont écrit fur
Ies médailles , ou ( pour parler plus exaélemení )
fur les monnoses du moyen-áge , ont déíigné par
ce nom derivé du latín , des m.onnoies fabriquées
groíP.érement avec de légéres feuilles de méta! ,
& dont le relief d'un cote eft formé ordinaire-
ment par le creux de Fautre. Ellgs reffemblent
á ces ornemens de metal eftampés & repouífésj
dont on charge le haut & le devant des cafques ,
le devant des ceinturons des troupes légéres. &c.
L'.411emagne eft le pays qui fournit le plus de
suonnoies braSéates ; auííi a-t on des traités fur ces
médailles écrits par de favansAllemands. Lecabrnet
de Sainte-Géneviéve en renferme quelques-unes ,
qui font placees parmi les monnoies étrangéres,
Ont croic avec raifon que le mauvais gout des
médailles du Bas-Empire , que la rareté des mé-
taux précieux , & plus encore rignorance de
Tart du monnoyage , produiíirent ces monu-
mens de barbarie.
BR.4GE étoit dans la raythologie d'Odin , le
protecteur de rélnquence & de la poélie. Sa
fetr.me íduna avoit la garáe de cerraines pommes
dont goútoknt les dieux lorfq'Tíls fe fentoienr
B
R
A
yieillír? psrcc qu'eOes avoleat le pourolr de les
rajeunir.
BRANCHIÁDE.x
BR4NCHÍDES. C Rt-anchus étoit filsde Simé-
BRANCHUS. 3 rus, qui_, ayant été abin-
donné a Milet par fon pete Démoclus, y époufa
une filie trés-riche. Devenue enceinte , la femme'
de Simérus rét^a , felón Varron, que le folei! en-
troit par la gorge dans fon corps, & p. fottoit
par les entrailles. On confuirá les devins fur ua
reve auíu extraordinaire. Ceux ci le trouvérent
d'un bon augure pour Fenfant qu Apollon fem-
bloit avoir recherché avant fa naiíiance , & qu’iis
firent appeler Br anchas , du mot grec ,
gorge. Devenu grand , Branckus fut rencontré
dans une foret par Apollon, qui Fembraffa , lui
fit préfent d’une couronne & d'une baguette , &
ie remplit par ce feul baifer de Fefprit prophé-
tique. (Laciantius ad StatiiTheb. 8). Le dieul en-
leva enfláte , & les loniens joints aux Eoliens luí
rendirent un curte particulier , lui attribuerent des
oracles, qui paífoient dans toute la Grece pour
les plus véridíques aprés ceux deDelphes.
Bibliotk.')
Ces oracles fe rendoient dans un temple con-
facré á Apollon dans le territoire de Milet. De-U
vinr que ce dieu fur furnommé Branckiade. O.n
donna auffi le nom de Branckides á la famille de
prétres qui fe dévoua au cuite d’Apoííori-Sra,i-
ckiade. Lorfque Xercés fe préparoit á ravager la
Grece, les Branckides lui livrerent le temple &
Ies richeífes qui leur avoienr été eonfiées. Aprés
cette impiété, üs fe renrérent dans la Sogdiane ,
ou Xercés leur permit de batir une vilie pour
qu’iis puííent étre á Fabri de la vengeance des
Grecs. Mais Alexandre ayant vaincu Danus, &
s’étant rendii maírre de Fempire des Perfes , punit
les áefeendans des Branckides de Firreligion ae
leurs peres. 11 rafa ¡eurviile, dit Quinte-Cures,
& fit paíTer tous les habitans au fil de Fépee. ^
BRAS. Les foldats Lacédémoniens avolent
coutume de üer autour de leur bras gauche une
petite tablette, fur laquelle étoient écrits^ leur
nom , leur pays & leur age 5 afin que Fon put íes
reconnoitre , Vils venoient^á étre raes dans -es
com.bats. Les foldats romains portoient .ur eux
des marques plus durables. On leur apphquoii. ur
le bras ou fur la rnain des fers chauds , fur Isique
étoient gravées en relief des figles. ISous ignorons
cc que déíignoienr précifément ces wraaere
abrégés; mais une expreffion de S. Auguftin Z?y'’
fC>'', qui les appelie reglas ckaraBer , peut au
croirequ’elles étoient Fabrégé oule mont^rarn
du nom de Fempereur. Au reñe , il eft T
bable que ces marques défignoient la legip
laquelle appartenoit le foldat -.d
fon bras ; car les empereurs Arcade &
L t. de Fabric.) ordonnérent que les
attachés aux fabriques des armes, pcrteroien
B R A
iís Iras les marques de la fí^brigue á laquelle ils
éroient attachés ^ afin que i'on púr les reconnoitre
& les rainener á cet attelier ; comtne on le prati-
cuoit pour les foidacs nouveaux : Stigmata , ho:.
note. publicA fabricenfium brachils aá imztatlo-
nern tyronum infúgantur ^ ut koc faltem modo poJ¡tn.t
lititantes agnofci.
Les monumens antiques nous font voir que Ies
femmes & les hommes mémes ont porté quel-
quefois au haur du bras des Bb.ac£LETs.
ce mot.
Lorfque Ies anciens vouloient montrer une
grande douleur , ils frappoient á coups redou-
blés leur poitrine & ieurs Iras. II eíl parlé fouvent
daiís les poetes de ces marques de douleur. Virgile
(iJEneid. vii. pcS.) :
Silvia prima foror , palmis percujfa lacertos ^
Auxilium vocal.
Ovide {Met. IV. 137.) :
Sed pofiqudm rtmorata fuos cognovit amores ^
Percutit indignos claro plangore lacertos.
Et Claudien (¿e Rapt. Prof. il. 247.) ;
Planciuqae lacertos
Verberat.
Le mantean des Grecs, pallium , ainfi que la
chlamyde des ftatues kéroiqaes , s’agrafFoit fu--
Tépaule droite ;, & laiíToit le bras dioit entiére-
ment découvert. La rogé des Romains étoir beau-
coup plus ampie que le manreau grec : cependant
elle laiffoit auíTi la liberté Ue découvrir en etiuer
le bras droit & Tépaule á laquelle il eft attaché.
II reíie un trés-grand nombre de ftatues qai repré-
fenrent des Romains vécus de la toge; le bras
droi: de ces figures eft prefque toujours dégagé de
la toge : ce vétement eñ alors abaiíTé au-deíTous
de Tépaulé droftej il paife fous le bras droit, re-
monte au-travers de la poitrine. Se va repaíTer
fur répaule gauche, d’ouii étoittombé par-der-
riére.
Cicerón {pro Ccelio , c. j.) rácente que Fufage
des Romains qui I’avoient précédé , étoit danter-
dire pendant un an aux jeunes gens qui venpient
de prendre la robe virile , Tufage du bras droit ;
c’eft-á-dire , les geftes trop violens : Nolis guidem
anuas erat muís ad cohábendum brachium toga confii-
tutis , é? ut exercilatione ludoque campefiri túnica
uteremar ¡ eademque erat , fi Jiatim mertri fiipendia
cceperamus , caflrenfis ratio & militaris. Sénéque
etend cette défenfe aux jeunes gens qui fréquen-
toient le barreau nendant la premiére année ( Cont.
V. 6.) : Apud pafes noftros qui forenfia fiipendia
aafpi: ah antas, w fas putabatur hrackium extra tógam
exferere. I] ne faut cependant pas donner á cette
dtfeníe une auííl gra.nde éteadae qu'elle paroit
B R A 503
1 avoir au premier coup-d’oeil. On nfiiiterdifoK
aux canuidats que le gtíie forcé du Iras droit qui
iuroit fait rabartre la toge & découvrir l’épaule
droite avec la poitrine : mais il leur étoit permis
lans doute de gefticuler avec modération de la
main droite , fans dégager de la toge le bras en-
tier.
L’on prenoit & pofolt fur fon cou , dans le
moyen age , le oras de celui par qui oa étoit
adopte , ou de qai Fon fe déciaroic ferviteur Se
efclave.
Bras. Dans Ies monumens antiques, le bras
pofé fur la tete des figures , exprime Fétat de
repos. Lucien {de Gymnaf. tom. 2. p. 887.) nous
Fapprend. Dans le Gymnafe d' Athenes , oii s' exer-
fozent les luteurs & les pancratiafies , dit-il , on.
voyoit une ftátae d' Apollan ayant un are a la main,
& pofant fon bras droit fur la tete , comme pour fe
repofer de fes grands travaux, ...
Du relie , cette attitude n'eíl pas affeclée excíu-
fivement á Apollon ; fouvent Bacchus, Hercule
FHer.maphrodite & le Sommeii font repréfentés
de méme.
Bras plié. fur Ies médaiiles- eíl le íymboíe
d^Ancóne. C’éroit un jeu de mot fur le nóm de
cette ville , ou plútór c'étoient (comme Fon s’eíl
exprime depuis) des armes parlantes. A’yx.uv fignifie
genou ou bras plié.
BRASIDAS, un des plus fameux & des plus
courageiix chefs des Lacédémoniens , fuccomba
fous les coups d une troupe d’Athéniens fupé-
rieure á la fienne , aprés une longue réliílance
auprés d’Amphipolis. Les habirans de cette ville
lui élevérent, au miiieu de leuts rnuraiíles , un
fuperbe tombeau , Se établirent en fon honneuc
des fétes appelées Srafidées.
BRASIDÉES , fétes & jeux établis á Lacé-
démone en Fhonneur du vaiilant Bralidas. Pau-
fanias {in Lacón.) , j'hucydide {lib.r.) , &: Suidas
en font mention. 11 n' étoit permis de difputer Ies
prix dans les Brafidées qu’á des Spartiates libres;
& Fon condamnoit á' une amec-de ceux qui s^ea
abfeníoienr.
BRASIERS, Trépjeds. Les maifons des ha-
bitans de la Gréce & de Fítaiie avoient rarement
d’autres cheminées que ceile de ia caifine. Lorf-
qu'on vouloit répandre de ' la chaleur dans Ies
appartemens , oa fe chauífer pendant Fhivér , on
avoit recours ádes brafiers , dans lefquels on met-
toit des charbons allumés, Comme ils avoient la
méme forme que ceux fur lefquels on allumoit le
feu facrédans iestemp’es, & qudls éroient portés
de méme par rrois pieds placés en triangle, on
donnoit indiílinélernent le nom de fépieds aux
uns & aux autres. On en fabriquoit de toas les
métaux ; mais on enJp'qyoir le bronze par préfé-
rence, & Ies plus grands artilles y faifoient éclater
1 leur adreíTe. Les aiiteurs anciens en onr décrit un
504 B R A
grand nombre, & les fouilles d^Herculanum ont
redonné le jour á plulíeurs ; on verra dans la plan-
che 38 du troiíiéme volume du comte de Cayius ,
les deílms des deux monumens de cette efpéce ,
qai fonr les plus confidérabies.
cc Le trepied du numero i , dit ce favant comte ,
coníilíe en un plateau de forme ronde, qui
^ recevoit le feu dans un renfoncement ménagé á
ce deíTeín : une frife qui decore le pourtour exté-
rieur, eft ornée de tetes de boeufs décharnées,
qui lient des feñons de feuilles de myrte. Trpis
fphinx de la plus grande beauté , foutiennent le
plate.au par la pointe de leurs ailes éievées á ce
deíTein^, & par une tige fleuronnée qui palé fur
leurs tetes : ces fphinx font affis , & ont pour
.. bafes ou fupports des pieds de biche, difpofés en
mangle , fur un plateau échancré dans fes trois
principales faces. De l’endroit ou les pieds fe
lient avec Ies fphinx, partent des rinceaux d’or-
nemens qui fe joignent au centre du trépied, y
■ portent un cul-de-lampe , fur lequel on voit un
petit vafe deíliné fans doute á renfermer les par-
• lums qu on jetoit dans le brafier , pour corriger
1 ooeur du charDon. Ce beau brafier ou trépied de
brónzs a deux pieds fix pouces de hauteur
- « L auíre brafier ou trépied, n°. a, égaíement
de bronze, eft plus ccmpofé , & beaucoup plus
-commode pour le fervice que le précédent. II elt
porté par trois fatyres dont les jambes fe réu-
niíTent, & fe terminent en un feulpiedde chévre.
Ces ñgures font placées dos-á-dos : leur attitude
,&Jeür adtion font abfolument pareilles; c’ert-
^a-dire, qu'eiles ont une main fur la hanche, &
lautre eít élevée comme pour empécher de les
spprochp de trop prés. li y a lieu decroire que ,
pour evitqr la dépenfe , on les a jetees dans un
íeiu moiiie ; leurvifage eft riant, & leurs queues
lervent ’í porter un anneau, qui vraifemblable-
'ment étoit defticé á fufpendre íes inftrumens né-
jceffaires -ppur entretenir le feu. Le plateau qui
lervoir á contemr le ¿ru/íír proprement dit, ou
les charbons , eíl d’une aíTez grande épaiíTeur,
■ par .la néceftiré de fefpace qu’exige le double
fond car ii eft compófé de deux piéces : celle
qui eft adherente au pied, & q'ui fait coros avec
-iui, porce fur fa tranche inférieure trois mains
. qui jouent dans leurs charnieres, & qui fervent
-a falte mouvoir ie trépied avec plus de facilité.
Cette piéce, faite en maniere de cuvette , en
recoít une autre qui ’eft mobile , & dd.ñt le bord
- fe termine par un omement á joUr aílez íingalier;
jhgnoje s’i! a'roit quelqu ufage pardcuiier : ón
voit lenlement que leS deux nvaias attachées au
gorps de ce dernier plateau, aident á le foulever
Se a le tranfporter. La hauteur de ce brafier ou
trépied, nu des derniets décciiverts , qft de trois
pseds «.
depiijs, en íyér, dans un temple
é ,¿ere-Uiaai|m j doat I3 déceuverce n’a pas été
B R A
achevée, un grand érc/í.rcarré, ou un foyer d-
DionzCj feiiiDÍafc-le a ceux cjue i on place en ítalie
dans jes granás appartemens pour les échauffer. II
eft de la grandeur d’une rabie moyenne '&
pofé fur des partes delion ; on avoit incnifté avec
art, fur les bords , des feuiiiages ; & Ies matiéres
qui ont été employées , font ie cuivre , le bronze
8e f argent. Le fond étoit un gril de fer trés-épais
mais garni & maconné en briques , tant au-deíTus
qu'au-deíTous 5 de maniere que les charbons nc
pouvoient toiicher le deííiis du grii , ni tomber a
rravers par le bas. Ce beau morceau a été tiré de
terre en pluíieurs piéces.
ERASSARDS. On croit que les Crees fe fer«
voient, pour défendre les bras , d'une armure
diftéreñte de la cüiraíTe. C’étoient de vérita'oles
brajfards,^ qui fervoienc á couvrir á k fois les bras
& les mains. Ces derniéres leur firent donner le
nóm générai Xeijt'fíí.
BRAS SE, mefure linéaire & itinéraire de
TAÍie & de f Egypte. Voye^ Orgye.
Brasse , mefure itinéraire desRomains. Voyer
Passüs.
BRAT^IUM , Bceí°it<r/ , prix des ath'étes &des
gladiateurs ; les. brabeutes le diftribuoient ordi-
nairement. A Rome, dans Ies coiirfes des chars,
le cocher qui avoit fait le premier fepr fois le
toiir du cirque, montoit fur la fipina pqur y rece-
voir le hravium qui lui étoit deftiné. Properce
(/I. ip. ój.) en fait mention ;
Aut priiis infecto depofeit premia curfiu.
Séptima quím metam triverit ante rota.
BRALRON , bourgade de l’Attique , ou la
ñatue de Dianefut apportée de laTauride, & dé-
pofée dans im temple bati par Orefte. On y célé-
broit tous Ies ans la féte de la délivrance d’Orefte
& d’Iphigénie j & on appliquoit légérement une
épée niie fur la tete d'une yiélime humaine. Quel-
ques gouttes de fang répandues en fhonneur de
Biane, y tenoient lieu de facriñee. Iphigénie fut
prétreíTe de ce temple, &, aprés fa mort, y re^ut
les honneurs divins.
BR.AURONIE. v
BRAURONIES í On appeloit Bráaro.wVí des
fétes céíébrées en Phonneur de Diane-Bra«-
rojiie , dans le bourg appelé Branron. Pendant la
feconde giierre Perfique, Xercés fit enlever la
ftatue de cette Diane , qui y avoit été apportee
de Tauride par Iphigénie- (Paiifan Attic. & Arcad.
Pqllux, lib. 8. c. 5). ’Dix f £cí5!-í7<!; , OU intendans
des' chafes facrées', préiidoient tous les cmq ans
á la célébration des Brauronies. Héfychius dic
que l’on y immo'oit une chévre, & que Toa J
’chañtoit riiiade d'Hornere.
Le plus bel ornement des Brauronies étoiePt
de jeunes ñlles depuis l’age de cinc jufq'u á ceiqi
B R E
áe diXj qui 7 paroifíbíent vétues de robes de
couleur de fafran, Kííkítsj. Suidas rapporte ainíl
I'origine de cei ufase. li y avoit, dit-ii, dans un
bourg de l’Attique un ours apprivoilé, eonfacré
a Diane, qui mangeoit famiíiérement avec tous
Ies habitans . 8c jouoit avec eux fans ¡eur faire
aucun mal. Une jeune filie ayant un j'our voulu
badiner avec cet animal d'une maniére un p>eu
trop familiére il fe jeta fur elle , 8c h mit en
piéces. Les fréres de cette filie vengérent fa mort
fur le meurtrier; mais leur verrgeance fut fuivie
d’une peíle horrible qui défok toute TAttique.
Pour faire ceíTer ce terrible fléau j on abandonna
a Diane , par le confeil de Idraclcj plafieuts
jeunes filies deftinées á appaifer la colére de la
déeffej qu’avoit irritée la mort de fon animal
chéri. On fit méme une loi qui défendoit á toutes
Ies filies du bourg de fe marier fans avoir fait les
fondlions de prétreifes dans íes feces de Diane.
De-lá vint qu’elles affiíloient routes aux Brauro-
nies. On appeloit A' fx.T(¡i , ■ ourfes , ces jeunes
filies; leur initiation fe nommoit Á'^y-raa, ou^
felón Ariñophane , AtxílA; , á caufe de l’áge de
dix ans qui excluoit de ce facerdoce tranjltoire.
BREBÍS, ces anrmaux étoient en vénération a
Sais en Egypte ; apparemment á caufe de leur
utilicé.
Les généraux Romains ^ á qu-i le peuple n’avoit
accordé que les honneurs du petit triomphe ou
•de V Ovación , n’offroient aux dieux pour victimes
que des breáis ; candis que ceux qui triomphoient
immoloient des boeufs.
B RE BIS dorée , qui caufa raífreux défordre
d'Atrée 8c de Thyefte. Voycci Atrée.
BreBIS dorée OU TOISON d’oR. JASON.
Brebis couverte de peaux , ovis pellit-a. Varron
{¿í Re Rufl. il. 1.) dit que les habitans deTarente
& de l’Attique avoient coutume d’envelopper
leurs breáis dans des peaux préparées j de crainte
que leur laine dont la fineíTe & la beauté étoient
trés-célébres ^ ne fút cachee dans les paturages
par quélqu’accident & qu’elie ne devine plus
difficile á láser ainíi qu’á teindret Similittr facien-
dum in ovibus péUitis, qus, propter lans. bonitatem,
ut furu Tarentins. , Atcicti , pellihus iuteguntur ^
ne lana inquine t ar , qiio minas vel znfici redé po(¡it ,
vel lavari , ac parare. Horace parle (o¿. il. ó. lo.)
auíS des brebis de Tárente couvertes de peaux :
Dulce pellitis ovibus Qalefi
Flamen, (J regnata petam Laconi
Rara Vhalantho,
Les habitans de Mégare avoient pris le nieme
ufa-ge des bergers de i’Attique , leurs voifins
{Laert. vi. q.í.) ; c’eft pourquoi Diogéne les rail-
loit ordinairement, en difant qii’il valoit mieux
ctre la breáis d'un Aíégarien, que fon fils. lis
Antiquités , Tome L
B R E 505
laiflbient en cffet leurs enfans tout niids^ Se ils
couvroient foigneufement leurs brebis.
Ovis adafia , vieil'e brebis, celle que la mere
■a mis-oas á fa premiére portée ; ovis vézala ,
recentis partís , dit Feftus,
Ovxs apica, 'breáis qui n’a point de laine fous
le ventre._ Ce mot eft formé de Ya privatif Se de
íTsiaoí , laine.
Ovis delicula , brebis affoiblle parl’áge ou par
la maladie. Catón {de Re Raje, c, l.) dit : VendaC
armenia delicula , oves deliculas.
O VIS mina , la méme que Vovis apica , comme
le dit Varron {de Re Rujl. il. 2.) : Uti pecas ovil-
lam , quod recié fanum eji , extra lufeam , furdam ,
minam , id efi , venere glabro. Plaute a fait une
plaifanterie fur les deux acceptions du mot mina :
il me donne , dit-il, {Truc. iil. i. 8.) vingt mines
{mina , monnoia valant á-peu-prés ico livres de
Trance' ;/e les refois volontiers , & les mets dans
ma bourfe. Enfuite il s’en va de fon soté , & moi je
me háte di apporter a la ville , dans la mime bourfe ,
les vingt MISAS '(brebis fans poil ) quil mía.
donrtées ■:
Minas vigircti mlhi dat .• accipio lih-ens
Cando in crumenam tille ahiit; ego prapere minas
Oves in crumena hac in urbem detuli.
Ovrs pafcaíis on pafzualis , brebis qui parque
en plein air, par oppofition á celle qui eíl ren-
fermée dans les bergeries , & dont la laine eft
: plus forte &, plus longue. Lucillus cité par Feftus
au mot SoLox .*
Fafcali pecare , ac montano, hiño , atque folodt,
Ovis pecuUaris , brebis qui faitportion du pé-
cule d’un fils de famille , ou d’un efclave. De
méme les efclaves étoient appelés peculiares ,
lorfqu’ils faifoient portion d’im pécule particu-
lier j d’un certain domaine ou bien de cam-
pagne. .
O VIS pufulofa ou pufiulofa , brebis attaquée du
claveau ; maladie que les Larins appeioienc pufula,
Columelle {vn. j).
BRECCIA3') . j r
BRECHE f pierre compofee de rragmens
d’autres pierres , lies quelquefois par un gluten de
méme natura, relies que les breches calcaires ou
voiz'otcs-bréckes . Le bianconero tiene un rang dif-
tingué dans les breches czúcúics antiques. D’autres
íois les fragmens de la breche^ appartiennenc i
des pierres de toutes fortes, liées par un gluten,
qui eft auífi d’une efpéce particuliére. Talle eft la
breche que Winkeimann {Mifi. de l’Art. l. 2. c. 2.)
zv'ptWt brécke-a Egypte , 8c que Ton nomme ordi-
¡nairement bré che- üniverf elle , par anaiogie avec le
jafpe-univeifel.
Síf
50Í B R I
La bigarrure qu’offrent les diverfies couleiirs
& Ies diíFérentes formes des ffagraens dont les
breches fontmompofées , fembleroit avoir du les
faire rejeter par Ies fculpteiirs anciens. On eñ
eependant affuré du contraire. Peut-étre ont-ils
cru en travaiilant les breches dures ^ fe faire un
mente de la diffifulté vasncue. Le cardinal Albani
en^avoit rairiaíié plaíieurs morceaux dans fa rithe
nous cirons n fouvent, a caufe de la
ct4ebnté que lui ont donnée les écrits du fa'rant
Vi lnkelmann. On y yoir le tronc d un roi aífis fait
de ¿rccAe-d'^Egypte ou verdátre. Ce torfe eft ha-
biiié comme les peuples barbares ; & la tere , les
mains & les autres extrémités qui lui manqaent j
ctoient peut-étre rapportés en marbre blanc- Aux
deux cotes de cetce ílatue font pofées deux co-
lonnes de breche ^ & au-devant eíl placee une
tres-grande jatte ronde , de dix palmes romains
de diamétre , á-peu-prés fix pieds francois , qni
eft de la méme matiére. Une baignoire antique de
breche fert aujourd’hui de fonts baptifmaux dans
la cathédrale de Capoue.
BRESCIA. Muratori (loo. i. Thtf. injcr.')
rapporte Tinfcnprion fuivante trouvée aux envi-
rons de Brefcía , & gravee en Thooneur d’une
divinité inconnue :
ALANTEDOBA
SEX. CORNELlüS
PRIMUS
V. S. L. M.
BRETTIUM. Voyez Brutth.
BRIA, grand vafe ou Pon mettoit le vin. .
Arnobe íytx.') en fait mention : Date, qu^fo ,
immortalibus diis , bibant ^ fcypkosq brias depro-
rrziíe.
BRIAREE, géant J íiis du Ciel 8¿ de la Terre ,
avoít cent mains^ & cinquante tetes ; ce qui le
fendoit redoutable aux dieux mémes. II eutpour
lemme Cymopolia. Briarée eut part á la guerre
des TitMS , contre les dieux 5 mais , dans la fuite
if rendit un gwnd fervice á Júpiter. Homére
1.405.) dit qucj dans une confpiration
Tornee par Junonj Minerve & rveptunej contre
le fouveram des dieux Briarée, le géant aux cent
Biains j monta au ciel pour fecourir Júpiter, á la
friere de Thétis, & s'aílit auprés du marcre du
tonnerre , avec une contenance fi íiére & fi ter-
rible., que Ies dieux conjures en étant épou-
vantés, renoneérentá leur entreprife. Briarée fut
pris un jour pour arbitre dans un difterend entre
le Soleii & Neptune, au fujet du territoire de
Gorinthe ; ¡1 adjugeaPifthme á Neptune, Se le pro-
Kioncoire au Soleii.
Les hommes 1 appeloient Egéon , Se les dieux
Briaree O’J. le Fort , du grec Solfn (c. il.)
étt oue Ies Caryftieris luí rendoisnt un cuite faus
B R I
fon dernier nom ; comme, ¡es Chalcidiens lui en
rendoient un fous celiii d’EcEON. F’. ce mot.
Callimaque ( ia Lavacr. Diand ) aífure que
Briarée fut frappé de la foudre par Júpiter dans la
guerre des géans, & enfeveli fous PEtna; mais
¡es autres écrivains racontent ce fait d'Eneé-
kde.
BRICO, Briccit. ... dans les Gaules.
BRICCIT.
Les médailles autonomes de ce lieu font :
RRRR. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
BRIDE. Les premiers hommes qui domp-
térent les chevaux, n’employérent long-tems pour
les conduire que la voix.. lis fe fervirent enfuite
d’une baguettej & la bride fut avec Péperon les
derniers moyens inventes pour fs rendre entié-
rement maítre de ces útiles animaux. Pluíieurs
peuples nómades , & entr'autres les Africains ,
confervérent long-tems aprés Pinvenrion de la
bride , Pufage de les conduire au fon de la voix,
& avec une limpie baguettte. Ckft ainfi qu'en
ufoient encore au tems de Lucain les Maífyliens
(Pharf. IV. 082-) :
Et gens quA nudo refidens Majfylia dorfo.
Ora levi fleñit frenorum nefeia virgá.
Némélien , qui écrivoit pluíieurs fiecles aprés
Lucain, aífure que les Maures & les Mazaques,
peuples africains , ne fe fervoient point encore de
bride {Cyneget. n. 264.) :
Quhique infrenes , quod liher uterque ;
iNam jiecli facilis , lafcivaque colla fecutus,
Paret in obfequium lentA moderanúne virgAt
Verbera funt pr Acepta fug& , fanu •verbera freni.
Les Grecs, jaloux de placer dans leurs con-
trées Pinvenrion de toutes les chofes útiles, firent
honneur de celle de la bride au Lapithe Pélétbron,
felón Pline ^vii. y6.) : Frenos , & ftrata equorum
Pelethronium aiunt iwvenijfe. Virgile reconnolt
pour inventeurs de la bride tous les Lapithes
qu’ii furnomme Petethronii {_Gtorg. iil. Ii j.) :
Frena Peletkronii Lapitka, gyfofque deaere.
La bride auroit eu pour inventeur un habitant
méme de P01ympe,íi Pon en croyoit le feholiafte
de Pindare (O/y.Tzp. xm. )6.), qui nommePabas.
Cette d.éeífe , dit - ¡I , ayaat voulu faifir Pégafe
pour le remettre á Bellérophon, inventa la bride.
De-lá vint , ajcute-t-il , que ce héros lui confacra
un temple Se des fétes íous le nom de’Minerve-
Hellotide.
Pícus sDprenons de Tite-Live qus le cavahei'
foníains Stoietit la bride á Ieursch;rau3f3 lorfqü’iis
vouloient fondre avec impétuofité fur Ies ennemis j
3i: vaincre ou périr (/r. 55.) : Maglfier equitum ,
■ frenos ut detrakant equis , imperat : & ipfe princeps
cdlcaribus fubditis , evecius effreno equo in medios
ignes infercur : & alii caiícitati equi libero curfu
ferunt equitem in hoftsm.
« Les Romains , dit le comte de Cavlus (Rec.
t. pl. 123. n°. 1.) n’avoient pas Tufage des bran-
chcs pour les mors de leurs chevaux. lis ne leur
mettoient dins la bouchej felón tous Ies mo-
numenS;, que ce que nous appelons un filet. Cette
pratique avoit un avanrage fur la notre, celui
d'étre plus limpie. Ces íilets étoient plus fáciles á
entrerenir ^ & íujets á moins d’accidens , foit dans
les marches . foit dans les mouvemens de guerre.
Tout me perfuade que ce n°. 2 repréfenre un de
ces filets anciens. Le mouvement qui fe rencontre
dans í'e miiieu j eít tres-bien pris & tres-bien dif-
pofé pour ne janiais pincer la langue du cheval.
I es tors de la fabrique font convenables pour agir
fur les barres fans les offenfer. Enfin , les deux
anneaux qui terminent Ies extrémités j pouvoient
fervir á reteñir ce filet par la téciére , 8c i re-
cevoir Ies renes. La confervation de ce bronze
ne peut étre plus parfaite. Su longueur totale eft
de quatre pouces cinq ligues ».
Les chev'aux des ñatues cqueftres qui font venus
jiifqu'á nous^ n'ont abfolument rien dans la bou-
che- Les Romains ne faifoient ordinairement
ufage que de ce que nous nommons aujourd'hui
un filet- II paroft cependant par un autre mors
publié dans le premier Recueildu méme comte,
( vog. 26 5 ) quh! y en avoit qui étoient atronáis
& non brifés.
BRIGUES, ambitus. Cétoient chez Ies Ro-
mains les démarches que faifoient les afpirans'
áux charges de la république, pour obtenir ces
charges. Revétns d'habits blancs, qui leur firent
donner le notn de ca.ididats , ils parcouroient
toute la vílle & les environs, cherchant du crédit,
des amis, de Tautorité parmi les grands, follici-
tant les fuffrages du peuple dans les places &
dans Ies aíTembiées publique-s. De-la vint le mot
umbitiis , compofé de Lancienne prépofition
autour , & de iré,- aller : il íignifie proprement
l’aclion par laquelle on environne une perfonne ,
pour avoir fon fuffrage dans Ies éleélions. Les
candidats prenoient Ies mains de ceux dont ils
brigiioient les fuffrages , & les appeloient par leurs
noms , donr ils avoient granó foin de fe faire
inílruire. Ils les embralToie-nt ménrei & ils leur
faifoient tant de careffes que CraíTiis , marchant
dans les mes de Roma avec Servóla renommé
pour fa fagefie, le quitta brufquement en lui
difant : Vous m'empéchez d’obtenir le confuiat,
parce que le n'ofe en votre préfence fa;re des
fottifes. CraíTqs appsloit ce ce nom ces care.Tes
étudiées ¿ont les candidats accab’o'enr des gens
aurquels i's pir'oicst pour la premiére fois, &
qu'üs ne fe propofoient plus de fréquenter apréj
la nomination aux charges.
On appeloit legitimes , ambitus conceffus ,
Ies démarenes dont nousvenons de rendre compte.
Mais ii y avoit une feconde efpcce de brigue ,
ambitus infamis , dont on faifoit un crime aux
candidats , & que 1 on chercha a réprimer par
plufieurs loix, par de fortes amendes, par l'in-
famie, & par la tranfportation dans les ifles dé-
fertes. Lssbrigues défendues étoient les meaaces,
la forcé ouverte , les combats des gladiateurs
donnés aii peuple la veille des élections, & enfi.u
les largeíTes extraordinaires. Ce dernier moyen
fut employé dans les derniers tems de la répu-
blique , aveo une publicité qui paroit incroyabie.
On avertifioit pubiiquement les tribus des fommes
d'argent qifon leur prom.ettoit pour obtenir leurs
fuffrages5 & cela, dit Cicerón, sappeloit pro-
nunciare in tribus. Les candidats fe fervoient pouí'
ces honteiix marches , de trois fortes de per-
fonnes , qu ils appeloient coileétivemenr inter-
pretes : c’étoient les entremetteurs , charges de
faire agréer les offres,per quos pañio inducebatur;
les dépofitaires des fommes convehues , fequeftres ;
& enfin divifores , ceux qui diítribuoient les
fom.mes á chaqué raembre des tribus. Suetone
nous apprend (c. 40. n. 4.) qu Augufte diftribuoit
le jour des comices mille Nujíjsus (V. ce mot.)
aux membres des tribus Pabia & Scaptienfis , aux-
quelles il appartenoit : Fabianis & Scaptie^fbus ,
tribulibus fuis, die comitiorum fngula millia num-
múm a fe dividebat.
Dans Tarticle Brigues de TEncycIopédie ,
M. Tabbé Mailet a écrit que !a brigue a codté
pour une feule tribu jufqu á 80,725?, livres. 11 y
avoit trente- cinq tribus; on peut jugér.par ce
nombre , des fommes immenfeS que coútoienr
les charges á Rome, quoiqu'elles n’y fuíTent pas
vénales.
BRIMO : c’eít: un des noms de Froferpíne,
qui íigniíie la terrear , ¿wi r£ ¡¡ituZ-í , a terreado ;
parce que les anciens croyoient que les terreurs
noéiurnes venoient de Proferpine. Properce a
parlé des faveurs que Brimo ou Hécate avoit ac-
cordéés á Mércate fur les bords da iac Boébéis,
en Theífalie (r2. eleg. 2:) ;
píercurioque facris fertur Boebeidos undis
Virgineum Brimo compofuijfe latas.
Cependant Tzetzés expliqu-ant le vers 1176 de la
Caífandre &t Lycophon , dit qu'elle réílíla au'fiis
de Maia; & que le nom Brimo fut donné á Hé-
cate dans cet inílant, pour exprimer l’air terrible
avec lequel elle regarda cet audacieux.
J.iblonski iPantk. JEgypt. ic6.) a faít voir que
la déeífe Brimo des Grecs ctoit la méme qiie
Ti-.krdmbo des Egyptiens , & que cette derniére
éto’t Iñs-én-courroux j aupelée denü-s Hécate.
Sfíij
5o8 B R i
Pour paríef av«c plus d’exa<ftítu<!ej il faut fe-
connoitre fous la dénomination de Brimo , une
déeílé en courroux. Ceft pourquoi nous Tavons
vü plus hauí appliquéeá Hécate^ qui envoie des
terrcurs noctiirnes. Tzetzes {loco eitato) donne
auíK fe méme nom Brimo á Proferpíne. Enfin , la
tolere dont Cérés fut faifie a la vue du rapt de fa
filJcj fa faíü auíE appeier Brimo par ArnoJie {adv.
Gentes , lib. v.p. I70).
BRIQUES. Les preraiéres iriques dont on fe
feryit dans fOrient, n'éroienr pas cuites ati four^
mais _fimplenient féchées au foleil. De-lá vint
qu’elies ne réfíítérent pas long-tems aux intem-
peries de f air. Quoique le ciel des pays orientaux
foit qrdinairement pur^ il y a cependant une fai-
íon de pluies ; Se c°eíl elle quí , répétée p'uíieurs
miliiers de fois , a détruit les briques -de cette
efpéce j dont étoient fabriquées les murailies de
Ninive , de Babylone ^ &c. On r/en retrouve au-
cnnes traces parce que les débris mémes de ces
muraiMes ont été décompofés par fasTtion aiter-
native de feau Se de fak.
Cette méme action fervit en pluíleurs occa-
fions rapportées par Paufariias {Ub. 8. p. 614.) ^
á faire preñare quefques villes grecques báties
ayec des briques féchées au foleil. Les aífiégeans
detournerent des rivieres, en dirigérent le cours
centre. Ies murs, des aíliégésj & réduiSirent ces
inaíies de briques en boue délayée. Les Grecs
avoient báti plufieurs villes & temples avec ces
briques féchées 5 Sr Paafanias nous a donné une
notice alTez étendue des débris quhl en avoit
vifités. C eíi avec ces briques qküs avoient conf-
iruit les murs deMantinée^ ceux d^Eione-j fitirée
dans la Thrace fut les bords du Strymon-j deux
temples de Cerés dans la Phocide , un périñile á
Epidaure^ & un tombeau-dans la.ville détruite de
LépréoS;, en Elide.
11 paroít par les écrits de Vitruve ilib. 2. c. 3.)
que la plupart des anciennes maifons de Rome &
des enykons étoient conifruires áe.br¡ques féchées
au foleil ; & cet habile architeéte n’a pas dédaigné
d'en enfeigner la fabrique.
On fe cegouta par. la fuité- de matériaux qui
avoient une íi courte diirée 5 & fon. inventa fart
de fz'nc cuite les briques dans -des^ fours. Cette
operatíon. paroiffoit d'abord plus difpendieufe ,
á caufe da prix des combuítibles; mais la promp-
íitude du travaii .Se ¡a bnéveté du tems faifoient
plus que de conipenfer ces prix.
A la terre deítinée á faire des briques caires , les
Romains rnéloicntdu rik'piléj connu aujourd'hui
en Italie fous le nom de fperone , qui eít iaunátre.,
& qui devient rougeátre dans le fea. Cette cou-
Jeur fe retrouve encore dans le grain intériear de
Izbrique. Deíii.nees á la coniiruction ' des murSj
.es briques n^éto.'ent pas épaiíTeSj mais fort ion-
gues. Leiir épaiífeur n'excédoit pas u.n pouce ^
(tiUit ii¿nes de Fxance) tandis cti’elles avoient
B R I
»
jufqu’á trois 8í quatre palmes (deux pieds & deu*
piedshuit pouces de France) de fuperíicie. Vitruve
parle de ces briques longues qui fervoient princi-
palement pour les voujfures. Voyez dans ce
Didionnaire f arricie Bípeda. On en. voit méme
de quatre pieds de longueur.
Prefque toares les briques tirées des conñruc-
tions antiques j portent des figles ou lettres ini-
riales de quelques noms.' Le comte de Cavlus
iRec. ni. p. 253.) en a cité une , entrautres éqiii
luí a fak naitre de fages réfíexions fur cet ufage
des co.nítruéteurs romains.
« Ce fragment, dit-iE préfente la plus grande
portion d’une brique dont le inouie portoit une
infeription difpofée de méme. Ces attentians
pour des m.atiéres aufll viles en apparence ,
trappent néceíTairement fefprit, & me conduifent
á des réflexions que je ne puis mkmpécher ce
Gommurdquer. II eíl conftant qu un homme cu-
rieux & fevant feroit á portée , shl habitoit la
viile de Romej de recueiüir les noms qu'on lit
fur ces briques , & de raffembier, par ce moyen,
une fuite de magiírrats illiiñres^ par les foins
& fous les ordres defqueis on a coníiruit ou reparé
plufieurs monumens célebres. Leur conífruétion,
liée á plufieurs événemens de fHiítoire Romainej
rendroit cette fuite d’autaat plus- iatéreflante ,
que le plus grand nombre de ces bátimens n'exifle
plus ».
cc On li.t fur la brique qui m^’a conduit á cette
réflexion 2
IM'C.€SNERTRAAtíS.
EXIIGÍLMARCIANIS..
CCAL.. PAVOF-IS.
If faut compléter ainfi- ces figles : iIvíperATOK
C.$S.4.R NERVA TRAJANUS AUGUSTUS EX
FIGEINIS MARClANISe. CALPURNII PAVORIS.
« Trajan a fait élever & a reparé un fi. grand
nombre, de bátimens ^ que fon, ne peut dire fi
fon nom eíl: mis ici comme ceiuí de ferapereur
régnant j ou comme celui du prince qui ordon-
noir. II paroít feulement que la fabrique Mar-
ciane ^ ott de Marcianus , étost recommandablcj,
&c que Calpurnius pouvoit étreEdilcj ou chargé
des ordres du prince , pour fexécution du báti-
ment dont on voit encore cette petite partie. De
fembiables inferiptions pourroient nous donner
des lumiéres fur des faits.plus intéreífans. Quoi-
que cette brique ne préfehte d’abord qkun objst
de pare curiofité elle ne laiífe pas de
mettre á portée de comparer la conduite des
anciens avec celle des modernesj par rapport^ a
la foüdíté des conífruétions j qui pour 1 orci-
naire ne dépend que de la bonne ou de la mau-
vaife condition des matériaux. _
LVttention ckon dónnoit á la fabrique , &
prindpalement á la cuiííbn de la brique , prouve
la fageíTe des anciens. Le fentinecnt attache
B R I
idees de la poñérité , s'efi: établi dans RomCj des
le tems de fa fondati&njparrexemplejle fecours S;
les impreüions que les Étrafques eii ont données
aux Romains , mais ces pratiques raii'onnables
régrioien: dans le monde long-iems avaii: l'exii-
tence de ce nouveau peuple. J’a'i rapporté dans
le premier volume de res antiquicés une brique
égv’ptienne tres-bien conferv'ée ^ & fur laqiieüe
on a moulé une Fort belle tete d’líis. Un pareil
exemple ^ á dire !a vérité ^ ne leroit pas a fuivre 3
car certa magniñcence eíl; abfoluinent en puré
perte ; mais les ínfcriptions dont les Romains
prenoient foin de les cbarger , nous montrent
que l'utilité publique étoit regardée par les plus
grands perfonnages de REmpire , avec une con-
fidération qui les empéchoit de fonger á la ma-
riére , pour ne s'occuper que de Tobjetj c'eft-
á-dire de Tuti-lité. »
Le recueil des ínfcriptions pubiiées par Fa-
bretti, odre des recherches précieuCes fur cet
objet.
Srrabon dft que Ron fabriquoit a Pitané en
Mvfie , des briques íí légéres qu eües nageoient
fur Teau. On pourroit croire qu'il veut parler
ici de briqucs cuites d’aprés Ranalogie quhl y
avoit entre-eiles & les barqucs de terre cuite
dont fe fervofent encore les Egj'ptiens au mo-
ment ou cet écrivain voyageoít fur le iNil.
BRIQUETA GE de Marfal. Ontrouve en fouü-
lant á une certaine profondeur , á Aíarfal en
Lorraine & aux environs ce que Ron appeile
communément briquetqge. C'eft un amas de mor-
ceaux de terre cuite rougeátres ^ femblables pour
la maticre aux briques cuites. lis r/ont pas été
moulés 5 mais on leur a donné en les pétriíTant
avec les mains , tcute forte de formes bizarres :
les uns fonr des cyündres , d’autres des cones
irrégü'ders , queiques-uns approchent de parallé-
lépiJédes. On en voit plaíieurs oú Rempteinte de
la maia eíl parfaitement marquée on obferve
auíTi fur d’autres les empreintes d’un morceau de
bois qui a fervi á battre .Se preíTer la. terre. Les
plus aros morceaux de ce briquetage ont dix á
douze ponces de circonférence ; les autres d’iine
moindre groíTeur , ont toute forte de dimeníions^
& quelqaes-uns fonr trés-petits. Tous ces mor-
eeaux jetes confufémenr fur les marais fans mor-
tier ni chaux , avec !a cendre Se les autres
débris qui fe trouvent dans les fours á briques ^
forment un maílif trés-foiide fur lequel les Ro-
mains avoieat fondé Marfal. M. d'Artézé a dé-
crit avec foin cette aneienne & íinguliére conG
truclion.
BRIS.. Le droit odieux.de s’appropriér Ies effets
des malheureux que la tempére faifait échouer
fur les cotes j étoit exerde par Ies Gáulois , qui
regardoient tous Ies autres peuples comme leurs
ennetris , & qui immoáoient á lears divinités íes
ctrangexs jexés. fur leurs borüs. Les Ronaains
B R I
j deyeniis tniirres des Gau'es , abolirent le droit de
bris q ma!s les_ piiiages que les pirares Xormands
e.tercoient fur les provinces maricímes des Gaules,
le firent mt-abur. La reugrcn chrétienne contribuí
daiiS p.üíieurs provínces a ton abolition ^ comme
nous ! apprennent les aíres de quelques conciles.
BRiSitiS j edfameuie dans i biíloirej. poétiquej.
par Ramour qu elle inipira au vale-ireux Achiile.
Son véritable noin ctoit Hyppodamie : Briféis
étoit ce que Ies grammairiens appellent un aom
patronymique ; c'eíí-á-dire , formé de cebú du
pete. Cette ferrvnie célebre devoit le iour a Bri-
féus, ou Eriféis. Suivant Homére , elle ctoit
femme de .Mynés roi de.Lyrneire ; & elle tomba
au pouvoir d'AchüIe, lorfque ce héros eut pris
cette ville^Sr qu’ií en eut rué le roi. D'autres
auteurs difent que c’étoit Faétion qui ctoit roi de
LyrneíTej &: mari d'Aftynomie ^ filie de Chrvsés,
quand Achiüe prit cette vüle. I's ajoutent qn’a-
prés cette conquere ^ Achille alia attaquer Pédafe,
ville des Lélégons , oú regnoit Brises , & quhl
prit fíyppodamie fa filie. Quoi quilen foic3.A.chilIe
l'emmena dans fa tente , & Raima tendrement :
elle s' étoit m-eme flattée quhl Retrunéneroit ert
Theílaiie pour Répoufer. Mais Agamemnon Ren-
ieva á Achiile 3 comme on le dirá au mot Chry-
sÉis j & cette infulte fut caufe qu’Achiüe ceíTa
de cómbame les Troyens. Ces deux héros Grecs
fe réconciiiérenr enfuitC:, & Agamemnon oírrit
beaiicoup de préfens á .Achiile , luí rendit Brif-is^
& lui jiir.t folemnelleroent qu'il ne luí avoit pas
fait partager fa couche. Ovide n'en crovoit rien ,
& il aíiure qii'Agamemnon sMtoit confolé avec -
elle de Rabfence de Chryféis. Tous Ies auteurs ont
'pzxlé ÓA Brzfcis com.me d’une trés-belle íemme.
On nefait ce oTeiledevint aprés la mort dUAchilIe^
Voycq^ Achirle.
BRISEUS , Bacchüs fut ainfi nommé , ou
dü nom de la Nymphe Briíis , qui fut fa
nourrice ^ ou de Rufage du miel & du vin qu’iB
trouva le premier. Car bris , en Phénicien ^ figni-
fioit doax , agréable 5 ou parce qu’il avoit un
temple á Brifa , promontoire de Rifle de Lesbos..
Muraron ( Thef. infcr. jjp. 3.) rapporté une
mfcription grecque trouvée á S.myrne , dans ia-
quelle Bacchus eñ déíigné fous ie nona de Bac--
chus-Briféus.
BRíSIS, Nymphe qui fut nournce de Bac’
chus furaommé Briféus á caufe d'’elle.
BRITANNICUS^fils de Claude & de- MeíTaline..
CL.a.uDius Brita-n'nicus C^ssar.
Ses médaiíles font :
G. en or & en argent.
RRRR , ou peut-étre unique en P. B. latin ^
avec la qualite d’Auguíte j- dans ie cabinet de.
Pellerini
RRRR. en G. B. grec.
On en connoít ttois revers diíBrens»
RRR. en TíL B.
5 IC3 B R I
En genera! j fes médailles grecques font fort
rares. M. l'Abbé Jean-Bapdíte Vifconti en pof-
séiie une unique en broHze latin^ avec la légende ;
Ti. Claudiüs Cyesar. Aüg. F. Britannicus.
Nerón fit détruira foigneufement tous Ies mo-
numens de cet infortuné prince : M. le Cheva-
lier Azara de^ Rome ^ pofséde cependant une
Ifatue de marbre échippée á fa fiireur. Elle a
été ^ouvée pres de Tivolij dans le défert appelé
les tijons i & elle repréfente Britannicus en Bac-
chus j comme on le voit gravé fur fes médaiües
grecques.
BRITANNIQUE. Soün ( c. 24. ) dit que Mi-
Berve portoit ce furnom , parce qu’elle préiidoit
aux fontaines de la Grande-B retagne.
Plufieurs empereurs fe font fait appelei Bri-
tannique , parce qii’ils avoient porté Ies armes
dans la Grande-Bretagne. Commode l’a porté
pour une raifon contraire, felón Lampride (c. 8.) :
Appclld.tiLs eñ Commodus etiam Britannicus dh
actulatorious , ciim Britanni etiam Imperatorem
contra eum deligere voluerunt. Sévére fa porté
auíE j & les antiquaires ne le lui donnoient pas
avant la derníére année de fon régne^ Mais Ba-
telp a pubiie dans fes Anúquitates Rutupins , une
médaiüe de ce prince , oú le furnom Britan-
ntqae eíl joint á ia fcconde puilTance Tribuni-
eienne.
Caracalla a- fait mettre le méme furnom . fur
une de fes médailles de grand bronze qui avoit
appartenu a de Boze, & que fon voit au cabinet
^ Roí. Elle a pour légende autour de la tete :
M. aur. Antoninüs Plus Aiíg. P. B. G. Max :
C eft-a-dire, Perficus , Britannicus , Germánicas ¡
idascimus. On lit au revers , autour d'un beiíTeaa
garni d’épis , ^ternum beneficiuiví.
ÍBRITOMARTIS j Nymphe de Diane, qui ha-
bitoit i ifle de Créte j oü on iui rendit aorés fa
mort un cuite religieux. Voye^ Aphea..
. Gn attribue a Britomartis finvention des filets
dont^ fe fervent les cliaíTeurs ; & cette invention
lu! íit donner le furnom de Diélynne , du mot
grec o¡y.Tut> , filet. Quelqaes écrivains confon-
cent j a 1 exemp e d Heiycnius , Britomartis avec
Diane de Crete", ou Diáynne. Solin {c. i-j ) Ies
a fuivis. Mais le Scholiaíte de Callimaque , expii-
uant fhymne tcoiliéme compofé.á la louanse
c Diane , dit que Britomartis eñ; une Nj'mphe
a saafe de laquelle on honore Diane en Créte j
fous le nom de Britomartis méme.
Le Schoüaíle d’Ariífophane {Grenouil. Acl.
r. Se. zi) fappelle Bretimanis , & raconte que
cette Nymphe fe rrouvantunjour embai^raffée dans
des .fiietSj^ fut délivrée par Diane , en fhon-
aeuTiz qui elle bátit un temple & créa le furnom
ac x^iciynne , relatif aux niets.
D;odore_ ae Sidle .me que le premier Minos ^
^ rcii j ait bruie pour Britomartis d’une
B R O
flamme impura ^ comme nous f avons dit a fat
riele Aphea. Mais VoiTuis ( de IdoL l. i. c.\j
& 1. 2. c. 25. ) a réfuté Diodore^ & expliqué le"
fait ^ en diíiinguant deux rois de Créte / du nom
de Minos.
Britomartis figniSoit^felon Solin cité plus haut
une douca vierge ; parce qu'on appeloit une vierte
Alareis dans fancienns langue des Crétois ^ le
Brito ce qai eíl doux.
BRITOVIO iAíarti).
Gruter ( fy. 10^.,) rapporte finfeription fui-
vante trouvée á Nrmes 5
AUG. MARTI. BRITO
VIO. SALVIUS
SECUNDI. FIL
EX. VOTO
BRIüLA, en Lydie. bpiotaeitíin.
Hunter poífédoit une médaille autónoma de
bronze , avec la légende ci-deffus & Cybéle au
revers que l^í. Combe attribue \ Briula.
. Cette ville a fait frapper quelques médailles
imperiales grecques , felón le P. Jobert.
BRIZO , Déeffe du fommeil , qui étoit hono-
rée á Délos , felón Athénée. Elle préiidoit aux
fonges 5 c'étoit elle qui Ies propofoit comme des
oradas. Les Déliennes iui offroient , en recon-
noiíTance , de petites barques pleines de toute
forte de préfens ^ ¡es poiRons exceptés ,~'pour
obtenir l'neurtux fuccés des navigstions. Son
nom vient de , dormir.
BRIZO MAN CÍE méme fiiperílition que
f EnhypniomaBcie 8c fOnirocritique. C’étoit une
divination, p-rnTua , par le moyen des fonges que
le fommeil fait naítre. Ce mot vient de
dormir.
BROCCHUS j furnom de la familia Furia.
BROCHES de Diane. Diane d’Ephéfe eft fou-
vent repréfentée entre deux cerfs j Se ayant íes
mains Rjutenues par des appuis que Minutius
Félix appelic broches. On peut voir dans le The-
faurus Brandehurgenfis les conjeclures de Béget
fur les diviíions globulaires , qui forment ces
appuis ; & dans les Antiquités Grecques de Cro-
novius (yom. j. v. 307.) , une diíTertation de Hoif-
ténms fur ces broches myílérieufes.
BROCHET ; cepoiffon étoit fobjet d’un cailte
religieux á Oxirinque-en Egypte.
BRODEQUÍN. Nous dorinons aujourd’hui ce
nom á fefpéce de chauíTure que portent Ies
acleurs tragiqaes , & á des bottines qui ne s’élévent
pas. au-deífus du gras de la jambe. EPés repré-
fentent les efpéces de chauííares que les anciens
appeloient Campagus , Cothurne & ceiies
que nous avons décrices á fatticle BottíHSS.
y^oye^ ces mors.
B R o
BROMALES. Ce nom fe trouve expliqué dans
Théodore Ealfamori au 6i- canon du concüe de
Conflannnople , appelé in Trullo , comme sAI
venoirde Bromius, Bromien , furnom de Bacchus ;
mais il faut rexpliquer par les Brumales des
Latios. Voye-z^ ce mot.
BROMíENj'n
BRGMTL'S f donné á Bacchus,
oa á c-aufe du branque faifoient les bacchanres,
ou parce quhl naquit, dit-on, au bruit d'iin coup
de tonnerre qui fit accoucher Séméié fa mere;
ou enfin parce que les buveurs font fiijets á faire
beaucoup de bruit. Ce mor vient de , je
frémis , je fais da bruit ,• ou de , bruit.
Ovide á chanté ce furnom de Bacchus (Met.
4. II.):
Thura dabant ^ Bacchumque vocant , Bromiumque
Lyecumque.
BROMOS. Voyez Bled.
BROISTEE oü Bronton, machine dont Ies
anciens fe fervoient dans leurs théátres pour imi-
ter le tonnerre, appelé Spotrí en grec. Oétoit un
vafe d airain , caché fous le théátre, dans lequel
on faifoit rouler des pierres. Feñus appeüe cette
machine le tonnerre Claudien , du nom de Clau-
dius Pulcher , qui Pavoit inventée.
BRONTÉS, un ¿es Cyciopes qui forgérent
la_ foLidre dont fut armé Júpiter. 11' étoit fiis du
Ciel & déla Terre, felón Héliode. D'autres luí
donnent pour pére Nepmue, & Amphitrite pour
mere. Son nom vient du mot grec .Sfsvr?, ton-
nerre.
BRONTEUS , furnom qu on donne á Júpiter
qui lance le tonnerre. Ce mot vient de
tonnerre , & il eft fynonyme du fuivant , bronton.
BRONTON. Gruter a rapporté plufieurs inf-
criptions dans lefquelles Júpiter eílappeléBro.vron,
tonriant. Muratori rapporté la fuivante, oú cette
divimté particuliére des habitaos d’Aquiiée eft
mal nommée Brotan
BONO DEO
BROTONTI (TAeji infcr. 8. 8.)
Bronton , machine. Voye:^ Brontée.
BRONZE. Par le mot bronj^e on ne défigne
aujourd’hui qn’un allíage de cuivre, d’étain <k
de zinc j employé aux ílarues qui décorent les
places publiques 8f les temples. Mais Ies anti-
quaires ont donné á ce mot une acception plus
etendue ; ils appeüent brón-qes tous les reíles pré-
cieux de Pantiquité qaí fent de cuivre allié, oa
de cuivre pur; de forte que ce metal porte toii-
jours le nom de broniqe dans leurs écrits. Cet ufage
nou_s oblige á traiter dans ' cet arricíe tous les
oujets rela-tifs á ía conpoiiTarice ^üe áoit avosr dii
ero 511
cuivre un antiquaire inftruit; & nons vapoellerons
touioursiro.’i^e le méta! méme. L’aigreur qui refte
encore aux ouvrages de ce metal que nous ont
laiffes les anciens , en nous apprenant quüls ne
favoient pas , ou qu’i's ne vouloient pas le fépa-
rer exaclerr^er.t des autres métaux & demi métaux,
juílifiera aíiez i emploi que nous ferons du mot
bronce.
^ Les armes des Egyptiens Se des premiers Crees
étorent-elies de brontpe , comme raíTure poíirive-
ment Héfiode dans ces vers ? {Oper. & Díer. 14.9 )
« Leurs armes éroient de bronqe ; leurs mailons
” en étoient couvertes ; ils fabriquoient leurs
» ourils avee le bron:¡^e ; & le fer , ce métal obf-
cur , n’étoit pas encore employé » ;
ToTí T h reUz'-l j ;íéAK:s( Js ri
XaAxS T láxag e' éx. nS'rfig ;
comme Paufanias a eííayé de le prouver par un
grand nombre d'exempies dans fes LacoTiaues ;
comime on peut le coniedurer d’un pafTage de
Plutarque dans la vie de Théfée , ou ií raoporre
que les armes de ce héros trouvées dans i'ifle
de Scyros Se apportées á Athenes par Ci.mon, fiIs
de Aíiltíade , étoient de bronze.
Ce métal étoit-il fufceptible de k trempe ,
propriété néceffaire á un métal que fon deítine
á faire des armes tranchantes , épées , poi-
gnards , &c ? Les recherches du favant comte
de Caylus Pont mis plus á portée que nons ne
pouvons récre , de repondré á ces queftions.
C'eñ pourquoi nous allons le kiíEr parler.
« Le cuivre , dic-il dans fon Recueil dkntiqaités x,
p. 239, fe tire de la terre avec facilité, & on Py
trouve en parties fort étendues. 11 fe met aifé-
ment en fuñón , & aucen metal ne prend mienx
le moule. A.uíE Phiííoire nous apprend qu’il a
etc le premier 8c le plus généralement emplové.
Le fer au contraire n’eít point du tout apparent
dans la mine ; on ne le trouve qu’en trés-petites
parties , qifune premiére fonre ne fert qifá réa-
nir. .11 faa: au nioins deux fois plus d’opératicns
pour le mettre en état d’étre mis en ceuvre ,
parce que Fon ne peut le ierer en moule que
pour des ouvrages groííiers. II faut done toiitours
le forger, c’eft-á-dire , le travaíller chaud & au
marteau. Ainfi , e.n convenant qu'il étoit conriu
dans la Gréce , dans PAíie Se dans Pltalie , on
doit avouer auíli quril devort étre fort rare &
trés-cher dans tous ces pays. »
cc Je ne Pai iamaís regardé comme inconna aux
anciens : les auteurs atteílent trop fouveat fe con-
traire , pour que nous puiíTions en duucer ; mais
il y a de grandes diítinctions d faire d cét égará
dans Ies aheiennes híftofres 8c je fiáis perfiraáé
que feilime toujours attachée aux choíéj rares,
a fouvent engagé íes anciens á parler de ce métai
par métaphore, & quetifin üs ont ¿te Tur cít.
Jiz B R o
j di pluíisíii^s occsílOils ¡ pliis clc^^sns
qu exacts. Quoique j’ayedir avec raifon que rem-
pire des atts avoi: éprouvé le plus de révoiu-
tions j }£ ne crois pas que les connoiffances
íimpies coir.me ceües des métaux puiílent qtre
dans le méme cas, c'eft-ádire, qu'eües fe per-
dent jamais. 11 faudroit pour ce!a_que la terre fut
boaleverfée , ou qu un pays fút ennérement
détruir.
« De quelque igncrance que les plus grandes
iumiéres Yoient fuivies, elle ne fauroit devenir
feníible aue fur la facen de travaüler : mais la
mariére une fois connue , a toupurs exiíte ,
quoique plus ou moins bien travaillee, auífi bien
qu en diírérente quantité , dans les pays civdifes
qui n ont point éprouvé de bouleverfement ni de
dépeupiement depuis la guerre de Troye. 11 faut
done arriver par les idées genérales aux confé-
quences du detall , Se dire , par exemple : Ho-
rñére parle du fer. Ce grand homme eft trop
exadt pour avoir peché contre le coftume le
fer exiftoit done. Mais il n’en parle que bien
raremenr ; done ii en exiíloit peu de fon temps.
Frefque toutes les armes qif il met entre les mains
de fes héros , font de cuivre , Se il eft conftant
que Ton travailloit alors ce métal avec toute
rintelligence poffible. Je n’en veux pour exemple
que le bouciier d’Achille , qui me paroir tou-
jours le chef-d'ceuvre de refi-rit humain du cote
de la compofition. On ne peut méme douter que
Texécution rfy ait répondu , ou que du moins il
ny eút alors des artilles qui en fuííent capables5
car le poete cotnrr.e le peintre ne peint que con-
formément á ce qu’ü voit ou á ce qu’il a vu. ”
ce Si Ton defeend plus bas qif Homére , on lira
des faíts fur lefquels je pourrois appuyer mon
fentiment. Hérodote ( lib. i. cap. xxr. ) dit
qu Alyatte , roi de Lydie , envoya á Delphes un
grand cratére d^argent Se une foucoupe de fer
foudé. II ajoute que céiok le plus admirable des
préfens faits au temple d’Apollon , & qu’il
a-voit été travaillé par Glaucus de Chío. Paufa-
nias X. c. i6. ) parle de ce méme cratére. II
eft, dit-ilj, Pouvrage de Glaucus de Chio, qui
avoit trouvé le fecret de fouder le fer. La bafe
ou foucoupe , continué le rnéme auteur , ne
tient pas par des boucles ou des agraffes, ni
par des clous. Un peu plus bas, Paufanias , á
Poccaíion d’une fiatue d’Herculc en fer , obíerve
que ce métal étoit fon difficile á mettre en oeuvre,
quand ii s’agiffoit d’en faite une ftatue. II eft
vrai quftl parle aiileurs d'une ftatue de cuivre ,
formée de plaques rallemblées Se retenues par
des clous ; mais il ajoute que c’éteit la plus an-
cienne que Fon connút de ce métal. Je demande
maintenant s’il n'eft pas clair que du tems
d’Alvatte , c’eft-i-dire , environ 6c© ans avant
Jéftts-Chrift , Part de fondre le fer étoit encore
dans fon enfance ; Se ce que pouvoient étre les
;^mes Se les auuss ufteníiks de ce métal , tra^
B R O
vaillés par des hommes li peu éclairés fur ce
point, quftls ignoroient la maniere de le fouder ,
ou, ce qui eft la méme chofe , d’en rejoindre Ies
parties. La reconnoilTance que Fon témoigne á
Glaucus , mérite bien de Fattention j 8e fa fou.
coupe préfentée au temple de Belphes , donne
au moins une idee de la rareté de ce métal , 8e
du cas que Fon en faifok. Je fuis done convaincu
que les anciens , non-feulement dans Ies premiers
temps, mais dans les fiécles des Romains , nefai-
foientufage que du cuivre,8<: qiFiIs n’employoient
pas communsment le fer j foit qu ils ayent fuivi
les pratiques 8c les ufages établis des lors dans
le monde ; ce qui s'accorde affez. avec leur peu
de génie pour les arts , & par conféquent pour
les découvertes 5 foit que le fer ne fút pas encore
auíli commun qu'íl Feft devenu dans la fuite ,
par le foin avec lequel on skft apphqué á le.tra-
vailler dans les derniers fiécles, 3c principalement
en Franca. »
« Quoi qu il en foit , je n'ai vu dans le nombre
des cabinets de FEurope dont jki vifité la plus
grande partie , que deux lames d’épées de fer
que Fon puiíTe regarder comme romaines. Elles
font dans le cabinet des Jéfuites de Lyon ; il n y
en a méme quMne qui foit entisre. ( On en a
trouvé une á Herculaniim , que 1 on voit a Por-
tic!. ) Malgré la rouiile & tout ce qui contribue
á détruire ce métal , ii eft étonnant que du
nombre prodigieux d'armes que les Romains ont
fabriquées pour leur ufage , il ne s en foit pas
confervé quelques \'’eftiges dans les lieux fecs ,
& principalement dans un pays chaud comme
EEqypte , qui fournit tous les jours tant d anti-
quités de toutes les nations , Se ou Ion n a ja-
máis trouvé le plus petit morceau de fer. Tout
eft bron-^e , pierre , verre , ou terre cuite. Ces
raifons feules étoient capables de me confirmar
dans une opinión qui deviendra plus claire ) 8c
qui fera démontrée par les monumens que 1 on
découvrira. == . >rr
« En attendant de plus grands éclairciliemens ,
je n’ai ríen négiigé pour retrouv'er la trempe du
cuivre. La moüeíTe de ce métal > ou la faalite
avec laquelle il fe caíTe , étoit une objection
trop foiide , & qui me faifoit trop de peine, pour
ne pas chercher les moyens de le rendre tel qaon
en puiife faite ce quedes anciens en faifoient,
en l’employant á tout ce que nons executons
avec le "fer. L’expérience eft au-delTus de tous e
raifonnemens. » . , '„i
“ Les recherchss que j’ai fait faúe fur
méme , m’ont donné le cuivre trés-dur, ton u,
forgé , alíié , trempé , fufcepnble de la V
enfin, foumis a toutes Ies propnetes ^
vais commencer par copier le detaii de i opy
tion que M. Geoffroi le fils a bien voulu taire
á ma priére ; 8c Fon jugera des foins &
fagacité avec lefquels il s’eft prété a ceti^
manoeuvre- Au reíte , toutes les experiences
B R o
il eíl parlé dans le difcours fuívant , ont été
faites fur des armes des Romains , & pour
fabriquer des lames pareiües á celias que
Ton a découverres á Genfac ^ ( village íitué fur
la frontiére de TAuvergne & du Bourbonnois) ,
S: qui font dans le cabinet des antiques du
roi. ”
cc Le vcrd-de-gris. qui nefe forree qu á la longue
•= fur le bronce , fert á décider á la fimple inf-
» peílion que les armes anciennes qu’on m’a fait
voir &c qui ont été trouvées dans la terre ou
55 dans les ruines , font de cuivre pur & fans
55 alliage, ou que s’il y a de ral'iage, du moins
55 le cuivre eft en grande quantité ; & c'eíl á ce
55 dernier fentiment que l’on doit s''arréfer , lorf-
» que fon peufe au peu de folidité‘'& de durete
55 que le cuivre pur peut acquérir par récromf-
55 fage , ou les autres moyens qui nous font
55 connas. M. le comte de Caylus , qui m’avoit
55 engagé á l’aider dans Texamen de ce metal ,
5= exam.en qui eír da reífort de la Chimie , m’a
K communiqué un paíTage de Philon de By ranee
55 {Matkem.vetcres), qui m’a fourrd le fmet de mes
■55 'premieres expériences. Levoici tel qu’il me i’ a
5» donné. =5
« Philon j en parlant d’une machine qui fer-
55 volt a lancer des-traits, & qui ctoit formée
55 de deiix lames de cuivre courbes qui avoient du
55 reiTort , dit que ces lames étoien: faites d’un
55 cuivre rouge ^ purifié & recuit -pl-afieurs fois :
55 on méle , ajoute-t-il , á une mine pefant de
55 cuivre , trois drachmes d’étain bien purifié ;
55 & aprés avoir fonda le toiit enfemblé > on en
55 forme des lames , on leur donne une courbe
>5 légére , & lorfqu’elles font bien froides ^ on
>5 ¡es bat peíidant long-tems. 55
cc J’ai fait des mélanges de cuivre & d’étain
55 fondus enfem.ble , & ailiés dans diírérentes pro-
55 portions : tous ces eíTais m’ont donné un cuivre
55 plus roide Se plus dur que !e cuivre rouge ;
55 mais ce métal allié n’avoir ni le grain m la
55 durecé des armes dgs anciens , qui m’avoient
55 été préfentées. Au teñe , ce méral eft aigre &
55 difficile á forger. Je croyois que puifque l’é-
« tain communiquoit au cuivre aílér de dureté
55 pour lui donner du reífort je pourrois par-
55 venir par ce feul alliage a le durcir aífez pour
5» en faite des armes. Aprés quelques tentative_s
55 inútiles , je cherchai á tn’aífurer s’il y avoit
5» dans ces armes antiques uñe porción d etain
55 feníible , & auííi confidérable que dans le métal
55 que j’alliois. Pour cet eífetj je mis dans un
5» baiii de plomb fur une coupeíle un morceau
55 de mon aliiage , qui auffi-tót qu’il commenca
55 á fe fondre , végéta , á caufe de Tétain qu’il
5» contenoit. J’ai répéré cette expérience fur le
“ métal des armes antiques ■, 3c es metal n ayant
53 point vegété , mais étant plus difficüe á fondr e
*'que le míen 3 je fus convaincu que ce ifétoí:
Antígultés ¡ Tome I,
ERO 51:
=5 poir.t I’étiin qui durciiToit le cuivre , qui eft
>5 le méta! principal des armes. »
« LadiSiculté que j’avois trouvée á fondre ce
55 metal , me íit íoupqonner qu’ií contenoit du
55 fér j & mon foupcoa fe changea prefque en
55 certitude , lorfque je comparai le grain de ce
55 métal avec celui de q-uelques eífais de cuivre
5= ailiés de fer , que mon pete avoit faits dans le
•5 tems qu’il donna á i’ Academia des Sciences un
55 Mémoire fur le tombac. 55
« J’ai cherché á imiter pour la dureté 8c pour
55 le tranchanc , une épée romaine ; 8c je crois
55 n’y avoir pas mal réuííl dans celle que j'ai
55 remife á AI. le comte de Caylus. Elle eft faite
55 avec un mélange de cinq patries de cuivre
•5 rouge 8c d’une partie de fer fondus enfemble ,
55 puis jetees en moule. Elle a été réparée 8c
5’ enfuire affilée fur la meule. Le fer que j’ai
55 ajouté au cuivre rouge pur j eft du fil-de-fer :
55 comme i! préfente beaacoup de furftee au feu,
55 il eft plus facüe á fondre ; mais il a I’incon-
55 vénienc de fe bruler facilement , & de fe ré-
55 duire en feories. Ainíi , je crois. qii’i! feroit
55 fort difiicile de déterminer la quantité de fer
55 qui eft méiée au cuivre , attend'u qu’on ne doit
55 pas compter celui qui eft changé en feories. 55
«On fait qu’il y a beaucoup de mines de
55 cuivre ferrugineufes. Ces mines fourniftent á
55 la. fonte un cuivre dur Se aigre qui a befoin
’5 d’érre raffiné pour étre dépouillé de toutes les
55 parties dé fer 8c de foufre qu’il contient , &
55 pour devenir doux 8c facile á trat'aiüer.Je crois
55 que fuppofant que les armes de cuivre fuífenc
55 communément en ufage chez Ies anciens , le
55 fentiment le plus naturel eft de croire que le
55 cuivre dont iis les faifoient , étoit ce cuivre
55 aigre 8c dur^ tel qu’il eft dans de certaines
=5 mineS:, Se qui eft ce que nous appelons le cuivrs
55 noir. lis s’epargnoient la peine de le dépurer :
55 ce qui I’auroit rendu moins propre á í’ufage
55 auquel ils le deítinoient. Comme nous avons
55 encore pluíieurs mines de cuivre qui font dans
55 le méme cas , relies que celles du Lyonnois ,
55 de la baífe-Navarre , Se prefque toutes Ies
55 autres de France il ne feroit pas impoifible de
55 vérifier ce fentiment que j’_ofe_ avancer comme
55 le plus vraifemblable ; mais je n ai pas eu z
55 Paris Ies facilités néceífaires pour les expé-
55 riences. 55 _ . ^ , • j- , '
« Aureñe , je crois avoir íimplemcnt indique
55 un des moyens qui pouvoient fervir á durcir
55 le cuivre ; je dis un des moyens , attendu que
55 je crois qu’il y en a pluíieurs j & meme qui
55 produiroient des efifets plus feniioles. ss
« Cette opération fi clairemenc renJue eft
d’autant plus* curieufe en elle-méme , que_ l’al-
liase de ces deux meraux , le ter 8c le cmvre
étoit regardé comme impoíTible; cette opera-
t'on.dis-ie/Gumet ¿oac le cuivre a mures les ara-
514 B R o
píiéiés du ler : ce qui peut mettre dans k fociété
un metal qai n’éprouve ni la rouille ^ ni Ies in-
convéniens de la longuear des travaux du fer.
Cependant il faut convenir que ce procédé ne
eonne guéres de reíTort au cuivre ^ & le rend un
peu trop caffant 5 mais il eft poflibie de faite des
xeclierches’& dkmployer d'autres voies^ & M.
GeoíFroi conviene lui-méme qu"il imagine d'autres
anoyens. Ríen n’eft plus juñe & plus naturel que
cette idee j & fexamen des bron^^es antiques ma.
prouvé la variété iníinie de leurs alliages ; ce qui
confirme la vérité de tout ce que penfe M.Geoffroi
far cet árdele.
«Cependant la voie de la trempe m'ayant tou-
jours para importante pour cette petite décou-
verte ^ & bien des gens la regardant comme une
chofe qui nkvoit jamais exilié ; jki fait travailler
un fimple fondeur ^ qui ne conneit que fa forge
& fon métak & que j’emploie depuis long-tems
a fouder ^ percer ^ enfin reñaur'er des morceaux
dkntiques. Son opération léve toutes les diffi-
cultés:, & répondj ce me femble^ á toutes les
objedíions. 35
« Voici ce que jki pu tirer d’uae converfatjon,
Gui bien loin d’étre elegante ^ n’étoit pas méme
fort claire 5 mais jkfpére que la fimple expoíition
du fait fera reque fivorabiement , á caufe de Tuti-
lité qui en réfuítera.
«Lkxamen quei’ai fait des bronces antiquesjrrda
» convaincu que les anciens avoient le fecret de
« tremper le cuivre ^ & mk engagé á en faire !a
>:> recherche. J'ai done trouvé que cette matiére
" étoit aufli fufeeptibie de ia trempe que l'acier.
M J’en ai méme aífez vu pour erre perfuadé que
== toutes les trempes ne fe font point reílemblées,
== c’eít-a-dire , qu’eiícs rfont point été uniformes ,
Se qukile's ont eu des variétés dépendantes des
=•= recherches parricíilíéres. Le falpécre & la come
3^ de cheval purifient le; méraux; il faut done en
=■= mékr dans ia fuñón du cuivre poGr ¡e rendre
» plus docile au moule , & le metire plus en
== état de recevoir la trempe.
“ Mes ouvrages rfétoient que de cuivre jaune
» pur j & conllñaient en lames d’épées ^ en
»= coins , en couteaux ^ & méms en ramirs. Je
» les ai dkbord fondas, travaülés & termines ;
» enfuitc je les ai mis au feu cerife, & trempés
•«> tout fimplement dans une eau du ruiííeau des
=5 rúes ou de boue , nielée de faie de cheminée ,
de fe!, d’ uriñe & d’aii j Se je puis aíTurer que
» ces morceaux ont acquis toutes Ies propriétés
^ que la trempe donne á Tacier. »
«\oici la proportion de la trempe que j’ai
« employée. «
" Sar une pinte d’eau du ruiíTeau, une poignée
» de fel tnarin , deux fortes poignées de fuie de
M cheininée , une chopine d’uriae ^ une tete
* dki! pilé. M
M. Monnetj métallurgifie célebre aftribus á
B R O
un autre aííiage la propriété de recevoír la tretnee
qu’avoit le bronie des anciens. H croit que c'étoit
ikrfenic qui durciffoit ainfi le cuivre. Ce de.mi-
métai accompagnant fouvent le cuivre dans fes
raines , Se les anciens ne fachant pas Ten féna-
rer, felón M. Monnet, il étoit trés-ordinaire‘ de
voir le cuivre difpofé-, par cet alliage naturel , a
recevoir la treuipe.
Fline (//é. 34. i.) parle des efpéces de cuivre
les plus renommées dans Tantiquiré. II nomine
en premier lieu le cuivre de ihíli de Chypre ,
ou il prétend que fut faite la découverte de ce
méta!. Se ou on le riroit d’une pierre appeiée
chalchls, différente apparemment de la calamine.
II ajoute que le prix du cuivre de fiíle de Chypre
diminua bientot, parce qu^on en rrouva de meil-
leure quaiité. Le cuivre jaune fur-touí fut pen-
dant long-tems trés-recherché pour fa beauté;
mais ¡es mines qui !e produifoient s’étant épui-
fées, on en tira de celies done Sailufte, faVori
d'Augufte, étoit propriétaire dans laTarentaife,
& de celies que Livie , femme dé cet empereur ,
pofiedoir dans ia Gaule. Du tems de PÍine, le
cuivre le plus efiimé étoit celui des mines de Cor-
doue en Efpagne , que Marius avoit autrefois
fait exploirer. 11 avoit la beauté Se í'éckt du
cuivre jaune ou laiton. L"on en fabriquoit des
feílerces & des dupondius. A i'égard des as ,
on ne Ies faifoit que de cuivre de Cnypre : Summa.
gloria nuTíC in Miarlanum converja, quod & Cordu-
benfe dicitur. Hoc a. Liviano cadmiam máxime
forBet , & aurichalci bonitattm imitatur i.n fejiertiis
diibondianijaue y Cypro Jao ajlibus contentis.
Les anciens ne redoutoíent pas autant que nous
Ies maijvais eífets du cú'ftt ; car on trouve á Por-
tici plufíeuts de leurs couloirs (pour le vín) de ce
niétal. M. de Non en a rapporté un de la grande-
-Gréce , qui reífemble aux pajfoires nioaeraes.
Cependant ils ont quelquefois doublé en argent
■ leurs vafes de cuivre. f-íercii’.anum en a fon'-"**
pluíieurs ainu doublés , pour teñir Jitu dera-
mage ; & fon en a trouvé de femblables kns
piufieurs endroits des Gaules , fur-tout aupres de
i-yon. ^ ^ ,
On peut juger par un crampón de ironre deínne
planche 99 , n°. i du fecend Recueú d'antiquués
du corare de Cavlus ,■ de Fattennon des ancicus
pour la folidité de leurs bátimens, &^de la PJ®'
férence qu’iis áonnoient au cuivre ¡i'.r 4 aet.
Outre le choix & ¡a condición parfaite des pierres ,
la íimplicité de leur coupe , la preciíionpie lear
trair, & ia juüeífe de leur pofe, sis ^aeoie.nt
crampons oü ils Ies jugeoient néceiubes , po--
asTurer encere plus la durée de leurs éds.ices. ées
crampons étoient de cuivre , parce qu'iis
foient Ies propriétés de ce méta! aisfii
le marbre, lorfqu’il a pris fon veríl-ite-aiss_3
lorfquhl ndeíl point en contaci avec des mar.e. ^
Gorrofives. Nous fommes fort éloignes de
tant dé précautions pout nos édisces, Ls rer
B R o
nou3 employons ajoute aux autres caufes de def-
truírson : aufli la poftérité ne pourra juger de
nos magnificences que fur des récits ou fur des
gravares, qui rendent prefque toujours Tobjet
fans vérité Se fans agrément.
I! faut dire cependant pour la gloire des artiñes
qui ont báti !e palais de Verfaüles , que Ies ba-
Juñrades de marbre qui en terminent les terraíTes ,
fqnt liées par des crampons de bron-^e , dont la
plupart font encore entiers, au momentoú nous
écrivons cet arricie; c’eft-á-dire, plus d"un íiéc'e
aprés leur fonte. PuiíTe cct exemp'e erre fuivi par
Ies artirtes modernes !
Les anciens avoicnt I’arr de donner au cuivre
un tel degré de blancheur, qu'on le prenoit au
premier coup-d’ceii pour de Fargent. Telie eit ,
felón 'if. Eranconi , (dans íoa A.-ahologij. AomcLr.a)
une étriile ou gratoir, qu’c-n treuva au mois
d'avnl 1779, en deíTéchant Ies marais Pontins.
Cn y volt le nom & ia marque de Farriíle. Le nom
eíí écnt íuivanr la méthede dorique , au génitif,
KF.-íKAlAA , HeracLidis i ¡a marque de Fouvrier
efi une vidoire.
Le bronzi éroit employé a conferver les ades
pubiics á la poftérité. Un incendie arrivé fous
V efpaíien fit périr trois mi’le rabies de ¿rouyí
confervées au capitole. £!'es renfermoient les
ioix, les traites Se les autres monumens 'es plus
refpedables dq FEmpirel Pclybe, Cicéren
Divin. lib. 2.) , Tite-Live [Decad.'i. 1. ^.Decad.
4. c. 57.) , Fline Fancien (/¿¿. 34. c. 9.) , & d'au-
tres { Jül. Objsq. Lik^ll. de proddgiis cap. lll.
Cvid. lio. I. Metam.'j , font des témoins irrépro-
chables de la coutume obfervée par les Romains,
d'imniortalifer ieurs !oix ou leurs traites de paix
ou d'alliance, par ia folidité du bronce ^ qudis cn
faifoient aíTez ordinaireraent dépofiraire.
_On ne Fépargnoit pas méme dans les ades qui
n’intérefl'oienr que des cites & des villes muni-
cipales. Les fociétés , les corps de métier & les
parriculiers , érigeoient quelquefois des rabies ou
des colonnes, foit de marbre, foit de bronqe, pour
perpétuer la mémoire de leurs ítatuts, privüéges ,
acquiíitions, fur-tout lorfque leurs prétentions
& ceiles da public pcuvoient , en fe croifant ,
leur cau.^er des inquietudes.
Quelques - uns prenoient la précaution de
{SiciilusF laceas decondit. agror. edit.Turn.cb p.lO.
2.1.) faire écrire & méme repréfenter les con-
fins & les limites de leurs terres fur des rabies
de bronqe. On ajoutoit foi á ces rabies ; au moins
jufqu’á contredit ; auquel cas on avoit recours
aux archives de Fempereur, oú la forme , les
límites & les partages des tefres étoient référés
dans divers livres ou regiftres, & pour i’ordinake
figurés fur des tablas de cuivre, com.me fur nos
papiers terriers. Hygin nous apprend {de Limitibus
confiituendís , p. 132, 133, 134.') comment on
taifoit ces partages , comment on écriyoit fur
B R O 5 r 5
des tables de Ironrc Jes portions éebues par le
fort , & comment on en déíignoit le plan & les
bornes fur des livres isairain, libros sris , qu’oa
dépofoit enfuite dans les archives de l'Empe-
reur.
Le hronqe que les anciens regardoienr comma
pur par fa nature, ayant toujours éré confacré
aux áieux, pouvoit, felón eux, {Sckol. Tkéoc.
layll. 2. -i-, 36.) par une vertu fecréte, chaifer
les fpectres Se les efprits impurs. Cette opinión
eit une bonne preuve de Fanriquité du cuivre,
un des premiers métaux que Fon air eir.ployés,
& done, par cette raiion. Fon avoit continué
de fe fcrvir dans les cérémonies religieufes.
Ceft pourquoi les magiciennes fe fervoient
dhrjitrumens de bronce pour cueillir les barbes
qu'eiles employoieur á ieurs euchantemens. {JEn.
rv. 513.);'
Falcibus & me fa, ad lucerji quíruntur ahexis.
Pubeates herbs..
Ovide {Met. Til. iz6.) ;
E: placida vartim redice revelllt ^
Paríim fucciait curvamins falcis akens..
Elles frappoient auíil ¿’apres la méme opinios
religieufe fur des vafes de brcaqe ¡■go-ai chaffer Ies
manes. Ovide {Fafi. v. 441.):
Rursics aquam tar.git , Temefdaque concrepat ara ^
Et rogai ut teciis txeat umbra fuis.
On chaíToit de méme les fpeétres , les terreurs
nociurnes. Les prétres n'employoient auffi dans
les temples & les facrifices , que des couteaux ,
des haches, des patéres & des firapules de brenqe.
En un tret , tout ce qui fervoit au cuite religieux, ,
devoit erre de ce metal facré.
FaíTons aéluel'ement aux ouvrages de bronqe
les plus célebres que nous ayent laiiTés les an-
ciens : c'eft des ílatues que nous youlons parler ;
& Winkelmann fera notre guide & notre appui
dans tout le relie de cet arricie.
« Pour ce qui regarde la fabrique des ouvrages
.de br^ij-qe , je communiquerai , dit Fauteur de
l'Hiíloire de FArt {6q. 4. c. 7.) qUelques obfer-
vations fur la maniere de préparer les métaux
propres á la Tohte , fur les moules & les creux
réparés pour recevoir le hronqe flaide, enfuite fur
art de fondre & de. raccorder la fonre. Je parlerai
aufli des défeéluolités de la fonte , de la foudure
& des travaux incrtiñés en bronrqe , ainli que de
la rouille de Vap.iiquité , c'eíl a-dire , de cet eii-
duit verdátre du broaqe antique , appeié ordinai-
rement patine. ”
ce Je dirai en premier lieu que le bronce fs
préparoic conuue oa fait aujourd'hui par l’allisgí
T 1 1 ij '
B R o
«je fétain avec ce métala pour luí donner plus
ce fltiidité.Quand I etain n eft pas affez abondant,
le bronce manque alors de la fíuidité requife
pour couler dans toutes les partíes ; & c’eft ce
que les Itabens nomment incantare. Benevenuto
CeUini , rameux artiíle ^ raconte qu’avant preparé
la fonte d une ñatue , & ordonné de déboucher
le trou di! fourneaa pour faire couler le metal
dans le moulej il s^étcit mis á rabie dans Tinten-
tion de ainer pendant ce tems-Ia ; mais que les
ouv'iders etant venus luí dire enfuire que la fonte
eroit arretee ^ i! avoit faííi fur le chamarles plats
Se ies afflertes d^étain , & les aveir jere's dans le
^rdent ; ce qui avoit renda auíTi-tÓt la
lualfe aíiez fluide pour taire réuffir toute bopéra-
tion. Par cette raifon & oour aíTurer le fucces
de la fonte ^ on étoit quelquefois dans 1 ufa ge de
fondre des ftatues en cuivre pur. Les quatre che-
vaux de Venife font de cuivre. I! parok auífi aue
ks anciens le choifiífoient de préférence pour
1 execution des llatues del'tinécs á étre dorées ;
parce que q auroit été une prodigaüté hors de
faifori j que de revétir d’or un beau bronce. On
fait de plus que le cuivre eft plus faciie á dorer
que le kronje. »
ailiage de 1 etain fa;t que le bron:^e , aprés
Paítion du feu jeft percé de quan-
tite ae petks trous ronds. L^étain , matiére plus
fluide apant éte devoré par bardeur du feu
rend le Bronce plus caílint &-prefqfoauíri pereux
qu'une pierre-ponce ; de- la vient que cette forte
de bronie eíl plus lég'ére de poids qu''á bordinaire.
Cette diminution de poids eñ palpable dans les
monnoies que les antiqaaires appellent méáaiüonsj
qui ont éprouvé baélion du feu : Jexpérience
Eous apprend á Ies eonnoitre en Ies pefant avee
cutres , ou en les examinant au roiieher. Ces
médaiilons dépouillés de bailiage de bérain , fe
trouvent, pour ainíi-dire ^ prives des parties onc-
tueufes qui leur donnent du corps. Quand on les
tire des excavations & qu’on les expofe cuelque
teins a 1 ai-r on a i humidité , il s’y forme une
craffe veraatre j qui rouge & qui confume le
broncee antique. »
« Secondement, je remarquerai que Ies moules
prepares par les anciens artilles pour jerer leurs
figures en fonte ^ paroiffent ditferer de ceux des
Eotres. ^ Sans entrer dans un dét&il étranger a ce
fujet j je remarquerai bobfervation quon á faire
fur les quatre chevaux antigües du portail de
SaiUt-Marc > a Veniie > favoir y que ces figures
©nr été fondues chacune dans. deux moules qui
s’adaptoient dans toute la longueur de ces che-
vaux ; de forte qufon rfavoit pas befoin de brifer
fes creux aprés I'opération , comme on efl; obligé
de le faire dans fes nouveaiix procedes ds la
lonte. "
j fobíerverai que pour ce
qui dt de 1 art de fondre & de raccorder la
tente ^ ix femblé que; fes anciens fuivoient uns
B R O
route difl^rente de celle des modernes , & C:U’'iIs
nfetoient pas dans bufage de jeter en fonte des
machines confidérables. Au teñe , cette obferva-
. tion nous raméne aux premiers eíTais & aux tems
les plus recules , dans lefqueis ^ au rapport de
Paufanias, les figures de bron-^e étoient de plu-
lieurs piéces & jointes par des clous. Tel étoit ua
Júpiter de Sparte , fair par Cléarque de Rhegium
de bécole de Dipeene & de Scviils ( 'Fcr-
fan. 3. ) Tel étoit fans doute le coloíTe de Rnu-
ces. Cette maniere de fondre les llatues fut
encore fuivie dans Ies tems poítérieurs ^ comme
il paroit par les fix figures de femme trouvées á
líerculanurri:, trois grandes comme nature , &
les autres au-deffus de cette grandeur : les tetes ,
les bras Ies jambes font fondus féparément ,
& le tronc méme nTít pas d'un feiil jet. Les
piéces dans leur liaifon font jointes par des at-
. taches que les Italiens nommenr code di rondine ,
queues d'hirondelie á caufe de leur forme. Le
manteau court de ces figures» compofé pareüle-
ment de deux piéces , de cebe de devant & de
cebe dé derriére», eíl joint fur les épaales oü il
eíl repréfenté boutonné. »
« En fuivant cette rcure» les anciens artilles
fe mettoient á babri des fontes manquées , dif-
^ ficiles á éviter, lorfqu on fond des llatues entiéres
& des machines confidérables. Malgré»,ce!a on
remarque encore des remplilTages qu'on a eu foin
dfindiquer dans la gravure des chevaux de Ve-
nife» oú bon voit que les piéces ajoutées ont
été iointes par des cloux des fe tems de leur
fabrique. Jepofséde une fonte manquee. Cemor-
ceau joint avec la tete de grandeur naturelle j
eíl tout ce qui sfefl confervé de la figure d'un
jeane homme. La tete de cette figure étoit au-
trefois dans le cabinet des Chartreux á Rome
( Monam. a 'Bo-^ino collecla , 14. ) » & fe
trouve maintenant á la villa Albani. Le morceau
que je pofséde ofire le fexe qui étoit adapté fé-
parérnent a la figure 5, & ce qufil y a de remar-
quabie , c’eíl que du coté intériear ^ á boppofite
de bendroit du poifo qui annonce la puberte ,
on voit trois lettres grecqueS;, rrrx. de ¡a lon-
gueur d’un pouce» qui ne pouvoient pas étre
viíibles lorfque lafigure étoit entiére. Montfaucon
a été mal informé lorfqu'il avance fur la foi dea
antres , que la ílatue équeílre de Marc-Aujeíe
n’avoit point- été.fondue ^ mais qu’elle étoit faite
de piéces de platinerie. ( Diar. Italic. p. foq) j-
« Quatriémement j.je ferai mention en peu
mo-ts 3 de la foudure dans Ies figures des an-
eiens. On la voit aux cheveux & aux boucles de-
tachées qu’on avok coutume d’adapter aux figures-
par ce raoyen ^ & dans le tems le plus recule de
bart j, de méme qu’á bépoque de fon plus beaiX'
luílre. L’ouvrage le plus ancien de_ ce genre » Ser
en general un des monumens de la plus haute
antiquité j eíl un bulle de femme ^ du cabinet
d’Hsiculanuts , ¿ont fe tete efl eoe&e üit
front 8c jurqu'aux oreiíles, de cinquante bou-
cles travaiiiées coinme ¿u íil d’archal ^ doñt Té-
paiffeur égaleroit prefque celle d’une plume á
écrire. Ces boucles font foudées fur le cóté &
rangées Ies unes au-deflus les autres , Se ont cha-
cune quatre ou cinq anneaux. Les cheveux de
derriére j formes en treffes ^ circiilent autour de
la tete. Le méme cabinet renferme un autre mor-
ceau auffi curieux avec des cheveux íbudés: c'eíl
une rete de leunefíe & de portrait^ qui a foi-
xante-huit boucles foudées , de facón que ceiles
de la nuque du cou qui ne font pas détachées,
ont été jetees en fonte avec la tete. Ces bou-
cles reíTemblent aíTez á une bande étroite de pa-
pier, couiée 8c tirée enfuite en reíiort fpiral :
ceiles qui defeendent íiir le front ^ ont cinq tours
& davantage 5 ceiles de la nuque en ont'juf-
qu'á douze j 8c toutes font marquées de deux
traits en creux. Rien ne prouve mieux que cet i
ufage étoit introduit dans la plus belle énoque
de fart ^ qu'ane tete idéale du méme cabinet ^
connue alTez généralement fous le nom de Pla-
tón , & eílimée un des plus beaux monumens
en bro¡i7;t : cecte tete a pareiilement des boucles
foudées aux tempes
’ I
« Cinquiémement , je dirai quelque chofe ¡fes
ouvrages en btorf:^e incruftés. II s'eft confervé
quelques morceaux de bronx^e garnis en argent ^
(Jiiioriar. pref. alie. ojf. Sop. ale. Med. p. I9.} ,
comme le diadéme d'Apollon Ssuroctonos de
k villa Albani ^ & les bafes de diíFérentes figures
du cabinet d'Herculaniim. On faifoit auffi quel-
quefois en argent les ongles des mains & des
pieds ; ce que Pon voit á deux petites figures
trouvées á Herculanum. Paafanias fait mention
d’une ftatue avec des ongles d'argent C Paujdn.
L I. p. 57. l. 3. ). Je citerai encore ici les qua-
tre chevaux dores que le fameux Hérode Atticus
fit placer á Corinthe;, 8c dont les comes des
pieds étoient dhvoire. i^ldilL lib. 2.. pag, 113.
/. 2. >. »
ce Srxiémement;,enfin je parlera! dela coulenrque
k main du tems donne au bron-^e , 8c qui releve
la beauté des ftatues de ce méta!. Cette couleiir
appelée patine , eíf une teinte verdátre > répan- .
due fur le bronce 5 teinte do-nt la beauté eít en
laifon de la finelTe du raétal. Elle skppeleit
trago cher les Romains , 8c Horace dk : Nobilis
trago. Le metal de Co^rinthe prenoit une teinte
de verd clair ( Pauf. l. 37. p. 35. } > qui paroít
fur les médailles 8c fur quelques petites figures.
Les íktues & les bulles du cabinet d’Hercuk-
itara j. ont un enduit de verd fcncé mais il eft
faclice : car tous ces morceaux ayant été trou-
pes endomtnagés & fracalfés , 8c ayant paífé par
le feu pour erre reflbudés Se repares , ils ont
perdu leur ancien enduit, 8c ils ont eré recou-
Xerts paH nn nouveats vernis. On convient au
fiirplas; que plus un bront^e eíl antiqus , plus fa
sfikíe. verte eñ belle > máxime fuivie par les arr-
E R O ^1-7
ciens , qui d’aprés cela préferoient Ies ftata^*
antiques aux modernes. »
. “ ftatues de bronce furenc dorées ,
ainíi que noiis le vayons encare par For qui s^eft
conierve íur la ftatue equeftre de ^Íarc-A.u.ré'e ^
fur les débris des quatre chevaux íz du char
piaCes au frontón du theátre d^Herculanum , Sr
en paicículier fur 1 Hercule du Capnole > 8c fur
les quatre chevaux de \ enife. La confervaticn
ae la dorure des ílatues, qui ont été enfeveües
fous terre pendant tant de íiécles , ne peut étre
attribuée qu’á lepailfeur des feuiiles d'or : il s'en
falloit de beaucoup que les anciens euffsnt Fin-
duílrie de réduire for en feuiiles aulil minees
que le font les modernes 5 Sz Euonarotti fair
voir la difFérence de k proportion. (Mafei,
fiat. n. 20. ).
Aprés avoir décrit les opérations de k fonte Sc
de la réparation des bronjes , nous allons faire
connoitre les principaux bronces de chaqué na—
tion dont les écrivains ont parlé , 8c eeux qui font
encore aujourd'hui l’ornement des mufénm. Les
morceaux de ce genre les plus volumineux qui
nous atceílent ia perfeftion de cet art chez íes
Egyptiens, font k Tasle Isiaque da cabinet
de Turin {pjo’ye-^ ce mot) , un vafe avec une anfe,
employé dans les facrifices en Eg3 pte , 8c appelé
fitula par les écrivains ktins (voyei ce mot)’^ 8c
une petite bafe de forme carrée-alongéc;, avec
des figures 8c des emblémes incruílcs. Cette bafe,
que Ton voir au cabinet d'Herculanum, a enviroii
un pied de longueur 5 &z fa forme nous oífre uit
modéle de cette diminution fimple qid caractérife-
les bafes & les édifices des Egypriens. Sur k face:
principale de k bafe du cabinet d’ííercuknum ,
on voit un bateau long de jone d'Egypte entre--
lacé, au mílieu duque! eft un gra-nd- oifeau. Une
figure efl affife á plat au-devant de ce bateau ,
qui eft conduit par un Anubis á tete de chien-
Sur les deux cotes dr la bafe font aíGfes- deux
femmes qui ont des ailes- étendues^ attachées fur
Ies hanches 8c rabattues jufqukux pieds ; comme
en offrent les médailles de Malte & k rabie liiaque.
Pou-r ce qui eft de petites ftatues égypriennes de
bronce , on en a trouvé une grande quantité dans
le remple dTíis déeouvert a Pompek. Le eorarer
Hamüton en avoit une dont le creu-x étoit remplt
de plomb , dans le defiein de la faire teñir debour.
La plus grande des- ftatues égypriennes deártraze,,
eft une líis tenant Horus fur fes genouxg qui
appartenoit au comte de Caylus 3 on- en v^oir une
á-peu-prés fembkble au cabkist de Sainre-Géne-
viéve , avec un prétre dé bronce d'un grand vo-
lume. ün petit Ofiris du méme c&mre nous a kit
voir que les" Egvptiens doroíent quelquefok un:
enduit de: piarte dont ils recouvroient kurs-
bron-^es.
Pasfanias dír que Eltalie etrt des ftsines rfe
bron\e long-tems avant k Grécej dkilleurs lets
Etíuiqqes eurentdesr?ppoít5d’uíhges-
51 s
B R O
avec les Pélafees ou anciens Grecs: c’eft pourquoi
nous aüons dccrire lears oavrages de bronce avant
ceux des Grecs proprement dits. Faifons obferver
ddabord deux caradtéres orcinaires des bron^^es
étrufques : le premier ell d'étre fondas maülfs , &
le fecond d’avoir les pieds percés. Le fecond ca-
ractére tenoit á une fuperfiition particuliére
Pieds), Se !e premier a I’enfance de Tart- On
connoit deux ñames de hro-n^e qui font de fabri-
que étrufcue. Se une troiíieme que Fon aííure en
erre auíli ; rr.ais les deux. premieres en ont feules
des caradteres évidens. L'une , qui eñ hauted'en-
viron trente pouces, paroít repréfenter un Génie 5
ce qui iui a fait donner pour attribut une come
d’abondance par !e reñaurateur moderne : on la
voit á Home au palais Barberini. L’aiitre eñ a la
galerie de Florence 5 c’efí un prérendii Arufpice
vétu en fénatsur romain , & couve rt d’un man-
teau , ñir Je repli duquel font gravés des carac-
teres étrufqües. 11 faut rapporter la premiére de
ces ñatues aiix premíers tems de la fculpture dans
rEtrurie. Quant á la feconde , elle appartient
á des. tems poftérieurs , comme fon travail &
fon mentón fans barbe le font conjeclurer. Si,
en eífet , cette ftatue , qui paroit erre faite d’aprés
la nature, & repréfenter un portrait, appartenoit
aux premíers tems, elle auroit de la barbe, puif-
que les anciens Etriifqaes la portoient 5 en quoi
ils furent iirdtts par les premíers Romains.
Gori a pub'ié dans fon Mufeum Etmfcum, tah.
I r ) , la troiíieme ftatue de bronce yqp!'ú dit repré-
fenter un Génie'; c’eíl le portrait d’un jeiine
homme de grandeur naturelle. Elle a été crouvée
en 15-80 áPéfa-ro, fur les cotes de la mer Adria-
tique; d'od ron peut conclare déjá contre Topi-
pion de Gori , que cette ¡tatué eir un ouvrage
grec , & non étrLrfque ; Péfaro ayant été habité
aiitrefcis par une coionie grecoue. Ce favant croit
"reconnoirre le gout des Étrufqiies , á la maniere
dont les cheveux font travaillés ; c’eñ-á-dire, en
boucles applaties, qudl cotTipare aiTez impropre-
ment a des écaüles de poiíTon. Mais on peut luí
objeérer quelques tetes de Reme en pierre dure
& _en ¿roaje, & quelques buítes d'Herculanum ,
qui font travaillés de meme , quoiqudis foient un
ouvrage grec. Aii reñe, cette ñatiie de bronie eíí,
felón Winkelmann, un des plus beaux reñes de
rantiquité.
Nous avons deja cité Paufanias, dans les écrits
duquel on !it que les habitans de i’Italie eurent
des ñatues de bronce avant les Grecs. Cet écrivain
ncmme comme Ies premíers ñatuaires grecs dans
ce gente de fculpture, Phcscus & Théodore de
Samos. La fameufe pierre gravee de Polycrate,
tyran de Samos , étoit l’o'avrage de ce Théodore ,
qui avoit aufil cifelé la grande ebupe d'argent
de la capacité de fix cens mefures, envoy ée en
a Delphes par Créfus , roí de Lydie. A
la meme^ époque , les Spartiates firent fondre un
VT; d? ia capacité de trois cens mefures , orné
B R O
detoute forte de figures d’animaux, pour en fahe
préferít au méme Créfus. Antérieurement á cette
époque, & avant la fondation de Cyréne enAf-b
que , ii y avoit déjá á Samos trois figures de
¿/-o,7?í, chacune de ia hauteur deneuf pieds grecs'”
qui etoient agenouillées & qui tenoienc un grand
baíiin. Les Samiens avoient employé á la fonte
de ce monument , la dixiéme partie du profit que
leur apportoir le commerce de mer qu ils faifoiént
avec Tarteffe. Enfin, les Athéniens firent étiger,
aprés la mort de Fiíiñrate , c"eñ-á-dire , aprés
la 63= oiympiade, & placer devane le temple de
Pallas , le premier char á quatre chevauxde bron:^e
dont les anciens écrivains faíTent mention. (PaL
f ardas , lib. j).
Der.isd’HalicarnaíTe (Antiq. Román. Li.) afíure
cependant que Romu’us avoit déja fait placer fa
ftatue couronnée par la Viótoire fur un char attelé
de quatre chevaux. Le monument entier étoit de
bron:^e , & le char Se les chevaux avoient été en-
levés de la ville de Camérinum. Les hiftoriens
fixent cette époque á la huitiéme olympiade , á
la feptiéme anñée du régne de Fiomu’us, & aprés
fon triomphe fur les Fidénates. Plutarque (is
Romulo) ajoute que l'infcriprion de ce monument
étoit compofée de lettres grecques ; mais comme
les caracteres roraains de ce tems refíembloient,
felón Denis d’Halycarnaííe , aux anciens caraíteres
grecs j on peut conclure que le monument de P,p-
mulus étoit l’ouvrage d’un artiñe étrufque. Denis
fait encore mention d’une ftatue de bronce d'Ho-
ratius Coclés , & d'une ftatue équeftre érigée á
la courageufe Clélie , au commencement de la
république. Le fénat ayant puní de mort Spurius
CaíTuis , qui afpíroit á la royauté , au troifieme
íiécle de Rome , employa fes biens qu il avoit
coníifqués á faire fondre des ñatues de bron:^e en
rhonneur de Cérés.
Avant de parler des grandes & moyennes fta^
mes antigües de bronce , qui font a-ujourd'hui
rornement des muféum & des palais , nous fe-
rons connoitre Fufage auquel étoient deftinées
les petites ftatues du ir eme ir.étal que Fon trouve
n fouvent dans les fouilles des anciennes villes.
■ La pliipart fervoient á remplir les laraires ou ora-
toires particuüers. Quant á celles dont ia hauteur
n'excéde pas deux pouces , on fait q'üe les anciens
les portoient avec eux dans les voyages , fouvent
fur eux-mémes , & quelquefois appliqnées imme-
diatem.ent fur ienrs corps. C'eft" ainíi que Syila
avoit une petite ftatue d’or d’ApoIlon-Pythien,
qu il porteit fur fon fein dans toutes fes expe-
ditions , & qu’il baifoit fouvent. ( Plutarckí
Sylla ). '
On fait qu^’entre tous les monumens antigües ,
ceux de broni^e font les plus rares ; on ne croit
pas faire une chofe fuperflue en donnant une
notice des morceaux Ies plus curieirx de ce mer
tal qui fe foient confervés. Le, nombre en auroit
toujours été peu aondérable , fans les decoU'
B R o
yerres qu’on a faites dans Ies endroits enfevelis
fous tes laves du ^ éfiive. Motre deJein n'eli pas^
& ne peur pas erre d'iadiquer toares Ies décou-
vertes carieufes dans ce genre , du cabinet d'Her-
cuianum.C’eñ ce que comprendront aifémenr ceux
qui ont une idée de cet amas d’antiquités , dont
les monumens de bron-^e fortnent la principale
richeíle. Nous nous bornerons á en ¿aire con-
noirre quelques - unes des principales ftatues de
arandeur naturelle. Mais comme on fait qu'á
Rome , & encore plus dans les autres concrces ,
les antiques de bron:^e. font d’une plus grande
rareté ^ on citera auíii toutes les teres 8¿ toares
les ftatues qui font un peu connues de forte que
toutes les pecites figures dont nous ne parlerons
pas j font celles qui n’excédent pas la hauteur de
dix pouces franqois pour ce qui eíl de ces petites
figures j & fur-tout de celles qui font étrufques ,
il s'en troiive une grande quantité. Cependant
on fera une exception en faveur de quelques
petites figures qui ne paíTent pas dix pouces ,
parce qu'elles font de fabrique grecquc & d’une
grande beauté.
Entre Ies ftatues grandes comme natura , du
cabinet d^Herculanum ^ les plus remarquables
font un jeune fatyre afids & endormi , qui a le
bras dioit pofé fur la tete , & le bras gauche
pendant 5 un vieux fatyre ivre , couché fur une
cutre , fous laqueile on voír érendue une peau
de lion : appuyé fur fon bras gauche , il a la
main droire levée ^ &c en figne d'alégreífe , il fait
claquer l’index avec le pouce. C’eft ainfi qftétoit
figiirée la ítatue de Sardanapale d'Anchiale en
Ciücie ( S trabón. , 1. 140. 672. A. Plutarch. de
forút. Alex. 11. v. 699, 1. 19. ) :> & c’eñ ainfi
qif on fait encore claquer Ies doigts dans quelques
danfes. Mais la figure qui réunit le plus de í’uf-
frages , eft un Mercure aíils, le corps incliné en
avant, fe la jambe gauche tirée en arriére j i!
s’appuie fur fa main droire & tient dans fa
main gauche un bout de fon caducée. Indépen-
damment de fa beauté cetre ftatue eft remar-
quable par une agraffe en forme dhine petite rofe ,
qui eft attachée au milieu des femelles & fous le
pied 5 aux courroies qai aílujettiñent les talo-
niéres : ce qui feinble indiquer que ce Mercare
ainfi cbauíTé , & ne pouvant appuyer le pied fans
shncommoder j n’eft pas fait pour marcher , mais
pour yoler. Quant au mentón de cetre figure, qui
eft creufé dans la partie inférieure , ce que nous
appelons encore une fofíetre , nous en parlerons
aiileurs.
La découverte de ces trois ftatues a précédé
celle des deux jeunes iurteurs nuds , pareiliement
de grandeur naturelle : ces figures , faites pour
erre placées vis-á-vis Tune de Tautre , font repré-
fentées les bras étendus & chacune dans fatti-
tade de failir avec avantage fon adverfaire. Elles
font placees á Porrlci , chacune dans un.e cham-
bre léparée j & eiles peuvent erre mifes a jufte
B R O
519
utre au rang ¿es plus grandes curioíites de norte
ñccie. ii e.i cit de mérr.e ccS cuacre ou cinq figures
¿e temmes , repréfentées danfantes , Se rangées
fur 1 eícaiier qui conduit au cabinet; ainfi que
des ftatues impériales , de Fun Se de Fautre fexe,
qui font plus grandes encore que les premieres ,
& qu on a loin de reparer infenübiemenc. Entre
Ies ftatues de ce cabinet , nous ne citons que
celles qui font de grandeur naturelle ; nous paf-
ferons done fous lilence le pretenda Alexandrej
& une Amazona , toas deux á chevai & de la
hauteur de deux pieds-francois. iÑous n'entrerons
pas non plus dans aucun detall fur un Hercule ,
ainfi que fur plufieurs Süénes pofés dans diverfes
attitudes fur des cutres deftinées á fervir de fon-
taines; Se d’une infinité d’aurres figures de dif-
férentc grandeur. Nous ne dirons rien non plus
ce vingt-quatre- biiftes , tant de grandeur natu-
relle qu’au-deíTus de cette mefure , ainfi que de
plufieurs autres plus petits , qui ont été publiés
tous enfemble dans le cinquiéme volume du ca-
binec d’Herculanum.
Winkelmann n'ofoit décider fi tous les palais
& cabinets de Rcm.e renferm.oient un tréfor auíS
riche en figures antiques de hront^e , que celui
d’Herculanum feul; au moins eft-ilcertain que cette
’colleétion mérite le premier rang , quand ií
n'eíi: queftion que de ftatues de métal. Yoici
Fénumération des monumens de bronr^e les plus
remarquables de cette fameufe capitaie , en com-
menqant par le Capitole. Sans parler de la ftatue
équeftre prefqte coloiTale de Marc - Auréle ,
fur la place méme du Capitole , on volt en en-
trant dans la corr intérieure, á droire , une rete
coloiTale , crue fiuíTement une tete de Fempereur
Commode , avec une main qui fait croire par fa
proportion , qu^elle appartient á la ftatue dont
cette tete faifoit partie. Dans Fappartement des
Confervateurs de ce méme palais , il fe trouve un
Hercule forr connu, pías grand que nature , qui
conferve encore toute fa dorare antique , avec Ja
ftatue ¿'un jeune viétimaire , qa'on nomme un
Camiilus , véu! de la fimpie tunique retrouíTée ;
il eft ajufté comme le font tous les Camiilus fuv
différens bas-reiiefs. Dans la méme chambre ou
eít cette figure , on voit un jeune homme aflis ,
qui fe t.re une épine du pied : ces deux ftatues
ont la grandeur de ieur age. Outre ces figures ,
on y trouve la Icuve étrúíque , avec R'émus Se
Romulas , Se un buíte coiinu fous le nom de
Brutus ; deux oies , ou , pour mieux dire , deux
cacaras autrefois dores. Gn yoit dans le cabinet
du Capitole, qui eft vis-a-vis de ce palais, une
Diane triformis , autrefois ¿orée , qui n'ayant pas
plus de huit pouces de hauteur, ne doit pas troa-
ver place ici. A ces ouvrages de éroejí , j'ajou-
teraí deux paons jaáis dores. Se piacés,au tems o!Í
écrivoit VvftnkeJmann , dans ie palais du Vanean,
avec la groíle pomme de pin en bront^e , qui parr-it
avoir orné le fommet du fépúkre d’Hadrien, Se
^ zo B R o
cui a été trouvée cffeCtivement dans la tombeau
de ce prince. _ _ _
A réeard des autres gasenes & rnaiíons de
Some^elfés ne renferment que trés-peu de bronces,
parmi lefquels ia ítame de Septime Sévére , du
palais Baiberini , eít ¡a plus connue ; mais les bras
& les pieds font modernes. C’eít aiiífi dans ce
palais que fe trouve la figure étrufque , qui tient
dans fes mains une. come d'abondance moderne.
Dans le cabinetde ce méme palais, on conferve
encore un trés-beau bnfte de femme.
A l’exception dii palais Barberini, on ne connoit
Tenceinte de Rome que le feul cabinet des an-
ciens ■ jéfukes , qui renferme _des ouvrages^ de
bronce , &: cela en grande quantité 5 mais on n en-
trera' dans aucun détail fur ces bronces , parce
que la plupart font de petites figures. Les plus
grands morceaux font un enfant & un Bacchus
qd ont , avec leurs focles aotiques , un pea plus
de vingt pouces franqois de hauteur ; une belle
tete d’ApoÜon , de grandeur naturelie , avec la
Béte dorée ákin leune homme , plus grande que
nature. II ne refte plus á faire remarquer que la
figure d’un jeune garqon repréfenté courant , &
ddnviron trente pouces de hauteur. Cette antique
appartenoit autrefoisá M. Sabbattini , fameux an-
ííqiiaire : BcUfario Amides , négociant , en fit '
depuis Facquiíidon pour la fomme de 3 30 écus
romains.
Pour ce qui regarde les villa qui confervení des
bronces , on den remarquera que trois , ceües de
Ludovifi , de Mattel & íAlbani. Dans la
premiére , il fe trouve une tete cololTale de Marc-
Auréle , & dans la feconde , -une prétendue tete
de Galiieii , Fort endommagée. Pour la villa Al-
bani , elle renferme , aprés le Capitole , ia plus
riche eolleñion de figures en bron-^t ; colledion
toute formée par le Cardinal AÍexandre Albani.
il y a deux tetes de grandeur naturelie : Pune
repréfente un Faune , & Fautre paroit offrir un
ieune héros á qui i’on a donnéfauffement le nom de
Ptolomée,á caufe qu il ale front ceint du diaceme.
Ces deux tetes font pofées fur un bufte moderne.
En fait de ftatues, il s'en trouve cinq, dontdeux
font entierement de broif^e , tandis que les deux
autres n’ont que la tete , Ies mains & les pieds
de ce metal , la draperie étant d'albátre pendant
que la cinquieme , d’une confervation parfaite ,
eft la plus grande & la plus belle de toutes. Les
deux premieres, placees fur leur piinthes antiques
de bronce , font á-peu-prés de la hauteur de deux
pieds franqois : Fuñe, qui repréfente un Kercule
reíaemblant á celui du palais Farnéfe , fut adjugée
au cardinal dans une vente publique , pour cinq
cens fcudis : Fautre, qui eíl une Pallas, & qui
faifoit partie des :antiques de la reine Chriñine ,
fut payée par le méme cardinal Seo fcudis. Les
deux aurres figures qui font compoféesde pluíieurs
¡rorceaux, offrentune Minerve Se une Diane.
L| íiiíquiéms ftatue de bronce de la villa Albani ,
B R O
eft le bel Apoilon Sauroñop.os ou Guettant-
un-Lczard. Cette ftatue , avec fa plinthe anti-
que , eft hau:e de trois pieds & demi de France
& a été découverte par le cardinal lui-méme
qui avoit fait fouiller dans une vigne au-def-
fous de Fégüfe de Sainte- Balbine , bátie far
le mont Aventin de Rome. Ceax qui connoiíTent
les Verrines de Cicerón, oú il rappelle aux
iuges qua une vente publique une figure de
bronce de médiocre grandeur, fignum meum non
magnum , avoit été payée HS. CXX. , millibus,
c’eft-á-dire, trois mille ducats ou zecchini, envi-
ron 1 5,000 livres de notre monnoie , ne trouve-
ront ríen moins qu’exceSif les prix des ftatues ea
queftion. De ce texte de Forateur romain, il ré-
fiilre que jadis les ftatues & les figures antiques,
malgré leur nombre incroya'ole , étoient payées
un prix beaucoup plus haut qu aujourd’hui, ou
elles font cepe.ndant d’une^fi grande rareté. D'aprés
cette citation , on peut juger de quel prix eft
F Apoilon- Albani , puifqufil furpaíTe la mefure des
figures que Cicerón nomme fign^ non magna. ,11 eft
exécuté de grandeur naturelie, & a la taflle d’un
jeune garqon de dix ans.
Aprés Rome, la galerie du grand-duc á FIo-
rence , renferme la plus riche colleftion en bronces :
cutre une quantité de p>etites figures , il s’y-
trouve deux ftatues grandes comme nature, d’une
bonne confervation. L’une eft un perfonnage
vétu á la romaine , mais ayant des caraeleres
étrufques fur la bordure de la draperie; Fautre,
qui eft une figure nue découverte á Péfaro, au
bord de la mer Adriatique, paroit repréfenter ua
jeune héros. La Chimére, monftre compoféá’un
íion & d’une chevre , dans la proportion de ces
animaax , eft pareillement caraótérifée par des
lertres étrufques ; c’eft un morceau remarquable;
fans parler d’iine Pallas de grandeur naturelie,
& trés-endornmagée , mais dont la tete eft belle
& bien confervée.
On fera peut-étre défapprouvé par quelques-
uns d’avoir rangé Venife aprés Florerce , fur-tout
par rapport aux quatre chevaux de cusvre autre-
feis dores, qui font places au deíTus de la grande
porte de Fégíife de Saint-Marc. Les Vénitiens le
trouvant maitres de Conítantinople au commen-
cement di; treiziéme fiécle, firenp rranfponer ces
chevaux pour en décorer leur capitale. Mais á ! exr
ception de ce feul m.onument , Venile ne renferme
ríen de confidérable en grandes figures de bronce:
car pour les tetes qu’on dit étre dans la maifon de
Grimani , Winkelmann ne les avoit pas yues , &
il n’ofa en parler fur le rapport d’autrui. Quant
aux petites figures du cabinet de NaW, elles n en-
trent pas dans notre nctice. _ , .
A ÍS’apIes , dans la cour intérieure du paiai*
Celobrano, on admire la belLe tete d’un chevai,
morceau attribué fauflemenc parVafari a
relio , fculpteur florentin. Le cabinet fof"
néfe reafeíme un gcar.d nonr-bre ds petites
B R o
de órg-^e, mais dont !es pardes Ies plus conGdé-.
rabies íont fouvent des reftaurations modernes.
II en faut dire aurant de ia colicfcor! de ii it.'.íIoíi
de Porcinari : le plus grana morceau qu; s^
troiive j c!l un enfant de la hauteu' d’environ
deux pieds francois^ d’une exécution aí^^ foible.
La figure la plus remarquable eft un Fíercule ce
Ja hauteur d’eu¥;r»n fept pouces francois: ií síí
repréienté !e bras gauche enveloppá da la peau
de üon , & paroit erre de fabrique étru-fqiie.
H y a en Efpagne une tete deux fois plus grande
que le naturei j repréfenrant un jeune homine in-
connu. Cette tete, qu’on voit á Sainte-Iidefoafe ,
vient du cabinet d’ódefcalchi, que la feae reine
de la maifon de Parme avoit achetée pour la
fomme de cinquante müle feudis romains.
Les bromáis répandus en Allemagne na fonr
pas nombreux. A SaIz.bourg , il y a une ílarue
dont nous parierons en détail a Partióle de M.é-
léagre. Le roi de PruíTe poííede une figure nue ,
au! regarde en haut, les mains levées; attitude
íinguüére reíTeinblante á celle d'une ñame de
marbre & de grandeiir naturelle, pareiüement
aue , qui fe trouve au palais Pamphili de la place
Navone. On peuteiter encore la tere d’une Venus
un peu au-delTous du raturel, pofée furun buñe
tntique d'un bel albátre oriental; morceau que ie
prince hérédiraire de Brunfwik re^ut en préfent
dü cardinal Albani.
En fait de monumens de bron'^e qui ponrroient
fe trouver en Anglererre, on ne conncit qu'un
buñe de Platón, que le duc de Devonshire avoit
repu de la Gréce il y a quarante á cinquante ans :
Pon aflure que les traits de ce buñe reñernblent
parfaitement au vrai portrait de ce philofopbe ¡
avec le nom antique gravé fur !a poitrinej mor-
ceau qui , ayant été embarqué á Rome , pour
PEfpagne , á la fin du íiécie paíTe , périt dans
un naufrage. Un Hennés du cabinet du Capiroie ,
rangé dans la claíTe des figures inconnues , eñ
parfaitement reíTemblant aux deux tetes précé-
áentes-
Bronze (médailles de). Le cuivre eñ appelé
hrorae , quand on parle des médailles , comme
pour tous les aatres monumens antiques de ce
méta!. La matiére des médailles de bronze n’eñ
pas toujours la méme. On voit des médailles de
cuivre-rouge áhsle. tems d'Auguite, particuliére-
ment dans le moyen bromee. Le grand & le moyen
hronz^es en renferment aiiííi de cuivre-jnune des ¡e
méme tems. Le cére Jobert croyoit en avoir de'
bronze de Corinthe : mais nous ¿étruirons plus^-
-bas fon opinión, á Particle de cette efpéce de
bronce tant célébre par íes auteurs latins.
II V a enSn des médailles faites avec diff.-rens
cuivres qui ne fent point alliés , mais dont I un eft
cnchálfé ou nluto: encaitré dans Pautre- Ces mé-
dailles foiit franpécs avec i? méme coin fur les deux
Ciiivres ; cels fibircaelques médailles de Commode,
d’Hadrien , íce. reís auSa d’autres m.edaiiioas ,
'*■’ r? !U¿s/s » Ton*:’ T.
B R o 52T
I oui ne ferorent que de grand ou de mayen bronce
i fans cet encañrement , & quelcues conrorr.iate''.
I Les caraiñéres de la légende morJent quelqueíois
I fur les deux méraux ; d^autres fois ils ne fínt
j piacés que ítir le méta! intériear.
j L3 grande quannté de médailles de ¿ronpe ,
j qui nous font reñées des empereurs romains &
' ñibinguer en trois faites relatives
a leurs formes j le grand, le moyen & le petit
bronce. On juge du rang dans lequel on doit les
placer, par leur volume, qui comprend PépaiíTeur,
par I'éteodue de la médaille, la groíTeur & le relief
ía tétcj de forte que telle médaiile ayant Pépaif-
feur du grand bronce , mais ne portant qu’une tete
du moyen, ne fera que de la feconde grandeurj
& telle autre dont Pépaiffeur eft trés-foible , mais
dont la tete eft affez groffe, fera rangée parmi
ceües de la premiére grandeur. Le goút particu-
her de ceux qui font une col’eéHon 1 influe beau-
coup fur cet arrangement ; car ceux qui préférent
!e grand bron'^e au moyen , y font entrer beau-
coup de médaiües , qui , dans la realicé , n’appar-
tiennerit qu'au moyen. Ceux qui préferent, au
co.ntraire, le moyen bronz;e , y placent des mé-
dailles qui devroient étre mifesdans !e grand, pour
avoir des tetes rares qui fe trouvent difficüement
dans toutes les grandeurs. Oeft ainfi que 1’ Otkoit
ie moyen bron^^c , YAnton.ia , le Drufus 8c le Ger-
manicus , fe niettent dans le grand bron-:^e , Se que
d’aucres tetes de petit bronze fe placent dans le
moye.n.
Chacune des trois faites de hron-^e a fon mé-
rite particuüer. La premiére, c'eft - á- dire, le
granel bron:^e . ex'celle par ia délicateíTe & ¡a forcé
du relief, ainfi que par les monumens hiñericaes
dont les revers font chirgés , &: qui y paroifiént
dans toute leur beauté. La feconde , ou le movea
broni^e , eft précieufe par la multitiide & par la
rareté des revers ; fur - tout en y réuniffant le»
médailles des villes grecques & latines, que Pon
ne trouve prefque iamais en grand bronce. La
rroifiéme , ou ¡e petit bron-^e , n’a qu’un fetil mé-
rke, celui d’offrir les monamens du Bas-Empire ;
époque ou le grand & le moyen bron-^es maa-
quent aux antiquaires , & oü í’un & Pautre
paíTent pour raédaiilons , lorfque le hafard en
fait déconvrir.
La fuite complette da grand bronz^e ne^va pas
au-dela des pofthumes; parce qu ii eít míiniment
rare de trouver dans le Bas-Empire des médailles
ce ce volume. Cebes cu; fe rencontrent depuis
Anaftafe , n ont ordinairement ni j'épaííTeur , ni
le relief, ni la croiTeur de tete fuffifante. Cepen-
dant on peut, fans pafter les pofthumes , com-
pofer le grand bronz^e de plss de trois mille mé-
dailles.
I! eá: plus aiíe de Eormer une fuite de
raoven bronze. Ceft la ulus complette des trois;
parce qu’eilé va r.on-feulement iufqii’aux pof-
thumes , mais encore jufquá la décadence de
Y V V
B R o
i Ersíjire Korr.ain en Orridenc, Sc fnéffle jiifqu aux
Faic-óicgses pour TOnent. 11 eíi;, á la venté,
QÍíiici;e''<ie trouver routes ces médailles depuis
KéraciiüS , & on eíl forcé cfen interrompre la
füiíe ; non cas que les empereurs réayent plus
fait frapper de moyen bron-^' , mais á caufe du
peu de foin que Ton a eu de les cor.ferver : ces
arédaüles étant íi grofíléres & fi informes, que
íe coin fembíe avoir á peine eíHeuré le métaL
Le moyen peut comprendre jufqu’á fcpc
sn:
lile médailles.
La fuite de petit hron'^e eñ aiféz aifée a former
eans le Bas-Empire ; puilqu^on en a des médailles
depuis les poílhumes jufqu'á Théodcfe- Mais
depuis Jules-Céfar jufqu'aux poílhumes , i! eft
erés-diíEcile de remplir certe fuite; la chofe eil
mérút impoííible dans Tefpace de tems qiii s’eíl
écoulé entre Théodofe & les Faléologues, qui
ont vu finir FEmpire. Malgré ces interruptíons ,
le petir bren^ pcurroit alier pafqu’á vingt mille
médailles. On en jugara par celles de Probas feui,
qai paílbient mille huir cens dans le cabinet de
Fabbé de Rotheli.n , quoique cet .empereur n air
régné que íix ans.
Le nombre des médailles de bronce des trois
grandeurs s’éléve aii-defius de trente mille dans
une riche colleéiion. Malgré cela , il ne faut pas
efpérer, comme nous Favons deja dit , d’avoir
aucune des trois faites de broni^e. coroplette ; ce
qui n’empéche cependant pas de les féparer. On
permet feolemenc a eeux qui veulent , a la rigueur ,
une des trois fuites complette, de melerie petit
bronr^e avec le moyen; afin d'étre conduits fans
aucune interruption confidérable depuis la répu-
blique romaine anéande fous Jules-Céfar, juf-
qu aux derniers empereurs grecs détronés par les
Tures en 14J3. Ces deux fuites combinées re-
préfentent Fhifloire de plus de quinze fiécles
ílicceffifs.
Bronze de Corinthe, airain & cuivre de
Corinthe.
L, Mummius prit cette ville Fan deRotne 6c8,
la troifiéme année de la 158' olympiade; époque
célebre d’ailleurs par la prife de Carthage. Les
R'omains détruilirent par le feu cette ville, qui
étoit devenue Fémule d'Athénes & la fec'onde
patrie des arts. Une opinión aíTez étrange s^éta-
©lit aprés cet incendie affreux : on crut que For,
Fargent 8c le cuivre fondus par les flammes ,
s^étoient mélés enfemble, & avoient formé un
alliage trés-riche & tres - précieiix , auquel on
donna le nom de broncee de Corinthe. Cette opi-
nión n’eut peut-etre d’aiitre fondement que Favi-
<iité_ des marehands d'annques établis á Rome;
car ii y en avoit deja, comme nous.Fapprennent
clui leurs textes des écrivains latins. EÍie fut ce-
pendant adoptée par ces mémes écrivains , teis
que Florus & Pline, Yoici les paroles du premier
^ií. 16, Qjííintas opa d’ g¿fi¡c¿_er ^ csmn:
B R O
veril , hnefeias , qubd quidquid Corintkii iris tote
orbelaudatur, incendio fuperfui fe comperimus. Nani
& CTíS^ notcm pretiejiorem ipfa opuhntiíp.msL urhis
fecit injuria : quia incendio permiftis ptrmuhis
fiatuis , atque fimulacris , iris , auri , ar^enúcu'
venéí hi commune f.uxere. Pline {xxy.iv. 2.) ^^tx-
plique de méme : Ex ilU autem antigua gloria
Corintkium máxime laudatur : hcc cafas mifeuit
Ccrintko, ciim caperetur, incer¿fá. Plutarque crovoit
cette rabie , & il cherche á Fexpliquer {de Pytk.
crac.): « Les uns penfent , dit-il , que le feu ayant
” confumé une maifon de Corinthe, dans laqúelle
fe trouvoit une petite quanuté d'or 8c d’argent
“ avec beaucoup de cuivre , ces trois métaux s’al-
” iiérent par la fufion , 8c qa on leur donna !e
» noHi de bronze de Corinthe, á caufe du métal
“ qui dominoit dans Falliage. D'autres racontent,
>■ ajoute le méme écrivain , quTm fondeur de
“ Corinthe ayant volé une caíiette pleine d^or,
” 8c que rdofanc s"en défaíre ouvertement , de
” crainte d’éveiiler les foiipqons , il alüa cet or
=3 en trés-petite quantité avec un grand volume
» de cuivre ; alliage qui porta le nom d'airain de
” Corijithe, & qui íít gagner au fondeur des ri-
” cheffes immenfes
D'aprés ces textes précis , on peut juger que
Fexilrence du précieux bronqe de Corinthe étoit
avouée á Rome par le plus grand nombre. On l’y
payoir plus cher qu^un pareil volume d'or , comme
nous Fapprend Stace {Sylv. il. x. ó8.) :
JEraque al Jfikmiacis auro potiora favHlis.
Ceux qui vouloient paíTer pour de fins connoif-
feurs , prétendoient le reconnoítre á Fodeur ; te!
étoit ce Mamuxra dont fe moque Martial ( xx.
60. II.) :
Confuluit nares , an clerent &ra Corinthum ;
Culpavit fiamas & ^ Polyclete , tuas.
Ce n’étoit pas alTez de tr^uver le mérite de la
matlére au bromee de Corinthe ; on croyoit encore
quhi fe terniíToit plus difficilement que le hronqe .
ordinaire ; qu il contraéioit beaucoup plus tard le
verd-ce-gris , 8c qu’on Fen dépouilJoit plus faci-
lement : Cicerón Fexprime ainii ( Tufe. Quefi.
IV. ja. ) : Inter acutos é* hebetes koc intereft ,
'‘qubd ingeniofi , ut is Corintkium in Aruginem , (¡e
illi iii morbum & incidunt tardtus , & rtereantur
ceyus.
On cToit que ce prétendu metal de Corintne
étoit Taime, 8c qu’il reífembloit au laiton. II J
en avoit cependant une feconde efpéce , qui etoií
appelée argent de Corinthe , 8c qui deveit
bler á notre tombac b'anc. On Femployoit á dw
vafes comme le bronqe de Corinthe. II eft
mention dans deux inferiptions rapportees par
Gruter (xivzxj. i.) & par Gudius {xxxu- %■) r
de deus coypes argent de Corinthe confacis*®'
B R o
1 Hercule ; cratePw4.3.{: argyro cgristhíam
CVU BASI SCA EX HX-pOEASI 2.ÍARMOREA.
rsous avons fuppofé jufqu’á préfent rexiñence
du bror^is ¿e Corintha réeile ^ fcus le rapport
d'un efret du hafard; nous avons feulement^ fait
entrevoir qu’il pouvoit étre piutót un produit de
l'art decoré par les marchands d'un nom pom-
peux. Pline !e donne á entendre dans Tendroit oa
il dit qus plui d un JíécIí arvj-p.l la p'ifc de Corin-
tke j on avoit vu fe pendre la faccejfíon de ces
fondeurs célebres dont les ouvrages porter.t le nom
de bronzes de Corintke : uno ante Corintkum cap-
tam fcculo dejlijfe nohilts illas ficiores , quorum
omnia íigaa ¡fia Corintkia appellantur.Yl&i'íX.CfiS. ^
cité plus haut^ ne donne pas non p’iis pour époque
á fon récít ia prifc de Connthe. Cona^ent d'ail-
leurSj li un fait aufli furprenant eút été véritable >
n en feroir-il pas fait la plus légcre mention dans
Strabon , qui a parlé íi au long de CorinthCj dans
les Ifthmiques d’Ariftide , dans Ies Coríntkiaques
de Paufanías, & enfin dans le trente-feptiéme
difcours de Dion Chryfoílomej, qu! eft ecnt tout
entier á la louange de Connthe ?
Quelques antiquaires ont cru trouver dans Ies
médailles antlques, du bronce de Corinthe^ & le
pete Joberc fe flattoic d’en_ pofleder quelques-
unes. Telles étoient ^ felón lui^ une Livie fous
rimage de la Piété, une Antonia & un sladñen.
Mais on eíl certain qu’aucun des auteurs qui ont
parlé du bronqe de Connthe, n a dit qu qn s en
fiit ferví pour la monnoie ; üs ne font mención
que de flatues , de vafes & d^autrcs o^avrages fan-
dus. D'ailleurs Savot, qui a traite fi favasr.ment
ia partie rr.échiaique de Pare nunuiniatique ,
aílure , apres avoir fast pluíieurs e-a.is fur les
médailles que Pon croyoi.t étre de bron'^e de Co-
rinthe, aue Pon n’en avoit jamais obtetiu un feul
grain d'or, ni par la coupeliation, ni par ! eau
de départ.
Le pére Jobert n’avoir pas fait aílez d'attention
au texre de Püne, qui parle du hron-i^e de Corai-
the coname d^un ailiage depuis loíig-tems hors
d’ufage ; Aidebaue exslev.t fundendi &ris pret'-ojl
rallo , lit JAM Diu ne fo^’t-ana qiiidem la are j'us
sirtis habeat. L''hiíiarien de la natiire rPauroit eu
garde de sfexprinier de ia forte, íi le broni^e de
Corinthe avoit été employé pour íabriquer des
médailles de hlvle cc a Antonia , qui ont éte
frappées aii-plutot fous le regué de Caiigula. C^
tems n'étoit pas aílez éloigné de celui ou ecrivoit.
Pline , pour qufi! eút pu fe íervir des inots Jíim
diu ¡ 8c comme ce bronrj n’étoit plus en ufage ae
fon tems , üeit encore moins vraiíembkbls qu on
1‘ait emplové fous iícaríV;:. D’aiilea-rs, en natro^-.
duifant ce bronce daiis les monnoies , on y auroi:
cus une confuíion pernícieufs j puiiqu alors il y
auroir eu réeliement une diiréreiice ue vaíeardans
j^es piéces de mime graaceut '8c de rneme poiás;
ce Cüiai’.roit expofé á toare forte ae írauaes cc cíe
erc-mperies. On yaeiit áoac afcjíeí h.ái;4¿
B R U HI
le pére Jobert Se les autres antiquaires cnt ’pris^
pour du bronye de Corinthe , des ruédaiiles de'
cuivre ordinaire, qui avoiént été dorées. .
BROi fíÉE, fils de Vulcaiii cc de Minerve»
étoit íi laid, qu’ü devine l’cbjet des plaifanteries
de tous fes conremporains. Ii fe precipita de ¿épiE
dans les fiammes qui le coniumérent. Ovide le dic
(Í7i Ibin. V. JIJ-) :
Quodque ferunt Bratheum fccijfe cupldlne monis f
Des tua fuccenfo memhra Cremar.da rogo. ,
BROTON. Fbyf:j Bronton.
BROUETTE. On ne peut pás aíTurer que les
ancicns agrículteurs ayenc conñu la brouette. Hy gin
{ti. 14.) parle, á la véricé , d’une voiture á une
feule roue . una-rota mais comme il s’agit dans
cet endroit du voyage entrepris par Tríptoicme,
pour enfeigner aux homir.es l’agrícaicure, on peut
croire que la voiture appelée una-rota yitoM ceile
qui le portoit , & non la brouette des cham.ps.
Quelques écrivains modernes font honneur de
I’invention de cette derniére au célebre géométrc
Pafcai.
BRULER. Les anciens terminoient Ies funé-
railles en brálant les cadavres ou en Ies enterrant.
Nous ne traiterons dans cet amele que du pre-
mier ufage, 8c le fecond formerai’arttcle Enter-
RER. Voyej_ ce mor.
Hérodote dit que les Perfes ne brúlolent pas
les corps , parce qu’iis regardoient le fea comme
une-divinité. Les Egyptiens croyofent qu il^ n e-
toit pas penáis de les donner á dévorer á des
animaux ; & ils regardoient le feu comme un
efpéce de hete inanimée : ces deux confidéradons
Ies empéchoient de bráler les cadavres.
Quanr aus opinions & aux pratiques ces Grecs
relatives aux funéraiiles, 1! eíl tres- diíEcile os
favoir s’ils ont bridé, les corps avant le temps cii
ils Ies enterrérent ; ou íi cette derniére pratique a
précéüé Pautre chez eux. Ge. que Ton peut aíTurer
de plus vraifemblable , c'eíl que ces^- deux pra-
tiques ne fe. font jamais exclues. Pune Ikiitre
chéz les Grecs, quoique Pune des deux ait éte
adoptée prefque générilement. Au refte , cette
obfervation s’appiique auííi aux Romains, dont
nous parlerons ci-apres.
Si Poli en croit- Cicerón Begií.rl- y. Ies
Athéniens ne brúlolent pas encere les ' morts au
ferps Je CécrocS- Le íchaliafte d’tídmére 07. A.)
¡Seque ruáge-dOnterrer Ies corps a précédé
de beauedup ceiui de les ¿/TÍfer^.dont 2I attrmue
le co.m.raencemei'it a Hercule. Ce iicrcs e....ut
pour afiiéger Ilion , avec une 4:1:^=, cbn ae
pu.nñ’ le paruiíe Laoitiedcn, cu. rc.uiO.L ce cji
donner les chevaux ddtirés c fervtr de recom-
penfe au libérarcur -crHcíicne , venint fe taire
accomeagaer par le jeune Algias. ^lais^Uc:^-
alu-, déte 4 Atgius , craignaut pour ce ms ;e ^o.t
^ ' y vy li
B R U
qu’avoit déia éprouvé Taíné de fes enfans , qíi il
avoir confié a Hercuie dans un voyage que ce
héros avoit fait á Lacédémone , & qui y étok
mort:, refiifa de le laifiér partir. H erciile promit
alors 5 avec ferment ^ de le ramener lui-méme.
La mort d'Argius mk le héros dans rimpoíSbfiité
d’accompür fa promeíTe , d^’une autre maniere
Gu'en brúlant le corps du jeune Somme , & en
rapportant fes cendres.
Quoi qifi! en foit de ce réck dn fcholiaíle , il
eñ certain par le témoignage d'Homérej que fon
brúloit les corps a i’époque de !a guerre de 'rroie ,
& que cet ufage devint général parmi les Grecs.
lis crurent que le fea co.nfumok tout ce qu’i! y
avoit d'impur dans le corps humain. Euripide le
dit de Civteinneílre (Or£/?. 40.) : « Son corps fut
puriSé par le fea « ;
Eojii x.a^iíyytcat
íls penférent «ncore que fama dégagée de la
ínatiére par le feu , montok plus vite aux célelfes
régions ; c’étok prefque le premier degré de f apo
théofe. r’eíl pourquoi Hercuie fe prúía fur le
mont Oera; ckñ pour cela que les philofophes
indiens, tels que Galanus du rems dGflexandre,
terniinoie.nt par le feu leur vie lorfqu’elle leur
deyenoit á charge. Les philofophes grecs étoient
partagés d’opinion fur f ufage de iráler les cada-
vres. Ceux qui regardoient le corps humain comme
un compofé des quatre élémenS:, vouloient qu’on
Je rendir a la terre ; mais Hérachte & fes feóla-
leurSj qui regardoient le feu comme le principe
univerfel , préféroient I’ufage de brúler ies corps ,
afin de les réfoudre plus vite dans léurs élemens
primitifs.
Les Etrufques ne brúloient pas les cadavres ;
comme ii paroit par les fquélertes que fon trouve
lenfermés dans les tombeaux avec les vafes ap-
pelés-ordinairemeiít etrufques.
Les premiers Romains j dk Pline (y-tr. 5-4.) ,
»e hrúloient pas ies cadavres ^ mais ils les erater-
roient : Ipfam crertrare apud Romanos non fuh
•veteris inflhuti : térra, eondebaraur. Cet écrivain
dit cependant aillenrs {xztj. 11 ) que le roi Numa
áéfendit d^arrofer de vin Ies buche rs : Rogumvino
afpergi. G’eíl á ce dernier fentiment qu’il faut
í.*arréter. Kous voyons en effet le méme Numa
(/.“ Plutarcko') , défendre dans fon teñament de
hrúler fon corps,; ce qui annonce un ufage géné-
ralement recu alors <fens Rome. On apprend la
»¡éme chofe d’ntie loi des douze TabíeSj qui dé-
íand de brúler -on d’enterrer dans les viües.
Pline (..oto chato primiim) 8c Cicerón (^de Legib.
il. 22.) nous ferviront á expüquer cene _ alterna-
íive indiquée par la loi des douze Pables. Ils
cifent que malgré f ige general de brúler, quel-
qaes fanrliles de Rome enterrérent touiours leurs
corps ^ & eutr'autres , la famiile Cornelia Mais
B R U
en.fn, L. rornélms Sylla ordonna en moiirantde
brúler le fien , de peur cifon ne le déterrat pour
le jeter dans le Tybre, ainfi qkii y avok precipité
les relies de fon redoutable adverfairCj le célebre
Marius.
L'ufage le plus général des Romains étoit de
brúler les corps , comme ii paroit par la diílinc-
tion qu a fondée fur cet ufage Diogéne Lacree
entre ies Romains & lesEgyptiens. Les derniers,
dit-il (r.x.84.) 5 embaument & enterrent les corps;
mais les Romains ies btúlent^-. Tacire s'exprinie
de méme en pjrlant de Poppée, époufe de Nerón ,
dont le corps ne fut pas brúlé , centre fufage des
Romains de ce temps {Anual, xvj. 6. 3.) ; Corpus
non igne ebolitum , ut Romanus mos,
Cet ufage daroit encore fous Aiexandre-Sévére,
comme on peut le conchare des cendres de Cai-
purnius Quadratus Settiaous , proconful fous fon
régne j trouvées dans une urne auprés de la voie
Latine j & reconnues pour relies á l’infcription
que portoit Turne & á une médaille du méme em-
pereur^ qu’elle renfermoit avec les cendres. Peut-
étre duroit-il encore fous Cornéüus Saionin; car
on voit un bucher au revers d’une de fes mé-
dailles.
Macrobe , qui vivoit fous Théodofe-le-jeune ,
dit que Tufage de brúler Ies corps avoit ceñe de
fon tems {Sat. rrr.7.) : Delude lic'et urendi corpora.
defunclorum ufus noflro feculo nullus fit. La reli-
gión Chrétienne contribua beaiicoup á fubllituer
fufage d’enterrer á ceiui de brúler ¡ & la crainte
de voir confumer par le feu les reíres de quelqaes
faints perfonnages qui pouvoient devenir des
reliques , fut le motif qui guidaies Chréue.ns dans
certe fubftitution.
Pour ce qui eñ des Gaulois & des Efpagnols,
i! parok par ies urnes remplies de cendres que
fon découvre dans les provinces fournifes aux
Romains , qiTils fuivoient fufage de leurs vain-
queurs. Les fqaélettes & les ollemens enners que
Ton trouve dans les autres provinces . aktfi que
dans les pays du nord de TEurope , annoncent
que Ton y enterroit Jes cadavres,
Quant aux .Africainsj íi Ton en croit les au-
teurs iatins , ils hrúloient ies corps. V , BucHEít ,
EnTERRER & USTRINUM.
Brúler Ies criminéis- Ce fupplice a eré conna
des anciens ,•& noas en avons une defeription re-
voltanre dans la vie d'Avidris Cafílus^ écrite par
Vukati'js Gaiiicus Cet écrivain dit qu’on ayoit
elevé un bucher haut de cent quatre-yingt pieds
romains j fur iequel o.n avoit attaché,
rentes hauteiirs , les hommes condamnés a penr
par le feu {c. 4.) : Priúius etiam id. fupplicii genus
invenit , ut Jiiphcní grandem poneret peaum
ginta & ceutum , id efl , materiam , & d fummo upqut
ad imum damnatos ligaret : & ab irno ^curn appo-
neret . incenfiTque apis fumo ru-t-^tos , tíiam A-
mof^e , necerít.
B R U
BRUMALES ^ fétes des Romairs ; elles díi-
soi-tnr an mois , & CQmmen<joier.t au 24 novem-
bre. £l!es furent inllituées Dar Roir.u!us , cui
avoit coatume, duranc tout ce tems-lá j de don-
ner á manger au fénat. Suidas, cin n'étoit pas
trés-habile dans les antiquités latines , & quel-
«ues écrivains qui Tont fuivi, aíTurent qué ces
fétes étoient inílituées en Thonneur de Bacckus-
Bromien des Grecs : mais on fait que jamais les
Grecs n ont appelé ce dieu z fifias. Son vérirable
fui'nom , reí qu'on le trouve dans Oipbée, eít
Sfcfcicí- d’oú Ton avoit fait brómales.
BRü N-foncé. Cette nuance étoit appelée
tolar niger par íes Romains. V. ie mot At^r.
BRÜNDISÍUM, en Italie. erun.
Les médailles autónomas de cette Tille font :
RR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
Leur type ordinaire eft un homme nud , á
chevai fur un dauphin.
BRUTIENS. -v
BRÜTTIANl. > Ce peuple , qui habiroit la
BRUTTII. j pointe de Tltalie , appelée
aujourd^hui la Calabre, fut le premier de lítalie
á fe révolrer contre les Romains , & á s^attacher
á Annibai. Les Romains ne léur pardonnérent
jamads cette défertion 5 8c pour en éternifer la
mémoire , ils refufcrent de les recevoir dans leurs
armées , fous quelque nom que ce pik erre. De
plus , ils les condamnérent á accompagner les
prcconfuls Se les autres magiftrats qui alloient
commander dans les provinces , & á leur fervir
de yalets 8e de bourreaux , fous le nom générique
Bruttianz. Aulu-Gelle (N.A. x. j.) nous a eon-
fervé cette tradition.
Les médailles autonomes de ce peuple , avec
la iégende bpett!í2M, font:
RRRR. en or. (Maguan. ¿t Hunter ).
RR. en argent.
C. en bronze.
Leurs types ortlinaires font :
La Vióloire couronnant un írophée. — Pallas
tnarchant. — Mars nud, marchant. — ün aig'e
pofé, retournant ¡a tere. — L'écreviffe de mer.
■^Júpiter dans un bige j ou debout. Ies bras
étendus.
BRUTUS. (Marcas Junius)
MaRCUS BrUTUS IMfERATOH-,
Ses médailles font :
RRRR. en or.
RRR. en argent.
O, en bronz*.
Brutus, furnom de la famille ; il
défignoit ordiuairement un ítírot , depuis qxie
L. Janius Brutas eut conrrefait Tinfe.nfé Dour
venir á bout de chaiié les Tarauins.
B U B
5M
BRLZUS, dar.s k Fhrvgie. epOTZKní2m,
Cette viLie a fait ir. pper des médailles impe-
riales grecques en Thonneur de M.-Auréie , de
Commode, de Sévére, de Caracalla , de Maxi-
niin , de Máxime & de Gordien-Fie.
BUBALL. Anítide paríanc du búhale , dit qu'il
reliembie au cert 5 Pline le compare á la fois á un
cerf & á un veau. Oppien affure que fes comes
font recourbées en amere. Cette particuiarké
forme fans doute la relTemblance qu“on luí rrou-
voit avec le cerf. Aldrovande , aprés avoir difcuté
les témoignages des anciens fur le búhale , croyoit
le retrouver dans la vache de Barbarie , efpéce de
bifon. M. de BufFon le prend pour une gardle.
Au relie 3 Martiai IkíTocie & raflimile au bifon
dans ce vers ( l. Specl. epigr. 23. v. 4.) :
lili celjlt atrox búhalas , atque bifon.
Lkpparition fubite du búhale dans les viíles,
étoit regardée comrae un facheux préfage ; on le
voit dans Kicétas , lorfqu’il parle du haitiOme
concüe.
BUBASIS. Le grand étymolcgifie feiü parle
d’une divinité & d'une ville égyptiennes de ce
nom. II dit que la malheureufe filie d’ínachus ,
lo 3 métamorphofée en vache, aborda á la nage
aux cotes de lEgypte, prés des bords da Ni! ; le
fouverain de cette contrée ayanr apperqu fut !c
limón les traces de fes pieds de devant, qui ref-
fembloient á la lertre i, & celles des pieds de
derritre a ¡a lettre , en forma le nom 10 , donné'
depuis á cette vache célebre 5 Sí celui de Bubafis
que porta i'endroit oú elle avoit abordé. On verra
á i'article ¿‘lo que c’étoit la ménie divinité qif iíis
& que ia Lune ; auíTi Jablonski traduit-ii le mot
égyptien ou cophtique qui répond á Bubafs, par
celui de téte-de-vacke. On donnoit en Egtpte
pour coéíiure á ifis, les comes de lavadle; &
le furnom de Bubafs défignoit fans doute cette
coéfFure fymboiique , de meme que celui de
Tau.lfio.0o; , face-de-taureaa , défignoit les comes
du Bacchus des Grecs.
EÜBASTE. Les Grecs fubíiituérent deax de
leurs divinites, Diane & Üithye , á celle que les
Egyptiens appeioient Bubafie , Se qufils heno-
roient tfun cuite particulier dans la viile de ce
nom, íituée dans la Bafi'e-Egypte,, fur un des
bras du Nil. Hérodote (lib. jI. c. 1 37.) dit expreC-
fément que Bubafie étoit appelée Diane chez les
Grecs , Se il décrit fort au iong ie temple fuperbe
qui lui éroit confacré dans ia ville de fon nom.
Dans le méme livre ( r. ij^. ) Kérodote nous
apprend que Ies Egyptiens donnoient á Apollon
Se á Diane Bacchus pour pére , Se iíis pour
mere ; il aioute que cet Apollon étoit THoras
des Egyptiens ; comme Cérés étoit ieur líis , Se
Diane leur Bubafie. Au tenas oú vivoit cet hiiíc-
rien célebre , toute TEgypre defeendoit par >e
Kii á Buhare t pour 7 célébrsr les fétes de la
51^ B U B
déeíTe as. ce nom ; Se ii afíure que le nombre de
ces adorateurs aíloit iufqa’á fept cent míile. Pen-
dañe les jouts cui précedoicnt ces fetes j &
pendsüt leur céiébration ^ le Nii écoit couvert
de barques richement ornees ^ 8c chargées de
vovageurs Se de muilciens dont les chants & les
inítrumeos faifoient retentir jour & nuit les deux
rives du fleuve. Toure la ville étoit confacrée au
cuke de- la déeiTe , 8c tous les habitans y étoient
employés ; de-Iá viene qirOvide Vzppsllsíar.aa
Babafiis ( Mer. lA'. 687) • Le changenient de domi-
nation put fea! faire ceíTer ce concours tan: célé-
bré par Ies Grecs; & nous voyons qu'aprés la
rédutiion de TEgypte en province romaine , á
Tépoque ou écrivoit Juvénaí, Dianéj c'eft-á-dire j
Bubaftc , K étoit plus adoree :
O f pida, tota cancm venerantur , nemo Dianam.
Strabon / qui écrivoit avant le fatyrique ^ &
cinquante ans aprés cette réduétion , nomme
{xYii.p. 353-) la ville de Buhafte , fans faire aa-
cune mentíon de fon temple ^ autrefois íi fameiix.
Qaelle étoit cette Buhafte des Egyptiens, ou
de quelie divinité égyptíenne repréfentoit-elle un
attribiit? Jablonski n'h-éíire pas a ¡a reconnoítre
pour un attríbut d'IíiSj cette déeíie que le prétre
Chérémon {iti Porphyr. epift. ai Anebonem ) dé-
clare aveir été prife par les précres de TEgypte ,
pour le fymbole ou la repréfentation de la iune &
de fes phafes. Cependant nous avonsvu plus haut
que Diane étoit filie d'ííis; ií paroít done con-
traáicloire de i’égaíer á líis? Mais cela s'expüque
tout naturellement parda Mythoiogie égyptienñe^
dans laqueile nous voy-ons Horus ou le Soleii étre
appelé fils d’Oíiris, qui écoit lai-meirse le génie
du foleil. L“expreíEon de fils n’annonqoit pas dans
le langage embíématique des Efeyptiens^ le rap-
port de génération:, mais celui dateribut particu-
íier ou tbérnanadon.
Dioáore de Sicile {lii. i. p. 24.) dic que Fon
€onfervoit encore de fon tems une trés-ancienne
infeription égyptíenne. dans laqueile on difoit;, á
ia iouange'd'iíis que ia vil'c de Buhafte luí étoit
confacrée , & avoir eré bárie en fon honneur. La
tíéeíTe que Tony revérok étoit done Ifis ou ia
Lune, cnyifagée fous un certain rapport. Ce rap-
port é-coit fondé fur Ies phafes de certe plañere.
Se-lávintj felón jablonski j le nom égyptien oa
cophúqus, changeant la forme de fon vifiage cu
Bubafti , qui füt donné á ce rapport, erige depuis
en divinité fous le méme nom. S. Jéróme, qui
n'ignoroit pas la langue égyptíenne , dit expreíTé-
mení (rr. in Eyetk. Opv. tom. til. col. 91Ó.) 'que
Buhafte fe traduifeit dans cette langue par le chan-
'gemen: ¿c 'ofiage : Bxbjftus juxta linguam ígyp-
tia:.a;n , interpretufur cris experimentum.
C'eft. d.ís expücations fauíFes des Grecs, & des
raprorts obicurs de leur Mvtho'ogie avec celle
des Egyptiens , que nous tircroas 3 i’aiáe » uae
B U B
fag-e critique, deslumiéres, pour reconnoítre!*
phafe de la noave'fle iune & du croiírant dins
Buhafte. Ilfautoifolier ici Diane-Criafferefre , pour
r.e voir que cette vierge célebre par fa chafíeté ,
& chargée da foin des accouchemens fous Ies
nonas de Lucine & d’íiithye. Buhafte rfavoit ni
époux ni enfans; de-iá vint qu'Ovide liu áonna
le farnona SanBa , fynonyme de cafta ; ckñ á cela
auili qu^’a rapport !a pnsre que Irait a Júpiter Diane
dans fon hymne (^Callimach.i') ; « Accoráez-moi,
mon pére, une virginité écernelle” :
A¿í fííi «ísfis? oAaers-eíp.
Cicerón nous dir expreíTément que la Luna étoit
Diane chez les Grées (^Namr, Deor. ni. 20.) :
Lunam Grs.ci Dianam putatit : aufll en portoit-
elie le croiíTa.nt fur le front ; ce qui défignoit k
phafe patticuliére á laqueile eue, ou. Buhafte y
avoit répondu dans Forigine.
Sous le nona 'B'iXr.éíua , Ilithye , les Grecs^re-.
connoiíToient Diane proteélnce des fetnmes pretes
d^accoucher j & los Ronaains lui fuDÍlituerent
dans cette fonéiion une divinité qu lis creerent
exprés, & qu i's appelérent ^Lucine. Horace ,
cependant, invoque conformément á_!a_ Mytho-
logie gríCQue , Diane , cotnnae ia divinite des
accouchemens ni- 11.) :
Montium cufitos nemorumque virgo ,
Qud laborantes útero paellas
Ter vocata audis , adimifique uth»
Diva trifiormis.
'■'^ous n’ajouterons plus qu un feul tenioignage
Fécrivain erec , pour pfouver que Buhalie^ etoit
lithve , Sr préfidoit aux accouchemens. rsicearque
Antholog.'i.c. 72. epig. 3.) parlant d’une fename
iui étoit accoüchée heureufement laus fage- emm
k fans aucun feceurs , dit ; « Cet h^uicux 2
'ard détruit le cuite de Buhafte. Car fi toutes .es
'emmes peuvent .accoucher comnae fhilenium ,
raí eít-ce qui prendía la peine d’invoquer ceue
iéefie ?
OaV¡a Eísairíí aaraA'iera/ tí yap £»«?*
Ttítrai ¿í ¿arrj , ti{ ^ti
Les Egvptiens trouvoient plufieurs
entre le chat & la lime , comme o_n le veaa
Farticle de cet animal ; c'éñ pourquoi i s -e *
facroient, & ( fuivant la marche
leur théo'ogie) ils le donnosent pour } na
IfiS & á Buhafte en parriculier.
Feur ce quieft des l i&uies humaines qu--
ciens écrivains onr dir avoir éte ^
bafte , qui étoit ia méme ville qu Iii;.*ye , oí *
liopciis , voyez Fart'cle Araeís.
Buhaste j dans FEgypte. hoybac»
B U C
Cette ville a fair frapper une médaiüe im-
périale grecque en Thonneur d’Hadrien.
BUBOrs A , déeíTe qui étoit chargce chez Ies
Romains du fcin des boeufs , & que Ton invo-
quoit pour leur confervation. Saint Auguñia feul
{ Civit. Dez. IV. 34.) en fait mention.
BL'BULCUS;, furnom de la famille Junia ,
áont Püne attribue 1 origine auxfoins particaliers
qu’avoit de fes bceufs un membre de cette fa-
IBÜle (.tr/íz. 3.): Jardorum familia a. bahalco
norr.en irjven.it , qui bitius optime utebatur.
BüCA furnom de la famille zEmilia.
BUCCA j boutfon^ paraíire ^ Sec. Ies Grecs
donnoient ainfi que les Latins le nom de finay-íaní
á ces gens qui payent ¡eurs repas avec des bons-
mots j ou ayec des récits apprétcs 8c ampoullés.
Jovénal les a défignés daas le vers 34 de fa on-
ziémefatyre :
Orator vekemens , an Curtías , & Matko Buces..
L’étymologie de leur nom Bucea ^ eíl relative au
mot bucea , ou buccella , bouchée ^ indicatif de
Vétat de paraíite ; & á celui de buces ^ joues en-
flées j qui déíignoit leurs vains propos,
BUCCELLA. \
BUCCELLARIUS. f
BUCCELLAIRE. > Buccdlus 8c Buccella
BUCCELLATUM.C déíignoit chez les Rd-
EOTfKKEAA APIOS. ? mains un petit pain oa
un petic gáteau , dont on pouvoit faire une feule
bouchée. Le pain de munition delliné á de longues
routes, & cuit par conféquent deii'x fois , étoit
appeilé Buccellatum ¡ c’ étoit ce qui le diftinguoit
du pain ordinaire ^ pañis. Lampride (e. ic) ra-
contant les réformes que fit Pefeennius Isiger j
parmi Ies foldats j dit qu'ii renvoya du camp les
marchands de yin & íes boulangers , 8e qu il
obligea les foldats á fe contenter du vinaigre
melé dans Feau de leur boiffon , & de bifcuit :
Vinum & pifiares a cafiris removit , jujptque- omzies
aceto & suceszz^To contentos ejfe. . Amien-
Marceliin ( xvn. 8<) dit que l’empereur Juíien il
voulant faire une marche forcee de vingt jours ,
diítribua á fes foldats leur bifcuit pour tout ce
temps-lá : Uiginti dierum frumentum , ex eo qued
erat in fedibus confumendum , ad ufus diutumita-
tem excoctum , buccezzatum , ut vulgo appel-
lant ^ kumeris impofuic libentium militum.
Ces faits nous montrent une étymologie na-
turelle du nom des Buccellaires ^ Buccellarii ,
BisxKsAAaju'íi j efpeces de foldats que Ies empereurs
grecs entretenoient dans les provinces Se dans les
campagnes. L’empereur les nourfiíToitj & dé-
la vient leur nom. lis étoient dans les provinces
ce que font aujourd’hui les commenfaux de nos
rois. Lorfque l’empereur marehoit avec l’armée j
les Buccellaires étoient placés devaat 8c derriére
lui ; ce qui Ies fit auíR appeler feurrs , bouifons
ou Daraiites ; parce qu’ils tenoient auprés du
prince une place ou étoit oceupée oidinajreinent
B ü C 517
par cette claiTe d’oiñfs, L’err.oereur fs fervoit
quelquefois des Bucccliaires pour mettre á raort
ceux QU il y condamneit; ce fut aiiu; un Bu~~
cehaire qui rúa V aler.dnien. Souvenc on les en-
voyoit en garr.ijoTt chez des particaliers que ron
vcuioit punir, St qui croient obligcs de les nour-
nr : le loixantierr.e livre des Baíilicues derive
leur nom de ce: ufage.
On appela Buccellaires fous Conílantfn Por-
phyr-'.genece, desjGrecs de Galacie , qai fournií-
foient le pain aux foldats.
Le nom de Buccellaires requt en Gccident une-
extenllon encore plus gra.ndej car il íignifia un
Client , ou un homme dévoué entiérement á un
pnnee ou á un grand. C’eft dans ce fens qu’il eít
employé dans les loix des Viíigoths, recueillies
par Papias. Grégoire de Tours (jlifi. Franc. 2. S-)
appelle auíli de ce nom un émifí'aire d’A.éLÍus.
BUCCÍN. Les anciens fe fervoient d’une efpéce
de cette nombreufe famüie de coquillage, pour
faire la pourpre-marme. La Sociéte royale de
Londres a retroiivé fur les cotes d’Angleterre
une efpéce de Buccin qui donne ia msme cou-
leur i & de Réaumur a fait la méme dtcouverte
fur les cotes de l’Aunis. On peut voir le détail
des recherches du dernier , dans les Pfíémoires
de l’Académie des Sciences.
BÜCCINA, trompette recourbée , ou efpéce
de cor dont fe fervoient les anciens. On voit
fouvent fur les moniimens an'tiques des trom-
pettes courbées comme un C renverfé fur la
partie convexe. El'es font termínées, ainti que les
cors modernes , par un large pavilion ; & les
deux branches font iiées par une traverfe qui fer-
voit á les foutenir élevées lorfqu’on les embou-
choit. Cette courbure , qui étoit légere en com-
paraifon de celle du lituus , fervoit á i’en diííin-
guer j ainfi que fon long pavilion. La bucema eíl
appelée cava Se rauca , á caufe de cette cour-
bure & du large pavilion qui lui faifoit rendre des
fons bas 8c pleins. Le lituus étoit plus courbé 8c
n’étoit point terminé par un pavilion : auí5 Ies
fons qu’ii rendoit étoient-ils asgus & íifHans.
L’airain étoit la matiére de la buccina des ar-
mées roBiaines. Ovide nous a confervé fes deux
caracléres diftindlifs ; la courbure qui la difdn-
guoit de la tuba , trompette droite 5 & le pa-
vilion plus large que celui de la méme trompette.
{Met. 1. 333. ) :
Cava buccina fumitur illi
Tortilis, in latum qus turbine crefeit ab imo,
On fe fervoit de la buccina pour annoncer l iiiG
tant de relever les fentinelles. Properce (zr. 4. 6z.)z
Et jam quarta canit venturam buccina lucem.
De-la vint que plirSears écrivains exprimérent
i®s différentes veiJIss des esnaps oaí ces mois
5iS E U C
‘^d primam , ad fecimdam , &c. huccinam. Elle aliV
Honcoic encore les heures cíes repas dans les samps.
Tacice (^Arinal. xv. 3c. I.) : Inuia vigiliarum per
centurionem nuntiari , cov.viviurji buccirid dimitti.
Sous les rois enñn, on aíTembloit le peuple ro-
main au fon de la bucci;za , comme nous Tappre-
nons de Properce (^iv. 1. 13.) :
Buccina cogehat przfcos ad verba Qiiirites.
BüCCíNATOR nominum. Gruter ( iiiG 4.)
rapporte une infcripdon dans laqueüe un fervi-
teur des magiítrats eíc déíigné par ces mots qui
peuvent étre f/nonymes de celiii de nomenclátor.
11 nommoit peur-étre au magiíirat , ¿e appeloic
enfuite á haute voix ceux que le rnagiílrar dtoit
á fon tribunal : peut-étre auffi n’étoit-il qu'un
limpie aboyeur.
BÜCCULA. Ce mot a été traduit Je deux
manieres entiérement oppofées par Ies phiioio-
gues : nous croyons cependant quril a pu avoir
ces deux acceptions en rnéme tems- Turnébe
(Adv. IX: 1(5.) & plaíieurs autres ont cru que
huccula déñgnoir cette partie du cafqiie qui coiivre
les joues^ le mentón & la bouche, & que Pon a
appeiée depuis les joues & la mentonniére. lis
citent en leur faveur un texte de Tite-Live {xliv.
34.) , dans lequei buccala eft jointe immédiate-
ment aux caiques , galeas bucculafque tergere.
L^cn'mologie les favorife encore davantage j car
on trouve dans Suétone & dans Apulée le mot
baccula , déíignant la bcuche & ¡es parties qui
Pavoiíinent.
Mais les glofes d’iíidore donnent le nom de
huccula á ¡a partie áu bouclier que les Grecs
«ppeloient 0’«^«aW , Se les Latins ambo. On
llt dans ces glofes ; Angla , ferrum huccula. fcuti ,
& ancile , fcuti huccula. Ce nom fut doffné fans
fans doute á Vumbo ^ á caufe des tetes de bétes ou
d'hommes ^ teiles que des tetes de Médufe Se de
lions á gueule beante , dont cette partie du bou-
clier écoit orníe. Buccula déíignoit auíS le bou-
clier entier; c'eíl'dansce feas qu’eile eitemployce
dans le Code Théodofien {Icg. i. de Fabriccn.f. ) :
Ocio apud Artiochíam cajjldes , totidemque buc-
euLis. Juvénal faifant ia defcription d’un tropbée,
peint les déb ris d’un bouclier, ou la huccula atta-
diée au-deffus du cafque (x. 133.) :
Bellorum txuvii^ truncis cc^,xa trepáis ,
Lorica & fraña de cajíide huccula pendens.
BUCENTAURE, efpece de centaure qui avoit
íe corps ü’un bsruf ou d’un taureau, tandis que
les centaures font ordinairemenr repréfentés avec
íe corps d’un cheval : il y en avoit auíTi dont le
corps ¿toit celiii d’an ánc. F. OMOCENTAnRE.
fiaus avons des monumens qui repréfenterr Her-
«t'.ie cemoattant un buccntaure : le héros n’a
pfiiíiZ ét taiíTue , ni aaicune autre efpéce d'armcj
BUG
i mais il embrañe le buccntaure par le tnilieu du
corpSj 8e femble i'étreináre pour Pétoauer.
BUCÉPHALE, Ce nom eñ com-
pofé de B'üí , bccuf, &: de tete. Les anciens
avoient coiitume d’imprimer diíPérentes marques
fur les cuiiTes ou far la croupe des chevaux. Les
plus communes écoient un 2 , figttta , 8e un k ,
kappa : ceux qui portoient la premiére marque,
étoienr appelés 1 , & xas-aaTA; ceux qui
portoient la feconde. Quelquefois on imprimoit
au üeu de iettres , une tete de bceiif ; & les
chevaux fur lefquels on voyoit cette marque ,
s’appeloient /SsxlipaAí;. Tel fut celui d’Alexandre.
Le fchoiiafte d’Ariítophane {Nub. i. i.) & ííéfy-
chius nous ont confervé cette érymologic limpie,
du nom que portoit le cheval favori du vainqueur
de Darius.
Quelques écrivains anciens ont donné une
autre étymologie au nom de Bucéphale ; Ies uns
íe dérivent de la forme de fa tete , qu’üs difqnt
avoir refl'emblé á celle d’un boeuf , & qu’íls
comparent á celle des Jumards ; les autres le dé-
riveat de fon air farouche. L’ étymologie du feho-
lisfte d’Ariñophane eñ la plus limpie & ia plus
natureile. L’hilfoire du cheval d’Alexandre ne
doit pas entrer dans ce diétíonnaire , mais nous
devons chércher á fixer Pévaluation des treize
talens qu’i! avoir coúté , felón Püne ( vm. 41-) j
& des feize talens auxquels Au!u-Gel!e
Pa apprécié. M. Pauélon porte á (5,ooo de nos
livres le talent ordinaire , & a 60,000 livres Ic
talent d’or ( Métrologie ) : ce qui donne par la
premiére évaluation 78,000 liv. pour le texte de
Püne , & 96,000 liv. pour celui d’Aulu-Gelle. La
feconde évaluation de M. Pauélon donneroic
780,000 liv. & 960,000 liv.
Le fameux Lyíippe fit en bronze le portrait de
ce fameux cheval 5 comme nous Papprend Stacc
( Sylv. 1 . 1 . 84. )
Cedat equus , Latia qui contra templa Bionts
Cafarei fiat fede fori , quem trader e ts aufus
Pcllao , Lyfppe , duez.
BUCHER , pyra , bufium & rogus. Senrius^a
voulu aíligncr une différence eíientielle entre ces
mots ; mais il s’eft contredit fur cet objet en
deux endroits de fon Commenraire ( JEneii. n
& Xí. ).
On choiíBíroit pour former Ies íuckers 8c con-
ñimer les cadavres , les bois réíineux , tels *
pin , le fapin , Pif , le cyprés , _8fC. Le dermer
fur-tout étoit eniployé á faire Pinceinte du^ ou
cker ; afin , dit Servius ( JEnetd. vi. 2.1 y ) •
Gue les aÜiÍTans ne 'fuírent pas incommocivS ^ ^
Podeur qui d’exhalok : Farro aicit
cztprcjfo circumdari folitas , propter grevetn^ ^'*,7
odorcm. Voici íes vers de Airgile, fur ieiq-eo
Servius fait cette obfervation : )
B U C
Inger.tem fvruxtrs pyrar.i , caz frorjíí-js ¿¡iris
Ir.uxunt latera , & ferales ante cuprejjos
Confituiirtt.
Les bois que Ton employoit á fa.lre des bückers^
éto'ent brats j & foavent cétoient des troncs
d'srbres garnis de leurs branches , comme nous
vcnons de le voir. Mais le luxe s^’empara bientót
de ces triftes conílruc^ions 5 '& Ies loix des XII.
rabies s’oppcsérenc á fes progrés , en défendant
pour Ies búchers i'ufage des bois polis & travaiilés :
HOC PLUS LtE F AGITO. RoGUJA ASCIA 2LE POLZTO.
Catre íoi^ ne prodiiiílt pas un grand eíret j car on
vir bientót Itsbúckers reprcndre leur anclen édat.
On Ies conílruilit avec de beiles & grandes charpen-
res > on les chargea de ftarues & on les orna méme
de peinturcs. Fline eft garant de ce dernier exeas
( XXXV. J. ) : Quordara & pericula expzr.gimas ,
ne quis miretur tí rogos pir.gl.
Les loix romaines défendoient de conñruire un
bucker plus pres des maifons habitées , que de
foixante pieds ( Cicer. de legzh. :1. Zjj.. ) : Rogum,
buflamve novum vetat propius fexaginta pedes ad-
jiei sdes alienas invito domino : incendium vert-
tur acerbiim.^ L'ineendie de la Curie & de la ba-
ílique Porcienne , caufé pir Ies flammes du
bucker que Ton dreíTa á Clodius dans Ja place
publique , ñt connoitre la fageíTe de cetre ¡oi.
Auffi y avoit-il dans chaqué viile un eípace en-
toiiré de murs , appelé Úfirinum , qui íervoit á
brller les corps des pauvres qui ne iaiíToient pas
afl'éz de bien pour avoir les honneurs d'un búcher
part'.cuher. On en a trouvé un dans les foailles
de Pómpela. Voyey_ Lstrinum.
^ Les búchers des riches étoieiit de forme car-
ree. Cependant Xiphilin rapporte que Ton donna
acelui de Pertinax une forme ttiangulaire. Quatre
étages ornes de graclins partageoient le búcher.
Le premier renfermoit lesmatiéres combullibles ;
le fecond étoit chargé de fleurs ; le troifié.me ^
de^ réfine & d’aromates précieux ; fur le qua-
trieme enfin , étoient entaíTés des étoffes riches
des^ habits de. pourpre. Voici la defeription
qu’en fait Siace dans la Thébaiide k.'^i. 56.) :
Ima virent agrefii ftamina culta.
Próxima gramineis operojlor area fertis ¡
Et plBuratus morituris floribus agger.
Tenias ajfurgens Arabum ftrue tollitur ordo
¿toas complexas opes , incanaque glebis
Thara , (í ab dntiquo durantia cinnama Pelo j
Summa cAepant auro.
Le feu étoit mis au búcher par les parens le?
plus proches du mort, qui détourncient la tete,
pour témoigner quhls lui rendoíent á regret ce
dernier fervice. Dans Plliade (^xxiii. 193.), on
veit Achiíle jeter ¿ir le búcher de Patrocle des
Ar.tiquités j Tome I,
B U C
boeiífs j des rnoutons ^ des chevaux & des chiens ,
ce prnnee malheureuxavoittendremer.c aimés.
yueiquefois on y jetoic auíS les corps des pri-
íonniers de gutrre^ que I on immoloir aux manes
..es heros. On vit meme des vi^irr.es volontaires
fe ]eter dans le búcher, afin de ne pas erre fépa-
rees de leurs amis. Tel fut ííheftée, l'afFranc.hí
d'Agnppine qui fe tua fur fon búcher. Tels furent
des foidats d Othon , oui íe pcrcérent fur les
relies de ce malheureux "emperi>ur ; relies furent
enfin piufieuts veuves célebres dans l’antiquité.
Cn précipitoit dans Ies fiammes tous les habits
& tous Ies meubles dont le mort s’étoit fervi ; &
Ies affiílans y jetoienc auffi á Penvi dcs.préfens ,
des parfums. Aux funérailles de Céfar ^ les vété-
rans dépoíérent leurs armes fur le ¿¿íAer. Afinílant
oú Ies parens avoient allumé le feu du búcher , on
Parrofoit avec de I'huileSr des parfums, afin de
háter l'eft'ec d u feu. On adreíToit méme des priéres
aux vents , pour qu’iis donnaifent plus de vivacité
aux fiammes. Achiile invoque, á cet eífet, dans
l'lliade (xxiii. 1^5.) Borée & Zéphire, & leur
promet des facritices.
Aíacrobenous a confervé un ufage paniculier
aux búchers deítinés á pluíieurs corps : c^étoit de
méier le corps d'une femme á celui de dix hom-
m.es , comme un véhicule pour le feu {Satum. vii.
193.) : Si quando ufa venirct , ut piara corpora
fimul incénderentur , falitos fuiífe funeram miniflros
denis virorum corporibus fingulamaliebria adjicere ,
tí unios adjutu , quajl natard flammei , & ideó ce-
leriter ardentis , estera fiagrabant.
BUCOLIASiME , chanfon des pañeurs ou ber-
gers de Tancienne Gréce. lis la chantoiexot ea
conduifant le bétail aux páturages, felón Athé-
née (/fí. xiv). Diomus,, berger de Sicile, com-
pofa la premiére , & Epiclu-irme en avoit fait
mention dans i Alcyon & dans Ulyjfe faifant nau-
fraga. Le nom de bucoliafme défignoit auíTi un air
de danfe que l'on jouoit fur la ñute.
BUCOLE. )
BUCOLICI. > Les Bucales étoient des con-
BUCO1.LNI.} trées de TEgypte deílinées
á ¡a nourriture des beñiaux. Ceux qui Ies habi-
toienr étoient fauyages & farouches. Jules-Capi-
toiinlesappelleBii<roéici [c. 21.): Qaúm per £gyp-
tum Bucoiici milites gravia multa fecijfent , per
Avidium Cajílum retuf funt , qui poftsa tyrannidern
arripuit. lis font nommés BucoUni milites dans
ia vie de S. Hilarión , écrite par S. Jéróme. Ces
trois mots viennent de ^ax-eXía , je conduis les
bceufs aux páturages.
BUCRANE, SUCSAmtVM , séx.ixrai. Proclus
fe fert dé ce mor dans le Traité de la fphére. II
défignoit quelquefois chez Ies Grecs un cafque
creufé dans une tete de bceuf , ou fait en forme
de tete de boeuf.
Nous propofons aux arcbiteéles d'employer ce
mor nouveau , pour défigner ces tetes de boeuf
Xxx
530 B Ü I
écordiées & décharnées qu ils placent dans les
írifes. Ce rriOt éviteroit une circonlocution , &
feroit par coniequent trés-utile aux écrivains &
anx profeíTeurs. fC Bceuf.
BUFFETS. Dans une rr.aifon de Pompeí , on
a trouvé contre un. pan de mur une efpéce de
buffet antique , au-deíTus duquel étoienr piacées
deux tabletreSj Tune fur Pai-tre, pour niettre
¿esplats, des aíTiettes, &:c. Le pied étoit fast
¿"une efpece de vepcrino , &: portoit une rabie
¿e marbre avec des boros de verd annque. Les
rabies étoienr auSi couvertes de marbre.
Sur un grand b.rs-reiief de la villa Albani, qui
a éré^détaché d'un tombeau antique, on voit un
buffet oa garde-manger renfermant des animaux
éventrés & pendus á des crochets , avec 'pluíieürs
aurres prcviíions de boliche. Le Recueil des pein-
tiires d’HercuIanum nous offre le deflin d'un fem-
blabla buffet.
On trouve dans la riche colleélion des pierres
gravees du barón de Sto-Hah une pare antique, fur
iaqueUe eft repréfentée une efpéce de buffet, ou
(comme difenr les Italiens) de crédence , tres-
íinguüére. isous aüons la décrire , afin de donner
au leéleur une idee, quoique trés-foibie , des
riches buffets' dont parle Athénée (Deipnof. xi.
pag. 494, 497, & JT'-. pag. 142, & V- pag. 197,
196, é’c.), & qui briüoient dans la pompe ba-
chique de Ptolomée Fhiladelphe. C’eíl un navire
chargé de vafes & de ciíofes qui fervoient dans
les feílihs. Quatre enormes amphores occupent
le poHt aux deux cotes du mar. Sur la proue eft
place un candélabre portant une lampe , vers
laquelle une fouris s’efforce de monter ; & fur
la pouppe , on voit un large cantharus ou vafe-á-
anfes-mobiles. Une grande urne tient iieu de hune j
deux coupes de Bacchus occupent les extrémités
de Pantennes 8c Íes inrervalles qui reftent entre
elles & Turne , font remplis par deux coiyles.
Fluíieurs meubles enfin , font fufpendns á cetre
antenne ; J'on y díftingue , enrr’autres , une lampe
& une couronne garnie de bandelettes.
BUFONIES , fétes qu’on célébroir a Athénes
en Thnnneur de Jupiter-Palien , en lui immolant
un bcEuf 5 d'oú elles ont pris leur nom. Voyet^
DlIPOllES.
BUIS. Les ancie.ns .faifoienr un grand ufage de
Ge bois pour divers meubles & ufteníües. Le
plus connu de ces empiois, eft d’avoir fervi á
faire les flútes , & en particulier les flútes phry-
giennes. Properce parle des flútes de buis (4. eleg.
9.V. 13.) :
Natus & ipfe fuos hreviter concretus in arfas ,
JaBabat truncas ad cava huxa manus.
Stace {Theb. rm. 222.) en fait auífi mention:
Gemina sra fonant , Id&aque terga y
Et moderata fonam vario fpiramine buxum.
B ü L
Le mérre poete en parle encore {Theb. 1. 7.) dans
un endroir fur iequel Lutatius , fon commentateur
ancien , appllque á la fois le mor buxum aux
flútes , & á la fandale de bois , fcaliüam , quí
fervoit aux muíiciens á barrre la mefure : Tibia
vel fcahellum , quod in fatris tihicines pede fcnare
con fueverunt.
L’ufage des flútes phrygiennes de buis , que
Ton faifoit dans les.facri.fices de Cybéle, mir !e
buis fous la proteéiion particuliére de cetre déeííe :
deúá vint Tépithére Birécyntkie que lui donna
Uirgile {^JEneii. ix. :
Ite per alta
Dir.dyma , ubi adfuetis biforera dat tibia cantum:
Tympana vos buxufque vocat Berecyntkia matris
IdsLa.
Les tnyñéres de Bacchus étoienr célebres ordf-
nairement avec ceux de Cybéle; c'eft pourquoí
Stace appelle (i.x. 479.) bacchica ces mémes flútes
de buis :
Citm bacchica mugit
Buxas , & infariA maculant trieterida matres.
BULBUS , furnom de la farnille Atilia.
BULE. Voyez botah.
BULEFHORE. L'empereur Conñantin (/f^. 7.
Cod. ) défigne par ce nom le receveur-gtnéral des
droirs du fifc , appelé ordlnairemeni: Rationalis
fummA rei. Ces receveurs étoienr vétus de riches
habirs , comme nous Tapprend le paflage fuivanf
d'Am.mien- Marcellin {xxii. 4.':. L'empereur
Julien II, dit-il, ayant fait appeler un barbier,
& voyant entrer dans fa chambre un homrEe
richement vétu, lui dit avec étonnement : je nal
pas demandé un de mes receveurs, mais un per-
ruquier : Evensrat kis diebus , ut ad demendum
imperatoris capillum tonfor venire prAceptus , m-
troiret quidam ambitiose vefiitus ; quo vifo Julianas
oijiupuií : ego, inqait , non rationalem jujp. , fed
tcnforem acciri. Ce paíTage fert encore a nous
faire trouver Títymologie de hulépkore , qui veut
dire , en langage corrompu , porte-bulle.^ Cet orne-
ment fur en effer prodigué par les derniers empe-
reurs romains , á des gens d'une naiftance peii
relevée. Uoye:^ Bulbe.
BÜLEUTM. Vovez Boulxut .m.
BULEVTERIOÑ. V. 3ouzeutes.ios.
BULEUTICON , C’étcit, felón
Pollux, un endroir des théátres grecs deft
vieillards Se aux magiftrats ; de mér»e que i tp.ne-
bicop. étoit deftiné aux jeunes gens.
BULLA, étoit une marque qui diftinguoit fu*
Ies calendriers rcmairs, les jooirs heureux
jours malheureux. Bulla défigna peur-erre au -t
parla fuite lecalendrier lui-méme.Pérrone_eft
des écrivains latins qui ait parlé ¡e pías clairemá-
B U L
ác cet tlí^ge 50^-) : -Eí Jíí'" be ni, ci-éíZS \
ii-.corr^medi ejfer^t , áijizngj.ente. buUa. r.ot^ia.iiur. |
BULLM. Les Romains donnoient ce nom á i
á:s cloiis ¿car !a tete étoit travaillée comine Ies i
¿¿:¿¿es que i’oD porcoit pendues au cou , ou du j
niéiT.e voiutne. Cette expücation nous a été fug-
géice par Texamen des clous du panthéon que j
poiTédoit ie comte de Cayíus : la tete de Tun 1
d'eux a troís pouces ciaq iignes de diamétre ; la |
tete de Tautre n'a que deux pouces fept ligues j
ge la bulle trouvée á Aix-en-ft:ovence (que nous
tíécrirons á i'arcic'e Bulle) a deux pouces troís
Iignes de diamétre. II eft tres-probable que cette
relTemblance delargeur:, jointe ala relTemblance
oa'ofrre ¡a convexicé dés clous & des bulles , a
fait donner aux premiers le nom des fecondes.
Cicéron parle des clous avec lefqueis on forti-
fioit Ies portes des temples , & dont les groíTes
tetes dorées formoient un bel ornement {Verr.
IV. 56.) : Bullas omnes aureas ex kis vulvis qus.
eraut mults. , & graves , non duhitavit auferre.
Le comte de Caydus a donné le deflin d’un des
vantaux des portes du panthéon ^ & Ton y voit le
bel eíFet que produifoient ces clous dores. Nous
lifons dans Plaute {AJln. jI. 4. ac.) que les par-
ticuliers en faifoient auíTi garnir les portes de
leurs maifons ; & que Ton avoit un grand foin de
les frotter ¡ afin de les tendrá brillans :
Jufiin in fplendorem dari bullas has foríbus nof.ris ?
Voyei Clous.
Bulz JE, ornement des baudriers. Les bau-
driers des anciens étoient ordinairement de ciiir ,
& ils les forrifioient avec des clous dont les teres
larges & applaties faifoient un ornement. C'eít
fans doute á ces clous qu ils donnérent, pat ana-
logie 5 le nom bulU. Varron (de Ling. Latín, ir.
24.) dic que le baheus efe une efpéce de ceinture
de cuir c'hargée de clous : Balteum, cingulum e
cario hullatum. Virgile décrivant Idrmure de pal-
laos fait mention des bulU de fon baudrier
(Mneid, xii. 942.) : ^
jEí nolis fulferunt cingula bullts
Ballanús pueri.
Aufone £n parle auflfi (Eidyll. ri. 49.) :
Et aurasis fulgenúa cingula bullís.
Les Romains appeloient bulU des
ornenrsens qu'ils portoient pendus a leurs cous.
Les antiquaires ont traduit ce m.ot par celui de
halles, que nous emploierons á ieur exemple.
Nous parlerons d’abord des bulles-d or que por-
loient les enfans des'patnciens ^ & enfuite des
bulles ás. tbure forte de miatiéres qas portoient les
feíKmes & les bomnaes du_peaple..
B v> L 5 3^
BuLiE-D‘cn. Fline {rrxjn. I.' d;t que Tcr-
quia rancien ayant vu fon iüs age de quatorze
ans ttier un ennemi dans un combar livré aux
SabinSj Thonora d’un éloge devar.t les Romains
aíTemblés, & lui donna une bulle- a" or, & bulid
aureá dortavit. II ajoute ceoeadint cue quelques-
uns ront remonter Porigine des bulles d‘ or au fils
d'HofluSj appelé depuis Hojias Hcftilius , auquel
Romulus en nt porter une , pour conferver íe fou-
venir de fa naiífance ; car il étoit le premier nc
des fabines enlevées. Macrobe (5^í. i. c. 6.) rap-
portc Popinion commune fur la pretr.iére origine
des bulles-d‘or. ce Tarquín Rancien regla , á ce que
Pon croit j que Ies jeunes patriciens Se ceux d'en-
tr’eux feulement dont ks peres auroient exercé
une magiñrature á laqueile ferolf annexé le droit
de chaife enrule ^ porteroienc une bulle-d'or avec
la robe-prétexte Put-tnt Prlfcum irjii-luijfe , ut
patricii bulLd aareá cum toga, cai pnlexta pre-
texitur , uterentur diaitaxat illi , quorum paires
curalem gefferunt magijiratum.
Ce priviiége fut étendu enfuite a tous Ies leune^
gens qui portoient la prétexte ^ felón Feñus :
Bulla aurea infigne eral puerorum prítextatorum. '
L'ufage en commen^a méme á la naiflance de ces
enfans , qui la portoient jufq’Ta la prife de la
robe virile , ou toge ; c'eít-á-dir’e , )ufqiPá Pape
de quinze ans. Nous Papprenons de ce , <veES dg
Plaute (Rud. 4. 127.) 2
Ee bulla aurea efi,pater quam dedil mihi ñatah die.
Lorfque les .enfans prenoient la toge & quir-
toient la bulle de PenfancC;, ils la fufpendoient au
coa des dieux Lares, & leur confacroient leurs
bulles. Cet ufage fait«econnoítre pour des Lares
deux Kermes qui font dans la courdupalais Itnpé-
riaii á Piom.e. Maigré leurs couronnes de laurier
& la bulle qui pend á leur ccu , on les avoit pris
mal -á -propos pour des Apollons & pour des
Alexandres. Perfe fait allufion á ce: ufage (Sat.
r. 21.):
Cum primím p ávido cuños mihi purpura celftl,
Bullaque fuccirtciis Laribus donata pependil.
De -la vient Pépithete hullati que Péirone
donne á des fiatues des Lares (c. 38.) : Inter hse
tres pueri candidas fuccintíi túnicas intraveruiit ,
auorum dúo Lares bul latos fuper menfam pofueruní.
íi y a pluñeurs exemples de ftatues des autres
divinités qui ont été décorées de bulles-a or. Le
* favant'de Peyrefc difoit avoit yu une bulle-d’or
fufpendae par une chame cu méme metal au cou
d'une Nénus de mutbte ttouvee auptes de -.rmes.
L^inícription fuivante rapportee pat Gtuter Se
confervee autrefois dans .les jardins _da^ cardinal
du Bellei, parle d"une bulle confacrée a Junos,
avec une couue Se ua trépied :
‘ ^ * Xxx Ij
53^
BUL
JUNONI. PLACIDAS
eOMSERVATRlCI. AUGUSTAS
CLAUDIA. SABBATIS
BULIAM. D. D.
ADDIT. £T. SCYPHUM. ET
TRIPODEM. FORTUNAE. AUG>
Ficoroni a écrit un Traite fur une bulle-i’ or
írouvée en Itaüe , qii’il a intitulé Eolia d'oro. On y
trouve une defcription & desdeflins de cet órne-
ment. Voici la defcnption d^une autre bulle-d’or ,
M, le préíidení 'de Saint-Vincent a fait cou-
noitre á Tacadémie des infcriptions & belks-
íettres, dont il eíi memore.
Le 9 aout ijS6, on a trouvé dans la tour de
rhorloge du paiais d Aix-en-Provence^ que ]'’on
detruifoít, une bullc-d’ or , faite en forme de len-
tiiie , de deax pouces trois iignes de diamétre ,
& de huit Iignes d'épaiíTeur aü centre. Elle étoit
Éxée auné agrafíe d"or par trois crochets de méme
méta! , qui la traverfoient. Cette agraffe étoit
píate & large de deux pouces. La bulle s'ouvroit
á chpniére.j elle étoit pleine d’une fubílance
humide que Fon n"a pas examinée. Elle n’etoit
compofee que d’une feuille d'or tres-minee^, unie ^
fans aiicune graVure ^ fans aucun relief.
Les triomphareurs porto ient aufli la balh-i’or
pendant la pompe du triomplie. Macrobe en eíl:
garant : Sulla geflamen erat triumphantium , quam
il triumpko J’¿ gerebant (loco citato). C'étoit j
felón Fopinion commune , un talifman contre
lenvie.
Bulles de toute forte de matiéres. Les Grecs
ne portoient poiat de bulles. Cet omement n'ap-
partient quAux Etrufques & aax Romains. Les
enfans des patnciens portoient feiiís des bulUs-d'or;
inais ceux des autres citoyens libres ou aíFraiichis
en portoient de diírérente m.atiére. Nous Fappre-
nons du feholiafte ce Juvéna! {Sat. v. iby.),qui
dit que les bulles étoient le fymbcle de la liberté ^
& que les pauvres en portoient de cuir ou pen-
dues á une laniére de cuir : Antiquitus nobilium
jpueri bullas áureas kabebant : pauperum de loris ,
ygíiam lihertatis. Voici les vers du fatyrique fur
kfquels le fcholiaíie s'exprime de la forte :
Etrufeum puero Ji contzgit aurum,
V el nodiis taatum á? fignum de paupere loro.
Ges bulles étoient creufes ^ & on Ies rempliííoit
de matiéres auxquelles on artfibuoit la vertu de
détraire les iníluersces de Tenvie ou de reílfter aiix
fouhaits des ennemis^ de préferyer des maux phy-
Éques & paoraux , Src- Ceiies que Ton conferve -
dans le cabiner de Sainre-Géneviéve ont peut-étre
rentermé des parfums ; car eiles font pereces de
plufieurs trous, comtiie Ies c-aíTorétes.
L*s femmes grecques ne portoient poinc de
BUL
bulle pendue au cou. Cet ornement n’anpartieut
qu’aux Romains, á la grande veftale er/partica-
lier. Le fculpteur aneien dhin farcophage de la
villa Albani , qui a repréfenté les amours de
Phédre & les dédaíns dTiippolyte, a donné mal-
á-propos une bulle á cette infortunée belle-mére,
ui vivoit dans Ies tems héroíques. Mais Ferreur
’un peintre chrétien qui en a donné une á Éve
fur un verre peint du vatican {Buonar. ejf. fep. ale.
vetr. tav. 1. p. ii.), eft encore plus évidente.
Le cabinet de Sainte-Géneviéve renferme une
petite bulle de bronze entiére, & la plaque d’una
íeconde de méme metal. La premiére eft qvale;
elle a environ dix Iignes de loFgueur & quatre
d'épaifléiir. Une charniere placee au fommet de
Fovale que préfente cette bulle , en réunit les
deux parties. On voit fur la plaque du deíTus Ies
tetes de Domitien & de Domitia fon époufe.
Ces deux tetes font en relief d"un coré, & en
creiix de Fautre ; en forte qu"on voit évidemment
qa'elles ont cté repouíTées avec un outii. Sur' Ij
feconde plaque de bulle qui eft dans le mérae cabi-
net j Se qui rcffemble en tout á la premiére par
la matiére , Ies dimenfions & le travaü, on a cru
reconnoitre Néron enfant dans une tete de jeune
homme qui y eft en relief. Derriére cette tete
paroit une efpéce de foiiet, & on lit au-deffou*
ICALOS. La forme de Fovale terminé d'un cote
par une pointe un peu émouíTée qifoifrent les
deux bulles án cabinet de Sainte-Géneviéve, fert
á expliqiier le paíTage fuivant de Macrobe. Cet
écrivain dit (Saturn. i. 6.) que la figure d'un coeur
expriraée ívezh. bulle des enfans, eft deñinée á leur
appre.ndre qu'ils feront hommes lorfque leur
coeur fera formé : Nonnulli credunt ingenuis pueris
attribuLum , ixt coráis figuram in bulla ante pelius
annecterent q quam znfpici entes , ita demum fe ko-
mines cogitarent , fi corde pr&fiarent. Macrobe dc-
fignoit peut-étre cet ovale par les mots coráis-
figuram q car on ifa point encote trouvé áe.. bulle
qui eút la forme exaéfe d’un coeur.
Le comte de Caylus a décrir deux bulles qu’il
pofíédoit. Voici fes paroles (Rec. a’anüq. i-e.pL
í)0. n. l.x. fi).
« Gn doit mettre dans le rang des amulettes
les bulles de Fefpéce de ceüe que préfente ce
numero, & dont la matiére étoit de méta!. Leur
forme ovale & pointue á une de fes extremites,
étoit afiez agréable ; le deííus tencit d’un coté
au fondpar un mouvement de charniéréj la pointe
étoit árrétée , & ne s'ouvroit qn'á vo'tente.^ Le
.numéro 3 rend toutes ces circonñances fenílbies ;
cette efpéce de boíte, dont le deíTus ou le cou-
vercle étoit orné ce toutes les figures gravees ou
de rehef dont on vouloit Fembellir, rentermoit
un objet de fiiperftition , & rr.ettoir en etat de
la poner commodément fur la poitnne. La halle
attacháe á une gance -paíTée autoiir du cou_,
étoit portée comme Ies bulles-ct or dont on pArO;'
Ies enfans nobles. Les Romains paroiíient avoir
BUL
inventé C£tte forme át huJie-, dn moins on n’en
trouve pas d exemples oans les monumens grecs”.
11 dir de la feconde {isid. ill. pl. Si. n. lO :
« Ce morcep ddvoire eft une bulle. Elle íft bien
íieílinee j bien travaillée , & díípofée agréable-
menr. Elle reprélente;, fur le cóté principal, le
bulle d un entanr avec des anes 5 la tunique fe
termine autour du cou en efpéce de fraife , Se le
bas eíl terirdné par des pommes-de-pin Se d’autres
fruíts. On \mit au revers la iettre grecque © ,
placee au-delíiis de ces caracteres romains viiii,
qifon ne peut expiiquer , ce me femble , qa’en
diiant que cet enfant eft mort á l'age de neuf
ans. II eft á préfumer que fon pete ou fa mere,
coaduits par un fentiment de tendreíle , avoient
fait fertír cetre petite bulle pour la porter au
GOU5 & qa’en mourant, ouaprés s’étre confolés ,
ils I avoient dépoféc tians la petite urne oii on l’a
trouvée, á Rome. Cette annquité peut erre mife
au rang des monumens que Ton trouve rare-
Kient
Spoil a pubüé {hliCcellar.. Erudit. antzq.') pla-
íeurs dedms de figures qui portent des bulles.
On en volt une mieux exprimée fur un bas-relief
de la villa Paruifili , que Winkelmann a pubhé &
expliqué dans fes Monume/zü inediti , n°. 185).
Bulles. On doana ce nom aux fceaux da
nioyenáge. Fbyrj Sceaux.
Bulles des papes. On déíigne Tous ce nom
Ies lettres de la chanceliene romame , fceiiées en
plomb , qui réponder.t aux édits, lettres-patentes,
proviíions & autres orJonnances des priaces fé-
cuhers. La diíférence qu’il v a entre les bulles ,
■íes brefs & les autres refcrits apoíloliques , eft
que ces derniers ne font fceiíés qifeii cire &
avec l anueau du péehcur ; tandis que les pre- *
mieres le font toujours en plomb. Comme les
¿ü/Zaj des papes forment ¡a fuire dadles du moyen
2ge , la plus longue & la plus intérefírnte qui
exifte par rapport á rHiíloire & á la Diploma ■
tique j nous nous croyons obiigés d'en faire un
arricíe trés-étendu. Malgré Jes anathémes lancés
par les papes contre íes íáuff’ji'es qui oferoient
co.ntrefaire ou íaliífíer leurs bulles , il y a p'u-
feurs de ces adíes que les Dipiomatiíles onr re-
jetes d’apres certains principes & certaines regles
conyeiiues. Nous allons inférer ici ces regles relies
qa eiles ont été réformées par les favans £éné-
difcXins , auteurs de la aouvelíe Dlplomutique.
í'^oiivelles regles genérales fur les bulles des
■papes,
I- 11 .n’eíl pas vraifemblable qrfil exilie encore
£n origina! quUqu’ancienne bulle faulTe. Vovez
Rfexions fur les regles & 1' ufsge de la Critique
Honoré de Samte-Irlarie. Tome 1. vuees
iSi. Z83.
BUL
5^5
oa noint de
CorcUaire. 11 dcit exiller p;
bulles faulfes en original.
II. _ Les papes fuppofent & déclarent méme
dans ieurs W/ca qa-il eft cráinairement aifé de
diicerner íes faulfes des véritables , & de recon-
”°iTT^ qu on y aiircit commifes.
ill. ii eu Días taciie de conilarer la taulleté
des buCes anciennes , que de ceües aui font re-
centes, lorfque ceiles-lánontpas été fabriquées
par des impoíteurs conremporains.
•iX' '! pas diíEcile de ma-
niteítcr la fauilete des bulles , méme recentes
V. Toutes les bulles fauíTes ne font pas fup-
poíees.
VI. On ne doit pas préfumer le faux dans Ies
= , . accordant que des graces ordinaires,
s obtiennent aifément.
f rb n eft poínt de bulle íauíTe qui ne
puiffe ctre convaincue , foit par le ílyle , foit par
la forme de récriture , foit par la qualíté du
parcheTim.
Vlií. Le fceau, le fil , le parchemin & le ílyle,
peuve.nt également proa ver ia vénré & la fauíferé
d une bulle.
IX. Ce n eíl pas une régle fúre pour tous les
ñecles , que les évéques foient tonjoars traites ,
oans íes yraies bulles , de fréres par les papes ,
que ceux-ci n’ufent jamais du pluriel , en
adreíTant la parole á une feuJe perfonne.
X. Une faute gro .T¡ere contre la bonne latinité,
peut bien rendre une bulle nuile 5 mais elle ne la
convainc pas de faux.
_ XI. Des textes, méme de l’Ecrirure-fainte, maf
cues , ne fuíñroient pas pour prouver la faulfetc
d’une bulle.
Xil. Des ^ bulles pollérieures aux loix qui
prefcrivent qu’on y emploiera ou qu’on n’y mettra
pas en ufage un certain ftyle , peuv'ent erre nuiles
pour s’érre écartées de ce ílyle, ou pour ne lavcir
point fuivi ; mais d’en prendre occafion de les
traiter de faulfes , c’eíl queiquefois un partí qui
n’eíl pas foutenabie.
Xlíl. Une bulle qui fe trouve dans le regillre
du pape, dont eüe porte le nom, doit paíTer
pour inconteítable. Giben , Corp. Jur. Canon, t.
I. p. 4651. n. 9.
XIV. Les bulles inférces dans les colleéllorts
authentiques, doivent erre repues comme authen-
tiques cües-mémes , indépendamment de tout
examen.
XV. On n’eíl point en droit d’exiger la repré-
fentadon des bulles en original, & de reieter
leurs copies authe.ntiqaes , fous urétexte qu’on
ne peut verifier fur celles - ci les regles établies
parles confíitutions pontificales , pour faire le
difcemement entre les bulles vraies & fauíles.
Xr\’I. L’anriquite des^ privüéges d’exemptioa
accordf's auxabbayes, méme fansaucune réferve,
rfeíí point un moyea legitime ¿e fufpicicn.
5 34
BUL
XVÍI. Une bulh dtcoree des priníéges en fa-
veuT á'un monaítcre , fans dérogation au. concile
de Chalcédoine , ne doic paSer ni poar fauíTe
ni poiir fufpedie.
XVÍÍÍ. Des hülics qui ne font rd racléés , ni
effjcées en partie , qui ne laifíenr voir nul défaut
dans le parchemin ^ le ítyle , le fil „ le iceau , &
qui ne contiennent rien de honteux rd ddnjufte 3
doivent erre admifes en jaftice fans aucune
dificulté.
XIX. C'eñ une fauiTe régle d’avancer que des
bulles 3 quoique datées de íiécles différens , font
l'ouvrage d'un iinpoíieur ; lorfqu’on y trouve les
mémes phrafes 3 les mémes préanbules 3 .les
mémes mots 3 les mémes raifonnemens.
XX. De toutes les preuves de fauíTeté 3 fur-
tour en fait de bulles , celle qui établit la fauf-
feté des dates 3 n’eft ñas la plus concIuante3 á
moins qudi ne foit queíHon d’originaux 3 & que
kur fauífeté ne foit ordinairement vérifiée fur
piuíieurs dates 3 dont Tetreur feroit intolerable &
mardfeñe.
XXL Queique l’auteur de la glofe fur les
Decrétales t!ennepourfau.x tout inftrument dont
iindiétion eft fautive > cette régle eñ fujette á
bien des méprifes.
Corollaire. On peut en dire autantj á plu-
íieurs égards 3 des autres dates 3 & particuliére-
nient de celle de rincarnation.
XXIL II n'eít point vrai que les bulles datées
de Rome , commenqaíTent toujours Tannee de
rincarnation á Noel 3 ou bien au premier
Janvier.
XXÍII. On ne doit pas conclure qu’une bulle
eíl fauífe ou fufpedte 3 parce qu'elle ell: íignée de
queique cardinal qui ne fe trouve point dans les
iiíles imprimées.
XXiy. La ’différente orthographe des mémes
nomSjen diverfes iignatures faites par les mémes
perfonnes 3 eil une preuve frivole de la fauíTeté
des bulles.
XXV. Üne bulle devroit erre regardée comme
fauííéjíij comparaiíbn faite de fon fceau avec
cenx d'un grand nombre de piéces originales du
HieTie pape , il ne leur reíTembloit prefqu en rien.
XXVI. Une bulle doit paroítre fufpecle , lorf-
que fon fceau n'eíl pas égai 3 mais plus enfli en
quelques endroits 3 & en d'autres plus enfoncé.
XXVII. Des points oubKés 3 des fceaux mis
de travers 3 & autres défauts femblables j ne
prrouvent rien , ni contre la vérité 3 ni contra
Tautorité d’une bulle.
_ XX VIH. II ne faut pas rejeter une bulle á
cau.^e d’une date ou d’une formule unique & fans
exemple 3 dans les lettres des papes ; pourvu que
cette date ou cette formule ne foit pas totale-
ment éloignée de l’afage & du génie du tems.
XXIX. Des bulles qui feroient accoider par
le-s papes des droits dont on feroit fur qa’iis ne
E U L
s’aítribuoient paS enc’ore la difpoíirion 3 feroie.nt
pour ie moins trés-fufpeftes.
XXX. De ce qu’u.ne h:ilU eíl conrradictoire
d’une feconde bulle da mame , ou d'un autrs
pape 3 il ne s’enfuit pas qu’éiíe foit fanfíé.
Corollaire. Deux bulles contradicíoires peu-
vent étre vraics.
XXXL Deux bulles authentiques peuvent étre
contradicíoires.
XXXIL Une bulle qui a perdu fon fceau.
mais de Texiftence duquel d'anciens monumens
rendenc témoignage 3 ne doit rien petare de fon
audisnticité.
Regles parúculieres fur les diferentes ejpeces
de confitud-ons ou lettres apoñoUques ¡ &
r.
’ur
l’écTÍture 6* lefiyie des bulles.
I. Les privüéges & bulles - pancartes ont des
caraóléres diíFéréns des limpies bulles 3 ou decré-
tales j fur-tout depuis le dixiéme íiéclcj jufqu’en-
viron ie quinziéme.
II. Les premieres ne doivent pas éíre fufpeíles
á cauíe de leur antiquité.
III. Quelques variations qu’on remarque de-
puis le milieu du neuviéme fiécle jufqu’au mi-
lieu du onziéme dans les bulles , foit pancartes
ou non 3 dans leurs d.ues3 leurs formules 3 les
titres qu’y prennent les papes 3 que leur donnent
les notaires 3 ou que ces derniers s artriouent a
eux-mémes ; rien de toar cela ne peut convaincre
ces piéces de fauX3 a moins qu elles ne renferme.it
Ies caraéíéres des íiécles précédens ou fuivans 3
ou que leurs variations ne ptiiiTent convenir aux
lettres aDoíloIiques d’aucun age.
IV. Une ¿a//e-pancarte , qui 3 depuis le milieu
du onziéme liécle jurqu auquatorziéme 3_n’auroit
ni la foufcription , fervus fervorum Dei ; m Ja ,
claufe 3 iu perpetuv.m ¡ ou falutem & Apopoli.afn
henedidionem ; ou tdr/z préfenúbus quam fturis^,
&c. 3 ni pour le moins Ies menaces 3 fon de
diétion, foit d’excotnímirjicatsGn , foit la va-
lere des BB; apdtres Saint Fierre & oaint . auc,
ni la conclufion Amen ; ni la faiutation
lete ¡ ni une ou deux formules des dates -o
la premiére feroit de la faqon d’un notaim
naire ou archiviile3 Scc. > í’autre 3 du '
caire 3 chancelier, ou vice-chancelier .. vice-ca
rier 3 &c. ; du íiése apoftolique_3 ou de_ la 1 -
églife romaine ; ni la date du lieu , m
jour des calendes , &c. 5 ni l’année du p igj
de l’indiction 3 de l’Incarnatíon , ni -es les
concentriques , ni la fentence ou díviie,. -
lacs de foie , de cuir ou de chanvfe 3
diflférens fiécles 5 ni fur le fceau*, la
pape 3 ni celles des apotres S. ’ ’ Uqu
avec leurs tetes ; une pancarte ,, j
déla plupart de ces carucléres,
auquel elle feroit attíibuée 3 parut-eJe ■.>* =**
BUL
ei!e n en devroir pas moins paíTer pour faugé.
\ . Ce^eroir une iníigne rnépriíe ^ que de rejc^
terdes bulks de conceíEon ou de cqnSrmation de
priyüéges, país non en forme de pancartes; fous
pretexte qu’elles feroient dépourvues, en quelque
retr.s que ce foit, de cerclesj de monogrammés,
de fentences, d'un ou de pluíieurs amen, des
dates de rincarnation ^ de Tindiction ^ Se méme
du pontificar , jufqu en 1 1 8S.
VI. Une halle non expédiée en forme de privi-
]ége ou de pancarte, & néanmoins reyetue de
tnonogrammeSj de íignatures 5r de dates d'année:,
depuis le milieu du douzíéme fiécle, jufqu’aDrés
la mort d'Alesandre IIÍ , deYtoit étre regarde'e
comsie fauíTe ; rr.ais fi elle ne renfermo!tf"qifun
de ces trois caracteres ^ il fufEroit de la conápter
parmi les trés-fufpeíles.
\íl. Depuis le douziéme fiecIe irscluíivement,
les halles plus ou moins folemnelles ont des ca-
rafiéres propres & diírinciifs.
Corollaire. I. On ne doit ni ccnfondre ces
halles , ni edger des unes les caradteres particu-
liers aux autres.
Corollaire. II. Il eíf abfurde de Ies teñir pour
fauíTes ou rafpedteS:, parce qu'elles ont Ies carac-
teres qui leur font propres , Se qu'elles n"ont pas
ceax qui leur font étrangers.
VIII. On ne fauroic diftinguer au douzieme
íiécle les limpies ¡ettres des papes de leur halles
juridiques, que par leurs claufes comminatoires ^
dérogatoireSj conditionelleSj &c.
IX. On n’a pas befoin de recourir aux titres
originaiiXj pour s’affurer qu’au douzieme íiécle
Ies bulles, non coníiftoriales n'étoient munies d’au-
cime íignature, & que prefque toutes ne por-
toient point d’autres dates que celles du lieu &
du ’our du mois.
Corollaire. Quand méme les halles renferme-
roient quelque priviiége, on ne pourroitrien con-
clure contfeiles , ni du défaut de íignature, ni de
kur petit nombre de dates , pourvu qu'elles ne
fuílent pas revétues de la forme propre des pan-
cartes.
X. La fuppreffio.n des fignamres des cardinaux^
des dates de rincarnation & de findiction ^ des
cercas & des, monogrammes , ne fuíEt pas pour
rendre fufpecte une halle coníiítoriaie, mais non-
pancarte , ni en forme de privilége : principale-
tnent depuis le milieu du treiziéme íiécle jufquku
euinziéme.
XI. Des brefs revétus de toutes Ies formalités
proores de ces fortes de conñitutions , Se: parri-
cuiierement de la claufe fub annalo pifeatorís ,
ieroient trés'-fufpects de’faux avant Eugene IV j ^
pourvu qu’on en exce’pte le feeau Se le commen-
cement de la fufeription.
_ XIL ün bref fab figneto fecreto , OU fub ar.nulo
P‘jcatoris , fcellé en píomb á la maniere de ^halles ,
ktoit pour cela feul convaincu de faus
BUL
535
Pie
Xill. Le feeau mis á parr , íes brefs dkvanr
ne feroien
s ñifpedts p.it
qu on n
auro;t pas obferv'e ía forme dont iis font commu-
nément revétus.
XIV. L’omiflion de la formule fab annalo pif-
cdions , nkft pas fuffifante pour faite furpeíter
un bref noílérieur á Fie II.
XV. Une halle fceilee du feeau da pécheutj
fur-tout depuis le milieu du nuinzieme iiécIe ,
feroit fauiTe, á moins qub'l n’y fiit declaré poíiti-
vement qu"on a aro ir été obligó de s’en fervir pour
quelque raifon importante. Avant cette époque,
une femblable halle feroit trés-fufpecte.
XVI. Les cor.ñitutions appelée’s motús -roprii ,
feroient fufpeótes avant Je milieu du quinziéme
fiécle.
XVJI. Un motas proprías fcelié , foit en plomo ,
á la maniere des halles, foit en cite rouse avec
l'empreinte du feeau du pécheur á la maniere des
brefs j feroit faux.
Regles fur l’écriture & h Jtyle des lettres.
I. Ti>es halles , pour étre terites en tout ou en
partie avéc des caraítéreslombardiaues ^ ne doivent
pas étre fufpedtes avant le milieu du douzieme
fiécle.
II. L’écriture gothique eft depuis long-tems
particuliére aux halles.
III. L’écritUTe italique eíi la ,feule qu! foit re^ue
dans les brefs-
iV^. Quelqu’humble & civil que íbit le ílyle
des halles des neufpremiers fiécJeSj on rPen peut
riea conclure contre la vérité de celles oú íl eft
employé depuis cette époque.
V. Lufage du plurieldans les lettres des panes
ou ils ne parlent qu’á une feule perfonne , ne dott
point rendre ces pitees íufpecres avant le milieu
du dóuziéme íiécle.
V'’I. Depuis le cinquiéme fiécle jufqü’au neu-
viéme, & méme aii-delá, une lettre dans fequelle
le pape 5 adreíTantla parole aun empereur^ n'ufe-
ro’t pas au moinsquelquefois dupluriel , feroit fuf-
pecte j fi ce nkft qu’elle fut extrétnement courte,
ou que Tempereur ne fut hérétique ou fchifma.3
tiqne , ou fauteur de fectaires , 011 coupable de
quelque crime public qui lui auroit attiré la
correítion du pape.
VIL Depuis le milieu du dóuziéme fiécle juf-
quku pontificar d'Innocent III, des halles oii
Fon parleroir au pluriel á une feule parfonne ,
devroienr paíTer pour tres - fufpecfes , & poui:
fauíTes depuis fon avénement au faint-fiége.
VIIL Le nom de fils donné par le# papes aux
empereurs avant le milieu ¿u cinquiéme fiécle ^
fercit fufpecier les lettres des premiers.
IX. A compter du neavieme fiécl* jufquku
douzieme , la denomination de fils attribuée par
Ies papes aux cvéques dans Ies letiie qu'iís lear
5 3 BUL
éciirent, n’efi; peine contr^elles un moren lég:-
time de fuí'penlion.
X. La qualité de fils appliquée dans Ies lettres
des papes á des évéques qui n*aiiroient point cté
de leurs difciples ni de leur clergé j feroit contre
eües un moren de faux durant les huit premiers
íiecies 8c les cinq derniers.
XI. Les titres de fontífes , de mhrovoUtams ,
de fouverains prélats , áéférés á quelqiies évéques
ciecertains íiéges diílinguésj par íes papes, méme
lies la fin du quatriéme fiécle, ou le commence-
ment du cinqiiiéme , ne fournifTent contre les
lettres de ceux-ci nul pretexte de les regarder
comme faulTes ou fufpeñes , pourva que ces titres
:ae ídient pas renfermés dans la fufeription.
XII. Le titre á’ arcktvéque donné á quelques
prélats au fixienie & au fepriéme íiécle , & méme
des la fin du cinquiéme , dans les lettres des papes ,
ne doit pas les rendre íufpeéies.
XIII. Jufqu'au treizieme íiécle , nulle bulle ne
doit étre réprouvée parce qii'elle appliqueroit
aux évéques i’épithéte dilecíus ou d¡lecli0mus ¡
mais depuis certe époque, ce feroit un ligne de
faux.
XIV. Le titre de tres-faint déféré aux évéques
par les papes, méme dans la fufeription de leurs
halles , ne peut les rendre fufpeéies que depuis !e
onziéme fiécle, & les convaincre de faux que
depuis le douziéme.
XV. Les bulles qui ne déíignentque parla pre-
miére lettre de leur nom les perfonnes á qui ou
Qoni elles parlent , ne font pas pour cela fuf-
peñes. .
XVI. Üne - pancarte qui ne feroit pas
terminée par un ou plufieurs amen , aux onziéme ,
douziéme, treizieme & quatorziéme liécles, ne
feroit pas á Tabri de tout foupqon.
XVIL Qaoique l'invocation á la tete des bulles
foit rare, ce rfeíl pas un vice qu’on puiíTe leur
reprocher ; íi ce rfeíí depuis le douziéme íiécle.
XVIlI. \jp.t aballe de pape qui fe qualineroit
bulle , fur-toüt avantle treizieme íiécle, paroítroit
fufpeéte.
B.eghs fur les titres ou fuferiptions desbulles ^
fur leurs claufes pénales £’ commina-
toires.
I. Ce rfeft que plus de deux cents ans aprés que
les papes commencérent á ehanger de nom , qu'on
pourroit rejeter leurs bulles , s’iís y prenoient en-
core celui qu’ils portoient avant leur papauté.
II. Ce ne feroit pas un moyen de faux avant le
neuviéme íiécle , ni de fufpicion depuis , íi Ies
papes marquoíent dans leurs bulles le rang qu’üs
tenoient parmi leurs prédéceííeurs de méme nom.
_ JII. On ne doit pas teñir pour fufpeéls aux trei-
aieme Se quatorziésns íiécles , Ies teferits dont
BUL
les faferiptions commencent par le nom nroor»
des pontifes romains, fuivi de'celui du oañe ’U
du chiífre ou du nombre qui denote leur rañ?
parmi leurs prédécefl'eurs de méme nom. ** '*
IV. Depuis la fin du onziéme lléele, une bulU
oü !p nom du pape feroit placé aprés le nom de
celui en faveur duquel elle auroit été expédiée
devroir ordinairement paífer pour trés-fufpefie. *
V. On ne fauroit rien conclure de l’omiffion
d’epifcopus, méme avant fervus fervorum Del, dans
la fufeription d'une bulle antérieure au onziém-
íiécle.
VI. De-la en avant on na peut ríen inférer non
plus, de ce que le titre de pape , ou celui d’éyéque ,
ferviteur des fervheurs de Dieu , auroit été ómis ,
lorfqueJ’un fe trouve fubílitué á Tautre.
VIL Le titre de pape pris á la tete des lettres ou
bulles pontificales, ne fuíEt pas pour les enn-
vaincre de faux en quelque fiécle que ce foit ;
mais il pourroit contribuer á les rendre fufpeétes
avant le milieu du quatriéme fiécle.
Vlil. Les titres des lettres apoíleliques des fep-
tiéme ou huitiéme premiers íiécles , ne font point
fufpects d’altération ; parce que le nom propre
des papes y oceupe le premier rang , fans étre
fuivi de celui de leur dignité.
IX. Une bulle oú le paoe ne fe donneroit point
d^autre titre que celui d’évéque de la ville de Réme ,
feroit rufpeéte , íi elle étoit poftérieure au dixiéme
fiécle ; & communément fauíTe , fi elle fétoit au
onziéme.
X. Les lettres apoftoliques, fok antérieures au
feptiéme fiécle , foit poíiérieures au onziéme ,
dans lefquelles le pape fe qualifieroit lui-méme
apofiolicus , feroient trés-fufpeéies av'ant le íixiéme
fiécle ; aprés le miüeu du douziéme , eiles de-
vroient étre regardées comme fauíTes.
XI. Quoique ce titre foit fpécialemenr propre
au dixiéme íiécle , fans exclufion néanmoins des
deux qui ié précedent, & de celui qui le fuir, il
ne fe rencontre pas dans le plus grand nombre des
priviíéges du dixiénre.
XII. Les bulles ou lettres apoñoliques des fíx
premiers fiécles, dans lefquelles les papes préde-
ceíTeurs de S. Grégoire, fe feroient dits ferviteurs
des fervheurs de Dieu , nous paroítroient pour le
moins trés-fufpefles.
XIIL Dans Tintervalle du íixiéme au fept’.éme
fiécle, l'omiílion du titre ferviteur des ferv¡teurs
de Dieu, n’eft jamais un moyen de fufpicion.
XIV. Aux douziéme & treizieme fiécles, ü
teñir pour fufpecle toute conílitution ou decré-
tale que Ies papes ne commenceroient pas pf
’ leur nom propre , fuivd , ñaon d’epif'opas 8c
fervus fervorum Dei tout á-Ia-fois ; du moinS 3
cette derniére formule ; & qui , au défaut de 1 une
& de Tautre , ne prendroient pas le titre de
avec le nombre qui marqueroit le rang qu S
oecupoiest
BUL
occupoient parmi les prédeceiTsufs 3; méme
notn.
XV - On ne devroit pas balancer á regarder
comme fauffes, avant S. Grégoire-le-Grand , les
lettres apoltoliqaes ou les papes prendroient le
titre de íbuverains pontifes , ou de pontifes uni-
veríciS : mais aepiiis le fixiéme fiécle jufqu^au
neuyic'-Tie , il futEroic de les teñir pouitjufpecies ;
8c pour trés-fufpedes depuis Grégoire Vil.
XVI. Quoique la formule falutem & apofioll-
«71 bencdiaionem foit affeéiée depuis le onziéme
fécle jufqu au quatorziéme , aux limpies bulles ,
lettres ou décrétales , & qum perpetuum le foit
aux ¿a//«-paneartes & priviléges ; on ne fauroit
en tirer des moyens de faux ni de fufpicion >
contre les bulles xevémts de la forme des privi-
léges , qui j au lieu á‘in perpetuum , porteroient
fdlutem & apofiolicam benedtaionem y ou feulement
tam prsfentíbus qudm futuris , en fupprimant ia
perpetuum y ou bien in perpetuum memoriam. I! en
feroit de méme des decrétales ou limpies bulles ,
dont la fufcripnon feroit terminée par quelque
formule différente de falatem , &c.
^ XV^ÍI. Depuis le onziéme liécle jufqu'au trei-
2:éme, une huUe qui ne feroit ni pancarte, ni pri-
vilége 5 ni e.n forme de privilége , & qui porteroit
néanmoms la formule in perpetuum , paroitroit
fufpecie.
Regles fur les claufes pénales & commina-
toires des bulles.
I, Les claufes des bulles qui impoferoient aux
contrevenans une peine pécuniaire avant le fixiéme
Éccie , convaincroient ces piéces de faux , répan-
droient de violens fouppons fur celles qui précé-
deroient le commencement du huitiémej mais
depuis cette époque jufqu aux célebres donations
faites aux papes par les rois de France, ces claufes
ne rendroient que fufpedes les bulles ou elles
feroient énoncées.
II. Depuis le quatriéme fiécle révolit jufqu'á
Grégoire Vil , les imprécations & malédiétions,
loin de convaincre de faux les bulles des papes^
n'y répandent pas méme le plus léger fouppon.
líl. Aprés félévation de Grégoire Vil fur le
faint-liégej les im.précations feroient une preuve
de faux ^ ou tout au moins formeroient conrre
une bulle de violens fodpponsj fi ce n"elf que fex-
ception a cette régle ne fút appuyée fur des mo-
numens particuliers & inconteftables.
IV*. Les claufes de malédiétion , d’imprécation
& d'anathéme , font le ftyle ordinaire des bulla-
privüéges depuis le feptiéme fiécle jufques vers la
fin du onziéme.
V'’. Les claufes comminatoires des ¿aZ/cr-privi-
léges , ne peuvent ’eur poner aucun préjudice , ni
par leur trop grande anciquité , ni par kurs varia-
Ámiquítés y Tome I. \
BUL 537
tmns Se leurs diíférences d’avec celles du méme
rems; particu'iérement qua.nd cette diverfité ne
roule que fur des termes , ou fur le plus ou le
moins de menaces , de malédictio.ns & d'ana-
t-hémes.
^ l. Quoique la claufe qui défend aux empe-
reurSj princes, feigneurs, évéqiies , d'enffeindre
les priviléges émanés du faint-fiége, ne fút pas
encore palTée en ftyle au tems de S. Grégoire-le-
Grand , elle ne doit pas rendre fufpeítes celles oá
elle fe rencontre.
V II. La méme daufe expreíTément appliquée
aux rois depuis le douziéme liécle , fourniroit un
foupeon legitime contre les bulles oú elle feroit
inférée.
VIÍL Une bulle ne feroit pas fufpeóie , quand
m.éme fon auteur défendroit á fes fucceíTeurs,
fous peine d’anathéme , d’y donner atteinte i
pourvu qu’elle ne fut pas poftérieure au douziéme
fiécle.
IX. Les claufes : Decernimus y &c. Si que. , &c.
Cunñis , 8íc. renouvelées ou renvoyées aprés Ies
dates y pourroient faire foupeonner les bulles
antérieures au commencement du dixiéme fiécle,
ou poítérieures á la fin du onziéme ; mais depuis
le douziéme, elles deviendroient des moyens de
faux.
Corollaire. La tranfpofition ou réitération de
ces formules ne feroient pas des caraóléres défa-
vantageux aux dixiéme & onziéme fiécles.
Regles parxiculíefes fur les dates des bulles.
L Les bulles ont prefque toujours exaélement
marqué la date du jour du mois , quoiqu’elle foit
plus rarement confervée dans les copies des an-
ciennes lettres des papes.
II. Pendant les cinq á fix premiers fiécles, k
date du jour s’exprimoit par les calendes , les
nones & les ides.
III. Depuis environ la fin du fixiéme fiécle ,
jufques vers celle du onziéme , ii ne faat pas
avoir pour fufpetles des bulles qui fe fsrvent
fimplemefet du quantiéme du mois, au-lieu des
calendes , &c.
IV''. La répétition du jour du mois á la fin de la
principale des deux formules de dates qu’on em-
ployoit autrefois dans les priviléges , rendroit une
bulle fufpeííe aprés le commencement du dou-
ziém.e fiécle, & fauíTe aprés fa révolution.
V''. Les brefs poftérieurs á Pan 1450 , doivenc
étre dates du quantiéme_ du m.ois ; la date du jour
des calendes, nones & ides, étant deformáis ré-
fervée aux bulles.
VI. Une pancarte ou bulle en forme de privilége
n’eft pas rufpeCte, fur-rout dans le moyen-age,
pour avoir été dreffée &í datée en différens jours.
Y Y Y
53? BUL
BUL
VIL Des le cinquiéme fiécle , les papes ont
varié dans la aianiére de darer ou de ne pas datar
leurs lettres d'un ou de deux confuís , de celui
d’Orient ou d'Occident.
VIH. Toute bulle d’un pape poftérieur au com-
mencement du feptiéme iiécle j portant la date
d’un ou de deux confuís^ autres que les enape-
reurs^ doit étre déciarée fauffe.
IX. L’omiííion de la date des empereurs dans
Ies bulles , méme depuis le milieu du fixiéme
fiécle jufqu’aa miíieu du onziéme , ne doit pas
ctre envifagée comme un moyen de faux ni de
fufpicion.
X. Une bulle plus récente que , le cornmenee-
Snent da neuviéme fiécle j feroit au moins trés-
fufpeííie fi eile portoit la date des empereurs de
Conílantinople. Elle le feroit également , £ elle
faifoit ufage de cette date avant les commence-
Hiens du fixiéme fiécle.
^ XI. Toute bulle datée de Tanríée de l’etnpereur
d’Occidentj depuis l’an 924 juí'qu'en 962 j feroit
évidemment fauiTe.
XIX. Une bulle poítérieure au onziéme fiécle
feroit trés-fufpecte;, fi la date portoit la formule
reglante Ckrifio , ou regnante In perpetuum.
Domirw Deo. Mais avant le commencement da
douziémej il ne s’enfuivroit rien de préjudiciable
á fa vérité.
XX. La date de Tincarnation ne doit point paíTer
pour un moyen fuíEfant de faux, depuis que cette
ere eut été publiée par Denis-le-Petit ; mais fup.
pofé qu’elle fe trouvát dans des bulles du fixiéme
fiécle j elles ne feroient pas exemptes de fufpf,
clon.
XXL Toutes efpéces de bulles portant la date
de rincarnation avant Léon IX , ou l’omettant
depuis ^ ne doivent pas pour cela feul étre jugées
fauiTes ou fufpeéies.
XXII. Une ¿aZ/í-pancarte 3 ou en forme de
privilége , qui ne feroit pas datée de l’année de
rincarnation 3 depuis le commencement du dou-
ziéme fiécle 3 feroit fufpeíftej elle le feroit beau-
coup, fi elle ne portoit pas méme la date de lere
chrétienne.
XíL Une bulle datée du confulat ou d’aprés le
confuiat d’un empereur, fi elle ne pouvolt conve-
nir, qu’á un pape du dixiéme fiécle 3 feroit fuf-
pecle i fi elle étoit datée du onziéme , le foupqon
deviendroit violent ; mais fi elle fe rapportoit á
un pontife romain du douziéme fiécle ou des
fuivans3 elle devroit étre répurée fauíTc.
XIII. Toute bulle poítérieure au commence-
ment du douziéme fiécle , datée de l’année d’un
empereLir3 feroit non-feu’ement fort fufpefte 3
mais méme faiiíTe, fi elle ne pouvoit étre excufée
par queltue raifon particuliérej appuyée fur des
faits conftans.
XIV. II y auroit fujet de teñir pour fufpeétes
les lettres des papes antérieures au cinquiéme
fiécle 3 fi elles portoient la date de l’indidion.
Xy Depuis le milieu du cinquiéme fiécle , ni
l’omidion de l’indiftion , ni fon ufage dans Ies
lettres aDoílj!iques3 decrétales ou fimpies bulles 3
ne décident pour ou contre leur vérité.
_ X\' I. Des pancartes ou bulles én forme de pri-
Vi!égeS3 plus recentes que le onziéme fiécle 3 &
plus anciennes que !e quinziéme , dans le/quelles
lindiélion feroit fupprimée3 devieniroient fuf-
pecles 3 & méme trésTiifpeaes 3 pendant le cours
des douziéme & treizieme fiécles.
XVÍI- Depuis Eugéne IV 3 les bulles ou brefs ,
qui 3 dans leur date propre, & non dans celle de
leurs certificats , marqueroient rindidion3 proii-
veroient par-lá leur fauTeté.
On ne peut rien conclure contre des
bulles^ dont rindiciion, au Ireu de comme.ncer au
premier fepternbre , feroit comptée du ay décem-
DiCj du premier janvier3 & méme du z
pour He ríen dire de Paques.
. zy mars j
XXIII. Une limpie bulle ou decrétale datée de
I’incarnation . á compter de Tan 1 1 yo jufqu’en
izyo. ou á-peu-prés3 feroit trés-fufpeñe.
XXIV. Aprés le milieu du treizieme fiécle 3
mais particuliérement fur fes derniéres années 3 la
date de rincarnation ne devroit pas rendre une
bulle fufpeéie3 de quelque forme que cette bulle
fút revétue.
XXV. La date de l’incarnation , caraélére elTen-
tiel. ou du moins ordinaire auxóaZZrí poílérieurts
á Eugéne IV . ne fouírre point d’autre exceptio.n
que celle de certaines bulles héréroclites , qni
uniffent la fufcription des bulles avec Ies dates des
< brefs 3 ou la fufcription des brefs avec les dates
des bulles.
XXVI. Depuis la fin du quínziéme fiécle 3 une
bulle qui dateroir de l’année de Yincarnation, fans
énoncer ce terme , feroit fufpeéíe 3 excepté le cas
de la régle précédente.
XXVIÍ. Le commencement de l’année de rin-
carnation eil: fujet á des variations fi fréquentes
dans les bulles , qu’on ne fauroit rien conclure
contre leur vérité des divers points d’oú il fe
prend ; fi ce n’eft pendant des intervalles 3 pour
í’ordinaire aífez courts.
Corollaire. I. II ell faux que dans les bulles
fiécles XI 3 XII & XIII 3 la date de l’incarnation
commence toujours á Noel.
Corollaire. II- II ell faux que depuis Eugéne IV>
on ne trouve point d’apparence de variation dans
la chancellerie romaine , & que deformáis l’annee
de rincarnation y ait toujours été comptée d’une
maniere uniforme.
XXVÍll. Les bulles oü cette date feroit
quée felón ie calcul Pifan , ne devroknt étr«
BUL
chargecs d’aucun foupcon ^ au moins durant le
Cede qui fuivit le pontificar de Léon IX.
XXIX. Une bulle qui s^’attacheroit aii caicu!
Pifan aprés le milieu ‘du douziéme fiécle, de-
viendroit furpecle j mais depuis le commerscement
du treizieme ¡ a peine pourroit-on ne la pas traiter
de fauíTe.
^ XXX. Toute bulle dont la date de 1 incarna-
tion anticiperoit celle qui étoit en ufage chez les
Francois, non-feulement de neuf mois entierSj
mais meme de quinze á feize , ne feroit pas fuf-
pede vers la fin du onziéme fiécíe, & méme juf-
qu’en 1130, tout au moins.
XXXI. Depuis le commencement du treiziéme
fiecle 5 une bulle feroit convaincue de faux, pour
avoir fiiivi cette maniere de dater.
XXXII. La date du pontificar des papes ne doit
point etre regardée comme une preuve fuífifante
déla íuppolition de leurs bulles , ü ce n’eíí: avant
le fíxiéme fiecle.
XXXIII. On auroit raifon de fufpedler des
lettres apoíloüques qui porteroient la date du
pontificar durant le fíxiéme fiecle.
XXXIV . Si depuis le feptiéme cette date rfefl:
point un figne de la fauíTeté des privilégeSj elle en
eíl un de leur vérité depuis le dixiéme.
XXXV. Avancer que les bulles des papes ne
portentla date du pontificar que depuis leurs dif-
férends avec les empereurs au fujet des invefti-
tures j c‘'eft une régle évidemment fauffe.
XXXV?. Toute ¿ií//e-pancarte , qui depuis le
milieu du onziéme fiécle ^ ne feroit pas datée de
lannée du pontificat, feroit trés-fufpeóle.
XXXVII. De fimples bulles datées de l’année
du pontificar ^ depuis le milieu du dbuziéme fiécle
jufqu’en virón Tan 1188, ne feroient pas á couvert
des foupqons Íes plus vioiens.
XXXVIII. Toute bulle poñérieure á Tan 1220,
dépourvue de la date du pontiScatj feroit fauffe
ou trés-fufpedle.
XXXIX. Quniqu’on n’ait commencé qffau
snoyen-áge á fe fervir de la date du lieu d’une
maniere confiante , Ies fiécles precédeos en four-
niffent aíléz d ’exemples pour qffon ne puiffe fuf-
pecter, ni qui pis efi^ accufer de faux les bulles
oü cette date fe trouveroit énoncée.
XL. Les bulles poftérieures aux cqmmencemens
du douziéme fiécle , dans lefquelles manqueroit
la date du lieu^ feroient expofées aux foupqons
les plus forts.
XLI. Une bulle plus récente que le milieu du
doaziéme fiécle , & qui feroit revétue de deux
formules de dates, dont i'une commenceroit par
feriptum , & Tautre par data, feroit trés-fu'peñe ;
mais depuis le commencement du treiziéme, il
faudroit la teñir pour fauffe.
XLII. Oa ne derroi: pas ajauter foi á une bulle
BUL 539
qui , depuis le commencement du douziéme fiécle ,
porteroic dans la formule de ^a date , fummi & urd~
'verjalis pape, in facraújflma B, Petri fede.
_XLIII- P-Vít, bulle ordinaire, & non en forme de
privilége, qui reaniroit Ies dates de i’année , de
1 indiction , oe lincarnation & du pontificar, fe-
roir fufpette depuis Grégoire Vil , trés-fufpeifie
depuis Lrbain li, jufqffá InnocentlI, Si fauffe
depuis ce dernier jufqu’á Grégoire VIH.
XLIVU Les ¿ü/Aa-pancartes des douze 8e trei-
ziéme fiécles feroient fufpeíftes, fi elles fiipnri-
rnoient quelques-unes des dates faivantes , ou fi
edes ne leur donnoient pas cet arrangem.ent : le
nom du lieu , qelui du dataire , le jour du mois
exprime par les calendes, nones ou ides, Tindic-
tion , les annees de rincarnarion & du ponti-
íicat.
XLF. Toute bulle, hors le cas de ceíles que
nous appelons irréguliéres ou hétéroclites , parce
qu elles empruncent ou les dates des brefs, ou
leurs fuferiptions, feroient trés-fafpectes,ou méme
fauffeSj depuis EugéneIV,fi elles ne fuivoient pas
cet ordre dans leurs dates : le lieu , f année de
Ifincarnation, le jour des calendes, &c. & rannée
du pontificar.
Regles fur les foufcripúons , les chancelurs &
les écrivains des bulles.
I. Les anciensprivilégesaccordés par Ies papes,
n’étoient point fignés á la maniere des bidles d'aa-
jourd'hui, ni des pancartes pofiérieures au com-
mencement du douziém.e fiécle j mais ils énon-
qoient fimplement au-deífous du texte , qu'ils
avoient été écrits par tel notaire régionnaire ou
archivifie , & dates ou délívrés par tel bibliothé-
caire.
II. Tous Ies notairesde la fainte églife romainc
pouvoient dreffer, 8c quelquefois méme expédiec
en chef les privüéges du faint-liége.
Corollaire. On ne peut ríen conclure contre la
vérité d’une bulle , de ce qu’elle feroit écrite de !a
mairi d’un notaire différent d'autres notaires ou
archivifies , qui auroient dreífé de pareilles piéces
la méme année, la méme íemaine , le méme
jour.
ITI. Un privilége pofiérieur au fíxiéme fiécle, &
plus anclen que le douziéme , au bas duquel, quoí-
qu’entier & origina! , il ne feroit pas exprimé qu’il
auroit été écrit par un notaire ou archivifie, 8cC.
ou donné par un bibüothécaire, chancelier, pri-
mitier des notaires, fecondicier, nomenclateur,
Src. ou du moins par un écrivain archivifie ou
■notaire, &c. devroit étre regardé comme fuf-
peít.
IV. Le titre d’ archivifie , 8c méme celui de na-
taire régionnaire, exprimé dans la foufcriptioa,
y y 7 ij
54.0 B U L
ou platót dars la formule de la date d’une lnUt
d'aprés la En du douziéme Eécle ^ rendroit cette
bulle tres-fufpe¿te.
y. Hors Ies ñecles oú !’on prouveroit qu’i! y
auroit eu pluficurs bibiiothécaires a la fois, on
auroit üeu de teñir pour rr.fpedie une bulle non-
originale , expédiée par un bibliothécaire diftin-
gué de celu! qu'on faurcitj par des nionumens
certains , avoir été revétu de ce::e dignité.
Vi. Tout priviiege poftérieur au treiziéme ñe-
cle , dont la date énonceroit qudl auroit été expé-
die par un bibliothécaire du faint-fiége ou de la
fainte églife lomainej feroit fort fufpeél.
YÍI. Quoique le titre de chancelier ne fút pas
tare dans les bulles poftérieures au neuviéme ñecle ,
depais le treiziéme révolu ^ celles au bas defquelles
on remarqueroit cette quaüté , devroient paíTer
pour fufpedies ; & pour trés-fufpectes depais le
quinziéire.
VÍII. Le titre de vice-chancelier dans les dates
des bulles antérieures au onziéme ñecle ^ feroit
fufpeíl.
IX. Une bulle datée par un vice-chancelier
diftérent de celui qu’on fait avoir porté ce titre,
fur-tout aux douziéme & treiziéme ñecles , ne
fournit aucun pretexte de fufpicion.
X. Si depuis environ 12^0, le titre de mahre
ne précédoit pas celui de vice-chancelier , cette
omiíñon dans Íes pancartes Ies rendroit fu.fpecles.
Un ñecle pliitot la feuie qualité de mahre employée
dans les formules de ces piéces , y jereroit au
moins de violens foupqonsi mais elle feroit la
preuve de leur faaffeté pendant les onze premicrs
ñecles.
Xí. A juñe titre foupqonneroit-on des bulles
dans les dates defquelles, depuis le commence-
-mcnt du quinziéine ñecle , on rencontreroic le
litre de vice-chancelier.
Xn. Pendant les quatorze premiers ñecles. Ies
bulles au pied defquelles des oínciers foufcri-
roient avec les titres de daraires ou de prodataires,
dcvToient étre eítimées fauiTes , & du moins ílif-
peftes , durant les cent-cinquante années fui-
vantes.
XÍII. Dans ¡es premiers ñecles, la foiifcription
ou la falutation, ÍDeus te incolumem cufiodiat ^ &c,
bene válete ^ & autres femblables , devrofent étre
de la prcpre main du pape , qai ne fignok point
autrement fes lettres ordinaires.
XIV. Les ades í'ynodaux 8c les priviléges ac-
cordés dans les conciles de Rome, étoisnt fignés
du pape & des évéques , fuivant la forme com-
munei c'eñ-á-dire, que chacun des peres mettoit
fon nom au bas de ces ades Mais des lettres
apoítoliques qui n’auroient point été données
dans conciie , & qui néantnoins porteroient
flanes ja ¡cuícnpiion le nom du pape, ferorent fuñ
pedes avant re feotiéme ñecle, S¿ wés-fufpedes.
BUL
ii’elles n’avoient la forme que de fimples lettres
ou decrétales.
XV. La- coutume vouloit que la foufcription
beue válete fút placee au-delTous du texte des pri~
viléges : mais a cela prés, fa fituation n"eft pas
conftante.
XVI. Une ¿a/Ze-pancarte ou privilége , dans
laquelle , depuis le huitiéme ñecle jufqu'au quin-
ziéme, la falutation finale berie válete feroit fup-
primée , deviendroit fufpede.
XVII. Depuis le milieu du onziéme fiécle , la
formule bene válete eft repréfentée en mono-
gramme ou chiffre.
XVIIT. Une bulle non en forme de privi!é?e,
Sccependant revétue da monogramme bene vahee,
feroit pour le moins fufpede , ñ elle étoit polté-
rieure au milieu du douziéme fiécle.
XIX. Avant le douziéme fiécle , Ies priviléges
accordés au conciie par Ies papes , ne doívent pas
étre réprouvés uniquement pour avoir été fouf-
crits par des perfonnes abfentes au tems du con-
cüe.
XX. Les bulles portant la foufcription da noai
du pape, quoique d'une autre main que de ¡a
fienne , ne font ni fauíTes ni fufpedes , depuis le
milieu du douziéme fiécle jufqu au quinziéme.
XXL Le nombre des bulles fignées du nom
du pape & des cardinaux , eft trés-petit en com-
paraiíbn de celles qui ne le font pas.
XXIÍ. Toute bulle qui, n’étant point en forme
de privilége , feroit ñgnée du nom du pape & des
cardinaux , devroit étre regardée comme trés-íuf-
pede depuis le milieu du douziéme fiécle juL
qifau quinziéme. '
XXIII. Les pancartes, depuis Innocent II juf-
qu’au quinziéme fiécle, feroient juíiement reje-
tées , fi elles n’étoient pas munies des fignatures
des cardinaux.
XXIV. On auroit tort de foupqonñer les bulles
qui, dans le cours des dixiéme , onziéme & dou^
ziéme íiécles, énonceroient qkelles auroient ete
dreíTées en préfence de témoins dont elles rapporte-
roient les noms , quoiqifils n^eufient pas figns ces
piéces , ou qu’ils ne Feuííént fait que par dés
croix.
XXV. Les bulles oú les papes , aprés la fin da
neuviéme fiécle , auroient fait appofer le chiffre
ou monogramme de leur norn, feroient tres->u--
pedes j on poiirroit les déclarer fauíTes , fi elles
étoient du onziéme.
XXVÍ. Des ¿uZ/ej-pancartes ou priviléges .ans
devifes ou fentences depuis le commencement da
douziéme fiécle, & méme depuis le milieu du
onziéme, feroient fufpedes.
XXVII. Tome bulle revétue d’une ftntencc
dífférente de celles qu’on fauroir certatneií^nt
avoir été prifes par un pape , feroit iiés-íufpeds j
BUL
a moins qu’on ne pdt a!l<'guer en faveiir de I'ex-
cection , queiques raifoís folides fondees fur
ces raifs.
bulles qui , deoiiis environ les
commencemens du qoatorziéme' néc!e, fero'‘'=‘n*
pnvees de certaines íignatures hors d’ceuvre,
foít au-deíTus , foit au-deífous des rep’is, foit fur
pe^es j dcvroient paíTer poar fuf-
Regles paniculieres fur Us fceaux des bulles.
I. Les fceaux de plomb ¡ quelqu'anciens qu’iis
foientj ne peuvent rendre fufpeáe aucune bulle,
IL On ne doit pas exiger oue les fceaux des
bulles^ antérieures _au douziéme fiécie , fofenr
frappes d une maniere auili uniforme qu^'ils le
furent dans la fui te.
I!I. Dans ¡es bulles poñérieures au douzréme
fiec.e, on ne uoit pas regarder coname un dífaut,
que jes lettres qui forment la légende des apotres
S. Fierre & S. Paul , foient diiféremment arran-
gees; pourvu que ce ne foit pas fous ¡es mémes
papes.
Depuis le cotnmencemenr du quatorzieme
ñecle , Ies armes de certains papes , répandues ou
fimplemept placees fur le revers des plombs re-
vétus d'aiüeurs des infcriptions ordinaires, loin
de jeter des foup-jons fur les bulles oú elles fe
trouvent^ pourroient rendre fufpedies celles des
memcs papes ou elles ne fe trouveroient pas.
V. Aprés le douziéme fiécie auplustard;, on doit
réprouver comme fauíTes les bulles poftérieures
au facre des papes , li leur fceau , du cote de la
téte_, ne repréfente pas Ies faces des aporres
S. Fierre & S. Paul, féparées par une grande croix,
&■ íi leur revers ne porte pas'la légende des papes
confiftant dans leur nom, le titrede pape , dcfigné
par ces deux lettres P. P. , & un chiffre romim,
qui annonce le rang qufils tiennent parmi ¡eurs
prédéceiTeurs de méme nom.
V I. On doit admettre les halles dont le fceau ,
fans nom de pape & vuide d'un cóté , eft rempli
de Fautre a Fcrdinaire par Ies teres des apotres
S. Fierre ¿c S. Paul ; pourvu néanmoins que le
pape qui les a données , n’ait pas éré facré , mais
feulement élu avant la date des bulles.
_ VII. II eíl eíTentiel aux brefs d'étre fcellés en
cite rouge.
VIH. A.vant le douziéme fiécie, on ne doit pas
tirer des moyens de faux ni de fufpicion de la
fflatiére des lacs qui attachent les fceaux des
bulles.
IX. Si depuis la fin du douziéme fiécie. Ies
fceaux des bulles en forme rigoareufe , nVtoient
pas attachés avec des cordele tres dechanv^re, &
ceux des bulles en forme gracieufe > avec des lacs
B U R
j de íbie., ou du moins de laine, on feroit en dro''t
de rejeter ces piéces.
Qnoique depuis emfiron le milieu du dou-
zieme ñecle , il fott aíTez ordinaire aux bulles en
.orme gracieufe d étre revétues de foie , mi-parcie
de rouge & de jaune, on ne peut pas tirer de-iá
un moyen de fu.^picion.
XI. Si depuis environ le milieu du treiziéme
ñecle jufqu au feiziéme , les lacs des bulles en
forme gracieufe n'étoient pas mi-partie de rouge
■ & de jaune, il y auroic fu;et de les fufpeéter.
BULLIS, en Illyrie. byaaioxcn.
Les médailles autonomes de cette vilie font :
RRR. en bronze. (Pellerin ).
O. en or.
O. en argent.
BUPáLUS, célébre fculpteur , qui vivoit vers
la foixintiéme clympiade. Pline rapporte un trait
fingiilier de fon art. Bupalus avoitfait, dans Fifis
de Chioj une Diane , & l’avoit fait pofer en un
lieu elevé : quand on entroit dans ce lieu , le
vifáge déla dc'effe paroilToit triite 8c févérej mais
loríqu^on en fortoit, le méme vifage avoit un air
gracieux & fouriant. Ceit ce Bupalus qui fie la
premiére ílatue de la Fortune pour les habitans
de Smyrne.
EüPHAGüS, fumotr, donné á Hercule á caufe
de fa gourmandife. Elle étoit íi grande , que les
Argonautas, craignant qudi ne dévorat lui feiil
toutes ¡eurs pro'-'ilions, Fobligérent de fortir de
leur navirc. On d;t qu’un jour Hercule ayant en-
levé des boeufs a u.n payfan , en mangea un tout
entier dans un feul rep.>.s : auíli ajoute-t-on qudi
avüit trois rangs de dents, Hercule. Ce
mot vient du grec/3¿í , bauf , Se de (púyen manger.
BUPHOiS'iES. l’'oye:p. DlIPOLÍES.
BUR.A , dans FArcadie. botpa!í2N.
Cette ville a fait frapper Jes médailles impe-
riales grecques en Fhonneur de Jalia-Domna , de
Caracaüa Se de Géta.
BLRAI‘~US ou Baraicus , furnom d’Hercule,
pris d'une ville dUAchaie de ce nom, célébre par
Foracle de ce héros déifié. La maniére dont fe
rendoit cet orada, étoit fort finguliére. .Aprés
que ceux qui venoient Je confnltet avoient fbír
leur priére dans le temple , iis jetoient au hafard
quatre dés, fur les faces defquek étoient gra-
vées des figures, & ils ailoicnt enfuite confulrer
un tableao oiices hiéroglypheséroienr expliques.
On prenoit pour la réponfe du dieu Finterpréta-
tion qui répondoit a la chance araenee. On con-
fuirá depuis par les dés la Fortune de Frénefte &
Forac'e de Gérj on á la fontai.ne dUApono.
BURRA. Les Romains porcérenc fonvent ce
furnom, qui étoit fynonyme de rufa, roujfé. lí
étoit relatif a la couleur de lenrs cheveux. Burram
dicebant antiqui , dit Feilus , quod nos díetmus
Tufum^
54í bus
BURRANICÁ, boiíTon des gens de la^ cam-
pa2:ne. C’étoit du lait melé avec du moút. La
couleur roufie de ce mélange le faifoit appeler
burranica. Burranica patio , dit FeftuSj appeilatur
lacle commixtum fapa , a rufo colore, quem burrum
vocant. Cvide ( Fafi. ir. 778. ) parle de cette
boiíTon :
Dhm licet, appofita velut irt cratere camella,
Lac nitidum potes , purpureamque fapam.
BURRUS. Ce furnom défignok un homme
dont les cheveux étoient rdux ou trés-blonds.
Martial a fait une épigramme 45- í-)
fils d’un certain Parthénius> qui portoit le nom
de Burras :
Use tibí pro nato plena dat Istus acerra,
Phoebe , Palatinas manera Parthenias ,
Vt qui prima novo fignat quinquennia laftro ,
Impledt innúmeras Burras Olympiadas.
BURSIO , furnom de la ízvoiVít Julia.
BÜSIRIS. L’hiftoire de ce prince eft fort em-
brouillée. Diodore de Sicile' parle de plufieurs
Bufiris qui ont régné en Egypte , & dont le der-
nier batir la fuperbe ville de ThébeSj appelée par
Ies Egyptiens la Cité da Soleil. Suivant cet auteur,
Bufiris , en langue égyptienne , fignifioit le fépulcre
d'Ofiris ; & c’eft-la f origine de la fable tant cc-
lébrée par les Grecs , que B-ufirU , roi d'Egypte ^
étoit fi barbare , qu’il faifoit égorger tous les
étrangers. Tous ceux en eíFet qui avoient les
cheveux roux, étoient inimolés á Typhon ; &
comme cette couleur étoit rare en _ Egypte les
viétimes étoient prefque toujours prifes parmi les
étrangers. On fuppofa enfuite que Bufiris avoit
été lui-méme immolé par Hercule j quhl avoit
eu la hardieffe de traiter comme les autres. Voici
la fable telle qu on la trouve chez, les auteurs
grecs & latins.
Bufiris étoit fils de Neptune & de LyíiniaíTe ^
filie d’Epaphus ; d^ autres difent de Lybie , filie du
méme Epaphus ^ laquelle donna fon nom & des
loix á la Lybie. II régnoit en Egypte quand Her-
cule y paífa , aprés avoir tué Anthée- La récolte
ayant été trés-mauvaife fur les bords du Mil pen-
dant neuf années de fuite , on vit arriver de Chypre
un devin nom.mé Thrafius ^ ou , felón quelques-
uns j Pygmalion , qui alTura que ^ pour mettre fin
á ce fiéau , il falloit immoler tous les ans un
étranger a Júpiter. Cette dénonciation prophéti-
que füt exécutée, par ordre de Bufiris, fur le
devin lui-méme. Ovide appelle Thyefte celui qui
fut la uremiére viélime de ce facrifice. Bufiris
traitoit depuis de la méme forte tous Ies étran-
gers. On préparoit ce fort rigoureux a Hercule ;
on favoitprisj & on le menoit lié á l'autel : mais
S roíupit fes chaiuss, tua Bufiris , Iphidamas fon
BUS
fiis j &■ Chalbes , fon héraut-d'armes. Virgüe voh-
lant défigner la haine que Fon avoit pour la mé-
moire de Bufiris , Fa furnommé iilaudatus (Gecrcr
iil. 40 :
Quis aut Euryftkea durum ,
Aut illaudati nefeit Bufiridis aras i
Cependant Ifocrate a compofé Féloge de Bufiris.
Busiris , dans FEgypte. EOTciPiTpN.
Cette ville a fait frapper des médailles impé-
riales grecques en Fhonneur d Hadrien.
BUSTA Galzica. Aprés que les Gaulois qui
avoient pris Rome eurent été battus & repouííes
par Camille, on raffembla les corps de ceux qui
avoient péri dans le combat j & on les brála dans
Fendroit de Rome qui fut appelé pour cette raifoa
bufia Gallica. C'eft Varron {deLing. Lat.jr. 32.)
qui nous apprend cette étymologie j &_Tite-Live
(xxii. 14.) place Ies bufia Gallica au milieu de la
v'úl&, medid urbe. Marliani croit quhls étoient dans
Fendroit ou eft aujourd’huil’églife de Saint-André
in Portogallo , dans la quatriéme région. Mais
Nardini & quelques autres les tranfpqrtent dans
la troifiéme région , aiiprés du Colifée.
BUSTE. Les colledions d’antiques renferment
plus de hufies que de ftatues; mais tous les anciens
peuples n ont pas contribué á cette abondance.
Le comte de Caylus a publié ( Rec. d’antiq. iv.
pl. 12. n. 4.) le deíTin dhine tete fculptée par ua
artifte égyptien ». On doit la regarderj dit-il,
comme le fragment d’une ftatue ; car je crois que
Fon peut dire, avec certitude, que les Egypnens
n'ont point fait de buftes y du moins ;e n en ai ja-
máis vu , & je s'en ai pas entendu citer ».
Quant aux Grecs, on peut regarder Imrsbufies
comme des modeles inimitables , lors merne qu ils
travailloient a Rome fous les empereurs ; de forte
qu il eft difficile de prononcer , en voyant un bufie
antique , shl a été fait en Italie ou en Grece. ^
On remarque avec étonnement , que , ma.gre
la décadence fenfible des arts fous les empereurs,
leurs médailles & la plupart des pierres
qui les repréfentent , font néanmoins a un
précieux & fini. 'Winkelmann nous aoprendra e
raifons de cette fingularité. «Lorfque 1 art, mt-u,
^ de VArt , l. 4. c. G.) avanqa de plus en
» plus vers fa décadence , & que le tems fut »
" oú Fon fit moins de ftatues nouvelles, a Cg 1
» du grand nombre des anciennes , la P
» oceupation des artilles fut de fculpter des te
« & des hufies; ceñ auffi dans ces oo;ets que ¡e
» dernier tems de Fart s'eft fingulierement .- **
« eué. 11 n eft done pas fi étrange que
»uns fe Fimaginent, de trouver Tipc
« des bufies paffables, mais encore de fort
w tetes, relies oue celles ¿e Macrin, de
» Sévére Se de CaracaÜa.... Peut-étreque LyiAP“
n'auroit pas mieux füt la tete au Caraca
»néfe : toute la diftérence qu’il y a, c eíí q
BUS
«maitre qui fit ce íufte nauroit pas été capable
de ^aire une figure comuie Lyfip^e m.
On trouve á Rome plafeurs éu.iés faits du tems
des Antonms, qui pcuvent érre regardés comme
des prodiges de iart, reladvement á leur exécu-
uon. Daos la villa Borghéfe Te ule , on volt truis
de Lucius \ erus;, & trois autres de .Marc-
Aurelcj lur-tout un de chacun de ces princes plus
grands que la narure, tous de la beauré la plus
panaite. lis furent decouverts au commencement
de ce liecie fous de grandes dalles, á quatre milles
de rióme , dans 1 endroit appelé Aqua Traverfa ,
fur la roure de FJorence. Le palais Rufpoli ren-
ferrne auíh un des plus beaux bujies de ce méme
Lucius \ erus 5 c'eft le portrait de ce prince repré-
fence dans fa jeunelTe avec le mentón ombraeé
d un ieger duvet.
La beauré du travail des bujtes antiques doit
encore erre attribuée á deux ufages des Romains,
qui, en les multipiianí á rinfini, accélérérent les
progres de 1 are.
«La prerniere de ces caufes fut, felón Je comte
de Laylus {Rec. iv. p. 240.) ^ fufage que les Ro-
mains avoient de placer dans les veñibules de
leurs maifons, connus fous le nom i’atrium , Ies
bufies de tous, leurs parens défunts, avec une inf-
eription renfermant leurs noms, furnoms &c qua-
lités, & deles repréfenrer avec leur habillement
ordinaire, ou avec celui de la plus grande dignicé
done ils avoient cte revécus. II faut convenir c^ue
ces atrentions contribuoienc eííentiellemcnt á faire
érudier la reíTemblance , en méme tems qu'elles
produifoient une agréable variété pour Ja décora-
tion : la vanité avoit autanr de part que le fenti-
rnent a cette conduire des Romains, & la fuperf-
tition fervoit encore de pretexte á cette méme
vanité. Non-feu!ement ils faifoient participer ces
bufies , par leurs habiilemens de deuil ou de fére ,
a tous les événemps heureux ou malheureux de
leurs familles 5 mais ils les faifoient porter dans
leurs -fiinérailles. Plus le nombre de ces bufies
etoit grand , plus la marche étoit pompeufe , &
plus la famille attiroit Jes regards. D'ailleurs ,
quelques-unes de ces cérémonies éroient liées au
cuite des dieux manes ou domeftiques : ainli , on
pourroir croire qu'indépendamment du crédir de
la fuperftition , le gouvernement cherchoit á en-
iretenir ces objets de morale, dans la vue d'adou-
cir la férocité á laquelle tous les hommes font
portés . Se principalement ceux qui compofent une
natrón guerriére ”,
On peut aiTigner pour feconde caufe , avec le
»eme comte { Rec. 1. f. 16^.), «Pufage des
ftornains qui plaqoient un grand nombre de bufies
lur des garnes dans leurs maifons, leurs bib'io-
fneques^j leurs bains , leurs jardins , enfin aux
ueux cotes de leurs portes, es derniers bufies
etoient le plus ordinairement á .leux tetes, pour '
“ decoraron intérieure 6c extérieurs j6cüs écoknt i
B U S 543
formoient la porte, la-
que..e paioilfoit ordinairement libre ¿ dégagée
pour¿ fen
vd'es ¿Sr * ®‘^^doit plus loin que leurs
V l.es £Sc que 1 interieur de leurs maifons. Leurs
^ couverrerde
dieux cerm.s , & eurs cnemms de Mercares &
u .u.res aieux turelaires. Ces ftatues toujours bJa-
es dans acs enarous les mieux cultives ou Íes
h " P'Oduire des points-de-vue
d une charmanre varíete, & former le plus agréa-
ble fpedtacle au voj'^ageur enchanté
Les bufies pkcés fur des gaínes, ou Kermes,
y etoient fixes par des barres de metal qui les tra-
verfoient a la hauteur des épaules. On retrouve
íes.J^ecevoient, dans un grand nom-
bre de bufies antiques. Ces barres fervoient auíS á
les tpnfporter avec plus de facilité. On voit á
Portier deux bufies dune forme trés-ancienne ,
qui onc chacun ces deux barres ou anfes de méral
placees en faülie fur Ies cotes , pour aider á les
tranfporter Se a les changer á volenré.
BUSTERIVS & Busterichus, divinité des
Oermains, dont la ílatue fe voitaujourd hui dans
la forterelTe de Sondershufa 5 elle étoit autrefeis
dans cede de Rottembourg. On na point examiné
& determine de quel metal ou de que! ailiai^e cett-
ítatue eñ compofée. Elle porte la main droite fur
la tete. Se elle a un genou en terre. La ir.ain
gauche , qui étoit appuyée fur la cuiífe, manque
entieremenr. ^
BUSTIRAPUS. Les Romains déCgnoient par
ce terme de mepns des gens de Ja lie du peuple
qui deroboient pour vivre Ies mets que Pon dépo-
foit fur les buchers Se fur ¡es tombeaux. Catul'e
pane d'une femme qui étoit réduite á ce deeré de
mucre (xix. 1.) ; “
TJxorne Meni , fípe quam in fepulcretis
Vidífiis ipfo r apere de rogo 'cosnam ^
Chm devolutum ex igne profequens panem ,
A femirafo tunderetur ufiore.
BTJSTUARIM moeck&. Ce mot ne défigne
pas, comme Pont penfé qaelques interpretes, des
pleureufes gagées pour les fiinérailles ; mais des
femmes de mauvaife vie qui fe cachoient dans
les endroits déferts Se parmi les tombeaux. Mar-
tial le donne á entendre trés-clairement dans ce
vers (/. 58. 8.):
Abfeondunt /pureas & monumerua lupas.
BUSTUARII gladiatores. C’étoient des ela-
diarears que Pon payoit pour combattre devane
les buchers , afín de donner plus d eclat aux fu-
nérailles des licbes.
544
U T
BUSTUM , écoit proprement le bucher qui
confumoit les ixiorts.
Busrvu , étoic l’endroit du champ de Mars
dins lequel on brula le coros d’Augufte ^ 8r dans
la faite ceux de piulieurs enrpereurs & princes.
St'-abon (r'. v. 165.) dit qu’il étoitplacéau rniiteu
du chamo de Mars, & quil éroit fait de pierres
bianchesrquune grille fentouroit, &
planté d’aulnes. Nardini croit que Teglne de
Sainc-AuguíHn eii bátie fur fes rumes.
pas confondre le bn^um zstc le maufolec d Au-
Bustum arí. S. Jéróme appelle de ce nona le
foyer d’ua aiitel. (Turneb. Adverf. xix. ai)-^
BVTEO étoit, felón Pline t-f. 8.)^ un oifeau
du genre des épertiers , que fon furnomraoit
iriorckes , á caufe de fes trois teíticules , & auquei
Phoemonoé affigna le premier rang dans 1
des oifeaux qui fervoient aux augures. La tamiUe
Fasta porta quelquefois le furnona Buteo , a
caufe d’un épervier qui fe pofa fur le vaiíTeauque
montoit uxxFabius', ce qui fut pris pour ua bou
augure.
BüTÉS , un des argonautes , fut honoré aprés
fa nrort par les Athéniens, comme^un heros. 11
eut méme un autel dans le temple d Eredlbee. II
ne faut oas le confondre avec un autre Bates , fi.s
d’Amvcus,. refugié en Siciie, ou il fut accueilli
par la courtifanne Lycafte, furnommée Venus,
qudl rendir mere d’Eryx. Toyep Eryx.
Paufanias (Attic.) a parlé du premier Bates,
& Virgile {S.neii. v. 371.) dit du fecond :
Idemqae ad tamalum , quo máximas accabat HeSor,
Viclorem Baten immani corpore , qui fe
Bebryciá. veniens Ámyci de gente ferebat ,
Tercalit , & fulvd moribandum extendit arena.
BUTHROTUM, en Epire. extpoti£2N.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
IDevenue colonie romaine , cette ville a fait
frapper des médailles latines en Phonneur d’Au-
guíle , avec la légende :
c. A. BT5T. oa BUTHR. Colonia Augufta Bu
tkrotam.
BUTYSIA, mot latín fynonyme de bovki-
iium, facrifice d'un bceufi & traduit du grec
^7o~íct 3 qui lignine la merne choíe.^Suetone dit
que Néron fe fit rafer poar la premiére fois pen-
dant que Ton immoloit un boeuf aux dieux (c. 12.
n. II.) : Inter Bathyfis, apparatum barbam pofuit.
BUTO 8e Butus. Les Egyptieiis adoroicnr
une divinité de ce nom, que les Grecs transfor-
B Y B
mérent en Latone. Jablonski (Pantkeon. lEgypt.)
croit que Bato étoit un fymbole de lapleine lup.e,
comme Bubafte étoit celui de la nouveíle lune.
Etienne de Byzance dit expreíTément que les
Grecs. appeloient Latone la divinité adorée á
Batas , ville d’Egypte , qui avoit pris fon nom
Bato de cette: divinité : e’xcí?At<i ¿í Bar», «p’ k
vAi ¡1 Aiít'íí Bsrá. Cette ville étoit fituée dans la
Baffe-Egypte , prés de Sébennys & de l'embou-
chure dú Nil , appeíée Sébennytique. Hérodote
(/i¿. il. c. ijó. ) y avoit été & y avoit vu Tille
Chemnis, qui fiottoit, difoit-on , fur un grand lac
prés da temple de Latone a Butus. Les Egyptiens ,
felón le méme hiilorien , affuroient que Bato , une
des huir divinités adorées par eux des les tems les
plus recules, habitoit Butus, & quelle avoit été
chargée de gárder le jeune Horus. Bato voulant
le fouílraire aux pourfuites de Typhon, le cacha
dans Tille flottante ; de forte qu elle fut appelée
depuis la nourrice des enfans ddfis & dOfiris,
c'eñ-á-dire, d’Horus oud’ApoIlon, & de Bubafte
ou Diane. De-lávint, ajoute Hérodote, la fable
inventée par Efchyle , fils dTuphorion , qui fai-
foit Diane filie de Cérés, & qui parloit de Tille
flottante ou de Délos. Voila , de Taveu méme du
plus ancien hiñorien grec , Torigine égyptienne
de Latone & de fes enfans.
Plutarque (^de Ifde') dit qu Ifis eleva & nourrit
á Butus , Horus qui fe forma au milieu des^ exha~
laifons kumides fd des nuages. Cet Horus étoit le
foleii d'hiver, quiperce au-travers des nuages; &
Ifis chargée de fon édacation, étoit Bato. Les
Egyptiens croyoient (Plutar. eodem loco) que la
Lune fe nourriíloit des exhalasfons humides de la
terre , & qu’elle étoit mere de la rofée , dont la
terre fe nourriíToit á fon tour. Cette rofee etoit
pour eux un bienfaitprécieux, a caufe de la feche-
reíTe de leur climat : c’efi: pourquoi ils rendoient
un cuite á la píeine-lune ou á Bato ; c’eít-a-dire,
felón Plutarque (Sympof l. 3.), acetre
la lune pendant laquelie ils croyoient que la ro.ee
étoit le plus ahondante . Bubafle défignoit qonc la
nouvelle June ; & Bato , nourrice de Bubaile, o’a
qui iui avoit fuccédé , étoit la pleine lune dans
langae facerdotale.
BÜTONTUM, dans TApulie. BYToNTiNnN.
Pellerin en a publié une médaille autonoiue e
bronze.
BüTüS. Koyei Buxo.
BÜXUM. Ce nom propre du buis
auíll un córner á jeter les dés; parce qui S'-
fait ordinairement de ce boi^
BüBLIS. Voye^i Biblis. j.
EYBLOS , ville maritime de
ítoit fituée fur un cóteau , entre
ryte. Quelques auteurs en ont jonfié
la plus ancienne ville du monde , et m 'r>rre.
pour fondateur Saturne, fils du Ciel Se le
B Y G
Las ñots nvoietit jeté le corps íOfíris Tur cette
cote, lorrqu'Ilis , qui !e cherchoit, paíTa á By-
blos, 8c y recut un bon accueil de la pare de Ma-
léaiidre & d'Aílarré fon époufe , qui y régnoient.
On a prétendu que ce voyage d'Ilis avokoccafionné
la dénomination de la vilie ; parce que ce fut le
lieu oü cette princeífe , pleurant Oíiris , dépofa
fon diadéme qui étoit de papier ; & le mot grec
EjoAsr lignifie la piante qui fourniíToit la ma-
tiére dont on faifoit le papier. D'autres veulent
que ce nona vienne' de ce que le papier fe con-
fervoit daas cette vilie tant que Ton vouloit ^ fans
fe gáter.
Quelques auteurs ont dit que Cinyras , pere
d’Adonis , avoit régné dans cette vilie. Ce qu il
y a de certain , c’eíl que Venus y avoit un tem-
ple, dans kquel on célébroit les cérémonies du
cuite d’Adonis. On voyoit un autre temple fur le
Mont-Liban , á une journée de Byhlos , proche
la riviére d’Adonis, qui étoit confacré á Venus
Amphacitide , ou Amphacide ; furnom pius du
lieu oú ce temple fut báti. A un certain jour de
i'année on faifoit , difoit-on , defeendre á forcé
d’invitatioDS , du fommet du Mont-Liban , un
íéii fous la forme d’étoiles , qui s’enfon^oit dans
la riviére voifine ; & on prétendoit que ce feu
étoit Venus elle-méme. La féte de ce temple fe
célébroit par des abominations qui faifoient rou-
gir la nature. Conílantin le détruiíit.
On racontoit une particalarité fort extraqrdi-
naire, relative aces fétes. Les Aíexandrins, difoit-
on , écrivoient aux femmes de Byhlos une lettre
dans laquelie ils mandoient qa’ Adonis étoit re-
trouvés ils enfermoient cette lettre dans un vafe
de terre , qu’ils fcelloient ; & aprés quelques cé-
rémonies , ils le mettoient fur la mer. Ils aíTu-
roient que ce vafe fe rendoit de lui-méme , dans
certains jqurs de I’année , á Byhlos , oú des
femmes chéries de Vénus le recevoient , &, apres
avoir ouvert la lettre , ceíToient de pleurer ,
comme íi Vénus eút retrouvé fon cher Adonis.
Luden dit avoir vu a Byhlos la tete de cartón
que les Egyptiens y envoyoient tous les ans ,
fans autre cérémonie que de la jeter dans la mer.
Les vents la portoient tout droit á fa deñination
dans fept jours : c’étoit le tems qu’on empíoyoit
ordinairement pour paiTer d’Egypte á Byhlos.
Voys:^ Adonis , Aphacite , Cyniras.
Byblos , dans la Phcenicie. BTBAI2Y Se by-
baign. , ... .
Cette vilie a fait ftapper des medailles impe-
riales grecques en l’honneur d Auguíle , de
Claude, de Commode, de Crifpine , de Séyere ,
de Domna , de Caracalla , de Géta , de Diaou-
tnénien , d’Elagabale & de Valérien.
BYGOIS, Nymphe qui avoit écrit ,
dans la T ofeane , un livre fur I art d interpreter
les éclairs. On confervoit ce livre á Rome dans
k temple d’ApoIlon , avec quelques autres ue
Anízquités , Tome J%
B Y S
.^45
méme natare. Servias en parle á l’occaíion de cc
vers de i’Enéide ( iib. 6. 71. ' :
Te quoque magna manent regáis penetralís nofiris.
BYSSUS. On n’avoit écrit que des chofes
vagues ou contradicloires fur le byjfas des an-
ciens 3 jufqu’á Tan 1776 , oú M. jean Reinoid-
Forfter , membre de la Société royale de Lon-
dres, a piiblié une excellente Differtation fur ce
fujet , intitulée : Líber finguiaris de byjfo antiqao-
rum. ( Londini , in-8®. /.
Nous ne croyons pouvoir mieux compofér ccc
article , que den faire l’analyfe.
■ Les Romains recurent des Grecs le nona byjfas-^
goms , en recevant d’eux Ies étqffes de cette
matiére, que fourniíToient á TOccident les Pto-
lomées , S¿ Philadelphe en particulier. Mais ils
donnoienr á ce mot áiíférentes ac-ceptions , qui
ont égaré les Philologues modernes. Hefychius ,
par exemple , Suidas & le graiid f.tymoíogi£te
i’expliquent de la couleur pourpre : ^ cet abus
étoit confacré fans doute a 1 epoque ou ils écri—
voient. Ilidore, Pollux, Saint Jérome & le plus
grand nombre des écrivains aíTurent que le byjfus
étoit une efpéce de lin. Le premier , dit (^Orzgin.
19. c. 17. ) : Byjfum gemís efi quoddam lini ,
nimiiem candidi 6? moUiJftmi .• & C ibid. c. IX. ) ,
byjftna candida , confecta ex qiioaqm genere lini
grojfioris. Sunt & qui genus quoddam lini Byjfum
ejfe exijiiment. Pollux ajoute que cette efpéce de
lin vient des Indes & de l’Egypte. ( Onomafi^
lib. VIH. c. 17.) : Ka; fiif y-ai rce guva-na , Ktí¡ n
■güeros, Xmo.ri uhs xap' U^aií. «oh; Ai xai 5r<zp
AíTiiTiiois asa %-jXoa Ti ttiov y¡yv£j-«i. L’Egvpte
íembioit erre la patrie cu byjfus , felon^Paint
Jetóme ( in Eqech. c. xj. ) ; Byjfus in dt-gypto
quam máxime nafeitur .
Pluíieurs anciens ont dit encore expreiTémenr
que le byfiis ctoit un Iin ou une lame prodmre
par des arbriíTeaux. Amen {pag. 179. edlt. H.
Jiepk.') ; EítÍíj-; Ai If Aíi Xifi-e , Karasts Xiyzraí
üíapx^s- Ta’J «sr» Ttut ¿eíAf£a». TertuIÜen
a parlé auíTi de cette laiae des arhres dont on
s’habiUoit dans les Indes ( de Fallió ) : Quoniam
& arbufta veftiunt. On lit dans Méla que les In-
diens s’habiUoient avec une efpéce de ^, 011
une laine aue produifoient les arbres (A¿. 8.5.8.):
Lanas filvs. ferunt , & peu apres : Lino alu vej-
tiuntur, aut lanisquas diximus. Onpeut conciure
de tous ces paffages , que le byjfus etoit une
efpéce de lin que l’on tmoit des _& des
arLiífeaux , dans l’Inde , dans I Arable , en
Egvpte, apoelée par les Barbares Gofipton , &
qui & leC¿TON des modernes. Les habitans de
ces contrées en compofoient la trame des etoSes
aDoeléesparles RomainsSüBSERic,€C/G ce ract.),
dont la chaine éteít de foie , & que les temmes
¡de Cos 8c d’autres i¡eax defanoient , poui
Z i i
54^ B Y S
féparer le coton & pour travailler des étoffes en-
tiérement tiífues de foie , appeiées holoferics, &
holovírí.
?ví. Forfter aioute que les anciens connoiíToient
¿eux efpéces d’arbriíTeaux á coton j le Bombax
& le Gojfypium , qui appartiennenc tous deux á
la Monadélpkia Folyandrla de Linnée. Comme
ces deux efpéces étoient des arbriíTeaux , les
Grecs leur donaoient le nom générique IoAm ,
que Ies Latios rendoient par les mots Xylum &
Xylznum. Le byjfus dont parle Pline Qih.iz). c. i.)‘-
Cui nulla funt candare moUitiave pr&ferenda ,
étoit le gojfypium ou Coton blanc ; & celui
dont parle Phüoílrate dans la vie d'ApoIIonius
( lib. il. c. lo. ) j dont la couleur étoit rouíTe,
^üíhg rJiSm , venoít du Bombax.
On ne trouve point de véritable lin dans lin-
de 5 comme l’a remarqué Osbeck dans fon vojage
‘VoL de rédit. angloife ) ; il eíl
preique inconnu dans l’Egypte j & Ton faitque
ces contrées ont toujours vu cultiver les mémes
végétaux & exercer les mémes arts. 11 eft ce-
pendant parlé fouvent du lin dans les ouvrages
qui ont rapport aux Egyptiens. Leurs précres
étoient obiigés d'en faire leurs habiilemens ; d’ou
leur venoit le furnom linigeri : les initiés aux
myftéres dTfis , portoient auííi des habits de lin ,
& Suétone remarque d'Othon , qull n’avoit pas
craint de paroítre en public dans les fétes dlfis ,
in lintea vejie , avec les habiilemens des initiés.
Pline explique la nature de ce lin lorfqu’il dit
que les habits de Coton étoient trés-recherchés
par Ies prétres égyptiens , vejies inde (Xylinas)
Jacerdotibus gratijkma,. VeJles Xylins. étoient íy-
nonymes de veftes byjfná. ; & c’eft auífi de ces
ctoffes que veulent parler les anciens écrivains j
lorfqulls font mention des doñee que linde
importoit en Egypte.
Plutarque ( in Ifide ) , & Hérodote ( lib. il.
t. S6. ) , aíTurent que la religión des Egypñens
leur ordonnort d'envelopper les cadavres dans des
étofres tiffues avec le byjfus. Les autorités rap-
portées ci-deíTus , ont prouvé que le byjfus étoit
notre coton : Pinfpeclion des bandelettes qui
entourent les momies , le démontre rigoureu-
femenr. Le célebre Rouelle difoit en lyjo ^ dans
Ies Mémoires de FAcadémie des Sciences; «Toutes
M les^ toües de mumie qui font fans matiéres
» rénneufes , que j’ai eu occaíion d'examiner ,
w lont toutes de coton ; les morceaux de linge
« dont Ies oifeaux embaumés font garnis , afin
B Y S
» de leur donner une figure nlus élésante , font
» également de coton. — Le lin des Egvptiens
« étoit-il le coton ^ ou le coton étoit-il conGcré
» par la religión , pour les embaumemens ?*»
M. Foríler a obfervé la méme chofe fur les
momies du Mufeum Britannique. La momie du
cabinet de Sainte-Géneviéve a fourni la matiére
aux obfervations du célebre Rouelle; & nous
Ies avons confirmées de ncuveau fur cette méme
momie.
II eíl done évident qull faut reconnoítre le
Coton dans le byjfus des anciens ; & qull faat
¡e diílinguer auífi du byjfus des pinnes-marines ,
cette efpéce de foie que produifent des coquii-
lages bivalves dont. on fabrique des gants 6c
des bas á Palerme en Siciie.
B Y S T U S j, pere d’Hyppodamie , celle que
Pirthoiis époufa.
BYZANTIUM , en Thrace. BYZANTiaN.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRRR. en argent. ( Hunier. )
C. en bronze.
O. en or.
Leurs types ordinaires font ;
Neptune aífis ou debout , tenant Facroñolima
& le trident.
Un raifin.
Un dauphin.
Une proue de vaiiTeau.
Un trident avec un dauphin.
Devenue colonie romaine j cette vilIe a fáie
firapper des médailles impériales grecques > fous
Fautorité de fes archontes , ( au nombre def-
quels Trajan & Caracalla voulurent bien étre
compres ) , en Fhonneur d'Auguñe , de Caligula,
de Claude , de Trajan , d’Hadrien , d’Antonín ,
de Fauíline jeune , de Sabine , de Marc-Auréle ,
de Verus , de Lucille de Commode , de Crif-
pine , de Sévére ^ de Domna, de Caracalla , de
Plautille j de Géta , de Maorin , de Diaduménien,
d’Elagabale , de Soémias , de Moefa j d’AIexan-
dre Sévére , de Mamée , de Gordien , de Valé-
rien , de Gallien ^ de Salonine , de Trébonien-
Galie j de Volufien.
BYZAS j fondateur de Byzance. Mariette a
cru reconnoítre fa tete fur une pierre gravée du
Roí ( tom. 1. n. Sé. ). ÍI y a été conduit , fans
doute , par fa reffemblance avec la tete que Fon
voit fur quelques médailles de Byzance ( Haym.
Thef. Brit. tom. 1. p. JO. ) av'cc Finferiptioa
Byzac. Ce Byjas étoit fils de Neptune.
547
O N peut partager Ies C des monumens 8c des
chartres en quatre feries tres - nombreufes. La
premiére grande férie du C ^ eft formée de C
anguleux , tantót ferriblable au r grecj
á FL latine , tantót a un angle ouvert du cote
droit. C'eíl ce qui caraciérife fes trois premieres
fous-féries , dont Ies figures font fort anciennes ,
á quelques légéres exceptions prés.
Six perúes diviíions partagent la feconde grande
férie , compofée de C plus ou moins carrcs.
Leurs figures appartiennent prefque toutes au
moyen age : d'autres remontent á la haute an-
tiquité 5 la feconde 8c quelques - unes ne con-
■ viennent qúaux bas-tems. Voici leurs caraéteres
diíHnélifs : premiére fou-férie , C. tendant á fe
carrer ; feconde , carrés ; troifiéme , a montans
foiivent prolongés j quatriéme en F ; cinquieme,
á angles rentrans ou faillans vers le _milieu du
dos ; Cxiéme , prefque en polygones irréguders.
Les C diverfement arrondis j _ conñituent la
tróifiéme férie. Ses quatre premieres fou- fé-
ries s’ajuftent mieux avec les quatre premiers
íiécles qtfavec le moyen age ; .8c mieux encore
avec celüi-ci , qúavec les bas - tems. Premiére
■fous-férie , C ordinaires ; deuxiéme, contournés
ou renverfés ; troifiéme ^ plus hauts que larges ;
quatriéme , en G ; cinquiéme, en pointes., figne
de grande antiquité ^ fuppofé que ces poiníes
foienc confiantes ; íixiéme , inclinés vers la gau-
che ; feptiéme j terminés par des ^traits exce-
dens.j indices des quatre premiers ñecles.
'La quatriéme férie uniquement confacree^ au
got-hique , ne s’éléve pas au-deffus au douzieme
^éc!e', 8c defcend prefque jufqúau nótre :
■i'’. C coupé de haut en bas ; en forme dG
curfif; 3°. avec failües , ou angles rentrans Se
faillans ; 4°. fermé par une ligne. ( Nouvelle
Diplomatiaue. )
Le C a fouvent été mis dans les manufents
anciens a la place du P , par la négligence des
.copiftes. Les antiquaires 8c Ies philologues doi-
tvent fe reffouvenir de cette obfervation.
Le C tient la place du F fur quelques an-
ciennes médailies de la Sicile , 8c en particulier
fur des médailies de Géla , ou 1 on voit ceaqion
pour rEAOiQN, 8c ceaas pour feaas
De méme que les habirans de Gela , les Ro-
mains fe fervirent long-tems du C au-lieu du G.
Cet ufage fubfifia au moins jufqua la premiere
guerre punique ; car on en yoit les traces a la
colonne roítrale de Duilius , fur laquelle on lit
MACISTRATUS j LEGIONES , PPCNAKDO , SCC,
pour magifiratus , legiones , 8c pugnando. On lit
auííi OcüLNius pour Ogulniv.s fur les médailleS"
de ¡a familie Ogalnia. Aufone a confervé le fon-
venir de cet ancien ufage , ( Eidyl. de Utteris
/7. 21. ) j & il dit que le C faifoit jadis Ies fbnc-
tions du r des Grecs , gamma vice prius func-
tam. Plutarque ( Quafi. Rom. >'4. ) attribue Fin-
vention du G á Spurius-Carvilius.
Le C eft employé pour le K , fur une pierre
gravée que poíTédoit le comte de Carliíle ^ An-
glois. On y voit une tete de Médufe ^ avec le
nom du gravear Sófocles y écrit ainfi C£2cocah
Le barón de Stofeh qui l’a publiée dans fes'
pierres gravees avec les nom.s des graveurs , Pavoit
écrit mal-á-propos par un K ^ CíicoKAE.
Cet emploi du C pour le K., fut trés-ordi-
naire chez les Latins ; Se la caufe de cette ufur-
pation étoit Fidentité de prononciation : auífi
ceüe-ci fut- elle prolongée dans le moyen age.
Selon Maxime-Vidorin j il falloit employer le
K lorfqu’il étoit fuivi de la voyelle A. Voila
pourquoi Fon écrivoit au nemñéme liécle Ka-
rolus plus fouvent que Carolas , que Fon voit
gravé plus fouvent au huitiéme fur les monnoies.
On étudioir alors les grammairiens avec ar-deur.
La décifion de quelques-uns d'entre-eux ^ fut
emibraffée par divers favans , préférablement .á
Fopinion de Prifeien , qúon n ayoic peut - étre
pas encore bien médité , ou qúon ne ¡ugeoit
pas devoir Femporter fur des auteurs plus an-
ciens que lui. II úeft done pas néceffaire d’avoir
lecours aux Ruñes ( comme Font fait quelques
écrivains ) , pour nous apprendre ce qui portott
alors les peuples venus du Nord , á fe fervúr du
K plutót que du C. Si cela étoit j on ne com-
prendroit pas pourquoi FAngleterre , plus fepten-
trionale que la France , aurok retenu 1 ufage du
C 5 tandis que le K auroit été employé par les
Francois comme par les Suédois. {Thefaurus
Nummorum Sueco-Gotkicorum ftudio Elis. Brenneri
Stockolm, 1731 7t-4'’- )• Au refte, Fépoque de
es cHsn^ctnsnt pss prscirsrncnt sttsc-iss 3.
Fempire^de Charlemagne. Depuis cette époque
on ne renonqa pas entierement a 1 uiage du C
devam la , pas méme dans les monogrammes ;
feulement le K prit fayeur dans les diplóm^
Se fur les monnoies , ou le C ne parut p.us k
fréauemment. ( Nov-vdle Dzplomaüque. ) ^
Le C a pris fouvent dans les manufents latins
la place du Q , á caufe de la reíTemblance qiH
exiftoit dans leurs prononciations. On y volt
cocas pour coqaus , cotidie pour auotidie , cas
Z z z i;
54“ C
pour quas , coqiíc pour quoque , com .quom ¡
tuando ^ pour quando. Les marbres porrent fou-
vent cointus pour quiraus y & on lit dans les
Pandeóles de Florence coipe pour quippe.
Les infcriptions nous font voir quelquefois le
C employé pour TS j CatulUi pour Satulln ^ co-
ttra pour fotera ¡ 3c rédproquement -áfie pour
Acíe.
11 faut obferver encore foigneufement une
faüte des anciens copiftes qui mettoienr le C á
la place du T. Cell ainfi qu'un manufcrit de
Capítol in ( in Mjximzn. c. 2. ) appelle Ticas un
homme qui fenommoitvraifemblablement Titas ;
& les premieres éditians de Trebellius-Pollion
^ Trigina Tyrann. c. JZ.) portent acrocolicam fla-
tuam pour acrocoliiam.
C déíigHok dans les faftes & dans les ealen-
driers , Jes feuls jours oii il étoit permis d aíTem-
bler Ies comices,
C défigaoit dant rarithmétiqae le nombre
cent. Que-lques grammairiens ont aíTuré quil
íigniñoit cent-mille , lorfqu’on le furmontoit
d’une ligne droire ; mais ils n*en ont point donné
-d^exemple tiré des anciens monumens.
cette marque, ou le C reto timé , déíignoit
’Caia fur Ies marbres , & il déíignoit dans les
Tiombres la ficilique-
CC déíignoit deiix cent mitle , CCC trois cent
.mille j &c. Pline ( lib .vi. 22. ) nous en fournit
un exemple : Appofitum , dit-il ^ oppido Talefi-
mundo , emnium iki clarijjlma ac regia C C
pltbis.
Lorfque les juges avoient á prononcer fur íe
fort d'un accufé ^ on leur donnoit trois teííeres ,
fur lefqiielles étoient gravees la lectre A initiale
á’abfolvo y y abfaus ; la lettre C , initiale de con-
demno , je condamne > & les lettres N. L. ini-
tiales des mo-ts non liquet y Vaffaire n 'fji pos ajfei^
éclaircie. Les juges donnoient leurs opinions en
jetant dans une urne celle des trois teíTeres qui
cxprimoit leur fentiment. De-lá vint que la lettre
-C fue appelée httre trifie y litttra trifii ( Cicer.
p. Irlilone , c. 6. j
Quant á la prononciation du C chez les Ro-
mains ^ il paroit qu’elle a toujoars été forte &
analogue á celle du K j. qa’il remplacoit fouvenc.
Lious Tavons confervée entiére dans les fyllabes
ca y co 3c cu ¡ 3c nous Lavons adoucie mal-á-
propos dans les deux autres ce 3c ci. 11 eft cer-
tain que les Romains prononcoient KE , & non
pas CE. C’eñ de-lá en effet que vient le fel d’un
jeu de mot de Cicerón , qui plaidant centre un
homme qui avoit été cuiíinier , lui reprochok
cette profeííion en luí difant, ego quoque tibijure
favebo. On prononqoit 'alors qoque comme 'koke,
& coce ( cufinier ) auffi comme kohe ; & l’on
i on fast de plus que jas , juris eft equivoque 5
car il íigxuifie droii & faujfe. Si Ton eiir prononcé
til! tems de Cicéron coce , hoce , comme nous le
íail^ j ¡a premiére equivoque n’auroit pu fab~
C A B
ññer y Se par con.'equent ríen n’auroit pu déte»,
miner celle du mo: Jure. D^ailleurs Spon ( Voyacg
de Grece y pan. 3. p. 40. ) a rapporté une'inf.
cription qu’il croic avoir été gravée dans le qua-
triéme íiécle , furlaquelle on lit cheionio pour
cEioNio , comme prononcent les Italiens tno-
dernes ;
CHEIONIO CONTUCIO V. C. OB
EGREGIA PACTA ET RARUM
VETERIS SANCTITATIS EXEM
BEAR , Sec.
CAANTHUS j frére de Méüe. V. Mélie.
CAB , cabba y cabus , campfacés , capitha ,
mefure de capacité des foiides , en Aíie &: en
Egvpte 5 elle valoit en mefures de France j
de boiífeau 5 elle valoit en mefures anciennes des
mémics pays i | mares , ou 2 chénices ^ ou
4 log , ou 8 hémines.
Cab chila j gerra , campfacés , mefure de
capacité pour les foiides de f Aíie 8c de f Egypte.
Elle valoit en mefure de France une pinte &
; elle valoit en mefures anciennes des mémes
pays j, I f mares , ou 2 chénices 3 ou 4 log ,
ou 8 mines.
CABALLÍNUS 3 furnom de rHippocréne,
fontaine de Tllélicon. Hlppocréne.
GABAN E. Ün des jeux fa voris des enfans &
des payfans de Rome 3 étoit de batir des ca-
banes. Horace & Tibulle en font aiention. Le
prenaier rí. 5. 247. ) :
Mdipcare cafas^ , plauftello jungere mures.
Et le fecond ( il. i. 23. ) t
Turbaque vernarum fkíuri lona figna coloni
Ludet y & ex virgis etifiruet arte cafas.
La cahane de Fauñulus fubfifta long-tems au
milieu des édiíices forr.ptueux qui décorérent la
ville de Rome 3 fur la fin de la république. Elle
étoit placee au-deífus des comices , auprés de la
Grccofiajis 8c du íiguier ruminal. Marliani {Topog..
¡irh. Rom. il. 17. ) crok que Plutarque déiigne
fon emplacement fous le nom de Germalus^
Cétolent peut-étre les mémes ruines que eelles de
Ja cábeme de Romulus.
La cabane de Romulus n*étoit pas fur le
eapitole , comme I’ont écrit quelques auteurs.
Denys d'Halycarnaffe dit expreííement ( üb.
qu'^eíle étoit lituée fur le Mont Paiatin , du- cote
du grand cirque. C'étoit peut-étre la cabane ha-
bí tée autrefois parces deux fréres , qui 3 de
íimples bergers 3 devinrent les chefs d^une ville
& d'une peuplade célebres. li y en avoit une
pareiile au eapitole., que la fuperñítion ccíifs**
C A B
volt dans fa ílmpliciré , & que Ton réparait
avec íbin , lorfque le tems luí íaifoi: itnnr fes
ravages; mais fans ríen changer á fon anrique
fimplické. Elle fue confumée du tems d’Auguíiej
par les ñammes d’un facriñee que Fon y oírfoit.
C'eíl de cette feconde cabane qu’a parlé Ovide
{Faft. iil. 185. ) :
Qus. fuerit nojiri Ji qu&ris regia nati ,
Afpzce de canná ftraminibufque domiim.
E eft certain que cette cabane n’avoit pu fervir
dTiabitation á Rotnulus , puifque le capitole ue
fui point renfermé dans Rome avant Tatius.
CABARET. Ríen ne prouve mieux combien
Herculanum étoit grand 8e: peuplé , que les
neuf cents maifons publiques de cette vilte , oú
Ton donnoit á boire & á manger : une infeription
BOUS a confervé la publication du bail d'une de
ces maifons , que nous nommerions aujourd’hui
cabarets. La ville qui renfermoit ces neuf cents
cabarets , &c que la plupart des anciens écrivains
appellent Herculanum , eft nommée par Pétrone
HercuHs Porticum ( c. 106. ) } & c’eft de-lá que
lui vient fon nom moderne de Portici.
Cette infeription étoit placee fur la muraille
d'une maifon d'oú elle a été détachée j & portée
dans le cabinet des tableaux antiques á Portici.
C’eft proprement une aíEche pour la location de
bains & d'epdroits oü Ton donnoit á boire &
á manger : elle eft unique dans fon genre :
In praedIs iuliae sp. f. eelicis
tOCANTüR
BAINEüM venerium ET NONGENTüM
TABERNAS
PERGULAE
CAENACULA EX IDIBUS AUG. PRIMIS. IN. IDUS.
AUG. SEXTAS
ANNOS CONTINUOS QUINQUE
S. Q. D. E. E. N. C.
A. suettiuM veruM. AED,
On apper^oit aifément qu’il y avoir^ eu pré-
cédemment fur le mur une autre infeription en
eculeur noire, qui étoit, felón Ies apparences ,
íaffiche d’un autre bail , & fur laquelle 1 inf-
eription qu’on vient de lire , a été écrite depuis
en couleur rouge. Winkelmann qui l’a publiée ,
n’a donné la forme exacle que de quelques ;
lettres de cette infeription , ayant été obligé de i
l'écrire a la dérobée > car il n’eít permis á
perfonne d’en prendre copie. Les lettres fepa-
rées par des pcints dans la neuviéme ligne ,
étoient fans dóute une formule coniJUC alors j
®lles pouriqient s’expliquer ainfi ;
Sz quis dotn¿narr. loci ejus non coghoverit ^
Adeat Suettium Verum , sÁilem.
j , c< s li y avoit quelqu un qui ne con-
^ nut pas la propriétaire de ce lieu' ou de ce
” bam , il pourroit s’adreíTer á l’édile Suettius-
o ^ ” La propriétaire fe nommoir Julia ,
& fon pere Spurius-Felix. Les baux chez les
anciens Romaius, étoient ordinairement faits
comme parmi nous , pour un certain nombre
d années ; celui-ci eft pour cinq ans.
CABARNE, prétre de Céres , dans Tille de
Paros. C'étoit , dit-on , le nom de celui qui
apprit á Cérés Tenlévement de fa filie Proferpiiíe.
CABASI , dans TEgypte. kabacitíin.
Cette ville a fait frapper des médaiiles im-
périales grecques en Thonneur d’Hadrien.
CAB ATORES de via facra. Gruter (622. 1,-
Thef. infer. ) rapporte Tinfeription fuivante , dass
laquelle on lit cabatores pour cavatores , fyno-
aime de coelatores.
D. M.
DECIMIORUM. FAUSTI
ET. FORTUNATE CABATORES
DE. VIA. SACRA. FECERUNT
siBi. eT. libertis. Liberta
BUSQUE POSTERISQUE.
CABBA j mefure de capacité de TAfie & de
TEgypte. V oyet^ Cab.
CABELLIO , dans les Gaules. Col. Cabe,
Les médaiiles de cette ville font;
RR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
C’eft aujourd'hui CavAielon.
CABINET d’antiquités , ou Mufeum. Yoici
Tarrangement qui paroít le plus commode pour
faciliter aux fpeéfateurs & aux curieux la con-
noilTance des antiquités. ( Les médaiiles & les
pierres gravées font une clafíe particuliére , dont
la diftribution fe trouvera á leurs articles ref-
peélifs. )
Premiére clafíe , antiquités égyptiennes ; deu-
xiéme clafíe , antiquités grecques ; troifiéme
clafíe j antiquités étrufques ; quatriéme clafíe ,
antiquités romaines ; cinquiéme clafíe , antíqiri-
tés eceléfiaftiques } fixiéme clafíe , antiquités da
moyen age j feptiéme clafíe , antiquités des
Barbares. Nous n’indiqaons pas Ies fubdivifions
de ces clafíes ; parce qu’elles doivent ctre rela-
tives au local & fubordoiinées aux diftributions
des falles que le cabinet oceupera. Le cabinet de
Sainte-Géneviéve oífre journellement au public
cette claíEfication pour les antiquités; & le ezt-
binet du roi , cui eft jeint á fa bibliothéque ,
eft un beau modéle d’arrangement pour les rné-
d^les, Fuifíe h nvenificence dn prince feije
j'jo C A B
un modéle auffi précieux pour la diílribution de
fes antiquités ! , „ ^ , j
Lorfque la diílribution des falles empechera de
fe conformer avec précilion a fordre que nous
venons d'indiquer on pourra du moins expofer
dans la principale un tablean qui offrira aux
fpeélateurs & qui leur donnera les points de
ralliement.
CABIRA, dans le Pont cappadocien. kabhpqn.
Les médaiiles a.utonomes de cette ville font:
RRRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
Son type eít l’Egide.
CABIRE^ Elle de Protée , futaiméede Vul-
cain , qui la rendir mere des Cahires & des
nymphes Cabirides , felón Strabon ( uh. lo. )
CABIRES. Les dieux cahires étoient originai-
rernent Syriens ou Phéniciens 5 & tout ce qu on
fait de leur origine & de leurs aólions j fe reduit
au peu qui en eft dit dans le fragment de San-
choniathon ^ rapporté par Eusébe ; favoir , « que
les Diofcures , appelés Cahires , Coryhantes &
« Samotkraces , avoient été engendres par Sydyk
M ( Sydyk étoic Júpiter fuivant Bochart Se Noé
M fuivant quelqiies autres ) j qu ils trouverent les
5. premiers Part de batir des navíres , & que du
» tems de Crono ( Cronos eíl le Saturne de la
» fable ) leurs defcendans naviguant fur la mer
» avec des radeaux des vaiffeaux qu ils avoient
» conílruits , échouérent fous le mont Caíius ,
>1 oú ils confacrérent un temple. Dans un autre
» endroit il eft rapporté que Cronos donna la
«ville de Béryte á. Neptune & aux Cahires.^
lí y a tout lieu de juger qu’ils furent déifiés
enfuite par les Phéniciens , comroe Pont été
prefque íous les hommes qui dans les premiers
tems s'étoient diftingués , foit par de grandes ac-
tions, foit par Pinvention des arts útiles au genre
humain ; Pon conqoit aifém.ent que les _na-
vigateurs qui pafsérent les premiers de Phenicie
en ’Gréce , y introduifirent le cuite qu’iis ren-
doient fans doute aux Cahires , comme auteurs
de la navigation.
Leur cuite lut établi premiérement dans 1 ifie
de Samothrace , oú vraifemblablement ces navi-
gateurs Péniciens abordérent avant que de paífer
dans le continent. Mais quoiquon pe facha
point en quoi ce cuite coníiñoit primbrdialementj ■
ii y a toute apparence que Ies Grecs j qui ne
vouloient ríen devoir aux étrangers , y Srent des
changemens & y ajoutérent Ies myfteres dont les
hiftoriens font fouvent mentjon. Én recevant le
caite des Cahires , ils en usérent á leur égard
comme ils firent á Pégard de prefque^ tous ks
dieux qui leur étoient venas de Phénicie ou
d'Egypte. lis affeélerent de fe Ies rendre propreSj
foit en changeant leurs noms , foit en déguifant
leur or^ine. Ils leur forgérent , pour cet pífete
C A B
des généalogies différentes , par lefquelles
paroiíloir qu ils étoient nés chez eux. De touS
Ies dieux qu ils adoptérent de cette facón ^ il
n'y en a point á qui ils ayent donné autanr de
peres & de metes , ni autant de noms différens ,
quhls en ont donné aux Cahires. Suivant quel-
ques-uns des auteurs qui ont fait mention de ces
dieux, ils étoient fiis de Júpiter Se de Calliope.
On les fait auíll fils de Júpiter Se d'Eledre , Se
encore fils de Júpiter Se de Léda. D'autrcs met-
tent Júpiter lui-méme Se Bacchus au nombre'des
Cahires , Se d^autres les difent fils du Soleil Se
de Minerve, D’autres encore leur donnent pour
mere la Nymphe Cabira , filie de Prothée ; Se
pour pére, Vulcain ; Se Pon croit que ckíi un
de leurs fils qui eft repréfenté fur des médaiiles
de TheíTalonique , avec le nom de cabeipoc : il
y tient d’une main un m.arteau , de méme que
Vulcain eft repréfenté fur iesmonumens anciens.
Se il eft habilié comme luí avec un bonnet fur
la tete. Le cuite de V ulcain Se de fes fils étok
établi pareillement en Egypte , dans les ifies de
Lemnos , dlmbros , Se ailleurs , oú ils étoient
honores fous le nom de Cahires , pour avoií
trouvé le fer Se Part de le travailler.
Quelques auteurs prérendoient que le nom
générique de Cahires , prov'enoít de celui de la
Nymphe Cabira ; Se d’autres , du mont Cabirus^,
qui étoit en Phrygie. On le faifoit auííi aeriver
du mot calar OU cahir , qui en hebreu & en
phéüicien ^%míic-grani , fon , paijfara ; a
Cahires furetit appelés grands dieux , du maguí.
Quant aux noms particuliets que les Grecs .eur
avoient dqnnés -, ceuxdontil eft le plus fouvent
fait mention , font Caflor Se Pollux , fils de Jú-
piter Se de Leda. On en nom.me deux autres ,
Jafion. Se Tiardanus , fils de Júpiter Se d Elec-
tre ; deux autres encore , Alcon Se Eunmeion ,
fils de Vulcain Se de Cabira , auxqiiels on^donne
áuífi pour fils Camillus ou Cadmillus, ceít-a-
dire , Mercure. Suivant Cicéron , trois autres ap-
pelés Tritopatreus, Eubuleus Se Dior.yjias, eto^C!^
fiis de Júpiter Se de Proferpme. Mnafeas j^auteur
Phénicien, qui, fuivant Jofeph , avoit en
fa langue Phiftoire de Phémcie ) , en a
porté trois ; favoir, Axiáros , Axiockerfa Se xi
cherfos. Suivant Dionyíiodore , Axieros
Cérés ; Axiocherfa , Proferpme ; Se Axioc- 5
Pluton ; mais fuivant Fourmont (dans
flexions critiques fur les anciens peuples) , ax
eft Júpiter; Axiocherfos , Pluton ; Se Axtoc. er 3
■Proferpine ; ce qu il prétend montrer par * ^
catión qudl donne de ces trois noms en c
oa en phénicien, , .
II eft dit dans le fragment de ü,.»
que les Cahires , fils de Sydyk, étoient ^
de fept. II y avoit eu^ en Béotie une vi , .
¡es habitans portoier.t auííi le nom de
Un d’eux, aDpeié Promét-hée , ayant
chez lui , cettedéeffe luí laiíTa & á fon hls Ejneus,
C A B
tin dépót qui fendc de fondement aux myftéres
¿es Cabires. Paufanias qui raconte ceci y ajoure
des partícularités,qui font juger que ces hommes,
appelés j éroient miniitres des dieiix dont
ils avoient pris le nom ; & qu ainíi Ies miniftres
des Cabires étoient appelés Cabires comme eux.
Strabon dit la méme chofe á-peu-prés. Ce n eíl
pas teut : pluíieurs des anciens auteurs ont con-
fonda Ies Cabires avec les Curétes , les Cory-
bantes , les Dachdas Idéens ^ les Telchiniens ,
& méme avec les dieux penates. Ils prétendoient
que les unsSe lesautres étoient les memes divinités.
II ne régne pas moins de confulion dans ce
qui concerne les myftéres de ces dieux. Tout ce
qui les regardoit écoit myñique, jufqu'á lears
noms j fuivant Strabon. Héroáote rapporte qudis
avoient un temple en Egypte , oü les prétres feuls
avoient la permiffion d’entrer ; Paufanias dit que
leurs myftéres tfétoient connus que de ceux qui
y étoient initiés , & qu’on ne pouvoit les divul-
guer fans s'expofer aux plus grands malheurs. II
en cite des exemples qu'il eft inutile de rapporter.
Suivant cet auteur^ Ies myftéres de Qtths-Cabi-
ria en Béotie , étoient les memes que ceux des
Cabires en Samothrace. Si les initiés obfervoient
avec tant de foin de n’en point parler , c’étoit
fans douce moins par la crainte d"en étre punís ^
que parce que ces myftéres étoient infames , fe-
lón le récit qu’en fait Clémenr d’Alexandrie ^
en parlant du cuite des Cabires chez les Etruf-
ques.
Comment Caftor Se Pollux j qui étoient des
dieux grecs , ont-ils pu étre appelés dieux Ca-
bires Syriens fur quelques médailles greeques de
Marc-Auréle & de Lucius-Vérus Si Pon trou-
voit dans ce qui nous refte d’écrits & de monu-
meas anciens j quelque indice qui pút faire ju-
ger que les Phéniciens euíTent repréfenté les
dieux Cabires fiis de Sydyk , ou leurs delcen-
dans , á-peu-prés comme le font ceux auxquels
les Grecs ont donné le nom de Caftor & Pol-
lux ; ces médailles ne cauferoient aucune diíS-
culté. On feroit fondé á croire que les Grecs,
en recevant des Phéniciens le cuite de leurs dieux
Cabires , les auroient fait repréfenter de la méme
fapon , en leur donnant feulement , pour fe les
approprier , des noms Grecs , & pour peres des
dieux originaires de leur pays. Mais le fragment
deSanchoniathon , qui eft le feul monumenr de la
haute antiquité ou il foit fait mention ues
Cabires , ne contient rien qui puifte taire juger-
de la figure fous laquelle les Phénic:ens ppu-
voient Ies avoir repréfentés avant leur premiere
navigation en Grécej & piiifque dans Jes tems
fuivans ils les ont fait repréfenter fur leurs mon-
uoies á á la maniére des Grecs , il y a Heu de
préfumer qu’aprés leur avoir porté le cuite de
ces dieux,* ils ont enfuite emprunté d'eux la fi-
gure & les fymboles que les Grecs leur avoient
attribués , fáns cepcndant reconnoitre d’autres
C A B 551
difius Cabires cue ceux qui étoierit' Syriens ou
Pr.L'.'ucisns d'’ori''!r,í.
Cttte prefomption ne parcítra pas fans fon-
dement, li Pon teit atrentioii á Pooinion qu’ils
devoient avoir recite de Caftor & Poil-ux , par la
célébrite qu iIs avoient acquife comme dieux
auteurs & protecteurs de la navigation, & par
le cuite que leur rendoient non - feiSement les
nayigateurs, mais auiTi les.habitans des lieux ma-
ritimes. Ils nfignoroient pas fans doute les attri-
buts qui leur étoient donnés. On les avoit mis au
nombre des añres, & leurs conftellarions fervoient
á diriger la roure des navires : elles étoient ap-
peiées étoiles falutaires. On ne fail'oir point de
voyage par mer , fans les invoquer auparavanc.
Quand on fe troiivoit en danger , on formoit
des voeux en leur adreíTant de nouveües priéres ;
& Pon fe croyoit hors de péril , lorfqu une de
ces étoiles venoit á paroítre. C'eft de-Iá qu’ils
étoient repréfentés ordinairement fur les mé-
dailles , chacun avec une éroile au-deíTus de la
tete. Ils étoient auííi repréfentés fiir les navires
par de petites figures qu'on attachoit áJaproue
ou á lapoupe, & alors iís étoient mis au rang
des dieux pateeques mais de ce bas-rang o'u ils
étoient placés en ces occafions, on les elevóle
en d’autres au plus haut 5 c’eft - á - dire , á
celui des grands dieux. C’eft ainfi qu’ils étoient
appelés , fuivant plafieurs auteurs dont le tér
moignage, á cet égard , eft confirmé par des
inferiptions latines & grecques. On trouve cas-
TORi EX POLLUCi Diis MAGNis dans les unes ,
& eEGN METAAnN AI02KYPÍ2N dans les aucres.
Le nom de Diofiures eft celui qu’on leur don-
noit le plus communément 5 de forte qu’il leur
étoit devenu propre, comme s’iis avoient été feuls
fiis de Júpiter.
Tous ces attributs, qui leur étoient donnés
par les Grecs , s’accordoient avec Ies idees que
les Phéniciens avoient de leurs Cabires , qui ,
fuivant Sanchoniathon , avoient trouvé Part de
conftruire des vaiífeaux , & navigaé les pre-
miers á la mer; & en admettant que dans íes
anciens tems ils n’avoient repréfenté ces dieux
fous aucune image , comme on peut le penfer ,
il ne paroitra pas extraordinaire qu ils ayent adopté
la fig-ure qui étoit donnée aux Dioícures par les
Grecs. Mais pour ne pas laiiTer croire qa’ils Ies
reconnoiíToient & honoroient comme dieux ori-
ginaires des Grecs , ils eurent foin de marquer
fur plufieurs de leurs monnoies , oyae c’étoienc
leurs dieux Cabires-Syriens qui y etoienr repre-
fentés. Telles font les médailles citées plus haut.
Ce font les feules que Pon connoiíTe , oú il foit
fait mention des Cabires - Syriens. Qn ne peut
douter que ce ne foit au£G comme teis que Caftor
& Pollux font repréfentés fur plufieurs autres
médailles phéniciennes , qui, avec ce type, con-
tiennent feulement k nom des vilies qui les ont
fait frapper.
5J1 C A B
Comprenók-on des déeífes fous le nom géné-
rique Cabires ? La réponfe á cetre queftion le'
trouve en partie dans ce qai a été dit ci-devant
au fujet des Cabires nommés Axiéros , Axiochtrfa
& Axiockerfos ; fous lefquels noms Ies uns re-
connoiíTenr Cérés , Proferpine & Plucon y & les
autres , Júpiter , Pluton & Proferpine. II a été
auffi fait mention de Qh&s-Cabiría , dont le cuite
étoit particuüérement étab'li en Béotie , & ac-
compagaé de myftéres femblables á ceux des
Cabires Samothraciens. La Nymphe Cabira , filie
de Prothée , avoit eu de Vulcain , outre les
trois Cabires appelés Alcon , Eurymédon Sí Cad-
millus Olí Mercare , trois filies qui ne font pas
nommées autrement que Cabirides , auxqueíles
on oíFroit des facrifices dans l’iíle de Lemnos ,
comme á des divinités fuivant Strabon. li n'eft
pas befoin d"en dire davantage pour montrer
que Ton comprenoit des déeíTes fous le nom de
Cabires , Sí pour faire voir en méme-tems com-
bien les idees que les anciens peuples avoient
de ces dieux , étoient confufes. Ce n’étoit qu’un
nom appellatif i fous lequel ils comprenoient des
divinités de tout fexe , de rout age , de tout
ordre & de tout étage , céleftes , terreftes , ma-
ritimes , infernales , auxqueíles on donnoit diífé-
rens attributs ; car, indépendamment des Cabires,
qui , comme on Pa ci-devant remarqué , étoient
réputés inventeurs de la navigation , on attri-
buoit auffi aux uns Tinvention du fer , aux au-
tres l’invention des loix , des lettres Sí de l’écti-
ture ; Sí á d’autres encore , Pinvention des en-
chantemens , de Pufage des plantes , Síc. Le
cuite qui leur étoit renda en différents lieux ,
étoit relatif á ces diftérens attributs.
Pour ce qui eft de la ville qui a fait frapper
les médailles citées plus haut , dont les unes
repréfentent Caílor Sí Pollux , Sí les autres des
empereurs , des impératrices & leiirs enfans fous
le nom de Cabires-Syriens , il ferableroit d'abord
que ce devoit erre la vÜIe de Béryte , par les
raifons fuivautes. Etienne de Byzance rapporte
qu’elle avoit été bátie par Saturne ; & felón le
fragment de Sanchoniathon , Saturne Pavoit don-
née á Néptune Sí aux Cabires. Leur cuite y étoit
établi ; & Pon en a plufieurs médailles autono-
mes 5 dont les unes repréfeEtent la tete de Caílor
avec fon bonnet furmonté d’une étoile , Sí dont
les autres portent le fymbole des Diofcures-^
c’efi-a-dire , deux bonnets avec une étoile au-
deíTus de chacun. Cependant d^autres raifons
etnpéchenr de ¡ui attribuer celles dont il eft ici
queftion. Cette ville fut faite colonie par Jules-
Céfar ; Sí depiiis ce tems-lá , routes les médailles
qui y ont été frappées en grande quantité , ont
des iégendes latines. On n’en trouve aucune im-
periale ayec des Iégendes grecques : on en a
méitie une autonome latine. II fteíl pas vraifem-
bíable que pendant qfteíle faifoit frapper en cette
langue des médailles pour tous les empereurs , Sí í
C A B
partículíerement pour Antonin , dont plufieurs fe
trouvenc parmi celles des colonies, elle en ait fajr
frapper d'autres avec des Iégendes grecques pour le
mémeempereur. 11 y a tout lieu de juger que celles-
ci appartiennent á iá ville de Tripolis en Phéni-
cie , tant par rapport á leur fabrique Sí au paj.
mi'er qui s'y trouve repréfenté , ainfí que fur
d’aiitres médailles de cette ville , Sí non fur
ceile de Béryte, que par rapport au type des Diof-
cures j que contiennenr prefque toutes les mé-
dadles qui y ont été frappées depuis Augufte
jiifqu’á Eiagabale. Parmi ces médailles grecques
imperiales de Tripolis , il y en a fiir-tout beau-
coup d'Antonin ; ce qui a fait dire á Vaillant
que c'étoit une marque que les Tripolitains en
avoient requ des bienfaits. Les médailles préfentes
forrifient la conjedure de cet anuquaire , en ce
qifeiies font voir que Ies Tripolitains avoient
porté la reconnoiffance jufqifá regarder Sí ho-
norer cet empereur Sí tous ceux de fa familie ,
comme leurs dieux Cabires. Au furplus, il eft
probable que Tripolis avoit em.prunté leur cuite
de la ville de Béryte , dont elle n'étoit pas
éloignée ; mais fans cela , il devoit s y étre intrp-
duit par fes propres habitans puifque cette ville
maritime ou il fe faifoit un grand commerce ,
comme il s’y en fait encore préfentement , devoit
étre peuplée de négocians Sí de gens de mer ,
qui tous avoient ces dieux en finguliére véné-
ration. Ies regardant comme leurs co'ndudeurs
Sí leurs fauveurs dans le cours de leurs navi-
gations.
Cet anide efi de Pellerln. ( Mélange de médail-
les , tome I. p. 82. ).
La plupart des princes alloient a Samothrace fe
faire initier aux myftéres redoutables de ces grandes
vinités. Cadmus, Orphée, Hercule , Caílor Sí
Poilux , ülyíTe Se les autres héros de la guerre
de Troye ; Phiiippe , pére d'-4lexandre , Sí beau-
coup d’autres ont fait ce voyage ; Se ce qui les
y portoit , c^eft qu outre qfton croyoit recevoir
des dieux Cabires ie. grandsfecoursdans les expe»
ditions dangereufes , fur-tout dans les temperes ,
on voyoit que les peuples portoient un grana
refpeél á ceux qui avoient participé á ces ni^
teres. Ces myftéres étoient fort refpeñables , Sí
on avoit grand foin de ne point les^ revéler : les
auteurs mémes qui en ont fait mention , retenus
par je fais quel refpeét religieux , n'ofent ^ttrer
dans aucun détail fur les myftéres de Samotnrace-
Les prétres fe fervoient auffi d’une langue qui
leur étoit particuliére , pour n’étre pas ente.i us
du peuple. Les Corybantes étoient les m.ini Uv
de ces myftéres , non-feulement á Lemnos Sí
Imbros , mais encore dans toute la Pnrygie.
CABIRIA, furnom de Cérés , qui étoit la pre-
miére des divinités Cabires : elle ayoit un o
facré, fous ce nom , daos la Béotie,
C.^BIRíDE^-í
C A C
CABIRIDES , iSymphcs , filies de Vulcain Se-
de Caoire.
CABíRíES 5 fétes inilituées en Thonneur des
Cabires : elles fe cclébrérent d’abord i Lemnos ,
fiirent enüiice adoptées par les habitar, s des iíles
de Samothrace d’Imbros ; & pafséreat de-lá
dans -la Grece , á Athénes , mais fur - tout á
Thébes 5 oú elles devinrent célebres. Les initia-
lions aux mvftéres des Cabires , fe pratiquoient
en plaigant le profélyte couronné d’olivier , &
ceinc d’une echarpe de pourprc , fur un troné
autour duquel les prétres formoient diverfes dan-
fes. On appoloit cette cérémonie B-fétus-ig &
, z¡itrorLÍfa(ion,
CABOCHON. On appelle cahochon une pierre
précieufe qui eft finiplement polie fur fa furfacej
fans facettes. Les reliquaires anciens en font
ornes avec profufion j & Ton peut croire que
c'étoit la forme la plus ordinaire que les anciens
donmíTent aux pierres précieufes. Les Orientaux
uiLent encore ie rubis en cahochon.
CABOTAGE , navigation qui fe fait le long
des cotes , par oppofition á la navigation de la
hiute mer. On a cru fauíTement que les anciens
ne pratiquoient que le cahotage i car il y a grande
apparence q'ue les Carthaginois fe font eleves
dans l'Océan á une hauteur relie qufils n'aur; ient
pu ie faire fans perdre les cotes de vue. Si Ies
Egvptiens ont doublé le Cap de Bonne-Efpérance
fous le regne de Ptolémée-Phíladelphe} qui pourra
encore refufer aux anciens la navigation en haute-
mer ?
CABRES , ou Caprüs , dieu particulier qu’pn
honoroit a Phaféiis > yille de Pauiphilié ^ & á
qui on ofFroit des petits poiíTons falés en facri-
fíce. De-lá vint que Pon appsla proverbialement
du poiiTon falé , un facrifice de Pkafélites.
CABÜS. Voyez Cab.
CACA j foeur dii fameux Cacus fut mife au
rang des déeffes , parce qu’elie avoit averti Her-
cale du vol que fon frére avoit fait de fes boeufs.
Elle avoh un petit temple dans íequel des vef-
tales íu! oíFroient des facrifices , & entretenoient
un feu facré , comme dans le temple de Vefta.
f Servias , jEneii. viii. I9O. )
Les teíiamens des Romains
C A C H E T. X
^ CACHETER. f
étoient fceliés avec des feeaux que Ton appli-
quoic aprés quon avoit percé ces aéfes , Se
paifé trois fois par les trous le lin qui les en-
veloppoit. Cette maniere de fceller Ies teftamens
fiit ■ ■
ttablif
par le fénat du temps de Tempereur
Néron. Adversas falfarios , áit SuétonCj cañe pr¿-
cnum repercam ^ ne tabuls, nifi pertafs, , ac ter lino
per fo~ami:ia trajecro obfignarentur. EIle'paíTa en
German-e & dans Ies Gaules , ou elle fe maintint
£U moyen age , comme le font votr les formules
de Marcu'ife de Lindenbrcee. On écrivoit au-
dehors du teft:
ment -es ñoras
Asstiquius 1 Tome 1.
ceux qui y
C A C .553
sveient ap^fé leurs cacketsc^z reconnoiflance du
pteau étoir néceíTaire chez les anciens ^ comme
il paroit par Ies adres publics de Ravenne. Des
le tems de Plaute & de Cicéroiij on reconnoiíToit
le feeau appliqué fur le lin avant que de le rom-
pre.^ cognofee Jignam , dit le premier. Sur quoi
Tauoman rait cette remarque ; Linum fu.it vin~
cuLam qi¿o epifola oh Izgahatur y d? cui fgnizzn tp~
fum impojíCam impr ejfamque . ICec epifiolam aperire
fait y niji iílo folato. Inde zistOM istcmnKn
apad Cicer. & pajjiva valgataque pkrafsy solvbri
zpiSTOLAM. Tere aatem fgnum cam eo fraciam :
ideoqae jabebant fetnper ante apenionem figna
agnofez y fidei caufsá. Ita & Cicero in Catil. Os-
TENDt TABULAS L£NTULO,ET QUXSIVI COGttOS-
CERET-KE scGKUM ? L’ufagc de mettte le fcellc
fur Ies biens des défunts , étoir pratiqué chez les
Romains. Agrippine , mere de Néron , fit appo-
fer fes feeaux fur les effets d’une dame noinméc
Acerronie , pour fe les approprier.
Les Grecs & les Romains cacketoient de méme
leurs lettres. lis entouroient avec du fil les ta-
blettes de cire , au-dedans defqueiles elles étoient
écrites , Se ils imprimoient leurs cachets fur la
cire qui étoir appliquée extérieurement á ce fil.
Voyei Anneaux.
C ACULA. Les Romains appeloient de ce nom
Ies valets d’ armée , ou goujats. Ces merce-
naires n’étoient point enróiés dans la milice.
CACUNUS cJupiter). Ficoroni avoit donné
au mufeum du cqllége romain, une petite lame
de bronze y femblable á un talifmanj fur laquelic
on lifoit:
(o)
lons
CACüNUS_
Les antiquaires de Rome croyoient y voir un fur^
nom de Júpiter relatif aux fondiions animales de
rhomme ^ & analogue á fes autres . furnoi-ns
AnO.MTtIOS j DaPALIS , KATAIBATHS j PiSTOR ,
Tragcedus & Sterculius ou Stercutius.
Le pére Lupi , Sicüien „ célebre par fes écrits fur
Pantiquité y détruilit cette illufion ( Epitapki.
Seven. pag. 75. ) en lí.fiint lovi. s. c. ACUNUS :
C. Acunas a dédié ce monument á Júpiter.
CACUS , fils de V ulcain, monftre dsmi-homme,
étoit í dit Virgile, d"une taille énorme : fa boliche
vomifíbit des tourbülons de flamme. Des tetes
fanglantes étoient fans ceffe fufpendiies á la porte
de fa cáveme creufée dans le Mont - Aventin.
Hercule y aprés la défaite de Geryon , conduifir
fes troupeaux fur les bords da Tibre , & sen-
dormir pendant quhls paiíToient ; Caczis eut la
hardieíTe d’en volar huir. Pour ne pas erre dé-
couvert par les traces de leurs pas , il les trama,
á recaions par la queue dans 'fon antre. Hercule
554 C A D
fe difpofoít á quitter ces páturages ^ lorfque Ies
boeufs qui luí relloient , fe mirent -á mugir. Les
Taches renfermées dans la retraite de Cacus , leur
répondirent par des mugifíemens , & décelérent le
vol. Hercule fiirieux courut vers la cáveme ;
mais fouveture en étoit bpuchée avec un rocher
enorme, que des chaines de fer, forgées par
Vulcain , tenoient fufpendu. Le héros déracine
les rochers d'alentour , s'élance dans la cáveme
a travers les tourbillons de ñamme & de fiimée ,
que vomiífoit le monilre ; il le faJÍit, lui ferre
la gorge , & Tétrangle. En mémoire de cette vic-
toire , les habitans du Mont-Aventin célébrérent
tous les ans une féte en Thonneur d’Hercule.
Les poetes latins ont célébré á l’envi la de-
faite de Cacas..
CADAVRE. Les anciens croyoient que Ies
divinités ne pouvoient jeter lesycux fur un corps
mort , fans contradler une fouiilure.
On trouvera dans l’article Funérailles , les
détails des pratiques relatives aax corps morts ,
depuis le momenc du trepas jufqii’á celui de la fé-
pulture inclufivem.ent.
CADÍ , en Phrygie. KAAOHNÍ2N.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRR. en bronze.
O. en argent.
O. en or.
Cette vüle a fait frapper fous I’autorité de fes
Archontes, des médailles impériales grecques en
rhonneur de Clafide, de Domitia , de Gordien
Pie, de Tranquilline, de Valérien, de Philip'pe
fils , de Gallien.
CADTX (Médailles de). Fbyeif Gades.
CADMIE. Cette terre métallique , employée
par les Médecins grecs & romains , qui la tircient
des fourneaux oú ron fondoit les mines , & oú
elle s'a.ttachoit aux parois de ces fourneaux , eft
reconnue aujourd’hui pour la chaux du demi-mé-
tal appelé [inc. Elle accompagne toujours le fer,
fouvent Ies autres métaux 5 éc elle fe fublime pen-
dant leur fuíion.
CADMILUS , OU Cadméeus, oa Cadmüs.
C’tñ le nom que les Eéotiens donnoient á Mer-
cure , qa’ils comptoient au nombre des Cabires.
Mercure-Cadmilus étoit honoré dans Tifle de Les-
bos , oú il avoit rendu la nymphe Ufa mere du
fem.eux devin Frylis. Voye[ Cabires.
C ADMUS, fils d'Agénor, & frére dTurope.
Europe ayant été enievée par Júpiter & tranfpor-
íée en Créte , Agénorfon pére órdonna á fes trois
fils d aller chercher leur fceur , avec défenfes de
revenir á fa cour fans la remener. Cadmus , aprés
bien des courfes , ayant perdu Pefperance de la
trouyer, aHaconfu}terrorac]ed’'Apollon, qui luí
dít que , dans un champ défert , 11 trouveroit une
geniiTe qui n'avoit ptóint porté le joug =3 Suivez-Ia,
» ¿it Toracle, Se bátÜlez une ville dans ie patu-
C A D
» rage oú elle s’arrétera : vous donnerez á ce
=>’ pays le nom de Béotie ». A peine Cadmus
fut-il forti de Pantre d'Apollon # qif il vit la vache
déiignée par ce dieu. H'la fuivit; Sc aprés avoir
marché long-temps, la geniífe_ s'arréta. Cadmus
voulant- témoigner fa reconnoiífance aux dieus
par un facrifice , ordonna á fes compagnons de
puifer de Peau. lis allérent á une fontatne dont la
fource étoit dans une grotte qui fervoit de re-
traite au dragón de Mars. Ce monftre étoit cou-
vert d'écailles les plus dures ; il étoit d’une gran-
deur & d’une groífeur démefurées ; ie feu fortoit
de fes yeux > fon corps paroiífoit enflé du venia
qu’il renfermoit } fa gueule étoit arrnée de trois
rangs de dents & de trois langues aigués , qu’il
remuoit avec une rapidité incroyable, & dont les
blelfures donnoient la mort la plus prompte. Le
bruit que firent les compagnons de Cadmus en
puifaac de l’eau, revedla le dragón , qui les de-
vora. Surpris de ne les pas voir revenir , Cadmus
alia les chercher , & trouva le dragón qui fe re-
paiflait des relies de leurs cadavres : il le combattit,
& il le tua autanc par adreffe que par forcé. Tandis
que le héros coníidéroit la grandeur énorme du
ferpent qu’il avoit vaincu , il entendit une voix
qui lui difoit : ” Pourquoi , fils d’Agénor , con-
’’ temples-tu ainlí ce ferpent ? On te verra un
« jour fous la méme figure «. Alors Pallas , qui
le protégeoit , lui ordonna de femer les dents de
ce dragón. II obéit, & elles produiíirent une
náoifíbn de gens armes qui s’entretuérent tous
fur le champ , á Pexception de cinq , Edeus , ou
Udéus , Hypérénor , Pélore , Eclonius, &
Echion , qui devint gendre de Cadmus , en epou*
fant Agave. Ce dieu Ies adopta pour fes compa-
gnons j i!s lui aidérent a batir la ville que 1 ora-
ele lui avoit ordonné de fonder j 8c on la nomma
Sparte. V'oyez Ménecee. ^
La ville que Cadmus bátit fut nommee Tkehes .
mais pour accorder la fable , qui dit que jes rnurs
de Thébes furent élevés par Tharmonie de
d’Amphion , quelques auteurs ont écrit que Cad-
mus ne bátit qu’une citadelle nommée ’
& qu’il jeta fimplement les fondemens de Thebes.
Quand fa ville fut bátie , il époafa Hermsone ,
filie de Mars & de Vénus. Tous les dieux, JunM
feule exceptée , aííiílérent á ce mariage, qui ut
des plus heureux dans les commencemens. Ca..mus
fe voyoit gendre de deux des plus granices divini-
tés ; fon royaume étoit floriiTant_5 il^
& refpeélé de fes fujets : il étoit pere d un - ^
nommé Polydore, & de quatre filies no , . ga
véjAutonoé & Séméle. Mais Pimplacao.e Ju ^
ne put pas voir long-temps cette ^ '
tranquílle. Le premier chagrín quefe *
Cadmus , fut le malheur d’Aftéon , fils ^ Aut -
noé. Séméle fut enfuite tuée par _
Júpiter. Penthée, fils d’ Agave , r-
les Bacchantes , du nombre defcue.ics tto ^
propre mere. Ino enfin fe precipita dans a
C A D
arec fes enfsns= La maiíon da Poivdore na fat
pas piiss heareufe} car i¡ devint aieai de Laius
pére ü'GSdipe.
CadmiLs ne pouvant plus réíifter á la douleur
que luí caulbient tous ces défaftres ^ & cropant
qu’i! devoit les attribuer moins á fa perfonne,
qu’á Tendroit choiil pour fon établiiTement ,
abandonna fa vllle noiivelle ; & aprés avoir
erré iong - temps j il aborda dans rillyrie
avec Hermione fon époufe, qui Tavoic toujours
accompagné. Un jour qu üs s'entretenoient ¿es
calamites de leur maifon , Caámus - fe rappela le
dragón qu'il avoit rué. » N'étoit-il pas dit-il ,
» confacré á qnelque divinité ? N'eíl-ce pas lui qui
» nous a attiré toas les malheurs dont nous avons
» été affligés? Si les dieux vengeurs annoncent,
» par tous ces défaftres , qu’ils veulent me punir
» de ce crime , je les prie de me changer moi-
w méme en ferpent Sa priére fut exaiicée fur
le champ, Hermione voulut encore partager ie
fort de fon mari ^ & elle obtint la méme
grace.
On a dir atuTt que Cadmus ayant régné long-
temps avec fa chére Hermione , vit fe former
centre lui une conjuration. 11 fut chañe du troné;
& Penthée , fon perit-fils , ayant pris la coii-
ronne , il fut obiigé de fe retirer ^ avec fa femme
& fon fi!s Polydore;, en lllyriej oú il mena une
vie fort cichée. Apollodore prétend cependant
qu'il commanda ¡'armée des Illynens, qui le choi-
firenr enfuite pour leur roi. Polydore retourna
depuis á Thébes, ou il fuccéda á Penthée.
Si l’on confuiré daos Tarticle de Bacchus ,
l’explication des Dkjnyíiaques de Nonnus, écrite
par M. Dupuis de Lizieux j on y verra ce quftl
penfe de la fable de Cadmus.
GADOS , mefare grecque de capacité. Voye[
Kéramion.
CABRAN. L’article Gnomonique du Dic-
tionnaire des Mathématiques de cette.Encyclopé-
die j ne nous laiíTe que trés-peu de chofe á dire
fur les cadrans des anciens.
Vitruve , Cléoméde , Macrobe & Marcien Ca-
pella décrivent les cadrans foíaires éqainoxiaux ,
üont on fe fervoit en Egypte & par le moyen
defquels Eratofthéne mefura ou vérifia la mefure
de la terre. { Vitruv. Arckittci. lib. ix , cap. g...
Cleomed. de Meteorolog.... ^íacrob. in fom, Sezp.
lib. I. cap. 20.... Man. Ccpell. Vib. de Geometría.')
Ces cadrans étoient des hémifphéres concaves
du milieu defquels s'élevoit un ftyle perpendicu-
laire : il feroir ridicule de dire avec Appion ^
qu’on avoir place ces cadrans fur des obelifques
ou fur des colonnes au haut defquelles il eut fallu
monter avec des échelles poiir obferver la décli-
naifon de Tombre- Quoique les prérres de l’Egypte
employaíTent trés-fouvenr ces infirumens^ ils tai-
foient néanmoins plus de cas de leurs hydrofco-
pes Se des horloges d'eau.
II narcit que les Grecs ne connurent d’abord
que les cadrarzs équinoxiaux , apportés fans-doute
Egypte par les phiiofophes qui alloient y
puifer la connoiftance de ia fagefle & des arts.
E 5’^ p'* effet á un philofophe ^ Anaximandre , que
Diogéne Laerce (c. il.) íait hon.neur du premier
cadran que fon eút vu dans la Gréce , Se qu il fit
áLacédémone, pour indiquer les équinoxes^ Ies
folftices 5 & par ¡eur moye.n les faifoiis.
Les Romains ignorerent iong-temps les princi-
pes les plus limpies de la conftmction des ca-
drans ; car ils fe fervoienr encore en 304 d’un ca-
dran quhls avoient rapporté de Catane , quoiqu'il
eut été tracé pour la latkude de cette ville de
Sicile.
Les anciens plaqoient quelquefois les cadrans
fur des cippes ^ cu de petites colonnes. On trouva
en 1759 , dans le porc de Nettuno , Tancien An-
tiutn , un vafe d'argint ancique , fur lequeí on volt
un cadran piacé de méme Le P. Paciaudi a pu-
biié & expliqué ce beau monument dans fes Opera
Antiquaria.
On a découvert depuis á Pompeta un cadran de
marbre expliqué parle méme favant dans fes M.o-
numenta l'eloponnejtaca q les ¡ignes en font tracees
avec du cinabre.
CADUCEATOR. Les Romains déíignoient
par ce nom un hérault qui portoit toujours un
caducée pour marque de fa miífton. Quelques
écrivains ont vou’u diftinguer les caducéateurs
qui auroient porté feuls les propoíitíons de paix ,
des féciaux qui auroient declaré feuls la guerre
aux ennemis des Romains. Mais cette diftinclion
n'ett pas fondée & fon peut regarder les deux
noms de ces hérauhs comme de véritables fyno-
nymes.
CADUCÉE. C’eft une baguette autour de
laqueüe on voit deux ferpens entrelaces , fur-
montés de deux ailes. La fable dit que Mercure
ayant rencontré un jour deux couleuvres qui fe
battoient ^ il les fépara avec fa baguette. D'au-
tres difent que Rhéa j pour évirer Jes pourfuites
de Júpiter qui étoit amoureux d’elle , fe changea
en couleuvre .• le áieu fe métamorphofa auíTi en
ferpent ^ & Mercure les reunir. Sous cette forme,
le caducée eft le fymbole de Mercure , qui p.inoiv
pour le négociateúr des dieux auprés des hommes-
Avec cette ver.ge puiffaiite , Mercure conéuit les
ames aux eníers, ditVirgiIe, & quelquefois les
en fait fortir : il chaffe les vents & dnperfe Ies
nuages. Les deux ferpens du c^¿¡¿eée_marquent la
prudence > & les deux ailes , la dihgeñce. On
donne aaíTi quelquefois le caducée á Eacchus ,
parce qu ii avoit reconcilié Japirer avec Junon,
dans le temps de leurs querelles doinefttques. Ce
caducée eft fouvent remplacé dans les rnainí de
Mercure , fur les monumens anriques , par une
iimpie basuette. C’ étoit celle qu Apolion avoiE
donnée aií ftis de Maia, en échange de fa lyre.
55»^ CAE
Des ie temps de rexpédition des Argonautes,
le caducée étoit Fatiribut diídindlif & la fauv^e-
garde des héraults ^ des envoyés & des ambaííi-
deurS:, dont la perfonne étoit facrée. lis le por-
toient de la main droite. Les fupplians voulant
s’afliirer un libre palTage fur les terres de leurs
ennemis , portoient auííl le caducée. Dans les
Argonautiques d/ApoI!onius , Jafon prend un ca-
ducée lorfqu’il débarque fur Ies terres de ColchoS;,
& qudl va trouvcr le roi Aéte. Dans les jours de
triomphe j on entouroit de rameaux d'olivier íes
caducées. On les coiironnoit méme : c’eft ainíi
que nous voyons dans Plutarque (¿« Tbefeo) le
hérault de Théfée arrivé á Athénes , mettre fur
fon caducée la couronne que l’on vouloit placer
fur fa tete.
Caducée fur les médailles de Caladla , de
Lacédémone ^ de Taba , & de Megara en
Sicile.
CADUCUM aufpicium. Voy. Auspice.
CdEANTOLÜS , Roi de Galatie. kaiantoaot.
Ses médailles font:
RRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
CMCILIA , famillc romaine dont on a des
Siédailles :
C. en argent.
C. en bronze.
O. en or.
Les furnoms de cette famille font ; Balmaki-
€US J Caluus , Caí'blarius , Celer, Creti-
CUS , CraSSLTS , CoRNUTUS , DelMATJCUS ,
Macedokícus y Metejllus , Nicer , Numi-
SICtTS , Plus, SiLANÜS.
Goltzius en a publié des médailles inconnues
depuis lui.
CECINA, famille romaine dont on a des
aaédailles :
R- en bronze.
O. en or.
O. en argent.
C.íECüLUS. f^oy. Ceculuí.
CjSDICIA , famille romaine dontonnetrouve
des médailles que dans Goltzius.
CMLATOR de faera aula. Muratori (pOy. 4)
rapporte une inferiptio-n dans laquelle il eíl parlé
d’un cifeleur attaché an palais des Auguiles.
C.XLESTI AÜGUS. Muratori (1979. i. Thef.
infer. ) rapporte Finfeription fuivante qui demande
Hn nouveí íEdipe. Elle a été ttouvée en Ga-
CAEiESTI
AUG
PATERNl
CONSTANTII
QDI EX
y Y. SS.
CAE
CJELJA, famille romaine dont on a 4«s
médailles :
RRR. en bronze. ,
O. en or.
O. en argent.
CJELIUM , en Italie. kaiatnon.
Les médailles autonomes de cette ville íbnc:
RR. en bronze.
O. en argent.
O. en or.
Leur type ordinaire efl un trophée.
CMNACULA. Ge mot doit lignifier dans le
bail des cabarets (voy. ce mot) d'Herculanum ,
les chambres des maifons publiques oú Fon don-
noit á boire & á manger. Nous rapporterons á
cette occaCon une infeription qui ^ á la vérité ,
ell imprimée dans ie Recueil de Gruter, mais fans
indication du lieu oú elle fe trouve :
Hujüs. Monumenti. si. qua. Maceria.
ClUSUM. EST. CUM. taberna, ex. CENACULO.
Heredes, non. sequetur
ÑEQUE. INXRA. MaCERíAM. HUMARI.
Quemquam. Licex.
Elle eíl fixée contre le mur d’une toiir , au
paíTage du fleuve Glarigliano , anciennement le
fie uve Litis,
CcEJSlE, iíle. KAINON.
Les médailles autonomes de cette ifle font :
RRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
Leur type ordinaire efl un griífon courant.
C./ENEÜS. Voyey^ Cénée.
CJEPiO , furnom de la famille Servie-a.
CJERITES, les habitans^de Cere dansFEtru-
rie. Lorfque les Gaalois eurent pris Rome 3. les
Romains fe réfugiérent á Gire , & y tranípor-
térent les veílales avec le feu facré. Les C&rites
firent plus que de les bien recevoir ; üs pouriui-
virent les Gaulois , les défirent , & xapporterent
une partie du butin que leur avoit fourni le pnlag%
de Rome. Feignanr d’étre reconnoif&ns de
fervices auíS grands , les Romains aceprderent aux
CéLiites le droit de cité j mais'ils mirent a cette
faveur une rettriclion odieuíe , en leur reruiant
le droit de fuírage dans les comices , & ce ui
d’étre élevés aux dignités de la Répubiíque. btra-
bon (Aá v.p. 152.) leur reproche ce raffineraent
ddngratitude.
CARITES TABUES, étoient le tableau fur
lequel les cenfeurs faifoient inferiré les citqyens
qü’ils puniíToient par la privatíon du í^cíit e
füdrage. On appeloit cette punítiop , iti C&riti^
tabulas relatio. Ce tablean, portoit le uom e
CArites ^ parce coíit€n.oit les boibs de ce
CAE
qHÍ, perdant pour toujours ou pour un temps i
limité le droit de fuífrage , ne jouiíToient pas
autrement de ia cité ^ que Ies Carnes. Au teñe ^
cettepunition n'étoit pas la plus forte qu’inñigeaf-
fenr ¡es cenfeurs. II y avoit encore rdatio in i-arios
{voy. jErarics) , qui non-feulement privoit
le citoyen degradé du droit de fufrrage ^ mais
encore de tous Ies avantages de !a cité j ce qui le
rendoit tributaire du file.
C£3.ULEUS Color. Voyez Bl^u.
CMSAR , furnóm de la famüle Julia.
CxsAR , ce furnom de la famüle Julia eft
devenu le nom propre d'un célebre Romain ^ &
le nom générique des empereurs & des princes
romains. ( Voy. CÉSAR).
KAICapeqNj Cifarea, Catfarée.
Lorfque ce mot précéde un nom de ville il
n’indique point quelque Cafarée , mais un titre
(ville de Céfar) dont cette ville fe qualifioit.
Ceft ainíi qu’on lit fur Ies médailles de Cibyre &
de Tralles, kaicapeqíj. kibtpatííNj & kaica-
FEQN. TPAAAIANÍÍN.
CdESAR-AUGUSTA, dans TEfpagne.
C. Aj dans une couronne.
C. C. A. Colonia Cé.farea~Augufta.
Cette ville a fait frapper des médailles latines
en Thonneur d’Augr.íte , de Livie d’Agrippa ,
de Tibére ^ de Germánicas ^ d'Agrippine mere
de Nerón avec DrufuS:, de Cahgala.
Pel-erin a reftitué á Cs-farea-Augufia de Phoe-
nicie , ceües qui ont C. A. ou des époquesj &
il ne luí iailfe que C. C. A.
CESAREA- AUGUSTA , de Phoenicie.
C. A. Ce.farea-Augu.Jia.
Pellerin a reftitué á cette ville des médailles
frappées en l'honneiir d’Augufte & d’autres ecn-
pereursj poxtant ces deux lettres initiales avec
des époques. Vaillant les avoit attribuées mal-á-
propos:á Cefar-Aagufia d’Efpagne.
C^ESAREA - GermaniciA j dans la Syrie.
KAICAPEIAC TEPMANIKHC. & rEPMANlK-E£2M.
Cette ville a fait frapper des médailles impé-
riales grecques en Phonneur de M. Auréle , de
Commode , de Sevére , de Domna^, d’Elagabale ,
de Mamée, de Phiiippe jeunej, d'Hadrien j de
Diaduménien 5 d’Alex. Sevére j de Valérien.
C.íESARÉE 5 en Bithynie. kaicapeiac.
Les médailles autonomes de cette ville font :
O. en or.
O. en argent. 1
RRRR. en bronze.
Leur type ordinaire eft une fiéche.
Cette ville a fait frapper des médailles impe- _
nales grecques en i’honneur d’Auguñe ^ de^ Ne-
rón. Vaillant lui en a mal-á-propos attribué une
de Caracalla.
C..ESARÉE j prés da m.ont Argoeus dans la Cap>-
padoce. kaicapeíín "mN npoc APrAia.
CAE 5^7
Cette ville a fait frapper des médailles impé-
riales grecques en i hcnneur d’Antonin:, de .'L-
Aurele , de Yérus , de Sept. Sévefe , de Cara-
calla ^ &c.... jufqu’á Trébonien-Gal’e.
C.^SAREE^ prés d'Anazarbus en Cilicie.
kaicap. ton. nPoc. tq. amasaf.
Hunter poíTédoit une médaille de bronze por-
tant cette legenda ^ Se pour les deux types, deiir
tetes de femme voilées^ que 31. Combe attribué
á cette Cefarée.
Cette ville a fait frapper des médailfes impe-
riales grecques en Thonneur de Néron {Eck/iel ')
d’Antcnin j de M.-Auréle avec Veras.
C^SARÉE j dans la Paleftine. kaicapeqn 8i
KAlKAPElAC. AIBANOT.
Cette ville a fait frapper des médailles impe-
riales grecques en Thonneur df4ugufte’, de Lu-
cias Catfar , de Caligula , de Claude , de fiíeíra-
line , de Néron , d'Alexandre-Sévére , d’Antonin,
de M. Auréle.
Vaillant lui a attribué mal-a-propos les mé-
daiiles latines de Cá/brés-du-Liban. ( V oy. fur cet
objet Pellerin ^ Eckkef &c.)
On ne trouve que trés-rtrement des noms de
magiftrats fur les médailles impériales de Pa-
leftine.
C^SARÉE prés du Liban , dans la Fhcenicie.
Col. cosaria, lie. CAa. Colonia Cefaria
Libera Flavia.
. COL.FR.FL. AUG. CjESAR. ColoniaP rima Flavia
Augujia Cifarea. — C. A. C. Colonia Augufia Ce-
farea,
Cette colonie romaine a fait frapper des mé-
dailies latines en Phonneur de TituSj de Trajan
d’Hadrienj d’Antonin, de M. Auréle;, de Fauf-
tine jeune, de Vérus j de Commode, de Sept.
Sévére , de Domna , de Caracalla , de Macrin , de
Diaduménien, dTlagabale, d'Alex. Sevére , de
Déce, d'Hofti-üen , de Volufien , de Fhihppe-
Pére, d’Annia Fauñina ; dTtruí'cille, d'ííeren-
mus, de Treb. Gallus, de Valérien.
C.;€SARÉE , prés du mont Panius , dans la Sa-
marle. KAICAPEIAC. CEBACTHC. & KAICAPEIA.
HANIAC. .
Cette ville a fait frapper aes meaaules impe-
riales arecques avec fon époque , en rhonneur
de M. Auréle , de Lucille , de Commode , de
Sévére , de Domna , de Caracalla , de Géta , de
Sévéra.
CSSENÑIA , famille romaine dont on a das
médailles :
RRR. en bronze grec.
O. en or.
O. en argent.
CMSIA , famille romaine áont ®n a des sbc-
dailles :
RRR. en argent.
O. en bronze.
O. ea or.
Si.-íirc.
55 8 CAI
C^íSITIU'S color,
CJESWS color. Bleu-clair , oppofé a C^rulcus
(olor, bleii-foncé. Minerva eü furnommé en grec
y/íís/iíi;;? j ce mot tíí traduit dans Íes auteurs la-
tins par oculis c&fiis , aux-yeux-bleus.
Quelques philolpgues ont derivé Cifius , de
Cides , carnage^ & iís aíTurent que certe couleur
tíans Ies yeux annonqoit un caraétére fanguinaire ^
fans en déterminer la nuance. On fent combíen
eft fnvole une- explication aufli vague.
CIESO 8c C'SSAR , furnoms de ceux qui
avoient été tires du ventre de leur mere par une
inciíion latéraie. Pline ( kx/. 9.) primus Csfar a
Cifo matris útero diBus j q^aa de caufa & Cifones
appellati^
CjESONIUS, furnom de la famiüe, C.ií;-
FURNIA.
CxEÜS , un des enfans de la Terre qui entrepri-
fent de détróner Júpiter.
CAlM. Toutes Ies femmes romaines étoient
appelées Cais dans les cérémonies des mariages.
Fcíius nous en apprend la raifon. ” La femíTíe,
dit-il j de TarquinrAncien, qui s^appela d'abord
Tanaquilj porta á Romc le nom de Caía Cid-
lia. Sa fagelTe & fon habiiets dans les ouvrages
de laine étoient li renommées, que les femmes
romaines porroient dans les ;ours. du mariage fon
nom Caii , comme un nom d’heureux nréfage ».
Caía Cicilia appellata efi , ut Romam venit
antea Tanaquil vodtata erat , uxor Tarquinii
Prifd , Regis Romanorum y quét tanta, prohitatis
fuit , ut id nomen ominis honi caufa frequentent
nuhentes y quam fummam ajfeverans lanifcam
fuijfe.
Quoique Ton trouve fur plufíetirs monumens
le nom de Caía exprimé par cette figle o fuivie
de libertas , ou L, Caftalion {adv. Femin. Pra-
nom. Ajjert.) aíTure que ce nom n’a jamais défigné
quelques femmes appelées Caia, mais qu'ü étoic
générique dans Ies inferiptions , & qu'ü y déli-
gnoit ordinairement toutes les femmes qui avoient
donné la liberté á I'aíFranchi dont parloit l'infcrip-
tion. Parexemple, c. CxEcilius o. l. eros. II
feroít en eífet impoffible d expliquer, fans cette
fuppofition , la raifon pour laqaelíe on ne trouve
prefque jamais fur Ies marbres aucun prénom
joint au nom des femmes.
CAIETE, nourrice d’Enée , fuivit ce prince
dans fes voyages, & mourut en arrlvant en Ita-
lia. Enée lui éleva un tom'oeau fur la cote de la
grande Ilefpériej dans i’endroit oü eft aujourd'hui
Gaete , en latín Caleta , qui a pris fon nom de la
nourrice d’Enée.
CAILARUS. Muratort {Diatrib. col. 63. du
infer. ) rapporte rinfeription fuivante trou-
vée á Arles :
EX IMPERIO
TATT’IUS quartus
eailaro y. s. l. m.
C A L
Le bsfon de la Baftie ereyolt que Cailaruf
venoit de caii-ard , ou gail-crd , qui, dans l’aa.
cienne iangue commune aux Gauiois 8c aux Ge*r-
mains ^ fauf la différence des diakcles ) , vouloit
dire gras pátarage. Ce feroit le dieu qui faifoit
engraiíler Ies moutons.
CAILLER le lait. Les Grecs affuroient qu'ils
devoient á Ariftée , fils d' Apollen 3c de Cyréae
le moyen de faire caiiler le lait.
- CAILLES. Les Phéniciens offroient á Her-
cule des cailles en facrifice , & difoient que cette
coutume venoit de ce que ce héros ayant été
tué par Typhon, Jolaiis lui rendir la vie avec
Lodeur d une caille.
Latone, perfécutée par Junon, fut changée
par Júpiter en cailie , afin qu’elíe pút fe rendre
dans l':íle de Délos.
Servius (//í. JEneid.') dit qu’Áftérie , foeut ^
de Latone , fut auííi métamorphofée en caille.
CAIÜS CESAR, fils aíné d’Agrippa.
CAIUS C.íESAR AUGUSTI FIIIÜS
PONTIFEX CONSUL.
Ses médailles font:
O. en or 8c en argent, ni en G. B. de cola
romain.
RRR. en M. B.
RR. en P. B.
RRR. en G. B. de Colonies, avec fa tete &
celíe de Lucias, fon frére.
RR. en M. B. avec les mémes tetes.
RR. en P. B.
RR. en P. B. grec. ,
RRR. en M. B. d'Égypte, au revers d'Au-
guíte.
Cai-us (Caligula). Voy. ce mot.
CALABIS. Meurfius, dans fon traité intitulé
Orckeftra , dit que calabis éíoit une chanfon 8c
une danfe des Laconiens > qui étoient en ufage
dans Je temple de diane Déarhéatide.
CALABRA-CURLA. Voyei Curie.
CaLACTA , en Sicile. raaáktinqn.
Les médailles autonomes de cette viile font :
C. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
I..eurs types ordinaires font :
.Une chouette. — ~ ün raifin. — Une lyrc. — L»
caducée.
CALAGÜRÍS , en Efpagne.
MV, CAL. lUL. Municipum Calaguris Julia.
MV. C. I. Mup.icipium Calaguris Julia.
Nassica, furnom d’un Scipion que portoit ce
raunicipe.
II a fait frapper des médailles latines en I
neur á'Augufte , ' de Tibére. C’eft aujourd huí
Calahorra. Voyez ce mot.
CALAHORRA , ville d'Efpaane fur rEt>re.
C’eñ l’ancienne Calagwis ¡ dont les médailles Tont
I’objec de rárticle précédent. Elle eft célebre par
le féjourdu grand Sertorius , par le choix dé fes
troupes, & par fes belles aélions. On y trouva,
en 1707, l’infcription fuivante ; elle conferve la
jnémoire d’un officier né á Calahorra , qui fe crut
cbligé par les liens de ramitié & du fermcnt , de
inourir 8c de fe dévouer aux manes de ce fameux
general :
D. M.
Q SERTOR.II
ME EREBICIÜS CALAGURITANUS DEVOYI
ARBiETRATUS RELLIGIONEM ESSB
EO SÜBLATO
QUI OMNIÁ
CUM DIIS IMMORTALIBUS
COMMUNIA HABEBAT
ME INCOIUMEM
RETIÑERE ANIMAM
VALE VIATOR QUI H^C LEGIS
ET MEO DISCE EXEMPLO
FIDEM SERVARE
IPSA PIDES
ETIAM MORTUIS PLACET
CORPORE HUMANO EXUTIS.
Mabulet, favant antiquaire de Tacadémie des
infcriptions & belles-lettres , traduiíit ainli cette
infcription finguliére. « Je , Brebicius , natif de
:>3 Calakorre , me fuis immolé aux manes de Quin-
j» rus Ser'torius , m’étant fait un fcrupule de reli-
» gion de vivre aprés la mort de ce grand homme,
» qui étoit fembiable en toutes chofes aux im-
mortels. Adieu , paíTant 5 toi qui lis ces mots,
» apprends á mon exempie á garder ta foi : les
« rñorfs , quoique dépouillés de leurs corps , ne
» laiffenr pas d’étre touchés de cette vertu Ce
généreux dévouement ne furprendra plus , quand
on lira dans Aulu-Gellc qu’aucun Efpagnol ne
déferta de l’ armée de Sertorius , quelques défa-
vantages qu’ait eus ce general ; au-lieu que les
Romains ravoient fouvent abandonné.
CALAIS & ZÉTHÉS étoient deux jumeaux ,
& Ies premiers nés du mariage d‘Orithye avec
Borée. Quelques auteurs ne les font naitre qu a-
prés trois filies. l!s furent du nombre des Ar-
gonautes, & rendirent un grand ferv'ce á leur
beau-frére Phinée ; ils donnérent la chaffe aux
harpies , qui le tourmentoient. Ces monftres en-
levoiént tout ce que 1 on portoit íur fa tabie 5 Se
fi eiles Y laiíToient quelque chofe , elles finfec-
toient d’une puanteur horrible. Les Boreades ,
ou fiJs de Borée , les poiirfuivirent jafqu aux ifles
Strophades , oil ils les euiTent tuées, fi une voix
inconnue ne le leur eut défendu de la part des
dieux. L.eur pourfuite fiit d'autant plus vive ,
qu’Us avoient des ailes comme leur pére. Ker-
cule les tua dans fifia de Ténos, aux obféques
du roi.Péhus, parce que ces héros prirent le
parti de Typhis, pilote du navire Argo , contre
Telamón, qui vouloit que fon attendit Hercule
defeendu a terre pour cbercher Hyias. Les dieux
les changérent en ces vents quí, pour fordi-
naire , précédent de huir joars le lever de la
camcule. D^autres ont dit qu’ils furent iiihumés ,
& que fon voyoit leur fépulcre s'ébranler au
fouífie de leur pére. Voye^ Borée , Harpies ,
Orithye , Phinee.
CALAMLNE, pierre qui contient de la chaux
de zinc, & qui, méláe avec le cuivre rouge,
produit le laiton. II eft certain que les anciens
en faifoient ufige , puifqifils fabriquoient le lai-
ton j mais il eft certain aufli qifils employoient
la cslamim fans favoir qu’elie renfetmat aucune
fubftance métaliique.
CALAMISTRU.M. Voy^z Fer-.4-tris:er.
_CALAMlSTRO Aug. (a). Muratori (991. 2;
Tk¿f. ir.fcr.) rapporte f infcription fuivante:
D. m:
CORNELIAE. A. L
A. CALAMISTRO
V. A. XXX. M. V.
Cette aflfranchie d’une impérarrice étoit fa coéP-
feufe 5 car on explique calamiftrum , par fer-a-
frifer.
CALAMUS. Ce mot défignoit un jone ou ro-
feau ; c’eft pourquoi les anciens fapp’iquoient
aux ñutes , aux rofeaux avec leíquels ils écri-
voient , aux rofeaux qu ils enduifoienr de glu
pour prendre les oifeaux , a la canne á fuere ,
& enfin á plufieurs autres végétaux de fefpéce
des jones. Nous ne devons parlar que des trois
premiéres acceptions du mot calamus.
Les premiéres flútes étoient de limpies rofeaux
réunis avec de la cire : on les appells encore
fyringe de Pan , du nom de leur inventeur. A ces
rofeaux groíliers fuccederent les os des animaux ,
le bo!S , le buis en particuüer & f ivoire. Mais
les poetes confervérem fouvent aux ñutes le nona
de la premiére fubftance dont eiles avoient eré
fabriquées; üs les appelérent calaml. Tel fut
Yirgiíe iEcl. VI. 09- ) :
Hos tibí dant calamos ; en accipe Mufi
Afcrco qaos ante fenl , quibas Ule foiebat
Cantando rígidas dtductre monühas ornos,
Tel fut aulli Memefien \^EcL i. 3.} :
Inc¡pe,fi quid kabes gracili fub arundine carmen
Compoíitum. Nam te calamos injiare labello
Pan docuit.
560 CAL
Calamus aucupatorius. V oyez Ql-uau.
Cala m u s , ou rofeau - á - écrire. La
canne , le calamus ou le rofeau j arando ,
janeas , fut Finítriimcnt ordinaire des écritures
faites avec des liqueurs , iong temps at'ant qu'on
fe fervit de plumes. On en trouvera deux deiiinés
dans la planche iv de la nouvelle Diplomatique ,
fous les nombres xvii & xix. L'Egypte four-
nilToic beancoupdecesjoncsourofeaux. Dat ckar-
tis hábiles calamos M-empliinca tellus , dit ( L. 14.
Epigr. 34.) Mania!. Perfe {Satyr. iil. i©. ) a
décrít les défauts dll calamus , qu’il appelle no-
dofa arando. Les Grecs des bas-íiéclesconcinuétent
de fe fervir de cannes qudis tiroient de la Perfe.
Encoré aujourd'hui les Orientaux Grecs ^ Tures,
Perfans , &c. fonr le méme ufage de ces cannes.
lis les recueiilent en Mars vers Aurac, le Iong
du golfe Períique , & les laiífent durcir pendant
íix mois dans le fumier. Cell la que ces rofeaux
fe couvrent d‘un beau vernis noir & iaune qui les
faii rechercher parncuiiérement. Du temps de
Fline , on donnoit la préférence au calumas d'E-
gypte, de Cnide, & du lac Ana’ís en Alíe. L’ef-
péce de rofeau que Linfehot & Acoda nomment
bamba ou mamhu , fert aufll aux Indiens de plume
a écrire : ils coupent ce rofeau de la longueur &
de la largeur de nos plumes 5 il en taillent le boiit
& le fendent.
L’ufage de ces rofeaux , & Pendroit de Perfe
cité plus íiaiir , indiquent clairement que les an-
ciens fendoient Icur calamus comme nous fendons
les plumes. En voici la preuve dans ce vers du
fatyrique {Perf. iil. 13.):
Dilatas ^uerimar geminet qaod fifiala ganas.
D’ailleurs ils font appelés dans une ancienne épi-
gramme fíirayjhls rofeaux fendas dans le
milieu.
On trouve en abondance auprés de Damiette
le rofeau , calumas , dont les Orientaux fe fer-
voient & fe fervent encore pour écrire. Sa tiue
minee porte des feuilies long'iies & étroites, qui
retombent avéc grace , & des rameaux déiiés qui
fe couvrent de fleurs blanches.
CALÁNTICA ou CALAUTICA , coéffare
qui couvroit la tete des femmes du temps de Clo-
dius. C'eft tout ce que Fon en fait ; & Cicerón
feul en a parlé : Tune ciim vincirentur pedes faf-
tiis , cam calanticam capíti accommodares ? ( in
Clodium).
CALAOÍDIES , fétes qu’on célébroit dans la
Laconie en Fhonneur de Diane , au rapport d’He-
ft'chius.
CALASIRIS.'Í
calas SIS. 5 Kef/chius dit que la calaflrls
tíOK une tunique a iarge bordure pli'ii'ée , & ii
iioute que ce nom défignoit auíli , felón piu-
tmws ecn-vams , une tunique de lin qui. defeen-
C A L
doit jufqu’aux talons.'Euftathe {Iliad. ni.) dg'.
finit la calafiris , une tunique de lin dont fe fer-
voient les précres. Ce font aufli les exprefíjon*
d'ííérodote {Hb. z.).
Le lin dont i¡ eft parlé dans tous^es textes, eft
le byjfas des anciens , c’eft-á-dire , le coton. Les
prétres portoient la calafiris feule dans les tem-
ples i mais les autres Egyptiens mettoient ua
mantean de laine blanche par-deíTus la calafiris'.
On remarque fur le fein & fur les chevilles du
pied des líis du capitole & d'autres ítarues égvo-
tiennes , les plis iégers qui annoncent la calafiris.
Ils font li fins & íi peu fentis , que Fon en peut
conjedurer hardiment la fineíTe de ce vétemenc.
On donna depuis par exteníion le nom grec
de la calafiris , ¡íazánpií , á la lunique ampie des
ch'evaliers, felón Hefychius : ÍHo%íy.cí x.a¡ ixvíxdt
Feñus parle d'une calaffis , qu’il confond d’a-
bord avec la calafiris des Grecs ; & il ajoute :
Alú dicunt modam ejfe tunicoe muliebris , qao con-
rtexa Arca cervicem túnica fammittitar. Ilditailteurs :
Aclaffis , turdea ab kameris non conjecla. Ces deux
textes du méme écrivain prouvent alléz évidem-
ment que la calaffis étoit le nosud qui réuniílbit
fur Fépaule la tunique des femmes , ou qu’eüc
étoit cette méme reunión.
CALATHUS , icuZccéos. Ce mot déíignoit gé- ‘
néralement un panier ou une corbeille. Te! étoit
le calathas que portoit Cérés í^ir fa tete , & que
Fon voit dans les types des médailles de Salo-
nine , avec la légende CiJXER. aug. : c’étoit le
fyrabole de la fécondite de la terre.
Calathas déíignoit auffi une coupe ou un vafe dans
lequel les bergers recevoient le iait qu’ils expri-
moient des brebis & des vaches, & dans lequei
on verfoit le vin pour le boire. Martial a fait un
diítique trés-agrcable fur cette efpéce de calathas
( Apophgret. 97. ) :
Nos Satyros , nos Bacckus amat , nos ebria tigris
Perfafos domini lamberé ¿oaa pedes.
Pline compare le premier calathas á la fleur d«
!ys qui va toujours en s’élargiíTant : Ab angafihs
in laútudinem paulatim. fiefe laxantls efigie calathi.
Telles étoient les .corbeilles que les Canéphores
portoient dans les fétes de 3 ^
fertTfoient les chofes facrées deñinées a fes myf-
téres. Peut-étre faiidroit-il diñinguer le calathas
du rnoihis , fur la tete des divinités de FEgypíe>
par l’évafement du premier, & par le rétréciífe-
ment du fecond. Au refte , on apperfoit trés-
diítmcisment le calathas fur une médaiile expli-
quée par Fabbé Fontenei ( Mém. Acad. des Belles-
Lettr. lom. v-) , oú il eft placé fur la tete de
Minerve-Iliade.
CALATINUS , furnom de la famille Atilia.
On conjeture que ce furnom fut donné pour^ii
pres^iers
CAL
prcnv:ere fo:s á A. Atiüus, parce cu’on Tapoela
ae k cnarrae aux dignités de ia Répuaüque. Ap-
peier s expnmoit oans Ies premiers temps de
Eome par le mor calare.
CaLATOR. Les Romains fe fervoient dans
Ies preniiers temps du rnot calare au*líeu de vo~
cíZ/í , a;,peler. De lá vint le notn calator , qudis
donnérent au valet des magiílrats. II étoit chargé
djippeier calare , íes citoyens cites par eux. Des
atfi-anchis ne dédaignérent pas d"en faire les fonc-
rions : tei fut Cornelias Epicedius affranchi , 8c
Calaroráu Dideateur SyHa. (Suee. Gramm. c. 12.
n. 1.}
On appelie depuis calator publicas , celui qui
exercoit les fondiions de calator auprés de quel-
que ordre ou de quelque collége. Muratori ( Thef.
infcr. 322. I.) en cite un exemple. Les prétres
avoient des calatores qu'iis envoyoient avertir le ;
peup¡e_ de ceíTer les travaux ^ lorfqu ils alloient
offrir des facriñees. On trouv.e dans Gruter l'inf-
cription fujvante j qui en fait foi:
VINtCIO. COCTAEO. CALAT
VII. VIR. EPULO. LIBERTO
OPTIMO. PATRONüS
Et dans Panvini :
Q. CAECILIO. FEROCI
KALATORI. SACERDOTU
TITIALIUM. FLAVIALIÜM. . . .
Cazatoh étoit aufli chez les grands un efclave
chargé d'inviter les convives de fon mattre. Plaute
2. 35.):
Efl-ne hic Trachalio , quem coñfpicor , calator
Pleufidippi ?
Cétoit enfin le nona d'un valet d'armée 5 comtne
BOUS le voyons dans naéme comique. ( Mere. y.
2. II.); .
Egomet miki comes , calator j equus ^ agafo ,
armiger.
CALE EL 7^
CALBEIENSES. 5
portoient Ies triomphateurs , & que Ies généraux
donnoient aux foldats , pour récompenfer leur
vaieur j skppeloient calbei. Feftus nous Tapnrend:
Cálleos arrr.illos dicebant , quibus triumphantes
uieoantíLr , & quibus oh virtutem milites dona-
bup.tur.
On lit fur un autel du Capitole dédié au
Soled :
SOLI SANCTISSIMO SACRÜM
TI CLAUDIOS EELIX £I
Araiquités 3 Tome J.
Les bracelets militaires que
CAL 5^1
CLAUDIA KELPIS ET
TI CLAUDIUS AlyFUS FIL. EORUM
VOTUM SOLVERUNT LIBEXS MERITO
CALBIENSES DE COH Ili.
u iberius Claudius avoient obtenu le
rafleiet caiheum , & lis s'en glorifioient fous le
nom de calhienfes,
CALCE ARIU M , étoit la foname légére que
I on oonnoit aux troupes romaines pour fe four-
nir de chauíTures.
^ Si fon en croit Hérodotc ( j7. p. iq.o ) ^ le*
chauliures des reines d’Egypte étoient trés-dil-
pendieufesj car les revenus de la vüle d'AnthylIa
etoient deftinés á leur fournir le calcearium.
CALCÉDOINE. Les deferiptions de la Calcé-
doine qnz nous trouvons dans les anciens^ font
u différentes les unes des autres , qu'on ne peut
pas Ies rapporter á la méme pierre. Celle que
Phne nous a kilTée 3 donne Pidée d'un grenat
oriental , ou d une atnethyile. D'autres deferip»
tions déíignent Tonyx ou ía farde-onyx.
On ne donne aujourd'hui le nom de calcédaine,
qu á une efpéce d'agathe de couleur de blanc-lai-
teux 3 ou bleuátie. Lorfque le bleu eft trés-
foncé 3 on l'appelie aííez improprement agathe-
noúe. II faiit diftinguer foigneufement la calcé-
doine au agathe blanche-bleuátre 3 de l'agathe
blanche proprement dite.
CALCHAS 3 furnommé Theftorídes 3 c'eíl-a-
dire 3 fils de Theftor3 qui fut un des Argonautes,
paíwit pour le plus éclairé des devins de fon tenis!
II favoit3 dir Homére, le préfent3 le pafle &
1 avenir; & á caufe des grandes connoiffances
dont Apollon Pavoit favorifé . il avoit été choiíi
pour conduire á Troyes Ies vaiíTeaux des Grecs.
Les anciens ne faifoíent aucune expédition , fans
avoir á leur tete quelques devins , dont ils fui-
voient les confeüs 3 qui régloient toutes leiirs
entreprifes j & qui avoient une tres-grande au-
torité.
Calchas étoit dans Parmée des Grecs, graná-
prétre & devin. Lorfque Parmée fut actaquée de
la pefte , on Pinterrogea fur le fujet de ia colore
d' Apollon : craignant le reíTentiment d'Agamem-
non contre qui il alloit p?.rler, ii fit, avant de
s'exprimer, jurer Achille qiPil le protégeroit con-
tre la colére du roi ; enfuite il díclara que la peñe
ne cefléroit que lorfque le roi aaroit renda au
miniítre d' Apollen, Chryféís fa filie, qu'il rete-
noit dans fa tente. Agamemnon s'emporta avec
fureur contre Calchas devin, lui dit- il , tu ne
prédis que des malheurs, & tu ne m’as jamais
rien annoncé que de fácheux. En eíFet, Calchas
lui avoit prédit 3 en Aiilide,-que le calme qiií
retenoit la flotte des Grecs dans le port, ne ceffa-
roit qu’aprés qu’il auroit appaifé les dieux par le
fang d'Iphigéaie. 1! avoit auifi prédit que la guerre
CAL
¿t Troye dareroit dix ans ; Sc, pour confirmar
fa pr^diCtion , il difoít avoir vu montar fur un
arbre un ferpent , qui , aprés avoir devoré neuf
perits oifeaux , en avoir auífi devoré ia mere , Se
avoir été enfuite changé en pierre.
Calchas défendit qu’on rendir au corps d’Ajax
Ies honneurs du búcher^ parce qu’il s'étoit rué
lui-mérre : il ordonna depuis que Polixéne fur
immolée aux manes irritées d’ Achille. En un mor,
il ne fe paiToit rien de coniidérabie dans l’armée
des Grecs , qu’on ne le confultát auparavant.
II avoir lu dans les deítinées qudl mourroir ,
lorfqudí auroir trouvé un devin pius-habile que lu; ;
.c’eft ce qui lui arriva á Colophon, vilie d'íoniej
oü le devin Mopfus fe monrra plus habde dans
l’art de prédire Tavenir. La Sibylle Lampufa
étoit filie de Calchas. On lui attribue quelques
cracks en vers , & on la nomme auííi Colopho-
nicane.
Homére femble avoir conílruir toute l’hiñoire
fabuleufe de Calchas fur rétymologie de fon
nom 3 qui eñ derivé de K-aX^'niyai , je medite.
CALCHEDOiN , dans la Birhynie.
KAAXA¿í2NlO¡C 3 & KAAXAAÍ2N1QN.
Cette viile a fait frapper des médailies impé-
riales grecGues en l'honneur ce Trajan, de Fio-
tine j d’Antinoüs , de M.-Auréle , de Fauñine
jeune , de Verus , de Commode , de Sévére de
Domna, de Géra, d^ElagabalCj de Sévére , de
Gordien Pie, de Tranquilline.
CALCiOPE, filie d'Aétes, roi de Colchide ,
Se foeur de Médée , époufa Phrixus , & en eut
quatre enfans : Argos^ Phrontis , Mélad 8e Cy-
lindrus. Son pére ayant fait afíaífiner Phrixus '
pour avoir fes tréfors , Calciope chercha á dé-
rober fes enfans á la furear de leur grand-pére,
en les faifanr embarquer fecrettement pour la
Gréce. Mais ils firent naufraga dans une ifle , oú
ils demeurerent íufqu’á farrivée de Jafon , qui Ies
ramena en Colchide. Phrixus , Jason.
CALCUL 5 poids de I’Afie & de PÉgypte. Voy.
Chalcous.
CALCUL. Foyey Arithmétiqüe.
CALcULARli. Voyez EscAjaoTEuss.
CALCUL ATORES y calcuiateurs , nom que
Ies Romains donnoient aux maitres dkrithméti-
que , parce qufils commenqoient l’éducarion des
enfans en leur montrant á comprer avec des je-
tons , appelés en latín calcuti. Le mor calcidator
fe trouve dans Martiai ( x. 6X.) :
LAec calculatoT y aut notarlas velox y
Majare quifquam circulo coronetur.
On le rencontre plus fouvent dans Ies anciens
jurifconfultes. Selon d'habtles critiques, i! défi-
giioit les maitres d'aiithmétÍQue de eondition
libre ; au-li?u que par le mor calculones qui s^y
rencontre auíTi , on entendott Ies efclaves ou Ies
affranchis de aouyelie date, qui exerqoient U
CAL
mime profeífion. Tertuliien appelle ces maitres
prlmi numerorum areiiarli , peut-étre parce qu’a-
pres avoir enfeigné aux enfans la maniere de
comprer aux ietons , ils leur enfeignoient l'arith-
métique, en traqant fur le fabie les figures des
chiifres , á la maniere des anciens géométres. 11 y
avoir ordinairement un de ces maitres dans chaqué
maifon confidérable , & le t;tre de fa charge étoit
a calculis , a. raúonibus , ekít-á-dire , officier
cliargé des comptes & des calculs , ou calculator.
On lit ce dernier dans f infeription fuivante trou-
vée á Vérone (^Tit. Popma de operis sesv.) ;
Y. F. p. CyECILIÜS. EmPIRODIUS. Ví. VlR. AUG.
CALCULATOR. JuSTIN^. SALEH.S. UXORI. £T.
SIBI.
CAL CULI, calculs y jetons. Le motc^t/ca/vient
du iatin calculus , qui fignifie une pierre , parce que
les anciens fe fervoient de petits cailloux pktspour
faire Icurs fupputations , foit des íbmmes mul-
tipiiées ou divifées dans les comptes , foit en
aitronomie Se en géométrie. De-lá vient que nous
avoDt donné le ñora de calcul aux fciences des
nombres , á Taritiimétique , á l’algébre. Les Ro-
raains skn fervoient encore pour donner les fuf-
frages dans les aíTemblées Se dans lesjugemens;
ils marquoient auífi les jours heureux avec une
pierre blanche , dies albo notanda lapillo , dit
Horace, & les jeurs malheureux par une pierre
noire. Ils avoient empranté la premiére de ces
coutumes des Grecs , qui nomrnoient ces efpéces
de jetons naturels -¡^ítpaí ; c’étoient d’abord des
coquillcs de raer , remplacées depuis par des
piéces d’airain de la méme figure, appelcesypo«-
dyles.
Deux chofes diftinguoient Ies calculs y la forme
& la couleur. Ceux qai portoient condamnation
étoient noirs & percés par le miüeu ; Ies autres
étoient entiers & blancs. L’abbé de Canaye dtt
(M/m. de VAcad. des Belles-Lettr. I. Sí vil.)
qu’on pourroit regarder la précaution de ppeer
íes noirs , comme une preuve que Ies Aréopa-
gifies , qui skn fervoient , jugeoient pendant la
nuit; car , á quoi bon percer Tes calculs nosrs, ü
Ton eut pu voir les uns & les autres , & app^^"
cevoir par le fecours de la lumiere , la difieicnce
de leurs coiileurs ? au-Iieu qukn jugeant cíaos les
ténébres , il eñ clair qu on avoir befoín d une
différence autre que celle de la couleur & re a-
tíve au taél , pour démékr les calculs
damnation efavee ceux qui marquoient lab
tion. On comptoit ces calculs , Se k nombre
uns ou des autres décidoit pour ou contre *
cufé.
On fe fervoir auífi de calculs ou biilletins po®
tirer les athletes au fort dans íes jeux pu R »
& pour Ies apparier. V oici «omme la c °
prariquoit aux jeux olympiques , au ■ ,
Lucien , dans fon dialogue inntulé ; Mermo
CAL
oa des Szcles. « On p'ace , dit-ll, devant Ies
» juseSj une urne d'argent confacrée au dieu en
» rhonneur de qui fe cé!éb;ent les jeux. On met
» dans cette urne des balloces de la groffeur d^une
» feve , Se dont le nombre répond á celui des
M comb.ittans. Si ce nombre eft pair , on écrit fur
» deux de ces ballotes la lectre A , fur deux
» antres la lettre B , fur deux aacres la iettre I,
=> & ainfi du reñe. Si le nombre elr impair il
" y a de nccefíité une des lettres employées qui
« ne fe trouve inferiré que fur une feule bailóte ;
» enfuite les athlétes s'approchent fun apres
» ¡'autrC:, Se av'ant invoqué Júpiter ^ chacun met
» la maia dans fume , & en t're une bailóte.
» Slais un des maíligophores ou porte-verges lui
53 retenant la main , fempéche de regarder la
» lettre marquée fur cette bailóte^ jufqu á ce aue
55 toas les autres ayent tiré la leur. AÍors un des
*• juges faifant !a ronde , examine les babores de
>5 chacun , Se apparie ceux qui ont les lettres' fem-
>5 blables. Si le nombre des athlétes eft impair ,
55 celui qui a tiré la lettre unique eit mis en ré-
55 ferve pour fe battre contre le vainqueur. 55
On a trouvé ouelquefois, en faifant des fouilles
dans des ruines anciennes ^ des calcuU ; mais fou-
vent on ne les a pas reconnus pour tels. C'eft ce
qui eft arrivé ^ á notre avis , au fivant comte de
Caylus, aa,fujet de queiques morceaux d'émail
trouvés en Égypte qif il a pris pour des parares ,
_Se qui nous paroilTent avoir fervi de culcu.li ou
jetons. « Dans le nombre des petits morceaux ,
dit-il ( Rec. d‘ Antiq. vil. pl. -j. n°. 3.) ^ ou de la
petite colleélion que j’ai achetée á iVarfeüle ,
j’ai trouvé environ cinquante piéces de porce-
laines plus ou moins fines , mais toutes recou-
vertes d’un émail bleu ou verd. Ce n°. repré-
fente une _ vingtaine de morceaux de diíférens
temps 5 mais ^ comme il eft aifé de le croiie, leur
travail , qui nfefl: point également bon ^ eft plus
ou moins confervé ^ d'aiileurs leur grandeur eft
variée. Ce!ui-ci eft deflinédans fa grandeur exaéte
( fept ligues de diamétre ) ; il y en a qui fonr d'un
tiers plus grands j d’autres d'un tiers plus petirs ;
ils préfentent tous d'un cóté la tq^e d’un Bacchus ,
& de l’autre , ce que Ton regarde avec raifon
fur íes médailles étrufques comme la poupe d’un
vaiíTeau , c’eíí du moins ce que l’on peat juger
avec la plus fcrupuleufe attention ; j’en ai d’autant
plus apporré ^ que tous ces morceaux étant percés
dans leur épaiiTeur, & n’ayant pu avoir d’autre
deftination que celle de íervir aux parures du
peuple 5 dés-lors il eft: difficile de croire que ce
méme peuple fuperftitieux ait pu porter avec une
forte d’apparat des objets proferits , comme on
fait que tout ce qui concernoit la mer étoit en
horreur dans un tems méme trés-ancien ; maisfoit
que la méme raifon que l’on donne au revers des
tetes de Bacchus , c’eft á-dire , que l’on vouloic
prouver que ce prince étoit venu par mer , foit
flse les Egyptiens donnaffeat uae autre valsur á
CAL 5 la 3
ce (ymbole, on ne peut aüer contre des faitSj &
ces faits produifent en ce cas non-feulement la
liiigUiarite , mais l’embarras. 55
I! dit encore un peu plus bas {ibid.pl. n°. 4.) :
“ Plus d une trentaine d autres morceaux de méme
matjere j egalement percés pour étre enfiles , & de
toutes forres de grandeurs ^ portenr deíTus comme
deííous la figure de cec X , ou de certe cro’x dont
les traics fonc doubles. La vaná-té des formes lon-
gues j carrees j rondes , dentelées , qui ne laifiTent
aucun doute lur la percute , confirme l’ufage .
de ces colliers á plufieurs rangs ^ & de ces bra-
celets multipbés que le peaple ne pouvoit porter
auíli riches que ceux qu’ar. a vus für les repré-
fentations de queiques prérres d'un état fuperieur,
mais qui le fatisfaifoit roujours dans la généralité
de la moJe. Je dois cependant dire que , felón
Morus Apollo j cette marque X a toujours vala
10. Cette conftance & cette durée dans un chiífre
convenu font bien finguliéres. 55
Quoi qu’il en foit des calculi du comte de
Caylus j ií eft: certain que l’on a trouvé dans les
fouilles faites parfeu AÍ. Grignon, entre Joinville
& Sainr-Dúietj dans les ruines d’une ville Gau-
loife foumife aux Romains , deux ou trois cens
morceaux d’ivoire ou d’os , ronds , & reíTemblant
aux jetons modernas excepté leur épaiífeur 8c
leur forme un peu convexe. On ne doutera pas
qu’ils ne foient les véritables caladi des anciens,
Sur un bas-relief du Capitole , on voit Trajan
& Plotine. Auprés d’eux eft un jeune homme
tenant un abaque ^ fur leauel font phcés un pre-
mier rang de fept jetons , un fecond d’un feul
qu’il paíTe avec l’index de la main droite ^ & ua
troiíiéme réduit á fix jetons , parce qu’il en %
avancé un qui forme le fecond rang.
Calculi j jeu. Voy. Dames.
CALCULONES. Voyez Calcuzatobjes.
CALDARIA 5^ / 5 . 4
CALDAPJUM , Thermes.
Voy. Etuves.
C ALDUS , furnom de la familia Csflia.
CALÉCHE , oa CABRIOLEE , voiture á
deux roues. Les monumens anciens nous ont
confervé trois caliches tirées par un feul animal.
La premiére a été publiée par le marquis MaíFai ;
la feconde eft fur un ancien monument de la ville
de Metz 5 & la troiíiéme , trouvée dans le royaume
de Napias j a été piifaliée par M. BuJifon. On ne
fait que: eft í’animal atteié á cette dernierc. Les
deux autres font tirées chacune par un cheval. Ces
cal'eckes ne différent des nortes que par la forme
du fiége fur lequcl rhomme eft aflis : il eft
rond.
On a trouvé dans les peintures d’HercuIanum ,
des caliches qui reílémblent á nos chaifes de
pofte , Se font attelées de deux chevaux. Le con-
duéteur eft aflis fur le cheval de volée c’eft-i-
dire j fur le cheval qui ne porte pas le brancará.
B b b b ij
^y.K ALSNDAKIUJM»
5^4 C A j-i
CALECON. Veyez^ Chaüsses.
CALENDARII curator.')-^
CALENDARIO (a). 5
CALENDARIS. Janon étoit ainíi nommée ,
parce que les calendes de chaqué mois lui étoient
confacrées , Se qu’on lui oíFroic alors des facri-
fices. Ovide le dit ( Fafi. I. v. j’j. ) :
Vindicat Aufonias Junenis cura calendas.
CALENDES. C’eft ainfi que les Romains nom-
moient le premier jour de chaaue mois , qni éroit
confacré á Junon. Ce ñora venoit du vieux mor
latin calare, appcler , formé lui-mérne du grec
x-aXíf) , af-peler ¡ parce que le premier jour de
chaqué moiS;, il étoit d’ufage que le pontife an-
nonfát á haute voix qael jour feroient les nones ,
le cinq ou le fept du mois. L'origine de ce nom
étoit différente felón Macrobe {Sat. lib. I. 15.) ;
ii la derive de fufage oú étoit le pontife d'ob-
ferver fapparition de la noiivelie lune pour Fan-
noncer au peuple ce que Fon appeloit calare.
Les calendes étoient Fépoque des payeraens ;
c’eft pourquoi Horace Ies appele tripes & incom-
Tr.edes.
On les coinptoit en rétrogradant 5 en forte que
le 14 de décembre, parexempie, étoit défigné
par ces mots XIX. KAL. lAN. ou décimo nono
ante calendas januarii. Pour exprimer le qaan-
tiéme des calendes en jours modernes';, il faut
cherchar que! nombre de jours il refte dans le
mois dans íequel on eft, & ajouter 2á ce nombre;
& réciproquement on fouítrait 2. au iieu d'ajoa-
ter,j pour trouver le qúantiéme du mois ex-
priraé en calendes.
Par exemplcj íi Fon parle du vingt - deüxiéme
avril 5 on eft au I o des calendes de mai ; car
Avril a 30 jours ; de 30 óter 22 refte 8 , qui^
joint aax 2 á ajouter^ donne 10. Réciproque-
ment pour le 10 des calendes de mai:, retranchez
ces 10 des 50 jours du mois d’avril & ajoutez-
2 au relie 20 „ vous aurez le vingt - deüxiéme
d' avril.
Quelques Crees ^ ígnoranf Fétymologie du
mot calendes , imaginoient que fous en des An-
tonins qu’iis ne déíignent pas , il y eut une
grande famine á Rome ; que trois homnies nom-
ines Calendas , Nonas & Idas , nourtirent la
ville , Fun pendant dix-hiiit jours , le fecond
pendant huit & le troiíiéme pendant quinze
jours. lis ajoutérent qmen ménnoire de ce bien-
fáit on donna leurs noms á autanc de jours du
mois quhl s’en étoit écoulé pendant que ehacun
íFeax avoit nourrí le peuple romain. Ón iit cette
fable dans Tzetzez (^Ckiliad. ¡1, tíifi. 6. 7. & 8.)
Se dans Baífeinon (¿2. Canon da axieme Concilel)
11 eíi étonnant que des Grics aient pu avoir une
Opinión É abfurde ; car lo.^g-tems avant les Anto-
lUiiSj ie müt calenda étoit en ufagCj & ils au-
C A L
^ oient pu le voir dans Cicéron , dans Hora-'e
dans Ovide , &c. “ ’
Les Crees n’avoient point de calendes -. de-la
vint le proverbe qui renvoyoit aux calendes
grecques „ les chofes qui ne devoient jamais
arriver.
CALEXDRIER des Egyptiens. Voyez^ Annéj
& Mois des Fgyptiéns.
C.ALEiÑDRILR ues Crees. V'oyt'^ Annéi &
Mois des Grecs.
CALEÑDRIER des Romains. Foyer Année
des Romains; 8e Farticle Calendp.ier du Dic-
tionnaire des Mathématiques de cette Encyclo-
pédie méthodique , qui ne nous laiffe ríen á
dire fur cec objet.
CA.LEXDRÍERS nécelTaires á la Chronolo-
gie depuis la naiíTance de Jéfus-Chriñ. II eíi de la
plus grande importance pour la vérification des
dates exprimées dans les chartres & Ies manuf-
critSj de pouvoir trouver fúremenc & avec faci-
lité une année quelconque , ou un jour quel-
conque de cette année , fous toutes leurs déno-
rninationsj & relativement á toutes Ies diíférentes
efpéces de calculs. Les favans auteurs de l‘A,-t
de vérifier les dates , en oDt fourni les meyens
dans leurs calendrier folaíre , lun.aire , Sí dans
!eur grande Table ckronologique. Nous tranferi-
vons ici ces deux calendriers avec leurs expüca-
tion & ufage. L’on trouvera lear Table chro-
NOLOGiQUE á fon raiig.
CALENDRIER SOL.AIRE ' PERPÉTUEL,
Tiré de Y Art de vérijier les dates.
Avertissement.
Les fept lettres dominicales ont ^ avec les 33
Paques j le méme rapport qu'elles ont avec tous
les dimanches de chaqué année , de maniere que
partageant entre - elles ces Paques en nombre
égal.j elles leur aíTignent a chacune j avec le
fecours du terme pafcal , la place qui leur con-
vient. Ce font par coníequent 5 Paques pour
chaqué lettre áominicale j puifque s’eft le quo-
tientj ou le réfultat de 3j divifé p^^ 7-
fétes immobiles ont pareÜlement une liaifon .1
intime avec ces mémes lettres , qa’e'les fn fui-
venr le cours pour tous les jours de la femaine,
que ces fétes parcourent d'année á aurre.^ Aínu
fous chaqué lettre dominicale ^ faifant d aboiu
une colonne des jours du mois, une feconde ^es
jours de la femaine , une troiíiéme des fért*
immobiles , ou fixées á certains jours du mois ,
rangeant enfuite Ies 3 Paques apparrena.ntes a
cette méme lettre ; les rangeant , dis-je , avcC
Ies fétes mobües qui en dépendenr^, fur cuiq
autres co-lonnes ^ je réduis par-lá cinq calenan^s
á un feul , & conféqaemment les 35
de 7. L’ordre de ces 7 calendriers fera í om»
CAL
retrograde des 7 lettres doir.inica'es. Ja'''>e;:erai
e^j^emier k G , ^arce au’il aÚía ceí^
e^ne pour ca/aítere : le nommerai le feconá le
oe-"érre! I! C°r'' calendrier
pe-pctuel. II eñ limpie . il eft courc, il a , comrre
" I’-var.cage dktre oL^^r
efpeces d-années , ‘ & au.t
liiv^.rs co.,m;e.^ceme.ns qu on íeur tloiine.
l^a maniere de sen lervir eit racüe. r^a-T^n
des 7 caUnarnrs eil comme diviíe en denx par-
ties ceile des tetes inuBobiíes ^ ou í^xées á
certains jours du mois , & celies des retes mo-
biles. On peut le confulter á part íur les pre-
mieres ou Par les fecondes , ou le confulter fur
Ies deux enfemble. N'avez-vous befoin de con-
noitre que les jours de chaqué femaine oü tom-
bent Ies fetes immobiles de telle année ? Vovez
alatabieCHRONOLCGiQUE ir. ’ettredominicalequi
correfpona a cette année ; ou s’il y a deux lettres^
comme dans 1« années billextiies , preñez ,1a
leconde ^ & paiiez^ au calendritr qui en porte le
nom 5 la colonne des fétes fixées vous donnera
ce que vous cherchez. Yoaiez-vous favoir , ' oar
exemple , que! joiir de !a femaine tombera" la
Purification en 1786? Voyez .a ía table tÁro.ao-
logique quede efi: la lettre dominicaie de cette
annee ; vous trouverez A. Cherchez enfaíte la
Purincat:on dans le caUndrier qui porte le nom
de cette lettre , & vous trouverez qa elle tombe
. un jeudi.
A Pégard des /eres mobiles, ce n eft pas a.Yez
de h lettre doniinicale ; ii faut y joindre Je jour
de Paques. Par exemple ;e veiix favoir quand
arrivera la /entecóte en 1787 ^ fuivant le ncu-
.S'eauftylcj je confulte la Table chronologíque
& j obferve i la lettre dominicaie qui elt G ¡
■ f Paques tombe cette année 5 c’efi
le 8 avnl. Je paíle efifuite au calendrier oú je
trouve aans la trciíiéroe colonne des Paques ^ la
/entecóte au 27 mai. Autre exemple ; il elt quef-
. non de favoir quel quantiéme arrivera PAfceníion
dn íy'88. Cette annee eft biftextile ^ comme on
le voit par les deux letíres dominicales F E, oui
lui correfpondent. Je vais, done au calendrier ,
aprés avoír obfervé que Paques en 1785^ tombe
mars 5 & j y trouve dans la colonne de
. Paques rombant le 23 mars ^ TAfceníion au pre-
mier mai.
Ce calendrier s 2.jv&e on ne peut mieux aux dif-
ferentes efpéces d’annéeSj & aux divers com-
mencemens qu’elles peuvent avoir. En effet, pour
fuivre le cours d"une année qui n'a pas le tnéme
Gommencement que la .nótre^ ou qui eft d^une
autre .nature:, il faut avoir fous les yeux deux c.
lendriers qui fe rapportent á deux années tanfé-
cutives. Par exemple ^ pour avoir toute la .ftiíte í
d une année ^ commencanr á Paques ^ il faut con- i
fuiter & le calendrier ou elle commencCj Se celuí {
oú eiíe fiíiic ; &r ^ risn p/eft plus aiíe dans none I
p.an. Les fept lettres dominicales répondant á
un parea nombre d 'années confécuti\ es , la
meme correipondance doit fe rencontrer dans les
lept calencrzers qui font dreíTés fur ces lettres 5
c elt un cycle qui fe répéte fans ceíTe. II n'v a
^ lorfqÚ on
commune á une année bif-
lextae. -.lors a faut fauter un calen¿r'-er n^ur
avoa celm qm con/ent i la derniérc.Des exemeies
von- renure lennoie ce aue nous difons. Je veux
connoitre toute la faite de Paanée 1^9. á
prendre Ion commencement du jour de Paques
comme on faifoit alors en France. Ce font íes
deux calendriers confécutifs E St D avec ks
Paques du 30 mars & du i9 avri!, qui deivent
regler mon opération. Je ia tais de fuite auíS
rapidement qu ii me plait:, pourvu que je retienae
ces quatre points , ou qu’apres avoir trouvé ces
deux Paques en queftion , j'aie.foín de les mrr-
/Jer comme les deux termes de l'année qu- -e
dois parcourir. .Mais fi ia tneme forte d’année',
te¡,e qu’une année commenqant á Pá'’'ues 1409 ^
setendoit fur deux des nótres , dont la derníke
íut bnlextile; en ce cas, aprés avoir commencé
I operation fur le caUndrur F , qui eft ceiai de
1499 , i2 faudroit 1/chever , non fur le calen-
drier E , qui fuit inímédiatement , mais fur le
calendrier D, auqtiel fe rapporte l’année billéxtile
ijoo. Ce que noiis_ difons des années commen-
cant á Paques , do!t s’appliqaer á toutes les ef-
peces d annees chretiennes , qui ont un autre
comme.ncement que le premier janvier.
La Ciiofe eft egalemcnt faciíe , lorfqu’i! s’acir
u une a.rnee Oiftérer-te par fa nature des années
ehrétiennes. La íeule * lettre domi.nicale ' fufht
aiors , parce qu’on n’a befoin que de deux co-
lonnes des joifts du mois & des jours de la fe-
maine , ou fénes , dans les calendriers qu’il faut
conftilter. Prenqns pour exemple la premiere an-
année de l'Hég're 3 elle commence 'un vendredi
\G jiuliet, de í’an de Jéfus-C h-ift 622. Cette an-
née chrétienne 622, a pour lettre dominicaie C,
& la íuivante eft une année commune ; cela me
fuflít. Je vais au c.-lendrier C , fur lecüel je fup-
pute mon année arabique , dejuis le lí juiüet
jufqu’au 31 décetnbre, aprés quoi je pafte au
calendrier fuivant, cu je continué mon calcul
jufqu’au 4 jinllet , terme de la premiere année
de r’Hégrre. í! eft cependant néceifaíre de fe rap-
peler ici la méthode que nous tracons i fartic'e
de 1 ere de ritégire , pour en comPiner íes an
nées avec les nátres, & áe fai e ufage de ¡a
rabie que nous y avons join'e. Ii faut ob.krver
e.ucore cce pon- combiner une atnée arabieue
avec deu» années corr. fpondances de Jéfus-Chríft,
dont k dernfére eft bífiexcile, i'opération ne neur
taire fur deux calen iriers confécutifs. Cfeít
mé'.r.s cas dont on v.-enr de parler fur íes années
ehrétiennes , qui n’ont pas le métr.e comme.nce-
nient que la nctre. Ii faut done alors , comine:
^66 CAL
on ¿!t j Tauteí un cilcndnsr ^ Sc paíTcr^d un
premier á un troinenrse. .1 ai , par exempre j a
canciller Tannce iipb de 1 He^íre ^ Tur íes annees
de Jéfus-Chnii 1783 & 1704 , qui lui correfpon-
dent. Aprés avorr commencé ir.a fuippuration fur
le calendtier E , qui eft celui de í7°3 ■>
Tachcverj non Tur le calendrier qui fuk im-
médiatemeet , mais fur ie calendrier C , qui vienr
aprés celui-ci ; parce que f année biilextiie 173345
a pour lettres dorriinicales D C , done la dernicre
marque la calendrier propre á cette année. L epe-
ración méme peuc fe faire auffi facüement que 11 ¡
les deux calendriers étoient contigus , lorf^jU on
faic feulement que la íeconde des deux annees
cft biífextile, fans s'embarraífer de iadounle
dominicale qui la caractérife. Ainíi , connoiiianp
par la cable chronoiogique , que l'annee 1763 eít
eommuns , 6c fannée 1784 biíTexnlej je coiiüi.c:e
d’abord le calendrier de la premiére 5 ap-es quoi
faatanc le calendrier fijivanc je prends celui qin
lui fuccéde ¡ pour avoir la fuíce de 1 annee i
de THegire.
Touc s’arrange done j tour fe combine dans
ce calendrier avec la plus grande faolice.^ ll s a-
dapte de lui-inéme a ronces les efpeces d anaéCí
lunaires j fokires ^ chrétiennes , judaiques , ara-
biques , perfantres , égypcienes ^ &c. en forcé que
le riere d’univcíifel ne lui conviene pas moins que
eelui de perpécuel.
Des Lettres Dominicales.
Encoré une ou deux obfervacions fur les lettres
dominicales. Quoiquelles fe fuivenc d’année a
autre dans fordre rérrcgraáe , cependant eiles
roulent entre-elles fur chique jcur de la^femaíne
dans r oráre direíl , comme on le .-qíc dans nos
fepc calendriers. L’un eft la fuite de l’autre. Par
exeniple , fi la lettre du dimanche eft A , celle da
lundi lera B . celle du mr.rdi C ^ & ainíi de fuite.
De-lá ií réfñlte que i'année comrnence toujours
par un / , quelle que íbit h lercre du dimanche.
Cela étantj pour favoir quel jour de la femaüie
a commencé ou commencera^ relie année qu’on
voudra^ ii n’eft befoin que de laleccre dominicale
de cette année; ou. fi elle eft biíTextik, de Ja
premiére des deux lettres dominicales qiu lui ap-
partiennent. Je veux connoicre , par exetnple . le
jour inicial de f année 1 770 ; j examine la letere
dominicale de cette année qui eft G , Se f en
conclus que cette année commence par un lundi,
parce qu’ii y a fept lettres dans 1 ordre direól ,
depuis A jufqu’á G incluílvemént.
Comme la lettre dominicale fert a taire con-
Boitre le jour initial de l’annee , celui-ci recipro-
quement eft propre á indiquer la lettre dominicale.
Par exemple, je fais que l’anaée commence par
un dimanche; j’en conclus que la lettre domini-
cale eft A. parce que l’année débute toujours ,
esmise ou la dic, par cette leyire. Si je vois u»
C A L
lundi marqué pour le jour inicial -de l’annéa, fea
intére que lakttre dominical cit G, par la raifon
que le feptiémi jour de cette, année tombanc le
dirnaiiche , doic concourir avec la lettre G , qui
elr la feptiéme dans Torore direct. Méme raifon-
nement pour les années qui s’ouvrent par le
mardi , le mercredi , & les joars fuivans.
D’apres cés remarques , on peurroit diefter ua
calendrier perpétuel fur Ies fept joiirs de _ia te-
maiiic 3 comme fur les fept lettres domÍMcaies.
Le premier des calendriers dont il feroic compofé,
s’ap'pelleroit ie calendrier du lundi, & répondroit
á notre calendrier G. Le fecond fe nommeroit
le calendrier du mardi , & répondroit á notre
calendrier F- Le troifiéme , qui prendroit fon
nom du mercredi, feroic en correfpondance avec
le ca^-ndrier E, & ainíi des autres, Non^e pre-
mier deíiein avoit éte de fuivre- cette méthode.
Maib pour cela il eut fallu ajouter la ferie ini-
tiak aux annees de Jéfus-Chrift dams notre Tabk
CHRoyoLOGiQOS, comme on a fait á celles de
i’Hégi.c , & ckft ce qui , faute dkfpace , ne pou-
voit'^s’exdcuter. D’aiikurs, l’autre méthode eft
plus fimple , & par lá mériíoit , méme en cas de
choix, la préférence.
Des Calendes j des Nones , des Ides.
Ces trois noms fontceux dont fe fervokntnos
anciens , á l’imitation ¿es Romains , pour mar-
quer tous ks jours du moís. lis appeloknt
kndes , coirime tout le monde fait , k prenuet
de chaqué lacis , en ajoutant le nom du mois
Si eelui des calendes : par exemple , cahndisja-
niiarii , calendis fearuarli , pour ic^ premier du
mois de janvkr ou de févtier. lis défignoient les
jours fuivans par ceux d’avant les nones , & us
appeloknt nones k cinquiéme jour de Aaque
mois , excepté mars , mai , juilkt 8c oüobrs.
Dans cesquatre mois, ks nones nc?zLmarquoient
le feptié.me jour; nosfk marsü le fept de mars,
8íC. Dans les huir mois ou m>/izs marque le cin-
quiéme jour , le fecond eft marqué par s^río
nonas gu iv nenas j c’eft-a-dire j auarto ^
ñoras , le quatriéme jour avant les nones, ua
fupprime ordinairement ks niots die 8/. anu. ^
troifiéme jour de ces huit mois eft deíigne p
tercio OU III nonas ,• le quatrieme par priaie
II nonas , 8c enfin k cinquiéme par noms.
mars , mai, juilkt & oñobre, le fecond du mois
eft marqué par fexto ou iv nonas j le
par quinto ou r- nonas ; k quatrieme par ?
ou ir nonas ; k cinquiéme par urv.o o
nonas ; le fixiéme par pridie , en pr .
pr. Se en chiíre n nonas ,- Se enfin le p - ‘
par nonas. On fait que le mor nons yient ¿e
qu il marque k neuviéme jour avant ks
chaoue mois. , .
Eneffet, ks ides, »
zieme de mars , de naai , ae juilkt Sí
CAL
cui íont ies ^uatre mo!Sj comtne nsus renons ’
de ie aire ^ ou no7i¿s marque ie ieptiéme du mois ;
dans Ies hurc au-.res ou ñoñis marque le cinquiéme j
du mois , idibus marque le creizie me ; ainíi dans |
les uiis & ¡es autres , ¿dious marque toujours le ¡
ueuviéme jour aprés les nones. Quanr aux fept
jcurs picins qui fe trouvent renfcrmés entre les
nones & les ides , & que nous comptons auiour-
ahuiparSj^, lo^ ii, li, 14 en m.arSj
en mai , en juiilet & oóobre , les Romuins &
les ándeos , á leur exempie , comotoient oüavo
ou Vill idus , Jeptimo ou VII idus , fexto OU VI
idus , quinto oU V idus , quarto OU IV idus ,
tertio ou III idus , en fous-enrendant toujours
ante , cemme nous f avons dit en parlant des
nones. Four les autres huit mois oú les nones
marquent le dnquiéme ^ au-lieu de notre 6 ,
9jIo, II Se 12 du mois , les Romains Se
nos andens comptoient oclavo idus , feptimo , 8c
le reíte jufqu'á pridie idus , qui déíígnoit en
bu-t mois le douziéme jour , au-Iieu qu'il défi-
giioit le quatorziéme á ces quatre autres mois ,
mars ^ mai , juiilet 8c oCtobre. Le mot tetus vient
de rétrufquc iduare j en latín divide-re , divifer y
CAL 5^7
parce oue le jcur des ides partageoit le mois á-
peu-prés en deux partits éeales.
Tous Íes jours , ¿epuis ¡es ides jufqu'á la fin
du mo!s 5 fe comptoien: par les calendes du moii
iuiyant. Par exemple , le quacorziéme de janvier,
qui étoit le lendcmain des ides du méme ."nois,
étokdéfigné decime-nono y ou XIX calendas ^
j ou ante kalendas fehruarii ¡ le quinziéme décimo-.
; oSavo y ou XVIil calendas februarii y Sc tOUS les
autres jours de luiré , en rét.ogradant toujours
jufqu a pridie ou 11 Calendas februarii , qui mar»
quoit le 3 1 janvier. Comme les ides marouent en
certains mois le treiziéme jour ainíi que nous
Tavons dit y en d’autres le quinziéme j 8c que tous
Ies mois ndnr pas un égal nombre depuis ie de^
cimo-nono y oU XIX kalendas , ne convknt pas
toujours au lendemain des ides ; il n'y conviene
qu'en janvier , en aoút & décembre ; décimo..
jexto y ou XVI en févner ; deczmo-feptimo y oii
XVII en mars , en mai y en juiilet & en oélobre,
decimo-oSiavo , ou XVIII en avril , en juin , en
feptembre & en novembre ; comme on peut le
remarquer dans tous les calcndriers dont notre
calendrier perpétuel eii; compofé.
A*’
3S
C A L £ N D R 1 H xi íj.
Poat les sanees commanes dont la Lettre Dcminicaíe eít G j
& pour les années biíTexdles doat :es Lettres Doaiinicales íont A (a.
A N V 1 E R-
Páques tombant au j 2z Aveib 1 ^5 Ayiil- i 8 Avril» ■ i A^rL. 25 Mars.
■L^t- ! Jou ts
Doitiidu Mois.
Années.
communes.
Alinees
biflextiles.
Fétes fixes.
FÉTES. MOBILES.
C
D
E
F
G
A
B
C
D
E
E
G
A
B
C
D
E
jr
G
A
B
C
X)
E
F
G
A
B
C
Cal.
IV
lil
II
Non.
V!II
Vil
VI
V
IV
III
II
loes.
XIX
XVIií
XVU
XVI
XV
XIV
XÍII
XII
XI
X
IX
VI I
VIÍ
VI
V
IV
III
11
Lundi.
Mar di.
Mercredi.
Jeudi.
Vendredi.
Samedi.
Dím anche,
Lundi.
Mardi.
Xíeieredi.
Feudi.
Vendredi.
13 ¡Samedi.
' Oimanche,
Lundi.
Mardi.
,Mei credi.
!8Í Jeudi.
Vendredi.
Samedi.
Dimanche,
Lundi.
.Mardi
Mercredi.
ij^Jeudi.
líiVendredi.
27'Samedi.
Dimanche.
29 Lundi.
30 Mardi.
3 ■ i Mercredi.
17
Dimanche,
Lundi.
Mardi.
Mercredi.
Jeudi.
Vendredi.
Samedi.
Dimanche,
Lundi,
Mardi.
Mercredi.
Jeudi.
V^eiidredi.
Samedi.
Dimanche,
Lundi.
Mardi.
I Mercredi.
Jeudi.
Vendredi.
Samedi.
Dimanche,
Lundi.
Mardi.
Mercredi.
Jeudi.
Vendredi.
Samedi.
Dimanche,
Lundi-
Mardi.
Circoncif.
Epiphanie.
I Dim.
I Dim.
11 Dim.
II Dim.
¡II Dim.
III Dim.
IV Dim.
IV Dim.
I Dim.
I Dim.
II Dim.
II Dim.
III Dim.
III Dim.
IV Dim
IV Dim.
I Dim.
I Dim.
II Dim.
II Dim.
III Dim.
III Dim.
I Dim.
I Dim.
II Dim.
II Dim.
III Dim.
III Dim.
I Dim.
I Dim.
II Dim.
II Dim.
Septuagéf.
Sept«agéE
IV Dim. ; Septuagéf- Sexagdíime.
IV Dim. I Septuagéf. Xexagíliaie.
' Let.[ Jours_ ] Années. j .^nnées
Domidu MoiE. 'communes. biflextiles. i
FÉTES' MOBILES.
B
E
F
G
A
B
C
D
E
F
G
A
B
C
D
E
E
G
A
B
C
D
E
Cal.
IV
III
II
Non.
VIII
VII
VI
V
IV
III
II
Ide?.
XVI
XV
XIV
Xül
XII
XI
X
IX
Vlil
VII
E I VI
G f \~*6
A g IV 5
B a III 4.
C b; n 5
ci 2.
1 Jeudi.
2 Vendredi.
I Samedi.
4 Dimunche.
5 Lundi.
6 Mardi.
7 Meicredi.
S Jeudi,
9 Vendredi.
10 Samedi.
II Dimanche*
Lundi.
13'Mardi.
14 Mercredi.
15 Jeudi.
16 Vendredi.
T7 Samedi.
iS' D -manche.
ip Lundi.
20 Mardi.
^krcredi.
22 Jeudi.
23 Vendredi.
:4 Samedi.
25 Dimanche.
Lundi.
27 Mardi,
28 Mercredi.
Mercredi.
Jeudi.
Vendredi.
Samedi.
Dimanche»
Lundi.
Mardi.
Mercredi.
Jeudi.
Vendredi.
Samedi.
Dimanche.
Lundi.
Mardi.
Mercredi.
Jeudi.
¡Vendredi.
‘Samedi.
\Dim^nche.
jLandi.
: MarcH.
‘Mercredi.
Jeudi-
; Vendiedi.
Samedi.
{D.manche.
Lundi.
\Míriú
: Mercredi.
Purificar.
Vigile.
S. Mathias
S. Mathias
V Dim.
V Dim.
VI Dim.
VI Dim.
Septuagef.
Sepmagéf.
Sexagéíim.
Sexagéílm.
V Dim.
V Dim.
Septuagef.
Septuagéf.
Septufigéf.
Septuagéf.
Sexagéfime
Sesagéfime.
Sexsgéfinie-j Qainquag.
Sesauéfim.
Quinquag.
Quinqaag.
Cendres.
Cendres.
Quinquag.
Cendres.
Cendres.
I D. de C
1 D- de C.
4 Temps.
A Temes.
Sexagéfime.
Sexagéíisae.
Quinquag.
Quinquag.
Cendres.
Cendres.
Quinquag.
Quinquag.
Cendro,
Cendres.
I D. de C.
I D. de C*
4 Terrps-
4 TemP5.
I D. áe C.líl D. de C.
I D.de C.lll D. acC.
4 Temps.
4 Temps.
11 D. deC.AIDVeC.
IID. de C.!lilD-d«C.
* Ces ¡cures f.
a.
b , c , & ces cJiiffrís é , 5 , 4 > 5 , ^ > foat pour les années BiffextBes.
Sí
c
ALE
N D R I E R
G.
57-3
Poar les années commuces don
c la Lettre D
ominicale ell G.
i
í
I
Et pour les acnées
biñ'esdlcs dont les Lc-cres
Dominicales
font A G.
!
N
0 V E M B R E
i
paques tombant au
ii Avtil. 1 I) Avri!. | 8 Astil.
r Aviil.
2j Mars.
i Let.
Jours
Jours
F É T E
S M 0 B
I L E S.
1 Dom
da Mois.
de la íemaíne.
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Se poar les annses biílex.iies done íes Lettres Dominicales font G F.
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Pour les annécs communes dont la Lettte Dominicalc ¿ñ G.
Et pour les années biíTextiles dont les Lettres Dominicales fent A G.
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■ & oour Ies annses bíiíexíles iont es Lettres Dominicales íont FE.
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Paques tan-ibant au | lo Avr;!, J !j Avril. í 6 Avri!. | 30 Avrt!. : z» Mars.
Let. i Jours j
Domida Mois. j
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Cendres.
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b, c, & ces chiífres 3>4, a, foat pour ks aanées BifTextiles-^
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Pour lesaanéefi co«jmunes dont U Letrre Dominíca!e eft E.
j Et pour les aunées biflesriles dont les Lectres t>omimcalcs font E E.
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Paques tomfeant au l
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Poar Ies années commanes dont la Lettre Dominicale eft E.
Et potir Ies annees biíTextiies dont les Lettre» Dominicales font ? E^
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Páques tombant au
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Et pour les année-s biflextiies dont les Lettres Dominicales font E E.
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6 Avril. JO Mats. ¡ ij Mats.
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Poní les années communes dcnt laLettreDominicak eft í).
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Paques torobant áu | ip Avri!. 1 ii Avril. | j Avril.
Jours de la, -r.. ^
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Cendres.
Cendres.
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VI Dim.
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Septuagef.
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Septuagef.
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1 D. de C. 11 <!'
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Sesagefim. Quinqaag. I D. de C- ilX>- de C. 1
Ces leítres f, g.
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& ces chiftres 6 ,
2, font tícur les année» Biííe-'m^es.
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Gi les ansees coHcm ores dont ia Ijjttre Donsimca’e efl B '
poce les années biSe-^iles óont les I.ettres Dominica'— t>.nr r R
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Dom du Mo><;.
• Jours de ia
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II. D. deCar.
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Merciedi.
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I. D.Trin. II. Dim.
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II. Dim. III. Dim.
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III. Dim.
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Lundi.
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?our ívs ajír.íss communís dont ia L^ttre OomirAcaJe e:t A;
& pcjr les a.:n>£cs biü'cxti^cs done íes I^crtrcs Oc:'ni¿:íc^Ies lom 3 A.
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. Piqcis tombant au i 2j Avri!. | lí Avíil. ’
9 Ayríl. i 2 Ayiil. I atí Mars.
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27
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III Dim.
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II Dim.
II Dim.
III Dim.
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Septuagéf.
Septuagéf.
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II Dim.
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Septuagéf.
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retes fixes.
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Purificar.
Vigi-e.
S. Mathá
S- Mathtas.
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V Dim-
V Dim.
VI Dim.
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Septuagéf.
Septuagéf.
Septuagéf
Septuagéf.
Se.xagéfime.
Sesagéiime.
Septuagéf. Sexagéíime., Qainquag.
Septuagef. Sesagéfim. 1 Qainquag.
Cendres.
Cendres.
Sexagéfime. íQuinquag.
Ss-^agéíinic.
Qninquag.
Quinquag.
Cetjdres.
Cendres.
Cendres.
Cendres.
I D. de C.
I D. de C.
4 Temps.
4 Temps.
I D. de C- D D. de C
I D. de C.'IID. deC.
i Temps.
4 Teir.ps.
Sexagéíim. Quinquaí. ilD- de C.’II D.de ®P‘jeC.
Seátageíim. Quir.quag. ; I D- de C-^li D. de C. .lü
Ces ietttes f, g, a,b,c, & ces chiCres 6,5,4, 3, ft>"t pour ks années Biifextiíes.
CALE N D^R I E R A.
Pour les sanees comrmincs dor.t la Lettre Domiaica e cít A.
£.t poux les anaées b:£iesnles dor.t íes Letttes Doir.lntt;' fo-t B A
KT A R S, ^
Kques tombantau | s, Av.ñl. | Arril. i 9 Avr.i.~r a Avril. T Mars.
: l.et. 1 Jours
¡Dom'du Mci;.
Jours de ia
Semaine.
Fétes fixcs.
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CALENDRIER A.
Poar íes années commnnes doiit la Lcttre Dominicale eft A. _ .
Et pour les anoees blíTextiies dont les Lettres Dominicales font B A.
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Paques tombantau
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1 1 6 Avril.
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Let. I Jours ; Jours de la
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N.'S. J. Bao.
II. Dim.
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Visiie.
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Lundi.
Mardi.
IV. Temí.
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1. 1>. Trk. II. Dim.
Féte-Dka.
II. Diiii.
III. Him.
II. Dim.
III. Din».
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III. Dim. -IV. Dim. . V. Dim.
III. Dim.
IV. Dim.
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Poar ks^iiñécs corcmunes dont ia i-ct:re JJ>omir.2calc eíb A. 1
Et poui annees biÍ>'exiUe£ dont les Lctues Dciuinicales fom B A. 1
J U i L L E T.
Paques tombant aa J 2.3 Aviil. i id Aviil. 1 ^ Arrii. | % AvrB-
f í6 Mars.
Fk« ii.es.
Dom da Mois.i Semaine. I
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S^po-aries ar-n^s biíTesti'cs dx>i;t tís Le«res Düirdiiica'es fonr B A.
s~e'p~t"1í”m B R é.
Piques tombsnt su
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lA'ur les aunées communes dont la Lcttre Dcminicale eíl A.
Et pour les anne-is biliexdles done ^ts Leteres Dominicales font B
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1 23 Avri!.
1 16 Avri!.
1 9 Avril.
I 2 Avril.
I 26 Mars.
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Jours J Joura
Eétes áxe*.
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du Mois-jdelafeniime,
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%-i' Giminckt.
D. Oftare.
D. Oclave.
D. Ociave.
D. Oaave.
r>. Oc^vc. *1
Ar^tiquitc i , Tome 1,
Hhhh
T A B L E D E IVí O N S T R A T I V E
DES SEPT CALENDRIERS5
V Oici Ies fept Calenariers GÍÍtribués ruivant Torárs retrograde des íept Letrres
Dominicales , avec les cinq Paques qui appartiennent acbacune de ees Lettres. Maii
comme íCj Paques de chaqué Calendrier ne fe fuivent pas immédiatcment, i! s’aeis
m.iiatenant de faire voir fur quels principes neus les avons placees dans Ies Caiendrieri
oü elíes fe trouvent. La table fuivante tiendra lieu de démoañration.
l£S TREKTE-CINq PA(¿UES j avec ks Lettres Dsminieaks- teur eorrefpcnicnt.
‘"'P' pour voü U ron a rao#
íiacune des Paques foas la Lettre Dominicale qui luí coavient.
Kota. ron d. murjué dom fo CnkndrUrs Us i<¡kes umycfMomom
CAL
CALENDRIER LLXAIRE PEREÉTUEL ,
®tl Cultr.drier anden, de 1‘ égllfe , réu.rd avcz celui
de Grégoire XIII , tiré de VXrt de védjkr les
¿ates.
A V E R T I S S í. M E N T.
Du nombre ctor , ou cycle de ens. Le noir.’ore
d'or eft celui qui régloit Tancien ñyle _pour le
commencement de chique lune. Les dix-neuf
anpées dont 51 efl compcfé , répondenr aux dis-
neiif joiirs de chaqué mois , ou les anciens pen-
foienr que les nouvelles iuues pouvoient feu'e-
ment arriver. On a mis des O vis-á-yis des ^au-
tres jours auxque'is le nombre á’or ne peut s'ap-
pliquer. Ainíi pour trourer dans le vieux ñyle
la nouvelie lune de chaqué niois , de tel'c année
qu^on voadra j il n’eít queilion que de connokre
le nombre d'or qui apnartient á cette année , &
voir enfuñe le jour de chaqué mois auquel il
correfpond. Voulez-vous favoir j par exemple ,
quels jours tombcient les nouvel'es lunes en
Eannée 1500 ? Clierchez le nombre d'or de cette
année dans notre table chronologíque , &
vous trouverez ip. Aoyez aprés cela dans notre
calendrier lunaire Ies jours auxquels ce nombre íe
xapporte. Se vous trouverez y janvier, 3 février ,
j mars j 4 avril ^ j maij 2 jum, i & 5*^ juí let,
2? aoút j 27 feptembre, 2(5 odtobre, 25 novem-
bre j 24 décembrCj qui font toutes íes nouveiles
lunes de Pannée lycc.
Tles lettres dominicales.
Nous ne dirons ici qu’un mot des lettres domi-
nicales 5 eües font Ies mémes Se fuivent le méme
ordre dans Eancien & le nouveau calendrier.
L’unique dérangement arrivé á l’ordre de ces
lettres , eft celui qu on peut remarquer dans notre
Table Chronologique enl'an 15S2. Si Tancien
<alendrier n^’avoit point été change cette annee-Iá ,
on n’y verroit qu’un G pour lettre dominicales
& ce G auroit fervi pour marquer tous les di-
manches de Tannee. Mais on y voit auT; un C j
■& ce C marque les dimanches de i’année^
aprés le retranchement des dix jours qui s eít^fait
a Rome depuis le y oftobre jufqu’au 14 du méme
mois incluiivement. Siqueiqu un veut com.prendre
ceci bien claiiement, cu il jette les yeux fiir le
premier calendrier qui Iiii tombera fous la main ;
il y verra que le 30 feptembre eft un dimanene ^
lorfquc G eft la lettre dominicale. A , B ^ C ^ D,
qui répondent aux cuatre prem.iers jours d’odlo-
bre ^ marcuent alors le lundi , le mardi ;, _!e mer-
credi & le jeudi. Retranchez enfuite dix joprs
de ce mois , & nous nous trouveross au ly cc-
tobre, jour auquel repond la lettre dominicale A.
Cette lettre A , pour ne ríen déranger dans l’or-
dre des jours de la femaine aprés le retranche-
ment des dix jours da mois , a dú marquer le
yeadredi , la lettre B le famedij & par coni'équeat
CAL ííiT
la lettre C , aprés le retranchement fair , depuis
le y célebre* jufqu’au 14 inclulivemcnt , a mar-
qué ¡es dimanches du reíte de cette annee iyb2.
y oila l'ur.ique chang'ement que le nouveau calen-
crier ait apporté dans i’ordre des lettres domini-
cales 5 á moir.s qu'cn ne prenne pour un autre
changement la fuppreífton des doubles lettres ,
aux années centenaires qui ne font pas biíléxtiles.
Des e'pacles du nouveau fyle.
Au nombre d’or employé dans le vieux ftyle ,
cnt fuccédé les épaétes dans ¡e_ nouveau , pour
íixer les nouvelles lunes. Lxaminons-en d abord
. a poíition.
Ces trente nombres , que les auteiirs du nou-
veau calendrier ont appelé épañes , font pngés
vis-a-vis des jours de chaqué mois de 1 annee
dans un ordre retrograde , depuis le nomore
trente j m irqué par un aftérique ]ufqu au
nombre I- De-la recommengant toujours par cet
aftérique jafau’a ce nombre I , Ion procede^ en
rétrouradant depuis le premier ce janvier jui-
qn’au dernier de décembre ; de relie forte qu a
la différence du nouibre d’or , il n’y a aucun jour
de rannée qui ne foit marqué au m.oins dune
épacte. Tel eft i’arrangeinent de ces trente nons-
bres 5 ou uouvelles épaétes ; en voici maintenant
l’ufage.
Pour connoitre Ies nouvelles lunes de chaqué
mois que ce puiííe étrc:, depuis lySz , tant que^Ie
nouveau cilendrier fubíiitera , il r.e faur que 1 e-
paíie de i’année nropofée. Par exemple , je fais
par notre Table CHRONOLOGiqtiE^oiUesépaaes
de chaqué année font marquées , qu’en i’année
1766, nous comptor.s XVill épaétes. Tous les
jours de chaqué mois ou l’épaéte XA líi eft mar-
quée , font par conféquent les nouvelles lunes
que .je cherche. Or je rrouve cu en 17Ó6 Ies
nouvelles lunes arriveat les 15 janvier ^ 11 fe-
vrier , 15 mars, ii avril , 11 mai , 9 jum , 9.
juiilet j 7 aoúr , 6 feptembre , y oétobre , 4 no-
vembre & 3 décembre , par 1?. raifon que répa-élc
XVTIÍ fetrouve placée vis-a-vis de tous ces jours-
la : voüá done S’objet de ma recherche vempli. II
faut cependant faire atrention que le plus fouvenr
la riouvelle lune , comme nous !e dífons au mot
Épactes , arrive deux jours avant celui quí eft
marqué car i’ép.iñe , quelquefois trois jouts,
d'autres fois un jour , & que /arement e^ie ar-
rive le méme jour. Mais on voit ici dans la tibie
d»s énades de notre calendrier ^unaite , plufieurs
jou*s'oíi il V a deux ep.taes : que íigninent ces
deux épactes ? C’eft ce qu ¡I fout exphquer. L’é-
paíte 2,-, en chiftres atabes, marouee v:s-a-v:s
d’une mt>e épacte en chitfres romains,. le 6 ian-
vkr , le 4 féVner , le 6 mets , le 4 avrl! , le 4
mai. Le 2 juin , le 2 jiullet & le 3: da méme
niois, le to aoút, le 2S feptembre . le 28 odo-
bre le novembie, & eunn le 2í5 déceu.b-c,
‘ il h h h ij
1 2. CAL
a cté inventíe pour marcuer en certíiines années
!es nouTe’lcs lunes , un peu diiíéremment qa^elles
n auroienr eré indiquces par Tépañe marcuée en
chiftres romains 5 & cela afin de míeux accorder
rannée ¡unaire avec celle du foleil. Voici les
années ou Ton doit fe fervir de répaéte 2 j , maí-
qiiée en chiíFrés arabes. Cefl: lorfqu^elle répond
á un nombre d’or qai eíl au-deíTus de onze ,
comme font les huir derniéres années du cycle
de 19 ans. Que fi Fépafte zj répond á un nom-
bre d°or au-deíTous de douze , comme font les
cEze premieres années du méme cycle de 19 ans,
on fe fert alors de Tépafle XXV , m arquée en
ch.ifFres romains ^ & jamais de Fautre ^ qui ne
ccmmencera d’étre en ufage qiFaprés Fan 15005
aínfi nous ne devons point craindre cu'elíe nous
embarraíTe jamais. I! a fallu néanmoins en par-
1er j pour ne rien laiíTer fans explication de tout
ce qui fe renconrre dans la rabie des épactes.
F'.ous avons encore deux épaéles vis-á-vis du
31 décembre ; Fépaéte 19 en chifrres arabes^ &
Fépacie XX en chifrres romains. La premiére
fert pour les années oü elle concourt avec le
nombre d'or 155 ; & c’eft ce qui arriva pour la
derniére fo!s en idqy , 8c n’arrivera plus avant
8)00. La feconde fert pourtoures les années ou
ce concoars ne fe rencontre point. Pour ce qui
eíl des épactes XXV & XXIV ^ toutes deux
marquees en chiíFres romains , vis-á-vis des f
pvner ^ 3 avril , 3 juin , !• aoút , 29 feptem-
cre & 27 novembre , elles font doublées pour
deux raifons. La premiére eíl que íi trente épaéles
fe fuccédoient les unes aux autres douze fois j
fans qu aucune fut doublée j elles répondroient
a ^60 jours ^ & Fannée iunaire commune n^en
connent que 3 34 , con'm.e nous le difons au njot
Epactes. Afin done que le nombre des épaéles
ne furpafe pas le nombre des 354 jours de Fan-
née Furiaire commune, il a fallu doubler fix de
ces epaftes. Par le moyen de ces íix épaéles dou-
biées , les trente répétées douze fois , ne nous-
conduifent que jiifqu’au 20 décembre incluílve-
ment ; au-lieu qu^elies nous conduiroient juf-
eu au 26 du m.éme mo:s , s’il nV en avoit aucune
de doublee. Or, il eíl néceíiaire qu’elles ne nous
conduifent que jufqu’au 20 décembre, afin quhl
rede onze jours jufqu’á la fin de ce mois, c'eíl-
a-díre , aiitant de jours que Fannée Iunaire en
contierit moins que la folaire , qui finit toujours
le^ 31 decembre. Ces onze derniers jours ce
décembre font marqués des mémes épaéles a -z
les onze premiers du nrois de janvier ; & Icrf-
que la nouvelie tune arrivs i un de ces derniers
ipjp A , elle eíl toujours exaélement
iñdicuee par Fépacle qui répond a ce jour.
» feconde ^ raifo.n pour laquelle il y a íix
epaftes douolees , ou , pour míeux dire, nour-
ouoi ces épaéles doublées font placees vis-á-vis
ces 5 fevrier, j avril , 3 juin, i aoúr, 29 fep-
íém..,re & 2^ novembre , eíl afin que les lunes
CAL
pleines , on de 50 jours, &: les lunes caves qui n’en
onr que 29, fe fuccédentairernativement, comme
nous avons encore dit au mot Epactes , qu’éües
fe doivent fe focceder. En effet , ces deux épaéles
XXV & XXIV , ainíi placees vis-á-vis Fuñe de
Fautre aux jours que nous avons marqués, font
que toutes Ies épaéles qui les fuivent, avancent
¿’un jour 5 & en avancant amíi , elles font naítre
cette fucceffion de lunes pleines &: de lunes
caves. C eíl ce qudi eíl aifé d’éclaircir par un
exempie. Nous avons dit qn’en Fannée iy66 ,
nous comptions XVÍíI d’épaétes , autant que la
lime avoit de jours le 51 décembre de Fannée
lyáj. N'ous avons dit encore , & nous Favons
rouvé par la .difpoíition des épaéles , que quand
y a XVIií d’éoaéte , les noavelles lunes *tom-
boient le 13 janvier, le ii fevrier, le i3mars,
le II avril, le ii mai, le 9 juin, le 9 juület,
, le 7 aoüt , le é feptembre , le 5 oélobre , le 4
novembre & le 3 décembre. Prenons maintenant
la peine de compter Ies jours de ces lunaifons , 8c
nous verrons que celle de janvier eíl de 30 jours ,
celle de fevrier de 29 , celle de mars de 30, ceüe
d'avril ce 29 , & ainíi des autres, toujours alter-
nativement Fuñe de 308c Fautre de 29, jufquá
la fin de Fannée.
Pour ne poínt nous tromper dans ce cakul,
il faut raire artention á ce que nous difons a Far-
ticledu Cycle iunaire, que la lune ,oulunaifon
d'un moís, n'efí pas celle qui commence, mais
cede cui fir.it en ce mois. La lune de janvier ,
par exempie , n’eíl point celle qui commence le
13 de ce mois en Fannée 1766 , mais celle qui
finir le 12 du méme mois, 8c qui avoit com-
mencé le 14 décembre de Fan I7(íj. Cela fup-
pofé , comme il doit Fétre , fuivant tous les
anciens & nouveaux computiíles , venons á notre
exaipen, 8c comptons. Depuis le 14 décembre
jufqu’au 12 janvier inclufívemenr , il y 5°
jours : dónela lune de janvier eíl une June pleine,
ou de 3c jours. Depuís le 13 janvier jiifquau
10 février inclufivement , il y a 29 jours , ceft
la lune cave ( ou de 29 jours ) de février. Depuis
le II. février, jufqu’au 12 mars inclufivement,
11 y a 30 jours ,- 8c depuis le 13 mars jufquaii
10 avril, roujburs incluíivement , il n’y a que
29 jours. Ce font Ies deux lares, dont I une eít
pleine Se Fautre cave 5 la premiéri de mars , la
feconde d’a TÍI. En continuant le méme calcul
jufqu’au mois de décembre , on rrouvcn une lune
pieine pour le mois de maí , u:.e cave pour le mois
de juin : une pleine en juilíet , une cave en aout :
une p'eine en ieptem.bre, une cave en^cctobret
une pleine en novembre , une cate en decembre ,
laquelle fir.it le 2 de ce m.ois. Celle qui commence
le 3 , appartient au mois de i-nvier de 1 anjiee
1767. Ces lunes pleines Se cai'es qa; fe luct-ucnC
alternativement, ne íont íi exaélemenr indv'uees
par les épaéles du nouveau calendner ,
qu’on y a place les épaéles XXV Se XXiV
C A L
\ñs-í-vis Fuñe ae Fautre j aux jinirs que nous avons
marqués.
i! ne nous reíte plus qu’á eonficicrer le con-
cours cu la eorrefpondance oes- épacbes <ki
vean caíendrier avec ie nombre d'or, ou les diffé-
renres années du cycle de 19 ans. On peu: vc:r
dansnotreTableCHRONOLOGiQcEj comment les
épacles répondentá ces années ^ foic ayant , foit
áepuis la réformaticn du calendrser. Mais en nous
bcrnarit: ici á ce qui regarde le caíendrier reforme ,
nous voyons que depuisla réformej jufqiFen 1700
incluíivement ^ Fépacte I répono au nombre d’or Ij
répaCte XIí au nombre d’or II , & ainí) des au-
treSj cemme on les voit marquées toutes de fuite
dansiaTableCHRONOLOGiquEjdepuisFan i '
jufqiFen 1614 incluíivement. Depuis & compris
17CO3 jufqu'en 1899 incluíivement dans notre Ta-
bla ChronologiquE:, on apperqoit une nduvelle
correfpondance des épadles & des nombres d or ;
répaéle XXX , oa Faftérique’í' , répond au nom-
bre d’or I, FépaCte Xi au nombre d'or II , & le
relie, cocime on peut le voir de faite, depuis
171C jufqu'en 1728 incluíivement. Si Fancienne
correfpondance avoit été encore en ufage , on,
auroit compré X d’épaéie , coir.me on en^comp-
toit roui’ours X vis-a-YÍs du nombre d’or X , ainli
qu’on peut ie voir toutes les- fois que ce nombre
d’cr X fe rencontre depuis ijSa jufqu’en 1700.
Mais ea 1700 ,,á caufe du nouveau concours , 011
rapport des épañes avec Ies nombres d'or, onvoit
l’épacle IX \is-á-vis du nombre d’ot X, & cette
épaéte IX marque les nouvelles lunes de c’naque
mois un jour plus rard qu’eíles n'auroient éte
marquées par Fépacte X- Celle-ci aiiroit marque
la nouvelielune le 21 janvier, le 19 février, &c. ;
í’épaéle IXFamarquéele 22 janv'er, lezo féyner,
& ainíi des autres, toujours un Jour plus tard que
l’épaéie X ne les auroit marquées. En 1900 ii y
aura dans la correfpondarice des épaótes du
nombre d’or un autre changement,. dont on volt le
coinmencement a la fin de notre Table Chrono-
LOGiQUE. Cette année l’épañe XXIX répondra
au nombre d’or lila fuivante Fépafte X répandra
au nombre d’or II, & de méine des autres i ce qui
continuera jufqu’en 2200. Ces changemens íe
font pour accorder toujours , autant qu il eft pof-
Éble , i’année lunaire avec l’année folaire , & en
méme-tems indiquer la Paque de relíe forte , que
nous ne la célébrions jamais le 14 de la hiñe, mais
le dimanche aprés ce 14 : précaution qui , comme
nous le difons á l’article du Caíendrier Grégorien ,
nous fait quelquefois célébrer cette grande féte
fept jours plus tara que nous ne la célébrerions íi
notre comput ecciéíiaílique nous marquoit les
nouvelles lunes audiexaclement que les afironomes
les marquent. C’eft ce qui eft arrivé en 1744- En
fuiva.nt le comput eceleíiaftique , ou le nouvesu
calendne;, nous avons fait la Paque le r avril í
Bous i’aa.ions iaite le 9 mars , en fuivant le
calcul des aitíonomes i puifque fclcn ce calculla.
C A
L
61 >
RCUrelIe li-r.e pafca’e tonr-boit le Í4 mar5, á 7
beures 47 minutes du matin', 8c par c-oníeciient
le 14 de la ¡une ie 27 dit méfr.e mois, qui étoit uti
vendíedi ; d’o'i il féíiiite-Que neos au» ÍQna*di ce-
íébrer la Paque le 29 mars, qui etoit le premier
dimanche aprés le 14 de la íune pafcale, felón le
calcul des aítronomes , plus exael que le notre.
Mais nous avons déjá parlé á i’article ci-deftus
cité, de ce défaut de notre caíendrier. Se perfonne
jufqu’ici n’a pu encore y remédier.
Du Terme pafca!.
Dans notre Calendrier lunaire. Ies mois de
mars & d’avril renferment une colonne de plus que
les autres mois. C'’eñ la colonne des differentes épo-
Gues du- terme pafcal, relatives attx nombres d’er
& aux épactes que Fon voit depuis 8c compris le
5 mars,'jurqu’au. y avrii incliiíivement. Ces épo-
ques du terme pafcal indiquent le quantiéme de
mars , ou d’avril , oü tombe le 14 de la lune de
Paques, déíignée par le nombre á’or, ou par
l’épaéíe d’une année aprés le 7 mars; en forte ^
par exemqie, que le nombre d’or XVI Se i epacle
XXIIl cui fe trouvent vis-á-vis du 8 mars , mar-
quant, pour ce quantiéme , la nouveile lune , in-
diouent pareiliem¡ent que le 14 de cette lune paf-
caíe tombera le 21 du méme mois. De 8 en eífet,
jufqu’á 21 * ces deux nombres compris , il y a
14 jours. 11 en eft de méme des autres époques
du terme paica!. 11 faut feuiement fe rappeler
Qii’ en 1 582 , Ies épaíies r/étoient pas confidérées
pour la rec’néixhe du terme pafcal. Elles ne fer=
vent á cela qúe-depuis cette année, 8c feuiement
■pour- le nouveau caíendrier. L’ancien fe régle
toujours , á cer égard , par le nombre d’or.
Quoique Paques, oomme on le verra ci-aprés ,
puille arriver en 35 jours diíFérens, ceft-a-dire^
depuis 8c compris le 22 mars , jufqu au 25- avrii
incluíivement, néanmoins le terme pafcal, ou
le 14 de la lune de Paques, ne peut tom.ber
que fur 29 jours, dont le premier eít le 21 mars,
6 le 18 avrii le dernier La raifon de cette diffé-
rence eft facile a faifir. C’eft que différenres Pa-
ques peut'enr avoir le méme terme p^fcai , fuivant
les lífférens jours de la femaine ou il peut rorn-
ber. Par exemple , les Paques des 22 , 23 , 24 ,
25 , 26 , 27 &: iS mars peuvent avcir_également
pour terme pafcal le 21 mars , felón ie )_our de
la femaine ou tombera ce quantieme. ^Si le 21
mars eft un üimanche , Paques arriveri ie diman-
che fuivant , 28 de ce mois ; fi ce terme pafcal
tombe un lundi , le 27 mars fera le jour de Pi-
ques , 8c air fi des autres. C’eft par la méme raifon
que le 18 avrii eft la derniére époque du terme
pafcal. Car puifque fept Paques différenres peu-
vent avoir ie n-íéme terme pafcal , ii s’enfuk
que le iS avrii doit erre commun aux fept der-
niéres Paques , Sc par confécueat le dernier de
tous.
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Le íerme paical érarit connu , fait connoítre
£ fon tour la Páque au mojen de la lettre do-
fniaicale qui le fiiit immédiatement ^ de la lat-
iré , dis-je , propre i laauée de terme. Aiaá
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Paques tombe le jo mars en parce que
la íertre E, qui appartier.t á cette année^ mar-
que au 50 mars le premier diinanche qui fuit
le z6 de cc mcis j époque du teinre pafcal.
I' CALENDRÍER LÜNAIRE PERPÉTUEL. 615^!
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mltion GU calendrier , Soíxgéne ^ le principal
aftronome qu il chargea de cette entrepnfe ^ fixa
réquinoxe du printems au ay mars. Mais comme
fur refpace de 36) jours Se 6 heures quil
donnoit au cours annaeldu folei! ^ d y avoit dans
le caicul aftronomique , n minutes & la fe-
condes ou environ a rabattre , il arrivoit dé-
la quen 113 ans & deux tiers d'année:, l’équi-
noxe précédoit d’un jour le ay mars; de forte
qu au tems du premier conede deNicee, tenu,
comme Toa fait^, en Tan 1 equinoxe ne tom-
boit plus le ay mars, mais le ai de ce nmis. Ce
fut á ce jour que ¡es Peres de Nicée le fixerent ,
fans chercher de remede á la caufe de la precef-
fion qíiils ignoroient. Le mal continuant done ,
ainíi que par le paire , réquinoxe en 341 ans ,
fe trouva devancer le ai mars de 3 jours ;^&^en
layy ans , c'eft-á-dire, depuis Tan 3 ay jufqu á_l an
i y8a , la préceffion étoit de 1 1 jours , quoique
felón les TablesAlfoníines, que les auteursdu ca-
lendrier Grégorien ont fuivies , -elle n aille qu a
10 jours. Long-temsavant le pape GrégoJreXiií,
on s’étoit apperqu de ce défaut du calendrier
Juüen. Jean de Sacrobofeo , favant aftronome
Analois , en fit la rem.araue en 12.60 ; & aprés
id Jean de Saxe & Robert GrolTe-Tére, évéque
de Lincoln , tracérent quelques regles pour la
réformation du calendrier. Fierre Philuména ,
Kicolas Grégoras & Ifaac .A.rgyre , au quator-
tiéme íiécle , proposérent auíP. leurs vues fur le
liiéme fuiet. 11 en fut traite , mais fans fuccés ,
au Concile de Conftantmople en 1414, fur Ies
repréfentations du cardinal d’Ailli , Se dans iC
Concile de Baile en 1456 Se 1459, melles du
cardinal Cufa. Le pape Sixte _IV voulut efficace-
ment travailler á la réformation du calendrier ;
8c dans ce deíTein , il fit venir a Rome le^ cele-
bre Jean Régiomontanus ; mais ce mathem.ati-
cien y mourut en 1476 , ayant á peine ebauche
fon ouvrage. Dans le íiecle fuivant , les.erreurs
du calendrier Julien , furent deferees au pape
Léon X Se au Concile de Latran , tenu en i yi8_.
On fit la méme démarche aupres du pape Pie
& du Concile de Trente. Elle ne fut pas vaine
cette fois ; la réformation du calendrier fut or-
donnée par le Concile ; ce qui occaiionna div^s
écrits oü chacun propofa fon ^lan pour reuiiir
dans cette opération. Enfin , Gregoire AlH ayant
appelé a Rome les hommes Ies plus verfes dans
C£tt£ rnatiérc ^ employa lO annecs a diícutcr
toutes les formules ejui lui furent prefentees j
donnalapréférence á ¿elle des deux fréres Alo^o
& A ntonio-Li¡io,& en envoya des copies Pan i y / 7,
a tous les princes , républiques Se académies ca-
tholiques. Affuré de leur confentement , il pu-
blia Pan iy8z, fon nouveau calendrier , dans
lequel on retrancha 10 jours fur cette annés , en
eomptant le i y octobre au-lieu du y. =3
Anúqyiités , Tome 1.
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«En Efpagne , en Portugal & dans une panie.
de ITtaiie, le retraiichement fe fit le méme jour
qu’á Rome ; mais en France il n'eut heu qu aa
mois de décetnbre fuivant. Le 10 de ce mois y
fut compté pour le 20, conformément aux lettres-
patentes du roi Henri llí , datées du 3 novembre
précédent. =»
cc La méme année , Francois de France , duc
d’AIencon , puis duc d’Anjou , en fa quilite de
fouverain des Pays-Bas, adreifa le lodéce.mbre,
aux Confeiis de Érabant , de Gueldre , de Flan-
dre, de Malines, de Hollande & de Frife , un
placard pour la réception du calendrier Grégo-
rien , par lequel il étoit ordonne que dans ces
provinces , apres que le 14 futur de decembre
feroit pujfé , le jour juivunt qu on comptoit, pour
le quinji'eme y felón V anden calcula ne fe compte-
roit plus pour le quinjieme , mais pour le vingt-
cinquieme, & ainfi feroit tenu pour le jour de A dél,
& que P année préfente fniroit fx jours apres le
jour de TPo'éP Le Brabant , la Flandre , 1 Artois ,
le Hainaut , la Hollande fe conformérent a cet
édit. Mais la Gueldre , le Zulphen , la province
d^Utrecht, la Frife, le pays de Groningue,POyer-
Yffel s’y opposérent & continuérent de fuiyre
Pancien ftyie. L^année fuivanre , apres la ’retraite
du duc d’Anjou , Philippe li , roi d’Efpagne ,
étant á Tournai , donna le 10 janvierun nouvel
édit portant ordre aux ciix-iept provinces des
Pays-Bas de recevoir le nouveau calendrier , re-
g'ant en conféquence que le 12 Février futur
feroit compté pour le 22 , & le lendemain feroit
tenu le jour des Cendres. Réformons en cela ,
ajoute-t-il , la lettre F en B :¡ tellement qu en^ejfet
le fufdit mois de février , pour cette annee , n aura,
que 18 jours en place de 28 , quoiqu on compté
jufqu au 28 inclufivement. Celles des fept Pro-
vinces ünies qui avoient refufé d’obéir au placard
du duc d’Anjou , . ne tinrent compté de PEdit de
Philippe II,dont elles ne reconnoiíloient plus Pau-
torité. Mais nous voyons qiPen 17CO les états
de la province d’Utrecht pubüérent un placard
le 24 j’uiliet , portant que le calendrier nouveau
y feroit recu , á commencer le premier décernbre
que Pon compteroit pour le 12. La province
d’Over-Yffel íuivst la méme- année cet exemple ,
ainíi que la Gueldre , le Zutphen , la Frife &
Groningue. C’eft done de cette époque que le
ñyle eft uniforme, dans tous ¡es Pays-Bas. «
« En Aliemagne , Pem.pereur Rodolphe II pro-
pofa, dans une des derniéres féances de la_ diere
ijjsbourg , ouverte le 27 Juin lySz, o intro-
duire dans Pempire le calendrier Grégorien; &
ce projet tres - r2.ííbnna,ble cit M. Ffetteí ^ eiit
fans doute été agréé fur le chanip , fi les Etats
ne fe fuíPent pas trouvés ofFenfés par le ron ab-
folu^^avec lequel le pape leur avoit enjofnt de
fuivre fon calendrier. L’on s’y oppofa tout a une
toíx ; mais Pannée fulvante Pempereur , par les
í’oins d’Erneít de Baviére, éleéleur de Cologns,
1 ii i
-- V
6i8 CAL
cngagea ies états catholiques de Tempire , á re-
cevoir ie flouveau ca'enárier. Les proteftans con-
tiauérent de fuivre i’ancien. Mais ia viile de Stras-
boarg adopra 2e Grégorien le j février i68z_,
fuivant M. SchcepSin (A/f. iliuftr. t. z , p. 343.)
Enfin , Tan ióp8 , les protellans de fempire com-
mencérent á travailier á un nouveau calendrier.
Le i4^o¿liabre ( Y. S. ) de cette année , Echart
Weigeij favant mathématicien d'léna^ propofa
a la diete de Raasbonne la maniere d'opérer cette
reforme. On agita Taftaire dans le corps des
etats foi - dífanrs évangéliques , on donfulta en
meme-tems d’autres mathematiciens 5 & le 13
feptembre , le corps des proteílans conclut
& artera qu’on retrancheroit de Tannée 1700^ les
V jours du mois de février , & que la
fére de Paques feroit célébrée, non fuivanr le
cycle Dyonifien ^ refu dans le calendrier Julien ,
mais fuivant ie calcul aílronomiqae 5 en confor-
mité de cette déciíion ^ il parut en 1700 un nou-
veau calendrier fous le titre de Calendrier cjrrigé,
queWeigel prétendit étre plus exacl; que le Gré^o-
rien avec lequei il s’accorde á la vérité , pour
la quantite des jours de i’année Sé la difpoíition
des femaines^ mais dont il diíFére pour la maniere
de determiner la Páqae & les fétes mobiles qui
en dépendent. Car au-lieu de'tfixer invariablement
réquinoxe du printems au 21 mars^ comme fa't
le calendrier Grégorien , on le determine dans ce-
lui des proteíiansj par un caicul fondá fur les
tab'es RudoLfines, ou Képlériennes des mou-
vemens céleftes , & cela fans le fecours des nom-
bres d or , épaétes lettres dominicales. Dans ce
Calcul j réquinoxe eíl mobiíe^ & peut tomber les
ip, 10 , 21 , 22 & 23 mars: doji il arrive que
les proteftans ne fe-rencontrentpas toujoiirs avec
nous pour le jour de la Pique. íls peuvent la
faire avant nous 5 car leur équiaoxe tombant le
19 ou le 20 mars j alors ñ la pleine-lune arrive
run de ces jours un famedi , ils feront la Pique
le^lenaemain. C eñ ce qu’on a déjá vu Pan 1724,
oú nous fimes la Pique le iC avri! , Se les pro-
teftans le 9 du méme mois ; & en 1744 ¡^s tpro-
teftans célébrérent cette féte le 29 mars ^ & rious
^e j avnl ( ^ )- lis peuvent auffi la faite apres nous 5
car li la pleiae-lune arrive le 21 mars, nouspou-
».mns faire la Pique le 22 ou le 23 mars , ce' qui
les obligera de remectre la Pique au dimanche
finvant , fept jours aprés nous. Une obfervation
que nous ne devons pas omertre, c’eft que ce
(*) CeU ¿evrojt encore arriver e:i 1778 & en 1758. Msís
comme alois la Paqae des Chrétiens fe rencort eroit avec
celie aes Ju.ts , les l’toitííans , apres svoit deliberé fur ce'a
en ¡724, ont enfin arréte, dansla áiéte de Ratisbonne íc
Sojanvier 17“* _- » *• ’
Luii
11:; P -7 % , ^^^^^othécaire ¿a
fjls;. Olí voiT par-ja Tinconvenient qu*il v a de
Grégorien, fous niétesfe d’ttne plus
^...cae e..au.¡tuiie aúxonouiiaue. ^
CAL
calendrier corrigé na pas été adapte á perpé-
tuité , mais feulement par provifion , en atten-
dant que les défauts du calendrier Gégorien foient
réformés. 33
ce En SuiíTe, le calendrier Grégorien fut fuc-
ceíGvement adopté par Ies cantons & états ca-
rholiques. Les cantons de Lúceme, Uri, Scirwitz
Fribourg & Soleure le recurent en 1583 , ceirü
d'Underwalden en 1584. Mais dans les baillia<»es
que les catholiques pofsédent en commun avec
les proteftans , Fintrodudrion de ce calendrier
fouíFrit de grandes diíñcultés de la part de ces
derniers , qui ne le rejetérent que parce quhis en
firent une aftaire de religión, á caufe du pape
qui l’avoit publié. Les deux patries firent lá-def-
fus , en février if 8) , un réglement á Famiable
pour leurs fujets des deux religions. Les cantons
de Zurich , Claris , Baile , Schaffaafen , la viüe
de S Gal , les Ligues-Grifes , Bienne , Muíhau-
fen, Genéve & INeuchátel confervérent iecaien-
drier Julien dans leurs territoires refpectifs. Le
cantón d’Appenzell , ou la religión étoit mixte ,
avoit d^abotd adopté ie calendrier Gégorien en
1584 j mais bientót aprés., ce cantón fut agité
de troubles fi véhémens , á Foccaíion de ce ca-
lendrier , entre les habicans des deux religions ,
qu'on fut prés d"en venir á une guerre civile. Ces
troubles enSn ayant été calmés par la médk-
tion des aiitres cantons , ilfut ftipulé Ten i ^90.^
que les proteftans pourroient célébrer de nou-
v^eau leurs fétes fuivant Fancien calendrier ; & le
cantón d’Appenzell ayant été depuis partagé en
déiix divilions entiérement diftindfes , Fuñe ca-
tholique , Fautre proteífante, le calendrier Julien
fut reintegré dans la derniére. Le réglement que
ies cantons avoient fait en février 1585, pour
leurs bailliages communs , ou s’exergoient les
deux religions , ponoit que les proteftans pour-
roient y conferver leurs fétes fur le pied de Fan-
cien calendrier , & que ces jours-lá leurs compa-
triotes catholiques íeroient tenus de ceífer leurs
travaux jufqu’á i'heure de midi ; que réciproque-
ment les catholiques pourront célébrer leurs fe-
tes fuivant le nouveau calendrier , & que ces
jours-iá il feroit pareillement défendu aux pro-
teftans de travailier avant Fheure de midi.
« En lycxo , fur les repréfentations des etats
proteftans d’Allemagne , aífemblés á RatisboniK,
Ies qiiatre cantons de Zurich , de Berne , de Eafle
& de Schaffaufen , adoptérent le nouveau ca,en-
drier , corrigé par Weigel , & en confequence
ils commencerent Fannée 17CI au 12 Janvier de
Rancien ñyle , fur le méme pied que les catno-
liques. Les viiles de Genéve , Bienne , Mulnau-
fen , le comté de Neuchátel , & les bailliages
communs dé Badén , de Turgovie , de aargaus ,
de Rheinthal . adoptérent le méme changement ,
mais il ne put s’introduire dans le cantón de
Glaris , oú la religión étoit mixte , ni dans ia
patrie proteftante du cantón d’AppenzelI, en-
CAL
forte qu’encore aujourd'hui l’ancien calendrier s'y
eíl eonferv'é. Ce ne fiit quen 1724 nou-
veau fut refu dans la ville de S. Gal. Les pro-
teñans des trois Ligues-Griies ont perlüle juf-
qu’á ce jour á ¡e rejeter. Ii n y a que Íes catho-
liques de ces Ligues , qui en faífent ufage. Ainfi j
dans les décrets généraiis des trois Ligues , on
a foin de marquer la doubie date du jour du mois^
& fuiv'ant rancien j & fuivant le nouveau calen-
drier. ( Ceci efi tiré déua éStemoire oui noits n
¿té fourni jíczr /jL. le ^nron. ce Zitrlcubeti* ') On
nous apprend d'aiileürsque dans le Toggembourg,
au pays de S. Gal , les proteftans fuivent aftuel-
lement Tancien ftyle j & les cathoUques le
nouveau. »
cc En Poiogne , le roi Etienne Battori ayant
voulu y établir Tan ijSá le calendner Gregorien^
les habitans de Riga s’y opposérent., & en vinrent
á une fédition ; mais ils furent répnmés , Se le
calendrier nouveau prévalut.
« En Suede ^ il fot introduit par un édit du
roi , rendu fur une delibération du fénat j le 14
mars lyja > & commenca d’avoir cours le pre-
mier mars de Fannee i75'3. ”
K En Danemarck ^ il fot adopté des Tan 1582 :
mais en 1699 on le reforma par un édit du roi ,
donné le 20 décembre , fur les correclions de
Weigelj & depuis ce temsle calcul des Danois
s^’accorde parfaitement avec celui oes proteftans
d'Allemagne. Cette remarque nous a été commu-
niqúée par M. Screiber , confeiller - aumónier de
Lambaiíade de DanemarcK a la cour de Erance.
C'eft done une méprife dans quelques-uns^de nos
écrivainSj d'avancer que le nouveau calenurierne
fut re^u en Danemarck que Tan 1745* ”
« En Angleterre , par un a6;e da parlement ,
tena á Weiñminfíer Tan 1731 3 ü fnt ordonné
que Tannée 1752 & les fuivantes commenceroient
au premier janvier, ce qui doit s’entendre^ du
premier janvier fuivant Fancien fty'e. Le meme
añe ordonna de plus, alinde reduire la ehro-
nologie angioife au nouveau ftyle , que le 3 fep-
tembre 1732 feroit compté pour le 14 du meme
mois. Ainii , lannée angioife & Fannée fran^oife
ne commencérent á s^accorder parfaitement que
le 14 feptembre 1732, & l annee 1733 ^^5
premiére qui commenca precifement au meme
jour dans Ies deiix chronologies. «
« II ne refte done plus en Occident que la
Ruífie & quelques entíroirs des pays Helvédques,
oú Fon fuive le calendrier Jalien. Mais en Orient
le calendrier Grégorien eft univerfellement re-
jeté. Les Grecs, quoiquen dife un moderne ,
fuivent encere aujourd'hui leur anden ftyle. 11
eft vrai que Jérémie II , patriarche de Conftan-
cinople, s'étoit engagé avec le pape Grégoire
XIII, á introduire le nouveau calendrier dans
fon églife ; mais Théolépte , métropolitain de
Philippopc^ , le fit dépofer & mettre en prifon
pour ce fujet. »
CAL
Parmi les CEuvres de Jean Bernou'ü , t. TV ,
p. 494 , on rrouve im Mémoire adreilé i'an 1/^4»
au fénat de Bañe , dans Jequel il prouye que ,
malgré le calcul le plus exaét de Féqmnoxc 5c
de la pleine-lune , Ies Paques des chtétiens fou-
vent ne fe rencontreroicHt pas , á caufe _de_ la
grande diftance des lieux & de la grande yariariori
du lever du foleil , qui change d’un méridien á,
Fautre ; de maniere que íi la pleine-Iune tombqit
au famedi dans un endroit , ce feroit _déjá_ !e di-
manche dans un autre , & par certe raifon il con-
feilloitd’en faire une féte fixe & immobile, &
que Fon s'accordát fur ce jour da* tout le monde
chrétien 5 mais fon avis ne fut point fuivi.
Cet arricie eft tiré de YArt de vénjier les dates.
GALENO, CALES, en Italie. caleño.
Les médailles autonomes de cette ville font:
RRRR. en or. (Pellerin),
RRR. en argent.
C. en bronze.
Leurs types les plus ordinaires font :
La viéloire dans un bige. — Le bceuf a tete
humaine. — Un coq.
CALENES (Oiénus) étoit Etrurien, & le
pías fameux devin de fon te ms. Lorfque 1 on creu-
foit pour jeter les fondemens du Capitoie , oh
trouva fort avant.dans la terre , la tere d'un homme
fraíohement rué , encore faignante. On comprit
bien que c’ étoit un préfage ; mais que fignifioit-i! ?
Pour Fapprendre , on alia trouver Calénus^ dans
FEtrurie. Sur Fexpoíition du fait, il entrevit d’a-
bord que ce prodige annonccit un grand bonheur;
mais il chercha a en faire tomber les effets fur
FEtrurie. Keureufement pour Ies Romains ,_que le
fiis de Calénus leur decouvrit la foperenerie^ que
fon pére méditoit. II vous expliquera, leur dit-il ,
ce prodige fans ufer de meníonge 5 car cela neft
pas permis á un devin ; mais preñez bien gaide
aux réponfes que vous ferez a fes demandes ; gar-
dez-voas de nommer aucun autre pays avant Rome
& le mont Tarpeías. Quand ils furent en préfence
du devin, celui-ci tra^a un cercle fur la terre , 8c
Forienta par des lignes oroites. \ oici ¡e mont
Tarpéius , difoit-il aux ambaííádeurs 5 \oila 1 o-
rient, le midi, le feptentrion , locciaent j eft-ce
la que la tete de Fhomme a ere trouvee, en mon-
trant un des cantons traces dans re cercle ? Alors
Calénus , Yzx\s aucun égard pour leur intention ,
qui auroit été purement relativa au lieu dengne
p'ar la figure tracée , fe propofoit d'appliquer le
mot ici , qu'ils auroienr prononcé , au pays dans
lequel ils étoient réeliement alors, c eft-a-aiiC ,
á FEtrurie, qui, au-lieu_de Roine, feroit deve-
nue la maítreíTe de Funivers. Mais Ies amoaíla-
deurs , pré venus par ie fils du devin , repondirent ;
cf n efi point ici que Tona uouve cette tete , on la
irouvée fur le. mont lar-pcins a B.cme ; & par ce^e
attention á éviter toute equivoque, IíS i..ierent lur
Rome l'intention du áeftia , qui avoit réfolu d?
1 1 i i 1 j
6^o CAL
donner Tempire univsrfel au pavs oü la tete
d’homrne avoit été trouvée. Plins {lih. z8. c. 2.).
CALÉTORj étoit frére de Procléa femme
de Cygnus. 11 fot tué au ílége de Troye j par
Ajax.
CALIANDRIJ.
CALIElsDRA. >Horacej Arnobe & Ter-
CALIENDRUM.}
tullien ont parlé de cette coifFure des femines.
Isous ignorons cependant fi c^étoit une chevelure
faéiice j un ornernent cu aigrette , ou un Yoile.
A la vérité Temillien (de P aillo c. 4.) repro-
chant aux femmes de fon tems , d'avoir quitté
toures les coiíFures qiii les empéchoient de voir
& d^étre vues , nomme entdautres le callendrum ;
on peut done le regarder comme une efpéce de
voiie.
CALICATA , enduit de chaux puré que Pon
pojiífoit. II dififéroit du morder , en ce que Pon
méloit du fable á ce dernier. Cette diftináion eíl
bjen_ établie dans une ancienne infeription , ou
en lit ( Dacer. in Fefium ) : EoSQUE PARIETES
J.Í ARGINESQUE OMNES ^ QU^ LITA NON ERUNT
CALCE ARENALA^ LITO POLITOQÜE ET CALCE
NUDA DEALBATO.
CALICE J femme d’íEthlius & mere d’Endy-
mion.
CALIDIA j famille romaine dont on a des mé-
dailles :
RRR. en argent.
O. en bronze.
O. en or.
CALIFES. On a des médailles arabes en ca-
laáéres coufiques ^ & d'autres avec des figures
humaines,, ou d’animaux ^ contenant pour la plu-
part des noms de Callfes.
Les premieres font :
R. en or.
R. en argent.
Les fecondes font :
C. en bronze.
■ CALIGA. ^
CALIGARIUS.
C ALIGATE r^es mots font reiatifs á la
CALIGULA. )
cbaulTure des foldats romains , appeiée caiiga &
caligu'a. Dion (lvit. p. (Joj.) dic expreíTément
que la chauífiire qui fit donner á Caras le furnom
caligíiia 3 etoit une chaujfure militaire. Sénéque
voulant peindre la grande fortune de Marius, op-
pofela caiiga auxfaifceaux des confuís (de Benef
r. 1(5. ): C. M. arias ad confulatum d caiiga per-
duñiLs ; & !Í défigne par la caiiga j le tems oü ce
general ^avoit été fimple foldat. Cette chauíTure
étoit teiiement affecStée aux foldats , que Tertul-
l-'-n en derive leur furnom (de IdoloL. c. 1^. ')
miiitia caligata. Lne inCcñpúon ( Grater. p. 4^]' /
n. c, ) antique défigne la milice par ¡e mol caiiga ; 1
C A L
C. ÓPPIO. C. T. V'EÍ,
OMNIBUS. OFFICIIS
IN. CALIGA. FUNCTO.
Les fimples foldats étoient cependant feuls dé-
fignésordinairementparPépithéte caligati, commt
nous Papprennent plufieurs inferiptions , & ea-
tr’autres la fuivante ( Gruter. 279. n. 3 . ) ;
HONORATI. ET, DE
CURIONES. ET. NU
MERUS. MILITUM. CA
LIGATORüM.
Deux palTages de Suétone font encore plus ex-
preífifs , Se défignent encore plus diftioíSement
Ies fim.ples foldats fous le nom de caligati. Dans
le premier ( Aaguft. c. 2r. re. 3. ) , il bláme un em-
pereiir d’avoir accordé des couronnes murales
( caligati ) á de fimples foldats , que l^on rPavoit
;amais vu recevoir cet honneur. II cara(5iérife éner-
giquement dans le fecond (■ Vitell. c. 7. n. 6.) ,
Pabattement Se la confternation de VitellioSj en
difant qu 2Í embraííoit tous Ies foldats qu’il rem
controit ^ méme ceux qui n'avoient point de
grade , caligatorum quofqae militum obvios. En dé-
rerminant la forme de la caiiga des foldats , nous
fixerons auffi celle des caiiga propres aux centurions^
tnbuns , ou autres oíEciers militaires. On voit
dans le cabinet de Sainte-Genevieve un pied de
marbre j coloífal , chauffé avec cette derniére ca-
liga.
La caiiga reíTembloit a nos fandales, cefi-á-
dire , qu’eile étoit formée dune fimple femelle
liée fur le oied avec des courroies. ÍI Ay avoit
point de cuir qui recouvrít le pied; c’étoit la la
diíférence de la caiiga , au calceus cavas qui reffem-
bloit á notre foulier. On a mal interpreté un texte
d'Ifidore ( x/x. 24.), oü cet écrivain parle de la
forme de bois fur laqaeüe on travailloit la cali-ga;
Se on Pa appliqué mal-á-propos á la femelle de
cette chauíiiire que Pon aíTiiroit erre de bois. Mais
touS les monumens font contraires á cette inter-
prétation ncta'nment Ies figures fans nombre de
foldats j que portent la colonne Trajane 8c Pare
de triomphe de Conftantin. On les confultera pour
connoírre la véritable forme de la caiiga des
fimpies foldatSj & du campagus (caiiga qui recou-
vroit le pied en partie ) des ofSciers. Lfinfeription
fuivante ( Gruter. p. (549. re. I. ) gravee en Phon-
neur d’un cordonnier-faifeur de caiiga , Pappelle
fator , comme tous ies ouvriers qui faifoient des
chauíTures de cuir:
C. ATILIUS. C. F
JÜSTÜS
SUTOR. CALIGARIUS.
La femelle de la caiiga étoit armée de clous.
C eíl ainfi que la repréfenrent fouvent l|s recueús
des lampes antiquesj Se en parciculier une lamp£
CAL
-erre cuite du cabinet de Sainte - Gefieviéve 3
qui a été troavée á NifmeSj dans des fouilles faites 1
á fcccafion du rérabliíTement de la fontaine. ííi-
dore paria de ces cious ^ comme d'un caraCtere
diiiincd" de la cuiiga : Clavad^ dic-il, eb qtiod
minmi ciavis , ideft , acuds foles. calzgis vinciaTi-
tur. Saint-Auguftin (^Traci. x. in. i. Johar^r.. v.)
parle de méme : Forte caiigis clavatis conteret
penes tuos.
Les cious de la caliga étoient petirs , trés-rap-
prochés & garnis d’une tete terminée en pointe 3
afin de fixer le pied du foldat fur les terreins glif-
fans. lis étoient quelquefois de fer mais plus
fouvent de bronze ^ cet aliiage que Ies Grecs &
les Romains ont toujours etnployé de préférence
au fer. Lucillius ( Apud Non. iil. pS.' ) parle des
cious de bronze :
Fulmentas ciavis aréis fubcudere.
On vit quelquefois Ies foIdatSj aprés avoir pillé
des camps ou des villes trés-riches , mettre á leur
caliga des cious d’or {Jaflin. 38- lO. ): Argenti
certe auriqae tantum , ut edam gregarii milites ca-
ligas au.ro figerent ^ proculcarentque materiam^ cujas
amore populi ferro ¿imicant.
Caliga fpeculatoria , étoit la chauíTure des
foldats qui ferv'oient d'efpions ^ & que i’on en-
voyoit á lá découverte. Le íilence étant , felón
FeituS:, la chofe que les efpions devoient obfer-
ver avec le plus de foin j leur caliga étoit fans
doute dégarnie de cious ou recouverte de ma-
tiéres molles & fourdes.
Caliga Maximini. La caliga de l’empereur
Maximin étoit paíTée en proverbe ^ pour exprimer
rélévation du plus bas degré de la m'úice, au troné
de Fempire. Ce prince avoit en eftet commencé
par porter la caliga , & il étoit devenu le maitre de
runivers. On délignoit encore par ce proverbe un
homme grand & fot parce que la caliga de Maxi-
min étoit proportionnée á fa taille gigantefque.
C . ¿LIGULA , petite caliga. On donna á Tem-
pereur Caius ce furnona ¡ fous lequel feul il eft
aujourd’hui déíigné. Elevé des fon enfance dans
Ies camps ü avoit porté Thabit & la chauíTure
des fimples foldats proportionnés á la petiteíTe
de fa taiüe. Pour conferver la mémoire de, cet
evénement qui les flattoit ^ les foldats rappelerent
caiígula , du nom de fa petite chauíTure. Devenu
empereur^ Cafas fe plaifoit encore á paroítre en
pubüc avec la caliga des foldats , pour capter leur
bienveillance.
Ce faro'jche empereur fut un des plus crueis
ennemis des arts. I! fit renverfer & brifer les ila-
íues des grands hommes dont Auguíte avoir orné
le Champ de .Mars ; il fit éter les tetes des ftatues
des dieux , pour v fubílituer la fienne , & il avoit
ofé concevoir ie proiet ¿’anéantir la gloire d’Ho-
ffiére.
CAL ^21
Callgula fit plus j il envoya en Gréce liíém-
mius Régulus 3 confulaire, avec ordre de faite
tranfponeráRomeles plus belles ftatues de toutes
les vides grecques. Memmius obéit en partie 5 &
Tempereur fit placer ces monumens des arts dans
fes maifoas de plaifance , en difant que les pius
belles chofes devoient étre raíTemblées dans le
pius bel endroit de FuniverSj il ajoutoit que
cet endroit étoit Rome. 1! n’avoit pas excepté de
cet ordre barbare le Júpiter Olympien de Phi-
días; mais les architeáes repréfenterent qu'on rif-
queroit de brifer cette célebre ftatuej en voulant
la déplacer.
Les buftes de cet empereur font trés-rares. On
n’en connoít que deiix á Rome ; f un , de bafalte
noir^ eft dans le muféum du Capitole; Taucre, de
marbre-blanc 5 eft placé á la villa Albania & il re-
préfente Caligula en pontife , avec la toge relevée
fur fa tete. Mais fon plus beau portrait eft une
pierre gravée en relief j que ie général de Walmo-
den 3 banovrien , acheta d Rome en \~6G. Win-
kelmann n’héíite pas á mettre ce carnee au rang
des gravares les plus parfaites.
Caligula i^Caiusj , fils de Germanicus.
Caius Caisar Augustos j Germanicus
DIVI Augusti pronepos.
Ses médailles font :
RR. en or. Eiles valent en Italie , une fois plus
qu’en France & dans les autres pays.
R. en argent.
RR, en médailles grecques d’argent.
RR. en médaillons d’argent,
R. en G. B. de coin romain.
C. en M. B.
RR. en G. B. de colonies.
R. en M. B. On en trouve de ce module au
revers de Germanicus fon pére.
R. en P. B.
RR. en M. B. grec.
II y en a avec fa tete & celle d’Augufte.
R. en P. B.
11 y a une médailie grecque de Caligula , de
la forme du M. B. , mais plus épaiífe 3 au revers
de laquelle eft la tete de Minerve. Elle peur étre
placee avec Ies médaillons.
CALIQUE. Athénée dit que de fon tems il
exiftoit encore des vers de Stéfichore 3 dans lef-
Quels il étoit parlé d’une chanfon nommée ca-
lique.
CALIPPIQUE (Période). Voyei Année des
Grecs.
CALISTO 3 filie de Lyeaon , étoit une des
compagnes favorices de Diane. Un jonr3 fatiguée
de la chaíre3 elle fe repofoit feule d^ns un bo-
ca^^e- juoittr, pour la féduirej prit la figure &
rriabit dé Diane , & ne fe fit connoítre a la nym-
phs que par la violence qu ji luí fit , en la rea-
Cx% CAL
dant méré d’ Afeas. Elle étoit dans le neuvieme |
mois de Ta grofleíTe, lorfque Diane invita fes
nymphes á fe baigner avec elle. Le refus qifen
fit Califto , manifeña fon crime. La déeíTe la chaíTa
de fa coir.pagnie j & elle accoucha d'un íüs nommé
Arcas. Quelques auteurs ont écrit qu^elle eut
deux jumeaux j Arcas & le dieu Pan. Voyez
Pan.
Junon exenta fur elle fa vengeance ; elle la
métamorphofa en ourfe. Júpiter, pour la con-
foier j la plaija dans le ciel avec fon fils Arcas ,
oú ils forment les deux conftellations de la grande
& de la petite Ourfe. A la vue de ces nouveaux
aftres , Junon entra dans une nouveile fureur ,
8c pria Ies dieux de la mer de ne pas permettre
qu ils fe couchaíTent jamaisdansi’océan :ce qui fu*
exécuté. L'origine de cette fable aftronomique eft
que la grande Ourfe , ainíi que les autres étoiles
du cercle polaire, ne paffent jamais fous notre
horizon.
CALIX & CRUCES, efpéce de coupes qui,
dans rongine, étoient des vafes de terre cuite
faits á la roue par les potiers. II y en eut plulieurs
fortes dans la fuite , & fon en fabriqua de diíFé-
rentes matiéres : ce qui ñt qu'on les diítingua par
des noms particuliers , pris, ou de leiirs - inven-
teurs , cu de leurs formes, ou des fabriques d'oú
ils fortoient. Mais ils avoient tous conílamment
deux anfes , & quelquefois quatre. Elles étoient
fouvent tres- grandes & trés-élevées , córame dans
le cálice vulgaire. On les troiivera fous leurs diffé-
rens noms dans ce Diclionnaire , & fous leurs
différentes formes dans la colleéíion des vafes
étrufques du cabinet de Sainte-Geneviéve.
Callees allajfontes , dont les couleurs étoient
changeantes , comme la gorge des pigeons.
en grec, déíignoit cette propreté que
Ton donnoit en Egypte á des coupes de verre
teint de différentes couleurs. On fait qu’il y avoit
á Alexandrie , pliiíieurs fabriques oü Fon faifoit
du verre imitant les pierres précieufes de toutes les
iruances. Pline le dit expreíTément ( xxxn. z6. ) :
Et ai'bum fiebat , é* myrteiLm , & fapvhlrinum ,
hyacinthlnumque &. ómnibus aiiis coloribus. Ha-
dyen ( Eopife. Saturn. c. 8. ) étant en Egypte ,
pnvoya trois coupes de couleur changeante ,
¿M.á'ríirus , dont lui avoit fait préfent un prétre
de cette contrée , á Servianus , en lui recomman-
dant de ne s’en fervir que Ies jours de féte , & de
veilier á Fufage indiferet que pourroit en faire
Africanus. Strabon déligne ces coupes (xvi. yzi.)
par les épithétes de tres-prédeufes & tres-varices
en couleur ^ ‘jeoZurtMis r.ai
Cálices apyroti, Yoyez plus bas cálices pteroti.
Cálices audaces . On appeloit de ce nom á Rome
des coupes de verre , qui ofoitnt refíembler au
eryftal naturel , qui étoient travai’lées aa tour , 8c
que Fon ne vendoit quelquefois fous Dominen ,
qu’au prbe medique d’ua demi-fcu de France.
CAL
Martial nous apprend ces détails ( xit. ^ ) .
Xos fumas audaces , plebeia toreumata vitri,
(rx. 6o. 2.2.):
Ajfe daos cálices emit & ip fe tulit,
(xrr. 7J. 3.):
Hi magis audaces , an funt qui talla mittunt
M-unera ?
Callees diatreti, coupes de matiére fragüe tra-.
vaillées au toar , ou cifelées. Lear prix étoit tres-
grand {Martial. xii. 71. p.) :
O quantum diatreta valentl
Cette valeur exíraordinaire avoit pour bafe la
difiiculté de travailler fans les brifer, ou des verres
colores, ou des agathes, ou des murrhins , qui
étoient probablement des fardes-onyx. De-lá vine
ce beau diluque de Martial fur ces coupes tra-
vailiées en Egyp*; (xrm nj.) :
Xdfpicis ingenium Mili : quihus addere plura
Pum cupit , ah quoties perdidit auclor opus!
Pline (30. 2Ó.) dit qu’a Sidon on cifeloit le verre
comme Fargent j ce qui nous fait concevoir la
crainte perpétuelle que devoit avoir Fouvrier de
pouífer trop fort fon burin. De ce travail , appele
en grec ¡'iarfürai , creufer , fut formé le mot dia-
treti.
Cálices inaquales. On fait que les anciens
créoient un roi des feíHns ; que ce roi regloit le
nombre de coups que devoit boire chaqué con-
vive, & la grindeur des coupes dont on devoit fe
fervir. Lorfque Fon s’affranchiiLoit de ces ridicules
loix , 8c que chacun pouvoit boire dans tel vafe
quhl jugeoít á propos , c'éroit á ces vafes que
Fon donnoit le nom de cálices inaquales. Horace
en a fait mention {Sat. il. 6. é8.) :
Siccat inequales cálices conviva. , folutus
Legibus infanis.
Cálices pteroti, ailés. Ce mot vient du grec
Eifoy , aiie j & il déíignoit des coupes ornees de
deux anfes , élevées en forme d’aiies. C eít
que parle l'Hiftorien de la nature dans le
fuivant , oú Fon avoit lu apyrotos (ratraicnitmns;
pour pterotos {Plin. 3 ó. 26.) : Sed quid rejert ,
Neronis principatu reperta vitri arte, qaa roo i-os
cálices dúos , quos appellabant pterotos E •
millihus venderet.
Cálices Ekericlei. Voyez \ ASES.
Callees Vatinlmi. Martial , Juvénal & Tac^s
parlent á’un déiateui célebre fous Ies pre^ll^.-
CAL
empeteurs romains , dont ¡a mémoire éto’t odieufe,
&c ci’e íes écnvains chargérent d’opprobres 6: de
ridicuies. Ce ¿éiatetir ^ né á Eénévení j étoir re-
marquable rar la diÉformité de fon nez , que les
poetes comparoient á des vafes-á-boire de verre
portanr quatre bees cu nez , & qui prirent le
nom de Vatiniens. I! avoit exercé iong-tenis le
métier decordonnier. Juvénal nous apprend toutes
ces particulariíés dans les deux vers fuivans (^Satir.
r. 46. ) :
Tu B eneventani futoris nomen habentem
Siccabis calicem naforum quatuor.
Martial dit auiTi (xrr. pá.) :
Villa futoris calicem monumenta Vatini
Accipe , fed nafus longior Ule fuit.
Callees ne défignoit pas feulement des vafes-a-
boire, ou coupes, mais des vafes deílinés méme
á conrenir des chofes séches , comme on le volt
dans ce vers d'Ovide v. J05.):
Stant cálices : minor inde fabas , olus alter kabebat.
C ALLAI CA , boucles d'oreille ornées de
pierres appelées callaides , qui avoient une cou-
leur verte , & reíTembloient beaucoup á réme-
raude. ífidore fait mention de la callaica (jcri.
17.).
C^LLAICJE , habits de couleur de la pierre
appelée calíais. Martial dit ( xir. 139. ) :
Jungere nefeifti nobis , o flulte , lucernas
Indueras albas , exue callaicas.
CALLAICUS , furnom de la famille Junia.
CALLAIS. Les deferiptions que les anciens
nous ont laiiTées de ¡a calíais ¡ la repréfentent
íantót d un verd-pále, tantót d'un bleu-tendre.
Ainfi Fon peut la confondre avec l'émeraudepále,
ou avec Faigue -marine, ou avec le péridot.
CAL LATI A, en Moéíie. kaaaatianqn
& K.
Les médaüles autonomes de cette ville font;
PvRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
Cette viUe a fait frapper des médailies imoé-
riales grecques en Fhonneur de Séyére, de Dsm-
na, de Caracalla , de Géta, de Philippe-pére , de
Philippe fils, d'Eiagabale, d'Alex. Sévére-
CALLIANASSE , CALLIAMRE , deux des
IS'éréiies , felón Homére. Leurs noms font derives
ce xáAZoí, 'leauté.
CAI.LICHORE ; c’étoit un lieu peu éioigné
d'Eleuíis , dans F Artigue , ain£ nomme á caufe
CAL ^23
dp aanfes^ facrées cu‘y faifoient les femmes en
1 i.onneur de Ctteí Eleuíine. Ce nom veut ¿iré en
grec, cAtc^cafe.
_C-"iíjLIGRAFHE , ecriva'.n, copiíle, qui met-
toit autrefois au net ce qui avoit été écrit par les
copiñes-en-notes. ^On écrivoit ordinairement la
miiiUte des adtes, le brouihon c un ouvratre , en
notes de Tirón, c eñ-á-dire , en abréviationsVcela
fe faiioit pour écrire plus vite , & afin de fuivre
celui qm oidtoít- Ceux qui ecrivoient en notes ,
s’appeíoient en lat. notarii, & engr. 'Zrjp.uoyfonpos ,
ccrivsins en notes ^ ou 'Tu^íyi:¿<pai , écrivalns expé-
ditifs. Mais peu de gens connoiííant les notes, &
Ies premiers exeniplaires ne pouvant étre ni alTez
cetsni aíiez propres, d’autres écrivains qui pei-
gnoient bien & corredtement. Ies copioient pour
ceux^qui en avoient befoin , ou pour Ies vendre ;
il.s s'appeloient calligraphes , mot compofé de
x.aXXos , beaute , & de ystíCfcú , j'écris. Ce nom eít
ancien, puifqiFEufébe (Hifi.Eccl. vj. 17.) &Saint-
Grégoire de JN'azianze Font employé. Néophytc
& Théopempte font dAnciens calBgrapk es du
dixieme & cu onzieme íiécies. On trouvera un
catalogue de tous les calligraphes connus , dans la
Falacographie du P, Montfaucon {lib. I. c. S.).
CALLIMQLE , air de danfe des anciens ,
qui sexécutoit fur des ñutes, au rapport d’A-
thrénée-
CALLIOPE, une des Mufes gue certains écrí-
vains ont donnée pourmére aiix Corybantes 8¿ aux
Syrénes. On affuroit plus ordinairement qu elle
étoit mere d’Orphée , & que la morr de ce chan-
tre infortuné avoit été caufée par Venus , qui
vouloit fe venger fur le fils de la polfeífion dCAdo-
nis , attribuée par la mere á Proferpine. La reine
de Gnide rendir les femmes de i hrace amou-
reufes d’Orphée , & dans leur fureur elles déclii-
rérent ce fils de CalUope.
^On attribuoit á Callicpe Finvention de la poéfie
héroique 5 & fon nom venoit , felón Diodore
( Bill. kifior. Ub. IV. o? 7. ) de fa belle voix
X.CÍ.XS; ív\s. De cette étymologie Phur»
nutus conclut que Calliope eft'le fymboie de la
rhétonque ou de Féioquence j mais Eufrathe
illiad. A. V. I.) afiurequ’elle étoit Fembléme
de la poéfie héroique , la plus noble & la plus
ancienne des poefies 5 quant á fa belle voix , il
foutient que ce talent lui étoit commun avec fes
foeurs.
Calliope heroicos invenit próvida cantas.
Sur Ies médailies de la famille Pomponia, elle eít
défignéepar une tete couronnée d; laurier, avec
un rouleau ou volume d‘oa pendent des courroies
dans le champ de la médaille. Peut-étre cepea-
dant faut-il reconnoitre ici Clio 5 car ce rouieau
eft commun á l’un Sc á Fautre dans Ies peintures
d’Herculanum.
^24
CAL
La Mufe de la poélie épique , Calliope tient
des tablettes carrees & doubíes fur la plupart des
monumens andques. On les volt fur le marbrc
de TAporheofe d^Homére:, fur les farccphages
du Capitole & du palais Mattel , qai repréfentent
les Mufcs. Ces tablettes annoncent le foin que
prend Caillope de tranfmettre á la poftérité les
grandes aétions des héros : auíS voit-on cet attri-
but Taccompagner fur tcutes les ñatues antiques.
C A LLIPATIRA, étoit filie ^ fceur , femme
& mere d°AthIétes ^ qui tous avoient ¿té cou-
ronnés á dlverfes fols dans les jeux ol'/mpí-
ques. 11 étoit défendu aux femmes d’aífifter a
la célébration de ces jeux. Callipatira voulant y
condulre elle-méme fon fiis Plfidore , fe déguiía
fous rhabit d'un maitre d'exercices ; aprés ayoir
vu remporter la vlétoire á fon fi!s , tranfpoitée
de jóle elle franchlr la barriere qul la féparolt
des combattans > & fautant au cou de Plfidore ,
qu^elle appeía fon fiis j elle décoiivrlt fon fexe.
On la condulfit devant les juges, qul lal firent
grace en confidératlon de fes parens , mais elle
donna lien á la lol , qul ordonna que les Ath-
létes á Tavenir feroient tout nuds en combattant ,
alnfi que les maitres d'exercices, C Paufanias ,
lib. 6'. )
CALLIPHAÉ 5 nom d’une des lonldes.
CALLIPYGE. Voye:i Vénüs.
CALLIRHOÉ y bellt fontaim. Ce mot com-
pofé de KaAs'í , ^beau ^ & de ' flulde avolt
été donné á piufieurs fontaints ou ruiíTeaux,
& par fuite aux Nymphes de ces eaux. Leur
iífae placée dans Ies montagnes Sí leurs cours au
pied de ces montagnes , firent Imaginer leurs def-
cendances de ces montagnes Se leurs amours avec
elles. Cette clef ouvrlra rintelllgence des fiables
géographiqueSiCompofées fur les quatre Cailifkoé.
CalliPvHOÉ, princeífe de Calydon ^ fut al-
mée par Coréfiis , prétre de Bacchus j, qul n ou-
íalia ríen pour la rendre fenfible ; mals plus 11 té-
molgnolt d'empreíTetnent auprés d’elle ^ plus elle
falfolt éclatet fes méprls. Coréfus voyant que fes
foins ne fervolent qua Irriter fa marrrefie, eut
recours au dieu qufi! fervoit. Bacchus écouta les
priéres de fon prétre , & envoya aux Calydo-
niens une maUdie qul iear fie perdre le fens ;
c'étolt une efpéce d’lvreffe qul les portoit á fa
frapper & fe bleíTer fans fe connoitre. La vllle
de Caíydon alloit bientc-t devenir un défert ^
iorfqu’on envoya confiilter rorade de Dodone ,
pour apprendre Ies moyens dte fe ¿éiivrer ¿'une
li facheufe nialadie. L’oracle répondit que , pour
appaifer Bacchus irrité , 11 failolt immoler Cal-
_ lirkoé , ou aueiqifun qui voulüt fe dévouer pour
ehe Uz mqrt. Deja cette princeffe étoit prés de
Taurei ^ paree corr.tne une victime qui devoit
faiper le peuple de Calydon, lorfque Coréfus,
pret á luí p'onger le poignard dans le feln , fit
'pne aftíon qui farpnt tout le monde ; 11 sfimmola
CAL
lui-méme á la véngeance publique. Callirhoí i
touchée de la généroíité de cet amant , fe doana
la mort prés de la fontaine de Calydon, qui
porta depuis fon nom.
Callirhoé y filie du íieuve Acheloiis , époufa
Alcméon , qui , pour fuir les Furies , s'étoit
retiré , par ordre de Toracle , dans Ies liles Ef.
chines. Lorfqu’Alcméon conrraéta ce manage ,
ii étoit engagé dans un autre avec Avfinoé ,
ou Alphéfibée , filie de _Phégée, a laquelle 11
avoit donné le coilier d’Enph^e. Cailirkoézywx.
entendu parler de cette merveiile , déclara á Alc-
niéon qu’elle ceiTeroit de le regardet comme fon
époux , shi ne lui falfolt préfent du coilier. Ce-
lui ci employa le menfonge pour le reyrer des
mains d’Alphéfibée , Se 11 k remlt á fa nouvelle
époufe. Phégée ayant apprls I'afage que fon gen-
dre avoit falt de ce fatal bljou, donna ordre a
ces deux fiis d’aílaíílner Alemeon.
Quoique Callirhoé fút infidelle á fon mari
elle ne íaiiTa pas d'écre fenfible á fa mort . & de ^
fouhaiter de la volt vengée. Un jour qu’eile fe
trouvoit feulé avec Júpiter , elle obtint de ce
dieu , que Ies enfans qu’elle avoit eus d Alcméon,'
& qui étoicnt encore petits , devl.níTent en un
moment des hommes falts , pour venger la mort
de leur pete. Aufli-tót Amphitcre & Acamas , fes
deux fiis, partirent pour exícuter cette vengeance.
lis trouvérent fur leur route les aííaíTins d’ Alc-
méon y .qui alloient offirir á Delpbes le coilier &
la robe d’Erlphyle , & lis Ies tuérent. lis alierent
enfuite á Pfophis , y maflacrérent Phegée^& fon
époufe. Acheioiis les envoya , aprés cette fimefts
expédition . confacrer le coilier & la _ robe a
Delphes. íís fe retirérent depuis en Eplre , oU
lis fondérent une colonie. Voyez Aicméon ,
Eriphyle.
Callirhoé , filie de l'Océan , felón Hefiode,
époufa Chrvfaor , & en eut Géryon , ce fameux
géant á trois tetes , & un autre monih-e nomme
EchidvM. Voyez Chrysaor, Echidna.
Callirhoé , femrr.e de Tros , fut mere
dTius , d’AíTarcus & de Ganyméde. F' oye^ ces
mots.
CALLISTES , ou Callifthes , fétes^ en Fhon'
neur de Venus, qui étolent particuileres a i *-
de Lesbos , & dans lefquel’es les femmes í>-
putoient le prix de la beauté. ««aaicoí, v'eut
trés-beau. , n n,
CypfeUis établlt des jeux facrés chez Ies Par,
fiens , pendant Ies feces de Cérés Eieufine ,
Ton difputclt auífi le prix déla beaute. hero . >
femme de ce prince 3/ remporta la prem
viétoire , felón Athénée ( Deipn. Pf’- ,
II y avoit de femblables pnx étao.is .
Eléens. Ceiui qui étoit declaré fp‘cmriel.e- ^
le plus beau des prétendans > pc'ait pout rec
penfe une armure entiére qu'sl coní^mtt a -
neive fumommée CtlUJe- , ou
CAL
CAL
CALL"i"NTÉRIES. Le grand étvmologiñe
nous a confen'é ié nom de ces fétes ^ fans au-
cun détail fur leur objet.
CALME, Tranquillité. Ün des autels de-
diés á quelques divinités de ia mer, trouvés á An-
tium & confervés au Capitoíe , porte cette inf-
cription : ara tranqüíllitatis au-deííous
eft fculpté uo navire voguant á pleines voiles ,
avec un pilote. C^eít le feul monument confacré
a la Tranquillité de la. mer ¡ qui nous foit par-
venú. Paufanias en avoit vu une ñatue placee tur
un grand piédefta: dans !e temple de Neptune , de
riñhme de Corinthe.- Odlavien partant poar fon
expedición deiaSícile, contre Sextus-Pompée ,
facriíia á Neptune , aux vents favorables & á
la mer tranquiile , felón Appien.
CALO , goujat j valet d’armées. Ces hommes
rfétoient armés que de maífues appelées
par les Grecs ; & de-lá fot formé leur nom.
D'aurres le dérivent de calare , appeler , parce
r^u'ils éroient aux orares méme du limpie foldat.
CÁLOMNIE , perfonnifiée par Appelle. Ce
grand peintre fut accufé d'avoir confpiré
contre Ptolémée , roi d’Egypte , dont il étoit
íbrt confidéré , il faillit á fuccomber dans
cette accufation. Déiivré du danger , il chercha
á fe yenger de la Calomnie par un tabieau á ja-
máis célebre. A droite étoit adis un homme d
grandes oreilles, comme Midas > cet homme avan-
ifoit fa main vers la Calomnie , qui s’approchoit :
il avoit prés de lui deux femmes , i’Igno-
rance Se la Méíiance. De Pautre cóté venoit la
■ Calomnie y c'étoit une trés-belle femme qui pi-
roiiloit émuc , irritée , Se portant la rage dans
Lame ; elle tenoit de fa main gauche une torche
aráente , & de la droite , elle trainoit par les
cheveux un jeune garguíi , qui tendoit les mains
vers le ciel , & prenoit les dieax á temoins. De-
vant elle marchoit un homme pále & difforme ,
qui avoit des yeux percans; il fembloit relever
d’une longue maladie ; c'étoit l'Envieux. Deux
autres femmes parloient enfembk á la Calomnie s
c’étoit I’Esnbuche & la Tromperie. Une autre
femme qui fuivoit , vétue de noir , dont les ha-
bits étoit tous déchirés , s’appeloit la Repen-
tance ; elle tournoit la tete en arriére , fondant
en larmes , & regar doit avec honre la Venté
qui s’approchoit d’elle. Lucien , daiis fon Dia-
logue contre la Calomnie , nous a conferve ce
modéle d’allégorie mótale.
CALPAR. Les Latins appeloient de ce nom
le vin noiiveau dont ils faifbient des libations á
Júpiter , felón Feftus.
CALPE , dans l’Efpagne. caup.
Pellerin a publié une médaille autonome de
cette ville , en expofant des domes fur fon au-
thenticité.
CALPÜRNIA y famille hoateiae dont on a
des médailles ;
AniiquSfés j Tome /.
^^5
C. en argent.
C. en bronze.
O. en or.
Les furnoms de cefte fámilíe font Bestia,
Bibülus , C..ESONIUS , Frugi,Piso.
Goltzius en a publié quelques naédaHies m-
connues depuis lui.
CALTHULA y tunique teinte de^couleur dff
fouci , ou avec cette plante ; de méme que Ix
crocotula , prenoit fon nom du fafiran. Plaute e*
iait mention ( Epid. il. a. 47- ) t
lndufiatam,patagiatamyCalthulam auc crocotulam.
CALVINUS , furnom des famiUes DoMiTiA
& Sestia.
CALVISIA , famille romaine dont Goltziw
íéul a publié des médailles.
CALÜS. Voyei^ Talüs.
CALVUS , furnom des familles CfficaLiA &
Cornelia.
CALX. Voyez Creta.
CALYBÉ , vieille prétreíTe du temple de Ju-
non , dont la Furie Aledo prend la figure dans
l’Enéide, pour parler á Turnus.
CaLYCE. Athénée parle d’une chanfon de ce
nom , qui étoit d’ufage chez les femmes feules.
CALYCOPIS , filie d’Otreus , roi de Phrygic,
étoit femme de ThoaSj roi de Lemnos. Bacchus,
devenu amoureux de Calycopis , fut furpris dans
un commerce de galanteríe avec elle j mais il
fut appaifer le mari , en le faifant roi de Chypre.
V^oyet^ Thoas.
CALYDON j dans l’Aetolie.
Cette ville a fait frapper quelques mé-
dailles imperiales grecques, felón leP. Hardouin.
Calydon ( chaíTe fameufe du fanglier de
On en peut voir l’hiíloire avec celle des événe-
mens dont elle fiit fuivie , dans Althée , Ata-
lante j Melé agre , Oenee.
CALYNDA^ dans la Carie.
Cette ville a fait frapper quelques medailles
impériales grecques , felón le Pére Hardoum.
C 4LYPSO , filie de l’Océan & de l’ancienne
Thétis, ou, felón Homére, filie d’ Atlas, regnoit
fur l’ifle d’Ogygie, dans la mer d lome, tile
recut UlyíTe á fon retour de l expedition de 1 roye,
& l’arréta pendant fept ans, lui offmnt meme
l’immortalité s’il vouloit lepoufer. MaisLlylTe
ne poavant oubüer fa enere Penelope , prefera le
féiour de rifle d’Ithaque á tous les avantages que
C^ypfo lui faÍfoit_efpérer, & prit colige de la
déefle, non fans cémoigner beaucoup de regret*
Elle eut deux enfans d’Ulyffe , appeles Nauii-
thoüs & Naufinoüs. Le nom de Calypfo eft tire
de Cette nvmphe aevmt la deei.e
da fecrec. Au refte , ia fable d’Homére a cti
K k k k
6i6 CAM
C A M
iroaginée relatívement á ce tiom > d’autant plus
qu'on affigne pour deracure á Calypfo , plufieurs
ifles différentes & éloignées les unes des autres ^
-telles que Ogygk Aea ^ & celle qui portoit fon
nom aupres de Pouzzole.
Pline {lia. 3j-. c. il.y parle d’un tableau cé-
lebre de Micias qui repréfentoit Calypfo.
CALYPTRA. Voyez Voile.
C A M A I E U X j deííins faits avec une feule
coiileur. Les Grécs les appeloient monochromata ^
^oyoKp-ü:/^circi,,
■ CAMARINA, en Sicüe. kamafinaiqn.
Les médailles autonomes de cette vilie font :
R. en argent.
R, en bronze,
• O. en or,.
Leur tvpe ordinaire eft un cygne.
CAMEE, pierre gravee en relief. Voye:^
.Gravees xpíer res). Nous ferons feulement cb-
ferver ici que !e prlx des pierres gravees en creux
eft beaucoup plus coníidérable que celui des ca-
rnees, en raifon de la difficuSté du travail.
CAMEL'ASIUM. § defignoit fous .es em-
pereurs par !e pre'tnier nóm , les charges de con-
duíleurs des chameaux de rarmée & par le
•fecond, un impot deiliné á rachat & á Fentre-
tien des chameaux. Ammien-Marce’lin faic men-
. tion de cet impdt ( x vil. 3 . ) : Faéiumque eft tune ,
, & deinde unzas animifirmztate, ut príter folita , nemo
, Gdllis qaicquam exprimere cdnaretur camelifii no-
mine.
C.4MEPHIS. Ifis parlant a fon fils Horus dans
lin fragment (z.g Stohsi Eclogis Phyfcis. p.
iio. ), luí dit que Camepkis eft le pére de toiites
chofes, & le plus anclen des étres; 'K.ttpA(p¡.a>e ,
za- ■na.íTsei •üfiytveA-fis. Damafcius ( Ancc-
dot. Gríc. IVolfii, rom. iil.p. 261.) fait d’abord
mentían de rro!S camevhis , 8c a'jouteplus basque
le foler! étoit h rro;fiéme comepkis^ déíigné par
ce nom qu’avoier-t porté fon pére &: fon ayeiil.
Le premier des aateurs que nous venoas.de cirer,
défigne évidemment Pthas ou Vu'cain , le pre-
mier &• le plus anden des dieux Egypriens. Le
íbieil eft auííiappelé cameakis par le fecond écri-
vain. Mais le fo'eil avoir été produit dans la théo-
logie égypnenne parNeith , ou Minerve , oue Fon
confonioit cuelquefois avec Vulcain , confidéré
eomme !e princnne proiudlíf de toutes chofes. lí
paroít done -évident que les trois carnepkis étoierrr
Vuíc.iin , Minerve & le Soleií. Ce nom , expliqué
dans les principes de la langueCophtique , fisnifie
gardUn de r Egypte ; Se il convient parfaitement
aax trois grands dieux de cette contrée. JabloHskt
( Parzth. Xgype. I. 58. )
CÁMILLc,, ÍTÜe de Métabe, roi des Volsques,
& de Cafmd’aj fut confacrée á Diane des le í
berceau , & nourncj da;is les, bois, de Lut de |
cavale- El’e fiit toujours oceupée des exerelees de
la chaiTe Se des ai mes, & s'endurcit aux pénibles
travaux de la guerre j mais elle fe diftir.aua fuj-.
rout par fa légéreté á la courfe : plus rapide que
le ventj elle auroit pu , dit Virgile {JE.uia. xr.)
courir fur un champ dMpis fans les faire püer, ou
courir fur les fiots de la mer, fans itíOuí ier fes
. pieds légers. CamilLe n’avoit pour tout habilie-
ment quMne pean de tigre qui luí couvroit toat
le corps , & par deíTus un carquois lycien. Étant
venue au fecours de Turnus centre Fes Trovens
elle fut tuée en trahifon par.Aruns. Diane vengea
fa mort, & fit percer le iáíhe Aruns d’une de fes
ftéches.
Camille , furnom de Mercure , qui étoit ai.nlí
appelé', parce qu'il étoit le Camille , ceír-á-dire,
le miniftre ou plutoc le ferviteur de Júpiter.
Camille, >
CAMILLTJS, > jeune garcon &,jeuneíiire de
. .CAMILLA, . }
bonne famille , avant pére Se mere vivans , qui
fervoient dans les facrihees , dans la céíébration
des noces & des myftéres. Cétoit en particuüer
le nom du jeune enfant qui fervoit le Flamen.
Dialis>, ou pretre de Júpiter.
On croyoic que ce mot étoit tforigire Etruf- ,
que , Se qu'il venoit de Cafmillas , miniftre,
comme le donne a eatendre Virgile ( Mneid. xr.)i
. . . ..... Matrijque vocavit.
Nomine Caftnilis. , matara parte , Camillam.
Varron {de Ling. Lat. lih. iv, ) dit que les Sarro-
thraces défignoient par le méme nom les mir.iftres
de leurs myftéres.
Ces jeunes miniftres- des auteis étoient vetus
d'une fimple tunique liée par une premiére cení-
ture , & retrouífée par une .fecotide , aH-d^ftus
de laquelle elle s’élevoit en plis ondoyans. i ous
les monun-ens anticues les offrent avec cet aceou-
trernent. Dans le paiais des Coniervateurs au Ca-
pito’e, en voit un beau c.rmiile de bronze. Ou
pieut aíTurer généra’ement que 1 on ne trouve au-
cun facriíice fur les ar.ciens menumens rosiains^
fans qu'il n'y air des c-amilles.
C.4M LLvs , furnom de la famille FdRIA.
CAMOEN JE , furnom qu'on donnoit aux
Mufés, & qui venoit de ano , je chante jipatee
eue leur principale oceuD ttion éton de Cnanter
les aéíions des dicux Se rfes héros Cn le derive
aoffl de canta ameeaa , chaní agiéable.
n - • l Voy. CASTKAMÉT.4T10S
CavíP "retoñen, i
dans le Diftionnarre de I’Art Militaire.
On tronve en Franca plufieurs camps des^^^
marns , que .Fon appelle rous camps de
felón l'uíage ou '.'on y eft d’-ictribuer a ce
liomfne .to.us les travaux des Rerntins
conferve q’es vé'iHges. Le comte ¿e Cayife “
C A M
faií connoírre le plus graud nombre daní fes Rs-
cuciís aAr.tiquités. >'ous renvoyons le leóteur a
cette précieufe collection. Mais nous nc pouvons
omettre id une reflexión genérale trés-unle pour
les écrivains qui voudront déterminer avec pré-
díion répocue áe ces csmps. Elle eft du favanr
corntCj, & i! Ta faite á foccaíion du camp de
Celar qui eft fur le bord du Cheij vis-á-vis
'Drévant.
On a trouvé dans fon efJiplacement des mé-
dadles d' argent de Dominen ; ce qui ne prouve-
roit en aucune facón qu’il n'eút pas été fortiiié
loag-terñs avant le régne de cet empereur. Car on
fair que quand une fois ces poftes aYoient été
occiipés par les íégions, ils devenoient á I'égard
des Romains , commc nos places. -Ils les retrou-
^cient au premier befoin en état de Ies rece-
TOir, fans avoir eu la peine de les entrerenir ,
cu du moins ne falioit-il pour cela que dé me-
diocres réparations. Aufli Ies camps Romains ont
ferv! plus d'unc fois , non-feulement á cette na-
ilon , mais á celles qui lui ont fuccédé , aurant
qu’il leur a cté poílible d’en faire ufage , felón'
!a différence des armes , & la fagon de faire la
guerre. En confé-quence j . les altérations que
ces poíles ont fouírertes, vealent erre obfen-ées
avec foin ^ quand on Ies examine par rapport á
i’an'tiquité. »
CAMPA GNE des pleurs ; c^eft une contrée des
enfers oú Virgile place ceux que Tamour a mal-
traités & qa’il a fait defcendre aa tombeau.
CAMPAQDS. Cétoit la cnauíTurp des offi-
ciers Romains. Le campagus difteroit de la caliga ,
en ce que celie-ci éroit une limpie íemelie ^ ou
fandale , iiée fur le pied -avec des courroies ; mais
le campagus avcit un reaord coufu tout autour
de la femelle ^ qui coiivroit le talón Se le tout du
pied j'.en laiííant découvert feuiement le coude-
-pied. On obferve cette différence fur un pied
aritique de marbre du cibinet de Sainte-Gene-
viéve. Le campagus étoit fixé par des courroies
qui s’élevoient jufqu’au milieu de la jambe en
fe croifant pluíieurs fois. Son nom yint.de ces
entrelacs , ; & fon furnotn retica-
latus aroit la méme origine. Avec ces notions
claires & précifes , on expüquera facilement un
P-aíTige de Trébeliiu-s Follion , obfcur_,en áppa-
rence. Cet hiñorieíi dit de Gállien (c. l(S. que
cet empereur quitta le campagus que portoient fes
prédéceíTeurs , le campagus appelé regias dans' Ca-
pitolin (R-r yLaxímino jan. c. J.. )jfans doute á
caufe de fa couléar pourpre > & qu’il appeloit
un f.'.ct par dériíion , campagos retículos. II lui
fubítitui la caliga du limpie foldat j mais il l’orna
de pierres précieufes ; C aliga s gtmmat as artnexuit.
Le Jafon de Yeriáiiles , nómrñé mal-á-propos Cin-
qir.natuSj fs chauífe.un \'éñtit>lz ca-r.pagus.
CAMPAaíENS (vafes). M inkelmann {Sifi..
de l’Art , iiv. j- y. :rl. il.) a fai; voir que Ton
C A M f^i7
devoít appelerde ce nom les vafes nommés impro-
prement étrufques , parce cu’on Ies trouve tou-
jcurs dans la Campanie , ou dans la Sicile j & qu’on
n’en a jamais découvert dans la Tofcane ou
LEtrurie. Voy. EtrxjsqYes (Vafes).
CAMPANISTICUM. On appeloit de ce ñor»
l'honoraire des experts, ou pefeurs-publics .(//¿rf-
pendes ) y & il venoit du mot grec ’Kacy.-xai''.; ,
balance.
CAMPÉ. Héíiode dit que le Tartare étoit gardé
par Campé, que Júpiter tua de fa propre mam ,
lorfqu’il en retira fes oncles Ies Titans. On ne fait
queile efpéce d’étre étoit ce Campé : feroit-ce les
finuof.tés des chemins qui conduifoient au Tartare,
que les poetes auroit perfonniíiées ? Kac/xAii ligíiifie
en eífet détour , o\l finuoficé.
CAMPESTRE. C’étoit le nom d’une piéce
d’étoffe dont les Romains fe ceignoient les reins ,
Se qui defcendoit jafqu’aux genoux. Tel étoit le_
limas des víclim.aires ; telle eft cette toile que
portent les boulangers & les marchands de vira
par-deflus leurs culoctes. Le campeftre fe mettok
. dans les circonftances ou la chaleur obligeoit a
quitter tous les habits. Afconius ( in Cicer
dit que Catón étant préteur Se rendan't la jultice
pendant Ies plus grandes chaleurs, ne rnettoic
! point de taaique fous fa toge , mais qu’ii portoit
un limpie campefire : Cato prstor juiicium ¡ quia.
■ íífiate ageb atur , fine túnica exercuit , campefiri fiA
; toga cincíus. Les foldats paroiflent fouvent avec.
le. campefire fiir les monumens antiques ; & les
montagnards d^Ecoííe. portoient* encore , ii y a
trente ans , un habillement íi incommode.
CAMPESTRES. Muratori ( 107. 5. Tkef. Itfcr.y '
. rappórte Pinfcription fuivante, dans laquelie ce
' mot déíigne Ies dhanités qui préíídoient aus
. champs; Vénus, Pan, Siivain, Scc.
CAMPESTRIB.
: EX VOTO
C. SA14CTINIUS
GAI FIL. qU. PR*
AETERKIUS P. C,
CAMPIDOCTOR , officier des troupes ro-
; maines qui leur enfeignoit les evolutions m.ii—
' taires. II recevoir une paje double , comme nous
l’apprénons de "V égece (r. r.): Ita autem fevere
apud majares exercitii dijcipuna fervata efi y ut éí
doctores armorum duplicibus remunerar entur atino-
ais. Le paífage fuivant de Pline {.Ptrneg. 14.
n. ^.) fait volt que ces ofticiers etoient^dune
création nouvelie, & qn iiSavoient fucceJe á oes
vétérans recommandao-cs par les recompenfe.^
militaires : Pofiquam ^ercitationihus aofiris noa
laeteraizorum aíiquis, , cus dccus , muralis aut ci ccca ^
fed Grscalus magifier apijtzt.
CAMPIiSENl , étoieat les mémes oíScjfrs
K k k k !j_
él» CAN
que les campiioSorcs. Végéce en fait fouvent
Jnenrion.
CAMPSACES , mefure de capacité pour les
folides de EAfie & de l’Egypte. Foyej- Cab.
Campsacés , mefure de capacité pour les li-
quides de l’Alie & de l’Egypte. V^oye^ Cab.
CAMPUS PIORUM, lieu célebre en Sicile,
prés de Catane, oú Ies deux fréres Amphinomus
& Anapus emportérent fur leurs épaules au tra-
vers des fiammes du mont Etna , leur pete & leur
mere.
CAMULüS. Gruter (40. 9. & yé ii. Tkefuur.
Infcript.') a rappwrté trois infcriptions dans lef-
quelles on lit le nom de Mars exprimé en langue
fabine par le tnot Camulus. Sur la premiére , on
lit CamulOj au-deíTus d’une figure de Mars por-
tant une halle & un bouclier. On lit fur la fe-
eonde (<6. ii.) quia été trouvée dans le pay^s
des Sabins :
CAMELO. SANC
ÍORTISS.
SAC
TI. CXAUDIUS. TI. F. QUIK,
TERTIUS
ilil. con. Vil. PR. VERI
L. D, D. D.
Voici la troifieme ( y 6. n°. 12. ) qui a été trouvée
auprésde Cléves.: Marti camulo obsaiutem
Tíberi Claudi Caes cives remi templum
*^oNSTiTUERUNT. Les favans ont conjeéluré
d’aprés ces monumens , 1°. que Camulus étoit le
' dieu Mars j 2®. qu il etoit le méme que Sangus ;
3°. que ce furnom de Mars venoit des Sabins.
Struve {Antiq, Román. Synt. r.) a dérivé ce nom
du mot camas , mors ou frein deíHné aux che-
vaux fougueux pour Ies dompter. Ces animaux
^éritoient d’étre confacrés au dieu de la guerre,
& d’étre employés dans les armées.
CAMÜS. líidore {xx. 16) donnece nom aun
^ors dur Se rudcj done on fe fervoit pour dompter
les chevaux dlrncíles ; Camas cji genus .aj'perí^reni ^
quo cabala jiiperbi coerceri folent. Flailte en fait
iBention ( Cas li. 6, 37 ) :
Tu ut qiddem kodie camum & furcam feras.
Camus éioit auííí une efpéce d'enronnoir , fíxé
au-deffus du vafe deítiné á recevoir les teíTéres ,
©u balottes desjuaes.
d'Éple. Pour connoítre fon
'hiímire & fon beau grouppe antique , mal nommé
Ane & Fétus ^ voy£i^ Aríe,
CAdSiALE. LesEomains donnoient ce nom aux
Toies publiques, en généra! , & particuliérement
aux trortous gui accompagnoieni lachauíTée. Plaute |
CAN
fe fervoit de ce mot en parlant des promenoirs
qui étoient dans le forum , 3c que fréquentoient
les défoeuyrés ( Cure, iv , i , 15. ).
In medio foro propter canalem , ihi ofientatores
meri.
Ileíl fait fouventmentiondans le code Théodoíien
des canales , ou voies publiques,
CANARD. Les anciens préféroient !e canard
fauvage au canard domeftique ; mais ils n’en rnan-
geoient qfie Teílomac Se la tete , córame nous
Tapprend Martial. ( xiii. p.. ) '
Tota quidem ponetur anas y fed peñare tantum
Et cervice fapit : cociera redde coqao.
Les grecs rechereboient ceux de Béone. ( Arif
toph. Achara, iv. i , 14 ^ Archigénes f de comp.
medie, fecund. loe. lib. r , c. 4, ^ compre les
canards domslliques entre les viandes qui convien-
' nent le mieux á Teílomac. Catón étoit du méme
fentiment 5 fi fon en croit Plutarque , il en faifoic
manger á ceux de fa famille qui étoient malades ,
& il fe vantoit d’avoir toujours maintena fa fa-
mille , fes domeftiques & lui-méme en parfaite
fanté , avec ce régime feu!. C’ étoit d’apres la
méme opinión que Mithridate, voulant feprécaii-
tionner contra les poifons, faifoit meler de la
viande de canard á tous Ies alimens qull prenoit.
CANARIUM. Voyez Capicule.
CANATA ou CANATHA, en Paleíline. ICAH.
Les médáilles autonomes de cette ville fontt
RRRR. en bronze 3 .... Pellerin.
O. en or.
O. en argenr.
Cette ville a fait frapper des médailles nape-
riales grecques en fhonneur de Claade Se dé
Domitien , & une en celui d’Auguíle , qw a
mal attribuéea Rhamata par Vaillant.
CAN ATHOS. Fontainc de Naupüa. On dríoít
que JuBon-, en fe baignanr tous les ans dans cette
fbntaine, recóuvroit fa virginité ; cette fableeto'.t
fondée íbr Ies myftéres fecrets qa’on y célenrott
en fhonnéur de cette dceffe.
CANAUX de navigation & d’arrofage. L acade^-
mie royale des infcriptions & belles-lertres propoia
pour fujet du prix qit’elle devoit diñribuer en
1771 , cette queñion : « Quelles ont été , aepms
» les liécles les plus recules de Tere chrenenne ,
” Ies tentativas des diíFérens peuples pour ouvrU
des canaux de commufiication, foit dnt‘-
" fes riviéreSj feit entre deux mers diírerentes,
“ foit entre des riviéres & des mers , &
’a a été le fuccés ? ». M. Tabbé le Blonda aitiou.
d’hui membre de cette Académie , rempor^
prix. Nous allons donner un extrait de
mémoire , tel qu’on le trouve dans le traite ..
canaux ds M. de la Lande^ á qui il favoit co&m
C A N
niqué. Cet extrait elt partagé en troispartiesjrek-
lives aux trois parties du monde connnes des
anciens.
Canaux de l’Euphkate. Noüs ccmTT.ence
rons ia defcríption des tanaux cue les anciens
avoient creufés dans ¡'"Afiejpar reux de l'Euphrare.
Ce fleuve piend la fource dans la gr-.nde Armeme ,
vers ia partie feptentrionale du mont Abos , qn!
eíiune branche duTaurus. Ces deux fo urces, font
éloigaces Tune de Eautre de plus de ajo iTiilIes.
L’Euphrate couie a roccident, leTigre á forient;
& le paj's qui eft renfermé entre ces deux ñeuves
vers le milieu de kurs courSj eír la íúéíopotamie.
lis fe joignoient par difrcrens bras j & ne for-
rr.oient enfuñe qu un feul lit , par lequel lis
alloient & vonj encore fe rendre dans le golfe
ferliquej mais avantque d’y arriver ils environnent
lie qui fe nommoit autrefois lüéséne j & que
Ton appelle maintenant Chader-
Ce pays ayant été foumis á différens maítres ,
a éprouvé piuíieurs changemens 5 mais le refiux de
la metj qui elt íi violent & qui fe fait fentir á
plus, de 70 müies dans fEuphrate, & le débor-
áement des ceux íleuves , ne contribuérent pas
moins á ces changemens j par la fuite des temps ,
que Je gouvernement fuccellif des AíTyriens , des
Babyioniens , des Perfes , des Grecs , & méme
des Califas. Les rois de Babylone eurent trés-
anciennemenr le projet de joindre le Tigre avec
TEuphrate j ( Eufébe, Frtp. pvang. ix. 41. ).
Trajan ^ Septime-Sévére^ Se Juiien skn occupé-
rent égaiement : voye^ M. Oberlia, p- U
paroít qu'il y eut en eftet un canal de 2J miiles ,
par léquel PEuphrate fut détourné vers le midi
dans le Tigre, vers Séleucíe , un vers Apamée ,
un aurre vers CtéJiphon j nommé Nahar-Malchá.
De tous les canaux qui portoient les eaux dans ie
Tigre Se dans divers lacs , ikn’y avoit que ceiui
qui traverfoit Babylone qui fút naturel : c'étoit ie
véritable lit da fieuve. Quelques-uns de ces ca-
naux ne. furent creufés d’abord que pour reiné-
dier aux déboidemens qui ruinoient les cam-
pagngs ; le nombre en fut depais augmenté pour
árrofer les terres ; ce fut ce dcuble avartage que
Kabuchodonofor fe propofa en entreprenant ces
travaux qui lui méritérent tant de gloire. La
fituation du pays les rendoit abfolumenr nécef-
faires : le lir de FEuphrate étant plus éievé que
celui du Tigre i iorfqu il venoit á déborder , fa
pente naturelle rempoiroit par les ouvertures qui
fe préfentoient dans le pays plat des Babylo-
nienSj Se aprés f avoir inondé j il romboit dans
ie Tigre j qui n’en étoit pas éloigné 8¿ dont le lit
étoit fert bas. C'eli pourquoi ce pays ^ qui au-
tiefois étoit couverr d’eau ^ a recu le nom de
iñer, comme on le volt par nn ancien fragment
d'Abydéne , rapporté par Ensebe. Ce fut cette
difpofition de IXuphrate á Pégard du Tigre, qui
ai reta Trajan dans Tentreprife quTi avoit formée
ée condüiíe un canal d‘un de ces Seuves á I’autre,
CAN
C Diod. Lxvij. ) afin d’y tranfpoiter fes vaifleaux
pour faite un port fur le Tigre ; mais il s^’en d^
filia , parce qu'il craignoit que ie courant n'en fue
trop rapide : crainte mal-fondée, comme nous le
verrons bientót.
Le feul moyen de remédier á ces débordemens,
étoit done de faire des coupures ou tranchées ,
comme Fon avoit fait en Egypte pour le Nil ,
8c la terre de la Babylonie étant gralTe Se molle ,
s'y prétoit aifément ; mais i! falioit les entrete-
nir oules renouveleríbuvent ; car í’eau dégradant
8c entrainant la terre , combioit les canaux , Se
le débordement recommencoit. ( Strakon , x.
XVI. p, 740. de r édition de Cajaubon. )
Les Arabes de leur cote , pensérent á détour-
ner Ies eaux de l’Euphrate , pour arrofer lears
terres fabloneufes 8c arides. lis avoient creufé á
cet effet le canal nommé Pallacopa , qui en dé-
tournant fon cours 8c le conduifant dans des
étangs Se des marais , fervoit a empécher le dé-
bordement 5 mais le cours du fleuve en fut di-
minué Se affoibü. Les terres des Babyioniens de-
meuroient á fec le reíle de Tannee , ce qui
excita de grands démélés. ( Arrian, de F-xped.
Alex. VIII.') Les Babyioniens Sejes AíTyriens
prétendoient quune longue poífeffion leur alTu-
roit fur ces eaux des droits inconteilables ; Ale-
xandre voulut rétabiir les chofes dans leur pre-
mier état 5 le Satrape de Babylone l’ayoit pro-
jeteé auparavant j mais ia mort de ce prince em-
pécha que l'ouvrage ne fút confommé , comme
il Ta été depuisl II viíita plufieurs de ces
canaux , ouvrit les uns , nétova les autres Se ea
fit de nouveaux, {Arrian-, l. vni. -Strabon,.
L. XVI. ) Comme Tembouchure du Pallacopa
étoit fujette á étre comblée par le linaon , Ale-
xandre en fit creufer une autre éioignée de la
premiére de trente Hades } ayant choifi pour cela
un terrein plus folide , il y batir une viile de fon
nom, 8c y établit une colonie de Grecs. Dans
des tems poftérieurs cm eut ie méme foin d’cn-
tretenir ces canaux 8c naeme d'en faire de noa-
veaux. Cn en voit encore plufieurs aujourd'hui a
droite 8c á g3uche,le long du !k coramun du Tigre
8c deTEuphrare. Y- Armin. tr.id. du Géog. Ture ,
ntjf. de la hialiot. du. roí , pp* ^243 3 »
Z272, 1273 , 1283 , cités parM. le Biondjdans
fa DiiTertation.
Les Perfes , qui n etoien: pas fort verfés dans
la pratique de la mer , ménagérent dans l'Eu-
phrate 8c dans ie Tigre des cataractes pour em-
pécher les invafions que les étrangers auroient
pii faire dans leur pays , en remontant ces ñeu-
ves- ( Strabon , x. xvi. ') On pouvoit aller en
effet centre le cours duTigre,jufqu aii lieaoú Pon
batir depuis la viile de^ Séleucie , & remonter
PEupbrare jufquk Babyíone. Alexanáre fi: encore
lever ces obílacles Se rétablit la navigation fur
ces rivisres. Si Pon en crol: Héroáote , i'inves-'
650 C A
tion de ces catara ctes ou cafcades dont ií eíd
qudtion, dt düe á Isitocns , reine d’AíTvrie ,
Gui lurpafli Sémiramis ^ & fe rendir fameufe par
les travaux coníidérabies qui fe firent fous fon
régne. Mais perfonne r/exécuta de fi grandes
ckoíes áans la Babylonie ^ que Nabiichodonofor,
fuivant Berofe ^ cité par Jofeph, {z. x. c. n. )
II ñt de Babyione une des merveilles du monde 5
c’eít á lili que l’on atrribue les dignes de FEu-
phrate 5 les canaux & le lac artificiel deftinés á
Je décharger d une partie de fes eaux dans le
tems de fes crües, {,J^usebe,Pr¿ep. Evang, ix. 4I.}
Canal royal, nahar-malcha. Nabucho-
donofor voulant garantir des incndations la Baby-
lonie , qui en fouSroit de grands dommages ,
fit tirer au-delTus de Babyione ^ au coré oriental
da flciivej deux canaux artificiéis j pour détour-
ner dans le T igre ces eaux débordéeSj avant
quedes arrivaílent á Babyione. apud
Eufeh. i. IX. )
Le plus coniidérable de ces canaux étoit ce-
qui alloit fe rendre dans le Tigre ^ affez
prés de^Ctéíiphon j il étoit fort vaílc;, & pouvoit
porter les plus grands vaiíTeaux ; c’eñ Dourauoi
Ú fut appeíé dans la iangue du pays Nakar-Mal-
dia^ c'eíLá-dire 3 le fleuve royal. il eíi nommé
Armalchar dans Fline ^ qui í''interpréte- fiumen
regram. Ce íut Gobaris ^ goiiverneur de la pro-
vine", lous Nabucíiod.onofor j qui exécuta ce
grand ouvrage.
Tiüemont, qui dit d’aprés Dion , que Trajan
avoit voulu tirer un canal de l'Eunbrate au
Tigre j femble en parler comme d’u.n nouyeau
canal , dont ii n y auroit point eu de veíliges au-
paravant. M. Je isiond ne les croit pas bien fon-
des a cet egard. II paroít que Traían avoit voulu
ümplement déboucher le Nahar-Malckai mais on
a lien d=etre furpris de ce qu il fut arrété par
des repréfenratioiis qu'on iui fit & par Tavis
Quon lui donna^ que le lit de l’Euphrate étoit
plus elevé que celui du Tigre. Ce prínce inftruit,
ce devolt pas ignorer qifii avoit exifté dans cet
endroit un canal navigable , Se fa confiance
devoit encoré augmenter ^ ü c étoit précifément
le Nahar-Malcka qu''ii voulcit cuvriñ
_ L'empereur Sévére acheva dans fon expédi-
tion ae Perfe, I ouvrage que Trajan n'avoit fait
que comtnencer > óc fans tomber dans Finconvé-
nient qu on avoit appréhendé , il réuffit á faite
paiTer fes vaineaux de FEuphrate dans le Tigre.
Ce canal étoit dspuis long-tems i fec , & égal
au reíte du terrem j lorique Fempereur Julien^le
fit rouvnr. II ne vouloit point abandonner fa
Éotte á Fennemi , en la iaiífant fur FEuphrate ,
& il regardoit fa perte comme aífarée s'il la fai-
CoK defeendre dans le Tigre par Fendroit oii les
oeux aeuves fe réuniíTent au díífus de Ctéíiphon :
íí ct tiiage des conaoiíTances qudl avoit des an-
du pays. L favoit tout ce qui conceraoit
C A N
i le Nakar-Malcha j mais i! s'agiíToit d’en recoa-
noitre les traces. ( M. le Beau , Hiftdre au Bas-
Empire. t. jii. p. 552.) Julien^ á forcé de
queílions ^ tira d’un habitant de ces contrées
fort avancé en age ^ des indications qui le gui-
dérent ; il fi.t nétoyer ce canal. On retira les
groíTes inalfes de pierre avec lefquelles les Perfes
en avoit comblé F-ouverture 5 Se les eaux du
Nakof-Malcka reprenant avec rapidicé leur an-
cienne route, y porrérent les vaiífeaax , qui ,
aprés avoit traverfé cet efpace long de trente
ftades , débouchérent fans péril dans le Tigre.
Haeque valle pargeta avulfis caraBis undarum
magnitudine clajíls fecura ftadiis xxx. decurjis ,
alveum ejccla efi Eigridis. ( Amm, Maro. l. vi. ^
II faur obferver que ce canal de trente ftades
n^ércit qu'un canal de communication avec le
Nahar-Malcka , qui étoit le grand canal. Les
, habitaos de Ctéíiphon furent avertis de ce rra-
vail par Fépouvante que leur caufa la criie ñi-
bite des eaux de leur fteut-C;, qui ébranla leurs
muraiiles. C'eft ce canal de Nafmr-Malcka quct
Grotius prend pour un des rrois fieuves du pa-
radis terreftre ^ dans fes notes fur !a Genéfe. li
feto it fort difficüe d'indiquer avec exaditude Ies '
dérivations qui furent faites de FEuphrate ou du.
Tigre , dans la Babylonie ; mais on dit que les
Tures ont fait plu.fieurs autres canaux du Tigre
á FEuphrate 3 tel eft le canal de Kerbel, fait
par Solimán , & ceux d’Akerkufi & Nehri-
Scahi.
JoNCTioN DU Tigre et de l’Eüloeüs. li.
nous refte á parler du canal par lequel Arrien
dit que Fon avoit joint le fleuve Euloeus au Tigre,
{de exped. Alex. z. vin. c. 7. ) Cet auteur rap-
porte qu Alexandre s’étant embarqué fur le
fleuve Euloeus , pour fe rendre par mer aux em-
bouchures du Tigre , une partie de fa flotte qu’ft
lailTa derriére lui , fe rendir dans le Tigre par un
canal tiré de ce fleuve jufques 'dans VEÚloeus ,
environ á jo miües de Femhouchure du Tigre t
c’eft probablement de ce cana! dont Pline 2 voulu
parler, en difantd’un iieu nommé Charax, quil
etoít ínter confiueraes dexterá Tigrim , loeva Eu-
loeum , ( X. VIH. c. 27.) Arrien ne dit ni par
qui , ni quand ce canal fut ouverr.
L’Euloeus eft le Karum des modernes , comme
on le volt par la carte de M.dLAnville. Thévenor,
dans ia fuite du voyage au Levant , {!• iti- c. ix.
p. yyi. ) nous apprend qu’il fubflftoit encore de
fon tems un canal nommé Haffar , qui joignoit
le fleuve Karum , ou le Tuñer , au Schat-el-Apb,
ou Schat-ul-Areb , & qa’ií avoit employé environ
cinq heures á parcourir ce canal tortueux & prp"
fond ; récit qui convie.nt tres-bien á ce qu on dit
de la jonétion du Euloeus avec le Tigre.
Canal de N!CO:víÉDiE.Trajan,qui avoit entre*
pris de joindre FEuphrate au Tigre , ou plutot
de nétoyer le Nahar-Malcka , favoit foímer de
C A N
vañes projets & les combiner avec une haute
pruder.ce. ISous en avons un exemple bien re-
niarquabie dansfes réponfes á Pi're , qui iai pro-
pofoíc de íaire comtnuniquer avee la ir.er un lac
voilin de rvicomédie ^ 45 milles au fud • eíl de
Conñantinople ; ce Tac ^ dont il s'agiíToit de faire
coTT.maniquer ¡es eaux avtc la mer , n^’eíl point
nommé par Piine , il n’eit qu’indiqué par cet
auteur : efi ir. Ni iomed-^nrium firúbus ampLiíftmus
lucr-s. Nous verrons bientó: que c’eft le lac
Baana. Quoi qudl en foit , on peuc confaker
les lettres de Piine ^ ( /. x. Epiji. 50. & fuiv. ) &
Ies réponfes de Traían fur ce proietí on y ad-
mire la vigüance & raótivité du magiílrat ^ la
prüdence & la bonté du prince ; i! ne paroírpas
cependant que ce projet ait eu pour lors d’exé-
cution.
Nous Yoyons ¡ pías de cinq cens ans aprés , de
nouvélles tentatives faites par Anaítafe fur-
nómmé Dicore, (^Ann. Comnen. Alexiad, l. ri.)
mais ellés reíteírent encore fans efret. Alexis Co-
mnéne y fit aadi travaiüer dans la faite pour op-
poíér des barrieres aux Tures qui ne ceíToient
d’infeíter la Bithinie , & fiii-tout la vüle de
IS'icomédie. Cette province étoit peu forrifiée j
il ne falloit , pour y entrer , que paíTer le San-
gar , ce qui n'étoit pas fort difScüe. L'empereur
réfolut de s'oppofer á leurs .incurflons , & de
poLijrvoir á la fúreté de Nicomédie & á celle de
la province. En viiitant les lieux , il remarqiia
les traces d'un long cir.-ia/ qui étoit tiré du lac
de Baana; il rexami- a avec foin , & il vic bien
qu’il nk'toit point !’ouvra?e de la nature , mais
celui des hommes. 1! apprit des anciens du paj’s,
que , fuivant une tradition aíTez confufe , Anaf-
tafe Dicore avoit ordonné cet ouvrage ; il ne put
découvrirni dans quelie occaíion, ni a que! deüein
il avoit été entrepris ; mais il en profita. II fit
nétover le canal ; on lui donna méme plus de 1
profondear en le creufant de nouveau. 1! craig.nit
auííi que le flux 8c reflux n'y porta.Tent du limón
8c des fabies , qui , par la fuite , y formeroient
des guets par lefquels les Barbares pouvoient pé-
nétrer dans ¡e pays ; il choifit un lieu convenab'e
pour y conílruire une íour qui fut fi folidement
Datie, qu'on f appela tour de fer, nom qifelle por-
toit encore du tems d’Anne Comnéne {AUx'.ud.
J- vi'). Cette princeífe, qui rapporte ce rrait de la
vie de fon pete , ne nous apprend point fi le canal
fut en eíFet tirédu lac Baana aa coife Añacénas,
oj^dans un autre endroit, pour le faire commu-
ntquer á la mer ; mais la nature du pavs & la fitua-
tion des lieux y invitoienr tel-ement, que fous le
fulcan Bajazet lí , Bon propofa de ioindre le San-
gar au lac de Paana , & de faii¿e enfiiite commtt-
niquer ce lac á la mer par un canal , fuivant le
geogr'.phe Ture cité plus haut dkprés les-manuf-
-crit> de la bibliorhéaue du roi. Cet auteur dit que 1
de be de Sabadjeah 'ckft le he de B.iana d'Anne i
CctEnfene^ a qiimze íiiiiáes-ie tour > ía forme eft. ¡
CAN
oblongue ; Ies environs de ce lac font remplis de
bois , qu on appeüe bois de mer : on paf.e fur le
bord de ce lac lorfqifon va de Conítaorinople á
Bcty , & quelquefois on eít obligé de paffer dans
Teau jufqub la fangle du ckeva!. li y a une demi-
journte de chemin entre ce lac Se le goife d’if-
nikmid , Afiacenus Jiñas , & trois journées du ccté
,de 1‘Orient jufc.u’á b riviére de Sakeriah, ou le
Sangar. On avoit autrefois prejette de joindre
cette riviére au lac de Sabanüieah , 8c ce lac au
golfe ddfnikmid. Sur le rapport des experts qu'on
y avoit envoyés Tan 909 de Thégire (cbít i’an
1503 ) , qui avoient aliaré la poiTibiüté de cette
■jonétion , Bempereur en avoit erdonné Bexécu-
tion; mais ceux á qui elle ne convenoit pas furent
Ben détourner. Voila done un ouvrage commencé
avant Traían, que ce prince avoit deíTein de con-
tinuer & de conduire á fa fin , auquel Anaftar?.
mit encore la main , pour leque! Alexis Comr.éns
fit de grandes dépenfes , He qui fu: propofé de
nouveau au fukan Bajazet ; cependant en ne
trouve dans aucun hiñorien que les eaux da
Sangar ayent jamais été unies á celles du be de
Baana , ou que celles de ce lac Bayent été á ’a
mer ; on ignore également les obífacles qui em-
péchérent la perfection de cet important ou-
vrage.
Canal de Cnide. Les Cnidiens coupérent
leur iíthme, & fe fép-irérent du continent de
BAfie-mineure pour b défenfe de leur vüie. Har-
pagus., généralde Cyrus, roi de Perfe, faifant de
grands dégats dans 1 loníe, &: les Cnidiens voyant
qu'il approchoit de leur pays , & qu ils avoient a
crairdre pour eux le méme traitemenr qiBéprou-
voient ¡eurs voiíi.'iS , ils cherchérent á fe mettre
en fúreté, comme on le voit dans Paufanias 8c
dans Kérodote ( L. /. c. 174- ). Leur conrrée
¡orme une péninfule reíTerrée au nord pai le golfe
Céramique, Se au midi par la mer Egée ; Biilhme
qui ¡’oignoit leur ville au continent de la Caríe ou
de la Doride , étoit fort étroir , n^ayanr pas plus
de cinq fiades ( jod toifes). C’eíl cet iíthme qu'ils
entreprirent de creufer pour fe mettre á coavert
de la violence de Bennemi. Les ouvriers ne furent
point épargnés pour un ouvrage auífi preíTé ; mais
dans le fort ¿u travaiiune main invilible, dit Hé-
rodote , fembloit les frapper ; ils fe fentoierrt
bleíTés dans diítérenres parties du coros , Se ils
fe troüvoient tout-a-coup prives de la vue. C’é-
mient probabíemenr les maladies que des fou’fles
de terres occafionnent quelquefois ; mais ces peu-
ples fiiperítitieux crtirenr y appercevoir une puif-
fance á laquelle il n’étoit pas poffible de réíiírer;
ils envoyérent confulter Boracle de Delphes p-iur
apprendre la caufe de ce malheur , & Ja P}T:nie
leur répondit par deux vers dont ie fens eft r A’e
voiís íourmente^ po'.ní a percer l ijihme ¡ car Hc’eút
¿té la volonté des dzeux de faire une ifle de vot--e
pays y ils vous en aurolent épargné la peine. Aprés
cette réponfe, íes Caidieas ceííerent: isurs tra-
63 z C A N
-\-3üx j & i!s furent réduits á fe li vrer fans refiñatice
3 HarpaguSj qui s'avancoit avec fon armée.
Ce récit peut erre vrai en partie : il eíl naturel
que des peuples cherchent á pourvoir á leur fureté
en coupant un ifthme auííi étroit que celui de
Cnide j mais qu’iis n^ayent pu y réuflir á caufe
dii pretendí! miracle que raconte Hérodote, ceft
ce qu'il eft difEcile d'admettre. 11 femble au con-
rraire que i'ifthme fut en effec coupé , & qu’en-
fuite il fe réunit au continent par les amas de
fable & de limón , comme il eft arrivé á l’égard
de Cyzique;, &qu'onl'yjoign¡tpar des ouvrages;
du moins Strabon le fait entendre xiv. p.
6)(S.) , en difant que devant la ville de Cnide,
i! y avoi: une ifle dont le Circuit étok de fept
ftades 5 qu'elle s’élevoit en forme de théátre j
qifeile avoit été jointe au continent par le moyen
des moles dont on avoit comblé Tintervalle , &
qa’elle féparoit la ville en deux parties. La plus
grande partie des Cnidiens habitoit Tifle qai do-
piinoit Tun & Tautre ports. 11 n'y aurok méme
ríen d'ctonnant quand Ies deux ports dont parle
Strabon , feroient des reftes du canal qüi n auroir
point été comblé dans fon entier.
IsTHME DU MONT Mimas. Alexandre-íe-Grand
forma le projet de couper un iftjime de 7 milles,
qui joint la péninfule du mont Mimas, avancée
de zjomilles, avec le refte de r^'yie-mineure vers
Clazoméne á la cote dlonie. On ne fait pas quel
étoit fon objeta mais il reconnut bientqt l’excef-
five difKcuIté d'ane pareille entreprife {VUne r.
31. Paufanias , l. si. S. Coríatk. c. l. M. Ober-
lin, p. 32. )• Le nomde cet ifthme du mont Mi-
mas manque dans beaucoup de cartes géographi-
cues ; il eft vis-á-vis de Tifle de Chio , & fépare
le golfe de Clazoméne qui eíí au nord, d'avec
le golfe Telen ou de Teos qui eft au midi vis-
d-vis de Tille de Samos. Teos étoit la patrie d’Ana-
créon.
Les canaux d’Aerique fe bornent
dans Tantiquité , aux canaux d’Egypte. Ce
pays , aatrefois le féjour des fciences & des
arts 5 quoique déchu de fon ancien écat de gran-
deur & tombé dans la barbarie , nous offre en-
core des veftiges d^une magnificence qui fteut
jamais fon égale. L'Egypre eft une longue vallée
qui s'étend du nord au fud ; a Torient elle eft
terminée par TArabie , á Toccident par la Lybie :
elle fe divife en fupérieure & en inférieure ;
TEgypte fupérieure , fi Ton y comprend la partie
nommée Hepcanomis , s’étend jufques prés du
Delta , quoique cela ne foit pas exaét , comme
Tobferve M. d^’Anville , ( Mem. fur ¿‘Egypte ,
p- 31,; puifque TEgypte inférieure déborde les
terres _ enfermées dans le Delta., fur-tout vers
l'Arabie.
Une ft grande étendue de pays , qui compre-
nojt environ fept á huit degrés ( de yy milles
to^iics chicun) n' étoit arrofée que par ua feul
CAN
: fleuve; mais. la fertilité qui a été attribaée L
TEgypte , iui venoit bien moins du fol que de
Tinduftrie d’un peuple nombreux, exercé pendaat
une longue fuite de fíceles á des travaux miles.
Tout le monde connoit Ies pyramides , le lac de
Moeris , & la quantité innombrable de canaux.
qui furent faits dans ce pays. Les Egyptiens, ré-^
duits á procurer á leurs terres arides , une ferd-
lité qu ils ne pouvoient acquérir que par le moye»
des eaux du Nil , joignirent ce fleuve & en firent
quanticé de dérivations. Nilus , un des anctens
rois d'Egypte , fuivanc Diodore (l. i.) fe rendit
fameux par le grand nombre de canaux qu’il fit
creufer , & par fon application á tirer du Nil tous
les avantages poíílbles, ce qui fit donner fon
nom au fleuve , qui auparavánt portoit celui
^ Mgyptas.
Les sept b&üches du Nil. Selon Ariftote,
le Nil n*avoit d'embouchure formée par la ña-
ture que la Canopique , ( Méuor.^L r. c. 2. )
toutes les autres furent Touvrage des hommes ;
cependant Ies fept bouches du Nil font de la plus
haute antiquité j Se íi ce fleuve ne fe rendoit dans
la mer que par une embouebure , il eft peut-
étre arivé au Nil la méme ehofe quauDanube,
au Pó & á d autres grands fleuves , auxquels la
rapidité de leurs cours , Ies attériflTemens , les
fables, les inondations , ont fait trouver des
iflTues & tracer de nouveaux lits. Prefque tous Ies
géographes donnent la defeription des fept bou-
ches du Nil , qui étoient la Canopique , la Bol-
bitine , la Sebennitique , la Phatnitique , la_ Men*.
défienne , la Tanitique & la Pélufiaque j ils en-
trene méme dans des détails aíTez circonftancies
fur chacune de fes branches 5 mais aucun ne dit
qu’il y en eut d’artifícíelles. Cependant par L fuite
des tems , le Nil aura pu creufer les terres voiunes
en diíFérens endroits,& former des efpeces de
canaux. Les Egyptiens firent eux-mémes des de-
rivations de ce fleuve ; & parmi la raiutitude
infinie de canaux , dont les uns étoient fadices ,
les autres natarels , & que les auteurs anciens &
modernés citent indiftinélement , la critique U
plus fcrupuleufe & la plus éclairée ne poutroit
parvenir á déméler ce qui fut artificiel , excepte le
fameux canal qui conduifoit á la Mer-rouge»
Le lac de Mceris ou Bathen étoit ,
Hérodote , un grand canal ou réfervoír creufe e
mains d’hommes dans un terrein 3.tide (.1-^ •
Euterpe , pag. 147. de Védition^ ¿e Gromvfus ,
lyiy.). Son circuir étoit de trois milles HX cen
ftades. II s’étendoit en iongueur du midi au eo
tentrion. 11 avoit en quelques endroits ju qu
deux cens coudées ou cinquanm orgyes de pr
fondeur. La preuve que c’ étoit un
mains d’hommes , ajoute Thiftorien , c el q
Ton Yoyoit vers le mitíeu deux pyraini.i^
avoient deux cens pieds au-deffus de 1 enu ,
auunt au-dsífQUS- Ce grand réfervoir
CAN
ÍSUX du Nil par un canal. Pendant líx tnois siles
couíoient du Nil dans le lac; & pendan: les üx
aurres tnois, ellas refluoient du lac dans le r'dl.
Les íix mois pendant leícuels 1 eau fe retiroit .j la
peche rendoic chaqué jour au tréfor du roí un
taíentd’argenr, & »’ingc mines feulement pendant
qu¿ i’eau y entroit. De ce uc a la mer , ii y avoic
íept jours de navtgation.
Diodore de Sicile (/. r.'', dans la dercription
qa’il en faic, efe á peu de chofs pres conrorme a
Heredóte; il aioure leulement qu on avoit cotn-
mencé á le creufer á dtx fehénes au-deíTas de Mem-
phis , qu’i! comnauniquott au Xil par un^ canal de
qjatre-vingt flades de long , Tur crois pléchres^ou
trois ceas pieás de large. Strabon (?. 8io.) ditrere
un peu d’Hérodote & de Dtodore ; il ctit que ie
lac de Meeris relTenibloit a une mer quant^á fon
écendue, á la coulear de fes eaiix , & meme a
ía forme de fes bords : il ifen donne d aiileurs
aucune a-efure ; ii indique íimpiement fon ufage^
en difant quhl fervoit avec le canal á recevoir les
eaux du ísil dans le tems de fa crúe; on y rete-
noit L’eau dont on avoit befoin pour arrofer les
- terres , & on laiiloit retourner le relie dans le
TS'il par une des embouchures du canal ¡ lorfque
le íieave écoit diminaé,
Pline a au® regardé le lac de Meeris comme
un véritable canal ( Naturalis Ilificria , lib. xxx,vi.
■cap. II. ) : Ulcsridis lacus , koc efl fjjfa granáis ;
mais il en parle comme s’il n’ avoit plus exilie de
ÍOR tems : Ubi fu.it IM-ccnáis Lacas. 11 ajoutequil
avoit deux cent cinquante mules de toar , _ou ,
■felón Muden , quatre cent cinquante mides.
(^Plin. V. 9.).
Selon Pomponius-Méla , dont le texte paroit
vicieux e.n cet endroic , le lac n‘a que vingt milles
de Circuit ; mais Voíuas & Gron'ovius , dans leurs
éditions de Méla , marquent cinq cens milles.
Au® ¡es modernes ont-ils dilTerté beaucoup fur
■rétendae & la poíition de ce lac fameux ; car ,
malgréles obfervations des voyageurSj iointesaux
témoignages des anciens , ces deux points ont
¡ enco’re eré mis en qiieílion de nos jours. D An-
ville , qui a éclairci tant de points obfears dans
la géograpbie, ancieniae , a pablie de favans me-
moires fur PÉgyote , oü iP dilciite la Queítion du
lac de .Moeris avec ía-fagacité qui luí eíl ordi-
naire. II examine d’abord íi ce qu on rapporte de
ce lac poarroit convenir au lac de Feium, & il
prouve d^une maniere convaincante que ce n eíl
pas ia meme chofe, pag. 150 & fuiv. II paroit
conilint, par le témoignage des anciens, que le lac
de ?>Ioe iis avoit été crcafé pour recevoir dans les
cr'ies dii i'iil une quantite d eau tres-confidera-
ble , réfervée pour arrofer ¡es terres aprés f inon-
dition. Or Granger , qui avoit féioarné dans le
Feium, obfers-e que íes terres voihnp du lac
foat trop élevées, pour que le lac "uiffe y ré-
panire fes eaux aorés le temps de l'ínqndatica.
Mtitiqukés , Tome L.
CAN
^53
II efl done claír que le lac de Feium Se le lac de
Meeris font deux chofes différentes. Mais fi le lac
de Feium n’ell pas le Moens, comment le retreu-
ver, ajoute d’ Anville. Aptés avoir proavé, par le
paiTage de Pline déiá cité , que le Meeris étoit un
véritable canal, ii conclut Ip. ijo,) de Pexpref-
íion du méme aiiteur, ubi fui t , que ce lac , ou-
vrage de rindaltrie & non de ¡a nature , avoit deja
éproiivé j par un laps de tems coníidérable , une
dégradation capabie de le taire méconnoicre. Le
P. Sicard , qui parcouruc f Egypte avec lant d’in-
telligence , peráa que le lac de Moeris étoit le
mérne que le lac nommé Bathcn par les hacitans
du pajs ; & ii le marque ainíi dans fa belle carta
de TEgypte ancienne, qui iut dreiTee en ^712 ,
& préfentée au roí. D’Anville cite au-® le í'. Si-
card, & reconnoir le Moeris dans le lac
(^p. Ce lacs’átendenlongueuraucoachar.t
du Mil , & parallclement á fon cours : fon étendue,
qui eíl nerd & fud,repond preciieinent , dit-il ,
á celle qaE4érodote donne au_ Moeris. De plus >
la longueur que Diodore attrÍDue au^ canal par
lequel le Meeris recoit les eaux du INil, fe rap-
porte tres-bien au canal du he Bntken : au®
d'Anviüe, dans fa géographie ancienne. place un
canal ¿lz .X) miiles toifesle long dñ Ail, ^vec cette
note I lílccris Ucredoto ^ JDiodoro , entre 26 . 2y
& 29° lí' de latitude; mais á 25 milles de ce
canal, il met un lac, Mtzris lacas Strahoitl Sí
Ptolemeeo.
II ne s'agit plus que d’appíiquer au Bathen les
mefures que les anciens donnent au Moeris, en
les réduifant ou les évaluant ; & c eít une des
opéritions oe d’Anviile. Cette laguna, felón ¡ui,
paroit terminée au-tíeffous d Abenas; l emana-
tion de la lasune n eíl q-u un canal ordinaire , qui
chanae de díreclion pour fe rendre á une coupurc
tirée du Bahar-Jufer, & pour continuer encore i
quelquediílance du Mil jufques fcusles pyramides-,'
11 paroit par une carta, que le xsathen rcvient a.
environ 900 Hades de la mefure ordiiviire égyp-
tienne. Pour retrouverles 3Ó00 Hades d'Hérodote
& de Diodore , il ne faut , dit d Anvuie , oue
mulciplier par 4 les 900 Hades de longaeur; d’oa
i! iuge que ce aui eíl anpelé par méprife
dans°Hérodote & dans Diodore, eíl une mefu-e
de furface. II nen feroit pas moins vrai quesee
réfervoir feroir encore l'ouvrage le plus co nume-
rable de Pancienne Egvote. DCAnvilie ne tío.ittc
point que les 450 milles de Mutie.n cité par Pirne,
ne foienc tires da compre de 3600 Hades , a raifon
de 8 flades pour un mille- Les 5CO mme ce .uei.a
ne font qu’un compre rond, plus vague qu^ceiuí
de4ro;'Sc les 2C¿ cue fon trouve aans rene,
ainfi que les 4) o de Muden, peuvent dériver uM*
compre égaiement vague. , _
D’Anville rapporte auffila cefcrintion que btra-
bon Se Ptolémée cionnent (.lU .tíipris^,^ Se Cu.. a
ftit voir d’avance netre pas h véritable. I! .:on-
clut que lout ;e qu’oa bt cens k-szncitp.s cz
L i. ¿
4 CAN
conviene pas également bien a ce qu'i! appelle !e
véritable Moeris. Son ufage étoit de recevoir les
eaux du iSil dans Ies crúes ; le canal nommé Ba-
theoj pourroit bien avoir rempü une partie de
cet objet ; cependant toiites les diíKcukés ne
feroient pas encore levées. Mais á quelque dif-
tance du Bathen, il y avoit un aurre canal nommé
Bahar-Jufefj mer ou !ac de Joíephj qiii étoit
plüs long j paraiieie au premier j & au cours du
Nll 5 qui peut donner íieu á cette difcudion ^
avant que de prononcer lequel des deux eñ le
véritable iac de Moeris.
Canal de Joseph. Gibert a examiné lámeme
quellion , & il croit trouver dans le Bahar-Jufef,
tous les rapports néceíTaires avec le laqde Moerisj
décric par les anciens. ( Mém. de V Acad. des
Infcríp. t. 28- p- 2.31.) Son cours eít de 80
milles paraliélement au Ñil.Il entre dans le Feiumj
Sr il a encore 20 milles jufqu’au lac de Kern
.aiiqae! il Ce termine. M. le Blond trouve en eíFet
q/ayant befoin d’une grande érendue poar les
dimeníions & les mefures d’Hérodote & ddautres
autenrs j ceile qu'on trouve dans le Bahar-Jufef
eíl dIus fatisfaifante que celle du Bathen ; mais
i'autorité du P. Sicard & de d’Anville , paroilfent
devoir fuíEre pour nous décider en faveur du
Bathen. Ce canal de Jofeph , dont il eít parlé
dans Pococke , avoit 300 pieds de large , & il
étoit bordé par des chauffées de 40 pieds. Said-
ebn-Batrik & les aiiteurs arabes artribuent ce
canal au patriarclie Jofeph ; d'autres á quelque
gouverneur de l’Egypte ^ qui aura porté le méme
nom.
Canaux de la basse-Egypte. Dans la ville
dkAlexandrie , bátie par Aíexandre-le-Grand &
dont on voit encore Ies relies , il y avoit detix
canaux navígables creufés de mafns d'hommes.
Le premier;, tiré da port nommé Kibotos, traver-
foit Alexandrie ^ pour fe rendre dans le Iac Ma-
féotide ; Tautre ^ nommé Fojfa-Canopica , & qa’í!
ne faut pas confondre avec le tic du Nil , qai
tiroit fon nom de la ville de Canope. Strabon ^
pag. ypy , ne nous apprend point fi ces canaux
avoiení été creufés avant la fondation de la ville
d’ A.lexaridrie 5 ou íi Aiexandre , pour rendre fa
nouveil-e ville plus íiorifrante & plus commer-
cante j avoit ordonné cet ouvrage. Ce qu’il y a
de plus certain , eft que cette ville en devok
retirer de grands avantages. Le voiíinage de la
Kter 3 du lac Maréotide & da Ni! , les deux
canaux dont Tun traverfoit la ville pour fe rendre
pair le lac Maréotide dans l’autre qai en étoit i
voiíiii , concouroient á la grandeur de fon com-
naercej & luf ont acquis le titre de chef des
cités que luí denne Ammien-Marcellin.
CA.KAL DE LA mer-Rouge. Si Pon em-
píoyeit tant de reíTources pour le eommerce &
Éutiiité d’une feule ville , ñ eít aifé de penfer
que les Egypriens formérent le projet de réunir j
ks derís. Bseis» lis éíoieEi eapabks des plus grands i
CAN
tfavaiix , comme le pr^juve la conílruñíon des
pyramides ^ & exercés á rerouer la terre , comme
üparoít par les canaux d'Egypte : ils dúrent done
penfer a joindre la Jléditerranée a la Mer-Rouge.
Ils étoienr d’aiüeurs trop clair-voyans fur leurs
intéréts , pour avoir négligé un moyen dont ils
devoient retirer tant de profit. Audi fit-on en
différens tems pluíieurs efíbrts pour exécuter ce
grand deíTein
Jof. Scaliger en parle ainfi dans fon cifcours
de la joníStion des mers ^ da defscchem.ent des
marais & de la réparation des riviéres , á la fu'-e
du Livre intitulé : Jo/'- Jufii Scaligeri JuUi
faris a Burden fiLii opufcula ante hac non edita
CParzJizs 1610, in-jp. p. 541. ) «Un ifthmos
ou dérroit de terre,, large de 32líeues,ou
22 125 milles,, íépare la mer d’Egtqote ¿'ave-'
22|rArabiqae , depuis la ville de Damiéte , iitute
22 fur la frontiére d’Egypte,jnfques au Sués^ port
22 de la mer-rouge ; ce détroit coupé „ toute
22 rAfrique feroit une iííe , lá oú aujourd’hui
22 elle eíi péninfole, liée avec TAfte parce dé-
=2 troit 5 mais cela eft plus aifé en théorique
22 qu'en pratique 5 car ce détroit eft dans le dé-
22 fert d’Egypte „ tout couvert de fable , volant
22 tantbr plus , tantót moins , felón les vents cuf
=2 rentaftent & le remuent. Et pofez le cas que
22 la tranchée fe put tirer dMne mer á Bautre ,
=2 malgré tous les fables , 11 eft-ce que la folie
22 étant faite , en peu de tems elle feroit cqmblée
22 de fable 5 rentreprife done en eft vaine, & le
22 premier moyen n'a point lien pour Tacerdent,
2= á. favoir a caufe des fables. Ce que- coníiJé-
22 tant lindes plus anciens rois tTEgypre,, nommé
22 SéToftris „ lorfqif il fut confeilíé de joindre les
22 deux mers , i! fe deporta du premier moyen,
22 eut recours au fecond , le pratiquant á Fen-
2» droit oúle Nrl n’eft diftant de la mer Arabique
2» que de 6i milles, revenant a lé íieues com-
22 muñes. Ariftotelés, en la fin du premier Lnye
22 des Météores, aprés íui Strabon, puisPlsne, '
22 dífenrque ce fut Séfoííris comme nous avons
22 dit. Heredóte , plus ancien auteur , le nomrne
22 Pfammicichus , qui régna Icng-temps apres
” Séfoítris» Soit Séfoñris ou Pfammitschus , '4
22 fit qu’entamer la befogne , & ne^la poiir-
2= fuivit point : cemm^ long-temps aprés le grana
22 Dari'us, fils d’Hydaípes, roid'Aíie '&-d’E2yptey
22 pctirñdvant Foiuvre abandonrté par Pfammi-
22 títhus, nkn vir.t pas á bout. >2
En effet , fuivant Hérodote (/. /r.) B y
dans la p'aine d’Egvpte un canal tire du i'i» .
au-deíftis de la vrile de Bubafte , & au-deíiops
d’un-e m-ontagne cal alloit du cote de Mempnis.
Ce canal s’éter.doit fort loin d’occidenren onent>
enfurte il rabattoit au midí & fe rendoit dans
Mer-rouge. ivécus , Ñecos, ou Néchas , 1’-'*^“'-
prammiticlius, qui régnoic<5i6 ans avant JeuiS"
Chrütt 5 avoit le oteir.ier entrepns cet ouTtigfi >
dans leauei péri'tsr¡t 120,000 milíe bcismes >
C A N
$: ií Tavoit abandoané furia rcpanfe d’iir. eric's;
mais Dariüs, fils a liyííafai , roi da rerfs , _)2i
ans avant.Téfuí-Chrii: ^ 1 avoit achevé; i! éíoic de
quatre journées de r,avisation , & deux gaicres
pouvoienc y paííer de fronr.
Diovdore atm.'ue auíii á Nécus rentreprife du
; (/. I. ) n-íais il ajoate qu’il commur.iquoii:
á l’embouchm-e Pélufienne ¡ c’eñ-á-dire, á la bran-
che !a plus oriéntale du Nil ; que Darius le laiffa
imparfait, parce que des ingéniears lui repréfen-
térent que la nier - rouge étant plus haute que
i’Kgv'ptej elle rinonderoit ; 5r felón cet autetir ^
l’oavrage ne fut achevé que par Ftoléniée-Phi-
iadelphe ( 2.8o ans avant Jéfus - Chriíl ). II dir
que ce fur pour cette raifon que ce canal fut
appelé canal ou rivicre de Ptolémée , & que ce
prince avoit fait batir á fon embouchure dans
la mer-rouge , une ville qu'il nomma Arfinoé ,
da nom d’une foeur qu il aimoit , & que Pon
pouvoit ouvrir oufermer le canal, felón que cela
étoit nécellaire pour la navigation.
Strabon , en s'accordantpoiir ie reífeavec Hé-
rodore & Diodore, difiere cependant du premier,
en ce qa il fait commencer au bourg de Phacufa
le canal qu Hérodote fait partir de Bubaíle : Stra-
bon dit qu'il avoit lOO coudées de largeur , _&
que fa profondear fuíKfoic pour de grands vaif-
feaux (^Strabon , l. xvii. p-So^.').
Pline , en pariant de ce canal qui devoit joindre
íes deux mers, dit qifil fut comtnencé par Séfof-
tris ou Séfac , qui régnoit en Egypte 970 ans avant
Jéfus-Cbriíb prés de Bubafte (/. vr. c. 29. 33.) 5
il devoit , felón lui , entrer dans la Mer-rouge ,
ad Daneum pcrtiirn. íl dit enfuite que Darius y
Travailla aprés Séfoítris, de mémeque Ptolémée II
aprés Darius, Se il ajoute que ce dernier fit con-
daire ce canal jufqu'aux fontaines-affiéres ; mais
qu'il ceífa d’y faire travaiüer, ayantreconnu que
la Mer-rouge étoit plus baute de trois coudées
que le fol de l’Éfypte. A riñóte dit de méme ,
qu'un roi d’Egvpte avoit eíTavé de tirar un canal
de la Mer-rouge au IN'il , leqiiel auroit été d'une
grande utiKté (^Météor. l. 1. c. 14. )> *1^^ ^é-
foftiis paííoit pour le premier qui l'eút tenté ; &
que la Mer-rouge étant plus haute que l’Egypte,
c'étoir la raifon pour laqueÜe Séfofiris & Darius
avoient abandonné cet ouvrage.
Que !e canal ait été condait jufqu'á la Mcr-
touge , c'eñ ce áont l’autorité de Strabon (/. r 6’
xvii ) ne nous permet pas de douter ; cet auteur
méme feroit croire que l'ouvrage avoit été achevé
avant Séfoftris. Quelcues-uns ont era que Mé-
nélas , aprés la ruine de Trove, étoit entré dans
I'Erhiopie , en traverfant un canal creufé dans
l'ifthme qui fépare la mer Méditerranée de la
Mer-roliqe ; mais quel que foit le prince cui ait
conduit l'ouvrage i fa fin, il eíl bien für qu'il a
été terminé. Strabon, en parlan- du canal qui
commencoit , felón lui , á Phacufa , ajoute qu’il
CAN (?35
fe terminoft au golfe Arabique. De plus , du tenas
de Strabon , les rr.archands d'Alexandrie trou-
vérent une ifiue du Mil dans le golfe Arabique ,
pour ailer de-Iá dans l’Inde {Strab. pag. 804 ár
Sc).). Quand il raconte l'expédition que fit ¿ans
i' Arable ^E!:us Gallus, le premier gouverneur de
l'Egypte pour les Romains , il dit qu'il fit conf-
truire des vaiiTeaux á Cléopatris , proebe d’un
ancien canal derivé du Mi!. Or, cette ville de
Cléopatris eñ la méme qu'Arfinoé. Si done ce
canal atmit été conduit jufqu'á Arfinoé , il devoit
fe rendre néceflairement dans la Mer-rouge. II n'y
a de diíncuké que fur le point oií commenqoic
i'ouverture de ce canal ; lesuns Pont mife á Pem-
bouchure Pélufiaqiie ; Ies autres á Phacufa ou á
Bubaüe. II eft conñanr , fuivanr M. Pabbé Bro-
tier, qu il ne parloit pas de Pélufe, mais du cer-
rar/Pélufiaque á la haiiteur de Phacufa, comme
le P. Sicard Pa reconnu fur les lieux. C’eft d’ aprés
lui que d'Anville a trés-Bíen marqué le commen-
cement & le c®urs de ce canal dans fa carte
d’Egypte.
Ceux qui font cites pour avoir mis la main i
ce grand ouvrage, font Séfoñris, Pfammiticus,
Necus & Darius. Mais foit que Ptolémée-Phila-
delphe, étant vena le dernier, ait effacé la gloire
de fes prédéceíTeurs , foit en effet qu'il y ait plus
travaillé qu'aucun autre , c’eft lui principalement
qui paíTe pour étre Pauteur da canal de la Mer-
rouge.
Un des obftacles que Pon trouvoic á la jonélioa
des deux mers , étoit la crainte que Peau de Ii
mer u: e fois mélée avec ceile du Mil, qui étoit
la feule en ufage pour la boiffon , ne vint á la
corrompre iFline vt. 29.). Quant á Pinonlatioti
qui pouvoit étre caufée par la hauteiir de la Mer-
rouge , Strabon aSure qu’elle ne pouvoit avoir
lieu ( /. XVII.'), & que cette crainte étoit chi-
mérique, parce que la Mer-rouge n’étoit point
élevée au-deíTus de l'Egypte , comme on le p'ré-
tendoit. Quelquesphyficiens modernes ont'méme
voulule prouverpar des argurr.ens phyfiques. Tei
eft le P. Fournier (dans fon Hydrographic , 1643.
pag. 775- ) , qui obferve que les eaux de toutes
les mers qui communiquent enrr’eües font de
niveau i S¿ Riccioli ( dans fon Almagefle , l. i.
pag. 728.). Arcbiméde Pavoic déjá prouvé j &c
cela feroit vrai fans exception , II d’aiileurs la
nature des eaux étoit la méme , & fi les venes ,
Ies courans & les marees n’y apporcoient pas
une différer.ce. Eraftotliéne nioit que Pon pdt
comprendre Ies mers dius la propoíltion genérale
d’Archiméde , fur le niveau de toutes les eaux
du globe , & il fouter.oit que les eaux du golfe
de Corinrhe avoient plus d’élévation que celies
du port de Cenchrée á Poppofite. On a cru que
vers Pifthme de Panama , il y avoit une grande
diíérence de niveau entre la m-er Pacifique & le
golfe du Mexiqae , Se Pon voit dans le détroit
de Gibraltar des courans perpetuéis oui annoa-
Lili!.
'^3^ C A N
cent le défáíit d’équilibre & de níveay ; aÍTsíi !a
Mer-rouge pourroit étre plus élevée que la Mé-
diterianée j par la forcé des venes grnéraux de la
líser des Indes , du vent d'eir qai , fouflant
touiours dans la Zone-Torride , pouíTe les eaax
d'orient en occident . & peut les foatenir au fond
d'un golfe auífi long , donr FiiTue eft auíH
étroite. D'ailleurs la Mer-rouge s’éléve quelque-
fois fuDÍtemenr á des haureurs extraordinaires. Ce
fu: apparemmenc pour prévenir cet accident, que
Ptolémée-Philadelphe fit conflruire des efpéces de
digue-s , par le moyen defqueües i! empéchoit les
caux de fe porter avec trop dduipétiioíité dans
le canal ; mais il eiir été facüe d'ouvrir le canal
de maniere á ne courir aucun rifque. Au reftC;,
il paroí: prouvé que ie canal avoit eré ouvert &
conduit jufqu'á la Mer-rouge : pourquoi done
pan-ni ie grand nómbreles auteursqui ont parlé
des travaux entrepris pbür le canal de Ptplémée,
St de la. confommation de cet ouvrage , ne s'en
trouve-t-ii aucun qui marque .íi f exécution de ce
proje: eut le fuccés que Ton en attendoit .. Sr li
réeiiemcnt il en réfulta un avantage confidérable
pour ie commerce r Voici la maniere dont M. Ie
Elond explique ce íüence.
Tgus les auteurs anciens qui ont parlé du canal
des rois & de ce'ui de Trajan ^ ne les ayant pas
vus eiix-niémes j n'ont point expliqué la maniere
dont i!s avoient été conitruits : íi les navires qui
y naviguoient avoient pu paffer dans la Mer-
rouge j & de cette mer entrer dans les canaux
pour venir á Babylone & á Phacufa ; fi de ces
deux endroits ils avoient pu pareillement palTer
dans le bras droit du ¡Sil , c’eft-á-dire , dans la
branchede ce ñeuve qui eñ nommée BubaftiqaCj
cu Péiufiaque par les auteurs latins , pour defeen-
dre dans la Méditerranée. On peut avoir eii ce:
obiet en viie , en faifant conflruire ces canaux ¡ 8c
c'etit été en eífet le moyen de faire de FEgypte le
centre d'un commerce reciproque entre les Indes^
l’Afrique & PEurope, de toutes les produCtions
-de ces pays. Mais il s’en faut bien que le fuccés
ak répondii á la haute idee qu'on avoit eue de
cette entreprife. Si les deux canaux ont été effec-
tsvement conilruits & achevésj comme il y a üeu
de le croire d'aprés ce que Ies anciens en ont dir ,
il ne paroit pas que la navigation y ait été jamais
b:en établie. Sans doute que pluíieurs caufes im
prévues Pont rendue^ íi-non impraticable ^ au
moins aíTez difficile pour avoir formé des obíía-
eles á rimportation. & á. Pexportation des mar-
ehandifes étrangéres par cette voie. Puifque les
auteurs ne font aucune mentton de la réufl'ire ni
des ayantages que FEgypte en. atircit retires^ on
peut mférer de leiir Íiíence fur une matiére auiíi
importante, que ce canal ne fut pas entretenu
avec aíl'ez de fetn, qu'ii áépcrit ?,vant que le
commerce eiit pris fon cours de. ce coré-lá. La
íongueiir de ce canal étok de milie ftades , qui font
aúlles toifes j fuivant dLAavilie , 114 fiiivant
C A- N .
d’autres , qui employent des ftades égyptiens ; h
largeur , fuivant Strabon , étoit de cent coudées
qui font 171 pieds de Franca. Qiiant á la profon-
deur, Strabon ne dit pas de combien elle étoit,
mais feulement qiFe'iie étoit lufEfante pour des
navires «uííoCjcüí. Mais cette expreílion répend
á ceiíe dont nous nous fervons, en difant un na-
vire de grand porr. C'eíl comme íi Fon diibit
un navire qui eíl d'une grande capacité , Se qui
peut porter une tres-grande quantité de marchan-
difes de grand voiume & de grand poids. Ainíi
cette indication ne préfente que des idees vagues,
& qui ont trompé ceux qui ont voulu s'en fer-
vir pour conjecturer la prafondeur du canal ¡
randts que Piine la défigne expreífément , en di-
fant que Ptolémée fit faire un canal de cent pieds
de largeur 8c de quarante pieds de profondear :
Ptolemceus duxit fojfam latuudine pedum centum ,
altitudine xl. {Piine vt. 29.). Dans la relatioa
que Famiral portugais, .lean de Caílro, a donnée
de fon voyage á la Mer-rouge, en 1540, on iit
que ce canal avoit été commencé á la profondeur
de trente pieds, 11 n’eíl pas aifé d'eítirner quelle
étoit la pente du canal , depuis fon commence-
ment jufqu’á fon débouché á la mer. II paffoit
par des lieux hiuts & bas , & par des mar.ais
d'eau falée ou fa profondeur devoit étre juégale,
mais toujours aífez ^ande pour des navires qui
tiroienr dix á douze pieds d'eau ; fa pe.nte,<ianj
tout fon cours , devoit étre aufü propornonnée a
fa longueur , qui étoit ce iniüe ftades ou trente
lieues. ÍI falloit encore que la haineur de fon em-
bouchure fút proportionnée á celle des eaux de
la mer, dans le rems des .hames marees , .á Fen-
droit oú le canal abo'Jtiffnít. Ii étoit trop
pour déboucher par toute fa largeur de i jo pieds,
8c ¡1 y a tout lieu de croire qu'ii avoit été retréci
á fon extrémité , & dirige de fagon qup cet
endroit Ies eaux de la .Mer-rouge n'étoient jamiis
plus hautes que celies du canal, afin que qua.nd
les ims & les aiitres fe trouvoient á-peu-pres a ja
méme hauteur , les navires puffent paífer du
canal da.ns la mer , 8c de ¡a mer dans le canil.
Suivant Strabon, aprés que Ptolénke eut kit
achever le canal dont !e ccmmencement étoit a
Phacufa , Ies rois fes fucceiTeurs le faifoient ou-
vrir 8c fermer a volonté on le débouchoit iorí-
lorfqu'i! vculoit aller fur la mer , & qu ú
voit le faire fans danger. Ces opérations d-ou-
vrir Se de fermer le canal , ne pouvoient gueyes
fe faire amtement que par des digues qu on
abattoit & qu'on refermoit enfiute , i au
bord du bras du fleuve d’ou Feau romboit dans
le canal , 8c l'autre á fa fortie dans la Mer-rouge,
■pour empécher Feau de la m.erd'y entrer dans
•tems des grandes marees, car ii devoit alors y
avoir un reflux dan-' le canal. Strabon le fait
enre.nnre en 'empioyant le norñ d'Eunpo, P
qu'tl dít qu'on bouchoit l'Earipe j au - IkU- ,
dkc qu’on bouchoit le crniaL.
CAN
Le mot E-drlpe eft un terme par lequel oti a
enrenJa queliuefois !e de deux courans d’eau
oppofés, qui, venart á fondra diieétement l’un
cónrre Tautre , prodaiienc par la violence de leur
choc des remoiis Se des tourbiüons plus ou moins
granás^avec des efpéces de goufres áans le centre. Au
reldedesinteiprítes ne s’accordentpasfiirrexpUca-
tionde cet Euripe ou de ce diaphragmede Strabon;
il y en a qut croyent que c’étoient des portes d é-
clúfes j ou des pertuis , tels qu’onen voit beau-
coup actuellemeat. (. F almenus exercit. ad Ad3.
Gréíc. p. 35). ) Cet auteur penfe méme que c’eít
pour cela que Darius ne put terminer cette en-
treprife^ dans un tems oú Ton n’avoit pas imagine
ces moyens d^’arréter les eaux. Si cet Euripe etoit
unedigue ouun batar-d'eau^ il devoitinterrompre
la navigation du canal dans certaines faifons. Elle
fut encore bien plus interrompue lorfque les
premiers rois d’Egypte tinrent ce canal termé ;
& il femble méme que des ce tems il na plus
gueres fervi a Tafage du commerec pour lequel
on Favoit conftruitT On s"en tint apparemment á
celui qui fe faifoit aaparavar.t des marenandifes
de rinde & de l’Arabie par le port de Bérénice
& par le port Blanc j d^ou elles etoient portees
par terre á Coptos , &c defcendoient enfuite par
le MI á Memphis , & de cette viUe dans la Me-
ditérannée. Les négocians qui faübient ce com-
merce , & qui étoient étabüs dans ces ports ne
pouvoient pas tranipcrter leur domicne dans le
fond du golfe, oü d’ailleurs la mer eft orageufe.
Quand une fois un grana commerce a pris fon
cours & s'eftfait pendan: long-temsparune voie,
il n’eít gueres poflible de le faire changer tout
d’un coup : ce ne peut etre que 1 ouvrage da
tems ; & en attendant il ne faut pas moins entre-
tenir un canal avec foin & a granas f»ais. ^ _
Peut-étre auííl que ces vues de policique éíoi-
gnérent le com.merce du canal. Les rois d Egypte
fiirent fouvent en guerre avec les rois de Syrie
& avec les Arabes ; le canal étoit une forte
barriere qui empéchoit les ennemis venanr par
Pifthme de Sués , de pénétrer dans _rintérieur
de l’Egvpte.C'eft peut-étre ce quon dok entendre
lorfque Diodore 'de Sicile Pappalle diaphragme .
tranf'CCT'faviu.m jiicTnimentuTn. En erret , un retran-
ehement auíTi large & aufli profond étoit inat-
taquable , pour peu qu il _fút défendu. On pou-
voit bien tenter > lorfqa’il étoit piem d eau ^ de
le pafíer avec des bateaux & des radeaux ; mai^s
quand il étoit a fec , indépendamment de la dit-
ficulté qu il y avoit á y defeendre d’un cote &
a monrer de Pautre les aífaillans devoient erre
arrétés par la crainte d'étre noyés, fachantquon
pouvoif le rempftr d"eau quand on vouloit :
cela fuffifoitpour faire perdre aux ennemis Pen-
vie de tenter une pareille entreprife-
Quoi qifil en foit, il paroit que le défaiit de
commerce fur le canal , fon exceflive largeur &
fe grande piQfoíJdeiw: iointas au peu de tems
C A N
■^37
qu’ií étoit navigable dans cbidue annee , I aooa-
dance des íabies qu*ii falloit enlever , 6c ^es
grandes dépenfes qu'exigeoient fon entretren j
contribuérent éaalement á fa deftruction^ eite
fera arrivée fucceflivemeat Se par parties aaraiit
í’efpace de 350 ans,qui fe font écou’.és ccpius
la iin du régne de Ptolé.née-Philadelphe, jufqu au
miiieu du régne de Tra]an.
Le cakal de Trajan ou d'Hadrien
fut fait á Fexemple du canal des rois , ou peut-
étre étoit-ce le méme canal que Trajan ou Ha-
drien fit nétoyer ou rétablir. Le geographe
Ftolémée vívoit du tems de Trajan ^ qui monta
fur le troné Tan 98 , 8c d’Hadnen, qui commer.ca
de régner Pan 117? c^eñ le íeul auteur ancicn qui
parle de ce canal : ( Geogr. l. 4. c. ii ^ ap-
pelle fleuve cíe Trajan Tga¡«s3 wí-avÁs. U ne fait
point mention du. canal des rois 5 c.uí ^ líins
doute , n’exiftoit plus , au moins dans une g'.anae
partiede falongueur. M- ODeriin obferve (7^.440
qu^on pourroit auííl attribuer cet ouvrage a Ea-
íirien , qui í éjourna en Egypte ; car Jes Arabes
appeilent encere canal d’Hadrienj ceíuj cu! ei.^U'
prés du Caire, & qui recoit les eaux du KL dans
ie tems des inondations- On ne volt pas de qneUe
largeur ni de cuelle profondeur étoit le canal d«
Trajan; M. le'Biond préfume que pour le pré-
ferver des inconvéniens de f autre canal , on ^ !e
fit moins large Se moins profond , afin ae !e raire
fervir feulement á la navigation des pe-’s_ uáti-
mens propres au tranfport des marchandifes ■&
des denrées. En efíet , au-lieu de le faire about’r
á Arfinoé, oú la mer ét-it fort haute ctans ks
grandes marées, on le conduíiit a Heroopo'.'s ,
oú la mer ne devoit pas monter piiis haut qu ede
ne monte préfentement au port de Sucs : or , ce
port neft point abordable ' aux grands navires ,
puifque Peau n’y monte qu a cinq pieds dans leS
marees ordinaires. En faifant dériver le nouveau
canal du fleuve du isil, au-deffus du Delta, proc.ne
Babvlone , qui étoit á 15 licúes au - defíus de
Phacufa , on'iui procuroit des avantagp qui man-
quoient á celui des rois ; au moyen d'une digue
établie fur la rive du MI avec des ouyertiires
proportionnées a la quantite^ d eau neceft.ura
pour la navigation . on pouvoit le rendre nav.—
sable en tout temsA'anscaufer aux e.uix du fleuve,
dans fon lit ordinaire ni dans fes branches , une
diminuiíon nuiíible aux habitans_ de la baíTe
Eevpte. On profita , pour re conauire a Heroop
poBs , d’une patrie du canal des Rois , en I» fai-
fant de'-cendr'e á 18 ou 19 lieues en direde
au-deíTous de Babylone , 8c environ a 16 d He-
roopolis , dans les marais fales par leicueis cet
ancien canal paffoit. On le netoya des faores qui:
Pavorent comblé dans tout le refte de fa longuear
jüfaues vers le débouché cu'ii avoit eu proc.ne-
dMrfinoé, d'oó il futcondait jufqu a Heroopous-
Ftolémée, qui le fait aboutir á cette ville ¿Mé-
íoopolis, dit q.usll& étoit prés dCÁr{iu&é> &
C A
N
C
A N
Strabon , parlant de la inéme ville d’.AríInoé oii
abouniToit !e canal Roís, ia me: pareillement
aupres d’íléroopolis. La lituation de ces deux
villes n’a été fixée de cette maniere , par ces
deux auteurs ^ que fur ce qui leur en avoit été
rapporté par des gens bien inftruits ; ils avoient
appris ces circonftances dans des vopages qu’ils
avoient bits en Egypte , fans s’arreter á tiliter
eux-mémes Ies deux canaux & á en fuivre le courSj
pour en prendre les dimenfions & marquer Ies
lieux par oii ils paíToient j mais ce qudis ont dit
de la polition des deux ^villes & des canaux
qui Y aboutifloient , a fait trouver á des auteurs
modernes , des diíEcukés pour les concilier Tur
ce point. En effet ^ en mettant, comme ils le font,
rextrémité du canal des Rois á Arfinoé , & celle
du canal de Traían á Héroopolis ^ qui étoit íituée
au-defílis d’Arlinoé ^ il fallo-it que le canal de
Trajan traversat celui des Rois pour aller á Hé-
roopolis j ce qui réétoit pas pratiquabie. Pour
lever la diíEculté , quelques-uns ont jugé que
quand Trajan fit xonltruire fon canal , celui des
Rois pouYoit bien avoir été degradé ^ rempii de
fabkj & qu’en ce cas , rien ifauroit empéché
de le faire traverfer par le nouveau canal. II
paroit á M. le Blond que cette explication peur
étre admife. Dbutres ont fuppofé qu’au tems de,
Trajan , des deux villes d^Héroopolij & d'Arlinoé,
ii s’en etoit formé une feule j á laquelle les uns
donnoient le nom d’Arlinoéj & les autres celui
d'Héroopolis , & que cette ville eíl aujourd’hui
Sués. Mais íi Ton en croit d’Anville , Ptolémée
s'eft trompé en faifant aboutir le canal de Tra-
jan á cette Héroopolis , qukl place au fond du
golfe arabique.D’Anville a reculé eette ville d^’Hé-
roopolis plus au nord , d'aprés Ies conje,<9:ures
tirées de Jofeph & de Pitinéraire db4uronin ,
dans un lieu appelé Pithom , duqiiel il efí fait
niention dans Pécriture , prés des lacs amers ,
¿6 milles au nord de la mer-rouge & d'Arfínoé^
ou Cléopatris, 340 milles de Babyloneen droite
ligne , á 25- mii'es au midi de Phacufa. En
faifant ainíi defcendre le cdKa/ de Trajan ^ ii le
fait eatrer dans le canal des Rois ^ de- forte que
des cet endroit Ies deux canaux n’en forment plus
qu un 3 qui va enfuite tomber dans la Mer-rouge.
M. Oberlin propofe fes objeétions contre les
motifs de ce dépíacement 3 aprés quoi ii rapporté
Íes deux opinions á-peu-.prés en ces termes :
Ceukqui admettent xxcás canaux ^ diftinguent
dbbord celui de Darius ^ tiré des montagnes de
Memphis ,738 milles au - deíTus de Babylone
jufqu'á Patumos , & de-lá vers le midi 3 jufqu'a
ia Mer-rouge 5 il ne fe trouve repréfenté dans
aucun Auteur , quoiqub! foit fort - bien décri:
par Hérodoce ; on Pa confondu avec' celui de
Prqiéroée & de Traían , quoiqa'il en paroiíTe fort
diSerent ; les montagnes dont ce canal devoit
fuivre J3 chame , fe voyenr tres - bien dans la
caree de Pccok, & dans celie de d’Anviile : Ies
quatre journées de chemin qu'Héroiot-e donne ♦
ce canal, occupent environ un degré Se demi fur
la carte3 ou 8j milles toifes. »
Le fecond canal eft celui de Ptolémée . qui
alloit de Phacufa aux foncaines ameres , & Gu''on
prend pour le lac Sheii 3 Se de-!á á la Mer-rouge
vers Sués ou Arfinoé. Ce canal paroit avoir été
comblé vers la fin du régne des Ptolémées3 voi'i
pourquoi Ciéopátre fongaoit á faire trai 'ifporter
fes vailTeaux par terre , au‘ travers de Piíthnae
( Fiat, in Antón. Dio Cajf. l. 51. ) Ce canal eít
repréfenté fous le nom des Ptolémées par Orté-
lius 3 Ciuvier j Cellarius » Koehier 3 &c.
Le troifiéme canal eít celui de Trajan oa
d’Hadrien 3 qui alloit de Babylone ou du Caire
par Héroopolis 3 jufqu’á la Mer-rouge j il ef dif-
ficile de favoir s'il alloit direótement au levant
ou fi c’étoit un rétablifTement du canal de Da-
rius ou celui de Ptolémée ; les auteurs cites plus
haut croyent qu’il alloit droit á la Mer-rouse :
la carte de Pocock préfente en eftet une chame
de montagnes dans cette direction j mais il elt
plus facile de croire que c'étoit Pancien canal.
. ( M. Oberlin , p. 4(1. )
Mais au-lieu de mettre Héroopolis fur la mer-
rouge 3 d’Anville , qui k déplace 3 croit qiie Da-
rius fit creufer le canal qui va aujourd’hui du
Nü par Babylone 3 vers Fharbaethum ou Bel-
béis 3 & qu’on appelle Khalitz-.Abu-Meneggi , &
quhl le porta ünon á la .Mer-rouge 3 du moins
jufqu’á Patumos ou Héroopolis 3 & aux lacs
amers. Ptolémée tira enfuite une autre branche
un peu p!us-bas vers Phacufa 3 qui amena les
eaux du Nii dans le canal de Darius 3 jufqu’á
Héroopolis 3 & de-lá jufqu’á Arfinoé fur la Mer-
rouge. M. Oberlin n’entreprend' pas de décider
entre ces deux avis ; nous im.iterons fon exemple.
On volt ce canal de 80 milles de long 3 fur k
carte d’Egypre ancienne 3 dans la Géographie an-
cienne de d’Anville. V. Huetj dans fon Coramtn-
taire fur la navigaúon de Salomón , c. I- art. 6.
l íLifloire de i' Académie des Sciences de lyO--
A? úeme tome des Lettres Edifiantes , oufe tro-uve
uñe Lettre du P. Sicart , du 1 Juin I723. RolUn ,
Hift. anc. t. I. M. tAbbé Brottier , dans fa nou-
vdle édition de Tache, í. r. pag. 221. & 4^4"
L‘R¡Ji. genérale des Voyages , tome ii- in - 14*
M. Oberlin, pag. & fuiv.
A peine refte ■ t - il adiuellement des veftiges de
cette ancienne communicarion des deux mers ; &
le commerce de PÉgypte á la Mer-rouge ne fe faje
plus que parterre. CependantOmar ayanreonquis
ia Perfe , la Syrie j PÉgypte vers Pan 6403 Sr
youlant envoyer des bleds d’Égypte á Médine 3_oii
n y avoit une famine 3 fon general Amri fie tirer
un canal depuis le iN’ii jufqu’á la Mer-rouge, au
port de Colzume , ou Clyfma des anciens ( Ebna-
cin, Hiíl. des Sarrafns ", l. I , c. i.). II femble
qu oin en volt des veftiges dans Pococke , qui
C A N
rcpréfsnreun é-á.7iZt dans la valIceDarb-To'rarlckj
entre íes nionts Atraka Se GeWobee. D'Anviile
appcHece vallon Tiheh, & les montagnes Eutaca
& Kuaib : les aureurs anglo;s de i'hidoire univer-
felle penfent que ce fat Rancien c:zna¿ d’Hadrien ,
que Amri fit réparer ( Le Beau , hifi. du Bas-
Empire , t. xr ^ p. 491 ). La communication de la
Mer méditerranée avec la Mer rouge a été encore
projettée par les Tures : « De ménie en pric ¡ di:
» Scaliger, p. 542 ^ au Grand-l arc ^ qiii ayant
» fabjuguérEg^pte^ tué Tomonbaiejdernier Sou-
dan d’ÉgypteVavoit eu fantaifie de pourfiiivre
» cette entreprife. Mefmes Sultán ^ Sis d’Amurat ,
»= aujourd’hui régnant j, ell aprés pour Texáminer ,
« comme Fon dit ; nous verrons ce qadl fera. II
» n’y a ríen qtii i'excuíe de la pourfuivre ^ s'il Fa
» entrepris , vu fa puiffance & fes moyens : sdl le
fait j comme il le peut , il n’v a doute qu'il ne
» fe rende maitre des Indes , chaíTe les Portugais
33 de leur commerce , & les rois Mahométans &
33 Idolatres de leurs royaumes >3. D'Anviile , dans
fes mémoires fur FÉgypte , dit que FAmbafíadeur
Ture hii avoir aíTuré qu'on y fongeoi: encore; Se
Kaly-Bey, qui, dans fes dernieres années, s'étoit
emparé de FÉgypte , avoit le méme deíTein : rien
ne feroit en efet plus digne d'exciter 1 emulation
du prince & de fes fujets , que d'ouvrk á toute
FEurope un paffage fi courr Se íi coinmode vers
Ies Lides , & de reunir par le commerce des pays
atún ctrangers Ies uns aux autres que FArabie &
ritaüe j quoique tres - voiíins, eu égard á leur
Etuation. M. Tacón de Bacon , d’Oyonnax en
Bugey 5 qui avoir toute ia confiance d’Haiy-Bey_,
poavoit bien avoir contribué á lui infpirer cette
éftiulation. M. le Barón de Tott avoit fait auíii un
travail á ce fujet par ordre du dernier Sultán.
Ca.nal de la haute Égy-pte. Outre íes
canaux dont on a, parlé ^ il y en avoit encore
pluíieurs autres en Égypte , que la féchereíTe du
terrein & la commodité des tranfporrs avoient
fait creuferpar ce peuple induílrieux. Un des plus
coníidérables eft le Lyrus , oa le cj.nal TAbou-
homar dans h haute Egvpte : ce canal avoit vingt-
cinq á trente pas de large. 11 conferve encore des
marques d'une grande antiquité. Strabon en fait
mention dans fa Géographie ( /. xm , p. 803 ).
On trouve de Feaii dans piuiieurs endroits de fon
iit pendant toute Fannée. Ce canal fort du Nil au
Kord de DíofpoHs parva , maíntenant Rou, baigne
Ies mursdeFancienne Abydas, auj-ourd'hui Araba ,
paiTe auprés de Lveopo'íS:, aujourá'hui Sioath ^
& aboutit au baífm du Sultán ^ prés de Manfe-
louth. Ce canal , comme Fon voit , finiíToit vers
Fendroit oúcommenqoit le célebre canal de Jofe-
phe : le P. Sicard en a tres-bien reconnu le cours ;
mais M. FAbbé Brottier le croir déplacé dans la
carte de M. d’Anville.
Cakal de la Chersonese. Seleucus Nicanor
zvoít formé le projet de joíndre la mer Cafpienne
avgc la Mer-noire , lcrfqu''il fut aíÉuT.nc par
CAN 639
Ptolémée Ceraunus [Pun. vi. 12. ). Séüm II ,
empereiir des Tures ^ eut la méme idéCj & voulut
joindre I'Araxe avec qaelque ílcuve de la Coi-
chide ; mais on ne fait rien de pcíitif fur Fentre-
pnfe de Ptolémée : ainfi nous nous bornerons
pour* la i^ier-noire au canal de la Cherfonefe Tau-
rique , au rapport de Lucien. ( Toxar ). Cela
rendir ces peuples commercans ; ils fxifoient pref-
que totit le commerce de la .Mer-noire ; & qiioi-
que du temps de Piine la Cherfonefe Taurique ,
aujourd'hui ia Criméejne fut pas trop connue du
cote du nord ( l. il , c. 6~j. i , & que Fon ignorar
íi Ies Palus-Méotides ^ ou la mer d’Azof étoient
un golfe de la Mer-noire , ces Palus ne laiíTercnt
pas de fournir par la fuite aux Cherfonites une
branche de commerce importante avec les Ind-js.
Les marchandifes leur venoient d’Aítracan ( fni-
vant M. Huetj Comm. & Navig- des Anc. ) par des
caravannes ; elles y étoient apportées par la mer
Cafpienne^ qui les rece voit des Indes par le fien ve
Oxus : quoique ¡es Tartares ne confommaííent
pas beaucoup d'épiceries & d'aromates i¡ s’en
faifoit néanmoins un grand débit a Cafa Se a
Tana.
Ces relationsde la Cherfonefe Taurique, a Fo-
rient & á Foccident , firent deíirer entre les Palus-
Méotides Be le Pont-Euxin , ou !a Mer-noire, une
communication qui , en épargnant le tour de la
Cherfonefe , qui a iiG milles de longuear , faci-
Ikát la navigation & le rranfport d.es marchan-
difes. Cette communication fiit en eíFet étabiie ,
felón le témoignage de Piine ( /. iv , c. 12 , p. iij
du P. Hardouin ) : Sinus Carcinices appellatur p
flamen Pacyris p oppida Naubarum , Carcine p
a tergo lacas Buges flojfu emzjfus in mare. Ce pa.Táge
indique alfez le lieu ou le canal fut creufé ; cepen-
dant comme Fon a pubíié des obfer'/ations géo-
graphiques concernanr ce pays , & qu'elles ne
paroiffent pas s'accorder avec le témoignage de
Fline , M. le Blond a cru devoirentrer á cec égard
dans quelque examen.
M. Peiííone! , confuí de Franee auprés du Khan
dans fes obfervations gcographiques Sé hidori-
ques ( p.. 100 ) , obferve que Ptoiomée a piacé'
aprés Parthenium ,en allant d'orient en occident,.
le iong de la cote occidenta’e du Palus-Méotide ,
les villes ál Reracleum Se de Zenonis Ckerflonefas.
Mais , dit-í¡ , ce géographe, le feul qui fiífe
mention de ces deux villes , pourroir bien s’étrer
trompé au fujet de cette Cheríbnefe de Zénon. Je-
crois que ce n’étoic poiat une ville , mais réeüe-
ment une Cherfonefe y & jene doute pas que ce
ne fiit cetro langue de terre extrémement longue-'
8» étroite qui s’ar^ance du fudau nord, entre I3
mer de Zabache & la Mer-pourrie , jufqu’au ni-
veaude Fifthme de Frecop ; Ies Tartares Fappef-
lent aujourd'hui Zeniské , ce qui efr viíi-blemenc
une abréviation du mor Zenonius Ckerflónefase-
Dans cette hypothéfe , la viile d'Héracíetim devoir
íe teoüver oú. eíl á - orefen: ]* forc de Eib;», 'é
^4® CAN
Teatrée de cette petite prefqu’üe. La Mer pourríe
eíl iaconteitablement le lac Byce de Ptolomée ,
j & ie Bugés de Pline , qui eíl joint au Palus
Méctide ( comme dit tres-bien cet auteur ) par
un canal oii un foiTé. Cette mer avoit déjá ^ da
tenas de Strabon , le meme nona qu’eíie porte
aujourd’hui : cet anclen géographe Tappellc ixTcfa
ouTétang pourri; iilui donne une etendue
de 4000 Hades j qui embarraíTe avec raifon Cella-
riuSj & !ui faiü penfer que Strabon a voulu parler
de toiit le Palus-Méotide 3 auqael cette mer eíl
jointe par un canal.
Par cette defcription , AL PeyíTonel fait
entendre que le canal dont parle Pline a été creafé
dans queiqu^endroit de la preíqu’íle nommée
Zcnonis Cke’fonejus , & peut - étre niéme dans
fon iñhmej oú eft place maintenant le fort de
Ribat. On ne peut cependant le conclure dii
paflage de Pline. II eít plus naturel de croire que
cette communication du lac Bugés avec la mer a
été pratiquée dans Piílhme qui joint ia Cherfonefe
Taunque au continent. i'^. Le terme Mare dont
fe fert Pline, convient beaucoup mieux au Pont-
Euxin , qui en effeteft une mer, qu’au Falus-Meo-
tide, qui n’a jamais été nommé que Palus par les
anciens. z°. Co.nílaíirin.Forphirogénefe, dans la'
defcription qu’il fait de la Cherfonefe Taurique
( de adminiflr. Imperii ) , aprés avoir commencé
par legoife nommé dans rantiquitéyi’/'z^í carcinius ,
¿c que í“op. devroirnQmmer maintenant iCécropy/e,
plutót que Kigropolij fait le tour de la prefqu'ile ;
& aprés avoir parlé des Palas-Méotides , i! finit fa
defcription en diíant que le golfe de.ces Palus
s’avance jufqu'’au üeu nommé ra ysxpca-vZa , peu
éioigüé du Dniéper , & que la il fe joignoit á la
mer ; car , ajoate-t ii , les anciens paíToisnt la
mer par un canal creufé aa milieu de riílhme.
3°. Le nom de Taphros ou Tapiara qui veut dire
foffé , & qu! a été donaé au lieu que Ton appelle
aumurd’hui Orkapi ou Precop , eíl une preuve
fubíiílante que Pon avoit anciennement pratiqué
un canal dans cette partie : Quod Inter paludem &
f um efi Tapkrx nominatur , ditMela (/. 7/, c. i).
feroic difficiie de marquer la véritable époque
de cette entreprife : le mot de Taphra, qui eíl dans
Pline, fait voír que le canal avoit été creufé avant
lili; mais Conílantin Porphirogénéte nous apprend
qu’ií avoit été coinblé , &: que de fon temps il
étoit couvert d'une foret. 4°. La forme de la
Cherfonefe Taurique, prefque femblable á celle
du Féloponéfe , fuivant Strabon (L va ,p. 510},
fon ifíhme qui étoit á-peu-prés de la méme la’r-
geur que celui de Corinthe, la commodité de la
mvigation , qui réfultoit d'un canal creufé á Ta-
piaros ou Précop , font autant de raifons qui
auront pii détermioer á entreprcndre cet ouvrage ,
& qui font croire que c'eíl plutót la que dans la
Cíierfouéfe de Zénon , qu'on Paura en effet exé-
cuté. j°_. Enfin hexpreñion de Pline , lacas Bugés
fe^a ctnijiis in.mare, parcít trop générals , .& peu
CAN
propre á déíigner le travail des hommes, pouf
joindre aux Palus-Méotides un lac qui y commu-
niquoit deja naturellement á ia pointe de la pref-
quhle , nommée Zenonis Cherfonefus. De plus ,
quand Pline, en donnant la poíition de Carcine ,
dit que du cote oppofe eíl le lac Euges que Pon a
joint á la mer par un canal , il fait aíTez entendre
que c"eíl dans Piílhme voiíin que ce canal a été
ouvert.
Canax d’Hypanis. Le méme auteur fait auífi
mention d'un autre canal artificiel , par lequel on
avoit conduitie fleuve Hypanis dans ie lac Bugés;
tandis que , d'un autre cóté , il fe déchargeoit,
fuivant foncoiirs naturel, dans un golfe des Palus
Méotides ; Hypanis per Nómadas & Hylceos frait
manufacio álveo in Bugem , naturali in Coretum-,
l. tr. pag. xij. II ne nous apprend ni par qui
ce conduit a été fait , ni pour quelle raifon. C’eil
apparemment de ce canal fait de mains d’hommes
que Strabon dit : « Pharnace, aprés Pavoir fait
nétoyer , fit couler PHypanis par le pays des
peuples nommés Dandarii , & il arrofa ieurs
terres (/. xr. p. 49)-).
Camal de Thrace. En continuant en Eu-
ropa la route d’orient en occident , on trouve
fur la partie feptentrionale de la carte de Crece,
par Deliíle , un canal dans la Thrace , qai peut
bien avoir été navigable ; il partoit de la nve
droite du Panifas, vers i’endroit oií ce íleuve fe
recourbe , & alloit fe ten Jte dans le pont Euxin ,
un peu au-deíTus de Meifembrie. On ne voJt pas
trop que! étoit fon ufage , puifque !e Panius fe
rendoit dans la méme mer , á une ddlance qui
n’étoit pas bien confidérable ; peut-étre éto!t-ce
pour abréger de quelques lieues la navigation de
ce íleuve. M. le Biond en fait mention fiir L/oi
de M. Deliíle , qui n'a point cité fes autorites
á cet égard.
Canal du mont Athos. On regarde comme
une entreprife d'oílentation , celle de Xerxes qui
fépara le mont Athos du continent de la Macé-
doine, pour étonner la Crece, autant que pouc
faire paíTer fes vaiíTeaux & éviter les dangers de
la navigation aiiroiir de cette péninfule. Cette
montagne formoit , avec le rerrein des environs,
une' prefqu’ífle, qui faifoit autrefois une partie de
la Chalcidique. Pline ( rv. 10. ) lui donne 150
miiles de tour, 8c y ^ niilles d'avance dans la mer:
l'iílhme avoit 1 2. Hades ou douze cens tones.
Xerxes fe propofa de le coiiper , en renferrnant
dans une iíle des villes qui étoient jointes an cón-
tinent. Ces villes étoient Aprés , Sana, Oioprimis*
Bion , Acrothoon , Thiííus & Cléones {Hero .
l. VII. c. 11.), Xerxes employa non-feuiement
tomes fes troupes a ce travail , ma’s les haoians
méme du pays , qui fe reievoient les uns .^s
auTies-, On diílribui aux étrangers ie terrein gui
éjoit aux environs de Sana , & on I arpenra pnnr
qué chacun connut ia portion d’ouvrage q“‘
CAN
Tcroic échue , aores quoi on mir la main a Toeuvre.
Le canal éranc'déjá d’une ceniine prorbndear ,
ceux qiE étoient aux bas continaoier,: loujours
Texcavation , tañáis que d'autres dcblayoienr ;
une troiíieme claiTc de travailieurs é-toic difpofée
par échelons & lecevoit la terre reinuéej pour
la paíTera d’autres , jufqu’á ce que de main_ en
miin elle fút parvenue aux derniers , qui étoient
chjrgés de la tranfporter au loin. Mais la plus
grande parda ayant creufé perpendiculairemeiit ,
la terre des cotes s’écroula , lorfqu'ils eurent at-
teint une certaine proíonáeiir , ce qui les rr.'-t
dans ¡a néceffité de recomnrencer. Les Fhéniciens
furent les feals qui s’épargncrenr cette peine j par
une prudence dontils donnérent des preuves dans
pluíieurs autres occaíions. En effet, enconimeii-
^ant i’excavaiion du terrein qui leur étoit échu ,
ils niénagérent untalus ^ de facón que rouverture
éroit en haut deux fois plus large que ne devc.t
erre le canal , & ils alloient toujours en rérrécif-
fant jurqu á ce qu iis ealíent atteint la largeur
preferiré : par ce moyen , la terre fupérieure n’é-
toit point íujette á s’écrouler. HérodotCj á qui
nous devons ce detall, ajoute que cette dépenfe
ne fut faite par Xerxés que par vanité & pour
laiííer un inonument de la puiífance ; en effet ,
quoiqu’il eút pu aifément taire tranfporter fes
vaiífeaux par Idíthme , il aima mieux le taire cou-
per. Le canal commenqoit á Sana , qui- étoit á
rextrémité méridionaie de riíthme , lequel, telón
le méme Hérodote, avoit 12 Hades. Le canal,
au rapport de Pline {iv-- 10.) , avoit 1500 pas
de loñgi & Hérodote dit quii étoit aíTez large
pour que deux trirémes puífent j pafler de front ;
le travail dura trois ans.
La nature du fol n’étant pas favorable á une
pareille enrreprife , & les deux patries de la rnon-
tagne s’étant réunies par la fuite des tems, il ne
reífa pas méme de veftiges de la folie entrepnfe
de Xerxés ; & il y a des auteurs qui ont douté
du fiit , quoique tres-bien atteífé. Si ce canal fut
jatnais de queíque ufage, ce ne fut que pour don-
ner paffage á la fiotre "de Xerxés , & luí ménager
un afyiependant la guerra qu’il alloit entreprendre
contraía Grl.-e (Diod. i. x:.p. 2U5. Placarque,
Adíen, Hifi. anim. l. xíu. c. 20. Solinus Poli-
hift. c. 14. Méla , 1. II. c. 2. D‘J.nville, Ana-
lyfe de la caríe de Grece , p. iS-.)-
Canal de Béotie. Mcus ne dirons qu’anmot
des canaiix pratiqués pour l’écouiement des eaux,
& qui aboutilToient da !ac de Copáis en Béotie ,
jufqu’á la mer Eubée. ’Wheler aíiure , dans fon
voyage de Dalmatie & de Grece ( r. 11. p. 204)
qu’iis devoient étre regardés comme une des plus
grandes merveilles da monde : & quand on fup-
pofercit de la part de ce voyageur quelqu’exagé-
ration , on ne peur dourer de l’utiüté & de la diíE-
culté de ces canaux , d'aprés le témoignage de
Stribon ( /. /.x ) , & la nature du lieu oü il fallut
percer des monragnes fur une étendue de pluíieurs
Ajiciqaités , Tome I,
C A N 64.Í
teur.
Canal de CcB-inthe. Dans !e tems méme
ou les Crees ne s’adoanoient gucres qu'aa com-
merce intérieur , les Corinthiens faifoient déjá
un trés-grand commerce ( Thiicyi. 1. i.') •. leur
vílle érant placee á i’er.trée du Péloponéfe , deve-
noir i’entrepót de tous ceux qi;i y entroient & qui
en fortoient. Lorfqu’ils s’appliquérent á la navi-
gation , non-feiilement jls tiréren: autant d’avan-
ta-ae de ce commerce , q fils en avoient tiré aapa-
ravant de celui de ierre , mais leur ville devint
encore le lieu oú fe trouva le commerce le plus
floriíiánt de la Grece. Les Jeux IlVnmiques qui
fe célébroient dans les environs , y attiroient une
a.tiluence prodigieufe, & ne contribuoient pas
moins á l’embellir qu’a renrtcliir , comme l’ob-
ferve Huer Commerce & Navzgationdes Anciens')^
Corinthe avoit deux ports ; Tun , nammé Cen-
ehrée fur la mer Egée , qui luí ouvroit le com-
merce de toute la partte oriéntale de la mer Mé-
diterranée ; & l’autre , nommé Léchée, fur la mer
lonienne, du cote del’occident: ces deux ports
la rendirent íi importante & fi ntceííaire , qu’ella
fut appelée par PhLrppe , la chaíne de la Grece.,
Enfin elle étoit regardée comme le marché com-
miin & rentrepor, non-feulement de toute la
Gréce , mais méme de TEurope & de i’Aíie.
L’ifthme qui joint le Péloponéfe au continent
n’a pas plus de deux lieues , fuivant Wheler, dans
fes voyages (í. ii. p- 243- )t £n le coupant , on
épargnoit aux négocians étrangers & aux Corin-
thiens eux-mémes une longue navip.tion autour
du Péloponéfe , dont le circaic eft d’envirqn 160
lieues. On évitoit auíTi le- dangereux paflage du
cap Malée, qui étoit íi connu par fes écueils;
auíii difoit-on qu’en cet endroit les flots pourfui-
voient les vaiffeaux pour les engloutir.
Prorrdte vires
lAunc ánimos quihus m Gcetulis Jyrzzbus ujl ^
lonioque Mari MaleAQUe feqziacibus unáis.
Virg. JEn. 1. V. 191.
Quand on ofoit le paffer , on devoit regarder fa.
pene comme certaine , & abandonner a d autres
fes poíTeílions {Straoozt , /. viri.'). ^ ^ ^
II n’en falloit pas davantage pour^ infpirer á
quelque prince bien intentionné l’idée de taire
commani’quer les deux mers qui baignoicnt I’if-
thme. Pluíieurs rencreprir-ent vainement , & les
hiftorieas qui rapporteñr leurs tenmtives , en attri-
buent le p’eu dé fuccés á l’impofiibilité de percer
Ies rochéis dont fifthme étoit formé. D’autres
en donnent une raifon qui étoit de quelque forcé
pour des peuples faperílirieux , la réponfe d’ua
orada qui empécf.a de continuer l’ouvrage. Quant
, á la dureré des rochers , il y a bien d’autres exem-
I *ples de rochers coupés daus un trés-long efpace ,
M m m na
CAN
&: nolis en aroas tr.écr.e cité quelqiies-uns. D’aíí-
le.irs, queis font Jes rochcrs en état ce refiíter au
courage & au norribie des travaiüeurs ? La réponié
de i’oracle pcuvok bien étre ua pretexte , mais
elle n'étoit pas ur.e raifon foiide 5 ii falloit qu ii y
cát qaeíqu'autre caiife.
Le premier qui en forma le projet fut Périan-
árCj 57Óans avant rére-ehrétienne (.D.-og. Latrcc,
l. I. c. 7. n°. 6.). Démétrius Poiiorcéte , roi de
Macédoinej trois fiécles aprés eífaya de faire
réntablement uneiíledu Péloponéfe. Í1 éto:t bien
capable de réuffir dans cette entreprife ; mais il
éprouva des revers , & d'aiHeurs ii trouva dans
la volupté un obftacle plus invincible que la du- .
reté des rochers i^PLutar. in Dtmetr. Strabo, l.
1. V. jq.). Piutarque nous apprend la foibleíTe
qüdl eut pour Lamia j fa maírreíTe , cui .fut fur-
nommée Helé-polis , du nom d’une machine qui
ferv'oit á renverfer des murailles. Cette courtifane
avoit li b'en fqu eaptiver Teíprit de Démétrius
qu'il fut détourné par fon amour de l’exécution
des grands projets qtfil auroit pu former.
Jales- Céfar eut le méme pro jet , comme le dit
Suétone ( in Ccefar. c. 44. ) ; mais il eut toujours
rrop d'occupations-pour réalifer cette entreprife j
& peut-étre n'en avoit-il eu que l'idée. Caius
Caüqula y penfa également ; mais il fe propofoit
fouvent de grands ouvrages , fans qu’il paíTát
jtifqu’á Texécution , & il fe contenta feulement
e envoyer lever le plan .ie l’iílhme {^Suet. in Calig.
£.21. Plin. IV. 4.). Nerón ayant fait un vovage
en Achai’e pour di.fputer les prix, ne voüloit
point revenir en ítalie fans avoir paíTé l’iñhme
de Corinthe. II en témoigna une fi grarde envie,
qu’il y employa toute fon armée , & particuliére-
ment les foldats de la garde Prétorienne , qu’il
excita vivement par un difcours qu’il leur fit á
ce fujet ( Suet. in Ner. c. xix.) , & méme par
fon exemple. Suivee-moi , leur dit-ií, camarades ;
s’étant faiíi lui-méme d’une Dechc:, il chargea de
la terre fur fes épaules pour déblayer ; ce qui fit
une telle impreífion fur Ies foldats que chacun
s’empreíTa de fuivre l’exemple de Tempereur. Mais
bientót la peur s’empara des efprits j parce que ,
difoit-on. Ton entendoit fous terre des gémiiTe-
Kiens 5.- des cris horribles: Nerón accourut pour
■«eprocher á fes gens leur puíriíanimité ^ & i! re-
prit la béche pour creufer encore ’ui-méme. Au
bout de deux mois &r demi ii y avoit déjá plus de
400 toifes de creuféer d’un cote , & quelque
chofe de l’autre j mais i! y avoit 5400 toifes á
percer , & Néron finit par abandonner fon pro-
jet, ‘oit qu’il Ck r.appelé par d’autres aíFaires ,
cortime le dit l’hiftorien Bion , foit qu’on luí eut
fait craindre de fubmerger toute l’ilíe d’Egine ,
comme le rapporte Fhiloílrate {Philofir. vit.
^po/lon. L TV. c. 8. & 24. vit. Her. Sovhifla.').
^ Enfin Hírodes Atticus voulut auíli entrepren-
aere ce grand ouvrages mais il n’en retira que les'
loaanges dúes á fa bonne yoioncé , Se cette dik-'
CAN
cttlté infurrñontable donna lien au proverbe fí
connu : ifihmum fodere ( Lucían. Jofeph'us^ de Bell,
Jad. l. 3. c. 36. Cluverius , introd. ad Geo^ ñ
409-). ~
_ Fres de Corinthe eft un vülage appelé Her.míl.
lia j parce que l’ifthme a íix miíles de larreur en
ce lieu. C’eft la que Wheler dit avoir remai-qué !a
place ou l’on avoit autrefois commencé á creufer
ce canal (^Hoyages , t. ii. p. 243.).
Canal de Leucade. La prefqu’iíle de Leu-
cade ^ íituée dans la mer d’íonie , fur la cote
djAcarnanie , avoit j felón Pline ^ 87 milles de
Circuit. Elle étoit célebre par le rocher d’ou fe
précipitoient d.’ns la mer les amans malheureux
pour recoavrer:, en ceíTant d’aimer , la tranquil
• Ijcé Guals avoient perdue. Cette prefqu’iíle de
Leucade étoit jointe au continente comme on
le voit dans- Homére ( Odyjfée G. 376. ) 5 mais
ejle devint une iíle aprés qu’une Coíonie de Co-
rinrhienSj envoy ¿e par Cypfelus & Gargafus,
tyrans de Corinthe , fút venue s’établir fur la
cote d’Acarnar.ie , & eut coupé i’iñhme qui joi-
gnoit le territoire de Leucade au continent ( Stra-
bon, lio. X. p. 311. 3 ti lelém. de V Acad. des
Infcript. t. vji.p. 250.). Cependant Pline femóle
faire entendre qu’elie avoit été féparée de la terre
ferme par un coup de mer (/. ir. c. 92.). Mais
ailleurs il adopte le fenriment general des hifto-
riens & des géographes, qui attribuent cette fé-
paration au travail des hommes (/. iv. c. i.).
Thucydide ( L- m. ) nous apprend qu’elle étoit
encore une- prefqu’ifle de fon tems. On infere
d’un autre paíTage du méme auteur , que la villc
appelée Leucas étoit fituée dans l’ifthme. Tite-
Live eil un des écrivains qui ait donné le plus
grand détail fur Leucade , & le canal qu’on y
avoit creufé. Pencadla nunc Infula , & vadofo freto ^
quod perfojfum mana eft , ah Acamania divifr: tum
peninfula erat y occidentis regione arñis faucibus
cokosrens Acarnanis. Quingentos ferm'e pajfns lon-
gí fauces erant ¡ lats aud amplias centum & vi-
ginti. In hís angufliis Leucas pofita eft , colli ad-;
plicata verfo in orientem Si Acamanlam. Ima
urbis plana jum , jacentia ad mate, quo Leuca~
dia ah Acamania dividitur. L. XXXIII. c. 17-
Scymnus de Chio , dans la defcrfptfon cfu’il en
donne (zA Periegefi') en parlant de FAc.rnanie
& de la ville de Leucas bátie par les Corinthiens»
la met déjá au nombre des liles.
Ce furent eux en effet qui firent une iíle de
ce pays en coupant I’iñhme qui formoit la pref-
qu’ríie j dit Strabon ( /. x. p 3 1 1. á. tls rranfpor-
térent prés du canal qu’ils creuftrent , la viile d&
Néricos, qui étoit á l'autre bout de l’iíle. fur !«
bord de la mer, 8c donnérent á cette nouvelie
ville le nom de Leucade , oni étoit celui de^ la
petite contrée , 8c qui lui fut confe’'vé íorfqu o3
en fit une ille. Dodwel (de Perípl. Scylac. ^tatCy
F‘ Í3-) crcit que cct iñbine fut coupé
CAN
les Romaias féquelirérent de !a jurirdíAion de
r Acarnanie , le pays de Leucade , Tan de Rome ^
feion Varron , j8/. Perlée fut vaincu par les
Romains, malgré Ies Acarnaniens qui Coutenoient
ce rrince j il convenoit alors aux hiDitans de la
prerqudfie qui venoient d étre détacnes des Acar-
naniens , de fe retrancher par ce foíTé contre leurs
ai'ciens rnaicres, Mais iI eíl plus naturel de croiiv-
ce que d!t Strabon , que ce furent les Cor:nth-ens
envc'vés Dar Cypfelus qui en firent une lile.
qu^l en foit, Ovide dit auí5 qu’aprés avoir eré
jointe au condnenr j elle étoir de fon tenas bat-
gaée de la mer.
Leucada conünuam veteres hahuere coloni ¡
Nunc freta circumeunt.
Métam. XV. 289.
Florus j en parlant de Leucade , dit : Leucas
Ínfula qu& aliis erat Ltucadia (/. iv.c. II-). Selon
Piine , elle fut détachée du continent par .es na-
birans j & i! y avoit un lieu fur le bord du canal
qu'on avoit creufé , qui en avoit été appe.e
Diorydtos ; Excipit Leucadium littus promonto-
rium Lcucatcs , dtin finas ac Leucadia ipfa peran-
fula qaondam Neritis appellata , opere accolarum
ahfcífa d. continenti , ac reddita ventorum fiatu
congeriem arení. acc amal antium , qui locas voca-
tur DioryéioS ^¡adioriim longítudzne trium
iv. I.). Les fables que le vent portoxt dans ce
canal , en rendirent la navigation diííicile , & l on
fut obligé 5 au rapport d'Artian ? d v enfoncer
des pieux pour ditiger la route des vaideaux.
Quoique le canal fut devenu plus^etroit par
les fab 'es , cependant il ne fut pas cotnblé , comme
le ¿it Piine , ou bien il a été recreufé dans la fuñe j
car il eft encore navigable, comme nous 1 appre-
nons deWheler ( t. i.p. 61.'). « Les Gitcs, dit-iL
appellent encore Leucada Pancienne nde ¿e Leu-
cade j car ils n’ appellent proprement Sainte-Maure
que la fortereífe 3 á caufe d“un couvent de ce_nom
oui étoit la du tems des Vénitiens. Nous íutnes
obligés 5 a caufe du mauvais tems , de toucher
á un port de cette ifie appelé Clhneno, qm e!t le
meilleur de tous ayant bon fond. De-la il nous
pritenvie d’aller voirla fortereíTe, & nous prinres
pour cec effet une barque appelée Monoxyion.
Isfous voyaseámes quatre ou cinq heures dans un
canal étroit qui la fépare de la terre ferme. Stra-
bon dit cu elle y a ¿té autrefois attachee, & que
I'on creufa ce détroit pour la féparer ; ce qai
eft affez vraifemblable , car a i endroi. le p.us
¿■troir i! n y a pas plus de cinquante pas de trajet^,
& trois ou quatre pieds d’eiu feuiement par-tout.
Céroit en cet endroitle plus étroit qufotoit la vine
de Leucade íituée fur une émiaence á une demi-
Leue de la mer, & dor.t on volt encore queloues
reftes : le port étoit prefque tour le canal , fiir-
toar dans les lieux ou ii y avoit aíTez u eau. Or-
C A N í^45
telius Se Ferrari fe trompent , coatinse AA heier,
qaand ils croyent que Sainte-Maure eit encora
dans la méme place que cette villa ; ils n or.t pas
été fur Ies lieux pour voit que Sainte-Maure eíl
tiois mil es au-delá dans le milieu du canal , large
dfoi’.e lieue encetendroit. La fbrterefle eft bonne
8c Saiiquée de quelques baftions ; ma:s ce qui
la rend conildérable , cfoft qu*on ne peut y allet
ni par terrs^ni par mer , que dans ces monox^’les
ou petits bateaax qui ne prennent pas plus d’aii
pied d’eau. Elle eft féparée, par un foíTé de trente
ou quarante pieds , de deux autres petites ifies
qui íbnt comme les faiixbourgs de la fortereíTe,
Se qui font habitées par des Tures '6c par des
Grecs. “
Si ce canal fdt jamais navigable pour de grands
vaifleaiix , ce ne fut que peu de tenas apres qu rl
eut été creufé j car il paroít, par le témpigna^ge
de Piine, qu’il étoit expofé a étre retnpli par Ies
fables que le vent y apportoit ; & AV' heler nous
apprend que de fon tems , il n y avoit pas pius
de trois 011 quatre pieds d'eau.
C.'tNAUx DU Pó. Quoique l’Italie fut coupée
en tour fens par un grand nombre de fleuves Se
de riviéres , ce pays nous fournit nésnmoins
beauqoup de canaux artificiéis ; ceux^ que i on
cretífa , par exemple , auxenvirons du Fo. avoient
la plupart le naéme objet que ceux qui etoient tires
dans la partie du Delta en Égypte.
Le Pó prend fa fource au mont Véfule, une
des plus hautes montagnes des Alpes. Suivant la
defeription de Piine , fes eaux s augmentent con-
íidérablement vers la canicule par la fonre des
neiges i & apres avoir recu dans Tefpace de ion
cours envTon trente riviéres , il fe rend dans la
xxier Adriatique. 11 etoit profond 8c raprde a caufe
de la forcé de fes eaux', quoiqu on l’eúr affoibli
par p'uíieiirs dérivations entre P.avenne & ^'In-
num ; 8c comme a l’endroit de fon embouchure
il fe répandoit fort au large par fept boliches
différentes, on appeloit cet endroit les Sept-
iiíers.
II paroit qu originairement le Pó ne fe rendóle
dans da mer que par deux branches , qui, au
'■apport de Polybe , étoient celles que Ton ap-
peioit Padua Se Olana. Le fleuve couloit dans ua
feul Ht , jufqu aux pays des peuples nommés
Tri^ahoVi. 11 fe féparoit la en deux branches. Les
vai<?eaux remor.toient le fleuve par la branche
nommée CAana , jufqu á deux cens cmqnar.ts
milles !’«:^ches ; plu-
fieurs ont pu fe former naturehement ,_ & que.-
ques unes ont été formées de m.rins d nommes ;
Piine nous en donne le nombre (/. ui. c 16.).
Ap-és le canal qui conduifoit a Ravenne , il place
ív-bom-bure nommée V aireñas , qui, dir-ii ,
avoit la capacité d’un port 8c par Lquelle Tem-
pereur Ciaude entra dans la ville d Adni apr .-s
fon expéüition dans la Grande-Eretagne. Vreci-
^ 31 m m m ij
¿44
CAN
mum. ind'e ofiium rp.agrAtiidinev. ’pdrtüs h&het , eut !
Vatre^us dicitur , que Claud 'ius C&far 'e Uritannia ,
triumph.cns , pr&gmndi illa domo veriiis quam j
nave intravit Adriam. II nomme la boliche fui-
vante Caprafia , enfuite celle de Sagls , puis celle
«áe V olane , qai s'appeloit Olane auparavant. Ce
font Ies Etrufques , aioute-t-i! j qui ont creufé
ces cartaux , depuis la branche que Ton nomme
Sagzs ( incluílvement ) j & qui , po^ diminuer
la rapidité du fleuve ^ en ont fait des dérivations
au milieu des marais voiíins. Ainíi le témoignage
de Pli ne juftiíie le paíTage de Polybe ; car iÜ Fon
excepte les canaux creufés^ felón le premier ^ par
les Etrufques ^ il ne refiera plus de branches na-
tureües du Pd que celles que lui donne Polybe ^
c’efi-á-dire:, Padua , qui efi: la Padufa de Pline^
& V olane ou Olane. Mais ^ cutre cela, on avoit
tiré áu Pó , au-deíTus de Fendroit ou il fe di-
Tife en deux branches , un grand canal nomme
Tojfa Pkiliftzna, &■ qui fe féparoit en deux autres
canaiix par lefquels il écoit conduit dans la mer.
Celui qui étoic le plus au nord s*appeIoit Fojflones
Pkiliflina. , & le plus meridional étoit connu fous
le nom de Foffa Carbonaria. U Athejis & le To-
gifonus fe joignoient encore , felón Piine , á ces
deux canaux , & formoient le port voilin nomme
Brundulus ; de méme que les deux flenves appe-
les Medoacus major & Medoacus minor , for-
Bioient , avec le canal nommá Foffa Clodia, le
port d’Edron. Le Po communiquoit , fuivant
Piine , avec rous ces fleaves & canaux , par lef-
quels il íe déchargeoit & formoit une figure á-peu-
prés femblable au Delta du Nil.
La derniére branche dérivée du Po par un
canal . étoit done celle que Fon appeloit Fo,¡fzones
Philiflins, , laquelíe étant ioin’te au fleuve Tar-
i^’'us ( qui Fétoit lui-méme á Y Atkefis ) , fe ren-
eoit dans la mer par la méme embouchure : ce
qui a fait appeler indiírinélement le Tártaro Fof-
Jjones Pkilzfiin& , parce que ce canal y aboutiíToit.
L embouchure appartenoit cependant véritable-
ment au Tártaro.
Le canal nommé par Piine Fojfa Clodia , qui
fónpoit avec le M.edoacus minar \t port d’Edron,
étoit réellement cette branche qui partok du Me-
doacus minor ^ & qin, aprés avoir traverfé les
®arais _, fe rendoit aupres d^un lieu fameux qui
en tiroit anciennement fon nom, & qui fcmble
Favoir retenn lufqTu á préfent , puifqu’on Fappeiie
Chiozza ( Cluver , liaLia Antiqua.'^. II y avoit
encere, fuivant Ciavier,. un canal nommé Fojfa
Neroniana , qui étoit tiré de la branche du Pó-
appeiée V olana , jufqu'au canal ou Fojfa Carbo-
naria , & qui eíí encore navigable depuis dia-
driar.um , aujourd'hui Ariano , jufqu'au viflage
^nn-u maintenant fous le nom de P orto-di- Coro ,
a Fembouchure du bras'appelé Pó-dTArriano ou
Pe-di'Goro- , qui- a environ 1 1 miiles de lona
depuis le stand Pojufauá la mer: ce canA eíP
sjarqué d^ns k bellc, carte dt <F Auxilie, halla
CAN
andqui , 17Ó4. (Sa Géographie ancienne abíé-
gée , 1769 , grand in- folio. )
Canal d'Au guste a Ravenne. Le
plus célebre de tous ces canaux , á caufe de fon
auteur Se de forj utiliré , étoit celui que Fon ap-
peioit Fojfa Augujii C Le Beau , Hifi. du Bas-Emp,
t. TI. p. 589. )- Selon la defeription de Ravenne
par Jornandes , une branche du Pó, -appeiée FoíTé
d’Afcon , baignoit les murailles de Ravenne , du
córé -du feptentrion; & Fempereur Auguñe avoit
encore fait tirer du méme fleuve un canal pro-
fond , qui circuloit jufqu'á la mer du cóté du
midi , & dont une branche traverfoit la ville.
Pour arriver du cóté de la terre, il n'y avoit qu'une
chauffée érroite á travers desmatáis. Alais Cluvier
trouve la defeription de Jornandes crés-défec-
tueií-fe : il prétend que le Pó n’entroit point dans
Ravenne au midi de cette ville ; que le foffé d' Af-
een exiñoit d'abord, & étoit tiré du Pó jufqu á
Ravenne i qu'Augufte ayant enfuite étabii , a
quatre miiles de cette ville , une flation pour
une flotte , qui donna á ce lieu le n-om de Clajfis ^
cet empereur fit. ereufer un nouveau canal, qui
partóit de ce foíTé d'Afcon , paiToit par b ville de
Ravenne Se le fleuve Bedefis , 8c alioit poner la
quantité d’eau nécefíaire pour Fufage du port ou
Auguííe avoit étabii fa flotte. Par la fuite, lefoffé
d'Afcon étant joint au nouveau canal , Fun &
Fautre ne furent plus regardésque córame un feul
& méme canal ^ qui porta le nom*de Fofa -Au-
gufa ( Italia antiq. l. i.pag. 398.). D'Anville le
place 13 miiles au nard de Ravenne, depuis la >
brancrie du Pó appeiée Padufa, jufquá lamen
II n'efl; pas étonnant que la partie par laquelle
le Pó fe déchargeoit dan? la mer , fut furnommee
les Sept-Mers ■, car tout ce pays, & principa^'
ment la plaine delaVénétie, n'étoit qu un ma-
táis , fouvent fubmergé par la mer. C'éft po'f-
quoi Strabo.n ( L v. p. zii, ) dk qu’on avoit ete
obligé d’y faire destravaux coníidérables pour ar-
réter lesinondations, comme dans iabaíTe-Égypj'i-
qu il avoic fail.u faigner les terres & creuier des
canaux , dont les uns fervoient á Fagriculture, &
les autres á la navigation ; oa efi encore añus**
lement dans le méme embarras du cote de Fer-
rare & de Padoue.
Canal de Parme et de Plais-A-Nce. Ees-
marais de cette- plaine aquatique s’étendoient jai-
ques fort ioin dans la Gaule Cifpadaiie. On vou
dans FHiítoire Roniaine Ies peines que
a Annibal y eíTuya pour aller en Etrune ; J>c 1
fait que ce grand capkaine y perdit. 7'
oeil {Strab. p. 217.)-. Ces miráis étoient faniios-
par Ies iriondations du Po que caufoir ia-
& les autres riviéres qui fe déchargecient
ce fleuve. zEmilius Scaurus les defiecba nj
avant Jefus-Chrifi , en ti-ranr des canaux
bles depuis Plaifance jufq.iFá. Parme :
C A N
iravigable qui , parrar.t de Plaifance , alloit fe ¡
rendre á Farme , en nraverfant Ies rivieres qu’il
reiicontroit furfonc]?erninj & ü fervoic beaucoup
aux habitaos qui demeuroient entre ces deux
villes , pour la navigation & le tranfport de leurs
denrées. aEmilius Scaurus dont il s’agit j fut
confuí avec M. Ccedüus Metellus ^ Tan 658 de
Rome j 72 ans aprés le confu'at de C. Flaminius
jS'epos Se de M. /Emilius Lepidus^, qui avoit fait
conftruíre la voie Emiiienne depuis Plaifance juf~
qu^’a la ville á'Ariminium ^ précifément auprés de
Tendroit oü dEmiiius Scaurus fit creufer depuis
le canal qui porta auíli fon nom ( Tit. Liv.
XXXVTII. ).
Canal de Papirius. C’étoit la eouturfie des
anciens Se fur-tout des Romains , d’établir des
bourgades fur le bord des canaux quhls faifoient
creufer j &: méme dV batir quelquefois des villes.
Kous en avons des exemples dans le lieu notnmé
Tos en Prevenee , prés des veftiges du canal de
IVíarius ; dans celui appelc Ckio^fua de Tancienne
Fojfa Clodia , dont nous' avons parlé , & dans
pluíieurs autres. Ainli , quand on trouve dans un
auteur ou fur quclque itinéraire un lieu nommé
Fojfa. ou Fojfa j il y a beaucoup d’apparence ,
il eft méme prefque fur cu'ii y avoit eu quelque
canal prattqué aux environs j quand méme i! n"en
apparoirroit aucun veítige. C'eíf pourquoi M. le
Bi'ond met dans cetre claffe le lieu nommé Fojfa
Papyriana dans la Ligurie , entre le port de
Lune & le bois facré de la déelfe Feronia^ á i f
milies du rivage de la mer. Quoiqu'il n^y eút
qu’un feul canal dans un endroit les auteurs en
parlent comme shl y en avoit eu pluíieui'S. On
en a des preuves dans le canal de Drufiis , dans
plufieurs autres. C'eíl; ainíi que le Heu nommé par
Ptolémée & par d'autres Fojfa Papyrlana , eft
cité dans ritiuéraire dhAntoninr fous le nom de
Fojfa Papyriana- Ce canal avoit été fait vraifem-
blablement pour d'eíTécher les campagnes voifines
qui étoient maxécageufes , comme elles le font
encore aujourdliuL
Canaux D’ETRUP,rE. Sons le régne de Tibére
& le confutar de Dnifus-Céfar & de C. Korba-
nus Flaccus ón forma le projer de joindre la
Ciarás á PArtro ^ pour garantir Ro-ine des inon-
¿ations du Tibre dans lequel tomboit le Clanis
i^Tac. ann^ 1.). Mais les Florenrins > ainh que
Ies villes municipales & les colonias des environs^
envoyérent des députés á Tempertur pour le
prier de ne point détourner par un canal le
cours du Clanis p.arce que cela leur cau.feroir
an grand dommage. En eifer, aioute Tacite ^
foit'^qae Pon eút égard á leurs prieres, foit par
la difiiculté de Pexécuiion foit en un mor par
quelque autre caufe ^ il paroit que le fentiment
¿e Pifen prévalüt , & Pon n’y toucha po'mt.
Cependant cette comniunicatfon eut lieu par la
fuite j car la plus grande partie des eaux du Clanis
fe déchaigent. a.vec les rivieres qii'i recoit~daas
CAN ^45
un lac ou dans des marais que les habitans nom-
ment aujourd'hui te Chicne ; le reíte de fes eaux
avec celies de ces marais fe rendant dans PArno ,
prés d'Aretium , ou Arrezzo.
Malgré les oppolitions des habitar.s á ce projet
de jondtion 5 li femble qu'en établiffanr par-la une
eorrefpondance entre l Etrurie^ POmbrie & le
Latium j il ne pouvoit en réfalter qa’un avantage
réel pour tous ces peuples. Strabon , en parlant
des iacs qui étoient dans ces contrées de Pltalie ,
dit qu’ils contribuoient á ia fertilité du fol, quAIs
fervoient á la navdgation , qdüs produifoienc
beaucoup de poiíTons & des ■ oiíéaux fauvages ,
& que les rivieres qui forcoient de ces lacs pour
fe rendre dans ie Tibre , étoient trés-utiles pour
porter á Rome toutes fortes de denrées {Strabon y
l. V. p. 226.). Tels étoient le lac Ciminius,
celui des Volliniens ^ celui qui étoit prés de Clu-
fium.j le lac Sabati.n^ & enfin le lac de Traíi-
méne. Si ces lacs étoient íi útiles^ celui qui étoit
prés de Cluíium devoic Pétre encore plus , lorf-
que les eaux du ClaFs pafi'ant au miüeu ^ au-
roient étabü une eorrefpondance entre PArno & !e
Tibre, & par conféquent entre tous les pays
arrofés par ces deux fleuves.-
Canal de Clgelius, On peat appíiquer á
un lieu diftanc de Roins de ciuq mi'les, & qaí
fe ncmme Fojfa Closlia , ce que Pon vien: de voir
fur celui de Ligurie, Z'p^úé FuJfaPapyriana (813.);
il y avoit autrefois un canal en cet endroit , il
aura été comblé, comme bien ü’autr* canaux p
8c le bourg ou village bari fur ce canal en aura
retenu le nom. Tite-Live ( IH. i. ') dit qu’ii avese
été aína appelé de Cioeüus , chef des .Albanois-,
qui en étoit Pauteiir ;• mais que , par le laps de:
tems, !e canal avoit difparu, & méme qu’on en
avoit oublié le nom. Cependant Denys ddlaü-
carnafle, qui , au-ika de y latLla ^ écrit Coelia,.
KüiXiíif, dit que de fon tenis ce nom fubíilioic
encore. Ce canal étoit prés de la voie Appienne*
vers le lieu qTon appeiie aujourd'hui tajal Ri~
tonda. Le champ des iíoraces étoit íitué. entre la
einqaiéme pierre miliiaire & ce canal. Flutarque:
en parle auíS dans la vie de Coriolarr-, en ¿¡.fanc
que Coriolan campa prés da canal nommé Fcjfs.
Clcelia p Pon voit encere dans ce paflage. , que-
cet auteur a mis au pluriel le nom. du canela qui
eíl cité par d’autres auteurs ¿aúngülier.
Canal de Tra.jan. Pour préferver Rome;
des inondations qui íui étoient ¡; runeiles, Trajars
ñt creiiísr le canal qui porta fon nom. 11 commen-
cohau-deíTocs de Po-ntc Molíe , & paíToit par Ies
champs du Vatican , dans Pendroic oTon a depuis
appelé Strada della va Ve dclV inferno. Püne le:
jeime parle de ce canal dans fes Estires, vjíl.
Le canal des eíarais Pontins fur dans ce
genre un des ouvrages les plus imserrans ce
¡. Pira’ ísí il QQiiQóXiíct':^ i.'á.F oTxnc Apii i tsivets-las
(>a6 can
Erarais Pcntins , jufques prés de Terracine ; i!
avoirle double avantage de deirécher ces marais^
& de fervir en ir. eme- tenis á la navigation. Le
nom des marais Pontins ou Fomptins venoit de
la vílie Pometia felón Piine, oude celle de Pontina
faivan: Feílus. Le terreirf occupé depuis par ces
ntarais contenoit autrefois pluíieurs vides, depuis
le fleave Altura jufqu’á Terracine ; ils étoient
fonnés principalement parfLíens & TAmafenus ;
Íes vapeurs meurtriéres qu’iis exhaloient 8c Ies
aütres incommodités de leur voifinage , dúrent
néceíTairement occaíionner ia ruine de fes villes ,
& faire dcferter toute cette contrée. En les
defíechant , on rendoit á l'air fa premiére falu-
brité ; on mettoit en valeur un grand efpace de
terrein inutile, & le can¿i¿ qudl falloit creufer á
ce delTein , devoit fervir á rranfporter des mar-
chandifes & des yovageurs. I! n^eft pas bien fur
qu’Appius ait travaillé á defíecher ces marais ,
quand il fe conílruire ce beau chemin qui porte
fon nom, & dont il fubfifte de nos jours des
reíres précieux. Mais ce paps étant trés-fujet á des
inondations, il a pu arriver que les marais foient
revenus depuis dans le premier état. En effet ,
la République connoiíTant les grands avantages qui
réíultoient de leur deflechement , chargea le
conful Céthegus , á qui cette province étoit échue ,
de les deíTécher , & il en fit un territoire fer-
tile (Pline, l. ir. c. 4. ) ; ce fut i6i ans avant
Jéfus-Chrifl: , fous le confulat de M. Corneüus Cé-
thegus de L. Anicius Gallas. Ce travail devint
iautüe , fok par la négligence & le défaut den-
tretien , foit par la nature du iieu ; car Céfar
fe propofoit d’en faire de nouveau une campagne
qui fur propre á Tagriculture , & qui ñit en état
de nourrir pluíieurs miiüers d’habitans. Plutarque
& Suétone , dans la vie de ce prince , difent la
méme chofe , & Dion fait entendre quh'l avoit
envíe d’y conílruire une chauíléej mais les affafíins
de ce grand homme arrétérent les projets Utiles
qu’il méditoit. Enfin , fous Augufte , on tira un
long canal á-peu-prés parallcle á la voie Ap-
pienne , & peu éloigné de cette route ( Strahon ,
1. r. ) : ce canal étoit remolí des eaux des ma-
rais & des riviéres voiíines. On s’y embarquoit
ie foir, on en fortoit le matin pour continuer
fon chemin par la voie Appienne; & les bateaux
qui fervoient au tranfport , étoient tirés le jour
par das malets, Lucain en parle dans fon troi-
Éeme livre :
jEr qua Pomf tinas vía dlvldit uda palades.
Et Tíorace a décrit fa navigation fur ce canal dans
fon voyage de Brindiíi :
magna me exceilt Arlela Roma , Scc.
L. I. Sat. 5.
En faiíanr creufer ee canal , Augiiíte eut encora
CAN
Tavantage de procurar le deíTéchemeat des marais
Pontir.s, qui produiíirent d’abondantes rlcoltes.
C'eit ce q_u Horace a exprimé dans ces vers ds
ÍMrt Poétique , vers : *
Sterillfve dlu. palas , aplaque remis ,
Vicluas urbes alit , & grave jentlt aratrum.
Traían , qui porta la gloire de lempire romain
plus loLn qu* Augufte , fit faire de nouveaux tra-
vaux pour aíTurerle deflechement des marais Pon-
tins. II y rétablit la voie publique , & la décora
de divers monumens (^Dion. L zxnii.p. 777.).
M. Taboé Brottier en a parlé dans fa feconde
édition de Tacite (r. v. p. 387.) , & il a rap-
porté pluíieurs inferiptions antiques qui y font
relatives.
Mais ces travaux eurent befoin dfene grande
réparation dans la fuice ; car environ 400 ans
aprés l'rajan , Théodoric, roi des Goths,' voulat
metere á profit ce terrein , qui étoit encore de-
verui inutile : c’eft á cette occafion qufll écrivitau
fénat de Roma , une belie lettre qui fe trouve dans
Cafliodore {F'ar. Eplfi. il. 32.). On y voit la
peinture des dommages que caufoient ces mi-
ráis, & les moyens que ce prince emp'ovoit pour
le deflechement. Cette entreprife fut réeliement
exécütée , comme ii paroit par une infeription
trouvée á Terracine {Gruter , p. cin. Corra-
dlni.'). Ce canal avoít 19 millas, & fut appelé
en latín Deoennovium ( Procopl. Gothlc. rer. l. /.) ;
mais il fut négligé depuis.
Can.4í du lac Fucin ou CeíA.vo. De
méme que Céfar s'étoit propofé de defíecher íes
rnaiiis Pontins , il avoit aufli formé le projet
de donner une i/Tue au lac Fucin , qui eft_ dans
r.A-bruzze ultérieure , & qui porte aujourd huí le
nom de lac Celano y pour mettre en valeur un
terrein occupé par les eaux ; mais nous avons
deja vu que fa mort fit échouer fes grades en-
treprifes (Suet. In Cá/. c. 44. ) . Les habitans voi-
íins de ce lac folücitérent fortement Augufte pour
exécuter ce prójet ; mais i! ne leur accorda point
leur demande. Pline ( llb. 56. c. 1 5- ) nous apprend
que l'empereur Claude entreprit cet ouvrage, &
y employa trente mille hommes qu’ü fit travaiiier
pendant onze années confécutives
XII. c~.). í¡ fe rencontra en effet beaucoup d_obí-
tacles, éc il fallut. percer des montagnes i eipace
dhine grande iieue. Claude avoit donné hnfpec-
tion de cet ouvrage á Narciífe , fon attrancMi.
Si nous en croyons Dion (/. x. j , fon proiet
,cn-feulement de rendre le Piys propre a
ífi de fácil: ser la navigation
¡es eaux da ¡ac
qui rapporte ce
t ou Ii ne concoi: pas cu 1 e u-
iiire les eau/áuhcá travers
ufquauTibre. C’efi poarq-.iPi
l’agncu
iturc j iXiciis i
QU Tib
:e en y faf!
Facir: 5
Cluvier ( lí;
de Dion , dii
pereur ;
tura pu con ii
tznz de
moacagiies i-:
entrer
a-aiq. )
C A N
il croit que rhiñcrien a pris le change ^ & cu’au j
lieu du Liris dont la íburce étcit voiíine , il !
aura écrit le Tibre. Les raiibns fi?r lefquelles ii i
s'appuie j fcnt que Dion ajoüLe que Ies e&brts de
Lempereur & fes grandes dépenfes furent inuciles ;
qub‘1 étoit cependant vrai que Touvrage avoic cté
achevé , comme il eft prouvé par le rcmoignage
de Suétone ( in Claud. c. zc. ) j & par í5ion ,
qu!;, tians le méme livre , entre dans de grands
détaiis fur un lac que Claude avoir conduit á la
mer , nsais qu’il ne nomme pss. Si cependant on
avoit i^ulu abfoiument conduire dans le Tibie
Jes eaux du he Fucin , il y aaroit ea un moven ,
cn creufant un du he á la fource de FAniOj
qui fe rend dans le Tibre au-delTiis de Rome , Se
qui n’ell pas beaucoup plus éloigné du lac que
le Líris. Mais Tacite ne permet pas de douterde
Tendroit ou Ton creufa le canal ^ ni.du fleuve
daas lequel il fe rendoit ; voici fes paroles :
Sub ídem tempus ínter lacum Facinum amnemque
lirímperrupto monte , qno magnlficentia operis a plu-
ribiLs víferetur , laca in ipfo , navale pro&lium ador-
natur. Ann. xii. 56.
L’ouvrage flit réeilement achevé en Ihn yi ;
& avant qu'on ouvrir Fembouchure du canal
pour donner paíTage aux eaux du lac , Fempereur
fit donner un combar naval par dix-neuf mille
omnaes condamnés á mortj lefquels moncoient
cent vaifleaux ( Tac. ib. Saet. Claud. c. 3 z. Dion.
l. zx. ). Pour rehauiTer Féclar de cette féte ,
Claude y afllfta lui-méme avec Nerón, Fun &
Fautre en habit militaire. Agrippine sV troava
auííi ; elle étoit placee auprés de Fempereur , &
paree avec beaucoup de magnificence. On fie en-
fuite combattre des ghdiateurs fur des ponts conC-
truits fur le canal , & Fon avoit préparé un grand
feftin prés de Fendroic ou on devoit I'ouvrir.
Mais quand on vint á donner FiíTae aux eaux ,
ellp s’écoulérent dhbord avec tant de rapidité ,
qu elles firent écrouler une partie des bords , Se
qu'elles ébranlérenr la terre beaucoup plus loin.
Les affiftans en furent fort effrayés, & Claude
courut rifque d’y erre noyé. Agrippine reprocha
á Narcifle d’avoir épargné la dépesfe ; Narciife ,
de fon coré , dit des chofes fort dures á Fimpéra-
trice. 11 eft probable que l’aíffanchi avoit des
torrs; car Dion dit qu'on Faccufa dhvcír ¡aiíTé
tomber exprés Ies eaux avec tant ddmpétuoíité ,
afin de couvrir une faute qu il avoit faite ; mais
Dion ne dit point quelle étoit cette faute. Nous
app'enons feulement de Tacite que Ibuvrage fut
mal conduit , & que le lit du canal n’étoit pas
aíTez profond pour que les eaux du milieu de ce
he puíTent s’y écouler, & ii fallut recomtnencer
de nouveaux ouvrages. Ces travaux furent aban-
donnés fous Fempire de Néron ' Plín. , l. xxx'íri.
c. ij. ■). Un prince , qui nhvoit que Ies idées
d’une folie vanité , porta envíe a la gloire que
fon predéceíTeur avoit aequife par des uaviux
-liti'es.
C A N Í47
Trajan fit íravaii’er av< rerres vciíines de cc
he. Spartien rovis arprend cti Hadrien le delFé-
c.”.a._Ms;gre tous res travaux , Faacien he Fucin
fubíifte encore aujQurd’hui.
Caxal cu lac AvEttitL. Si ce Fat h jalonue.
quí porta Néron á i.iiíTer nerir Fouvrege de fon
predéceíTeur , on peat dire que fa vanité feuie
lui en fit entrenreiídre un autre á-ceu-prés fein-
bhble par rappurt au lac d'Averne , environ
Fan 6z. Ce he , dont Romére ( dans le ÍF Livre
de i’Odvííée } & Virgile ncus racontent tant de
prodigas, étoir fitae á Fextrémité de la Campa-
nie, dans le pays quT-íomcre dit avoir appartenu
aux Cimniériens, pays qui, par ksfeuxfoucerreins
u'il contenoit, a donné liea á roetes les fictions
es anciens fur les prétendus orac'.es qui s’y ren-
doient, & fur Fenfer qu’iis difoient erre place
dans fes environs. Le he d’Averne étoit de toare
part environné de hauces montagnes , excepté
dans Fendroit ou il fe rendoit d ms h mer par
lehcLucrin. Néron, qui avoft fait, il n’y avoit
pas long-tetns, des tentatives inútiles pour couper
Fifthme de Corinthe , entreprit de tirer de ce
he un navigable , de ido miíles romains ,
lequel devoit étre aíTez hrge pour que deux tri-
rémes puíTent y paffer de front. La longueur da
chemin auroit été confidérable , & auroit exige
des travaux immenfes : la nature du pays ne s’op-
pofoit pas moins á ce deíTeiu , que les rochers
de FAchaie n’avoient mis d’obñacles dans Fifthme
de Corinthe. Si cette entreprife eát réuffi , elle
auroit fervi á éviter les fréquens naufrages du
cap Miféne. II en étoit arrivé cette année la un
alTez confidérable , parce que les pilotes avoient
mieux aimé s’expofer aux vents contraires , que
de ne pas arriver au jour que Néroivleur avoic
preferir. D’ailleurs le pays oú le lac d’Averne eft:
fitué , eft un des plus tians de FItaüe ; les jardins ,
les maifons de catnpagne , les cháteaux , Ies villes ^
lesports. Ies bains, &c. y réuniftbiénc tout le
luxe & la magnificence des Romains , & en
avoient fait un féjour de délices : Pompée avoit
báti un port prés du méme lac d’.4vcrne ; Céfar
avoit conftruit fur une montagne voifine une
maifon qui avoit vue d’un coré ítir le golfe de
Baies, & de Fautre fur celui de Miféne 5 Au-
gufte avoit fait , prés de Miféne , un port qui
paíToir pour une merveille ; Agrippa avoit nétoyé
le pays en abattant les forérs , & les lauriers
que Fon y planta y croiíTctent mieux que dans
aucune autre contrée. Enfin c'étoit la que les
etnpereurs , aprés s’étre raflafies de plaifirs a Ja
ville , venoient chercher de nouyelles efpéces de
voluptés : Néron vouloit renchérir fur tout cela ,
par un canal qui Fauroit tranfporte de Rome juf-
ques dans ce féjour enchanté. il fie done venir
des inaénieurs , & raftembla de tous cotés des
ouvriers ; il fit méme fortir de leurs prifons tous
les criminéis pour fervir fa vanité ; mais il eíTuva
entors li ¿opte qui eft ordioaitement atcachés
CAN
aux projets ir.confiáérés ( S-^£tor.e , Plím , Tacite ,
Tiiíemc^u üans í'\éron, t. i. p. 2^7. \
Canaux d'Espaga-e. On ne íait rien de bien
pofitif fur les canaux dXfpagne j mais on yoit
dans Strabon que la navigation incérieure y étoic
florilTante , & ir,éme par des canaux. Le com-
merce illuíira beaiicoup les Tyriens^ les Cartha-
gmois , Ies Fhéakiens & les Efpagnois. Ceax-ci
ttoient invités á s'y adonner par la natare de leur
pays. 11 íLy avoit gucres de province en Efpagne
caí n'eúc des mines d or, d’argent:, ou d’autres
metaiix ; ce qr.i atura fur leurs cótes d’abord les
FáéidcienSj enfuite les Grecs^ puisles Roir.ains.
L'Efpagne fcurnlilbit encore beaucoup d'autres
marcliandifes ; des vins , des lames ^ du iin , des
étoiíes . des rolles fines dont on leiir attribnost
rinventioR , le miel , la cite j la poix, le bórax,
le vermillon , l’écarlate , le fel foífile, des poif-
fons faiés , des faumures excelientes, 8c une infi-
r:té d'aiitres productions útiles pour les uiages
de la vie. Tout cela avoit en quelque forte renda
ce pays néceiTaire aux autres nations. Et ce qui
sriettoit le cambie á de fi grands avantages, c’éroit
ie nombre des ports commodes qui éroíent fur
les coces 3 & des riviéres portant bateaux. Mais
on voit de plus que, pcur la navigation, les Ef-
pagnols ne faifoient pas feulement ufage des
fleuves 3 iis mettoient encore á profit des efpéces
de iaguaes, ou piutot des courans d'eau fembia-
bies á des fieuves , lefquels étoient formés par
le refiux de la mer. On pouvoit , dit Strabon
( /. iiZ. p. 142.) 3 naviguer méme avec de grands
bateaux jufqu aux villes fituées dans fintérieur des
ierres,, par le moyen de ces courans d'eau. La '
mer formcit d’auranr plus aifément ces lagunes,
fur-tout depuis le promontoirc facré ]'ufqu"aux
colonnes d'Hercule, que toare cecte plage ma-
rltime eíl un terrein plat & uni. D’ailleurs la mer,
qui, un peu au-de-lá, eft étendue fur un bien
plus grand efpace , fe trouve tout d'un coup
refferrée ; & la répercuffion qui fe fak fentir des
cotes de Mauritanie fur ceiies d’Efpagne , fait
qa'eüe s'y porte avec violence, & qu’elie s'ouvre
Hn paíí'age facile dans les terres , queiquefois
jufqu’á huir fíades , & rend pour ainfi dire toute
cette contrée navigable.
Ces débordemens de la mer-, fi fon peut fe
fervir de ce terme , avoient leurs avantages. Les
habkans du pays voyant que íes lagunes pouvoient
ctre auffi útiles que des fieuves , méme pour la
navigation , conítruihrenr aux environs de ces
lagunes des villes 011 ils s'établirent. Parm.i ces
villes, Strabon nomme Afta, Nebriffa, Onoba,
Mceno'oa , & il y en avoit plufieurs autres quftl
r.e cite point. lis avoient de plus creufé des ca-
naux dans les rerres pour le tranfport des marchan-
difesj & la facilité du commerce intérieur & exré-
neiir. On ne corinoic point d’auteur qui indicue
ie nom de ces canaux , ni qui fixe leur étendue &
isur pofiiioíi j ií fuSt d’en syoir faií naeation.
C A N
Canaux dans les Gaules. Les Gaules
occupérent auífi raclivité des Romains : 11 rfr a
pas de pays q*ui ait plus a fe iouer des bienfaits
de la nature : ceft la remarque de Strabon , au
commencement du Livre IV. II admiroit des lors
combien ii étoit facile , dans la patrie des Gaules
que nous habito. is, de tranfporter des marchan-
difes par la voie des riviéres & des granas fieuves
qui la traverfent. 11 faifoir féloge de i'heureufe
difpoíition du terrein , qui fembioit inviter les
peuples á vaincre les obftacies qui les féparoient,
& á s’aíTurer , foit en monrant , foit en ■‘defcen-
dant , des chemins toujours praticables ( ibii.
p. 188.)- II fembioit indiquer auífi des projets de
communication que les Romains n'auroient pas
négligés 3 íi les fecouíres violentes dont leur em-
pire fut prefque touiours agiré ne Ies avoient
pas détournés des entrepriíss útiles.
Lh canal de Mar.íus fut occafionné par
la diínculté des em/bouchures du Rhóne , rem-
plies dés-lors de limón , 8c qui n’étoient guéres
praticables pour la navigation ( Strabon, p. 183.).
Geit ce qui déterraina ce general á creufer un
canal poar'faciiiter le tranfport des vivres qu’oH
luí apportoit par mer pour fon armée ( 'Plat. irt
Mario. ). Méla le place entre Marfeille 8c^ le
Rhóne ( l. r. c. y. ) ; 8c Pline , entre le Rhóne
& le lieu nommé Maritima ( l. iil. c. 4.). Pto-
lémée le met au couchant des bouches du Rhóne ;
mais i! paroit que c’eft fans fo.ndement. Ii eft aíTez.
difficile , d'aprés les témoignages diSFérens de ces
auteurs, de fixer ¡a véritabie pofition du canal de
Mari US ; il faut avoir recours a ritinéraire mari-
time , qui marque lé milles de diftance depuis
Les Pojfü Marzans. jufqkau Rhóne , en fuivant
la cote d’orient en occident. Or , en revenant
d’orient en occident , cette diftance conduit pre-
cifément fur la cote vis-á-vis du lieu Qui con*
ferve le nom de Fos , qui , n'étant pas lort de-
figuté 3 repréfente aífez celui de Fojfa mañana
qadl portoit anciennement {^IV ejfdmg. in. Anto-
nia. Itiner. p. yoy. ). Ckit le fentiment de d An-
vi de, dans fa notice de la Gaule ancienne ■>
connoit á ce caraólére Tentrée ,du canal de - -i"
rius. 11 préfume , d’apres un examen tres-cir-
conítancié du local , que la navigation
de Marías, depuis fa féparation d’avec le Rho%>
pouvoit erre dknviron 12 miiles 5 & il
auífi par ie méme autéur , que certe feparatio
fe faifoit á-peu-p;és á 10 milles au-deflous
Y Ofiium Majfaliodcum.
Marías , pour reconnoitre le fervice importa
que les Marfeiilois iui avoient rendu coptre
Ambrons , leur .abandonna ce &anal , qui Ls en
richit par les droits qu’ils levérent fur
chandifes qui entroient dans le Rhóne, ..S
en fortoient. A-u-Iieu d'un canal , il pouvmt -
y en avoir deux ; car le plus grand nombre -
aureurs difenc au pluriei, FoJ'zz Mariana & Pt
¡darianis, Cependant on a deja vu ci-deuus q
C A N
CAN ^49
ce mot étoit inciiSererntrient au íinguiier eu au
piuDci. Haídouin .^JSotá, Li Plia. r. i.) & YV eire-
l:ng peníenr cu'i! cii avo’t deux. Le dernier
ci:e Ho.-zoré a.tiic :e , ;uteur de rHiftoire de fro-
vence (p. 16^.), qui parle ú'une dérivation du
Rhóne cui avoit encorc iieu ii n’v a pas plusd'un
íiécie i &qudnnorrime aujourd h ii le Bras morr.
Ce n'eí'c qu’ane efpece d'é'Lar.g qui recoit par en
haut ia robine du Radcai; & qui, par en oas,
communique avec i' -rang eu Galajon. Ce bras
du Rhóne tendoit dhin tote vers l'etang du Ga-
iajon , Sí s'érendoit de i’autre iufqu’au rivage de
Fos : on en trouve les veftiees marqués fur une
grande carte manvrcrire, dreíTéc en 17JO, a Toc-
caiion du canal de Boue, iur une lougucur d'en-
viron 9 mide toifes. Cetre double direótion eft
encoré une bonne raifon , fuivanc d'Anvilie , pour
que J'on ait écrit Pojfs. au píuriel.
Canal entre la Saóne et la Moselle.
Un des plus grands projets qui aient jarnais eré
congiis pour la navigadon Sr le commerce de la
France , étoit fans doutecelui de la jonfíion de la
Sléditerranée á i’Ccéan. Un general romain ,
campéfürlesfrontiéresde Gemíanle, laquatriéme
annee de í'empire de Néron, le pro^etta par un
moyen qui n'étoit pas bien difíiciie dans la prati-
que. Voici comme ce fait eft rapportc dans Ta-
cite.
Deux géneraux employés dans la Gejmanle ,
ne Toulant point laiíTer amoiiir leurs foldats par
rdílveté , les oceupérent á diiférens travaux.
L’un, nommé Paulinus , acheva une digue com-
mencée 63 ans auparavant par Drufus , pour em-
her le Rhin de fe répandre dans ¡es Gaules ;
Vetus, Tautre general, forma le louable pro-
jet d'unir la Mofelle ala Saóne, par conféquentie
Rhóne au Rh'n. Si ce delTein eüt été exécuté, il
auroit iliuítré l'empire de Néron. Mais le confeil
plein d’envie Se de maügnité qui fut donné á
Vetus par un gouverneur ce la Gaule Eelgique ,
lui fit appréhender la jalouíie de fempereur , &
anéantit cene grande entreprife. Vetus Mofellam
arque Ararim , facía ínter utrumqucfojfa , conneclere
parabat , ut covis, per mar e , dein likodano & Arare
fubvecÍA , per eam fojfam , mox fuvio Moflía in
Rkenum , exzn Occeanum decurrerent ; fiiblatífiue
idnerum difficult tribus , navigabnia ínter fe Gc-
cider.tis fevtentrionifcrue littora ferent. Invidit
operi JElius Gracilis Beigice. legaras dererrendo
Veterem ne legiones cliens. prcvincií inferret ,
fludiaace GalLiarum afeciaret ,• fcrmiaolojum- id
hnperatori aiclitans , quo phriLmaue prohibenrur
conatus kontCú (Ana. xiii- 53. N Feut-erre que
Vetus n'envifagecit en cela que rutiiité ctii pou-
vqit en réfu'ter relativemen: aux circonítances
dans lefquelles il fe troiivoit , óc a fon expédi-
tion mi'iitiire. Mais le commerce en auroit retiré
un avantage coníidérable.
Le confuent du Rhóne & de la Saóne , dit
Antíquites , Tome I.
Huet ( Com. & '\avíg. des anczens.') , rendí?
Lyon . quoique íituée au mi ieii des Gau'p , une
viüe de trés-grand commerce ; ii s etei.doit, pour
ainfi dire, de ia Aíéditevranée a fOccan.; car la
fource de la Saóne étoit fi voiiine de cebe de !a
Mofelle & de la Seine , qu’il étoit aifé de voi-
tnrer par terre les marchandifes qu’on avoit fait
reaionter par ces rivicres. Le Rhóne en rec-voit
: beaucoup par les deuves navigab.es qui s'y )oi-
¡ gnent, & il les conimuniquoit non-feuiemest á la
i Saóne , mais encore á la Loire , par les chanots
i qui les alioient prendre a quílque diit.ince au-
j deíTus de ton embouchure , fa rapidité le rendant
I difficile á remonter. La Saóne , aprés ^joir recu
I le Dcubs , portoit fes marchandilés r^s d* la
Mofeiie , cu , ayant été voiturées , e.ies paíToient
a Trtves, qui étoit alors une vilie puiíTante ,
de-lá dans le Rhin , & enfuite dans i’Oyéan.
Par !á on peut juger de qnelle importance ii eüt
été de joindre la Saóne á la Mofelle, puifqu une
pareille ionction non-feulement eút épargné tous
Ies charrois , mais auroit encore étabü urie_ bien
plus étroite correfpondance entre Ies diiférens
peiiples qui auro'.ent eu á naviguer fur toutes ces
riviéres , & parce que fon auroit pu faite le com-
nierce des deux mers. ^
Le canal pe Dp-USUS tut fait pareillemenE
dans des vues toutes guerriéres : Drufus , pére
de Germanicus & frére de Tibcre , ñt creufer
ce canal 12 ans avant i’ére vulgajre, pour joindre
le Rhin a ia riviére d líTel, & la rendre navigable
jufqifá l'Océan feptentrional. Dnüus ¡f avoit en
vue que de tranfporter plus ai.cment des troupes
ou des vivres pour fon armée. M- ie Blond croit
que ce canal commcnqaK á Arnheim , paiioit i
Leyde , & de-lá tomboit dans l’Océan : mais le
fentirr.ent le plus accrédité , eít orf il alioit depuis
Arnheim iufqii’á Doésbourg , ou depuis le Rhia
jufq'Vá rííleb Lhile des Bataves étoit formée par
les deux bras du Rhin , ¡’un qu’on nomiiioit le
Vaha! qui va fe joindre á la Mcufe-, & 1 autre
qa'on a'ppeloit fimpleir.ent le Rhin; c'eít de ce
bras du Rhin que Drufus fit tirer un canaí^ddins
la lonqueiir d’environ^onze mille pas, qui railoic
la joriítion du Rhin avec la riviére de Sala , main-
renant nflél. Tacite (AnnaL n. 8.) nomme ce
canal , Fofa Drufana , ou le canal de Drufus; &
dans le cinquieme livre de fon hifroire il i'appcüe
Fium.en Ffahaiia , c'eft-á-dire, le nouveau^V ahai
H'íl. t'. 26.). Ce can-sl fubflrte encore ; il con-
uit les eaux du Rhin dans le Zuyderzée.
Leganal de Corlulon, Fofa Corbulonis,.
fut creufé Tan 47 de Tere vulgaire, pour empe-
< her les inondations que la \ io-ence de la mer
caiifoit louvent iur les borJs ae la AJeuie Se du'
Rhin. Domitius Corbuion , un des plus hábiles
s^éniraux ds i^cmpirc roiTiaui , ni pouvoat nisn.—
qiier d’cccuper fes foidats á des chofes udles :
ut miles 0t:um exueret , Inzer Mofazn Rker.umque
trium & viginii millium fpatio fofam perauxU
N n n n
CAN
Corbulo , quaiitcerta Oceaiú vetarentur. Tac. Adb.
XI. 20. Dion Caflius en parle de méme : cumque
pax ejfet , eorum opera fo^um a Rkerzo ad Mofam
perduxit longam ad millia pajjuum xxi. ne dúo
jluvii iftuante Océano rejluentes fiagnarent. L^’in-
terprete de Dion a réduit en miiies les 170 ftades
de Tauteur (/. rx. p. 686.).
Ce canal de vingt-trois miiies j chacun de 757
toifes, ou de 1741 1 toifeSj commencoit au Rhin>
prés de Leyde j & alloit en ligne courbe fe cen-
dre á la Meufe vis-á-vis de Gurfliet : Dion compre
peut-étre la longueur du canal en ligne droice >
c'eft pourquoi il ne luí donne que 170 ftades.
Pluíieurs^uteurs regardent cet ouvrage de Cor-
buion, TOmme étant le canal qui fubfifte aujour-
d'hüi entre Leyde &■ Maeíiand > mais ce canal eft
n<ouveau : les anuales de Hoilande en marquent
la date & l’auteur.
Canal du Lek. Le Lek ou Leck n'eft
pas j comme queiques-uns f ont cru Foffa Cor-
bulonis y Fouvrage de Corbulon j ce fut Claudios
Civilisj ce fameux chef des Bataves . qui^ pour
íe défendre contre les Romains l'an 70 de Tere
vulgaire , & craignant d°étre refferré par Ceriaiis y
voulut mettre le Rhin entre deux , & rompit la
digue que Drufiis avoit autrefois élevée. Civilis
diruit molem d Orujo Germánico fullim , Rhe-
numque prono álveo in Galliam ruentem , disjeñis
qua morabantur effudit ( Tac. Hift. V. I9.). Ce fut
á Tendroit ou eft aujourd'hui la petite ville de
Wyc-te-duerñéde ; par ce moyen Civilis verfa les
eaux du Rhin fur les terres de la Gaule , & s"en
ñt une barriere contre Ies Romains ; c^eft ce qui
forma le Lek qui alia fe joindre á la Meufe par
fendroit ou eft Viaardinge : fes embouchures
fe font élargies & confondues depuis , par ¡es
atteriftcmens & les inondations j & fur-tout par
les travaux d^une nation auffi induftrieufe.
Canal de Merqué. Le Lek occaíionné par
Civilis j feroit toujours reftépeu coníidérable , íi
Méroué, roi des Francs^, fecond fucceffeur de
Pharamond j n’avoit joint la Meufe á fon lit , en
creufant un canal de Dortrecht a Krimpen : ce
eanal a pris le nom de MerWe , fojfa Merovei , &
fait couler les eaux de la Meufe á Roterdam. Ou-
tre la tradition ^ & finterprétation de ce nom
foffd Merovei, qui donnelieo de croire que Mcroaé
fit ce canal , on voit encore dans la petite viíle
á’ínvliet , dans Pifie de Voom , une tour qu’on
dit avoir fait partie du palais de ce Roi ; elle eft
cxtrémement dégradée ; mais ce qui relie des
Biurs eft li folide qif on nepeiit en détacber aiicune
partie. Cette inaifon fervit de retraite á Marte de
Méd'as , comme on -íe voit par une infcription
qui eft fur la porte. Ii exifte encore pres de Dor-
írecht , un reñe de cháteau qui porte le nom de
Méruwe.
Le canal d'Othon alloit de Ganá vers la mer :
jj appantent plus aux canaux tncdernes 3 qu’aux
anciens.
CAN
Mais nous pouvons mettre au rang des canaux
anciens , Tentreprife de Charlemagne : ce prince
étant en Franconie en 783 entreprit de joindre
rOcéan avec le Pont-Euxin , ou le Rhin avec le
Danube , par le moyen de leurs affiuens pris
entre Nuremberg & Ingolftad. Le Danube re^oit
prés de Ratisbonae une riviére qui prend fa fource
du cócé de Rotenbourg , en Franconie, appelée
dans le pays rAltmuhl , dans nos Auteurs , haio-
mone , alemana , aicmonum , alomonia , alemona j
en latín , altmuna ou alemannus. D'un autre cóié ,
le Rednitz , Radence , Radentia , Rachanta ,
aprés avoir pallé Alingen & Schwabach , & prés
de Nuremberg , fe jette dans le Mein , prés de
Bamberg : le Mein rombe dans le Rhin , prés de
Mayence. Le Rednitz prend fa fource da cóté
de Weiffenbo.urg , dans Tevéché d'Aichfteie ; or
il n“y a pas íix milie toifes entre l'AItmuhi & le
Rednitz , ce qui invitoit Charlemagne á en faite
la reunión. Charlemagne y employa féré & une
partie de fautomne 783 , avec une muititude de
travailleurs ; on avoit déjá creufé une heue de
canal , lorfque Ies piuies fufpendirent le travail j
& bientot f invaíion des Sarraíins , & la reunión
des Saxons avec les Normands , obligérent FEm-
pereur áporter fes troupes dans d'autresprovinces.
On voit encore des veftiges de ce canal auprés de
Dettenheim , dans le comté de Pappenheim , trois
milie toifes au nord de cette ville , deux niilies
demi au fud-oueft de Weffeimbourg , vftle Irnpé-
riale , prés de laquelie commence le Rednitz,
& vers le village de Graben ( qui Cgniñe foífa ) ,
á 49° de latitude & 29'= de lonettude ; on y treuve
des excavations de 300 pieds de large , & ic<3
pieds de profondeur. Scaliger parle de ce canal
dans fes Opufeuies ,7. 345 : « Je m'cto.nne , dit-d ,
» que nul Empereur de Germanie n'’ait^vou:u de
» nouveaii reprendre les erres de Charlemagne 3
M y ayant íi peu d’intervalle entre les deux rí^
>- vieres. =3
Canal dLAngleterPvE. L’Angleterre ce
royanme devenu par la fuite íi célebre, n eft gneres
eonnu de l'Kiftoire avant l’époque de L conquere
des Romains : on pouvoit regarder alorscoinfpe un
bonheur pour des peuples barbares , d avotr e.e
fubjiígués par des maitres raifonnables , ciu
voient tempérer les rigueiirs de l'efclava^^ , ^
réparer par leurs bienfaits les défaftres caufes
leurs armes : tous les pays qui furent fous
dominarion , & en particulier rAnyíetsrre , cci^
fervent des marques de leur grandeur &
añivité. Le peuple des eampagnes en confiae.a
Ies reñes de cette magnincence , les nom.me
des oitvrages de géans ( Cambden, ^
Cétok des niuraiíles énermes dont la ion
répondoit á leur hauteur & a ’eur étenuue 7^
marais deíTéchés, des forts é'eves , des
publiques , conftruites á granas frais , Szc.^
régne feul de Trnían nous offre iin exemp ^ ^
CCS grandes entreprifés des Sosaamí dans
CAN
Grande-Bretagne : Trajanus refich , dit
Gallen ; suiátm earum ku.mid& ec lutcfs, erant
partes lapidibus flernens , aut ediús egefiíonibas
exaltans y qus. fenticofe, & afpen erant tas expur-
gara , ac fiamiua qu& tranfiri non poterant pontibus
jungens j ubi longior quam opus via ■videbatur aliam
breviorem. exciruLens : Jlcubi vero propter arduum
coliem áifficiiis eral , per mitiora loca dejlecíens :
jam Jí objfejfa feris , -vel defería, ab illa transferens
ac per habitata ducens , ticm afpera complanans.
Galen, I. IX j C. 8-
II n'y a pas d’auteurs anciens qui faíTent menriou
de canaux artificiéis dans ce pays; mais M. Gau-
thier en indique un aíTez confidérable. On trouve ,
dit-il ( Confiruction des chemins , p. IO9. ) , dans
TAngleterre un canal fait par les Romains , lequel
étoit autreíbis navigable j & qui s^étendoic depuis
ia riviére de Kyne , un peu au-deífous de Péter-
boroiig, mille toifes au nord de Londres j
jufqu'á la riviére de Witham , trois milles au-
deflous de Lincoln ^ c'eft-á- dire , du midi au
nord le long du golfe de Boftonj síTez prés de
la riviére du Trent , par laquelle on peut aller
dans i'Hutnber^ & de-lá a Yorck. La plus grande
pariie de ce canal , que les habitaos nommcnt
Car-Dike , eíl á préfent comblée. II avoit plus de
quarante milles de longueur. Par ce qui refte
encore de ce canal , on juge qu il étoit fort large
& fort profond. II y en a qui croyent que c’efl;
un ouvrage des Danois ; d’autres ^ qu i! fut fáit du
temps de Tempereur Dominen ^ á caufe des mé-
dailíes & des urnes que Pon a trouvées fur les
bords de ce canal. Stukeley ( Hifiory of Caraafius.')
parle de ce canal que M. Oberlin appelle Fofa
Carauíii a Peterborough ad Eboracum. Cambden ,
dans ía defcription de la province de Lincoln ,
parle feulement d’un canal qu’Henri premier avoit
£út tirer de la riviére de Witham , á celle du
Trent , dans l’efpace de fept milles. Ce canaf,
felón cet auteur , fe nomme FolTe-Dike , & il
eíl marqué fur fa carte ; mais on ne voit^ pas fi
c'eíl rancien canal des Romains , corr.blé par le
laps de tems, que Ton auroit fait ouvrir de nou-
veau.
C ANCE LL ARIUS. Ce mot ne fe trouve
point ¿ans les auteurs latins avant Vopifcus. Par-
lant de Carin , cet hiñonen dit qu’il fit une chofe
feonteufe en choififfant un préfet de Rome dps le
nombre de fes ofEciers appelés CancellariE ( in
Caria, c. 16.). prsfectum Ürbi anumex cancellariis
fuis fecit : qud fcedius nec cogitari potuit aliquando
"nec "di A. L'étonnement que ce choix produit íur
Vopifcus , annnnce combien peu étoient conli-
dérees les fonclions des cancellarii. On croit que
c’étoient de fimples portiers , ou huiíSers de la
chambre des grands, qui fe tenoient en dehors
des f deaux & des b.duftres ( cancelli ) qui fer-
moient les appartemens de leurs maitres. Leurs
fonclions acauirent cenendant de la confidération
fous CaSiodore, & ils devinrent les confeillets
CAN ^51
du prínce ( Cafflod. Var. xi, 6. ) : Lucidas fores
tenebat 6? claufira patencia, .. . judicutn jufionibus
obfecundabat.
CANCELLI , grilles ou jalouíies faites avec
des morceaux,de bois légers 8c croifés. Les an-
ciens en mettoient á leurs fenétres & aux portes ,
afin de donner de la fraícheur aux appartemens,
fans en laiíTer cependant les croifées libres. Les
portiers qui veilloient chez les grands a ces portes
grillées , en prirent le nom de cancellarii.
Dans le moyen age , cancelli déíignoit le con-
fiñoire de Charlemagne , c'eíl-á-dire , Lendroit
entonté de grilles dans lequel il tenoit confeil
fur Ies affaires de fon empire. Cancelli fut encore
le nom descabinets grillés, que nous appellerions
aujourd’hui greffes , dans lefquels les notaires ou
greffiers expédioient les aéles aux parties.
Le podzum des amphithéátres étoit entouré de
íilets trés-forts , de cylmdres de bois mobiles
fur leur axe , ou de grilles, cancelli , Atíi'.nés a
reteñir les béres qui auroient voulu s élancer^fur
ces places d'honneur. Liles avoient befoin d erre
ainli garinties á caufe de leur peu d élévatioa
au-deffus de 1’ arene. Ovide parle de ces grilles
du podium (í/l. Amor. eleg. 2. v. éj.) :
Si pendent tibí crura : potes , fi forte juvabic ,
Cancellis primos inferuiffe pedes.
On appeloit encore cancelli , les limites ou les
bornes des champs ; peut-étre parce qu ellcs
étoient formées par des paliíTades taires comme
des grilles, cancelli. De-lá vint chez Ies arpen-
teurs le mot cancellatio , qui defignoit 1 aélio-a
de fixer les limites ou les divifions d’un pays. Le
refpeél que les anciens avoient pour le_ dieu Tenue
& pour les bornes des champs qui luí étoieiK
confacrées , faifoit une partie de leur rehgi^.
Ils rendoiení un cuite á ces bornes , cancellis ,
& Ies arrofoient á certaines époques avec des
libations facrées. Les capitulaires de nos premiers
rois Se les canons des conciies défendirent fou-
vent ce cuite fuperftirieux rendu aux bornes 3c
aux limites des champs.
CANCER. Voyet^ Lerne.
CANDALES. Voye-p^ Héliai>es.
CANDARENA , ou Candrena , furnom de
Junon , tiré de ia ville de Candara , en Paphla-
gonie, oü elle étoit honorée d’un cuite parti-
culier.
CANDELABRES. Les candelahres des
anciens fervoient á porter Ies lampes que fon
placoit au-deffus. Ils ecoient faits comme les gué-
ridons modernes. Quoique les auteurs de traites
d’aariculture parlent de chandelles , ou bougies ,
candela , & quoicue , felón Varron , candelabram
en foit dérh'é , il eft certain aue de plus de cent
candelahres trouvés A Herculanum , aucun a'a
N n n n ij
'é<^i CAN
íérvi a porter des chandeües ou bougies , 8c ne
montre de trou pour les recevoir.
lis ne portotent point , comme les notres , a
leur extrémité fiipf'rieurej ce que nous appelons
its hobíckes , c^eíl-á-dire j des bouts de tuyau,
" deíbnes a recevoir des bougies, & á contenir les
cylindres de matiére inñammable dans une di-
re^íon droíce Se ferme. Les candeluhres Te ter-
m’.noient par un plateau , qui fervoir á fourenir
les lampes , & á les fupporter á une hauteur con-
Tenable á I’ced de cela: qui s’en faiibitéc!airerv_ils
etcient travaiÜés avec a'utant de foin que les
lampes mémes : la tige du chande'ier chargée
de mou'ures , éteit pofée fur un pied foutenu or-
dinairenient par trois paites de lion. Ce pied ,
amíí que ¡e deíTus , c'eíl-á-dire, le platean fupé-
neur des canadahres de Portici font formes au
tour, & de iolis oves font fculptés fur les bords,
ainíl que des fenülages fur les autres farfaces.
Le pied du plus grand candelabre de bronze
d’Hercuianutn a un palme & un pouce de dia-
métre , mefure romaine , huir pouces de France.
I! eít haut de fepr palmes & dem’ pres de quatre
pieds & demi & dans toute la ville de Rome on
n'en peat voir an feul de bronze- L'infpedlion de
ces canddahres donne rintelligence d^un paílage
de Vitruve , oi¡ cet aateur condamne le mauvais
gout de fon fiecle ^ qui avoit introduit dans les
compoíitions , des eoíonnes trop greles hors de
proportion , & femblables á la tige d'un cande-
labre.
Le fút d’un autre de ces candelabres eft carré ;
& fur le bout d’en haut, qui porte iromédiate-
ment le platcau deíHné á recevoir la lampe , font
repréfentées les tetes de Mercare & de Perfée ,
accollées ( capita jngata ) , toutes deux coéífées -
de lear chapeau ailé. Perfée tiene l’épée qui Jui
eñ ordinaire '^karpe') , avec un crochet pared á
ceux de quelque's lampes antigües , qui fervoient
á arranger le lumignon ( Banal. Lac. p. ir. tab.
ló?.). Peut-étre ce crochet eñ-ii ici la caufe ou
le fondement de la figure aüégorioue de Perfée^
Le pére Hardouín auroit été mieux en état d’ex-
pliquer Phne , s'il avoit vou’u jeter les veux fur
un pared candelabre , quand méme ce r/eúc été
qu’en sravure , foit dans la ChauíTe , foit adleurs.
Car , lorfque cet écrivain dit que les arriíles de
Pifie d’ Egine ornoienr á’un travail exquis , fuper-
fichm candílahrorum , c’eíl-a-dire , le plateau du
candelabre , qii’on avoit courume de charger d'ou-
vrages de fculptiire, de méme que ceux de Tá-
rente ornoient de- moalures le fut de ces cande-
labres ( Scapos ) j le commentateur ( Plin. ííb.
XXX rv. c. 6.) expü-oue Pline , en difant ou’d a
Touíu parler de luítres av'ec des oras en forme de
rameaux , reís que ceux dont on fe fert aajour-
d’hui.
On conferve a Rome plufieurs canddahres de
ffiarbre j dont les pieds ou bafes triangulaíres ont
CAN
été confondus quelquefois avec des auteis de
meme forme. 11 y a cependant des caraáéres
qui fervent á les diftinguer ;es uns des aut:es j car
les auteis font creufés ordinairement á leur fi¡r-
face , ou au plateau fupéneur , pour recevoir Ies
charbons, lesparfums, les matiéres combuftibies
8c de plus ces cavités font quelquefois percées á
leur fond d’un canal qui fervoir á faite écoulerles
libations par une des' faces de l’auteh On voit
d-eiix de ces candelabres de marbre á l’éeüfe de
Sainte-Conftance hors de Rome , & trois autres
a ce'le de Sainte-Agnés qui eíl auprés- lis ont
huir palmes de hauteur ^ quatre pieds huit pouces
. fran-cois, &: leur travail eft digne, felón 'Vv inkel-
mann , des meilleurs artilles du liecle de Trajan
& d’Hadrien. bur les bafes des cahadabres de
Sainte-Agnés, fortent d’un fond de feuillages
agréablement travaillés , des amours qui fe cei-
gnent des bandelettes. Ii y en avoit encore autre-
fois deux trés-précieux au palais Barberini , fur
lefqueis étoit fcuiptée en reiief une belle Venus
drapée.
I! y avoit auíTi des canddahres de bois , 8c
c’eft á un de ceux-lá que fait alluíion le dillique
fuivant :
EJfe vides llgniim , fervas nijl lamina , ^et
De candelabro magna lucerna tibí.
CAI'iDÍDATS. íes candldats ou af¡.irans aux
chatres de la Répuplique Romaine , étoient ainli
nommés , de la toge blanche qu’üs étoient obligés
de porter pendant les deux années qu’ils poítu-
loient- Cette toge , dit Plutarque , devoit erre leur
feul vétement , afin qa’on ne les foup^onnát pas
d’avoir de l’areenr caché dans leur tunioue pour
acheter Ies fuffrages, & afín qu’ils puífent plus
aifément faire voir au peupie les cicatrices aes
plaies qu’üs avoient reques pour la défenfe de
la République.
La premiére année , i!s demandoient au ma-
giftrat !a permiffion de haranguer le peupie, ou
de le faire haranguer par quelqu’un de leurs amis.
lis déclaroient á la fin de ces harangues qu üs
defiroicnt obtenir relie charge , fous ion bon
plaiíir, le príant d’avoir égard au ménre de leurs
ancérres, & á leurs fers’ices perfonnels. Cela s ap-
peloítj profiteri nomen fuam apud p-opulum ; 8C
cette année , annus profeífionis , étoit toute em-
ployée á fe faire des amis parmi les grands &
parmi le peupie- Au commencement de la ieconde
année , les candldats fe préfentoient au magÜlrat
avec la recommandation du peupie , confue_ e-u
ces termes : rationem illias kabe ; & íls Is prioient
d’écn’re leurs noms fur la lifte des préteadans :
ce qui s’appeioit edere nomen apud prstorem
aut confalem , ou profiteri apud magljtratum.
Le magillrat ayant vu la requéte da^cnndldntj
avec la recommandation du peupie , aílembioit le
CAN
eonfeil ordinaire des fénateurs ^ qui examinolt Ies
raifons quavo;c le car.dlcLat de demander teüe
charge, & s ¡ntormoit de fes moeurs. Apres tet
examen j le magilírat lui permettoit fa pourfuke
en ces cernies : rationcm , renuntic-so 5 ou
S li ie rejetoic , il repondcit j ratlonem non hüheho ,
non renuntiabo. Les tríDüns sVíppofoient quelqiie-
fois á cette permiínon que donnoit le magiílrat
de pourfuivre la brigue ^ iorfque ce'ui-ci ne pa-
roiílbit pas aíTez inírrui: des défauts oa des rai-
fonsd exciuíion du poíduiant. Le rems de 1 éledtion
ctant enán arrivé , le mag Idrat indiquoit
blee par trojs jours de marché confécatifs /afta
que les habitans de la campagne:, des vdles mu-
nicipales & des coioaies qui av^ieat droit de
fuíFrage j puífent veidr á la vil:e. Les canai-
dats vétus de blanCj fe rendoient de grand matia
le jour de fé ection , aíiiftés de ieurs amis , au
mont Quirinal , ou fur la CoIIine-des-Jarcins ,
qui avoit vue fur le champ de Mars , pour erre
plus facilsmeac appenjus par le peuple. Le préíl-
dent de faíTemQlire . apres avoir prodamé le nom
des prétendans, & expofé les mocifs des uns &
des aurres , appeloit les tribus aux fuíFrages ^ &
ceiui qui en avoit le plus , étoit declaré ma-
giftrat. Le nouveau magiílrat remercioit Tafíem-
blee íur le cíiamp , & montoit au Capitole j pour
y faire fa priére aux dieux.
Cetordre fut changéenpartie foiislesempereiirs.
Céfar ne lailTa au peuple que le droit de nommer Ies
niagillrats inférieurs , & fe referva celui de nommer
au confalat : e.nco’ct géna-t-i! beauccup le peuple,
dans féleñiondes chargesqu’ilíui avoit accordée.
Tibére , fuccelTeur dLAuguíle , ota le droit d'é-
leclion au peuple pour le donner au fénat. Nerón
le rendir au peuple : le fénat alors s en déñfta pour
toujourSj & fe contenta de proclamer dans le
champ de Mars ceux que le peuple avoit élus,
pour conferver par li quelque cho.c de rancicone
forme des ékétions. J^oyei au mot BaiGUE les
autres particularités.
On a appelé auíTi du tems de Tempereur Gor-
dien, & long-tems apres, candidati , les foldats
de la garde de l'empereur qui étoient choiiis de
toutes les légions , & qui étoient fort coníid'érés
á la cour. S. Auguñin , Aufone & Chudien , en
parlent. Dans la vie de S. Hilarión , ck. ly ^ il
eft faitmention á'uncandzdat de Ikmpereur Conf-
tance. Ammien , /. xxr , & Viclor de Tunnes,
dans fa Chrorüqíu , font auffi mention des can-
diaats. Voyez encore les falles de Sicile , Cedrc-
nus , Rofweid. Onom. Cedrenus dit oue ce fut
Gordien le jeune qui les inítitua, auíii-bien que
les Protecieizrs & Ies Señalares : c’étoient ceux
qui étoient les plus vigoureux , &: qui avoienr
Tair le plus martial & le plus propre á infpirer
de la terreur , dit la Chronique d’Alexandrie.
Les ProteBears étoient un ordre mitoven j c’é-
toient proprement Ies gardes du corps,^
CAN ^53
On lit á S. Pierre-aux-iiens de Rotne, I’épitaphe
d“un de ces ¡oldats :
KIC POSITUS. EST. ANTIOCHOS
CANDIDATUS. PRIJÍICER.
^ Les canaidats du prince , candidati principis ,
étoient ceux que les empereurs recommandoienc
au peuple pour les élecíions. Augufte les pré-
fentoi^ a chaqué tribu , & fo'licitoit pour eux
le? fuffrages des citoyens {Suct. Aug. 56. n. 3.) ;
(¿aoties mugifiratdum corr.itíis. interejfec , tripas
cum can-idatis fuis ctrcumiéat fuppLlcabatqae more
fallenni. Les candiáats ainli proteges fe tenoient
aíTurés de la réuífite 5 leur contenance & leur
feinte modeítíe i'annonqoient áilez. Un bon mot
rapporté par Quintiiien ( r-/. 3. ) , y fait allulion.
L. Galba voyant un joueur de paume qui de-
mandoit une baile avec un air de négligence re-
marquable , luí dit ; vous la demandez comme
un cuTLaiaat de Céiar l L, Galhei ptlam rtegligerítcr
peteníi ; fie , inquit , petis ^ tamqttam Cafaris can-
diaatus.
On appeloit encore candldats du prince , ceux
de fes favoris qu’il chargeoit de lire au fénat fes
lettres qu fes décrets. C’étoient ordinairemenc
ceux qu’il déíignoit tacitement par cette coníiance
pour les charges & les dignités.
Du tems de Cafliodore ( Var. i. 4..), les trí-
buns qui formoient le eonfeil du prince , por-
toient le nom de candidati. lis étoient auífi ap-
peles Egregii : Pater candidati fuá P'alerairiiano
principe gejjlt tribitni , & notarii laudabiliter digni-
tatem , honor qui tune dabatur Egregiis : dum ad
impértale fecretum tales confiee eligí , In quibus
reprekenfionis vitium nequeat inveniri.
CANDIDUS color. Voyez Blanc.
CANDYA,\ . , ' „
Qjl]yT)YS j de i haoiilement des Per-
fes , dont Xénophon , Lucien , Se d’autres écri-
vains ont fait fouvent mention. Quelques pililo-
logues modernes ont cru que c’étoit un ornement
de la fare , parce que les anciens en parlent
toujours en méme-rems que de cette coérfure.
Mais Hefvchius compare la candys avec la chla-
myde des foldats: kííjoNí^/zÍv Ttifmr.-.ídj í’,íx.T.-^'f-pi-¡ra.t
el ícmri'isTiíi. De méme que la chiamyde ou ie pa-
ludament , la candys fe mettoit par-deiTus la
tunique comme Denys d’HalycarnaíTe nous
Tapprend , en difant que Tigrane voulant toucher
Pompée , parut devant lui dépouiilc des marques
de la royante ; il avoit quitté fia tunique planche
en partie & Ca c.ntDTs pou-pre. Au reíler, Lucien
nous foarnit le moyen de connoitre ia candys Se
la tiare des Perfes , cuand il aíTure que ce font
les habillemens de Mithras. On voit ce dieu fur
toiis les monumens avec un manteau léger jeté
fur les cpaiiies , ouvert par-devant , lié par une
fcijie agra&e, tel eníñi que h manteau des Ratuss
1^54 CAN
greccues héroiques, & tel que la chlamyde ou le
paludarr.ent des ilumaias. i-e metne ecrivaiii dk
cae les Aífyriens poitoient auíli la cundys , de
méme que les Parthes , felón Synelins ( Orat.
ae P-egno.)
GANENTE, filie de Janus & de Vénilia ,
époufa Picus , fils de Saturne , & roi dTtalie.
Elle prit fon nom , dit Ovide , de la beauté de
fa voix. Canente ayant perdu fon epoux qu elle
aimoir tendrement , en concut tant de chagrín ,
qu aprés avoir pallé fix jours fans manger & fans
dormir , courant an milieu des bois & des mon-
tagnes , elle fe concha accablée de laffitude fur
les bords du Tibre , ou fa douleur la confuma ;
fon corps difparut peu-á-pen , & s'évapora dans
les airs ; il ne reña d'elle que la yoix , & fon
nom fur donné au lieu oü elle avoit ceflé d erre.
Elle fur mife , avec fon mari , au nombre des
dieux indigétes de ITtalie.
CANÉPKORE , jeune filie qui portoit dans
les facrifices une corbeille ou étoit renfermé
tout ce qui fervoit aux facrifices. Les corbeilles
étoient ordinairement couronnées de fleurs’ , ou
de myrthc , 5íc. Cela s’obfervoit fur-rout dans
le's facrifices de Cérés. Un des beaux ouvrages
du fculpreur Scopas , éroit une canéphore^ ( Plin.
l. xxxr. c. 5. ). Dans ces fortes de cérémonies
la canépkore marchoit la premiére , le phallo-
phore enfuite , & le choeur de mufique les fui-
voit. Les canépkores étoient toujours des filies
d’une naiffance diñinguée , comme l’a obfervé
Bifet fur Ariñophane ( Lyfift. ). Aprés chaqué ca-
népkore marchoit ordinairement une femme def-
tinée a la fervir, qui portoit un parafol & un
fiége. C'eñ Ariñophane & fon Scholiafte qui
Dous Papprennent Avib. v. ijjo. ). Le mot
canépkore eít compofé de x,áv>¡; , corbeille ^ & de
je porte.
CANÉPHORIES, offrande d’une corbeille. Ce
n étoit point une féte , mais une cérémonie qui
faifoit partie de la féte que les jcunes filies célé-
broient la veille de leurs noces. Cette féte s’ap-
peioit Protélies , -a iCTíXiia ; les cérémonie-s de
cette féte étoient tres-variées , comme on le dirá
au mot Protélies. Les canépkories dont nous
parlons ici ne fe pratiquoient qu á Athénes ; en
voici le détail: la jeune filie, conduite par fon
pére & par fa mere , alloit á la cita-áelle oü étoit
le temple deMinerve , & luí portoit une corbeille
pieine’ de préfens , pour Tengager á rendre fon
mariage heureux ; ou plutót , comme difent les
Scholiaftes de Théoctite fur Vliyle ti , & Luta-
tius fur le 11“ Li'vre ds la Théhdide de Stace ,
c’étoit a la fois une efpéce d’amende -honorable
qu’elle alloit faire á la déeffe proteftrice de la
virginité , dont elle abandonnoit le fervice , &
une cérémonie pour l’appaifer , p>our détourner
fa colera , de crainte qu'el.le ne donnat fa malé-
diction aUrX noaveaux épous. íiíurfius a recueifii
C A N
une partie de ce qui regarde les canépkories ,
dans fon vs Livre des Féries des Grecs, au mot
rtPOTEAEiA. On peut confuirer encore fur les
canépkores Sc les canépkories , Ariñophane ( dans
les Oifcaux , V. ijpo; dans les 'Ex-ka- Tiílurai ,
V. 7175 dans Lyfjirate , V. 647.') , fon Scho-
liafte, & les Notes de Bifet fur ces endroits.
C-4NICULE , étoile de la tete du chien , qui
fe léve dans le tems des grandes chaleuts. Les
Romains étoient fi períuadés de la maiignite de
fes influences , que pour Tappaifer , ils lai facti-
fioid^t toes les ans un chíen roux ; ils ne pre-
féroient un chien a toute autre vidiime , qu a
caufe de la conformité des noms. Ce facnfice
s^appeloit Canarium. La canicule eft , dit-on, le
chien que Júpiter donna a Europe pour la gar-
der, dont Minos fit préfentá Procris, & ce!!e-cí
á Céphale ; c’eft encore la chienne d'Erigone.
Koye^ SOTHIS.
CANWIA, famille romaine dont Goluias
feul a publié des médailles.
CANINIÁ , famille romaine dont on a des mé-
dailles :
RRR. en argent.
RRR. en bronze.
O. en or.
Les furnoms de cette famille font ; Gallos
Rssilus.
Goltzius en a publié quelques médailles incon-
nues depuis iui.
oíTelets. Les coups ordinaires de ce jeu sappe-
loient Venus ou Bafilicus . Cous ou Senio j c e-
toieni Ies coups favorables. Le troifiéme etofC
Canis, on Canicula , OU Chius , & i! faifoit perdre
ceiui qui l’amenoit. De-lá vinrent les ep>“etes
fácheufes que lui donnérent les Latins. l^iaute
le compare á un vautour qui emporte la »
il l’appelle vultunus {Cure, iil. 3* 7^*^'
defignoir ordinairement par le mot damnojus,
Perfe {Sat. ni. 49. ) :
. . , . . Damnofa canicula quantát»
Raderet.
Properce inr. 9. 18.):
Semper damnofi fubfluere canes. ,
CANNE a écrire. Voyei Calamus.
C-ANNE á Sucre- Voyeq_ Sucre.
CAN03ÜS. Voyei Canope.
CANOG. . . . pÓLY. ... roi inconnu.
Ses médailles , avec basiaeyS RANO
nOAT . . . DONNOIA font :
RRRR. en argent.
O. en or.
O. en bronre.
C A N
CA?C0N pafcal j table des fétes mobileS;, oú
Ton marquoit pour une ou pludeurs années le
jour auquei tomboit la féte de Faque , & les
aperes feces qui dependent de ce jour. Le con-
cüe de Xicée ayant rixé la Pique au dimanche qui
luivroic immédiatement la pleine lune la plus
proche de réquinoxe du princems , ce conciie
ordonna qu’aán de crouver plus airément le pre-
mier jour de la lañe, & en.raire le qaatorzieme ,
on le ferviroit de rennéadecaétéride oii cycle
de_ 19 ansj parce qu aprés cette période Ies nou-
veiies lunes reviennenr a-peu-prés aux memes
points de Tannee folaire. L oycij- ce cycle dans
notre Table Chronologique.
CANON, Ce mot dans l’origine voaloit dire
regltj on s'en fervic depuis pour-exprimer chaqué
impót ^ ou caxe j en particu’ier.
Canon frumentarias , écoit la quanticé de bled
& de grains que devoient fournir á Rome l’E-
gypte j I’Afrique & la Sicile.
Canon largitionum , étoit la fomme des tributs
que verfoienc dhférentes proyinces. dans ia caiíTe
des largeíTes de lempereur.
Canon metallicus. On appeloit de ce nom la
quancité de metal que les mines devoient fournir
aux empereurs.
Canon navicularius , ou navarekieus , impót
que payoient certains champs pour I’entretien
des flottes de Fempire.
Canon vefiium , argent donné aux miiitaires
pour leur habillement. On ne fourniíToit les
habillemens en nature quaux nouveaux foldacs^
tyronibus.
CANONICARII. Juñinien {Autkent. 128.)
déíigne par ce mot Ies coliedeurs des tributs j
tributorum exañores,
CAXONXIEREj ouverture pratiquée dans les
murs d’une ville ou d’un fort , par le moyen
de laquelle on tire fur Tennemi , fans s’expofer
a fon feu. On en voic fur les monumens anti-
Ques ^ ou elles fervoient fans dome a lancer des
fleches & des pierres.
CANOPE. Les Orees youlant donner a tous
les arts , á tomes les fciences , Se méme aux
dogmes théologiques des autres narions , des ori-
gines grecques , r/oubliérent pas la ville de Ca-
nope ^ fa divinicé. lis racontoienc que Ménélas
revenant de Troye , avoit reláché en Égypte pres
d'une des embouchures du Xil pour radouber fes
vai.íeaux fracaflés 5 & que pendant cette reláche,
Canobus, fon premier pilote ^ avoit été piqué
par une vipére. lis ajoutoie.nc que Canobus avoit
fuccombé á la forcé du poiíbn , ge que la ville
de Canope , bátie auprés de fon tombeau , en
avoit pris le nom. Cette fable nhvoit aucun fon-
d^ment. Herodote ( hv. il. ) dit á la venté que
Ménélas avoit %té en Égypte ; que Protée ^ roí
de cette co.ntrée ^ lui avoit renda ííélene j mais
CAN (Í55
que Ménélas -rfavoit cérncigné aucune reconneif-
fance pour ce bienfait , & qu'il s'étoit au con-
traire tres-mal conduit vis-a-vis des Egyptiens.
C eñ la tout ce cu’ Heredóte avoit appris en
Egypte; & il ne parle fculemenr pas de Canobus
ni de fa more.
A Fappai de cette preuve négative ^ Ariñide
( in jEgypíio ^ fol, 96. Edit. grsc, FLorent, ) en
fournir une pofidve. « J^’appris, dit-il , étanc á
53 Canope , d^un prétre qui r occupoic un rang
= diñingué ^ que cette ville porcoit le nom de
33 Canope plulíeurs íiécles avant que Ménélas y
33 eur abordé. 11 ne prononcoic cependant pas ce
3= nom de maniere á ce que je puife Fécrire avec
” les lettres grecques ¡ parce quhl étoit d'origine
33 égyptienne. Mais il aíTuroit qu°on pouvoir le
33 traduire en grec par ces deux mots , terre-
33 d‘or, 33 Ariílide ajoute un peu plus loin: « H
>3 eft vraifemblable que les Egyptiens connoiffent
>3 mieux leurs origines qu'Homere & Hécarée. 33
C’eíl; en eífet la lignification du mot cophrit.ue ,
qui eft rendu ordinairement par celui de Canope,
Quoique cette fable grecque fut invraifembla-
ble j elle a cependant été répétée au quatriéme
íiéclepar S. Epiphane (/«.Anco rano. Opp. to, ti,
p, IC9. edit, Petavii.) , qui a fait de Canope 'dn
dieu particulier des Egyptiens. RuíHn a ajouté
le récit de Févénement auquei Canope devoit fa
divinicé. Voici ce conte ridicula répeté £ fouveot
depuis Ruffin ( Hifi. Ecckf, il, c, z6. ). Les Chal-
déens , difoit-on , qui adoroient le feu ^ ayant
porté leur dieu dans píufieurs contrées , pour
éprouver fa puiffance fur Ies autres divinices ce
dieu remporta la viétoire fur tous ceux de bronze ,
d'or , d'argent, de bois ^ ou de quelqu'autre ma-
tiére quhls fuíTenc fabriques. II Ies réduilit en
poudre , 8c fon cuite s’étabik prefque par-tout ,
hors en Egypte , ou les prétres de Canope trou-
vérent le moyen de donner á leur dieu la fupé-
riorité fur celui des Chaldéens. On repréfentoit
Canope fous la forme de ces vafes percés
d’une infinité de trous imperceptibles , dans ief-
quels on faifoit purifier Feau du Xil ; & de la
furface de ce vafe , forto.it une tete d’homme
ou de femme. Les Chaldéens étant arrivés en
Egypte 5 allumérent du feu auprés de ce vafe ^
dans Feípoir que le feu diíliperoit aifément toute
Feau qu’il contenoit ; mais un prétre de Canerpe
avoit eu l’adreíTe de boacher ^ avec de la cire ,
les petits trous du vafe ; de maniere que Fardeur
du feu ayant fait fondre la cire Feau s’écouía
de tout coré ^ & en éteignant le feu , elle fit
triompher le dka des eaux fur le dieu du feu.
Jablonski fait obferver avec fagacité fur ce
récit 3 que Suidas Fa répété prefque dans les
memes termes que Ruffin , & qu’íl eft par con-
féquent trés-vraifemblable qu’íls Font tiré tous
Ies deux de queljae écrivain chrétien dont Fou-
vrage eft perdu. II remarque d’ailleurs que Ies
Chaldée-ns n'adoroient pas le feu {Hyfus ¿e
CAN
rePí^. veter, Perf. c^r. y. p- IjO»)? & <^2 phis,
que" les Egvptiens ne rexcluoienr pas da nombre
des erres áuxquels ils rendoient un cuite.
Ce font j comme i'on voit , des tcrivains chré-
tiens qui ont fait de Canope un dieu des Egyp-
tsens. Áucun écrivain payen n’en a parlé de méme.
On ne peiit obieCter qu'un fe\!l paíTage de Denys
Périégéres , cui , étant bien interpreté, ne forme
aucune áiíHcuké. Ce géographe appeüe la viiie
de Canope , ie temple célebre de Canobus ¿ A-
myclée.
Kx)
' Aeivx.>,a'st> xava^ss,
Mais cette maniere de déíigner la ville de Canope
n'eíl pas particuliére a Denys , & elle ne prouve
pas qu’un dieu parriculier appelé Canope eut un
temple dans cette viiie- On voit en efifet Homére
( itiad. B. V. óqf. J appeler tóate la ville de Pyr-
rhafus ¿e temple de Céres , parce que les campa-
gnes de Pyrrhafus étoient trés-fertiles en bled.
Cefe dans le méme fens pue Pindare ( Pytk. od. r v.)
appelle !a Lybie & l’Égypte entiére , le temple
fenilt dii NU. Par une métamorphofe femblable ,
Denys Périégétes mira appelé la ville de Canope,
que l’on croyoit avoir pris fon nom dii manfolée
de Canohus , le temple da pilote <i‘ Amyclée.
Le pretenda temple de Car.opus n’eít done plus
que fon maufolée , & cependant i! eíl; fouvent
parlé de dieux Canopiens , c’eft-á-dire , adorés á
Canope : quellés étoient ces divinités ? Paufanias
(^Pnoezc. cap. xirr.) rapporte un óracle d’ Apol-
len Delphien, qui diftingue THercule de Tyrinthe ,
de l’Herciile Canopien: Strabon parle de ce temple
d’Hercuie, & d’an autre de la méme ville confa-
cré_ á Sérapis. L’ríercule de Canope eíl peu connu
dans I’antiqiiké ; mais le Sérapis de Canope étoit
trés-renommé , & il le cédoit á peine au Sé-
rapis d'AlexandrIe , que la munificence des Ptolé-
mées avoit enriebi. Ce cuite s’étendit hors de
i’Esynte , & Paufanias vit dans la citadede de
Corinthe , un temple confacré au Sérapis de
Canope. Les édifices dépendans du temple de
Sérapis Canopien , fervirent pendant quarante ans
de demeure au célebre Ptolomée 5 il y cultiva
raítronomie avec le plus grand fuccés, & il grava
fes obfervations Si fes decouvertes fur les co-
lonnes de ce temple. II fe forma aiiíTi prés de ce
lien f.icrá une écoie de philofophas Fythagoréo^
Platoniciens , qui tenoient fecrétes leur doctrine
& leurs obfervations. Ce furent ces monumens
favans cui , joints aux pierres chargées d’anciens
hiérogiyphes confervées au méme lien , firent
dire á Buffin (loco chito') que le temple de
Canope étoit la plus celebre écoie de magie de
l’umvers entier. La ruine totale ae ce bel edifice
fut la fuire de cette rid-icule opinioa des premiers
ciiréiiens ; :<r Théoáofe le ñt abatrre en méme-
tems que les temples d’.4!axandrie.
Es forme finguliére fous laquelie on adoroit
CAN
Sérapis a Canope , nous fera connoítre la natnre
& Ies attributs particuliers de ce Sérapis , cui
étoit difterent du Sér.spis , ou Pluton , apporté
par les Grecs á Alexandrte. Nous avons vu plus
haur que c’étoit un bocal , ou vafe á large ven-
tre , fait d’une terre extrém.ement poreufe , qui
fervoit á íütrer l’eau du Nil, afin de la rendre
claire & potable. Les habitans de Canope trou-
voient cette etpéc? d’argtie oans leur voiíinage ,
& ib faifoient dans toute l’Egypte un grand com-
merce de ces vafes á filtre r. De-lá vint fans doute
le nom de terre-d‘or , ou terre que 1 on ecnan-
geoit contra l’or. Les médailles de Canope frap-
pées en i honneur d’Hadrien , preíentent un de
ces vafes furraontés d’un ferpent , qm etoit fans
doute le bon gente , iyAh A«!íí«?. Ce nom de
bon génie avoit tté donne au bras au Nil qui
ferpentoit aiipres de Canope. On peut en con-
ciure que la grande divinité des Canopiens avoit
été d’abord ie bon génie du Nii , & qu'ii éroit
repréfenté par les vafes a filrrer ; mais ce dieu
du Nil coulánt dans le bras Canopique , fut trans-
formé du tem.s des Grecs en Sémpis ; car c’eíl luí
que les éctivains de cette nation deugnent par
excellence fous le nom de dieu Canopien. Ainu
l’on adoroit a Alexandrie le Sérapis- Pluton j &
non loin de cette ville , a Canope , on rendoit
un cuite á Sérapis ■ du Nil. C eft I opinton du
favant Jablonski que nous venons d’expofer.
On conferve dans les coliséhons ü antiques plu-
íieurs vafes Egyptiens, que Ton appelle indtftinñe-
TAtut Canopes. Nous croyons cependant que cet,£
dénom.inarion eft trop genérale , & qu il faudroic
diñinguer les vafes qui ont fervi a renfermer des
ardmaux facrés aprés leur embaum.ement , des vafes
qui repréfentoient véritablement le Sérapis du Nil. ^
Si on craint de trop reftreindre le nombre oes
premiers , en n’y comprenant que ceux dont le
couvercie repréfenteroit une tete d animal , on
pourroit au - moins n’ appeler canopes que ceux de
ces vafes feuls qui feroient ornes de fculpture.
Le comte de Caylus a publié ( Pee. d Anziq. i ,
page I. ) un de ces prétendus canopes , & il en a
accompagné ledeffin de fagesréílexioHS. , <
Ce prétendu canope eft un vafe de pierre, deitine
a renfermer un oifeau embaumé , & qui coiuerve
encore une partie de la matiére deftmee * cet
ufage. Ce monument a onze pouces de hauteu. ,
& environ lix pouces de larseiir. Le couvercie ,
qui repréfente une tete- d’épervser aíTez mal ror-
m¿e , eft d’albátre ; mais ce couvercie , quoiqu.-
du m.éme goúí & du méme pays , n eft: pas vuai
femblablement celui que ce vafe avoit autreroi^.
I! eft á préfiimer qii’on les aifcrtit , cemm.^ o.n
peut, en Égypte , avant que de les envo/e^^en
Lurope ; c.ar j’en ai vu quelques-ans
poiir la matiére 5 & plufieurs autresyians
de celui-ci , c’eft-á-dire, qu’on pouyoit leur
cher le méme déf.tut d’aíTortiment. La plus
partie des monumens Egyptiens ,
CAN
& mores urbis dj.mnante Carero.
^57
CAN
ceüx qui paroiíTent avoir été dertínés á renfermer
quelque chofe j préíenteront toujours ces fortes
de dérangemens. Les Arabes Ies ouvrent & les
vilitent j dans l'efpéraace d'avoirde Tor-j S: neles
vendent jamais aux Francs qu aprés un examen
folide, & ordinairemeat dépourvus ds foius &
d’arrangemer.t-
On voit á Rome plufieurs véritables canopes : il
y en a deux de bazaite verd au Capitole , dont
1 un a éfé trouvé dans la fameufe ville d'Hadrien ,
á Tivoli. Le Cardinal Albani en avoit aufli deux
de la mémc matiére. L’un de ceux-lá avoit été
trouvé fur le promontoire de Circée , entre Net-
tano S^Terracine ^ Se il a été publié par Borioni
( coLleñanea Antiquit. Román. , n°. 3 ). Le métne
canope fert de cul-de-lampe au chap. il du liv. il
de rhiíloire de l’art de Winkeiman^itraduite parHu-
betj áLeipíik,en 1781. Ledefllnde toas ces cano-
pes , & fur-tout celui de leur tete , eft entiérement
dans le ftyle grec 5 mais Ies figures en bas-relief ,
travaillées fur le corps des vafes , font des imi-
tations Egyptiennes. Le travail de ces figures
eft faillant ^ & il n/annonce pas dés-iors un artifte
Egyptien : car les figures de ces artiftes font ordi-
nairement d'un reiief applati , & elíes font pref-
■que arrafées á la pierre fur laquelle on Ies a fcul-
ptées. Ces figures repréfentent prefque toutes les
divinités de l’Egypte avec leurs attributs. Dans
la coüeéiion de Ste. Geneviéve , il y a un vafe de
pierre calcairejtrés-peu évidé, furieque! font gra-
ves des hycroglypheSj £¿ donr !e couvercle, fait de
la méme pierre j repréfenre une tete de femme ^
peut étre d’ifi'. 11 eft diíficüe de déterminer á
iaquelle des deux claíTes on doit rapporter ce
canope. On voit dans la méme collcétion une tete
de bronze , formée comme les couverc’es des
canopes , qui repréfente certainement Ifis ; car
elle porte fur le front le ferpent Agatho-démon ,
& elle eft coéffée avec une ampie dépouille de
pouíe de Numidie. Cette dcpouiUe eft formée
par une efpéce d’émail incrufté dans le bronze
aux efpaces creufés & réfervés á cet effet.
CArsOPlEIsS. (Hercules Sérapis. ) PC Ca-
nope.
CANOPUS. Cette ville d^Égrote^, fítuéefurle
bras canopique du Nil, a fait frapper des médailles
grecques en Thonneur d'Hadrien ^ avec la légende
KANa.
Canopus étoit célebre dans Pantiquité , par la
diíTolution des moeurs de fes habitans. Elle étoit
extréme ; & Strabon j parlant des délices d^Eleu-
fis , dit qu’elles étoient comme Tentrée Se le pré-
lude des ufages & de Peífronterie de Canopus.
Sénéque , faifant le porrrait d'un fage , aííure
Qufil fe gardera bien, peur choifir fa retraite,
de préférer Canopus , quoiqu’iine foitpas défendu
d’y mener une vie réglée. Voulant exagérer com-
bien lesmoeurs desRomaines étoient corrompues,
Juvinal di: que Canopus méme les blácaoí: ;
Antiquiíés , Tome J,
Une des principales caufes de cette dtlTolution ,
étoit Pabor J continuel des habitans de la haiite &: de
la baffe Egypte, qui y accouroienr pour confidter
Sérapis, 8¿ pour célébrer fes fétes. lis y de.'ren-
doient par le Nil , & fon canal étoit couvert de
barques rempües d’hommes & de fenrmes , qui
danfoient & chantoient avec la derniére lubricité.
La ville de Canopus étoit compofée , en tres-
grande patrie, d’auberges , & de tr.aifoiis defti-
nées á ces réjoniflances.
CANOT. V. Barque.
CANOTHA, dzm la decapóle deSyrie. kakos.
Cette ville a fait frapper une médaiüe impé-
riale grecque , en l’honneur de Domitien , felón
Vaillantj mais elle convient mieux á Canata ,
felón Pellerin.
CANTABRUM , érendard en ufage dans les
armées Romaines, fous Ies fucceífeurs de Conf-
tantin. Minutius Félix & Tertullien en fonr men-
fion dans leurs apologies , & le comparent a une
croix. Cette efpéce d' érendard diíféroit des au-
tres, en ce que ceux-ci étoient des piéces d'étoíFe
de diverfes couleurs , ñiivant les divifions de
Parmée , Se que le cantahrum étoit fait de piéces
d’étoffes, fur lefquelles étoient gravés des noms,
qaelques figles , ou méme des vers-
CANTHARUS. Le cantkarus étoit un grand
vafe de Pufage le plus commun. II avoit pour
anfe des aniieaux mobiles , ou des boucles pea-
dantes :
Bt gravis attritá pendebat cantkarus anfa.
Cétoit une large cuvette , pea profonde , 8c pla-
cee fur un piedtrés-applati. On en voit une dans
un morceau de mofaique , trouvé á Tivoli , en
1737 , deífiné dans le Mufium capitolinum , t. ¡:I.
Cette mofaique paroít étre Poriginal , ou du-
moins la copie de celle que décrit Piine ( /ib.
XXXIX. 60. ) , & fur laquelle étoit repréfenté un
vafe , que cet écrivain appelle cantkarus.
Le cantkarus étoit un attribut de Bacchus, ainfi
que le thyrfé : on le voit fouvent dans fes mains ,
ou a fes pieds , fur les madores antiques. Une inf-
cription trouvéeá Riniini fait mention d’une ñatue
de Bacchus , & de fon 'cantkarus. On confacroit
auífi ces vafes á d’autres divinités , comme il pa-
roít par ces paroles d’Apulée ( Métarnorph. ix ,
p.vj-j') : Cantkaroque G ipfo pmulacrc^auod ñcrt-
bam , apíid fani donarlum reddnis ac confecrazzs.
Caktharus étoit le nom d’une efpéce de
corbeille , faite de rerre cuite, dans iaqueile on
expofoit en Gréce les enfans dont on ne vouloit
pas preñare foin. Ariftophane ( in Ranis ) dit
GU (Édipe fut expofé dans un vafe de cette ma-
tiéte. Térence , voulant peindre les moeurs grec-
ques , a parlé de cet ufage ( Andr. tv. 4. 30. ) :
O o o a
65S CAN
viii cantkarum.
Suffarczrtatum,
CanthARUs étoit le réfervoir exíérieur des
fontaines publiques, celui d’oú Feau s’écouloit
immédiatement dans Ies vafes des citoyens. Voici
une infcription gravee á Rome fur un cantharus
antique :
Perdibsrat, zaticüm. losgmva. iscvkia.
CVB.su S.
Qvos. TIBI. HUHC. FLIHO. CAXTUARUS.
ORE. VOMIT.
Cantharus étoit encore cheT. les Romarns
un marteau avec lequel on frappoit aux portes.
Plaute en parle dans fes Ménechmes ( i. 2.6 3. ) :
jam fores ferio. M S. Feri.
Vel mane etíam ? PE. mille pajfúm commoratus es
cantharum.
CANTHUS. Perfe , le premier des écrivains
latins , a etnployé , pour dcfigner les bandes de
fer qui entourent Ies roues , le mot canthus :
Martial & pluíieurs autres ont imité fon exemple.
C4NTÍQUE ancíens delignoient par
le mot cantzcum certains monologues paffionnés de
touchans de leurs tragédies , que Fon chantoit fur
les modes hypodorien Se hypophrygien , comme
nous Fapprend Ariftote au xix de fes problémes.
C'étoit une efpéce ddnterméde qui occupoit Ies
cntr'aéles.
CANULEÍA , une des quatre premieres Vena-
les , établies par Numa Pompilius. {Pintar, in
Numa. )
CANUSINUS color , couleur rouíTe , que
Martial compare á du moüt troublé Se épais
( XIV. 127.):
H&c tibí túrbalo canufina Jimillima mujfo
M.un.us erit , gande : non cito fiet anus.
Cette couleur plaifoir au peuple-Romain , comme
le brun foncé aux Gaulois ( ibidem } ;
Poma magis ficfcis vej^itur^ Qallia rufis.
Elle avoit un certain éclat Se un certain prix;
puifque Suétone , parlant des profufions de Nerón ,
dit qu’il ne voyageoit jamais fans avoir á fa fuite
plus de mille chariots , conduits par des cochers
vétus de couleur rouíTe ( c. 30, n. 10 ) , canufi-
Tiatis mulionibus.
CAPANEE , neveu d’Adrañe , étoit un des
fept chefs de Farmée des Argiens , dans la guerre
CAN
de Thébes. Lorfque Théfée fit faire de magnifique*
funérailles á ceux qui étoient mcrts au liége de
cette ville , on ne voulut pas bráler le corps de
Capanée avec les autres , parce qu'il avoit été
frappé de la foudrc. Se qu’il étoit regardé comme
un impie , qui , par fes blafpbémes , s’étoit attiré
le courroux du ciel , Se on lai fit un búcher féparé.
Stace j dans fa Théba'ide , repréfente Capense
com.me un homme emporté , qui fait mille extra-
vagances , Se qui fe déchaíne contre tóut FO-
lympe. Cela peut étre fondé fur le peu de refpeél
que ce capitaine avoit montré pour les dieux pen-
dant fa vie. Mais Euripide en fait un portrait bien
diíférent. Se nous le donne pour unhommg riche,
fans fafte , fans crgueil , fobre , modére , mé-
prifant ceux qu’ii voyoit fe livrer aux fefiins Se á
la joie. Voy. Adraste, Evadné.
Y é%hcs.{ de re militarz,l. 4. c. 21. )nousapprend
la vérité qui a fervi de bafe á la fable de Capa-
née. Ce capitaine Argien étant monté á Faííaut
de la ville de Thébes avec des échelles , fut acca-
blé fous les pierres Se les traits que lui lancérent
les aiTiégés. De-lá vint , dit V égéce , la fable de
Capanée écráfé folis les fóudres de Júpiter. Le
méme écrivain fait honneur á Capanée de Fin-
vention des affauts avec des échelles.
Winkelmann a cru reconnoitre Capanée terraíTé
par les foudres de Júpiter , dans une ílatue de la
villa Albani , qu’ii a publiée ( Monum. inediti.). 11
Fa vu auif! efcaladant les nsurs de Thébes íur une
páte antiqiie du Barón de Stoch , Se fur une far-
doine de la méme colleéiion , oú la foudre le
frappe á coups redoublés , fans Fintimider.
cÍ7edüncula. }
qui fervoit aux facrifices. Cicéron ( Parad, i. )
parie'des capedines Se des vafes de terre cuite^qui
avoient fervi á Numa pour íes facrifices : Quid
autem Numa Pompilius , minufve gratas diis
immortalibus capedines , ac fiBiles urnas , quam
filicatas aliorum pateras fuijfe arhitr amur . hti'
capedunculéL étoient de plus petits vafes , de memc
forme. Se deftinésau méme ufage. Le méme ecri-
vain en a fairauííi mention ( Nat. Deor. ni ), '.7
Docebo meliora me didicijfe de colendis diis immor-
talibus jure Pontificio , & more majoruni , quam
capedunculis , quas Numa nobis relzquit.
CAPEUATICUM. y , I’impor
que payoient aux empereurs les marchands de vin.
CAPEELA , furnom de la famille NjEtia.
CAPENE (porte), auíourd’hui porte de St.
Sébaftien. Cette porte ouvroit la voie Appienne,
d’oú lui vint quelquefois la dénomination (x
porte appienne. On Fappela auffi fontinahs
madida , á caufe des fources qui étoient aupres
d’elle , Se des aqueducs qui Favoiíinoient. Efis uns
dérivent fon nom d’une ville Capena , bátie au*
environs j Se les autres du bois des Caxiums , f
CAP
minarum, d'od eüe fiit nomanée d’abord Camena,
& depu’s, par corruptionj C apene.
CAPHIA, en Arcadia , kaotiatíín^ On a
des médailks fnipériales de catre viile , frappées
en Thonneur de Severe, de Domna , de Plautille.
CAPHIZOS , cavilas , mefure de capacité
pour Ies liquides de I’Afie Se de rÉgypte. Elle
Valoit, en mefure de Franca, 135 pintes &
Elle valoit , en mefures anciennes de l'AÍIe &
de "Égvpte :
2 vceba des Arabes ,
Ou 4ephad,
Oa ¿ métrétés ,
Ou 8 féphel,
Oa 12 modios ,
Ou 288 log.
Capkizos , cavilas , mefure de capacité pour
les folides. Elle valoit , en mefure de France ,
10 boiffeaux & Elle, valoit ^ en mefures
anciennes de FAÍie & de TEgypte ,
2 voeoa des Arabes ,
Ou ^ 2 j médimnes de Salamine ,
Ou 2 j médimnes de Paphos Ó’ de Sicile ,
Ou 4 ephep
Ou 6 métrétés ,
Ou 8 féphel ,
Ou ii tnoaios.
t API LLATU S d Matre Magna. Gruter
(3085) a publié Tinfeription fuivante :
. DIS, M.
í, VETTIO^. SYNTROPHO
RELIGIOSO
A. MATRE. MAGNA
CAPÍLLATO
VETTU. AMOR
DE. SUO. FECIT
POSTERISQUE EORUM.
On appeloit Cazillati 8c Comati , Ies prétres
nommés autrement Fanatici 8c Bellonarii.
Le mot capillatus défignoit les enfans au-
deíTous de Táge de puberté , parce qu ils laiíToient
croítre leurs cheveux jufqu á cette époque. íl
défigiia les eunuques & les prétres de Cybéle par
la méme raifon.
CAPION. II paroit , par un paíTage de Pollux
( Onorr.aíi. l. rr , c. 9 ) , GudI y avoit un nome,
ouim air inventé par Serpandre , Srappelé Capion :
c'étoit fans doute un air de cithare , puifque fon
auteur s'étoit attaché particuiiérement a cet inílru-
ment.
^eAPVLA, 1 ^ anfes, ainíí appelés
de la facilité que donnoient ces anfes pour les
prendre , a capiendo. Yarron les compare aux ca-
pedir.es 8c aux capeáiincule, ( de ling. lat. iv, z6. \
CAP ^59
A quo illa capis , & minores capulí, a capiendo ,
qabd anfatí , ut prehendi poffent , id efi capi. Ha-
rum figuras i.nvajis facris ligneas & ficiiles arztiquas
etiam nanc videmus.
CAPISTRUM des joueurs de flute. Voyei
Pkorbeion.
CAPITATION. Les anciens ont connu cette
efpéce d’impót. Voyei Cápitation dans le Dic-
tionnaire des Finances de cette Encyclopédie.
CAPITHA des Chaldéens , mefure de capacité
pour les folides de l'Afie & de l’Egypte. V' oir
Mares.
Cap IT HA de Perfe , mefure de capacité pour
Ies liquides de lAfie & de f Égypte. F. Mares.
Capitha , mefure de capacité pour les liquides
de PAÍie & de f Égypte. F. Cab.
C.4PITIUM , vétement qui coiivroit la tete
chez lesRomains. Lkncienfcholiaftede Juvénal ,
expiiqaant ce vers de la fatyre iil :
Horum ego non fugiam conchylia
dit que le poete appelle conchylia des capuchons
rouges , conchylia , capitia purpurea ira fiagrantia ,
ut conchylia ipfa videri pojfint. Varron emploie le
mot capitium pour áéíigrier aufli un vétement qui
ferv'oit aux vierges á couvrir leur tete & ieur fein
( de ling. lat. iv. 30. ) ; Capitium ab eo quod capit
peñus , id efi , ut antiqui dicebant , ir.dutu com-
prehendit.
CAP IT O , furnom des familles Atteia ,
Fonteia, María & Oppia. Ce furnom expri-
moit en latín la m.éme idée que le mot compofé
franfois , groíTe-téte.
ctpITOLfN, } ^ ^ ’ fortereíTe de
Rome j bátie fur le mont Tarpéíen j auquel elle
donna fon nom. Les deux fommets de cette
montagne , Eefpace qui les féparoit, & la roche
tarpéíenne fnrent renfermés dans Tenceinte for-
tifiée du capitole , & couverts d'édifices publics &
facrés. Les fondemens du capitole furent jetes l’an
139 de Rome , par Tarquín TAncien. Servius ,
fon fucceíTeur , y travailla avec ardeur ; & il fuc
achevé i’an 221 par Tarquín le Superbe. L'inau-
suration de cette fortereffe , 8c la confécration
des édifices facrés qif elle renfermoit , ne fe firenc
qu aprés Texpulfion des Rois , 8c par le miniftére
du confuí Horace , i’an 246.
Une ancienne tradition , confervée religieufe-
ment par les Romains , apprenoit qu'en creufant
les fondemens du capitole , on avoit trouvé á une
tres-grande profondeur la tete d’un nommé Olas ,
qui paroiíToit encore fraiche fe vermeiíle : de-!i
fut formé le mot capitole , c’eñ-a-dire , caput OU ,
tete A’Olus.
II y avoit dans Tenceinte du capitole pluíieurs
temples dédiés á Júpiter , á Junon , á Minerve j
Oooo ij
4^0
CAP
á Cvbéle , á Veña , Src. Mais le plus célebre étoit
ceiui de Jupirer, furnommé Capitolin , qui en
réuniiToit trois. Lanef étoit confacrée á Júpiter j
& les deux ailes , á Jupón & á Minerve. Ces ailes
étoient formées, felón Denys d'Halicarnafíé (
ir.) par des pües oii maíTifs de bríque cuite. Le
temple entier avoit deux cents pieds Romains de
longueur j & á-pea-prés amantde largeur. La fta-
íue de Júpiter capitolin j ou fulminant , portoit
un foeptre , une ’couronne & un foiidre d'or.
De vaftes portiqaes entouroient ce temple ; c'é-'
Eoit fous ces portiqaes que les triomphateiirs j
aprt-s avoir facrifié aux grands Dieux ^ donnoient
au fénat un repas magnifique. L’égüfe des Capu-
cins j appelée Ara cí^li , a été bátie fur les rui.nes
¿u temple de Júpiter Capitolin- -
Des murs conítmits avec de grandes pierres
entouroient le capitole , & en avoient fait une
ciiadelle imprenable. Cn. & Q. Ogulnius étant
Ediles Ciirules^ condamnérent des ufuners á une
forre amende , qu’iis employérent á faire des
portes de bronze á cette citadelle accompagnées
de montans & de traverfes du méme metal. Le
frentón de ce uiperbe édifice étoit furmonté par
des quadriges de terre cuite , que Stdla íit rem-
pb.cer par des quadriges de bronze. Des aigles de
bois fetnbloient loutenir ce frontón , & lui fer-
. voient d'ornemens. Eiles furent co.nfumées dans
un incendie dontparleTacite ( kifi. ni. 71 ) : Suf-
tinentes fafiigium aq^uilíi, vetere ligno traxere
^aatntüTTi.
FluCeurs incendies ravagérent le Capitole. Le
premier arriva Tan de Rom.e 670. Sylla le réta-
blít avec la plus grande magnificence 5 mais il n’en
fit pas rinauguration. C’étoit, difoit-on , le feul
bonheur qui eút échappé á cet heureux diefateur.
Cet honneur étoit réfervé á Lutatius Catulas ,
qui fit dorer les tuiles de bronze dont cette cita-
delle étoit couverte : ce qui la íit appeler Capí-
tolium auream. Pendant les troubles qui firem
perdre la vie á Vitellius , le feu prit une feconde
fo!s au Capitole. On crut qa’il y avoit été mis
á d^eflei.n pour en chaíTer Sabinus , frére de Vef-
paíien , qui %y étoit renfermé. Vefpaíien le fit
rebatir ; mais fes foins furent inútiles , car un
troínéme incendie le ravagea de noaveaii á la
mort de cet empereur. Titus le vit encore brúler
par le feu du ciel , Se Domitien repara rous ces
ravages. Cet empereur fonda les Jeux Capitoüns
pour conferver la mémoire du dernier rétablif-
fement da Capitole.
L’encei.nte du Capitole renfermoit plus de cin-
qaante temples , &: un grand nombre de fiatues
confacrées aux dieux; ce qui a fait demander,
avec queique apparence de raifon , sfi) reíloit
encore dans un efpace auíli rempü , des iege-
ir.ens por.r ¿es citoyens. On peat repondré
qu d y en avoit quelques-uns , mais en petit
nombre. AlanJus Capltolinas avant repouíTé les
Gauiois qui añiégeoienr le Capitole ^ recut pour
CAP
récompenfe un logement dans cette forterellé,
Cp ñit peut-étre le premier des patriciens qui y
eut fixé fon féjour ; & ii fut certainement le der.
nier , comme le régla un fénitás-confulte rendu
á i’occalion de fon ambition. Les gardes appelés
Arcubiá. 8c Arcubii par Feílus & líidore , qui
prenoient leur nom de ia garde du Capitole , ah
arce , Fhabítoient certainement ; de méme que
les gardiens des temples , nditui , dont parlent
plufieurs inferiptions , 8c qui remarquérent avec
étonnement {Aulu-Gell. vii. i.) que les chiens
renfermés dans ¡e Capitole , & ardens á aboyer
contre toas ceux qui entroient la nuit dans cette
forterelTe , fe taifoient conftamment a I’approche
de Scipion l’^fricain. Des courtifanes méme ha-
bitoient ce lieu facré ; comme Properce (rv. 5.)
nous I'apprend de Teia :
Altera Tarpeios eft Inter Teia lucos
Ebria , fed pota non fatis unas erit.
Les colonies Romaines Se les municipes voulu-
rent fe donnerla plus grande relTemblance pofflble
avec Rome , leur métropole ; c’eíl: pourquoi eJIes
impofoient le nom de capitole á leur principal
temple , Se á Pédfifice pubiic dans lequel s’aiTem-
bloient Ies décurions & les autres magiftrats.
De-lá vient que Pon trouve fouvent !e norn de
capitole dans Ies deferiptions de ces villes. íl y
en avoit i Conñantinople , á Carthage , á Ca-
pone, á Ravenne, áMilan,áVérone, áColog.ne, á
Tréves, á Narbonne, á Áutun , a#'Famiers¡ á
Nifmes , á Befanqon, á Saintes, a Clermont, á
Rheims, á Rhodés, Sec. '& á TouloufCjOÚ ií
fubíiíle encore.
Des trois beaux édifices qui oceupent aujoiir-
d'hui ie capitole , & qui forment la place appelée
CampidogUo , oú eft eievée la ílatiie qq^ueftre de
M. Auréle., aucun n'eftplas célebre que' ceiui qui
regarde Poccident, & que Pon appelle Mafeim
Capitolin , OU cjbinet du capitole. Benoit XíV
s’eft im.mortalifé en y faifant raílembler avec foin
un nombre dbntiques prodigieiix. Leur defeription
eíi repandue dans les diíFérens arricies de ce dic-
tiennaire d’antiauités.
CAPiTOLI.AS , dans la Coeléfyrie. KAniTQ-
aieqn. •
Cette vi.'le a fait frapperdes médailles imperia-
les grecques , avec fon époque , en Phonneur ás
M. Auréle , de Veras, deLucille, de Commode^
de Sept. Sévére , de Macrin.
CAPITOLIN (Júpiter). L’hiftoirede fon tem-
ple célebre fe trouve dans Particle Capitole.
Ce Júpiter étoit auffi appelé par excellence Optimus
maximus , OU fulminant. Le foudre étoit fon
but diftinclif , ainfi que la barbe & le feeptre d or
ou d’ivoire. Sa ftatué , placée dans le capitole par
Tarquín , tfétok que de terre cuite pemte ea
rouge ; elle fat depuis remplacée par une jl^tue
dbvoire ; & il paroít par un vers de Maitia»
CAP
3. ) í Trajan y en fubftitua une ñatae
^’or :
Scalptus & íterno nunc vrifttum Júpiter au.ro.
Capitolixs (Jeux). Les premiers Jeux Ca-
colins étoient des conibacs iníiitués par Camiíle
Thonneur de Júpiter Capholin ^ & en mémoire
du Capitole défendu contre les Gaulois. On pra-
tiqiioic dans ces jeux , felón Plutarque
B.om. j80 une céréinonie trés-anderine & trcs-
ridicule. Le crieiir pubüc mettoit á i'enchére les
JEtrufques ^ défignés fous le nom Sardi ;%ví ame-
Boir enluite au miüeu du peuple , un vieiliard ^
a qui Ton pendoir au col une bulle telle qu'en
portoient les enfans, & on rexpofoir a la rifée
publique. Feílus dic qu’on le revéroit de la pre-
texte , & que la bulle étoit d’or , parce qu'elle
éroit autrefois l'ornement des rois d'Etrurie que
1 on jouoít dans cette burlefque cérémonie.
Domitien voulant conferver la mémoire du
retabliíTement du Capitole fait par fes ordres ,
fonda de nouveaux jeux Capitdins qui fe célé-
broient , non pas chaqué aunée^ comme ceux de
Camiüe , mais tous les cinq ans. On y diftri-
buoit aux poetes des prix & des couronnes qu’ils
recevoient des mains de Tempereur; il y en avoit
auíii pour les crateurs , Ies comédiens ^ 'les pan-
tomimes , & pour toutes les efpéces de joueurs
d inftrumens. Ces jeux Capitolins devinrent fi fa-
meux , que Ton changea fancienne maniere de
compter les annéesromaines par luftres , Se qu'on
lés compra depuis Domitien par les jeux Capi-
tolins , comme les Grecs comptoient par les
olympiades. Cet ufage ne fut cependant pas de
longue durée.
CAPITOLINUS , furnom de la famille
P^TILIA.
CAPITULARII. Ceíl le nom que portent,
dans le Recueil des loix romaines & dans Sym-
maque {Epift. ix. 10.) ¡ les recereurs de la ca-
pitation.
CAPITULUM. líidore {xix. 3i.)nous ap-
prend que c’étoit une coéfrure des femmes , fads
BOUS en donner aucune defcription.
CAPNICON , impót que fempereur Nicé-
phore mit far les feux ou fur la furoée xjís-yW.
CAPNOBAEJE , ceux montent avec ou
fwr la fumée. Ce furnom fut donné par les peuples
de Tantiquité aux ’iiyíiens ( Straho. l.j.) , peuple
d‘Afie ; parce qu’ils faifoient une orofeíiion par-
ticuüére d’honorer les dieux , & qudls s’em-
ployoient uniquemenc aux facrifices. Strabon
ajoute á ces particularités , que Ies Myíiens ne
mangeoient point de chair ^ ni rien de ce qui
avoit éré anime, lis vivoient de miel & de lai-
tage. Le furnom de Capnobate. déíisnoit la fum.ée
des facrifices & des parfiims , au milíeu defqueis
lis palioient toute leur vic.
CAP (¡Gi
TIE 3 diviriation ) dans
laquelle les anciens oofervoi.nt la fumée ,
pour en tirer des préfages.
On diílinguoic deus fortes de. capnomar.tie :
1 une qui fe pratiquoic en jetant fur des char-
bons araens des graines de féfame ou de oavot ,
& en obfervant la fumée qui en fortoit ; l'aacrej
qui etoit la plus uíitée , coniiiloit a examiner la
rumee^aes facrifices. C’étoit un bon augure qu.rnj
cette fumée étoir pe_u épaiife , légére, & qu’eile
selevo:t droit vers le naut lans fe répandre au-
tour de l’autei. On en voit le détaii dans YíEdipe
de Sénéque (v. 309.)
La capnomar.tie fe pratiquoit encore en hu-
tpatit 3 en refpirant la fumée qu'exhaloient Ies
%icr!mes3 cu ceiie qui forcoit du feu dans lequel
ellas étoient plongées ; comme i! paroit par ces
yers de_ la Thébaide de Stace 3 ou le poete dit
du devin Tiréfias :
Ule coronatcs jamdudiím ampleciitur igr.es ,
Fatiiicum forbens vulva flagrante vaporem.
On croyoit fans doute que cette fumée donnoic
des infpirations prophétiques.
CAPOL'fc, ( Medaiiles de}. Capita.
CAPPA 3 efpéce de mantean avec lequel Ies
femmes fe couvroient la tete dans le Bas-¿mpire.
Héfychius appelie ces manteaux xa-pí-váríz.
CAPPADOCE. Les rois de Cappadoce dont
on a des médaiiles 3 font :
Ariarathe 3 roi I. ou II. ou III.
Ariarathe , Eusebes K.
Ariarathe 3 Epiphane V^.
Ariarathe 3 Phílométor VIII.
Ariobarzane 3 Pkilororr.oeus I.
Anobatzane 3 Eusebes 3 P hiloromosus.
Archelaiis.
Hannibaliien.
Leur type ordinaire eft Pallas affife 3 ou de-
bout 3 tenant une vicloire.
Le fymbole de la Cappadoce eft une femme
portant une couro.nne tourreíée , & renan: un
étendard de la c.avalerie 3 qui dtfigne refpéce de
troupes que les Romiins en tiroie.nt, ainii que
les chevaux de fes haras 3 fi célebres autrefois.
Le mont Argée fe trcuve aífez fouvent place
far les médaiiies de la Cappadoce 3 avec la figure
qui fert de O.mbole á cette province ; tr.ntót ií
eft mis a coré d’elle & á fes pieds 3 tantót elle
le porte dans fes mains. On fait que les Cappa.-
dociens rendoient un cuite á cette montagr.e ,
comme á une divinité.
CAPPAGIÁ. lean d’Anticche défigne par ce
mot Ies fouíiers des fénateurs , qui étoient ornes
d’un crciíEnt d’argent formé en C 3 appelé y.xrrvic,
chez les Grecs. 11 dit qu’ils ne paroiftbient jamaís
en pubiicb & qiPils n alloient jatsjís faíre leus
íit CAP
cGur sus £tBi>£i£urs j Tuns cstts cHsuíTurs & css
croilíans.
CjíPRARIUS ¡ furnom de la famiíle Ce-
cilia.
CAFRE OL US , hovau j ou houé á deux four-
chons dont on fe fert pour remuer la terre dans
les vignes. Columelle <ixi. 3. ) en fait mention :
Uere deinde , priufqudm caeperit germinare , ca-
preolis 3 quod gemís hicornis ferramenti efl , ierra
commoveatur. La reíTemblance de ces deux four-
chons avec les comes d’un chevreau ^ Tavoit fait
appeler cavreolus.
* CAPRICORTnE. Ceft un des fignes du zo-
diaque ; quañd le foleil y eft arrivé ^ il eft au
folítice d'hiver. Cette conñellation eft compofee
de z8 étoiles. Macrobe a cru que ce figne avoir
été nommé capricorr.e , parce qu^’il imite en quel-
que forte la nature des chévres j qui en paif-
fanr , grimpent toujours de bas en haut. De
rnéme le foled ^ en entrant dans ce fígne , com-
mence á monter de bas en haut._Cétoit chez les
anciens le dixiéme figne du zodiaque 5 lorfque le
foleil y étoit;, il ñxoit le folitice d'hiver par
rapport á notre hémifphére.:,_ & commenqoit á
retourner au tropique meridional vers la ligne.
Quelques-uns en parlent encere de méme j mais
les afires ayant avancé vers Torient d'un íigne
entier j le caprícome n’eft plus que ronzieme, &
c'eít á Teritrée du foleil dans íe fagittaire ^ _ &
non plus dans le capricorne , que fe fait le folñice.
Cependant on parle toujours de la méme maniere
que les ancienSj quoique les chofes aient changé j
& fon appeile le tropique du capricorne , cómame
fi ce ligr.e touchoit encore au point du folfiice.
Ce figne eft repréfenté ayant la partie fupérieure
d’un bouc , & la partie inférieure d'un poiiTon ;
c'eft-á-dire ^ en queue de poiíTon le plus fouvent
entortiüée , & quelquefois droite : ces figures
fe trouvent fur plufieurs monumens antiques^ fur
des pierres gravees , comme on le peut voif
dans Gorl^us , n°. lxxxv & Lxxxvii ^ fur
plufieurs médailíes , entr’autres fur que!ques-unes
d’Augufte. Fatin en a fait graver quelques-unes
dans fon Suétone , pag. 80 & 139; C^étoit la
forme d^un xgipan. Voyei^ ce mot ci-deiTus. On
peint auffi le capricorne fous la forme entiere
d’un bouc.
Suétone dit ( in OBavio , c. 54 , ) qu’Augufte
fit graver la figure du capricorne fur fes médailíes,
parce qu’il étoit né fous ce figne , & en confé-
quence d'unhorofcope avantageux que Théogéne
lui en avoir tiré lorfqu’il éroit á Apollonie, quel-
oue tems avant la mort de Jules. On ne peut pas
faire accorder facilement cela avec ce que dit le
méme Suétone ( ibid. cap. 5. ) , que ce prince
naquit le neuviésne jour avr.nt les kalendes d^oc-
tobre , c'eft á-QÍre , comme Dion le témoigne auíii
(dans fon cinquante-fixiéme livre), le vingt-troi-
Céme de feptembre , un peu avant le lever du
CAP
foleil , dit encore Suétone. De plus , Augufte
mourut le quatorzic.ne des kalendes da fep.
tembre , ou le 19 d'aoút iSaéton. ioid. cap. ico,
Dion. i. ívi- ) i ayant , felón Suétone, foixante-
feize ans moins trente cin^Mrs, ou, felón Dion,
foixante-quinze ans dix mois vingt-fix joars. íi
faut done qu’il fur né le 2.3 de feptembre; cepen-
dant 1.- 23 de feptembre, un peu avant le lever du
foleil, le capricorne étoít au méridien des anti-
podes : comment done Augufte étcit-il né fous ce
íigne ? Scaliger ( de Emend. temp. lib. ir. cap. a. ) ,
& le páte Petau ( de DoB. temp. Lib. x. cap. 64 ,
& lib. xt. cap. 6.), cifent que Suétone s’eft
trompé. Babeloa , auteur du Commentaire Dau-
phin fur Suétone , a trouvé un moyen trés-natu-
rei de concilier Suétone avec !ui-m.éme. II dit
que Théogéne ne prit point le théme de la naif-
fance, mais celui de la conception d'Auguíte.
Or , ce prince étant né le 23 feptembre , jour
auquel le foleil entroit dans le capricorne : mo-
menr, dit Julias Firmicus (viii. Mathém.) ,
trés-heureux dans un horofeope , & qui ne pro-
met pas nioias que des feeptres & des em-
pires.
Le capricorne étoit , felón les Mythologues ,
Pan , Qui , á Tarrivée du géanc Typhon dans
f Egypte , fot faifi d’une relie crainte , qu’il fe
méramorphofa en bouc par le haut, 8c par le
bas en poiiTon. Júpiter , furpris d’une paredle
métamorphofe , le tranfporta dans le cid. On
peut vefir fur cet afire le Ciei Aji, onomique de
Cselius , pag. 89 , & Saumaife fur Solin , page
1^57- _ . . , ,
Qiielques anciens reco'nnonTo'.ent aans !e capn-
corne'íd. chévre Amalthée , placee dans cette conf-
tellation par fon illaftre nourriffon, le fouyerain
des dieux. Aratus le dit expreffément : voici fes
vers traduits par Germanicus-Cefar :
lila putatur
Nutrís ejfe Jovis , fi vere Júpiter infaas
Ubera Cretes. mulfit fidijíima Capr.‘ ,
Sidere qui claro gratum tefiatur Aiuinnum.
Ce íigne éroit fous la proteítion de Vefta >
comme le dit Maniiius (rv. 245-)‘
Uefia, tuos capricorne fovet penetralious ignes.
Et ( II. 445- ):
Atque Augujla fovet capricorni fiera Vefla.
Capricorne (le) fe trouve
fur les médailíes d” Augufte frappees a ’
mais encore fur les médailíes de Commag^n
Syrie & de Cyzique. ^ .
C A P R I F I C A T I O N , maniere
! figuiers , dont les anciens ont parlé avec a
CAP
tion , & qui fe pratique encore aujourd\hui dans
Jes ifles de rArchipel. On y rend ks ñaues do-
nieltiques bonnes á manger par la piquüre d’un
iD-ecte particulier aux figues fauvages^ que Ton
tranfporte fur les premieres dans cerraine faifonj
& GUI les fait parvenir á une pleine maturité.
^ nom que donnoient les peu-
p es de 1 Arrique au jour oü ils commen^oienr la
rerolte du miel. Ce jour étoit confacré á Vul-
Caín j felón Pline ^xr, ij-).
CAPRIFICUS Romuli. V oyer Figuier fau-
vage. ’■
CAP
CAPROTINE^ furnom que les Romains don-
nerent a Junon , en mé.moire d'uñ fait finoulier
rapporte dans les Saturnales de Macrobe 7 L i.
c. 12. Apres que Ies Gaulois eurent quitté Rome,
Jes peup^es voifíns j croyant que la République
ecant epuifee , ils pourroient aifcment fe rendre
maitres de la viUe , vinrent faffiéger , fous la
conduite de Lucius , didateur des Fidénates. I!
ht demanuer aux Romains leurs femmes & leurs
Jes. ^es efclaves j par le confeil d’une d’entre-
e..eSj nommée Philoris^ fe revétirent des habits
de Jeurs_ maitreíTes , &■ allérent fe préfenter á
I ennemi , qm ^ les prenant pour les Romaines
cuil avoit demandées 5 les diftribua dans touc
le camp. Files feignirenr de célébrer ce jour-lá
une tete , & excitérent les capitaines & Ies foldats
a fe rejouir & á boire largemenr. Enfuite ouand
lis turent enfevelis dans le fommeil^ eües dónné-
rent le figna! á la vüle de deiTus un figuier fau-
vage., nommé en latin caprificus. Les Romains
londirent auífi-tót fur leurs ennemisj rempÜrent
Je camp de «rnage , récompenférent le fervice
de leurs efciaves par la liberté^ & avec une
1 ornrne a argent qu'on leur donna pour fe marier.
lis inífituérent auffi une féte á Junon ^ qui , en mé-
moire du _ figuier fauvage , du haut ' duque! k
fignal avqit été donné , fur furnommée Capro-
tine. Le jqur auqucl Rome fut ainfl déüvrée ,
& qu! étoit les nones de juillet, fut appelé les
nones caprotlncs. Plutarque & Arnobe ont aiiíH
parle de cette vidoire finguiiére.
Caprotines fetes de Junon caprotfne:, qui
fe cékbroient le 9 de juület , en‘ faveur des
femmes e.fc’aves. Pendant cette folemnité, elles
couroient & fe battoient á coups de fouet & á
coups de poings. II n'y avoit que des femmes
pour miniftres des facrifices offerts dans ces
fetes.
CAPSARIUS , nom de Tefclave qui fuivoit
les jeunes Romains aux écoles , & qui portoit
dans une boíte^ eupfa , les livres Se ks’íetons
néceífaires pour leurs etudes. Ce nom défignoit
auíTi Tefclave oui renfermoit dans des boítes par-
ticuliéres les habits de ceux aui entroient dans
Jes bains publics.
CAPSUS. On appeloit ainfi 3 felón Ifidore
iz. ) 3 un charioc couvert^ carraca uTtdique
eontexíaj rnais datems de Yitruve (x. 14.) , ce mor
nc défígnoit encere que l’efpéce de fiége ferméj ou
de cofrre fur lequel on s'aíTeioit dans certains
chars.
CAPTIFS (Rois) du Capitole. Voyer Rois
captifs.
CAPTURA. Les Romains appeloient de ce
nom ks gains infames que faifoient ks proíH-
tuées 3 & tous ceux dont la profeifioa étoit vile.
{^SiLeto. Caligul. c. 40. n.. j.). -
CAPUA3 en Italie. Capu. 6c KAMnANO.
Les médailks autonomes de cette ville font :
RRRR. en argenta avec kapü... {Hunter).
C. en bronze.
O. en or.
Ses fymboks ordinaires font :
Ün fanglier.
Un lion.
La vidoire couronnant un trcphée.
CAPUCHO^. Yers le milieu des bas-reliefs
de la colonne Trajancj on voitplufieurs hommes
vetus de grands manteaux avec des capuchons
pendant. On ne fait s’ils font Romains ou étran-
gers, mais ils nknt point de barbe 3 de méme que
ks Romains. Les Daces 3 au contraire 3 portenc
tous de la barbe fur ce beau monument. Un peu
plus haut des hommes ayant de la barbe, portent
des manteaux avec de ícvaiAd.hle.s capuchons . Voyez
BA.RDOCUCULLUS.
C APULA. ■> „
CAPULATOR. ( appeioit capu¿a , un
vafe á deux anfes qui fervoit á tranfvafer Lhuilc
des grandes jarres dans de petits vafes. Lorfque
ks empereurs faifoient des" largeííes d’huik "au
peiipk, ceux qui la luí diítribuoient étoient ap-
pelés Capulatores. lis formoient un coliége3 ou
une Corporation j car Sextus Rufas & P. Vidor
placent dans la troificme région de Rome une
fckcla capidatorum.
CAPULARIS. 1 ^ ,
CAPULUS ^ CapuLas etoit le nom d un
cercueii ; & I'on appela par analogie capularis
fenex ^ un vieillard prés d« defcendre dans le
tonabeau. Plaute Tappe^e encore capulí decus
( Afin. V. 2. 42. ) :
Perii mifera! ut ofculatur carnifex , capulí decus!
CAP U L AT I Sacerdotes Dians. Muratori
(.Thef Ir^cr. 5-12. I.) rapporte rinfcription fui-
vante , ou Ton peut lite Capulatí 8c Capulatores.
Voyez ce dernier.
COMIKIAE
L. FIL
VIPSANIAE
DIGNITATI
C. F.
COLlEGItJM
CAPÜLATORUM
SACERDOTUM
3^IANAX»
ííí?4 CAR
CAPYS , cere d’AnchYe. Foy^i A%$k^ÁCm.
CARACALLA ( Aktoniíñ) , fils de Septatie-
Sévére.
MaRcus-AüRELIUS . Severus . Antoninus ,
Augustus.
Ses médailles font: CÁ.,Xrp
C. en or; au revers Ies tetes de Septime-.e^^ere
& de Julie, R ; píufieurs autres
C. en argent; & R, avec íes tetes Qi. b..v.re,
de Julie & de Géta. '
R. en médaiiles grecques d argent.
RRR. en médaiilons grecs d argent.
C. en médaiilons de potm d c-gyp--
^^C'en G. B. de coin romain; on y trouve
M.”B"pa™TieIq«ds ¡1 7 a des ,=ve,s
rares.
T.' en G. B. de Colonies excepté Ancioche
de Syrie.
C. en G.^B.%ec 5 Ri avec Ies tetes de Cara-
; on le trouve de ce module avec
fa Ste en regará de celle de Julie . ou avec !a tete
de Julie au revers, R- •
■ 11 V en a en M. ou P. B. grecs au revers de
- GeAa ; Spankeim en a publié une ; ellas font raides.
En P. B. grec, avec fa tete, en legara de P^a
tille, RR-
RR. en G. B. d Egypte.
Ceít l’empereur dont on trouve le pms de me-
dail'ons gre¿s de bron.e : Vaillant en a publie
foixante huir ; les médaiilons latins font tres-
'' Quelques médaiiles d’argent & de bronze don-
vere i avuic j Claude le Gothique;
arge» fin que fo^
détien & fous fon collégue aXiaxumen Hercale.
De tous les emnereurs qui ont portaje nom
V tonin les plus difficiles á diíbnguer fur les
ronche de Caracalla ^ cttte ámevence a tk pas a
la vérké fort feníible fur íes
de ces deux empereurs , pa^ce qUw ,aBi l ig
moins diftinaes; a=. les médaiiles dEiagafaaie
feules portent fouventuue étoije dans le champ ,
5^. CaracaUa feul eft appelé louvent G£B.m. cc
CAR
ERIT ; 4®. Caracalla eft rarement appelé imp.;
le méme empereur feul pone plus de tr.
"OT V. ; d°. Caracalla feul eit appe;e limpie-
nieni poktíeex 5 & il ne prend le titre de pon-
tifex MAXIMUS qu á fa quatorzieme puiüance
tribuninenne.
CaracaUa affeda d’aimer les arts, mais pee la .
méme bizarrerie que Caligula , dont il avon tous
les vices. H ordonna á toutes Ip vil’es d elever
des íbtaes á Alexandre-le-Grana ; & 1 on pouua
á Rome raduiation , jufquá en elever qm por-
toient des tetes doubles, cede d Alexandre & celle
Caracalla (Hírodian. A 4. 5. 13.). Les guer-
riei-s de rantiq,uité qu il réveroít ie plus , etoient
Annihal & Svlla ; & ü chercha auj a perpetuer
leur m.émoire par le moyen oes í-atues .& des
bulles. Quanr á lui, fes portraics font rort rares ;
& on ne connoit que deux de fes tetes^, qui le
■ repréfentent datis fa tres -grande jeuneaeielles
font á Rome, au palais Rufpoli. Foyei CiRQUE,
Thermes.
CARACALLE , "í yérernent des Gaulois que
CARACALLA, i .
Perroereur Anronin CaracaUa mst en uGgepa .
Ies íomains, & qui iui fit donner ce fmnom,
fous leauel i! eít connu aujourd'hui. vetemgt.
étoit une efpéce de manteca tres-ampie qm M-,
choñ 'Noús''apprenons ce dernier dérail de Saint-
SSf , qui , ¿arlant a une efpéce paracuhere de
facerdot.) qu .1 re
en rout aux caracalus , excepte le
n avoit pas ipalliohm lamodurn _
^ff^lcuis. La caracalla avoit done oeaucoup
de reíTemblaoce avec le '^-rdocucf:as,ld^
Foffrent d’anciens monumens ’ p^ent
étoit plus longue._ Les ^o^^ns
d’abord des Aruonunnes , ^ ■ gj, gt
prince qui en avoit apporte la ^
revétir tous íes foldats. Dion ( a- ■ 7 ' ?
comme a un vétement g _
bare, & fA.t de plajleurs preces ^oufaes
ce qui les diftinguoh abfoeamem d^e u
& de la toge, qui n etoient coa.p ^
feule piéce d^étoffe fans coature On ^
Conftantins, les femmes poA..r ic
ainíi que les hommes C ^*"^jí'nmain qui nous
ne connoit point de monument r - ^j.^calle;
ait confervé diftinétement la torme ^ ceux
^°r„oS SoñfcS d» 1 S’J¿cl« B..7i.ocn-
cuLLUS & Capuchón. t íttues,
CARACTERES. V. EcrituRES, L-
h: chaqué lettre en particuher.
Caracteres de muílque- ^es
voientpour carañeres daos leur ^
que dans rarithmétique , des jett , ^ une
Mais au-lieu de leur donner dans U muuq
CAR
valstir nurr.éralre aui marqaár les intervalles , ils
fe con:ento:enr de" les employer comme íignes ,
Ies combinant en diverfes manieres , ¡es muuiant
les ^.rcouplanr, lescouchant , les retournant dirre-
reramenr , felón les genres & les rtiodes , comme
on peut ie voir dans le Recueíl ¿ Alypius. Les
Latins les imitoient, en fe fervant, a leur exem-
ple j des lettres de le^ alphabet j & ¡1 nous en
relie encore la lettrd^ointe au nom ae chaqué
note de notre tchelle diatonique & naturelle.
CÁRALIS, dans rifaurie. kapaaiQTGN. ^
Cette viile a fait frapper des mcdajlles impe-
riales grecques en Thonneur de Maximin , de
Donina.
CARALL!A,en Pamphylie. KAPAAAmraM.
Cn a des raédailies imperiales grecques de cette
villcj frappées en fhonneur de Julia Domna.
CARARE, jadis Luna , petite ville de Tof-
cane , célebre par le marbre blanc que 1 on tire
de fes carriéres. On y en atrouvé depuis un demi-
íiécle des veines & des couches , qui ne le
cédent aux marbres de Paros ni poar la fineffe
du grain , ni pour la beauté de fa blancheur.
La plus belle efpéce de ce marbre eft prefqu auíTi
dure que le porphyre j felón Winkelmann ( Hifi-
de l'Art. Izv. I. ck. 2. V. ),
L’éditenr du muféum Pro-Clémentin a publié
le certificar de deux infpeóleurs des carriéres de
Carare , qui atteílent , aprés un mur epmen Sr
nn effai , que f Apollon du Belvedere n eft point
de ce marbre , mais qu'il eft de marbre grec.
Rhaphaél Mengs s’eft done trompé en aíTiirant
le contraire , de cet Apollon & des plus belles
ftatues antiques de Rome. II en concluoit faufle-
ment qu'elles n’étoient pas des ongtnaux , rnais
des copies faites en Italie par_ les plus hábiles
artilles 5 car les Grecs n’ont point connu íes car-
riéres de Carare. Au refte , ion Opinión eft vraie
relativement á quelques ^ftatues , en tres-petit
nombre.
CARAUSÍUSj tyran en Angleterre fous Dio-
clétien.
Carausius Ausustus.
Ses médailles font :
RRRR. en or. . , , , ,
Elles font d'un prix ineñimable, avec la le-
gende Virtus Caraujli du cote de la tete.
RRR. en argent.
11 y a des reveis plus tares.
R. en P. B. _ ^
On trouve des reveis de P, B. qui font ties-
rares. . .
II y a un médaillon d’argent de ce prince au
cabinet du roí.
cílBfsÍNUS.V^^ défignérentdans
rorigine le lin & Ies toiles tiiTues avec les fils
de cette plante. Pline ( xix, i.) parle du ear-
Aatiqaités ¡ Torne L
CAR
hafus d’Efpigne , comme d'ane efpece de lia
tres-fin : Hifpania citerior kabet fpler.Porem lini
precipautn , torrentis irt quo politiír natura , qui
alluit Tarraeor.em. Et tenuitas mira , ibi primurn
carbajís repertis. C’étoit de ce lin que Ton fabri-
auoit ordinaireinent les voiles tendus au-de_lfus
desthéátres & des amphithéátres, felón le meme
écrivain ( ibidemS) : carbajina vela primas in thea-
tro duxiffe traditur Lentulas Spinter luáis Apol-
linaribus. Peut-étre Ies veftales portoient-elies des
tuniques ou des voiles du lin appelé carbifus ,
comme on peut le conjeélurer de ces paroles ae
Yaiére - Máxime (l- l- 7-): Máxima virgine
JEmiLia adorante , ciim carhafum , quam optimam
habebat, foculo impofuijfet , jubito i gnis emicuiu
Les voiles des vaiíTeaux éroient tiiTues ofdinai-
rement de ce lin ; c’eft pourquoi les pretres tes
appeilent carbajina -vela.
On détoarna par la fuite ces mots de leur
fignification premiére ^ ppar leur faire figniñer le
coton j c^üi etoit I3. rnaticrc ¿c ces toiiCS íi c^—
lébres dans l’Inde & l’Egypte , &_fi recherchees
á Rome fous les empereurs. Quinte-Ciirce^ dit
que Ies Indiens s’enveloppoient ie corpsjufqu aux
pieds avec le caro afas ( /. l<). c. I.) : Carbafo Indi
corpora ufque adpedes •velante Nous avons déiiiori-
tré á Farticle Byssus ^ que ces toiles des Indiens
éroient faites de coton. Ce vegetal fut done ap-
pelé improprement carbafus. Solin a donne aufli
le nom de carhafa , a des rolles d amiante (c. iiC) •
Carhafa etiam quA Ínter ignes valent.
CARBATINM , chauíTure groffiére faite de
cuirs ciads. PoIIux ( vn. 22. ) en atrribue Ihn-
vent'on aux Cariens- Xénophon parle de carba-
tinA fzhes de cuirs deboeiifs rrés-récemmenttués.
(Anabaf iv. ). ]l en eft fait ir.enr.on auili dans
un poete latín C CatulL. xcvi. 4. ) :
Tu tamen hac lingua , fi unus veniat tibí, pojps
Culos & trepidas lingere carhatinas .
Ariftote Ilih. 2. Animal.') d:t que Pon mettok
de fembiables chauuures aux chameaux , pour
éviter Gu’ils ne blefiaífent les pieds-
CARBO , furnom de la familie Papiria.
CARBULA > en Efpagne. Carbüla.
- Les médailles autonomes de cette viile font :
RRRR. en bronze.
O. en argent.
O. en or. . „ ,
Leur type ordinaire eft une q. re.
CARCERES in circo. Dans Ies jeux olympi-
oues 'me ímple corda tendue retenoit les ca-
éaPe-s &"les chars fur la ligne appelée baléis
(voyer ce mot j , jufqkau figna! ; !_a corde s’a-
bauoit alors , & les athietes voloient dans la
car-iére. Si on en juge f^r un paflage de Lyeo-
pV^roa en lubftitua depuis á la balbts un íciie
P??P
666
C A R
long étroit , quí etoit rsrxip'i au íignal donné
■par un inorceaii de bcis, ou une lóngue régie que
Ton y iaiííbit roip.ber.
Les Romains ne célébiérent pendarff long-
tems Íes itux , que dins des enceinres ou des
amphithéácres conítrui's en planches & encierres
- légéres appelées tuf , topkus. Tite-Live dit qa’en
i'année ils changérent la balbis ázs Grccs ,
& qu'ils conítruifi'íerst pour ia premiére fois des
carceres. C’étoit un maffif de maconnene , qui
faifoit la corde du fegmenc curviligne lor'iTié par
le cirque. Douze voútes le partageoienr en douze
cfpaces féparés , femblables á des prifons ; d'oú
iui vine le nom de carceres^ Douze portes Sxees
une méme dérenre , s’ouvroient á-la-fois au
%nal de celui qui préíldoic aux je’aX;, & laiífojent
Ibrtirles cavaliers & les chars. Les carceres étoitnt
peintes ^ comiTie le dit Eniiius ;
.... SpeBant ad carceris oras j
Qm mox emittant piBis e faucibus curras.
Les Fhilologues du dix - feptiénae íiécle or.t
donné la torture á leur inaagination , pour expli-
qutr commment on rachetoit le défavanrage
Qu’éproiivoient les deraiers chars ^ qui étant pla-
ces a i'autre extrémité de la ligue balhis , avoient
?■ parcourir un efpace beaucoup plus grand que
les premiers. La découverte des fondations du
CmqtjE de Caracíiila., a fourni une explication
trés-íimple , que Fon trouvera á fon arricie.
Carceb.es dans les jeux 3es latrur¡.caLi ¡ étoient
les deux bords de Téchiquier j fur lesquels on
mettoit les prifonniers.
CARCHESIUM , y,cicix,y,!ric* , vafe qui fervoit
dans les feílins & dans les facrifices. II étoit
aliongé , évafé & applati vers le milieiK, garni
d'anfes qui, partant prefque du bas de fon ventre,
s’élevoient jufqu’aa-deíTus des bords. C’eíl ainíi
que le dépeint Macrobe ( Sat. v. c. 21. ) : Car-
chejíum procerum efi , & circa mediam parteni com-
prejfum , anfatum medzocriter , aníis a fummo ad
infimzim pertir.entihus. La defcription d^Athénée
( ííh. XI. ) eíl conforme a celie de Macrobe.
Wirrkelmann en a decrit pluíiears fous les nú-
meros III, II2- , 8¿rc. du cinqaiéme livre des
pierres gravees de Stofeh. Le carchefiumxtoit un
des plus anciens vafes ; car ce fut avec ce vafe
que Júpiter pava, felón Athénée 'yibidem ) , les
faveurs" d'Alcméne.
C.írchesium. Vitruve appelle de ce nom une
machine qui fervoit á lever des fardeaux, & que
Lon plaqoit fur un charriot. C’étoit un mat, au
haut duquel étoit fixé un lévier ; á f un des bouts
de ce lévier , étoient attachées des cordes pour le
tirer , & le poids s'accrochoit á Tautre.
CARDA, peut-étre CARDIA Sr CARDEA.
Macrobe (^Saturnal, l. 1. c. 12. ) fait mention'
d’ane ¿ivinité qu’il appelle Cama , laqaelié , dit
CAR
cet auteur, préfidok aux parties nobles Se au
partios vitales tíe'fhomrae , au coeut , au foie
& á toas Ies inteltins , dont elle procuroit la
fanté ; & parce que Brutus , ajoure le n:é:;ie
écrivain , par le moyen du cceur , c'eíl á-áire
par le fecret du cceur , & par fa dilfimuiati-n ,
paífoit pour un homme utile a'u changemenc sé
á la reforiiration de fEtat , ,il bátit un temple á
cette déeiíe. 11 avoir dit au'paravant que le méme
Brutus revenant viclorieux le premier jour de
juin, aprés avoir chaffé Tarquín , ht un facrifice
á la déeíTe Cama , fur le mont Coelius. Vives
( in S. Aug. de Civit. De:, I- iv. c. 8- ) , Vigenére
par Eite-Eive , t. i.p. 660 & I16Ó. ) , Kolinus
^ dans fes antiq. Rom. l ii. c. Ip. ) , & tous íes
autres Fhilologues confondent cette divinicé avec
Cama dont parle Ovide , ou Caraca , comtne
rappeüe Saint Auguftin ( ¿e-Civh. Del, l. ir.
c. ) , c’eft-a-dire , avec la déeíTe des gonds. Ce-
pendanc Macrobe , qui marque avec foin toutes
les fonétions de la déeííe dont il parle, ne dit
pas un mot de celle de préliaer aux goods. D ail-
leurs , le foin de conferver _ les entrailles de
rhomme , & celui de veiiier aux gonds oes
portes , font li diíFérens , qu ils ne convienneut
nulletnent á la méme divinite. On a'voic un li
erand foin de ne point trop accabler les rneines
dieux de travaux & de foins , & de les muiti-
piier pltitót á chaqué oceupation d’.írérente que
Ton concevoit dans .le détail du gouvernenient
du monde , qif il eil ridicule de croire que 1 on
ait chargé la méme déeíle de ces deux emplois.
11 faut reconnoítre deux divinites dLiereni.es 5
il y a une faiice dans Macrobe , & 1 on doit lire
Carda ou Card¿s , au-lieu de Cama. Ce nom
venoit du grec , le caur , & ii ‘U^
donné parce qu'elle avoit foin du coeur ‘--S
entrailles , dont il eft la plus noble
leurs , outre cette fonftioa de la déelTe, 1 aau 10
que fait .Macrobe , 0*1 que ! on fir , felón _ o
récit, au coeur de Brutus , exige cette correttion.
CARDIA , en Thrace. kafaia.
Les médaiUes autonomes de cette ville fon». -
RRR. en argent.
RRR. en bronze.
O. en or.
Son fymbole eft un cceur. ,
La m^édaille de ce numéro , dit le
Caylus ( üec. i". pL Ji- ) ‘^-'“A/été
tete ia figure d*un cceur en renei , ,•
apportée de Conftantinople avec plu-íe..ir
médaillcs des viiles de? hrace^, n n ;/
doacer qa'elle n'appart:enne a la vi-le d- ' ^ A
dont ’e nom en grec fignifie un ^ AAe
Solin difent que ce nom luí lut donn-- , f
que le lien ca elle ctoit fituee , avon a * c
d’un ccEur. , ¿
Etienne de Byzr-nce rappottq de
qu elle fut aiali appeiée , de ce que peni.
CAR
facriííce cjue faifoit Hermockaris en la bátiilant j¡
le coeur de la victime fur enlevé par un corbeau.
Cette viüejCui étoit dans Ciilhme de la Cherfo-
néíe , étoic trés-coníidérable & Démoítáéne la
regardoit comme le boulevard de cette peninfale. i
Faufanias dit oue Lyíimaque Tayant fait détru'.re ,
bitit tout auprés une autre viiie qui fut. sppelée
de fon nom , Lyfimachij..
CARDINALES. Dans le livre des offices de
Théodofc j les prcfets du prétoire de l’Aúe , &
le' préí-et de FArrique ^ font appelés cardinales ,
prmcipaux, ou premiers entre les autres piéfets
de rÉmpire.
CARDINEA. Voyez Carne.
CARDINE Lanzo (ai). Miiratori (qaj- 8.
Tkef. infe, ) rapporte rinfeription fuivante :
1. ANNIUS. L. L. AÜCTÜS
AB, CARDINE. LANIO
VIXIT. BONUS. AMICUS.
CARDINES étoient Ies efpaces pratiqués
dans Ies rhéátres & les amphithéátres ^ entre les
gradins appelés canez ¡Se qui fervoient á y aborder.
CARENUM. )
CAR-jáNUM. r bes Grec & les Lanns i
KAPOINON. 3 déíignoient foiis ces noms j
du vin doux réduit par la cuiíTon aux deux tiers
de í'on volume. P.üladiusX ¡rrrz. 7. ) appelle ca-
renarla , les chaudiéres dans lefquelles on le fai-
foit caire.
C ARICAD ¡ efpece de ligues. N. Figuier.
CARiC.ATURE. C'eít le burlefque de la pein-
ture & de la fculpture. Les artilles anciens nous
ont.laiíle quelques fruits de ce libertinage ddíma-
gination. On voit a Portici une repréfentadon
ridiculez ou , íi Fon veat , une parodie d't-
née porrant Anchife fur fes épaules ^ & tenar. t
le petit Afcágne par la main. Ces trois figures
ont des tetes d’ár.e 5 & auprés da grouppe qu'eiles
forment ^ fe troiive un autre áne qu: n’a pas
un pouce de hruteur : il elt debout fur fes
pieds de derriére , & couvert d’un mantean
d'argent. Le comte de Caylus (Rec. ni. p¿. ~¡G.
nüm. í.) a publié une caricaturé de bronze
qui repréfente un áne vera de ¡a toge ^ comme
un confulaire- II y en avoit un pareil au cabinet
des Jéfuites de Rome ; &: le cardinal Albani en
pTjffidoit un femblable. Voyee^ aufli á Fárdele
d’.ALCMÉNE j la parodie de fes amours avec
Júpiter.
CARIOLO. Voyser^ Cnariclo.
C-ARIE. Les rois de Cup-ie dont on a des
médai-ies font : Maufole, Idrieus , Pixodare.
Leur r.’pe ordinaire eft un homrae debour j
te.nant une maíTue Se une halle.
C.ARllS. Voyi[ Carinvs.
CAR ^^1
CÁRÍN2E. On appeloit á Rome ^ de ce nom ,
quelques bátimens fitués auprés du coiiíee le au
pied des Efqiiiiies. Les uns font venir ¡eur nom
de la forme Se leur ccnílruclion , qui les faifoit
reíTembler á des navires ; d’autres á cette meme
forme qu'oífroit la vallée dans laquelle ils étoient
batís ; & Yarron enña ¡ du mocgrec K¿fXitéce ,
parce qu’ils étoient fitaes á Fentrée de la voie
facrée.
CARINARIUS. Voyez CerináRiüs.
CARINAS , farnom_ de la famille Albia.
CARINUS ¡ fils ainé de Carus.
Marcüs- Aurelios j Carinus j Augustos.
Ses médailies font :
RRR. en or..
RRRR. du méme métal , avec fa téte & cellc
de Numérien : au revers , Victoria augg. ^
RRR. en argent-quinaire.
RR. en médaiílons de bronze. II y a quelques
revers qui font plus rares.
RR. en M. B.
C. en P. B. de coin Romain & d'Egyptc.
CARISIA ¡ famille romaine dont on a des
médailies :
C. en argent.
RR. en bronze.
O. en or. , . , .
Goltzius en a publié qXielqueS médailies in..
connues depuis lui.
Carisia ¡ en Efpagne. cari- carisi.
Hunter poíTédoit deux médailies de bronze
avec les légendes ci-deífus 3 & avec un cavaher
courant au galop , que M. Combe attrioue a
Carijia.
CARISSIML Les empereurs de Conilanti-
nople appeloienc de ce nom les mtendans des
provirxes , & pluíieurs autres de leurs officters.
Conñantin donne ce nom á Vénnus ( leg. r.
¡r. de feriis. ) j Gratien Sr Valentinien le donnent
á Hypatius & á Lampadius C b 7. de Sufeept. ).
CÁRISTIES. Voyei Charisties.
CARIES 3 fils de Júpiter & de la Nymphe
Thorrébie , fe promenant un jcur fur Ies deux
bords du lac Thorrébie , entendit le chant des
Kvmphes 3 & apprit d’eiles la muíique 3 qu il
enfeiana enfuite aux Lydiens. En recompenfe
de ce bienfait. ils lui décernérent les honneurs
divins 3 & lui bátirent un temple magnmque fur
une montagne , qui prit le nom de Carias.
Carius étoit auffi une épichéte de Júpiter
chez les AIyla(íiens_^3 avoient peut - erre
appris ce cuite des Cariens.
C ARMAaOR 3 étoit un habitant de Tarrha 3
ville de ¿rete 3 qui e.xpia Apollon du meurtre
fer^^ent Pvhon. Ce dieu fe fervoit quelqaefois
de b'^maifod -de Carmar.or , pour fes exploits
amoureux. V. Ac^CALLIS. ( Raafanias. )
p p p ? IJ
£6S CAR
CARME & Carmis Nymphe que Júpiter
rendic mére de Britomartis. Ene eíoit cherié de-
Diane ^ parce qu elle aimoit, comme cette déeflej
la chaffe Se Ies bois- Minos ^ enfiammé d'amour
pQur elle , la pourñiiyit un jour íi vivement j
qu'eile fe orécipita dans des filets de pécheurs ,
8c y périt." Les Crétois & les Egiaétes luí ren-
doient les honneurs divins. {Paufan. Corinth.).
CARMELES , divinité des Syriens qui habi-
toient aux environs du M-ont-Carmel. Elle na-
voit point de temple; mais oti lui avo’t confape
un autel. Tacite dit que c’eft un ptétre^du dieu
Carmelas , qui prédit á \ efpalien qu il feroit
empereur. ( Tadt, Hijl. iJ. 78. & Suet. Vefp.
e. 3. )-
C ARMENLA, fameufe devinereñed' Arcale,
rendit, dit-on, fes oracles en vers , ce qui luí
& donner ce nom. Elle eut de Mercure , Evan-
dre , avec lequel elle fe tranfporta en Italie , ou
Faunus , roi du Latium , les recut favorable-
ment. Aprés fa mort, elle fut admife parmiles
dieux indigétes de l’Italie , & denaa fon nom á
une porte de Rome , ainii qif á une féte célebre.
On appeioit auiTi Carmentes , toutes les devme-
refles , Ies prophéteíTes & toutes les femmes en-
thouíiañes. Denys d'Halycarnaffe ( //á. i.), &
Plutarque ( prohl. 56. ) difent que Carmelita ttov.
la meme divinité que les Grecs appeidieiit
Thémis.
CARMÉNTALE (la porte) eñ détruite.
Elle étoit placée fur le bord du Tybre, au pied
du Capitole ^ dans la place appelée Montanara.
Elle portoit auíli le nom de fcélérate , parce
que les trois cens Fabius défaits par les Etrufques
fur les bords de la Crémére , étoienc fortis de
Rome par cette porte.
CARMENTALES ^ féte que eélébroient rous
les ans les méres de famiile , en Thonneur de
Carmenta. Cette féte fut établie au fujet de la
réconciliation qui fe fit entre les dames romaínes
& letirs maris , aprés une affezlongue bromllerie,.
caufée par un arrét du fénat , qui avoit défendu
aux femmes Tufage des chars. La réconciliation
fut fuivie d’une grande fécondité , en mémoire
de laquelle ern célébroit la tete carmentale , le
18 des calendes de février , c’eíf-á-dire , le 15
janvier.
fe? CARMENTALIS flamen ; cétoit un des
quinze ñamines de Rome , quí étoit confacré á
Carmente. Voyei^ Flamine.
CARMINATORES. Muratori ( 984. 7. Tkefl.
infer. ) rapporte f infeription fuivante :
D. M.
CXX. iOCA
SUNT. LANARIOR.
CARÍÍINATOR.U.M
CAR
SODAII qUAE
FACIUNT. IN. AG. P. «.
AD VIAM P. LV
C. TIFERNIUS. C. F. POTENS
EJUS PATER
IT. TEIA. MATER. FILIO
PIENXISSIMO
Les Romains entendoient par le mot carmi-
nare , Tart de carder & de peigner la laine.
C-4RMÍS. F'oyei Carmé.
CARMO , en Efpagne. Carivío.
Les médailles autonomes de cette ville font :
PiR. en bronze.
O. en argent.
O. en or.
Leur type crdinairé confiñe en deux épics.
CARNA.
CARNEA.
CARNE.
CAE.DINEA.
DéeíTe révérée chez les Ro-
mains. Elle veilloit á la fú-
tete des gonds , cardines , comme il paroít par
ie íixiéme Livre des Falles d'Ovide , v. loi.
Elle eft appelée auRi Cardea par Saint Augullin ;
mais il ne'faut pas la confondre avec Carda >
ou Cardea. Voyez ces mots. Cependant plu-
fieurs Pbilologues r/en ont fak qu’une feule di-
vinité ; & ils appelíent auíTi Cama ou Carne , la
déeíTe qui préfidoit á'Ia chair & aux parties
nobles du corps humam. On ne lui facrifioit
de poiíTon , Sí on ne lui offroit que de la bouuiie
de farine de féves avec du lard.
' CARNÉADES.
CARNEES.
CARNÍEN.
CARNIENNES. i
CAR N IES.
CARNES.
Fétes célebres dansprefque,
toutes les villes^ de la
Gréce,& fur-tout a Sparte,
oú elíes furent établies dans !a vingt - fixiéms
Olympiade. Quelques Mythologues ont cru que
la divinité en l'honneur de laquelle les carnees
avoient été inílituées , étoient Júpiter , mais
Alemán dit expreffément que e étoit Apol on-
Carv-ien , Káfvetar. • r • • Ii»
On confacroit les neuf jours qus fuivorent
1 2 du mois carneas , auquel répondoit le mol
métagitnion des Atbéniens , á célébrer les as-
nees , en vivant & s'habiiíant comme dej; lowats
dans un camp. On dreíToit méme neuí ,
fous chacune defauelles neuf citoyens , cn_
dans trois diíférentes tribus , demeuroient nuit
iour 3 & cbckToient au hémut pubnc (
Deipn. Uh. IV, Callimac. in Apol. , & Rut
Phhlon ). Iíéfychiu?appelle«ytr;;^rle pjretre qu^
offroit Ies facrifices pc-ndant ces fétes. lie
écrivain dit auííi que Ton élifoit cinq citoyens p
dans toutes les tribus, qui, fous le
TAi préíidoient a ces fétes quaire zns de ^ *
C A R
pendant lerquels iís ne pcuv-oiínt ib íTiatier. I es |
CJ^'-CíS étoient accompignées de jeux & ce
corr.bats ; les nauíiciens er.tr’autres difputoient un
prix en chanrant certains vers , appelés Ka?>‘.'íf
my-oi , 8c Terpandre gagna le premier.
Les anciens Scholiaiíes rappoitoient pluíieurs
étymologies du furnotn de Carníer. , 4Q¿ine a
Apoüon. Soüs le régne de Codrus. difej^nlR’uns ,
les Héracüdes , rnarchant tians rÉtolie centre les
Acarnaniens , le devin Carnus leurapparut & leur
prédit des malheurs. !ls le prirent pour un magi-
cien , & Hippotes , ñls dLAlés , Tiin á’eux , le
perga d'une fiéche. La pefte fe répandit auífi-tót
dans leur armée , & Ton attribua ce malheur á ¡a
mort du devin dLA.carnanie. Hippotes fe condamna
de lui-méme á fexüj & Ton inftitua les Carnees
pour appaifer le proreéleur des devins , Apollon ,
qui en prit le furnom de Carnitn. Le fcholiaíte ae
Lindare derive ce furnom arro r5»x;ífsSy , des hre-
bis , parce qu’ApolIon avoit gardé Ies troupeaux
d'Admette , pendant fon exil fur la terre : d’autres
enfin le font venir d'un favori dLApcdlon , appelé
aufli Carnus , fils de Júpiter Sr d'j:.uropej felón
Hefychius, Scc. &c-
CARON , voyei CHARON.
CAROPUS , roi de Syme eut de ¡a nymphe
Aglaia un fils , appelée ?liréé. Fbyí^ Niree.
CARPE. A Lépidotum;, vilie fituée fur ia rive
droite du Nil dans le dilirict de la Thébaide , on
ne mangeoit pas d’un poiíTon , dont rhiftoire a
été long-temps obfeure &c confufe. On favoit
bien , par un p'alfage d’Athénée , qu^il appartencit
au genre des carpes 5 mais il a fallu faire^ des re-
cherches pour pouvoir en fixer Pefpéce^qui ( P aw,
recher. fur les Ckinois , i , p. 15^) P^toit etre
celle de la ca^e roujfe ^ Cyprinus rufefeens niloti-
cus Linnsi. Sft. nat. t. i , p. 52.8. ). Ceux qui
Pont pris pour la Dorade ^ confacrée chez. les
Grecs á la Vénas Cythéréenne , qui eft certaine-
ment la Nephthis de l'Égypte , ou la femme de
Typhon, ne font pas attention que la Dorade eñ
un poiíTon trop remarquable , trop aifé á recon-
noítre , pour que les Ecrivains Grecs fe fuíTent
mépris au point de changer le rerme ás Cryfo-
phris , ufité parmi euXj en celui de Lepidotos :
ce mot ayant d’ailleurs été deja employé dans Ies
Orphiques 5 & enfuite par Hérodote , qui a cru
que cette carpe roujfe avoit éte rejetee du regime
populaire de toute Pétendue de l’Egypte ^ ce qui
eft fans vraifemblance _ , ^
Dans les Lithiques , attribués ordinairement a
Orphée i! s’agit d’une pierre dont 1 eclat argen-
tin imitoit celui des écailles du poiíTon lepidotos :
or il y a des efpéces de carpes dont Ies ecailles font
fort groffes & affez luifantes. Mais jufqu a pré-
fent les naturaliftes n’ont pas connu cette efp«e
de pierre ¿o.it il eft auffi fait mention dans Pline.
M. Paw foupqonne cependant que c’éroit une
pyrite arfénicaJe , blanchátre, qu’on taiiloit á
íácettes»
CAR ^69
CAHPÉE j Carpsa ^ du grec C’étoit
une efpéce de danfe, ou d’exercice militaire , en
ufage ‘chez les iEnianes & les Magnéiiens. La
carpée confiftoit en ce que deux homir.es armes
concrefaiioient Pun un laboureur^ & Pautre un
volear. Le laboureur mettant bas fes armes , fe-
moit ou faifoit femblant de femer , puis prenoit
le manche de fa charrue, 8c iabouroit fon champ^
regardant fans ceífe de tous cotes , en homn'.e
inquiet 8c qui crainr d’étre furpris. Le voleur en
eftet paroiífoit ; le laboureur alors_ quittoit fa
charrue , prenoit fes armes , & comoattoit pour
défendre fes boeufs. Tout cela fe faifoit au-fon
de la flúte & en cadenee. Tantót le laboureur ^
8c tantot le voleur étoit vaincu. Quand le voleur
étoit viélorieux j il emmenoit les boeufs du la-
bouteur. Xénophon parle de la carpee dans le
fejlin. de Seutkas le Tkrace. Voyez auíli Scaüger
le pére. {Poet. l. i. c. 18.) C’étóit apparemment
un exercice inftitué pour apprenire & pour ac-
coutumer les payfans á fe défendre centre Ies
incurfions des brigands ^ ou de Pennemi.
CARPENTARIUS. Ce nom défignoit chez les
Romains dans fon origine , Pouvrier qui faifoit
des chariots couverts appelés carpenta. II s’appli-
■qua enfuite á ceux qui fabriquoient toutes fortes
de chariots ou de chars , aux. charrons ^ & er.fin
aux ouvriers que nous appelons en franqois char-
petitiers y c eñ fans doute dans ce dei.nier fens
que Végéce étabik que chaqué iégion aup á fa
fuite des carpentarii ( /L. 1I-) Quoiqu á la ri-
gueur on pourroit reñreindre ici carpentarios a
ceux qui faifoient , raccommodoient ou condui-
foient les carpenta deftines aux tranfports des
armes des machines de guerre & des malades
de ia Iégion. Car Lampride raconte de Sévére-
Alexandre ( c. 47. j qu’il vifitoit dans leurs rentes
tous Ies foldats malades ^ & qu’il les faifoit tranf-
porter fur des chariots : JEgrotantes ipfe vifitavit
per tentarla milites , etiam ultimas j é? carpentis
vexit.
CARPENTVM j char ou chariot á deux ou
a quatre roues , couvert ou découvert. Ce mot
défigna d’abord un chariot quelconque > mais
on le reñreignit par la fuite au chariot^ orne ,
couvert & a qua‘tre roues ^ dont fe fervoient les
dames romaines ^ Ies ímpératrices , les veftales ,
les prétres 8c certains grands officiers de Pem-
pire. Ovide derive le mot carpentum de Carmeate^
mere d’Evandre ( Faji. i. 019. ) :
Nam przus Aufanias matres carpenta vekebaní.
íí&c queque ah Evandri dicla párente rear-.
Les chariots dont les labourenrs fe fe^oient
pour tranfporter leur fumier ^ font appeles car-
penta par Palladius ( x. l. ) ; Vni jugero affent
Calumella viginti quatuarparpenta Jlercorts fufficerp
Les AÍains < peuple errant nómade ^ trsnt-'
CAR
CARPIS CULUS j chauíTure des Ilornsíns que
Ies Grecs appeioienc ■¡^wjrjcioí, & Jies-j-ísvií'P CWs
mo.ts grecs nous apprennent que le ccrfijcuíus
étoit ouvert, c’eít-á-dire , découpé en pluiieurs
endroits. Aurélien ayant vaiiip les Carpí , peuple
d’ Afrique , fut decoré par le fénat du furnom
Carpicm i Vopif. c. 30. ) , comme il Favoit été
des fiáfems Parthlcus , Gotmcus , 8;c. Miis
cetre nou^cile dénominatioa r.e jui fut pas agréa-
ble, á caufe de Fanalogie qui íé trouvoit enere
Carpíais & Carvifculus.
Carfisculus étoit auíTi un ornement d'archi-
teólure , réfendu pluíleurs fois peut-etre celui
dont.on décoroit les naiflances des frontons, &
qui refíembloit a un acroñole. II en eíl fait
mention dans l’infcription fuivante :
670 CAR
•'ortcieni leurs femntes & leurs enfatis fur des ,
krpenta ( Ammian. 31.2.)^ Qui leuv feryoient
deV.aifons : Can carpentís , ía quibiis hahitant.
Les Ro-fiains s'en fervoient audi poar les voyages
( Theo¿. -lÍD. viií. Ug. i8. )j fe Apuiée
XI. ) fe tranfporta á Rome fur un cha-
riot de cetce efpéce ; Romam dekznc carpento
pervoíavi. On vit íes chefs des Gaulois com-
batiré fur ces chariots ; & Bituitus , 1 un d eux,
fut conduit á la fuite du triomphateur fon vain-
queur;, dans un carpenturn d’argenr ^ fur lequel il
avoit combatm ( Floras, ni. 2. ) ; Rex Bitiátus
argénteo ín carpento , qnalis pugnaverat.
Le carpenturn fut tiré de la claíle des voitures
£mp!es & corninunes^par 1 ufage qu en firenydans
Rome les dames romaines. 11 etoit aiors atteie. de
mules (^Lampr. Helíogah. 4. ■ : r acia funcfenatus.
amfulta , qu& vekerentur carpento mularí j Ctttt ■
diñinótion n'^appartint qu’aux dames les^ plus il-
luftres & aux princeíTes ^ & ce fut le fenat qui
la leur accorda des le tems de la repubiique. Les
empereurs firent du carpenturn un ufage habitué!,
& cet ufage devint une des prérogatives des Au-
guiles. lis le permirent cependant fous^ le bas-
empire. 1°., au préfet du prétoire ( Cajjhd. V tt.
VI. : Ipfe primum hujus dígnítatís ínfulas
confecravít , ípfe carpenturn reverendas afcendit.
Au vicaire. Je Rome, {íbíd. vi. i\.) : Ad
fimílitudinem fummorum carpento veherís. Les
Pontifes & les Flamines fe fervoient auíii du car-
venfdtn , furtout poiir tranfporter au capitoie les
*chofes facrées qui ne devoient point étre ex-
pofées aux regarás des profanes. 'Tzát& {A.nnal.
xii. 42. 3. ) ,"le dit expreífénaent : Suum qaoqae
faflígium altíus extollere , carpento capítolíum
íngredí , qui mos faceraotíhus facris antiqui-
tíLs concejfas. ,On vit auíTi le carpenturn parcitre
dans les pompes du cirque, d’oú iui vint le Im-
tíovo. pompatícum (^Ifidor. xx. 12. ) II povtoit les
images des irnpératrices mortes , á la fuite de
celles des empereurs , qui etoient placees fur des
chars. Ge fut Caligula qui accorda cette préfo-
gative á la mémoire de fa mere ( Suet. Calíg. c.
15. ) ; Inflítuít matri círcenfes , carpentumque quo
ín pompa traduceretur. MeíTaline & Agíippine
robtinrent des íeur vivant.
On volt des carpenturn. poinpiztícum fur les mé-
¿ailles de Julie , d’Agrippine & de queiques
siirres princeíTes. Les tombeaux étrufques de
marbre , publiés en 'grand nombre par Gori; en
offrent auíÜ plufeurs ; & -Fon en trouve quel-
ques-uns dans Ies peintures d’Herculánum.
Vopifeus nous apprend de l’empereur Aüréüen,
qudi fe promenoit dans un carpenturn pour fe'
délaíTcr áes fatigues du goiiverrrement , en s’en-
tretenant fámiliérement avec fes amis : Ihí cíim
animas caaCs atqae a. negotiis publicis folutus
ac líber vacaretj^ fermonem multiim ¿ palatio
¡zfquí ca, kortos Valerianos inflítuít.
XEGPLAS AENEAS A.ÜÍ1.ATAS
CUM CARPISCULIS EX
VESXIXURIS BASIUM.
gÍIp™' } Ecuyer tranchant.
CARQUOIS , pkaretra 8c coryms. On trouve
des carquois de pluíieurs fortes fur les monumens
antiques ; mais il feroit difficile d’affigner á quel-.
qués-uns excluíivement aux autres, certaintems,
ou certaines contrées. Nous allons pourtant en
faire mention , afin de donner aux peintres le
moyen de jeter de la variété dans leurs compo-
ñtions. II y a des carquois ronds 5c terminés en
pointe ornee : d’autres refl'emblent á un obéiifque
dreífé fur fa pointe ; d'autres enfin qui renferment
ordina'irement Farc avec les fleches , fontcontour-
nés comme les confoles^ur iefqu^es on p.ace
des bulles , ou qui porrent les cornTChes.
Carquois. On en volt un fur les medaiües
de CnolTus , de Cos , de Myndus , ae Sinope ,
de TheíTalonique.
. CARRACO , retranchement fait avec d^
chariots. íl en eíl fouvent parlé dans Végece, 8c
dans les écrivains de Fhiftoire des Auguííes.
CARRARE. F'oyeq^ Carare.
CARREFOURfe Muratori ( 98. ;• Tkef. Infcr.)
rapp&rte Finfeription fuivante :
BIVIIS XRIVIIS
QUADRüVnS
EX VOTO SUSCEPTO
POSUIX PRIMUS
VICXOR
V. S. L. í. M.
On croit qu elle s'adreíTe aux génies des earrtn
fours.
CÁRRJí.,E, en Méfopotamie. kapp.
6-?t
CAR
Les médailles ?.urnnomes de cette vílle fcnt;
BRRR. er. bronie. ( )
O. en or;
O. en argenr.
Haym lui en a attribué qui appartiennent á
Cartha , dans Tifle de Ceos.
Dcveniie Colorde Romaine , eüe a fait frapper
deis- n-;édail!es grecques en Thonnear de 'I. Au-
ré¡e , de Vérus de Commode ^ de Sept.-Se-
vére, de Caracalla^ d’Elagabale , d’Aiex. Sévére,
de Gordien-Fie j de Tranquilline j avec Ies lé-
gendes :
ATP. KAPPHXQN- «tlAfíP. Awrelienfiiim Carrke-
nor-um Pkilorom&orum.
KOA. KAPPHK. Colonia Carrkcnorum.
CARRUCA , chariot coiivert á quatre roues,
trés-rellemblant au Carpentum & á la Rkeda. Pline
i XXXIII. II.) dit que les Romains couvrirent
les premiers cette voiture d’argent cifelé. La car-
raca étoit trainée par des mules, comme le car-
pentum 8c l^rhedaj mais elle différoit de la der-
niere , parce- qu'elie étoit couverte , 8c peut-
étre de la premiere par la fimplicité & la modeftie
des ornemens de fa couverture. Elle perdit ce-
pendant peu-á-peu cette modeftie - au moins la
carraca dont fe fetvoient Ies fénateurs, comme on
peut en jugé'r par la permiíTion que ieur donna
Alexaadre-Sévére de la faite argenter ( Lamprid.
AUx. Sever. c. 45.) : Carracas Rom&' & rhedas
fenatoribus omr.ibas ut argentaras haberent permi-
fit. Aurélien ieur accorda de nouveau cette pré-
íogative ; & fon hiftorien nous apprend que les
carraca ifétoient auparavant ornées que d'ivoire
& d’airain ( Vopifc. Aarelian. c. qó. . Ces voi-
tures , qui défignoient les fénateurs & les grands
ofiSciers, furent fans doute airujetties á une forme
& á des ornemens déterminés ^ que fon ne pou-
voit changer fans la perniiflion des empereürs.
Les particuliers eurent j des le tenas de Pline, des
carraca ornées d’argent cifelé, & d’or au liéclede
Martial C í-^’L 6% 5.):
Aurea quod fundí preño carraca paratur.
CARTEIA , en Efpagne. Carteia.
Les médaüles autonomes de cette viüe font :
C. en bronze.
O. en.or.
O. en argent.
Leurs types ordinafres font :
Neptune debout. — Un dauphin. — Une proué
de vaiiTeau.
C AREES GÉOGRAPHIQUES. M. Paw
( Recher. far les Egypt. c. 1. p 2.2O. j dit deS
Egyptiens,« qu’on a touic-urs ñipnofé qudls fa-
voien: bien deiP.ner des caries g-éc . -aDliiques, dont
ApolJor.ius de Rhodes & Euñatñe feur attribuenr
Piaventign. iXous fonarc-es étoanes lorfque Cié-
CAR
ment d’Alexandrie fait cette prodigieufe énuméra-
t'.on de toutes les connoiiiances que devoit pof-
feder celu: c ¿iitre ¡es prétres égvptiens qu oa
devoit nommer Scrf&e facré , ou rliéro-Gram-
matiíte : il fauc qu'il foit verfé , dit-il , da.ns ii
coímographie 3c la gcographie ; il faut qu’Ü
conncuTe le mouvement de ía lune, celui du fo-
- 'eil , !x celui des cinq autres planétes ; ii faur
qu il lache la cnorographie de TEgypte , & qifil
il ignore ríen de ce qui concerne Te cours du Nii
{ütromat. 6.).
« II paroit que tant de chofes n'ont pu s’ar-
ranger avec quelque précilion dans Fefpíit d’un
homme, íinon par le fecours des curtes. Alais
quelle idée doit-on fe former de ces canes la ,
lorfqu on réfléchit que les Egyptiens ne voya-
geoient pas , & qu iis ne naviguoient point , ni
fur la Aíéditerranée, ni fur la Mer- rouge? Avanc
la vingt-fixiéme dynaltie , qui étoit celle des
Saires , ils ne femblent avoir eu des notions pré-
cifes que fur rincérieúr de rEthiopie , ce que
Strabon a voulu á torr Ieur difputer. Les agtres
contrées adjacentes , comme FArabie •, ¡a
Judée & la Phénicie, ne Ieur étoienr connues
que par le rapport d’autrui , c’eíf-a-dire , celui
des- Pafteurs , ou des nómades. .Quant aux cotes
de la Gréce , les ifles de FArchipel , la Libye
inféneure , & Ies parties occidentales de FAfri-
que, ils tfen favoieut que quelque chofe de forE
vague. Je ne doute pas qu'üs n'aient eré en une
commiinication étroite avec Ies prétres du temple
de Júpiter Ammoti ; mais il n"eft pas prouvé que
la céiébrité de cer oracle ait artiré dans la Mar-
marique des yoyageurs ou des péierins venus de
difterens pays trés-éloignés Ies uns des autres ,
furlefquels on pouvoit sdnftruire par Ieur moyen.
Et encore cel%eút-il fuíE pour dreíi'er des curtes
relies que celles dont on nous parle , & ou Fon.
avoit indiqué le gijfement de toares les cotes de
V Ocian , & toares les grandes routes de V anden
continent ? Quand méme il feroit vrai que quel-
ques Egyptiens, attachés au collége facerdotai de
Sais , euííent tenu á Solon le meraeilleux difcours
que Platón Ieur- artribue fur l’Atlantide , il ne
s’enfuivroit pas que ces Egyptiens - la aieut eu
-une co.nnoiffance géographicue fur quelque terre
lituée fort avant vers Foueft, puifcue ríen n’elt
plus confus , ni méme plus manifeftement faux
que ce qu^on en lit dans le Timée Se le Critlas.
«Voici comme il fautréduire á de iuftes bornes
ce qu’il y a d'exagéré dans Clement d'Alexandrie..
i .es prétres n'ont pa avoir d'autres canes que
de limpies tableaux tepograpniques de FEgvpre,
tel que celui cu’on voyoit dépeint fur ie voiíe
d’iíis-. Cemme toutes les terres de ce pavsavoient
été mefurées , il n” étoit pas diílicile d’apprccher^
par ce moven, beauconp de la préciíion. D’ail-
leurs le cours du Mil, Se runiformité de direétion;
dans déux chames de montagnes qui courenruo;
fud au nord juícji'á la haucear de iíe.-r.pñis.
<Í7^ CAR
rendroienf cette opération praticable á ceux qui !
agiroient fans théorie j mais les prétres opéroient j
fSvanc de cercains principes dont iis ne firent
jamais beaucoup de myñére ^ puifqu ils les corn-
muniquérent méme aux Juifs qu on fait en avoir
fair ufage fous Jofué ( xnii. 8. )> & enfuice ils
les communiquérent encore á leur difciple Tha-
lés , qui les tranfmit á fon difciple Anaximandre ^
qu Agathemer dit avoir fait les premieres canes
parmi les Grecs C veterum Geographia. Diogen.
Laert. in vit. anaxim. ). C eft ainli qu eft nee
infenfiblement cette fcience que nous nommons
la Géographie. “
CaR-TE itinéraire, L’étendue des conqueres des
Romains ^ & la diftance oú étoient de l’Italie
les pays dans lefquels on envoyoit^des arméeSj
dont les marches devoient étre réglées d’ avance^,
firent fentir la néceffité d' avoir des canes itiné-
raires , fur Icrquelles les ftacions des troupes 8e:
la diftance d'une ftation á l’autre ^ puffent étte
marquéesdiftinaement. Nous voyonsparplufieurs
paíTages de Pline . que fur les canes itlnéraires
d’Agrippa , on marquoit les diftances avec une
précifion aíTez grande ^ pour rendre fenfible la
différence de quelques milles ^ qui fe trouvoit
entre la mefure d’un pays , donnee par les géo-
graphes Grecs , & celle qu’en donnoient ces
canes, aax généraux que fon envoyoit en expé-
dition , aux magiftrats chargés de regler la marche
des troupes , & méme á ceux qui avoient Tinf-
peftion "des voitures publiques.
Les copies de ces canes , cfiftribuées aux ge-
néraux Se aax magiftrats , ne contenoient qu un
pays particulier 5 8c Fufage que 1 on faifoit ue
ces copies , obligeant á les renouveler conti-
Ruellement ^ il eft vifible que Fon en devoit con-
ferver des prototypes ou des oj^inaux. Fréret
croit -que la géographie de Fanonyme de Ra-
venne , écrite aprés la deftruction de Fempire
d'Occident, a été manifefteraent compofée^fur
une femblable caree itinéraire , de laquehe 1 au-
teur avoit copié íes romes , mais en omettant
les diftances. On doit conclare de-la, felón Fréret ,
qu’il s^étoit confefvé quelques copies desees carees
itlnéraires dans les bibüotheques , m^me apres^
la deñruétion de Fempire d'Occidenr. Cependant
il ftelt fait aucune tnention de ces canes iemé-
raires dans les écrivains du moyen age. Voye:^
IriNÉRAiS-E & Peutinger.
CAP..TES miUtaires ( Lhifage des.) etoit connu
des anciens ; Végéce ne nous laiiTe aucun doute
á cet égard. « Un general, dir cet auteur, doit
avoir des rabies dreíTées avec exactitude , qui
lui marquent non fealement la diftance des lieux
par ie nombre de pas , mais la quahré des che-
mins , les routes qui abrégenr. Ies logeraens qai
s'y trouvent , les montagnes & les riviéres. On
affare que les plus habiies généraux , non con-
tens ¿e ces fimples mémoires , faifoienc lever
CAR
Ies pians. du théátre de la guerre , afin de détet-
minér plus fúrement leur marche fur le tableau
méme des lieux. » On ne fait fi ces plans étoient
auiTi parfaitsque nos canes topographiques; mais
au moins devoient-ils donner beaucoup de faci-
lité aux généraux pour leurs opérations.
CARTHA , dans Fifle de Ceos, KAP0A.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RR. en bronze.
O. en argent.
O.* en or.
Leur .type ordinaire eft un loup á mi-corps.
Haymies avoit attribuées mal-á-propos á Carrhi.
de Méfopotamie.
CARTHAGE , étoit filie de FHercule Tyrien ,
qui étoit né de Júpiter & d'Añérie, foeur de
Latone , au rapport de Cicerón (¿í Baeur- Deor.
ul. n. 42. ). Juftin (/. xr/jx. c. G. ) dit que la
ville m.éme de Carthage avoit ete honoree comme
une déelTe , jufqu au moment oú elle fut vaincue.
Carthage , en Afrique. Karthago.
Les médailles autonomes de cette ville font :
R. en or. ^
R. en argent.
C. en bronze.
Leurs types ordinaires font :
Un cheval, ou entier, ou á mi-corps, ou la
tete feule du cheval. — Un palmier.
Ona des médailles impériales grecques de- cette
ville dans Goltzius feuí.
Vaiüant lui avoit attribué mal-a-propos des
médailles avec la légende c. i. c. A., que laobe
Belley a reftituées a Apamée de Birhynie.
Devenue Colonie Romaine, Carthage^
frapper avec cette légende : c. i. c. Colonia
Carehago , & avec fon époque , des medaiUes
latines en Fhonneur de Céfar, d'Agrippine mete,
d’Antonin , de Commode , de Géta , d hlaga-
bale, de Philippe jeune, de Gallus, de saínen,
de Máxime. On lui attribué auffi fans fondemen
les médailles fur ^fquelles on iit c._ c. i- ’
dont une eft frappée en Fhonneur d Agrippa.
font de Parada.
On attribué encore a Carekage , un grand
bre de médailles impériales, fur lefque les °
á Fexereue , car. kar. kart. ke- ’
K. R. T. S. PK. SMK. SMKA- SMKE. SM^. - >
abréviations que Fon croit défigner les - >
ou hotels-des-monnoies établis dans cette
C A R T H A G É N E d‘Efpagne. ( Médailles de )
Voyez Cas-thxgo nova.
CARTHAGINOIS (Ies) fe nourrifiíqient habi-
tuellement de bouillie , appelee aujoUrd ‘I*
coas par les habirans de la^ cote de ^
qui en font encore leur principale
Les Grecs, qui fe Bourriífoient de pam , app-
lérent par dériíion les Carthaginois
CAR
CAR
ÍVSHgeurs de boHÜiie ; & les Romains conferyé-
rent cette dénomination , que Ton trouíe plu-
íieurs ibis dans les Comedies de Plaute. Catón
de re Rujiicá , c. 8d. ) nous apprend la maniere
ont on faifoit la bouülie Carthaginoife. « Faites
détremper une livre de farine dans Teau , melez-
y du fromage nouveau , du miel &: un ceuf j &
faites cuite ce mélange Pultem panicam fie
coquito, Líbram alicí in aquam indito , f acito , itt
bene madeat. Id infiip,dito in. alveum puram^ eo cafei ■
recenti P. jil. mellis P. S. ovum un.um.yOm.nia una
permifeeto bene.
Les Cartkaginois étánt une Col&nie pbéni-
cienne , avoient les mémes habillemens que leur
métropole. Seulement ils ne portoient pas ordi-
nairement de manteau ; mais ils paroüToient en
public vétus d'une íimple tunique. Ennius les
appe’.oit par dérifion {Aulu-GelL N, A. xir. iz.)
gens á tunique.
Leur mythologie étoit la meme que celle des
Phéniciens 5 ils y avoient ■ aiouté les facriñees
crueis des enfans des premieres families. On les
bruloic en Phonneur de Saturna ; jurqu^á ce que
Gélon , vainqueur , abolit cette barbarie par un
arricie expres du traite de paix qu’il conclut avec
les Cartkiginois.
Juítii] dit que les Carthaginois étoient dans
l’ufage d’enterrer leurs morts , ( xtx. j. n.) ; mais
que fur Ies repréfentations de Darius ils les brú-
lérent. Fendant le tems du deuil , ils paroiffoient
en s’arrachant les cheveux & avec le vifage meur-
tri de coups.
On voit dans Xénophon que leurs foldats ne
buvoient jamais de vin de meme que leurs ma-
giftrats pendant Texercice de leurs charges.
CARTHAGO nov.í, en Efpagne.
Florez Se M. Combe attribuent á cette ville
que'ques médailles autonomes de bronze en trés-
petit nombre.
Devenue colonie romaine ^ elle a fait rrapper
des médailles latines avec les légendes fuivantes :
C. I. 2s. C- . . • Colonia juLia nova Carthago , 8c
■y. I. íí- K. - - . yiélrix julia nova ICarthago , en
rhonneur de Marc-Antoine j d’Auguñe, de iNeron
avec DrufuSj de Caligula.
On ¿oute cependant que celle d’Antoine lui
appartienne , parce qudn en a requ de pareilles
da Levant.
Le P. Florez 8c Pellerin lui ont attribué une
médaille d Augufte , au revers de Caius avec
Lucias, attribiiée mal-á-propos par Vaiilant á
Tiorba.
CARTIBULUM, nom furanné d’une tabie de
pierre carree , fupportée par un fut de colontie ,
que Ton placnit a Rome dans les cours des mai-
fons. i yurro , de Img. lati. iv. l6.).
C.ARTOPHILAX Aug. Gruter (^87. u. Tkef.
infer. ) rapporie Pinfeription fuivante-;
Antiqidtíí , Tome i.
DÍS MAN'IBUS
M. AURELIO. M. F. ROM
VETURIO
AUG. N. CARTOPHILA
AURELIA. PROCULA
UXOR. ET
AURELIA. PROCULINA
MAX. FIL. Piiss
FECIT
CARTEL AIRE. Les Canulaires fontlespapiers
terriers des églifes ou des monaftéres , fur lefquels
font écrits les contrats d’acquilition , de vente ,
d’échange , les priviléges , immunités, exemp-
tions , chatres Se autres titres primordiaux. Ces
recueils font de beaucoup poftérieurs á la pluparc
des aéles qui y font compris ; on nc les a meme
inventés que pour conferver les doubles ue ces
ades. De-la quelques critiques ont voulu élever
des doures fur l’authenticité des cartulaires ¡ mais
ils ont été foüdement refutes par les favansBéné-
diétins auteurs de la nouveUe Diplomatique , que
nous allons laiíTer parler.
« D. Mabillon fait honneur á Folquin, moine de
Pabbaye de S. Bertin , fur la fin du dixiéme fiécle,
du premier Se du plus ancien cartulaire ( de re
diplom.lib.l.c. l.p.7.%. lih.a^.p Zjy.zíy ) done
on ait connoiíTance. C"eft un tecueil de cnartes du
monartére , arrangées fuivant I'ordre chronologi-
que. On feroit remonter bien plus haut 1 origine
des cartulaires , fi Pouprétendoit les recoiinoítre
dans ces tomes de chatres , tomi ckartarum , dont
parlent quelques auteurs du VI Se Vi i ñecles. Se
entr’autres S. Grégoire de Tours. ( kifi- Francor.
lib. 10. c. 19. ). Mais les éditeurs de du Caiige ny
Yoient que des archives oii oes chartriers. 11 femblc
néanmoins. Se c’eft le fentiment de M. Maffei ,
(ifiordiplom. p. 97.), quon devroit plutot les
prendre pour les minutes des notaires , ou Ies
re^ifires dans lefquels unprmce ouun preiat con—
íervoit également les lettres-qu il avoit re^UvS Se
celles qú'il avoit écrites «.
« En fait de cartulaires , le meme auteur ne
connok rien de plus celébíe en Itaiie que ceux
des abbayes du Mont Caflla Se de Farla. Le pre-
mier , fouvent cité dans Ies notts ^ Angelo de
Nuce , archevéque de RoíTano , fur la cnronique
de Léon Marfican , eñ Fouvrage de Pierre -Diaere.
Le fecond , de Pan ic8o, efi écrit en beaux carac-
teres Se na rien de commun avec la chronique
de Pabbaye de Farfa. En i zoo, le camérier Cencía
d-efia un fameux recueil , a peu-pres dans le
méme genre , concernantles cens & autres droits
de Pé<^life romaine. 11 en eft parle dans Baronms,
fous P'an lovó. En i izo, Bermrá , ( Mafiei. ibid.
P 98.) tréforierde Compoilelle , fit un cartulaire.
Í374 CAR
ou Ton voit Ies diplomes des rois & des pontifes
accordés á cette égiife. II en eft fait mención au
ouatriéme tome de VEfpagne illufirée. Nous paf-
fons fous filence les catalogues de chartes , dont
on rencontre des exemples dans la nouvelle (tow.
2. />. 755.) biblioíhéque du P. Labbe , Se dans
le Monafticon Anglicanum , fur régliíe de Can-
lorbéry
ce II ne faut pas fe figurer que Parrangement
des piéces qui encroient dans les cartulaires , fut
fait au hafard & fans fyítéme. « Dans ces recueils ,
=>’ dit le favant M. Baluze , (picure pour fervir de
» réponfe d divers écrlts ) on gardoit ordinaire-
« ment quelque ordre : les uns mettoient au corn-
os mencement les bulles des papes ^ enfuite les
M priviléges des empereurs & des rois , les con-
5= cellions des évéques & des grands feigneurs
» & enfin les donations des particuliers : Ies autres
» au contraircj mettoient en premier lieu les let-
tres qui regardoient les églifes dépendantes de
» leurs abbayes les adtes qui concernoient leur
juridiction eccléíiaítique & temporelle , &
=3 enfin les bulles des Papes j & les priviléges des
» rois & des comtes. D’autres rangeoient ces
titres felón les matieres^ m.ettant enfemble tout
w ce qui regardoit le méme fujet. D'autres fiii-
>3 voient feulement Pordre du tems
« On diítingiie trois fortes de cartulaires pro-
prement dits. Les premiers ne font ríen autre
chofe que des recueils de titres originaiix. Les
feconds en font des copies authentiques. Les
troifiémes ne paroiíTent dellitués de toutes les
formalités juridiques j que parce qu’elles ne furent
introduites que long-tems aprés quiis furent
rédigés. Nous joignons a ces derniers ceux méme
qui ont été dreífés depuis qu’on s^’eft accoutumé
á vérifier les cartulaires. ÍI en eít d’une autre
efpéce j fouvent intitulés ehroniques oü les
chartes ne font pas toujoursrapportées en entier.
Tantée elles y font mutiléeSj tantót abrégéeSj
& tantót expliquées , foit par d'autres piéces ^
foit par les principes du fens commun foit á la
lamiere de Philtoire ou des connoiíTances qTont
eu les auteurs de ces cartulaires improprement
dits =3.
« Pour reunir dans un méme corps des origi-
naux ou des copies authentiques les deux pre-
mieres efpéces de cartulaires ne font ríen perdre
en commun á ces titres , de Paurorité & de Pau-
thenticité dont chaeun d'eux jouit en particulier.
Peut-on ríen voir de plus authentique que le car-
tulaire de Tutín , intitulé Ckryfobulls. Se Argyro-
hulls. ? C’eft une efpéce de regiitre des diplomes
des empereurs grecs , qui appartenoit autrefois á
np monaftére. La fignature de Pempereur en
cinabre ou vermillon j & celíe du patriarche Jean
en enere commune, placees á la fin de ce cartu-
^ font des preuves non éouivoques de fon j
authenticité. Les cartulaires collatlonnés fur Ies i
CAR
originaux par de^perfonnes publiques , font éea-
lement foi en juftice
cc Les troifiémes, lorfqu’üs ont eré copies avant
Puíage de collationner les cartulaires , ou du
moins avant la naiíTance des différends pour !ef-
quels ils font produits devant Ies juges, doivent
fans doure étre admis , mais fur-tout quand ils
ont été dreíPésfous lesyeux de perfpnnages d’une
probité reconnue. Qui oferoit rejeter comme
indignes de toute créance, des diplomes recueiliis
par íes foins & fous les ordres d’aufli faints per-
íbnnages qu’un S. Odón, un S. Odilon, & tant
d'autres grands hommes ? Tels font néanmoins
la plupart de ces anciens cartulaires des ab-
bayes
cc II ne feroit pas jufte de refufer aux quatrié-
mes le méme degré de créance qu’on accorde á
des hiftoires compofées fur tes monumens du
tems , puifqufiis n’en différent que par des cita-
tions plus fréquentes & plus étendues, & qu’affez;
fouvent méme ils rapportent les piéces fans en
retrancher quoique ce foit. Toutes chofes égales,
Pautorité de ceux-ci fera néanmoins inférieure
aux autres cartulaires , qui cnt coutume de repré-
fenter les chartes en entier, quoique Pautorité
des uns &./les autres foit ordinairement préféra-
ble á celle des anciens auteurs >3.
CARVILIA , famille romaine, dont on n’a
des médailles que dans les recueils de Goltzius.
CARURA , mefure de capacité de PAíie & de
PEgypte. Voyei Log.
CARUS.
Marcos Aurelios Carus Aug.
Ses médailles font :
RR. en or : il y en a de trés-rares ; & calles fur
lefquelles il porte Ies titres de Domino et Deo
Caro , font RRR.
RRR. en argent quinaíre.
RR. en médaillons de bronze.
Et RRRR. avec fa téte & celle de Carinus , &
au revers Ies quatre faifons.
RR. en M.B. avec fa téte & celle du foleil en
regard.
On en trouve en P.B, avec Ies mémes tétes y
elles ont pour légende Deo et Domino Caro.
C. en P.B. latín d’Egypte.
CARTA. >
CARYATIDE. > Diane étoit honorée d’un
CARYES. 3
cuite particulier á Carya viile de Laconie; ce
qui Pavoit fait furnommer Caryaüde. L analogie
des deux mots Carya & jcápaj , noix ou noyer ,
fir inventer plufieurs fables fur cette ville. Carya
étoit, felón Servius , (^Eclog. 8.) fiHc de Dion,
roi de Laconie , & d'Yphithée. Cette nymphe
ayant allumé le feu de Paniour dans le cceur de
Bacchus fur le mont Taygéte , & ayant éveille
par cette paífion la jaloufie ce fes feeurs, fe ¥«
CAR
CAR <Í75
girdée á vuc par elles ; mais BacchuSj pour la
délivrer de cette captiviré, la changea en noyer.
Diane apprit cette fable aux Spartiates, qui lui
coníacrérent pour certa révélation un temple >
Tous !e nom de Diane Ca.ryaúie. Le Scholiafte de
Stace donne aux Caryes , fétes étabiies en 1 hon-
neur de cette déeíie , une autre origine. De jeu-
nes filies jouant dans fon temple qui tnenaíjoit
ruine j & s'appercevant du malheutqui les mena-
^oit , s’élancerent fur un noyer & reftérent long-
tems fufpenduesá iesbranches.En reconnoilíance
Ies tilles de Lacédémone honoroient tous les ans
Diane caryatide par des danfes & des chants.
CARYÁTIDES. Vitruve {lib. i. c. i. ) noiis a
appris Torigine de rornement d'architefture
appelé caryatides. On peut croire d apres les
noms Ól Atlantes & de Télamops , donnes a des
figures d’hommes qui font Ies fonótions de carya-
tides , que i'ufage de ces hommes-colonnes a pre-
cede la guerredes Perfes & des Grecs. Quoi
quil en foit de cette conjedlure , voici le récit de
Vitruve : les habitaos de ville de Laconie,
ayant formé une alliance avec les Perfes, enne-
inis de la Gréce , les Grecs aííiégérent leur ville ,
la prirent, la renverférent de fond en combk ,
palférent les hommes au fil de l’épée , emmene-
rent les Caryatides captives 5 les traínerent^en
triomphe, & les obligérent á garder dans la ler-
vitude les habits longs avec leurs autrcs parures.
Pour perpétuer leur opprobre , les architedtes
■grecs firent des efpéces de pilaftre ou de c^olonne ,
repréfentant des figures de femmes vétues de
longues robes , & ils en formérent le fut de la
colonne ionique. On appela caryatides ces figu-
res qui foutenoient avec une main le panier place
fur leur tere , & fur lequel repofosent des corni-
ches ou d’autres failües d’architecLiire. Les Grecs
en uférent de méme avec les Feries ; & pour
éternifer le fouvenit de leur détaite , ils fublii-
tuérent des figures de Perfes aux Atlas &
aux Télamons. Voyet¡_ pERSIQUE otdre ^Le
nom de cariatydes a cependant prévalu dans 1 ar-
chiteíture moderne , & Ton défigne par ce nom
générique les figures d'hommes ainfi que celles
de femmes qui feivent de fupport. L’ancienne
falle des gardes-fuilTes au Louvre , offre un beau
modéle en ce gente , dans les quatre caryatides
qui fupportent une tribune, S: qui immortaiifent
le cifeaii de lean Gou’on. ^ ,
L’attitnds des caryatides paroit avoJr ete conf-
iante dans l’antiouiré , da monis quant á la pofi-
tion du bras relevé & place en fupport ; car
Eucrate 'yAthen. Deipn. lib. 6.~) fe trouvant a
diner dans une maifon vieille & caduque , difoit
qu ii Y fal'oit lever la main gauche au-deíTus de fa
téte en bnvant , comme les caryatides. Cepen-
dant toares íes caryaúaes antiques r,e levent pas
ainíi les bras , t<- la pluparr méme les nennent
abaiffés le long ciu corps, ou enveloppés dans
leurs ampies véteíneJíS.
A Athénes, il y a des figures de temmes avec
de longues treíTes , qui foutieunent un portique
( Pocock. Dejcript. of tke Eaft. t. ii, p. tí- p.l(>y.')
du temple d’Erecihée ; mais aucun des voyageurs
coimus ne nous a encore donné une defcnption
exadie de ces figures , d’aprés laquelle on puille
dire avec certitude de quel tems elles font.
Paufanias n'en parle point. La figure periique
(cet Atlante dont nous avons fait mentioa
á fon arricie ) du palais Farnéfe a été irou-
vée , á ce qu’on prétend , prés du Panthéon :
il eft a croire , dit V/inkelmann , que c’eit une
de celles faites par Diogéne d’Athénes , & qui
étcient placees fur la colonnade inférieure du
temple, cfoft-á-dire , qu elles fervoient de feconá
ordre de colonnes , á la place de rattique^qu on
y Yoit aéluellement. Les corniches . actuelles
des colonnes d'en-bas n’ont pas la faiilie néceflaire
pour fervir de bafe á de pareilies figures 5 mais il
faut fe rappeler que ce temple a été deux_ fois
la prole des flammes , & qu’il a été rebatí par
Marc-Auréle & par Septime - Sévére ; que par
conféquent ií doit avoir éprouvé de grands chan-
gemens dans f inrerieur. Ií faut entr autres que le
feuy ait détruit {Plin.lib.xxxiv.c.-j. lib.xxxri.
c. 5 & a. ) les chapiteaux fyracufiens de bronae ,
ou plutót de bronze de_ Syracufe , lequej doit
avoir été une efpéce pamculiére de bronze com-
pofé de la combinaifon de différens métaux ; le
temple de Vefta ( Id. lib. xxxiv. c. 7. ) étoit coa-
vert de ce bronze de Syracufe. Lfordre atrique
placé fur les colonnes inférieures , qui étoit un
ouvrage compofé (_Stuckely’s Account of a Rornan.
temple in Rhilof. tranfací. an. lylO. Llec.') aun
petit nombre de pilaílres faillans , & qu on a
enlevé, il y a queiques années , d’une faíjon bar-
bare , n^’étoit fans doute pas analogue á la. gran-
deur de ce temple ; & c’eft a la place de ces
pilañresque doiv'ent s’étre trouvées anciennement
les cary atines ,■ du moins la grandeur de la figure
du palais Farnéfe s’accorde-t-elle avec la hauteur
de l'ordte attique , laquelle eft de prés de dix-
neuf palmes ( iz pieds). La demi-figúre a envi-
ron huir palmes ( 5 pieds 4 pouces), &,la cor-.
be’Ile au'elle porte fur la téte en a deux &■ demi
( I* pieds 8 pouces). Ce que queiques écrivaips
(Demontios. Gaitas Rom. kofp. 12.. — hardini
Rom. Ant. v. 383. 1704. ) ont regarde jufqua
préfent comme de femblables caryatides , itxt a
prouver leur grande ignorance. 11 y avoit une
efpéce particuliére de caryatides iMonlfaac. Ant
eJpliq. t. V. pl. 16. P- 54-; ¿ans ie tomoeau de
Taífranchide SextusPompems, oudes figures núes
d'hommes portoient un chapiteau fur la tete , be
tenoient des deux mains une colonne droite , la-
Quelle ceccndant ne foutencM-. nen.
Ce fui vers le tems de Cefar , a ce que croit
Winkelmann , ( Hífl- ¿e/A-n. hv. 6. c. y )_ que
les deuxítatuairesathéniens, Cnton & Nico^us,
airivérent á Reme. Les noms de ces artiftes ,
Q qq q
CAS
CAR.
graves íur la corbeille que porte fur fa tete une
caryatidc plus grande que nature , font ainíi
figures :
KPITQN KAI
NIKOAAOS
AeHNATOI Enoi
OYN.
Cetre taryatide , avec une autre & !e torfe
d’iine troiíieme 5 furent décou-vertesen ijóó^áans
une vigne de lamaifon de Strozzi^ a deux milles
de la porte de St. Sébaftien-, fur Fancienne voie
appienne, & en de^á du fameux tombeau de
Cecilia Métella , épouíe du riche CraíTus. Comme
cetre voie étoit bordee des deux cotes de tom-
beaux , dont que!ques-uns étoient accompagnés de
jardins & de naaifons de campagne ^ ce que nous
apprenonsparIesinfcrtptionsdutoKibeaud*Hérode
ÁtticuS:, il penfe que ces ñames décoroient ou
le fépula-e de quelque Romain opulenr , ou fa
maifon de campagne ^ voiiine de ce monument.
Le lien de la découverte , & peut-étre aafli le
ftyle du travail de ces ñames ^ leur feroient
aííigner Fáge du íiécie de Cefar & d Auguñe.
Ces ñames 5 au nombre de quatre j ou du moins
au nombre pair auront fervi de caryatides pour
porter Tentablement d'une chambre j foit dans
le tombeau méme, foit dans la maifon qui en
dépendoit; & Fon préfume qiFelIes ont été faites
pour Fendro-it ou on les a trouvées , & qa^elles
fi’ont pas été apportées d'autre part. Du reftej
il ne femble pas qu’avant cetre époqwe on ait
«ievéá Rome destombeaux auíTi magnifiques^ &
fur-toat qa’on les ait décorés de ñames de cette
efpéce , quoiqae des les premiers tems ont fut
dans Fufage de placer dans les tombeaux les fimu-
lacres des morts , ce qui eft prouvé par la ñatue
d'Ennius, dépofée dans le fépulcre des Scipions,
qui fe trouvoit auffi fur la voie appienne. Pour
ce qui concerne le ftyle de ces caryatides , qui
font un des plus beaux omemens de la Villa-
Álbani , on remarque dans les airs de tete une
certaine mignardife avec des parties trop molles
& trop arrondies ; tandis que dans les tems plus
leculés j qui font rappelés ici par la forme des
caraéléres de Finfcriprion , les mémes parties
avoient été tenues plus reflenties & plus fbrte-
Rient exprimées. La Villa- Negroní offre encore
.aux eurieux plnfieurs caryatides ancíques dhine
grande b'mré. Le cabinet de Ste. Geneviéve
de Paris ^ > enferme une fort betle-
CARYEf. Voyei Carya.
CARTOTA. Voyez Dattes.
CARYSTUS , dans FEubée.KAPTSTrxjN&iCÁ.
Les médailles autonomes de eette vil’e íbnt ;
RRRR. en argent. .. , . EekheL Mmter,
RRR, ea bioraa>
O. en or.
Cette viile a fait frapper des médaiües impá-
riales grecqiies en 1 hoimeur de Trajan ^ uAn-
tonin.
CASA. Voyez Cabanne.
CASATjE ^ dans la Pamphylie. KACAXfiN.
Cette viüe a fait frapper des médailles rapé-
riales grecques en Fhonneur de Gordien jjl ntruf-
ciile, d'Herennius.
CASCA íignifioit un vieillard dans le premier
age de la langue latine f lAarro ae Eing. lat. vi.
3. ). Ceft le furnom de la famille Servilia.
CASCANTUM , dans FEfpagne. Münicip.
Cascantum.
Ce municiiie a fait frapper des medailles latines
en Fhonneur de Tibére.
CASERNES. . ^ ,
On a découvert en ítalie trois batimens anctens
auxqueis on ne peut donner d autres noms . 1 un
dans la Villa-d’Hadrkn . appelé ceraocelk^h
fecond á Otricoli , & le trojfiéme a Pompen. Ce
dernier koffre q’Yune cour entouree ue portiques>
dont les calonnes font de brlques peintes.
Les deux premiers nous font voir que les cafer~
nes des Romains étolpt compofées d'un longue
file de chambres divifées en plnfieurs etages ,
auxqueis on montoit par un. efcalrer de bois.^ li
n V avoit aucune communication d'une enamore
á Fautre >. ni aucune fenétre imats totites les por-
tes s’ouvroient fur une galerre commatie. ^..es
cafertus de la Villa-ÍHadrien étoient^ couyertes
avec des voutes trés-foiides ; mais cenes d Otn-
coli n avoient que des planchéis. M. Guattani a
donné le pian de ces derrJéres dans fes monwnenti
aatichi , ^V.nét
Les ruines de Rome offrent pTufieurs batirnens
d’une femblabíe eonñruéiioa , qu; n ont
que des cafernes , caftra. On en voJt reue _
Fentrée des ihermes d’Antonin CaracaJa, -
couchant du moiit Palatin j vis-a-vis le --sip
C ASIUS ^ furnom de Júpiter^ qui luí
a caufe des montagnes de ce nom ‘ _
bonoré 5 il y en avcit une á Fentree de ; P. . ^
du cSté de FArabie , & Fautre en Syrie . Jupite
Xafias avoit un temple fur Fuñe & 1 Ll nr-
avoit üntroifiéme auprés de Peiufe._ "f ‘b
dinaire fous laqueile on repréfenroit ce
étoit un rochei^ ou une montagne
aucune figure húmame ; mais avec
á coré. Lucain fait mention de Júpiter Ca^y
fa pharfale : ( L S. v. SjS. )-
. . . ^ Manefque tuos placare Ikebií
Et Cajso príferre Jovi. . . - • •
Casius Ck mont) íert de type
médailles j o¡i il eñ joint á lu se^nde
CAS
KAcioCj & il indique Ies peuples qui Ies ont
£:it frapper. II eíl repréfencé íbus ia forme d’une
pierre ronde ^ coupée par la moitié , aupres de
íaquelle ell pofé un aigle.
Le premier endroir oú Ton honoroit Júpiter
Cajius, étoit un cap elevé, qui féparoit TEgppte
¿e la .Paleftine, á 57 tnilles , c“ell-á-dire , á xa
licúes OU environ de Pélufe. Ce cap étoit appelá
Mons Cafius , & il n'étoit pas moins célebre par
le tombeau du grand Pompée, que par le temple
de Júpiter ; ( Strab. 1. xvi. p. 760. 2. ío¡¿. p. 750.)
mais nous n'avons point de médailles far ief-
quelles il foit fait meniion de ce mont Capas.
Le mont Capas en Syrie , prés de Séleucie , étoit
lé fecond endroit ou Júpiter avoit un temple
fousJe nom de zeys kasios ; il n étoit pas fort
éioigné d’Antioche, puifque les habitans de cette
viile alloient y célébrer toutes les années une féce
en rhonneurde Triptoléme , ( Plin. l. iv. c. 12.)
qu’iis regardoient comme un héros. Une mon-
tagne fituée vis-á-visde ce mont Capas , nom-
moit Moas Anticapas. Le temple báti á Júpiter
en cet endroit, eft repréfenté fur des médailles
de Trajan , avec la légende ZEYC kacioc &
CEAEYKEQM niEPIAC.
Le cuite de Júpiter Capas étoit auffi établi
a CaíEope, (Suston. Nerón, c. 22.) viile de Pille
de Corcyre , aujourd'hui Corfou , lituée au cap
le plus occidental de cette iíle , & le plus voiíin
de terre ferme. II n'y a plus a préfent qu un cou-
vent de Caloiers , & un port qu’on nomme en-
core Porto-Capopo. C’eft le premier endroit de
la Crece oú Méron ait abordé en. venant d'Italiej
Vtprimam Caffiopamtrajeclt , ák Suetone,y?aí/»z
ad aram Jovis Capí cantare aufpicatus ep. Le type
de ce Júpiter Capas fe voit fur différeníes mé-
dailles des Corcyréensj il y paroít a demí nud,
aílis , le fceptre á la main droite , & la main
gauche pofée fur fesgenoux, avec cette légende ;
ZETS ¿ASIOS L’autre coté repréfente tantót ía
tete de la nymphe Corcyre, qui avoií donne fon
nom á Pifle ; tantót ia ttte d’un empereur , comme
d'Antonin-Pie , de Septime-Sévére , de Cara-
calla , Ól.c. tantót enSn un figure cPborame debout,
en habit long , fous une voute foutenue par
deux colonnes, avec le mot affets , chaíTeur.
C.4SLEU , neuvieme mots de Pannée fainte
des Hébreux, &: lerroiliéme fuiVant Pordre civil
& poiitique. II commenijoit á la nouvelle iune de
novembre , & avoit trente jours pleins.
CASMILUS & CAMILLUS , furnom de
Mercure, pris pour tm des dieux.CA3iREs. V^oye:¡^
ce mot.
CASQUE.
« On conij'oit aifément , dít úí. le Comte de
Cay!us> {P.ecj.ezl d'Anüquit. iil. p. 6z.) que íi
la défenfe ou la ccnfervation de la tete fut lin
áespremiers obietsqui atrita Pattention deshom-
aaes’,, les. ¿épouiiles des anixnaux fiurent auSi
CAS 677
regardées comme ¡es pretniers préfens de la nature
pour fatisfaire á cte befoin. Ces dépouilles útiles
a la confervation de Phomme , devinrent bientór,
par une conféquence nccefi'aire , un témoignage
conílant de la forcé & de la valeur. Auífi les plus
anciens rois, comme on le voit par ceux d’Egvpte,
¿avoient pas dbutre marque extérieure dé leur
aurorité. Ii réfaire de cette obfervation que ¡es
monumer.s ©ú , fur la tete des hommes , parcif-
fent ¡es dépouilles des animaux , foiit les plus
anciens , ou du moins les cop.les d’un ufage qui
a precede ceux du méme gente
« Les monumens étrufques démontrent rr.ieu.x
que ceux des autres nations, les paífages fuccef-
fifs de lafimplicitéprimordiale, aux accroilPemeiís’
d'une défenfe plus avantageufe & plus ornee.
Le grand nombre de figures cafquées dont le
Mafs-am Etrafcam eft rempli , donne de fortes
preuves de cette fucceflicu. Le peuou'i! m’a été
poffibie de raffembler en ce genre, fufiiroic encore
pour Pétablir } rnais i! faut aveuer que , malgré le
fecours qu’on peut tirer des recueils , sis ne pré-
fententpoinr encore tous les degrés par lefqueís
cette arme défeníive a paíTé. On obferve d'abord
que la tete de Panimal a fervi á garantir relie de
Phomme 5 & que íi tous les animaux feroces ,
carnaífiers ou cornus ont été employés á cet
ufage dans les premie.“S tems , la dépouiile da
Lion a été oréférée a ceile des autres. Outre qu'on
a toujcurs attaché de Phonneur á le dompter ,
quoiqu’il y ait des animaux plus dangereux á
combatiré, & peut-étre plus difticiles á vaincre;
la grandeur de fa peau donnoit la facilité de
eouvrir une grande parrie ducorps, & de renouer
fes panes fur la poitrine, comme on le voit dans
une infinité dé monumens
« Si dans ¡a fuite les hommes ont fabriqué
des cafques de métal, ils ont confervé long-tems
les oreilles de Panimal , & les ont placees aux
cótés de la caloñe. Cbft ce qu’on voit & chez
les Etrufques & fur des monumens bien plus
récens. Mais plufieurs fieeles fe font écoulés
avant qu’on aít atteint Pélégance, parce qu’elle
eft le deinier pcriode des arts , & que fans le»
objets de eomparaifon il eft Trés-di2iGÍle dé Is
fentir. La criniére du lion , agitée par Paélion ,
a viaifemblablsment donné Pidée de ia eróte
qu’on a dans la fuite ajoutés aux cafques de
Hiétal. On lui a- donné quslquefois une grandeur
ridicule , peu proponionnée, & au coros auquef
elle étoit attachée, & ala radie de Phomme qui
la portoit. Les Enufques & les Gaulois , Trans-
Alpins á notre égard , ont furpaíTé Ies autres
nations dans cet exces, que le deíir de fe don^
ner un air formidable leur a .fons dsure infpiré
«Mais il me paroit oue les Etrufques-, avant I’íe-
trodufíion de ces crétes enormes, ont .armé íéurs
cafjues de déux & ciielquefois de trois pcintes-
BU cernes. Jen jase ainíi , far te que dass le
tema au cette íingukdté íe. jnsotte ^ fes astidés
CAS
éviroient de repréfenter un vifage , fans doute
faure du talent néceffaire pour exprirr.er cetra
parda du corps humain. Ce n’eft point á idgno-
rance d’un feul artille qud! faut s’en preñare ;
fouvent j’ai eu occafioa de taire cette remarque.,
toujourSjála vérkéj fur despiertes gravees 5 mais
j'en ai vu plus de dix qui n'étoient pas de la
meme main. Ces peupíes s’appercurent appa-
remrnentqu üleurfaUoit ajouter un pareiimoyen
d’attaque , á une arme eíTentieilement faite pour
la dérinfe , & fe ménager une reíTource utile
dans des occafions preflantes , comme pour fe
désager ties rnains de ceu:x qui auroíent voiilu *es
faiiir , ou qui íes auroíent déja faits prifonniers.
Cet ufase particuiier aux Etrufques m'a paru
digne de remarque n , o r
La créte des ccfques étrufques eft large & tort
élevée. Piuíieurs monumcns nous apprennent que
Ies Etrufques cherchoient á fe rendre formida-
bles á leurs ennemis , par la hauteur exceífive
de leurs cafques. On peut en voir plufieurs exem-
ples dans ]t Etrnfcum. Quelques-uns de
ces cafques ont encore un attribut particulier ^
que ces peuples ajoutérent pour infpirer appa-
rem.raent plus de terrear; üs íont chargés de üeux
oreilles pointues & fort élevées. ^ ■
En examinant Ténorme crete des cajaues
étrufques, on voit diftindement^qu elle étoJt
comoofée á’une lame de cuivre trés-mincy car
a eñconftantqu eüen auroit pu foiitemr la forme
que nous iai voyons & qui paroit effentselie , 11
elle “eút eré compofée de plumes ou d autres
matiéres léséres :‘de plus , on ne voit aucu'.e
apparence du travaii qui conv!enaro3r_ a^ l indica-
tion de ces corps légers on ne díftmgue^ au
contrairequí des traits droits, quí paroiíTent farts
pour cacher la jonction des James, tandis que je
corps du cafqae eft charge d ornemens. Les óren-
les qui f accompagnent fouvenr , font une Ante
des dépouiiles des animaux , que I on faíc avoir
été rorigine des cafques & de leurs ornemens.
Hérodote avoit obfervé auprés de Pélufe, que
les retes des Perfes , .rbandonnées fur un anclen
champ de bataille . étoienr rrés-molles vers le haut
du cráne , & que calles des Egyptiens etoient
tres-dures. Cet hiftorien donne pour raifon de
cerre différence , que le.s derniers rafoient tous
leurs cheveax , & ne portoient aucurie efpece de
coéífure. On a concia de ce paffage d Herodote,
que les foldats égyptiens ne porroieat point de
¿afque. Cependar.t Diodore de Sicile ait que les
ro'is d’Egypte avoient pour cimier de leurs caf-
qu‘’s . des teres de lion , de taureau ou de dragón.
Ce que nous allons dire fur les cafques dans le
refte de cet arricie , s’appliqnera á ceux des Grecs
& des Romains. .
Les premiers cafques qui remplacerent Tur la
tere des guerriers les dépouiiles des animaux ,
furent de fimpies caletres, qui s agrandirent fuc-
geííivemeiit & eüveloppérent enfia toute la tete.
CAS
Les caiques dont les anciens artiíles ont chargé
la tete des ñatues héroiques, approchent beau-
coup de ces caiottes firaples. lis n’ont erdinai-
rement aucune des piéces que Pon y ajouta par
la fuire , relies que les joues , & les piéces qui
couvroient la nuque du cou, le bonnet dont Íes
cafques étoient doublés, & dont nous allons par-
1er. On y voit encore moins la vifiére , qui for-
mera un arricie particulier de ce diétionnaire. Car
il faut diítinguer foigneufement fur Ies anciens
cafques , une partie fixe qui avanqoit & proté-
geoit le frent , & que Pon pourroit noir.mer
frontail , de la partie mobiíe que nous appelons
vijTere. Les Grecs nommoient cette patrie fixe ,
telle qu’on la voit ordinairement aux cafques de
Pallas , fáraisci , tap.dís que la viíiére propre-
ment díte étoit appelée Le fromail
couvroir ic vifage encier , iorfqu’on abattoit le
cafque fur le nez. C'eñ pourquoi on y voit figu-
ré ordinairement un vifage ou un miiffie , dont
Ies yeux étoient peixés a jour , & laiíToient par
leurs ouvertures la facilité de voir , au guerrier qui
cachoit fon vifage' dans fon ca fque.
Les anciens artilles du meilleur íiécle de Parr,
n’ont jamais repréfenté Ies héros de Pantiquité
avec le cafque garni de piéce^s qui couvrent &
défendent íes joues. Ces cafques étoient cepen-
danten ufagedu tems déla guerre de Troyeice'ui
qu’Homére donne á Hippot'noüs , tué fur le corps
de Patrocle, coiivroit les joues. ( lliad. p. v. 294.)
Ces piéces s’appeloient ■eTXfniíi , mor qui ne fe
rrouve pas dans ¡es Lexicographes. Sur quelques
médaüles on voit diílinéiement ces joues á des
cafques qui en foñt garnis. La Aiuie ftatue antigua
fur laqueile on obferve ces pidees du cafque qui
coUvrent le vifage , eít dans la. villa Negroni a
Rome. On croit qu’elie repréfente un foldat , &
elle a eré reílaurée. Le comte de Caylus {Antiqu.
iil. p¡. 20. n°. 2. ) a publíé un cafque étrufque
qui eíl garni de joues.
Euftathe {lliad, V.v. 2,-71.} mz q\xt\ts cafques
étoient liés avec une courroie ,. .appelée
dans Homére : elle paíToit fous le .mentón, 8c
fe nouoit enfuite fur la nuque du cou. ^
Les cafques étant ordinairement de metal ,
auroient pu bleífer la tete par leur frctte.ment ,
c^’eíl pourquoi on portoit fous cette armiire ^un
bonnet , {V- bonnet- ) qu Ammien .vlairceuin
{lib. 19.) dit avoir été fait de lame. Peur-etre
les foldats romains employoienr - ils au
ufage le plleus pannonicus , fait de peaux , uon
parle Végéce. {lib. i. c. 10.). Sur une pare an-
tique du cabinet de Stofeh , on volt un Don..^
fous le cafque d"un guerrier. II de.fce.nd ju^u a .
oreilles. Ce bonnet paroiffoit plus aulméteme!
fur une pierre eravée , qui étoit á
cabinet de Farr.éfe. II étoit deja en ufagaAm xrw
d^Homére ^ cui parle de celui d Uiy^:e* '
V. Le comte de Cavias a -
I vol. de fon recueil d'ar.tiquités , la deicrip.
CAS
& le deflin d’un cafque antique de fon cabinet ,
qui avoi: eré doufalé d’un bonnet ou coéfie. Nous
la tranfcrirons ici á caufe de la rareré des cafares
antiquesj. & des diíiérences picces que loa" re-
trouve dans ceiiii-ci.
K Ce cafque de bronze eít d’un ouvrage Fort
limpie & Fort léger. Les monumens de fon efpéce
font extrémement rares. Celui-ci a neuF pouces
de longueur extérieure;, & huir pouces une iigne
dans fon intérieur. La raifon de cette dirférence
vient de la faiilie qu’il a fur le devant. Elle eft
feníibie dans le deffin : on voit qu’elle vient
mounr fur la partie de derriére. Sa largeur elt de
llx pouces neuF iignes5 ce qui conftate un ufage
qu’on auroit peut-étre revoqué en doute , c’ell
que les Romains doubioient leurs cafques , 8c y
mettoient une efpéce de coéíFe ; car il n’y a point
ordinairement de tete qui foit de cette propor-
tion 5 & cependant cette arme défenfive devoit
néceíTairementj pour plufieurs raifons^ étre jufte
& Férme fur la tete. La proFondeur de ce mente
cafque eft encore une autre preuve de cet ufage ,
puifque la haiiteur ^ jufqu’au plus haut du boii-
ton , eft de fept pouces quatre ligues. Le bouton ,
fans compter l’élévation imperceptible d’ou il
prend fa naiíFance au haut de la citconFérence ,
a un pouce de largeur , Se: dix ¡Ignes de hauteur:
ii eñ orné par une efpéce de Feuülage. On voit
á l’extrémité du rebord un cordon j qui Fait le
tour de la piéce j, 8c Cs trouve furmonté par des
íilets ; & de peur que cette arme défeníive ne Fút
trop pefante on a eu foin de Faire le bouton
creux. En un mot , cette beiie antique eft Fon-
due avec une li grande légéreté , qu’elle n’a
guére plus d'une ligue d’épaiíTeur , & que toiit
le morceau ne péfe aujeurd’hui que deux livres
& quatre gros, quoi qu’il foit rempii de craiTej
de verd- de-gris 5 & de foudure que l’on a été
obligé de mettre depuis peu pour foutenir quel-
ques piéces que !e rems avoit féparées. On y voit
encore de chaqué cóté la tete des attaches de
bronze qui fervoient á le teñir en état , en l’aíTu-
jettiíTant fous le mentón
Les cafques des limpies foldats n’étoient fur-
montés d’aucun clirder ni panache. Une pointe
allongée ou un limpie bouton les terminoit. Teis
ils paroiíTent Furia colonnerrajane^ oüles cimiers
& Ies panaches font réfervés aux centurions Se
aux autres oíEciers. Un cafque limpie j c’eft-á-dire
fans cimier , étoit appelé Karxírví. Hérodote
( Clio) attribue auxCariensTinventiondu cimier,
ce qui a fait appeler cette piéce du cafque cimier
carien ( Alc&us ) , x.t/.iix.U. On le peignit
quelquefois en rouge , ainll que le panache dont
il étoit orné i les cimiers de plufieurs cafques font
peints de cette couleur, fur des deífins colones de
Barroíi, confervés á la bibliothéque du Vatican.
Les anciens cafques des guerriers , á en juger
par la defcription qu’en fait Homére , étoient
furmontés d’un panache formé de longues queues
CAS 6-j^
j de cheval, dont les cries étoient hérilFés. Pour
I les rendre encore plus prepres á ir.fpirer la ter-
reur , on y ajeara enfuite des figures de lion ,
de dragón , &c. Mais bientct ces objets d’eñroi
difparurent fous les orne.mens dont ils furent
enrjchis , & le cafque devint une fuperhe parare.
Aufii voit-on quelquefois Minerve íür les monu-
mens , & principalement fur Ies médaiiles d’A-
thénes, avec des cafques déla plus grande masni-
ficence. C’eft peut-étre ce qui i’a f;nr furnommer
dans Ariftophane {Lyffirat. v. j
Homére lui en donne un d’or, ombragé de qua-
tre panaches , fuíEfans pour couvrir les nóm-
breux bataillpns d’une armée. (^Fierres du Duc
¿‘ Orléans ,1.61.)
Sur le fameux Srarabée étrufque , qui repré-
fente Ies héros devant Thébes , ( kift. de Vart. de
Winkel. ) & qui eft recoinmandable par fon anti-
quité , les cafques font furmontés d’un panache
de toute autre matiére que de plumes. On doit
conferver aux guerriers du fiége de Trove ce
panache , auquel Yirgile paroít avoir fait aliuficn,
lorfqu’en parknt d’Achille il lui donne l’épithéce
de Crifiatus. i^JEneid. l. v. 473.).
Les plumes fuccédérent depuis cette époque
aux crins ; 8c voici Ténumération de cuelques
cafques oú elles Font placées. Nous croyóns étre
Utiles aux artiftes en leur indiquant ces modeles
avec profufion. Une des Minerves du Capirole a
fon cafque garni de plumes. On voit auífi des
plumes au cafque d’une Minerve gravée fur une
patere étrufque. ( Vignette de la i. DiíTert. du il.
tom. Mufs.. etrufe. Gori. ). Les cafques ornes de
plumes étoient en ufage chez les Samnites ( ¿iv.
1. IX, c. 40. ) j on en voit un femblable a une
figure armée fur une lampe antique de Bellori {n'>.
20.). Les cafques á plume avoient de chaqué cóté
une efpéce de tuyau pour Ies recevoir ; il étoit
trés-apparent dans un grand cafque en relief,
qu’on voyoit dans la colleélion de deífins du car-
dinal .ilbani.
Les cafques des gladiateurs étoient furmontés
de deux ailes , qui fe plagoient dans des couliíTes
latérales pratiquées á ce deíTein. On voit ces ailes
dans les comibats des gladiateurs fur un delfin
du Cardinal Albani ; 8c Sophocle en parle dans
fon Antigone (v. 1 1 J. )-
On voit auífi des comes placées fur les caf
ques ; cet omeroent fut employé fouvent par les
Etrufques. Plutarque raconte que le cafque du roí
Pyrrhus étoit furmonté de deux cernes de béiier
(ira Pyrrko') ; cC ¡’on vo!t dans la colleélion des
pierres gravéesdu barón de Stofeh , une páre anti-
que fur laquelle Mars porte un cafque garni des
snémes comes que celles dont les tetes de Jupiter-
Ammon font toujours ornees.
Cette variété dans les cimiers & les panaches
fen'it de for.dement a plufieurs fiables. On fie
de Gérv'on , felón quelques auteurs , un mionftre
a ííois’ tetes , parce qu’ij avoit un triple cimier.
6?o CAS
Proíkra changaoit , difoir-on ^ á tout mometit
de rbrme , parce que c'étoit un roí d'Egypte qui
portoit lous Ies jours un cafqxí orné á un cimier
différent, 8c _ formé tantót "d’une tete de üon ^
tantot de celie d"un dragón , d"un ours , d'un
chevalj 8cc.
Sur une pare de la colleílion de Stofch ( /. 2.
n° . 5J2I y j on volt un cafque toutqjiqué de clous.
Une bande unie fert át frontail 5 une feconde
bande palle fur le haut de la tete & va d’une
tempera l’autre. Ce cafque garni de clous ^ peut
donner une idee de celui d’Agamemnon , défigné
dans Homére ILzad. K. 16 y ) par ces mots ky--
x.!};;,. Celui de Dioméde étoit conique &
allongé en amére ; le méme poete le déíignepar
J’épithete a’jasjjríf allongé. ( lliade A. v. ajj.y.
On voit íur des bas - reliefs de tombeaux anti-
ques & fur ceux de la colonne Trajane , les
Barbares porter des cafques , dont le cimier eíl
ramené ou rephé fur ledevant comme le corno
ou bonnet Phrygien. Le comte de Caylus avoit
fait avant nous cette obfervation. li difoit ( rec.
d Antiq. II. pl. n°. i. ) : cí J’ai vu que cette
Amazone portoit un cafque différent de celui
de Théfée , & par conféquent des Grecs^ de
forte que la créte en étoit fo/mée comme ie
corno Ph.rygien. J’avois foupfonné cette diiférence
dans 1 armure de ces deux nations 3 Se parce qu’il
étoit naturei de Padméttre , je Tai propofée 3
comme trés-vraifemblable, dans Ies petits arricies
fur le coftume , qui précédent les tableaux tires
d Homere & de Virgile. Mais il^ft agréable de
trouver la cemtuJe d’une conjeture , de quel-
quenajure qu’ellefoit , á plus forte raifon quand
elle ell de lefpéce de cei!e-ci 3 c’eñ-á-dire3 im-
portante pour les artiíies qui voudront trairer Ies
fujets de la guerre de Troye. Autorifés par l'exem-
ple d un tnonument de rAntiquiré , i!s repréfen-
teront plus hardiment une diílinciion néceíTaire á
I.inreüigencc de ces fujets 3 oú les diíFérences fen-
Ébles font li tares , qu’on ne doit en négliger
aucune. Le delir d’augmenter la preuve des dif-
ferences que préfentoient les armes Phrygiennes 3
m’engage á rapporter ce monument. On m’a fort
aíTuré que fonginal trouvé á Herculanum 3 étoit
dans le cabinet du roi des deux Siciles j mais dans
quelque üeu ou’il foit confervé , fa forme Se fes
ornemens luí donnent un earaftére de vérité 3
aiicuel íl ell difncile de fe trom-per. Je ne dirai
nen de fa matiére : il eít vraifemblable qu’elle
eíl de cuivre. Je me tairai aufli fur fes propor-
íicns. L’examen de Tobjet met feul en droit de
s’étendre fur les détails. Je dirai feulement que
le deflin qu’on m*a envoyé d’Itaíie , préfente un
cafque d^e fervice 3 Se tel qu’il doit étrepourcou-
vnr la tete d’un homme. Ce monument peut faire
conjefimrer que des nations anciennes á norte
^g^rd ^ mais modernas par rapport au íiége de
i roie . ont confervé cette variété dans leurs
eajque-s, Cepeiidant il faut .conyenij: qu’on n’eii
C A S
trouve point de cette forme fur les raonumens 3
dii-moins 3 ou ¡is font rares 3 ou iis m’ont échañ-
pés Les cafques des Barbares diíFérent conf
tamment des cafques Grecs ; Se méme fur l¡
coionne Trajane3 ceux des Sarmates font trés-
hauts Se coniques.
Les Béotiens avoient la réputation de faire
des cafques d’une exceilenre trempe 3 Se meilleurs
que ceux de toutes les autres fabriques de la
Gréce.
Les Grecs Se les Romains avoient un fourreau
pour envelopper leurs cafques. Dans les marches
lijes portoieiit ainfi enveloppés Se pendus á leurs
cotes 3 comme on le voit á la coionne Trajane
oü ils font attachés á l’épaule droite. "* *
Nous ne pouvons finir cet arricie des cafques^
fans parler d’une armure antique de cette efpéce^
qui étoit entiérement fermée. Le comte de Cav-
ias en a publié le deflin. ( Rec. d'Antiq. ul.
f/. 26. n°. 3. ) La créte de ce cafque reflemble á
ceíledesEtrufques. Ilrenfermoit Secouvroitlatéte
avec tant d exaólitudej que celui qui enétoitarmé,
ne voyoit que par deux ouvertures rondes Se pla-
cees devant les yeux : aucun recueil d’Antiquités
ne préfente des monumens de ce genre. Voyez
, Causia 3 Bo>!NET d’Ulyífe 3 Se PiUus Panno-
mcus dans l’article Bonnet.
Casque de Platón. Cette armure dn Sou-
verain des Ombres a été chantée fouvent
chez les anciens 3 fous ie Hom de ''aiJí?
OU Orci galea. Lorfque Ies Géans efea-
ladérent le ciel , Ies Cyclopes fournireqt aux
Dieux des armes puiífantes ( Suidas ) \ ils donné-
rent le foudre á Jupiter3 le trident á Neptune ,
Se un cafque á leur frére. Quoique cette armure
ne parut pas redoutable aux Géans , elle con-
trsbua cependant beaucoup á leur défaite j car
elle avoit ¡a propriété de rendre inviiible celui
qui la portoit. Pintón ainfi armé leur lan^a •
les^plus rudes coups. Cette précieufe armure avoit
eré donnée á Perfée lorfqu’ii tua Médufe 5 elle
contnbua fans doute piusa faviétoire quel’Egide
de Pallas. Héfiode rapportant ce combat j dit :
( feutam Herculis , v. Zl6. ) ce que Je cafque de
Pintón 3 entouré d’épailles ténébres , étoit placé
fur ia tete du héros Dans les Dyoniíiaques
on avertit Perfée ( lib. 47 , v. 514. ) de re-
douter i’approche de Bacchus 3 Se de ne pas
heurter le cafque de Pluton avec les pampres
du Dieu de la treille. Nonnus 3 en décrivaut
cette arinure 3 l’appeüe xepaS-auZis . variegata , ae
couleur changeante ; mais il ne nous appreni
rien fur fa forme. On ne la trouve d’ailleurs
prefque jarnais fur les monumens grecs & ¡i-
t:ns ; Perfée le plus fouvent eíl repréfenté tete
nue 3 coupant la tete á Méduíe. On le voit a mu
fur un médaillon de Sébaíle en Phrygie , fut
lequel il eíl sravé nud 3 avec un limpíe raanteau
& des arles aux jambes. II regarde i’Egiiie ¿s
CAS
las placee derriére luí , afin de n'étre pas pétrific á
la vue du redoutable monílre.
Periee ayant donné aprés certe exécuuon le
csfqíie de Pluton á Mercare , quelques aureurs
ont regardé cette armure comme un pétafe 5 piu-
fieurs monumens Etrufques rapportés par Gori ,
font favorables á cette opinión, ainíi qu'unepein-
ture d'HercuIanum , ( tom. 4. uzv. 7. n.°. 7. ) oú
il a la fórme du bonnet d’Atys. L^on explique-
-roit par-lá le type d'une médaille d'Amaítris en
Paphlagonie, fiirlaquelleune figure drapée C Méd.
a€s peup¿es. tom. 1. p¿. 40. J tient un fabre & une
tere coupée : elle voit á fes pieds un corps hu-
main étendu fanstéte: « Cet homme , dit Pel-
" lerin j eft coefFé d'une efpéce de bonnet Phry-
» giea , dont un pendant tombe á droite & un
» aucre á gauche fur fes épauies.' On ignore ,
” ajoute-t-il , á quoi ce type extraordinaire peut
fe rapporter». Nouscroyons reconnoitre ici Per-
fee & le cafque de Pluton. Les antiquaíres ravoient
confondu d abord avec la caujla ^ le cafque des
rois de Macedoine. Mais la diñindlion eíl: confi-
tante d aprés plufieurs médailles , & entr’autres
medaille de Smope , pubüée par M. Eckel
Tab. XI. n° . 6. ). Elle fervira á diñinguer fur les
monumens la tete aílée de Perfée , de la tete
de Mercare , avec laquelle elle a d'ailleurs tant de
reiTemblance.
Qt bonnet Phrygien fervit auíli á dérober
Minerve au courrouxde Mars {lliai. h.v. 844.).
Euftathe , expüquant ce vers d’Homére , alTuré
que le cafque de Pluton étoit noir , & méme du
noír le plus obfcur & le plus foncé. Le pouvoir
qu il avoit de rendre invifib'e , le fit paífer en
proverbe , & on en faifoit honneur á tous ceux
qui, par rufe ou par adreíTe , trompoientleurs en-
nemis ou leurs furveillans. Ariítophane a donné
fon nom a la vañe chevelure dans laquelle étoit
enfevelie la figure d'un certain Hyéronimus , mau- .
vais poete Athénien. Les niiages dont le foleil "
d hy ver eñ toiijours enveloppé , ont fans doute
fait Imiginer rOrc¿ galea : car Pluton étoit fem-
bleme de ce foleil.
CASQUE , tcrme dUAntiquaire. Les premiers
empereurs ne font point cafqués fur les médailles;
leur_ tete y paroít ordinairement couronnée de
laiirier. Dioclétien , Conñantin , Probus , font
ceux que Ponvoit cafqués'e. pías fouvent, & cet
ufage fur fuivi par leurs fucceiTeurs.
^ ^-"^SSANDRE , filie de Priam & d’Hécube ,
celebre par le talent qu’elie eut de prédire Fave-
nir. On attnbue ce don á deux différentes caufes.
Les uns diíent qu Helenus & Cajfandre , qui
etoient ¡umeaux , furent portés, durant leur
enfence , dans le temple d’Apollon. On les y
laifE une nuít entiére , foit par oubli , foit qué
ce fut une coutume_ religieufe. Le lendemain ,
on les trouva entortillés de ferpens , qui lear
Icchoient les oreilles ; ce qui leur cordera á tous
’^tzquhés ^ 'Tomt í^ *
CAS íSr
les deux le don de prophétie. D’autres ont dit
qufii leur fiit communiqué par leur frére Efaque,
qui 1 avoit recu de Mérope , fon ai'eu! máteme!.
Esaque. La tradición la plus commune
eít qu Apollen , devenu amoureux de Cajfin-
dre^ j lui oíFrit de mettre á fes faveurs tel prix
qu elle jugeroit á propos : elle demanda Fart de
prédire Fa venir , & Fobtint fur -le - champ ; mais
elle refufa de^ donner ce qu elle avoit promis en
echange. ÍI n étoit pas de la dignité d’un Dieu
de retirer fes dons ;• mais il crut pouvoir les rendra
inútiles. II exigea qu elle lui donnácau moins un
baifer, ce qui lui fut accordé. Apollen lui mouilla
la bouche avec fa falive , 8c de-la vint que per-
fonne n’ajouta foi aux prédiélions de Cajfandre ,
8c qu'on la crut méme folie , quoique Féyéne-
ment juftifiát fes prophéties.
Cajfandre étoit fort belle , 8c fut recherchée
en mariage par de grands princes. Yirgile parle
de Coroebus , fils de Mygdonus , frére d’Hécube,
qui avoit été épris de fes charmes, & étoit venu á
Troye pour la fecourir. II y périt, pour n’avoir
pas ajouré foi aux prédidions de fa maitreíTe.
Homére nomme Othryonée , qui étoit venu
demander Cajfandre en mariage , & promettoic
de faire lever le fiége de Troye ; il n'exigeoit
d'ailleurs point de dot. Se la beauté de Cajfandre
lui fuffifoit. Lorfque Troye fut prife, Cajfandre
chercha dans le Temple de Minerve un afyle
contre les meurtriers ; elle Fy trouva , mais fon
honneur n'y fut pas garanti; Ajax, fils d’Oilée,
lui fit yiolence aux pieds des autels. Agamemnon
en devint cependant amoureux; Se dans le partaga
du butin, il Fobtint des Grecs, fans qu'elle fur
tirée aux fort. Clytemneftre , femme d'Agamem-
non , la _ fit maíTacrer en méme-tems °que ce
prince ,_ainfi que les deux jumeaux qiFelIe avoit.
eu de lui. Les villes de .Mycénes & d'AmicIés fe
difputoient Fhonneur d'avoir fon tombeau. On
luí eleva un temple á Leudres , oú £a ílatue étoit
honoree fous le nom ^ ÁLexandra. Les Ooriens
& Ies habitans de la ville de Dardanas lui en
éíeverent auíTi un. Sa ftatue y fervoit d'afyle aux
filies qu’on vouloit maríer á quelqu’un qiFelIes
n’aimoient pas. II falloit qu’eíles embraífaírenc
la ftatue habillées en furies , ayant le vifage teint
avec des couleurs trilles & rembrunies.
C Ass ANDRE, Roi de Macédoine.KASSANAPOT
Ses médailles font :
C. en argent.
O. en or.
O. en bronze.
CASSANDRIA , en Macédoine. Cassan-
DREA.
Les médailles autonomes d» ce'te vüle font :
RRRR. en bronze Pelltrin.
O. en or.
O. en argent.
Devenue colonie romalne ¡ cette ville a faií
R r r r
6tz
CAS
frapper plufieurs médaüles latines avec la legenda :
COL. IVi. AVG. CASSANDREN, ColoTíin Juliu
Augiifla Cajfandrenfis ¡ en Thonneur de Ciaude ,
de Néron^ de Yefpaíien, de Kerva^ de Plotine,
de Septime-Sévere , de Caligula ^ de Titus ^ de
Eiagaoale j de Verus , d’Antonm^ de M. Aureiaj
de Commode ^ de Donana ^ de Caracalia ^ de
Gctaj de Gordien , de Philippe pére.
CASSANORUS , dans I’Egypre.
Gojtzius feul a attribué des médaüles impéria-
les grecques á cette ville.
CASsE. cc C etoit j dit AI. PatV, ( Reck. Jur les
^gyF<^- t:óm. I. p. 14J. ) , une grande précaution
oe la part des Prétres de PEgypte , d^avoir enjoint
a toiit le peuple d’ufer une fois par mois de tiíanes
laxanves j dont quelques médecins modernes
ont voulu deviner la compolltion ; mais ils onr
été trés-malheureux dans ieurs conjetures, lorf-
qii ils ont cru que c^’étoit une infufion de racines
de raifort & de bierre. (_Le Ckrc , kift. de la
medscme, lib. 1. cap. xviji.'). lis ignoroient done
que le cajjier eít un arbre indigéne en Egypte , &
que le féné crqit de lui-méme fans aucuné culture
oans la Thébai'de , jufqu’á la hauteur de la pre-
rniere catarate du lÁül, d’ou en le répand aujour-
d hui dans toute PEurope , par le moyen de la
lerme etabiie au Caire , & qui eíd ordinairement
entre les mains des Juifs, comme Ies principales
branches du commerce dans ces états íi bien
regles du grand feigneur. II eñ aifé d'aprés cela
de concevoir de quoi on préparoit le remede
dont on fe fervoit dans ce pays la tous les
mois 33.
CASSEROLE. Voye:^ Etamer.
CASSIA , famille romaine j dont on a des
•médaüles.
RR. en or.
C. en argent. . «
C. en bronze.
Les furnoms de cette famille font : CELER ,
LONGINÜS.
Goltzius en a publié quelques médaüles incon-
nues depuis lui.
CASSID ARIUS etoit le foldat prépofé á la
garde des pfques dans les arfenaux. On voit á
Rome Pépitaphe d’un Candarlas :
CAS
dédommagée enfuite : car Júpiter la placa avec
toute fa famille dans le ciei , ou elle forme une
coníteliation. V oye^ Androméde , Cepkee
Cicerón dit de Caffiopée , dans fa tradution di¡
poeme aítronomique d'Aratus :
Ldbitur illa fimul gnatam lacrymofa rdínquens
Cajftopeia , ñeque ex codo depulfa decore
Fertur. Nam verfo contingens vértice prímum
Térras , pofl hameris everfá fede , refertur.
Hanc illi tribuunt poenam Nerddes alma ,
Cum quibas , ut perhibent ^aufa efl contendere
forma.
<¿. NAEVIUS. MARINUS
MILES. EX. ARMAJvíENTORIO. IMP
CAESARIS. nOLíITI ANI. AUG. GERMANICl
CASSIDARIUS
VIXIT. ANN. XXXX
_ CASSIOPÉE , femme de Céphée , roí d/Ethio-
pie 3 & mere d Anriroméde , avant en la rémérité
de .e croire plus belle que les Néréia'es , atrira
fur fa fihe la colere de ces déeíTes , qui priérent
ISeptune de res venger, Alais elle en fut bien
CASSIS , cafque. Mdore ( xvitt. 14.) dfc
que le cafque appelé cafis étoit de metal , ¡k que
Ja ^¡z/cí2-étoit un cafque de cuir.
CASSIUS. ( Calas).
Caios Cássius 3 imperator.
Ses médaüles font :
RR. en or.
On y trouve feulement fon nom , avec la tete
de la liberté.
O. en argent & en bronze.
CASSOPE 3 .dans TEpire. KASsanAinjí.
Les médaüles autonomes de cette ville font :
RRRR. en argent.
RRR. en bronze.
O. en or.
Leur type ordinaire eñ une colombe volante
ou pofee dans une couronne de laurier.
^ M. Neumann lui a reílitué les médaüles que
d autres avoient données á Lampa , ville de
Créte.
C.ASSOTIDE , nom que Paufanias donne á Ja
■fontaine Caftalie , qui avoit pris ce nom de.
Cajfotis , une des Nymphes du ParnaíTe. ( Phocid).
CASTABALA , dans la Cappadoce. kacta-
BAAEÍíN.
_ Cette ville a fait frapper une médaüle impé-
i riale gretque en Thonneur de FaulHne , mere. •
. L^ type de Diane Perafia fuffit pour la faire
diílinguer des médaüles de Caflabala 3 en Cüicie.
^ GASTABALA, dans la Cüicie. KACtabaaeíTíí.
Cette ville a fait frapper des médaüles impé- ,
nales grecques en Thonneur de Diadurnénien &
d’Elagabale.
CASTAGNETTES , Crotala. Inftniment de
percuíiion dont fe fervent les Efpagnols , les
Itahens & lesFranqois qui habitent Ies provinces
meridionales. II eft compofé de deux petits mcr-
cepx de bois , ronds & creufés en forme de
cuiller, dont les deux concavités fe mettent Pune
fur 1 autre. On en‘’attache une paire au pouce de
chaqué main , & en les frappant en cadenee
avec le doigt du. milieu ^ ou avec ráiinulaire, oí>-
]eur fairrendre un fon aigu. C’é:oicun inftrument
de ceire efpéce que les anciens appeloient crotala,
& que nous décrivons ici fous Je nom de caf-
tagnettes,
II faut diílinguer foigneufeinent les crotales des
cymbales , du tympanum & de la crupe-^ia , en
parlant des monumens antiques : c'étoient quatre
inllrumens de muíique trés-différens. i Les crota-
les étoient nos caftagnettes . 2°. Lescvmbales étoient
nos cymbales , ces inftrumens de cuivre que Ton
tient de chaqué main , que Ton frappe en cadenee,
& qui font employés dans les muíiques milicai-
res. 3°. Le tympanum étoit notre tambour ce
bafque, F" Cymbales &- Tympanum. 4°. La
Crupezia ( P^oye:^ ce mot) ou fcabzllus fe pla-
cóle fous le pied & dans la femelle du muíicien
qui conduiToit i’orcheñre.
Les anciens connoiíToient deux efpéces de
cafiagnettes ou crotales. Les unes étoient courtes j
comme cellesdont fe fervent encore Ies Efpagnols,
^s Itah'ens j Scc. On voir les cafiagnettes courtes
dans les mams d’une Bacchante , fur un bas-
te.ief de la V illa-Borgbéfe {Bartoli , Admir. ant.
tab. yi. -74. £> Spon. recker. d’ant. dijfert. zriz. p.
I fo. ) , dans celles d’une femme fur un bas-relief
du palais Giuñiniani de Borne , 8f enfin dans celles
de deux amours d’une peinture antique , trou-
vee a Herciilanum ( tom. i. tab. 32. & Gori , Muf.
etrufe. I. tab. 72. rP . 2. tab. 61. ) ^ oú on les a
pnfes pour des clous.
La feconde efpcce de cafiagnettes étoit plus
longue. Les cafiagnettes longues reffembloient á
des batons courts. C’eñ d’elles fans doute que
veut parler Pline ( rx. 3j. ) , lorfqu’il compare
le bruit que faifoient par leur choc , les
perles des boucles d’oreilles appelées crotalía :
Subeunt luxarii. ejus nomina , & india exquifita
perditiore pórtala ^ Ji quidem cum id fecere , ero-
talio^ appellant ^ fea Joño queque gaudeant , &
collifu ipfo margaritarum. On les voit fur une
lampe antique de Bellori- ( Lucern. ant. p. i. fiír,
34. Lid. fepulcr^ ant. fig. 18. ) , fur une mofaí-
que dont parle Winkelmann, a oropos d’une cor-
naline de StofcH ( v® clafle , n< 33. ) ou paroif-
fent auííl les cafiagnettes longues. On les a prifes
mal-á-propos pour des flúres dans une peinmre
d Herculanum Itom. j. tab. 30. ). Les monumens
de cette ancienne ville fourniíTent encore aux
artilles un fecond moáslz áts cafiagnetteslonguts ,
dans la main droite du Satyre ivre de bronze-
Le comte de Cavlus ( Rec. d’antiq. il. pl. 82. /?o's.
3- 4- 5- ) 2 publie un Mime de bronze qui tient
les^ mémes cafiagnettes , que Ies Orees appelloient
, pieces de bois fendues. On Ies voit
encare líées'au thyrfe d’im Faune , qui eíl aravé
fur une pierre dii cabinet de Florence Fl.
tom. il. tab. 3. .r;®. 2. ).
En 1729, on frou’/a dans lesenvirons de Borne
une bafe ronde de marbre, qui fut placée d’abord
a la V illa-Cafaü , & qui appartenoit en 1760,
au ffiarquis de Lucatelli de Borne. On y voyoft
les travaux d Hercule , & ce héros agitant les
ca^.ynettes forgées par Vulcain ( Patin. Thef.
Aim. pag. 98.), que tui don.na Minerve pour
cnailer les oileaux de Stymphales. V»'inkelmann
3 cilC ce moniiment lingulier dans fa defeription
des pierres du barón de Stofeh ( iJ=. clafTe , n^.
1699 & £721.}.
C^ASi ALIDES, furnom donné aux Mufes, á
cau.e de la fontaine de Caftalie qui leur étoit
coníacrée.
CASTALIE , fontaine au pied du mont Par-
naíle , dans la Phocide , confacrée á Apollen &
aux Mufes. C’etoit , difent les Poetes , une
Nymphe , filie du fieiive Achéloüs , quApolIon
metham.orphofa en fontaine, & il donna á fes
eaux la propriété de rendre poetes tous ceux qui
en boiroient. Le murmure méme de fes eaux
devoit infpirer^ l’efprit poétique. La Pythie ,
avant de s aíieoir fur le trépied , buvoit de l’eau
de cette fontaine ( Paufan. Pkocic.').
C ASTELLUM. Voyez CnAXEAu-d’eau.
CASTELLARIUS étoit un officier prépofé 3
la garde des cháteaux-d’eau , & á f infpeélion des
concefiions & des prifes d’eau. On lifoit á Borne
du tems de Marliani, I’épitaphe fuivante d’uii
Cafiellarius :
D. M.
CLEMENTI CAESAR
UM N. SERVO CASTEL
LARIO AQUAE CL
AUDIAE FECIT CLAU
DIA SAEBATHIS ET SI
BI ET SUIS.
C ASTERIA. Nonius ( il. 12S. ) dit que ce
mot déíignoit l’endroít oú l’on renfermoit les
rames & les auires agres des navires. Plante en
fait mention {Afinar, iil. 1. 6.).
Quin pol fi repofivl remum, fióla ego in Cafieria
Ubi quiefico , omnis fiamilU caufia confifiit tibí.
CASTIANEIBA. Uoyeg^ Gorgythion.
CASTIGATIO militaris.Gri'itex ( fuy. 7. Tkefi.
inficr.) rapporte I’épitaphe fuivante d’un foldac
qui fe glorifioit de n’avoir jamais mérité de cha-
timent militaire.
D. M.
C. JULI. S.ALUTARIS '
MIL. COH. Vil!. PR. 7
VETTI. VALEPIAKI. MI
LIT. ANN. VI. VIX. ANN
xXXtl. SJÍ-E. ULLA. CASTT
R r r r rj
ÍS4 CAS
GATIONE FECiT. AURE
IIA. TROPHIME MAT?.
PILIO. PIENTISSIMO
ET. C. JULIO. SECUNDO
CONJUGI. CARISSIMO
CASTOR. On trouvera aux arricies Dioscu-
RES Se Gémeaüx , tes dérails mythologiques
commuRS á, Cafior &c á PoHux ; cet arricie n otrre
que ceux qui font parriciiliers au premier- Celui-
ci éranr regardé comme fils de Tyndare 5^ rut
privé de timmorraliré dont jouiffoit fon u'sre ,
íiis de Júpiter. Cafior & Pollux ayanr enieve les
filies de Leucippe , le premier s’artacha a Elaire>
ou Telaire, & l'époufa. Mais il fut puni oienrot
de cette violence ¡ & celui auquel Elaire avoit
eré fiancée ¡ui donna la mort. Pollux pria Júpiter
de le faire mourir lui-méme avec fon frere . ou
de partager entr'eux l’immortalité dont il jouif-
foit. Cette demande fut exaucée j de maniere
que les Diofcures paffoient alternativement íix
mois dans les enfers , Se íix mois fur la
Les Romains rendirent un cuite parnculier a
Cafior y Se ils lili élevérent un temple dans la
región, du ciroue de Flaminius, Vitruve parle de
ce temple , qui n'étoit confacré qu’á Paine des
Diofcures ( vi. 7. ) : Item generibus al'iis confii-
tuuntur Ades , ut eft Cafior is in circo Tlaminio.
Le vers fuivant de Juyénal nous apprend que
Pon y pla^oit des dépóts ( Sat. 7. v. 2.6o. ) ;
. . . Ad vigilem -ponendi Cafiora nummi.
Les Romains juroient par ce temple , en difant
Ecafior, Mecafior y tandis que leurs femmes ju-
roient par Pollux.
Cafior fe plaifoit á conduire des chevaux j &
ce goút eft devenu le caraétére qui le diftingue
de fon frére . qui fe plaifoit aux exercices des
Athlétes ( íTorar. il.fat. I. v. 26.).
Cafior gaudet equis y ovo prognatus . eodem
Pugnis. . . . Voyez Caeires.
CASTORES. Muratori ( 323, 7. Tkef. infcr. )
rapporte l'infcription fuivante , dans iaqueile-
Caftor Se Pollux font délignés toüs les deux par
ce pluriel , comme dans Denys d’HaliearnaíTe ;
CASTO'
RIBUS
Q. ET"
BALBtJS
eos
TASTRA.
CASTRUM.
CASTELLUM.
Les Romains avoient con-
tume de fortifier des camirí
CAS
dans les provinces quils avoient foumifes. Se
d'y mettre des corps d'armées pour les reteñir
fous leur puiffance. "Ces camps furent habites
enfuitt par les nationaux ^ qui en firent des chá-
teaux, des -bourgs & des villes. De-lá vient que
ces derniéres font appelées íi fouvent Cafira ou
Cafirum y & les premiers Cafidlum.
Onappeloit aUÍTl íafirum & Cafira les CASER-
NES ( Vcyei ce mol) ou les logemens des fol-
dats qui étoient dans les yilles._ On en voit
pluíieurs fur les médadies impériaies avec ees
inferiptions : providentia aug. ou Augg :
VIRTUS AUGG ; VIRTUS MILíTUM &C. NoUS
allons parler de ceux qui étoient á Rome.
CASTRA Genciana & (Jypn'flna.Rufus diftingue
ces deux cafira y mais \ iéfor n en íait qu un :eu! y
& le place dans la feptiéme région , appelée lata
via. Cétoient les logemens des troupes que com-
mandoit Lollianus Gentianus , fous le régne de
Pertinax.
Castra Mifenatium étoient , felón Viñor .
auprés du portique de Livie , dans^ la troifiéme
región, appelée ííis & Sérapis. C étoit-lá que
logeoient les foldats ou Ies matelots de la fiotte
de Miféne , lorfqu ils venoient á Rome.
Castra Peregrina. Oii interprete diverfement
ces mots ; les uns entendent par-lá les cafernes
des troupes étrangéres qu’Augufte & fes fuccef-
feurs mirent au nombre de leurs gardes ; d autres
ne veulent y reconnoítre qu’une efpece de cara-
vanférail pour loger les étrangers qui ne pou-
voient trouver d’hótellerie dans Rome. Qp9*
qu’il en foit , les cafira peregrina étoient batís
fur le ffiont Cóelius , auprés de l'endtoit ou eit
auiourd'hui Ste Marie in dominica , comme on
le voit par les inferiptions fuivantes qui y out
été trouvées :
COCCEJDS
PATRUINÜS
FRINC
PEREGRI
NORUM
Et. . . FTLICITER. TICE. PRINCIPÍS. PER5
GRINORU'ví. TEMPLUM. JOVIS. RE
DÜCIS. C. P. O. FELICITER. CUL
TU. DE- SUO. EXORNAVIT.
Castra PrAtoria. Séjan , qui comman-dou Ijs
cohortes prétoriennes , perfuada a
annal. ;v. 2. I.) qu il feroit avantageux de ^
dans on camp ces cohorres j
fois dans pluíieurs régions feparees
des autres. II haffura que ««e .rcum^
cheroit que les délices de la
lear courage. Tibére le cnit,
fortiíié entre la porte Nomentiim
Salaria , non loin de VAgger oe 1 arq
CAS
_ Le camp pretorkn étoit fonifié de murs , gar-
Ji!S de tours & de remparts {Tacit. kifl. nJ. 48.
4. } • Multi femianimes fuper turres & propugau-
cuLa mcenium exfpiravere. 11 y avoit 1°. un temple
dans lequel on dépofeit Ies enfeignes ( Herodian.
IV. 4. 12. ) 5 2°. un tribunal elevé fur lequel
montoit le general pour haranguer Ies foldats
ou pourreceToir leur ferment ( Tacit. kifi. i. ¡6.
I. ) .* Z/z fuggejiu zTi quo paullo ante aurea GaLhe
fiatua fuerat , médium Ínter figna Othonem. vexzllis
circumdarent. 3®. Un arfenal {Tacit. hift. 1. 58.
y. ) • Aperire armamentarium jujjlt , rapta flatim
arma fine more & crdine militis. 4'’. Des bains
a 1 ufage des foldats { Herodiazu iv. 4. 15.).
Lorfque Aurélien bátit les murs qui portérent
fon noiUj il les fit conduire le long du camp
pretorien.
Castka Ravennatium. Augufte fit batir fur le
^annjcule cas logemens, deíiinés aux foldats de
la flotte de Ravenne qui venorent á Rome.
Castra Urbana, étoieiit le nom collecLif des
cafernes de Rome.
_ Castra délignoient quelquefois auífi un quar-
tier de Rome occupé par des artifans d'une méme
profeílion ; tels éroient les caftra falgamariorum ,
Je quartier des confifeurs , &c.
CASTRAMÉTATION. Voyeq^ le Diéiion. de
TArt M1LIT.41RE.
CASTRENSE. Ce mot défigne parmi les anti-
quaireslacouronne que le general dkrinée donnoit
pour récompenfe au foldatqui avoit forcéun camp
ennemi. Dans les beaux jours de Rome une limpie
branche d’arbreformoit la couronne cafirenfe ^ telle
fut celle que donna Romulus á Hoílius Hoftilius^
qui étoit entré le prem.ier dans Fidénes ( Plin. ¿.
16. r. 4. y ; Romulus f ronden coronavit Hoftium
Hoflilium , quod Fidenam prienus irrupijjet. On
ia fit enfuite d’or j & elle étoit orn.ée d’efpéce
de remparts , vallas de-íá vint qu’on la confon-
dit Dientot avec ia couronne vallazre , deílinée
a ceíui qui montoit le premier fur les remparts
d-une ville affiégée. Valére- Máxime les a etfccti-
vement confondues j en difant que le confuí C.
Fabricius réferva une couronne vallaire á celui
qui sktoit emparé du camp des Lacaniens &
des Brutiensí/ii. l. c, 8- ex. 6.) : Refiero die
ciim confuí Ínter honorandos V aliar em
corenam ei fe fervare dixijfet a quo cafira erant
eppreífa , Uc.
La couronne cafirenfe fut d’abord la premiére
efpéce de récompenfes que ion accordoit aux
foldats romaíns & cui étoient défignées par ie
nom colieClif dona militarla ( Sueton. Aizgufi. c.
2p). Mais tout dégénéra dans le bas- empire ;
& Ies courtifans du prínce qui n'avoient jámais
TU les camps , fe parérent des couronnes caf-
trenfes. C'eft d'eux que veut parler Tertullíen
dans le paíTage fuiva.nf ( de coran, milit. ) .- Efi
CAS ^55
& alia mzlitía regiarum familiarum. Kam & cas~
trrkses appelltntur munifics, , & zpfs, folennium
cífarianorum.
CASTRENSES. 1 .
CaSTRENSIANI. f deux noms defi-
gnoient Ies ofEciers du palais des Céfars. II en
ell fait fouvent menticn dans les loix Romaines.
Lampride comprend fous le nom de caflrenfes ,
tous Ies ferviteurs des Auguftes. ( Alexand. Sev,
c. 41. ) Aulicum minifterium in id corar axit. . . .
iza ut annonas , non dlgr.itatem , acciptrenc fallo-
nes & veflitores , & pifiares & pincernzz , omnes
Castrenses minifiri. Corippus en fait Ténumé-
ration dans les vers fuivar.s : ( In laúd. Jufiin.
min. iil ) :
Adfuit obfequio cafirorum turba virorum
lilis fumma fides , & plena licentia faerzs
Defervire locis , atque aurea fulera parare y
Regales menfas epulis onerare fuperbis ,
Confervare domuzn , fanSumque intrare cubile y
Internas muñiré fores , vestesque parare.
CASTRUM , Toyei Casernes.
CASTULA. Les Romaines aopeloient de ce
nom , au temps de Varron (De vita pop. Rom.)
une efpéce de ttinique qu'elles mettoient immé-
diatcment fur la peau ^ Se qukUes avoient fubC-
tituées aux tuniques entiéres nommées fubucaU.
La cafiula fe lioit au-deíTous du fein ^ & defeen-
doit jufqu’á la cheville du pied. Les épau'es & le
fein étoient alors cóuverts avec la cyclas ou .Ana-
BOLADION ^ [v. ce m.ot. ) comme on le voit á
la Flore du Capitole : Cafiula efi palUolum precinc-
tui , quo nudát infra papillas prscinguntur mulleres ,
quo nunc eo magis utuntur , poftquam fubuculis defie-
runt. La cafiula reíTembloit au limus des Sacrifi^
cateurs ; inais elle s’attachoit plus haut & tom-
boit plus bas, Winckelmann n'en a point parlé
dans le livre de ion hiftoire de l’art , oü il décrit
Ies habits des femmes. Les monumens antiques
en oífrent cependant fouvent des modeles.
CASTULO , en Efpagne Cast.
Les Médaüles autonomes de cetre ville font:
RRRR. en bronze .... Floret^ . .. Hunter.
O. en argent.
O. en or.
Leur type eft un fp’ninx,
CASULA. Cet habülement , que Ies prétres de
LÉglife Grecque ont confervé dans fa forme an-
ticue 5 Se que noas appelons chafuble ^ étoit la
voenuia ( v. ce mot. ) proprement dire , comms
nous le voyons fur plufieurs deffins de peintures
trouvées dans les catacombes. La Roma Sotteranezt
de Bofius renferine ces deffins qui repréfentenc
des chrétiens & des chrétiennes revétus de la
cafala , de iaquelle i!s étoient entiérement cou-
verts comme d'un fac 5 de forte que cetce vaíle
6S6 C A T
C A T
robe fermée h retrouuoit fur leurs épau’es lorf- ¡
qu^’üs vouloient lever ks bras,. C’eñ Tongine des |
échancrures que Ton a pran^uées aux cotés des
chafubles Romaines.
CASUS & FORTUNA. Les fouverains Pon-
tifes-diñinguoient deux forres de more violentes:
cel'e qui n'étoit pas dans í’ordre natu-el, venoit
á fortuna : telle fut celie de Catón ; mais la mort
de ceux que tuoit la foudre ou qii'engloutiiToient
les ondes , vencit á cafu.
CATABAUCALESE , chanfons des nourrices
chez Ies anciens.
CATABOLENSES , . , , „
■ CATABULENSES , f
Empire Ies poltillons qui précédo-'ent Ies envoyés
du prince fur les chemins pubiies. I! en eíl: fait
mention dans ie code Thcodoíien 8c dans Caffio-
dore. ( Far. ni. lo & ¡v. 47. J
CAMACELEUSME ^ la troifiéme partie du
nome Pythien , fuivant Strabon , & la feconde ,
fuivant PoUus.
CATACHOREUSIS , chanfon des Grecs j
pendant laquelle on repréfentoit dans les jeux
Pythiens ApoUon danfant aprés fa vicloire fur
le ferpent.
Cataciíok.eusis j cinquiéme & dernicra par-
tie dunome Pythien , fuivant Pollux.
CATACTHONIEN , fouyerain Pontife d’O-
punte , qui préfidoit au cuite des Dieux terref-
reftres & infqrnaux. KATAXeoNlOI ). Voy.
Manes.
CATACLISTON.
KATAKAEI2TON.
}
Les Grecs & les Ro-
snains défignoient par ces noms génériques, des
chofes précieiifes qudl falloit teñir renfermées
fous clef ¡ telles que les jeunes filies , felón Calli-
' ríi2.mt y { frag. 16. 1. les pierreries , &c.
CATACLITA , lit de tapie. Tertulüen parle
des riches tapis dont on les couvrost. ( Pallio
c. 5 . J quanquam pavo pluma vefiis & de cata-
clitis. Ce paíTage avo.it été mal interpreté par
quelques philologues qui I’entendoient d'un habit
particuiier que Ton portoit dans les repas ^ vefis
dccuhharia.
CATACOIMÉSE , chanfon en ufage qhez les
Grecs , au moir.ent o'^ Ton conduifoit les époux
au lit.
CATACOMBES , grottes ^ lieux fouterreins
pour lafépultoredesmorts. CatacumbóL. Onappelle
áiníi en itahe les répultures des martyrs qu'on
va viíiter par dévotion ^ & dont ón tire les
reliques qu'on envoie mrdntenant dans toas les
pays catholiques , aqres que le Pape les a recon-
nues fous le nona de quelque faint. lis font á
trpis heues de Rome. C’étoienr des grottes ou
fe cachoient & s'alTembloient les premiers ehré-
l^iens QU ils enterroient ceux q entre-eux qui
étoient martyrifés. Ces catacomSes font de la kr-
geur de deux á trois pieds ^ & de la hauteur de
huit ou d;x pieds pour Pordinaire , en forme de
rúes qui fe communiquent , & qui fouvent s'éten-
dent jufqu'á une lieue de Rome. 11 n'y a nr
maqonnerie , ni voúte , la terre fe foutenant
d'elle-méme. De temps en temps on rerxontre
de petites chambres pratiquées & faites comme
le teñe des cataeombes , fans jour & fans ouver-
ture par en-haiit. Les deux cotes de ces rúes, que
Ton peut regarder comme les muraiiles , fervoient
de haut en bas pour mettre les corps des morts.
On faifoit un trou de la iongueur , de la lar-
geur , & á peu-prés de répailfeur du corps ; en
l'y piaqoit fans cercueil , & en ligne paralléle
á la rué. Ainíi toutes ces ouvertures étoient dif-
férentes felón la Iongueur & TépaifTeur des corps
qufon y enterroit. Comme les catacomhes hout
guéres que huit á dix pieds de hauteur tout au
plus j il n'y a prefque par-tout que trois ou
quatre rangs de ces tombéaux Pun au-deíTus
de í’autre. On Ies fermoit avec des briques de
■ terre cuite fort larges ^ fort épaiíTes , 8c quei-
quefois avec des morceaux de marbre , cimentes
dhine maniere qu’on auroit peine á imiter de nos
jours. Le nom du more fe trouve rarement fur ces
tuiles.
Ces cataeombes de Rome font dans le cime-
tiére de Callifte furia voie Appienne. Le notn-
de catacomhes lignifie en général toute efpéce
de lieux fouterrains. On l’appliquoit autrefois
particiiüérement au caveau dans íequel avoient
été dépofés les corps de S. Fierre & S. Paul ,
comme il paroit par la trentiéme lettre de S.
Grégoire ( Uv. m. ) En ce temps-lá on appeloit
encore criptss ou cimetieres , cripta 8c ccemeteria ,
les lieux ou Pon enterroit les morts ; maisde-
puis on donna le nom de catacomhes aux lieux
fouterrains qui fervoient de tombéaux , 8c que
Pon prétend avoir'été particuliérement ceux des
ehrétiens. 11 n’eñ pas néanmeins certain quoii
n’y ait pas auffi enterré des paiens ; & il
évident que tous ceux qui y font enterres nefont:
pas des Saints 8c des martyrs. Les fignes d'apres
lefquels on croit diíiinguer les corps de ceux-ci ,
font affez equivoques ; la ernix, la palme , le
monograme de Jéfus-Chrili , les figures d un bon
paiieur ou d’un agneati que Pon trouve gravees
fur les pierres du rombeau , prouyent bien
qiPeÜes ont farvi a des ehrétiens , m.ais non pas
que ces ehrétiens aient été faints ou martyrs.
Les palmes ne font pas toujours un fignecertam
de la couronne du martyrej & les phioles teintes
de rouge ne prouvent pas qiPelks aient eré rem-
plies de fang plutor que d’une nutre liqueur. On
trouve quelquefois fur une méme pierre des mí-
criptionspayennes, comme M. D. D is ManihuSi
d’un coré , & de Pautre des fignes du chrily
tianifme : ce qui fait voir qu’elles ont fervi a
dqs pa’iens qu á des ehrétiens. On .ne doute
C A T
point, ala véritéj ciie cans le commeticement du
chriilianiíme ii n'j' ait eu quantité de marryrs
enterres dans les cimeticres des Chrétiens, comme
Tañiirenr S Jéróme & Frudence. Cependant du
temps du pape Gregoire III j il y en avoic trés-
pen de connus , puilque ce pape écrivant á
Otgar j archevéque de Mayence , qui lui de-
mandoit un corps faint , lui difoit qu'il n’en
avoit point á lui envoyer parce que fes pré-
déceíleurs ík ¡ui avoient place les ccrps des fainrs
dans les égiiíes nouvelieieent dédiées ; qu’ll en
avoit cherché fans en pouvoir trouver , 2c qu'il
pnoit Otgar de lui doi'.ner du temps pour en
faire une plus grande perqaiíition. \híabilLo:i ,
Itiner. ItaL. Enjehi y Rom. epiftola. ad Theopk.
Cali. )
Les catatomhes de Naples ont quatre enrrées ,
qui font celles de Sun Severo , de Sanóla M.aria
de Ha fanita , de 1‘ O fpi-sio di S. Gennaro , 8c
de Santa María delLa vita. Les catacembes de
Saint-Janvier j celles dont fentrée eíl dans Tég ife
de ce nom , font bien plus grandes Se bien plus
belles que celles de Rome dont nous venons
de parler , & méritent une defeription affez
détaillée pour facisfaire la curioíité du lefleur,
On affure que ces catacombes ont deux milles
de longueur j depuis S. Efrimo Vecckio , égliíe
des Capucins , qui eít du cote de Capo di chino ,
fur le chemin de Capoue & de Rome , jufqu'á
la Salute , qui eíl: du cóté du midi , oú elles ont
fouvent fervi de fépultures pour les peftiférés.
Ces fouterrains ne s'étendent pas fous la viüe ,
comme ceux de Rome. lis font platiques hors
de IS'aples au travers d’une montagne , & creufés
les uns fur les autres , non dans le loc vif j ni
ménie dans la pierre , mais dans une terre com-
padle , ou , pour mieux dhre , dans une efpece
de fable d’un jaune rouíTatre , ferme , & meme
dnr en certains endroits ^ qui eíl de la vérirable
pouzzolane durcie & que I on prendroit quel-
quefois pour du tuf. 11 y a trois galeries ou
étages les uns au-deíTus des autr* ; mais on ne
va plus dans l'étage inférieur , que des tremble-
nrsns de terre , & réboulement des fables ont
comblé en pluíieurs endroits.
On entre d’abord dans une grande me droire
de dix-huit pieds de largeur ^ fur quatorze^ de
hauteur dans la plus grande élávation de la voúte.
Cene rué devient enfuite tortueufe , & forme
Une efpece de carrefour qui communique á plu-
íiears petites rúes plus ou moins clevées cui
femblent avoir été percées prefqu^au haíard dans
la montagne. Ces catacombes ne reíTemblent pas
mal , pour la diílribution ^ aux fouhks de nos
carriéres 5 on y trouve des chambres ^ des culs-
de-facs & des carrefours , au milieu defquels
on a laifle des piles ou maíTifs pour fourenir les
ierres. On peiit en dire autant de celles de
Rome , d^oú Fon a extrait le fable emp’oyé á
conftruirc les valles ther-uies de Diocletien.
C A T G%-]
J Parmi les difrérentes falles ou chambres , il
s'en trouve cui paroiifent avoir eré des chapelies.
Selon toutes ies apparenqes , eiies n"on: jamais
été fermées ; Se attendu l’infeetion que ces fou-
terrains devoient produire , elies n’ont pu fervir
probableme.nt qu’á y réciter quelques priéres dans
le temps qu^on enterroit les morts. Deux de ces
chapelies , qui font les premiers objets qui fe
préfentent quand on eíl entré dans ies cata-
cemses , contiennent des autels de pierres DruteSj
& quelques pemtures á frefque , fort inférieures
encore á celles qui ont été trouvées á Civita-
Turchino : f Voy. Civita-Turchino ) elles
repréfentent la Vierge , les Saines ^ Se paroiíTent
.étre du X' liécie.
Dans toute la largeur des murs j on apperqoit
des deux cotes , une quantité prodigieufe de
cavités percées horizontalement j on en voit quel-
quefois cinq , lix ^ ou méme fept les unes au-
deíTus des autres. Ces cavités font toutes aíTez.
grandes pour recevoir un corps humain ; elles
font inégales , & il parok qu'on ne les faifoic
que fur la grandeur de ceux qu’on devoit y
mettre , tant les mefures en font variées : on
en apperijoit pour tous les ages ^ & i! s’en trouve
de fi petites qu’elles n’ont pu fervir qu’á des
enfans. Lorfque ¡es corps y étoient dépofés ,
on fermoit l’entrée de fes trous avec une ¡ongue
pierre píate , pu avec plu.heurs grandes briques
rapprochees & fcellées á chaux & á ciment.
Dans beaucoup d’endroits l’on rencontre des
chambres avéc des niches , ou l’on dreífoit les
corps 5 ces niches étoient peut-étre des fépul-
tures particuliéres de certaines familles ; elles
ont prefque toutes , au fend & par terre , un
ou deux cercLieiís en forme d’auge. On y voit
auiTi des tombeaux , dont pluíieurs font revétus
de mofaiques du bas-áge ; il e.n eíl méme qui
n’ont point été ccm'erts.Tous les trous dont nous
venons de parler , font vuides , les cadavres en
ayant été enievés ; feulement on appercoit en-
core des oíre.mens dans quelques-uns ; ( Voyage
d' un Franfois en Italie ).
Le comte de Caylus ( B.ec. d’ Ant. ^ . pag. 137.)
parle de fouterrains femblables qu’il avoit vus á
Sidon & dans i’ifie de '«íalthe , & qui avoient
fervi aux fépakures comme les catacombes da
Rome On trouve auíü des catacombes prés de •
Svracufe. Fhyrr Arenarius.
CATADROMUS , corde randue du haut du
théárre jufqu’aux plus has íiéges fur laquelle
en vit , du temps deXéron, defeendre un élé-
phant monté par un chevaiier Romain. ' Suet.
l\er. c. ji. n. y. ) Eques Romanas elepkanto fuper-
fedens per catadromum cecucurrit,
C ATaEB ATES , voy. Cataibatis.
CATAGOGIES , fétes célébréas á Érix en
Sicile . dont le nom venoit de , ar-
rivée. Les habirans d’Érix célébroien: ¡ous les
633 C A T
C A T
ans Ies fétes appelées anagogies , á Tépoque oü
iis celloient de votr des pigeons fauvages volti-
ger fur leurs bords. lis imaginoient que Yénus
íes quittoit alors pour aller en Lybie , & que
Jes pigeons luí fervoieht d’efcorre. Elien apure
á ce récit , que neuf jours aprés , les mémes
habitans voyoient paroíitre fur Ja mer du coré
de J’ Afrique j une coJombe purpurine , beaucoup
plus belJe que les autres. Cétoit , felón eux ,
1 avant*coureur de Venus qui ramenoit les pigeons
á fa fuite ; & ils célébroient f arrivée de la déeíTe
par les fétes appelées catagogies.
KATArrsA 3 qui raméne.
Pline parled'un groupe de Praxitéle, connufous
cette dénomination. Les deuxfemmes qu’il repré-
fentoit étoient Proferpine , ramenée des enfers par
Cérés tenant des épis. On Ies voit au revers d^une -
médaille d'or d’Antonia trés-rare. Peut-étre que
ce revers Se la légende l^títia eos. iil. font
aüulion á quelque maladie de Fauftincj jeune
fiüe de cet empereucj & á fa guérifon procurée
par les fecours de Fauftine ^ fa mere.
CATAIBATÉS ou Defeenfor , furnom qui fut
donné á Júpiter ¡ non parce qu’il defeendoit fur
la terre pour y voir fes maitreífes , mais pour
marquer qu’il y faifoit fentir fa préfence par le
bruit du tonnerre j parla foudrej par les éclairs,
ou par ce véritables apparitions. II y a voit á
Olympie un atitel confacré á Júpiter Cataibates y
8c le Scarabée étoit fous fa proteétion , felón
Ariftophane.
CATALAUNI , daos Ies Gaules.
Les médailles autonomes de ce peuple font :
RRRR. en bronze. . . . PelUrin.
O. en or.
O. en argent.
CATAMPO. Feftus dit qu’il y avoit un ieu
de ce nom , fans le diftinguer autrement. Scaliger
& Dacier croient y reconnoitre ce jeu oá les
enfans marchent fur leurs tetes & fur leurs
mains.
CATANA , en Sicüe. KATANAinN.
Les médailles autonomes de cette ville font :
R. en argent.
C. en bronze.
O. en or.
leurs types ordinaires font :
— Quadrige.
— Bige. — Les bonnets des Diofeures.
— Foudre ailé.
— Femme debout.
— Les déux fréres Amphinomus & Anapius ,
qui emportent leurs pére & mere.
CATABAN , nom des gouverneurs que les
eir.pereurs de Conñantinople envoyoient dans la
Pouille & dans la Calabfe en Italie. Queiques ^
favans nrent l’origine de ce mot de
¿ont les Eyfantins fq fervoient pour marquer un
homme d’autorité ^ chargé du commandement :
d’autres croient que c’eíl un abrégé de «aA
■sraiToy^parofci , apres Í empereur , ou lieiiienant de
tempereur^ fomme nous difons viceroi. Ducanae
a donné une lifte exacle de ces Catapans , qu%
dit erre néceífaire pour l’intelligence de l’hilloire
byfandne, & il en fait monter le nombre á
foixante-un ^ depuis Etienne > furnommé Maxen-
ce, noramé le premier Catapan fous Baíile le
Macédonien , qui commenqa á régner en 868
jufqu’á Etienne Patrian ^ qui oceupa le demier
cette dignitc en 1071 , tems vers lequel Ies Grecs
furent chalTés de la Caíabre & de la Pouille par
Ies Normands.
Aujourd’hui on donne encore le nom de Cata-
pan , au magiílrat de la pólice de Naples.
CAT APEETE. Voye^ Catapulte.
C ATAPHRACTE. Les Grecs & Ies Romains
appeloient cataphraBes des vaiífeaux de giierre
longs & pontésj ce pont Ies faifoit diftinguer
des navires appelés aphractes. ( Voye^ ce mot).
Leur nom grec z.o'.T¿g>faxri¡¡ veut dire , couvert
de tout cote; & Ies Romains le tranfportérent
dans leur langue , pour déíigner ces navires qu’iis
appeloient auíS tecÍA 8c confiratA naves.
CATAPHRACTAIRES. ^ ^ • r
Cataphracte. appeloit amíi
dans les armées romaines des cavaliers armés de
toutes piéces ; ils étoient couverts de fer eux &
leurs chevaux ; pour Ies chevaux , c’étoient des
lames de fer^, attachées & rangées comme des
plumes fur une toile. Tite-Live (xxxv. 48.) fait
mention des cataphraBes , d’ou le pére Montfau-
con concluí que cette forte de cavalerie étoit
ancienne. II ajoute qu’alors elle faifoit la forcé
des armées. II y avoit du tems de I’empereur
Conftance dans I’armée romaine des cataphraBes.
Ammien-Marcelün {xa. 10.) dit que Ies Perfes
les appeloient Clibanaires y qu’iis portoient des
cmraífes & des ceintures de fer ; & vous les
euíliez pris , ajfeute le méme auteur, plutot pour
des ftatues de fer faites de la m.ain de Praxitéle ,
que pour des hommes vivans. Les lames de fer
qui compofoient les vétemens militaires des
cataphraBes , appelés du méme nom , étoient
aífemblées avec tant d’art , que ce vétement con-
fervoit toujours la méme grace dans tous Ies
mouvemenSj & ne laiflbit aucune partie du corps
expofée. On en voit pluíieurs fur la colonne
Traiane.
Antiochus , marchant centre Scipion 1 afiati-
que , avoit trois mille cataphraBes , placés á la
droite des phalangites. Les Grecs en avoient auífi
dans leurs troupes.
Léempereur Jiilien ( Orat. i. p. ^j.Edit. Lipf.)
attribuoit l’invention de cette armure & de cette
efpéce de cavalerie á l’empereur Conftance. Mais
nous avons vu plus haut Tite-Live en faire
tion. D’ailleurs les Parthes ( Plutarch. in Crafo- >-
oppofereot
C A T
opporérent aux légions de CraíTus des cata-
phraftes , qu'ils placérenr á la tete de leur
arnaee.
CATAPIRAi ER. Yoyez Sonde.
CATAPLÉOX. On appeloit ainfi !a maísque
pehdar.t laqueüe on danfoir ordinairement la
pyrrhique en faifant un cliquetis d'armes.
CATAPULTE. 1 , j
^ i— CQ.tÚ.'pliLtC
étoit , felón !a plupart des taéliciens , !a méme
machine de guerre que la Saliste ( Voye^ ce
mot) ?c"eft-á-dire j qifeüe fervoit á Iincer de
groffes pierres, des traitSj des javelots enormes j
&'C. Le chevalier Follart croit que la catapulte
ne ianqoit pas def pierres j comme la baüfte ,
inais des trairs & des javelots. Püne affure que
Ies Syriens étoient les inventeurs de cette ma-
chine ( vil. JÓ.) : Catapultam Syri iavenerunt.
Cependant Diodore de Sicile fait honneur de
cette invention aux Syraciifainsj & la place fous
le régne de Denys Fancien (^xiv. p. aip.). Les
Phéniciens , que Ton appeloit fouvent du nom
géne'rique Syriens , fréquentoient tous les ports
& toutes Ies ifies de la Méáiterranée. lis y pro-
pagérent fans doate leurs arts &c leur induílrie.
De Sicile la catapulte ful apporrce en Crece du
tems de Phiiippe , roi de Macédoine , comme
nous l’apprenons de Plutarqiie ( Apophtegm. p.
2.19. ). « Archidame , dit-il, ayant vu un trait
enorme lancé par la catapulte que Pon venoit
d'apporter tout récemment de la Sicile, s^écria t
c’en eít fait du courage & de la valeur >r.
La Catapulte ou Catapelte étoit auíTi
un infirument de fupplice^ qui fervoit, dit Suidas,
á ferrer les pieds, comme les menottes ferroient
les mains. Plaute es parle ( Curcul. v. 3. 12.) :
C A T <ÍS9
CATAS COPIA. Venus fut ainíi appelee da
mot x.aTo.TKi^Cíi , guetter , parce Qifeile avoit a
Trézénes un temple dans la partie da Stade oú
«s'exerqo'.t Hyppoüte , & oú Phédre fe plailoit á
contemplerce héros infortuné (^Paufuiiias Corin-
thiac. ). Voye-^ SpECULATRlX.
CATASTA , échafaud für leque! on plaCoit
les efclaves qui étoient expofés en vente. Son
élévation favocifoit Texamen que Ton faifoit de
tous les membres de ces malheureux. Le Scho-
liafte de Perfe en donne cette définition '^Sat. v.
77. ) : Venales glaaiatores i.n catafla ponehantur ,
ut in. eis poífeiit omnia membra confpici , que les
Philologues ont entendu d'un échafaud. Nous
croyons cependant qu'elle déCgne plutót une
cage dans laquelie on renfermeit ces efclaves ,
in catafia ponehantur , d'autant plus que Piine le
fert auíTi dans le méme cas de la part'.cule in , qui
défigne la capacité (xx.w. 18.) ; Talemin catafia
videre Ckryfogonum fylls,.
Nous comparoiis la catafia au travail , cette
machine de boÍs dans laquelie les maréchaux
reíTerrent les chevaux diíÉciles á ferrer. Cette
comparaifon fert á faire entendre plulieurs
pafiages des añes des martyrs & de Prudence ,
oú 11 eft parlé de la catafia dans laquelie on guin-
deit ces inforcunés , pour’ieur bru'.er ou tenaüier
les flanes : tels font les vers fiiiyans de ce poete
chétiens ( ars;; X. 46Ó. ) ;
Audite cunüi : clamo longe , predico ,
Emitió vocem de catafia telfior,
Et le fuivant (^ibid. i. jó.),
Verberum pofi vim creyantum , pofi caíafias
Ígneas.
Te ñervo torquebo , itidem ut catapulta fiolent.
II en eñ fait fouvent mention dans les aétes
des martyrs , oú Ton décrit cette catapulte comme
une efpece de chevalet, equuleus.
CATARACTE. Les anciens nojis ont enfeigné
la cure du ptérygion & de la cataraBe. lis ont
traité des maladies des yeux v. felón M. Bernard ,
célebre chirurgien angiois ) auíli juaicieufement
qu'aucuá des oculifies modernes. Ceuj^ci , s ils
vouioient étre de bon^^foi , conviendroient ,
ajcute-t-il, que toutes^iurs théories & leurs
pratiques font une répécinon puré & limpie des
maitres anciens.
CATAS C O PUS, \
catascopium. r
x.cg.Tk'Tx.s'Tio; y petit nsvire
que I on envoyoit á la découverte & qui por-
toi: des lentes^ comme les brigantins modepes.
ííidore (x x. i.) en donne cette définition:
ScaphcL y qiict y navigiUTít y quod jhecu-
¿atoT'i^^ díCítur iíurccTXA.TTtx.'j'! Trhcay i P lutüfch, in
caloñe,
Aaüquités i Tome /.
Notre comparaifon fait encore tnieux fentir la
différence qui étoit entre la catafia & le chevalet,
tauuleus.
CATASTOME. Hefychius appelle de ce nona
l’embouchure ou la partie de la ñute que 1 on met
lans la bouche ; alors c^efl: la méme chofe qu O-
LINOUS. Voyec¡_ ce mot.
CATASi ROAIATA^'X ¿es ponts cu
KATASTPOiMATA. ) .
fiancliers qui diilinguoienr les navires appsies
:g.taphracies , des aphractes. On if inventa le pont
3ui régnoit íur toute la longueur uu navne, que^
iepuis la suene de Troyc, & c en aux -ihaue.-S
3UC Piine fait rhonneur de cette mvention^^ y.i.
có.^. 11 n’y avoit auparavant que ceux eipeces
Téchafauds, un á la poupe Sr 1 autre a la proue,
r„r fe pLcoient Jes comoattans , comme
5;^le;mitdansHLére(Oey: H. 229. J.
CAT ASTUS , ce nom , derivé de c.'itafia , ma-
chine dans laqueüe on expofoit. les eicla%-es en
vente , deviat le nom génénque ae ces uuort--
5 í s s
6cíO C xA T
Hes chez Ies Romains. Vitrave ( rjir. 4. ) dk’
Idsoque fenzper tn-nfmarbios catafios err.cre for-
mofos , & paellas mataras , eofqae conjangere.
CAT ATROPA , étoit , fuivant la diviíion de
Terpandre , ia quatriéme partíe du mode des
Cichares (Pollux. iv. 9.^. Ce ínot figniíie courfe
dans !a langue grecqae.
CATEJA , arme de jet , efpéce de iavelot que
Ies Romains avoient emprunté des Gaulois & des
Germains. líldore (18. c. 7. ) le peine comme un
trait fortpefantj dont la portée n’étoit pas lon-
j mais dont FeíFet étoit terrible. Virgüe en
mention {Mneid. riii, 741. ) :
Teutónico rita folitt torquere catejas.
CATELL.T , diminiitif de catenuls.
les chaínes d’or ou colüers qui fervoient de
récompeníss aux foldats romains. Tite-Live dit
(rrry/jf. JI.) t Donati a calpurnio eqaites pha-
leris. Qu.in.tius alter pr&tar faos equites catellis
donavit.
' CATELLM ( a cura ). Ces mots déíígnent
dans une ancienne infeription , les lonétio.ns d'une
efeiare qui étoit prépofée á la garde de la chienne
¿"une Impératrice :
OSSA
AtJRELIxE LIV. AüG.
SER. A. CUR. CATELL^. SeC. SCC.
CATEPkVARII, Voyez Gladiateürs.
CATREDRA. 1
CATHEDRALIC1I. > Les íiéges dont íes
CATHEDRARII. j
Romaines fe fervoient étoient ornes de conSins
te de broderies, ce qui Ies diñinguoitde ceux des
bommesi lis furent appelés propretnent cathedrs. ,
& plus foave'nt catkedrs. femin.tsL.'L.zs femmes s"en
fervoient dans les fpeáacles , au rang ¡e plus
elevé des gradins, qui leur avoit été aíTigné'par
une ordonnance d'Augufté; & dans \ts rheda' on
carpentum , quj Ies tranfportoicnt dans les raes de
Rome ou á la campagne. On appeioit catkedrarii
■s efclayes qui porroient ces íiéges , en guife de li-
«eres. Sidoine en fait mention {Evifi. 1.2.): Soltu
Cario meas in transfugarum perfidiam invecias ,
cúrn advefperafceret y per cathedrarios férvos vef-
pAlionihus tetriores domum. raptas ac reportatus-
eft- Les hommes mols & eítéminés fe faifoient
pprrer fur des cathedr& comine les femmes : d^-Iá
fiíruom catkedralicil , fous lequel Martial
es defigne mahgnement {x. 13. i.} ;
Cum catkedralijiios portet tihi rkeda minifiros^
CAl air fiir lequel
CAT
Ies anciens danfoient en faifant réfonner leurs
armes. Suidas.
CaTHOLICIANI. 1 ti ac-
CATROLICUS. 5 neítiait mention dans
les hafiiiques y CxUcatkoUcus , c"eft-á-direj du rece-
vear general dei'Empereurj auquei on donnoit
ce nom. Celuide catholiciani déíignoit Ies officiers
Se les gens de ce receveur.
CATJLLATIO. }
CAPILLO. i r- ■
CÁTiLLus. f
CATINUS. j ° afliette á fu.
fage des cstoyens peu riches. Tantot il étoit de
terre ^ cemroe celui dont on fe fervoit dans Ies-
facrifiees ^ pour rappeler j f^on Apulée ( Apul.
р. 434. ) j k pauvreté des fondateurs de l’émpire
romain : proque eo in hodiernum diis immonalihus
fympulo & catino fictili facrificat. Tantot il étoit
de verre j comme celui dont parle Suétone ( Galb,
с. 18. n. o. ) : In. catino vitreo thus tenentem. Son
diminuíif étoit catillus , d"oú vient le nom
catillo , du poiíTon appelé loup , lorfqu’il étoit
peché entre les deux ponts du Tybre ^ oil il étoit
eenfé avoir acquis fon embonpoint en léchant
les immondices dont ce fieuve étoit rempli,
Lucilüus difoit :
Ruñe pontes Tiherlnos dúo ínter captas catillo^
On défigria auffi fous ce nom Ies malheureux
QUI fe nourrifíbient'des ofFrandes dépofées fur
Ies toiTibeaux, & on en forma celui de catillatio y
qui exprimoit j, felón Fettus , le reproche de con-
cuíEon fait á un Romain, lorfqu’il avoit dépouülé
quelques provinees de Tempire.
CATIüS ou Cautus, dieu quon invoquoit
chez les Romains pour avoir de refpric ; ou ,
fuivant la íignification de Cautas , dieu qui ten-
doit Ies hommes avifés & prudens , ou filis &
rufés ( Augufiia. de Civit. Dez. lib. jv. c. 21.).
CATO , furnom de la famílíe Porcia.
CÁTOÍM.UIA y t'ü y.ttTetip.Qs y la patrie du dos
depuis la nuque jufqu’aux reins. Les Romains
frappoient quelquefois les criminéis á coups re-
donblés fur cette partie du corps , & ce fupphce
étoit d^gaé par Ies mots catomo ou catomi^
c&dere.
CATOPTROMANdl: , divinatioo dans la-
qaelle on fe fervoit d'an miroir pour y lire les
événemens á venir.
Ce mot eft formé de Akrorrrfur y fpeculum y
miroir, & de /íavrEÍa, divination.
lí paroít par les anciens qu’il y avoit diver-
fes fortes de catoptromancie. Spartien rapporte
de Didius Julianus , qui fiiccéda á_ Pertinas
par la brigue des Prétoriens , de qui ü acheta
i'emprre, & ne régna aue deux mois & cmq
jours , que da.ns tomes íes occafions
C A V
íi coiífukoit les magidens j qii'ane fois entre
autres , aprés des enchaaremcns 8c des íacrifices
raagiques , il ufa de !a ¿ivination oú Toa le íerc
d'iin iniroir, qa’on préfente , non pas devant les
eax , mais derriére la tere d’un enfanr á aui
_ on a bandé Íes yeux ; & ron raconte ^ ajoute t-
ii j que Tenfant vit darís ce miroir que Juliea
defcendoir du troné , 3¿ que Sévére y montolt.
Pauíanias , dans íes Achaiques , parle d’une
autre elpéce de catoptromancie . II v ayoit, d¡t-ii ,
a Patrasj devant !e temple de Cérés , une fontaine
féparée du temple f>ar une muraüle; & lá étoit
un Oracle véridique , non pour toas Ies événe-
mens mais feuiement pour toutes les mala-
dies. Ceux qui en étoient atraques , faifoient
defcendre dans la fontaine un miroir fufpendu á
un fil , en forte qudl ne touchát que par fa bafe
la furface de Teau. Aprés avoir prié la déeíTe &
brülé des parfums ^ ils fe regardoient dans ce
miroir , & felón qudls fe trouvoient le vifage
hávre & défiguré^ cu de Pemboupoint , ils en
concluoicnc que la maladie étoit mortelle j cu
qudls en réchapperoient.
CATULUS , furnom des familles Lutatia, '
V AL-ERTA.
CATUS , furnom de la famille AElia.
CAVALIER en terme de fortification- Voye^
Agger#
CAVALERIE. j i j-q.- „ •
CAVALIER. r ^eñdanslediaionnairede
i’ART 3.ÍILITAIRE que Pon doit chercher cet
arricie. Nous n’en parlerons ici que pour -Ies
anriquaires Se les artiftes.
Quant au harnois du cheval j voye^j; eR-IDE :>
•SELLE, ÉTRIER, FERS, CHEVAL, cÁtAPHRAC-
T£S.
Les Grecs & Ies Romains des neuf premiers
Léeles n’ayant point d’étriers , s’éianqoient fur leurs
chevaux , ou montoient fur un corps elevé qui
les plaqoit prefque á la hauteur des flanes du
cheval. On faifoit mettre de diftance en difíance
fur les voies romaines ces montoirs. Les grands
!k les riches avoient des écuyers qui les foule-
voient par derriére 5 & Pon vit pluíieurs fois
des conquérans íunerbes monter fur le dos de
leurs captifs profternés , pour s’élancer fur le
cheval-
Xénophon (de Equitatu. c. 7. §. i.)^ a parlé
d’une autre maniére de monter á chevai avec le
fccours de la lance, íi:o ¿'¿íxto^. Cette expreflion
avoit toujonrs écé mal interprétée & confondue
avec ce!le-ci Éiri ¿'¿la, du ccté de la lance, ou I
dn coté droit. Winkelmann trouva dans la nche
coileciion des pierres gravees du barón de Srofch ,
aujourd’hui du roi de PruíTe , un jafpe gris &
un páre antique ( il. clajfe. 973 ^ 97-- ) ’ ^
Paide defquels il comorit aifémenr le fens du
lexte de Xér.ophon. Ony voic un Colást
ineáit. 71°. 2.0Z. ) montant a cheval. il tient de la |
C A V <^51
droite Ies renes & fa lance, au bas de
Iact¡e;!e eft fixé un crampón. Son pied droit eil
appuyé fur ce crampón , qui fert á faciliter fes
mcuvemens , en Pélevant a la hauteur du genou
au cheval. Sa main gauche paiTée dans ie bouclier
nene un javelot. Ii eít vétu a Pheroíque , c’eil-
a-dire , qa'il porte feuiement un cafque & une
chlamyde.
Cavalier. Ceíl le rype ordinaire des mé-
daiíles gauloifes, des médailles de Larinum, des
Macédoniens , de Néapoüs en Itaüe , de Roma ,
oe S$tabi , de Segobriaa , de Tárente , du roi
Philippe , &c;
CAVJEDIUM f patrie des bátimens anciens
qui étoit ordinairemenr placee au mi'ieu des
autres, & qui ieur fervoit de dégagement com-
mun. Lorfqu’eile étoit découverte , on Pappeloit
Impluvium y c’ étoit notre cour.
CAVAT ORES. V oyez Gr A VEURS de pierres,,
CAUCA. ■)
CA.UCUS . > vafe a boire. líidore (xir.
CAU CATUS
ay. ) emploie le dernier de ces mots : Cyatki
pondas decem drackmis appendhar , qui etiam d.
qaibufdam caacatus dicitar. On tro uve caucas
dans Spanien , qui dit de Pefeennius ( c. 10. ) :
Tants, fuit fcveritatis , ut cam milites qaofdam iit
cauco argénteo expeditioitis tempore bibere vidif-
fet , &c.
CAUCASE, montagne de l’Alie, qui s’appe'oit
originairement le mont Niphate , 8c enfuire ic
lit de Borée. Voye^ Bcrée. Elle prif enfin le
nom de caucafe , parce que Saturne s’y étant
refugié aprés la guerre des géans, & par la peur
que lui firent les menaces de fon fiis , y tua ua
berger nommé Caucafe. Júpiter le challa de cet
afyie , le précipita dans le Tartare, 8c voulut
que cette montagne fut appelée caucafe , en Piion-
neur de ce berger. C’eít fur cette montagne que
Prométhée fut lié pour avoir le foie dechire psr
un aigle. Foyei Proj.íéthée. Depuis ce tems-!a
Ies haíairans du caucafe font une rude guerre aux
aigles , dit Phüoftrate ; ils dénichent leurs petits ,
& les percent de fleches araentes , difant qu ils
vengent Prométhée. Strabon ( Ub. il. ) nous
apprend que ces peuples faiioient un grar.d deuil
á la naiílance des enfans, parce qu’iis ailoier.c
entrer dans une carriere pleine de malheurs &
de difsraces , au-iieu que ceux qui mouroient
étoient délivrés , felón eux , de toutes fortes de
maux. Voiiá pourquoi iis céleorcient Icurs funé-
raiiles avec beaucoup de joie.
CÁUCll numrr.i, KAYKIOI. Voyez^ CaVE.Í.
CAUCULARj-'JS. Q fynony-
CAUCULATOR. S , , '
mes de czlcularius , pueur de gobe.ets ; & ns
font formés de caucas ou cauce. , vafe a oo.re.
CAUDEX. Appius- Claudias fut ainfi r.om.mé
S s s s ü
^91
C A V
iSenec. ¿e hrev. vh. c. 13. ) parce Qu’íl en»agea
!„ : a tnnnfpr fur des
k premier fes cotripatnotes á naonter
navires que Ton appeloit CaudicariíE. Voye^
es mor.
CAUDICARIM NAVES.X ^ ^
CAVDICARII. i ‘
Ton appeloit de ce nom des navires dont le bordage
étoit trés-épais : Caudicari& naves ex tabulis^ crajjto-
ribus fjfÍA. Les premiers Romasns délignoient par
le mot códices , qae Ton prononqoit de méme que
caudices , pluíieurs ais réunis pour former un plan-
cher. De-lá vient , felón V arron ( de vit-
Román. jI.) , le furnom de caudicarie ¡ don^ aux
navires qui tranfportoient les bleds fur le l^^bre
d^Oítse a RomCj & celui de caudicarii aux nau-
íonrúers qui les conduifoient-
CAUD'INUS ¡ furncm de la famille Cos.-
leSLIA.
li fut donné la premiere fbis á L. Lentulus .,
qui confeilla aux confuís de confentir á la capi-
Culation des Fourckes-Caudines.
CAVE. On a découvert dairs Herculanum une
cdve , autour de laquelle pluíieurs ronneaux de
terre étoient rangés & máqonnés dans le muj ;
ee qui prouve que Ies anciensavoient une maniere
de taire leur vin différente de la nótre. Le viíi
ne pouvoit pas couler immédiatement de la cuve
dans !e tonneau , comme il fe pratique en quel-
qiies endroits , y fermenter & boutllír a taife ,
au moyen d’un vide fuffifant lasífé á cette fin
dans le tonneau. On étoit obügé de verfer le
vin doux avec des fceaux dans ces vafes , qu'on
ne pouvoit ni remuer ni faire forttr de place ;
& comme ils. nécoient pas non plus capables
de contenir beaucoup de liqueur , il ne pouvoit
y avoir un efpace fufílfant pour la fermentation.
¿’en eíl aíTez pour faire comprendre pourquoi
Íes anciens étoient obligés de, lailTer murir ieurs
vins pendant pluíieurs années ; aiifll voycns-
nous que le vin d'Aibano ^ prés de Rome ^ ne
pouvoit écre bu , au rapport de Píine , qu’au
boüt de vingt ans : tnaintenant ee vin eft pota-
ble des la premiere annce. Les vins des anciens
reíloient troubles jufqifá ce qu’iis fuíTent trés-
vieux ^ Se cela les obligeoit de paíTer le vin
avant de fe mettre á table ^ ou pendant qu’ils y
étoient.
Les fouilles de Pompeii ont fait découvrir auíFi
une cave qui a de largeur huit palmes romains
(environ 51S pouces de France). Elle eíi divifée
par une voute píate , ou ( ce qui revíent au
méme) par un mur horizontal^ en deux efpices-.
un inférieur & un fupérieur. La voute qui cou-
yre l’efpace fupérieur eft, en plein cei.ntre:, comme
a i'ordinaire , <Se chacun des eípaces n"a qae la
nauteur d’un homme. Le vin s’eñ trouvé córame
pecnfié dans un des vafes de, cetra cave , éc
a une couieur bruñe foncée ; ce qui a donné lieü
de eroire a -plufieurs perfomies que, cette efpece
C A V
de conftrndlion avoit été établie pour enfumer
ie vin j felón i’ufage ordinaire des anciens , afin
de le purifier & de le faire múrir plus promp-
tement. Cependant Winkebnann n eft pas de cet
avis , &• , felón !ui ^ refpa'ce de la cave inférieure
femble contredire cette opinión. On montre dans
le cabinet de Portici le vin devenu ün corps
folide.
Cave , mois ou année. Ce terme de chrono-
logie eft oppofé a celui de plein. Le mois luiiaire
fynodique eft alternativement de xq jouvs, oa
cave , c’ert-á-dire , creux ou diminué ; & de 30
jours 5 ou piein. II en eft de meme des annees ,
dontqaelqíies-unes fontpluslongues que d’autres
de méme ’ forte ; l’année lunaire eft quelquefois-
cave ou de 35-3 jours ^ &: ordinairement de 354
ou pleine.
CAVE A. Ce ñora J qui ne dcíignoitd’abordque
les caves oú ion tenoit renfermées les betes féro-
ces fous les gradins.& fous f arene des amphi-
théátres devint le nom généncue des amphi-
théatres entiers. Ceft dans ce fens qu’il eft
empíoyé par Ammian-Marcellin^ dans le^ paiTage
fuivant ( XXIX. ') I Alten in ütnphitheatTali cavea y
ciim adfuturus Jpeclaculis introiret j & par Ter-
tullien , dans fon traite contra Marcion ( i. xy. ) :
Mon frecuentas folemnes voluptatis circi furentis ^
& caves. fsvientis , & fsns lafcivientís ? ^
CÁ VEJE y 'i
KAVKioi y > monnoies du bas-empire qui font
CAUCIIyS
creuks y ea forme de calottes ^ ou- de coup^
aopelées caucüS í' Voyez ce mot. ). II en eft
pWlé dans la Novelle de Juítinien ; & ^es cabi-
nets d’anttquités en renferment píufieurs. La
diíFérence oúi fe trouve entre les Bracteates
( Voyez ce mot ) & les caves , eft que cefes-
ci ont des types difterens & de rehef fur les
deux cotes { tandis que íes braétéates n en ent
qa’un feul gravé fur un coré & en creux ne
y3.'d:fs. y
CAVERNE, ant7-,m fpelunca. Les anc.ens
donnotent le premier de ces noms
cavtncs qui foíit roiivrage de la nature, ^‘1“
les montagnes calcaires ou volcaniques o. ren
dans pluíieurs endrons. ils refervoienr le leco
pour les cave-ríi.s qúe I’arr avoit cremees.
Les premiers hommes uabitoient íes cavcrae ,
& Ies peuples pifteurs confervérent-long tems -
-ufage das premiers ages, i es bergers de ^ o‘
en parlsnt encore ,( Eclog i . 74. 1 :
VJon ego vos poflkac vtridi projeBus in antr
Damofa vendere procul de rupe vldeoo.
Mic tamen kanc mecían poteris req’Jlefceres
Fronde fuper viridi : funt nobis miátt p
Caftanes molies y & pre0. copia laüiSy.
C A V
Les cavernes furent ¡es premiees retriples con-
facrés aux iiTamor-els. L’ob'curité & le ííience
CU! régnoient dans ieurs íinuoítés , difpofoient
Ies efpnrs á ce recaeüiemenc religiciix , que Ton
croyoit infpiré par la préíence des dieax. Une
des plus anciennes c-~,-er;ies lacrees fur celle ou
Ton célébra ¡es myftéres de áíithra. Le terrein
de ¡a plupar: des íñes de rArchipe! eíl caverne^x ¡
on^connoir le labyrinthe de Candie Uancienne
Crére , ¡es grortes q Ar-dparos ^ décrites avec
tancdefoin par Tounieforr, &c. Dans iaLivadie ^
Tancienne Achaie ^ on voit encore l’antre célebre
de Trophoimis qui eft formé par plus de qua-
ranre_ paffages vuides fouterreins. Nous ferons
mention de pluíieurs antres dans Tarticle Plu-
TONíUM, qui traitera des cavernes coafacrées
aux divinités infernales.
On mit les cavernes fous la proteóiion fpéciale
des nympnes j que Ion appeioit
xix,a-fK-,svxí, divinités quihabitent Ies antres. El'es
chériiToient cependant de préférence les cavernes
Lumides & Ies grottes d'oü s'écouloient des
ruiíTeaux. De-iá viene que Virgiie décrivant une
eiaverne de cette forte {£neid. i. 170. ) Pap-pelie
nympkarum doTnam , le palais des nymphes. De-Já
rinrent auíTi á ces divúiités les noms de fl^^ria-
des d'Ephydriades , & , felón Porphyrc , ceux
de Pégées , de Nai’ades & de Crénées.
Les envernes feches y appelées par les
Grecs^ avoient audi des nymphes pr'aar protec-
trices ; c'étoknt les ¡Ñapees , les Oréades & les
Oreífiades.
II y avoit a Rome phafieurs envernes confa-
crées p^r la religión relies aue celles de Cacus,
d’Egériey & celle de Faunus & de Picus. La
premiére & !a derniére étoient creufées dans le
mont Aventin Quelques Topographes croient que
la cáveme de Cacus étoit íituée au-deíTus de Ste.
Bíarie-en-Cofmedin ; d’autres la placent plus prés
du Tybre j vers l’ancienne porte Trigémina, On
pourroit les accorder en donnant á cette cáveme
deux onvertures 3 Pune au-dedus de Ste. Marie,
& i'autre auprés du Tybre. Quant á celle de
Faunus & de Picus, on ne la connoít que par ces
vers d’Ovide ( Faji. ni. 295. ) :
Lucus Aventino- fuherat p.iger ihcis umbra
Quo pojfes vifo dlcere , numen adeji.
Irt medio gramen , mufeoque adoperia virenti
Manabat faxo vena perennis aqui.
Kircher (Lar. vet. 5^ nov. ¡I. croit retrou-
ver la cáveme de la nymphe Egérie, dans un
antre appelé aujourd'hui Gerulo. Les autears an-
ciens nous apprennent feulement quklle étoit
íituée hors de la porte Capéne.'
On rrouvoít encore dans la feconde región,
ckit-á-dire, fur le mont Ccelius , un quarrier qui ,
étoit appelé anerum Cyciopis, 11 y a apparcace ■
C A V ^95
.es nom luí venoit de cuelcue peinture ou
enieigne , fur laquelle on avoit repréfenté un
Cyclope avec fa cáveme.
CAVIAR. ^
^^^lARhS. p On noramoit ainíi une Icnee
CAVI ARIA. )
de.cneval, que Ion ofFroit tous Ies cinc ans á
Rome pour le coliége des precres. fedus oui en
íait rnention , ne parle point de li divinité á
ofrroit cette ionge. Tous les ans on
íaiioit un pareil facrihee dans le moís d'oCtobre
au dieu Mars ; la victime étoit un chaval appelé
pour cette raifon ocíober equas. Le rit exigeoit
que la queue de ce cheval fue tranfportée avec
tant de viteíTe du champ de Mars , oú on la
coupoit, jufqkau temple du dieu, qifil en tom-
bát encore des goutes de fang dans le fea lorf-
Qu’bn y arrivoit.
CAVIARES (hoíHes). Foyír Cakíares.
^CAVIZOS , mefure de capacité de TAÍie & de
TEgypte. Voyeq^ Capkizos.
CAULONIA , en Italia, kata & ce mot
écrit a rebours.
Les médailles autonomes de cette, ville font:
RR. en argent.
O. en or..
O. en bronze.
CALNUS. Aprés avoir parcouni pluíieurs pays
poursMloigner de fa foeur Biblis, Caunus erriva en
Lycie , ou la naiade Pronoé lui annonca !i m v; ¿g
Biblis, qui s’étoit pendue. Elle lui'pr: p. fh dg'
f époiifer & ce le faire régner fur le pays , ce qaf
fut exécuté. Voye^ Biblis.
CATIRA,, en Efpagne.
Lesymédiilles autonomes de cette ville fontf
RRRR. en bronze. ( Pellerin.J
O. en or.
O. en argent.-
CAUSIA. 7 T o t «
KATSiH. í Grecs & Ies Bomains ap^
peloient de ce nom !e chapeau ou bonnet, en-
un mor la coéífure des Macédoniens. £¡'e fem-
bloit étre exclufive, comme le pétafe des Th.íf-
faüens , la tiare des Perfes,- le bonnet des Phry--
giens , &c- D’aprés cet énoncé on croiroit qió'I
feroit trés-faciie de décrire 1.a caufi-a ; m.’.is la
contrariéré des textes anciens nú il en eft na-'-jé,
la tárete des monuroens ou elle eft repréfentée ,
formenc une difficalté prefque ir.furmontaMe.
D'aiüeurs il eñ arrivé a la cauda , ce que nous
voyons arriver tous Ies lonrs fous nos yeux j
fon nom ne déíigna d'aborc que la cceíTure des
Macédoniens ; mais par la fuite il fat einpíové
généralement pour exprimer toutes fortes de
coéffures pea élevées-
Euífathe, dans fes fchclies fur le íroifirme livr.e
de riliade, dir c-.ie « la cauj?c étoit une coéríiirc
propre aux Macédo.nieas ,- faite- de laUne- fcuiée;
604 CAY
( de fíutra reíTemblan: á li tiare , & cyi rr.et-
te:r á Tabri du íolei!. « poilus lo. f'jJ}.
líj.) & Suidas la comparent aafa 3 ia tiars'dss
Feries. La avoic en^eifet , conrme ia tiare,
oes bords qui fe rabattorent fur les joues & qui
aírholent !e vifage 5 comme elle auíTi ia cauGa
étok une coeírure limpie chez Ies paríicalieri ,
mais -riche & ornee du diadeine fur Ies teres
royales. Flutarque raconte qu Antoine ( in Anto-
nio) donna a Ptolérnée , qu il créoit roí de Phé-
nicie , de Syrie bz de Ciiicie , une caujia ornee du
bandeau royal ^ htiay,y.cí¡iZíía^.
Quelques médaülrs de Phiiippe , roi de Macé-
doísC;, portent pour type á leur revers uncavalier
{GoLt^G Gr&cia. Tab. xxx.) coéíté d’un cafcue
trés-platj dépourvu de toute efpéce de clmier
& d’ornemenr , mais garni d"un leger rebord.
Ceñ-!á fans doute cette caujla que Suidas ( in
vocs xciínrau ) définit : cc L^rmure de tete erdi-
«aire des Macédoniens, qui ieur fervoit de cafqiie
dans Ies combats , Se qui les dérendoic de la
neige & de la plaie dans les marches «. D'autres
médailles grecques portent des tetes núes de
íitce coéírdes d'un bonnet peu elevé ^ aux cotés
duque! pendent des rebords k-gérement releves :
ce font la probablemenr auffi des caufia.
Le pétafe des Thellaliens avoit une grande
reíTembiance avec la catfia ; il nkn différoit que
par la pointe légére qui lui fervoit de cimier/&
par la largeur de fes bords qui le rapprochoient de
nos chapeaux détroufíes. De-Iá vient fans doute
que Dion (zrx. p. 645-.) donne á la caufia Pépi-
théte de tkejfaiienne , lorfqkil dit de Caligula
qu il permít au peuple romain de fe défendre du
foleil dans les théátres avec cetra coéffure. Mar-
da!^ parle de cet ufage dans un epigramme inti-
tuiée caufia ( XIV. Zp. ) ;
In Pompeiano teSus fve&abo tkeatro
liam ventas populo vela negare foict.
Les mate'ots fe fervoient auffi de la caufia ¡ &
Plante (M/L Glor. 41.)' en fait mention
comme dffin artribut diíiindíif des gens de mer ;
P acito ut venias kuc ornatu nauclerlco ^
Cauflam kabens ferrugineam.
On pourroit reconnoitre la caufa dans ua
bonr.et moderne de cuir, garni de deux larges
rebords qui coavre.nt á volanté les tempes, les
joues & les oreii’es. Les troupes ñ'ancoifes Lem-
pranttren: des Gorfes, iorfqÚ alies Ies combatd-
rent fous.Ie régne cu feu roí.
P '-PTÉRE adtiiel. Lkppücation de ce remede,
aiijourd iiui une des princíoales branches
¿c la chirurgie, été connue & Dratiquée par
;-;-s ancí-.'-is. Ln apnorifrr.e d’Kíppocrate démor-
rre tvuiemm.eut que ce grand médecin en faifoit í
C A V
' ufage. D’aüLears i! en eft parlé fréqucmrr.ent
dans les écrits ce toas les autres médecins.
Quelques écrivains our cependant avancé que le
i cautere étoit une invention moderna ; mais on
j peut fe convai.ncre faciietnenr du conrraire , en
j examinant ce qu'en ont dit Ceife & Coelius-
I Aurélianus. Les anciens en ont certainement
I connu l'ufage ; peut-étre feuiement n ont-iis pas
fu le placer & le continuer, comme nous le
faifons aujourd'hui. ^
CylUTERlA , inílrumens dont fe fervoient
les peintres á l’encauítique , pour faire fondre
leurs cites coioriées.
CAüTES Deus. Gruter ( 89. 4. Tkef. incr, y
rapporte Tinfeription fuivante , dans laquelle Ú
eft fait mention de ce dieu inconnu ;
DEO. CAUTE
FLÁVIÜS. ANTISTIANÜS
V. E. DE. DECEM. PRIMIS
PATER. PATRUM
CAUTO Pan. Gruter c '^9- J- l'hef. infer.")
rappcmte rinfeription fuivante, dans laquelle il
eíl naention d'un dieu Cautas Pan abfolti-
menc inconnu.
CAUTO. PAN
C. MUNATIUS
(JUIR. TIRO. II. VIR
I. D. ET. C. IsíUN
ATIUS. PRONTO
FILIUS. D. D
CAÜTüS. Voyei^ Catiüs.
CAYLUS. “ Le comte de Caylus , ditlecélébie
Winkelmann , a écrit avec cette grande circoaf-
peddon , fruir d’une fage prudence qui ne veift
den haíarder 5 on voit que fon pied a foulé
ignes
Suppofíos cineri dolofo.
On ne peur d’ailieurs lui difpater la gleire d^voir
été le premier qui ait taché de connoítre ie
caraétére du íl}de des anciens »•
« Quoique Yt inkelmann, dit M. DaíIHorf, cans
fes notes fur cet antiquair-e , poíTédar une plus
grande éruditicn clafficue que le comte de Caylus ,
on peut dire que ceiui-ci fe diítinguoir par une
connoiííance profonde & étendue des arts méme
oont i! connoiiToit parfaitement le méchanifme ,
deffinant & gravantfupérieurement bien. Souvent
le kdteur réSéchi & qui cherche la vérité , fura
plus lansfaít de rinílrudtion fage & rcglée de
M. le comte de Ca’dus , que de í’infpiration par
lois impetueuíe de’vfinkelmann. Se de la Enarucre
C A Y
prophetique &■ erthcuíiafte avec ¡acuelle il ex-
plique les -¿nciens monumens de I’art, ainíi que
íil. le profeiíeur Heyne Fa remarqué dans fon
admirable éioge de V.'inkelmann
Kous Rous acquittons autanr qa'ii eíl en notre
pouvoir des fecours nombreux qu'a recu !e dic-
tionnaire des antiquhés de cette ERcvclopédie 3 des
écrits du favant corree 3 en j inféran: ¡es éloges
qu'en ont fait deux éirangers 3 dont les ternoi-
gnages ne fauroient erre fuf-ecís. Ceux des ecri-
vaiiis franqois auroieat pu le paroitre j c'eíl pour-
quoi nous ne les rappelons pas ici.
CAYSTRIANI ^ en Lydis. kayxtpianqn.
Les médaiiies autonomes de ce peuple font:
ERRR. en bronze. {Fellerin.)
O. en or.
O. en argent.
CAYSTRIUS, un des héros des Ephéílens 3
qui avoir un temple & un atirel prés du fleiive
Caydre , dans íe voilinage d’Ephéfe j felón Srra-
bon (//¿. XIV.').
CEA 3 ifle. V oye^ Ceos.
CEB ou CE? 3 efpéce de Satyre dont parlent
Soün •■^ck. JO. ) 3 Piine ( //'v. 8- ckip. 15, ) 3 &
Strabon ^(L¿. 16. ). í! avo:t , dit Piine 3 les pieds
de derriére femblables á ceux de rhorn#; , &
ceux ue aeyant faits á peu-pres comme nos mains.
Diodore lui donne une tete de lion , le corps du
panthere 3 & la radie d’une chévre. Piine dit
que Pompée en íit venir d’Ethiopie , & qu on
n'en a jamais vu á Rome que cette fois-lá. I!
paroít que c etoit^ quelque efpéce extraordinaire
de finge. Les habitans de Meinphís luí rendoient
un cuite particulier. V oye-^ Chrcopitheqüe.
Cji.ííESSUS , dans la Lycie. khbkcceqsí.
On cropir que cette ville avoit faiffrapper
oes médailjes imperiales grecques fous Faucorité
de fes ÁrchonteSj en I'honneur de Philippe pére;
naais c etoit une erreur de Vaillantj qui avoit
mal la Finfeription kiAthcceqní. Voyer Ci-
DYESSUS.
CEBRENUS 3 fieuve , pére d’ÍEnone. Voyez
®NON£. ^
CECROPíENNE 3 furnom de Mfnerve. íi lui
fut do.nne apres qu eiie eut impofé un nom á la
Ville deCécrops3 c*eft-,a-dire 3 á Athénes.
CECROPS 3 criginaire de Sais en Estupre ,
zmena. une colonie dans FAttique. Ii y époufa
la filie d’Adéus C^oyei Actéüs. ) & batir la
vi;*e fF Athénes 3 dont il fut roí aprés la tnort
de fon beau-pére. En bátiflant cette viFe , il
trouva un olivier»& une fontaine. On confuirá
fur cette découverte Foracle de Deiphes. 11 répon-
ait quehe annoncoit que Aíinerve 3 á laouelle
lo.iYier etoit confacré3 & Neptune3 dieu des
^MX, avoier.t droit de nommer ía nouveife v’H^
Mínerye. On dit de Cécrops, qu^E ét¿i¿
c E C
moitíe homme & moitié ferperrt. It fut pére
o Agíante 3 de Herfé be de Pandroíe. Voyez ces
treis mots.
La chronologie des Marbres d’Arundel com-
mente á Cécrops , auquel fuccéda Cranaiis.
iCtixFY<l>AAAOS 3 efpcce de voile ou d^orne-
ment des femmes grecques. Ce mor veut diré
xiiEi. V oye:^ cet anide.
CECL3E 3 cceiuhum. Entre la ville de Fundi,
lur la voie Appienne , & ceUc d’Amydés 3 étoit
fitue^le cantón de cécube. Horace a chanté fou-
vent j”excelient vin qui! produifit 3 qaoiqa'ii ' fue
entoure de marais & de terreins plantes en peu-
piiep pjme (Ad. 14. c. 6.) fe plaignoir cent ans
apres de ce que^ ces pians de -'/ignes de cécube
avoient degeneré : av.tea cscubo vino erat genero-
Jitas celebérrima y m palujlribus populetis j Jinu
^myclano» »
^ CÉCULUS j fiis de Vulcain Se de Prencue ^
rur formé , dit la fable > par une étincelie qsi
vola de la forge du dieu dañs le fein de f?. mere.
Elle jiomma fon fiis Céculus , parce qudl avoit
de tres-petits yeux , ou parce que fes yeux étoient
un peu endommagés par la fumée. Aprés avoir
éte elevé panrd Jes betes fauvageSj ii fu: trouvé
au milieu dhin feii fans étre endommágé par les
fiarnmes3 ce qui confirma fa naiííance. Qiielqu’un
malgré cela ayant voula la ¡ni conteíler3 V'ülcain
eut 3 an-on, recours au ronnerre de fon pére,
• ¡2 foucre fur ces téméraires. Cécule
bátit en ítalie !a viile cufii appela Preneíle , da
nom de fa mére3 & il prit le partí de Turniis
contre Enée. II amena au prince Rutule-are
armee áe payfans 3 qu’il ay'oit raiTemblée des
environs de Preneíle. La famiüe CsciHa prcten-
üoit defeendre de ce héres {Virgii. Sneid. lib. 7.
V. 678. }.
CEDRE. Les écrivains anefens ont confqndu
o-rd:nau-emenr fous ce nom troís efpéces d'arbres
tres-drífere'ntes. Les modernes ont cíaíTé avec
ia-iO.i Ies ceares du Liban ou graads cédres parmi
mélézes. Je cédre ord-naire avec les gene vriers,
& le cédrc blanc avec les q/prés. Cette díílir.Ction,
ene Piine feui avoit entrevue . nous íérvira I
expüquer les diíFérens ufages auxquels lesanciens
ont employé les cédres.
C eíl en paríant du cécre-genevrier ene Piine
a dk des Phéniciens & des Syner.s {¡ib. i'j. c. e¡.. ) :
Juniperi pmilcm habeut Pheenzees & ceáruTn:
minorcm. Mafs c'eíl avec le cédre-rréis^e cue ces
peup'es Se les'Fgypnens coRilruifcfer.t d.es vaif-
feaux d'une durée prodígfeufe. Piine no-üsrapnrená
}6- 43-) : Ir. JZgypto & Syriá reges J ir.opiá
abzens 3 cedro ad claffes ferur.nir up. Les anciens
en faifoierit aufl! des boiferíes tr^r-r^cherchees
& Ies ílatues de querques diyiniréf 3 parce oiAl
étoit incnrmptrDle. Il v avoit a Rom.e ún Anadón
¿i cette .T'.a:!ére3 fcnlpré par Sefins, cura^oic
été apporté de Séleiicie. ¡.n ítatue & Dtace
^9^ C E D
R Fphilie & les pourres da fon temple étoient
au;í; de certa efpece de cédre [ Piin. iih 15. c. 5.
ÍC iid. 16. c. 40. ).
Les anciens iculproient encore avec le grand
cédre les images de leurs aieux i, Virgil. Mr.eid.
7- V. 177. ) :
. . . . Effigzes ex ordine avorum
Antiqua ex cedro.
lis en faifoisnt des torches qiii répandoient
une cdear agréable dans les appartemens ( Virgil.
JEneid. lib. 7. v. 11.).
. . . . . . TectifqiLe fuperbis
Urit odoratum noSiurna in lumina cedrum.
Ceft du grand cédre que découíe une réíine
tres-odorante , appelée cedria ou cedrium. Les
anciens en frortoient les meu'oles , les feuilies de
papvrus & les toilettes , parce que fon amertuirie
en éioignoit les infedles , & que fa quaiité réíi-
neufe les rendoit inacceíiibles a rhumidité- Vi-
trave nous explique ces proprictés ( Uo. il. 9. ) ;
Ex cedro olcam , quod csdream y nafcitar , qao
reliqLLí res Ciirr¿ fiint uncie , uti etiam libri , d ticéis
& d carie non. Uduntur. Cet ufage esplique les
paifages fuivans.
Ovide dit C Trifi. 1. 1.7.) :
Nec titulas minio nec cedro chana notetur.
Perfe f i. 42. ) :
. . . . Cedro . . . digna lociítas.
Horace enfin ( Art. Poet. 332. ) :
Speramus carmina fingí
Pojfe linenda cedro
Qiielques écrfvains ont avancé que les Egyp-
tiens employolent certa réíine du cédre pour les
embaurr.emens ; mais les analyies de Rouelle
raí'iié y que nous rapporterons a Tarticle des
mor, lies , ont démontré qu ii n’v entroit que du
piíiafpha’te.
Le r/sVí-genevrier fervoit aux Egy'ptiens á
faite les cercaeils des ínomies ; & c'eft lui que
Virgüe confeille de -braler dans ¡es étables pour
ks défínfeéter aprés les épizooties.
CÉDRÉNE , fl euve voiíin de Trove ^ pére de
la nymphe Alexirhoe. Vojcj^ Alexírhoe ,
Esaque.
CEirsTLPiE y Zéyr y cingulum & qona. Chez
les Grecs Se les Romains les hommes & les
femnies portoien: des c-zintures ; mais calle de
chsque iexe étoi: placee diíereminen:.
C E I
Les hcmsr.és , lorfqud'.s étoient armés , por-
toient un ceintují-OX (voví? ce mot ) j & une
ccintu'e qaand iis étoient fans armes, lis la pla-
coient fur les hanches , plus b.'.s que ceile des
femenes. Elle leur fervoit á ferrer la tunique , &
leur tenoit lieu de poches Cétoit dans la ceintare
qu'i s renfermoient leur bourfe , comme les Orien-
taux le priticuent encere. La bourfe prit de cet
ufage ¡e nom générique iqona , comme dans ce
vers d'Horace , ou i! s’agtt d’un homme qui n’a
pas de quoi fe nourrir en voyage ( Epifi. il.
Ihit eo y quo vis y qui ■qon.am perdidit , inquiet..
La ceintu-e renfermoit tout ce que Ton por-
toit avec frd ; c’eír pourquoi Ton ne trouve aucuns
v'eítigís de poches dans les habiliemens des Ratues
aatiqu.'S.
Les Romains des premiers ages ne paroiffoient
jamais en pabüc fa.ns ceintare : de-lá vient Tepi-
théte de cinciutl que donne Horace aux Cethégus
& aux autres liéros de ce terns. Ce fut long-
tems á Rome une marque de molleífe , que de
paroítre fans ceintare , difclnclus ; ce mot devine
méme fynonvme de celui de débauché, nepos.
Cn ne fe permettoit cet air négligé que dans le
deüi¡'%c rafSiéiion ; Saétone { Aagufi. c. ico.)
repréfente Tordre des chevaliers qui accompagna
le corps d'Áuguíie au tombeau , vétu de longues
robes trainantesj ckft-á-dire ^ non-relevées par
la ceintare.
Les filies ainfi que les femmeSj dit Winkel-
mann {Hift. de C /ht. íiv. 4. ch. 3. } , attachoient
leur celnture fous le fein ( V al. Elac. Argón, l. 7-
V. comme cela fe pratique encore dans
qu.'lques endroits de la Grece ( Pocok's Deícr.
of tkc Eafi. t. 1. pl. I- p. z66. ) 3 ( Reland y Antiq.
Hebr. p. 145-. ). C'étoit-lá ce qui s'appe!oitj:e-'/2£
en kaut y , éfiiihhts. qu’Homére ( If- E*
390. Od. r. 1)4.) & d'aurres poetes donnent
aílez communénient aux femmes grecques. L fí-
preífion de ^ qui reviene ^ íi
fouvent 3 a été renduepar Barnes , dans un endroit y
par profundé fuccincias , & dans un autre par
¿emijfas zgonas hahentes : veríions egalement tau-
tives. Les Scholiafles n’ont pas _m:eux laifi le
fens de cette épithéte 5 & lorfquHl eft dit dans
V Etymolog. magnum , que c’eít un furnona donne
aux femmes barbares , on fe fonde apparemrnent
fur un paíTage d’Efchyle ( Perf. v. ijf. A on ce
poete nomme ainíi les temnaes perfes. Stanley a
faiü le vrai fens de ce mot , en le rendant
par alté cinciarum , les femmes ccinCcs en
Le Scholiafte de Stace (^Lutañ .in lib. ic.
Seat. ) ne nous donne pas une trop haute idee
de la ilatue de la Vertu , ¡orfqu’i! nous dit qn eiIe
étoit repréfentée ceinte en haut. _ _ ^
Le ruban y ou la ceinture y qui foutenoit ainii
¡a robe & que Ies Grecs aom.moient Tama,
jirophium ,
C E I
firopkium , ( Mjkkyi. fcpt. cor.tr. Theh. v. 877.
£atiil. Epitkj.L v. 6\. Je crds que luct.í-xtes
conv’crdroit mieux id que íactaxtes) , quel-
quefois mitra, {Non. Diottyf. l. If. v. í.
p. 22. V. iz.), fe fait remarquer fur la plu-
part des ñgiires A !a 'petire Pallas de bronze
de !a Viüa-AIbani, ( La Ckaujfe , Muf. Rom.fed.
2. tav. 9.), ainíi ou’aiix figures de femnies da
plus beau vafe de la coliedtion d'Hamilton , on
volt trois cordons avec un ncEiid fe détacher
des deax bouts de la ceirture , qui eit fixée Toas
la poicrine. Cette ceinture forme fous le fein un
noeud de rufaan , & queiquefois un noeiid en
forme de rofe , qu'on ne remarque pas aux deux
glus belles filies de Niobée. Mais á la plus jeune
de ces filies , on volt les bouts de la ceinmrc
paíTer fur les épaules & fur le dos ; on les volt
de méme aux quatre Caryatides de grandeur natu-
relle , trouvées au laois d’avril 17Ó1 , á Monte-
Portio j prés de Frafcatti. Cette parné de Tha-
bíliement des anciens s’appeloit ^ du moins dans
les tenas polrérieurs , fuccinBorium. oa bracile
{Ijfdor.). Les deífins du Térence du Vanean
nous montrent que la robe-érok fixée de cette
maniere á deux rubans^ qui devoient étre atta-
chés fur le haut des éaaules : cari! y a des figures
oü ces bandes defeendent des deux cotes. A u relíe
quand ils étoient attachés , iis foutenoient &
relevoient la ceirture aíTujettie fous le fein. II
i faut reconnoitre une longueur remarquable á la
ceirture nommée raiyla , puifque Chloé:, dans le
román de LoH^us , s"en fert au défaut d’une
corde pour faire fortir Daphnis de la foíTe aux
loups 5 ce lien ne fauroit étre un ajuftement
de tete ^ comme il eft repréfenté dans quelques
gravares.
On trouve des figures -dont la ceinture eít aufíi
large qu’une fangle : c'eft ainli que la portent
la Mufe prefque colofíale de la chancelíerie ,
TAurore de Pare de Conífantin , & une Bacchante
de la L illa-Madama. La mufe tragique^ Melpo-
méne ^ eft ceinte conñamment avec une ceinture
fort large ; & fur un grand tombeau de la Viila-
Mattei , on volt la méme mufe avec une ceinture
brodée. ( Spon. Mifcel. antiq. p. 44. Idontfaucon ,
ar.t. expl. t. i. p. 66. ). Uranie eft auífi décorée
queiquefois d’une pareilie ceinture. Dans un
fragment da poete Turpilius , une jeune filie
sV-crie : « Malheureufe que je fuis, j’ai perdu une
» lettre qui s’eíí échappée de mon fein «. Uii
favant a conclu de ces paroles , qu’avec le tems
on a'dcnné á cette bande^ ou á cette ceinture,
une forme particuiiere. ( Nadal. Dijf. fur rhahil.
des dames rom.p. ají.) Cette conféouence n’eft
pas exaíie : la belle affiigée parle d’une lettre
qu'elle avoit cachée entre fa fuñique & fa robe
fous la ceinture : Me miferam , quod ínter vías
evitóla excidit miki , ínter tuniculam íiropkium
co'locata.
Les Amazones foht les feules qui ne portent
Amiquités , Tome I.
C E I 697
pas !i ceinture immédiaceriient au-deíLous du fe;n.
Files la portent . comme les nommes , íur les
reins; Se cela autant pour C'.raílériierleurhumeur
belliqueufe j, que pour foutenir leur robe retrout-
fée 5 car fe ceináre j figniñe chez Homérc
fe préparer au combar. Cet ajaítement des Ama-
zones eft á proprement parler une ceinture. La
feule Aniazone du palais Farnéfe , ftatue plus
pente.que nature , bleífée Se tombant de cheval ,
a ce ruban atraché au-deíious du fein.
On voit á préfent , d aprés ce que noiis venons
de dire ^ de quelle maniere il faut entendre
Philoñrate , lorfqu ii raconte que dans le tableaa
de Comus ^ ce d:eu de ia joie étoit entouré de
femmes Se q hommes , Se que ces derniers étoient
repréfentés.avec des fouüers de femmes, le corps
cemt & la robe retrouífée contre Tufage ^ c’eft-
á-dire , que ces hommes portoient la ceinture
immédiatement au-deíTous du fesn comme les
femmes (^Philofir. 1. I. Icón. 2. p. j66.').
Quelques figures vétucs de la fimple fuñique j
qui , détachée fur une des épaules , jtombe négli-
gemmentj n"ont point de ceinture. La prétendiie
Flore Farnéfe , ou plutót une des Heures , nous
oíFre cette ceinture qui tom'oe le iong du corps
inférieur. Antíope , mere ci Ampíiion Se de 21etnus ^
du méme palais Farnéle , & une ftatue ae la
Villa-Médicis, portent cette ceinture fur Ies han-
ches : c’eft ainfi que Longus décrit fes nymphes
{ Long. Paft. ¿i 1. p. 10.). Les peintures {Pitt.
Ere. t. tav. 31.) , les marbres & les pierres
aravées ( Oefer. des pier , gr . du cao. de Stofeh ,
p. zs\, n°. 1)77.), offrent des danfeufes
& des bacchantes fans ceinture , ou qu! la por-
tent á la main , foit pour áéfigner leur moiieíTe
voluptueufe, ainfi que nous voyons Bacchas fans
ceinture , íoit pour indiquer que la daníe ne
fouffre pas que le corps foit gene ou comprime
par aucun lien. Les tableaux d HerculanUm nous
offrent deux jeunes filies fans ceinture ( Pltt. Ere.
t. I. tav. 22.' 23.) ,• Tune tient de la main droite
u. n p!at de figues , & de la mam gauene une
aiguiére penchée ; fautre porte un psat & une
corbeille. Ces jeunes filies' repréfentoient peut-
étre les femmes qui fervoient dans le temple de
Pallas , & qui étoient appelées ¿sja-íjiq-sis; , por-
teufes de mets ( Suidas in hoe^ verao. j.
Les auteurs des expheations des peintures
d’Herculanum , ne difent ríen fur ces figures ,
qui n*ont aucun caractere , fi eíles ne^ repréíen-
tent pas ces vorteufes de mets. Une épiaramme
grecoue nous'apprend cependant que 1 antiquité
connoüToit ia ftatue a une danfeme avec une
ceinture i^Anthol. l. 4. 3) - V- 5^1 ■/' ^5'
Les anciens repréfentoient conltamment fans
ceinture les femmes plongées dans raífii&ion ,
fur-rout aprés la perte de ieurs parens & de leurs
proches • ’c'eft ainfi cue Sénéque mtroáu’t les
Trovenn«, pleumnt la mort vefie
remih C Troai. v. 83. ). Ln oas-rehef ce ia V ma-
T t t t
^cS C E I
Borghéfe nous offre Andromaque accompagnée
des femtnes troyennes j & vétues d’une robe
tramante fans cdnture , recevant le corps de fon
époux aux portes de la ville de Troye ( Monum.
ant. intá. 135. ). Dans ces circonftances
trilles & fácheufes le méme ufage régnoit chez
íes Romains. L’ordre des chevaliersj accompa-
gnant le corps d’Augufte jufqu’á fon tombeau ,
portoi: des robes tramantes j ( 5aeí. Aug. c. 100.) j
c’eíl-á-dire , non - relevées par le moyen des
ceintures.
Ceintüre de Venus GESTE ^ KsrW.
Lorfque Venus eft habillée , elle porte toujours
de V An. liv.^.c. y.) deux ceintures , ddnt
la feconde eíl placee fur les hanclies. C’eíl ainíi
qu on volt cette feconde ceintüre á la Venus du
Capitole qui a une tete faite d'aprés nature , &
qui eíl fculptée á cote de Mars ( Muf. Capit.
t. 3. tav. 20.); elle eíl placee de méme á la belle
Venus drapée qui étoit autrefois au palais Spada ,
8c qui a appartenu depuis au lord Egreínont.
Cette ceintüre inférieure eíl le partage de cette
déeífe feule : c’eíl celle que les poetes appellent
la ceintüre y ou le cefte de Venus. Perfonne avant
Winkelmann n’avoit fait cette remarque.
Lorfque Junon voulut enflammer le cceur de
Júpiter, elle pria Venus de lui préter cette cein~
ture myílérieufe : I’ayant obteniie elle la mit dans
fon fein , felón l’expreffion d’Homére ( II. z.
219. 223.) , e'eíl-á-dfre , autour 3c au-deíTous
du corps inférieur , place qu'elle occupe aux
figures citées plus haut. Que Fon confronte avec
cette explication ce que d’autres ont dit de la
ceintüre de Venus, (^Rigalt. Not. in Onofandri
Stratag. p. 37. feq. Prideaux , Not. ad Marm.
Arundel. p. 24 .• ces deux favans prennent la
ceintüre pour une robe ) , on verra que leur
Opinión n’eíl pas foutenable.
Les anciens commentatenrs d’Homére n’ont
pas mieux faiii le fens du poete dans cet endroit.
i i eít certain que xoX’mn ^ mets La cein-
ture dans le fein , ne fignifie pas ( comme le
•Scholiañe le prétend ) la méme chofe que y.cc-ra-
líiUTc-j tha KoZíríi), cache-la dans le fein. Euílathe,
dans fon étymologte du mor x-isa; , n'en atteint
pas mieux la vraie fignification. Ariílide , . lorf-
qu ii parle de cette ceintüre , ajoute : quellequ'en
foit la forme , hotí í’jtus ¡ttras tav ( Ariflid.
ifthm. in Nept. p. 42. c. ). Martorelli, Profeííeur
de langue grecque á Naples , a remarqué fort
judicieufement ( Comment. de Regia Tkeca Cala-
mar. 71. 153. ) que ce mot tfeíl pas un fubílantif,
mais un adjeétif , dont les poetes grecs des tems
pmñérieurs fe font feryis fubílanti'/ement. II
femóle aiiífi que Fauteur d’une épigramme grec-
cue fur Venus ( Anthol. Epigr. grs.c. Ub. y. p.
231. a..), napas compris qiielle ceintüre défigne
le mot ; car il Fa confondue avec la cein-
sure orámaire qui fe mettoi: au-deíTous du fein ^
ecift
C E I
L’explication que nous venons d’expofer de
la ceintüre de V énus , répand un grand jour fur
le paílage de Pline, oú cet écdvain parle de la
ílatue d"un Satyre qui tenoit la figure d’un Bac-
chus , Ralla, velatum veneris , le corps ceint
comme Venus 5 du moins c’eíl ainíi que Fenrend
\yinkelmann. Ce paílage a toujours paru obfcur.
Quelques favans ont cru méme ciFil falloit lire
veneri au-lieu de veneris ,• comme fi le Satvre
amenoit Bacchus á Venus. Mais Pline ne parle
pas ici de grouppe (Plin. l. 36. c. 4. §. 8.). Le
cefie OU la ceintüre que Junon emprunta de
Venus , fut caufe fans dome que les Syriens
donnérent cet ornement á la femme de Júpiter.
Gori croit (Muf. Etr. t. 1. p. 217.) que deux
des trois Gráces, qui font fur une urne funéraire,
tiennent cette ceintüre dans leurs mains 5 mais
rien ne tend á le prouver.
Cette ceintüre myílérieufe , qui étoit comme
le fiége des charmes les plus puiíTans de cette
déelle, Apulée Fappelie le baudrier de Vénus :
c^éroit fon bouclier ; c’étoit Farme avec laquelle
elle pouvoittout vaincre. Luden, dans fes dialo-
gues des (iieux , dit qu'au jugement de Páris , on
ordonna á Vénus de quitter fa ceintüre , de peur
qu’eüe ne lui fervtt á féduire fon juge. Cet orne-
ment myílérieux n’avoit pis feulement la vertu
de refldre airaable celle qui en étoit vétue ^ & de
faire naítre pour elle de nouveaux feuxj il entre-
tenoit ceux qui étoient déjá allumás , 8c réveil-
loit ceux qui étoient prés de ^éteindre. Junon
Fem.prunta de Vénus , 8c elle en fit avec fuccés
Feífai fur Júpiter. Vénus elle-méme Fa mis en
ufage pour ranimer la tendreíTe amortie du d:eu
lííars. Lucien dit que Mercure vola á Vénus fon
cefe ou fa ceintüre , pour. dire que ce dieu poíTe-
doit les graces & tous les ornemens du difcours.
Homére en a fait une ampie defcription 5 8c Ies
poetes difent que tout le godt & tout 1 art de
Víomus pour la raiilerie , n eurent point de prile
fur ce cefie redoutable.
On lit á Evora Finfcription fuivante, qui faií
mention d'nn cefie ofFert á Yérms-genitrix par les
dames de cette ville :
DIVO. JULIO
LIB. JUL. EEORjS
OB. ILEUS. IMMUN- EX. KUN
LIBERALITATEM
EX. D. DD
QUOJUS. DEDICATIOKE
VENERI. GENETRICI
CESTüM. MATRONvE
DONUM. TÜLERUNT
Ceintüre de virginité , lona virgínea, cm-
gulum virgineu-n. La ceintüre dont on parmt 3
Rome iesnouvelles mariées, avant qu'elles fuuent
C E I
livrées á leurs époux ^ fe noir.raoh auíli ccjíf.
Elle étoit de iaine , 8¿ le noeud qui Tattachok
s^’appeloit Herc’ulanus , du nom á'HercuIe : on
fak que les travaux de ce héros ne fe font pas
toujours bornés i la défake des monílres & au
chátiment des tyrans. II étoit réfervé á I’^époux
de dénouer cette cünture myftérieufe , elle étoit
le fymbole j & comme la défenfe de la pudeur
de la mariée. Une main infidéle la déliok cepen-
dant quelquefois : Caflaque fallad :^ona revincla
manu. De-Iá vint Texprefllon ^onam folvere , fe
marier. Catulle (67. 14.) :
Qiíbd poffet -¡¡onam folvere virgineam,
L’expreflion detacher la celnture , fignifioit
auíS diez Ies Grecs accoucher pour la premiére
fo!s. Le Scholiaíle dU4po]!onius ( Argón, i. 287.)
dit que lesfemmesd'Athénes confacroient á cette
époque leurs cdntures á Diane , qui avoit dans
cette ville un temple oú elle étoit honorée fous
le nom de , qui délie la ceinture.
Ceinture de la reine. Lkmpót que nous déíi-
gnons au;ourd'’hui fous ce nom , exilloit déjá
avec la memé dénomination diez les anciens
Perfes. Voye-^ Platón ( Alcibiad. ) & Athénée
( Deipn. lib. I. ).
CEINTüRON. Ce nom a été confondu fou-
vent avec celui de baudrier ( VoyeT^ ce mot ) ^
ainfi que les mots balteus Se dngulum. On doit
cependant á la rigueur le réferver pour cette
ceinture que portoient autour du corps les Grecs
& les Romains , & d'oú pendoit Tépée , lorf-
qkils ne portoient pas de baudrier. C'eft ainli
que portent fufpendues leurs épées fur les colon-
nes Trajane & Théodolienne , les limpies' foldats;
mais les officiers ont des baudriers auxquels font
attachées leurs épées.
Sur ces deux monumens & fur plufieurs autres^
on voit que le ceinturon avoit une certaine lar-
geur. II étoit méme fouvent compofé de plufieurs
courroies pheées Tune au-deífus de Fautre , ou
de plufieurs tours de la méme courroie. Cette
largeur fert á expüquer un paflage de Florus ^
qui paroít diíScile á entendre. Lors de la défake
de Varas , dit cet écrivain ^ un porte-enfeigne
cacha Faigle de fa légion dans fon ceinturon. Se
s’enfonca dans un marais(rF. 12. 38.) : fgnifer
aquilam intra baltkei Jui latebras gerens in palude
cruenta delituit.
Ce ceinturon á plufieurs courroies eft appelé
lañdages par Winkelmann {Defeript. des pi erres
de Stofeh, pag. 4dó. ). II dit en parlant d'une
calcédoine : « Fon y voit gravé un homme á
cheval courant au grand galop , qui eft entouré
de handages , avec lefquels on fe ferroit dans
les courfes, pour en mieux foutenir la violence «.
II y a dans ia Mlla-Albani un homme monté fur
un quadrige , qui eft fculpté en ronde-bofíe 5 il
C E L íTjs
porte ces mémes handages. L'on a reftauré u.ne
femblable ftatue á la Villa-Negroni , Se Fon en
a fait un jardinier.
L’ufage oú étoient les foldats de porter Fépée
fixée au ceinturon, fit de cette ceinture Fembiéme
de la milice , Se dngulum fut fynonyme de rr.ili-
tia. Les écrivains grecs en avoient ufé ainfi :
défigne fouvent dans Homére Farmure en-
tiére du foldat ^ , fe ceindre ^ y eft mis
auffi pour s'armer de pied en cap.
Auguñe voulant punir les foldats de quelques
fautes légéres ^ Ies condamna á demeurer debout
pendant tout le jour Se fans ceinturon á la porte
du prétoire ( Suet. Aug. c. 24. ) : pro céttero delic-
torum genere variis ignominiis affecit , ut fiare
per totum diem juberet ante prítorium difcinclos.
Lorfque Ies fautes des foldats étoient capitales ^
on les dégradoit de la milice en leur ótant le
ceinturon , cingulo fpoliabantur. L^’hiñoke & les
loix romaines parlent fouvent de cette dégrada-
tion.
L’empire romain étant un état militaire j on
défigna par le mot de dngulum non-feulement les
dignités mUitaires , mais auíTi les dignités civiles.
Caíliodore ( Pfalm. xxix. ) nous Fapprend :
dngulum fignifcat , quod ad judiéis pertinet dig~
Tñtatem , nam cinBa poteflas in ipfo vocabula
nofeitur confiituta. Sic enim cincium dicimus judi-
cem , quando ejus fafees. honorefque declaramus.
On lit dans une ancienne épitaphe de Pantaga-
thusj évéque de Vienne :
Arbitrio regum qus.(luriL dngula fumpjit ;
Se dans celle de Namatius, qui a été compoféc
du tems de Juftin :
Pofi fafees pofuit Sí dngula Symmackus ampia.
CEIX. Voyei Ceyx.
CÉLADONj dans la Locride. Goltzius feul
a attribué des médailles impériales grecques a
cette ville.
CELEJM augufií. Muratori ( 112. y. Tbef.
Infcr.) rapporte Finfeription fuivante qui eft adref-
fée á Celeia , divinité de la ville de ce nom
dans la Norique :
CELEIS
AUG
P. AELIU3
CCS. PRO. SE
ET. SUIS
V. S. E. M
CELENDERIS , en Cilicie. KEAEXAisxcN.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRR. en argent.
T t t t ij
C E L
O
ER. en bronze.
O. en or.
Leu.- ty.pe orcinnire efr un boiic oui fs^rouche.
Cc:ie viile a fait frapper des médailies irr.pé-
riaks grecques en í nonneur a’Etrufciile , de
Coni'.node.
CÉLp'O c’eil le nom d’une des Pléyades ,
filies a .-itias- Jiípirer i’aima , felón. Ovide .Fefi.
~7h )■ -Nentune la rendit rn-ere d'Eur3'p7!us &
Trito-i , ■ reíon Tzetzes {Le ¿ycophro. j.
_ CÉLELO j ¡a pnncipale des Harpves, que '\"ir-
giíe appelle Fariarum-maxima. C'eít elle qui porta
la parole aux Troyens, lorfque ceux-ci abordé-
re;'.- .uix .liles Strophades. Elle leer prédit qu'en
ru.'.-'n.er; <ie l'boíbiité' qu'ils avoient comtnife
co.itt'cdcs , ¡Is ne pourroier.t s'établir en íraüe
qu'aprés avoir éré contraints par une faim cruelle
de rr.anger leurs rabíes. KíXxív-í fignifiuit noir
en grec , Sz ce. nom convenoit á une' des"
Harpyes.
CZLER , furnom des familíes Cmlia Sc
Cassia.
CELERES. Les céleres étoient un corps deíliné
á la garde des rois romains ^ étabü par Romulus,
compofé de trois cens jeanes gens , choiífs
parmi les plus illulrres families de Rome , &
déíignés par les fuffrages des curies dii peuple,
do-nt chacane en fourniíToir dLx. lis éroienr rou-
jours auprés de la perfonne du roi ^ pour le
garder Sr pourrecevoir fes ordres & les exécuter.
A la gperre ils éroienr places á Tavant-garde
quand il falloir doriner le combar ^ qu'ils com-
mengoienr roujours les premiers ; & daos la
rerraite iiS formoienr Farriére-garde. Quciqubls
formaíTenr un corps de cavalerie ^ ils mettoient
p'.ed á rerre , & cosnbattoienr á pied par-rour
ou la pva’erie ne pouvoit agir. Leur comman-
dant s’appeloir rribun des céleres , Tribunus
Celerum. íls faifoienr. trois compagrues de cent
maitres chacunéj, qui avoir un capitainc nommé
Centurión. 1 eur rribun étoit la feconde perfonne
diiroyaum.e. Fiurarque dk^ dans la vie de Numa^
que ce prince caifa le corps des céleres : fi cela
eñ vrai j. il fur rétabli bientót aprés , & Fon en
trouve encore fous íes rois fuivans j témoin
BrutuSj qui cha»TalesTarquins3.& qui fut trfbun
des céleres.
Ce nom vient de céler , prompt vité 5 il leur
fiit donné ou á raifon de leur promntirude á
obéir au Roi , cu á caufe que leur premier chef
s’appela Céler, ou d'un autre Céler, compagnon
de Romalus^ qui luí fut d'un grand fecours dans
le combar contre Remus ^ & qui rúa ce prince.
Cn prérend que c'eft eux quon nomma dans la
fcite TrojfuUs , Trcjfulz , parce qu’ils prirent
feuis la viHe de Trojfulum en Errurie fans le
fecours de I’mfanterie , ou pour quelcu’autre
raUo-n que Toa ignore.
C E L
CELES , cheval^de mam , sppelé auffi eqaus
CngAaris. Kt?.K j figniñe cheval de íelle.
CELESTE j Ctelejiis. C'étoit unedéeífehonorée
3 Carthage. Tertuilien;, dans fon Apolcgétique., &
Fnd.allrius j difenr que c’étoit une déeífe d’.lfri-
qusjPin iafirms a joute que c'éroir elle qu’on appeloit
ailhurs reine & fortune du ciei. Baronius, qui
parle fert _au Icng de cetre déeífe fur i’an 595 de
J. C. 3 croir que c’étok FAftarte des Sidoniens ,
qu’on appeloit la reine du ciel. En 399 , les ehré-
tiens de Carthage changérenr le temple de Céleos
en égiife. On Fy repréfentoit portée fur un lion 5
& 3 _fi Fon en croir Capitolin, dans la vie de
PertinaXj elle rendoit des oracles dans ce tem-
ple. Lucien 3 Apuiee , Hérodien &- plulieurs
autres 3 témoignent que Fidole de Célefie portoit
le nom de toures les principales divinirés du
m-onde, c’eft-á- dire 3 comme parle S. Ambroife
( Adv._ Symmack. ) que cette déeífe étoit honorée
par diíféjeriS peuples 3 & en différens endroks ,
fous differens noms. Vers Fan 341 3 Fempereur
Conñantin fit derruiré á Carthage le temple de
Célefie. Eiagabale avoir fait autrefois apporter de
Carrhage^Fidole de Célefie , que toureF Afrique révé-
rok exrrémement. On aílürok que c’étoit la luner
c’eft pourquoi Eiagabale difoir qu’il vouloit la
marier avec fon dieu 3 qu’on prétendok erre ¡e
foleil. li en fit célébrer les noces á Rome 3 & dans
toute FItaüe 5 il obligea auíii rous les fujets de
Fempire á Jui faire des préfens de noces j & il
avoir íait apporter de Carthage toures les richef-
íes du temple de Célefie pour avoir de quoi ie
parer. Selden ( de dizs Syrzs , il. 2.. ) cite á Fhon—
neur de cétte déeífe Finferiotion fuivante , que
Fon voir á Rome t
INVICTAS
.eOELESTI
A-UR. ONESI
ML'S. D. lí
CELETE j xíÁHí s navire léger garni de
rames.
CÉLEUS 3 roí d’EIeuíIs 3 pere de Tríptoléme»
CELEUSMA^l , . ,,
CELEUMA, f que Ion
cnantoit , ou que Fon jouoir fur des inllrumer.a
pour encouEa?er les rameurs. Ruíiinis ( ItLn. 1,^
His znecum pzgrz folahur tsdzu veziti ,
Dum refonat vczriis -sile celeuma jnod'is.
Xé'nopfion (/f¿. i^. ) dit que cette modulatiorr
s execaroii en frnppanr fur des pierres íonores-
Pedianus parle d'une fv-mohonie á plufieurs inf-
rrumens ( ad Cicer. p. 39*. ; ; Carii remigtt>AS
eeleizfma per fymphordacos fclebat , C¿ per qí -ve
C E L
■voccrr. ore frolatcm , ¡ ut ín Arfo r.avr , per
cyt'r.üram,
Celeufms. écoit auíTi ie rom coilectif des com-
mandemens du piiore. Adítophane nous en a
cor.iervé deaXj £u,T5r«3-7¡e< (Ran. ir. i. ; que les
Latins rendoient par ces rr.ots : num incumbíie
remis , ramez fortement ; & O'se- , ( A.vibus ^ p.
606.';, cejfite , arrétez.
CELEUSTES , x,a.:vnr,i y celui qui ¿onnoit
le íignal aux rarrjeurs, & cui les encourageoit
par fon chant ou par íes cris.
CELIA & CERTA , efpéce de hierre dont Ies
Efp^gnols faifoient ufage. Pline (/. zz. ) & Orofe
i/¿¿. y. c. 7. ).
CELLA. Ce mot déíignoit chez les Romains
une chambre , une falie^ & par extenlion une
maifon entiere.
Celza exprimoic dans la íangue facrée i'inré-
rieur des temples , Tendroit ou étoient placees
lesñatues des divinités , celui que nous appelle-
rions aujourd'hui le fanctuaire. Lorfqu'on hono-
roit pluiieurs divinités dans une meme enceinte ,
elles avoienc chacune une celia parciculiére. Le
temple de Júpiter Capicolin étoit acccmpagné de
deux autres temples ou nefs ^ confacrés á Junon
& á Minerve. Nous vovons dans Tite-Live ( /.
17. 27. ) que les pontifes romains obfervoient
fcrupuleufement cette unité de cuite dans chaqué
celia : quia ,■ difoient-üs , fi de calo taña , aut
prodigií aliqiúd in ea facium ejfet , di0cills pro-
curatio foret : quod , utri deo divina res fieret ,
fciri non pojfet , ñeque enim duobus ^ nijl certis
deis , rite una hoftiá fieri. C'eíi ainíi que Ton voit
un petit temple elevé dans l’enceiH-te du grand
temple d'’Iíis trouvé á Pómpela ; c'eft ainii que
Tenceinte du temple du Soleil á Héliopolis ,
aujourd'hui Balbek , renferme un fecond temple.
Cella défignoit dans Tordi-e civil les diíférens
appartemens des bainSj. lorfqu'on. y ajoutait les
épithetes ajfa ^ caldaria , frigidiria ^ &c. les gre-
niers, celüers, &c. avec les épithetes olearia ,
penuaria , vinaria ¡ &c.
Cella étoit auíli un impót en argent ou en
nature , que les magiftrats romains exigeoient
des provmces oú ils commaridoient pour Ten-
tretien de kur m^aifon , in cellam , ou in ufas
telld.
CELLARIA. )
CELLARIUM. > Cellarium étoit le nom gé-
CELLARIUS. 3
nérique des greniers^ cel'iers, garde-rcbes^ Src.
dans les maifons des grands. On appeioit ccllarius
l'afFranchi qui en avoit la garde ; & Muratori (927.
5-) rapporte Tépitaphe d'un Cellarius Augufiz.
Ces officiers étoient auí& déíignés par les mots
n cellariis ; il y a dans Muratori (cOJ- I. 1
Eépitapbe de Turt d’eux qui apparrenoit á Do-
isnierr.
CíUaria esprimoit txiutesles chafes néceíTaires
C K L tci
a I entrenen des officiers du palais , cui leer
étoient íournies par les cellarii. Le loyer d'une
cnambre , ou d'une maifon étoit appelé celia-
num ou penfio cells. y coir.me en le voit dans
Juvenal ( rjr. 63. ) oü ii eft dit en parlant des
parantes & des cliens que défrayoient les patrons t
' • • ■ • Eea clan^at penfio celia..
CELj'ÍE fat , dft-on le pete nourricier de
Júpiter. Pour avoir révéié que le pete des dieux
étoit mortel ^ fut enfermé dans une tour irn-
pénetrable ; d'oú vient la rabie qui dit qu’il fut
changé en diamant. Ovide rac'cufe feuiement
d’avoir manqué de diferétion á Pégard de Júpiter,
Piine dit que c’eft une hiftoire véritable. Ovids
{Meta. lib. 7. 2o.) :
Te quoque nunc Adamas quondam fidiljime parv»
Celme Jovi. .......
CELMIS t un des Daeiyles du mont Ida ^
aj^ant fait violence á Cybéle ^ fut chaífé par Ies
autresijpaétvles. 11 favoit donner au fer une ft
grande dureté , que le fer de Celmis paila en
proverbé.
CÉLOCES , vaiíTeaux fans pont , on plutóc
pentes barques qui n'avoient point á la proue
les éperons appelés roftra , dont on frappoit dans
le combar ¡es vaiíTeaux ennemis , pour les per-
cer & ¡es couler á fond. Elles aüoient á deux
ram-es au plus. On apperqut ^ dit Tire - Live
{xxxvii. 27. )A que c'étoient des báíimens
propres á la piraterie , des Celoces & des Lembes
( Voyei iembE), qui voyanc de loín ¡a fiotte^
prirent la fuite. lis la furpafferent en vheífe ,
parce qu'ils étoient légers & faits pour la courfe.
Le céloce paíToit pour ér.re de rinvention des
RhodienSt
CEES A j en Efpagne.
C. V. I. CEL. Colonia V'iñrix Julia Celfa.
Cette coionie romaine a fait frapper des mé'-
dadles latines en Thonneur d’Augufte , de Tí-
bére ^ á'Agrippa ^ & quelques autres fans non»
d'empereur.
GELSUS 5. tyran fous Gallien.
Tixes CoRNELIUS CeLSÜS AUGUSTUSi
Ses médailles font :
RRRR. en M. ou P. B. grec, ÍI celles que ¡’bsT-
cite font vraimer.t antiques ; mais les connoif-
feurs croient qu’elles font de la fabrique dé-
Cogernier ainíi que la plupart de celias dey
autres tvrans. Cette efpéce de faux fe reconnoit;
aux aigles qui font repréfentées au. revers,. &
cui différent abColument des aigies antiaues. Les
types des teres , S; les earactéres des Icgendes-s»
font également ccnao'ure la, faux.-
70Z C £ L
C£LSU3 í fsmom de la famille Papia.
CELTES. Outre le fugum qui étoir rhabille-
ínent caraftériñique des peuples qui habicoient
Ies Gaules , les Celtes portoient au-deffous , en
guife de tunique, des vétemens découpés & gar-
ois de longues manches > qui ne deícendoient
que jufqu’á la ceinture ( S trabón, lib. iv.p. 13 y ).
Appien faifoit defcendre les Celtes de Celtas ,
£is du Cyclope Polyphéme , qui , forti de la
.Sicile , fecondé de fes fréres Illirus & Gala , fe
Tendit maitre de tous les pays connus fous la
dcnomination de la Celtique.
Les Celtes , dit M. Turpin (qui a fair leur arri-
cie dans le fapplément de f Encyclopédie ) , dans
Jes íiécles les plus recules , reconaoiíToient un
Étre fupréme qui préfidoit á la pólice du monde ;
& ne fe bornant point á une croyance llérile ,
iis lui rendoient un cuite done la magnificence
répondoit á la haute idee quils s"en étoient
formée. Conftans jufqu’á ropiniátreté dans leurs
cérémonies & leurs dogmes j leur religión tou-
’ours la méme , ne fouíFrit jamais d’altératmn.
Lors méme que le fiambeau de TEvanaik eut
diffipé les ténébres de leur paganifme , pffiieurs
confervérent un levain de leurs anciennes furer-
Ititíons j & ils profanoíent le cuite le plus faint
paar le mélange des cérémonies femblables á celles
quí fe célébroient á Eleufis ville de TAttique j
c^eít ce qui a fait croire que Ies Grecs, qui fe
glerifient d'étre les inftituteurs des nations ,
s'é.toient abaiíTés jufqu’á étre Ies difciples d'un
peuple qu*ils abhorroiem pour fes profanations
facriléges ^ & qui étoit Tennemi de tous ceux
qui refufoíent de plier fous le joug de fes
opinions.
L-es Ce/ícj, par-toüt oú ils étoient les maitres,
détruifoient íes dieux de la Gréce & leurs tem-
ples 5 & dans leur futeur religieufe , ils con-
damnoient au dernier fupplice quiconque étoit
rebelle á leur cuite , ou le téméraire qui tentoit
d.’en introduire un nouveau : c’étoit des Scythes
qu’ils avoient empninté ce zéle. Ces barbares ^
qui avoient en horreur le cuite de Bacchus ,
pimirent de mort un de leurs rois pour avoir
encenfé les autels de ce dieu. Anacharíis , philo-
fophe & iífu du fang des rois , fubit la méme
peine pour avoir fléchi devant Cybéle. Quoique
les Celtes euíTent une idee plus juiíe que les autres
idolatres- de la divinité & de fes attributs , leur
íhéologie avoit fes erreurs. ( Pour shnftruirc á
fond de ce qui concerne Ies Celtes , on peut
confulter YHiftoire des Celtes , par M. Pellou-
tier, ^ Y Introduclion d l' Hi[ioire de Danemarck,
par M. Mallet. ). La perfualion ou ils étoient que
cclui qui avoit le ciel propice pénétroit dans
l’a venir , donna chez eiix naiíTance á la magie.
Tout ce qui approchoit de Fidolátrie devenoit
Pobjet de leur averfion ; ainíi dans les premiers
teres ils ne fabriquérent point de ílatucs pour les
C E I
adorer & ils croyoient que c’étoit un cuite
íacrilágede repréfenter la divinité fous une forme
humaine. lis regardoient Punivers comm.e fon
fanéiuaire ; & leur délicatelTe étoit li exceffive ,
quhls ne purent fe réfoudre que trés-tard á lui
ériger des temples, lis auroient cru dégrader fa
majeílé que de lui fuppofer un fexe , & de fe
figurer qu'elle étoit male ou femelle. Des idees
li purés n’étoient pas fans quelques mélanges
d’erreur. Leur théologie imparfaite enfeignoit
que Teut(c’eíl: ainíi qu'iís rendoient lemotD/e;¿,)
s^étoit uni á la Terre ^ & que c’étoit de cetra
unión qu" étoient fortis tous les étres animés-
Cette époufe étoit Pobjet du cuite public 5 on
la promenoit dans les folemnirés fur un chariot
couvert 5 on célébroit le joitr heureux ou elle
avoit enfanté le gente humain ; on la félicitoit
fur fa fécondité. Ce cuite abfurde a trouvé des
Apologiñes , qui ont foutenu que la tetre n'étoic
appelée la femme de Teut que dans un fens
figuré. _ ' . , .
Quoique Ies Celtes reconnuíTenr que dieu étoit
dégagé de la matiére j leur cuite, en contradic-
tion avec leurs dogmes , avoir toujours queíque
objer fenlibie , comme le foleil , la lune , les
étoües & les élémens. Ils fe proílernoient devant
ces Sambeaux du monde , quhis regardoient
comme des étres fpirituelsj ils fuppofoient que
la matiére ne faifoit pas leur efíénce. Selon eux
Pétre vifible étoit le temple oú la divinité réíi-
doit, le corps qu^elle anime , Pécorce oú elle
s'enveloppe , & Piníh'ument dont elle faifoit
mouvoir íes reíforts.
Quoique la toute-puiíTance fut Pattribut de
Pétre fupréme, ils admettoient des divinites infé-
rieures qui lui étoient fubordonnées i c'eil: ce
qui a donné lieu de croire qu'ils adoroient Jupi--
ter , Mercure & Apollon. Mais il eft atteíle
qipils ne regardoient ces dieux fantaíliques , que
comme les attributs de Pétre fiipréme , ou comme ^
les exécuteurs de fes ordres , á peu-prés comme
les autres nations admettoie.nt des anges & des
génies, pour étre les difpenfateurs des bienfaits,
ou les minifires des vengeances célefíes. Ce ne
fut qu’aprés la conquere des Gaules par les
Romains, q'f on y vit ces vains íimulácres enfan-
tés dans les delires de Pimagination. _La guerre
que Ies Celtes portérent dans la Phocide , pour
ravager le temple de Delphe , eft un témoignage
qu’ils en refpectoient peu le dieu. Quand Lucam
& Cicéron reprochent a cette nation de faite ja
guerre aux dieux quhls méconnoiffoient , ils
atteífent qu^el'e tfétoit point plongée dans les
ténébres de Pidolátrie groíTiére qui couvroit le
relie de la terre. ..
Teut étoit la feule divinité des Celtes : 11
préfidoit au deílin des batailles ; ils Pinvoquoient
avant de combatiré. Son cuite fe célébroit pen-
dant la nuit , quelquefois á la clarté de la lune,
quclquefois á la lueur des flambeaux. C’étoit le
C E L
cieu créareur de- tous Íes erres , refprit univerfel
Se viviíanc ^ & enfin Tame du monde. C°éroir
hors des mars ^ fur des lieux élevés , ou dans
d'épaííres foréts qu'on alioic i'invoqaer. Son
cuite s'étendic dans toure TEurope & une partie
de dAfie , oú il fiar révéré fous difrérens noms.
. La confoimité de fon cuite avec celui de Plu-
ton j a fait croire que Ies Celtes étoient les
adopteurs de ce dieu des enfers. Les honneurs
rendus á Teut étoient les mémes que ceux ren-
dus á la Terre 5 mais celle-ci n'étoit regardée
que comme un étre purement paífif j afíiijetti
aux loix du premier. Ces peuples admettoient une
théqgonie j c’eñ-á-direj une généraiion de dieuxj
maís ce qui íes diíHnguoit du rede du paganifme ^
c'eft que leurs dieux tfétoient pas des homnies j
que la reconnoiíTance ou la terre eulTent honores
de r_apothéofe. Tous Ies peuples feptentrionaux ^
adrnirateurs paffionnés de leurs héros j confa-
croient leur mémoire par une efpéce de cuite
religieax. Les Celtes étoient les feuls exempts de
cette idolátrie.
Leurs divinités fubalternes étoient fort nom-
breufesj il y en avoit dans Ies afires, dans Tair,
dans la mer , dans toutes les parties de la terre
& dans le feu 5 celles qui réfidoient dans ce
dernier élément, étoient regardées comme Ies plus
purés , Ies plus pénétrantes & les plus aélives 5
mais, quoique de la méme narure que Teut,
dont elies étoient émanées , elles lui étoient
fubordonnées , &: elles ne pouvoient quitter,
fans fon ordre , Félément & la place qu’il leur
avoit aílignés. Le cuite pur dans fon origine fe
corrompit infenliblement , & Ies divinités fubal-
ternes ufurpérent les honneurs qui n’ étoient dús
qu'á Tétre fuprérñe.
Teut étoit adoré fous différens emblémes ,
fuivant Ies motifs qui faifoient implorer fon
affiftance. Si c’étoit pour éclairer les aíTemblées
de la nation, ils fe rendoient dans une plaine,
oú ils adoroient leur dieu fous la figure d’un
chéne. Si c'étoit pour lui demander la viéloire ,
ils fe profiernoient devant une épée ou un jave-
lot. Les érrangers quf les voyoient fe courber
devant ces íimalácres , sdmaginoient que c’étoit
á Pan ou á Mars qu’iis adrellolent leurs hom-
mages. L’endroit oú ils s’airembloient pour faire
leurs cérémonies s'appeloit Mallus , c’efi-á-dire ,
le fancuuaire oú la divinité aimoit á fe manifefter
d'une faqon particuliére. II n'étoit point permis
d'en approchcr fans y faire fa priére ou fon
ofífande. Tous les lieux oú les fimulácres de la
divinité avoient été places, étoient desee moment
reputes facrés , on ne s'en approchoit qu’avec
un extérieur refpectueux ; & c’eút été les profa-
uer , que de les faire fersdr á d'autres ufages.
Le chine reñoit lur p’ed, jufqu’a ce que le tems
1 eút .deífrché & derruir j c’eút été une pro-
fanation d’y porter la coignée , ainli que de
iabourer ie champ oú 'es cérémonies avoient été
C E L J0.3,
célébrées ; Sí pour empécher qu’il ne fut fouiilé
par quelque ufage profane , on le couvroit de
pierres d’un énorme volume. Voilá quelie efi;
1 origíne de cetamas de pierres dont on découvre
encore les refies dans quelques endroits de la-
France , de I Angleterre & de I’Allemagne. Ces
lieux jouiífoient du droit d’afyle, & le glaivs
de la loi eút frappé le facrilége qui eút o£é y
faite violence á l’homme le plus crimineL lis
étoient perfuadésque dieu, offenfé par la tranf-
greíTion de la loi , ne pouvoit étre appaifé que
par des facrifices proportionnés á la prévarica-
tion. Ils reconnoifíbient des díables , mais lis les
croyoient dans la dépendance de l’étre fupréme,
qui les déchainoit pour alier exécurer fes ven.-
geances centre les coupables.
Les foréts cu ils célébroient leurs íacrifices.,
étoient des efpéces d’arfenaux , oú en tems de
paix chaqué cité dépofoit fes armes & fes dra-
peaux. Les dépouilles des ennemis y étoient
confervées faus la garde des minififes de la.
religión , cui foiivent , fous de pieux pretextes ,
favoient fe les appreprier. L’efclave devenoit
libre des qu’il pouvoit y mettre le pied r on Je
débarraífoit de fes chames , qu’on fufpendoie
aux arbres confacrés. Tjeire appelle ces foréts
vierges , cafium nemus , parce que c’eút été urt
enme de iéze-majefté divine d’en arracher un.
feu! cyprés. Lucain , parlanr de la forét facrés:
qu’on trouveit dans le voifinage de Marfeiiíe,..
aíTure que jamais elle n’avoit été taillée 5 & que
Céfar voulant y faire couper des arbres pour
fervir aux travaux d’un fiége, le foldat fut faiíi
d’une frayeur religieufe que lui infpira la. fain.-
teté du lieu. Ils n’avoient point de temples ,:parcc
qu’ils étoient perfuadés que la divinité ttfidoir.
dans chaqué partie de la matiére , & que c eút
été rétrécir fa grandeur que de la borner i une
enceinte. Les facrifices étoient toujours relacifs
a la faveur qu’on follicitoit. Vouloit-on obtenk
une ahondante moiíTon , on jetoit des grains
dans I’eau , dans des abimes , dans le feu ,°c’efí~
á-dire , dans les endroits oú la divinité étoit
cenfée réfider. Les peuples du Gévaudan fé ren-
doient tous les ans auprés d’un lac pour faire
des libations. lis jetoient dans l’eau des alimens,
des piéces d’étoffes , & tout ce qu’ils avoient
de pJus précieux. La folemnité étoit profanée'
par ¡es excés de la table pendant trois joiu-y.
enríe rs.
Lorfque le pays des Celtes étoit frappé de
quelque fléau , on imm.oloit un homme. La qua-
lité des victimes humaines varia felón, les tems.
D’abord on immoloit des vieiiiards , enfuite des
prifonniers de guerre j enfin les éuangers. que
leur avidité attiroit dans ¡e pays ou ceux que
la tempére ou I’ignorance de la navigation je-
toient fur les cotes- Dans les tems voiíins- du-
Chriftianifme on ne facrifia plus- que ¿es eícia-
ves ou des criminéis. Quelcuetbis il fe Drefentoít
704 C E L
des fsnirlq’jes cu: demaiidoient 2 écre ímmolcS
pour expier ieur crinie , ou ceux áa la nation ;
i'íionneur en rejaiiiiiroic ñir tonta Ieur íanaíne.
Ennn , ií ne fe cenoit aucune affembiée , foit
civiie foit religieafe que Ton n'oftrit ce fpeéla-
cle inhumain. Les Druides féroces prenoient Ies
maiheureux deftinés á périr , & les précipitoient
far des lances difpofées á les recevoir. Quelque-
fuis ils les enfermoient dans des colonnes faites
d’olier ^ avec des ani:Tiaux de différentes efpéces 5
Se aprés Jeur avoir fait endurer les plus cruelles
tortures j iis les ietoient encore vivans dans les
íia:nmes : plus le facrifice étoit douloiireux , Se
plus il étoic méritoire. Cette fureur religseufe
n'éciata que dans des cas extraordinaires. Lorfque
le pays n’étoit affligé d'aiicune calamite , on fai-
fait expirer la victime faus le glaive. Le Bruide
ia frappoit au coré ; & tandis que le fang couloit,
il avoit f ceil attaché fur la piaie , & avant qu elle
expirát il lui arrachoit les entradles , dont Tagí-
tation lui fervoit á prédire Tavenir.
Les victimes humaines ne furent pas les feules
que les Celtes oíFrirent á Ieur dieu ; ils ¡ui immo-
loient encore toute forte d4nirnaux, méme des
chiens , qu’épargnoient les autres payens á caufe
de Ieur fidéiité incorruptible ; de méme qudls
ifimmoloient iamais des chevaux , par refbect
pour cette inrrépidicé avec laqueile ils partagent
dans la guerre les pérüs de i'homme , & fes fati-
gues dans la paix. Les Cebes , au contraire, atta-
choient plus d'eíBcacité au facrifice de ces ani-
maux , á caufe méme de ieur exceilence ; & c’étoit
la viñime la plus expiatoire ^ aprés la victime
humaine. Les vieillards que le fort deítinoit á.
périr fous la hache du facrificateur , Ies fanati-
ques qui s'empreSbient volontairement á folliciter
i’honneur d^étre victime , auroient era en détruire
TefEcacité s'iis avoienr verfé des larmes , ou
montré quelque foibleíTe- Le moment de Ieur
facrifice étoic le moment de Ieur felicité ; c’étoit
une victoire qui Ieur ouvroit les portes de Tím-
mortalité. Ils invitoient leurs parens & ieurs amis
á un feftin , & aprés avoir danfé & chanté des '
hymnes d’alégrefl'e , üs montoient avec une joie
infenfée fur un rocher , d'oii ils fe précipitoient
fur des piques & fur des épées. Cette fureur
facrée ne Ieur étoit pas pardcuíiere : les Gétes
facrifioient auíS des hommes qu'íls envoyoient
comme des meíTagers á Ieur dieu Zamolxis. On
les tiroit au fort pour prévecxir les déiordres que
-pouvoit occaíionner Tambinon de remplir un li
glorieux miniftére.
Les facrifices n’étoient que la feconde partíe
¿u cuite religieux : ia priére étoit la partíe la plus
eíTentíelle. Les Cebes , en la faifant, fe tenoient
debouc, le bcuclier á la main gauche & la lance
á ia droite : ils tournoient le dos au fanétuaire,
pa: refpect pour ¡a divinité cui y rélidoit d'une
facón particuüére. Tous Ies rnonumens hiítori-
qaes atteíceiK que les Cebes admettoient une
C £ L
antre víe ; c’étoit de-la que naiiioit ce mépris de
la mort, & cet eraprelfement de fervir de vic-
time. lis crovoient encore á ia réfurrection des
corps , & les prétres avoient foin de répandre
ce dogma li confohnt pour les infortunés qui
rampent dans cette vallée de larmes. C’étoit oaiir
le mieux eraver dans Ieur cceur , qu’ils le répé-
toient fans celTe dans leurs cantiques facrés. Il
paroit que les Druidas formoient ditférenres fectes,
& que que!ques-uns admettoient ie dogme de
la métempfvchofe. Jules-Céfar prétend que cette
perfuaiion élevoit Ieur courage au-deíTus des
pérüs. Les Gaulois , dir Diodore , adoptent le
fvíténae de Pythagore : ils croient que l’ame de
rhomme eíl immorreiie qu’elie doit retourner
á ia vie , & rentrer dans un autre corps aprés un
certain nombre d’années ; quelques-uns dans les
obféques jettent fur le bucher des lettres qu’ils
écrivent á leurs parens &: amisdécédésj s’imagi-
nant que les morts iiront ces lettres.
Les Cebes plagoient le féjour. des manes dans
la Crande-Bretagne ^ ou dans quelques-unes des
iñes adjacentes. II y avoit, difoient-ils, des no-
chers , dont Fuñique fonclion étoit de transférer
les ames dans les ifies fortimées. La celebre
cáveme que les Irlaiidois appelienr encore ie
purgacoire de S. Patrice , paífoit autrefois pour
l’entrée de i’enfer. Voici ce qu’en dic Frocope...
Je vais , dit-ii , rapporter ce que ces infulaires
rn’ont raconté, quoique je fois perfuadé que ce
qu’ils atteílent comme une réalité , n’eíl qu’une
erreur de Ieur imagination. Le long de la cote ,
il y a pluSears viüages habites par despécheurs,
des laboureurs 8c des marchands , qui , quoique
fujets , ne paient aiicun tribut ; ils prétendent
en avoir été exemptés , parce qu’ils font obligcs
de conduire les ames tour-á-tour. Ceux qui doi-
vent faire l’office de la nuít , fs retirent dans
leurs maifons des que les rénebres commencent
á fe répandre. lís fe couchent tranquülement en
attendant les ordres de celui qu: a la. furinten-
dance du traiet. Vers le milieu de la nuit iis
enteiident quelqu’un qui frappe á ieur porte , &
qui les appelíe á voix bañe. Sur le champ ils fe
lévent & courent a ia cote , fans connoitre la
caufe fecréte qui les y entraíne- La iis trouvent
des barques vuides , & cependant fi chargees qu a
peine elles s’éievent aii-deífus de 1 eau. En moins
d’une heure ils condmfenr ces barques dans^la
Grande-B retagne , quoique le trajet fon pra:-
nairement de vingt-quatre heures
feau qui forcé de r.imes. Arrivés a l ifle ,
retirent'auffi-tót que les ames font defeendaes qu
vaiiTeau , devenu alors íi léger , qu ii ne íi.c
aucune trace fur i’eau. Ils ne voient per.onne^j
ni peniant le rrajet , ni pendant le^ dcbarqu--
menr ; miis iis entendent , á ce qu üs dneUL,
une voix caí articule les nonis des períonnei. , d-
ieurs famiíles & des emplois do.nt ces mo:ts
étoierit revetus peitJan: Isur Vis. 5':! y
íemmes
C E N
fsmwes tians !a barciie , ia voix ¿cciaroít les
roms des maris cu’el'es avoier.t eus o. Le réc!t
de r li.rarcue eft conforme á celui de Procope ,
te ¡i funre ene les liles défertes de la Gra;fde-
B-'ftagne n’étoient peuplées que de genies & de
héros , & que c’é:oit-¡a que ie géant Eriarée
gardofr Sarurne plougé dans un éreme! fom-
rricii. Les diffé remes Pables que les Irlandois
dcbiLcnt ericft.e aiijourd'hui fur ces tems anti-
cues , four un reite de ces anciennes fuperfti-
tiíms. Les Ctítcs accordoient aux génies le pou-
vorr de viíiter leurs amis pendant leur fommeil,
& de jete- l’épouvante dans lame de leurs eíine-
:~;s 3 ei- ieur lufeitant d’effroyables fonges.
CEl'iA Aug. Centurionum ( A.). Muratori
( 895. I. Thtf. Infcr. ) rapporte l’épitaphe fui-
vante , d'un oííicier du piláis de l’empereur ,
chargé de préparer le repas des Centurions qui
troient de garde dans ce palais ;
TI. CLAUDIO. AUG. L
DIOSCOR. A. CENA
CENTURIONUM
TESTAMENTO
POSUERUNT
EVARISTUS. ET. THALAMUS
CONLIBERTO. B. M.
CENARIUS. Gruter ( I05’4. 8. Tkef. Infcr.')
rapporte l'épirnphe de l’époufe d’un primicerlus
¡etnariorum , qu’il rerd par le mor dacenariorum.
CENCHREjS , dans l’Achaie. ce.
l.es médaiües autonomes de cette ville font :
EíiIÍR. en bronze. (' PcLUrin.)
O. en or.
O. en argent.
CENCHRIAS ÉIs de Neptune & de Pirene.
Voyc-:^ Pirene.
CEÑCHREI-S ^ femmé de Cyniras ¡ fuivant
Cvide. Voyei Myrrha.
CENDRES. I es prétres laiíToient les cendres
s’amonceier fur les aiitels aprés Ies facrifices ; &
ils en formérent á T.hébes une maíTe folide que
Pon appeloir Laurel d’Apollon-Spodius.
Les Grecs & les Romains répandolenc des
cendres & de la pouflSére fur leurs tetes , lorf
cu’i’s étoient dans le deuil & l’afHiéiion. C’ell
ainíi qu’Achille témoigna fa douleur en appre-
nant la mort de Patrocle { lliad. i8- 25. p.
Priam en agir de méme aprés la mort d’Hedtor
( lliad. Z4. ). On volt auíli dans PEnéide ( x//.
6(1.) Latir.us répandre de la poufliére fur íes
c'heveux- Stacea étenducet ufage jufqu’ála barbe
frkeh. VI. JO.) :
..... Ssdet Ipfe exutus honor e
Ántiqahés , Tome 1.
C E N 705
ViUarzim nexn genitor , fquallentiaque ora
Sparfus , il incultam ferali pulvere barbam.
Les peuples anciens , qui étoient dans I’ufage
de brúier les corps morts , en recueilloient avec
foin les cendres , pour les renfermer dans des
urnes. On comprend aifément qu’ils pouvoient
reconnoítre les ofl'emensj mais comment fépa-
rcienc - ils les cendres du corps de celles du
búcher ? íls avoient ¡ dit le favant pere de Monr-
faucon j plu.íieurs manieres d’empécher qu’elles
ne fe co.nfondiíTent , Pune defquelles étoit d’en-
velopper le cadavre dans la toiie d’amiante ou
linincombuílibie, que les Grecs appellent asbefios.
On découvrit á Rome , en 1702, dans une vigne
á un mille de ia porte-majeure , une grande urne
de marbre , dans laquelle étoit une toüe d’a-
miante ; cette toile avoit neuf palmes romair.es
de iongueur, & fept palmes de largeur , c’eft
environ cinq pieds de iarge fur plus de íix &
demi de long. Elle étoit tiífue comme nos toiles ;
fes fiís étoient gros comme ceux de la toile de
chanvre ; elle étoit ufée & fale comme une
vieille nappe de cuifine; mais plus douce á manier
& plus püable qu’une étoífe de foie. On trouva
dans cette toüe des offemens avec un cráne a
demi-brúlé. On y avoit mis fans doute le corps
du défunt > afin que fes cendres ne s’écartaíTent
point , & ne fe mélaíTent pas .avec celles du
bucher ^ d’oü on les retira pour les tranfporter
dans la tombe. Cette toile ayant éte jetée dans
le feu , elle y relia long-tems fans étre brulée ni
endommagée. Le pére Montfaucon , qui femble
promettre plufieurs manieres de féparer les cendres
du mort de celles du búcher , n’indique pourtant
que celle-ci. On rapportoit les cendres de ceux
qui mouroient au loin dans leur pays; Sr il n’étoit
pas rare d’enfermer les cendres de plufieurs per-
fonnes dans une méme urne. Le cabinet de Ste.
Geneviéve renferme un vafe de terre cuite trés-
commun , qui a été trouvé auprés de Béziers. 11
a fervi d’urne cinéraire , Se il ell rempli d’oíTc-
mens á demi-brúlés ; ce qui prouve que par les
cendres des m.orts , on encendoit les relies des
oíTemens que Pon recueilloit , ( Voye^ ossiLE-
G!UM ), te que Pon renfermoic dans les
urnes.
CÉNÉE eut Elate pour pere. Voyei Atrax.
II fut un des Lapithes qui combattirent les Cen-
taures & un des Argonautes. 11 étoit né filie ,
dit Ovide ( Met. 1 1. 169. ) fous le nom de Cénls ,
& fa grande beauté la rendoit l’objet des voeus
de tous les princes de b Theffalie ; mais la fiére
Cénls rebuta tous fes amans fans youloir enten-
dre parler de mariage. Un jour qu’elle fe promc-
noit fur le rivage de la met , Neptune la furprit
& !u! fit violer.ee ; enfuite il lui promit de luí
accorder tout ce qu’elle demanderoit. Cénls lui
répondit, que pour n’ erre plus expofée á Poutraec
r'
íi
qii eiíe venójt de recevoir, elle deíijandoit , pour
toute gracCj de changar de fexe. Ses voeux furent
-Ur le chanip exauceSj Cems devint homme 5. &
a cette íaveur Neptune en joienk une aurre ,
le privilege detre invulnérahle. Des ce tems-lá
Cénee n alma plus que les exercices qui convien-
nent aux hommes, & s’acquit beaucoup de répii-
tation dans la guerre contre Ies Centaures. Aprés
c? phifieursj fans avoir pu erre íamais
bleíiej il fut accable fous une forét d’arbres ,
que ennemis lui jecérent j & coinme il alloit
etoufter fous cet horrible poids ^ on vit tout
d un coup fortir de deíTous les arbres un oifeau
Muvert de plumes jaunes & s’envoler : c’étoit
Cenée qae Neptune avoit aínli métamorphofé.
Enee trouva aux enfers Cénée qui avoit repris
fon premier fexe de filie.
.0 Cenée , Roi de Scyros ou d’Areadie , pere
a Atalante, Atalante.
GÉNÉEN, ^ ^ ^
CENEUS , 5 lurnom de Júpiter , a qui fon
fiiS Eercule batít un temple dans fEubée.j fur
le promontoire de Cénée , apres qu'il eut ravagé
i.'ÍEchalie..
CÉNOTAPHE. Ce mot eft formé de sauí ,
vuide & de ráipas- , tombeau. Les anciens
croyojent que les ames de ceux dbnt les corps
n avoient pas recu Ies honneurs de la fépulture ,
etroient pendant un fiéde avant que d’étre admi-
fes dans les champs elyfées. lis avoient cependant
imagine un moyen de réparer fomiflion des
ceremonies funéraites „ qui étoit delever au
mort un tombeau vuide ^ ou cénotapke , & d ap-
peler trois^ fois fon ame ou fes manes pour en
venir preñare poíTéíEon. Cette proclamation sap-
^es citoyens qui avoient péri dans un nau-
írage dans une bataille j ou dans une contrée
eloignee , furent 1 objet. ordinaire de ce fimula-
cre de ranérailles. Jafon {Pytki. y y.) avertit Péliás
dans Pindare de rappeler de cette maniere dans
la patne 1 ame de Phryxus^. qui étoit mort dans
la ^olchide. On voit dans Xenophon ( Exped.
Ljrz. ) les Crees _ éle ver un a Jeurs
camarades qui avoient péri dans Pexpédition des
dix mille , & dont on n^’avoit pu trouver les
€^s. Germanicus rendir les mémes honneurs-
< Tacii. Annal: 1. ¿z. ) aux légions de- Varus
ñx ans apres leur défaite-, L’éreélion du cénota-
pke & 1 appel de-fame du défunt devoient fuffire
pour fon repos . comme nous Patcefte Aufone
1 Earent. Praf. a'’. lo. )
Hoefatis & tumulis , fatzs & tellurls egenis ¡
P^oce ciere animas funeris infiar haber
Gauaent compafiti ciñeres fuá nomina dici ,
^¡'oníihushoc feriptis & monumenta jubent i.
is. y
i. s
Ces trois arricies ^ relatifs á une
C E N
"Lile Cíiant moefii cuz defizit urna fepizlcrz ^
El ozninc ter azeto pezie fepizlzus eriz*
Pour faire connoitre ceux qui avoient été
enfevelis dans les flots ^ on piantoit au-deíFus du
ceziotapke un débris de vaiflfeau , ,r.nL, , {Theo-
erzt. Idyll.za^. 30.). Souvent on gravoit des épi-
taphes fur les cénotephes de méme que fur les
tombeaux ( O-vid. Meta. xz. 708.) :
Inque fepulcro ^
Si non urna flamen junget nos Huera zfinozt
Ojfibus ojfa meis ¡ 6* noznert nomine tangam.
^ Le Cardinal Noris a écrit de favantes diíTerta-
tions fur les cénotaphes des céfars Caius & Lucius
qui font á Pife *
CENS.
CENSEURS.
CENSURE. ,
inftitution politique. des Romains , font bien-
rediges dans le Diéiionnaire de Juriíprudence >
nous avonspeu -de chofes á y ajouter, 8e: elles.
feront tomes relatives aux coftumes.
Le cens. fe iit d abord dans le Forum , enfuite
dans Ja C üla-Publica , qui étoit fituée au champ-
de Mars. Les deux cenfears ^ aíSs fur des- chaifes
enrules jpaffoient en revue toutle peuple romain.
Aprés que cette efpéce de jugement étoit pro-
Donce & exécute , l’un des cenfears , choifi par
le- fortj íé rendoit avec le peuple au champ de
Mars pour y tórminer le luftre , ad condenium
luftrum.^ II faifóit cette clorure religieufe en oflranr
un facrifíce , dont les vidimes étoient un cochon ,
une brebis & un taureau.
Lorfqu’un des cenfears mouroit pendant le-
tems de fa- cenfare , il étoit d’ufage que fon col-
legue fe demit , afin, que Ton. procédát á Télec—
tion de deux nouveaux eenfeurs, Cet uíage avott
pour origine une obfervation íuperííitieufe ^ rap--
portee par Tite-Live ( lib. v. 3 1 . ) Le tems ordi-
naire de la cenfure fut pendant long-tems de cinq
années ; mais fous la diélature de Mamercus!-
dEmiüus on le réduiíitá 18 mois.
II y avoit entre le cens & \& lizfire , ou dénom-
brement j des difíerences remarquables. Le pre-
mier fe faifoit fouvent fans le "fecond- C' étoit
toujours dans le champ de Mars que fe fkifoir
le^ luílre ; & pendant long-tems les cenfears exer-
cérent leurs fonétions dans le Forum.
On défignoit par le mot cenfus , non-feulement
le ce ns^ , mais encore lé revenu que les cenfears
exigeoient des féhateurs & des chevaliers, pour
les eleyet á ces dignitésj & pour les y mainte-
nir i c étoit alors cenfus equefiris , & cenfus
fenatorius.
CENSITOR, Ce mot défignoit trois efpéces
C E N
d’oíSciers cnargés , Ies uns de Taíliere des iirspots ,
les autres du recouvremenr ^ & Ies derniers des
pourfuites contre les contribuables qui ne s’ac-
quittoient pas. Muratori _( ii. 19. j. Tkef. InfcrS)
rapporte rinfcription fuivante gravee en Tiion-
neur d'un cenfitor :
P. M. V. C. P. FIL
PUBLIC VERO
AEQUITI ROMANO
AEQUO PUBLICO
PATRONO MUNICIPÍI
é
TRIEELGILI GALLICANO
CENSITORI
PROVINCIA THRACIA
CIVI OPTIMO
SEMPER PRO MUNICIPII
INCOLUMIT. SOLICITO
PLEBS URBANA ALBINGAN
Cenfor Jigillorum. Muratori ( 20 id. 2. Tbíf.
Infcr. ) rapporte rinfcription fuivante , ou il eíl:
fait mentíon d’un infpeóleur des fratues j cenfo-
ris fígillorum :
DEO MERCimiO
JULIUS. CERTUS
CENSOR. SIGILLOR
UM. COLLEGII. LIGN
IFERORUM. CÜLTORUM
EJUS DE SUO DEDIT.
CENSORIN , tyran fous Glande II.
Appius-Claudius Censorinos , augustos.
Les médailles de ce prince ne font connues
que dans Goltzius & Triñan.
CENSORINUS , furnom de la famille
Marcio.
lí lui vint de Marcius P.utilus , qui fut élu
dcux fois cenfeur contre l'ufage , qui ne permet-
toit de I'étre qu une feule.
CENSUALES. Les loix rotnaines déíignent
par ce nom des officiers qui tenoient regiftres
des fortunes des citoyens , fous Pautorité des
cenfeurs.
CENTAÜRES , monftres de Theífalie , moitié
hommes & moitié chevaux , nés d’Ixion 8c d’une
Nuée que Juoiter fubftitua á Junon ; üs étoient ,
felón d’ autres , le fruir de l'amour que Júpiter
consjut pour Venus.
Ceux qui prétendent trouver un fens á toutes
les vifions de la crédule antiouité , difent qpa-
les Ciataures étoient des peuples qui habitoicnt
de la Theífalie , voiíine du mont Fé-
i'.on ; quhis domptérent Ies premiers chevaux ;
& que comme avanteuxron n'av'oit point encore
vu á nomme á coeva; ^ on prit Thomine & le
chaval fur lequel il étoit monté pour un feul &
meme animal. Quoi qu'il en foit de cette exoli-
cation j il eíl certain que le Centawe Chiron ■>
precepteur d’AchilIe ¡ n'‘étoit qu’un excelient
ecuyer. Ceux des Centanres qui afliliérent aux
noces de Pirithoiis 8c de Déidamie , s’y que-
reliérent avec les LapiteSj qu'Kercule vengea en
chaíTant les Centaures de lá Theilalie.
Y a-t-il eu vraiment des Cer.taares , oa ceS
monftres fo.nt-iis fabuleux ? Ceft ce quhl n’eít
poi.nt faciie de décider. Plutarque dit qu'on en
préfenta un qui venoit de naitre d'une cavale ^
aux fept fagas. Phne raconte qu’ii en a vu un
apporté d’Egypte á Rome , & embaumé á la
maniere du pays. S. Jéróme aíTureque S. Antoine
rencontra un Hippocentaure dans le défert , &c.
Si fon veut décider la queftion par rhiítoire
naturelle;, onne trouvera daos aacun animal pro-
venu du mélange de deux efpéces , des raifons
fuíEfantés pour. admettrc la poflibilité des Centau-
res y des F aúnes y Scc.
Qaant a la maniere fabuleufe dont ils naquirent
dTxion & de la nuée , on la raconte diíféremment :
Ies uns prétendent quTxion, devenu amoureux de
Junon á la rabie de Júpiter , ofa déclaret fa
paíEon á la déeífe, & que Júpiter, loin de s’oífen-
fer de cette témérité , oífrit aux embraííemens
dTxion une nuée formée á la reífemblance
de Junon , de laquelle naquit un Centaure ;
d’autres difent quTxion ayant engagé , par I’efpoir
de la récompenfe , de jeunes Theífaliens d“un
village voilin déla montagne epkele om
Nuée (en grec) j á combatiré des taureaux qui
rav.igeoient la campagne autour du mont Pélion ,
le nom de la montagne , & le fuccés des jeunes
gens contre les taureaux, donnérent lieu á la fable
dTxion & des Centaures. Enfin Tzetzés aíTure
que le Júpiter dont Ixion aima la femme, étoit
un roi de Theífalie j qui eut la condefcendance
pour la paffion dTxion , non de lui céder fa
femme, mais de lui fubílituer une de fes filies
d'honneur appelée Nephele , de laquelle naquit
un fils appelé Imbrus , 8c fiirnommé dans la fuite
Centaure , de , piquant , & de óupa, queue.
D’autres donnent pour étymologie ces mots :
x.iílü'i Tsüs ratiftos y piquer de bceufs ; parce
que , difoit-on , les Centaures étoient des sardes
du roi de Theífalie , qui ramenérent a l’étable des
taureaux qui s’ étoient enfuis & effarouchés.
La fable les repréfente comme des étres d’une
forcé extraordinaire ; ils lanqoient des arbres
au-lieu de javelots ; ils déracinoient des rochers,
pour Ies jeter contre leurs ennemis : par lear
chute , ils renverfoient Ies plus gros arbres, &c.
11 y en avoit des deux faxes , & les poetes nous
apprennent qu’ils contractoient des mariages
7oS C E N
eniembíe. Les ancreris monumens repréCentent
¿es Centaura feiüelles attelées au char de Eac-
chus.
Defcendans d’íxion , iis déclarérent la guerre
á Piíichoüs, fon S!s, pour avoir part á la fuc-
ceíSon de leur pére commun. Ce différend parut
s’accommoder ; PirTrhoas les invira meme á la
folemnité de fon mariage. Mais touc-a-coup ils
conjurére.-.t d’enlever Hippodamie, que Firi-Soiis
venoir d'cpoufer , & les aucres femmes qui
aíiiftoient á tes noces. Cette enrrepn'fe donna üeu
á ce fameux combar entre- les Cenuiures 8c Ies
Lapithes , qu’Ovide a décrit dans fon doiizieme
Hvre des Métamorphoíes. Hercule , Thcfée ^
Neílor & les autres Lapithes'oui étoient de la
noce , vengerenc Pirithoas , & firent un grand
carnage des Centaures. Ceux qui périrenr dans
ce combar , furenr enterres dans un üeu que
l'on appela átpmsTapkos (tombeaii). Ces cada
vres répand;rent une li mauvaife odeur , que les
Locriens de cette contrée furent nomniés Oy}les ,
c’eíl- á-dire j piians. Les Centaures qui échap-
pérent au carnage, s’enfuirent dans les montasnes
d' Arcadle , ou Hercule , défefpéré d'avoir blelLé
dans le combar Cbiron , fon ancien precepteur ,
les ponrfuivit ; mais i>?eptune les préferva de fa
fureur. I!s fe retirerent enfuñe dans Piíle des
Syrénes , oü ils périrenr dans les charmes de la
volupté. Ainíi fut extentirnée la race des Cen-
taures. Au relie , tous les Centaures ne defcen-
doient pas d'Ixion. Koye^ entr’autres Chiron.
Les Centaures chantes par les poetes font
Chiron, Eurytus,Amycus , Gtynius, Rhoétus,
Ameus , Lycidas, Méáon, Piíenor, Caumas,
Mermeros 8c Phoius.
_ Ce_t aífeiT-bíage monílrueaxefi le fruir derima-
gination des Egyptiens. Auífi en voit-or. un fur
un monument égyptien du palais Barberin , &
fur une rabie de bafaite du Mufeum Clémenrin
á Bologne. Ces deux Centaures ont les quatre
pieds de cheval. Mais Ies Grecs qui , en dénatu-
rant Ies ficlions érrangéres , crurent faire oublier
kur origine, donnérent á leurs Centaures les
pieds de devant íemblables a ceux de ITiomme.
ils écoienr ainfi fculptés fur le fameux eoffre de
C}’pfelus, qui vivoit peu anparavant Cyrus. On
trouve encore dans la collediion des píerres gra-
vees de Stofch , Lempreinte d'une pierre Q ule.
elnjfer ^ n^. 78. , fur laquelle Théfce combar
ayec un Centaure , cmi a les deux pieds de devant
fiits comme ceux des hoir.mes.
On voit des oreilles de cheval a quatre Ctn-
taures fculptés far nn tombeau pubh'é par Gori
(Infcript. EtrurU^ tom. 3. vi. 27. ) 7 & les mémes
oreilles fe font encore remarqner á des Centau-
res qai font deíSnés fur les vafes étrufques de
W. HaniHton.
Chaoue jour en décc-avre des monumens qui
prouvent que les ét.ufques avoient connoifTmce
des ouvragcs de ía Crece ■, 8c Is comre de Cay-
C E N
íus a rapporté pluíieurs ftijets quüis avcient tires
d’Homere. 11 croyoit que ce peuple avoir em-
pruríté" les Centaures des fables grecques , &
quüls les avoient exprmés plus ou moins bien,
felón le fícele dans lequel ils ks avoient rras^ailléj.
Le Centaure qu’il 2 publié '^Rec. iv. pl,
•-r®- 5. ) porte une maíTue rnenaqante. II parol:
dífporé & ccrr.pofe d?.íts le eoílt de ceux que
Ies Grecs ont décríts en ditícrentes circ níían-
ces , & que ks monumens nous repiéfentent
en core.
W 'nkelmann <' Hzfi. de t Art , Uv. 4. ck. 2. f .
5- 4- ) a obfervé que les Centaures anticuas ont,
pour !a ^upart , un caractére diílinétif. Ils ont
les cheveux relevés au-deíTiis du front , a peu-
prés comme ceux de Júpiter. Les fcalpteurs
anciens ont voalu fans doure par-íi indiqaer leur
affinité avec ce dieu , qut étoit pére d'Ixion ,
celui auquel ks Centaures devoienr le jour. Ce
caradlére eíl frappant dans le Centaure ¿te. la Villa-
Borghéfe , & dans le plus age des deux Centau-
res du Capitole. II faur avoiíer cepeodant qu'on
ne le trouve pas au Centaure Chirou , fur une des
peintures rirées d’Herculanum,
Outre le Centaure de la Vifla-Borghéfe , que
nous venons de citer , on y en voit un autre
qui eñ fculpté fur un autel , & qur porte fur
fon dos Júpiter chaíTeur. La méme Villa renferme
encore un bas-relief, qui repréfente une Cen-
taurejfe allaitaní fon petit : fuisr répété fur une
belle pierre gravee , pubiiée dans- les Monumend
de Winkelmann , foiis le n°. So.
Ck-íl ici le fieu de décrire les deux Centaures
de marbre noir , appelé bigio , qur font un des
plus beaux ornemens du Mufeum Capitolin. On les
deterra dans ks ruines de la Vilia-d’Hadrien ,
8c le cardinal Fiirierti , qui a éctit un traite de
Mufivis , en devine pefTeífeur. Aprés, la mort
de ce préiat , le pape Clément X1ÍI. les acheta
tretze mtlie écus rsmains ( 71,500 lív. ) avec la
inofaique des colombes , & placa ces trois psó-
deufesantiquesau Capitole. "Winkelmann croyoit
que ces deux Centaures nktoient pas les meil-
leurs des ouvrages grecs du fiécle d'Hadrierr.
On lit fur kars focks Ies noms des deux fculp-
tears , Ariíléas & Papias d’Aphrodbium- C«
Centaures fujent trouvés trés-mutilés , IrS
exigeoíenr de grandes réparations- lis portoient
fans doure autrefois des enfans fur kurs dos,
comme celui de la Villa- Borabéfe* : ce qui eS
indiqué par un grand troa carré percé dans lears
dos ,, & deíliné á fixer le tenon de la figure.
Celle ci étoit probabíement de bronze , puiC-
qn'elle n^étoit pas faite du méme bloc que k
Centaure. Otr pourroit croire , d’aprés k barón
recourbé ( ) cue tient k plus asé des
Centaures , que celui-ci ell Chiion , ce chafTeiir
fameux , de qut .Tafon , Théfée , Achiile Se plu-
I ‘íeurs antres héros avoient appris l’art de la chañe,
i PíaííeaFS éerivains ont dk que ces deux Centaures
C E N
étctent de bafalce ; maís c’eíl une eiTEur tnan!-
fertcj i!s font de marbre no'r.
üne des trois grandes peintures trouvées á
Kerculanu’.n , repréfente le jeune Achille & le
Ctn-taure Chiron , qui luí apprend á iouer de la
Ijre. On volt d’autres Centúures eiar.s ¡es pelntu-
res monochroínes { d'une fenle couleur ) fur
marbre j tirées de la méir.e riiie.
Les Centaures étoitnt cueiquefois le fymbole
des jeux équeírres. C'eít á ce tirre fans doute
que l’on a placé fur une tr.édadJe en grand
bronze de Caracat'a , frappee dans la colonle de
la Troade , deux Centaures ayant des alies de
papllion & portant un vafe. Les alies deílgnent
Jes génies des jeux équeftres, donr le vafe étoit
le prix.
Centaure ( on volt un ) fur Ies médailles
de Lesbos , de Theffalonique , de Magnéfie ou
TheíTaiie , & en général fur celles de la 1 heífalie
& de la .Macédoine.
CEN’FAÜRUS étoit fiis d’ApoIIon Se de
Stilbia , filie du fleuve Pénée. Quelques auteurs
luí attribuent I’origlne des Ce.itaurcs.
CENTENARIA. Voyci Tabee & PoRXi-
QUE.
Voye:^ Centürion.
CENTEN lO. ■) T! ^ f
CENTENIONALIS. f ^ men.ion
dans les loix romaines d^’une monnoie défignée
indiíféremment fous ces deux nonas. Gouthier
( ¿’í Ofic. Dom. Augufi. iil. !>;. ) la coiifond
avec les firmes centenaires , valant cent livres
d'or , qu avoit fait frapper Elagabale. Cafaubon,
Saumaife Se plufieurs autres croient que le
ze/iio ne valoit que cent aureus. Mais Jaeques
Godefroy penfe au contraire que le nummus cen-
tcnionalis éto-it Textérrae oppofé aiix firmes cen-
tenalres , c’eft á-dire, que c'étoit la plus petite
monnoie , valant cent fifis. Cette derniéie opi-
nión paroir la plus vraifemblable.
CENTESIMA. On appeloit á Rome de ce
nom le centieme des, chofes vendiies que pré-
levoit le fife. Augufte étendit cet impót á toute
l’ítalie aprés Ies guerres civiles. Tan de Rome
759 ( Tacit. Anual. I. 78. z. ). Tibére le confa-
cra á Tentretien du tréfor militaire. Caligula
( Sua. c. i6. n. 9. ) en déchargea ritalie.
CENTESIMJE ufan. Voye^ IntÉRÉT.
CENTESIMARL Macrin voularft acauérrr
la rénutarkm de prince clément , rédutíit au
centieme le dixiéme des troupes que Ton pu-
nilToit ordinairement par ia voie de la décima-
tiojt.
CENTRO , furnom de la famille CtAniMA.
CENTO. L’expreffion genérale de ce meet
¿éSanok une étoáe , un hablUemest feu ¿e
C E N
709
plufieurs morceaux, ca de morceaux de plufieurs
couleurs. C étoit en particulier le nom des cou-
venures fsr lefqiielles ccuchoienr les pauvres Se
les foldats , ceiai des habits des payfans , cciui
des viefilcs ctoífes dont on coavroit ¡es maifons
i'C les machines de guetre , p-our les rerdre im-
pénétrables aux trairs í; aux pierres que lauqcHt
i'ennemi, Stc.
CENTONA ¡RES. ,, , , j t-, .
CENTO V i 'ilí ( code 1 beo-
dnfíen an tiire des Centouúires 8e des Dendro-
phores ; & dans ¡es anciennes inferiptions on les
joint toujours aux charpentiers , tiguarü , aux
ferruriers , firrarií , & aux dendrophores , aen-
dropkori. lis ne faifoient qufiin corps de métier
avec ces forres d'artifans , que l'on appeloit ,
Collegzum Fabrorum & Ceutanariorum. { Gruier ,
p. XLV. & le Cbds Théodofien.'). Quelques écri-
vains oíit douté de la fignification de ce mot ,
Se de l’état ou de la profcílion des Centonaires j
mais il éft cerrain que Ton appeloit chez les
Romains centons , íes pieces de cuir & (fétoiíe
dont on couvroit Ies gaieries appelées vines. ^
fotrs lefquelles Ies aíEcgeans faifoient ieurs appro-
ches dans un íiége, & Fes roni-s & autres machi-
nes dont on fe fervoit pour faite les atraques
& pour battre une place. II eft naturel qu'on
ait appelé Centonai: es ceux qui travailloient au.x
centons , c’eíí-á-dire , á ces pieces de cuir Se
d'étoflé , Sí qui lespréparoient. Deplus , trofs fortes
de gens Se d’ouvriers étoientnécefíaires pour lesga^
leries & autres ouvrages dont n-ousparlons 5 1°. cíes,
charpentiers , tignarii , ponr préparer Ies boís ,
tlgna , dont Hs étoie’tt compotes ; 2°. des fernj-
riers , ferrarii , pour irer ces bois avec <fes lien.s;,
des barres , des chevíiles de fer ; des cento-
naires , centouarii , pour les couvrfr de centons
oii de .pieces de euk crú Se d'étofFes mouillées,
afin d’empécher les ennemis de veir ce qui fe
paílóit deíTous , Se d’y mertre le feu. li nTá
done point étoanant que fon joigne tous ces
ouvriers ertfemble , & qu’iís pe fatíent qu'un;
méme corps , puifqufils travaiiloient de concert
á. difi'éremes parties des mémes oavrages.
CENTUMALUS , furnom de la famHIe
Fulvia.
CENTUM-PO-NDIUM , anclen poi.ls des
Romains, qui valoit en poids de Fratce 68 üvres
II valoit en poids anciens ico nnries- itali-
ques, ponda, livres>
Cu L2CO Gtices,
Ou 36CO dueües ,
Ou 4800 ficiliques ,
Ou 72' o fexrules ,
Ou 840a der.iers de Papv.'ríus,
Ou 9600 deniers de Néron.
Stü.VíVír1V, } tr&unalapperfte.^
tumvirat, fut étabíi á- Rotne enviroa Taa 51 j
Tí® C E N
áe fá fonditíon. Feñus nons a confervé Ies f
<iétails de fa création. Le préreur de la vüle , |
appelé Pretor Urbanas , ne pouvant foffire á
juset toas les preces da peuple , on créa Tan jio
jde Home un préreur des étrangers, appelé Prstor
Peregrinas , qui jugeoit les caufes des étrangers
íeulemerst , pendant que celles des Romains ref-
fortiíToient toujours du préreur de la vüle. Trois
íins sprés la création de certe feconde magiñra-
íure les deux préteurs ne fufEfoieut deja plus 5
jce fut alors que Üon forma le cent'.imvirat. Pour
ie compofer , on choiíír trois citovens dans cha-
cune des 55 triburs, ce qai fit le nombre impair
•de I fOj dénommé par le noiiibre abfolu de cent ^
£entamviri.
Les centamvirs ne íiégeoient pas fur des chai-
fes enrules , mais fur des bañes , fahfsllia , au-
deíTous des pre'teurs. Tan-t que la république
fubfiíla 5 ils ne connurent que des caufes de
peii d’importance ; mais les empereiirs étendirent
3eur teiTort j 8c fous Vefpafien ils connurent des
aíaires criminelies comme. des civiles. '
CENTÜRIE. Lorfque le peuple romain s’afTem-
Llolt p>our creer des magillrats , 011 pour établir
•des loix j ou pour délibérer des affaires qui con-
cemoicnt la république , il étoit divifé par cen-
turies. Cela fe faifoit dans le champ de Mars ^
& ces aíTemblées s’appeloient comítia centu-
riata. C’ étoit üaffemblée de tout le peuple. Les
cohortes- romaines étoient diñribuées par décu-
ries & par etnturies. Le decurión commandoit
la décurie ; le centurión la centurie : chaqué
cohorte étoit compofée de íix ceniurles ^ & une
légion de foixante centuries. Poye-^ pour les
détails des centuries de Reme Monnoie des
Romains fous Servius.
Centurie ^ mefure gromatique des anciens
Romains. Elle valoit 107 arpens & de
France.
Elle valoit en mefure des Romains ,
100 hérédies ,
Ou too jugéres,
Ou 400 ades quarrés ,
Ou 2400 onces de terre ,
Ou 9600 ficitiques de terre.
CENTURION, CentenieR, Centurío & Cen-
ienarius , oíEcier romain qui commandoit á
cent fantaíTins , ou plutót á cent dix , en y
comprenant les decani. Les tribuns confioient
le commandement de chaqué manipule á deux
centarlons f Polyb. vi. 11. ) , qui fe remplaqoient
l'un l’autre en cas d’abfence ou de mort. Végéce
( ti. 8. ) compre centurions par légion ; mais
Denys d’Halycarnafíe porte ( rx. p. 5-67. ) ce
nombre á foixante. AuÍu-GeI!e eft plus expreífif
encore fur cet-objetaue Denys. II y a , dit-iL
dans chaqué légion foixante centuries , trente
ssnipules j dix cohortes.
Les Cí/eterio.íí pertoient fur leurscafques des
marques diítindives. Végéce ( il. 15;) dit quec’c-
toient des lettres. Spon croyoit que c’é'toit la
marque 7 , qui déíigne un Centurión dans l’épi-
taphe fuivante j avec le nombre coh. i. ou ii.
eu III. déla cohorte qu’il commandoit;
PUS MAN
QUARTIUS. JÜNIUS. QUAR. F. PAI.
HESPERINUS
7. COHO. VI. VIGILUM.
Les officiers 5 &parconféquent!es Centurions,
qui font fculptés fur la colone Trajane portent
fur leurs cafques des cimiers plus ou moins ornés ;
les cafques des foldats ne Ibnt furmontés que
d’un limpie boutoii.
Lecaradtérediñindifleplusapparent des Centu-
rzons , étoit une canne appelée vitis, vigne^ parce
quelle étoit de cette plante. On en voit plufieurs
dans les mains des Centurions , qui font fculptées
avec des épitaphes j fur les tombeaux , pubüées
par BoiíTard & Munatori. Ils frappoient avec
cette canne les foldats qui travailioient négiigem-
ment ^ ou qui avoient commis des fautes légéres
contre la difcipline.
Les Centurions pofoient les fentinelles , 8e
faifoient les rondes. Ils diílribuoient aux foldats
les récompenfes , 8c leur infligeoient les puni-
tions. Leur paye étoit double de celle des fol-
dats ; elle étoit de quatre oboles (13 fols un
tiers j felón M. Pauílon ) au tems de Polybe
( VI. 37 ). Ils fe plafoienr dans Pordre de ba-
taille j á la tete de leurs centuries.
On choiíit pendant long-temSj pour Centurions,
íes foldats qui avoient montré le plus d’intelli-
gence , de courage ^ de fageíTe ; & c’étoit un
objet d^ émulation pour la milice Romaine. Mais
Végéce j qui écrivoit fous Valentinien le jeune ,
fe plaint de ce que les empereurs & les gené-
raux nommoienr des Centurions qui havoient
fouvent pas fervi dans Ies armées ( /7. 3. ) Sr il
attribue á cette caufe le degré de reláchement
ou étoit tombée la légion , legionum robar zn-
frañum , cum prcemia virtatis oceuparet ambitio ,
& per gratiam promoverentar milites , qui pro-
moveri confaeverant per virtutem.
Le Centurión de la premiére cohorte de chaqué
légion ou de celle des primipiles , étoit primipilc
hii-méme ^ 8c s’appeloit le premier Centurión.
!1 commandoit les quatres premieres centuries ,
8c étoit chargé en particulier , de veiller á la
confervation de TAigle légionnaire ( P
il. 8. ).
CzttTURt o RERUíf ItITENTIUM. On tTOUVC
fotis les Conñantins un officier de ce nom a
Rome. II étoit prépofé á la garde des monu-
mens de cene ville , 8c il faifoit parcourir les
rues a des foldats pendant la nuit , afin qu ils
CEO
rirptchaffent de matiler iesítatues. ( ValefJnots.
ad Ammian. l. l6. c. 6. G. ),
CENTURIPJE ,cnCici\&. zentofiiiiníin.
Les médailiss autonomes de cette ville font :
C- en bronze.
O. en argent.
O. en or.
Leurs types ordinaires font t
Ln lion courant.
Un foudre aílé.
U’ne charrue^
Une lyrc.
Un trépied.
Une maíTne^
CENTUSIS, ■> . , .
CENTUSSIS f nionnoie des anciens Ro-
mains.
Elle vaiut depuis la fondation de Rotne juf-
qu alan 48?, 100 livreSj monnoie adtuelle de
rrance.
Ce ne fut jamais qifune monnoie de compre ,
& non une monnoie réelle j elle repréfentoit
cent livres de cufvre.
CE® 1 US , Tiran , qui j felón Hcíiode ^ étoit
pete de Latone.
CÉON. Achénée dit ^ d’aprés Ariftoxénej
qtf Hvagnide le Phrygien avoit inventé des chan-
fons appelées Céon 8c Babys.
CEOS , iíle. KE. & KEÍ2N.
Les rnédailles autonomes de cette iíle font •
RR. en bronze*
O. en or.
O. en argent.
Leur type ordinaire eíl un cheval á mi-corps.
CEOS. V^oye:^ ZlA.
CEP. Eoye^ GeB.
CÉPHALE& Pr-ocris. Cé-ph.ale j fils de
Déjonée j roi de Phodidcj époufa Procrisj fosur
d’Orithie , & filie d’Eredhée j roi d’Athénes. i
Unis f un á Tautie par Tamour le plus cendre ^
lis avoient les mémes inclinations j le méme !
penchant : ils vivoient contens & heureux , lorí-
que la jaloufie troubla lá douceur de leur vie.
Un jour que Cévhale chaíToit fur le mont Hy-
méte j l’Aurore Tappercut, & éprife de fa beauté;,
1 enleva j: mais Céphalt , infenfible aux charmes
de fon amante ^ & á tous fes difcours , conferva
Ion coeur á fa chére époufe. Aurore laífée de
fa conllance , le renvoie á Procris , en lui difant
qu'il fe repentiroit un jour de Tavoir tant aimée.
Ces mots j.quele dépit fsai avoit faitpronon-
®er á TAurore ^ donnérent du foupcon á Cé-
phale 5 il craignit refret de l’abfence fur le
coeur d’une jeune beauté , & forma la réfolution
de tenter lui-méme la fidelité de fon époufe :
‘ Aurore j en changeant tous les trairs de fon
vnage^j favorife^ fon entrepriíe •, il rer.rre dans^
ion paraK ,, fans erre connu de perfonne : il trouve
Procris defolée de fon abíence ; il ne s^en tiene
pas la^ il pourfuit fon delfein ; & lorfqu á forcé
üe foins & de promeífes éblouilTantes il efi oar-
venu a fe faire écouter , il découvre Pépous.
cfons 1 amant. Procris ^ honteufe de fa foibieífe^
senfuit dans les bois, & fe met á la fuite de
Diane , en déteftant tous les hommes. Son ab-
eence rallume bientót Pamour dans le ccear de
Cépkaley'ú s^accufe d’imprudeBce , & juílifie
fon époufe : il va la confoler^ & Pengase á re-
venir avec lui : les voiiá réunis ^ & la réconci-
liation efi: parfaite. Mais Procris á fon tour prend
de la jaloufie , & trouve la mort en voulanE
s eclaircir.
Elle avoít fáit préfent á Céphale d’un excellent
chien de chaffe que Diane lui avoit donné 3.
( Voye^ Lélape j, ) & d’un javelot 3 dont 1a
vertu etoit de frapper toujours au but 3,& de re-
veiñr tout fangiant a fon maitre. Cépkale aimoit
pajüopnément la chaíTe auifi-tot que le jour pa-
roiíToit 3 il alloit dans les foréts voifines fans-
autres armes que fon feul javelot 5 & lorfqu’á.
forcé de tuer du gibier 3 il fe trouvoit fatigué 3,
il allojt fe repofer. 3 & fe rafraichir a, Pombre
des arbres. Alors- il appeloit Aura 3 c'efi-á-dire 3.
Js ^Zéph're á. fon fecours 3 & Pappeloit des.
mérnes noms qafil auroit pa doniier á quel-
qi:es_ nymphes Viens foulager mon ardeur 3, di-
foit-Íl3 la douceur de tan.kaieine me ckarme. ¡,m£:
ranime y & fait toute ma jóle ; c‘efi toi qui fou.-
tiens mes forces abattues. Viens, dono Aura y,
viens done d mon fecours. Ce nom fouventré-
pétéj fut pris pour celiii d’une nymphe quet-
qu’un en inñruifit Frocris 3 quiernt fonvmari-irr-
fidéle ; elle voulñt s’en éclaireir- par elk-méfne r
le lendem^a elle alia fe cacher dans un bniíFon:
voifin du lien ou Cépkale venoit fe repoferr ella
Pentendit répéter fes douceurs au Zenhire j; Pin-
fidelité ne parut plus- douteufe á pfocris 5 elle
ne patfe conten ir , & poufla quelques foupirs^,
qui furent entendus de Cépkale. II tourne la téte3,
& voyant remuer les broíTaiiles qui étoientau-
prés de lui 3 il croit y appercevoír ane beta
fauve_3 & luí lance fon dard ; mais iPreconnoir
la voix de Procris au cri qu’elle jette ; il accoartr^
& aux paroles qu’elle prononce 3. il devine
fon erreur 5 á peine a-t-i! le rems de la défabu:
fer 3 elle- expire-entre fes bras.
C/pérz/fétoitbífaieuld’LTyílé. EbyepARcÉsius-
Euripide dre que PAurore enleva aux cieux^ C¿—
pkale , aprés ia mort de Procris.
C’eft ainfi qu’Ovide ( Meta. l. 7; ) a raconté
la fable de ces deux infortunées- viñimes de h.
jaloufie. Mais Hygin dit que Cépkale fut acen^
café devant PAréopage 3 pour avoír tné fon-
époufe. D’autres cenvains affurent que Jnoitsrr
le chanec.'. en cié: re. “
7! i C E P
CEPHALENIA , iüe. ke.
Les méJiities autonomes de cette viíle font :
RRR3. en bronze.
Lear type ordiniire eíl une tete de bélier,
ou un oifeau.
CEPHALOEDIUM , en Stcüe. ke<I)AA.
Les médailles autonomes de cettc ville font :
R. en bronze. ~
O. en argent.
ERR. en or.
Goltzius feul a attribué des médaiilcs impé-
riales Grecques á cette vil!e.
M. Neumann reftitueá Palés, dans l’ifle de Cé-
phallenie, les médailles d'argent fur lefqueiles on
lit KE<í>A , KE<^AA, avec Un homme aílis fur des
rochers & tenant un iong baton.
CEPHALONOM ANTIE , K.£^a>irc!iaiTítií ,
divination par la tete d’un áne. Les anciens la
pratiquoient en metrant fur des charbons allu-
més la tete d’un áne , en récitant quelques
prieres , en pronon^ant les noms de ceux que
Pon foupijonnoit d’un crime , & en obfervantie
moment ou les máchoires de cette tete fe rap-
prochoient avec un léger craquement. Le nom
prononcé á cet ¡nílant déiignoit , dit-on , le
coupable.
CÉPHÉE , fut , dít-on , un roí d’Ethiopie ,
pére de la célebre Androméde , & placé au
ring des aftres avec fa filie , fon gendre & fa
femme. Voyeii^ Andromede , Cassiopée ,
Persée , Phinée.
Nous voyons , dit M. Rabaudde St. Eílienne,
dans la región fublfme dii póle , un roí , une
reine, une princeíTe & un guerrier , leur gendre
fctur , dont les armes & le maintien annoncent
la plus grande bravoure : ceci rappelle ce que M.
Bailli a rapporté des Chinois , qa’ils ont placé
au póle 1‘Empíreur , Vlmpératrice & 1‘héritier
préjomptif de la couronne ( Hifi. de l’ Aflron. an-
cierine ¡p. loz ). La reine eíl aíTife fur un troné j
le roi debout met le pied fur l’axe du monde ,
fa main tient un fceptre. Et pour le dire en paf-
fant , ils étcient peines avec le vifage noir. Bayer,
aui s’eft attaché á rendre les conílellations aufii
femblables qu’il luí étoíc poílible á la peinture
antique , n’a pas oublié cette circonftance. Une
ancienne tradítíon apprenoíc que Cépháe , ce
roidupole , étoit Ethiopien ; (^Eíhiopumpopulos ,
Cephaeaque confpicit arva. OVID. MetAM. L.
IV. Germánicas Cefar dit la méme ehofe. J &
il y a pluGeurs raifons de croire que e’eft de
i’Ethiopie que les fciences font parvenúes en
Egypte.
CÉPHTSE , fíeuve dans le voifinage d’ Argos,
pére de NarciíTe. Voye^ Ikachus-
CÉPION , air de ñute des Grecs.
C F R
CERJETANIA , en Créte. REPAHAtí
Hunter poffédoit une médaiüe autonome
d’argent avec la légende ci - deffus , que M.
Combe attribué á Ceratania.
CER.4MBE , vieux hibitant du mont Othrys ,
en Theííalie , s'étant retiré fur le Parriaffe , pour
éviter Pinondation du déluge de Deucalion , y
fut changé en oifeau par Ies Nymphes de cette
montagne ; ou , felón d’autres , en cetre efpéce
d’efcarbot qui a des comes , appelc en grec
II paroit que !e nom de l'cfcarbot a
fait imaginer la métamorphofe.
CERAMÍCíES , féres mieux nommées Ce-
RAMiQUES Voyei k mot fuivant.
CÉRAMIQUEl. C’ell un nom grec , qui vient
de , tulle y ou de kí^cíkíüoí lieu ou l’ori
falc de la luile , tuilerie , & lieu báti de tulle ,
c’eíl-á dire , comme nous parlons en francois ,
báti de brique. Plufieurs endroits ont porté ce
nom. Hefychius 8c Suidas difent qu’ii y avoic
deax céramiques á Athénes , l’un dans la viüe
8c l'autre hors de la ville. Le céramlque de ia
'filie étoit un lieu oü I’on faifoit aux frais du pu-
blic , les funérailles 8c les oraifons fúnebres de
ceux qui avoient ét¿ tués dans la guerre. On
élevoit fur leurs tonabeaux des colonnes fur
lefqueiles on faifoit graver Pendroit ou i!s
avoient été tués , 8c leiir épitaphe. Le cérc-
mique du fauxbourg étoit un lieu ou les femmes
débauchées s’aíTeinbloient. Le céramlque de !a
viile formoit Pun des plus beaux quartiers de la
ville d'.Athénes. ( Spon en parle dans Con voyage
de Crece y p. il. p. iBl 8c voyei aufli Meur-
fius Athén. Att. ). Le fcholiafte d’.4riílophane
dit qu’on y célébroit des jeux , qui s’appeloient
l Tüí Kixi le combat du flambeau ,
parce que ceux qui couroient , portoient un
flambeau. Les enfans donnoient des coups da
plat de la main á ceux des coureurs qui ref-
toient en arriére , 8c cela s’appeloit des coups
céramiques. ( Voye^ ce fíholiaíle , fur la fin du
IV'. 3.¿ke de la comedie des grenoullles , fur
Pañe 1'. de eelle des olfeaux , Se fur cclle des
chevallers ; aíte 11 , fcéne Paufan., Liv. I. )•
On célébroit trois fois l’année des jeux dans
le céramlque , en Phonneur de V ulcain 8c de
Promethée. C’éroií peut-étre dans ceux de Pro-
méthée que Pon couroit avec des flambeaux,
á caufe du flambeau que la fabk difok qu n
avoit aliumé au ch r du foleil , pour animer le
corps de Phomme qii’il ai'oit forme.
Plíne ( Llv. xxrv , ch. ii) du que ce neu
fut nommé céramlque , parce que Chalcoílenes ,
ouvrier fameux en ouvrages 3c ílatues de teire
cuite, avok fon atte'ier dans cet e.adroic.
Pau-Canias ' Llv. 1. ) aíTure que ce nom Itn '
du hér; s Céramus , que Pon ctifoit erre fils de
Bacchus Si d’Ariaclne. _ U
La porte d’.Athénes , qui étoit vorfine ‘ -
* 1 na
C E R
Tun des céramlques , s’appeloií porte céramique.
CERAP.IJE.\^ . , r -c ■
CERERIJE f Ignórela lignifacarion propre
CBS mors. Gruter a pubüé cettc infcription :
I-í. D -í, CF-RAiAE , c’eft-a-dire , magns. Deám
a-.trl :; í£. Muratori (33- 8. ) a publié cctte
aiArs ; AUGUST.-E BON^ DE^ CERARI^.
CERARIüM , impót que les magiftrats Ro-
mains levoient fur Ies Drovunces de Tempire ,
peur fournir de cire leur maifon. Cicéron en
fziz mention áans fa troifiéme Yerrine ( 78 ) :
ct: arz-tim verb quid ? Quomodo hoc nomen ad ra-
no zi^s rnagiflratus ¡ quomodo ad pecamam publi-
sam allaturr. ffh ?
CÉRASTES , peuples de Tifie de Ch^'pre ,
qui avoieir: chez eux.un autel dédié á Júpi-
ter Thofpiralier ^ qui étoit toujours teint du fang
des étrangers- Venus , ofrenfée de cette inhuma-
nité_3_ les changea en taureaux. Ceft pour nous
marque les moeurs , feroces de ces peuples.
D'aiüe-.irs j comtne le mor x.í(a.¡r figniíie come ,
on dit qu'ils portoient des comes. Ldfle méme
de Chfore a porté le faux nom de cérañe ,
oiT cornue parce qu'eile ed environnée de pro-
montoires qui s'éiévent dans la mer , & font
voir de loin des pointes de rochers comme des
comes.
CERASUS , dins le Pont. kepacoyntiQn
^ Cette ville a fait frapper des médailles im-
periales grecques , en Thonneur de Marc - Au-
réie.
CERATIUM , monncie. Voyex^ Keration.
CERAUNOSCOPION , X.Z^Oím0T}C0^UQV J ma-
chine de théátre des anciens. C’étoit une ef-
pece de guérite , ou de tour portarive , d'oú
Júpiter lanqeit la foudre , dans les piéces telles
que YAjax, fils d’Oilée. Brontée,
CERBÉRE.
On fera peut-étre étonné de trouver Cer-
bere aa rang des divinicés infernales ; car on
Be connoít aucun temple j aucun autel elevé
a ce redoutable monflre. Mais un paíTage de De-
nis Périégéte j relatifá la religión des EtrufqueSj
nous a engagé á lui donner place dans la mytho-
logie ( Perieg. v. z. 48. ) Grecque. II dit d’aprés
Scytnnus de Chio ^ qu’on voyoit dans la Campa-
nie j auprés de TAchéron , un oracle de Cerhere.
L endroit oú oníe confulto'it étoit fouterrain.
Si le pouvoir de rendre des oracles n^étoit pas
toujours na privilége excliiíif des divinités j ii
n étoit an moins attribaé qu’á des hommes
déiíiés 3 ou a des étres que la crainte ou la re-
connoiíTance égaioit aax dieux.
Le refpeél pour Cerbere étoit paíTé des Egyp-
tiens aux Etrulques & aux Campaniens ; nous
íavons én effet que Ies premiers rendoient un
cuite religieux aux chiens en qénéral ^ embléme
groíEer des chiens du ciel ctoilé. lis leur avoierst
Antiquités , Tome I.
C E R 715
confacré un nom & un attribut de la divinité,
-Anabis. Les chiens ét .ient pr-ípofés en Eg'ypre
á la^ garde des temples Se á ceüe des lieux oui
renrermoient les momies. Cette derniére fonéíion
ne pouvoit manquer de faire reiai.lir ñir eux
une partie du refpedt que ce peuple avoit pour
les cadavres de fes parens. Diodore , cité par
Eusébe , { Prepar. Evang. libro cap. 8. ) rá-
cente que le corps d Apismort ^ étoit remis par
Mercure au bout d'un cercain efpace de -
min j á un Egyptien caché á moitié fous un
mafque de Cerbere. Auíli voit-on fouvcnt ce
dernier ^ place aux pieds de Sérapis-PIuton ^ par-
tager ks hommages avec cette divinité.
Les Etrufques eurent de bonne heure des
relations avec ¡es Pélafges , dépofitaireSj comme
les autres Grecs, d’une partía desdogmes Egyp-
pt'.ens , mais trés-altérés. lis íes faiíirent avec em-
preíTement. De toutes Ies connoiiTances qu'ils
leur fiirent alors apportées , la croy^ance des
enfers fut reque avec le plus d’avidité ; car ayant
trouve dans la Campanie un lite pareil á celui
qu’offroit TEpire fur lesbordsdu triíle -Áchéron^
iis donnérent á cet endroit & aux environs , les
mémes noms que portoient chez les Grecs ces
redoutables lieux. On vit done paroitre dans
THefpérie un nouvel Achéron & un nouvel
Averne. L’Oracle de Cerbere , place daas le
voifinage 5 nous donne á entendre qa’un femblable
Oracle fe trouvoit fans doute dans TEpire^ ou
dans la Thefprotie, auprés de Tautre Achéron.
Fondés parles Etrufques , les Romains requrent
dkux ces notions théologiques avec les arts Se
les fciences. Une épitaphe latine rrouvée á Ca-
mertum ( Kippingíus antiqu. rom. lib. 4. cap.
6 ,pag.jji.') ázm TOmbriCj en faitfoi. « Infer-
no. Plotoni. ch arae. uxori. Proserpinae.
TRiciPiTiQUE. Cerbero, munüs. mecum.
FERENS &C.
Nous trouvons dans Gori , une forte preuve
de la vénération des Etrufques pour Cerbere ,
& du pouvoir qu'iís lui attribuoient. On voit en
eífet fon image gravee fur pluíieurs fcarabées
qui ont été travaillés par des ardiles de cette
nation. Les trous dont ils ont etc parces aa-
noncent ca’on les portoir en amulette fur les
bras ou fur la poitrine : ils partageoient done ia
confiance & la vénération avec le phaílus de
Priape & les attributs des autres dieux. Les
Grecs penfoient ,de mcíne. Nous voyons dans
(Edipe á Colone, le choeur adrelTer des voeux &
des priéres au redoutable chien pour le rendre
favorable au füsde Laius qui venoit de defeendre
aux enfers. II lui prodigue les épithétes les plus
honorables , relies que ceües d’invir.cible, d'en-
nemi du fommeil Sec. afin qu’il accueille avec
bonté ce prince malheureux. Ce choeur, dans Tar-
deur de fes voeux, change méme les dogmes de
la mvthologie en le difant fils de ia Terre &
du Tartare , contre Topinion commune. V'^oUi
X X X X
714 ■ c E R
Jís titres fur lefqiie's noas fondons la divinité
de ce chien fabuleux.
Nous prouverons plus aifément fa ge'néalogie
que rhiftoire de fon cuite. Héíiode ( Theogon. v.
3 lo. ) luí donne pour paren? Typhon & Echidna.
Quintu.s de Smyrne ( Paralip. Hh. 6. v. z6o. )
ajoure que le Géant ayant trouvé Echidna dans
un antre place aux portes de Tenfer , & prés
du féjour de la nuit , lui fit violence.
Le_ premier fruit de leurs amours fut Orthus ^
chien de Géryon ^ que fes deux tetes ( Fierres de
Stock, pag. 283. ) font diñirguer aifément du
chien des enfers. Cerhere vint enfuite , & nes’é-
loigna iamais de fon plein gré , des bords téné-
breux qui Tavoient vu naítre. HomérCj qui^ felón
la remarque de Paufanias ( Lacónica ^ pag. 212. )
a donné le premier au chien enlevé par Hercule
le nom de chien de Pluton , ne lui en a point j
aíFeété d'autre , & s'’ei'í tú fur fa forme & fon i
empioi. Les vers ¿u prétendu Orphée gardent |
le r&eme íilence j mais un écrivain trés-inftruit 1
de la théoiOgie Egyptienne , Macrobe ( Saturn. j
lib. cap. 20. ) a fuppléé á leur défaut. Cerhere, j
toujours place aux pieds de Sérapis a feion lui ^ ’
trois tetes. Tune de chien & Tautre de loup ,
féparées par celles d'un lion qui eíl d’unt- pro-
portion plus forte que les deux autres. Eües
font portees par un corps de chien qui eíb en-
-veloppéj ainS que les tetes, par les replis d’un
long íérpent. On ne connoít qu’un feu! monii-
ment fur ¡equel Cerhere foit ainíi repréfenté; il
eft expofé dans le cabinet d'antiques de Ste Ge-
nevicve. Cette conformité parfaite avec la def-
criptíon de Macrobe , lui donne un grand
prix.
Les poetes Grecs & Romairs oñt á Tenvi al-
tére la forme de ce monílíe infernal ; ils ne fe
font accordés que fur un feul point , fon corps, I
qu'ils ont tous décrit comme -appartenant á
Lefpéce des chiens ; fa tere a foiuni m.i'le va-
riations. Héíiode ( Thégon.v. 3 id. ) lui en donne
cinquante ; Ariítophane , ( Rans. , v. 471? ) fuivi
par Horace , ( íLorat. lib. 2 , od. 1 3 , lib. 1 , od.
19. ) double ce nombre ; & Sophocle les réduit á
trois. Cette derniére opinión eíl cede de
Paufanias , de Virgile , d’Ovide , de fibulle ,
de Cicerón ( Cicer. i , Tufcul. 10), &c. d’Ho-
race lui - méme , dans un autre de fes pcémes.
Pluíieurs monumens antiques repcéfentent Cer~
bere avec trois tetes de chien dans un des tra-
vaux d’HercuIe. On le voit fur une belle agarbe
gravée par Diofcor'de , décrire par Leger , pla-
cee de rmaveaii p?~mi íes piar es du barón de
Stoch; f r une autre pier-e de Leonardo-Agof-
tini;^( G:-nme^ di L. ígc^rird. N^. y. ) far un |
carnee du méme aute m, oü Ce-here eíl aíLs !
tranquille nent au pied d’un arbre devant Orphée,
Se fu!^ tvi iafpe rouge ae la galerie de Florence, '
( pCLup lorer.z. tom. 2. tab.-Z. ; ou il accompagne i
Sérapis-Fluton. Pelíerin ( Suppl. 3 , pl.^. N°. 4. ) 1
C E R
?a décrit un ^médaiüon ’d’Héracíee du Pone . for
! lequel eíl placé Hercule trainant le monilre á
: trois tetes de chien.
Paul-Lucas mérite d’étre féparé du nombre
des auteurs qui ont donné des deferiptions du
chien Cerbére. 11 parle d’un Ceróire d’albátre de
cinq pólices de hauteur avec fa bafe , rapporté
par Montfaucon. On voit de face une tete
d’homme qu’accompagnent de chaqué cote une
tete de loup & une tete de chien , etitortiliées
de deux ferpens. La tete d’homme p^roit íi ex-
traordinaire , li peu conforme aux traditions
Egyptiennes & Grecques , qu’elle peut faite
reléguer ce monument au rang des fables dont
le débil paffoit autrefois pour un privilége de
voyageurs. On peut au moins resnrder cet écart
comme une bizarrerie dufculpteur, ainfi queles
trois corps domes á Cerhere par ( Hercules fu-
rens , Feripide, font une Ikence poétique.
On eíl d’accord fur k. forcé de fa voix } il
en faifoit retentir ;our & nuit les voútes du Tar-
tare, ) Fibul. lib. 3. Eleg. 4. JEneid. lib. 6.') Lié
avec des chaínes de ferpent , couché dans un antre
obfeur fur des os á demi rongés , il ouvre fans
ceiTe fes gueules appelées par Martial ora prodi-
giofa-, ii effraie & repoulíe les ombres qui vou-
droient fortir des enfers. C Qu-int. Smyrn. Paralip.
lib. 6. V. 2Ó4. ) Ules dévore méme íi elles s’obítin-
nent á franchir ces barrieres éternelles. C’eíl ainíí
que le peint Héíiode. {Théogon. 768. ) Mais au-
tant il eíl redoutableaux ombres rebelíes.autant il
eíl doux Se careíTant pour ceux qui veulent pé-
nétrer dans les fombres demeures. Car il lesflatte
des oreilles & de la queue , Se nous le voyons
dans Horace lécher le pieds du fiis de Sémélé.
Cemonílre ainíí repréfenté , n’a pasparu aííez
eífrayant á certains poetes, i!s ont encore cou-
vert fon corpsde ferpens aulieu de poils. (^Mneid.
lib. 6. ) Tibulle parle dans fes éiégíes de leurs
horribles íifflemens , Se leur alTocie le ferpent qui
termine la queue de Cerhere. Ces reptiles , qui cou-
vrent la peau du chien compagnon fidéle de Se-
rapis , écoutent dans Juvénal les voeux qu'on
adrede á cette divinité , Se annoncent le fuccés
qu’ils auronc.
" Pt movijfe capul vifa. efl argéntea ferpens
» Jllius lacrymis. »
On croyoit en effet qu’il fe laiífoit quelquefois
fléchir. AuíE p'acoit-on auprés des rr.orts un gáreau
demiel, avec l’obolede Carón , {Suídasy.OtTxtflx.)
Se la couronne i.ílinée á ceux qui^ avo ent p^r-
couru la carriére de la vie. Cn eípero.t appaifer
avec ce préfrnc le redout-ible chien , & Is cen-
dre favorab'eá leurs ombres. irgik a pnne
cette tradition grecaue llJée úu gdteau de la Sy-
bille. . ■
H eíl tare d’appercevoir cette enmere veni
C E R
asure fur Ies pierres gravees repréfentant Hercule
enchainant Cerbere , quoique ce travail du héros
de Tyrinthe ait fouvent exercé íes plus hábiles
artifles.il a eré chanté auíli par tous Ies poetes de
Tantiquité. En voici Tabregé : Euryfthée ayant dé-
voué á la mort le íils d’AIcméne , & voyant avec
indignation qu’il échappoit á tous Ies dangers par
fa valeur & par la protedlion de Pallas , lui or-
donna d’enleyer Cerbere & de Tarracher des en-
fers. Hercule obéit {Diod. Sicul.lih ^.Paufanlas
Laconic. Odyjf. I . lliad. Georgia, lib. 4. v- 467.
Strabon, lib. 8. Suidas raiiafoy. ) II parcourut les
bords de la mer Adriatique , pénétra Dar TEpire
dans le Péloponéfe , & vint dans la Laconie au
promotoire de Ténare. II y termina fa courfe ,
parce Que Mercare lui indiqua une cáveme prés
du temple de Neptune dans Ténare ^ & le con-
duiíit par cette ouverture fur les bords du Styx.
Sans doute que le caducée du conduéieur desames
adoucit le chienterriblcj Stproduiíitle mémeeffet
qu'avoient produit autrefois les fonsde la h/re d'Or-
phée ; car Hercule prit place fans difbculté dans
la barque de Carón & parvint jufq'Tau palais
de Pintón. ^ependaBtMontfaucon {tom. z.p. iij.}
d.t u'in cerrain MenetiuSjbouvier de Tenfer, vou-
lut s npofer á fon paiíage ; mais ¡1 embrafla ce
témíraire , & le ferra tellement, qu il rétouífa en
lili brifant les os. >
Proferpine futtouchée du fort d'un héros auquel
elle étoit attachée par les liens du fang , ayant
rcíja tous deux le jour du fouverain des dieux.
Elle lui accorda d’abcrdla grace de fes deux amis,
Théfée & Pirithous, malgré PoíFenfe gdeve ruhis
lui avoient faite. Elle reniit enfuite, felón Piutar-
que j ( Parall. Nicis. & M. Cra í. ) Cerbére entre
fes mains ; mais cet écrivain efl íeul de fon avis.
Tous Ies Mythologues conviennenc quA! combar
tit long-tems ce monftre , & ne l'emmena qTaprés
Tavoir lié avec des chaines de diamant. Ovide a
chanté cette Intre terrible. {Métam. l. 7. ) II peint
vivement Ies efforts de Cerbere , la douleur quhl
cprouva en voyant la lumiére. Se les hurlemens
aftreux dont il fit retentir les airs par trois fois.
Quintas de Smyrne Fa place fur le bouclier
d'Eurypile ( Paralip. lib. 1 , z6o. ) On y voit Ies
coups vigoureux que lui porte ce héros , & Ies
traces de fa viótoire fur les bords fangeux du Styx,
au travers duquel il entrame fa proie.
Le monflre captif exhala fa douleur en de longs
gémiíTemens , une éc'.me noire & livide découla
de fes gueules enfanglantées. Cette liqueur horri-
ble fe deflfécha en tombant fur les roches; on en
vit naitre fur le chamo le redoatable.Aconit, (T>yon.
perieg. v- 788. Nicar.d. Aiexiphar. Pliráus , lib. G.
eap. I , Mela. ) cette plante dont le fue eñ un
poifon préfent .?c fans remede. Cefutauprésd'’He-
raciée du Pont que le vainqueurde Cerbere lOrzit
des enfers ; le médaillon de cette viüe cité plus
haut en fiir foi. G'étoit d’ailleurs une tradition
coaftante dans toute la Gréce, quoique Paufauia*
C E R 715
la rejette formellement. Elle fir naitre fans doute
la réputation des magiciens de Theíía’ie, contrée
Yoiíine du Pont. Médée y préparcit fes poifons ,
routesles femmes de ces régions c jmmandoient aux
aílres, aux élémens , & elles paíToient pour Ies
plus paiifantes , dirai-je magiciennes ou empoifon-
neufes de Tanivers. La forcé du venia de cette re-
doutabie écume a fait croire aux romains que Cer-
bere rompoit fes chaines dans les temps de pefte ,
& parcouroit les contrées iniectées. Sénéque le
dit expreífément dans fon (Edipe :
Q_uÍtí t&narii vincula ferri
” Pupijfs canem fama¡ & noflris
=3 Errajfe locis. “
Quoique Cerbere eút des forces proportionnéet
á la grandeurde fes membres,il ne pouvoit man-
quer d'étre vaincu par le fils d'Alcméne. Trois
dieux puiífins favorifoient le héros, Proferpine,
felón Plutarque , Mercare, qui, dans les peintures
du tombeau des Nafons, le raméne á la lumiére ,
& Pallas. Cette derniére déeíTe nous fait connoitre
dans riliade ( lliad. (. ) la proteélion ouverre
q^elle lui avoit accordée. Se plaignant á Japit-er
des malheurs des Crees , elle lui reproche d^avoir
laiíTé autrefois expofer fon fils Hercule aux plus
grands dangers , & elle Faffure qu’clie ne Fauroit
pas lailTé fortir du 'Parrare fi elle eút prévu Ies
fecours q.ie devoient recevoir de lui lesTroyens
fes ennemis.
Sans parler des pierres gravées déjá citées , on
voit encore a Narbonne un marbre décrit par du
Choul, fur lequel Hercule traine a la fuite le re-
doutable chien. ( Pierres de Stock , pag, aSi.
Métam. lib. lo. ) On peut heureufement Fy re-
girder fans craindre le trifte fort de cet inconnu
dont parle Ovide qui fe rencontra par hafard fur
le chemin d'Héraclée á Trézene, au morueut clu
le héros paíToit avec fa proie. La vue da monftre
á trois tetes , & des efforts vigoureux qu’il Eifoit
pour recouvrer fa liberté, le remplit de fray -tur. Sa
peur fut lí grande qu’il en perdit le moaviment
& la vie. Non pavor ar.te reliquit , ouam natura
prior , faxo per Corpus aborto. Cette métamo phofe
efl exprimée dans la peinture XVI du tombeau des
Nafons , deíTiné par Bartoli , & expliqué parBel-
lori. A Fentrée de la carverne d’oú fort Hercule ,
conduitparMercure , & traínant Cerbere , onvoit
un homme aílis fur une roche, élevant la main gau-
che pourexprimer fon étonnement. Bellori (Thes.
ant. rom. Grsvii. tom. iz. v. lofy. ) n en a pas
parlé dans fonexplication , & nop deyons réparer
fon filence. O.n ne peut méconnoitre ici Finfo.'tuné
qui fut ch.mgé en pierre á la vue du tnonflrueux
chien. Sifiphe condamné á roifler un rocher , &
quelefiis d’.4lcméne eíTaya de délivreravtc Thé-
fée & Pirithoüs, efl étendu fous les pieds de Pla-
tón, fur un jafpe de Stoch. ipag. ¿83. ) Os le
71^ C E R
reconnoit au bcnnet Phrygian & á !a préfence
d'Kercule qui entrame Cerbíre á la vue de Pluton.
Euriírhée connoiffoit trop bien le courage &
¡es forces d'HercuIe pour craindre Cerhire , ñ le
héros pouvoit l’amener en fa prefence. II fe
contenta de ie voir , s^’aíTura de P cbéiiTance da
íiis de Jiipiter , & renvoya enfuire aux enfers ce
redoutable monílre. C^eíí: la feule occaíion oú
:1 ait vu le joar, & c’eíl-iá tout ce que la my-
thologie a confervé de fon hiftoire.
L’explication aue Fon a donnée de ce chien
fabuieiix fera plus iongue á rapporter ^ parce que
fon exirtence a fait naitre un grand nombre d"o-
pinions. Les étymologiíles ( Vives, comment. in
civit. Dei lia. i8, cap. 1^. Servius , comment. In
Plin. ¿ib. xj , ckap. i2. ) Font pris pour la terre
qui confume les cadavresjcn í’aifant venir fon
nom da mot , carnivore. Cette terre t&,
felón iNoel le Comte , ainíi que toutesles chofes
fublunaires ,Ieproduit de la chaleur 8c de Fhn-
miditié figurées par Typhon & Echidna. D’au-
tres luí ont cherché dans l’hiíloire naturelle une
origine auffi peu vraifemblable. Tel eftle P. Har-
douin ,qui croit que Ceroere étoit une minedont
le Ténare formoit Fouverture ; fes trois tetes
figuroient ^ felón lai > les trois métaux employés
ala fabr.que des monnoies , Por , l’argent 8c ie
cuivre , produitde cette mine. II appellerOdyífée
a Tappai de fa ridicule conjeóiure. Porphyre a
pris le ch'en fabuleux, pour une puiiTance mal-
faifante qui faifoit fentir fes funeftes inñuences
dans l’eau j l'air & la terre. Et dans un autre en-
droit il en a fait Fembléme de, la marche du fo-
leil j le lever , le midi & ie coucher de cet añrcj
prototype de toutes les anciennes divinités.
Fulgence - Planciade ( Contin. Virgil. Tricul. )
a a pas été plus heureux en difant d’abord , aprés
PétronCj que Cerbere avoit été un avocat fameux
par fa caullicité j par la vénaltté de fa plumcj
& par ¡es calomnies quhl répandoit á grands ñots
fur fes adverfaires. Le chien infernal recut j felón
lui , le nom de cet bomme malfaifant & devint
Fembléme de fes femblables. Le gáteaa de miel de
la Sybille figuroit auffij felón le méme écrivain^la
fageílé qui pent feule mettre un ffein á ces lan-
gues peiiides dont i! fe plaignoit déjá ati fixiéme
£écle de notre ere , ficut in advocatis nunc ufque
confpicitur. La manie d’appliquer a la morale les
anciennes fables, a fait déraifonner encore une fois
ce mytbologue relativement á Cerbere. ( Mythol.
lib. I. ■) II a VIS dans le nombre de ces tetes les
trois principales caufes qui excitent Ies débats &c
Ies querepes parmi Ies hommes. Tantót c"eñ une
anripathie naturelle femblable á celle des lie-
vres & des chfens des loups & des brebis , des
hommes & des fercensjtantot c’eftunrefrotdiíTe-
merft d'amour ou d’amifié ; fouvent enfin les dé-
bats ne prennent letrr fource que dans les chofes
purement accidentelles jte'les font les {jarcies ou
les gdVes cbez Ies hommes & pami ks ani- !
€ E R
maux des páturages plus abondans : voila claire»
ment, á fon avis ^ le chien, le ferpent & le
lien.
Au-Iieu de s^abandonner á fon imagmation dé-
réglée , Fulgence auroit été plus fage de copier
Macrobe , dont l’explication , fans étre vraie , eif au
mo1ns plauíible. (Saturn.íib. i.cap.ZQ.) Letemps
préfent, dit cet écrivain, étoit figuré par látete
d'un lion, á caufe de Fañivité qu il reqoit de fa
pontion entre les deux atures temps. Le loup ex-
primoit le temps paffé , dont le fouvenir eíl en-
glouri avec tant de rapidité. Quant au futur , dont
Fefpoir eñ fi íiatteur, on ne pouvoit le rnécon-
noitre dans la tete du chien careffant Sérapis-
Pluton, ou la divinké qui peut feule ncus accor-
der I’avenir.
On a cru trouver plus aifément dans Fhíñoire
Forigins de Cerbere j mais le nombre & la va-
riété de ces explications en décéient la frivoüté.
Paufanias rapporte á ce fujet le recit íFHécatée
de Miiet. Celui-ci racontoit que la cáveme du
Ténare {Lacónica, pag. 212.) avoit été habitée
autrefois par un affireux ferpent. La mort prompte
qui fuivit fes ble&resj luí fit domer le nom
générique de chien de Fenfer, dont fe fert Homére,
fans le défignerplus particuliérement. Les auteurs
quiont fuivile chantre de Filiada ont réalifé cette
dénomination. Cerbere eft devenu un chien a troís
tetes & méme á cinqaante , felón Kefiode. Tel
füt le fort de ce dragón qu’Hercule arracha de
fa retraite & amena aux pieds d^Euryífnée. _
Paléphate cite un autre trait d’Hercuíe relatif au
chien {Paleph. cap. J J.) inferna!. Ayant vamcu Gé-
rion dans une vüle du Pont appelée Tricarénia , quí,
dansFacceprion grecque , veuí dire a trois mon-
ticuíes ou a trois tetes , le fils d’Alcmene s empata
de fes nombreux troupeaux. Cerbere , redourable
par fa forcé & fa férocité , étoit gardien de ce
béta-il. II fuivit la proie du héros, & fit avec
elle la rscheííé d^’Euryftée. MoIoíTuSjriche My-
cénien, en eutenvie, & le demanda au tyran qui iC
refufa toujoiirs. Voyant fa demande inunle jii eut
recours a la rafe. Les bergers d’Euryflhée ayant
été gagnés, renfermérent Cerhire cans Ifntre de
Ténare avec les chiennes de Moloíí'us, quii ren.-
dit fécondes. Euryft hée ne voyant pas fon ch'en,,
commanáa á Hercule de le chercher, & cejm-ci,
en Farrachant de la caverna jdonna lien a la rabie
de fa defeente aux enfers. ^ ^
Cent ouatre-vingt-quinze ans apres la
Moife , felón S. Cyrüle d’Alexandne, v Lynl.
Alex. lib. I. contra Julián. Vives , comment. in
civil. IJei y lib. i8, cap. i y. ) .STco-jeiu ,appele
{jar d’autres Aideus , Hades , & ''
noms de Pluton ) régnok f tr les MoIoíTes , d»hs
FEpire. Ce prince er.fcva Proferpfne , & ¡ui nt
partager fa conche Plutaraue ( Platarq.in vM
Tkefci. } le iuftifie fur ce rapt , en fa luidonnanc
pour filíe. Les chtrmes de cetre jeune pnnceíie
euñsmsp.éieriC Pkrthoiis , qui réíolut de Feoie-lf^í
CEU
pendant la mút á Taide de Théfée. II exígeá
d’abord de ce héros, lous la foi du ferment ^de
le fervirdans une autre eatreprife périüeufe ^ fans
lui en développer ie motif. Théfée promit^ &
fe difpofa á ¡é faivre. Aidoneus ayant été aveni
de leursproTcts criminéis ,ne prit d’autres precau-
tions poiir Jes arréter, qne de placer á !a porte
de fon pal ais se reáoutab’e Cerb'sre. Cecbien fidele
combattjt & terraíía les raviffeurs ; fon maítre
fit mourir ^ felón les uns , Pinchoiis , & renfeimer
dans une étroite prifon Théfée , qiii avoic ignoré
le projet odieax de fon ami. Selon d’autres au-
teursj üks y renferma tousles deux jufquá ce
qu’Hercuk:, accouru á leur fecours , détróna le
Roí des Moloffes j & rendir la liberté auxhéros.
Tel eíl le précis de tout ce que !’ antiquité a laifle
fur l’enlévement de Proferpine par Théfée & Pi-
rithoüsj il a fervi , felón un grand nombre dka-
teurs , de bafe á la fable du Cerhere.
Le récit d’opinionsauffi eontraditoireSj a fúre-
ment fatigué nos leéleurs. Pour lesdédommager^
nous allons rapporter rcxplication que M. Dupuis
a donnée dans Forigine des conllellarions & des
fabJes (p¡2g-. 55-3. zV4°. )...’= Le chien á triple tete
a> étoit un compofé monílrueuxduchien ^ dulion
» & du loup.Placé prés áu génie des enfers^ il mar-
os quoit les trois points principaux de la fphére j
» le levant, oú étoit le loup aux pieds d’Efeuiape
» & de Sérapisj leccucham, oú étoit iechienj Se
» le méridien, ou le pointculminant de la fphére,
os oceupé parle iion Soñitial... Les chiens, dans
os la rhéologié andenne , étoient les fymboles des
os équinoxes , & le loup célefie lui-méme place
os aux pieds du Serpentaire, s’appel'e aulli canis ulu-
» lans. ( Cs.fius,-p. 286.) Les Sabins avoient leur Pia-
os ton Soranus , qu’ils aniffoienr au loupdans lears
os fables fur ie Dis-pater ou Piuton. s3
ss Piutarque nous dit auíTi ( de IJIde , pag. 369. )
os que lesPerfes, en invoquanr Piuton , verfoient
ss ie fangd’nn loupdans un üeuoú ne pénétroient
=0 jamais les rayons du foleil. Dans les fables
» du Nord , ou dans FEdda , la mort , le far-
os pent & le loup Feuris font fréres & enfans
so de Pharbante (^Cefius , pag. 146.). Tous ces
» traits rapprochés i>ous font recoanoitre aifé-
= menique le loup & le cbten qui accompagnent
ss foit Sérapis, foit Piuton, foit Efculape, ne
» font qu’uii embléme des conñeilations qui ,
os par leur coucher ou leur lever , déterminoient la
=0 méme faifon que le. ferpentaire.,, & formoient
>= fon cortége. »
Joignons-y rexplicatíon qu II donne dp onzíéme
iravaild’Hercule,oudefon trromphe fur le chien
Cerhere. On obfervera préakblement que dans le
fyftéiiie de M, Dupuis , Hercule eft le génie
felaire, & que fes douze tra'/aux font les conf
lellatíons & les Égnes pareourus dansfa couife
innnelle ce L’eBtsée du folerl aux premiers
00 tíegrés des gémaus étoit fixée par le coucher
» héiiaque chiea eéküe, Procyoai que les
C E R 717
, 00 Arabes appellent Kelbel j & qui difparoiíFoit
os dans Ies flots de lumiére que répand Fafíte
ss du jour. Peu de jours aprés ií fe levoit, paíToir
ss au meridien , fe couchoic avec le foleil , &
05 fembloit enchaíné a fon char. II n’en íaiíut
so pas davantage pour chanrer la viétoire du gér.ie
ss fur un chien monítrueux. s,
Cet animal a fervi fouvent de matiére aux
allufiotis. Séneque (de /norte C¿ai¿íi¿j) nous repré-
fente avec complaifance les frayeurs & la puül-
lanimiré de Fimbédlie Claude á la vue de Cerhere ,
dont la couleur fombre & lúgubre contraíloit
fortement avec la falancheur de la chienne que cet
empereur avoit tant aimée. Dans Aufone ( Áufonli
de Cañe infculpto infepuUrc Diogenis. )
on le voit défendre Fentrée des eufers au cy ñi-
que Diogéne, á caufe de la jalouJie qui régne
ordinairement entre les animaux de méme efpece-
Enfin Fépithéte á'aii/rví; , infomnis j que hii
donne Sophocle , a fait écíore une devife trés-
ingénieufe contre Ies Zoiles. Cerhere abóle , Se
on lit au-deífus de luí ces mots italiens ; Perche
altri non ripofi , non ripofo. ( Tkefaur. Infcripi.
pag. 160.).
Cerbeke fert de type aux médaiíles de Pi-
faurum.
CERCAPüS. Voyei Héliades-
CERCEAU , ‘rpó%ss , trochas forte d'inflru-
m.ent que ¡es Grecs & Ies Romains empioyoient
. dans ieurs jeux & dans lears exercices.
« Je crois j dit ie comre de CayJus , ( Pee.
d‘ Antiq. I. pag.zox. pl. 18. n®. jOT que Fexer-
cice du cerceau étoit divifé en deux efpcces ,
chez les Grecs & chez les Romains , & que
la premiére s’appeloít cricetapa , de deux mots
■ greesqui figniíientagitation du cerceaa.^Kpnny^atricc
de scf/xcr , que Fon a dit par métathéfe pour
xifxof , cercle , & de í'haTia ,, aghation. ). Suivant
le témoignage d'Oribafe ( Lib. Collecl. r¡. ad
Julián.') celai qui devoit faire cet exercice, pre-
noit un grand cercle autour duquel rodoient
plufieurs anneaux , & dont la haateur allok juf-
qu’á Feftomac. II Fagitoit par le moyen d^'une
baguette defer á manche de bois-l! ne le faifoit
pas rouíer fur la térre , car les anneaux inférés
dans !a circonférence ne Fauroient pas permis 5
mais ri Féleo/oit en Fait^ & le faiíbit tourner
au-deíTus de fa tete en le dirigeanr avec fa ba-
guette. Ve-ila pourquol Oribafe dir qu’on a’agf-
toit pas le cerceau fuivant fa haiKeur\^ mais
tranfverfalement ss,
cc Le mouvement communiqué aa cer¡re<m ^
étoit quelquefo.ós tres-rapide alors oa n en—
íendoit pas le bruit des anneaux. qui rouloier.t:
dans la circonférence. D autres fbis ctv 1 agitóte
2y£c moins de violence , afin que le forr de^
petits aimeaux produisit dans- 1 ame tur piaiatr
qui procurát un agréable délaíkraencr Cette
íéfiexioit drOribaíe- nous app reaá que le }«* ¿a
jiS C E R
ctTceau étoit regardé comme un exercice capable
de contribuer á la fanré du corps
ce II y en avoit une fecunde efpéce , dans la-
cuelicj au-iieu de fe fervir du grand cercle^, on
en employoit un beaucoup plus petit, & pareil á
ceiui que j'ai rali graver. 11 me paroít que c'eíl:
proprement le trechas des Grecs & des Romains.
Xénophon Convív. 876. E^it. ¿e 162 j.) nous
en apprend i'uf age en parlani d'une danfeufe qui
prenoit á la main douze de ces cerctaax , les jetoit
en raúj & les recevoit en danfant au fon d une
flúte. il n'eitpoint parlé dans ce paíTage despedís
anneaux inférés dans la circonférence du trochas j
mais il en eft fait mention dans plufieurs épi-
grammes de Martial Se entr’autres dans celle-ci
i XIV. 169. ) ;
Gárrulas in laxo car amulas orhe vagatur ,
Cedat ut argutis oh-via turba trochis ?
Les deux eípéces de cerceau dont je viens de
parler , ne diíFéroient entdeux que par la grandeur.
On les diftingue avec peine , quand ils font firn-
plement repréfentés fur les bas-reliefs. Mercurialis
en a fait graver un dont Ligorius lui avoit envoyé
le deíTm , d'aprés un monument elevé en Thon-
neur d'un comedien. La circonference eft char-
gée de huit anneaux ^ á Tun defquels eft attachée
une fonnette , & outre cela neuf fiches ou che-
villes , qui , fon laches dans leurs trous , augmen-
tcient le bruit des anneaux , & produifoient le
méme fon que les bagiiettes qui traverfoient les
fiftres. Sur un tombeau grave dans le recueil de
Pietro Santi Bartoli , on volt un autre cerceau
á. peu-prés femblable á celui que je viens de
décrire. li a des anneaux j des chevilles , 8c de
plus un oifeau qui paroir y erre attaché : fingu-
hrité qui ne donneroit lieu qu’á des conjetures
bien v^igues ».
Les cercles de bronze , dit-il ailleurs ( ni.
pl. 64. n°. 4. ) j pareils á celui de ce numero ,
fervoient á un de ces exercices que les Romains
pratiquoient pour accroítre la vigueur du corps.
Deux mains ^ placees dans les plus grands inter-
valles, diftingués par des boutons , tels que la
gravure les monrre ^ faifoient effort Pune contre
fautre , & la plus forte Pemportoir. Le pére
Paciaudi a détaillé cet exercice dans fon hiftoire
de Ripa Tranfone ; & je renvoie le leteur á ce
boa ouvrage
cc II exiñe , dir M. d’HancarvilIe , dans la col-
leélion d’Anticues de M. Tovvnley á Londres ,
un bas-relief oü font fcu'rprés deux Silénes j, de
Pefpéce de ceux que Pon appeloit t aúnes , parce
qu’ils ítoient plus jeunes que les autres ; ils font
repréfentés tenant un ctrcle , fur lequel ils
appuient les mains en foulant des raifins avec
leurs pieds ^ 8c rournant fur Paire qui les con-
tiene ; c'éroit une des maniéres de preÉfurcf le vin
C E R
chez lesanciensj ScPonpeut voir^avecce motm-
ment , un de ces petics cercles de bronce dont on
fe fervoit á cet ufage. li eft divifé par des moa-
lares qui hiceiit aíTez d’efpace pour y placer
le poignet. On trouve un aíl'ez graná nombre de
ces anneaux , dont Pemploi na pas été connu
jufqu’á préfent
Les Aornains avoient emprunté des Grecs le
jeu & Pexercice du trochas ¡ air.íi que uous Pap-
prend Horace ( Od. ni. 24. jy. ) :
. , . . . Ludere ¿ociior
Sea Gr&co jabeas trocho.
La forme du cerceau le faifoir appeler rota Se
caathas. Ce dernier nom défignoit la bande de
metal qui couvre la circonférence des roues.
(^hlartial. xiv. I(S8. ) :
Inducenda rota eft : dat nobis utile manas :
Ifte trochas pueris ^ at mlhl caiukus erit.
Winkelmann s’eft expliqué fur le cerceau, avec
cette fagacité & cette érudftion qui lu! aflunnt
lapremiére place parmiles antiquaires. íl a pubiié
dans Ies M-onamentl Áraichi , aux numé’'os iqy
& 19Ó, deuxbelles pierres gravées, fur ieLauetles
on volt diftintement le jeu du tr abas ou cer-
ceau. La premiére eft ainli décrire fon - Pe,n° 2
de la claíTe des pierres de Srofeh. y )eune
homme nud qui court en faifant rouler .e cercle
appelé trochas. II le touche avec ua ¡riítrument
crochu qu’il tient de la main gauche Sur la
feconde^qui appartenoit au fieur Jaeques Byres,
un jeune homme pofé porte le trochas appiiye
fur fon épaule gauche , 8c il tient de la droite
Pinftrument qui fervoit á le faire rouler. Cet
inñrument reíTemble á une de nos raque^ttes qui
ae feroit pas évidée. On voit dans la méme col-
letion de Stofeh trois autres pierres & une páre
antique j dont les fujets font relatifs au jeu da
cerceau , 8c qui onr méme amené Pexplicatioa
fuivante de Winkelmann.
« Ces cinq gravares font les feuls monumens j
que je fache , qui peuvent fervir á expliquer
clairement ce que c’eft que le jeu • de trochas ,
mentionné dans Ies anciens auteurs ; car ce que
( de Arte Gymn. l. iil. c. 8. p. ZlS. feq. ed- Amft.)
Mercurialis nous enfeigne d’áprés un monument
antique 3 ne pouvoit étre appuyé de fon
par d’autres monum.ens oü Pon vít ¡e méme
fujet. Le bas-relief dont il n’a pris que le ceras,
fe trouvoit fur un ( Bellori Sepulcr. r4nt.^
xLviií.'j tombeau antique de marbre place dans
une vrgne far le chemín de Rome á T'voli, qui
fervoit de logement au vigneron. Le cardinal
Alexandre Alharti acheta ce tombeau ¿ dans lin-
tention de le tranfporter en entier dans fa \ “ ^
mais ayant feit mettre la main á Pouvrage., Se
C E R
vovant qae la piéce de marbre étoii d'nne qrof-
fcur enorme, il !a fit fcier, & fe contenta de
ccnferver feulement le bas-relief, qudl fit reftau-
rer & qudl mit enfuite dans fa vigne. On le voit
dans le Monamenti Antichi inediti
cc Le trochas étoit un cercle de bronze , avec
iequel les jeunes gens fe divertiííoient.
Tlali'iS ix. Tfé^asy fífnaofiimi,
Pueri a trocho cejfantes,
Eutip. Med. r. 4(5.
Et non pas h fchola curuli cejfantes , comme La
rendu Bames ; il étoit plus grand que M. le cointe
de Caylas ne fe reft figuré {Recueil d’Antiq. t. I.
pl. zxxxi. n°. 3.) en publiant le prétendu trochas
de fon cabuiet , qui n'a que fept pouces de dia-
métre. Le trochas qui eft fur nos pierres, arrive
jufqu’á la moitie du corps des figures , & méme
fur la feconde jufqu’á la poitrine. Celui de l’en-
fant lui va jufqu’au mentón : ce qui correfpond
a.u trochas du bas-relief cité , qui a qiiatre pal-
mes romains de diamétre. II 7 avoit au trochas
non-feulement des apneaux qui couloient autour
du cercie pour faire du bruit á mefure qu'on le
faifoit rouler , ainfi qu’on en voit trois á celui
de ce bas-relief; roais on 7 mettoit encore un ou
plufieurs grelots qui 7 étoient attachés, comme
il 7 en a au trochas du méme bas-relief, & á
celui de notre premiére pierre. Quand on le fai-
foit rouler , on touchoit ces anneaux & ces grelots
avec un inllrument crochu , nommé clavis , comme
dans la pierre n^. 2, v
Increpat & verjt clavis adunca trochl.
Propert. 1. ni. Eleg. 12.
- « Sur une empreinte de notre coíieéiion des fou-
ffes , il 7 a un trochas mis au pied d’un tenne ,
& une figure en pied qui rienr dans la main le
clavis croen u , avec une fonnette qui pend á
une petite chaine , ou á que'que chofe de fem-
blable. Le cercle fur une ( t. i. tav. xv.) pein-
tare antique d'Herculanum , n’eít peut-étre autre
chofe qu'un trochas ».
Meurfias ( de Ludís Grs.c. voc. ) ne con-
noiffant le trochas que par le livre de Mercuria-
lis , ne trouve pas vraifemblable Fexpiieation
qu'en donne ceiui-ci, & il s'en forme une Luíle
idee. Turnébe {Adv. l. xxvii.c. 33. Coilec. ad
Martial. l. c.) 8c d'autres qui l'ont fuivi, fe font
figuré mal-á propos le trochas comme une roue
a7ant des ra7ons , que Fon prenoit par une anfe
pour la faire rouler, & ils crurent qu'aiors les
cious faifoient du bruit par le frottement fur le
pavé ».
CERCEIS , une des nymphes océanides, filíe
C E R 7-9
de FOcéan Se de Thétis. Son ncm eft derivé au
mot grec qui fujtca. Héliode parle de cetce
nymphe dans la Théogonie , vers 337.
CERCION. Veyeq^ Cercyon.
CERCLE mvthique , xl>x>.t¡s pvhx-U. Proclus
( Jn Pkotii Bibíiotk. p. 9S2. l. 43" ) le philofophe
comprenoit le cours de toute la fable, ou le
cercle mYtho!ogique,dans Fefpace de temsécoulé
depuis le mariage d' Oaranus ou du Ciel avec la
Terre, ’ufqu’au retour d’L'lyíTe a Ithaque.
CERCO , fttrnom de la famille Lutatia.
CERlDPES, peuples qui habitoient une ifle
voifine de la Sicile ; on dit que Júpiter Ies chan-
gea en finges , a caufe de leur méchanceté. lis
avoient en la témérité d’infulter Júpiter lui-mé-
me. Cercopes eft le nom que Ies Grecs donnene
aux finges. Lfiíle qu ils habitoient s'appeloit Pi-
t k¿ cafe , comme Ii Fon dtfoít Fule- aux- finges.
D’autresont placé ces peuples proche de ia Lydie,
& oat di: quTis furent changés en pierres, pour
avoir ofé entreprendre de fe battre contre Her-
cule. V oye:i¡_ Hercule.
CERCOPITHÉQÜE , , finge á
queue d’Ariñote {iHjl- Anim.^ l. i.) Les Egyp-
tiens qui vivoient dans le voiünage de Memphis,
& que Fon appeloit Babyloniens , rendoient un
cuite au Cercopitkeque , de méme que ceux d'Her-
mopolis au Cynocéphale. Le comte de Caylus a
établi la diftiníftion entre ces deux efpéces de
finges, ce Ce petit bronze, dit-il {Reck. d’ Arit i q.
I. ji.), extrémement rare & bien confervé ,
un pouce & quelques lignes de haureur. II repré-
fente un Cercopitkequs accroupi , & tenant de
fes mains ou de fes partes une rabie chargée
d'hiéroglyphes. Ce Cercophkeque eft une efpecc
de finge , qui ne différe du Cynocéphale qu'en
ce que ce dernier eft plus gros & plus fauvage ,
& que fa tete approche plus de la tete du chien.
La Table Maque préfente plus d'une fois le
Cercopitkeque dans la méme attitude qu'on le
voit ici ; mais il n'y tient pas cette ta-le chargée
d’hiércglyphes ». ' _ '
On voit dans le cabinet de S ;^ Genevn.ve un
Cercopitkeque de porcelaine d'Eg-.-pte , affublé
d'une efpéce de chaperon. II eft a-. s, &^deux
pouces de hauteur.
CERCURE , cercaras , Ktprjír , vaifleau de
cha’-o-e des ancirns habitans de FAfie, á voiles &
á rames. Pline ( vrx. yé. ^ en attribue Finventioa
aux Cypriotes.
CERCYOM , tyran d’Eleufis, fit mourir fa filie
Aloné 3 &: expofer Fenfant qu eile a'ott eu ce
Yentune. Théfée lui fit h guerre; & 1 ayant tue
daiís un combar, il mit íur fon nóne fon netit-
fiis Hippothoiis. VoyeiXi-OVí., Rippothcu^s.
On voit fur une náte antique de I3 colkaion
du Barón de Stofeh, Théfée luttant ayec Cer-
c^o-^ la Villa- Panfili renferme un farcop.nage an-
7*0
C E R
dcue , Tur lequel eíl fcidptée en bas - reíief la
fbbie (^Ckygin 187.) de Cercyon, á qui ronaméne
le nonrrider d’Hippothoüs. On y trouve auíli
Alopé j fa filie , en prifon ■, la jument qui avoit
nourri Hippothoüs,& la nourrice d’ Atopé , chan-
gée en Naiade , découvrant á Ilippothoüs fa naif-
fance fecréte. Beger, qui avoit publié {Spicil. ant.
p. iji - ) un deflin tronqué de ce beau farcopha-
gCjCroyoit Y reconnoítre Céphale & Procris;
mais Winckeltnann ^ ( monum. ant. n.°. 92. ) Pá
mkux expliqué par la fable de Cercyon.
CERDEMPOR US .'i
KEPAEMnOPOS , ^ commerpant , gagnant
dans le commerce. Ce furnom de Mercare étoit
formé de KípSoí , gain ^ & de ¿fíTiofo; , commer-
fant.
CERDO. Cemot venoit de Kípi'^í, gain ; & il
áéíignoit á Rome les artifans les plus viis. II devint
la dtnomination propro des corroyeurs & des
peauíiiers , qui étoient relegues au-delá du Tibre j
á caufe de Podeur fédde qu'exhalent les matié-
res de ieur commerce. Les Romains cherchant
3 avilir les premiers Chrétiens j qui étoient arti-
fans pour la plupart , Ies appeloíent cerdones ,
par dérifion j comme oh le voit dans ces vers
íie Juvénal , oü il parle de la mort de Domitien
arrivée au commencetnent de la perfécution fuf-
citée contre Ies Chrétiens par cet cmpereur (Sai.
4. V. 153.) :
Sed periit , poftq^uam cerdonibus ejfe timendus
Coeperat.
CEREALES, C er calla , fétes de Cérés, en
í’honneur de Cérés. Elles furent inftituées par
Triptoléme, fils de Céléus, roi d^Eleufis, dans
i'Attiqae , & de Méhaline , en reconnoiíTance de
ce que Cérés , qui palTa pour avoir été fa nour-
rice, lui avoit appris l’art de cultiver le blé, &
ü’ca faire du pain. Ainíí ces fétes prirent naif-
fance dans la Crece. II y en avoit deux á Athé-
nes ; les unes fe nommoient Eleufinies , & les
autres Thefmophories. (Voyez á ces mots ce
qudl y a de particulier á chacune.) Ce qui con-
venoit á toutes Ies deux, & en général aux Ce-
reales , c’eif qu’on les célébroit avec beaucoiip
de religión & depúrete, jufques-lá qu'on s’abñe-
noit de vin , & de tout commerce avec les fem-
mes pendant ce tems-Ia. On y honoroit non-feu-
lementCérés, mais encore íacchas & Líber, ckíf-
á-dire , Bacchas : les viédmes qu'on immoloit
étoient des porcs, á caufe du dégátqu’ils font
aux biens de la ierre ; & enfin il n"y paroiflbic
point de vin.
Les Cércales pafsérent des Crees aux Romains ,
qui les célébroient pendant huir jours , depuis
le douziéme d’Avril jufqifau dix-neuviéme in-
c'uílvement. C’étoient les dames feules qui les
célébroient, en habit blanc ; les hommes, véms
auíS de blanc , n'en étoient que Ies fpeótateurs :
C E R
ils s’abftenoient auíu de vin &de toat commerce
avec les femmes. Les Romains crurent devoir
honorer ainfi une Divinité qui s'étoit diítin- #
guée par fa chaíleté. On ne mangeoit que le
foir, aprés le foleil coaché , parce que Cérés,
malgré la fatigue du voyage , n' avoit pris de
nourriture que le foir , loríquelíe cherchoic fa
ülle. II y avoit auííi, durant le jour,des cotn-
bats á cheval, qui furent changés dans la fuite
en combats de Gladiateurs ; ce qui fut regardé
comme une chofe de mauvaife augure pour la
République. Le peuple avoit part a la féte par
les largelfes qu'on lui faifoit de pois , de noix,
& d’.autres chofes femblables. Les Ediles préfi-
doient aux Cereales , comme on le voit par
cette légende d’une médaille de la famille Mem.~
mia. C. MEMMIUS. C. F. QUÍRINUS MEM-
MIUS MD. CEREALIA PRIMES FECIT. II
falloit au moins erre nommé Edile pour préfi-
der á cette cérémonie , comme il paroit par Ies
témoignages de Cicéron, tirés d’un de fes dif-
cours centre Yerres ; cependant il eft arrivé une
fois que le diftateur ou le général de la Cava-
lerie préíida aux Cereales, en vertu d’un Sena-
tus-Confu!te. Cette féte duroit huir jours , & fe
célébroit au cirqiie , á commencer le lendemain
du jour qkavoient fini les jeux du cirque. Aprés
la bataüle deCannes, la défolation futfi grande
á Rome,qifil ne fe trouv^'a point de femmes qui
puíTent célébrer cette féte , parce qubl n^y en
avoit aucune qui ne fút en deui!. La féte fut
omife cette année lá; mais le fénat ordonna qu’on
quitteroit le deuil pendant quelque teras , pour
célébrer les autres fétes.
On célébroit dans Ies Cereales la doaieur de
Cérés, aprés la perte de fa filie Proferpine.
On y promenoit en grande pompe Ies ftatues
des dieux. On y portoir auííi , felón quelques
écrivains , un oeuf! Oetoit fans doute Toeuf or-_
phique , fymbole du monde qui renferme ,
comme I’oenf , une forcé vítale pour la com-
muniquer aux íemences. Les jeux des Cereales fe
célébroient dans le Cirque, comme Ovide 1 at-
tefte (^Fafl. L. IV. V. 391.), & l’on y faifoit des
courfes & des combats á cheval. Les viétimes
étoient deux truies , l’une dorée , & 1 autre ar-
gentée, dit Feítus , c’eñ-á-dire , couvertes l une
d’ornemens dores , Se i’autre d’ornemens ar-
gentés.
CÉRÉxMOMIES. Le grand pontífe veüloit a
robfervation des cérémonies religieufes , & R
faifoit recommencer les facrifices ou les feres
qui avoient été céíébrés á contre - tems. Les
empereurs s’étant attribué la dignité de grana
pontífe , veülérent eux-mémes á robfervation
des cérémonies. Ncus apprenons cette patticuia-
rité de Pinfeription fuivante , aui étoit autre-
fois dans la vigne du Cardinal de Carpí , pres
de Rome ;
PONTIFI*^
C E R
POXTIFICI. MAXIM
■XRIEÜNI. POTESTAT
IMP. XVII. P. P
eos. VII. DESIGN. VIII. CENSORI
CONSERVATORI CEREMONI ARUM
PUBLICARUM
CÉRÉS étoit Hile de Saturna & de Rhée ;
elle apprit aiix hommes Tart de cultiver !a terre
& de femer le ble ; ce qui Ta fait regarder cotnme
la déeffe de ¡"agriculture. Elle infpira de i'amour
á Júpiter^ fon frére, qui, pour Ja tromper,pric
la figure d’un taureau , & la rendir mere de
Proferpine , ou d’Hécate. Voyei Hécate. Pluton
ayant enlevé Proferpine , Céres chercha fa
filie par mer & par terre; lorfqifelle avoic couru
pendant tout le jour , elle ailumoit un flambeaii
pour coarinuer fes recherches pendant la auic.
La ftériiité fe faifant fentir fur ia terre , qui íe
trouvoit alors privée des dons précieux de Cé-
res Jes dieus la firent chercher de tous coces ,
fans qu'oH en pát apprendre aucunes nouveiles ,
iufqu’á ce que Pan, en gardant fes troupeaux,
2a découvrit , & en avertit Júpiter. Ce dieu en-
voya Ies Parques, qui, par Jeurs priéres, i'en-
gagérent á revenir en SiciJe, & á rendre á la terre
fa premiére fertilicé. li lui arríva , pendant íes
courfesqu'elle fie pour chercher fa filie, des aven-
tures finguliéres. Voye-^ Arion.
Ses amours avec Neptune , qui la rendit mere
du cheval Arion , porta les Phüagiens , au rap-
porc de Paufanias, á lui drelTerune íratue de bois,
donr la tete étoit celle d'une jument, avec fa
criniére, & de cetce tete fortoient des dragons &
d’autres béres ; on rappeloir Cér'es la noire. Cetce
llatue ayant été brulée paraccident, les Phila-
giens oubliérenr le cuite de Cér'es , & négligé-
rent fes feces. La déeíTe irritée les punit par une
grande féchereíTe ; on eut recours á Poracle , qui
répondic que , li les Phüagiens ne rétabliíToient
pas le cuite de la déeíTe, la difette feroic fi gran-
de quiis feroient obligés de manger leurs pro-
pres enfans.
Jafius obtint auífi les faveurs de Cér'es •, mais
il fut obügé d'ufer de vioience Se de furprife.
Plutus dut la vie á ce commerce illégitime. Ce
Eut, felón Héfiode, (Tkéogon.ciix & 969.) dans un
guéret que Jafius rendit féconde Cérei; car cette
déeíTe habitoit Ies campagnes qu'eüe avoit ap-
pris aux hommes á cultiven Triptoléme, fiis de
Céléus , roi d'Eleufis , mérita fa confiance ; elle
le fit monter fur un char tiré par des ferpens ai-
iés, 8e Tenvoya dans tout Tunivers enfeigner
Tagriculture. Les Philologues,qui cherchent dans
fhiftoire les fondemens de la fable , ont cru d'a-
prés ce récit que Proferpine , filie de Cér'es , reme
de Sicile , avoit été enlevée par Orcus , roi des
Moloífes. L'expiication des diíérens no.ms de
Antiq^uités 3 Tome J,
C E R
Cérh , que nous donnerans plus bas , complet-
tera Thiftcire de cette divinicé.
Pour faiíir les traits du vifage que les anciens
donnoient á Cérés faut coiifu'ter, de prété-
rence, la médaiile de Métaponte, dans la grande
Crece, qui porte le type ordinaire de cette ville,
un épi de bié barbu,'&: les médailles de Sicile.
Fon voüe, ou la draperie qui remonte fur la
tete, eft rejetée fur fon col. Elle eíl couron-
née d’épis garnis de feuilles, & porte un dia-
déme élevé , de la méme for.ne que celui qui
fert d'atrribut caraétériftiqae a Junon. Ses che-
veux fe relévent au-deíius du front , 8c flottenc
librement.
Céres porte ordinairement une come d'abon-
dance,ou des épis de bled , avec des pavots,
fymboie de la fécondité. Eüe nent ouelquefois
un vafe ; Scc’étoitavec cet attribur que Tadoroienc
les Achéens , fous le nom de porte-vafe , trorr?-
, {^Atkens.. Deipn. xr. p. 4ÓÍ. ). Elle ^tient
une coupe ou patére, fur une pierre gravée de
Stofeh ; deux pecites ftatues étrufques de bronze,
du Mufeum de Florence , ont le méme attribut.
On peut lui donner un manreau }aune, ou
couleur de paiüe.
Jamais on ne trouve Cér'es aiiee fur les mo-
numens ; elle porte ordinairement une coeífure
faite en forme de tour ou de turban peu eleve ,
appelé s-uAta'» , de , porte - de - vüle ^ 8c
tour. C'eft ainfi qu une ftacue brifée de Cér'es ,
trouvée dans Ies ruines de fon temple d Eleufis,
portoit far fa tete, felón Pocoke, un ornement
circulaire de deux pieds Anglois de hauteur.
Une páte antique du cabinet de Stofeh , (rl.
clafe, ñ° 237.) repréfente Cér'es aífife fur^ un
char tiré par deux éléphans ; ce qu: eft d au-
c.anc plus remarquable, qifaucune divinice, Ba.c-
:hus excepté , ne paroit avec un attelage d élé-
phans. II eft plus ordmaire devoir Ceres accom-
pagnée du chevai Arion; c’eft ainfi que lof-
ñent une améthyfte de Stofeh, ^^^23 1. )
& deux bas-reüefs de marbre, places Tun au
palais Albani, Tautre ala Villa- Albani, & gra-
iés tous les deux parmi les monumenti mediti de
Winckelmann.
Les flambeaux dui rappeloient les courfes de
Cér'es cherchant Proferpine , fe trouyoient fou-
/ent dans les mains de fes ftatues. Plus fouvent
ancore on voyoit le modius^ fyrnb'ile de la fer-
:i!ité, '& le cifte myñique des feces e.euünes.
olacés fur fa tete ou á fes cotes- , „ ^ ,
Une pierre gravée de la coiicdtion de Stofeh,
repréfente Cér'es debout fur une tete de boem,
tenant de la main gauche des epis de ble 8c
Je la droite une tete de beber. Cet am mal etou
une des victimes qu’on luí facnñoic. ( b-ioA z_/z
SopkocL (Edip. Colon. V. 1393 ) La truie etoit
auEi une victime agréable a Ce-es Hygin. tab.
denuis que Triptoléme luí ^euy immola
ceñe Gui avoit découvert le ble femé par cc
Y y y y
C F. R
C E R
maitre des ¡aboureurs. On lu: confacroit la gruCj
la toarterelle , le furmuiec de n’.er , Se le ferpenc
ailé. Parmi les végétaux , le blé tur l’offrande la
plus ordinaire que ron fit á CeVej; on en cou-
ronnoit les images {Tibu¿. i. /. 21) :
Flava Ceres , tibí Jlt nojlro de rure corona
Spicea j quA tcmpli pendeat ante fores.
On luí confacroit aufll le fafran. Les laboureurs
offroient á cetce déeíTe les inílrumens de Jeur
art 5 un foc j un joug ^ un aigoiilon ^ une fau-
ciile ^ Scc.
Lorfqifon faenfioit a Cires avant la moifíbnj
au prinrems , par exemple , on couronñoit fes
images avec de I’herbe tendre ^ ou des riges de
plantes graminées ( VirgiL Gtorglc. i . 358.) :
In primis venerare déos , a:que annita magna
Sacra refer cereri , latís operatus in kerhis ,
Extrema fab cafum hyemis jam vere fereno.
Offroir-on du vin á Céres dans fes facrifices ?
Cette queftion partageoit deja les Romains; car
Macrobe (Saturn. ul. ir.) dit qu"on luí oftroit
du moú ou via nouveau^ qui n'étoit propretnent ,
pas du vin. Mais Catón ( de re ru¡íicd , c. 13)'- )
affare que le vin couloit fur ¡es aute's de Céres ,
vinum detum. Virgi'e a fuivi Catón , & fon com-
mentateur Servius Ta défendu , fer ce point ,
contre fes détraCteurs. Ceux-ci oppofoient á I’au-
teur des Géorgiques ^ ce paíTage de Plaute ( Aa-
lular. il. 6. j. ) :
STA. Cererine , flrobyle , has faclurl nuptias ?
STR. Qut ? SEA. Qaia temeti nikil allatum
inte Higo.
Servius obferve judicieufement que le Comique
parle ici des noces de Céres , & Virgile d'un
facrifice ; Nam aliad eñ facriücium , aliad r.uvtias
celebrare , in quibus revera vinum adhiberi ntfr.s
eral, qua. orci nuptia dicebantur , quas praftnia
fuá pontífices inger.ti follemnitate celebrabant. C es
noces de Céres faifoient fans doute une partie
des myftéres ü renommés de cette déeííé. ^oye^
MySTBRES.
Les noms que donnoient le plus fouvent á
Céres les anciensj étoientceuxde magna mate r
& de MATER MAXIMA. On les trouve milla
fois répétés fur les r-.onumens. L"" .■^trique , oii
étoit fituée Eleuíis j lul Tt donner celui d’Aaaa.
(Stac. Sylv. IV. 8.}.
Taque Ací&a Ceres . czirf^ evi f: -.per anhelo
y^otivam taciti lajfimus l'áiva. z myfie.
Céres. d’Afrique. I errallien a~t:el!e
I. 6.) de ce nom la divinité en l’honneur de
laquelle les femmes s’abílenoient de tout com-
merce avec les hommes , pendant qu'eiles c.Jié-
broient fes myftéres. Mais i¡ ne laiiPe point
e.ntrevoir la caafe de cette dénomination parti-
culiére.
Céres de Catane en Sicile. LaCtance C il- 4- )
parle de ia ftatue de fon temple Se de ' fes
feces.
Ceres deferta , abandonnée de fa filie. Virgile
donne cette épkhéte á Céres dans l'Enéide •/.
713- y :
. . ... . Templumque vetufium
Deferta Cereris.
Ceres Eleafir.s,. Voye-q^ EleusIS.
Ceres Ennsa ou Ennenfis , d’Enna , vüle de
Sicile 5 ou elle avoit un temple célebre. Cicéron
en parle fouvent dans fes difcours contre Yerres 5
8c il en eít fait mención dans ce vers des Priapées
( zxxrr. 12.):
Ennisi Cererem nurus frequentant.
Ceres Erynnis. Voye^ Erynnis.
Ceres Licmea. Ce furnom étoic relatif au van
{.ydx./Ms') myftique. Voyeq_ Yan.
Ceres Mallophoros , porte-laine , ou qui pro-
duit des brebis. Ce nom eft relatif aux troupeaux
que Céres protégeoit , & c'étoit celui de fon
temple á Mégare.
Ceres Mammofa, z-ax%rQÍEts mamelles. Lucréce ,
(/. VI. 1161.) Tappelie de ce nom :
At Lamia Si mammofa Ceres , Si ipfi jaccho.
On vouloit exprimer dans les images de Cérés^ la
fertilíté de la terre , par ce fein trés-reraplí qu on
lui voíc toujours.
Ceres Uafifairr,^ , mere de tout. C’eñ le nom
fous lequel Orphée , ou le poete qui a pris fon
nom , la déíigne le plus fouvent.
Ceres Rkaria , du champ appelé rharius , íitué
prés d' Eleuíis, qui avoit été enfemence le pre-
mier par cette divinicé ( Paufani. Attic. ).
Ceres Tsdifera ou Aa.S'ix's 1 porte-flambeau.
Ce nom efi relatif aux flambeaux dont elle s é-
c'rdra lorfqu°e!le cherchoit Proferpine , & a
ceux que Pon portoit dins fes myueres , en
mémoire de cette recherche. Ovide dit C Heroid.
il. 42. ) :
Et per tsdifers. myfiica facra deí.
Ceres Thefmovho’'os o'xEegfera. On attrioUOit
rinventioa des loix a Céres , & ce lurnom y etoit
relatif Les . Tbefncphtries des Athéniens en
axor.
7^3
C
r rs
i-j -X
eoni'en'oicnr le fouvenir. Virgile lui doane
( JEneid. iv. j-. ) ce nom :
.... M.aclant leñas de more bidentes
Legifers. Cereri.
Céres étoit rembléme de la fcrce produ&ive
de la terrCj c'eíl pourquoi on la confoa.ioit avec
Ylfis des Egyptiens ^ avec la Venus des Phéni-
ciensj & avec Vefia. Voyez ces trois arricies.
CÉRES. On voic ordinairemenr fa tete cou-
ronnée d’épis fur les médaiiles de Sicile j & quel-
quefois fur celles de Méraponte : elle paroir dans
un char tiré par des ferpens ailés fur celles d'E-
leuíis.
CERETJPA , en Phrygie. KEPF.TAnEQtí.
Hunter poffédoit une médaille autonome de
bronze ¡ avec la légende ci-deírus,que M. Combe
attribue á Ceretapa. Eckhel en avoit publié une
femblable avanr íes Nummi veteres Regum ^ dé
Hunter.
Cette ville a fait frapper, fous Tautorité de fes
Préteurs, des médaiiles impériales GrecqueSj en
rhonneur d'Antonin ^ de JVÍ. Aurele^ de Commo-
de j de Sévére. .
CERF (le) défigne fur les médaiiles les villes
oii Diane étoit honorée d'un cuite particu'ier.
On le voit entier oú á-mi corps^ fur les médaiiles
d’Ephéfe j de Marfeille:, de Philadelphie en Ly-
dicj de Proconnefus j déla Dalmatie.
Diane fe transforma en Cerf pour combatiré
les Géans. On trouve fon combar centre Ty-
phon , fur une pierre gravée de la colleílion de
Stofeh (il. claffe. n^. ii6.). Sur une ^áte antique
de la méme co'leétion » on voit une tete de Diane
furmontée d'une tete de Cerf ^ en gusfe de croif-
fantj 285.).
CERITES. Voye^ CARITES.
CERNOPH(^<OS. ■> premier de ces
CERNOPHORUM. f
mots défignoit chec les anciens une perfonne qm
porte une coup- > & le fecond une danfe execu-
tée par des gens qui ténoient des coupes dans
leurs mains.
Servius (jEneid. x.^^i.^nous
CERNUI. i
apprend que les, Romains défignoient par le mot
ceñzuí, les’ enfans qui^ dans leurs jeux, marchoient
fur Ies rrrains , & tenoient leurs pieds eleves. Cer-
nuare exprimoit ce ]eu enfantin ¡ que les bervers
s^amufoicn' á répeter dans les fetes appelees
Confaales (Nonnius, 1.76.).
CERNUNNOS ou cornu , divinité des Gau-
lois j repréfentée avec des comes fur les bas-
relkfs tro uves en 1711 j dans Téglife de Jsotre-
Dame.
CER.ODETOS ^ \ u rtr? On
iCEPCAETCS , 5 ^
trouve queíquefois ces mots employes pour dé-
ligner la íiryrge ou le filHet de Pan , parce qu il
étoit formé de plulieurs tuvaux jomts avec de
la cire.
CER.OLIENSIS , endroit de Rome qui faifoit
patrie des carine.. Ckít tout ce que nous en
apprend Varron ( de ling. lat. ir. 8. ).
CEROMA , patrie des anciens thermp ou
bains, dans laquelle les atblétes fe faifqient
oindre. Pline ( li-v. xxxr. c. ij. ) s’ell fervi de
ceroma en ce fens : lidem pals.fr as athletarum ima-
ginibus & ceromata fia exornara. Mais on prend
plus communément ce nom pour une mixtión
dont les athlétes fe faifoient ff otrer &: que nous
appelons cérat. Oft la compofoit d une certaine
quantité d’huile & de cire mélées & fondues
enfemble- Elle fen'oit non-feulement a rendre les
membres des latteurs gliffans & moins fujets a
donner prife á leurs adverfaires , mais encore a
leur procLirer plus de foupleffe & d agilité dans
les mouvemens.
CEROMANTIE.' f. f. Diyinatson qui fe faifoit
par le moyen de !a cite , '& cui etoit en ufage
chez les Tures , au rapport de Delno : elle con-
íiiloit á faire fondre de la cire , & á va ver.er
soutte á goutte dans un vafe plein d’eau ; & feion
fa figure que formoient les gouttes, on en tiroit
des préfages heureux ou malheureux.
CEROSTROTUM. Pline décrivant Ies ufages
auxquels on employoit dans les arts les comes
des animaux (xi. 37.) dit cuon les fendoit en
lames trés-minces pour en faire ues^ lanternes ,
qu on les teignoit , qu'on leur mettoit un enciut
coloré , & que Ton en faifoit eniin des efpeces
de peintures appelées ceroftreta. Bergier (
chemins , il. fect. 21. §. 8. )_tmduit ce r.iot par
ceiui de pavé en mofaique j fait de mqrceaux^ de
come. Mais Saum.aife rentend^d’une efpéce d’en-
cauftique ou peintiire faite á l'aide de la cite
(in foLinum , p. 231. )• _ ^
CERVELLE. Athénée {il. p. 65. ) dit que les
anciens ne mangeoient point de cervelit , parce
qu ils la regardoient comme le cer.tre_ commun
de toutes les facilites. Une veut parier Gns doute
que des Grecs ; car les Romams etoient tres-
friands des cervelles d’oifeaux. E.agaba.e v Suet.jn.
20.) fitfervir á fes ofSciers , appeles ^ ,
des viandas farcies de cervelles de phemeopteres
ou flambants. & de gnves. ^ iteLius i v
n. 5. ) niangeoit des ragouts faits avec des cerysl
les de faifans & de paons.
CE R US 1
CJfpyUS^, > dieu du tems favorable chez les
ou de l’occafion chez les Romams. Cai-
.„h=.,.^;rr.wrentéfousIafis:ure d’up jeune
iiSSe , chev^x épars.&llo:tans
y V V y ij.
7^4 C E R
aii iré da vent, & tenant un rafoir a la main.
Fiiédre l'a décrit dans fes fables j, avec des ailes ,
des cheveux par devane, & chauve par derriére.
L’iílégovie de la figure deCalIiftrate nous eiifeigne
que I'ocrafion s’échappe avec tant de rapid’té
qu'e'Ie paroit marchar furle tranchan: d'un rafoir;
& ce'Ie de la fable de Phédre , que fon ne
retrouve plus Toccafion quand elle eft une fois
cchappée. L'’idée d un poete qui a appelé Voc-
c.-flon le plus jeune des enfans de Saturne , eft
rrés bella. Les Eléens avoient confacré un autei
á Cérus.
CERUS MANüS, c’étoit le nom myííérieux
donné á .Tanus dans les chants des Saliens : Irt
carmine Saliarl, dit Feítus ( in Matrem matutani) ,
Ceras Tila lus intelllgltur creator boniís. Ce nom
fans doute étoit celui du, K«/í»'í ou du Ceras des
Grecs , dont nous avons parlé á rarticle précé-
dent; car Janiis étoit fembléme du tems, coinine
on peut le voir au mot Janüs.
CERYCES , gens deftinés a fenfir dans Ies
facrifices chez Ies Athéniens : lis reíFembloient
á nos crieurs publics , & leur fondion étoit
d'annoncer au peupTe les chofes , tant civiles
que facrées On en élifoit deux, Tun pour fa-
íéopage & Tautre pour Farchonte. lis devoient
erre tires d’une famille atbénienne , qui , felón
liderare , portoit le nom de Céryees , ddn cer-
tain Céryx , fils de Mercure & de Paridrofc. Uñe
aatre. fondlfon- des Céryees étoit ddlTomnier les
taureaux , & de préparer les viébimes , comme
faifoient á Rome les viclimaires. Le nom grec
Ksfsl étoit celui de tous les hérauts.
CÉRYX. F'oye^ Ceryces.
CESAR. Augufte ne fe nomma d’abord que
Csfar divi filias , & depuis Imperator , enfuite
Triumvir reipublics. conjlltuendi , poftérieurement
Augufias. Enfin il y ajoura la puiííance du tribuir ,
qui le faifoit fouverain. Caliguia garda les trois
noms , Imp. Csf. Aug^ Le mot de C&far doit
généralement pafler dans le haut empire pour un
nom de famille, plutót que pour un nom de
dignité. Tous ceux qui ont été véritablement
Céfar; ou par naiíTance , ou par adoption , Pont
pone avec juftice; les autres ont aíFeóté de sdn
parer , pour fe conciiier par-lá Pamour & le ref-
peci des peuples. Dans le bas-empi''e , Csfar ou
Nobilis Csfar , défigna ceux qui étoient ou alTo-
ciés á Pempsre , ou héritiers préfomprifs ; cette
quaiité fe mit alors aprés les noms du Prince qui
la portoit.
Caius & Lucius, fi'Is d’Agrippa, adoptes par
A.ugufte , Agrippa Pofthume , leúr- firére , Ger-
manicus , Drufus , fíls de Tibére , Nerón 8z
Drufp, fils de Germanicus, & Brirannicus, fils
de Claude , ont porté le nom de Csfar -, fans
avqir jamais été Auguftes ; Tibére du tems d’Au- !
grille 5 Nerón fous Claude, Titus fous Veípaíie.nj j
C £ S
i Domitien fous Yefpafien Se Titas, Traían icus
I Nerva, & rladrien fur la nn de la vie de Trajan,
porroient íimplement le nom de Csfar.
Le pére Hardouin a foutenu que tous ceux qui
avoient porté le nom de Céfar , foit dans le haut,
foit dans le bas-empire , éteient véritablement
defeendans de Jules-Céfar. Cn sYll forteraent
oppofé á cette opinión íinguiiére , dans plufieurs
diíiertations iníerées dans Ies Mémoires de Tré-
voux , des aniiées 172.7 & 1728 , & Pon a pre-
tenda au conrraire au’aprés Nerón , le nom de
Céfar avoit ceíTé d'eire un nom de famille , 8c
étoit devenu fimplement un nom de dignité II
y a peut-étre queJque chofe á dire contra ce
dernier fennment ; mais pour mettre ma penfée
dans tour fon jour , dit le barón de la Bañie ,
il me faudroit excéder Ies bornes que je me fuis
prefentes dans ces remarques fur le pére Jobert,
ainíi je renvoie cette diíTeitation aux Mémoires
de FÁcadémie des Beües-l.ettres. Tout ce que
je dirai en deux mots , c’eft que Popinion dtt
pére Hardouin eft non.feulement cóntraire a tous
les hiftoricns , mais qu elle eft méme détruite
par une médaiüe de grand bronxe , qui , du cabinet
de Surbeck , avoit pafte d-ins celui de Pabbé de
Rothelin. Elle eft de Veí'pafien ; au revers fes
deux fils font repréfentés affis fur une efcéce de
tribunal : la légende eft T. ET. D. CAFjS. EX.
S. C. c’eft á-dire. Titas ET Domitiahus CAESít-
res EX Senatus Confulto. La formule ex Senatus
Confulto , fe rapportant toujours aux titres expri-
mes fur le coré de la médaille ou elle fe trouve,
il eft vifible oue íi Titus & Domitien n'ont eu
le nom de Céfar que par un décret du fénat, ce
nom ne leur appartenoit pas par le droit de leur
naiftance.
On trouve , dit Winkelmann ( TLift. de C-Art.
l. 6. c. 5-. A. ) , dans pluíieurs cabinets des tetes
antiques qui portent le nom de Céfar , & aucune
ne reíTemble parfaitement aux tetes de cet empe-
reur que Pon voit fur fes médailles, Cette parti-
cularité a fait douter un des plus grands con-
noiffeiirs en antiquité , le cardinal Alexandre
Albani , sh‘! s’étoit confervé de véritables teres
de Céfar. Ríen de plus ridicule d'ailleurs que de
pr-etendre qu’un bufte du cardinal de Polignac fost
regardé comme un morceau uniqug comme un
portrait fa it d’aprés le natureí ( Cabinsídef oligaac).
Je rapporterai encore un fait digne de remarqqe,
c'elt qu'une dame Romaine exigea par teñamení.
de fon mari, qu’i! érigeát 'au Capifole á Céfar
une ftatue d^or du poids de cent livres C Conf.
Lipf. EUSor. i. I. c. 9 ).
CÉSAR' ( Caius Julias f
Caius Julias Csfar , Imperator , ÍJiUatoc
petuus.
Ses médailles font : '
RRR. en of.
s
Eíles font fceaaco'jp plus raras avec la tete de
Marc-Antoine au revers ; ainlí que calles reílituéés
par Traían , avec une vdloire au revers.
Ceiies égilement reílituées , qui ont au revers
la fijure de Venus , font les' plus rares de
toares.
R. en argent.
Ce.riins revers font RR.
R. en G. B. au revers d’Auguíle.
RR. en G. B. avec fa tete Teule.
RR. en M. & P. B. de colonre,
RR. en M. & P. B. grec.
Cesar ( Ca'ius ) , fiis d’Agrippa. Voye^
Caiüs.
Cesar ( Ludas ) , fiIs d’Agn’ppa. Voye:^^ Lu-
CIUS.
CÉSARtEj &c. Poiir les médailles de toutes
Ies Céftirées ¡ soy ti. Ies arricies CASARLA &
C.<£SAREE.
CÉSARION , fiis de Cléopátre Se de Juies-
Céfar.
On a publié une medailie de moyen bronze
grcc de Céfadon , oú fon volt fa tete nue Se
pofée fur une proue de vaiiTeau ; au revers font
les tetes accol lees d'.Antoine Se de Cléopátre.
Cecte médailie eft regardée avec raifon comme
fauífe.
CESEPH ( grand ) ^ grand argyre , monnoie
andenne de l'Egypte & de fAfie. II eft evalué
á ya liv. — monnoie aciuelie de France.
II valoit en monnoies des mémes pays j
I Tj onces d’or ,
Ou a Vr ¿ariques
Ou 6 5 tétraííatéres j
Ou 12 f. diftaréres j
. Ou i6 I héxadragmes j
Ou 2j tétradrachnies.
Ceseph ( petit ) , monnoie ancienne de l’E-
-gypte Se de fAfie. Voyc^ Tetr.adrachaie.
CESONIE femme de Caligula.
Ses médaiiles font:
O. en er, en argent & en bronze de coin
romain.
RR. en M. B, avec le titre de SALES au revers
de Caligula ^ de la colonie de Carthage la
neuve.
II y a d'habites antiquaires qui doutent que
cette médaüle foit de CéfonU j Se qui croient ,
contre le fentiment de Yaiiiant , que c^’eft plutót
la tete de la déeíTe SALES j qui y eft nommée.
CESTAS paroiíTe du Bcurdelois , limitrophe
des ¡andes,- & dans les graves de Bordeaux, au
comté d’Ornoh ; on y a découvert en ijsz un
temple ósftogohe , Se plufieurs bas-reliefs- lef-
Quels défignent des'fétes de ^ybéle, une iniria-
tíon á Tes myftcres , Se an facrifice a. fon luí a
ouírt ; on en peut voir la figure Se le plan
dans une Dijjircation fur ce temple , dor-uée en
C £ S 725
^743 psr M. Joubert , imprimée a Bordeaux ,
in-iz.
C E S T E ">
CESTIPHÓRES. f «O'"
telet de cuir , garni de plomb, dont les anciens
athlétes fe fervoient dans leurs exercices. Sos
nom venoit de cs.j.o , je bars , je frappe.
Calepin a cru que c’étoit une maíTue , de ia-
quelle pendoient des bailes de plomb artaciiées
par des morceaux de cuir. li fe trompe ; car c’tcoit
feuiement une longe de cuir garnie de cicus ,
de plomb ou de fer , dont on entouroit ia main
en forme de liens croifés , Se méme le poignet
avec une patrie du bras , pour empécher qu'üs
ne fuífent rompus ou démis , ou plutót afin de
porter des coups plus vielens. Scaliger, fondé fur
í’autoriré de Servius , a prétendu que le cefte
couvroit une partie des épauks ; mais dans tous
les anciens monumens , les différens contours
de courroies dont la main des luteurs eft ar-
mée , ne paroiífent pas monter plus haut que le
coude.
Les Grecs défignoient cette forte d’armes par
quatre noms différens 5 favoir ,
fiíiXÍx.ai & ff-paíjaú Le plus ordinaire étoit ceiui
d’;«á»Tf5-, qui fignifie á la lettre des courroies ; eiles
éroient faites de cuir de boeuf non corroyé ,
deíTéché & par conféquent trés-dur. On avoit
donné au cefte le nom de , non que ces
armes euíTent aucune reíremb!an:e avec ia figure
des fourmis { yJiffíVjX.is') , mais parce qu’on fentoic
dans les parties qui en éroient frappées., des
picottemens pareils á ceux que caufent ces
infeéles. La troiíiéme efpéce, ou Ies m¿iliques¡
étoit la plus ancienne chez les Grecs : c^étoit un
fimple lacs de courroies trés-déiiées , qui enve-
loppant uniquement la main dans le creux de
laqueile on les attachoit , laiíToient le poignet
& les doigts á découvert. On conjeñure que la
quatricme efpéce étoit moins un gantelet quTme
pelotteque Ies athlétes ferroient dans leurs mains,
& qui n’étoit en uEge que dans les gymnafés,
pour teñir iieu du cefte qu’on empioyoit dans
Ies combats , á peu-prés comme dans nos falles
d'armes on fe fert de flearets au-lieii d'épée '^Mém.
de í’Ac. de Bell. L. t. ni. ).
Viraiie a chanté le corah2xáe.sceftipkores Enteüe
& Darés {Mv.cid. v. 369. ). Valérius Flaccus en
a décrit un fecond ( Argonaut. iv. 160.) plus
célebre dans fanüouité, ceiui de Po'I.ux Se d’A-
mveus , roí de Bébryc'e , fiis de Meptune- Un
vafe cvlindriaue de méta! , place dans la gaierie
du coilége romain , nolis offre la fuite de ce com-
bar terrible , c'eft-á-dirf , Amycu<i vaincu , lié á
un arbre par Pollux, & Minérve , C.iftor avec un
Areonaute , témoins de la vengeance que fe pre-
pare á T'rer le vainciieur, Winkelman en a place
le ’eíTin á la tete du chap. i- du liv. v. de fon
íiift. de f Art. Les artiftes pourron: .e cónfuiter
7XÍ C E S
ponr corncitre la forme du cefie j car Ies bras de
Foiiiix Se d'Amv'cus en fonr encere armés fur
ce monument.
EoiíTard (^Antiq, iv. p, 132.) a deíEné un
ath!é:e fanieux dans le combar du cefie , qui efl:
fculptó fur un farcophage antique du fiécle de
i rajan. Cen athléce a látete nue ainíique le buíie,
excepté le bras droit. Ce bras & Tépaule qui lui
eft jointe font couvefts de plaques de bronze fem-
blabies aux braíTards des anciens chevaliers. Le
bras gauche eft nud ^ & porte une palme. Du
notiibri! jufqu’aux genouxeet athléte eft vétud'un
larga haut-de-chauffe^ qui entre dans des botti-
nes ornees aux genoux de tetes de Médufes. ^
On voit á Portici la raai.n & favaat-bras gau-
ches d’une ftatue de bronze , trouvée á Hercula-
nuni;, qui m.éritent d'étre cités ici. C’eft le bras
d’im ceftipkore . c’eft-á-dire , d’un athléte dont les
mains étoient armées d^’un cefie. Les poetes , les
ancíens monumens ^ & en particulier un bas-
relief de la Villa--4idobrandini ^ nous donnent
une idée aflez exaáie de cette efpéce de luteurs ;
mais on ne volt nulle part cette armure auílí diftinc-
tement repréfentée , qu'au bras dont nous par-
ions. Le cefie y a la figure d"un gant , gar.ni de
doigts qui ne defeendent pas jufqu aux ongles.
Ce gant a la longueur des gants de femme , il eft
fendu dans la main. Le bout de ce gantj vers
le coude j eft garni en deffous d"une peau de
moutOD avec fa laine ; & Tun & Tautre ^ favoir
le gant & la peau , font attachés par des cour-
roíes. Autour de la main & au-deíTus des articula-
tions des. doigts , il y a une autre coiirroie d'un
cuir épais ^ d’un bon pouce de largeur , qui fait
quatre ou cinq révolutioñs fur elle-méme , Se
eft enfuíte attachée par dics courroies minees.
Le deílin de ce cefie íert de vignetre á plulieurs
chapitres du catalogue des antiquités trouvées á
Herculanum.
Cétoit pour garantir Ies tempes Se les oreilles
des coups du cefie , que Ies ceftipkores couvroient
icurtéte de la caloñe appelée Amphotice. Coytj
ce mor.
Geste de Venus. Voye:^ Ceinture de Venus.
CESTIA , famille romaine dont on a des
médailles.
RR. en or.
O. en argent.
R. en bronze.
Gokzius en a publié des médailles incennues
depuis lui.
CESTIANUS , furnom de la famille Pl.s-
CESTRLnLS , fils d'Hclénus Se d’Androma- i
■que, fuccéda auné partie des états de fon pére , i’
en Eptre , Se s'etabnt dans Ja contíée qui étoir
C E T
au-deíTus du fleuve Thyamis , appelée depuis de
fon nom Ceflrine ( Paafian. Attic. ).
CESTROSPHEVDOVUS , efpéce de trait 011
de javelot , inventé par les Macédoniens & em-
ployé par eux avéc fuccés contre les Romains,
dans la guerre de Perfée. Lite - Live , qui nous
apprend ce détail ( 42. (Sj. ) , a confervé les
proporcions Aü. céfiro fpkendonus : il étOJtcompofá
d*un fer pointu gros comme le doigt , long de
deux palmes , Se fixé á un fiit ou bois d"une
demi-coudée de longueur. Trois plumes ou aües
le fupportoient dans le trajet , & deux courroies
inégales en longueur fervoient á le lancer avec
forcé.
CESTROTA. Voyeii Cerostrotom.
CESTRUM , ñyle ou poinqon de méta! qui
fervoit aux peintres en encauftique ( Piin. 34.
2.
CETHEGUS , furnom de la famille Cor-
nelia,
CÉTO , femme de Fhocus, mere de Bellone,
felón Héíiode , & des Gorgones.
CETRA. On appeloit de ce nom de petits
boucliers ronds de cuir , dont les Efpagnols Se
les habitans de f Afrique fe fervoient á ¡a guerre.
On employoit pour les faire la peau de l’animal
appelé orix , ou , felón quelques écrivains, celle
de Féléphant. Ces boucliers étoient forts légers ;
üs étoient d'ufage dans la cavalerie & dans rin-
fanterie.
CEYX , fils de Lucifer , régnoit paiííblement
á Trachine. Pour fe délivrer de Finquiétude que
lui caufoient de funeftes préfages, depuis la mort
defonfréreDédalion, il réfolut cependantd allerá
Claros confuIterForacle d'Apollon. Alcyone,^fon
époufe , qui Faimoit tendrement , fit fon poffible
pour le diíTuader de ce voyage , ayant un fecret
preffentiment du malheur qui devoit arriver a fon
époux 5 mais Ceyx fur inébranlable dans fa réfo-
lution, & promit d’étre de retour avant deux
rnois. Cependant il fit naufrage 5 Se Morphée ftit
envoyé, felón Ovide (Mét. L ii.) , par |e dieu
du fommeil pour en aller apprendre la trifte nou-
velle á Aleyone. Cette tendre époufe couriit
auíTitót fur le rivage á Fendroit d’oü Ceyx étoit
partí ; & á peine y fut-e’le arrivée , qu’elie apper-
cut le cadavre de fon mari : elle s’élanqa auffi-
tót dans la mer , & fe ¡erra fur le corps de Ceyx.
Les dieux , touchés du malheur de ces^ deux
époux , Ies changérent en oifeaux , appelés Al-
eyons. Depuis cette métamorphofe , Üs remoi-
gnent Fun pour Fautre le méme amour Se ^es
mémes empreíTemens ; & pendant les fept
qu’Alcyone couve fes ceufs, dans un nid qui eft
fufpendt', á un rocher fur la furface de Feaa , la
mer ef calme 5 Eole , en faveur de fes petíts-
fils , tieut les vents euchaioés & les empéche de
foEfier,
CHA
X. Le X , ou cki grec fe voir fur un marbre
á’AmycIée^ apporté parFourmont : cetre époque
remonte á 40 ans avant la premiére Olympiade.
Le X étoit remplacé autreíbis dans les infcrip-
tions par les lettres K. H.
CH. L’afpiration exprimée par ces deux let-
tres gutturaies, difparut dans la prononciation
Romaine & Francoife ^ de tous Ies noms gau-
lo;s & germains qu'elle terminoit , méme au
miiieu ou au commencement des mots ^ furtotit
lorfqu'elle étoit fuivie d'unevoyeile ; c’ell-la une
régle genérale dont on ne connoit pas d excep-
tioH. Cbít en conféquence de cette régle que
Clovis j qui fe trouve écrit Hludovicus dans ie
teframent de S. Remi j & Clotkoip-eckus áíns l&s
lettres de Clovis aiix évéques áe la Gaule ¡ 'ainli
que dans' celle.que lui adreíTa le ccnfeii d"Or-
léans en 51 1 , fe lit fur les monnoies Chlode-
vius & Clodeveus. Les monétaires fuivoient la
prononciation gauloife. Les Grecs en avoient fait
XAO ¿Aios , Clodceiis : c’eíl: ainíi qu'il fe iit dans
Agathias. Les romains d’Italie avoient fupprimé
Í’aípiratioii inutile. Clovis eft appeié Luduin ou
Lodoia , dans les lettres latines que fhéodoriclui
écrivoir.
CHABACTAy dans le Pont Galatique. XA-
BAKTÍ2N.
Les médailles aiitonomes de cette ville font :
RRR. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
CHABAR , nom d^une faulTe divinité , dont
íes livres des Arabes font fouvenr mention. Eu-
thyrrdus Zigabenus dit que les Arabes furent ído'
látres jufqu’au temps d'HéracliuSj c^eíí-á-dire ,
jufq¡Fá Mahomet ; & qudlsadoroient entr’autres
divinités Lucifer &VénuSjqu’ils appellentj dit-ilj
dans leur langue Chamar 5 il a voulu dire Chalar.
Le P. Fürker veut que ce foir la iune , Se qu’on
l'aií prife pour Venus , á caufe qu'elles prodiH-
fent a-peu-prés les mémes effets. Les Mahomé-
tans renoncent á Chalar, lis ont un adre ou
formule de cette renonciation que le P. Kirker
a rapporté. Voye:^ fon (Hdip. Egypt. ( t.i.fynt.
1(5. §. 3. ) LeP. Kirker écrit Calar ,'útñ.
mieux d’écrire Chalar. C’eft un Keftn Arabe^ Se
nonpasunXa/lCe nomíignifie proprement grand,
puiíTantj de l'hébreu Chalar , multiplicare , d’oú
Challn interpreté validas , fon.
CHADISlA , dans la Syrie.
Goltzius feui a attribué des médailles impé-
riales grecques á cette ville.
^ CKAFN’ES. Les foldats romains qui s’étoient
difnngués dans les guerres receveient pour ré-
compenfe de leurs généraux ^ des chain.es ou chai-
nettes , catelU. lis s"en paroient comme d'un
temeignage de leurs vlorien-í fervices. Tirí-T.ive ;
í 39. 51., di: que ’e préteu: Q^intiiis dliliibiu
.. , . , ^ ^ -rn
d-s cnaints fes cavaliers apres une adíion d'é-
Cjat : Donati d Calpumio ecitites phaleris j Ouin-
tius alter pré-ter Juos e qui tes catellis dorui\i:.
Les foldats romains {Joyep/í/ASe¿V. Füudf. il. 3.^
porioient dans le bagage militaire des chairus
pourlier les prifonniers de guerre. Elies étoient
de fer pour íes limpies foldats ; mais on en fai-
foit porter d^’or & d'argent aux riches' prifon-
niers Sepx princís. C'eii ainfi ' Dio.A-j.p.j^i^.)
An.oine chargea _-trtuaídes de th..t.ies d^ar-
r-:ntj Vefeíp {ti. 82. 3.) dd qa’elies étorenc
d cr^ & qne
vaTíiQueiir
dtinncuon fon
irenaic noriO:cr par
íuñre prifonmer.
:r„
otiqu un nomme etoit conititue pnfon.nier,
i:ca'..io!t á fon bras droit une chaina , cui
cetre tr;í:,
Lo ' '
on u ion oras aroic une caazne , cui
eton iiee par I’autre extrémité au bras giiiche
du fo.dat chargé de le garder On lui donnoit
en cer:.ames occaíions un feco.nd ^rdien^ auquel
il étoit attaché pir le moyen d’une fecoridc
chai, te liée á fon bras gauche ( Aci. Apcfiol. c,
1 2. n. 6. ) dorrr.ieiat irucr dúos milites , ¿uabus
alllgatus catenis. Quand i:n juge vouloit inter-
roger en íecret un prifonnier ainü gardé , il fai-
foit détacher ie foldac , &c tenoit
lui-méme la
chazne ; c'eñ ainíi que Fon vit Domitien , quoi-
qudl fut empereur , fupporter les chaines des ac-
cufés qudlavoit la barbarie db’nterroger lui-mé v e.
{Suet. c. 14. n. ~„ ) : nec nifi fecreto atque fclus
plerafque cuf odias , receptis quidem in rr.ami ca-
tenis audiebat. Cette maniere de garder un pri-
fonnier difpenfoit quelquefois de le renfermer
dans l’enceinte desprifonS:, & il pouvoit habitar
avec fon gardien une maifon parriculiére ( AeJ^
Apofi. c. 28. n. 16.) Ce n’étoient pas tou/oiirs
de limpies foldats qui étoient ainíi liés aux pri-
fonniers } on vit quelquefois des tribuns & des
centurions aíTujettis á cette pénible fonctiou-
{Ilid. c. 27. n. I.)
Jofephe ( Bsll.jud. v. ) Nous apprend quh‘1 étoit
dhifage chez les romains de brifer les chAnes
& non de lesdétacher^ íorfqu'on renvoyoit abfous;
un accufé. Tite fir apporcer une hache pour bri-
fer calles de Jofephe , afin que perfonne ne pút
douter ds fon innocence-
Les affranchis confacroient aüx dieux Lares les
chaines quh'ls avoient portees pendant leur eíc:;;-
vage. Horace fait mention- de cer ufage {haú-
i. i. é;.. )
Ivlulta cicerrus ad ns.c r donajjet jarnne c.ttensnt
Ex voto laribus quarebat.
Les chaines de métaux précieuXj catelU ,íú-
foient une partie de, la parure des romaines , S-c
on en a trouvé pluíiaurs fois dans lesfouil'es. J.e
comte de Caylus a pablié pluíieurs deiiins de
ces ornemens dans tes recuens c. at' -ouítcs- .lo—
race parle de ces ciicz7.es acs reniraes- ( ¿r.A-
I. 17. ;í.
rtftrs mgruricls uciitmna j fipe caiellani,
SéLpe perifceíidem raptam f.hi fientzs. . . . •
ChaiNe ou CokdE_, mefure linéaire & iti-
néraire de TAfie & derEgypte. Voye-^. Chebel.
CHAIR. Les Pythagoriciens n’en mangeoient
point : le feul doute qiul y ait fur ce fait,ne
concerne que le plus oule moinsde généralité de
cetra défenfe. 11 y en a qui prétendent qu'elle
n'etoit que pour les parfaits , ceux qui s'étant
cievés au plus fublime degré de la théorie y
étoient compres au nombre des difciples éfoté-
riques. D'autres ajoutent qu il étoit méme per-
mis á ces dermers de toucner quelquefois á la
ekair des animaux iacrifiés. Voici la raifon qu’on
lie dans Séneque ^ du fcrupule des Pyrhagori-
Ciens. Omnium Ínter omnia cognationem ejj'e , &
aüorumcomrserfznm in alias atque alias formas
tranfeuntium ; nuUam animam interire , nec cef-
fart quidem , niji tempore exiguo , dum in aliad
Corpus transjunditar. Incerim fcehris hominihus &
parricida metam fecijfe , cum pojfint in parentis
enimam infeii incarrere & ferro morfuve violare
in C:UO cognatas aliquis [piritas hofpitaretar.Q’tík.-
I dire á-peu-prés que les ames circulant fans ceíTe
dbin corps dans un aiure , ces philofophes crai-
gnoient que Fame de quelques-uns de leurs pa-
rens ne leur --tombár fous la denr , sbís fe hafar-
doient á manger de la ekair des animaux.
CHAiSE-CLRULE. Cette efpéce'de fiége, fait
d'ivoire, étoit une marque de dignité affeélée a
quelques magiftrats romains ^ aux pontifes , &
aux vállales j &c. Les romains en prírent l'ufage
des iatrufaueSj dont les monumens en oírrent fou-
vent. Viterbe , Fancien vetulonlum, fut la ville
d’Etiarie qui leur en fournir la premiére , íi Fon
ppt en croire Silius Iralicus ( vui. 4. 87, ), 11
dit de vetulonium :
Kac altas eboris decoravzt honore cúrales.
Ce fut Tarquín Fancien qui introduifítáRofne
les Ckaifes-curales ( Floras 1.5. 6. ) duodecim tuf-
éis. pópalos frequentihus armis fubegit. lude cu-
rules.
Les ckaifes-curales étoient d'ivoire ^ ou du
moins revétues d’ivoire fculpté. Horace ( epi/l.
i.d.jj.) -
Quilibet kic fafees dahit , eripietquc curule y
Cui volet y importunas ebur.
Ovide {Pont. ir. y 1$. J :
Confpicuum figrás c¡>m petit altas ebur.
{Ihid. IV. C). %-]. ) •
Signa qaoque in [ella nojfem formata curuli j
Et totam numidí fculptile dentis opas.
Denys d HalycarnaíTe déíigne toujours la ckaife-
curule par ces motSj.^e^f d’ivoire , 'o.itpíiTinj ¿ipisr.
Ceux qui aveient le droit de fe fervir de
ckaifes-curales y les plaqoient en Toyage fur leurs
chars ; d^oü leur vint le nom de cúrales. Tsous
déterminerons plus has leur forme , d'aprcs les
monumens antiques.
Brutus ayant chaíTé les rois de Rome & fait
creer des confuís ^ conferva les chaifes - cúrales
pour marque de la nouvelie dignité. Les préteurs
8c les édiies en acquirenr auíS Fafage par la
fuite {iiv. VII. I. ) : Non patientibus tacitam vi-
banis , quod pro confule uno plebeio tres patricios
magiflraius y piímtos.em et dúos xdiies , cura-
libas feilis prstextatos y tanquam con fules fedentes
nobilitas fibi fampfjfet. Les confuiaires 8c ceux
qui avoient exercé la préture 8c Fédilité , coa-
fervoient pendant toute leur vie dans leurs mai-
fons ¡a pretexte 8c la ckaife-curule y comme des
témoignages des.honneiirs qu’ils avoient mérités.
IS'ous Fapprenons de Tite-Live ( r. 41.) 8c de
Vaiére-Maxime ( ni. 2. 7. ) , qui racontant la
prife de Rome par les Gaulois ^ peignent les
anciens magiílrats alíis, a Fentrée de leurs mai-
fons fur des chaifes-curules , vétus de la pretexte,
8c attendant en íilence Farrivée de leurs farouches
vainqueurs.
Des le berceau de Rome, Numa avoit accordé
au Flamíne de Júpiter Fufage de la chaife- cúrale
( liv. 1 . 20. ) .■ Ñama Flaminem Jovi ajfduum
creavit ; ínfignique eam vefle , & curili regia [ella
adornavit. Le fouverain pontife Se plufieurs
autres prétres jouirent du méme honneur. Au-
guíle permit aux Veílales á’aíliíler aux jeux
publics aflifes fur des chaifes-curules. Le diéla-
teur réusilToit en lui toute Fautorité fupréme ; ce&
pourquoi il eíl inutile de faire obferver qu’il fe
fervoit de la chaife^curule.
Cette marque de dignité fut prodiguée á des
princes étrangers fur la fin de la république &
fous íes empereurs. Le peuple romain fit pre-
ferir á Euméne , roi de Pergame , d’une ckaife~
curule 8c d’un feeptre d’ivoire ( Liv. xzii. 4. )•
Les perfonnages illuílres de Rome jouirent
dans les jeux de cette diílinélion, méme aprés
leur mort, Teís furent Marcellus ( Dio. zul.
p 517. ), 8c Germanicus {Tacit. Anual, il.
82. I.).
Quant á la forme des chaifes-curules , on pourra
confulter les recueiís d’antiques trouvées á Hercu-
lanum. On envoit deux dans le cabinet de Pornci.
Ces íiéges étoient d'ivoire á Rome i mais ici ns
font de bronze. lis ont un palme fept pouces de
hauteur ( un pied ) , & deux palmes fept pouces
(unpied huir pouces) de largeur. Les bras de
cette efpéce de meubíe, ainíi que fespieds, font
formés par des lignes qui , réunies en un pomt,
fe croifent 8c prennent la figure d'un ^X , dont
les jambages feroient pliés en ligne Ipiraie. Les
píeos de ces fieges fe terminent par le bas en
une tete á’animai defantaiiie, dont ie bec abonge
CHA
leur fert de point d'appui. Ces chaifa-curules
ne peuvent mieux fe comparer qu á nos tabou-
rets plians.
L¿ comre de Caylus (Rec. iil.pl. 39. n°. f.)
a pubiié le deíGn dline chaife-cumU. Cette chai fe ,
fans doílier, pouvoit erre un ineuble particulier ;
cependant comme elle eft de bronze , & qu’on
juge de fa richeíTe par quelques reñes de fa do-
rure , elle pouvoit fervir á quelques - uns des
Biagiñrats ^ qui donnoient leur audience dans le
forum , ou dans d’autres places publiques. Elle
pofe Tur quatre pieds , qui fe croifent de deux en
deux , & qui fonc termines , dans la parné qui
touche le fol ^ par des tetes d'oifeaux , dont le
bec eft un peii courbé. Cet ornement , tiré de la
nature , produit un effet agréable.
Chaise enrule (on volt une) fur les médailles
de Malte. Quand elle paroit fur les médailles
Tomaines avec une hafte couchée fur elle , on
doit y reconnoítre le fymbole de Junon 3 qui
déíignoit la confécration des princcíles.
ChAISES. Voje^l SiÉGES.
CHALAZOPHYLACE. ■) sénéquc (AW.
XAAAZ04>YAAS. 5
Qusfiion. l. 4. c. 6.) dit quil y avoit en Gréce
des CkalaT^opkylaces , ou precres dont les fonc-
tions étoient de p-révoir les gréles , les tempeteSj
& de les détourner par le facrifice d’un agneau
& d'un pouiet. Si ces animaux lear manquoientj
ou que "infpedtíon de leurs entrailles n offrit que
despréfagesfunefteSj i!s fe découpoient les doigts
avec un inftrument trapehantj croyant ou vou-
iant faite croire qu’iis appaiferoient les dieux par
FefÉifion de leur fang. Ces charlatans , dont le nom
étoit compofé de , grele ^ & de ov>.as-s-a •
j^obferve , avoient été établis par Cleon.
CHALCÉES. Voye^ Chalcies.
CH ALCEDON ou CHAECÉDOiNE;,enBithynie.
KAAXAAONIQN.
Les médailles autonomes de cette ville font ;
RRRR. en or Pellerin.
RRR. en argent.
RR. en bronze.
Leur tvpe ordinaire eft un taurean debotit. ^
Cette ville a fait firapper une médaille impériale
grecque en l’honneur de Julia Paula. L oreno-
graphe de fon nom a pu varier; c eft pourquoi on
ajoutera a cet arricie ceuii de Calcedok 3 qui
étoit peut-étre la meme ville.
CHALCEIUM 3 foucoupe qui fervoitdans le
jeu du CoTTABE. Poyei ce mot.
XAAKEMEOAON ^ nom. qui défignoit chez Ies
Grecs les éperons de bronze des navires de
guerre.
CHALCIDÉNE, en Syrie.
Cette résion eut un roi^ GU plutot un Xettar*
Antiqultés 3 Tome I.
CHA 719
que du tems de Pompée. II s’appeloitPxoLEMEEj
& il a fait frapper quelques médai.Ies.
CHALCIDIQUE, falle grande & fisperbe.
Ckalcidzcum. Feltus PapneUe ckalceáonium 3^ mais
peut-étre eft-ce une-faute. Titruve(/iv. r.ck.i.) ,
Aufone, Hygin. (¿ La fabU i84)> Arnobe ( /iy .
iil. & üv. ir.) y difent chalciaicam. Les ckaki-
diques étoient de grandes & magnifiques falles
qu'on ajoutoit aux palais. Si le terrein que vous
avez pour batir eft trop long , dir \itruve , yous
éleverez au bout un ckalcidique. Je voudrois bien,
dit ArnobCj voir vos dieux & vos oeeífes péle-
mela dans vos grands ckalcidiqu.es , & dans ces
palais du cié!. On écrit, dit-il aílleurSj que vos
dieux font leurs feftins dans de grandes falles a,
manger qui font aux cieux, & dans des chalcidi-
ques tous d^or.
Feftiis dit que cette efpéce de bátimens avoit
pris fon nom de la ville de Ckalcis ; mais il ne
nous apprend point pourquoi Philandre dit que
c' étoit un édifice dans lequel la eour desunon-
noies avoit fon tribunal , & qifil avoit pris fon
nom de > airain , matiere de la monnoie ,
& de 3 jaflice ¡ ce qui eft faux , car ^dans
ce cas feroit place Paccent fur 1 antepemutieme ,
& non fur la derniére. D’autres le derivent de
deux mors grecs, X’'-^X^^= hronqe airain 3 & eixo; ,
maifon , & üs difent qu’on frappoit la monnoie
dans ces maifons , qui étoient ce que nous
appelons k&tels de la monnoie. Mais que devien-
droit Vo de ? Comment la pénultiéme feroit-
elle breve ? Pour former un nom de ^
de tñxos , il faut di re x‘‘^X‘'’‘X'^^ > calcioecus, cornrne
on Pa dit effeétivement pour Minerve, dont c eft-
lá une des épithéres , aghnh xaakioikcx.
Quelques interpretes ont entendu par ckalcidi-
que 3 Paudiroire des baíiliques.
Chalcidíque CMinerve). FoyeiCaAíCim-
cos.
CHALEIS , 1 céléb rées par les Atbé-
CHALCEES, 3 ti j
niens , en mémoire de ce que l art de tnettre
le cuivre en ceuvre avoit pris naiffance a Athenes
'Eufiatk. Iliad. B.). Ce^.-nom vient de ,
mme On aooeloit auíTi ces fetes Athe-nees ,
parce o'f on les ¿éiébroit en Phonneur de Mmen-e ;
7:ccf^y‘f^c-y 3 ^ ^
prenoit part dans P
n^rce que toute la viiie a i,tn.enes
'origíne
Les ouvríers en
ume^urent parala fuite les íeuls qui célébrérent
;s chalcies.
CHALCKECIES , fétes de Lacédémone , cu
;s jeunes gens venoient tous ^
Mi.nerve ckalcicecos. Les Epnores aílAtoieii.. a
es fétes pour y mauitenir 1 orare.
CH4LCKECOS , furnom qui fut dormé a h
Enerve de Lacédémone, parce que .a uatue
» temple méme quelie avoit dans ce^Le \i-t^
'toient Xairam, appele en grec Aug.ite.
^ Z 2. Z,
7^0 en Á
Dátir a Rome, ¿lans !a neuviérr.e résfon , un
a cette Minerva ^ que Ton y appela ckM-
tiazqae ( Dio. zi. p. 4?'q. ).
CHALCIOPE. Voye:^ Calciopé.
CIS , áa.ns l'Eahoée. xaakiaeíín.
Les TTiedaiiies autónomas de cette ville font :
RRRR. en or. , . . . . Eckhel.
C. en argent.
C. en bronze.
Leur type ordinaíre eíl un aigle qui déchire un
ferpent j ou une íyre.
_ Cette vilIe a fait frapper une médaille impe-
riaie grecque en i’honneur de Veras. Eckhel.
CuALcis , dans la Syrie. Xaakiaeqn.
_ Cette ville a fait frapper des méd.iilles impé-
nales grecques en Thonneur d’Augufte , de Tra-
ban 3 d'Hadrien ^ de M. Auréle , de Vérus ^ de
Commodej de INéron.
Olí luí aKnbue une feule médaille aiitonome
de bronze , qui a été publiée par M. Pellerin.
CHAL'CON. V oyeq_ Chalcoüs.
CtiACOPHONüS, pierre cohnue des anciens.
Boece_ de Boot dit qu ils défignoient par ce nom
Une pierre noire ^ qui étant rrappée rendoit le
méme fon que fairain , comme fon nom fembíe
1 HiaíCuer. M. Anderion^ dar.s fon hijtoire natu.-
turelie de Grocnlaná , parle d’une pierre qu’on
iut a viir avoir la méme propriété , & qui étant
rrap^e ^rendoit un fon'rembiabie á celui d’une
cm-che, v,et auteur foapeonne que cela vienr dii
cuivré & ue 1 argent quelies contiennent , parce
que ces pierres paioiíTent teintes de verd & de
b!_ea_en certains endroirs Mais en fuppofant le
lait^ inccntcñabie ^ cette comeólure nVn paroí-
troK pas mieux fondée. On dit aaffi qu'ü fe
trouve une pierre de cette eípéce en Cañada ,
a. qui quelques gens pour cette raifon ont donné
Je nom de mer-.-e de clocke.
M. le duc de Chaulnes a dans fa colleaion
elunoife des pierres noires, qui étant fufpendues
par un. cordon & ifolées j rendent un fon forc &
narmonieux ^ loríq'Von les frappe avec un mar-
te-au. Ce font des morceaux de bafalte.
CHALCOS. Voyeq_ Chalcoüs.
CKALQUE. Voyeq^ Chalcoüs.
CHALCOÜS ^ Eréole TaiTugon ^ calcut ,
anclen poids de i’Afie & de ITgvpte.
M Paucton l’évalue en pcids de FraiK-e á i
S-ain ÍI!;
II valoit en poids des mémes pays i fitarions.
Chalcoüs _
Chalcon^ f monnoieancrencederEgypte
Se de 1 Alie. V oye:^ Phollis.
Chalcoüs , poids &■ monnoie des Grecs. A
Pauebon I evalúe en poids de France á a. grains ,
o - - ;■ . ....
izs i ^ £n iBonnoie á G den?ers 8c
Oa a parmi Ies médailles d" Antioche fur P{
CHA
reate , une roédaiüe de bronze fur laquelTe on
lit XA A. , abrégé de xaak.cí;. Elle "péfe 4’
grains.
CHALDÉENS. Les Ckaldéens reconnoiíToiens
un dieu fouverain ^ auteur de toutes chofes^ le-
quet avoit etaoli cette belle harmonie qui lie
toutes les patries de Tunivers. Quoiqu ils cruf-
fent la matiére éternelle & préexiíhnte á Po-
pération de dieu , ils ne s'imaginoient pourcant
pas que le monde fur érernel ; car lear cofmo-
gonie nous repréfente notre terre comme ayanc
été un chaos ténébreux^ oú tous les élémens
étoient confondas péle-méiej avant qu'elie eút
recu cet ordre & cet arrangement qui la ren-
dent un féjour habitable, lis fuppofoient que
des animaax monílrueux & de diverfes figu-
res avqient pris naiífance dans le fein informe
chaos 3 & qu lis avoicnt cte loumis a une
femme nommée Omerca ; que ie dieu Belus avok:
coupé cette femme en deux parties j de Pune
defquelles ii avoit formé le cíe! & de Pautre la
terre j & que la mort de cette femme avoit
caufé celle de tous ces animaux; que Belus,
avoir formé le monde & produit íes animaux" qui
le rempiiíTent, s'étoit fait couper la tete ; que
les hommes Se les animaux étoient fortis de la
terrejque les autres dieux avoient détrempés dans
le fang qui couloit de la bleííure du dieu Belus ,
& que c'étoit la raifon pour iaquelle les hommes-
étoient dqués d’mtelligence , & avoient recu iinc'
portion de la divinité. Berofe, qui rapoorte ceci
dans íes fragniens que nous avons de luí:, Se qui
nous ont été confervés par Syncelle , obferve que-
toute cette cofmogonie rPeíl qu’une allégorie myf-
térieufe j par laqueile les Ckaldéens expiiquoient
de quelle maniere le dieu créateiir avoit dé-
orouille le chaos & introduit Pordre parnrii la
confufion des élémens.Du moins, ce que Pon voit
a^travers les voilésde cette fiirpremnte allégorie^
c eít que Phomme doit fa naiífance á dieu, & que
le dieu fupréme sVtoit fervi d’un autre dieu pour-
forrner le monde, (lette doébrine n’étoit poinr
particuliere aux Ckaldéens : cVcoit méme une
Opinión univerfellement recue dans tout PO-
rient , qu'il y avoit des génfes, dieux fubalter-
nes & dépendans de Pétre fupréme, qui étoient
dillnbués & répandus dans toutes íes parties
de ce valle univers. On eroyoit qkil nVtoir pas
digne de la majeílé du dieu fouverain de préfi-
der dire.ílement aa fort des nations. Renfer.mé
dans lui-méme , il ne lui convenoit pas de soc-
cuper des penfées & des aétions des limpies
rnortels , mais il en laiíToit le foin á des divi-
nirés locales & tutélaires. Ce n’étoic aufli qu’en
leur honneur que fumoit Pencens dans les tem-
ples, & que couloit fur les autels le fang des
vi^'mes. Mais outre Ies bons génies qui s’ap-
pliquoient a ftire du bie.n aux hommes , les
Ckatdéens admettaieat anflfi.des génies- mai-íáí^
CHA
fans. Ceu5-lá étoienc formes d*une matiére plus
groííiére que les bons^avec lefqueis i!s étoient
perpétueiíement en guerre- Les premiers etoienr
l’ouvrage du mauvais principe , comme les autres
rétoient du bonj car il paroit que la dotirine
des deux principes avoit pris naifiance ea Chai-
dée, d'ou elle a paffé chei íes Perfes.
Tels étoient vraifemblabíenieiit les myíleres
«uxqueis les Ch^ldéens avoient fom ce n initier
cif un petk nombre d’ adeptas , qui devoienc leur
iuccéder^pouren faire paíTer la traámon d'age en
ágejjufq'Lá la poílérité la plus reculée. II n é-
toit pas permis aux difciples de penfer au-delá
de ce que lenrs maitres leur avoient appns.
lis pÜoient fervilement fous le joug que leur im-
pofoit lerefpeít aveugleqifils avoient pour eux.
Diodore de Sicüe leur en fait un méritej & les
¿léve en cela beaucoup au-delfus des GrecS:,quij
felón lui , devenoient le jouet éternel de mide
opinions diverfcs ^ entre lefquelies flottoit leur
cfprit indécis; parce que dans leur maniere de
fienfer. ils na vouloienr erre maicrifés que par
eur génie. Mais ii faur écre bien peu philoío-
phe foi-mémej pourne pas fentir que le plus beau
privüége de notre raifon coníiíle á ne rien croire
par l’impullion d'un iníliníl aveugie & mécha-
niqueg &: que c’eíl díshonorer la raiion que de
Ja mettre.dans des encraves jainíi que le faifoient,
les Chniiécns.
Voici la doSrine que les Chaldéens enfei-
jnoient publiquement favoir, que le foleij , la
June 8c les autres adres , & fur-tout 1« planetas
ctoient des divinités qu’il failoit adorer. Héro-
dote 8c Diodore fo:it ici nos garans. Les étoiles
qui forment le zodiaquej étoient pnncipalemenr
en grande vénération parmi eux, fans préjudice
du foleii Se de la lune , qu’iis ont roujours re-
gardés comme leurs premieres divinités. Ils ap-
peloient le foleii B¿lus , 8c donnoient a la lune
Je nom de N'io; quelquefois aulTi ils I’appe-
loient Iscrgal. Le peuple croyoit bonnement que
la divinité réíidoit dans les adres , 8c par con-
féquent qu'ils étoient autant de dieux qui meri-
toient fes hommages. Pour Ies fages &; les phi-
Jofophes du pays , ils fe contentoieat d y placer
des efprits ou des dieux du fecond ordre , qui
en dirigeoient les divers mouvcmens.
Ce principe une fois étabii , que les adres
étoient des divinités , il n'en fallur pas davan-
tage aux Ckaliéens pour perfuader au peuple
qudis avoient une grande influence^ fur le bon-
heur ou le malheur des humains.Delá ed née i’af-
trologie judiciaire, dans laquelle les Chaldeens
avoient la réputation d’exceÚer li fort entre les
CHA
751
autres nations , que tous ceux qui s y
didin-
giioient s'appeloient Ckaldéens que fut leur
patrie. Ces charla tans s'étoient fait un art de pré-
dire Pavenir par l’infpeclion du cours des adres ,
■oú ils feignoier.t de lire Penchainement des delti-
nées huiaaiiies. La crédulité des peapks fauoic
toutclear fcience; carquelies liaifons pouvo¡ent-
ils appercevoir entre les moavemens regles des
adres 8c les évenemens libres de la volonté?
L'avide curioíité des hommes pour percer dans
l’avenir Sc pour prévoir ce qui doit leur arnver,
ed une maladie auíli ancienue que le mona; meme.
Mais elle a exercé principalemeiit fon empire cnez
tous les peuples de 1 Orienc , dont on fait que
Fimagination s'aliume adement. On ne fauroit
croire jufqu'á quel excés elle y a éte portee par
les rafes Se les artifices des prétres. L’adrolo-
gie judiciaire ed le puilTant ftein avec lequel oa
a de tout-tems gouverné Fefprit des Orientaux.
Sextus Empiricus declame avecj>eaucoup de fbr^
3c d'éloquence contra cet art rtivole , íi mneíce
au bonheur du gente humain , par les maux qu il
produit néceííairement. En eífet, les Chaldecitc
rétréciífoienr Fefprit des peuples., & les tenoient
indígnsment coutbes Tous un joug de rer
leur impofoit leur fuperdition ; il^ ne leur etoit
pas permis de faire la moindre demarche , fans
avoit auparavant confuiré les augures 8c íes aiuf-
pices. Quelque crédules que fuífent les peuples ,
il n’étoit pas poííible que i impodure de ces
charlatansde Chaldee ne trahit 8c ne decelat tres-
fouvent la vanité de Faftrologie judiciaire. Sous
le confulat de M. Popillius, 8c de Cneius (^.a;pur-
nias , il fut ordonné aux Chaldéens , par un edit
du préteur Cor. Hifpallus de fortir de Home &
de toute Fkalie dms Fefpace de dix jours; 8^ Il
raifon qu’on en donnoit , c'ed qu'ds abafoienc
de la orétendue connoidance qu iis fe v^airtoient
á'avoiV du concours des adres^pour tromper des
efprits foibíes 8c crédules, en leur perfuauant
que tels evénemens de leur vie étoient^ ecnts
dans le ciel. Álexandre lui-méme, qui d'abord
avoit eré prévenu d’une grande edime pour Ies
Chaldkns, la leur vendit bien cher pariemnd
mépris quil leur porta, depuis que le phtlofo-
phe Anaxarque luí eut fait connoitre toute la
vanité de Faftrologie judiciaire.^
Ouolque Fadronomie ait ete fort en honneur
chez les Ckaldéens , qu ils 1 ayent cultivée avec
beaucoup de .foin, ií ne paroit pourtant pas
QU elle eut fait parmi eux des progres coníide-
rables.Ouels adronomesene desgensqmcroyoient
que Ies éclipfes de la lune provenoient de ce que
cet adre teurnoit Tcrs nous la parné de fon
foleii : ou avoient-ns —
redre feroit confumé par les fíammes , Ims de
iTcLionclion des adres dans le ligne de 1 ecre-
viíD , & ou'il feroit monde fi cette conjonuioa
arrivoit dans le figne du captrnorne : Cependant
c, Srioní
rriín”? r;«=» efli™ p»a¡-
eieufe^GU on avoit conque pour leur srand .av oír
CHA
que fur ce q’a% font^réparés de nous par une Ion-
gt:e íLiire ce iitrcles. i ou: tlcígneirenr £Íi en drok
ee nous en impoíer.
^ L envíe de^ paíler pour les plus ancíens peu-
p¡es da monde 3 eíi une manie qai a été com-
niune a toutes íes nations.On diroit qu^^elles s’irna*
ginent valoir d autant mieux ; qu’elies ceuvent
remonter plus haur dans Tanquité. On ne* íar.ro-'r
cro!re combien de réveries & d'abíurdicés ont
ete defcitées a ce fujet. Les Ckaldcens ^par exem-
p^e ^ pretendoient qu’au tems oú Alexandre vain-
qu^ur de Oarius prít Babylone ^ il s^écoíc écoLdé
quatrecens fojxante & dix miüe années a comp-
tei depu’s les tems oa i'aítronomie fieuriffoit
dans ia Chaidée.^Cetre longue fupputadon d'an-
nees n a point la preuve dans i'hilloire > mais
feuiement dans l'imaginanon échauíFée des Ckcl-
í aT’ Calliíihéne ^ á qai le pr-écepteur
a Alexandre avoit menagé une entrée á la cour
de ce prince , & quj fuivoit ce conquérant dans
fes expedidons^ militaires , envoya á ce méme
obfervations qu’il avoit trcuvées á
Babylone. Or ces obfervations ne montoient pas
au-ckia de mille neuf cens trois ans ; & ces miile
trois ans j fi on les fait commencer á
lannée 4383 de la période Julienne:, oii Baby-
lonne fut prife, remonteront á Tan 2480 de cette
penode. Si. les Ckaldéens avoient eu des obfer-
vations auffi anciennes , comment fe peut-il faite
que Ptolomée , cet aftronome fi exad^n^en ait
poinc fait mention & que ia premiére dont
^ parle tombe á la premiére année de
Merdochai j roí de Babylone Jaquelle fe trouve j
erre dai« la vingr - feptiéme année de Tere de
l^aoon'alíár ? II réfulte déla que cette ptéren-
due antiquité que les Ckaldéens donnoient á
leurs obfervations^ ne mérite pas plus norte
croyance que le témoignage de Porphyre , qui
luí fert de fondement. 11 y a plus, Epigéne ne
craint point d avancer que Ies obfervations añro-
nomiques qui fe trouvoient inferites fur des
criques cuites qu on voyoit á Babylone , ne re-
montoient pas au-delá de 720 ans 5 & comme
H ce tems ent été encore trop long ,Bérofe &
Lritodeme renferment tout ce tems dans refpace
de 480 ans.
CHA
Aprés cela, qui ne riroit de voir les Ckaldéens
BOUS repréfenter gravement leurs obfervations
aíiipnomiques , & pous les apporter en preuve
de Jeur grande antiquité 5 tandis que leurs pro-
pres auteurs leur donnent le démenti , en les
lenrermant dans un fi court efpace de tems ?
lis ont apparemment cru , fuivant la remáteme
de Eactance, qudi leur étoit libre de'mentir,'en
imagmant des obfervations de470cooans ; parce
qu lis etoient bien súrs cu’en s'enfoncant fi fort
dans . antiqaité, il ne feroit pas poífible de les
pas Vait attention que
toas ces ca,culs n operent dans les efprits une 1
vraie perftiafion , qu'autant qu’on y attache des
faits dont la réaüté ne foit point fufpeáe.
Toute chronologie qui ne tient point á des
faits, rfeíl point hiríorique,& par conféqaenc
ne proave ríen en fiveur de fantiquicé d^uné na-
tion. Quand une fois le cours des afires m'eft
connu , ;e puis prévoir , en conléquence de leur
marche ,_aíTuiett!e á des mouvemens uniformes
& réguliers, dans quel tems & de qiielle ma-
niere ils figureront enfemble , foit dans leur
oppolition, foit dans leur conjonélionj je puis
éjalemenr rae repüer fur les tems paíTés , ou
rnVvancer fur ceux qui ne font pas encore ar-
rivés ; & franchiífant les bornes du tems oú le
Créateiir a renferiné le monde, marquer dans
un tems imaginaire les infians précis oú teis ou
tels afires feroient écHpfés. Je puis, á i’aide d'un
calcul qui ne s'épuifera jamáis , tant que mon
efprit voudra le continuer, faite un fyftéme
d'obfervations pour des tems qui n’ont jamais
exiñé ou méme qui nexifieronr jamais. Mais
de ce fyfiéme d'obfervations pure'ment arbi-
traire, il n'en rérultera jamais que le monde ait
toujours exilié , ou qu^l doit roujours durer.
Tei eíl le cas oú fe troiiyent par rapport a nous
les ancíens Ckaldéens , touchant ces obfervations
qui ne comprenoient pas moins que 470000 ans.
Si je voyois une fuite de faits attachés á ces
obfervations & qu'iis rempiilfent tout ce long
efpace de tems , je ne pourrois m'empécher de
reconnoítre un monde réellement fubfíftant dans
toute cette longue durée de fiéclesj mais parce que
je n’y vois que des calcuis qui ne trainent aprés
eux aucune révolucion dans les chofes humai-
nes , je ne puis les regarder que comme les re-
venes d’un calcuiateur. (Tout cet árdele efi pris
de L Encyclopédie. )
Les Ckaldéens paíToient dans rantiquicé pour
les inventeurs de raftronomie , & lis étoient
fort adonnés non - feuiement á cette fcience,
mais encore á Tafirologie, á la divination, &c.
C"eft pour cela que Chaldéen , dans Técriture &
dans les auteurs profanes, efi la méme chofe que
mathématicien , afirologue , difeur de bonn«
aventure , faifeur d’horofcope, raagicien, comme
on le peus voir dans Daniel, il, 2,4,5’,
iVj 7, V, n°. 7, II 5 dans Cicéron, de Divin , lib.
I^n. X, 31 é lih. í/, n. 42, 87 & lih- rf , t. 42,
87, & lib. I. Tufcul. qus.ft. n. 95. Strabon , lib.
VI. Aulu-Gelle, I. ck. 9. & liv. xiv. ch. Ij
Suétone, d.ans Viteüias, ck. 145 S. Jetóme, fur
Daniel , ch. 1 1 , Juvén. fat. x. verg. 94.
II ne refie aucun monument des Ckaldéens ,
M. de Paw en donne ( Reck. fur les ±.gypt. & les
Chin. t. 2. p. do.)- la raifon íuivante.
c< Sfil y avoit eu dans la Chaldée des confiruc-
tions auíli folides que ce'les de TEgr^pte, il en ref-
teroit des ruines prodigieufes ; ipais comme on y
a báta avec des briques & du bitume , toutes íes
parties les plus clevées ont du. aécefikirement s'é-
CHA
eroukr, 8í ce n’eft qu’á quelques pieds au-defíl-s i
des fondeir.ens oii rhutnidiré a confsrvé la rcrce ;
& la ténacité du bitiime, qu op découvre encore |
quelques redes de rnaco¡iner:e , comme en cet ;
endroit qu’on prsnd pour 1 einpiacemer.c du tern- ;
pie de Bélus. Ce font la des chofes qui ne me- i
rltent poinr qu^on en parle. E) aillems dans queiS ¡
cabiners de TEurope a-t-on jainais poiieue des
ñatues ou des monumens Chalda'iques ? ==
CHALINiSTE furnom que I on donnoit á
la déeíTe Minerve á Corinthe, ou elle avoit un
temple , Sr oü elle étoit adorée en mémoire de
la bride ou elle avoit mife áPégafe,en faveur
de Beliérophon. Ce furnom vient de^ ,
freinj d'ou cette déeffe fut auíli appelée
lis ou Frenacrix. Le corps de la ftatue étoit de
bois, le vifage. Ies pieds & les mains de pierre
blanche. (Paufanias , Corintihac. c, jv-^
CHALEME Aü cet inftrument paffe pour k
premier inñrument á vent dont on ait fait ufage.
C'étoit un rofeau percé á dififérentes diftances.
On en attribue Finvention aux Phrygiens^ aux
Lybiens_,aux Egyptiens , aux ArcadienSj & aux
Siciiiens : ces origines diíférentes viennent de ce
que celui qui perfeétionnoir j paíToit ala longue
pour celui qui avoit invente. C eft en confe-
quence qu’on lit dans Piinejquele Chalumeau.
fut trouvé par Pan, la Flute courbe par Aiidas^
& la Flute double par Marfias.
CHAMBELLAN. Cet oSícier portoit différens
nonas chez, les Romains. Onlappeloit Pr&poJ!tu^
Cubículi ^ Cubicularios , Thatami cujios. Ii en eii
fouvent queftion dans FambaíTade de Philon a
Rome, auprés de Caligula, dans Ammien - Mar-
cellin fxiv. II. & XXII. 4. ). Hononus & Theo-
dofe, attribuérent de grands pnviiéges a la di-
gnité de Ckambellan, & ils 1 egalerent a celk oes
Préfets du prétoire & de la ville. Le grana cAuot-
bellan étoit le chef des Ckambellara ordinaires 5
mais il n’exercoit fur eux aucune jurifdiéiion ,
parce qudls dépendoient immédiaternent du mai-
tre des'offices. Ce premier officier£toit exempt de
toutes charges ou itnpofitions-
Sous íerégnedesPaléologues^ le grand Cham-
bcllan portoit un chaperon bordé , un manteau
de pourpre , une tunique jaune , fur laqu..iie
étoiént repréfentés en broderie par devant i em-
pereur debout , & par-derriere 1 empereur ailis
fur un troné. Son fceptre étoit de bois , avec
le premier noeud d’or pur ^ & les autres recou-
verts d’or & d’argent ; c eft ainíi que le depemL
Sophotate Curopalate.
CHAMBRE. Quoique cet article appartienne
au Dictionnaire d’Architeéiure , noñs croyons
cependant devoir rapporter ici le paffage fuivan..
de V/inckelmann , qui fervira a 1 expiica.ion de
pluíieurs paflages d’auteurs anciens , reiauís a la
forme des Chambres. ...
“ Je ne ferai pomt ( dit AVincxeimann j dans
c H A 733
fes recherches fur Farchitecture j de rccherc’nes
fur les Chambres des anciens . & je ne citerai
point ce qa’on en trouve dans les anciens écri-
vains j parce que cela a céjá éíé dít en grande
partie 5 8c qa’on ne pcut en donner une idee
exaCie fans planches. Je me cnntenterai done de
parler de ce que j’ai vu moi-méme. Les Cham-
bres des anciens , 8c particuliérement celles oñ
ils couchoient étoient , pour la piupart , voútées
par le haur,ainli que Varron nous i apprend :
( Conf. Scalig. Conjeci. in Karron. ¿ib. vri, p.
173.) c’étoic de cette maniere qu’étoit faite celle
que Pline ( ¿ib. n , ep. 1- , p. i^o, ed.Lugd.
i6bc¡. 8'^.) décrií dans fon Laurer.tumi & Fon foup-
qonne que de pareilles Chambres , trouvées aii
fecond étage de la Villa Hadner.ne , etoient des-
Ckambres á coucher , parce qu il y avoit une
grande niche qui fervoit d’alcove, 5c dans laquelle
étoit place le lit. Les Chambres de Piine avoient
des fenétres toat aiitour ; daos i une ceper.aanc
le jour tomboit d’en-haut par une oaverture qui
fe fermoit fans doute pendan: la nuit. »
cc II paroit. parles ruin
de Fancien Tufculum ,
bres d’une magniñqu
s de la Villa Hadrienn:
fi ^
mal fon d
atníi que par ¡es Ckam-
campagne^ pros
la ville d’Hercuianurn . ou i on a trouve la p-ius
grande nartie des buftes de maibre_8c_de bronze
qui font dans le caDinet ue Portici; u paroit ,
dis-je , par ces Chambres , que calles des anciens
étoient fort petites. Celle dans laquelle s’eittroii-
vée á Herculanum la biDliothcque ^ compofée de
plus milla rouleaux cíe livras^ étoit fi petite ,
qu’en étendant les deux bras, on pouvoit. pour
ainfi-dire, toucher Fuñe & Fautre muraiFie. Dans
la maifon de campagne de Tufculum, il avoit
une petite Chambre i ceqüireroit
avec une féparation
particalicre , faite d
cette maniere , _
extérieure que fe tenoient les domeíliques- _A étom
la porte de la chambre , 8c B la porte d’entrée
de la divifion intérieure, qui étoit faite avec une
muraille fort minee
■a!
i
!-
n
B
croire oue
c’étoitTdans
a divíiion
CHAMBRES GARNÍES ( louer des ) , s’ap-
peloit Ccenaculariam faceré y Sc .1 on nommoit
CgenacülaRIUS celui qui en oceupoit une.
CKAMEAü. Les Aliatiques fe fervoient cíe
Chameaux dans les armées 8c dans les combats.
Les Romains en virent pour la premíete íois
dans les armées d’Antiochus. Néron (Suét. c. il.
n 3 & Eiagabale (Lampr. c. 23 ) , fírent ^a-
roitre dans les jeux du cirque des chars atteies
de quatre Chameaux.
Eiagabale vculant imiter le gourmand Apl-
cius manaeoit fouvent des ragoúts faits avec
d»s alonsde Chameau, 8c des cretes arracnees á
des coqs vivaos (^Lampriá. Heiiog. c. ip. ')■. ■ co-
medie ftpius ad imitationcm aápicu ca.canea cp-
melorum & crifeas v'ivis gallinaceis iemptas. He-
734 CHA
rodien ( iv. if. 8.) aflure qus ces talons font
tendrás üc déiicats.
Les a:¡dens tiroient du Ck^meau unefubftance
pías atile; détoit le poiU dont i!s faifoient plu-
llears fortes de tiíius , comme on le prariqae
encore. On fait qae ces tiñas ont été appelés
camclots ^ dans le tenis ou ils n'étoient remplis
que de poií de Ckameau. Mais ce q'LEIien rap-
pcrte au ünet de ce poil (HLL l- 17- c. 34.yj
noas doit paroitre fort extraordinaire ; il aíTure
que ks Habitans des rives de ia mer Cafpienne
avoient une efoéce de Ckameaux égaux en hau-
teur aux plus grands chevaux, dont le poil étoit
auíu doux que !a lair.e des brebis de Milet ^ &
que les prétres & les grands en compofoient
leurs vétemens. 11 faut fins doute reconnoítre
ici le Lama, qui repréfente dans l'Amérique le
Chameau de f Áíie , & qui habite Ies cordillié-
res Sr les pays froids ^ tels que le font les bords
de la ir.er -Cafpienne.
ChameAü (k) fiir Ies inédailleSj eñ le fyin-
bo-'e de TArabie (Joiert). II fe trouve cependant
fur les médailks de quelqtf.iatre peuple,, comme
fur calles de la famille Fliutia , fur iaqaelk on
volt une tete de femfiie avec une coiironne
múrale , A. Flautius. aed. cur. s. c. Et au
revers dans le champ 1vd..€'JS i, dans I'exergue
Eacchius j 8c pour type un homnie a genoux
qui tient de ia main gauche un Chamean par la
bride, & qui tient de la droite une painie.
C'eír aiors un figne á'aiiiance avec TArabié.
(Begcr.)
CHAKíOS , dieu des Moabites , á qui Salo-
men eleva un temple pour plaire á une de fes
femmes qui étoit de cette nation.Voflius {de idol.
iS.) a cru que c’étoit le Comus des Grecs & des
ílomains.
CHAMP, étoit un lieu ouvert dans ia campa-
gne, oú les jeunes-gens s’affetnbloient pour faire
leurs exercices, pour y célébrer certains fpeéia-
clcs , &c. & oú les citoyens tenoient auífi leurs
comices, ou les aíTembiées dans lefquelles il
f'agiiToit de déiibérer de queique afraire publique.
Oncomptoit á Rome un gran d nombre de Ckamps:
il y avoit le Champ d’Agrippa , le Champ Bru-
ñen , le Caudetan , le LaTtatarias , le Martius ,
le Pecuarias , le SeCarius , Is Vimmalis , 8cc. '■)
mais par le nom de Champ addition, on cn-
tendoít touiouTS le Champ de Mars.
Le Campus- Agonius étoit íitué entre la vallée
Murcia 2e le cirque de Flaminius : ce n'étoit qu’un
marché.
Le Champ d’Agrippa étoit dans la feptiéme
tégion de la ville, entre le capitolc & ce qu‘“on
appelle aujourd’hui le Collége Romain.
Le Champ Bruñen OU Brytien étoit dans la
cuatorziéme región de la ville, au Janicule,prés
d'a fauxbourg Brutianus , á peu de diñance des
murs de la ville. II avoit été ainu aomnié des
CHA
f Brutiens, oUjComme d'autres ieprctendent,d’ua
j Brutus qui Tavoit fait orner.
I Le Cadetanus fe trouveit auífi dans la qua-
I torzisi-ne región, & avoit été áiníi nommé d’un
petit bouquer de bois , entre lequel on imagina
queique reííémblaace avec la forme de la queue
dhin chevai.
Le Ceñimontanus étoit dans la feconáe región j
on en ignore la place , a moins que ce Champ
n’air été k méme que k Campus Manialis.
U Ef Quilinas c'io'.t i-i-VíS la cinquléme región ,
au haut du mont EfquiIin,oú i’on étoit dans
Tufage d''enterrer la pqpulace & ks pauvres :
P antolabam feurram , Nomentanumque nepotem.
Le Champ Efqailin fut hors de la ville iufqu'au
tems de Servias Tuliius, fous lequel il y fut
réuni : on y eleva dans la faite des édifices , &
Mécéne finir par en faire fes jardins , ainfi
qu Horace noiis Tapprend dans la fatyre Olim
truncas eram, &c. oú fon volt encore que c’étoit
la que les magiciens alloient faire leurs incanra-
tions noéiurnes.
Le Figulinas étoit dans la treiziéme región ,
entre le Tibre & le mont Aventin :il aprisfon
nom des potiers qui habiroier.t ce quartier.
Le Campus Flors,,o\X Champ de Flore , étoit
dans la neuviéme región : ce fut la qu’on bátit
le théátre de Pompée 5 on y publioit les loix ,
les édits & les réglemens du fenat; on y célé-
broit les jeux appelés jíora/zb, en l’honneur d’unc
des affranchies de Pompée , d’oú il fur appelé
Campus Flore. , ou d’une courtífane de Tancienne
Rome qui avoit amafie aíTez d’argent pour fon-
der des jeux en fa méraoire. Dans la fuite des
tems , la gravité romaine, ofFenfée de ces fétes,
tacha d’en abolir ía honre en Ies perpétuant,non en
rhonneur de la courtífane -mais de la déeíTe des
fieurs; cependant les jeux continuérent toujours
a fe reíléntir de leiir premiére inñitutiop, par
la liberté des aébons & des paroles qui y re-
gnoit.
Le Campus Horañorum ; on n^’en connoit pas
la place : c’étoit peut-étre l’endroit du combar
des íioraces & des Curiaces.
Le Campus Jovis , c’eft, felón quelques-uns ,
le méme que le Campus Martius-major , ou .íu-
piter vengeur avoit en effet fon temple :
tres au contraire, veulent que ce fut le Cam-
pus Martius-minor, oú il y avoit luie ñatue co-
loñale de Júpiter.
Lt Lanatarius étoit dans la douziéme región;
i! fut ainfi nommé, á ce qu’on dit, des rnarclMnds
de laine qui y étoient établis ou qui s y aflem-
bioicnt. ,
Le Campus Manialis étoit dans la
región, fur le mont Ccelius ; ii fut nomme
tiaiis de Mars, dont on y célábra les equina »
lorfque le Champ de Mars fut inonde pa* ®
tibre. C’eft aéluellement la placs qui cft devalan
l’égiife de S. Jean de Latran.
C H A
Le Cjmf us M^rtius , Ckamp de M-jrs , C:UÍ fe !
Bonimoic par excsl’ence Larr:p:¿s , oa Cú;npu.s
M^niii¿-n2¿ijcr ie uiííinguer du Car:;puslyx^7--
iii^s-mir.or, éccit diiis ia neuvic~;e región ^ li
fut confacré á Mars par Romulus mémejfai-
vant quelqaes - uns j i¿ fuivant d’autres , par le
peisple , aprís lexpuiñon deTarquin, ie íuperbe,
qui fe fétoic approprié & qui le faifoit cuinver.
Quoi qa ii en foit , ce n’étoit daris les commen-
eemens qa'une prairie oú la jeunelTe romaine
ailoit s’exercer , & oú i'oa faifoit paitre les che-
vaux. Les romains en firent dans la luite un des
principaux lieux de leurs aífemblées ^ & un des
eniroits de Rome les plus remarquables par les
décorations. II s’étendoit depuis la porte FLamínia.
jufqu'au Tibre , & comprenoit ce qu’on appelle
aujourd’hui la place Borgkeje , le Panthéon , les
places di Carlo-Farnefe , di Ponti , di Navorze ,
Nicofea, &c. avec la longue rué di Scrofuy & Ten-
trée du pont S. Angc. 11 étoit hors de la ville j
Jules-Céfar eut le deflein de Ly renfermer ; mais
Aurélien paíTe pour l'avoir exécuré , en ccncíui-
fant les murs de la vilie depuis la porte Coiinne
jufqu’au Tibre. Ce champ étóit trés-agréable par
fa íituation ; c’étoir le lieu des exercices militai-
res. On y lattoit , & lorfque les jeunes gens
étoient couyerts de fueur & de pouüiére ^ iís fe
jetoient dans le Tibre qui l’arrofoit. C'étoit-lá
que fe tenoient Ies cómicas ou afíemblées gené-
rales du peuple. Pluíieurs grands hommes y
avoient leurs fépultures. Les llatues y étoient íi
nombreufes , que pour en peinare TtSet, les
auteiirs ont dit qu'on les eút prifes de loin pour
une armée. L’empereur Auguiíev avoit fon tom-
beau. II étoit encore remarquable par un obélif-
que j furmonté d"une boule dorée qui fervoit de
gnomon á uii cadran folaire. Cet obélifque ^
aprés avoir relié pendant plufieurs fiécles eale-
veli fous les ruines de Tancienne Rome ^ &c fous
les maifons de la Rome nouvelle , fut relevé par les
foins de Benoit XIV’. Ce pontife acheta routes
les maifons qui k couvroient^ & le rétablit dans
fon ancienne fplendeur. Le Campus Manias com-
prenok différens portiques , la Villa-Publica , le
Panthéon , les Thermes Xéronrens , les Thermes
d’Agrippine , le théatre de Pompée , le cuque
Flaminien , la colonne d' Antonio , la baíihque
d’Antonin le Diribitorium , differens terrples ,
& une Iníiniré de chofes reniarquables. C’eft
aujourd^hui lui ¿és quartiers de Rome les plus
babirés.
Le Campus Miartius mánor étoit une patrie au
Campus Martius major , & la mén:e choíe que le
Campus Tiberinus , cus avoit éré c.-onné au peuple
par Caía Tatatia ; H s'étend .it depuis le pont
Janicate > ou , fuivant le nom moderne , depuis
le pont 'de Sixte iuftaau pontS. .Auge. Cet endr.oit
eíl auia Gouvert de maifons.-
Le Campus Ocluvius. On n’én fait pas-la peíiri'cní.
6íi conjeAare feukment que ce champ fut aisíi
c
H
<1
73 5
nomraé
par Augufte
en
inénicire de fa fc£ut
Oéravie.
Le Cu
mpus Pecuari
¿¿s c*
oit dans la
ECHvisme
région.
11 étoit ainíi
aDpek du com
merce ¿es
belliaux
’^ui s'y faifoi
•
Le Cú
mpus P.CCÍCUÍ
i étO
-t devant ia
porte Ca-
pé.ne 5 ce
fut dans cet
endroit cu'Annib
>al campa 3
íorfquhl
fe fat app;
oche
de ilome
avec fea
armée.
Le Campus Sceleratus ét
oit dans la í
txieme ré—
gion j á peu de diílance de la porte C o Hiñe. 11
y avoit la un fouterrein dans lequel on defcen-
doit Ies vefíaies convaincues d’avoir peché contre
leurs vceuxj ellesy étoient enterréestoutes vives.
Ce fouterrein ne fervoit qka cet ufage.
Le Campus Tergeminoram étoit place j feloit
queiques-uns , dans la onziéme région , & fui-
vant dkiitreSi dans la treiziéme. II étoit ainíí
appelé déla porte Tergcmina de laquelle
étoit Tendroit oú les Horaces & les Curiaces
avoient combattu. Mais on ne fait précifément
en quel endroit étoit la porte Tergcmiaa ; on
conjeCture feulement que c’étoit entre le Tibre
&: le mont Aventin ^ á fextrémité de la viüe oú
eíl aétuellement ia porte d Oílie.
Le Campus Vaticanus-étoM dans la quatorzierrte
région j entre le monr V’aticaa & le Tibre j oú
eíl aujourd'hui la Citta Leonina.
ht Campus Vim.inaíis éuñt dans la quinziéme
région ^ prés du rempart ( Agger ) de Tarquín.
Cet etnplacement eíl cccupé par la Viila-?£-
retti.
Chaxíp des pleurs. Voye^ Campagne.
Champ pierreux- Voyez Gerion.
CíLAMPÍGhlON. Les anckns étoient auí5
friands de ce végétal que les modernes ; mai.s i!s
uréféroient celui qui étoit né dans ks prés {Horat-
iil, Sat. zr. 20. ) :
. . . . Pratenfibus óptima fungis-
Natura eji. . . . -
Entre toutes les varietés ou efpéces de cJzam-
pignoras ' qaih admettoient fur leurs tabks ^ le
boletas étoit k plus recherché , & coútoir des
fo ñames plus fortes que la valeur d un man-
reaUj córame nous Tapprenons ae Marriai (x/rr,
47):
Argentum atque aurwn facih efi l&namque^
togamque
Mittere boletos mittere diff.cile eJL-
Ce fut dans un ragoút de boletas que 1 empereur
Claude fut empoifcnné ; cell pourquoi. Xéron
appeloit ce végétal le ragoút des Dieux,
CHAMPS ELYSÉES. Voye^ Élysees.-
CRAMULCUS- Cktoit un traineau.&rt bas.
73<í CHA
CHA
pareil á celui que i'on appelle cunion dans Ies
atreliers de París & ailleiirs kaq^.et.
On rappeUe auíii trahea , comme il paroít
á'aprés un anclen gioílairCj ou on Ik :ya,uixx.ei,
trahea.
CHAMYNA , lurnom fous lequel Cérés étoit
adorée á Pife. Elle avoit un temple dans cette
viüe, aa meme endroit oú Pon croyok que la
terre s'étoit entr’ouverte poar donner paflage á
Pimon j lorfque ce dieu enieva Proferpine. On le
derive de , kio ; d'aatres écymologiiies veu-
lent qu'd ait été donné á la déefle , parce que
fon temple avoic été batí aux dépens d’un nommé
Chamynus.
CHANCEAÜ, bourg íítué zj licúes de Dijon,
®ü la Seine prend fa fource. On troava en
17Ó5 , Hans une chéneviére^ au fud de Chan-
eeau , une galére de bronze ^ de deux pieds de
long fur huit pouces de large. Elle eft dans le
cabinet de Ai. le préíident.de Bourbone á Dijon,
M. de Ruffey croit que c’eíl un monument gau-
ioisj un ex voto placé dans un temple dédié au
dieu de la Seine par quelque chef de nauto-
tiiers.
CHANCELIER.
CfíANDELIER.
CÍÍAN.DELLE.
Voye^ CANCELL.ARIUS.
Voye^ Candexabre.
CHANGER de maifon. Les calendes de juiüet
étoíspt Pépoque ou les Romains changeoient de
maifon , démenagoient. Tibére fit quitter le lati-
elave á un fénateur pour le punir dé fon avarice.
Cet homme vil {Suét. c. 35.) s'étoit retiré á fa
maifon de campagne quelqués jours avant le i
juilJet:, pour ne rentrer dans Rome qu'aprés cette
époque , dans le deíTein de louer á bas prix
quelque maifon que Pon auroit dédaigné d"oc-
euper.
CHANGEUR.l , . , .
CH 4NGE1. r anaens n onr point connu
ce commerce des banquiers , que nous appelons
ekange^ & dont on attribue Pinvention aux Juifs
chalTés de France par Phi!ippe-Ie-EeL lis ne pra-
tiquoient que le change réel , c’eít-á-dire , que
leurs changeutS:, argentarii 011 nammalarii , échan-
geoient les piéces de monnoie ufées ou décriées,
.contre des piéces neuves {nummi afperi) , en
prenant un profit appelé afperatura y ils échan-
geoient auffi les piéces d"une grande valeur contre
ceíles d^une momdre j ils éprouvoienc aufli Ies
monnoies &c. Enfin ils repréfentoient fous
ce point de vue les ekangeurs de nos mon-
noies.
Le gain de ces argentarii étant legitime , leur
profefliqn n’auroit pas été Hiéprifée ^ s’üs n'y
joint Pufure , c’eft á-dire , le prét á un
intérét txorbitant. On fait que Alare -Antoinc
( Suét. Aug. c. z. ) reprochoit á Oélavien d'avoir
eu pour axeul un argentari¡¿s , Se que éw^íLus de
Parme Pappeleit par dériíion le petit-füs d'ua
argentarius. Ces argentarii tenoient Ies livres ou
Ies regiftres des autres ufuriers. Ils faifoient de
plus les foníftions de notaires, de receveurs5 de
forte que Pon peut dire généralement que les
argentarii ou nammiilarii repréfentoient á la fois
nos changeurs , nos notaires & nos ufuriers.
Leurs bureaux étoient établis dans le Fomm
Romanam ; c^eft-la qu’iJs exercoient leurs fonc-
tionSj fous Pinfpeétion du préfet de la ville; &
lorfqu'ils ceíToient de s'y préfenter , leur banque-
route étoit déclarée par ces mots : foro cejjlt.
( Juvénal. Sat. xi. 48. ) :
Nefeio quid fuperefi , & pallet feenaris auUor-¡
Qui venere folum , Bajas & ad Ojiia currunt.
Ceder e namque foro jam non eft deterius , quam
EfquUias a frequenti migrare Saburra.
CHAIN TER. L’ufage de chanter dans les repas,
eft de la plus haute antiquité ¡ comme nous le
yoyons dans Homére. Tous les convives étoient
invités á ckanter & á s’accpmpagner avec des
inftpjmens. Ils fe paffoient á cet efet un rameau
de myrthe & une lyre. Le premier étoit porté
par celui qui ckantoit , & Pinftrument par celui
qui en jouoít (^Ariftopkan. V^efp. & Gruibus.j.
On fait que Thémiftocle ayant refufé d’accepter
la iyre j parce qu’il ne favoit pas la pincer > fut
foupfonné d’avoir re^u une mauvaife éducation
iiftd.
Ce kétoient pas feulement les jeunes gens
qui chantoient dans les feftins ^ mais les vieii-
lards & les peres de famille chantoient auffi ,
comme nous Papprenons d’Horace (rl. Epift. 1.
no. ) :
. . . . . Pueri patrefque feveri
Fronde comas vinñi caenant , ^carmina diBant,
Valere Aía.xime ( z/. i. ) regrettoit beaucoup cet
ancien ufage, qui enñammoit de zéle & d’ardeur
les jeunes gens par le récit des exploits militaires
que chantoient leurs peres dans les feftins , &
c’eft á cet ufage qu’il attribuoit le courage des
Scipions j des Camilles ^ 8cC. Majares nata in
conviviis ad tibias egregia faveriorum opera car-
mine comprehenfa pangebant , quo ad ea imitanda
juventutem alacriorem redderent. Quid koc fplen-
didius ? Quid etiam utilias certamine ? Pubertas
canis fuiim konorem redebat , def uncía virium curfu
atas ingredientes aBuofam vitam favoris nutri-
mentis profequebatur. Quas alhenas , quam fcko-
lam j qtuí alienígena ftudia hule domefticí, difei-
plins. pratulerim ? Inde oriuntur Camilii , Scipio ■
nes j Fabrlcii , Fabii , Marcelli ac ne fingula
imperii nojiri lamina percurrendo Jim longior j
inde j inquam 3 cxli clariftima pars divi fulferunt
cafares^
CHA
itfaret. Ce paflage eft curieux , & mérlte l’atten-
tion des économiñes politiques.
CHANVRE. Pline (/. 19. c. 9.) diíKngue trois
«rpéces de chan.vr-e , eíhmées de fon cems, celui
^ Alab andas , celu! de Myiafa , & celui de Rofs,
qui s’éievoit auffi haiit que les arbrés da pays des
Sabios : rafea agri Sabini arboritm altitadiaem
&qaat. On a apporté depuis deux ans de la Chine
une efpéce de chanvre , qui eü un véritable ar-
biílle ; c'eñ-iá fans <k>ute cette troiliéme eí'péce
dont parle le naturaliñe anden.
Chez les Rorr.ains ^ le chanvre néceffaire aux
machines de guerre , s’amaíToit par ¡es ordres des
empereurs d'Occident en deux villes feulement ,
á Ravenne en ítalie^ & á Yienne dans ¡es Gau-
les. Celui qui en avoic Tintendance en-deqá des
Alpes j étoit appelé le procureur du liniSce des
Gaules, & demeuroit á Vienne.
CHAON fuiviten Epire fon fréreHélénus, qui
le tua par mégarde á la challe. Hélénus , pour
s’en confoler , donna fon nom á une parde de
EEpire, qiii fut appelée Ckaonie.
Les foréts & les colombes de la Ckaonie étoient
célebres. On vantoit le gland des premieres ( V^irg.
G-eorg. 1 . 8. ) :
Líber & alma Ceres , veftro fi muñere tellus
Chaoniam piagui glandem mutavit arifia.
Servius dit que Ton attribuoit aux colombes
de Ckaonie le don de prophétie, parce que Pe-
liades y nAÚaJxi y défignoient dans la langae des
Theffaliens Ies colombes & les devinereíTes.
Properce donne aux colombes répkhéte Chaonia,
ii. Eleg. V. sf •
Non me Chaonuí vincant in amore columb-i.
CHAONIES, Parthenius ( Erot. 52. ) dit qu’on
appeloit de ce nom des fétes qui étoient celé- .
brees dans TEpire , fans aous en donner aucun
détail.
CHAOS, C'étoit, felón Ies poetes , une matiére
premicre , exiílant de toute éternité fous une
feule forme , dans kquelle les principes de tous
Íes erres particuliers étoient confondus. Dieu j ou
lanature elle-méme , dit Ovide, fans den changer,
ce nt que débrouiller le chaos , en féparant les
élémens , & plaqant chaqué corps dans le lien qui
lui convenoir. On fuppofoit cette matiére premiere
& éternelle , parce qu’on ne pouvoit comprendre
que de rien quelque chofe pát erre fait. Héfiede
dit que le chaos engendra PErébe & la Nuit ,
pour exprimer une chofe toute limpie , que cette
matiére premiere étoit dans ¡es ténébres.
Le nom de chaos eít formé du grec , je
fu'.s enrr’ouvert , ou creux, oue les Lati.ns ren-
áoient par le mot hio. Feítus derive le nom
át Janus de cet kiare , en retraiichan: I’aípira-
/íifciquicés , Tome 1,
t!on. li dit que ce nom lui fut donné parce qu’il
éto’t le premier des dieux , celui auquel ’on
adreíToít les premiéres priéres , comme au pére
& au commencemenr de toutes chofes. Car rout
ce qui exilie , a été fáit dans le tems dont leS
années font parde , & auquel préíide Janus. Les
deux vuages de ce dseu des Ladns ■annoncoient
fon origine , c’ell-á-dire_, quelque chofe d-e con-
fus & de melé ^ comme le chaos des Grecs.
Cette dodrine eft expliq.uée dans les vers fui-
vans de Sepdmius , que nous a confervés Terea-
tianus r
Jane pater. Jane taens , dive bíceps , biformis ^
O case rerum fator , 0 principium Deorum ,
Stridula cui limina , cui cardines tumultús ,
Cui referaia muglunt aurea clauflra mandi ,
Tibi vetas ara caluit Aioriginto faceUo.
CHAPEAU. Voyei Bonnet.
CHAPEELE. Voye-p^ ^Edes , ÍEdicula.
CHAPEELE de París ( Agate de la Ste. ). N oye-^
Apothéose d’Augufte.
CHAPON, 7 í u-v. . j
CHAPONNÉ 5 poulet chatre. ISous donne-
rons ici au mot de chapón une plus grande exten-
íion , de nous l’employerons auffi pour déíigner
les poulets chatres. Les Romains chátroient les
poulets & Ies engraiíToieut avec fbin j ils en
eurent par ce moyen dont le poids fue de feiza
livres (de douze onces). Les habitans de Délos
furent Ies premiers qui chaponnérent les coqs ,
felón letémoignage d’Athénee: de-Iá vint le nom
deiiaci , pour déíigner les hommes qui faifoient
cette opération.
CHAR. Les chars anciens étoient á deux ou
quatre roues ; il y en a de ces deux fortes dans
les bas-reliefs , les médailles , les ares de triom-
phe, & autres monumens qui nous reftent de
Fantiquité. On y voit aitelés tantót des chevaux,
tantót des lions , des tygres , des éléphans , &c.
On attribue Finvention des chars ( VirgU.
Georg. :il. 11,5.) á Erichtonius , roi d’Athénes ,
que fes jambes torfes empéchoient d’aller á pied
(Hygin. Afiron. Poet. il. 14. ), á Triptoléme
eu á Trochilus. Les Athéniens en faifoient
( Ariftld. Panatken. ) honneur á Pallas ; Héfy-
chius dit eníih que Neptune apprk aux habitans
de Barca a fe fervir des chars.
Des étymologiftes dérivent le mot curras ou
carras de carr , terme celtique dont il eft fait
mention dans ¡es commentaires de Céfar. Cette
date eft ancienne. Le mot carr fe dit en core
aujourd’hui dans le méme fers & avec la mime
prononciatíon dans la langue Wailonne.
Les principaux chars des anciens font les chars
pour la courfe , chez les Grecs , curras
ches les Liúns 5 les chars couverts , curnis
A i
73^ CHA
t'caeti j les chars arüiés de faulx , curras ful-
cali ^ Ies cAurs de triomphe , carras triamvka-
Us.
Les chars de courfe , a-.^e-re. , fervoient auffi
dans Ies fétes publiques : c’étoit une efpéce de
coquille y montée üir deux roues , plus baures
par devant que par derriére , & ornee de pein-
íures & de fculptures. On pouvoit s’affeoir dans
ces chars ; la différence fpécifique qui les diílin-
guoitentdeuXj fe tiroit uniquementde la diveríité
des attelages j 8c ces attelages de deux chevaux^
«u de quatre, oa de jeunes chevaux ^ ou de che-
vaux faiís ou de mules , formoienr différenres
forres de combars.
Un ckar atteié de deux chevaux, s’appeíost en
grec a-s’jsfía y en latín higs,. L’on prérend que l'un
des chevaux étoit bianc , Tautre noir , dans les
biges des pompes fúnebres. La courfe des chars
a deux chevaux á'un age fair , fut introduite aux
jeux oiym.piques, en la xciii= olympiade; & par
cr.evaux a un ¿ge fait , on entendoit des chevaux
de cinq .ans Les Latins ont eu des chars á trois
chevaux , quhls appeloient trig& mais ii ne
parole pas qu ils fuífent d’ufage dans les féres ,
ou íi Ton s'cn fervoit dans les pompes , c'étoit
feulement dans -les pompes fúnebres. Car on avoit
hnaginé , difoir-on , d'atteler trois chevaux de
front , parce qu il y avoit des hommes.de trois
ages qii! defeendoient aux enlers. Les chars arte-
les de quarre chevaux , fe nommoient en grec
TíéfíTi^a y de TíTfXy quatre , & de tvTro; y chíval ,
& en hzinquadrigAy qu"on a rendu par quadriges y
tenue autonfé feulement en Ityle de lapidaire,
& dans la fcience numifmatique.
La courfe a quatre chevaux étoit la plus magni-
fique & la plus noble de toutes ; elle fin inftituée
ou renouveíée dans les jeux olympiques des la
XX V' olympiade ; amli elle preceda la courfe á
^l’svaux de plus d.e 270 ans. Le timón des
sr-ars étoit aflea iong, & fon y atteloit les che-
vaux de frent, á la di&erence de nos attelages,
cu quatre & íix chevaux rangés fiir deux lignes
fe génent & s’embarralTent , au-lku que placés de
front ilsdépl.oyoientleurs mouvemens avec beau-
coup pjus" d^ardeur & de hberté. Les deux du
Ts\\ú.cny'íijycí¡oí,jugahs y étoient lesmoins vifs5 les
deux aiitres , , fanales , ou lorarii , les
piüs vigoureax & les mieux dreiTés , étoient
1 un á droite 8c fau-tre á gauche ; & comaie il
falloit tourner á gauche pour affer gagaer la
borne , le chaval qui tiroit de ce cóté diri-
geoit les autres. Loríque fon approchok de cette
borne fatale oú tant de chars fe brifoietir , ie
cocher anima.nt fon chevrd de la droite , luí
láchoit !c3 renes & les raccourciiToit á celui de
la gauche, qui devenolt par ce moyen le centre
& rHCüvement des trois autres , & doubioit la
Dorne de & pres , que le moyeu de la roue la
rafoií.
Avant que de partir , tous íes chars s'aíTern-
C H A
blojent á la barriere. On tiroit au fort Ies places
& les rangs ; on íe placoit , & le fignal étant
donné, tous pattoient á la fois. Chacuns'ettorcoit
de dévancer fon concurrent , pluíieurs étoient
renverfés en chemin : celui qui !e premier ayant
doublé la borne atteignoit la barriere , gagnoit
le premier prix. Ih y avoit qiielquefois des prix
pour le fecond & pour le troifieme. Les princes
& les rois méme étoient jalaux de cette diftinc-
tion. La race des chevaux qui avoit vaincu fou-
vent dans ces combats d'honneur , étoit illuílrée :
leur généalogie étoit connue j on en faifoit des
préfens dans les occaííons les plus importantes t
cAft entre les richeíies qu’Agamemnon fait pro-
pofer á Achiiie pour appaifer fa colére , une des
plus précieufes. A Rome, dans le grand cirque,
on donnoit en un jour ie fpeñacle de cent qui-
driges , & fon en faifoit partir de la barriere
jufqu'á vingt-cinq á la fois. Le départ étoit appelé
en grecáp£5-íf, en latin emiffio , mijfus. On ignore
cornbien ii s’aífetnb'loit de quadriges á la barriere
d^Oiympie ; i! eft feulement certain qu^on en
lachoit dans la lice ou dans i'hippodrome plu-
íieurs a la fois '^Irlém. de V Acaaém. des Infc^
tom. viil. & IX.). Voye^ HIPPODROÍ^IE , JEUX
OLYMPIQUES , CIRQUE , COURSE. On préteiid
que les attelages de quatre chevaux de front fe
faifoient en f honneur du foleil , & marqu-oient
les quatre faifons de f année. Les Latins avoient
des fefiges ou chars á .fix chevaux de front ; on
en voit un aii faite du grand are de Sévére. 11
y a dans Gruter une infeription de Dioclés ou
il eft parlé de feptiges. Néron attela quelquefois-
au méme char jufqifá fept & méme jufqu'á dix;
chevaux. Ceux qui conduifoient les cha^s s'ap-
peloient en général aghateurs , agitntores íi
c'étoitun bige, bigarii y un quadjrige, quadrigarii.,
On ne rencontre point le nom de trigarii , ce
qui prouve que les triges íf étoient qu’emblérna-
tiques, ou du moins qifil n'y avoit point de trige
pour les courfes des jeux.
Le ckar couvert ne différoit des autres , qu en
ce qifil avoit un dome en ceintre : ii étoit a
f ufage des Flamines , prétres romains. Voye^
CARPENTUM.
Le char armé de faulx étoit tel que fon nom
le déflgne ; des chevaux vigoureux le trainoient;.
il étoit deííiné á percer les bataillons , & á tran-
cher tout ce qui fe préfenroit á fa rencontre.
Les uns en attribuent finvennoa aux Macédo-
niens , d’autres á Cyrus y mais f origine en eft
plus ar.cienne , 8c il paroit que Ninus en avoit
fait courir contre les Bactriens (Plodoc. //. y.).-
i Ces .'.hars tfavoient que deux grandes roues , aux-
quelles les faulx étoient appliquées. Cyrus les
perfeétionna feulement, en fortifiant les roues
& allongeant les eftieux , a fextrémité defque.s
il adapta encore li'autres faülx de trois pieds de
long j qui coupoient horifontalsment , tañáis
‘ cue d' autres tranchant verticalement, mettc-ient
CHA
«ti pieces tcut ce qu’elles ramaíTolent á terre.
Dans la fuite on ajoata á rextrémité du timón
deux lenguas pointes , & l'on garnit le derriere
<iu. char de couteaux qui empéchoient d’y mon-
ter. Au reíre , cette machine li terrible en apna-
íence , devenoit inutile lorfqu’on tuoit "un des
chevauxg ou qu'on parvenoit á en faiíir la bñde.
Piutarque dft méme qii’á labataiilede Chéronécj
fous Sylla , íes Romains en íirent ñ peu de cas ,
qu'aprés avoir difperfé ou renverfé ceux qui fe
prefenrérenr, ils fe mirent á crier , comme ils
ayojent coutume de le faite dans les jeux du
pirque j qu on en fit ^aroitre ¿atures.
L'ufage des ckars dans la guerre eR trés-ancien ;
les guerriers , a vant l'ufage de la cavakrie , étoienr
tous montes fur des ckars. Ils y étoient deux 5
Tun chargé de conduire les chevaux , l’autre de
combatiré. C'eír ainlí qu’on voit prefque tous les
héros d'Homere 5 ils mettent fouvent'piéd á terre
dans fes poemes, &c Dioméden’y combar prefque
jamais fur fon ckar.
^ Le char de triomphe étoit attelé de quatre
cheTaux. On prétend que Romulus entra dans
Rome fur un pareil char ¡ d'autres n’en font
remonterrorigine qu'á Tarquín levieux, & méme
á Valérius Poplicola. On lir dans Plurarqae que
Camille étant entré triomphant dans Rome íur
un char traíné par quatre chei’aux blancs , cette
magnificence fut regardée comme une innovación
blámable. Le ckar de triomphe étoit rond &
ferméj il n’avoit que deux roues ; le triompha-
teur s’y tenoit debout j & gouvernoit hii-méme
les chevaux. Ce ckar n'étoit que doré fous les
confuís ; mais on en faifoit d'or & d’ivoire fous
les empereurs. Pour iui donner les attributs d'un
char de guerre , on rarrofoit de fang. On y arrala
quelquefois des éléphans & des lions. Quand !e
triomphateur montoit dans fon char ^ il faifoit
cette priére ; Dii quorum nata & Imperio nata &
auBa eft res Romana , eandem placati propitiique
fervate. Voyeq^ TRIOMPHE.
Les anciens promenoieRt des chars de triom-
phe dans les pompes religieufes & dans les feces,
íl eft fait me.ntion dans les pompes de Ptolémée
Phüadelphe , d'un char á quatre roues , de qua-
torze coudées de long fur imit de large, tiré par
cent quatre-vingt hommes. 11 portoit un Bacchus
haut de dix coudées , environné de précres de
prétreffes , & de tout l’attiraii des bacchanales.
Les ThaíTaliens avoient coutume de trainer
attachés a leurs chars les ennetnis qu'üs avoient
tués. Achiíle , né dans leur pays , les imita ea
traínant le cadavre d'Hedor.
Un farcophage de la Villa-Borgiiéfe , publié
par Winkelmann , r°. 45 des Monumenti Anticki ,
qui repréfente la chúte de Phaéton, nous montre
diftinótement la maniere dont les anciens atte-
ioient leurs chevaux á leurs ckars. Celui de Phaé-
ton eft renverfé , & Pon voit le timón qui fe
Cáaroiiae par un joug p’apé fur le coa des efeeyaus.
C H A 739
Ce joug s’appeloic ZíZ-/>.xi , & reílembloic á celui
auquel noas attachons encore nos bceufs. I! s'ap-
piiquoit fur le cou des chevaux par deux bras
concaves appelés ’A!ífo^>:7Íc-xf! , parce qu'iis étoient
co.ntournés comme des cous d'oie. Auííl voit-on
dans le Mufeum du marquis Rondinini á Rome ,
un des bras du joug qui termine le timón d’un
char de Diane , terminé lui-méme par une téte
d’oie. Le boat du timan qui fe lioit au joug,
étoit terminé par une bouie ou quelque aacre
ornement rond , appelé par Homére cfeZxXcs. Ce
mot avoit donné ia torture á tons les commea-
tateurs, & i! eft heiireufement expliqué par ce
faas relief de la chúte de Phaéton.
Une páte antique de Stofeh , fur laquelle eft
repréfencé un triomphateur, nous montre cet
ornement du char formé en croiOár.t , ou i’on atta-
choit les renes, felón Homére (filiad, e. 728).
Les Etrufqucs Se les anciens Grecs repréfen-
coient des ckars avec des aües , pour peindre Is.
rapidité de leur courfe. Euripide donne un pareil
ckar au Soleil ; & Cérés eít repréfentée fur les
médailles d Eleuíis , traínée par deux ferpens
dans un ckar ailé. La rabie fait encore mentioa
d’un ckar alié de Neptune, qu’Apollon fit donner
á Idas pour enlever la nymphe MarpeíTa (Apo¿-
lodor. Bibl. ).
Ríen n’eíi auíli ctonnant , ni cependant auíS
clair , que la defeription qu’a faite Paufaiiias de
vingt-quatre ckars de bronze , au moins grands
comme nature , quelquefois á deux chevaux ,
mais !e plus fouvent á quatre , & remplis d’una
ou de deux figures. II en décrit méme qui font
accompagnés' de coureurs , ou groupés avec des
hommies qui Ies fuivenc á pied. Les places publi-
ques & les temples de la Gréce étoient decores
d’une quantité prodigieufe de ces riches monu-
mens.
Le comte de Caylus {Rec. d‘ Ant. vi. pl. 6^.
n^. 5.). a profité du deflin d’un ckar á trois
chevaux qu’il publioit, pour rapporcer une auto-
ricé précife relacivemenr aux ckars á trois che-
vaux. Denys d’Haly carnaiTe ( ¡ik. /r r. c. 1 5 . ) alTurc
que ¿es ckars a trois chevaux étoient anciennement
en ufage cke[ les Grecs. I! eft á préfumer en eííet
qu’un peupie ingénieux & fort attaché á toutes
les efpéces de courfe , doit avoir épuifé toutes
les combinaifons poílibles des ckars , des che-
vaux , & de la maniere de les atteler. Le méme
auteur ajoute que ¿’on nommoit le troifieme ckevaL
rixpéofos , c'ejl-a dire , qull étoit attach¿ avec des
courroies a. cotédes deux autres.
On voit ces troifiémes chevaux fouvent em-
ployés dans Homére ; ils fervoient á tirer le
ckar avec celui qui reftoit , en cas que l'un des
deux vint á manquer. Le feul exeir.ple que ce
Comee aic rapporcé de ce genre d’attelage , n in-
dique point cette différence , qui peut avoir été
néglígée fur l’originai étrufque, aííez mal deffir.é
' (íotr^ ir. plun.cke xxs.n^. iíL). Mais en peut
A Á a £ a ij
740 C H A
inférer de ce manuraent. Se du paíTage de Dem'S
d'HaiycarnaíTe. qu’il y avok chez les EtrufqueS;,
íes Grecs & Ies Romains^ des ckars done "aice-
kge étoit compofé de trois . aíníi que de deux
&: de quatre chevaux, &c. On n’en a pas encore
VK d'exemple romain.
Ee^ mérne Tavant comte a publié une pierre
gravee ( iífc. d Ant. i.pag. i6é. ) j qui repréfente
un vainqueur des jeux fur un char attelé de vingt
chevaux. Suecone (/zV. vi. ch. 3.4.) nous apprend
que Nerón vouíant étronner la Gréce & briiier
cans fes j'eux , emporra la vicloire en courant
chevaux. 11 eíi véricablement bien plus
¿ithede den atteíer víngt a un ckar ¡ mais de
quoí ne vient pas a bout un empereur romain ,
un maítre du monde ?
Ces réñexíons l'engagérent á n'attribuer Tevé-
nemem rapporté fur cette pierre , qu7 un des
fúcceiieurs de Nerón. On fait que ce!ui-ci fur
EexempiC & le modele que tous les empereurs
voalurení fuivre dans ce qui co.ncernoit les jeux.
Iviais la^pierre gravée done d s’agit ne contenant
point d époque ^ il ne rattribue á aucun Prince
en particuiier.
Elle avoit éte trouvée depuis trés-peu de tems
dans la Cyrénaíque ^ oü Ton travailloit beaucoup
en ce genre de gravures , comnne nous Tatteftent
queiques endroiis de Pline.
ChaPv de Junoji. Cette déeíTe avoit deux
run poar traverfer les. airs , qui étoit tiré par
des paons ; l'autre pour combatiré fur ia terre ,
atte!é-de de.ax chevaux. Celui-ci étoit a Cartha^Cj
ville favorite de la déelfe, ^
Ckar efur Ies médailles_ un) tramé foit par
ces chevaux^^ foit par des líons ^ foit par des ele-
pnans , íignifíe le rriomphe ou Papothéofe des
princes. _ Four le char couvert traíné par des
mules , il n eíi ufíté que pour Ies princeíTes 5 il
marqi^ leur confécration , & Phonneur qu’on
leur. faifoit de porter leur image aux jeux du
cirque. Ce char des femmes fe nom.moit pilen-
tum,, carpentum. Le char attelé de deux , de quatre
dievaux j ae marque pas roajours la
víwoire ou le triomphe. II y avoit d'aatres céré-
momes ^cu Ton fe ferveit de ckars; Pon y
portoit les Jmages des dkux dans les- fupplica-
uons ; 1 011 y piagoit aux funéraiiies les images
des famhles illaílres , & de ceux dont on faifoit
1 apothéofe. Eníin , fon y condu'foit les confuís
qui entroient en charge , comme nous Papprenons
par des médailles de Maxence & de Coñítantin.
L’une Sí Tautre portent : Félix procejfus confalis
augufli aojiri.
CHARBON. Les Romains employoient le char-
¿012 pour former des fondations dans les terreins
humides. Vitrave ( /¿¿. y. c. iz.) ¡e dit expreífé-
ir^enr . SJa autein mollls locas erzt / valis
1^'^latis alnezs^^ aat oUagineis , aiit rebufieis con-
pgamr ^ & ca¿bonih¡is compleatur ^ qn-emadmodum
CHA
Ík tkesírorum & muri fundationihus efi feriptunr,
lis skn fervoient long-tems avant Vitruve , poíir
fixer les limites & ib rchfouiiibier.t a'ors á una
certaine profondeur , parce que cette fubftance
eíf mdeftrii<ftib.Ie. Ces charbons qui déterminoient
les diviíionsdeschamps, étoient appelés carbones
fub térra cíefojji (^Balcus , de Ojficzo j adiéis. ''j. 11 eíi
vraifemblable que cette pratique íit naitre aux
architectes romains Tidée d’employer dans les
fondations lesc¿vr¿osí^querh'amidité ne fauroit
derruiré ou amollir.
Pline {lió. 36. c. ay.) fait mention d’une fub-
ñance que fon peut affimiler au charbon, pour le
melange des ciments : ce fontles cendres,
que fon pétriíroir avec le fable 8e !a chaux pour
former un des lits fur lefquels on étabüiToit les
pavés : Non negligendam etiam unum genus gre-
canicum : folo pfluca.to injieztur rudas aut tefiaceam
pa-vimentam. Oeinde fpifse calcaiis ccrboiúbas ,
inducitur fabulo , calce ac favilld mixtis , &c.
J’ai reconnu femploi des cendres dans plulieurs
efpéces d’enduits , arrachés par nos jeunes archi-
teéles aux ruinas des édifices romains ; 8c je pro-
pdfe aux artiítes den reno-uveler fufage avec
celui du ckarbon. Ce feront des fubñances de plus
á. mélanger avec la chaux ou les ciments.
CHARICLO , filie d’ApolIon & femme du
centaure Chiron , acccucha d’une filíe fur les
bords d’un fleuve rapide , d’ou elle lui donna le
nom d’Oeyroé. Voyei Ocyroe. Elle eut encore
de fon mari , Endéis , femme d’Eaque. Foye:^
Endéis. Evére la rendit aufli mere du. deyin
Tiréfias.
CHARÍLE. 1
CHARILES S Bhariic etoit une jeune hile
qui fe pendit de défefpoir , ayant requ un fou-
flet da roi de Delphes. Oa inftitua des féres
en fon honneur , appelées chariles , dans lef-
quelles les Thyades ailoient enterrer la ftatae de
Charile , au méme endroit ou elle avoit été
enterrée elle- méme. Le roi étoit obli-gé de s’y
trouver, & méme de préfider á toutes Jes céré-
monies., co-mme pour faite réparation á la nym-
phe. Les chariles fe célébroient tous Ies neuf
ans par le confeil de la Fythie ( Plat. Qusfi.
Grsc. ).
CHARIS , une des Graces. Homére dit qu’eile
fiít femme de Vulcain 5 pour marquer la grace
& la beauté des oiivrages que Vulcai.n travailloit
avec le feu. Ckarites étoit ie. ñora colleétif des
Graees.
CHARÍSIES, fétes en f honneur des Graces ,
cae les Grecs appeloient Ckarites. Une des par-
ticularités de ces fétes , étoit de danfer pendanr
toute la nuit; celui qui refifioit le plus long-tems
d cette fatigue 8c au fommeil , obtenoit pour
pnx un gáteau de miel & ddutres friandifes, que
fon nommoit. charifia.
CHA
CHARISTERÍES ^ fétes qui fe célébroient a
Áthénes ¡e lO du mois de boedromion , en mé-
moire de la liberté que Trafibale avoit rendue
áux AthénienSj en chaíTant les trente tyrans. On
fiommoit en grec ces fétés ,
(karifieria Ubertatis.
CHARISTíES , fétes que les Romains céle-
broient le íé'íútr , ea l’honneur de la áéefle
Concorde : le motif de cette inltitution étoit de
rétablir la paix & Funion entre les famiües divi-
fées. On faifoit un grand repas dans les famiÜeSj
auquel on n'admeitoit aucun étranger. Ovide
parle des charifiies dans fes falles ( r/. ó 17.) .•
Próxima cognati dixere Ckarlfiza paires
Et venit ad Jacios tarha propiaqua deas.
CHARITE miiitaire , carita militare.
Les antiquaires d'Italie appeüent de ce nom les
repréfentations des foldats morts^ que leurs com-
pagnons remportent du champ de bataiüe. On
en voir de belles fur un bas-relief du Capicole,
fur un pierre gravée du Mufeani de Florence ^ &c.
CHARITES j nom grec que Fon donnoit aux
Graces. II fignifie joie , pour marquer que nous
devons nous faire un plailir de rendre de bons
offices j & de reconnoitre ceux qu'on nous rend.
f^oyez Graces.
CHARLATAN. En parcourant Fhiíloíre médi-
cinale des Egyptiens & des Hébreux^ ony volt
partóut des impoíleurs , qui proíitant de la foi-
b’eíTe & de la créduüté , fe vantoiemt de guérir
les maladies Ies plus invétérées par lears amu-
lettes , leurs charmes , leur divinations & leurs
fpécifiques.
Les Grecs & Ies Romains furent a leur tour
inondés de charlatans en tout genre. Arifrophane
a célebre un eertain Euaamus^ qui vendoit des
anneaux contre la morfure des bétes venimeuíes.
On appelok y ou fimplement agyrtsí ,
du mot íyetfin , ajfembUr , ceux qui par leurs
difcours affembloient le peuple autour d'eux ;
circulatores , circuitores , circumforanei , ceux qui
couroient le monde 3. & qui raontoient fur le
théátre noar fe procivrer la vente de leurs reme-
des ; ceiiularii medid, ceux qui íe tenoient affis
dans leurs bouriques j en attendant les croyans.
C'étoit le métier d’un Chariton , de qui Galien
a tiré quelques defcriptions de médicamens :
e’étoit celui d"un Clodius d'Ancone , qui étoit
encore empoifonneur ^ & que Cicerón appelle
pharmacopola circum foráneas. Quoique le mot
pkarmacopola s'appliquát chez les anciens á tous
ceux en général qui vendoient des médicamens
fens les avorr prepares ^ on le donnoit néanmoins
en partículier á ceux que nous déíignons aajerur-
d"hui par le titre de batteleur & de charlatán.
Outre cetre efpéce de charlatán qui promettoit
la. íkiité i ks anciens en connoiíIbicDt > comme
CHA 741
nflus, une feconde , celle des ioudurs de gobelets,-
ÁCETABULARii {Foye:^ ce mot) , des faifeurs
de touFS de forcé , des difeurs de bonne aven-
ture , Scc. Les Romains appeíoient clerovecie. des
femmes qui exercoient cette vile profeffion. qui
fautoient par-deíTus des épées j qui vomiíTÓienc
des flammes , Scc.
Les charlatans fe tenoient ordinairement dans
le forum , dku leur vint le nom circumforcmei ,
8c dans le cirque, hors le tems des courfes. Cktoit-
la qu'ils fautoient au travers des flammes , qu’ils
foulevoient des fardeaux fupérieurs en apparence
aux forces d’un feul homme. D’autres defcen-
dcient dans les théátres du haut de la fcéne ,
fufpendus dans une machine qui lancoit des feux
& des flammes fur les fneclaceurs - fans les bleilér.
D^autres couroient en rond vondíTánt des feiix,
& en tenant dans les m-ains. Ciaudien a décrit
ces faifeurs de toars (de Conful. Malí, Tkeodof.
n. 327.) r
Mobile ponderibus defcendat pesma reduclis ,
Inque chori fpeciem fpargentes ardua fammas,
Scena rotet : varios ejjingaí Mulciber orbes
Per tabulas impune vagus.
Quelques-uns danCbient fur des cordes j o-u y
faífoient danfer les animaux les plus maffifs , teis
que des chameaux & des éléphans j plulieurs fé
promenoient dans íe cirque en portant fur le
front de iongues perches en equilibre , & ces
perches étoient qneiqiiefois chargées dans le
haut d'un groupe de deux petirs enfans.
De tous ces charlatans , ceux qui étoient fuivis
le plus conílamment étoient les difeurs de bonne
aventure. La plupart étoient ChaldéenSj Arabes ^
Egyptiens & Juifs j. & ils faífoient leurs pré-
diétions dans le cirque. Les Magiíirats de Rome
ks chafíbient fouvent ; mais la eréduiité & la
fuperílition du peuple favorifoient touiours leu?
retour ( liv. 39. 19- ). Q_uoties hoc patrum avorum~
que State negotium eft magiftraúbus datum , ut facra
externa ¡ieri vetarent l Sacrificulos , vat-efaue^foro ,
circo , urbe prohiberent ?'
CHARMES. Ce mot vient du lafin carmen
rers ^ poéñe , parce que , dans leur origine , ies-
conjurations & les formules des magiciens
étoient conques en vers. C eíl en ce fens qu oii
a dit ;
Carmina vel coelo pojfunt áeduícre lunam.-
On comprend parmi les charmes. Ies philadéreSj;
les iigatiires ^ ‘les maléSces & tsut ce que le-
peuple appelle forts. , , .
La créduüté fur cet article a- ete de teas les
tems , ou du moins il y a eu de tout tems une
perfuaíion univerfellement répandue , que des-
bommes pervers 3 cb vertw d un paéte fait
74 i CHA
<Í£s génics mal-faifans , po'avoisnt caufer du res! j
& la morí méme á d'autres hommes , fans em-
ployer iinmádiateraent la violence , le fer ou le
poifon ; mais par certaines cotnpofitions accoin-
pagnées de paroles, e’eft ce qu’on appelle pro-
prement ckarme.
Telétoit, fi Ton en croit Ovide, le tifón fatal,
a la durée duquel étoir attachée celle des jours
de Méléagre. Tels éroient encore les fecrets de
JVlédée , au rapport du mérrie auteur :
Devovet ahfentes , fimalacraque aerea fingit ¡
Et miferum tenues iti jécur urget acus,
Horace , dans la defcription des conjurations
magiques de Sagane & de Canidie , íáit auíTi
mentioB de deux figures , Tune de cire & l’autre
de laine ; celle-ci qui repréfentoit la foreiére ,
devoit perfécuter & faite périr la figure de
cire.
Lama & ejjigies erat ¡ altera aerea, majar
* Lama qu& pcenis compefceret inferiorem.
Cerea Jimpllciter fiahat , fervilibas , utque
J'am peritura , modis.
Tacite 1 en parlant de la mort de Germani-
cus , qu'on attribuoit aux maléfices de Pifoti ,
dit qu on trouva fous terre & dgns les murs
divers charmes. Reperiebantur falo & parietibus
eructs. humanorum corporum reliquiét , carmina &
devotlones , <& nomen Qermanici plumbeis tabulis
fnfculptum j femi-ujli ciñeres y & talo obliti , alia-
que maleficia , queis creditur animas numinibus in-
fernis facrari.
CHÁRMON. Júpiter étoit adoré fous ce nom
par les Arcadiens (^Paufdn. Arcadic.'}, ílgni-
fie pie en grec; peut-étre ce furnom en étoit- il
derivé , ainfi que les fétes fuivantes.
CHaRMOSYNE. Hefvchius dit qu'il Y avoit
a Athénes des fétes de ce nom 5 c’étoient fans
doute des jours confacrés á la joie, que les Grecs
appeloient
CHARON. L’obfcuriié qui couyre l’origine de
Ckaron , fa naiíTance , & le fens caché dont il
eñ rembléme , felón les allégoriides , eft auíli
épaiíTeque les ténébresrnémesduTartare. Héfiode,
qui étoiu placé avec Orphée Se Homére fur la
i:gne la plus rapprochée des Egi^ptiens , a pu
confers^er la mémoire de leurs traditions. 11 ne
raconte cependant aucune des fabíes que Diodore
de Sinle leur a prétées fur ce prétendu roi de
la Baffe-Egypte. Le chantre de la théogonie lui
dorine pour pére l'Erébe, & la Nuit pour mere.
Mais cette origine deft pas un attribut exclulif
de Ckaron ; Héfiode l’a donnée á tous les monf-
írcs des enfers , & il fait de la -Suit la mere
CHA
commune du nautonnier inferna! , des Furies
des Parques , de la More , &c. &c.
Peut-on croire que les premiers Grecs eullent
recu des peuples du Nil, peres de la mythologie,'
ou fe fuífent formé d'eux-niémes une idee pré-
cife des divinités dont iis confondoient ainfi
I’origine ? Júpiter, Junon , Pallas & les grands
dieux , dont le cuite étoit auñl ancien que Ies
fondemens de la fcience facrée , avoient chacun
une origine fixe & ifoiée. Nous ofons done
aíTurer que Ckaron efl de création moderne , &
doit fon exifience , fes attribats aux Grecs con-
temporains , ou de quelques générations plus
anciennes qif Héfiode. C'eílpeut étrelacaufepour
laquelie hí. Dupuis ne s’eft point oceupé de
Ckaron dans fon origine des confielLaúons ii des
falles , quoiquh! eút trouvé dans Phémifphére
auftral, pres de I'équateur, un ñeuve, une barque
ou un navire , &c. &c. '
Fulgence-Planciade qui, travaüiant á éclaircir
les fables chantées par Virgile , les a obfcurcies
par le mélange des anciennes traditions , & des
fidions les plus recentes & les plus abfurdes ,
a voLilu ajouter aux idées ddíéliode. II donne
á Ckaron , fatis autte preuve qu’un vague ou'i-
dire, Polygdemon pour pére. Yoici fes paroles,
qui étant traduites ne formeroient aucun fens
ra¡fonnabíe( V irgiliana continentia') « Charonverb
» quaji cronon , id efl tempus : ande & Polydegmo-
>5 nis filias dicitur. Polydegmon enim multa fcientis,
» dicitur. Ergo dum ad tempus multa fcientis. quis
” pervenerit y in temporales gurgitis ccenofitates
» morumque foeculentias tranjit Quel galima-r
cías !
P’autre étymologiíles ont vu dans le mor de
Ckaron un rapport avec celui d’Achéron , qui
fignifie trifie. Leur conjeclure eft plus heureufe
que celle á laquelie Tantiphrafe a donné lieu dans
Ckaron , venant de xaifn , fe réjoiiir. La trifteílé
& la férocité ont toujoiírs fonrié le caradtére du
nocher redoutable.
Sa perfonne ¡fa pas moins exercé Ies interpre-
tes des fables. Les amateurs des aüegories phy-
fiques paroiffent avoir mieux réuífi que leurs
rivaux. Reconnoiffant Fluton pour le fouverain
des ténébres, ils ont dit que Ckaron repréfentoit
Tair de ces contrées obícures , & que par fon
moyen les ames y alloient faire leur dernier
féjour. La nature aérienne des ames demandoit
un véhicude aérien ; 2c , comme dit R. Etienne
dans fon diélionnaire {Tkef. ling. latin. Charon) :
Ideo confecium d poetis portitorem anim.arum.-^0¿\
le Comte , á la tete des moraliftes , s’eft donne
’la torture pour trouver dans Ckaron une allégoria
morale. Ce fera la réfuter que de la rapporter.
Aprés avoir expliqué les angoilfes & Ies remords
d’une ame criminelle, par les eaux noires & bour-
beufes des trois fleuves deftinés á fervir de barriere
au tartare , il entrevoit refpérance. Cette dque^
CHA
ñluíion tranqir'üire Tame troublés , la fait paíTer
hardi;i!entautraversdesanxiétés,c'eft-á-dire^dans
fon langage, au travers du Styx^ du Cocyte & de
l'AchéroHj pour fa conJuire auprés de fes Juges.
C'eft-lá que des peines eífrayar.res j ou des jouif-
fances confolantes ¡k fiatteiifes Tatrendent aprés
lejugenaent. QuipourroiC:, felón le mythologuej
' laéconnoitre ici la barque de Ckcron , f&n
emploi & fon inSexibilité. Quant á fobole dont
on payoit fes peines ^ il n’en veuc pas faire hon-
neur aux inñiruteirrs des fables ^ ma'is il factribue
á rimaginarion exaltée des femmes & des noar-
rices j fans en chercher aucnne explieation.
^ Les écrivains á la fuite defquels s’eíl place
fabbé Banier , ont donné á la fable de Charon.
une origine hiílorique. Quoique Diodore de
Sicüe n'ait vccu que du tems de Céfar & d'Au-
guíle , i! paroít erre cependant le premier qui
l'ait cherchée dans les ufages des Egyptiens. II dit
{Diodori , Sicul. lib. i.)que Ies habitans de la
baffe Egypte faifoient ¡jorter leur cadavre au-delá
du lac iMceris, íitiié dans la province appelée de
nos jours Fioumé (^Banier , explic. des fables ,
tom. 2. page q8. Mérno.deslnfcrlp, &cd). La ¡ plus de
quarante juges aííis en demi-cercle décidoient ^
far le récit des adlions du défunt^ íi fon corps
étoir digne des honneurs de la fépulture j ou s'il
devoit fervir de proie aux vautours. Un batelier:,
dont Temploi s’exprimoit par le mot de Charon,
faifoit faire á ces cadavres ie trajet du lac. « Be-
» la vient , ajoute Diodore , qu Orphée ayant
» vil cet ufage confacré dans l'Egypte oú il
=» voyageoit j le prir pour bafe de fa defcription
» des enfers =. Les poemes qui portent le nom
d’Orphéé j quoique trés*anciens j ne paroiifent
pas lili appartenir, ils n'ont done pu fournir au-
eune preuve á Diodore. Celui-ci la devoit fans
doute aux prétres egyptiens quij vivant depuis
deux íiécles avec les Grecs , fujets comme eux
des Ptolémées ^ ne s’étotent pas entiérement
défendii des fuperftitions grecques. Hérodote j qui
les avoit fréquentés dans les ííécles antérieurs ou
ce mélange n avoit pas alteré leurs traditions ,
ne dit pas un mot du tranfport des cadavres, de
Charon & de ce prétendu jugement. Aucun hif-
torien ne s’eñ cependant ét-endu autant que lui
fur les ufages des Egyptiens, & en particuíier fur
leurs fépultures.
Qui pourra cro're d^ailleurs que eet anclen-
peuple confiar á un batelier, mérne auíorifé,& á
des juges éloignés de fon hafcitation , Ies relies
précieux de fes peres } Tout le monde connoit
k refpedl avec lequel les Egj’ptiens confervoient
ks coros de leurs ayeux. Une dette chez eux
etoit priviiégiée & facrée , lorfqu'ils en avoient
donné pour gage ces trilles reliques. La perte de
I honneur étoit la punidon de ceux qui ne skin:-
preíloient pas a jes retirer. Ces réfiexions fervi-
íont a apprécier une ttaditioa qui regne encore
H A 743
chez les Arabes de Fiourré. !ls font perfuadés que
le célebre labyrinthe eíl rouvrage de Ckaron
( Paul Lacas. }. Ce Prince , aprés avoir gagné ,
feion eux , des fommes immenfes en exigeant un
tribut pour le tranfport des cadavres au-delá da lac
Mosris, le fit conílruire &y renfermafes tréfors.
De .puiíTans talifnians en défendoient i'approche.
On attribue á ce come populaire la répugnance
que monuent les Arabes á condiiire les écrangers
au labyrinthe , qufils appellent quellay Ckaren.
Ils prennent tomes les précaudons imaginables
pour qu on n’enléve pas ces richelTes chiméri-
ques. C’eíl ainíi qu’une fable ridicule femble
détruire rorigine vraifemblable 6c naturelle
qu’Hérpdote a donnée á ce palais. P.apporterai-
je férieufement que TArabe Murtaái fait d-a
Ckaron (^dans fon Egypte) un onde ou un couíin-
germain de Moife } Aprés avoir obfervé long-tems
les ordonnances du légillateiir hébreu , il en fut
recompenfé par la connoiíTance de la chimie ,
& par le fecret du grand-oeuvre que lui commu-
niqua fon parent. Par ce moyen Charon. plus
heureux que Ies alchimiíles modernes, fut amaf-
fer de grands biens. Mais il en fut enfuite privé
á la priére de Moife, qui fit entdouvrir un abíme
fous les pas de cet adepte devénu murmurareur
( Coran, chap. 20. ). C’eíl ai.nfi que Murtadi &
Mahomer ont confonda Coré avec Ckaren.
Aprés avoir vengé la mythologie égyptienne
des abfurdités que lui ont prétées les Grecs de
les Romains, cherchons tout ce que ces derniers-
peuples nous ont laiíTé fur Ckaron. Paufanias
décrit un anden tablean de Polygnote ( P hocica,
page 662.. ) , que Ies Gordiens avoient placé dans-
un édifice appelé Uefehé, prés de Belphes. On y
voyoitrAchéron& une barque conduite á la rame
par le batelier. Polygnote, fuivant Paufanias, avoit
fuivi dans ce deíTin une ancienne poéfie appelée
Minyas , dans laquelle , en parlant de Théfée &
de Pirrhoiis , on avoit dit qu'un batelier trés-
ágé paíToit Ies ombres dans cette iarge barque.
L'artiíle , d’aprés cette tradition , avoit peine
Charon fous les traits d'un vieiiiard. Depuis ce
tems une vieilleíí'e forte 6r robulle a eré fon-
caraélére propre,8c les Latinsle lui ont confervé
religieufement , comme il parok par ees vers de
Virgile ( ÍEneid, lib. vi.) :
» Portitor has horrendas aquas flumina fervat
» Terríbili fqualore Charon : cui plarima mentó
» Canities inculta jacet : fiant lamina f.amtná r
» Sórdidas ex hameris noao depender amiclas :
» dpfe ratetn conto fabigit , velifqae minifrat ,
XI Ft ferruginea fahvtctat corpora cymbd
X JamfenioT : fed cruda Dco virídisque feneaas^
Les monumens ont copié fidélerr.ent cette peiii'
ture j aux voiks prés. Sur ua toiabeau étrufque:
c
744 CHA
¿e BonaRíii s on volr d’an cóté Mercare , Se de
l'auire ie visiiiard vétu d'unc tuniqae , & debout
dans fa barquCj quil condiiit avec une perche.
II eíl aííis fur une lanape de Liceti ^ couyerte de
bas-reliefs qui repréíenteni Íes funérailles & Ij
defeente aux enfers- Charon mal vétu y tient un
aviron y & re^oit des mains d’un Génie aüé &
de Mercare armé da caducée, Tame dumort pour
leqael la lampe avoit été fabríquée. Liceti a cru
voir Ies furies dans trois tetes hideufes placees
Tune auprés de Charon , & les autres auprés du
cadavre. Mais á voir leurs cheveux hériirés fans
apparence de lerpeas , on ne peut les méconnoí-
tre pour des pleureufes gagées.
Lucien fait dire a Ckaron , que malgré fon grand
age , il conduit encoré lui-méme fa barqne á
Taide de fes deux raines. On ne lui en donne
qu’une ordinairemenr. Sa barque étoit auffi an-
cienne que les fieuves fur lefquels elle voguoit.
Des planches de liége en forinoient Taffemblage.
Les uns nous l’ont repréfentée comme une cha-
loupe capable de recevoír un grand nombre
d'ames , trop petite cependant pour recevoir
toutes celles qui avoient le droit d'y etre adrn.i-
Í2S ; car Ovide dit de cette barque : tarhá. vlx
fatis una ratis , ( Confol. ad Liviam.). Un fré e
canot rernpii par la Sybüle , Enée & le nauton’
nier : voilá la defeription qu’en donne Virgüe.
Elle étoit peinte d’une couleur bleue ou grifátre,
ainíique nous fapprenons d’une épigramrne grec-
que rapporcés par Suidas ( Suidas ), 8c de
Virgile qui I’appelle ccerulea puppis.
Avant d’grriver au rivage fur leque! erroient
Ies ames , Charon étoir averti par le íilence ou
par les abqiemens de Cerbpre j de la fageíTe ou
de l’impiété de ces malheureux fupplians. Stace
díc en eíaet du redoutabie chien (by/v, y.) ;
. . . . Tacet Ule piis ne tardior adjit.
35 Navita y proturhetque vadis. V ehit Ule me-
rentes
fí Prptinus y & manes placidas locat hofpite
cyrpba.
Nous ne devons done pas étre étonnés de la
dureté avec laquelle il repouíTe dans l’Enéide
certaines ames , candis qu’il en admet d’autres
avec cornplaifance. Stace le lave daos ces vers du
reproche de prédiieéliQn & de perfonna'iré.
Que devient aprés cela l’appücation que des
inalins onr faite du paíTage fuivant aux cenfeurs
royaux y 8c aux auteurs qui cherchent á háter
par de vives follicitations Texamen de kurs
liyres ?
53 Stabant orantes primi tranfrnittere curfum :
}> Tendílani^ue manas rips ulterior is amore ^
CHA
3» Navha fed tríjfis aúne kos y aúne fummovtt
illos :
33 jíjl altos donge fummoeos arcet arena.
Quelque noble cependant que foit le motif
d’excluííon préte á Ckaron par Stace , il en eíl
un autre plus connu. Apulée (//ó. 6. AJin. Aur. )
dit que c’eíl l’avarice, 8c milíe échos Tont répété
aprés lui. 11 aíTure que ce vicc régne méme dans
les régions inférieures , que Charon n’en eft pas
exempt ; car il n’admet perfonne dans fa barque
fans en avoir refu le péage. On lit dans Ovide
( Confol. ad Liviam. ) .• Omnes expeñat avaras
partuor. Properes fe fert de rexemple de Charon
pour proLíver qu’il eft un moyen de áéchir
fes diyinités les plus farouches ( PUg. ii. lih,
4)--
F'ota movent fuperos. Ubi portitor &ra recepit y
Obferat urnbrcfos lurida porta rogos.
Aufíl voyons-nous l’épithéte d’av^are accom-
pagner toujours le nocher du Styx. Le tribut fue
lequel on a fordé ce reproche d’avaricej n’étoic
pas une fomme bien forte. Deitx piéces de la
tr.onnoie ia p’us viie , deux oboles acquittoient
ordinairement ce péage chez les Grecs. M. Pauc-
ton , dans fon tr.iité de métrologie evalúe a prés
defept de nos foislesdeuxobolesatnques. «Hélas,
3= dit-on dans Ariftophane {Rans.) combien de
3- puifiance 8c de forcé ont deux oboles- ! »
Le comique s’égaie enfuite en parlant de cette
fomme , qui chez les ombres fatisfaifoit l’avarice
du péage , 8c dans Athénes la cupidité des
juves y dont elle formoit Ies épices á chaqué
audience.
La vanité des perfonnes opulentes ou u une
naiíTance diftingaée , repouíTe tout ce qui peut
les confondre avec le peuple, méme au-de!a du
trepas. C’eft pourquoi les Áthéniens avoient taxé
leurs rois a trois oboles , qú’ils faifoient enfe-
velir avec leurs cadavres. Les dieux au contraire
vouknt fans doute donner aux mortels Texernpie
de la modération 8c de l’économ¡e ^ s étoient
foumis á la taxe du peuple lorfqu’tl leur étoit
arrivé de traverfer l’onde noire- Dans les gre.^
nouilles d’Ariítophane , Bacchus demande a Her-
cule comment il doit faire pour^ entrer dans^ la
barque. Le héros lui répond qu’a linftapt ou íl
aura payé deux oboles , le vieillard n hé/itera-
pas á le recevoir. Lorfqu’ií approche du rivage,
le choeur Tengage á payer le tabucj ear }es
anciens poetes dramatiques tranfportoient les
choeurs á leur gré 8c contre toutes vraifeinblance
dans les régions les plus éloignées , & les monis
faites pour etre le féjour des mortels. Bacchus
dir modeftement á Ckaron : preñez ces deux
oboles ; celui-ci l'admet fur le champ. Nous
voyens dans Suidas qu’i y ayoit dss naots formes
ex?r««
CHA
exprés pour exprimer á dernkr péage , Lx'.áa*. &
^e/riix.c¿,¿syríi.
Flus heiireux que les autres Grecs, & que les
habitans de I'Olympe eux-memes , Ies citoyeas
<l'Egia!e étoient exempts du tribiit dú á Charon^
&c paíToient le Scyx fans payer d’pboles ( Suidas
). Caüimaque airurequ’ils devoient cette
prérogative honorable á Cérés. Cette déeíTe cplo-
rée arriva fur ¡eur territoire aprés avoir parcouru
Tunivers entier á la pourfuice du rasúfleur de fa
filie. Les habitans d’Egiale foalagérent fa peine
en lili apprenant le nom du gendre que Júpiter
& les Deftins lili avoient donné. lis lui montré-
rent pres de leur ville la route par laquelle il étoit
rentré avec fa proie dans Ies fombres demeures.
Cérés Ies paya de cette bonne nonvelle en ac-
cordant á íeurs ombres une franchife abfolue.
Les Hcrmoniens s’étoient approprié la méme
difpenfe , & en ufoient joumeiletr.enti Le cheroin
qui conduifoit de leur pays aiix enfers étcit íi
court , qu'ils ne fe croyoient point obligés de
payer quelque chofe pour le voyage. lis regar-
doient fans doure le voifinage de Charon , comme
Un droit á fa générofité & á fa bienyeillance.
Toas íes écrivains de Tantiquité font d'accord
fur la nariire du tribut qu'il exigeoit , en accor-
dant le paífage des redo atables fieaves ; mais ils
ne le font pas fur la maniere dont il ie percevoit.
On croit qifordinairement chaqué mort lui
préfentoit fes deux oboles , & qii’il les receu'oit
de fa main. Sur une lampe de Beíiori , on le volt
debout tenant une rame , & recevant le naalum
ou péage que lui donne une ame préfentée par
Mercare armé du caducée. Bartoli nous a con-
fervé le deflin d’un beau monument fépulcral ,
fur lequel Charun tend la main gauche pour rece-
voir le naalum , préíenté par deux ames qui font
prés d’entrer dans fa barque. Cependant Juvé-
nal peinr Lavare batelier prenant dans la bouche
des morts la piéce de monnoie que Ieurs héri-
tiers avoient foin d’y placer pour cette deftma-
tion. II dit d'un pauvre :
.... J'fec kabet qutm porrigat ore trientem.
Cette pratique religieufe étoit auffi en ufage
chez les Egyptiens , fi Lon en croit Diodore de
Sicile. Mais il parok par fa narratioii, que nous
avonsexaminée plus haut, que cet ancicn peuple,
plus économe que les Grecs, ne payoit qu'une
feule obole. Le comre de Caylus a donné dans
fon recueil le deíTm d’une piéce d’or travaillée
comme une feuille légére , & trouvée dans le
corps d'une momie. Plafieurs voyageurs aííurent
qu'ils ont fait la méme obfervation. Je ne.par-
ierai pas des momies nouvellemenr déterrées ,
fous la langue áefquelles les Arabes gliflérrt de
petites feuiiles d’or afin de tromper les Francs.
II faut croire d’apres ces témoignages , que les
piéces confervées iafqu’á nos jours ont éehappé
aux recherches du prétendu Clearon égyptien , &
A^tiquités ¡ Tome I,
C ti A
que ces cadavres ont joui du méme privíléee
que les Hermor.iens. Mais il s’oiífe ici une re-
flexión plus naturelie & tres-importante ; c>íl
que le récit de Diodore eft une puré fable.
Hérodote en eífet décrivant dans le plus grand
détáil les embaumemens , ne dit pas un mot qui
foit relatif á la piéce d’or du péage. L"on trouve
d’ailleurs dans le corps des momies des objets
quí ont encore moins de rapport avec la defcenre
aux enfers j tels que de petites ííis d’ane porce-
laine groffiére ^ des Scarabées de jada , & defi
Sphynxs de différente compoíition.
ün moyen auffi fúr de fiéchir Charon , étcit ,
felón Virgile j de lui montrer le rameau d'or
fi célebre dans les anciennes fables ; car ce méta!
paroít avoir toujours eu pour luí un grand attrait.
Ce füt á fa vue qu'Enée & la Sybilie durent leur
entrée aux enfers. Le batelier Íes aíTura d’aborá
qu’ils n’avoienc á attendre de lui aucune eona-
plaifance.
52 l'i'ee vero Alcldem me fum l&tatus euntem
» Accepijfe lacu ^ neC Thefea F iritkoumque ^
2» Diis quamvis genid.
Ce fatal fouvenir LaflSigeoit fenííbleméHt. II ne
pouv’oit en effct fe rappeler la condefcendancc
dont il as'oit ufé envers Hercule , qui alloit
chercher Alceñe ^ flms penfer á la captiviré d’une
année entiére á laquelle Plutonle condamna pour
l’en punir. Servius , qui nous a confervé ^ d' aprés
Orphée y laiunémoire de cette rigóureufe puni-
tion , ajoute cependant que Charon avoit été
forcé par ceshéros á íes admettre dans fa barque
fansaucnne rétribution.On voit Piuton conduifant
le batelier infernal dans fa pri.fon ( Itíuf. Etrufc.
tai. lyS.) , fur une urne cinéraire rapportée par
Gori.
Quoíque nous ne connoiíSons aucune fétc
inílituce y aucun temple elevé á Lhonnsur de
Charon , il eíl cependant certain que les Grecs
& les Romains le placoient au rang des divinités
infernales. Nous Lapprenons d’une épitaphe ;
« D. M. (^Gruteri y p. 794. «°. i.) poktitori-
22 PLUTONI. ET PROSERFINE. IIAVE. JULIA
22 IN. DEORUM. NUMERI'M. RECEPTA. ” Virgile
le nomme expreífément diea > cruda deo viridís-
Que feneBus. ’On lui en attribnoit le pouvoir. H
áppeioir Ies ames que la mort aüoit féparer de
Ieurs corps. On dit dans Ariftophane a une vieiile
femme qui a deja un pied dans la foíTe ( Lyfif-
trata, v. écp. ) : « Que defirez-vous ? De quoi
22 vousoccupez-vous encore ? Charon vous appelle.
Auífi dans les Grenouilles du méme poete le
falue-t-on comme les dieux (.v- 186.)^ par le
nombre facré trois ; « Charon , je vous faloe trois
„ ¿)js 25. Ce font aíTurément des droits
bien prouvés au neftar & a Lambroíie.
Son nom a donné lieu a r.n jeu de mots que
B b b b b
74^ CHA
Fiurarque rappcrte daos la vie de 31, Antoine.
Caipurrize j í'poufe de Cé.'ar, s’eirpara des tablettes
de ce héros aprés fon liLdmai. Elle eu: Tadreíle
¿'y inférer toar ce qu’eüe jugea á propos de
íciijdre. De foite qee cecee veave donna des
Kiagiífratures á des droyens , en nt entrer d"au-
tics dans Je fénat en rappela pJuíieurs de fexil
oa les fit fortir de prifon, comtT.e íi elle n’eiir
fait qu executer les dernieres voJontés de fon
ip.ari. Le peupie rotnain , qui ne fut pas long- tems
cupe de^cecte fuperclierie j ne s’en vengea cepen-
canr qa en appelint les citoyens ainlí favorifés
par la veuve de fon maitrCj du nom de charonit&.
lis ne pouvoíent en effet aliéguer d’aurres motifs
ce ces changemens fubits ^ que Jes tabletees du
ntort, oublíées fans doute au paííage du Styx dans
la barque de Ckaron,
Cettedivinité n'étant pas d’origine égyptienne,
comn-.e nous Tavons prouvé contre íJiodore de
S:die 5 il faut done croire qa'elie a été créée
par les premiers Crees. lis en'durent cependant
ibdee par anafogie aux anciennes fables de l’E-
gypte. Car Diodore {Diod. Sicul. lib. i.) nous
apprend que Ies prétres de cette contrée alBgnocent
pour demeure aux ames , aprés i’abandon des
corpSj de vades régions iituées au-de!áde ¡’Océan.
Cette traditíon fe retroiive dans Orphée j Homére
Sí les anciens poetes grecs, qui font régner Piu-
ton íur des pays qui confinent avec i'Ocean. Les
p-trufeues l'avoient confervée avec foin^ comme
ii paroít par un vafe décrit dans Cori ( Mjf.
Et-ajc. tab. 1)8. )• Sur ce menument un Génie
condust une am« aux enfers ; il eí^pr-écedé par
iJercure & flercuie. Cette peinture éñ entourée
ee podlons & de flots agites. On y reconnoít
1 Opinión qui pbqoit Íes champs élyfées au-deiá
de la grande mer : c'écoit-iá fans doute un des
dogmes que les Etrufques requrent des colonies
t'gypnennes ou des Félafges. Ces derniers leur
communiciuérent á la fois & les divinités de
création égyptienne, & ceües qifils avoient ima-
ginées , entre iefqueiles étoit Ckaron.
Rien en effet de plus naturel d’aprés ces ide'es ,
que de fuppofer une barque pour traverfer Jes
mers voiñnes du Tartárea & un barelíer prépofé
á fa conduiie. On ne pouvoit d’ailleurs le fup-
pofer que trés-vieux , ii Ton examinoít 1 efpace
immenfe de tems depuis lequei il exerqoit fon
cmploi , & trés-farouche eu égard aux dignités ,
Eux richeífes de ceux qu'ii devoit paíTér, fans fe
HiíTtT flechir par d'auíli puiíTantesconfidérations j
enrm pauvrement veru afin d’étre fidéle au cof-
des lieux qu’il habitoit. A peine eut-on
ebauché cette peinture , que I’imagination des
Crees , avides du merveilleux, réaiifa le fantóme
Se redouta fon approche. Enfaite ia crainte qui
Jí fa’t les premiers d'eux , felón Pétrone ^ divinífa
Job’et des terreurs de toar I univers , & Ckaren
íuz BUS au rang des diviaitcs iaferaaies.
CHA
CHAROhITjE fenatores. Voye:^ ChARÓK.
CIIAROlsi lü AI. V^oye:^ ChARON.
CH,4ROPSj nom qu’on donnoit á Hercule
dans !a Beotie ^ á caufe d'un temple quLl avoit
dans le lieu par oú il aborda en emmenant
^^^cc lui le eníen des enfers. Ce nom veut
dire, aux yeux briÜans j & il exprime la jo'e
qui étoit peinte fur le vifage du vainqueur de
Cerbére.
CÍJ.4RRUE. Les anciens ont donné á la ckarrue
pluíieurs inventeurs , Oíiris , Bacchus , fits de
Júpiter ge de Proferpine, Triptoléme, Buzigés
heros del Atnque , Céres , Minerve, Prométhée ,
Dagon , A bis. On peut conclure de cette multi-
tude d inventeurs , qu’on Ke connoiífoit pas Is
vérirabie.
^es Grecs , & Héílode en particulier ( Labor.
& Dief. ) , connoiffüient deux efpcces de ckar-
rues j 1 une ílmpie , aársyuuí , & Tautre compo-
fee , ‘¡¡■■.x.T-.v. La ckarrue limpie étoit un croe ou
pie , reís que Ies fauvages de quetques contrées
¡es emploien: encore 5 on voit cette charme f¡ir
des médaüles de Syracufe. Cinq tombeaux étruf-
Ques offrent le héros Echecíus combattant á
3íarathon avec la ckarrue , ¡e cxoc{P ¿¡ufan,
lib. I. I y.). Héílode recommande au labotireur
de chfercher dans la forét un arbre courbé, de
le couper & de le durcir á la fumée dans fon
foyer. Virgüe enfeigne au laboureur á donner
cette courbnre auxieunesarbiesCGíorg-fc. 1.169.)
dans la foret méme ;
Continuo in fylvis magna vi fiexa domatur
In. burim , ó’ curvi formam accipit ulmus araíri.
O.n voit ordinairement la ckarrue íimple fur les
medailles de colonies , conduite parunhomme,
dont la tete , recouverre en partie par la toge ,
annonce pour cet inftant le caraéfére religieux ;
& trauiee par un boeuf & par une vache , elle
retrace ¡a céremonie d’ufage pour la fondation
des colonies & des vilies romaines. Toures les
circoníiances de cette action étoient réglées par
¡es livres ppntificaux ; le jour en étoit fixé par
les augures & indiqué par les aiifpices. Pourrions-
noiis douter aprés cela que le choix de la ckarrue
eile-méme ne fur aufli determiné parles rits des
augures. Le íilence des écrivains fur cetobjet fem-
b!e‘ étre reparé par Ja reíiémblance cenifante des
ckarrues que -Pous offrent Ies médaüles des coio.nies.
C'eit toujours la ckarrue limpie avec un manche.
Peut-étre ics Romains-vouloient-ils rappeler par
cette forme primitive de ia ckarrue , la iimplicrté
des premiers tems & ia pureté des moears anti-
ques. Les nieux eux-mémes n' étoient pas dif-
pcnles d employer cette méme forte de ckarrue ,
lorfqu on fuppoioit quhis préfiJoier.t á la fon-
dation^de quelque viíle , & quhls en tracoient
i euA-iii.emes l'eqccinte.
CHA
Une médaille de grand bronce de Commode ,
sous en foarnit un exemyie linguiier. On y yoit
au revers Hercuie coa juifanr la charru.¿ des colo-
nies & tra^ant les fondations de Rome ¡ avec la
légende : tlercidi Romano conditori.
La charrue compofée eft confervée dans X Araire
des provinces méridionales de France. Ceft, dit
Euliathe {not. 3 2. verf. XIII. lio. Odyjf.), celle done
le fep n'eft pas taillé dans le méme morceau de
bo.'s. Héfiode i’a décrire ibigneufement ( Labor. &
dies. 430. ) j ainíi que Virgile ( Georgia, i. lóc;.)-
Le fecond parle des oreilles , bina, aures , que
Fon ajoiire á phifieurs efpéces de charrúas , &
des roues , curras irnos , donc Piine attribue Fin-
vention aux Gaulois-Cifalpins. Des médailles de
la famille Sempronia ont pour type une charrúa
garnie de roues. Püne a parlé aufli du coutre ,
qu'ii diftingue da foc. De forte qudl eft prouvé
que les anciens ont connu toares les efpéces de
charrúas , & méme toutes les additions que les
modernes s’applaudiffent d'y avoir faites.
Les deflins des charrúas anciennes que nous
venons de citer ^ nous ont mis á portée de don-
ner une explication fatisfaifante aes feeptres que
portent Oiiris & les figures égyptiennes. Sa noa-
veauté & fa vraifeinbiance nous engagent á la
donner ici.
Trois différentes efptces de feeptres font répe-
tés mille fois fur les monumens égyptiens , &
portés par des hommes & des dieux , que leurs
coéíFures variées peuvent faire prendre pour
toutes les. divinités de FEgypte. Tantoi ils paroif-
fent fous la forme d'an baton furmonté d'une
traverfe pofée obliquement ; t.intót la traverfe
eft réduite á fa moitié, & forme un ang’e avec
la pointe dii fceutre ; tantóc enfin , Se le plus
fouvcnt , cet angla du fommet eft terminé en
bec d'oifeau ^ & accompasné d^’un ceil , ce qui
iui donne de la reffembíance avec la tete de la
Huppe , Upupa.
Les voyágeurs qui ont décrit cu deíTiné les
bas-reüefs des obélifqueS:, Se Kircheren parricu-
lier , ont toujours déíigné le troiíiéme foas le
nom de feeptre a téte de Huppe fcaptrum ^
xa '-ü(pcx.í(px>.oy , baculus cucuphomorphus.
On reconnoít dans ie piíTage du premier au
fecond , & enfuite au troiíiéme , la marche que
fuit l’efprit humain , en cherchant toujouts a ornar
& embellir les chofes cm dans leur origine étoient
de Fufage le plus commun. Les Egyptiens trou-
vant dans la pointe fupérieure du fecond une
légére reñemblance avec le bouquet de pluma
que porte Foifeau appelé Huppe , Se dans la
pointe inférieure uu.e autre reíTemblance avec fon
bec long & efnié , ajoutérent un oeil & Ies
iinéamens de Fouverture du bec- Ce fut alors une
tete de Huppe complette. De méme on vn Ies
Gtecs & les R.omaius former en téte & en coi de
Cygne les manches des patéres & á&s fío-pulum ,
aar4 le prolongenaent terrrdaé par qn empatenieat
C H A 747
coutbé , a du néceíTairerr.ent faite mitre l’idcs
d’une tete de Cygne.
Si nous demando.ss á Kircher quel étoít Fobiet
figuré par cet attribut qu'Ofiris t’.eat fouvent fue
les obélifqueSj ii nous repondrá , dans un endroit
de fes ouvrages , qifií eft la marque de la fou-
veraine puiiTance fur les trois régnes , animal ,
mineral & végéral ; Uariacatis caujdm rarum irt
tribus infarioribus mundis , animali , vagetali ^
minarali ( (S.dip. JEgypt. iil. 282. ) t. Se dans un
autre ( ibid. , quh! exprime la varié té des
coaleurs du bouquet de píumes de la Huppe.
Tum ragiam potefiatam , tum rarum vi ca/oris ix
mundo produBarum variatatam , crifiu Upupa omni-
ganá colorum variatata imbuía ¡itóy>.v<pix¿; praf.gu~
ratam. Quhl eft difficile de fatisfaire le leéieur
judicieux avec des explicarions auíTi vagues 1
L'agriculture nous en fournira de plus natu-
relles.
Rappelons-nous que Ies Egyptiens en croyoíent
Oiiris idnventeur , 8c que Tibuíle a chanté ( Rb.
I. e/eg. 7. ) cetre tradition ancienne avec toutes
fes branches dans les vers fuivans :
Primus aratra mana foLarti fecit OJiris ,
Et tanaram farro foi’icitavit kumum.
Primus inaxvarta commifit femina larra ,
Pomaqua non noús Icgit ab arhoribus.
Ule docuit palis tanaram adjungara vitcm.
Hic •viridsm dura acedare falca cománt.
Bacchus & agrícola magno confacia labore
Péñora fijlitia dijfoluanda dadit.
Sera-t-on étonné;, aprés la.leclure de ces vers,
de voir dans les feeptres égyptiens Fartribut de
Fagricu'ture , la charrúa íimpie , c^eft-á-dire , !e
croe ou crochet avec iequei les premiers hom-
mes fillonnoient la terre ? Diodore y a reconna
auffi une charrúa , & ce ne peut erre que la plus
íimpie.
Cette méme charrúa , ou le báton courbé doiit
eft armé Echetlus fur les tembeaux étrufques,
eft place aufíi dans les mains d'Ofiris. On y voit
auíTi le croe fait de deux piéces , Se parfaitement
femblable a la charrúa du tombeau publie par
Spon , fi Fon fait abñraéfion du manche , qui
étoit le plus fouvent une partía ajoutée.
Cette explication parek plus ^nature'le que
celle de Kircher. Le báton recourbé , !e -lituus des
Esyptiens étoit . felón Iui , le íigne du pquvoir
abfoiu des divinités fúpérieures fur 'es inte; ieu-
res , & il défignoit en méme-tems la fymm^trie
hartnonique qui régit Fiiniyers. Et par baculum
quidam fuperius ir.curvum ( i -id. png. I77. ) aafj-
lutum r.uminum tn inferiora i.tjluant: :cm acm.nium ,
& fummam , auam per huric i/ipuxum raous zr.duccp
bant , fjmmatriam karmo'dea'n '.r.-.cabjrx. C’étoít
encere , felca iui , un t-nyrie ra;y s'-’cc ;a
74^ CHA
appelée ferule , qai fervoit d’appui aux vísnes
& da flute aux bergers. Kircher crouve qu’á~ ces
deux t!tres la féruie convient parfaitement á
OSris , qui avoit erifeigné Tare de cultiver la
vigne j & qui avoit inventé la mufique ( ihid.
pag. l^Z. ). Ac primo quidem Ofiridi feu Dionyfio
‘títriiruhu.r , eo quod docuerit primo vitem
plantarz , ac eam thyrfo feruiaceo vdutí Jiatumini
fufienxanda viü aptijfimo applicare vtl
quod ex ejüs iatervailis Konjugatis compingeretur
feptenis ut Ovidios ait , fifiula caanis
O'iiridi autem non vinz tantum inveutionem per
tnyrfos ferulaceos , utdiUum efi ¡jigriificatam ,fcd tt
mufle £ qiioque auribuereat , ut refen Diodorus.
Ces variations dans l'explication d’un des prin-
cipaux attriburs d'Oüris , n’annoncent pas dans
Kircher une ciarte & une unité de principes j teíles
que fon fyíléme Texigeoit.
La troifiéme ( /¿/íi. 490. ) expücation quji
en donne s^éioigne également des deux premieres.
Ce croe eíi , felón lui , un harpon , embléme de
jcelu: á Taide diiquel , ainfi que d’un filete, Ifis
tira du fond de ia mer le corps d'Ofiris. Ifls Piu-
tarcko tefte , cadáver Ofldiris d Typhone ir. Nilum
projeclum , icncino extra Niíi fluenta retí excepifle
xiemoratur. xitquc koc efl , quod apee Jane hoc loco
exprimitur per uaciaum d? rete ab humeris depen-
dens. Nous parlerons aiüeurs de ce prétendu
filet d'Ifis , mais nous ne quitterons pas cette
charrue limpie ou cecroc^ fans ajouter que Schaw
l’a prife pour une houlette.
Les fentimens font auffi partagés fur Lattribut
triangulaire que riennent fouvent les figures
égyptiennes , & qui reffembie au précédent cnargé
d’une traverfe. Kircher nfeft pas ici plus d’accord
avec liii-méme que dans i explicarion des autres
attributs. Dans fon alphabet myíiique il croit
qudl eft formé par la reunión des lettres ( ibid.
pag.^ yo. ) grecques majafcules A S¡c A y qui font
les imtíales des mots ^ boa géaie y
furnotn du ferpem lacré. Hic caraóler ídem jigai-
fleat ^ qui ^ Ayunos Auíutcy y id efl y honus geaius y
corr.p onitur ex irútialihus lilteris A-d? A. Aiüeurs
efeíf Fembléme de ialpbaber litréral , par lequel
«nen défigae ri.nvention attribuée á Ofiris. L'a ,
felón Kircher , étoir la premiére de ces lettres.
Cleyton ^Jouraai from graad Cairo Writtent iy
ihe Prefetto & Egypt. ') ’ a fait de cet aítribat
triangulaire un inílnsment de mufique y cjue Fon
louchoit avec le pLecirum , cu crochet place
crdinairement avec lui dans les mains d^Cfiris.
Ldnvention de la murique , donr «n faifok
Konneur á ce héros déifié une refleniblaBoe
«lo'ignée avec le fiSre , & un pafíáge de Spon
telatif aa prétendu fouet cu’íl croit etre «11
«i'ilrUiTierit de mufique, oíit du faire naítre cette
opii-iion. V oíci ie paíTrag-e de Spoa. ■( 28'-' Diflr-
-táition , ou j-Jp-oa^e a I/í. ChcHiou. dans Les M. s~
KSLí. ERUo. T.AxTiQoiTATrs.). Flagrum
bo£ inflruntintmn muflaam diaas -aLjitsm^di
CHA
I falt Ifldis flfirum ? Ita ut Uvá manu pleétrura
i teneat y dexterá infirumentum ferreum , aut Meara
I quod percujfum pUBro foaltus edit. Mais nous
I ferons remarquer á Cleyton ^ d’aprés üobfervation
de Winkelmann , que Fon ne trouve le liftre dans
la main d'aucune ftatue antique égyptienne ( l'An.
lib. 2. ch. 1. 66. ) confervée á Rome ; qu’il n’eft
méme repréfenté fur aueun autre monument que
fur les bords de la rabie iíiaque j car Bianchi
& queíques autres ont cru mal-á-propos le
reconnoítre fur les obélifques. L'attribut qui
nous oceupe feroit au contraire par-tout dans
les mains d'Ofiris j ce qui prouve qu'ü n'a au-
cune analogie avec le fiftre. Mais ce qui la détruira
entiérement , c'eft une figure qui fe trouve dans
le cabinet du roí & dans celui de Ste Geneviéve.
L'attribut triangulaire y eft double , 8c s fait dif-
paroítre le prétendu pleBrum.
Que fubftituerons-nous aux hypothéfes de
Kircher & de Cleyton ? Diodore nous a mis fur
la voie ; ce fera une charrue fimple fans manche,
muníe d'une traverfe pour en aíTurer la folidicé.
Que Fon dépouiile de ieurs manches les ckarrues-
des Egyptiens modernes publiées par Norden &
Níebhur , 8c Fon y verra dfftrruftemení ie pré-
tendu a/p/ia hiéroglyphique , 8c Finítrument de
Cleyton. Avec norte explicarion Ofiris portera
les inftrumens de fon invemion , la charrue fim-
ple , ou croe , & de plus ce croe fbnifié par
une traverfe, qui fut fans doute le premier degré
de perfeéfion ajouté á la charrue. Peut-étre méme
en do.nñant aux ftatues d' «Ofiris le croe fimple 8c
ia charrue avec une traverfe , a-t-on voulu exprí-
Ejer par ces aítributs qu'il inventa d’aborá ie
premier , & qu'en le perféCrionnant il en fit
enfuite le fecond : Primos aratra maau foierti
fecit Ofiris.
CharPvUE ( on voir une ) fur fes médailfes de
Centuripa , d'Enna , d’Obulco , de Mea& , des
Leonrins j de Panorme , des Siciiiens, Scc.
CHARTA. Voyei^ Papieb..
CHARTARIUS. Cet officier exerccit fes «re-
mes fonélions que le Chartophylux & le Chartiu-
larius. II en eft carié dans Caíñodore ( Var.
VIII. 23.)} 8c 00 iifoit á Rome Fíniiriptioíi
fuivante :
lOCtJS VAI.ES.IANI CHASTASU
CH ARTES. Tóate matiére fur laqueñe on
pouvoit écrire , étoit exprinaée par ie mor chana,
Cfeft le fentiment de dotn Mabflion. De-iá vient,
felón lui , la dénomination de ckarte , commune
á toas les gentes d’a^es. Mais ne Fauroir-on pas
plutot empruntée da papfer d’Egypte ? Avant le
Vüi-fiécle, OH avoit eoatuirre d’expédíer fes
dipldmes fur ce papier, & iufqu'á cette é-poque
ccíok-lace qti'onappeloicci^rtó parexceliencej
CHA
car ce nom luí éíoit réíérvé priyatk’eaient á toute
aurre naátiére.
S'ii ejíiftoic dés-Iors une forte de papier de
plombj nommé carta -plúmbea ,
comme le prétendenr les PP- Mabülon & de
Montfaucon {PaUograph. p. i6. ) , Pé pichete qui
J'accompagne le diítiaguoit fuíEfaníment du papier
d'Egypte. A forcé de coups on réduifoit le plomb
en lames ; & a forcé de Pétendre on lui com-
muniquoit avec le papier quelque reíTerablance
que lui fie donner le nom de carta. Mais c’eít juf-
tement ce qui feroit douter íi la carta de plomb ,
done Néron couché fur le dos avoit la pacience
de charger fa poitrine pour fortifier fa voix
étoit écríte oa méme faite pour Pétre. Une lame
de plomb auffi minee que la fuppofe Pécriture
a laquelle on la defiinoit , étoit-elie capable par
fon poíds de mettre la pacience de cec empereur
i une épreuve qui moncrác Pexcés de fa paffion
pour la muííque ?
Ce prétendu papier devoit done avoir une
épaiíTeur plus confidérable que celie qu'on donne
maintenant au plomb laminé , delliné á garnir
les caiíTes oü Pon renferme certaines marchan-
tílfes- Ces ( AlLatius animadv. in antiq. etrufe.
fragm. n. 72. ) papiers de plomb done il eft parlé
dans unancienauteurcicépar Jofephej dans Apol-
lonius de Tyr, & dans Anañaie le bibliothécairs,
fur Ies papes Serge & Grégoire III, devoient
étre de la forme de celui que Néron raettok fur
fa poitrine.
Qu^on entendk anciennement par le íéul mot
carta le papier d'Egypte , c’eíl ce que mille
témeignages concourent á prouver. Pline Phif-
torien { iib. ij. cap. II Ái3.),aprcs avoir
obfervé que Varron en ñxe Pinvention au íiécle
d’Alexanáre , combar fon opinión par la décou-
verte des livres de papier renfermés dans le
tombeau de Numa Pompilius. D'ou il s'enfuit
que trois íiécles avanr Ja fondatibn d'Alexandrie ,
ce papier étoit en ufage. Or , dans Pun & Pautre
endroit , carta ell: le feu! terme employé par
Pline. Ulpien {^Ih-re 39 fur Véd.it') . S. Jéróme
( Uttre d Cromad ) , Jovin & Eufébe , Jufli-
nien ( 2. tit. 10. §. 12. ) dans fes inftitiits,
diftinguenc nettement ckarta du parchemin.
Comme la píuparc des livres étoien: de papier
d'Egypte, le nom générique de canes leur fat
appliqiié dans Pufage ordinaíre : in ufa plerique
libros ( f. Iib. 32. cit. 3. leg. 52. §. 4.) cartas
oppellant. Cette dénominatioí! ne paffa fans doute
au parchemin que quand Pufage da papier d"E-
gypte commenqa á romber. Le rexte allegué
d'Anaftafe ( Anafi. in vit. S. Sylv. tom. 1./7. 43. I
eoy. exit. Alaffti Ifior. Dipl. p. 60. ) le bibliorhé-
caire , en faveur du fentiment contraire , ne paroír
pas concluant , parce qu°au-lieu de mettre en
uppDfition k parchemin avec le papier d^Eiypce,
üu oppofe peut-étre que Us feudies eí» trsYaiiises
C H A
74f
du íJapyrus á ceües qui Péíoient (noit-vzlh Divlo-
matique des Bénéaicllns ).
1 ICUM, ímpót de deux foUis que
les officiers des empereurs levoient dans le bas-
empire pour les frais de leurs regiíires. II en eíf
íait mención dans Zonare & dans les Novelles.
archives publiques
oa trefor des chartes.
’ ^om d’o:$ce dans Pé^Iife.
fle Conítantinople. Ckartopkylax. Codin appella
le grand. Ckartopkylax , le juge de toutés les
caufes , 8c le bras droit du parriarche 5 & Bal-
lamon , la bouche 8c les lévres du pacríarche-
Codin dit auífi qu il etoit le dépolítaire 8c le
garde de toutes Ies chartes qui regardoient les
droits ecciéíialliqiies ; qu'il préíidoit á la déci-
f on des caufes matrimoniales , 8c qu’il ézoit
juge des clercs. Théodore Balfamon dédia fon
commentaire fur les canons á George Xiphilon.
Théodore étoit né á Conítantinople , & dés-lors
Numopkylax Se Ckartopkylax , ckft-á-dire, garde
des loix 8c des chartes de Sainte- Sophie , &
premier prétre des Biaquernes ; mais ü n ecoic
pas encore pacriarche d' Antioche. Leonclavius Se
d'autres fe font trompes quand ils Tont con-
fondu avec le chartulaire. C eroient deux oíH^
ciers fort diftérens , Se le chartulaire étoit bien
au-deíTous du Ckartopkylax. Le Ckartopkylax
rédigeoic les fentences 8c íes déciíions du parriar-
che , qui les lignoit 8c y appofoit le feeau. íl
préfidoit au grand confeil du patriarche , & con-
noilToit de toutes les caufes & matiéres ecelé-
Jiaítíques , tant du peuple que du clergé & des
moines. Ii avoit féance avant les évéques. Da.ns
certaines cérémonies il montoit le cheval du
patriarche 5 il avoit fous lui douze notaires á fpn
fervice. Enfin , nuUe autre dignitén’avoit tant de
- ^ ^
bjbliothécaire étoit á Rome. íl portoit les mémes
ornemens que ¡es miniilres ecciéfiaítiques , & en
faifo-it les fonétions. C'étoit lui qui préfentoir au
patriarche tous fes évéques 8c les clercs étra.n-
gers 3 toutes les lettres , tous ceux qui devoient
étre pourvu d’évéchés , d'abbayes , ou pronaus
auK otdres : tous devoient avoir fon approbadoa
(^Ar-afiafi. ad vtii Synod. añ. 2.).
Quelques-uns écrivent Cartopkylax. Ce met,
mokié latín Se moitié gres, seíl formé á Conf-
tantiaople depais que l'empire y eut été tranf-
porté 3 de xáfla , £ait du latín ckarta j Se de
(p’jrmnrpi , j e garde. Ii ü^niñe gardc-ckarte. Gétoic
un ofEcier prépofé á la garde des chartes 3c des
acies. 11 y en avoit un pour fe palais de Tempe-
reur, & un pour le patriarche & pourréglké, qui
avoient encore chacun un nom particulier, comme
'ro
C H A
ce1i-i cíe l’és’iíe fcriniarlus , ccluí C’di a fo!!l
¿es papicrSj des aíftes. Cependant on les con-
fond íouvenr, á caule de ia reiiemb’iance de leurs
fontlions.
CHARTRES. Foyep Ch artes , qui fe dit or-
dinaiiement pour charires.
CHARTULÁRIUS , notaire du prince , qui
écrivoit les aítes publics dont le Chanophylax
avoit la garde. il en ell fait mention 5ans les ioix
de Juíbnien. Cet otScier étoit appelé commenta-
rurJis fous íes Céfars.
CKARYBDE , felón la fable , av(5Ít été une
fetnrae qui habitoit fur les cotes de Sicile. Ayant
derobe les boeufs d'Hercule, elle fut frappée de
la foudre en punition de ce larcni , & changee
en monftre mariii- Ce monftre , dit Homére , qui
habite pres d'im écueil de Sicile_, engloutit les
fiots trois fois par jour Se trois ibis ii ks rejette
avec des mugiííemens horribles, cc Qu’il ne vous
» arrive pas . dit Circé á Ulyfle . de vous trouver
» la quand elle abforbe fes vagues; car Neptune
« ne pourroit vous tirer de ce danger^ "• Charyhde
eft un rocher efcarpé du cote de Mefllne, &
v'is-á vis Scylla , prés diiquel l’eau fe précipite
avec impétuoíité dans oes gouftres & oes tour-
billons. Ce paiTage appelé aujourd’hui Capo di
Fa’^o , ne mérite pas méme Tattention des ma-
telüts.
CÍIASSE. Cet exercice eñ auíTi anclen que le
befoin oii le defir de maneer les animaux. Mais
les Crees, jaloux de rapporter á leur nation
lous les ares & toiites les fciences , ,feent hon-
neur aux Laconiens de cette invention , & a
Dercetus en parucuiier , ( Grat. Cyneget. n.
ICO. ). , . , ^ . , , ^
Diane étoit la divinite tutelaste oes cn.aj]eurs.
Une nymphe tombée par mégarde aans des íilets
& expofée aux bétes feroces, échappa á leur
fureur par la proceñion de Diane , a qui elle
avoit promis par un vceu foleinneí de' batir
un pedt temple ii elle la tiroit oe ce peril. Dés-
krs ia chajfe & les ckajfeurs fiirent mis fous la
protedioí! de !a filie de Latone.On l'invoquoit en
partant pour la ckaífe , & on iui préfentoit en
otTrande'"des íilets , des javelots , des ares , des
carau'iis Sr des fleches, que Ton fafpendoit aux
voátes de fes temples , ou aux arbres qui lui
ét.'-ient confacrés dms les foréts. Apol'ion par-
tageoit avec fa fceur Tencens des ckajfturs ..pares
c'.fil exceiloít c-,.mme elle á lar.cer des fleches.
Ce cidte fít att ibaer auíf! aux enfans de Latone
flan de dreííer les chiens , qu’ils communiquérent,
d:fok-on , á Chiron , pour honorer fa juftice ,
í>: p,ir le moven de ce fameux Centaure, á la plu-
part des héros qui farent fes difcipies.
J es armes des cha (Tfiii's ne furent pas les feuies
ofFrandes Quhls confacrérent a DiaU-e , ils atta-
choieat auíS á leurs portes en f®n iionaear des
C K A
bois de cerf &r des défenfes de fangüer
mack. Epifl. V. 6b. ) : Honori r.arrdnuTTt datur
corana Jacrare cervorzim , Cf aprinos denles limi-
nibus cffigere. Agathocle, tyran de Syracufe , Iui
confacra méme le fquelette & la peau d'un cerf
quhl avoit tué , & au coa duquel il atcacha
un collier , portant cette infeription : Auaííf«
' Apriftií'i
Les Crees étoient paffioTinés pour la ckaífe ;
& leur mythologie avoit rendu célebre celle du
fanglier de Calydon , qui eft repréfentée fi fou-
vent fur les marbres antiques , & fur laquelle oa
confultera Farticle de Meleagre.
La chajfe fut auíli eftim.ée par les Romains que
par les Crees ; & ceux qui ont aíTuré qu’eüe
étoit abandonnée chez eux aux individus des
derniéres claífes de la fociété , étoient dans
l’erreur. ‘
Sylla, Ssrtorius , Pompée , Jules-Céfar, Cice-
rón , Marc-Antoine chez les Romains, ont appuyé
& approuvé l’exercice de la ckajfe par leur auto-
rite *& par leur exemple. Le paffage de Saiufíe
qu’on a apporté en preiive du fentiment con-
traire , a été mal entendu. Horace favoit fans
doute quede eñime les Romains faifoient de la
chajfe ^ & il dit dans rEpitre xvrrr du premier
livre : c‘ que la chajfe eft un exercice de tout
” tems en ufage chez les Romains , qu’elle con-
» trihue ala fanté & méme a la réputation. Les
== Romains Paiment , aimez-la, vous fur-tout qui
« étes plein de vigueur , bon cavalier & capá-
is ble de paíTer les plus vites chiens á la courfe ,
5’ & de venir á bout des plus vigoureux faii-
» gliers
Remanís folemne viris opus , utile fams,
V^itíque & memhris. . . ,
Ckft a Lollius qu’Horace recom.mande !a chaffe ,
& Lollius n'étoit point un efclave. Ce n eft point
d'un efclave dont parle encere Horace dans I Oie
premiere du premier livre,
. . . , Manet fub J ove frígido
Venator , teners. conjugis immemor ;
Seu vifa eji catulis cerva fidelibus ,
Seu rupit teretes M.arfus aper plagas.
Les empereurs romains cui vecurent apres
Salliifte .& Horace, peafoient queja chaffe^ etoit
un exercice noble & gloneux. \ oici ce qu en t
Pline dans le Panégyrique de Tragan : “ cero.
„ autrefois le premier exercice , ^e p^us
» plaifir de la jeuneíTe, de pourfuivre a la coun-
« les bétes fugitivas , de vaincre par la torce ^
«plus couraseufes , de furprendre par
» les plus rufees , & on ne remportoit pas p
‘ 5! de gloire peniant la paix quand on a'
« éioigner des campagnes les bétes feroces ,
CHA
•» rííetíre les laboureurs á ccuvert de leur irnip-
» tion. Ceux mcme d^sntra les princes qui po*u-
M voient le moins prérendre á cette Ibrte d'tion-
» near ^ ont voulu fe fattribuer. lis faifoienr
renfcrmer des bétes fauves 5 & aprés cu’une
» partie de leur férocité avoit été domptée , on
» Íes láchoit, & on fe moquoít de ces empereurs
55 qui tiroient vanité d'une faufle adrede qiiand
=5 üs les avoient tuées. Trajan joint la peine de
=• Ies chercher á ceile de les prendre^ & le plus
-» grand , le plus agréable plaiíir pour lui . c'eíl
« de les tro u ver j?.
Ckasse amphithéárrale. Les Romains fappe-
loient venatio ludiera ou amphitkeutralis . Elle fe
faífoit dans les cirques , au milieu de famphi-
theátrCj 3cc. On lichoit toutes fortes d’animaax
fauvages^ qu on faifoit attaquer par des hommes ^
appelés de cet exercire btfiiarn Foj^^Besti ai-
res ) , ou ils étoienc tués á coups de fleches par
le peuple méme , amufement qui l’accoutumoit
su fang & l'exerfoic au carnage. L'an de Rome
J02 , on y condüiiit cent quarante-deux élé-
phans qui avoient été pris qa Sicile fur les Car-
tnaginois ; ils furent expofés & défaits dans le
cirque. Auguíle donna au peuple dans une feule
ehajfe atnphíthéátrale , trois miíle cinq cents bétes.
Scaurus , donna une autre fois un cheval marin
& cinq crocodiles > l'empereur Probus , mille
aupruches , mille cerfs , mille fangliers , mille
damis , milie biches & milie béliers fauvages.
Pour un autre fpectacle, le méme prince avoit
fait raíTembler cent lions de Lybie , cent léo-
pards j cent lions de Syrie , cent lionnes & trois
cems ours. Syüa avoit donné avanr lui cent lions j
Pompée trois cents quinze, & Céfarquatre cents.
Si tous ces técíts ne font pas cutres ^ quelle
étoit la richeíTe des ¿iélateurs , des confuís ^
des quefteurs , des préteurs & des édi'es qui
faifoient ordinairement la dépenfe enorme de
ces jeux , quand i! s^agiíToit de gagner la Eiveur
du peuple pour s’éléver á quelquc dignité plus
importante.'
Chasse. Muratori (919. 6. Thef. Infcr.) rap-
porte rinfcription fuivante , dans laquelle 11 ell
fait mention de EofEcier de l’empereur ^ prépofé
a la garde de fon habit de ckajfe.
M. ÜLPIUS AUG. LIS.
EUPKROSIN0S
A VESTE VENATORIA
CHASSEUR ( Júpiter ). Cn volt ce dieu fur
des médailles de Traües en Lydie , & de Mida
cu Phrygie. 11 y parcir fuivi de trois chiens de
chaíTei & c’eñ ce Júpiter qui eít repréfenté aíiis
fur un Centaure de la Villa- Borghéfe.
f-RASSEURS. Follux Onomafiic, v. cap. 5.)
que les chaífcurs pourfuivant les bétes fauvesj
CHA 75 1
doirent avoir leur chiamyde entortilIJe auiour
du bras gauche . en gui.e de bouclier. C’eLi; ainñ
que la porte Méléagre fur les bas-reliefs caí
rep^refentent la challe du fangüer de vial v don.
±-es caaífeuTs p.,-rto:ent auái un caique & des
cothurnes ou bottines , femiolaóies á ceiies des
voyageurs. On vott áiéieagre ainfi chauíi'é. iiors
la ciiiamyde Ies cnajTcurs fonc tout nuds.
CHASUBLE. V'oyei Casüla.
CHAT. Les chuts oient , entre toutes les
bétes^á quarre pieds ceiies dont les Egyptiens.
punüfoient plus févérem.cnt la mort j foit qu'on
Peút procurée par inadvertance , foit de propos
délibéré. On étoit toujotirs criminel quand on
tuoit un chat j & ce carne ne s’expioit que par
les plus cruels fupplices. Mais quand le chut meurt
de fa mort natureiie ^ dit íiérodore , tous les
gens de la rnaifon ou cet accident eid anivé ^ fe
rafent les fourcils en íigne de trifieílej on em-
baume le chat Se on Peníevelit honorabiement á
Bubafte. La vénération des Egyptiens pour le chat ,
étoit fondée en partie fur i'opiriion qu’ils avofer.t
qu’líis, la Diane des Grecs, voulant éviter !a
fureur de Typhon & des Géans ^ s’étoit cachee
fous la figure de cet animal, ils repréfentoient le
dieu chat tantót avec toute fa forme natureiie,
& tantót avec un corps d’homme portant une
tete de chat.
Le chat étoit honoré d’iin cuite parttculier dans
quelques cantons de l’Egypte , &c fur-tóut á
Bubaide. II y étoit regardé com.me le fymbole.
d’ilis ou de la Lune ; & dans le nombre de rap-
ports qu’on lui trouvoit avec cette plañere , on
fuppofoit qu’il faifoit autant de petits qu’il y a
de jours dans un mois lunaire : on ajoutoit que
fes portees étoient aíiujecties á la progreíGon
natutelle des nombres, depuis Punité jufou’a z8,
c’eft-á-dire , que dans la prémiere il mettoit bas
un petit, dans Ja feconde deux, dans la t.oiiíéme
ftreis , & ainíi de fuitejurqu á ce que le nombre
de vingt-huit fue rempli. Piutarque rapporte cette
exrravagance & ne la réfute point ( de Ifid. <&
Ofirid.'). Horapollo ( Hieroglypk. I. c. lO. ) a
attribué mal-á-prrpos au chat , les opinions reli»
gieufes que les Egyptiens avoient fur le ¡ion , &
fur fes prétendas rapports avec le foieil. II eíi
cercain que les Egvptiens o.nt toujours comparé
le chat a. la lu.ne ou á üis ; c’eíd pourquoi on le
veit ordinairement fur les fiidres coníacrés á cette
déelfe.
11 nous reíde un fi grand nombre de monu-
mens qui nous rappeilent le cuite du dieu chat ,
oue le cotnte de Caylus ( Rec. il. pl. 7. ) n auroit
p ;s fait graver celui-ci fans ¡‘extréme fingulan'té
Qu’ü lui "a partí avoir. On ne peut legarder cet
animal reprélenté avec fes deux petits, comrre
un ouvrage de fantailie. Ea houde , ou i ttefie
travai]iée''dont fon poiirail cid orné , & les hié-
rcglyphes qu'on ¿iflingue, quoique avec peine.
751 CHA
fur !e de-rant de !a pHnté ^ iridiquent un objsc
defuperíí!:ion. Cette‘wíí7'£ , accompsgnée de ies
deuxpetitSjpourroitíignifier une plus grande puil-
fance , urr cuite plus étendu que cette divinite
avoit acquis ■, les deux petits ckats condtufent a
cette idée. -Mais ia ckate étant , fuivant piuíieurs
auteurs^ bembiéme de ía Lunej & la Lune étant
Ifis on poiirroit avoir par cette idee I expn-
catión de ce monument. En fuppofant un des
petits ckats blanc & l'autre noir j üs reprefente-
roient les phafes de la lune. _
■ On voit á Rome , dans la Vill^a - Borghete j
une ibtue égpptienne qui a une tete de ckat.
CHATAIN. Les Romains appeloient cette cou-
kur color amygdaliniis ¡ ou pheeniceus du nom
grec ^4¡Ví5 que portoit le palrnier^dattier > dont
les fruits ou dattes íbnt chátaitt-foncé.
.CHATEAÜ-St.-Atrge. Voy ti AdrianüM.
CHATEAÜ-d’eau. Les Romains appelofent
cajitlla les cháteaux-dl eau , on refervoirs deftines
á ia dirtribution de i’eau des aqueducs ; & caf-
tillarias i’odicier ou I’infpeíteur prépoíe a cette
¿iíbibutíon.
CHAT-HUANT de Minerve. V. Chouette.
CHATiMENS milkaires. Voyei Castiga-
Tío, & le Dicíionnaire de 'íAn Militaire.
ChatiMens, fupplices. V oyei Iq Didiionnaire
de -Jarifprud&nct.
CHAüD. Les Romains voluptueux aimoient á
boire chaud datis Ies repas fomptueux j & c étoit
dans les vafes marrhins que Ton verfoit le vin
chaud {Martial. xiv. }.) :
Si calídum potas ^ ardenti tnyrrha Faterno
Converdt, & melior fit fapor Indt mero,
On préféroit ces vafes pour les hoiSans cfmuz
des aux coupes de verre ; parce que ces derñictes
étoiaiu briftes par la dilatación fubite xii.
74- k ) V
NuLlum foHhitant hs.c , Flacce , toreuTitata
fartm ,
Ft nimium calidis non vitiantur aquis,
Quslques Romains croyoieut que les boiíTons
chandes rendcier.t pales ceux qui en ufoient habi-
tuellemenc. Marcial fak aUufion dans les vers
íuivans á cette opinión {ioii. xti. 6o. i.) :
Natali pallerefuo , ne calda fabello
Defit.
Ce fut Néron, fi l’on en croit Pline (xxxr. ?.>
q^ui imagina de fkire chauffer i'eau Sz de la rafraí-
ebir eufuife daas la Ecige , au-lku de mcttre ,
CHA
felón Rafage ofdinaire de fon tems, de ia neigS
ou des glacons dans l’eau méme.
CHAUDRONS de Dodone. roy£:|^DoDOKE.
CHAüSSÉES. Oti appelle en France de ce noia
les anciens chemins romains.
CHAÜSSES longues. Les Troyens, les Phry-
giens , les habkans de ia Tauride, en un ir.ot
tous les barbares portenr fur íes monumens grecs
des chaujfes longues , femblables a nos pantaLons ,
mais plus longues & plus pliíTées. Les Gaulois
fe diftinguérent depuis par ce vétement , appelé
bracea par les Latías , & qui fit méme nommer
une partie des Gauies Gqiha braccata.
Les Grecs ne portoient paint de ckaufes ,
comme nous l'apprenqnsde deuxpaffages de Théo-
phralle. Dans Tun voulgr.t peindre un fot , ou
un homme inconíidéré , ii dit : qu étant afis^ il
laijfoit Jfa tunlque reltvétfur les genoux , de m.anierc
que Con voyoit a déeauvert les pañíes de fon
corps , que ía pudeur ordonne de voiler. C’eft de-
f homme itnprudent qu il parle dans I autre paf-
fage , ok il le peint relevara a dejfein fa. fuñique ,
afin de découvrir ce que la pudeur ordonne de voiler.
Théophrañe n auroit pu s'exprimer de la forte,
fi les Grecs eiiffent Dorté des chauffes ou culote
tes. Nous trouvons dans Ovide des vers qui dífent
expreñement que cst habillement des barbares
éccit inconnu aux Grecs. Le poete y reproche
aux habitansdu Pont, qui fe difoieiit dongine
grecque , d’avoir adopté ies chaujfes des Feries ,
leurs ennemis moteéis (fCrift. v. lo. IC) «
Hos qitaque qui genitl Graia. creduntur eb urbe
Pro patrio culta Perftea bracea tegit.
Les athlétes feuls chez les Grecs portoient une
echarpe autour de ia ceinture, afin de cacher
teur nudité5 elle reíTcmbloit au tablier_ fermv des
boulangers , au campestre desRqmains (
ce mot ) , & au fubligaculum , qui étoit vraiiem-
blablement la méme chafe, lis rappelerent
& on en trouve la figure dans le hmus des via»-
maires. , _ nV
Dans les premiers tems de Rome , ‘ ^
porta point de chaujfes , parce que
defeendok jufqubux genoux, & b ^ -
mi-jambe. On y fuppléoit par ¡e campestre,
lorfqu’on étoit armé ; & par des ban
fafcU crurales^, dont on Jes Gau-
quand on craignoic le froid. Mais en
lois, les Gennains & ^ o-¿néraIe-
avec les Romains , ceux-ci adopterei »
ment les chaujfes longues des Pjf^^ers , ^
Lamoride le dit d’Alexandre-Severe
Fafciis femper ufus ef Braceas albas kabni ■
Outre les monumens fur lefquels ceux qui
vétus de la toge ou de la tumque
portent point de ckaujfes¡ nous avoBS
C H .4
d ecrivains ro'.nains qus prouvent Ii nieme chofs. 1
Afconius (í.i Ciar. p. ijS.J átt que Catón étant j
preteut; & readant la juílice pendant Ies grandes
chiieiirs , ne portoi: point de tunique fous fa
toge j mais ua íimple campeftre , Jira túnica. . . .
campeftri fub toga cincíus. Suétons i. Ju!. c. 8a-
n. 3-). raconte que Ccfar étant prés de tomber
fous íes coups des conjures ^ défit pardevanr íes
plis de fa rogé aSn de ne pas découvrir daos
fa chute les parties du corps qui font cacnees
chez tous les peuples policés : finum vcjlis ad
ima erara deduxít. Cette prccaution eut etc inutíie
£ Céfar eüt porté des chaujfes. Un empereur ro-
main donnant un repas d’appareií aux foldats^,
leur ordonna de fe couvrir dii fagain , a fin qu'é-
taní á demi-coijchés fur les líts ae > ds
n'oífriíTent pas un fpeclacle indécent ( i rebeU.
Pollio. XXX. Tyrann. c. Z^.) •' Convivio dijcum~
htre milites , ne inferiora denudar entur , cum fagis
'jujjit.
II parok 3 d’aprés ce paíTage , aue les foiaats
ne portoient qifun campeftre , ainíi que le pratl-
quoient encore au commencement de ce íiécie
Ies montagnards d^’Ecoífe , quoiqu ils fuíTent habi-
tans d’un pays froid. Les officiers paroiílent tur
plafieurs monumens , & en particuiier fur la
colpnne Trajane , avec des ckaujfes qiii oefeen-
dent jnfqifaux genoux , ou peu au-deía. Cara-
. calla porroit fans doute Thabit midtaire 8c celui
des officiers, lorfqufil fut alíafline par Martialis ;
car Herodien ( /. 4. c. 24. p. 1 53.) dit qu il ayoit
dans ce raoment rabattu fes ckaujfes fur fes cuides
pour fatisfaire a des befoins preíTans.
Ceiíx qui montoient fur les theátres de Rome ,
furent toujours obiigés, á caufe de la bienléance ,
de porter des ckaujfes longues , comine neus
Tapprend Cicerón { Ofjc. 1. Scenicoram
Tinos tantatri habet veterís difcipims verccunazatn ,
ut in feena Jine fubíigaculo prodeat nemo y &
co'.nme le montrent deux petites ftatues de mat-
are coníérvées á la Viila-Mattei , qui repréfen-
tent des comiques»,
On portoit Oidinairement dans Ies bains pu-
bües le campejlre ou fubligaculum ; comme on le
voit dans les vers de Martial fur Ckioné au bain
(rr/. 87. 30
Teña tamen non hac , qua debes , parte lavaris t
Si pudor eji , transfer fubiigar in faciem.
CHAUSSE-TRAPE.
Le comte de Caylus a publié I Rec. ir. pl.
f8. n. 3.) le deflln d’une chaujfe-trape ¿.zhroJtitt.
" Ce monument 3 dit il 3 mérite d’étre rap-
porté 3 & par lui-méme , & par la raifon que je
ne me fouviens point d’ea avoir vu dans aucun
recaeil d’antiquités. On donne ce nom en fran-
cois á Pefpéce dhriftrument que Ies Romatns
deñgnoient par celui de murex ferreus . ou triou-
Ánciquités , Tome I.
CHA
755
lus , ou Jiintulus. Quinte Curce ( Lió. tr. ) &
\ alére-jlaxime ( Lzb. m. ) les appellentAíari'rea'.
Ces quatre pointes égales entre -elles & iongues
de dix-hult pouces , étoient fondues & liées avec
un globe de fept ligues de diamétre 3 & difpo-,
fées de facón que de quelque maniere qu’on les
jettát ou qu’on Ies lailTár tomber , trois de ces
pointes fervoient tonjours á’appui á une qui fe
trouvoit perpendiculairemerr en rair3 &qui pro-
üuiibit Teftet que Ton pouvoit atrendre de cette
arme déíeníive. Cette difpoíition eft conforme í
celle que 'v'égéce ( Lib. lu. ck. zq. ) a décrite j
il les appeile tribuios : Céfar ( Lib. ni. ) en
avoir parlé avant lui dans la difcription du iiége
d’Alife. Hérodien ( Lib. rr. ) fait mention de
cette machine légére j & Léon ( Cap. ir. 27. )
dans fa Tactique , en parle comme d’une dé-
fenfe pour reñir lieu de foíTés
On voit une ckaujfe-trape femblable . dans le
cabinet de Ste Geneviéve.
anciens écrivains aucun détail fur les chaujfures
des peuples que les Grecs & ks Rorr.ains
appelóient barbares , c’eft-á-dire j de tous les
peuples 3 eux f^uls exceptes. On fait cependant
que" les Egyptiens faifeient leurs chaujfures avec
lé P°Fy’"^^ T ou avec des feuiíles de pilmier ; Se
que Pythagore3 jaloux de reproduire les ufases
de ces peuples qui avoient écé fes maítres 3 obii-
gea fes difdples á porter de femblables chau fures ,
auxquelles on donna ie nom de baxea. Quanc
aax autres barbares , on ne peut juger de
leurs chaujfures que par les monumens. Les bas-
reíiefs de Perfépolis reprérentent les Perfes
avec des efpéces de ckaajfons : fur les bas-rehefs
Grecs , les barbares portent cette chaujfure que
les Romains appeloient aluta laxior.
Un foiiiier de terre cuite, publiá parM. Guat-
tani 3 dans fon iouraal a'antiquités { An. i785-_. )
nous en oífre ie vraí modele. C eft une petite
bonine liée au-deíTus de k ckeviiie du pied ,
foutenue derriére le talón par une ba.nde de cuir
trés-fort 3 & piitTée fur le couáe-pied 3 pour en
facilitei' ks moiiveíncns.
Le comte de Caylus ( Rec. dAntiq, t. idi. &
iil 400 ) a publié des deflins de ngures Gau-
loífe donr \z¡hau¡JWe eft kite comme un
Con de cuir. Elle reffemb'e a celle des ^trufques ,
& á ceües que les artiíles Grecs & Romains
domoient á tous les barbares. Le .econd des
deíTins du comte de Caylus que noas venons
de citer 3 repréfente un légionnaire Romam 3 por-
tant \^ ckalfon Gaulois orne cependant oes
b.nd'-lettes dont le cothurne & es fanaales
é'toknt garnis. Ce qui prouve , felón luí 3^que
kgkns placées enftation dans le chmat rroid
d-s Gaules, pour fe garantir de fes ngueurs ,
adoptoienc k ckaujfurs ^ “
754 CHA
confervant la fferme extérkure de la chauSure Ro-
ma me.
Si ¡lo'js n’avmns que les monumens pour dé-
C;:re ¡es chaujjures des Grecs , nous ferions ré-
«u'cs á ne parlar que d'une íimple femelie liée
íui Je eoude p:ed iufqu'á la tn'oitié de la jambe
par Je rnoyen de deux bandeletces eroifées plu-
iieurs fois ¡ ce qni fomiO!t le cotharae des voya-
geurs j des cíiaíieurs , des héros ^ &c. Ce có-
mame chauíTé par la miife de la tragédie & par
les adieurs tragiques , avoit un caradére particu-
Jier , 1 epailTeur de la femelle , qai íervoit á Íes
exnauíler ^ & qui eñ trés-viiible fur les bas-reiiefs
ou fonc repréfentées les Mufes. Les écrivains
Grecs parlent de pluíleurs aurres chaaffures que
nous avons placees oans ce didionnaire á leurs
arricies refpedifs j pour faciliter rinteliigence
de ces ccrivains ^ & pour fuppléer au défaat de
monumens.
Nous ferqns obfervsr d’abord que I'on peut ré-
fiuire a trois fortes toutes les ckaujfures j aux
borres ou kottmes ( Voyei^ ce mor ) j aux foii-
íiers oM chauffures pleines ^ & aux fandales ou fe-
mei.es limpies. C eíl á ces trois fortes que nous
rapporterons tout ce que nous aurons á diré íur
ies cnaujfures antiques.
Les ckaujfures des Romainí refre.mbIoient a
ee íes des Grecs ^ fauf quelques légéres diíterences.
Giles etoient faites ordiaairement de. cuir &
d'une peautres-fouple, appelée aluta. Ce cuir doux
etoit la madere des. fouliers pleins ^ reís cue le
calceus j. le mulleus & le pk&cafum. Quant á la
Jalea , a. la caliga , á la crcpida ^ aux baxes. , au
Jandalmm, zafoccus & au. cothurne , elles coníif-
toieMeííendelIement enunefe.melle plus ou moins
epaiüe ^ fixee fur le piedy qu’eijelailToit á décou-
Síerc j par des bandelettes ou courroies.
Le calceus & le maleas ne diíféroient du pero ,
qu en ce que ce dernier étoit fait de peaux de
^tesnon tannées ^ & que les deux autres éroient
de^ peaux preparees. La ckau fure de cuir non
prepare palie pour avoir eté commune á toutes
Íes conditions. Le maleas , qhí étoit de cuir aluné
& rouge ^etoir une ckaujfure a. lanule. Voyez
ruNULE. Dans Ies premiers temps de Rome, il
n etoit porté ordinairement que par les patriciens,
tes fenateurs , les ediles. Ces magiftrats ae s’en
lervoient que- dans les jours de cérémonies ^
comme triG.mphes , leux publics ^ &c. 11 pa-roít
qu ii y avoit telle ckaujfure q’a'’on pardonnoit á
te jeUiieíIe j mais qu*on n’excuroit pas dans un
age plus avancé. On reprochoit á Céfar de porter
Sur le J-Cpour de 1 a-ge ^ ux\q- chauffure haute &
louge.^ Le -calceus Se le multas couvroient toar
le pied , & monroie.nt jufqu aa milieu de la
jambe. Les Romai.ns poufsérent le luxe fort loin
tíans cette parné du vétement , & y employérent
lor , isrgent Se les pierreries. Ceux qui fe pi-
quoiem de galanterie , veilJoient á ce que la chauf- i
Jiu* pnt bien la forme du pied. On ía garailToit ¡
CHA
d cicffé siolle j on la ferroit fottstnent avec des
courroies appelécs c/y'i 5 quelaues-uns métne
oignoient auparavant leurs pieds avec des n'ar-
nuns. ^
' Le pero étoit fait de peaux de bétes non orepa-
rces ; c etoit une ckaufure ruftique 5 eÜe albir mf-
qu a la moitie des jambes Le pk&cafum étoit
ele cuir bañe & léger j cette ckaujfure conve-
noit a des pieds délicats : Ies prétres d'Arf ¿n-s
& d A^exandrie la portoient dans les facrificeL
La cahga étoit !a ckaujfure des gens de suerte i
c etoit une grofié femelie d oú partoient des
barbes de cuir qui fe croifoient fur le coude-
^ faifoient quelques rours vers ¡a
chevn.e : j]^ y avoit qudquefois une de ces
courroies qai paíToit entre le gros orteíl & le
mivant , & allob s affembler avec íes autres..
Le campagus fStvott xeu á\í caliga ■, cbteit la
c fufare de 1 emperear & des principaux de
1 armee : ii paroit que íes courroies de celui-ci
etoient plus légéres qu á la caliga ^ & formoient
un refeau Tur ía jainbe.
^ La [olea j ia crepida , íe fandalzur. la galilea
etoient des íesnelles rttenues fur ia piante da
pied : voiia cequ eües avoient de commun 5 quant
á leur diíFérence on fignere , on frdt feule’ment
que ia Colea 8c la galilea nalioient point avec
la togCj mais qu’on íes portoit avec la pénala.
Les femmes fe fervoient de ces deux ckaujfures .
foit á la ville, foit á la campagne. I! paroit par
quelques endroits de Cicerón qudi y avoit une
foka de bois qui étoit trés-Iourde & qboH
lioit aux pieds des criminéis pour les empécher .
de s'enfuir. *
La crepida différoitpeu de ía Colea j Sene cou-
vroit lé pied que par intervalies. La ¿ax-ea étoit
une ckaufure de phüofopíies ; il y en avoir de
feuilles de palmier. Qn n'a dteutres conjetures,
fur ia fycjoni'a , linón que c’étoit une ckaufure
tres - legére. Quant au foceus , foe & au
cotkurnus , cothurne J voyer SOCQtJE & CO^
THURNE.
Les Roinains portoient quelqtrefois des ckauf-
Jures faites avec des toiles delirij udones , comme
íes hiñoriens nous l’apprennent d’Antonin , quf
fuivoit en cela Ies pratiques des pythagoriciens*
Les efclaves & les pauvres le fervoient de fabots
{foye^ ce mot ) , ou de chaufire de bois. Mais
1 or ^ rargent;, les perles & Ies pierres précieufes
briJloient fur celles des riches ( Plaut, Bacck. il.
97- )-
Stiam ragas , quá foceis habeat aura fuppaclum
folum 1
Les ferrrmes portoient ordínairement des ckauf-
fares blancbes , jantes , S-'c. , ainli que les»
hornmes effétniaés. Mais les Romains étoienten;
géjiéral diauífés de noir. Les rois feuls avokíiC
CHA
porté ^ á rimitation des fouverains d’Albe , des '
chaaffkres rouges j Sc les triomphateurs fe chauf-
sérent de la méme couleur comme nous Tap- ;
pfenons d'une iafcription gravee á Rimini ^ en :
rhonneur de C. Marius: de. manueieis. cim-
ÍRICEIS. ET TEUTONICEIS. jEDEM. HONORI.
VICTOR. FECIT. VESTE. TRIUMPHALI. CAL-
CEIS. PUNicEis. Les empereurs conferyérent la
chaujfure des triomphateurs 3 méme dans le bas-
Émpire. Scvére-Alexandre dérogea á cet ufage
& porta des ckaujfures blanches ( Lamprid. 40. )
Les Sénateurs marchoient nuds-pieds comme Ies
autres citoyens 3 dans le commencement de la
xépublique 5 maisiis portérent depuis une ckauf-
far e aoixe. , ornee de croiflans ( lunule )
©u lunules d’argent , qui devinrent un de leurS
attributsdiílindlifs.
Retires dans leurs maifons , les Romains quit-
toient le calceus 8c chauffoient la /o¿es 3 qui Jeur
fervoit de pantoufle. lis le quittoient pareille--
Hient avec la toge , quand ils fortoient de Rome 3
8c quand ils alloient fe repofer á la campagne 5
de forte que le calceus étant inféparable de la
toge,^on déugnoit', par la réunion de cts deux
chofes , le féjour de la ville & les fonólions des
magiílrats. C’eft ainíí qu'on les trouve empioyés
dans la lettre C vii. 3. ) ou Pline exhorte fon
ami á revenir á Rome : Quin ergb in urbem redis ,
ubi digp.itas 3 honor 3 amicitis. tam fuperiores q^uam
minores ? quoufque calecí nufquam ? toga fe-
ria t a ?
Les anciens quittoiént leurs chaufures en fe
mettant á table j afin de nc pas gáter Ies lits
fur lefquels ils fe couchoient á demi en pre-
nant leur repas. lis fe faifoient fuivre par des
efclaves qui Ies déchauffoient , garáoient leurs
ckaujfures pe.ndant le repas , & les rechauípiient
lorfqu'ils fortoient de table. Oti appeloit ces
ferviteurs du nom générique fandaligeruli 3
porte-chauffures j & leur emploi étoit un des
plus vils. Tibulle en fait mention , pour mon-
trer que le pauvre fe préte au plus vil miniftéte
auprésdes rkhcs ( .1. y. )
Pauper erit pnfio tibi pr-ajlo paaper sdibit
Primas & ia leñero fixus erit latere . . .
Vinclaque de niveo detrahet ipfe pede.
Winckelmannj qui employoit toute fa vie á
étudier les monumens antiques 3 décnt ainíi les
ckaujfures ' des hommes & des femmes ( Hijl. de
V Art, liv. ir. ckap. J. ).
” Les fouliers des Romains diíféroient de ceux
¿es GreeSo au rapport d’.^ppien (^Appian. Mitkrid.
p. 114. l. I7.).3 mais nous ne fommes pas en état
d'indiquer en quoi confiftoit cecte difrérencc.
Les Romains de diftinélion portoient des fouliers
de cuir rouge qui venoit du royaume de Pont.
Css fouiiecs3 appelés mujiei 3 éceisnt quelquefois
CHA 755
brodés en or ou en argent 3 eomme nous le
voyons á quelques pieds chauíTés ; mais pour
Pordinaire ils étoient de cuir noir & montoient
jufqu^á mi-jambe ( Horat. i. fat. 6. 2.7. ) 3 ce qui
formoit dcs efpéces de brodequins 3 tels qu'on en
voit aux figures de Callor & de Pollux. Le Ja-
fon de Verfailles 3 ílatue nommée mal-á-propos
Qaintus Cincinnatus 3 offre une chaujfure que
les artilles pourroient donner aux figures he-
roíques. Cette chaujfure a des femelles avec des
bords á-l’entour de la largeur d'un doigt 3 & un
cuir qui foutient le talón ; ils font laces fur le
coude-pied par des bandes de cuir qui partent
des fem-elles 3 & fe trouvent attachées au - def-
fus des chevilles. Lepaffage de Pline 3 ou ildit,
en parlant des finges ; Laqueis calceari imitatione
venantium tradunt ( Plin, lih. 8. c. So. ) pour-
roit étre appliqué aux fouliers tiflus de cordes ,
tels qu’on en voit au cabinet d Herculanum.
Les commentateurs exphquent ordinairement ce
paflage par les filets dans lefquels on prend Ies
finges 3 tandis que Pauteur latin a voulu dire
que ces animaux fe font des fouliers de cordes
comme les chaífeurs ».
« On fait que la nobleíTe athénienne portoit
des fouliers ornes d’une demi-lune u argent o ti
dfivoire 3 comme la nobleffe romaine en portoic
avec une lune s mais ce carañere ^ ne s cíl pas
encore trouvé á aucune ílatue romaine
3:. LzckaufureAtsícmvííts confiftoit ou en fou-
liers entiers ou en firaples fandales. Quant aux
foulierS3 on en voit á plufieurs figures oes pein-
tures d'Herculanum ( Pitt. Ercol. 1. 1. tab. 7. zi.
23. ) ; ils font quelquefois jaunes 3 comme ceux
de Venus á un tableau des bains de Titus ( Bar-
toli 3 Pitt. ant. tav. 6. ) 3 & comme ceux que
portoient les Perfes( JEfchil. Perf. v. 661. ). Les
ilatues de femmes nous offrent auíli des fouliers
entiers 3 comme le groupe de Niobe. Du rede 3
les fouliers de ces derniéres figures ne s arron-
diíTent pas par le bout 3 comme ceux des pre-
miers 3 ay* nt une forme plus large. Les fanda-
les attachées aux pieds ont communément un
doigtd'épaiíFeur3 Se font compofees de plus d une
femeUe. Ces ckaujfures étoient formées quelque-
fois de cinq femelles couíues enfemble 5 ce que
nous diíb'nguons aux fandales de Pune des belles
Pallas de la Villa-AlbanÍ3 par autant dhncifions ,
qui font épaiíTes de deux aoigts. Les fandales
compofees de quatre femelles 3 s’appeloient qua-
drifolee ( Arckel. difput. p. 25. ) _
ccLe liégeparoit avoir fervi a la compofition de
ces femelles , ce bois étant léger & ^renant
point Phumidité. Cette femelle etoir ^le par-
^ 3.. \ rr. nennrrinir Ia
encore 3 il y ü v v, ,, ^ j *•,-
portent une pareille ckaufure. La Villa Ludovik
rsnferms tme Pallas plus grande que nature-
C c c c c íj
a des religieufes en Itahe , qui
75^ CHA
dont les fandaks font de la mime forme j 8? dont
lefcalpteuríenommoit Annochusd’Arhénestcette
chaiijfure, entourée de trois rangs de ditférens
crnemens piqués porte trois doigts de hau-
teur.' Les chaujfures coníiftant en un íimple cuir
lacé par-delfus le pied , & reíTerablant á celks
que porient Ies gens de la campagne entre Rome
& IN^apIes j fe nomment en grec &: j^oio-
Í9r:¿'¡¡fca ( Caflub. not. in Atn. tat. c. 21.
p. 84. ). Teiles font Ies ckaujfu. res des deux ña-
tues de marbre noir qui repréfentent des rois
de Thrace captifs ^ & qui font au Capitole
“ Les anciens-tie Tun & fautre fexe^ por-
toient encore des fandales de cordes , tiíTues en
forme de réfeaux , comme on en voit aux figures
des diyinités fur un aurelde la Villa Albani {Mo-
num. ant. ined. . 6. ). II y a grande apparence
que ce lont ces chaujfures que les Grecs appe-
loientpxicia, parce que juiius Pollux explique ce
mot par j ckauffure tiíTue de
pluíieurs cordes ( Poli. onom. 1. y.fegm. ). A
Herculaniwn il s eít trouvé une autre efpéce de
fandales , auxquelies les cordes font rangées en
cercles ovales , la partie qui couvre le talón
eít auíTi de cordes , Se fe trouve attachée á la fe-
melle
” Le cothurne étoir une chaujfure plus ou moins
haute j mais la plupart du tems fa hauteur éga-
loit celle de la main 5 il étoit généralement
affeélé á la Mufe tragique ( Monum. ant. ined.
p. 248 ). Le cothurne de laftatue de fáelpoméne^
s la Villa Borghéfe , a cinq pouces d’un palme
romain de hauteur. II faut diílinguer de ce co-
thurne dti théátre celui des chalfeurs & des
guerriers : ce dernier, quoique fouvent confondu
par les éc.nvains étoit une efpéce de brodequin
{ Scalig. po-:t. l. I ^ c. 13.^. 21. / Pitt. Ere. t. I.
p. 18. tay. 10. 23. ). La courroie qui affujetriíToit^
h femeiie tk qui étoit placee fur le coude-pied^
fe trouve rarement aux figures des divirdtés:, &
quand elle s’y -trouve ,_el!e eít placee fur le pied.
ilins fsíL une obfervatíon fínguííere i i^remsrQue
que les femelles de la ñatue de Cornélie mere
des Graeques^ n’avoir pas cette courroie (P/ia. /.
34.1:. 14. - J’obferverai iciqueparmiles diííerentes
ekaujfsres ancksnes ^ on ne voit point de talons
fur le derriére da pied , £ ce n'eít aux fouüers
ákne figure de femnaedans un tablean d'Hercu-
lanum : la chaujfure eít rouge , mais la femelle &
k talón font iaunes ( Pht. Ere. r. 4. tav. 23.)
Les talo.'is des fctii:ers fe nommoient chez les
Grecs j & ds étoient compofés de pe-
tits rnor^a^x de cuir ( SekoL Arijí. equit. v
317-)
Oa a troiívé á Herculanum des femelles de
foufier compofées ds condes. II y en a de diffé-
rentes groidears , pour des eafans & pour des
j.ommes Tiits : eües rsílemblent á celles queles
^ucantens attachent encore aujourd'huifoas leurs
CHA
Le comte de Caylus a pubüé ( Ree. aantiq. rl,
pl. §2. rA^. 3. 4. y. ) íe deffin d'un mime de
bronze , & de fa chaujfure en particulier. Les ré-
flexions dont il a accompagné ce delfín , mé-
ritent d’étre inférées ici.
M Ce mime eñ nud:. il n’a qu’une echarpe au-
tour des hanches ^ & elle eít renouée fur le
cóté : fa ckaujfíre nkít qu’un limpie chauíTon ,
qui paroit n'avoir point de couture 5 la pointe
au-deffus du talón remonte añéz haut & le
devant fe rabat fur les cordons qui le tiennent
en état. Nous favons quhl y avoit des chaujfures
particuhéres pour les différens aéteurs ^ & cette
précaution étoit néceíTaire , car il nkut jamais
^ été poffible de danfer , par exemple , avec le co-
! thurne. Chaqué efpéce d'acleur avoit done une
chaujfure convenable á fon objet ; elles varioient
méme fouvent cntre-elles , car celks des Mimes
reiTembloient quelquefois , ainfi que jen ai vu^
á des bottines qui montoient plus ou moins fur
la longueur de la jambe
" La chaujfure qui fait Tobjet de cet arricie ,
& quej’ai fait développer ^ me paroit avoir beau-
coup de rapport avec la ckaufure gauloife. Peut-
étre j comme elle étoit en ufage dans un pays^
íitué au nord de Tltalie ^ elle a fait donner le
nom ou le fobriquet de feptentrion á ces fortes
de mimes ou de danfeurs. Car on voit cette dé-
nomination employée dans plufieurs inferiptionSi
nommément á Antibes j oü j’ai copié eelle qui
fuit :
D. M.
PUERI SEPTENTRI
ONIS ANNOR. Xn. QUÍ
ANTIPOLLIN TKEATRO
BIEUO SALTAVIT EX PLA
CUIT.
« Je ne dois pas finir cet.’.rtrc!e íáfis averr.’r que
M. Gori {Fab. LVJ1. tom. l.'mi.f Etruf. )_rap-
porte la méme figure, ii la donne aux EtrufqueSj-
& la place parmi Ies Priapes : Gori r¡kfl pas feiií
decefentimentjCar la Chauíre( Muf. r-.m. difen.
dePauf. fimulac.') la regarde au.Í! comme un Príape,
quhi appelk ici SaLtatriculus Mais k bronze qui
nous occupe> n’aaucun a'tr'but de cette diviniré,
fi ce n’ell les crotales ou cailagnettes que ks
mimes ont fouvent portees Au reíte, comme cet
auteur n’indique ni la matiére , ni la propornon
de la figure dont il parle , je ne puis dire li elle
efl; la méme que la mienne y^.
Pour ce qu! eft des divinités ^ fauf peut-étre Ies
divinités infernales , les arriíles peuven: les re-
préfenter toutes avec des chauffures. On en voit
en effet douze fculptées fur un marore étrufque
piiblie dansles monumenti ineajti de M/inckíimannj
elles font toutes chaaiíées avec une femelle liée
CHA
fur !e pred par des bandelettes , excepté une
■ feale que Ton croit erre Proferpine.
Four achever cet article , le leéteur confultera
Ies articles des chiuffures diveríes dorit il y eñ
parlé.
CHAüVES. Les Romains des deux fexes qui
¿toient chauves , cachoient cette difíormité fous
des perruqueSj c'eíl-á-dire , de fauffes chevelures^
appelées galerus & ga'.ericulus. Suétone ( c. 12.
n, 3. ) parle de celle d'Othon. Martial appelle
calceus une fau.de chevelure d'une femme ckauve ,
parce qu’elle éroit appliquée far un cuir de
bouc :
Hidlna tibí pelle contegenti
Nudí. témpora verticemque calva ;
Fefiive tibí , Phoebe , dixlt Ule ,
Qui dixit caput ejfe calceatum.
CHALX (Four-á-). Les Romains condamnoient
des malfaiteurs au fervice des fours-d-chdux ( VI-
pian. leg. 8- §. lO. ff. de pcenis ) in calcariam que-
que vel fulphuriam damnari folent.
CHEBEL , chaine ou carde , mefure linéaire &
itinéraire de TAfie & de TEgypte. Elle eft éva-
luée á 8 toifes & de France , par M. Paudlcn.
Elle valoit en mefures anciennes ¡
6 décapodes ,
Ou 10 orgyes, braífes ,
Ou 12 béme-dipioun ,
Ou 24 béme-aploun.
XEIFIAES j, ganreletdes Grecs armes, & gants
qui défendoient les mains contre le froid. Homére
parle de ces gantekts , comme d'une partie de
rarmure.
XEiPOMAKTPON , fervíette. Foye^ ce mot &
celui de voile.
XEiPonoNiA. Héfychius défígne par ce mot
des fétes céiébrées par des artifans , y-n^crÁ ct.
KEAK2 , SINGULARIS.
. Pindare parle fouvent d^'un cheval défigné dans
lescourfesde chars fous ce nom, que les Romains
onc rendii par eeiui de fingularh. Un fehoJiafte
Grec applique ce nom á un ebeva! de felle léger
& vite. M. Foggini ( Muf. 'Capitel, iv. 254. )
expiiquant un bas-relief du Capitole, fur ieqúel
on voit des génies ailés conduifant des chars
dans un cirque , donne le nom de VíMí ou de
fingularis au troííiéme cheval qui tire le char
& qui eñ conduit par fon cas^lier , tandis que
le cocher du char conduit les deux autres.
CfiüLIDONIA. Les Romains déíignojent fous
ce nom des vents doux qui fcuíHoienr ordinai-
íement fur la ñn de fcvner,,parcequ’flscrcyoient
ils leur ramenoient les ¿irandelles , ckdido-
C Vlin. il:
CHE 757
^ CHÉLIDONÍE , filie de Pandarée , & foeur
dUUédo. Foye-^ Pardaree.
CHÉL?ríINAR. Foye:^ Persépolis.
CHELONÉ , nymphe qui fut cbangée en tor-
tue. Júpiter, pour rendre fes noces avec Junoñ
plus folemnelles , ordonna á Mercure d^y inviter
tous les dieux , tous les hommes & tous les
animaux ; tous s'y rendirent excepté la nymphe
Chéloné , qui fut aíTez téméraire pour fe moquer
de ce mariage , Se pour chercher des pretextes pour
n°y pas aílifíer. J.íercure s'étant appercu que cette
nymphe feule manquoit, fe rendir dans fa mai-
fon qui étoit fur le bord d’un fleuve , Py pré-
eipita avec cette maifon, & la changea en tortue;
animal qui eft depuk ce tems-lá obligé de porter
fa maifon fur le, dos : & , pour la punir de fes
raüleries , il la condamna á un filence éternel.
Chéloné íignifie en grec tortue. Cet animal fut
depiiis le fymbole du lilence.
CHELYS , nom propre d’une efpéce de lyre ,
qui diíféroit du barbytos ( Foyei ce mot.). Une
épigramme d’Antipater {Arakolcg. l. 4. c. 12. p.
554. J nous a confervé cette différence en parlant
de trois ftatues de Mufes faites par des Grecs
célebres : Pune , de la main de Canachus de
Sieyone , tenoit deux flútes y Pautre , faite par
Ariftocle , frére de Canachus , avoit une lyre
nommée chelys ,• & la troiíiétne , qui étoit un
ouvrage dUAgéladas d’Argos , portoit une lyre
appelée barbytos.
La chelys étoit certainement faite d’écaiíle de
tortue, comme fon nom Pindique, telle qiPon
en voit une aux pieds de la ftatue de Mercure
de la Vilía-Négroni. Alais cette matiére étant
commune á toutes les lyres, ii faut chercher fa
différence dans la forme. Ararus {Pkoeno-men. v.
264 ) appelle petite lyre la chelys on peut con-
clure de-lá que le barbytos étoit beaucoup plus
grand que la chelys. Ckft-Iá tout ce que Y/in-
kelmann a pu déterminer. Feut-étre encore la
chelys n'avoit-elle point de magade (voyez ce
mot} ou
Chelys devint par la fuñe le nom générique des
deux efpéces de lyres.
CHELYSMA. Les Latins avoient empranté
ce mot des Grecs, chez qui il défignoit une piéce
de bois , placee en avant du bordage des vaif-
feaux pour IsS défendre contre le choc des corps
étrangers.
CHÉME , Xí;««( , mefure eiriphoyée par Ies
médecins grecs & romains. Elle valoit de
cyathe.
CHEMIN. Cet article appartient en enrrer
aux Diclionnaires d’arcKiteñure & d’éeonomie
poÜtique.
CHEAIIXÉE. Juñe-Lípíe & plufenrs autres
favans ont era que les Grecs & les Romains tre
connoiftoient pas Ies cñemlráes^ &
75S CHE
foient leurs appartemens qa’avec des brásiers
C^oyei ce mot) portatifs^, appelés ordinaire-
Hient trépieds par les antiquaires. Cette opinión ,
que les découvertes faites en Italie depuis un
íiécle ont détruite en partie^ avoit quelques fon-
demens apparens. Perrault expliquant Vitruve ,
concluoit qae ies anciens ne connoilToient pas les
cheminses , de ce que cet architecte n’avoit point
Í>arlé de leur conítrudlion. D’ailleurs on voyoit
es anciens écrivains faire trés fouvent mention
des braliers} & on lifoit dans Pline 8- ) que
le moyen employé pour empécher le bsis de
rendre de la fumée pendant la combuftion ^ étoir
de l’imprégner ¿’huiie. Enfin on infiñoit for-
temenc l'ur ce que dans aucun refte des édifices
antiqucs , on n avoit trouvé de traces ,de cke-
minées. *
Odlavio Ferrari & quelques autres j fans révo-
quer en doure Tufage ordinaire des brafiers por-
tatifs j rappprtoient cependant plufieurs textes
anciens, qui faifoient une mention expreíTe de
cheminées , de tuyaux de fumée , & de fumée
vifible au-deíTus des toíts.
Phylocléon , dans la comédie des Guipes d’A-
riñophanes (¿zc?. i. fe. i.') , fe cache dans une
cheminée. Un efclave qui Tentend , s’écrie : Q_uel
brult fait le tuyau de lu cheminée ? Phylocléon
découvert, répond : quil efi la fumée , & quil
cherche d s‘ échapper ; & le fils , un peu plus bas,
fe plaint de ce que Pon va dire par-tout quhl eíl
le fds £un ramonear de cheminée. Appien (^Bell.
Civil, lih. 4. ) parlant des proferiptions des trium.-
virs , afure que plufieurs citoyens fe réfugiérent
dans les tuyaux des cheminées ¡ ii; xa-ecííoéa; l¡-¡s<¡-
po^iíií , fumaria fub tecla pofta , pour fe dérober
aux recherches des meurtriers. Lorfque Vitellius
fiit élu empereur, dit Suétone, le feu ayant pris
aux cheminées pendant le feftin , fe communiqua
jufqu’a fa falle á manger : Ne ante in pr&torium
rediit j quam flagrante triclinio ex concepta ca-
mini.
On lit auíTi dans la premiére églogue de Vir-
gile ce vers :
Et jam ftmma procul yillarum culmina fumant^
Bans Horace :
Dijfolve frigus , ligna fuper foca
Large rgponens
( Ibid. Od. XI. lih. jy. ) :
Sordidum flammí. trepidant volantt'S
vértice fumum.
ifihid. Od. il. lih. V.) ;
Foftofque vernas , dizis examen domas ¡
Circum renidentes lares.
CHE
Les Romahis d'ailleurs éteignoient les feux de
leurs maifons , lorfquhls étoient dans le deuil
& Pafiliction , comme nous le voyons dans plu-
ficurs auteurs. Juvénal dit (Sízt. ni. 214.) ••
Tune gemintus cafas urbis , tune odimus ignes.
Quintilien appelle ces cheminées fans feu, noxies
focos (Declam. 212.) -• Redice in domas veftras ^
videbitis noxios focos , & ignes tabe cadaverum
extinBos. C’eít á cet ufage que leurs poetes fai-
foient allufion , lorfqufils fouhaitoient á leurs
amis un foyer toujours allumé , focum perennem
( Mart. X. 47. 4. ) , OU focum pervigilem ( Stat.
Sylv. iir. y. 1}.) yOnenñnignemaJjiduum {Tibull.
I. I. 6., pour défigner la joie ou Pabfence des
malheurs.
A Pappui de ces textes & des raifonnemens ,
viennenc les découyertes des modernes. Scamoxzi
(_Archit. l. 3. c. 21.) difoit avoir vu á Baye une
cheminée antique nouvellement découverte , la-
quelie étoit quadrangulaire , & dont le tuyati
formoit une pyramide qui fe terminoit en pointe.
Le méme architeéle aflure que Franfois Sanéqe
en avoit vu une pareille á Civita-Vecchia , &
que Pon en avoit découvert plufieurs en divers
lieux.
Winkelmann s’explique en ces termes fur le
méme objet. « On n’a apperqu aucune trace de
cheminée dans les chambres de plufieurs cdifices
antiques ; mais dans quelques chambres de la ville
d’Herculanum , il s’eft trouvé des charbons de
bois ; d'ou Pon peut conclure qu'on ne s y cnauf-
foit qu'avec cette efpcce de combuftible. Encoré
méme , de nos jours, n’y a-t-il point qe chemi-
nées dans les maifons bourgedifes de Naples j &
les perfonnes de diflinclion qui cherchent á con-
ferver leur fanté, tant á Naples qu’á Rome , habi-
tent des chambres fans cheminée, & ne font pomt
ufage de charbon 5 mais dans les maiíons de
campagne hors de Rome, fur des lieux eleves,
ou Pair eñ plus pur & plus froid , les hypocaufta,
ou poiles , étoient fans doute plus communs que
dans la ville.
“ Ces poiles , dont ceux qui en ont ^tle
n^’ont certainement pas eu une idée »
échauífoient les appartemens , fans que la cha-
leur pút porter á la téte j & Pon pouvoit con?
duire cette chaleur par-tout ou Pon vouloit. Je
puis donner une idée de ces poiles , tañe d apres
de bons deífins , que d’aprés les reftes que j en
ai vu moi-méme dans la \'illa de Tufculum
« Au pied de la colline fur laquelle cette mai-
fon étoit fituée , il exiíioit un petit banment qui
fervoit de retraite pendant Phiver. Deflous terre
il y avoit quelques petites chambres (qui y font
méme encore) , toutes difpofées deux par dei«»
dont la hauteur ell égale á celle d une tabla
ordinaire , qui nc font pas plus larges qu ur»
pstic sabiaet d'étude. Au lailieu de ces petites
CHE
chambres , font des piliers de briques liées enfem-
ble fimpiemenc avec de Targile , fans la moindre
chaux , afin qu ils réííJUffent mieux á raction du
feu; & ces briques font placees de fa^on qu'une
grande brique , qui porte fur deux petites ^ fe
trouve exaó'tement pofée fur le milieu de Tune
& de l'autre. Ceíí de ces mémes briques qu’eft
fait le plafond ^ qui eíl ^ pour ainíl dure ^ hori-
zontal, 8c qui porte le pla.ncher d'une petite
chambre un peu baíTe. Le pavé de cette cham-»
bre étoit fait d’une mofaíque groííiére , & les
murs en étoient revétus de plufieurs efpéces de
marbre. Dans ce pavé onavoit pratiqué destuyaux
carrés en mágonnerie , dont les ouvertures don-
noient dans la chambre inférieure. Ces tuyaux ,
réunis enfemble, parcouroient rintérieur du míir
de Tappartement au-defllis de la petite chambre ,
par le moyen d’un conduit caché enduit de mar-
bre pilé, en fe prolongeant jufques dans fap-
partement du fecond étage , ou la chaleur
fe répandoit par une efpéce de muíBe dé chien
d'argile, lequel étoit garni d'un bouchon. Les
petites chambres fouterraines étoient done les
poiles. Devant ces poiles régnoit une allée fort
étroite , c’eft-á-dire , du tiers de la largeur des
petites chambres ; & ceñ dans cette allée que
donnoient les grandes ouvertures carrees du
poüe , élevées de la largeur d'un doigt feulement
au-deflus du pavé de Tallée, & dont lahauteur
alloit ju'qu'á la moitié des deux piliers intérieurs.
Par ces ouvertures on y jetoit des charbons ar-
deos , qui , en raifon de leur quantité , échauf-
foient plus ou moins le plancher de briques d'eii-
haut , & cette chambre fervoit d'étuve (fudato~
rium La chaleur du poüe qui s^échappoit 'par
les bouches des tuyaux , montoit enfuite le long
de la murailíe , & alloit fe communiquer á la
chambre fituée aa-deíl'us de Férave. Ces poiles
ou chambres fouterraines ofFrent une diíEeulté á
expliquer : cómme elles étoient mtirées de tout
cóté , á Texceptron des trous carrés dont nous
venons de parler, il eíl diíHcile de concevoir
comment on s'y prenoit pour en enlever les cen-
dres j puífque Fallée qui y conduifoit étoit fi
étroite , qu’ii n’ étoit pas poíBble manier une
pelle. Je n’y trouve qu'un moyen, c’eft qu’on
faifoit entrer un petit gargon par Fun de ces'trous
carrés, qui me paroiíTent affez granas pour cette
efpéce de- manoeuvre
“ On peut fe faire une idee exaéle de cette
efpéce d^’étuve &de chambre á tuyaux, par la dé-
couverte qiFon a'faite en Alface de pareillescham-
bres, que M. Schoepflin a fait examiner & deíS-
Eer avec tant de foin ( Alfat. t. i. tab. i-j. ):> &
qui, pour ce qui regarde le plan général , ns dif-
férent point des chambres de Tufeuium
CHE
759
la peau. L ufage genera! de ce véíement paroií
n avoir commencé que vers le quatriéme fiécle
de Eotre ere. On trouve le met camifia empioyé
pour le üéligner dans Victor d’Uticue ( lib. i. ¡te
rerjecuti. Afric.),q\.ú écrivoit dans lecinquiérpe
üecle. fe trouve pris dans le méme fens
paí le Gloffaire des Bafniques. ISdore ( OA^n.
‘ y-xrx. ) parle a'uíS de la camifia , comme d'une
tunique de lin qui s'appliquoit fur la peau , &
que 1 on confervoit la nuit dans le lit, &c.
Avant cette époque , on peut aíTurer géiiéra-
lement que Ies anciens ne portotent fur la peau
que la tunique (voyez ce mor) , ou le Xíra-j^,
Cependant Thucydide {lib. i. p. 1. 1. i.) aííhre
que les anciens habitans d’Athénes , ainíi que
d’autres peuples de' la Gréce , s'habilioient de
tone; ce quhl ne faut entendre, felón Hérodoie,
{ ¿ib. y. p. 201. ) , que de la tunique des femmes!
Les Athéniens portoient encore des habits de
hn , peu de tems avant le fiécle des écrivains que
nous venons de citer y & Thucvdide parle, dans
fa defcription {lib. z.p. 64. l. 4.) de h pelie d’A-
thenes , de ckemifes d’iine toile trés-fine : XzT.rav
iticíTim xx¡ nvS'itm. Les femmes fe fervoient auííi
quelquefois de tilTus de coton & de foie qui
étoient tranfparens.
Bien loin de porrer une ckemife , quelques
peuples de Fantiquité regardoient comme des
effemrnés c'eux qui fe fersmient de tunique fous
le manteau (ííVcíior. c. i. p. 40. /. ^3.). Les
Romains des premiers tems ne portoient fur la
peau que ¡a toge ( Gell. Nocí. Ate. l. 7. c. 12.) í
Ceñ ainfi qu étoient drapées les ílatues de Romu-
lus & de Camille.
La tunique devint par la fuite Fhabillement
général des Romains , de méme quhl eíl devenif
celuide tous les Grecs, les phiíofophes cyniques
íéuis exceptés.
CHEMMIS j nom égyptien de la ville appelée'
par les Grecs Panopotis , á caufe que Í’oh y
rendoit un cuite ^particulier a Mendés’, que les
Grecs transformérent en Pan.
CHFNF.
lAjati V ai,? tiUgUi c. ITiCiiUtC
nous Fapprend , lórfqu’il dit , en parlant de fes
malheurs {Eclog. i. 17.)
De ccelo tañas memzni pndicere quercies.-
n étoit auííi confacré á Rhéa ou Cvbéle. Les
Gaulois avoient une íi grande vénération pour
le chéne , cuhis en faifoienr en méme -tems &
feur temple & leur dieu. La ftarae de kur Jupr--
ter, dit Máxime de Tyr, n'éroit qu'un cki-ne
fort élevé.
CHEMISE. On déíigne aujourd’bui par ce mot
an vétement de lin , de chanvre ou de coton ,
?Je Ies Européens mettent iramédiatement fur
CHEXICE, X
CHÍEiMCE, 5
, métron , me fiare ,
mefure-
grecqae de capacité. M. Pauélon i'évalu« eK-
TÓo CHE
:
mefure de France á ¡ó-ii ds bojíreau. Elifi va’oií
en mefure grecque 2 xeftcs.
Les Romains adopcérent cette mefure ; mais
elle ne valoit chez eux, felón M. PauCtonj _que
du boiffeau de France. La chenice valok en
1 0 e o o
mefure romaine
I 4 Setier ,
Olí 3 hémines ^ tralla ,
Ou iz acétabuiesj
Ou i8 cyates ^
Oa 71 iigules.
Chenice , métron , hillbris tritici , mefure de
capacité pour les folides de VAüc & de l'Egi’Lte.
M.Pauólon Févalue en mefures de France á
de boUreau ., ou á Elle valoit en mefures
anciennes des mimes paj s j 2 logs ou 4 hémi-
íies,
SSSÍqÍI.} Laprouedesnaviresanciens
étoit ordinairement terminée par un ornement long
& elevé, figuré encoude cicogne^xévirxoí, petite
oye , chenifque. Le grand étymologifte place le
ckcnifque á la proue. Mais Apulée ( íWííiot. xr.
p. 379. ) & Lucien {Navig. p- 493- ) le placent á
la pouppe. Au reñe, quand les anciens parioient
des vaiíteaux ronds , ils pouvoient aifément con-
fondre la proue avec la pouppe.
CHÉRA , z^a , nom qkon donnoit á Junon :
11 íignifie la veuve , á caufe de fes fréquentes
brouilleries avec Júpiter.
CHÉRON 5 fondateur de la viüe de Chéronée
en Béotie , étoit fils d’ApolIon 8c de la beile
Théro. II fut fort célebre dans Fart de domptcr
un cheval.
XEFNi-J-, ckerrJps , eau luftrale dans laquelle
sn plongeoit un tifón ardent pris fur Fautel.
CIIERSONESUS , dans la Tauriquc. xep.
Les médailles autonomes de cette ville foiit ;
RRRR. en bronzc.
O. en or,
O. en argent.
Leur type ordinaire eft un Griífon.
Cette vilie a fait frapper quelques médailles
iijipénales grecques , felón le P. Hardouin.
Chersokesus j en Créte. xee-sonazion.
Les médailles autonomes de cette ville font :
RRRR. en argent.
RRRR. en bronze .... Hanter. . . . Eckkel.
O. en or.
CHÉRÜBIN. On dobne ce nom^dans ¡es arts,
á une tete d’enfant foutehue par deux ailes. Cet
ornement eft bizarra , & Ies Grecs des beaux
íiécles qui avoient cependant va cnez les Egyp-
tiens des figures garnies d’AiL&s (voyez ce mot),
mema fu- les cuiíTes & les jambes , ne Fem-
p’oyoieut poiní. Cn ne le trouve que chez les
Rc.nains , Se d.tns líS pbfoaás des édidees de
CHE
Palmyre. Le Comte de Caylus en a cité un gau-
lois (Rec. d‘Ara¡q. i:I. pl. 8. n°. 3.).
CHESIADE , furnom de Diane, qui lui fut
doané foit á caufe du fleuve Chéíias dans ihfie
de Samos , foit á caufe de la viile de Cheíiusn
dans Flonft.
CHEV AUX diétionnaire hillorique de
cette Encyclopédie apprendra aux leéleurs Fépo-
*que oú Fon croit que Fhomme a dompté ¡c
cheval, le tems od il Fa atrelé á un char, &c.
enñn tout ce qui regarde Fruñorique de i'équita-
tion & du manége.
On ne trouve jamais de ckevaux dans les
hiéroglyphes , ni dans les auteurs p.rofanes qui
parlent des anciens Egyptiens : ce qui feroit, croire
que le cheval cÍl étranger á cette fameufe nation.
Aucun des anciens qui ont écrit fur Fart yétéri-
naire, na fait m-ention dhine race égyptienne ,
& les ehevaax que Fon volt aujourd huí es Jagypte
font tous de race arabe.
Chf.val. Cet 'animal étoit confacré á Mars ,
comme au dieii des combats. La vue d un ckeval
étoit un préfage de giierre , parce que le cneval
eft un animal beiliqueux. Enée e_ut a pris
terre en Italie , que , pour premier prefage , il
vit quatre chevaux blancs paiffant dans la prairie j
auflitót le devin s'écrie : O terre étrangére , tu
nous promets la guerre ! Les Feries , les Arme-
niens , les MaíTagétes immoloient des chevaux
au Soled. Les Suéves , anciens peuples ““
Germanie , nourriíTent a frais communs, dit
Tacite , dans des bois facrés , des cAevuax blancs,
dont ils tireiit des préfages 5 perfonne n y peut
toucher en aucune maniere ; le prétre feul avec
le prince de la nation , les attachent á un chanot
facré , les accompagnent & obfervent leurs .hen-
niíTemens 8c leurs frémiffemens. 11 n eft point de
préfage auquel non-feulement le peuple, mais
les principaux de la nation 8c les prétres ajouteiit
plus de foi.- _ . .
La mythologie grecque enfeignqit que le
ckeval n’avoit pas exifté dans les premiers ages du
monde. Neptiine difputant avec Minerye le me-
nte de faire aux hqmmes-le préfent le plus 4"’'^ ’
frappa la terre de fon trident & en fit fortsr un
beau ¿heval : de-E ce dicu fut furnomme tiip-
pius ( de iVirí; , ckeval. ). ramphus , t^e.e
ancien qu’Homére , dit que N'eptune fit pre en
aux hommes & du cheval , 8c de ces tours _ o -
tantes appelées vaiffeaux ; c eft pourquoy .e
ckeval étoit auñi un fymboie de la nav.ga
tion.
Virgile iuvoquant Neptune au commencement
des Géorgiques , rappeile le préfent qu il avo
fait aux hommes :
. . . Tuque , ó cal prima furentetn
Fadit esuum magno tellus percujfa
CHE
Méne!’,s adrcffe , dans Tliiade . ces paroles a An-
tiioque ; Jure-^ p^r ISeptune , la jnain Jar vos
cii^v.iux , ¡urcx qiLe volts n avc¡¡_ poira employé la
fraude pour me uévaacer.
Les TheiTaliens furent célebres dans l'art de
Tequitation : c'efi pourquoi on voit ordinairement
des ckcvciix fur leurs rnédailles. Mais les haras
de TEpirej d’Argos & de Aípcéaes remportérent
fur roas les autres.
0_n peur voir á rirtide CA valieb. ^ les trois
manieres diíFérentes employées par les ancieris
pour nionter á cheval , foit á Faide d'an crampón
Exé á la lance vers la hauteur da genou des
chevaux . foit en fe faífant foulever par des
écuyers ^ foit enfin- en s’éiancant fur le cheval.
C'eñ de cette derniére maniere que Virgile dic
(JEatid. XII. i88.)
Corpora falta.
Siibjicíúnt in eqaos. . . . .
Pour rendre cette maniére plus aifée, quelques-
uns dreiToient les chevaux á s'agenouiller , lorf-
qu’on vouioit les monter (_ Pollux. i. 2.). Siüus
Italiciis peint le ckeval de Cicedus , bleíTé a ia
bataiiie de Cannes > s’inclinant auprés de fon
niaítre comme pour facilicer fa fuite (x. 465.) :
■ I.nde mclinatus collum , fahmijfas ií armes
De more , irfexis prabebat fcandere terga
Craribas.
Les dépouilles des tigres & des lions furent
Ies premieres houíTes des chevaux. On les fit
depuis de toutes fortes d'éroíFes. Les magidrats
romains Ies avoient en pourpre pour marquer
leurs dignités, & les empereurs Ies imitérent.
On marquoit les chevaux avec un fer chaud
fur la cuiíTe ^ comme nous le pratiquo-ns encore.
Les marques les plus prdinaires étoient une tete
de bceuf j d’oü leur vint le ñora de bucepkales ,
'Bax.ídiiXoi , la lettre fgma & le coppa ou coph ou
cappa j ce qui Ies fit appeler & Ks-rTta-rlui.
La coiledion des pierres gravees de Stofeh ofrre
des chevaux marquéis du coph.
Les chevaux étoient attelés anciennement aux
chars par le mopen d’un joug qui portoit fur leur
col. L’harnois de ceux qui tiroient les chars étoit
trés-fimple : il coníiíloit en un poitrail & une
íeconde courroie , qui paíToit fur le col & íup-
portoit le poitrail.
On obferve fur une belle émeraude du barón
de Stofeh j qui repréfente Diornédefaifantmanger
le jetme Abdére á fes jumens , que les anciens
coupoient les crins de leurs chevaux, ainfi que
nous. Cet ufage étoit afrefte plus fpécialement
au tems de deuií ; c’efl ainíi que le pratiquérent
Adméte , á la mort de fa femme Aiceíie , & les
TheiTaliens á la mort de Pélopidas.
Antiquicés ¡ Tone I.
CHE 7di
Piavi’nel Ht exécuter dans le fameux carroufel
de Louis Xiil, un Fort beau baaet de cheva-x.
Les deux ballets de ce genre qui nruTr-t pour
avoir été les plus -beaux , fonr ceux cui íurenc
donnés áFlorencej ie premier en 160S, le dernier
en 161 y. LesSibarites avoient inventé ladanfe des
chevaux ; & Piuvinel fit revivre cet art finguÜer.
Voyei FERREIt , DESULTEUR ^ CHAR j SELLE ,
BRIDE j IvíORS j ÉTRIER.
Les anciens croyoient qu’il y avoit eu des
chevaux avec une forte de pied á’homme. On
admira ce phénoméne dans le cheval de ; Suet. Ir.
Jal. c. 61. Flirt, l. VIH. c. ^4- ) JulcS Céfar, qui
en fit Taire la ñatue, & la pla^a devant le temple
de Kenu'. genitrix {^Spaahehn. de Fr&ft. Num. t.
i.p. 288. Haraoain. Num. Ant. pag. 3J2..). L’em-
pereur Gordien-le-pieux , paroít auílT aveir eu un
cheval avec li méme íingularité ; li da moins on
le peut conieéiurer de ce qif on voit fur une mé-
áaiile de la vilie de Nicée.
La paflion de certains empereurs romains
pour les chevaux , leur infpira les folies les plus
bizarres.» Vérus ( Capitolin. c. 6. ) avoit fait
fondre en or une repréfentation de fon cheval
volucris ¡ il la portoit toujours avec lui ^ & apres
fa mort il'Iui fit élever un tombeau au Vadean.
Cette derniére extravagance fur imitée par Ha-
drieii. Augufte , á Texemple d’Alexanáre ^ avoit
dreíTé aiiííi un monument á fon cheval , que
Germánicas aveir chanté dans fes poéíies. Cali-
gula fe diílingua dans ce genre de folie j il réfolut
de créer confui fon cheval mcitatus.
On trouve dans les recaeils de: Gruter & de
MuratorijUn grand nombre d iaicriptions grav'ees
en Thonneur de chevaux célebres par leurs vic-
toires dans le cirque. lis y paroiíTent auffi fculptés
avee des palmes , des couronnes ^ avec Ies noms
de leurs pays , & méme avec ceux des couleurs
de leurs poiis. Ces couleurs font cSSgnées par
les mots fuivans j albas , blanc j cinereus , cen-
dré , badius , bai 5 rufas , roux ; maurus , maure }
fulvus , fauve 5 pallas . noirátre ; ktf.us ou esfús ,
bleu-clair^ &c.
On iit cette épitaphe d'an cheval \ Brefcla ;
Sa figure.
COPORUSQUE
USCI SALTUS PASCUA
NEC SICULA
VOLUCRIS ANTE IRE VAGA
QUI ELAMINA CHORI
VINCERE SüETUS ERAS
HOC STABULAS TUMULO
Les premiers ehrétiens gravérent & deíT.nerent
fouvent des chevaux fur leurs tombeaux ^ ccm.me
on le voit dans les catacombes & dans Rorr.a
O d d d d
7^2 CHE
fottsranea de Sello. La raifon de ce choix eñ
apparente, icrfqu’on lit dms Tépitaphe ces mots :
COLlEGII JUMENTARIORUM OU . . . SACRO
STABULO .... OU CURSUI PUBLICO . . . OU
méme circo . . . ou ennn agitatoRes j car
on volt aiors que ie mert avok fait peindre ces
ckevaux pour déílgner fa profeíTion. Mais fans cela
on eílobiigé de recourir á quelque allégorie pieufe;
par exemple , felón le P. Lupi ( Epicapk. Severa..
■p. 57. ) j á la courfe dont parle S. Paul ( il. J í-
moth. 4. ) 3 & á )a couronne éternelle promife
aux efarétiens qui Pauront fournie avec conf-
ta.nce.
Les écrivains latins donnent quelquefois aux
ckevaux des noms relatifs á Pnfage que Pon en
faifoic dans les differentcs claíTes de la fociété.
lis appellent equus cvenarius , le cheval qui porte
la vaiife ; equus puhlicus , le ¿¿eví2/<en-tretenu aux
dépens du tréfor public , que les cenfeurs don-
nérent aux chevaliers ; equus fagmarius , le méme
que Vavertarius ; equus fellaris , ou celes grec
asMs , le chtval de felle ; equi agminales , les
maqettes ou ckevaux de renvoi , que Pon four-
nilToit aux officiers des empereurs pour voyagér
dans les routes ou les poñes n’étoient pas éta-
fclieSj & qui alloienr plufieurs enfemble^, agmine
fallo ou turmatim ; veredi & equi curfuaies , Ies
ckevaux de pofte j equi defultorii ( Koyeq^ DESUL-
TEURS ) ; equi finales , les ckevaux premier &
quatriéme dans les quadriges , auxqueües ils ne
tenoient que par des traits , funes j equi, ,
Ies ckevaux fecond & troiliéme dans Ies qua-
driges, au timón (.^¿yes) defquelles ils étoient
arteles ; equi lignei , le ckevaux de bois du champ
de Mars^ fur lefquels la jeuneíTe romaine fe for-
moir a Péquitation; equi pares , les deux ckevaux
des défulteurs j equi fingulares , les ckevaux des
Volontaires , appelés fingulatores ¡ equi triumpka-
les , les quatre ckevaux qui traínoient le char des
triomphateurs , 8cC. &c.
II y avoit á Rome plufieurs ftatues équeftres
de bronze , défignées par le mor equus , auquel
on joignoit le nom de celui que repréfentoit la
ftatue. Equus Conflantini : la ftatue équeftre de
Conftantin étoit dans le forum , celle de Domitien
aufli. La demiére fouloit aux pieds le Rhin ^ pour
déíigner le triomphe de Domitien fur les Ger-
Eiains (^Stat. n. ji.) :
Mnea captivi crinem terit angula lUieni.
II y avok auífi dans la feptiéme región ^ dans
la rué large j une ftatue équeftre de Tiridate, roí
des Parthes- Vi&or & Rufus en forit mention 5
mais ils fe fervent du pluriel equi , ce qui déíigne-
roit une ftatue dans un char. On voyoic encore
dans le forum de Traían une ftatue équeftre de
cet empe- cur , relie fans doute que Poffrent quel-
ques-unes de íes médailles.
« Les artiñes modemes, ditWinkelmanB {Hift.
CHE
de tArt, liv. 4.7. 4. §. r.) , n’ont peut-étre pas
furpaíTé les anciens dans Part de rendre les cke-
vaux , comme Pavance Pabbé du Bes ^ qui fou-
tient que les ckevaux anglois font plus beaux que
ceux de la Grece & de Pitalie. II eft vrai que les
jumens napolitaines & angloifes , faillies par des
étalons andalousj preduifent une race de ckevaux
plus noble ; & Pon fe fert avec avantage de cette
induíirie pour perfeétionner les haras de ces pays.
QuoiqiPon platique cet expédient dans d’alitres
chmats , il na pas toujours le méme fuccés ,
& méme il en réfulte fouvent le contrake. Les
ckevaux germains , que Céfar trouvoit trés-mau-
vais , font aujourd'hui trés-bons } & les ckevaux
GauloiSj fort eftimés de fon tems^ font préfen-
tement les moindres de PEurope. Les anciens
ne corínoiífoient pas , á la vérité ^ la belle race
des ckevaux danois j & celle des ckevaux anglois
leur étoit pareillement inconnue; mais i!s avoient
les ckevaux de Cappadoce & d’Epire, ainli que
les plus beaux de tous ceux de Perfej de PAchaiej
de TheíTalie^ de Sicile_, de Th) /rrénie ^ de Celtie
ou d’Efpagne. Platón fait dire á Hippias : « notre
climat produit la plus belle race de ckevaux
{Hippias Maj. p. 348. ed. Bajl.) C’eft done
un jugement hafardé de Pabbé du Bos , qui
cherche vainement á appuyer fon opinión fur
quelques défauts du ckeval de Marc-Auréle : car
cette ftatue re.nverfée & enfouie , a dú naturel-
lement fouffrir de ces accidens. Quant aux cke-
vaux de Monte Cavallo , quhl dit étre défec-
tueux , je nie tout net la chofe , Sí je foutiens
que ce qui eft antique eft trés-bon
« Quand nous kaurions d’autres ckevaux anti-
ques que ceux dont nous venons de parler, nous
pourrions pofer en fait que les ftatuaires de Pan-
tiquitéj qui avoient occafion de fabriquer müle
ftatues équeftres pour une feule qkon érige de
nos jours ^ connoiíToient auífi bien les quáütés
d'un bon ckeval , que leurs écrivains & leurs
poetes. Nous ne pouvons douter 'que Calamrs
n’ait eu antant de fagacké qu’Horace & Virglle
á bien fallir les qualités & les beautés d«n
ckeval H me femble méme que les deux ckevaux
en queíEon du mont Quirinal á Rome, les quatije
ckevaux de bronze anciennement dorés, apporte*
de Conftantinople au commencement du treizieme
íiécie, & pofés fur le portail de Phglife ce S.
Marc á Venife, font tout ce que nous pouvons voir
de plus beau dans ce genre ; la tete du ckeval de
Pempereur Marc-.Auréle ne fauroit étre ni mieux
tournée, ni plus fpirituelle dans fon efpéc^ Les íix
ckevaux de bronze qui décoroient le frontilpice du
théátre d^’Herculanum , "étoient de la plus p'ande
beauté , mais de race légére , comme les ckevaux
barbes j des débris de ces ckevaux on en a com-
pofé un feul, qu’on vok aajourd'hui dans la rour
du cabinet des antiques de Portici
“ Deux autres petits ckevaux de bronze , con-
fervés parmi Ies antiques d’Herculanum , mérite!^*
CHE
HHC pla£S psfmí les monuiBens Ies plus precieux
de cegenre. Le premier, monté par fon cavalier,
fut découvert au mois de mai 1761 , dans les
fouilles d’Herculanum 5 mais les jambes du ckeval
Se celles du cavalier manquoient , ainfi que le
bras droit de celui-ci. On a auíTi trouve la bafe
garnie d’argent de ce dernier niorceau. Le ckeval ,
repréfenté au galop & appuye contre un gouver-
naü, ell de la longueur d^environ feize pouces de
France (deux palmes de Naples) ; ¡1 a les yeuK
d’argent, une rofe du méme metal fur le froni. ,
attachée á la bride , & une tete de Medufe íur
le poitrail. La bride eíl de cuivre. La figure du
cavalier , qui reíTemble á Aiexandre-le-Grand,
a pareillement les yeux d’argent : fon mantean
eít atraché fur Tépaule droite avec une agrafre
d’argent. II tient de la main gauche le^fourreau
de fon épée, ce qui fait préfumer qu il tenoit
répée de la main droite, qui manque. Cette figure
a environ treize pouces de France^ ( un palme
romain & dix pouces) de hauteur. L autre cheyal
a été trouvé également mutilé & fans cavalier.
Depuis le tems de cette découverte on a trouvé
dans le méme endroit un troifiéme ckeval de meme
grandeur, monté par une .Lmazone ; ce ckeyal ,
fondii dans Taélion de fauter, repofe du poitraii
fur un hermés ».
cc On a quelques médailles de Syracufe &
d’autres endroits , fur lefquelles il y a des che-
vaux d’une grande beaute de deífin. L artille qui a
gravé les trois lettres initiales de fon nom , mt0 ,
fous une tete de ckeval , fur une belle cornaline
du cabineí de Stofeb , étoit fur du í ucees de fon
travai! & de l’approbation des connoiíTeurs ( Def.
des pier. gr. du. cah. de Stofek , p. 5’43'
Ant. imd. p. 238 ). Dans la cour intérieure du
palais Colobrano á Naples , on admire une belle
téte de ckeval antique , attribuee fauíferaent par
Vafari, á Donatello , fculpteur Florentin _
ce Je répéterai á cette occafion 1 obíervation
que j’ai faite ailleurs ( Defcr. des pier . gr. da cab.
de Stofek, p. 5-70.) , favoir, que les anciens artif-
tes n’étoient pas plus d accord fur le mouvement
fucceflif des ckevaux , c , fur leur maniere
de lever de porter les pieds en avant , que ne
le font quelques auteurs modernes qui ont parlé
de cette allure. Quelques-uns ptetendent {Borel.
de Mota Animal, p. I. c. 20. Baldinuc. Vite de
Pin. t. 2. p. 39. ) que les chevaux levent les deux
jambes de chaqué cóté en mérne tems ; & relie
ell l’ailure des quatre chevaux antiques de enife ,
des chevaux de Caílor & de Pollux du Gamitóle,
de ceux de Nonius Balbus & de fon fils a Por-
tici. D’autres font perfuades que les chevaux fe
meuv'ent en Rgne diagonale , ou ^en forme de
croix (^Magalotti Letteri^ j qu apres avoir leve
le pied droit de devant , ils levent le pied gauche
de derriére ; ce qui eíl fondé fur 1 experience &
• fur les loix de la méchanique. C eíl ainli que le
ekeval de Marc-Aurél®, les quatre chevaux de foa
CHE
char fur le bas-relief du Capitole, & ceux de
Titus fur I’arc qui porte le nom de cet emperear,
levent les pieds
Chevaux du Soleil. Ovide les nomme Eoils ,
Pyro'is , Alton Se Pkiégon , noms grecs , done
rétymologie marque la qualité. lis font nommés
ailleurs Erytkoas , ou le rouge , Acléon , ou le
lumineux , Lampos , ou le refplendiíTant , Se
Pkiloge'ús , qui aime la terre. Le premier déíigne
le lever du foleil , dont Ies rayons font alors
rougeátres 5 Aéléon marque le tems oú ces mémes
rafons , fortis de Tatmofphére , font plus clairs
vers les nsuf ou dix heures du marin ; Lampos
figure le midi, oü la lumiere du foleil eíl dans
toute fa forcé ; & Philogeüs repréfe-nte fon cou-
cher , lorfqu’il femble s’approcher de ¡a terre.
Chevaux de Mars; Servius les nomme Demos
& P kobos , la crainte & la terreur. Mais dans
Homérc ce font -la les noms des cochers ds
Mars , & non de fes chevaux.
Chevaux de Laomédon. Hercule offrit á
Laomiédon de délivrqf Héfione fa filie , moyen-
nant un attelage de chevaux que ce pnnee lui
promit. Ces chevaux , difent Ies poetes , étoient
íi légers , qu’iis marchoient fur les eaux.
Chevaux d’Enée. lis étoient, dic Homére,
de la race de ceux que Júpiter donna á Tros,
lorfquil lui enleva fon fils Ganyméde. Anchife,
á l’infqu de Laomédon , eut de la race de ces
chevaux , ayant fait mettre dans le haras du roi
fes plus belies jumens , dont il vit naitre fix
chevaux. IIs étoient parfaitement bien dreíTés pour
les batailles , & favóient répandre la terreur & la
fuite dans tous Ies rangs.
Chevaux d’Achille. lis étoient immorteis,
dit Homére , ayant été engendrés par le Zéphire
& par la harpye Podarge , & fe nommoient Ba-
lios 8c Xantos. V oye:[ ces mots.
Chevaux de Rhéfus. Voye^ Rhésus.
Cheval de Troye. Les Grecs , dit Virgile ,
ifles d’un fiéee qui duroit depuis dix années ,
ins efpérance“d’en voir la fin, eurent recours
un ílratagéme. lis s’avisérent de conftruire ,
livant les le?ons de Pallas , un ckeval enorme ,
aut comme unemontagtie, compofe de planches
e fapin artiílement jointes enfemble; & ayant
nfermé dans fes valles flanes un grand nombre
e guerriers , ils publierent que c etoit une
ffrande qu ils confacroient á Minerve pour obte-
ir un heureux retour , 8c pour remplacer le
'alladium de Troye qu ils avoient enleve. Les
Toyens donnérent dans le piege 5 & croyant
me ce ckeval n avoit été fait d une granaeur
i prodigieufe, quafin qu il ne put entrer par Ies
,ones de leur ville, ils abattirent une parné aes
nurailles , & placérent au miheu de Troye la
uneíle machine. Lorfque la nuit fut venue , las
Srecs qui étoient cachés dans^ ks flanes du
764
CHE
theval de boisj en fortirent par le moren d’un
cable & introduifírent dans les murs de Troye
tojte 1 armee ennem¡e. c= Cette Scíion , cu: nons
paroít aujourd’hui fi folie , dit M. fabbé des
^ >5 rontaineSj étoit^appuyée far une vieille tradi-
» rioíij Se fur la credulité des anciens peucles. La
« plupart des poeres grecs la facpofent.'piatar-
” Romulusi aiTare que Fon
» cnebroit une féte á Rome en coinmémoration
» de cec evénement & cue ooiir cela on immo-
ioií un cheva.1 aii dieu Áíars =:>.
Faiüanias {in Atticis) croit cue ce chsval étoit
une machine deguerre, une efpéce de bélier,
qu Epeus imagina pour battre les murs de Troye ,
& que Ton fit par ce moyen une large breche ^
par laquelle Ies Grecs entrérent á la fiveur de la
nuit. En effet, rime date de la guerre de Troye
1 invention du bélier; & il la regarde comme le
fonyuemenE de la nCHon du chcval de Troye.
il ell repréíenté fur une pierre gravee da Barón
de_ v^Eofeh , fur une autre de Gcrlxus , dans une
peinnire ancique de Bellori, fur im bas-relief des
mortumoTiti inedid de Winicíimann , Se dans une
peinture d’Herculanum .
Cheval fur Ies médaifes. CAeW paiífant ;
type orjín-ire d'.ñiexandrie en Troade , de La-
inia 3 de i roas en TroaJe de Bottifxa.
Che VAL conranr ; Air les médaüíes d’i roí , de
.ena, dc^iagnena enTheífalie, des Gauio'is^ de
i ermciUis , de Gyrtc.n , de LariiTa , de Maronée ,
‘1® ^ jies Santones , de Syracuíe , des
-tiieHaíienSj de Tncíralonicjiíe,
. a mi-corps , ou la tete Guie, oa en-
tief po.e [ur les médailles d’yílg^, de Carthage ,
de v^eos^de Coiophon, de Nucrinum, de Cv'mé
oe Laryiía , de Pharfalus , de Roma , de Tricca
lie la Pürygie-Epiól.etus , de Minya.
On voit deux ckevaax fur les médailJes de
caería.
CfiEVAL-MARIM. V ayey HlppoPOTAME.
Ch^’^al-de-faise , Eriezus. Les anciens con-
BOiíioient cette machine de guerre , & Céfa-
en fait naention [Bell. Civil, iií. ¿Y). On en
vo:t un qui fert de type á qaelques médailles de
la famille Licir.ia.
CHiz-VALET. Les anciens fe fervoient pour
peindre a un ckevaUt fembiable aa ndtre , comme
on le volt fur une pata anticue de Stofeh ou
un peintre en a un pareil dreíTé devant luí ; &
iHr un bas-reltef lapporté par Bellori , oii la
peinture lembJe escirer Yarron a achever la vie
ees hommes i’uiítres.
Che VA I ET, equaleas ^nom d’une efpece de
torture, quf n étoT d úfate chez les anc/errs rnte
pn,o„,iei cnez le, ^ ares en i ryi , corr.:>f>G
eienaoire^ & far.c ¡g fecoms d^aaciui ii-vre*, un
CHE
' paité de de equuleo , dans lequel il dífciite toas
les paiiages des anciens écrivains cui ont parlé
dn chevalet. Sigonius a écrit auffi ‘fur le méme
objet; mais ces deux favans dirFérent d’opinion,
.X atcnbuenc diverfes formes á rinlirunient de
wrture qm portoit le nom générique equuleas.
Gailonius a decnt encore d'autres formes de
. equiiUas , dans fon traité de cruciatikus mart v-
rum,
Le reTultat de leurs recherches eft de fai-e
de i equuleus un nom colieftif qui défigne tantée
une poulie elevce, á faide de laquelle on enlevoit
le criminel pour le lailfer retomber avec forcé ,
comme I on donne encore aujourd'hui lefirasade
dans certaines provinces ; tantót á une machine
lembiabie au cheval de bois fabriqué dans Ies
viiies de guerre & dans les camos, pour le chá-
timent oes foldats &: des femmes débauchée' ;
taiuot un banc fur lequel on étendoit le crimi-
ne. pour luí diíloquer les inembres avec des toar-
niquets places vers fa tete & vers fes pieds. A
1 aide de cette expücation on entendra faciiement
iCs textes des anciens.
CHEVALIER & ordre des Chevaliers- Cet
orare fut étabü des la fondation de Rorr.e 5 il
fuivcit celui des fénateurs , Se étoit le fecond des
tro:s ordres dont Téíat de Rome étoit formé.
P^ai Manuce 8¿r Sigonius ont écri: qu'il y avoit
a .lome deiix ordres de chevaliers ^ f miiitaire,
c_£ft-a-due la cavalerie des armées , & Fautre
PYY deíF-a-dire , le corps in-termédiaire entre
le^lenat & le peuple. Mais cette Opinión a été
fondement réíatée par Grxvius , & on ne luí
connoit plus de partifans.
^ _On appeíort cenfus equejiris fe revena quh'I faf-
lOíE avoir pour étre req:u dans Fordre equefire. li
n eíl pas eertain que cette forame n’ait pas variée
depuis la fondation de Rome jafqa’aiix empe-
reurs ; maís il eft fur qiFeíie étoit de quatre
cents mille feíFerces , ( quatre- vingt-dix milis
iiyres de norte monnoie , felón Févaiuation que
fait du feíFerce a cette époqiie ftí. Pauétou, dans
fa metrologie } , au tems oú fiorace difoir (Epiji^
I. I. 57.)
Si quadringentis fex Jeptem millia dejint ^
Plebs eris.
Cette fomme étoit encore fa máme dans Ies tenis
oú écrivoient Pline ( 3^. 2.) & Suétone {Jul. c. ■
53. n. 3.). II neJuíSfoit pas aux chevaliers foiis
Tibere de la poíféder {Pline ibid'.) , i! failoit
encore prciiver que leur pere fe ieur aíeul en
avoient eu la propriété r InfiiíMtñm , ne cui jus
id ejfet y nij¡ cui ingenuo zpjz , patrz ,■ avoque Jefier-
tza cccc. cenfus fizijfet. Perdoient-i's ce revenu,
fiS etoient raptes par les cenfeurs du n&mbfe des ,
chevaliers. Cicerón le dit exprefiement en par’ant
diXckeyaher Gellius (Pro Sext. c. 51.), cui étoit
CHE
reconnu pour un difíipareur : Indi gnus ordine
equíjiri , cujíís nc~:n rctinet , ornamenta amifit.
L'ordre équefire étoit difíingiié des pié’Déiens
par un anneau d’or^ dans lequel éroic ordinaire-
ment ferrie une pierre gravee qui fervoit de cache t.
Annibal envoya trcis bciíTeaux de ces anneaax
au fénat de Carthage aprés la bataille de Cannes ,
oú périt un grand nombre de chcvaliers. L’an-
neau d'or devint á la fois la marque diftinfti’ve de
V Qvixe. éqnefire , Se Texpreílion par laquelie i! fut
déíígné dans les écrivains latins.
Les chevalters étoieiit diítingués des fénateurs
par Y angafiiclave , ornement de moindre appa-
rence que le laticlave des fénateurs , & coufu
a la tunique. Le manteaa appelé traben , qui avoit
queique analogie avec le paludamentum des géné-
raux ^ & la chlamys ¿es geiis de guerre , étoit le
fecond caraétére dirtindtit des chevaiiers. L^ordre
éqiíeflre étoit déligríé quelqucfois par le nom de
cet habdlement particulier. Srace appelle des
efeadrons de chcvaliers ¡ traheata agmina ( Syl,
ir. z.
XZ.) :
Hic tum Romaicos proceres , traheataque Csfar
Agmina millc fimal jujjzt difeambere menjis.
Tacite^ décrivant les funérailles de Germardeus
Anual, jil. z. X.) , dit que les chcvaliers y
parurent vétus de Thabit de ieur ordre , trabeati
^quites.
Q. Fabius Rullianus étabüt une pompe qui
rafíembloit tout bordfe équefire , & le faifoit
paííer fous les yeux du peup'e. Elle’ fe célébroit
le jour des ides de juillet , & s’appeloir tranfvec-
tio , parce que les chcvaliers partoienr du temple
de THonneur, felón Aurélius-Vi¿tor(c. 32. n. 3.),
traverfoient le forum , & fe rendoient au Capí-
tole. Derds d’HalycarnaíTe les fait partir du tem-
ple de Mars ( ri. p. 35’i.) ^ qui étoit limé hors
de la porte Colime auprés du temple de Tfíon-
neur. Í! ajoute que cette pompe avoit été étabiie
pour conferver le fouvenir de la viéloire rem-
portée auprés du lac Régille. Divifés en centu-
lies & en efeadrons ^ les chevaliers marchoient
revétus de la trahea , & couronnés de lauriers.
Cette cavalcade étoit compofée ouelauefois de
cinq mille hommes , ornés pour la plupart des
récompenfes militaires quTis avoient recues des
généraux pendint les années de ieur fervice.
L. Rofcius Othon aíligna le ' premier en rañ-
née dSd de Rome ^ des places diftinguées anx
chcvaliers dans les théátres Sr les ;eux publics.
Laloi rofc!a:,que prepofa Sí íit paffer ce tribun
du peuple j fixa quatorze rangs ou graáins pour
V oxííte. équefire. Elle recut fquvent des arteinteSj
& ¡es empereurs . Domitien en particulier ^ la
remirenr en vigueur. Marcial fait mention de ce
renouveílement de la I'oi rofeia ^ que les chcvaliers
durent au frére de Tiius r. 8- ') x
CHE* 7<Í5
¿-ázcliim do’nini , cezque nojlrí y
Qiz.0 fubfeliia cert-ora ^
puros eques ordiues recepiz
^um Laudat modo I^kajis in theizzrd
Illas purpureas & arrogantes
Jujpt furgere Leal as lacernas.
Lorfqu^un Romain prcuvoit qifi! pofíedoit le
cenfus equeñris , les cenfeiirs lui doiinoier.t ua
cheval acheté aux déper.s du fife ^ Se appelé équas '
publicas. C'étoic avec ce cheval que les cheva- ■
liers combattoient dans les arm.ées ^ & c’étcit
avec lüi qu’ils paroiffbient devant les cenfeurs
cu á la pompe appelée tranfvcSio. Le nombre
áts - chevaliers fut trop grand fur la fn de la
répiíblique ^ pour qu'üs puííent étre roiis em-
ployés dans les armées. On vit alors des ckeva-
hers qui if avoient jamais habité les camps. Cvide
étoit de ce nombre ( Trift. ¡v. 1. 71. ) :
Ajpera militis. juvenis certamzna fagi ,
Idee nifi lufura movimas arma mana.
Jufqu^á Tépoque oú les familles plébéiennes
entrérent dans ie fénat j on ne choift de férra-
teurs que dans l'crdre équefire. Les fi!s des féna-
teurs n’étoient que chevaliers , jufqu'á ce qudls
entraifent dans le fénat. Les Gracches portérent
un coup fatal ’á Tordre équefire ^ en lui faifant
partager avec les fénateurs Íes fonélions de iuges.
11 s’éloigna alors des armées ^ & il s’abaüTa par
degrés jufqu’á devenir le fermíer ordinaire des
impóts 8c des contributions publiques. On vit
méme fous les empereurs des chcvaliers conduire
des quadriges dans le cirque. Sedes afíianchis
entrer dans i’ordre équefiire.
Depuis que les ckevalie-s tmxvxtVit dans Jes ma-
giftratures j les familles les pkisüluftres fe parragt-
rent queiquefois en deux-branches . fuñe qui s'’ék-
voit aux premiers honneurs de la répubüqtie ¡ &
Fautre qui demeuroit conftimment dans Fordre
équefire. Telle fut ia fatniíie Oétavia , d'oii fonit
Jules-Céfar (_Sueton. líug. c. X. n. : A quibus
dúplex Ociaviorum familia dejiuxií. Cr¿eus , &
deinceps ab eo reliqui omnes funcii funt honoribus
fummis. At Cajas , ejufque pefteri , fea fortuna^
fea volúntate ^ in equefiri ordine confietere.
On rendpit fon cheval aux cenfeurs, Jorfque
Fon montoit de Fordre écuejire a celui des féna-
teurs , ou lorfqu on avoit atteint Fáge de 4 p
ans , depuis Auguíte , comme nous 1 apprenons
de Siiétone. Il áit {Aug. c. 58. n.. 4.; que cer
empereur permet aux fénateurs ages de plus de 47
ans , de rendre le cheval public : Reáaenp equi
gratiam fecit tis y qui madores anjiorum qieznque é*
quadraginta retiñere cum r.oli&nt. CeS Yztx^ttuxs
éteien: fans doute des chevaliers ent.'és dans le
fénat, á caufe des magiílrarures quhls avckBt
‘CHE
exercées , ou qa’üs exer^oient encore , mass qui
ne pouvoient pas rendre encore le chevai public ,
parce qu’ils n'avoienc pas accompli le tenis du
fervíce miiitaire prefcrit par les loix. Pompée fut
nommé confuí étant limpie ckevalier c’eít-á-
dire, commeTobferve Dion , avant qu il fut entré
dans le fénat. A cette époque ii fe conforma a
l’ufagCj & fe préfenta aiix cenfeurs Catullus 8c
Gellius , tenant fon chevai par ¡a bride. Ceux-ci
Tayant interrogé fur le nombre des campagnes
prefcrites par les loix , & lui ayant demandé les
noms des généraux fous lefquels il avoit porté les
armes j il répondit qudl avmit fait toutes ces cara-
pagnes étant lui-méme général.
II étoir d’ufage á tous les censj que les cÁeva-
liers fe préfentaiTent i'un aprés Pautre dévarit Ies
cenfeurs j ou devant les empereurs fubllitues
aux cenfeurs j qui examinoient leur vie publique,
jeur fervices militaires , & le fcin qu’ils prenoient
¿u chevai public dont ils n’étoient que les dépo-
íitaires. Lorfque ces magiñrats trouvoient quelque
ehofe á reprendre dans un chevalier , tantót ils fe
contentoient de le blámer^ comme Suétone nous
lapprend d’ Auguñe faifant Pinfpeélion des cheva-
liers {Aug. c. n. i. ) , en lili remettant des
tabletres qui renfermoient des reproches, & en
l’ob’igeant a Ies lire tout bas fur le cham.p, tantót
ils les blámoient á haute voix & les notoient.
Quand la faute commife par un ckevaLier étoit
plus confidérable , les cenfeurs l’effa^oient du
tabieau des juges , ex albo juditum, Avoit-il com-
isis un crime , ou diíllpé fes biens , on luí ótoit
le chevai public & on le réduifoit á Pétat de plé-
fcéien. L’hiifoire romaine ofifre plulleurs exemples
de cette dégradation , qui annoncent une vigueur
de difcipline trés-étonnante. Mais le plus íingu-
lier de ces exemples, eñ celui que rapporte Aulu-
Gelle ( IV. 20. ). Les cenfeurs Scipion Naílca &
M. Popiliius, faifant la revue des chevaliers , en
apper^urent un qui étoit fort gros 8c d’un embon-
point extraordinaire. 3 mais dont le chevai étoit
maigre & mal panfé- Comment fe fait-il , lui
dirent Ies cenfeurs, que vous étes plus gros &
mieux portant que votre chevai ? II leur répondit
que la caufe en étoit facile á trouver , qu’il prenoit
lui-méme le foin de fa perfonne , tandis que fon
chevai étoit confié á Statius , fon efclave. Les cen-
feurs , choques d'une réponfe fi inconfidérée , lui
otérent fon chevai, 8c le dégradérent durang de
tkevalier,
CHEVELÜRE d’Heclor. Les Grecs cnten-
doient par Ja une ckevelure longue par derriére ,
Se courte fur le front. lis croyoient qu’Heétor
Pavoit portée ainíi pour faire oppofition avec
celle de Páris. Ce guerrier eíféminé laiíToit croítre
fa ckevelure , & lui confacroit un tems que le
vaillant Heélor donnoit aux armes, ou aux exer-
cices athlétiques. Les monumens ofirent cepen-
¿ant ¿es vadatlons relativement á la chevelurt
CHE
d’Heélor, & a fa barbe, qui eft tantót courte,
& qui tantót ne paroír en aucune maniere, quoi-
qu’ii eut trente ans á fa mort.
Chevelure de Bérénice, coma Berenices. Les
anciens appeloicnt de ce nom les fept étoiles de
la queue du lion , parce qu ils peiifoient que les
cheveux de Bérénice , reine d’Egypte , qu’elle
avoit oíferts dans le temple de Vénus pour
demander le retour de fon mari , avoient été
enlevés par les dieux , placés dans le ciel , & chan»
gésences fept étoiles. Le mathématicien Conon,
qui venoit de découvrir dans le ciel une nouvelle
conftellation , fit difparoitre ces cheveux , &
publia qu’ils avoient été changés en une conf-
tellation, qu’il nomma pour cette iziíon chevelure
de Bérénice.
CHEVELUS, capillati. Nom que Dicenée
donna aux Goths , leur confeillant de porter tou-
jours une longue chevelure pour les diftinguer
des facrificateurs qu’il inílitua, & qu’il nomma
pileatl , couverts d’un chapean ou d’un bonnet.
Dicenée vint dans le pays des Goths environ
quatre-vingt ans avant la naiíTince de Jefus-Chrüt.
Décébale , Roi des Daces, ayant envoyé d’abord
a Pempereur Trajan des ambafiadeurs du rang
des capillati , qui étoient les moins confidera-
bles , lui envoya enfuire des pileati , pour luí
faire plus d’honseur. Cependant _les_ Goths & les
autres peuples du Septentrión faifoient autrefois
erand cas d’une belle chevelure , & prenoient
grand foin de Pentretenir ; c’étoit méme chez
les femmes une marque de virginité. Celles qui
étoient raariées , avoient la tete couvette , les
filies au contraire avoient la tete nue , laiuant
flotter leurs cheveux qui pendoient jufqua la
ceinture.
. On donne plus particuliérement cette epithete
a un de nos rois , Clodion le chevelu , parce qu il
portoit de grands cheveux j & , felón quelques
hiftoriens modernes , parce qu’ ayant conquis une
partie des Gaules, il fit porter aux Gaulois les
cheveux que Jules-Céfar leur avoit faic couper.
Mais Pabbé Trithéme dit expreffément qu aprcs
fa conquere , Clodion fit tondre les Gaulois afín
de les diftinguer des Eranos , qui lui ^voient aide
á les fubjuguer. Le mot chevelu n’eft plus en
ufage dans ce fens , fi ce n’eft en parlant oes
anciens tems. Childebert , dans un déc-ret <yu le
voit á la fin de la loi falique , dit : que perfonne
des ckevelus ne fe marie inceíluetifement , Kc.
Cet arricie ne regarde que les chevelus , c elt-^
dire , les plus nobles des Franqois qui etcaent a
la cour j parce que ces mariages etoient p us
ordinaires parmi eux. La loi falique diftingue deu
fortes de Franqois, dont les uns étoient ckeve us
8c les autres ne Péroicnt pas. Agathias dit que
ce fut Pufage des rois franqois de porter la lon-
gue chevelure ; il ajoute que leurs fujets avoieu^
les cieveux coupés en rond autour de « *
CHE
& qu*on ne leur permettoit pas aifement de les
Jaifier erokre.
Chevhlus de Bellone j de Cérés , &c. ou
prétres fanatiques. Voyeii Capillati.
ChevslvrÉ. } Diodore de Sicile,
, fit ferment de ne fe point rafer
ja tete ^ qu'il ne fút reyenu dans fa patrie Ceíd-
ia j, continue-r-il ^ rongiiie de la coucume conf-
tante , jufqu’á ces der.niers tenas j chez les Egyp-
tiens_, de ne point coiiper fes cheveux & fa barbe,
depuis^Je^ jour ou 1 on fort de Ton pays jüfqu^au
jour ou Ton y revient.
_ On peut conclure de ce paíTage, que Ies Egyp-
tiens fe rafoient habituellenaent la tete , córame
le pratiquent encore aujourd’hui les Orientaux.
Heredóte raíTure poíitivement des prétres de
cetre nation. II dit {Euterp. p. ii6.) qu'iis fe
rafoient non-feulement toute la tete, mais encore
toutes les autres patries du corps, de crainte de
profaner le cuite des dieux par quelque fouiilure
fecréte , ou par la préfence de quelque infeéle
caché dans les poils.
Pour ce qui eíl des Egyptiennes , il paroit par
íes figures d'Ifis & des ferames de ce pays qui
fubfiílent encore, qu’eües confervoient leurs che-
veux , mais qif elles les coupoient carrément fur
e col. Elles les couvroient d’une efpéce de
bonnet aíTez maflif, fur lequel, ainíi que fur les
lourdes coéffures de leurs maris , le comte de
Caylus a fait des réflexions judicieufes (Reck.
d jntiq. V. pl. 6o.'¡. Cette coéfFure d'une Egyp-
tienne eft , dit-il , trop épaiíTe pour étre formée
par les cheveux aaturels , elle me paroit plutót
coropofée d’un tilTude laine. Elle eft dirifée en plu-
fieurs flocons égaux eatr’eux , & diftribués par
ctages. On voit cette parure de tete fur des
nionumens de différens pays, principalement fur
ceux de f Afrique. Elle eft fur-tout bien mar-
quée fur les médailles de Juba, & fur celles des
rois Parthes. Ce genre de coéíFure nous montre
que dans tous les tems les habitans des pays les
plus chaudsí, ont cherché á fe garantir des ardeurs
du folal par les coéffures les plus lourdes , ou
du moins Ies plus épaiifes. Celies des Egyptiens
paroiffent fermées le plus fouvent par des e.fpcces
de bennets , dont PépaiiTeur eft confidérable ;
quoique les monumens ne les repréfentert que
par des iignes perperdkalaires & hori fon tales ,
qui ne donnent auenne idee de la nature & de
Pefpéce de leur étoffe, on pourroitau-ff fuppofer
que Pufage fubftitant aujourd'hu! dans POrient,
& fur-tout en Turquie, d’augmenter Pampleur
des coéffures felón le grade ou la dignité des
perfonnes , fut connu praticué dés-lors en
Egypte , relatívement á Pépaiffeur des bonnets
& a leur élévation.
La tete' d’un bufte d'Harpocrate , publié par
WJakelmann, dans fes Menumerui Inediti , eft
CHE 7^7
rafee , a Pexception d’une petite touffe de che-
veux ae-deíTus de Poreilie droite, & d’une treñe
qui tomoe fur l’épaule. Cette pierre du barón de
otoícn eft remarquable par cette fingularité j car
ce dieu porte ordinairement des cheveux. On fait,
a la venté , que Ies prétres ( , Akr. ad
Uneirocr. Anemidori , p. 123. ) égypticns avoient
ia tete avec les autres patries du coros rafees ;
mais perfonne n’a parlé d’un femblable Harpo-
crate. Macrobe {6aturn. lió. i. c. 21. p. Z48. )
nous apprend que les Egyptiens repréfentoient
le fo.eii avec la tete rafee, excepté di¡ cote droit,
ou lis laiíToient quelques cheveux & c’eíljufte-
ment de ce coré ou l’Harpocrate a la treffe. Una
figure ( Recudí a Antiquités , t. il. pl. iv. n.
d^Harpocrate , publiée par le comte de Caylus,
oiíre ¡ámeme particularice j ce quipourroitappuyer
le fendment de Cuper , qui prétend qu’Harpo-
crate^ fignifioit le Soieil : fur quoi il a éré repris
mal-á- propos par I’abbé Pluche {Hifi. du Ciel ,
t. I. p. 95.). Dans le cabinet d’un amateur de
Rome, il y a un beau buffe de marbre d’un enfant
de grandear naturelle , qui n’a pas la tete rafee
entiérement , mais qui porte des boucles de
cheveux feulement au coré droit j on pourroir
préfumer que c’ctoit u.n enfant dévoué á Harpo-
crate , ou au Soieil. Cela eft conforme d’ailíeurs
á la mode qui régna dans les bas liécles de por-
ter les cheveux longs ( Buonarcti , Obferv. Sopra i
F etri Antichi , p. 270. ) d’un cote , & de les
couper affez courts de I’autre , mode qui avoit
régné auffi jadis chez les Egyptiens {Herodot. l.
X. p. 73. lig. 13. Edit. Steph. ).
On voit au cabinet du collége de S. Ignace
de Rome, un pedt Harpocrate avec deux autres
figures de bronze véritablement égypdennes , qui
porrent cette boucle de cheveux unicue. On la
Voit aiuTi a la tete rafee d’une ftatue de marbre
noir du Capitoie f Muf. Capítol, t. 3. tab, 87.),
& á plufieiirs ftatues d’Harpocrate dans le cabinet
de Ste. Gensviéve.
Chez les Grecs, les jeunes gens des deux féxes
ne coupoient leurs cheveux qu’á I’époque oú i!s
entroient dans l’adolefcence. Les jeunes filies les
coupoient la veille de leur mariage. Elles offroient
ordinairement leur premíete chevelure ( tollax.
j'I. c. 3.) á Diane &: aux Parques. Les jeunes
Trézéniens des deux fexes la confacroient á Kio-
polyte, qui éroit mort fans avoir été marié. Les
filies qui alloient fubirle joug-de I hvmenée, con-
facroient dans Mégare leur premiére chevelure á
Iphlnoé , filie d’Alcarhoüs , qui mou-rut vierge j
dans Sycone , á Hygée ; dans l’iíie de Délos , á
Hécaerge & á fa foear Opis (^Paufan. Attlc.J ;
dans Argos & dans Athénes , á Minerve. Stace
( Tkehaia. lib. il. ) fait mention de cette dernicre
offiande :
. . , . . . Ule more parentum
Jefdes , thalamis ubi cafta adolefceret Aíaf ^
7cS CHE
Virgzn.eas libare comas , primofque foleianc
Exaufare toros.
Les jeunes Grecs ccnfacroient ordinairemenr
leur pretniére ckevelure á Apoüon , ou á Efcu-
iace , ou á Bacchus. Théfée o&it la prenaier la
ilénne nu dieu des Delphiens , & fon exemple
fut fuivi depuis par les ¡euaes Atheniens d une
naüTance diílinguée. Les Athéniens pauvres con-
facroicnr la leur á Hercule , ou á quelque d-eu
révéré á Arhénes. Cet ufage n'étoit pas general
dans les premiers tems'; & ¡lous voyons plu-
íieurs héros confacrer, par un vceu particulier ,
leur premiére chívelare aux divinites qui avoient
pris un foin particulier de leur enfance ,■ & meme
aux dieux des Seuves. C^eít ainíi qu Achille avoit
promis la fienne au fieuve Sperchius , s^il reve-
íioitfain &faufdelaguerrede Troyej tnais aj^^ant
appris depuis qu il devoit périr dans ce íiége ,
5Í coupa fes cheveux , & les jera fur le corps
& fur le biicher de fon ami Patrocle ( lliad.
140- )» . . . . ,
Cet ufage des Grecs fiit imite par les jeunes
Romains , qui offrolent á quelque divimté leur
premiére barbe & leur premiére ckevelure. Dion
le raconte d'Auguíle ( lib. qS- p-. 377-) > 8e Sué-
tone reproche á Caligula ( c. 10. n. 4. y d avoir
cmis cette cérémonie religieufe. Juvénal parle
des fétes & des repas qu'accompagnoient cette
ecrémonie C ril. 186.) ;
lile metit harham ^ crinem hlc deporJt amati.
Stace (/i¿. fylv. 4. i.) chante la ckevelure
d'Earinus , aftranchi de Gennanicus , qui l’en-
voya á Pergame pour étre oferte a Efculape ,
reiífermée dans une boite ornee de pierreries
avec un miroir. Martial ( i. 32. j a celebré celle
du jeune Encolpus , confacrée á Apollon :
Hos tibí j Fhceae , vovet totas a vértice crines
Encolpus j domirá centunonis amor .
Grata pudtns meriti tulerit ciim premia pili ,
Q^uum primum lotigas ^ E-hcebe j recide comas.
On fe contentoit fouvent d’attacher les pre-
sniers cheveux á la fianie de la divinité á laqueüe
on les confacroi: ; & Paufanias ( Corinth. p. 45.)
parle dhine ftatue d’Hygie couyerte prefqu en
entier par Ies chevelures qu y avoient appendues
les femmes de Sicyone.
Ceux qui avoient fait naufrage & qui avoient
perdu tous leurs biens ^ offroient aux dieux de la
mer leur ckevelure ^ comme la feuie oíírande qui
fút encore en leur pouvoir. Ncus voyons dans
í’anthologie {lib. vi. cap. ZI. epig. I. ) Lucillius
offrir aprés un naufrage fes cheveux aux divini-
íés de POcéan , parce qu'il ne lui -étoit refté
ííucune auire chofe dont il faire une agrande :
CHE
^ X-liSAtU-Ui
Tu! Ti/va; ix üSpüAíí j sAAa ye; ¿i'í!
C'eít pourquoi Fétrone appelcit Padion de
couper fes ckéveux , le dernier voeu de ceux qui
font prés de faire naufrage ou qui Pont déjá fa;t
(cap. 65.) •. Naufrago rum- ultimum vocum. Le
meme motif:, la reconnoiífance envers les dieux ,
faifoit couper leur ckevelure á ceux qui ¿toient
échappés d’une maladie grave ^ ou d'un péri!
imminent ( Oneirocr. Artcmid. 1. I. c. Z].). Ls
laifíbient croitre á cet efet leurs cheveux , jufqu'á
ce qu’iís euíTent atteint une certaine longueur.
C’eil pourquoi on demande dans Pétrone (c. 67.)
a an homtne remarquable par fa longue ^ cAeye-
lare , á quel dieu il avoit fait voeu de Tofírir :
Cui deo crinem voviñi l Ceníonn ( D. E . c. l.)
•dit aufli que plufieárs de fes conremporair.s laif-
foient croitre leurs cheveux en l’honneur de^quel-
que divinité ¡ pour obteair d'elle une bonne íanté :
(Quídam etiam. pro cetera Lona corporls valetuaine
crinem deo facrum pafcebant,
L’ufage de couper fes cheveux & de les ofeir
aux divinites de la mer j en Ies jetant dans les
fiots lorfque la rempéte étoit violente , avoit
fait naitre parmi les marins une_ opinión Juperf-
thieufe. lis croyoient que c’étoit une action de
mauvaife augure , que de couper fes cheveux ou
fes ongles dans un vaiíieau , a moins que^l on ne
fút dans un péril imminent, Petrone eír garant
de cette crainte ridicule {c. 104.) Eon
licuijfe cuiquam monaüum in nave ñeque ungues ,
ñeque capillos deponere , nijt quum pelago ventus-
irdfchur.
Les Grecs croyoient que les divinites intérna-
les coupoient un cheveu aux rnortels , lorfqi^ ¡es
Parques étoient fur le point de trancher le m de
leur vie. C'eft ainfi que dans Euripide ( AlcejU
V. 74. ) la Mort paroic arm.ée d’on glaive prete a
couper le fatal cheveu de la genere ufe A iceíte j
pour en faire une vulime confacrée aux divinites
infernales.
Alacrobe {Batum, v. c. 19,) reconnoit une
imitaticn de cet endroit d'Euripide . dans les
vers oú Virgüe peint la malheureufe Didon u^
tant contre la mort ; parce que Proferpine n a-
voit pas encore coupé fon fatal cheveu {Jtsnei
ir. 693.) :
Nondhm Ule fiavum. Proferpina vértice crinem
Abflulerat , ftygioque capul damnaverai orco.
Mais bientót Junon , touchée des longues angoif-
fes de cette amante infortunée . envoie Iris u
rendre ce dernier office. Cette aivmite p.ane u
la tete de Didon. & en lui coupant un
elle dit : je te confacre á Piuton . Se je te deii'*
de cc corps mortel : p-.
Hur.c ego dhi
Sucriim j’ujfa fcro , teque ifio corpore folvo :
Szc ait , & ¿extra crinem fecat
Ces vers des deux poéfes font peut-étre aüufion ,
comme le dit le Schoiiañe d'Euripide (ibid.),
a i ufage ou étoient les Grecs de couper la ckeve-
lure des mourans.
Ees Grecs avoient couturnc de cou*'er íeurs
ckevfüx dans le deuil ^ pour les jeter fur Ies corps
des perfonnes qui leur avoient été chéres , & fur
Ieurs büchers. C"eíl ainli qu’Achille & les Grecs
{luad -A couvrirent de Ieurs ckeveux le
corps de Patrocle. Stace rappelle cet ufage anti-
-que aans fa Thébaide {Lib. vi. ) ;
• * % - • Tergoque & peclore fufam
Cifariem ferro minuit , feciifque jacentzs
Obfízííuzc tenaza ora comzs.
Lorfqu on n’avoit pas aíTHIe atix funérailles, on
depofoít !a ckeyelure fur le tombeau de ceux que
I on avoit aimés. La filie d'Agamemnon, la mal-
heureufe F.lecire, reconuoit dans les Choéphores
( JEfckyl.') ¡es chevéux que fon frére Orefte avoit
depofés für le tombeau de leur pére ;
O^iy TQfzcc&tcy tci S's
Canacce fe pl2.íntdansOvidc (^Heroid. Epzfi.
de n’avoir pas rendir á fon frere Macarée ces der-
aiefs dev'oirs :
]S[on znzkz te Izcuit lacrymis perfundere jufizs ,
In tua non. tonfas fierre fiepulcra comas.
Archelaiis , qui monta fur le troné de Macé-
doine apres Amyntas ^ voulant témoigner la
grande eftime cifil avoit pour le tragique Euri-
pide 3 fe fit couper Ies ckeveux á fa mort , &
parar en pablic avec ces marques de deuil &
Á\d.íúi£t\on i Solizz. c. Ou lit dans Théocrite
que les Amours coiipérent ¡eilrs ckevelures á la
mort d’Adonis , xzzeáfeztm ■/_,a.ír!íi. On drfoit méme
■queBacchus coiipa, apres !a mort de fon époufe,
cette loiigue chevelure, qui eíl un de fes attributs
diílindiifs.
Les parees & les amis des morts ne furent
pas Ies feiils chez les Grecs qui couperenr Ieurs
ckeveux en íigne de douleur : un oeuple entier
dcnnoit quelquefois cette marque d’attachement.
C’eíl ainíi que fe comportérent les TheíTaüens
á la mort de Pélopidas ; Pu tar, in. Pelcvld.) , Se
les Perfes á celle de MafiíHus {ídem in Arifiúde.').
Ces deux psuples nrent plus , ils couperenr les
erms de ieurs chevaux , afin que ces animaux
euuent I'air de partager leur douleur. A'exandre
í‘£ fe contenta pas de faite porter aux Macédo-
^íziti quité s , Tome 1.
• ... "^9
^ chevaux le deuil de fon ami
e4>j-edion ¡1 voulut leur joindre méme les erres
inánimes , & Ton rafa par fon ordre Ies cré-
neaiix des cours & des muradles ; idem in Pelo-
pida. ).
I^s Romains adoptérent cet ufage des Grecsi
& rropetce dit de fon amante ( i. i-p. ai. ) ;
Illa meo caros donajfiet fianere crines.
Denis d’Halycarnafie raconte que les filies 8c
.es .emmes romainp qui affiftérent aux funérail-
.es ne la filie de VirginaiSj jetérent fur fon lit
runebre Ieurs ckevelures & les bandelettes qui
lervoient a ¡es lier. C’eft ainíi que la Matrona
a Ephéfe témoigne dans Pétrone fa douleur 8c
fes regrets. De-la vient que Aíaxime de Tvr
appel.e (^Dijfen. 8.) une ckevelure , le dernier
prefenr que I on peut oiFrir aux mánes des per-
fonnes chéries.
L ufage de couper fa ckevelure dans le deuil
ne fut jamais excluíif; car nous voyons dans
pluíieurs écrivains grecs 8c larins , que certains
peuplesj tels^ que les Egvptiens en particulier ,
laiíToient croítre ieurs ckeveux 8c leur barbe dans
les tems d aíbidtion. C eíl ainíi que Ies Arsiens
{Rtrodot. I. c. 82. & Piutar. in Lyfiandro.)
conñernés de la prife de Thyrée par les Lacédé-
moniens, firent une loi oui les obligeoit de
couper leur ckevelure , jufqu’á ce qudls eulTent
rejrris cette viüe. Mais les Lacédémoniens qui
avoienr porté jufqu’alors les ckeveux trés-coufts,
jurérent de, les laiíTer toujours croítre afin d’éter-
nifer la défaite 8c la douleur des Argiens.
Lycophron { Cajfiandra 973.^ voulant peindre
un deuil ,, décrit les ckeveiures éparfes Se íior-
tantes :
IC^íüTfl; A V6IVA KfAWoiéí qzzgt; y
Ariadne dit d’elle - méme á Théfée j dans fon
héroiáe {Epifit. -v.) :
Adfipice demijfios lugentis more cc^dllos
Et túnicas lacrymis ficut ab imbre graves.
Dans la comedie de T érence , intitulée Heaiz-
tontimorumenos , dont la feene eíl en Gréce ,
on-dit d’une femme plongée dans la douleur &c
raffiiéíion :
Ipfiam offendimus
Mediocriter vefiitam vefie lugubri ,
Ejus ar.ús caufia , opinar , que. erat mortua ,
Capillas pajfus , prolixus , circum caput
P^eicétíis negligenter.
E e e e e
77'^ CHE
Virgüe peint fous les inémes traits ie deuil des
Troyennes ( JEneid. ni. 6§.) :
Et clrcum Iliades crir.em di more folutí.
On trouve de fembkbles exemples dans Ies
écrivaíns de Rome. Tite-Live dit qu'á la noti-
vellc de la mort des Curiaces , on vit la
fesur des Horaces déüer & laiíTer flotter fes
cheveux , en appelant á grands cris Tépoux qui
iüi avoit été deftiné : Solvit crines , 6’ flebiliter
nomine fponfnm mortuum appellat. C’eft ainíi que
témojgne fa douleiir une femine dans lesFañes
d Ovide (//. 813.) r
....... Pa[¡ís jedet illa caplllls
Ut folet ad naú mater itura rogum.
Les hommes donnoient auífi lesmémestémoígna-
ges de leur douleur j témoin Néron-Drufus, dans
rélégie d'AlbinovanuSi far la mort de fon frére
Drufus (.7, Sy. ). ;
Vidimus attonitum fraterna marte Neronetn
Fallida projecla fiere per ora coma.
Caügula ayant appris la mort de Druliüe , fa
fc£ür chériej accourut á Reme avec une longue
barbe & Ies cheveux épars (^Suét. c. 2a¡.. n. 6.') :
Meeroris impatiens. ..... prapere rediit barba
capilloque promiffb. Chez les Romaíns^ ceux qui
étoient accufés de quelqae grand crime^ &: ceux
qui demandoient juíiice au peuple contre des
cppreiTeurs puifláns , iaiíToient croirre leur barbe
& leurs cheveux en figne de douleur , & les fai-
foient coaper le jour qu’ils étoient abfous j o.u
qudis avoient obtenu iuíiice.
Ceux qui portoient dans les tems d’affiílion de
iongues chevelures , Ies couvroient ÍQUveat de
cendre & de pouífiére. Voye^i Cendres.
Noiís n’avons rapporié un íi grand nombre
ífexempks des deux ufages contraires, pratiqués
dans les deuiis relativement aux cheveux , qukñn
de poiivoir eombattre avec avantage I'opinion de
Plutarque (in quífi. Rom.') fur cet objet. 11 dit
que Ies hommes IaiíToient croitre leurs cheveux
dans les deuiis parpe quüs les portoient ordi-
nairement courts , & que les femmes , dont les
chevelures étoient touiours Iongues j les coupoient
dans les aiémes circonílances'. Mais nous avons
rapporté pluüeurs exemples qui app.-rtiennent aux
deux fexes, & qui détruifent cette affertion. On
trouve ¡a véritable raifon de cette co.ritradiéiion
apparente dans les morales ( lib. a. c. 17. ) de S.
Grégoire. Ii Ta placee dans la diíFérence des ufa-
ges des peup'es divers relativement aii cheveux.
=«CeuXj dit-ilj qui Ies IaiíToient croítre ordinai-
rement , Ies coupoient dans le deuil & i’afaic-
Eíon ; tañáis que ks peupks doat les cheyeux
CHE
I étoient toiijours rafes , les laiflbient croitre dans
les tems de deuil Se de calamite. « Mas vtterum
fuit , ut quifque fpeciem corporis fui capillos nu-
triendo fervaret , eos tempere aflictiímis ahfcinde-
ret y & rurftm qui tranquillitatis témpora capillos
abfeinderet , eos in oftenfone aflicticnis nutriret.
Les anciens fe fervoient d’un fer chaud appelé
calamiftrum , pour frifer leurs cheveux Se en faire
des boucles ou anneaux. Ovide parle de cet artiace
(/. I. Amor. El. 14. V. 25. ) :
Qudm fe pr&buerant ferro patienter ^ y
Ut peres torta nexilis orbe pnus.
Les femmes feules & Ies jeunes filies írifoient
ainíl leurs cheveux chez les Grecs & les Romainsj.
Tiiais cet ufage étoit commun aux deux fexes
chez íes Fhrygiens ^ chez Ies Sybarites & chez
les autres peuplcs celebres par leurs moeurs
effeminées. Ckft des Fhrygiens que Yirgiie
dir. ....... comas
Vibratas calido ferro murraque madentes.
Les Sicambres & les Germains formoient un
feul nceud de leurs Iongues chevelures ; ce qui
formoit j felón Tacite ( Germ. c. 38. ) un de leurs
attributs caradériíliques : Infgne gentis obliquare
crinem , nodoque fubfringere. Cette maniere de
nouer les cheveux palfa en proverbe , & Martial
la déíigne par les mots nodus rheni.
Cétoitavec des bandelettes que les ArménienS;,
Ies Sarralins & quelques autres peuples dAíie
lioient leurs cheveux entortillés en forme ^ de
mitre , d’ou leur vint le fumom_ grec fcirfoípétci.
Les Parthes 8c les Perfes portoie.nt de Iongues
chevelures .flottanres & bouclées , comme^ on le.
voit fur leurs médailles. Celles des Scytnes &
des Goths , leurs defeendans ^ étoient éparfes &
hériíTees.
Les Arabes , íes Abantes 8c les Miírens cou-
poient leurs cheveux fur le haut de la tete^^pour
óter a leurs ennemis ce moyen de les faifir. Le
vers fuivant de riliade(B. 542-) fait aLuiio.n a
cet ufage t
TS a'af í-xoitó xefccanue.
Les Curctes &: les Etoliens coupoient leurs c.he.-
veux de la méme maniere.
Les Gaulois au rapport de Diodore de SiciL
(/. p. 112..) ^ portoient une longue ckeveiure ^
qu'ils lavoient fouvent avec de feau de chaux.
Les Athéniens qui fervoient dans la cavalerk:,
laiííbient croitre leurs cheveux (Arifiopk, j.>u . 4“
Equit. 577.). Tousles Lacédémoniens , iOida^s.'
& autres , en ufoient de m.éme {Arif. KheU.
p. 34. l, 27. Edit Sylburg.);..
C K E
C€ n’étoit pas aíTez ¿e frifer les ckeveax zssc
un ferd chaiid , les anciens les poudroient quel-
quefois avec de Tcr pulvérifé {Selin.') , afin de
joindr-e á la couleur favorite des ckeveux le mérite
de Topulence. Souveat ils Ies lioient avec des fils
ou des lames dor. Ovide dit (ifer. xv. 75.) :
Vefie tegor , nulliim eji zx crinihus eizrum.
JhidezTt XXI. Sí) ;
Ipfí dedil genzmas digztls ¡ & crinlhus aurum,
^ il. Flacciís. il. 103 :
• . . . Teretz crznem fizhneclitur curo.
Les Athéniens entremeloient dans leurs ckevelu-
res des cigales d'or. Les hommes ne le cédérent
pas aux femmes fous le bas-empire pour le laxe
des coefiures ■, car on les vit charger auíii leurs
chevelures d’or & de pierreries. Nous Tapprenons
de ces paroles de Luitprand á Nicéphore-Phocas
(p. 85,) : il n’y avoit perfonne dont les ckeveux
fuíTent ornes d'or & de pierreries : nemo ibi curo ,
nemo gemmis ornatus eral.
- Les Bacchanres feules entre Ies femmes grec-
cues j portoientles ckev'eux flottans & fans liens;
les jeunes filies les nouoient fur le front ou fur
le derriére de la tete ; mais les femmes les lioient
ordinairement fur la naque en une feule treíTe ,
qui fiottoit fur les épaules.
Les chevelizres fauíTes des anciens , n’étoient
pas toujours des perruques , c“eñ-á-dire la re-
préfentation de tous les ckeveux ^ mzis eiles re-
préfentoient tantót le toapet & tantot les faces.
Ceñ ce que nous apprenons d’un paíTage de
Pétrone ( c. jo. ) oü il dit que Tefclave de Try-
phsene emmena Girón dans I3 cale du navire;, &
qu elle attacha fur la tete de ce jeune homme le
corymbzon de fa maitreífe , c’eít-á-dire^ une tcutfe
de ckeveux poííiches , qui lui tenoit lieu des cke-
veicx noués fur le front des vierges ¡ & appele's
de ce noui : Ancilla Trypk¿in& Gitoxa in pariem
•navis inferior ezn ducit ¡ corymbióque demini pueri
adornat capul.
Les ckevelures' entiéres poñiches ¡ ou perru-
ques 3 étoient appelées galericuius & gclerus par
les Romains. On en faifoit de fi déiieates^ qu’il
étoic impoífibie de les reconnoitre. Telle érost ^
felón Suétone ( c. 13. n. 3.), celle d'Cthon ^
que Ton voit fur les médailles de cet empereur
eiréminé : Galericuio capiti provter vuritatem ca-
piLlorum adaptato & eznnexo , ut nemo dignofeeret.
Ces perruques é;oient faites avec des peaux de
chevreaux , aui ferveient auíTi aux chauffons des
perfonnes délicates. Be-lá vient ce jen de mots
de Martial j qui appeloit une tete chauíTéej ceput
calceatum ^ celie que ccavrok une femblable per-
ruque.
CHE 771
Ce n’étoit pas feulement pour fuppléer aa
défaut de ckeveux que les Romains portoient des
ckevelures fauífeS:, c’étoit encore pour paroitie
avec des ckeveux d’une couleur difFérente de celie
qu’ils avoient niturellement:, bu pour fe déguifer.
Le chevalier j dont ^Tcús-Avicenus Rufus (c. x.) ,
étoic dans le premier cas 5 & Ton ne peut s’em-
pécher de rire en voyant l’embarras ¿c la honre
de cet oíficier efféminé j á qui le ven: détacha fa
fauíTe ckeyelure :
. . Afox dejeBo nituit fróns nuda galera ,
Difcolor'dppofita que, fuit ante coma.
Mais Caligula prenoit une perruque ( c. xi. n. i .
Suetonii) 8c une longue tunique , pour fréquen-
ter les mauvais lieux á la faveur de ce déguife-
ment : Quin ganeas ¡ atque cdulteria capillamento
célalas , & vefte langa noSibus okiret. De méme
l’infáme époufe de Claude^ MeíTaline, cachoit
fous une ckevelure blonde fes ckeveux noirs, lorf-
qu’elle paíToit Ies nuits dans Ies lieux de débaa- ,
che {^Juvénal , Sai. rr. v. 120.) .-
Sed nigrum favo capul abfeondente galera
Intravit calidum veteri centone lupanar.
Les écrivains latins font fouvent mention des
fauíTes ckevelures des dames Rorñaines. Ovide dit
(^Art. Amand. iil. lój. ) .-
Femina procedit denfjjlma crinibus cmpiis ¡
Proque fuis alias efñcit s,re fuos.
Et Marcial {vi. 12.) ;
Jaral capillos , quos em.it , ejfe fuos
F abulia j nunquid illa , P aullé , pejerat ?
•
Ovide nous aoprend que ces perruques b! >r;des
£ recherchées á Rome^ venoienc de la Genna-
nie & des contrées feptentrionales de l’Europe
I. 14. 4í..) .•
Nunc tihi captivos mittet Germania crines :
Culta triumphatez muñere gentis cris.
O quam f&pe ¡ comas aliquo mirante , rubehis :
Et dices : empta nunc ego merce probar /
Tertullien s’eíl elevé avec fon zéle amer centre
les vaftes perruques dont les femmes de fon tems
chargeoient leurs tetes, en les couvrany entié-
rement de ces enormes ckevelures , ou en les latf-
fant flotter fur le col & les épaules {_ de culta
femin. c.J.) : Afigitzs nefeio quas enormitates futi-
lium capillamentorum , nunc in galeri modum,quafi
I iy vaginam capitis , ó? opercuíum verticis , nucís
i in cervissm retro fuggefum.
E e e e e ij
7
■71
CHE
On vit fouvent Ies fages Se les philoíophes
s'ékver á .4j:hénes & á Rome contre Tufage de
frifer les ckeveux , & blarrier avec courage les
hommes qui fe déshonoroient par ce luxe effé-
miné. Phocyüde méme (^. ici.) ne voulok pas
que les petks garfons fiíTent boucler leur ckeve-
lure, niqudis la relevaffent fur le fronr en nceuds
ou corymbes comme le pratiquoienr les jeunes
filies & Jes^ vierges. Dans Ies Catilinaires on
entend Porc.us Larro déclamer fortement contre
íes jeunes Romains qui paroiíroienten pubüc avec
des cmveux frifés, calamifirati, Dans la harangue
prononcee par Cicerón aprés fon retour au fénat
(Red. in Sen. c. p ) , il déíigna Pifon comme un
homme perdu de débaiiche ^ par ces mots, cin.-
cinnatnm ganeonem , le übertin aux cheveux bou-
clés ; il reprocha le meme vice au confuí Gabi-
bíus , en I appelant le danfeur frifé , calamifiratum
faltatorem ^ & en faifant remarquer fur fon fronr
les traces dii fer chaud qui avoit fervi á former
Ies bouCiCS de fa chevelnre ^ fTOTittTn cnlamíjtri
vtfligüs notat m. Suétone décrivant tous les vices
de Nerón ^ n oubbe pas fon amour pour fa che-
velure qifi] fnfoit ordina'rement , & qifii laifia
meme fiotter fur les épaules , comme les femmes,
dans fon voyage de Gréce ( c. ji. n. 3.;.- C:-ch.
cultum habieuTTtqae aáto pudendas , ut cotnam fem-
per iTt gradas formatam , peregrinatíone Acha'ica
etiam pone vemeem fummife^ It,
Les Phüologues onr différé d opinión fur la
coeífure des efclaves. Queiques-uns ont ern que
les^ efclaves coupoient tous leurs cheveux , parce
avoient !u dans Suidas ce proverbe grec^
ohiAoí fflí j 25, IvEís- , tu es efclave , & tu as une
ckeyelure. Ceux _qu! étnient a une opinión con-
tradiré , fe fondoient fur cette ature expreííion du
ineiiie Léxícographe ^ cheveux.
mal-peignés des efeíaves. Four óter Tambiguité
de ces deux expreíTions, il faut obferver que S-p.-í
deíigne proprement des cheveux coiirts & hérif-
fes mais que Lou-n deíigne une ckevelur.e aíTez
longue^peignéeoufrifée avec foin. Cette feconde
efpéce de coénure étoit aíFeñée aux hommes
libres j & les diftinguok des efclaves ^ dont les
cheveux éroient coupés trés-court & taillés grof-
Éfcrem.ent. Be cette diíFcrence de chevelure établie
par I’ufage conñant entre les ge-ns libres & les ei-
alaves , vint la coutume de couper aux efeíaves que
I on aííranchüíoit j la chevelure négligée de ieur
étatá’abieñionj & de Ies rafer entierement avant
que de leur donner le bonnet de la Wbtrté piUus).
C eft ainíi que Ton v¡t le dernier rol de Macé-
doine , Perfée , fait prifonnier par ¡es Romains
dans la guerre de IMithridace j paroítre en pubüc
avec la tete refóe & couverte du pileus , pour
^^f^pigner {Appian. de Bello Mztkrid. p. J~z. J
Olí ai s avoüoit U clfranchí du. peuvle romain.
Non'us- \iarcenus a donrié une autre origine a
- u;are ríe rafer _ la tete des efclaves que Ton
anraocniuoi: , ii fa cherchée daríS rsíFranue reli-
r.
C H E
gieufe qiie faifoient de leur chevelure ceux qui
avoaent échappés á quelque naufrage-
La chevelure dkne figure dkfclave , publiee
dans le recueil d’antiqurés (v. 5. pl. 82. -j.)
du comte de Caylus ^ eft ce qui lui en a para'
rpbjet le plus intérefíant c’eft á-dire , le plus
digne de remarque. Les cheveux font coupés aurour
de la xhe., qui eft ceinte par une bande., 011 car
un cordon . pour former une efpéce de bouriér,
beaucoup plus marqué fur les mafques- de la
comédie romaine , qui repréfentent des efclaves.
Cet arrangement pourrok étre pris ma!-a-propos
pour un bonnet , quoiquül différát eíTentieííe-
ment de celui qui étoit le fymboie de la liberté,
& dont ie Pétafe de Mercure nous a confervé la
figure.
“ Plus le fronteft bas^ dit Winckelmann, dans
fon hiíto're de Part, plus les cheveux cui le cou-
ronne.nt fonr courts. Les pointes de ces ckeveux
í^e recc-urbent pai'-deíTus le poil qui borde ie
tront : c'eft ainil que Pétrone décri' les cheveux
de fa Careé, c-efeription qui nz été entendue ni
Jar fes copiftes , ni par fes commentateurs. Car
e paífage fuivant : frons miriim.a , 6’ qua radices
capiUorum retroüexerat , eíl, felón toutesies appa-
rences, altére j & ii faut y lire ápices , au-!ieu da
moiradíces , c’eft-á díte , les pointes des cheveux ,
ou quelque mot fembiable 5 attendu opei apex
íignifie la pointe de chaoue choik. Comment , en
eftet , les racines des ckeveux peavent-e-ies fe
recotirber en avant r Le rradaéieur franíjois de
Pétrone a prétendu trouver ici une coéáíure de
cheveux poítiches , fous iaquei'e on ¿ceouvre
íes racines des cheveux natureis : quelie abfur-
dité 1 M
« Pour donner au vii'age la forme ovale & le
complément de la beauté, i! fiutaue les cheveux
qui couronnenr ie front , faíTent ie tour des tem-
pes en s’arrondiíTant : conformation qui fe troave
a toutes les belies perfonnes. Cette forme du
front eft telletTierat appropriée á toutes les teres
idéales & aux figures anticues des jeunes perfon-
nes , qukn n"en rencontre point avec des angles
enfoncés , & faos ckeveux au-deíTus des tempes.
Parmiles ñatuiires mod-rnes, il.y en a bien peu
qui aient fai: cette remarque ; car toutes íes rei-
taurations modernes , oü Pon a place des tetes
jeunes fur des ñatues anticues , oífrent des che-
veux qui s’avancer.t en échancrures fur le froní.
Sur cet article , comme fur bien d'autres , ie
Bernan a cherché la beauré dans des procedes
diamétralement oppofés á ceux des ancísnsjEal-
dinacci, fon pantgvrifte, noi's spprend que cet
artifte avant modelé ¡a figure de Louis XIV datas
fa ieuneífe , avoit relevé les cheveux de ce jeune
roí par-deíTus le front. e Fiorent'n ditfiis, qui
croit rapporrer en cela une preuve merveilleufe
de la délicateífe du goút de fon héros . ne faat que
nous dévoaler fon propre défaut de tacb & ía
propre ignorance. 11=
CHE
Cetre forme cu front . & fur-tout ces che-
vieux courrs rabattus fur ie devane ^ font des carac-
teres conflans qui fe troKvent ¿ toutes les beües
teces d’Hercule de tous ages; eiies nous oífrent
cutre la groíTeur du col , des marques fymboli-
forcé j & parciíTenc faire aiíufion aux
polis frifés qui fe trouvent entre ¡es corees des
taureaux. Ces ckcveux font done des traits carac-
teniiicues a Hercuie , qui nous font d itinguer
les tetes de ce-herosds cei;es ddolc;, fa maitreíTe,
qui font auffi couverces feuvent d’une peau de
lion 5 & garnies d Uí-e chevelure qv,i defceitd en
boucles fur le front. On la voit ainíi coé.íée fur
une^pierre gravee du cabinet Royal-Farnéíe de
Kaples ^ repréfentant une tete de cette jeune
beauti ,, travaülée oe_ grand relief. Ce méme
caraítere fut une des raifons qui nf aidérent autre-
feis a conner la vraie dénom.ination á une tete
d'Heicuie gravee en creuX;, de Tancien cabinet
de Stofeh 5 qui étoit connue de tous les anti-
quames foas le nom d'Iole. On trouve ces mémes
íratts caradérifriques á une tete jeune couronnée
delaurier, & gravee fur une cornalinepar Alion,
2ttifte grec , placée dans le cabinet du grand-duc
de iriorenccj qui repréfente aufS un Herede,
& non un Ápoilon , pour lequei on a vouiu la
faire pañer ( Stofeh , pierres gr. pl. 8. ). Une áutre
tete ri’Iiercule du méme cabinet , gravee par
Ondas , eíf de rriéme couronnée de laurier ; mais
comme !e haut de la tete eít defeélueux, le-front
a été reftauréfur la gravure en cuivre par des gens
qui n'ont pas fait toutes ces obfervations. lí eíl
cerrain que íi Ies médaiLufie: ayoienr obfervé ces
caracteres , nous trouvericns ie portrait d"Her-
cule far pluíieurs médailles qui portent- d’autres
noms , tei que celui dCAlexandre ou de quelque
autre roi- Conibien n’y a-t-il pas en elfet de
médailles qui repréfentent une tete jeune cou-
ronnée de laurier, S¿ que fon attribue á Aiexan-
¿re-le-grand , tandis qdeües appartienaent á
Kercule?"
« 11 en eít de méme des tetes d'Alexandre : íes
cheveux qui colironnent ie front de ce conqué-
rant de f Alie , font des caraétéres conftans qui
doivent !e faire reconnoítre. Ses cheveux qui ont
de la reíTemblance avec ceux de Júpiter, pour
le fils duquel il vouioit paíTer , font releves par
defliis le front. Sí retombent par enees en diffe-
rens étages des deiix cotes. Piutarque, qui nomme
ces fortes de ckeveux releves par-dsilds ia tete
avaí-oXiv , dit , dans'la v:e de Pompée,
que ce capitaine portoit fes ckeveux comme
Alexandre {Plutcrch. Fcjxpej. p. iija. /. 4.).“
« II faut remarquer fur les monumens annques
la coéffure particu'iéte á Diane. Ses cheveux font
ordinairement lies enfem.ble fur le fominet de la
tere ; cette imode étoit cebe des jeiines filies, 8-í
s’appeloit iciv-iugcc . Paufanias nous le donne á en-
tendre quand ;1 rrppcrte de quelíe maniere Leu-
^tppe , amoureux de Dapbr.é , filie d'Alphée ,
CHE
773
^ sout de fatisfrire fa paíTion : il prit un
haoit de ferreme, & fe {lih. vm. p. 638. l. 22.)
ha^ies cheveux fur le femmet de la tete comme
faiioient les vierges. Polyxéne étoit coéífée amfi
X. p. 661. é. 3-) a la maniere des vierges,
feic-n Je mérne auteur. Biane feule , Se quelciic-
lois la X !¿lo:re, font de toutes les divinités célles
qui portent ieurs cheveux mníi releves, comme
un íigne de leur virginité. Auffi voyens-nous
i-'iane coéífée de cette maniere fur les pierres qra-
vées & fur les (Beger. tom. 1. p. 426.^ médaii-
les. Les nou'.'eües mariées porroient encore pen-
dant quelques jours hurs cheveux iiés de ia méme
maniere, comme on peut le remarcuer fur d;u-
Scursbas rehets (Banoti xidxtirethd. rui. jo„ (¡z.
Winckelmann ( il. claf, 71°. 417- ) a cru recon-
noítre fur une pace antique da barón de Stofeh
la téte de Iseptune , quoiqifelle ne foit acconi-
pagnée d'aucun attribut. 11 n'a eu d’autre fonde-
ment pour rafíger cette tete, qui eft fort belie,
parmi celles de Neptune , que la maniere ciont
les cheveux y font agencés. íls rombent ñ¡r le con
en boucles perpendiculaires 8c pamiíéles , ce qui
paroit avoir été particuher á Keptune; car loi-f-
qu'on lui a fait des ckeveux fiottans , on a dif-
pofé ( Golt^. M-ag Gracc. tab. iil. n. 8. xix,
n. 4. XXX IV. n. 8. Beger. Thcf. Br. t. il. p.
Vaillant. Biutn. Imp. t. itl. tz. 6. María, n. 2.
Pcfik. 71. I. n. -.) fa barbe de la méme maniere
que les cheveux font traités fur cette páte ; quei-
quefois au.® fa barbe & fes cheveux ( Vaillant.
Nutn. Fam. CáíciL n. 7. Falv- 5. 6. Macla, n. i.)
font arrangés de la méme facor:.
cí Les cheveux , dit WinckeJmann dans Lhif-
toire de Fart, font des traits caraéiérilíiques pour
diílinguer le moderne de Lantique, en ce que ¡es
aniñes modernes diíFérent beaucoup de ceiiz des
anciens , foit par le jet des cheveux , foir par
Fexécuticn genérale de Ieurs détaiJs. J'ai déjá
parlé ci-devant de la chevelure rabattue fur le
front, & j’ai fait voir que cette facón de traiter
les cheveux , ainfi que leur jet panicuüer , dif-
tinguoit un Júpiter & un Hercule des aúnes
Dieux. »
« La maniere de traiter fes cheveux différoit
auíii felón la natura de la pierre. Les cheveux
exécutés fur Tefe éce la plus dure, font counsj,
& paroiiTent avoir été peignés avec un peigme
fin , parce que cette forte de pierre n’a pas aíTez
de moíieííe pour que Fon punTe en tirer r.ne
chevelure fiottante Sí bouclée ; tandis que dans
íes Asures d’hommes , exécutées en marbre &
fculptées dans le bon rems de i’art, les cheveux
font’bonclés & fiottans, bers le cas oú ces tétss
font des pernaits , car a'ors Fartiñe s’efí t-nn.vé
afireint a rendre fiJe'enient les cíievcux conrrs oa
droitsduperfor.nage. Quantar.x tetes de femmes,
& partíciiliérement á celles des vierges ; done es
cheveux font tou'ours releves & nosésfur i?; tete,
03 voit tóate la chevelure tn.-'tte par on-iés &
7Vf. CHE
fonTiiíit des cavires coafideraoles j qiK Y rspin-
¿ent de la variété & y formeat un clair-obfcur.
C'eñ ainíi que font travaiilés les ckeveu.x de routes
les Amazonas ^ qui pourroient fervir de modéle
á* nos ardites po'ur les ftatues de vierges & de
marcyres. « • . ^ t
ct Differens des flaruaires anciens^ íes ículp-
teurs modernes ont adopté pour leurs figures
d'hommes une certaine forme de ckeveux , qui
ei't propre aux Satyres ou aux Faunas , comme
je le feral voir ci-aprés ; fans doute parce qjue
rexécution de cette efpéce de ckevelure leur coüte
moins de peine ; tandis que dans les figures de
-feínmes ils ont rendu les cheveux fans aucune
cavité 5 ou avec un petit nombre de cavités , ce
qui leur ote la variété & qui les prive du clair-
obfcur. “ , _ -
« Les cheveux des Satyres Se des Faunes font
hériiTés & peu crepés á leur pointe ^ parce qu on
a voulu leur imprimer le caraéiére des polis de
chévres j de meme que 1 on a donne des pieds
de chévres aux fiatyres & á qüelques figures- de
Pan. Ceñ-lá ce qui a fait appeler le dieu Pan
, aux cheveux hérifiés {Antkol. l. 4. c^,
¡64. 1. ij.y'. Ces ckeveux s’appeloient en
grec B & Suétone les déíigne par ces mots
cupillis lenher infiexis ( Suet. Aug. c. 79. ). Si
dans le cantique des cantiques (c.^ 4. v. i._) les
ckeveux de Pépoufe font comparés aux poils de
chévres j il faut Pentendre fans doute des chévres
ü'Angora & de Syrie, qu’on a coutume de tondre
3 caufe de la longueur de leurs polis ( Bochare ,
liieroi. t. I. /. %. c. 51. p. 615. ). “
cc Apolion & Eacchus portent des ckeveux qui
defeendeUt fur les épaules. II n’y a que ces deux
divinités qui les portent de cette maniére ; ce
qu'il faut bien remarquer ¡ parce que ce caradlere
de la chevelure Ies fait reconnoítre dans leurs
figures mutüées. ”
' « Les enfans portoient en général des ckeveux
longs jufqu'aux années de Fadolefcence j comme
nous le voyons dans le récit de Suétone, qui
dit que Néron, pendant fon féjour á Naples ,
avoit raííémblé cinq mille enfans portant de lorigs
ckeveux C Suet. Mero. c. 1. ). Mais les jeunes
gens avoient coutume de porter les ckeveux plus
courts , fur-tout oar derriére , excepté ceux de
Pifie d’Eubée , qu Homére r.omme á caufe de cela
ejriíaj y-ofiBUy. "
s= A cette occafion je dois parler de la cou^eur
des cheveux , d’autant plus que quelques paílages
des anciens auteurs ont fait naitre de fingulieres
méprifes fur cet objet. La couleur blor.de, -/.emivt,
a toajours été regardée comme la plus belle ,
& la blonde chevelure a été donnée également
aux plus beaux des dieux , Apollen , Bacchus ,
& aux plus iiluftres des ñeros. Eliennous apprp.d
qu’Aíexandre avoit Ies cheveux blonds {Jt-lian.
Var. Uífi. 1. 12. c. 14.% En conféquence de
cette noíion, j’ai rétabli ailleurs {Mouum. Anz.
CHE
V. 1. c. 46.) le fens ce ce paíTage d’Athénée
Í^Athen. Deipn. l. 1^. p. Gox. A.) : SJ^’
{o-tiesBih:;) oZ-i >A/my xicTmcutíy As-j/.áÍtjíí PaíTage
qu’on avoit appliqué jufqu alors aux cheveux noirs
d’Apolio.n , & qui avoit été entendu de méme
par Franqois Junius {^lun. de PiB. vet. l. 3. c. 5.
p. 232.). Au moyen du figne ddnterrogatioñ ,
ce paíTage recoit un fens tout oppofé. Cette cou-
leur blonde des cheveux eíl auíli nommee
( PkUoft. l. I. Icón. 4. p. 768. ) j & Icrfque Lu-
créce (é 4. v- II54-) dit nigra^
il confirme Je fens de notre paffage 5 car ce poete,
en parlant des fiatteries impertinentes qu’oa pro-
digue au beau fexe , cite entr’autres celie-ci , de
nommer une jeune filie qui a des cheveux noirs
fitXixfüos , pour lui donner une beauté qu’elíe n’a
pas. De la maniére dont on avoit interprété juf-
qu’ici Simonide, cité parÁthénée, ií réfuireroit
qu’il auroit contredit le chantre d’Achille, qui ne
caraélérife aucun de fes perfonnages par des che-
veux noirs. ’s
Apolion efl. célebre pour fa chevelure blonde. Cette
couleur éroit chez les Grecs Pattribut de ^la
■ beauté méme pour Ies jeunes hommes. Homere
la donne á Achille & á Ménélas. Théfée eít blond
dans Ovide Se dans Catulle. Philoftrate dépeint
Jafon de la meme cou!eur._ (Edipe paroit avec
áesckeveux blonds dans Euripide, & Hippolite dans
Sénéque. Les poetes ont chante auíli la blonde
chevelure de Mercure & celle de Bacchus. Les
raafques des jeunes gens fur Ies théátres étmeat
gariiis d’une chevelure blonde, afin de les faite
reconnoítre 5 ou plutót , coriime dit Poliux , afin
de les faire reíTembler au beau dieu , S-s»
, a Apolion.
Les cheveux noirs , au qontraire , annonqoient
chez les poetes gtecs la laideur. Euripide appel.e
"Pluton , divinité a h noire ckeve-
lure. , . o '
Chez Ies Grecs , Ies ckeveux droits & epars
annonqoient la douleur. Les mafques des fernmes
qui dans les tragédies apportoient la nouvelle de
quelque malheur, étoient garnis de longs cheveux
épars & flottans fur les épaules.
Cette couleur blonde qui caradtérife les^ peu-
ples feptentrionaux , & que la nature brulante
des contrées méridionales femble refufer a leurs
habitans , faifoit Pambirion des Grecques & des
Romaines. Pour Pimiterelles répandirent fur leurs
chevelures des poudres iaunes Se rouffes; e.les les
teisnirent avec du faffran , & plus fouvent avec
du brout-de-noix. Pline dit des fmits du noyer
( XV. 22.) : Tinguntur coriice earum lans,
tur capillus primum prodeuntibus^ nucu.is. nc
teinture plus forte de ce brout teignoit en brun,
& les fernmes ágées l’employoient pour degul e>
leurs cheveux bfanes {Tibul. 1. 9. 43') '
'Tum ¡ludiiim forme , coma tune muiatur ^ ut anuos
Mijpmulet , virldi cornee tiuña nuefs.
CHE
Quelques Phüologues ont eonclu de certains
paíTages d’auteurs latins mal-entendus , que les
dames romaines , matror^a, , aííeñoienc de faire
paroitre noirs Icurs cheve-ux , pour fe diñinguer
des courtifannes , chez qiii la coukur bionde
étoit !a plus recherchée. Cespaífages fonc pris dans
deux Scholiartes. Celui de Juvénal expliquant les
deux vers ñir Meífaline {Sat. ri. izo.) :
Sed nigrum fiavo capuz ahfcoTzdtnte galera
Intravlt calidum veteri centone lupanar.
dit que Ies dames porroient une fauíTe ckevelure
bruñe tandis que celle des courtifannes étoit
^noire : tegumento. ..... quo utebantur mere-
trices flavo j nigro ndm crine matrona utebantur.
Servius cite les mémes vers de Juvénal , en expli-
quant le <>98“ vers da iv^ livre de fEnéide ; & il
ajoute que Ton ne repréfentoit jamais les dames
romaines avec une ckevelure bionde j mais qukn
leur en donnoit toujours une noire : Matronis num~
quam flava coma dabatur , fledn igra.
II eft facile de détruire Topinion de ces Philo-
logues. D'abord les vers de Juvénal expriment
fimplement les eíforts que faifoit pour fe dé^ifer
la femme de Claude 5 & le plus titile fans doute
étoit de cacher fa ckevelure noite. fous une bionde.
D’ailleurs Servius doit étre expliqué parlui-méme ;
or il cite Catón ^ un des plus anciens écrivains
de Rome , qui dit que Ies dames frottoient avec
une pommade jaune ieurs cheveux , pour les faire
paroitre blonds ; matronas crines fl,avo ciñere unc-
titajfe j ut rutila effent.
Ne voyons-nous pas ordináirement les poetes
latins chanter Ies cheveux blonds des dames les
plus diñinguées par leur naiíTance oa par leur
beauté ? ce qu'iis n’auroient pas fait s’ils euíTenr
été l’attribut diftinílif des courtifannes. Ovidedit
de Lucréce iPofi. rJ. 763.) ;
Forma placel , niveuf que color , flavique capilli.
Virgüe dit auíli de Lavinre ( JEneid. xii. íoy. ) :
Filia prima manu flavos Lavinia crines. . .
Properce enfin de fa chére Cynthie ( il. 2. 77. ) :
Fulva -coma efi , long&que manus , &c.
« J’ai , dit vl’inckelman , dans fon hiñoire de
Fart^ pea de chofe á faire obferver fur les cke-
velures des figures grecques de Fancien ñyle : elles
offrent rarementdes í:.^£veaxbouc!és;& engénéral
les cheveux font toujours plus négligés aux teces
de femmes qifá ceiles des hommes. Aux figures
du haut ílyle ^ Ies cheveux font peignés fimple-
ment par-deííusla tete, & forrr.ent des íillons
BJubyans j ceux des jeunes Siles font rdcvés &
C El E
775
noués fur le fommet de la tete , ou attachés en
un feul noeud, & aiTujettis par une aiguille fur
le derriére de la tete {Pauflan. l. 3. p- 638. l. zz.
/. 10. p. 862. l. 4. /. I. p. 3. /. 26.). Une médaille
d’argent trés-rare de la ville de Tárente, repréfente
Taras , fils de Neptune , á cheval comme il Feft
fur la plupart des médailles de Tárente , mais
avec cette particnlarité qu il a les cheveux noués
fur la tete , comme ceux des jeunes filies ; de
forte quil feroit douter de fon fexe, íi Fartiíle
bavoit pas eu foin de Findiquer tres-diñincle-
ment. On voit de plus fous le cheval un mafqiie
tragique. C’eft avec cette limplicité de coétrure
que paroilToit toujours fur le théátre le principal
perfonnage de femme dans les tragédies grecques
( Scalig. Poet. l. I. c. 14. p. 23. D.). Quant á Fai-
guille de tere , propre á affujettir les cheveux des
jeunes filies , elle eft rarement vifible dans Ies-
figures qui nous reftent. Móntfaucon rapporte
une feule figure romaine , fur la tete de laqaelle
on la remarque ; mais cette aiguille n'eft pas
Vacus difcriminalis ¡ qui fervo.'t á féparer ou á
former les cheveux en boucles, comme le croy'oit
ce favant (Montfaucon, Ant. expliq. fuppl. t. 3.
p. 4. ). »
“ Quelquefóis les cheveux des femmes font
noués par derriére á une certaine diílance de la,
tete-, & defcendent en groíTes touffes fous la
bandelette qui Ies lie , comme on le voit aux
figures étrufques de Fun & de Fautre fexe. Ckft
ainíi que font arrangés les cheveux de la Pallas
de la Villa-Albani , ceux d^une petire Pallas qui a
été tranfportée de Rome en Anglererre, des Ca-
ryatides de la Villa-Négroni , ceux enfin de la
Diane du cabinet d’EJercuIanum , & de pluíieurs
autres figures. II réfulre de ces faits que Gori skft
trompé en difant que les cheveux traites de cette
maniere ,, font des caraftéres- du ftyle étrufque
{Muf. Etr. t. I. p. loi.). Quant aux treílés
attachées autour de la téte , relies que Michel-
Ange en a donné aux deux ftatues de femmes du
tombeau du pape Jales ÍI, on n'en a jamais vu
á aucune ftatue antique , quoiqiie pluíieurs tetes-
de dames romaines offrent des coéffures de che-
veux poftiches. C'eñ ainíi que Lucille , femme
de Fempereur Lucius-Vérus (ftatue confen/ée au
Capiíole) j a des cheveux de marbre noir, qui
font adaptes de fi^on qu on peut les enlever d
volonté. » _
Pluíieurs ftatues antiques nous oíFrent des
cheveux colores en rouge. On en voit de pareüs
á la Diane du cabinet d’HerciiIanum , á une petire
Vénus dii méme 'cabinet , qui preíTe des deux
mains fes cheveux inouiiles , & a une ftatue de
femme drapée , ayant une tere idéale ftatue pla-
cee dans la cour du cháteau dé Portici. Les che-
veux de la Venus de Médicis étoient dores, ainíi
que ceux d’une tete d'ApolIon du cabinet du
fapitole. =•
“ 11 étoit que
quefois f ufage de fe couper íes
77^ CHE
cjie-c-dx. On ne voj’oit point de ckeveux á une
peinture d’Erhra, mere de rhéfée {Paufar^. 1.
lo. 86i. L 11-) , ni a une femme ágée . dans
un table-u de Polygnote coufervé á Delphes Cié-
p. SÍ4. l- 2-7 ■ Puriv. Pkcenijf. v. 37).) Cet ufage
déiignoit fans doute le deuil conftant des veuves>
conuiae ceiui de Clytemneíire & d'Hécube {Euriv.
Ipkig. AuL. V. 1438. Troad. v. 480. Heder..
■V. 1093. 1134- 1240.). Les enfans fe coupoient
auíTi les ckeveux á la more de leur pére {Eurip.
Eieci.v. 108. i88. 241. ^^K-Epigr. gr. apr. Orvil.
Anim. in Chañe, p. 3Ó5. ) 5 ce que nous appren-
nent Eieíire & Orefte , ílatues dé la Yilla-Ludo-
vifi , appelées mal-á-propos le jeune Papirius
avec fa mere. Nous trouvons encore que les
maris jaloux conpoient Ies cheveux á leurs fem-
mes j foit pour les punir de leurs planteries j
fcit pour les forcer de reíler á la múíon {Antkol.
l. 7. p. 453. l. 17.). Sur des médaiiles & fur des
tableaux antiques , on vo!t quelquefois des tetes de
femmes & de d jeíTes qui ont les cheveux envelcp-
pés dans un réfeau , comme les femmes dltalie
les portent- encore aujourd’hui dans leurs mai-
fons. Cecte efpéce de boruiet fe nommoit KsKfl-
<p£ÍA5?.
Dans le noiTibre des grandes tetes de bronze
trouvées á Herculanum , il s’en trouve íix trés-
rernarquables ^ fur-tout les trois premieres , á
caufe du travail des cheveux , dont Ies boucles
ont été foLicées & ajoutées aprés coup. L’une
de ces tetes , & la plus ancienne (car elle porte
to’js les caracteres de la plus hiute antiquJté ) ,
a cinquante boucles roulées j comme íi elies
étoie.nt formées par un fil d'archal de la groffeur
d°un?, piume a écrire- La feconde a foixante-huit
boucles j mais qui font applaties , & reíTemblent
a des bandes étroites de papier qu'on auroit
roiilees avec les doigtSj & enfuite tirées pour les
aüonger ; les boucles qui fe trouvent dertiére le
cou ont douze révoliitions. Ces deux retes repré-
fentent de jeuaes héros fans barbe. Les boucles
de la chevelure de la troiíiéme tete j qui porte
une longue barbe ¡ r.e font fondees que fur les
cótés. Cette tete mérite fur-tout d'étre admirée
pour Pexécution , comme étant inSriiment fupé-
rieure á celle de tous nos artilles modernes j c'eft
un des plus parfairs ouvrages qui foient aa monde j
& Winckelmann alílsre qti'en aucnn genre on ne
peut ríen voir-de plus exquis. On luí donne le
nom de Platón ¡ máis il la croyoit plutót une
sete idéale.
« Phytagore^ de Rhégiumdans la grande Grece^
fut le premier fculpteur grec qui traíta les cke-
veiLx avec foiu ( Plin. lih. 54. c. 19. 4. 4.). Cette
indicatiori dit Winckeimann , peut fervir á fixer
ráse de certaines ftatues. Nous remarquons á
quelques figures i d’une exécution trés-favante ,
que les cheveux & Ies poils font groupés en
petites boucles cr epees & rangées par étages ; les
cheveux de ces ilstiies fsat travailíés djns le
CHE
jr.éme gout que oeux des véritables figures étruf-
ques. Dans le fallón du palais Farnéfe fi fe
trouve deux llatues exécutées de cette maniere.
Qiioique rangées parmi les plus belles qui foient
á Rome, elles ont cependant les cheveux tra-
vaillés dans ce ílyle gene , ce qui prouve un
fyíléme requ qui s’étoit écarté de la nature. Je
remarquerai au furplus qu’il y a beaucoitp
de figures des meilleurs rems , dont les cheveux
font traite's avec aíTez peu de foin : je citerai ,
par exemple , Niobé:, fes fiis & fes filies. Comme
Pythagore fut le premier qui termina les cheveux
avec plus de liberté, on peut croirc que les íla-
tues dans Ies deux gentes ^ foit avec des ckeveux
dans le goác étrufqus, foit avec des cheveux d'un
travail moins fini , ne fauroient avoir été faiteft.
aprés ¡e tems de cet artille. 11 faur done qu'elles
foient du meme tems , 011 qu’elles remoñtent plus
haut : de cette induction nous tirerons la proba-
bilite que lé groupe de Niobé peut étre aítribué
plutót á Scopas qu'a Praxitéle. =3
Cn peut done reconnoitre en general les figu-
res étrufoues & du premier ftyle des Crees , aiix
cheveux longs, & aux poils des parties naturelles
que les Crees des ages fuivans n’exprimpienc
p¡US‘.
Des cheveux travailíés au trépan annoncent le
tems de la décadence de Tart.
« Que les cheveux iongs íc partagés fur le haut
du front en deux touíFcs, difent les auteurs de U
nouveüe Diplomatique ,,aicnr été a la mede íous,
la premíete dynaílie de nos Rois , c elt un fait
certain, ” Ceíí la coatume des rois des Franes
" dit Ágathias,, auteur du vP líécle , de ne fe
5= f-iire jamais couper les cheveux : toute leur cke-
« velare leur defceiid décemmeiit fur les epaules.
« C'eft une marque & une prérogative d'hon-
« neur attachées a la famiiie royale. Leurs fuiets
” fe font couper les cheveux en rond , & il n£
33 leur eíl point du tout permis de les lanTer croi-
=3 tre davantage. 33 Le roi les ponoit trés-lonss ,
fes enfans & fes parens de méme; & la nobleiTe
á proportion de fon rang. Le peuple étoit plus
ou moins rafe ^ & Ies ferfs réroie.nt torrdemert,
du moins parmi les Bourguignons ; mais Thomme
payant tribuí ne l’écoit pas tout-á-fait. Hoye^
Chevelus. 33
. « Pepin & Charlemagne mépriferent les che-
veuxlongs Síñottans. Le dérnierles porta courís,
& fut imité par fes fucceífeurs. En^ effet , -es
tetes des rois cario vingiens impnmees íur .es
feeaux , dont le P. Mabiilon avoit vu un
nombre , offrent des cheveux tondus en ron^ . Se
qui ne paffent pas les épauíes- 33
cc On recommen^a fous Hugue-Capet a porter
les ckeveux plus longs. La mode des longues
ckevelures s'accrédita ce plus en plus jufqu au*
rrúlieu du xiie fiéde. Elle déplut alors aux eve-
ques j & devint une affiire áe religión. Les tas-
ques qui iaiífoient croitre leurs cheveux , turej.t
excoüununietf
CHE
«rcommuniés en plufieurs provinces de France.
La crainte de rexconimunicadon & de Te rendre
coupables d un péché imaginaire ^ fi: tant d'im-
preflion fur Ies efprits , que Henn IL roí d'An-
gleterre, & Louis le Jeune , Roi de France ,
firent couper leurs ckeveux & ceux des feigneurs
<ie leurs cours. Néanmoins Philippe-AuguRe Se:
Louis VIII portérent encore des ckeveux longs ;
niais depuis S. Louis mchifivemcnt jufqu á Louis
XIII j nos rois ne les ont portes que fort courts.
Les ckeveux de S. Louis, de Charles V. de Louis
XII, reís qtfon les voit dans leurs portraics, fur
Ies fceaux & leurs monnoies , ne palTent pas le
lailieu du col. <* Sous Louis XIII la mode chan-
■=» gea 5 comme il aimoit les ckeveux-, dic Saint-
» Foix , on luí fit plaiíir de les porter longs.
Ce changement embarraíTa les courtifaas 5 ceux
>• de la vieiil’e cour , qui étoient á demi-rafés ,
“ rurent contraints , pour fe mettre a la mode ,
** de prendre des loins ou perruques. II eft furpre-
” nant qa une coelfure aufli commode que la
perruque , & qui étoit íi commune parmi les
M Grecs & les Romains , n’ait été en ufage en
* France que depuis le régne de Louis XIíí. »
CHEVRE, Cet animal étoit reveré á Mendés
en Egypte. II y étoit défendu á'en tuer aucune,
parce qu’on croyoit que Pan, la grande divinité
de cette ville , s'étoit caché fous la figure d'une
^hevre. Auífi le repréfentoit-on avec une face de
chevre. Les chévriers étoient auffi en grand hon-
neur dans ce pays-lá : fur-tout un, dit Hérodote
(íVz Euterpe) , á la mort duquel on faifoit un
grand deuil. Pendant qu'á Mendés on avoir de la
vénération pour les ckevres , & qu"on n'y immo-
loit que des brebis } dans la T-hébaide , au cen-
iraire. Ies viélimes ordinaires étoient des ckevres,
& on y refpcéloir les brebis.
« Dans un pays de plaine , dit M. Paw, &
tnéme dans une terre marécageufe comme celle
du Nóme Mendétique , les ckevres ont pu fournir
un poil propre au commerce , & non un aiiment
fort fain : auíS s’en abílenoit-on dans toute Pé-
tendue de ce Nóme & dans fes environs. La
Thébaíde, qui eft un pays de rochers & de mon-
tagnes , ou ces animaux pouvoient pakre dans
des déferts moins humi^es , on permettoit de les
tuer & de s’en nourrir. II y a des endroits en
Europe oü la loi a été jufqu’au point de défendre
aux habitaos d’entretenir des ckevres , qui font
de grands dégács dans les foréts & les pépi-
niéres > ot on ne voit pas que cette loi ait paru
aíTez génante pour qu’on ait penfé férieufeinent
á s’en plaindre Le chancelier Thomas Morus
dic que jamais I’Angletcrre ne fue plus prés de fa
turne, que quand tousles propriéíaires vouiurent
y ivoir des treupeaux de moutons , ce qui oc-
caíibnna d’abord une dépopulation extréme dans
íes campagnes , & fit enfin manquer de pain
jufques dans Londres. II eft done avantageux que
Anxiquilés ¡ Tome I,
CHE r-n
le légiílateur veille fans ceíTe fur toutes ces cho-
fes , qui ne font ni au-deíTous de !ui, ni indignes
ae lui. Si Ies monumens des Egt'ptiens n’ étoient
pas cquverts de tañe de ténébres , peut-étre y
verroit-on quelle a été leur pólice á cet égard ;
car on ne fauroit diré que la fuperílition feuie les
giudoir. M
On immcloit auífi des ckevres blanches á Apol-
Ion (Lzv. hb. ly c. 12.), parce que cet animal
avoit découvert á Delphes l’ouverture d’un antre
fur laquelle_ la Pythie étoit obligée de s’afleoir
pour recevoir le foufHe divin. La ckevre étoit auífi
une viaime agréable á Junon-Aerata , ainíi qu’á
Pan & a Diane. Júpiter chériíToit la ckevre Amal-
THÉEfFbyfj ce mct.). Les Jetes facrifioienc
tous les ans une ckevre blanche aux manes d’Ho-
mére , parce que cet animal avoit découvert le
tombeau du chantre d’Achille. Les Lacédémo-
niens {Xenopk. in. Republ. Lacedim.) Ies Celtes
iJElian.^ Var. Hifi. 1. 12. c. 23.^ avoient cou-
turne d’immoler une chevre , lorfqu'iis étoient ea
préfence des ennemis.
Un paífaged’Eudoxe,- alteré par Ies copiftes &
rapporté par Athénée 9. p. 392.) , a faic
croire que Ies Phéniciens offroient des cailles ea
facrifice á ílercule , parce que ce héros , fiis de
Júpiter & d’Añérie, ayant été tué par Typhon,
fut rappelé á la vie parlolaiis, qui lui préfenta
une caille á flarrer. Mais le favant Jablonski 3
prouve fuffifamment qu’il falloit fubñituer des
ckevres aux caüles , & lire dans le pafiTage d’Eu-
doxe au-lieu de 'ífrvyit; & «fi-aya,
Cet oryx eft la chevre-mambrine , ou ckevre dll
Levant , commune en Egypte , en Lybie , &c.
On fait d’ailkurs que les Égyptiens immo-
loient des oryx á leurs divinicés vers le tems de
l’équinoxe du printems.
II étoit défendu á Rome , au Flamine de Júpi-
ter , de manger de la ckevre , de la toucher &
méme de prononcer fon nom. Plutarque ( Qusfi.
Rom. 109. ) donne pour raifon de cette défenfe
le mal caduc auquel on croyoit les ckevres fujet-
te_s.
"Cerré incommodité n’empechoit pas que Ies
bergers & Ies chévriers ne s’habillaffenr de leurs
peaux 5 que Ies Arabes - Scénites ne fiífent des
rentes avec leurs poils , que les matelots n’em-
pioyaffent ces mémes poils pour former le riíTa
des voiies de vailTeaux , &c. Feftus Avienus (/«
ora mariti. ) dit que les Efpagnols en faifoient le
méme emploi :
Hirts, hic capelU , & multas ineotis capa'
Dumofa f emper Ínter errant cefpitum.
Cafirorum in ufum & naaticis velamina ,
ProiuBioreS & graves fetas alune.
On irouve dans
Stofeh (7® h
la colleclion du barca de
. 43.) un jafpe rouge, fur
Fffff
77§ CHE
IcGuei font quatre ckevres , placees de maniere
c!rc¡!es!)'ontqa’unereiüetétecornniuneauxcu?.tre.
jDeux d'entr’elles font couchéeSj & Tune d'eiles
aüaite fon cheTreaa. Au revers de cette pierre
font gravees ces caraéléres bifarres Smxiaf. Sur
une páte antique de ¡a méme collefíion^ on voit
un Faune qui trait une ckevre , deííin commun
íur Ies pierres gravees. Mais ce qu°il y a de fort
extraordinaire ^ eft dV voir le Faune avec la tete
d’un bouc ^ & ia ckevre avec celle d'une femme.
Ce n’eñ peut-érre qu’un caprice du graveur.
Chevre (on voir ordinairetnent. une) fur les
médailles en Macédoine.
CHEVREAU j vidiime la plus agréable au dieu
Faune & aux autres divinités champétres.
Les anciens regardoient le ckevreau comme un
manger trés-déiicat , Se ils en fervoient dans lés
repas les plus fplendides {Atken. L i. c. i. l. c.
6. /. 9. c. 3. 13. ). Juvénal vante (Sat. xi.) la
bonté d’un ckevreau du territoire de Tivoli.
CKEVREüIL. Les anciens en fervoient dans
les repas 5 & Athénée en fait mention.
CHIA j furnom de Diane. Elle fut ainfi appe-
lée du cuite qu"on lui rendoit á Chio ^ ou elle
aveit un temple & une ílatue célebres. On difoit
que cette rtatue regardoit aVec févérité ceux qui
entroient dans le temple , & avec fatisfaéiion
ceux qui en fortoient. Si ce n’étoit pas un pref-
tige foutenu par la crédulité & la funerfiinon,
on peut Fexpliquer par une illufion d'optique que
produifoit pour ceux qui entroient un proíil fé-
vére 3 & pour ceux qui fortoient le profil riant
de cette ñatue:, pofée vraifemblablement á i’un
¿es cótés du portique d’entrée.
CHlEiS. Cet animal étoit confacré á Mercure ^
comme proteñeur des bergers. On immoloit le
ckien á Hécate 8c á Mars chez Ies Cariens. La
chair des ieunes chiens étoit réputée íi puré ,
qu’on l’oífroit aux dieiix en facrifice j dit Pline ,
& qu’on fervoit de la chair de chien dans Ies
repas prepares pour Ies dieux mémes. Les ckiéns
étoient en grand honneur dans f Egypre j mais la ¡
vénération des Egyptien-s diminua beaucoup ^
felón Plutarque , aprés que Cambife eut rué
Apis 5 & que Tayant jeté á la voirie le' ckien
feul entre tous íes animaux alia fe repaitre de
fon cadavre. On gardoit un ckien á Rome dans le !
temple d’Efculape. Les Romains en cruciñoient
nn tous le' sus ^ en punition de ce que Ies chiens
Fie les avoiiHt pts avertis, par leur aboyement ^
de farrivée des Gtuioisj qui afliégérent le Ca-
pitole. II y avoit un pays en Ethiopie , dit Elien ^
dor.-t les habirans avoient pour roí un ckien, & '
ils prencient fes cared'es ou fes aboiemens pour
des marques de fa bienveillance ou de fa colére.
Autour du temple confacré á Vulcain fur le mont
Etna , :i y a des chiens facrés ^ dit k jnéme ‘
C H I
I Elien, qui Sattent de !eur queue ceux qui apoto-
cnent moueírement & avec dévotion du temple
^ du L-ois ; mais qid mordent , dévorent ceux
dont ;es raains fofit fouiüées de auelque forfait
& chaffent les hommes & les femmes qui y
viennent pour des intrigues amoureufes. Enfia
Íes Harpies font appelées les chiens de Júpiter
p^arce qu il s’en fervit pour chátier Phinée. Voye\
Canícule^ Erígone 3 Eélape 3 Procris.
Les Egyptiens fculptoient en demi- relief des
‘^hiem á la porre de ieurs temples, pour marquer,
dit Kircher, la vigilance dont ils font le fymbole^
& que doivenr avoá les princes dans le'gouver-
neaient- Strabon dit que Ton adoroit des chiens
dans la viile égyptienne qui portoit leur nom,
dans Cynopolis.
«11 eíl trés-faux, felón M. Paw, que Ies chiens
aienr perdu, aprés I'invafion des Perfes, í’eílime
des Egyptiens 3^ comme Plutarque le foutient ;
car lis ne dévorérent point, ainfi qu’on le croit.
Apis bleííé par Cambyfe , puifque les
Pretres firent embaumer cet animal , qui mourut
long-tems aprés cette bieíTure dans fon temple.D’aifi
Ieurs Ies Perfes avoient plus de vénération pour les
chiens que les Egyptiens mémes, comme on peut le
conclure non-feulement des coutumes des Pariis
étabiis aujourd’hui aux Indes , mais encore des
ordres donnés aüx ambafíadeurs de Darius-No-
thus. Ils enjoignirent de la part de ce prince aux
Carthaginois de ne plus manger des chiens comme
tant de Cynophages de FAfrique } & les Sophé-
tins promirent , au nom du fénat , de faire renon-
cer le peuple á cet aliment (Juftin: Hift: lih. xix.
cap. r.y, Cet ufage fingulier , qui devint l’objet
d’une négociation , intéreíTóit done beaucoup Ies
Aiages. ^3
« Par le défaut de tranrpíration , dit encore M.
Paw \Reck. r. i. p. ií2.). Ies chiens font fujets,
au Levant & dans les Indes, á la lépre, a la rage
& á la gonorrhée ; il femble done cu on auroit
dú y avoir pour eux encore plus d’horreur que
pour les cochens. Mais c'eíl rout i-e contraire :
les qualités morales du ckien Tavoient emporté
fur fes indirpoíitions , & ii étoit au nombre des
premiers animaux auxquels les Egyotiens aienr
rendu un cuite. Au reftc , ce feroit faite tort aux
lamieres des préires , de croire qu’xls ont á cet
égard ignoré le danger , puTqu’ils avouoient
eux-mémes que ceux qu’on chargeoit d’em&aii-
mer Ies chiens facrés , lorfou’ils étoient morts de
l’hydrophobie ou de I?. rage , en contraítoient
une maladie & en devenoient fplénétiques , üii-
vant l’exDreflion grecqiie , employee par le tra-
ducleur d’Orus-Apolion C Jí/cro^/y/.ézíiz , lit:. i.
cap. 38. )- Mais ces embaumeurs n’étoient pas
admis dans la premiére ciaíTe facer.Ictale , com-
pofée d’hommes prefque inaccefíibles , & dont
Ies précautions étoient extremes. Au refíe , cí%
accidens n’éroient pas fort ccmmuns, loríque
les Egyptiens entretenoien: les chiens avec beaur
C H í
eaup de foin ; mais auiourd’hiii que !es Tures
^ Araoes les nourriíleiit mal j prefque rous
ceux qu’on voit en Egypte fon: atteints plus ou
moms d'une íbrre de leprei »
Clément d Alexandiie (Strom. j. p. f6j.) dit
que le ciñen étoit confacré á Ifis en pardcuüer ,
& que Ton en phecit deux au fond du vafe qui
^diquoit la crúe du INil ^ pour défigner Ies deux
hcmiipneres - & la garde qubn ieur en avok
confiée. Diodore de Sicile (/ió. i.) donne ur^e
autre raiíbii de cette confécration á Ifis ; il ia
trouv^e Qans la compagnie iidéie que le cklea tint
pendan: qu'elle cherchóle le corps
d Oiins tue par l yphon. Cbíl pourquoi ^ ajoure-
t-n j on fiiifoit marcher des chiens devane les
pompes ddfís.
Ees Grecs & les Romains dreíToient leurs ekíens
avec foin. Jíénophon rfa pas dédaigné d’entrer
dans quelque détail fur la connoiíTance & fur
l-educat!'(3n de ces ardmaux. Gratius^ poete latín,
ks a^ chantes dans fon Cynegeücon. Les Grecs
laifoient cas des chiens indiens , locriens & fpartia-
tes. Les Romains regardoient Ies moloíTes comme
íes pms hard!S5 Ies pannoniens, les bretons , les
gauiois , les^acarnaniens , &c. comme Ies plus
vigoureux j Ies crétois , les étoliens , Ies tofeans
&c. comme les plus intelligens ; les belges, les
íicanibres , 8cc. comme Ies plus vites. Le chien
de Xannpe, pere de Péneles, étoit célebre dans
i antiquite. Son maítre s'étant embarqué fans iui
pour Salamine , cet animal fe precipita dans Ies
eaux fuivit le vaiñeau á la nage.
Les anciens confioient la garde de leurs portes
á des chiens , qui furent appelés á caufe de cela
canes ofliarzi. On les attachoit avec une chame
dans le logement des portiers , comme nous
l’apprenons de Suétone ( Vit. c. ló. n. 4.) .• Con-
fagit in cellnlam janitoris , religato , pro foribus
cañe. Plante appelle une porte gardée par un
chien, mordax jan.ua. Souvant au-lieu de chien,
on fe contentoit d^écrire fur le logement du
portier : preñez garde au chien , cave canem ;
Se C Petrgn. c. 29. ) Ton peignoit auíu quelquefois
fur la muraiüe uu chien enchainé : Ád finiftram
intrantibus non longe ab ofiiarii celia canls ingens
caleña 'cmcius in pariete eral picius , fuperque qua-
drata litera feriptum , cave , cave caxem. Cette
expreffion devint proverbiale , & ¡bn sbn fer-
v!t pour défigner queiqa'un que Ton ¿evoit
íuir.
On confioit aux chiens !a garde du Capitole
( Ciccr. pro Sext. liofc. c, 10.) .... Canes alun~
lur m Capitolio , ut Jlgnificent , fi fares venerint.
Maís üs s’en acqaiiteren: mal lors de Lt venue
des Gauiois ; & on les en puniíToit tous ¡es ans,
«omme nous i’avons dit plus haut. Les temples
furent auíli confies á la garde de ces animaux
(.r^rnob. VI. p. 20 j.) ; Indigna res , & petentiam
defirií-ens , auciorztatemque , fummjrum cufiodiarn
numinum canutn jolicitudinicii.s credere.
C H I
779
La rencontre imprévue d'un chien noir étoit
regardée comme un mauvais augure ( Terent.
Pkonn. IV. .• IntroUt in sdes ater alienas
canis. C étoit encore plus dangereux de rencon-
trer une ckienne pieine ( Horat. Od. iil. zj.
Impíos parrs recinentzs ornen
Dacac & prsgnans canis.
Les^ aboiemens noélurnes de cet animal jetoient
auíTi la coníternation dans les efprits (Dio. xlv.
p. 278.).
On fe fervit quelquefois des chiens dans Ies
combats.'Aíyattes , roi de Lybie , Ies employa
pour chaíTer les Cimmériens de TAfie.
Le chien étoit une viciime agréable aux lares
& aux penares ; & fouvent leurs fiatues font
revétues de la peau de ces animaux. Les llores
couvroient aufli leurs teres avec les dépouilies
des chiens, pour défigner, felón Athénée ( l. 14.),
ia fervitude abjecle ou les avoisnt réduits les
Lacédémoniens.
Les mémes Lacédémoniens avoíent coutume.
de couper un chien en deux motceaux , Se de:
paíTer religieufement entre ces deux parties déchi-
rées, pour fe purger de quelque críme' iPlatarc.
Qasft. Rom. til.). Tite-Live í¿ib. 40. c. 6.) 8c
Quinte-Curce {lib. 10. c. 9.) attefíent que dans
certaines féres appelées Xantiques, ¡es rois de
Macédoine faifoient déñier leurs foldats entre ¡es
deux moitiés du corps d^un chien , pour en faire
le dénombrement & pour Ies purifier de leurs-
crimes.
La paffion de quelques anciens pour Ies chiens
fut '1 grande, qifils Ieur éievérenr'destombeaux ;
tel fut entrbutres Fempereur Hadrien. Spartien"
( c. 20. ) dit dé- iui : Equos & canes íic amavzt ,
ut eis fepalcra confiituerct. On les jetoit quel-
quelois fur le bucher de leurs maitres (^Plín.
Epzfi. IV. z 3') •' Üubebat puer canes majores
minorefque oranes Regulas circa rogum
trzzcidavit.
Les anciens faifoient fculpter des chiens fur
leurs tombenux , foi: pour en reprefesirer le gar-
dien, foit pour expri.mer la íidéüté culis avoient
gardée dans le mariage. Trimalclon , dra-is Pétronc
icap. 71.) donnant le deíiin de fon tombeau ,-
recommande á Fouvrier de placer rapetire chier.ne
aux pieds de fa fiatae.
“ Jbi declaré, dit le comte de Caylus <.JpKec.
V. pl. XXII.) , plus d’une fois ¡ron fentimenc
fur Fexcés auquel ¡es Romains ont pouiTé I2
recherche & ¡a repréfentation des petits animaux
exécutés en bron/.e. Ce goút étoit u fort en
eux , qu’or: en trouve autant de ceux que FEu-
rope Ieur fourniíToir, que des aiitres páreles du_
monde. Quelques-unes de ces efnécesde chiens,
que i’ai rapponces en plufieürs endroits de ce
F f f f i ij
7Sc € K I
recHei! ^-prouvent , ce me femblej que l‘amure-
jnent S-:í' habitiide decespetitsobjets coñduirolent;
íbüvent Íes Romains dans cetts recherche 3 &
que la fuperítition n'étoit pas toujpurs leur
niorif. Ce dogue avec fon coilier, en eít une
prciivs. K
II prouve que fon efpéce étoit connue des
anciens. Mais le iévrier eíl Fefpéce de ckk?z quhis
cnt repréfenté ie plus fcuvent j fur-tout pour faire
¿es anfes de vafe.
Sur un bas-relief de la Villa- Albani , publié
dans les Monmentí’ A'nticki de Winckejixiann 3 on;
Toit un ckiert place au-deíTus du tonneau de
Diogene. CVtoit le fymbole des philofophes
cyniques ; & Ton en avoit placé un fur une co-
lonne de marbre qui étok éíevée fur le tombeau
du méme Phiiofophe,
'Lts. ckiens étoient en particulier ractribut de
Diane3 de Méléagre j & des autres.divínkés atnies
¿es chaiTeurs Se de la chaífe-.,
Kicias & Leucon {Antkol. l. 6. c. i. Ep. t. p,
41 1.) fe rendirent célebres par la vérité ¿es chiens
qu'iis fculptérent.
Anubis eft repréfenté ordinairement avec une
tete de chien. Cbft ainíi que Fon voit á la Vilja-
Aibani & au pa,lais Barberini 3 une petite figure
affife ayant une tete fembiable j elies»font Fuñe
& Fautre de granit ncirátre..
Winckelmann ( Colhch. de Stofek , i®., cihjle ,
n'’. 103.) fait obferver á ce fujet quejes ehré-,
í'ens grecs du moyen age repréfentoient S. Chrif-
íophe avec une tete de ¡.k/ea 3 comnae le dieu
Ánabis , pour montrer que ce faint étoit du pays
des Cynocéphales (Pin. Commentar. Vit. S. ehrif-
tpph. §. 6. ir, AB. SS. Anu FüL vol. vi. pag. 137.).
II paroit- ayee cette tete dans les peintures d'un
sncien Ménologe de bois , qui de !a bioliothé-
que_du Marquis Capponi 3. eíl paffée dans ceile du.
V^tícan.
Chien (on volt un) fur les médailles des Ma-
asertins 3 da Matonee 3 de Ph^ñus 3 de Roma ,
de Ségeíle , de Nucrinurn Sr de Tyr. Lorfque ce.t
animal paroit auprés d''une coquille3 il indique
la ville de Tytj auprés de iaquelle le ekíen d’Her-
cule ayant naange des mar ex ,, revint- avec le
mufeau. teint de pourpre 3 & fit connoitre cette
belle couleur.
Le chien d’ÜIyíTe eíl placé , comme le fymbole
de la fidéiité3 fur une médaille confuláife djrgent
de la famiile Mamilia. On y voit d’un cóté la tete •
de Mercare couverte dUspétafe & ie caducée ; de
Fautre un homme en habit de voyageur , appuyé
de ¡a main gauche fur un long báton , tendant
la drene á un chien. qui feinbie le reconnoitre
& s’approcher.pour le careífer. C’eñ Faventure
d’Ulyñe chantée dans FOdylTée. Cette médaille 3
dont-lajégende eíl c. MAMIL. liMEXA.j a été
reflituée- par Trajan.
CKiBN-de-mer 3. requin j lamie ou carchariasi
C H T
Lycophron Sí Fhaverin appellentHercule Tpírst-
fasj le dieu aax trois nuits-3.parGe qu’on difoitqa*
Neptune vouian: fe venger du fils d’Aicmíne ,
avoit fait brifer Ies vaiíléaux quii avoit amenes
pour bruier TroyCi & envoyé un chien de roer
qui Fengloutit lui-méme. Hercule. paita trois
jours & trois nuits dans ce fépulcr-e YÍvant3 d’ou
ii fortit cependant fain & fauf 3 n ayant perdu que
res cheveux.
CHIEinNE. On trouve dans GruterCyyS. 5.)
I’épkaphe d’une efclave de Livie , qui étok chai-?
gée du foki de fa petite cMehne :
OSSA
AUK.ELIA.E. UVIAE. AüG
1
SER. a'. CüR. CATELLáE
AURELIOS. ERGS
OSTIAR
' CHIFFES ■) 3 • 1 ^
CHIFFONS f (papíei^a*-)-
a- Si Fon s’en rapporte3 difent les auteurs áe
la nouvelie Diplomatique j au P. du Halde 3 « en
» Fannée de Férc chrétienne un.vieux man»
» darin du palais mk en oeuvre....,- de vieusc'
» morceaux de pitees de chanvre déja ufé......
» dont il forma..... du papier. " C eíl fur 1 -auto—
rité d’un iivre chinois qu'il s’appaie. 1. p..
^np.). Un autre Iivre 3 intitulé Soag kien tchi poa,,
’ qui traite le mtéme fujet , dit que dans la,
province de Se-tcku-en , le papier fe fait de.
chanvre. Kao-Tfong, troiíié.mé empereur de la..
; grande dynaíhe des Tang3 fit faire un excelient-
papier de chanvre. Csfait une fois bien conílaté,
il faudroit chercher chez Ies Latins I’origine du-
papier de ckife. On auroit tout fujet de^ croire-
que de la Chine cette découverte fe feroit com-
muniquée aúx peuples voifins , de proche. en
proche 5 que des Sarrafins elle feroit paífeé aux-
Grecs , & des Grecs aux Latins du.tems cíes croi-.
fades. Car quoique chez les Grecs- & Ies Arabes-
on ne treuva psut-étre alors que du papier de.
coton 3 Ja fabrique de celui de chiffe eíl á-peu-prés la.
mémej & il étoit fort aatiirel de-fame e.-s Occidenc
des vieux larabeaux de Unge le méme ufags qu on
faifeit en Orient de ceux de coton. »
« La plupart des- gens de lettres font- remon-
ter parmi nous Fin ventian oala fabrique du papier
de chifé , au-delá de fix cents ans.^Tons s auto-
rifent d'un témoignage de Fierre le Vénera..le.
( Eihlioth. Claniac. p. 1070. ) .. abbe de Clunyj .
dans fon Traite contre les Juifs. « Les livres,
» dit-il 3 que nous lifons toas les jours 3 font faits
” de peau de bélier 3 ou de bouc 3 ou de veau 3
5= ou de plantes orientales 3 ou de chijfc. Ex rajarzs-
» Ces derniers mots 3 felón
Bernard de . Montfaucon , fignifient alíurémen^'S.-
C H I
papíer td qixe nous l’employons aujourd’hiii. II
y done des livres au xii= iiécie. Mais
iíafrfi entená les paroles de Fierre Mauricsj
non du papier de ckiffe^ mais du papier de cocon
(Ij^or. Diplom.p. 77. ; j paree que’pour le faire
on mettoit en ceuvre les iambeaux des habits de
cette étoíFej comme on le fert aujoiird'hiii de
ceux du linge pour la fabrique de notre pa-
pier. «
“ Le P. Hardoain prérendoit avoir vu des inC-
trumens ancerieurs au xiii® fiécle en papier de
ckiffe y mais Maffe» ne craint pas d’avancer qiFil
1 a confondu avec le papier de coton. A prendre
Ies termes a la rigiieur en croiroit que la meme
ehofe feroií arrivée au célebre Muratori. Qiioi-
» que noiis prononcions^ dit-il fans héliter que
notre papier vulgaire a commencé des ie x'= íié-
“ clCj nousagírons avec plus d’aíTurance, íi nous
» en diíFérons- Pufage plus fréquent au xi= lié-
“ ele. » Ne femble-t-il pas attaeher rim-ention
Papier de ckiffe au x'- íiécle ^ & fon ufage
ordinaire au liécle fuivant ? Mais fon papier vul-
gaire eíl le papier de coton. Car c’eft ainíi , felón
luí j qLui fíat d’abord nommé á moins qu’on
E entende par chana bombyeina le papier de ckiffe.
Ji defere á Taatorité de Bernard de Montfaucon
jufqa’á faife remonrer avec iui l’origine de ce
papier au liécle j, fans prétendre fe prévaioir
de ce qub'í n’avoit. jamais trouvé de manuferit du
méme papier plus ancien que ie xii« liécle. Or ,
le P. de Montfaucon étoir bien éloigné de placer
I ufage du papier de ckiffe au x= liécle ^ íi ce iféll
en tant qu’ii droit fon origine du papier de
coton 5 luí oui declare, que quelques reckerckes
qu il air faites ^ tant en Italie qu en F ranee , il na
jamais va ni livre , ni. feuille de papier tel que
nous r employans aujourd'kui , quz ne fút écrit
depuis S. Lcuzs ( Mém. de V Aerad, des Injcript.
t, p. Edit. Holl.^. “
« MafFéi femble vouloir rapprocher encore plus
de notre tems finvention ^ & méme l’ufage du
papier de ckiffe. En Iralie , dit-iíj oú Fart de
fabriquer ce papier eíl né ^ je ne me fouviens
point d^en avoir vu de plus ancien que le xive
íiécle j & il ne m'eíl point pallé par les mains
d'aéie en cette matiére d'isne antiquité plus recu-
Iéej_que lacharte donnée par Tévéque de Vérone
en 1367, pouraccorder finveítitiure de certaines
dimes á Gregorio MafFéi. D'Hérouval avoit décou-
vert & fait voir ( de re Hipl. p. 39. ) á D. Mabil-
lon du papier de ckiffe 3 plus vieux au moins d’un
demi-liécle. Cétoit unekttre de Joinviile á Louis
X3 ou le Hutin. »
« L’abbé de Godwic s’explique( Chron. Godwic.
hb.x. cap. I. n. 2. y' en fort peu de mots fur Je
papier de coton & le papier de Quelques-
uns 3 dit - il , rapprochent Tufage du papier dé
ckiffe au XI' fiécle 3 quelques autres au xii'j
íaute d avoir , felón nous 3 diítingaé le papier
de. coton de celui de ckiffe Nous crovons
C H I
d^^i^ que 3 u:age de ce dernier rut a peine érab!;'
a\a.it e XiV'fiecle j quoique nous ne prérendions-
temoignages rapporlés par iu,
Mao.^mn 3 iort eciaire tlaas ces íbrres de maíié-
^ retr.onterie papier de ckiffe jaC-
qu a J XII ^ iiecie. L aurear de la nouveüe üioio-
ti_.3.e_le Aeneraole 3 interpréte par Henrf de Va-
° atieres monumens que des manuferits de
la fin du xiii'fiede. Gudenus per.íé a-peu-ptés de--
3m^nie , Syd/oge v_arzor^Dip¿omat. Pref. pag. 1.)
ui qui^ne fait point remouter les commenceme^s-
de 1 uage au papier de ckiffe au déla de Fan
iZoO. ccLes Arabes ayant íbumis FEgypte &
loríente dit Juvenel ( Effais fur rUiJi. des^
» Bell. Lett. des Sciences cí des Arts 3 feconde
17440 p. 3 31- y de Cadeneas 3
5’ íubítituerent a 1 ancien paoier celui de ckiffons
” 0“ i portérenten Efoagne,,
» & de-la le répandirent en Allernagne au com--
« mencement du xiv' liécles _c eíl de ces peuples’
” que nous tenons notre papier^ » Cec écrivain
nous auroit fait plaifir de citer fes garantsi car xuous-
ne voyons point que Fufage du papier de ckiffe
foitplus ancien en Efpagne ni en Alfemagne qu en'
France3 ni que nous le tenions plutót des Arabes
que des Grecs. »
ce Quoique perfonne n’ait encore ofé fixer au-
juñe le tems auquel commenca Fufage de notre
papier 3 on ne peut recular fon invention plus
tard- qu’au xiii' liécle , ai fon ufage- ordinaire
au-delá du xiv=. Mais on ne s’en""eíl prefque-
jamais fervi quand on a vouJu dreíiér des ¿ctes^
. aiii devoient erre tranfmis- á une pcílérité lorr-
éloignée. »
« Des le XV' & méme des le xi v' liécle 3 on
avoit reconnii I'inconvénient qu’il y avoir de
confier Ies acles publics á du papier de cAffe.
Ceíl pourquoi dans les diplomes ou priviléges3-
par lefqueis les empereurs donaoient 3 á ceux
qu'iis élevoient á la ’dignicé de comte , ie pou-
voir de' creer des notaires 3 o.n inféroit cette
daufe : a condition que les notaires écriront ¡es
acies pubiies fur dü parchemin j & non pas fur
des cartes raclées ou fur du papier : ¿n membra-
nis & non in chartis abrafis .nec vapyro : ou bien^.
non. in papyro nec chana veteri & aérafd , féd in-
membrana mundá ií nava. Le papier dont on défen--
doit Fufage daiis les aétes , n'étoit pas diíFérenc
du notre. II fembleroit néanmoinsj á enrendre-
HerriuSj que les empereurs d’Aiiem.agneauroient
que¡quefois3 maistrés-raremest. donnédes dipló--
mes- en ce papier (Dijfen. de Diplomat. Germ,
Imperatorum & Rcgum:,p. 16. ). 5=
Jafqu'á 17623 Fépoque de Finyention du papier'
de ckiffon en Europe étant demeurée fort incer--
taine 3 Meerman propofa Un prix de 25- ducats
a celui qui préfenteroit le plus ancien monumentt
écrit fur cette efpéce de papier; & il pubiia un’
programme larin 3 dans lequei ii expofoit fem—
C H I
/
Híairement les opinions de plaíieurs autears fur
ce point hiftorique. Excites par ce programme ,
Ies favans firent des recherches ^ envoyérent á
Meerman des méir.oires en forme de iettres oú
chacun diioit fon avis , citoit les monumens ;
& le recüeil de toutes ces piéces fnt imprimé
á la Haie , chez. Yan-Daalen , en 1767 ,
Aucun des memoires dn recueil ne determine préci-
fément que! eft ie monument connu le plus anclen
qui foit ¿cric fur du papier de ckzjfon ; mais i! eít
démontré que fon a fait ufage de cette efpéce de
papier avant Taniiée ijco. Nous'renvoyons au
recueil de Meerman j & nous ne mettrons fous les
yeux de nos ledteurs , qu un précis de ce que dit
lá-deíTus M. Tabbé Andrés j tom. I. pag. 202 &
fuivantes ^ de fon excellent ouvrage ^ imprimé á
rimprimerie royale de Parme , en 1782 , ,
fous ce titre : de ¿‘origine , progrejjl e flato actúale
d‘ogni litteratara.
Aprés avoir indiqué les plus anciens monu-
inens écrits fur papier, qui exiñent foir en France ,
foit en Efpagne;, M. Pabbé Andrés aflure.que le
papier de íbie fut fabriqué trés-anciennement en
Chine Se dans les parties orientales de fAue ;
que de la Chine Fufage en a paifé en Perfe en
éj2 , & á la Mecque en 706. Les Arabes fubíti-
tuérent á la foie le cotcn , plus comm-un dans
Jeur pays. Le papier de coton fe répandit en
A frique & en Éfpagne parjes Arabes j qui s’en
fervirent jufqu'á ce que les bfpagnols, reconnoif-
fant qu’ils pouvoient íe fervir du hn , fort com-
mun dans le royaume de V alence , imaginérent
de Temployer pour le papier , au-lieu da coton
qu’ií falloit tirer de fétranger. Auíh le plus anden
papier de lin fe trouve-t-il etre celui de Xativa ,
de*Vaienee & de la Catalogne. .Les provinces
méridionales de TEfpagne s'en fervirent plus tard.
De TEfpagne le papier de lin paífa en France ,
cu nous voyons une ietire de Joinvüle á S. Louis ¡
inorr en 1270, & une piéce d'un duc de Bour-
EognCj datée de 1302, toutes deux écrites fur
ce papier. De France il paífa en Aliemagne , ou
en le trouve en 13^^ ^ I32’2 5 ae-lá en An-
gleterre en 1320, ou en I5^4' A 1 egard de 1 Ita-
lie , conrrne par fos commerce avec le Levant
elle avoit en abondance du papier de coton ,
eüe fit bien plus tard que i’Efpagne S: la France
ufage de celui de lin , dont la fabrique^en cette
contrée ne suntroduiiit á Padoue & a i revife ^
que vers le milieu du quatorziéme íiécle. De
maniere que fabbé Tirabofehi Se d'autres écri-
vains italiens ont été aveuglés par 1 arnour de la
patrie , quand ils ont avancé que I Itaiie etoit ;a
premicre contrée de l'Europe ou Ion avoit em-
ployé ie papier de lin.
Tel eft en fubftance le récit de M. Andrés; i! en
réfuíte , comme fon voit , que fon a fast u.fige
du papier de lin ou de chiflón avant f an 1 500; mais
il fiut convenir que cet ufage ne remonte guéres
C H I
plus haat que fati i2jo. L’almanach de Gotha ,
pour fannée 1777 , dit, a farticie des découver-
tes faites en Europe , que ia pius ancienne feiúiie
de papier de chiflón eíl de 1 3 1 9 5 5; que M. Mure
fa trouvée dans, les archives de Nur-emberg.
Cette feuiüe de i3i9eftpeut-étreiapLus ancienne
dont en ait fak ufage e.n Aliemigae; mais il eli
conñant que f Efpagne a employé cette efpéce de
papier avant 1519.
CHÍFFRES GRECS.
« Les. caracteres , difent les auteurs de la nou-
velle Diplomatique f r. p. yit.Jj ¿ont les
anciens fe fervoicnt pour compter & pour abré-
ger les noms des nombres , for.t de véntables
figles. A fexemple des Hébreiix j íes Grecs &
les Romains donnérent á leurs iettres une valeur ,
en fuivant fordre que chacune tenost dans fal-
phabet , ou en rendant les termes numeriques
par leur élément initial. Chez les Grecs ^ par
exempíe, fl eft la lettre initiale de í» pour^.-cs,
qui fignifie an ¡ le ts du mot Tsítlt , cinq i le A
íiu mot ^íx.tt , dix. L'h vaut cent , parce qu il
commence le mot , & f x iignifie mihe ,
du mot Mais en qiiel tems s eíl-on avifé
d^aííisner un nombre á chacune des Iettres . de
f alphabet ? Quel eft le premier des ^ Grecs qui
s’en eft fervi pour coriípter? En general les uns
attribuent la fcience des nombres á IViercure, ies
autres á la déeífe Numéiia ; les uns a Abraham ,
les autres á Theiitdemon , & ia piupart aux Phe-
niciens. Mais qn ne croic pas que 1 invention des
chiffres remonte á ces premiers tems. L on em-
ploya d’ábord les diíférentes inñexions & poii-
tions des doigts , pour íignifier ies differens nom-
bres. LMn compra encore avec de petits caiiloiiX ,
calculi , & de-!á les termes de calcal & de calca-
ler. Yint enfuite finvention des ch flresj, dont
Tite-Live fait (A 7. c. 3.) honneur á Minerve__;
ce qui fignifie á proprement parier que cet. hn-—
torien n^en connoiiToit point le oremier aULear.
Platón .fDí Rep. l. 7. p. 697.) & _S. .Athana^^
( Adverf. Gentes.) iss Qonnent a ralamede.^in-
dore.de Séviüe^ & ie vénérabk Bede en ront
auteurs Pythagore & Micomaque. Or ^ le pms
ancien de ces inventeurs vivoit long-tems ajires
que Cadmus eut apporté ies Iettres en ^Gr;,ce.
Cependanc le Préfident fiouhier rflcis it
ter. Dijfert. ad <calcem Pals-ogr. j p- J
fapoofe c'Yelles étoient deja numeriques oi
qu'eiles y turen* apportées. Mais ii eít beanc./im
plus probable qu’elies ne le dev'inrent qu <tpr?s
que f alphabet grec fut compiec. ^
«Dans les Iettres forméss, dont 1 i^lags
iufou'au XI- fiéc'e , ¡es cveques de a r..n-\,
df-Mlemagne err.ployérent un certain nomuíe u-
Iettres numérales erecqués. On peut yon
colleaion (LMid, tom.
Gonciies, !a valeur, les diverfes ífgnihca JO'y-S
myiíére de ces caraejéresj au ¡rmyen áeiM'u.
C H I
Étrusques.
^phabeto etrufc. pr^f. pae. ci.xii in ^ Uc
Éf no fervoíent de lettres pour marqir
xyí ^ '“^^X2.,c'efrá-d¡re.
& iri.-? " XXXVIII. Dans le premier
& ie deinier nombre IV renverfé a la vaJeur
de cinq, comme chez les Romains.
Roxíains.
eouvSj? 'n- de la
onr/rrn '‘“Que , que les Romains , qui
croi’- rí./ compter? Si Ion en
fir-r*- modernes , les anciens Latins ne
rm.n pas ufage des lettres numérales , comme
om-nfor '"r ‘;?™’^iJi’ement. Pour étayer cette
M contre laquelle dépofent
Daro¡es ‘h monumens , on allegue ces
^ ^r •*'l-dore de Sáville^ qui vivoit au
^ aaííOT números ad Hueras non
Ví '^nrT’^' ^ excepte exprelTérnent
íí > qui vaut un , & VX, dont la figure , dit-ií
.arque ja croix & le nombre dix. z^. Prifcien
qui vivoit en 52 parlant des nombres & de la
- . -ere de compter des GrecSj dit aue les Latins
ies ont imites d'aíTez prés. li trouv'e 1 origine &
Ja vaieur des cbiffres romains dans Ies nombres
g-ecs. La lettre L, par exemple , défigne le nom-
D.e de cmquante cliez les Latins, parce aue chez
Jes anciens Grecs elle fe mettoit pour TN , qui
vaüt -parcülement cinquante felón leur manié're
ae compter 3°. Les nombres romains fe mon-
trent dans les infcriptions du premier age, &
dans Jes plus anciens manufcrits. On sen fert pour
dminguer Ies livres dans le faraeux Virgile de
fioiOTce, ecrit au v^ Jiéde. Jufouau iv^ on
empioya le caraSére grec C, qui eft le C carré,
pour marquer le nombre centenaire. L’ufage des
c/iijfres lomains ne fut done point introduic dans
les tems d'ignomnce, comme on le dit dans TEn-
c>xIopedie j d apres quelques modernes.-' II fe
pfi'Jt faire^ neanmoins que ces cMjfres ne remon-
a la plus haure antiquité; car lorfque
récnture étoit encore rare chez ies Romains,
US comptoient les années avec des clous , & la
maniere de les attacher devinr dans la fuite u-ne
edrémoníe de leur religión. 35
« Quand Lufage de 1 ecriture fut devenu com-
mun,ll,¡\'^iX,lL,]eC,leDSc; TM furent
les fpals caradéres latins deílinés á marquer les
nombres ; au-Iieu que dans fhébreu , le grec &
Jes langues d’Orier!t,toutes Ies lettres font numé-
rales. Cette difette de ckifres chez les Romains,
•*£S orilífTí»'.' A — ^ t . ? 1
C H I 785
* de kur faire ñgnifier plufieurs unités, di.vaines j
cemames ou miliiers.Toutefois on ne voit sucres
mmapuer Jes V & les L, mais ies I & Ies X v
luppleent. Ces íix lettres combinées étoient por^
tees jufqu'á cent niille , au-deffus defquels* on
pretenu que les anciens Romains ne connoiííbient
point de nombres. Lorfqu’ils tiroienr une lione
fur quelqu’un de leurs cí/p-es , ii valoit alors
autant de tois mille qu’i! renfermoit d'imités au-
paravant. Au-lieu de mettre autant d'Aí cae de
miJJe , lis fe contentérent de les repréfenter par
autant d’I furmontés d'un barre. Ainíi ILXyiIlI
valoit mille foixante-neuf. Cette barre fur TÍ un
peu abaiíTée forma un T, qui íigniíie mili-
Cette lettre renverfée x a quelquefois la mime
iignification. La lettre X, qui deile-méme ne
%nifi,e que dix, avec une barre X vaut dix mille.
1 L furmont^ d’une ligne défigne cinquante
mille, & le C cent mille. Ces barres ou lignes
iionfontales furent placees d’abord fur les ckif-
/rej pour Ies diftinguer des lettres; mais dans
Ja luiré elles ont fervi á diíHnguer les millié-
mes. »
« Lorfqu on écrivoit plufieurs unités , le pre-
mier & le dernier I étoient proíongés au-deílus
des autres , co.mme dans IíiI vir , quatuor-v¿r
Iiiril V2R ^ Jex-vir. m
“ Le D feul marque ckiq cent. On en détacha
la ligne _ perpendiculaire , d’oú réfuíta la figure
I 3 j qui conferva la méme valeur. «
L’M tant capitale qu'onciale no fignifíe mille ,
parce qu’elle eft la premiére du mot" mille. Mais
comme onciale, elle s'eft infenfiblement changee
en ces quatre figures CID, CD , OC, m, fans
ríen perdre de fa valeur. La figure 00 paroít plu-
fieurs fois dans un afte de Ravenne de i’an 44a.
Les copiñes ont quelquefois confondu tous ces
caraéléres avec Vm , faute de connoítre les xap-
portsqahls ont avec Yo-, onciale, d’oii i!s defeen-
dent. Si quelquefois on trouve FL entre les C
comme CLD, cela vient de Fignorance des co-
piftes qui , ayant vu que FI s'éléve ordinaire-
ment au-deiTus ds cId , ils Font pris pour une
L. »
^ donbler , tripler , quadrup'er leurs
caracteres nuxnériques, felón qu'iis svoient befoi.n
“ L"X renverfé fervoit encore de mille. Ainfi
í^r<r>é CCC. XXCy, veut dire trois mille trois
ce.nt quatre- vingt-cinq. On marquoit quatre-
vingt-dix avec un X Se un C, en cette forte XC,
parce que le C figniíie par lui-méme cent , &
que le dix X eft une diñraítion du cent. « Air.ü
» toutes les fois qti’il y a une figure de moincre
» valeur deváiit une plus haute, elle marque qufil
» faut autant rabattre de la grande figure , comme
” IV', quatre, XL , quarante, Src. » On peut
done croire que les ckipres XXCV figninent feu-
lement quatre-vingt-cfnq. Un manuferit de V^enife
práfente cette expreifion XXC, pour marquer le
nombre des píeos que Pjine denns á Fobélifcus
C H I
erand cirque romain. On a auffi decouvert la
ié^ie iTianiére de chiíirer XXCV dañs un tres-
beau manufcrit ce ia bibüothéque du Roí > cotte
6707 Ces deux manufcrits , Fun du ix & 1 aiitre
da 'niefiéde, ne préfentenc done point pour
fobéi;''que les CXXV pieds, quon lit dans les
dditions de Pline. Telleellen gépérai la maniere
¿ont les anciens fe fervoient de ieurs letcres nu-
mérales. Dans la fuite toutes les lettres de 1 al-
nhabet latín ont été prifes pour des chifres. li
entre dans notre deíTem d’examiner quel ufase
on en a fait depuis eax dans les principales con -
trées de 1 Europe. ”
cc Dans les anciens manufcrits on écrjt quatre
par IIÍI. & r.on par IV. On lit dans Virg.ie de
Florence , á ia tete du quatneme livre de 1 fc.-
néide ; Indpit lib. lili, ftliclter ¡ Sí a la tete du
neuviéme IVb. y lili feliciter. Le manufcrit du
Roí 4-884, du fiécle, offre le nombre qua-
tre écrit de la méme maniere; 8c le nombre neuí
eft rendu par VIIII , á moins qu il n ufe du lix
avtc trois 111 , ce qui n eíl pas tare* G.e manu-
fetit , ainii que les autres_plus anciens , fe íert
de rX avant l'L pour marquer quarante. Dans
le beau S. Hilaire de la mém.e bibliotheque ,
on commence au a8' cahier á marquer les íigna-
tures de cette'forre XXqlI. Ainfi l’épiféme des
-Orees étoit en ufage d« le V' íiécie dans les
fnanuferits latins. Celui de Sainr-Oermain-des-
Prés . n-*’. 1311 , écrit au vii^ íiécie, préfente
une maniere íuiguliere de compter les mois Sí
les jours de l’annee- On lít a la page deuxieme :
v7c. dXXXl.K dec.IIIL^n. FlII.Jd XFIIII.
K j anuarias . feb . in Ka XXXII- in id. XLIIII.
Ce qui fignifie que le mois de décembre ají
iours ; que des calendes de décembre aux nones
il y en a quatre , des nones aux ides 8, des ides
aux calendes de janvier 19 ; Fannée a au jour
des calendes de février jz jours, 56 aux nones,
& aux ides 44. Tous les mois & Ies jours d.e
i’année font ainfi calculés.
« Les manufcrits emploientquelquefois rJlong
parmi les chipes. Lcrfqu ü eli furmonté d’une
íiane J , il fignifie mille. Dans le rnanufcritdu roí
107 , le nombre des yerfets du livre ae Judith
eíl défigné par JCCC , ceft-á-dire, mille trois
cent ; Sí celui du livre de Tobie par J. Les
chipes. Sí fur-tout les I, font de différent,e hau-
íeur par caprice. Le manufcrit royal 5836, Sí
plufieurs autres en fourniíTent des exemples. .Au-
iieu du V , on marquoit qaelquefois cinq I. Ainfi
écrit-on le nombre cinquante-cinq Lililí , dans
le manufcrit de l'abbaye de Saint-Germain 738 ,
¿u VIH- fiécle. On y voit plufieurs fois une partie
de ces I écrits en deíTous. Le demi , femis , eft
exprimé par une S placee a la fin des autres
chipes XenS, c’eft-á-dire, quatre-vingt-douze
¿emi. Cette S prend la figure de notre 5 dans
C H I
rancíen Polyptique de l’abbaye de S. Remi de
Reims. Elle fe montre jufqu á quatre fois dant
le modéle de ce manufcrit , publié par D. Ma-
billon. Raban , dans fon livre du comput , faít
figniíier á ce ckipre , femis ou lix onces. II eft
difíicile de faire quadrer cette fignificatioi^avec cet
endroít du polyptique de S. Remi , ova IlCVllS,
deux mille cent fept oeufs Sí demi, a moins qu’on
ne Fentende du prix auquel la redevance de ces
oeufs étoit évaluée. ”
ce L’ancien manufcrit des loix des Wifigotlis ,
raclé pour écrire les hommes illuftres de S. Jé-
rdme , laiíié appercevoir une fingularité , ea
marquant auífi deux cent quatre-vingt-dix ccixl,
au-Iieu que nous écrivons CCXC. Dans le ma-
nufcrit 936 de ia bibüothéque de Saint-Germain-
des-Prés, les canons du concile de Carthage,
depuis le 89 , font auífi chiftrés de la forte ,
Ixl. 90, Ixli. 91 , Ixlii. 91, Ixliii. 93 , Ixliiii.
94, Ixiv. 93 , Ixiq. 96. Les ckiffres des canons
font accompagnés d’ornemens noirs , rouges &
verts , Sí cela quelquefois a 1 alternative. lis
font fouvent entrelaííes les uns dans les autres ,
Sí fur-tout Ies X ; c’eft ce que nous avons obferve
particuliérement dans le manufcrit 12.78 de la
méme abbaye. »
cc L’abbé Dubos ne connoiíToit aucun manufcrit
de l’hiftoire de Grégoire de Tours, copie du
tems des rois déla premiére race , ou le nombre
des années fue écrit tout aulotig. II y eft tou-
jours- repréfenté en chipes romams. Sous la le-
conde race , on avoit coutume , tant en Dance
qu en Allemagne , de dater en ces mémes chipes.
Le méme ufage perfévéra conftamment íous la
troifiéme 3 au moins jiifqu au^xv^ ^
on commenga en France á méler les chipes ro-
, main avec Ies chipes arabes. »
cc Les anciens chronographes ou emblemcS
n’admettent point le D au nombre des lettres
numérales. Outre les preuves que nous en don-
nons á l’article D , on en trouvera d’autres dans
le tome fecond des variétés kiftoriques , phyjtquef
& littéraires. »
« Les anciens Efpagnols fe fervoient des mé-
mes Chiprés romains que nous ; mais as tire
méme - tems ufage de plufieurs nombres fingu-
liers. Remarquons feulement ici en gener q
i’X de forme ordinaire , qui fignifie dix , g*
le nombre de quarante , lorfqu onajoute^^^^
haut du jambage droit un demi-cercle. ^
favans , pour n’avoir pas fait attention a ce
ajouté d FX , ont lu fimplement dix . ^
devoient iire quarante. Cette mepri-e a p
des anachronifmes , qui ont donne a^U ^ .
fer divers diplomes de fuppofition Dan
monumens efpagnols le T vaut mille. - j .w
en donne des preuves foüdes. En ajoutan
points fui cette lettre , elle ne ügni&s p*u q
I
C H I
^0. Néanmoins D. Mabillon n’y vol: qüj I’f íie5
Romaias , cas deíigne mille. On trouve l’X
Ibas cetce forme ’í- dans un adié de la Polygra-
phie efpagnole , daré /¿¿i era DCCCC L'i- Vülí,
c’eíí: á-dire ^ ■ie i’cre neaf cent foixante-neuf.
C'eil: á tort que dom Jofeph Peivs routicnt qubn
Efpagne on n’écrivoic jamnis cinq par lííll. La
Polvgraphie efpagnole íourmr des preuves de
cetre maniere de chnlirer. Mais ce favant béné-
dicHíij profeSenr Jes ¡angues dans racadémie
de Saíamanque , a raiibn d'aíTurer que les cinq í
ayanr queiqaetois Icars piedsrouinés les uns vers
les autres & entrelairés , peuvent iignifier Vlil.
Morales dit que les ísracicres connus dans les
titres de fa natioa fonr l'L & l’XL, d’une iigure
un peu gothique. Cu refte ^ le chigre romain s'y
eíl mainrenii jufques dans le xv® íiec'e.
cc Les Allemands ont long-rems ufé de chijfres
romains, a-peu préscomme on faifoir en France.
Dans ces ckiffres ¡es V en pointe fonr beaucoup
plus fréquens que ¡es L arrondis^, ou plurót ¡es
U obtus par le bas. Raban réduit á fept les let-
íres numérales , qui chez les Larins , dit-ilj ne
fe mulriplient pas par elles-mémes plus de quatre
foss. D. Mabiiion tournit des exempics du con-
traire. Wakher a recaeilii , dans fon Lexicón
diplomatique d'abréviations , Ies figures des cAif-
fres uíítés en Allemagns depms le vm® íiecle
juqu’au XV®. ”
cc Les dates en ckifres romains farent autre-
fbis d’un ufage pfefque univerfel j & elles nbnt
jamais eré enti^ement abolles. Les lettres numé-
rales dans les manuferits font les mémes que dans
les chartes. Les quatre a níi figurés lili font d’un
ufage ordinaire. Les C & íes M font prefque
autant mult'piiés, L’X eít répété , quoique rare-
ment ¡ jufqu’á ííx fois pour foixante. Mais les
quatre X font aífez communémenc empioyés
pour quarante & pour quatre vingt-dix ^ quand
ils font précédés de L. On trace fouvent une
efpéce de kuit arabe OO pofé horifontalement
au íieu de l’M. Dans queiques anciens titres Ies
chiffres font marqués á rebourSj comnie VíX ,
C.u’on a pris pour cinquante-neuf, au-lieu qu’il
íígnine XVL Cette maniere de chilTrer revlent
á ce!Ie-ci : fexto décimo , au-lieu de décimo fexto.
La date de l’an de rincarnation milie douze eíl
ainíi exprimée L X!I., dans une ancienne notice
des archives de Jumiéges. Dans une aiitre l’année
íoy4 eft rendue par ces ckiffres ILIV. «
ce Le millléme eíl fouvent omis, fiir-tout dans
ie.: chatres & les autres monumens de France &
d'Efnagne, Dans un diplome original dqPhiltppe
1 , roí de France , on lit anno dominics, incarna-
íionis LX.’^ ° Le miiléfime qu’on a écrit aii-deíTus
eft d’une main poftérieure. Le canulaire de Sou-
ciiange offre une charte alnfi datee t Imperante
domino riofiro Jtfu-Ckrifto , anno ab Incarnatione
ipfius CXI. & Ludovico Rege í rar-coTum regnanti
Antiqukés , Tc-me I.
C íi I 75)
anno lili. c’ert-Eáirej l’an MCXí, la quatrieine
année da régne de Louis-le-Gros. »
“_?our abréger les dates , on omettoit encere
p'uíieurs autres nombres d’années , 3c fur-tout
les rentaines. , D. Mabillon le prouve par une
charte d’Efpagne ainíi datée : ¿ra d-jcarrer.te LXIi.
c’eit-á-dire , dans i’ére DCCCLXií , fousle régne
du roi Alphonfe, ce qui revient á i’aa de Jéfus-
Chriñ 8.54. La premiére éJitiondu livre de Gail-
¡aunie de Paris eft datee de i’an MLV, quei-
qu’eile ait para en MDLV- Par une femblable
omiíñon des centaines , la lertre d’Eiafme, placee
a la tete de l’édition des ceavres Je S. Cyprien,
n’eft datée que de MXIX , au-iieu de MDXlXh
On ne manque point d’ex'emples pour montrer-
qu’on datoic queiqaetois feulemenc de i’annéc
du íiecle couranr. Les éditiouS cu glcíTaíre latín
de M. du Cange , prodmfent un acte daté feule-
ment de L'an de grace de notre Seigneur foixante--
quatre pqno'iapiW foit certainement de 13Í34. Dans
le regifíre A da parlement de Paris , fol. 1 recio ,
le privüége accordé aux écoliers de l’univeríité,
porte la date de l’an trois cent foixante & íix.
Ce privüége néanmoins fut accordé par Charles
V en 1360. Dans un arree du parlement de Tou-
ioufe , il eft fait mention d’un privilége accordé
aux habitaos du Languedoc, l’an CCCCLXXXIII
avanr paques; ce qui figniíie l’an 1483- On he
dans un manufcritde rimitatson de Jéfus-Chnft,
appartenant á l’abbaye de Melk , qu’il a été achevé
dit Kiliani 34, c’eft-á-dire , le jour de S. Küien,
l’an 1434 ; & dans un autre anno 21 , ce qui
figniíie 1421. Rymer a piiblié Ies conventions
faites entre lean, duc de Normandie, fiis de Phi-
lippe de Valois. & les Normanás, dans lefquelles
ceux-ci s’obiigent á fuivre Je duc en Angl-etcrre
avec quarante miile hommes , pour faire use
feconde fois la conquéte de ce royaume. L’aéte
eft daté du bois de Vincennes , ie 23 mars l’an
38 : il eft vifible que non-feu!ement !e milliéme,
inais encore Ies centiémes ose éte om:s , & que
les conventions ne font datees que de i annee
courante , c’eíl-a- díte , de l’an 1 3 3 8. «
ce II eft impomnr d’obferver que les anciens
exprimoient fouvent les nombres par des comp-
res ronds , Se qu’iis paflbient fous filence les
nombres impatfaits. Cette maniere ce compter
n’eft pas rare dans les livres facrés. On la trouve
dans les monumens. 11 eft certain , Se p.,r—
fonne ne Pignore , que les peres du troifiéme con-
cile d’Ephéfe étoient au nombre de 274. Néan-
raoins la feconde profeffion de foi , rapportée
dans le Diurnum Romanum , l’appeile feulement
un concile de deux cents peres, iucentorum fanc-
torum patrum. Selon cette maniere de compter .
l’éoitaphegravée fur le tombeaudeChariemagne,
porte Gue ce prince mourut feptiiagenaíre, c eft-
á-dire, agéde foixante-dixans. Eginard , fon fecre-
ta'ire & fon confident, qui rapporte cette inferip-
tion , ns kifís pas de dire qu li mourut dans la
Ggggg
C H I
je. Cet autear n’a pu ignorer l’áge de
.itre , donr il écrivoit la vie ; Tépitaphe
ic fuivi un compre rcnd ^ en donnanr 70
á Charlemagne au-Iieu de 72. Les anciens
-talognes des papes ne donnent á Jean XIII que
Áx ans onze mois Se cinq ¡ours de pontincat.
Cependant fon épitaphe porte qifil a tenu le
faint-ííége pendant fept années. D. Mabillon cite
line charte de Raonlj évéque de Chálons, datée
delaXXVLannée du régne deLorhairCj quoique
la 27= courut depuis ie mois ¿‘oélobre. C'eft que
pour faire un compre rond, on ne mettoit point
enligne de compre le furplus de la 26- année. «La
« plupart des hiftoriens qai onc marqué les com-
mencemens du regñe de Clovis II le font
M régner les uns 17 ans & les autres 18 ; &
33 apparemment ces hiftoriens s’accordent en
33 ce que ceux qui luí donnent 18 ans de régne
33 comptent la 18- qu°il commenpa , 8c les autres
33 ne la comptent point. =3 Cette obfervation fur
les années caves ou incomplettes ^ fert fouvent á
concilier les dates. II eft done eíTentiel de bien
examiner fi les anciens parlent d’une année com-
mencée , ou d"une année acbevée j ou d'une année
qui ne fait que de commencer ^ ou d’une année
qui finir. D. Mabillon trouve quelque rapport
entre la fuppreflion des années caves ou incom-
plettes , avec Tomi-ftion du milliéme & des cen-
tiémes , lorfqu’ils font precedes d’aíTez prés par
les mémes nombres. Par exemple , lorfqu^on écrir
ML , ou feulement L , pour lignifier Tannée
MCCCCL. 33
cc Quelque commode que fut Tufage des chiffres
romains^ii avoit auííi des iñeonvéniens. Lescopif-
tes y ont fait & y font encore mille fautes. Con-
tentons-nous de quelques exemples. Une lettre
origínale qui eft dáns les archives de la cathédrale
de Clermontj porte cette date : faBa carta ipfa
anno III. X. regnante Henrico rege Francorum. On a
fait íignifier á ces chiffres trois fois dix , 8c en
conféquence on a rapporté cette date á Pannée
MXXX de Jéfus-Chrift j au-lieu de la rapporter
á la XIIL année du régne de Henri 1 5 & pour
qufil n'y manquat rien , ajoate Ealuze ^ on y a
ajouté le milliéme qui n°eft pas dans foriginal.
C’eft par de femblab’es bévues qu'une multi-
tude de chartes font déclarées.fautives dans leurs
dates. Comme les deux jambages du V fe rap-
prochent & fe confondent fouvent avec le nom-
bre lí 5 les copiñes ont pris l’un pour Tautre
L“h carré Sr Pü arrondi par le bas, ont encore
donné lien á un plus gi-and nombre de méprifes^
a caufe de leur reífemblance avec le ckiffre ÍI.
Piine, dans Ies anciennes éditions, affiire que de
fon tems on a vu deux éc'ipfes en XII jours ;
quoiqu'il foit naturellement impoffible que cela
arrive en fi peii de tems. On croit avec beau-
coup de fondement qif une faute lí groffiére doit
étre mife fur le compre des copiftes ignorans ou
peu attentifs ^ qui ont pris Tu ou Tv pour II 5 &
C H I
' au-iiea de XV ont mis XII. D’aiíti'es ayant
tranferit toar au long ce paiTage, dont le chiffre
: étoit peut-étre déjá corrompu , ont mis ¿aode~
; c:m diebus , au-heu de qaindecim. Dans le méme
I endroit de Pline j le troiliéme confulat'de Vef-
paíien eft joint au fecond de fon fiis , en dépi:
de la chronologie des fañes confulaires ^ & de
toiis les plus hábiles chronologiñes. Ceft encore
une faute des copiftes , qui ayant pris Tun ou
Tautre des caraéteres a ou v pour deux IL ont
écrir III au-lieu de IV. Ce ne font pas ici de
vaines conjetures , Tautotité des médailies &
de p'uíieurs bons manuferits , prouve que les
nombres de Pline ont été mal rendus. 33
« Ajoutons á ces remarques , que la reífe.m-
blance apparente de TI & de TL dans les chiffres
romains les a fait ip onfondre plus dMne fois.
Cependant l'L 011 ¡¿'premier des L ¡orfeue plu-
lieurs fe fuivent, domine fur les autres caraté-
res en sVlcvant plus haut , & en defeendant
plus bas. LX en doit étre diftinguée par rinflec-
tíon qu'elle forme dans fa hauteur & dans la
coiirbure de fon pied, tant dans les manuferits
que dans Ies diplomes. Elle eft cependant quel-
quefois tournée de facón qu’elle approche du Z
en caraótére italique. 11 faut bien fe donner áe
garde de prendre les V pour des "S I ^ parce que
Tu carré en écriture curíive femble effetive-
ment oíFrir aux yeux le fix romam exprimé par
un feul caratére. On confond auíTi Ies VI avec
¡es V 3 á moins qu’on n’y prenne garde de prés.
Nous avons déjá averti que v ou ^
des Grecs , perd un de fa valejgr dans les bas
tems, ou il eft fouvent employé pour le y. =3
« Axjoutons ici quelques remarques fur la pone-
tuation du ckiffre romain. Dans la ftícometrie dti
beau manuferit royalde la bibliothéque vaticane,
corté IX, ou font renfermées Ies épitres de S-
Faul , les points ne font pas marqués réguliére-
ment á la fin des lettres numérales. Elles font
fuivies d'un feul point dans Tancien manuferit
des loix des Wifigoths , que nous avons décou-
vert fous f écriture- du manuferit 1278 de Tab-
baye de Saint-Germain-des-Prés Dans les mana-
ferits du roi <>413 & 3830, les nombres en chif-
fres fontfuivis de points en forme de virgules.
On les placoit fouvent avatit & aprés la totalité
du ch'ffre renfermé dans le texte. C’elr ce que
nous avons remarqué dans un diplome original
de Charles-le-Chiuve , appartenant á la bibüo-
théque du roi : le dix y eft ainíi marqué -X.
Dans le code théodofien de ¡a meme bibliothe-
que, corté 4403 .A. il y a une écriture démíon-
ciale du vii^ liécle, oü les nombres fony fouvent
renfermés entre deux points .1. , á moins qu il
n^y ait plus de quatre cfáffres de futre. Cet ancien
ufage duroit encore au xi‘ íiéc’e , comme il
paroír par le*S. Hilaire des Capudns de Tours ,
ou les nombres font écrits de cette forte : -i-
.IIJ. .lUJ. 3.
st
C H I
« iS’ous ne pouvoíis déterminer au jañe^ quand
en a comrr.cencé á mettre i'o & le Cimo fúr ou
aores le dernier ckif. e. La charte ¿riginale de
L.iiideberc I ^ I ac , ofrre cet exempie de lo
-'^ngaítin , manufcric de
tgAíQ de Eeauv^ais a dont le P, Mabiiíon a doiiné
un modéle, eñ Jacé ÁSxl J¡mo patris noftri :
ce que notre favant antiquair_- entend de Colum-
bp, qui vivoit fous Clotaii'e il. Une bulle ori-
gínale de Pafchal ÍI pour Tabbaye de S. Pierre-
le-Yif, exprime ainíi fa date : anno SCIIII. II
íCiGir riiperíÍLi d accumuler "ici d^autres exem-
pxes de cecte maniere d écrire Ies nombres ro-
mains. »
Chihfres Arabes.
ce Les ckiffres courans , difent Ies auteurs de la
noaveile Diplomarique , dont toare TLurope fait
aujourd hui un fi grand ufaqe, i emoortent inS-
niment pour 1 aifance Sr ia briéveté ÍTur ceux des
Romains.^ Mais leur origine & Pépoque de leur
introdudion parmi nous font encore couvertes
de^ tenebres , malgre les foins que les favans ont
pris d eclaircir cet objet de contro verfe littéraire
& diplomarique. Eíl-ce aux i h^ cs ou aux Latins,
aux Indiens ou aux Carthaginois , aux Celtes ou
aux Scythes , que nous fommes joriginaireroert
redevables de rinílitution de cés cara'éléres nu-
mériques ? Faut-il s’en teñir á I'opinion du vul-
gaire, qui les rapporte immédiatemeiu aux Ara-
bes ou Sarraíins ? Chacun de ce-s ientimens a fes [
defenfeurSj qui font tous ou prefque tous fort
célebres dans la république des lettrés. ”
ce Beveregius foutient que les ck’ffres arabes
íiireat inventés parles Indiens, & répandus dans*
rOrient píuíieurs liécies avant que l’Europe en
eát connoiffance. ce Les Arabes, dit le P. Coíla-
dau , les ont appris des Indiens , comme les
Mauras Ies ont appris des Arabes, les Efpagnols
” depu« quatre cents ans feulement ou envi-
ron. » Ce fut vers le x= Léele , fi Ton en croit
Kirker , que Ies Indiens les comtnuniqiiérent
aux Arabes, & vers le xiii= que ces derniers ,
par le moyen de leur phiiofophie & des mathé-
matiques , Ies tranfmirent aux Efpagnols. Le
chiffre arabe, ditPabbé de Longuerue , eft venu des
Brachmanes , tres - grands arithméticiens , aux
Arabes , qui fe fervoient auparavant de ckiffres
par lettres. Cette origine indienne paíTe commu-
nément pour la mieux appuyée. Riidbec, Sué-
dois , & Boxhorne , Hoílandois , ont fait tous
leurs eíForts pour la revendiquer en faveur des
Scythes établis dans le Xord. Mais quelsque puif
fent étre les fondemens de cette opinión , elle
hA plus áujourd’hui de parcifans parmi les gens
de lettres. ”
te Don Antonio NaiTare conjeclure que les Ara-
bes ont pris leurs ckiffres chez les Carthaginois
©u Afneains. La raifon qu’il en donne , c'eft o'Aon
írouYá pluiieurs de leurs figures dans quelques
infcnptlons tyriennes. Mais quelle eft rancienne
ecriture nationale , oü quelques- unes de ces figu-
res ne paroiíTent pas ? Élles fe trouvent dans íe
calendrier égyptien, pubüépar Montfaucoa. =c alais
” ce n'eft que par certain hafard , dit ce favant
” antiquaire , qu on y voit fouvenc le z , le 3 &
” le 4 de chffre , & qften certains endroits ,
» comme á la colonne fi.xiéme , en comptant de
” la drorte á la gauche , ont lit fort clairement Sé
« diftinét ement 443. iiz. & 431,
ce Edouard Bernard veut que Ies Grecs aienc
donné Ies ckiffres aux Indiens vers Pan 710 5 que
des Indiens iis aienr palfé aux Arabes vers Latí
8co de Pére ehrétienne ; & que des Arabes
i's foient venus aux Efpagnols vers Pan mille.
ífaac Voífius & Huec , évéques dPAvranehes ,
les font auffi fortir immédiatement des Grecs,
peres de toares les fciences cultivées par Ies
Latins, »
cc Jofeph Scaüger, dans fes obfervations fur une
tnonnoie de Conilantin , pubüées par M. duCange
oppofe a cette origine grecque de nos ckiffres y
leslivres d’aftronomie & de compres, écrits avant
& aprés la ruine de Pempire de Coiiftantinople,
dans lefquels íes nombres font exprimes en caraélé-
res grecs & non étrangers Nous. ne remarquons
en efret aucune trace de nos ckiffres arabes , ni
dans les fupputations du Type d'Iréne,'ni dans
les compres d’ Alexis Comnéne , pubüés par
Montfaucon. Toute les fommes Se les évaluations
y font écrites par des abréviations & des carac-
teres purement grecs , mais difficiles á déchiffrer.
Huet femble avoir voulu- aller aa-devant d’une
objeéiion fi forte , lorfqu’il tejerte fur Pimpéri-
tie & la négiigence des écrivains , le peu de ref-
femblance de nos ckiffres vulgaires avec les lettres
niiraéraies des Grecs. En conféquence il ajouts
& retranche á la figure de celles-ci. Mais malgré
ces opératio.ns arbitraires , les rapports des uns
avec les autres paroitront roujours peu naturels.
Cela n’a pas empéché Ward , profeíTeur d’éio-
quence au collége de Gresham , en Angleterre,
d’embraííér le fyftéir.e de Huet. Nos ckiffres, felón
ledoñeur anglois, feront venus des Grecs : de la
Gréce ils feront paíTés aux nations orientales par
le canal des Mauras d'Afrique ; ceux-ci les auronc
• apportés en Efpagne 5 de-lices ckiffres fe feronc
commu ñiques de proche en proche á tous les états
d’Europe. Aíalgré le mérite des défenfeiirs de cette
hypothéfe , Porigine indienne de nos ckiffres eft
la plus accréditée parmi les favans. »
cc Vachter s’eft frayé une autre route pour cié-
couvrir i’origine de nos ckiffres vuigaires. cc li
prétend cu^on doit la cnercher , comme cellc
» des ckiffres romtins * dans la diverfe combi-
33 naifon des doigrs ; qu ainíi 1 unite a^ant éte
33 trouvée dans le doigt deoout , on a repete ¿ir
33 varié cette figure , fPoü font venus ces carac-
33 teres t: pour denx , n pour trois , &c. & avec
33 le tems on a formé z, 3 , qui répondeac á ces
,88 C H I
^ combinaifcns ds doigts. « Cetts COTíjedlur^
relativemení aax figures numérales des Grecs &
¿es Romains , fe trcuve dans la ^methode de
Fort Royal, & dans une multitude d'autres nvres.
7¿zis I’application qa'on en fait aux ckzjfrcs ara-
bes eít toute neuve. Malheureufement elle n eít
pas moins forcee que deílituée d autorités & de
prcuves folides. » ,
« Dans le deífein d'enkver aux Arabes i hon-
neur d’avoir inrroduit nos ckifres , & poar cou-
cüier les divers fentimens , D. Calmet forma aii
commencement de ce íiecle un nouveau f\ íterne ,
donr il donnalui-mémeleprécisdansfesrechercnes
fur Forigine des ckiffres d’arkhmeuque ^ inferees
dans lesmémoires de Trévoux. « íes cr.ijfres , dít-
== il j donr nous nous fervons aujourd’hui viennent
« des Latins:, & font des relies des anciennes no-
« tes deTiron^ que les Py thagoriciens avoient pnfes
» pour la facilité de leurs demonílrations d aritii-
» métique. “ Ceci eíl emprunte üu P. AiabisioDj
qui trouvoit beaucoup ü aífinite entre nos ckiffres
modernes 8í les notes tironiennes. c' Les ancie^^s
== ckiffyes des Arabes tels qu'on les voit dans
" Ies manuícrits du xiii^ fiecle j ajoute D. Cal-
iTiCt , viennent des Grecs , & ne font autres
» que les lettres de Talpliabet de ces derniers.
EnSn les ckiffres modernés des Arabes font
K peut-écre venus des Indiens ; car fur ce der-
« nier anide nous n'avons point de preuves bien
« certaines. ” Voilá done trois fortes de ckiffres ,
& trois origines de ces ckiffres , fort différen-
les. Les preuves donr le favant bénédiclin fe fert
pour les érablir font : ce i°. la teífemblance de
« nos ckiffres avec les anciennes notes de Tirón,
& des anciens ckiffres des Arabes avec les let-
tres grecques j une rradition & un ufage
^ des notes anciennes des Larins aans tous les
=5 íiécles jufqu’au xiii & xiV'^. ”
cc Mais en confrontant ces ckiffres , il eít aifé
de voir que ceux dont nous iifons auijoürd’hui ,
font á-peu-prés les mémes que ceux des xiii ,
XIV & xv= íiécles. lis nkn font pas plus^ diffé-
rens, que récriture de ces bas tems différe de
celle du nótre. On ne peut pas plus dire que les
ckiffres vulgaires des manufcrirs & des irsferip-
tions des trois íiécles marqués ci-deífus , foient
tous les mémes que Ies notes de Tirón , repre-'
fentées fur la planche de D. Calmet. Si ion y
décoavre les 2, 3, 9, la teífemblance eñ íi lé-
gére , qu’on peut bien la regarder comme Pefret
d’im pur hafard. D’ailleurs Pufage des notes de
Tirón ceffa des le x- íiecle ; & i! n en refíe
prefque plus aucun veítige dans les monumens
depuis le commencement du xi^ íiécle 5 11 ce
n'efl le 7, abréviation d’& , Se 9, autre abré-
viation d’aí , toutes deux trés - fréquentes dans
récriture latine. Ce nkft done pas dans ces notes
quhl faüt chercher nos ckiffres vulgaires. On les
trouveroit tous plus facilement dans nos ancien-
nes écritures , tant minufcules que curíivés. »
C H I
te Notte favant auteur di* que les A.rabes eurent
des ckiffres bientót aprés le ix= íiecle.^ II pré-
tend quils prirenr des Grecs ceux qu’on voit
dans Ies manuferits du xiii". 11 s’appuie unique-
men* fur la teífemblance de ces anciens cniijres ,
figures dans fa feptiéme colonne , avec les let-
tres grecques repréfentées dans la iixicmc. Aráis
cetre prétendue teífemblance ne tombe que fur
quelques caraéíéres.
« A l’égard ¿es ckiffres nouveaux des Arabes,
comme ils ne reíTemblent ni aux nortes , ni au.c
notes de Tirón , ni aux lettres grecques , le P.
Calmet veut bien en abandonner l origine aux
Indiens. En eíFet, ks ckiffres de ces peupks ap-
prochent beaucoup de ceux dont fe fervent á
préfent les Arabes. 53
cc Quelqif ingénseux & quelque recherene que
foit ce fyíléme , il n’a mil fondement folide. La
maniere de lire & dkerire des Orientaux, mon-
tre aífez clairement oue nos ckiffres viugaires,
tant d'á-préfent que des xiií_, xiv &: xV' ñe-
cles , viennent plutot des Indiens & des Arabes
que des Grecs & des Laiins. D, Calmet convient
lui-méme que la maniere donr nous nous fervons
de ces ckifres , & fiir-tout du zéto , vieni des
Arabes , '& que Torfire dans kquei nous arran-
gcons ces ckffres , cc en donnant la^p.us giande
» vakur a cefui qui etl le premier ele la gauche
=:> á la droite , & en commencant a lever les
= fommes de la droite á la gauche , efí conforme
» á la maniere d'écrire dcs Arabes : que tout ceia
eft de Finvention des Orientaux...... & que les
» noms ¿"algebre ^ de ckiffres ¡ de caicu j e
« tarif, &c. noUs viennent de la meme íource. ”
Pouraupi done ne leur attribuerons - nous pas
Porieíne & les figures de nos ckiffres^ c\ii íe
lifent de gauche á droite. Le xiii* íiecie ou
nous eúmes plus de commerce avec les r.en
taux , eíl cependant celui oú nous trouvons moin»
de traces de nos ckiffres. “ Or , ajoute -r-n , ce
» n’cft pas un petit préjugé qu ils ne fo.nt^ pa?
» venus á nous par le canal de ces peufues ,
» comme on Pa cru jufqu ici. ” v_ependa.<t 1 i on
confuiré les manuferits de France , tí’Angi^erre,
TAllemagne & dTtalie , pour favoir qaand on a
commencé á fe fervir des ckiffres nommes a..-
bes , on fera convaincu que oans le
Fufase de ces íignes éroit deja
les chrériens. 11 faut toujours
Jofeph Scaliger , que ces ckii¡ns ont
nous' le fort de Fccritare, c’etr-a-dire , -
figures n'ont pas moins varié que cene
P. Papebrok éroit perfuadé que FuDge
de nos ckiffres a été inconnu apnt les ‘
En 1672, Conringius ne leur
cents ans dantiquite. Le r.
comme une chofe connue de tout e^ avant
que ces ckiffres n'ont point ete ¿y
la fin du xiii- fiecle , oa le commence. .
C H I
‘uivant. « Scaliger étoit í! conva.'ncu de leur
“ nouveauté, qu'il afíura quun médaillon car-
" genr, fur leauel ii fat confu’té^ ¿-oír mcderne^
. == parce que ¡es caradéres 254 & 25 r éroier.t
’j graves deíTus. D, Mabillon fe contente dé
dire que i’ufage en fut rare avant le xiv^ ílécie.
il conviene cependant qi-fon trouve ces chibes
tíans un pent nombre de manuferirs plus ancienc,
qiu traitent de la gécmécrie & de rarithméci-
q^ie Ln de nos favans acadtmiciens va plus ioin •
2 ^J^ge des ckíffres atabes , dit-il , ne remonte ras
Pj-as nam qae_ le xi V=/k/a. Les éditeurs dii glof-
iS.re ce xAl. du Cange, fur le moe numérica not¿í<
avancent pareiüement qu avant le xiy^ fécle üs
ecoient laconnus. D'autres auteurs ont déféré á
Ja fin du
Xiiií uecle^ Inonneur o'avoir ¿té le premier qui
le íoit ferv! de ces ckif-es. Mais nous les croyons
f’":?, ’ íans néanmeins erre convaincus
qu Ii faiiJe les faire remonter au-deli da xii- fié-
ci^Le dodeur Wallis & Veidler, célébre pro-
renetir de mathématiques á Wittemberg, ont faic
cous leurs effbrrs pour prouver que Boéce, auteur
oa iy= fiecle, av'Oit fait ufage de ckl fres - trés-
approchans de ceux dont noas nous fe'rvons au-
jourd^hui. l!s s\appuient principalement fur deux
ou trois manufcrits , oü ils ont vii que ies cdl<.
fres employés dans' i'arithmedque , ía mufique,
^ vers ¡a fin de la géométrie de ce phüofophe
lont femblables aux nótres. Cette reíTemblancé
ed-el!e bien certaine 8c bien érablie ? Podr les
jnettre en évidence , nous regretterons toujours
qu on n ait pas faic dsfíiner & gravar ces chigres,
q^iJs fonr dans les manuferirs de Eoece.
C etoit Fuñique moyen de prouver que ce philo-
fophe, dans fa table de^PythagorCj s’éroit fervi
des mémes figures numérales qu'on emploie au-
jourd'hui. Boéce n'a-t-il pas empíoyé d’autres
%ne_Sj- quij comme nos chigres , poiivoienc fe
mpitipher, fe divifer 8c fe combiner á Finfini ?
S il íaut s'en rapporter á Veküer^ fur la refíém-
• figures numérales de Boéce avec nos
chigres arabas , !a queíHon eft terminée. Mais fi
ces figures fonr diSérenteSj i¡ n"eft pas démon-
tré que le phüofophe du iv= fiécle aic fait ufage
de nos chigres vulgaires. »
“ On a cru que Gerbert, moine d'Auriílac ,
Sr^premier pape francois , íbus ie nom de Syl-
veiire II , avoit enfeigné Farithménque avec ces
chigres vers la fin du ficcie , Se qifil ¡es-avoit
appris des Sarraíins dans fon voyage d’Efpagne.
« Quoique les chigres romains paroilfent em-
ployés dans quelques-unes de fes iettres , il
n^’eít pas moins certain , dic un favant acadé-
== micien ( i'abbé le Boeuf) , que dans Fart
» de comprer fur la table couverte de poudre ,
¡1 connoiíToit les chigres qui exprimoient cha-
» cun en une feule piéce les neuf premieres
uiiités j á-peu-prés comme on les repréfenre
aiijourd'hui. Nous avons voulu nous afíarer
C H I 7S5
du faií enconfulíantle manufent colbeftin jíéd.S.
de la bibiiothéque d:¡ Roi. -Seas nV avons poiiiE
vu nes chigres vulgaires qui ne fe’mcntrent que
dans une copie de cet auteur aífez récente. Avant
le rrdlieu du íiécie , Jean de Sacrobofeo ou
qui vécut a París jufqu'en 12 <-6 ,
-rt j d:t-on j ufage de nos chigres dans fon lívre
ce Sphíra Mundi, Sous ie régne de S. Louis ,
quelques écrivains continuérent de s'ea fertfi/.
L^auueur anonyme du rraicé de FAlgorithme oti
ce i arithmétique ^ compofé en langue vuic'aire
au plus tard fous Phiiippe le Flardi, fit entrer ces
chigres dans fes iecons fur la muitiplication &
aans fes explications de géométrie. =3
« On ne yoic pas que ies Efpagnois s’eii foient
lervi Jong-tems ava.nt les Francois , les Itaiiens
les Anglois.^ Cependant' sdl faiioit sen rap-
porter a don rsaífarre , on les trouvernir dans
des infcripricns des v & vi= íiécies, dsns piii-
íieurs iivres j & méme dans les plus anciens
diplomes pubüés par Schannat & Mabillon. Mais*
nous avons découyerc que notre favant Efpagnoi
prend des cara dieres romains & des notes de
Tirón pour des chigres arabas. 11 s’accorde pour-
tarm a dire avec le P. Kirker ^ qu’Alphcníé X,
qui fut reconnu roi de Caíliüe & de Léon Fa.i
les répandic dans to'ure l'Earope ^ par le
moyeiy de fes rabies aítronomiques. Queíques-
uns mime nous donnent ce prince pour le*pre-
iTiier ehrérien qui ait fait ufage des chigres atabes j
mais c eíi fans trop de fondement. 33
_« Les favans d'Angleterre ont beaucoup rra-
vaillé á fixer la date de l’introdudtion primitive
de ces chigres dans leur ifle. En general le doc-
ceur "Wallis. place leur époque au tems A'Her-
mannas CoraraBus , qui floriíToit vers Fan icyo.
Pour déterminer avec plus de précifion leur áae
en Anglecerre ^ il a eu recours á une inferip-
tion en bas-relief, qui étoit autrefois fur itrs
manteau de cheminée de la maifon presbyrcrale
de Heiirdon ou Heliadon. Selon luL cette inferip-
cion'oíFre ces caraéléres M=. 153. Tii.íkin a.pré-
tendu donaer une preuve plus fure de Tafiti-
quité^ des chigres chez les A.ng!ois. C’efi: une
croifée d'une maifon bátie á la romaine dans le
marché de Colcheñer j fur Jaquelle on voit un
éculTon chargé de ces caraéléres IC50. Cope
avant refu de M/igdel-lialJ ^ dans ie comré d’Iíer-
ford 3 une ancienne date^ oú il üfoic M. ic. ,
c’eñ-á-dite ició^ en conciuc auífitót que c’étoit
la premiére époque des chigres atabes. Se qu’on
avoit eu tor: de la chercher dans Ies inferiptions
de Helindon Se de Colchefter. Mais depuis ce
tems-lá avant acquis une nouveíle date, trouvée
á WWrceíter, qui porroit o-j, ii fe crut autorifé
á faire remonter jufqiFau x= Sede Fantiquité des
chigres dans fon pajvs. 3=
“ Aprés un examen férieux de toutes ces pré-
tendues découvertes , W'^ard foutient que ces ca-
rayeres nonz été en ufage qu'un fiécle aprés Ig
790 C H I
plus récíilí de toures ces dates ^ Gui eñ cede de ¡
Tan 113?- Celle de Helínuoti 3 qui eít la plus
ancíenne de toutes , iic donne 3 le:o¡i lui , que
1233. Ceile de Colchefter ne remonte que iufcu a
i an 1490. Celle de Yvigdei-hail ne préfente point
d’autres chigres que la lettre Mj & par coníe-
quent ne fert de ríen poar éciaircir i age des
ekijfres arabes en Angleterre. Enfin Y/ardne volt
dans la date, de Worceíter que ¡es ch:fres^ ro-
mains MXV, fans y appervoir aucuns chijfi-es
arabes. Le plus anclen manurcnt de la bibho-
théque Cottoniennc oü ils paroifi'ent ¡ 11 ejt que
de'ran 1292. Cafley nous en préfente un nutre
de Tannée 1334, oú lis font employés. Quelques
favans ont avancé que lean Bafingetokes ^Ics
avoit appartés en Angleterre des i an 1230. ¡Víais
Matthieu París qu iís citent , ne parle que des
ckiffres grecs j bien diftérens des arabes. _On peut
voir ces figures finguliéres parmi les variantes de
tet hiftorien. »
« Quoique le favant abbé de Godwic con-
vienrse que nos ckiffres arabes étoient inconnus
avant le xii'^ ñecle 3 il prétend néanmoins trou-
ver des notes numériques femblables des le vm ,
& máme des le VI=. II cite la neuvieme planche
de D. Mabiilon ; mais on n'y trouve que le ^
dont en a parlé plus haut. Dans le vrai^ les ckif-
fres arabes ne font pas'plus anciens que le xiii?
fiécle en Allemagne. En vaia a-t-on recours au
calendrier de Corbie du viiY íiécle, & á un
Hianufcrit de Fabljaye de Fulde, ancien de plus
de doUze cents ans : on n’y verra jamats nos
ekiffres , a moins qu on ne Ies confonde avec Jes
lettres numérales des Latins. Mais on peut bien
s’en rapporter á Tabbé de GodwiCj lorfqu il cite 3
d’aprés Tenzelius 3 un manuferit de Tan 1 268 ,
gardé á VratiflaU3 ou Pon trouve un caíendner
en ckiffres arabes. Tenzelius en a inféré feule-
rnent qu’üs éroient en ufage parmi les Ajlemands
avant ía publication des rabies alphqnfines. Ce-
pendant notre abbé porte fes prétentions au-dela
du xiii? fiécle. 11 lui paroit incroyable que ces
ckiffres aient été inconnus jafques-lá en Aüe-
magne , oú Ies livres de médecine des _ Arabes
furent traduirsTons les régnes de Conra’d III &
ce Frédéric EarberouíTe. 11 faut ici^des preuves
de fait 3 & non de limpies vrairembíanc^. Dans
íes geñes de Baudouin3 archevéque de TréveSj
& de fon fréreHenri de LuxeiTsbcurg3 empereur3
nnauteur contemoorain rapporte , versl’an '^^06:,
que ce Baudouin avoit rait uiage des ckijjres
arabes , lorfqu’ii faifoh les études dans Puniver-
fité de París.
«t L’Italie commenca plupot que PAllemagne
á fe fervir de* tes ligues numériques. C’eft ce qui
paroit par un manuferit de la bibliotheque de
Strozzi 3 oú iis font employés á marquer Pan
124J. 11 elt á remarquer que leuts premuéres figu-
5:75 ou£ iaier.Sbkuient varié j & que Is 2. du
C H I
íiécle a été transformé en 7. II réñilte de
toutes ces difeuífions que les ckiffres arabes n’ont
été connas e.n France3 & dans les autres états
de Peurope3 qu’au xiii" fiécie. D’aboid on n'en
fit guéres ufage que dans les livres de matiiérna-
tiques 3 d’aítronomie 3 d’arithmécique & de géo-
métrie ; enfuke on s’en fervit dans les ehroni-
ques 3. Ies calendriers 3 au haut des pages & dans
les dates des manuferits. Nous en avons cité des
annees 12333 12.43 ^ 12923 2334.* &c. On Es
voit fréquemment fur des rabies de pierre 3 fur
Ies portes &c les toiirs des églifes 3 fur les reli-
quaires & -dans les épitap'nes aux xiv & xvc lie-
cles. On Ies trouve dans quelques livres impri-
més des 1476 & 1489 3 &c. Ce fut par une
ordonnance de Kenri II , rendue a la fin ce
IJ49 3 que Pon cornmenqa á marquer fur les
monnoies Pannée de leur fabricación en ckiffres
arabes 3 & á taire connoitre li le roi de qui elles
portent Pimage 3 eíí le I3 le lE^&c. da nom.
ii paroit par Ies monumens d’oú le P. Calmet
a tiré les ckiffres qu’il a fait graver 3 que juf-
qu’en 1534 leur figure nétoit pas encore uni-
forme. ” ir'
« Quoique des le commencement du xiVe ñe-
cle 3 Puniverfité de París s’en fervit pour enfei-
gner Parithmécicue ,& les autres fciences pníes
des Árabes 3 Pufage nen devin^ ordinaire que
depuis 1 500 3 encore les entreméloit-on fouveiit
de ckiffres romains. Ce n eft mém.e que ckpuiS
le régne de Kenri III 3 f Pon en croit un hiíto-
rien moderne 3 que Pon commenqa en France a
fe fervir en écrivant des caradtéres i 3 2 3 ^ , 43
c, (á , f , 83 9. Ces ckiffres nont jamais^CLe
admis dans les diplomes. Néanmoins i abbe de
Godwic ne les exclut pas des aftes donnés depuis
le milieu du xu= jufquau xvi^. Nous pouvons
aíTurer que s’ii exilie quelque ade anteneur au
xiv^ 3 oú nos ckiffres arabes foient empíoyes 3
c’eít un phénoméne des plus rares. Cepenuant
co.mme les noraires ufoient d'abréviations 3 fur-
tout dans leurs minutes j nous ne voudrions pa^
nier qu iis n aient fait quelque ufage de cts cki,-
fres dans leurs écritures des les xiv & xv- lie-
cles. Les RuíTes enfin ne s’en fervent que depuis
Ies voyages de P¡erre-!e-Grand. _
« En difant que nos ckiffres vulgaires n .
été connus en France , & dans les autres etars
de PEurope 3 qu’au xiiY fiécle 3 on n en 0°*'- PJi®
conclure qu’on n’employoit_ point aupara a.
d'autres ■caracteres 3 qui exprimoient
une feuie figure les premieres unites. Gn a --
couvert des ckiffres á-peu-pres comme on
repréfente aujourd’hui 3 dans un beau manu.cr
du xie Iiécle 3 qui contient les oeuvres de
d’Arezzo 3 religieux bénéáiain3 vers 1 an í^-- •
Dans fon traite de Part de compter fur
couverte de poudre (abacus ) , nous
les 1 3 23 3 1 5. 7^ 8^ TJttZ
font coatouraés ou renveífss ; les feu*.iS . ^
%
C H I
^ ^ s’éloignent de la forn-e d<> ti,-*
vCí^ ^ F-us , le célebre IVíco'as
-^mer artede que Bernelin , difdple de Ger-
gin¡ des~MÍ-' dí/5^e/j^ peut apprendre l‘ori-
^o-nr* <^ujour£kui es
M Vignier ajoure ; Ufquels
J^í- de baMove Pzthnr, „rr..,í^ ■
CP. en ja
■M e y Igmer ajoure
m de Savoye Pztkou m'a ajfari avoir en en ¡a
l.U,o,kp.. _d..„ .n jjj’i
TtCP /7/7 r»? T.-*-^ A ^ J- /_ /* • » .
//• í ^ • ‘-^'■'‘íi.ucír c en icen
intelhgence admirables de Lafcience auiístraitert
l ™™ge de Bemeür., cni do„ iü^eí ni pí
do TaiioV™"' “í'r '• liibliothéqi.
SuJf f ^ manufcrirsde ia reine de
Suede, & parnu ceux d'Alexandre Petar qui
appartenu á Pabbaye de S'
Bencit-f„r-Loire. On peut done aíTurer qíe 4us
étofenr°*“V'" vigatres
eto ent en ufage dans Jes mathéi4tiques tant
en France cu en Italie, fur ie déclin dH'tích
& au commencement du fuivant. ==
■ obfers'er encore á nos lec-
andouerv ínferiptions
pent „„„ le, .noa.'lj ^.qo^d
tant du 7 qui oeíigne queJouefois dans Ies in-
Chiffres ( Ectiture en ).
«Les caracteres déguifés , difent Ies anteurs
de k nouver!e^dipIo,natique (r. 3. 308.) . tranf-
chnfL^ vanes pour eenre des lettres & des
cftol.s fecrettes ^ ont eté en uPige des Jes pre-
tniers tems. C'eíl ce qu’on BopelIellésanograDhie
ou cryptographie, Geft-á-dire . écriture en cAi/-
jres , qu! ne peuvent erre entendus que par ceux
GUI lont convenus enfemble de Ja figniiieation de
cescara.peres myllérieux. Cette écriture en chjffres
eíí ancienne de plus de deux mílle ans. Noiis ne
parleronspointici de Ja fcytale lacédémonienne
oelon {Commentar, m cap. Jerem.-) S. JérÓme
ieprophéte Jérémies eftferviquelquefoisdecetbe
maniere d ecrire , mais en tranfpofant feulement
iesietties. Enée , furnommé d'adicus^ inventa en
ppie & ramaíTa, au rapport de Polybe ^ jufqu’á
vingt manieres diíFérentes d'écrire 'en chiffres ,
dont il falioit favoir le fecret pour y compren-
dre queique chofe_. Suétone nous apprend oue
U:es-Cerar écrivoit en chiffres. Cec empereur
les appeloit acas Hueras , lettres oceuhes. II
employoit le quatriéme élémenr ( Sueton. in Au-
gufi. c. 88. ; ^ c'eft-á-dire, le d pour & ainli
^ Unte. Mais Aiigufte écrivoit'¿ poura„ c pour
^ y & tranfpofqit tomes les lettres de cette ma-
niere j & au-Iieu de l’x i¡ marcuoit deux aa.
<-es pemples prouvent que les Romains formé-
rent leurs chiffres par le renverfement de Por’dre
aaturel des lettres de leur alphaber. Tel eft Je
C H I
á^<^ííe. quUu!u-Ge!Ie ( AuL,
rrn^-/r? " confervé. Du reP» ces
re.verfemens & ces tranfpof tíons de
“013 pd. .eurs lettres initiales. pp
^ “ Au moyen áge cet art devint á la nio-'í-
Maar!'f''l
j> i_ . , ■ -P' ?a4-; pane pour 1 avoir po'-'-é
s!i“ '
F í V IBS :.:s Bf:Ñ,!
•^CH. OL:;R.;;S.O- d o
I eft repréfemé par un poínr^FA par deux’
IE par trois. PO par quatre. & IT^r 0^0*
Ces points ont ete mal rendus par les^condl-í
011 Jes edtteurs de Raban, qui n ont point enteñ-
du ce chiffre dont voici PexDlication • IR'í'^p'T'
‘^'-ÓO'ÓsQiÍe
foiS'S P- Jea poWa. Us con!
.esB^ Fj Kj Pj X, tiennent la place des
voyelles & ne laiffent pas de confeVer leS
pronre va enr. i^ .leer i „ 1
propre valeur. Voici le cLff^e'"dont Rab'an falt
s fans Texpli:
honneur aiix anciens fans fexDl'au-r - I?PP yq‘‘
®5.CHd\EF^E?',p.SCFPTRP. RFGVK. XT. DF
CXS. BXPF. FELICITER. A. c’ell-á-dire : Caras
XPO (Ckrijio), fortis tiro, injiar faffr-o arcite-
nens feeptro regni , ut decus auro. Feliciter. Amen
Ír ''scond mot
A ancienlie abreviación de Chriño. L’éói-
teur de Raoan a oublié le T dans le cinquieme
mor. Le fixieme peut étre lu fafeiro ou Cifíiro •
car il n y a point de ph. Au dernier £ du 'mot
luivant on^auroit dú mettre une F : nous r-
layons fí cefi exprés ou par mégarde quon a
mis un ventable E. A rantépénulíiéme mot !es
copiftes auront probablemenc mis une F pour un
F. L,e ckffe ne _s etend point aux mots ruivans
Aprestes eclaircifiemens ^ il n'eíi pas difficile dV
trouver cette efpéce de vers : ^
CARES CHRISTO3 FORTIS TIRO
INSTAR SAPHIRO ARCITENEXS
SEPTRO REGNI UT DECUS AURO.
FELICITER. AMEN.
752 C H í
« Chrétíen Breithaupt , dans fon Jrt de dé-
chifrer, donne rexplication du ckiffre dont fe fer-
voient autrefois les Normands (Tritkem. Polygr.
p. 180O pendant leurs fréquentes incurfions en
Frailee , afin que leurs deíTeins ne_ fuíient pas
découverts. Les lettres en ckiffres étoient en ufage
211 xiie fiécle. II y a dans le fecond volume de
Rymer {pag. za. ) une lettre de rarchevéque de
Cantorbéry á Edouará I , rol d’Angleterre ,
par laqueíie il rinforme qu’on a trouve dans
les poches de Leolin , prince de Galles , le
dernier de la race des anciens Brerons ou Gal-
loiSj pluíieurs lettres en ckiffres ,_p3.T leíqueiies
on découvrit qu il avoit des inteUigences en .-vn-
gieterre. ==’
cc Uécriture en ckiffres eft devenue trés-com-
mune dans les derniers ficeles ; mais en ce genre
lien neft plus célebre que Talpíiabet (¿ Efpron
du Grand Seigneur , lettre 77. ) fecret du car-
dinal de Richelieu. V Ars 'decifratona áz .A.
Breithaupt , eñ précédé d une diíTert^íon fur
les différentes manieres d’écrire en cnffrs, em-
plovées par les anciens & par les modernes.
Depais rkbbé Trithéme , une mulntude d au-
teurs on: traite de la cryptographie. lis nous
onr donne des ouvertures pour expliquer les
civffres , 8c en ont propofé de nouveaux. Con-
tentons-nous d’avoir. mis fur les voies ceux qui
rencontreront ces caradéres myílérieux dans les
anciens manaferits. Ifalpha & toméga des Grecs
n y font pas moins fréquens que dans les aipio-
mes. La lignification de ces deux ckiffres facres
eít aíTez conniie. “
Chiffres fur les médail'.es.
Le P. Jobert auroit voulu poiivoir trouver
quelque chofe de fatisfaifart fur Ies lettres nu-
tnérales qui fe rencontrent d_ans Ies champs ues
revers des médailles dea plus bas-empire . depais
A.'iaílafe. Mais il avoue que fi la nouv^ila
découvette de ceux qui croient que ce font
des marques des diíférens impots que les
princes écabliíToient , l'a frappe a aoon. )U
lui faite penfer qu elle pourroit etre ventabie ,
iafqu á le dégoáier tout-á-fait du fentiment qu il
avoit fuivi dans fa premiére édition ; cependant
les inconvéniens qu'il a trouvés a foutenir que
Vlota íistnifioit tribiLtum decims. , Xyv. trio, vice-
Jinis. , XXX. trlbutum tricefims, , lui ont paru
une difiScuIté infunnontabie.
A quoi bon introduire fur les médailles la con.
fufion des crúffres , tantát grecs , tantot larinsL
Pourquoi i fera-t-il pris po’'i^r un ckiffre grec ,
& pourquoi marquera-t-il d?x ^ pendant que
d’aucres ckiffres qui 1 accompagnent font eVíd^rn-
ment latins , & annoncent que^cet i ne doi_t
íigniSer ciu^un ? PourQUoi M íigninera.-t-e-i£
rante , pendant que les autres ckiffres lauss diren;.
qu elle doit íigniñer miile
C H I
Il eñ certain que pendant tout le tems de la
durée de Lempire romain ^ tous les peuples jai
lui étoient foumis payoient des tributs & des
impóts ; mais on ne fauroit croire que les princes
aient jamais ordonné ou permis_ qu on en con-
fervát la mémoire fur les médailles ^ puifqu^is
ne pouvoient en tirer aucune gloire. Carril n eit
pas Gueñion ici de peuples vaincus & cíe ptu-
vinces fubiusuées , auxquelies il ferost glorieas
d avoir impofe des tribats , & de vouloir en^cor^
ferver des monumens publics j^il s'agit ues luiets
de Tempire & des raarchands qui y íaiioient
fieurir le commerce.
Kous voyons , á la vérité, que Ies princes ont
eu grand foin de laiíTer á ia polléricé des monu-
mens de toutes les largeflés qu ils faifoient , foit
aux foldats , foit au peuple , & qu’ils ont ere
fort jaloux d'en faite connoitre le nombre, le-
moins les médailles oú Ton voit lieeralitas
AUG. II- III. IV. &C. CONGIARIUM POPULO DA-
TUMj ALII.ÍEKTA ITALIA, PUELL^
MIANOS , &C. Nous voyons qu’ils ont voulu ete j -
nifer la mémoire des tributs ou des impóts q^b*
avoient ou diminués , ou tout á fait remis. 1 e-
raoin leXL.R. remiffa; CCR. duceutefinraremiffa ,
vehkulatioue ItalU remiffa Judaici calurr^ua
fiibiata. C’étoit une marque eciatante_ cte ieur
magnificence, & de-famoui^qu ils portoient pour
leurs peuples. Mais de fouftrir qu on frappat des
médailles pour conferver le fojvemr ^es chat-
ses qifils impofoient a leurs lujets , on ■
ilorifioient d’étre appelés les peres, nen ne cho-
que plus diredement le fennment commun de
tous ‘les fiédes. Car pouvoit-on conuderer ces
médailles autrement que comme de trii.es t jno -
gniges de la mifére du peuple,
de díiférens impóts, & comme des reproches
publiquement aux princes fur leur durete &
ieur avarice ?
D’aiHeiirs pourquoi ny voit-on jamais la lettre
E , peur liauifier ia remile faite au ,
cuVSues.»» ces ™pór. í Sero..-. pcO.W.
quil'ne fe fát jamais trouve
libéra! pour faire queique femolable =
aífez jaloux de fa gloire pour vo , p -
voir faite, en conferver la memone .
Ou ces diíférens tribus marqués fur ks médañ-
les du méme pnnee , 'i’ f^andife , ou
iement fur toutes fortes de m ^
chaqué marchandife payoit fon tr but .
Par -exemple , íous tel empjeu ous i^^
Par exemple, a g toutes leurs
chands ¿evoient le dixiéme.
marchanüifes, ou bien le bien p , óte-
le vin le trentiéme , J^^fettera-t-il’pa? ?
En quel embarras cela ne Y^Ychandifes fuifed>:
Supaofons que toutes <es m - s’il eft
taxées au méme áenier, en fi pe’í
1 eroyable que icos un meme P- ¿g
C H I
¿s féfts , líS ímpots aient changé auíS foüVenE í
gí qu au-Iieu du dixiéme on ait pa7é le vingtiéme ,
le quarantiéme , &c.
Eft-il croyable d’ailleurs qu’on payát ce tribut
plus d'une fois , & qu il fallut de nouvelles
médailles, qui n’étoient point des monnoies ,
Gomme on le fuppofe, pour dire qu’on le payoit
la premiére j la deuxiéme , la troifiéme fois ?
Etoit-ce toujours Ies mémes marchands qui
payoient , Se ne faifoient-ils tous qu’un égal
nombre de voyages ? Ou bien les uns fe trou-
voient-ils avoir payé pour la lixiéme fois , lorf-
qu’un autre n’étoit encore qu"á la troifiéme ?
Recommenigoit - on fous chaqué empereur le
nombre des paiemens ? Ou bien ayant deja
payé deux fois fous un empereur , comptoit-
¿n fous un fucceíTeur la troifiéme ? II falloit
done á tout moment frapper de nouvelles mé-
dailles.
Suppofons ai9:uellement qu’il y eut des im-
pots diíférens , établis fur les différerites mar-
chandifes ; par exemple , le vingtiéme fur les
grains , le trentiéme fur le bétail , le quaran-
tiéme fur le vin ^ pourquoi chaqué marchand
ne marquoit-il pas fon commerce fur fon
jetón i
Nous trouvons qu’on marquoit fur les médaü-
Jes les différentes efpéces de Iibéralités qu on
faifoit au péuple. Si on avoit donné du bled j
on Tnettoit fríimentum populo datum. Si 1 on avolt
remis au peuple ce qui reftoit encore dú au fiíc
-par ceux qui n’avoient pas payé , on mettoit
relíí^uu vctcTC aholitu, Quand Ies marchapds
avoient íait quelque don gratuit » ils n oubHoient
pas de marquer leur négoce particulier. Ainfi I on
voit dans les inferiptions ^ negotiatons vinarii ,
TtiercutOTCS oleurii y mercutoTes fru-fnentarii y &c.
Pourquoi done ne paroit-il aucune de ces diílinc-
tions fur les jetons prétendus ? II eft done im-
poífible de reconnoitre oes ckrffres^ ou^ lettres
numérales y pour 1 expreílion des impots dif-
férens.
Les changemens de valeur pour Ies monnoies
qui arrivoient dans certains tems > ecoient expri-
més fur la monnoie d'argent par de nouveaux
chifres. Car nous voyons , par exemple , que
lorfque le denier fut haufle jufqu’á valoir feize
as au-lieu de dix^, Ton y grava xvi. & á pri^
portion fur le quinaire Viil. & fur le fefterce ni_I.
Nous avons dans la famille Tiúnia & Valeria
XVI. bien marqué. Ant. Auguftinus dit qu il^a vu
des quinaires avec Viil. mais que jamais il n a vu
des fefterces avec iiil.
Il feroit á fouhaitcr que Ton pút déterminer
d’une maniére auíTi fúre , ce que veulent dire les
ekifres qui fe trouvent fur les medaules de la
Antiquités , Tome /.
c H I 793
fami’Ie T arquilla y ou Ton voit XXXI. , & fue
celles de la famille Maria , dont Tune porte asi
revers un laboureur qui inéne des boeufs ^ au-
deíTusXXVIII. S. C.; & l’autre fur le méme type
XXXXIII. Cela fervñroit peut-étre^á éclaircir
une médaille de Marc-Antoine , ou I’on voit
un lion palfant avec Lugduni A. XL. A. XLI.
&c. j & celles du bas-empire y ou l’on trouve
XXIII. XXX. XXXX. XXXXIIII. xxxip"-
Ces chiffres n’ont pas été deftinés a fixer des épo-
ques d’années, puifqu ils font joints avec anuo i,
il. ni.
Lorfque les fpeélacles devoient durer plu-
fieurs jours , on n’expofoit chaqué jour aint
yeux du public qu’un certain nombre d ani-
maux y pour rendre toujours la fete nou-
velle ; & l’on avoit foin de marquer fur Ies
médailles la date du jour oü ces animaux pa-
ro iíToient. Cela fert á expliquer les ckiffres I.
II. III. IV. V. VI. qui fe trouvent fur les me-
dailles de Phiüppe , de fa femme _ & de fon
fils. Ils nous apprenncnt que tels animaux paru-
rent le premier, le deuxiéme, le troifiéme ou le
quatriéme jour.
On voit auíll des ckiffres dans l’exergue de
quelques médailles de Gallus, & ces ckiffres íonx.
répétés du coré de la tete , derriere le ouite de
l’empereur. Ainfi on lit IV fur la medaille , doi^
le revers a pour légende ROM.A.E AETERNAE
AüG ; IV. pareillement fur une autre avec
SAECüLLUM NOVUM ; VI. fur celle qm porte
lüNO MARTIALIS ; VIL fur une autre avec
FELICITAS PUBLICA , &c. On peut taire la
méme obfcrvation fur quelques médailles de
Volufien , en plus petit nombre , dont íes
revers lui font communs avec Gallus j
que PAX. AUGES. RO.MAE AETERNAE
AUG, 8cc.
CHILA, mefure de capacité d’Egypte & d’Afic.
Voye:^ Cap.
CHILT-ARQUE, Prononcez Killarque. Celul
qui commandoit á mille hommes portoit ce nom,
qui étoit formé de yj’Km , mille , & de s
commandement.
CHILIOMBE, facrifice de mille boeufs. Aprés
de grandes viétoires , ou dans les grande^s cala-
mités , on immoloit quelquefois jufqu a mide
boeufs , ce Qui etoit pourtant tres-rare.
Les Athéniens ofifrirent un facrifice de mille
viélimes aprés la vifloire de Miltiade fur les Per-
fes; parce qu’elle arriva dans te mois Thargelion,
qui avoit été prefque toujours heureux pour les
habitans d’Athénes.
CHILO. Ce furnom défignoit chez les Ro-
mains celui qui avoit les lévres fojt ^
ü h a íi a
794- C H I
appartenoiE a une branche des fainilles Magia ¡
•tabla & Vectia j & ü étoit fynonyme de Labio
oC de Lahienus.
CHÍMÉRE {M.ytk.) , monílre fabuleux quij
felón les poetes , avoit la tete Se le cou d"un
iioii , le corps d’une chévre ^ & la queue d’un
dragón & qui voíniflbir des tourbilions de
Samme & de feu. Bellérophon , monté fur le
cheyal Pégafe j combaitit ce monílre Se le vain-
quit.
Le fondement de cette fable eíl j felón quel-
ques Scholiaíles , qu'ü y avoit autrefois en
Lycie une montagne dont le fommet étoit
défert , Se habité feulement par des lions , le
milieu rempli de chévres fauvages j, Se le pied
marécageux plein de ferpens j ce qui a fait dire
© Ovide :
. ; . Mediis in partihus kircum,
Veciiis d? ora les, ¡ caudam ferpentis habehat,
Bellérophon fit la chaíTe á ces anímaux ^
nétoya le pays , ,8e rendir útiles les .páturages
qif iís infectoient auparavant j ce qui a fait dire
qifil avoit vaincu la Ckimere. D’aurres préten-
dent que cette montagne étoit un volcan ; Se
Pline drt:, d’aprés Ctéñas (/. 2. c. 106.) , que le
feu qui en fortoit s'allumoit avec de Peau ^ Se
ne s'éteignoit qu’avec de la terre ou du ñimier.
lis ajoutent que Bellérophon trouva le moyen
de la rendre habitable 5 d’oú les poetes orjt
pris occaíion de le chanter comme vainqueur de
la Ckimere.
Freret a donné une atitre explícatíon de cette
fable ; il prétend que par la Ckimere Í1 faut en-
tendre des vaifleaux de pirares Solyme-s qui rava-
geoient les cotes de la Lycie 3 & qui portoient
a ieurs proues des figures de boucs ^ de lions
& de ferpens ; que Beilérophonj monré fur une
galére qui porroit auíli á fa proue la figure d’un
cheval , déíit ces brígands.
Selon Pluche 3 la Ckimere, compofée d’une téte
de lion, d’un corps de chévre & d’une queue de
ferpent 3 n étoit aucre chofe que la marque on
l’annonce du tems oú I’on faifoir les tranfports
de bled & de vin 3 favoir 3 depuis Téntrée du foleil
dans le íigne du lion3 jufqn’á fon entrée dans
celui du capricorne. Cette anribnce de provi-
lions néceíTaires étoit agréable aux Lyciens3 que
les mauvaifes nourritures & la ílérilité de leixr
pays obligeoient de recourir áTétranger. Bellé-
rophon & fon cheval ailé , ajonte-t-i¡ 3 ne font
qu’une barque 3 ou le fecours de la navigation
qui apportoit á la cofonie Jycienne des rafrai-
chiffenaens & des nourfiíUíésVaináS dv. Citl,
tome I. p. 317-}. »
C H I
« La corftehation du cocher, dítM. Dupuls;
porte auíIi en aftronomie le nom de Bellérophon,
comme on le voit dans Csíius 5 & c’eft par elle
que Ton peur expliquer rhiftoire de Bellérophon,
ou du génie folaire 3 dont le triomphe eft au
folñice d’éré au lever de Pégafe. La Ckimere
eft un monftre aftronornique , tel que le Tri-
céphale 3 dont nous avons donné rcxplication
á Partióle de Cerbére 3 & compofé fur le
méme principe de la chévre & du ferpent ,
dont les. levers héliaques annonqoient le prin-
tems & Pautomne , unis aü lion , figne foIlH-
cial. » •
ChimÍRE {Antiquités.). On appelle ckimere
o a grylle , PaíTemblage d’un mafque réuni á 'dif-
férentes patries de divers animaux. Anriphile,
felón Pline j imagina ces monñres íí célebres
dans la peintitre des anciens. Antiphilus. ....
jocofo nomine gryllu.m ridiculi kabitús pinxit , iindf
hoc genus pidurs gryili vocantur,
« On conqoit avec peine3 dít le comte de
Cayius {Rec. 6. p. 133.) 3 le motif des pierres
gravées , 8c des bas-reliefs fur lefquels on voit
des tetes renverfées 3 accouplées & íinguliére-
mebr placees 3 pour fairé patrie de diírérens fujets.
Les unes formen: le corps d’un animal 3 8c prin-
cipalemenr d’un oifeau ; les autres font groupées
avec d’aqtres tetes j fouvent méme on ne les
peut diftinguer que fous certains points de vue.
Enfin 3 cette bizarrerie mukipliée 8c répétée j á
laquelle les modernas' ftnt donné 3 avec raifon,
le nom de ckim'ere , ne peur qulembarraífer Pef-
prit 3 d’autant qu’aucune des explications qu’on
en 'a. données jufqu’ici ne I’a point éclairé. II eft
vrai que dans ces groupes ou ces ..compofitions
fantaftiqaes , on trouve toujours une téte qui
reíTembíe á Socrate , 8c qui eft fouvent adoíTée
contre une a arre jeune Se agréable 3 qu’on ne
balance point á donner á Alcibíade. Cette déno-
mination peut erre auíli bonne qu’une a utre,
fur-tout quand on' n’en peut trouver une meil-
leure ; rñais il fera toujours fingulier qu’ane-
critique 3 ou 3 íi Pon veut , une plaifanterie
répétée ñ fouvent á Athénes , ne foit indi- '
quée par aucun auteur3 8c que' les Romams ,
qui ont íi fouvent copié ces onvrages grecs
foient par conféquent éntrés dans la plaifante-
rie 3 Se qu’iis i’aient en quelque faqon adop-
técp fans avoir rien dk qui puiíle n.nrs la faire
entendre. 33 ,
On Gonferve dans la galerie de Florence une
Ckimere de bronze3 compofée d’un lion 8c d une
chévre de grandeur naturelle. Ce bel ouvrage eft
étrufque , 8c porte une infeription en caracteres
éírufques.
ChíJvíére. On voit une Ckimere fur les
C H I
■daílles de Panticapxum , de Seríphus , de Co-
rinrhe.
CHIMIE. Le diftionnaire particulier de cette
fcieiKe, traicera fans doute de fon anclquité.
CHIO. V oye^ Chios. ^
CKIONE j filie de Dédalion , fut aimée
tout á la fois d’ -ipo!lon & de Mercure , qui ,
daos le méme jour j la reñdirent mere de deux
fiis.
^ Celu! de Mercure fiit Autolyciis , & celui
d Apolion Philammon. Chione^, orgueilleufe d^a-
voir fu plaire á deux divinices , ofa préférer fa ’
beauté á celle de Diane , qui la cua d'un coup
de fiéche ( OWd. Meta. il. fab, 8.). Piine dit
qu’elle donna fon nom á Tifie de Chios (/. j.
c. 31.-).
Chione fut auífi une nyrophe ^ filie de Borde
& d’Orithye.
CHÍOS, iflcj aujourd huí Scio. xrnN Se xios.
Les médailles autónomas de cette iíle font :
RRRR. en or. ..... Pellerin.
R. en argent.
C. en bronze.
^ Les fymboles de dúos font le fphinx ailé . Ies
diotes j le raifin. Ies épics.
On a frappé dans cette ifle des médailles im-
périales grecques en Thonneur de Phiüppe-perej
& en Thonneur d'Augufte ^ fans figures.
Les diotes Se les raifins, types ordinaires, de
Ckios , étoient relatifs au vin fameux que cette
ifle produifoit. On en buvoit dans toute la Gréce,
dans ritalie 5 Se Horace , qui en parle fouvent j,
le met plufieurs fois fur la méme ligne que le
vin de Falerne. Ce vin de Ckios avoit fur tous
Ies vins de Gréce Se d’Alie ^ ¡’avanrage de n’étre
point mixtionné. Car les Grecs ( Plirz. xiv.
19.) corrigeoient la dureté de leurs vins avec de
Targille ^ de la pierre calcaire ^ da fel , ou de
Teau de mer comme Ies Candieres le prati-
quent encore pourleur malvoifie. C’eíl: pourquoi
Horace dit (Sat. il. 8. 14.) . ... Chiam maris
expers. Les Grecs Se les Romains lui donnoiént
la préférence fur tous les autres vin$ ; i!s Tap-
peloient ¿'ma.í-Ás (^LucilUus') , dy ñafies (^Servias in
Georg. il. 98.). Les Romains le méloient avec
le Falerne dans les repas fomptueux , comme
on le voit dans ce vers d’Horace {Sat. i. 10.
24. ) .•
.... Vt Chio nota Jl commifla Palerni efi.
Les figues de Chios étoient célebres ; &
les Romains donnéren: le nom de cette ifle
c H I -q)
á -une efpéce de figus qui avoit une légére
acidicé.
Cette ifle foumiíToit encore un marbre tres-
recherché , que Hill a confonda mal-á-propos
avec la pierre obfidienne.
CHIRAMAXIUM. Ce mot ne feT:rouve que
dans Pétrone ( c. z8. ) , ou il efl; dit qu’un enfanc
chéri de Trimalcion marchoic devane lui porté
dans un chlramaxium : pr&cedente cki'amaxio ,
in qao delicid ejus ferehantur. Le gloíTaire des motS
employés par Pétrone, dit que le chiramaxium
étoit une efpéce de pedte voiture , traínée pac
des efclaveSj & deítinée á une feale perfonne ;
chiramaxium genus modici plauftri , unías homi-
nis tantum capax , folitum a fervis traki. Ce mot
eñ compofé de , main , & de apaía , chanot.
On peur conclure de tout ceci que le chirama-
xium reíTembloit á ces petues chaifes a roues ,
ti aínées par des hommes j. que Ton appelle brouet~
tes á París.
CHIRODOTA , tunique á manches {Voyet^
MANCHES.). Capitoün (^Pertin. c. 8.) parle des
chirodots. des Dalmates. défigne ce quí
fe donne dans la main , ce qui vient á la main 5
Se les monumens nous montrent les tu ñiques des
barbares avec des manches qui defeendent juf-
qu’aux poignets. Voyeq¡_ Tunique.
CHIROGONIA. Héfichius donne á Profer-
pine le furnom de XupiyayU. \ oílius croit qu il
eft relatif aux fonéiions d’aecoiicheufe ^ attribuée
á Junon-Lucine , qu il croit étre la méme que
Proferpine.
CHIROGR-4PHE. Voyei CiS-OgrAphe.
GHIRON , célebre Centaure naquit des
am.ours de Saturne , métamorphofé en cheval ,
avec Phyllirie i^V'oye:^ Phyllirie^). Ce Cen-
taure , le plus fage & le plus renommé de tous ,
eut pour difciples les plus fameux princes de fon
fiécie , Herede , Jafon , Achille , &c. Outre Ies
exercíces qui conviennent a de jeunes princes ^
il leur apprit encore la mufíque Se la medecine.
On dit qdil avoit fait un calendrier. Dans la
guerre qd Herede fit aux Centaures , ceax-ci ,
efpérant d’arréter la fureur de ce héros'par la
préfence de fon ancien maitre , fe retirérent á
Malée , oú Ckiron vivoit dans la retraite ; Her-
cule ne lailfa pas de les y attaquer ; ,& ayant
manqué Tun d’entf eux , la fleche alia frappsr
ChiroTi au genou. Hercuíe , au dei.eípoir ce cet
accident;, accourut promptement pour le foula-
ger , Se appliqua fur la plaie un remede que ce
Centaure lui avoit appris. Mais le mal étoiC
incurables & le malheureux Cé/co.v , fouíFranr
des do'aieurs inexprimables , pria Júpiter de ter-
miner fes jours 5 car étant fiis de Saturne il
75>^ C H I
n'étoit pas fujet á la condition des aurres
inortels. Le pére des dieux j touché de fon mal-
beur , tranfporta fon imrnortalité a Proraé-
tñee 5 &c Chiron , aprés avoir payé á la mort
le tribu: de i’humaiiité , fut placé parmi les
aírres , ou il forma la conllellation du Sagit-
taire. Ce Centaure avoit époufé Caiiclo , filie
d’Ápollon done il avoit eu Ocyroé. Voyei
AchillEj Hercule , Jason j OcYRoé, Pro-
ÜETHEE.
On voyoit á Romejdans les fepta , un groupe
de Chiron & d'Achilie ^ í¡ précieux j qu’il y avoit
des gens qui répondoient fur leur tete de fa
confervation.
On trouve dans Gruter (yz. i.) une inferip-
tion votive j gravee en Phonneur de cet habile
chirurgien : chironí. satürni. filio, híppo-
CENTAUR.
CHIRONOMIE , mouvement du corps , fur-
tout des mains ^ trés-ufité fur les théátres des
anciens , par lequel i!s défignoient aux fpeéta-
teurs j fans le fecours de la parole les étres
penfans , dieux ou hommes , foit qu'il fút Quef-
tion d'exciter les ris á leur fujet , foit qu il s'agít
de repréfenter une aéiion férieufe. Nous appe-
lons aujourd'hui cet art la pantomime. La chi-
Tonomie étoit aufli un figne dont on ufoit avec
les enfans j pour les avertir de prendre une pof-
ture , un maintien plus décens oii plus conve-
nables. II y avoit un des exercices de la gymnaf-
íiquej qui étoit appelé chironomie.
CHIRON OMGNTES. Ce mot , formé de
•/j‘! , main , & de 3 loi défignoit á Rome
des écuyers - tranchans , inñruits á découper
les viandes en cadenee & au fon des inñru-
inens. On trouve plufieurs exemples de ce luxe
ridicuie dans les écrivains latins. Sénéque dit
(^Epift. 47. ) : Alius pretiofas aves feindit : pec-
tus & clanes , certis daclibus clrcumferens erudi-
tam manum , in frufia excatit, II y avoit des
maitres qui enfeignoient cette efpéce de daníe j
le méme auteur les appelle feindendi obfonii ma-
giftri. Juvénal donne á cette maniere de cou-
per en cadenee j le nom de danfe ( Sat. v.
121. )
Sahañtem fpecies , & cheironomonta. volanti
Cultello , doñee peragat diñata magiftri.
Un de ces écuyers eíl comparé , dans Pétrone
(c. 3Ó. ) j á un pantomime appelé Daríus ^ re-
préfentant un combar au fon d^un orgue á eau :
Procejfít fcijfor , & ad fymphoniam ha. gefiiculatus
laceravh obfonium , uz putares Darium kydraule
cantante pugnare.
CHJRONOMÜS3 partomime. On trouve dans
C H I
MuratorI (Thef, Infcr. S94. 6.) I’épitaphc fui-
vante d’un pantomime de Claude :
C. CLAUDIO. C^SAR. AUG.
CHIRONOMO. VIX,
ANNO xxxni.
IIOR. IIX.
CLAUDIA. PALLADA.
OLL. D D
CHiRURGIE.
«Si nous faifons bien attention, difoit AL
Bernard , premier médecin du feu roí d' Angleterrei.
a ce que les modernes ont ajoúté a la cnirurgie
des anciens j nous ferons oblig--s ^de_ convenir
que nous n avons pas le moindre droit^de nous
élever au-deíTus de ces derniers ,, ou d etre ten-
tés de les méprifer. C^eft pourtant ce qui arrive
á ceux qui ne favent ríen > qiü n ont ríen lu.
lis ne peuvent pas donner des marques plus
fortes de leur ignorante & de leur orgueil ,
que leur conduite a l’égard de ces grands nom-
mes. «
« Je ne prétend pas foutenir que les modernes
n^’ont en aucune faqon contribué á 1 avancement
de la ckirurgíe ¡ ce feroit une extravagance auíii
grande que celle dont je me plains. Je foutiens
feulement que le mérite des modernes coníifte
plutdt á avoir renouvellé les- inventions des an-
ciens ^ & a les avoir expofées dans un meineur
jour , qu'en aucune découverte importante f^ite
depuis eux. L’art de guérir les blelíures rombant
immédiarement fous nos feos , a^ été par cette
raifon un des premiers objets de l’étude des nom-
mes , & eft devenu par-lá plus fufceptibie d ac-
quérir un certain degré de perfeélion que les
autres branches de la médecine. »
ci Les anciens étoient parfaitement inñruits
de toutes les efpéces de fraéture & de iuimtion,
des moyens d’y remédier , de toutes les futura
qui font en ufage parmi nous , & d un gran
nombre d’autres que nous avons perdues , ou
du moins qui nous ont été tranfmiíes de la ma-
niere la plus obfeure. Toutes les efpeces d
putations de membres , de marnelles ,
étoient pratiquées chez. eux auífi fréquenamen
CHIROTONIE. Les anciens donnorent lears
fuífrages en élevant Ies mains ; ce qui eíl exprime
par le mot ;K£<p«r¡)>íct , formé de ■> main , &
de T£<va , j’étends. C’eft pourquei chez les Grecs
& les Roroains Féleélion des Magiílrats s’appe-
loit ckirotonie ¡ comme on le voit dans la
premiére philippíque de Démollhéne , dans
les harangues d'Lfchine con’tre Ctéñplidn ^
& dans celle de Cicéron pour Flaccus i porrexe-
runt manas y áit ce dernier, & pjephifma natum.
eftr.
o H I
fe avsc autant de fuccés , qu’elles le fpnt au-
jourd^hui. F' oye^ Amygdaíes , Artereoto-
í-HE. Bandages j Biessures j Cataracte,
Cautere, Fistule, Herxie ,Instrumens>
La.ryngotom¡e , Fierre ^ Polype , Ponc-
tioN:, Topiques, Varices.
II y a dans la coílection des antiquités trou-
vées á Hercu'anum ^ plulíeurs armoires remplies
d inftrumeiis de chJrurgie trés-curieux ^ enuére-
menc femblables aux nótres , & d’un travail
tres-íini. Dans un étui de bronze , épais d’un
doigt , & garni d’un couvercle , on en a trouvé
plulíeurs j entre lefquels eíl une fonde damaf-
qainée en argent. Le plus précieux 8e !e plus
rare de ces inílrumens eíl un tube minee, ou
fonde creufe , dont on faifoit ufage dans les
rétentions d’urine ^ & qui reíTemble parfaitement
á ceux dont ón fe fert aujourd’hui.
xiTíiN , nom que les Grecs donnoient á la
Tuniqüe. F'oyc:^ ce mot.
CHITONÉE , nom d’un air de fiúte & d’une
danfe confacrés á Diane chez les Sy.racufains,
CHITONIA, 7 . , ,
CHITOÍSIE ) furnom de Diane, honoree a
Chitone, viilage de I’Attique. Elle avoitdes feces
appelées de-lá Chitonies.
On célébroit aulG á Syracufe les chitonies,
Gruter (40. ii. Thef. Infcr.') rapporte I’in-
feription fuivante , oii Diane eíl appelée Virgo
Chi tenia :
VIRGIN. CHITONE
SACRI'M
C. CARTILIUS. C. L. HE
CESIAS. ET. C. CARTI1IUS. C. L.
CHt 797
toit par-deíTus la tunique ; coffifRS 6n le voit
dans pluñeurs endroits d’Homére , ou Ies héros
font dépeints dans le moment qu’iis fe deshabii-
lent , 8c ou iis quittent premiérement la chUna &
enfuite leur tunique. Elle étoit done un manteau.
Plutarque dit {in Ñama) que cette y^Xaha. des Grecs ,
étoit la méme chofe que la lana ou chl&na des
Latios. On doubloit fouvent ¡a chUna pour fe
garantir du froid , comme nous l’apprenons d’Hé-
fychius j qui derive méme fon nom du mor grec
yXntUtit , échauffer.
II eíl néceíTaire de donner des attributs diflinc-
tifs á la chl&na, á la cklamydc , á la lacerna
8c i la p&nala. La ckl&na , que les Romains ap-
pelqieat^ proprement le manteau - grec , étoit
diílinguée de la chlamyde par fon ampleur ,
qui la rendoit propre á fervir de eouverture
pour dormir , comme on le voit dans plu-
lieurs endroits d'Homére {Iliad. a. 649. Odyjf.
r. 346. i&f.) , 8c par fon tiíTu long 8c épais,
qui l’a fait appeler par le méme poete chl&na
velue.^ Ceít pourquo! les Grecs ne la porroient
que Thiver, ce qui eíl coníigné dans leur pro-
verbe : fabnquez votre chl&na en mangeant les
concombres , c’eíl-á-dire , faites des prépara-
tifs contre le froid , pendant la faifon de la
chaleur.
L’ampleur de la chl&na, & fon peu de lon-
gueur la dillinguoient de la p&nala & de la
lacerna , deux efpéces de grands manteaux ou de
furtouts , qui ferroient davanrage le corps fans
envelbpper cependant chaqué membre en particu-
lier j comme le fait Thabit frangois.
La maniere de porter la chl&na püée 8c re-
jetée entiérement fur le dos,- pour laiifer aux
'oras la liberté d’agir , étoit , felón Winckel-
mann , ce qui la dillinguoit le plus eíTentielle-
ment des autres efpéces de manteau.
FUSCOS. ET. CARTILIA
D. L. FATIDIA. MATER.
STATUAM. EX. AERE
CONLOC.
V. S. L. M
CHIUS , coup de dés , appelé auíil canis.
II étoit funeíle á celui qui Tamenoit. On croit
aíTez généralement qu’il déíignoit la rafle d'as ,
8c non Tas lui-méme , parce que fon jouoit avec
pluíieurs dés.
CHLJENA. n
CEL£NULA. i
> Ces difiéreos nomsdéíignent
lune méme efpéce de véte-
m.ent , qui étoit en ufage chez
les Grecs Se chez les Romains. La chUna fe met-
« Je diftinguerai ce manteau courr nnmmé
chlaina , qui ne s'artachoit pas fur rép,u.ie
comme la chlamyde ; on le portoir fur les-épau-
les , á-peu-prés comme le peuple , dans les -s
chauds , a coutume de porter fa camifole aorés
ótée de deíTus le corps. C’ell cette efpéce
de'manteau court qu’Ariftophane donne á Orcfi.e,
8c ce jeune héros le porte , comme ;’ai dit ,
repiié fur l’épaule gauche. C’eíl ainíi qu’il eíl
repréfenté fur un vafe d’argent du cardinal Ne-
rini-Coríini , lorfqu ñ paroít devant l’aréopige ,
pour peindre fon état de trifteíTe & d abaiíTe-
ment {Monum. Ant. ined. re®. 13 l. p. 94. /. 3.7.
Cette facón de porter le manteau eit exprimée
dans Plante par ces mots : Conjicere in collum
palliam , colleño pallio. «
La chl&na n’étoit á Rome, du tems de Popfl
lius-Lsenas , qu’un habit de campagne , avec le-
quel un magiñrat n’autoit ofé paroítre dans la
CHLAINA.
XAAINA.
L^KA.
CHLAINE.
C Xi Xi ,
ville. & que l’on n’auroit ofé y p6rter a la
place dv la toge. Cicerón Ciar. Graior. c. 14-;
nconte que Popiüius fot -fornotnine- Unas ,
parce qu’ilparw, étatit confoU devane _ le peu-
ple , qu il le hara agua msme pour appafer une
fédition , Quoiqu íl ne fut point revetu de la
toge > & qu i' portát la Una, Cet habillement
n’étoir pas défendu aux Flámines ; car Popil-
¿us f qui étoic Fíasnins de Carnaeate , en etoit
€ H L
revétu S; facrifioit en public , a rinftant oS
on l’avertit de l’émeute populaire : -
cum confuí effet , eodemque tempore jacripcium
publicum cum Una faceret , quoi
Carmentalis , pUUs contra paires concuatione ,
& feditione nuntiata , ut eral Una amidus ita
venit in concionem Jeditionemiue cum auctontaUt
tum oratione fedaviU
é-
fisdu Tome. premier..